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Étude de dangers des ICPE

Identification des dangers

nous avons montré, dans des fascicules précédents, qu’un dossier de demande d’autorisation d’exploiter
doit contenir, entre autres, une étude d’impact prévue par l’article 2 de la loi du 10 juillet 1976,
aujourd’hui codifié aux articles L 122-1 à L 122-3 du Code de l’environnement (fascicules [G 4 200], [G
4 201], [G 4 202] et [Doc. G 4 203]). Toutefois, ce dossier de demande d’autorisation d’exploiter ne
serait pas complet s’il ne comprenait aussi une étude de dangers. Comme pour l’étude d’impact, le
contenu de l’étude de dangers est défini dans l’article 3, paragraphe 5˚ du décret n o 77-1133 du 21
septembre 1977 pris pour application de la loi n o 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations
classées pour la protection de l’environnement (ICPE) codifiée article L 5111 et suivants du Code de
l’environnement. Il est ainsi stipulé qu’à chaque exemplaire de la demande d’autorisation doit être jointe
une étude de dangers qui :
— d’une part, expose les dangers que peut présenter l’installation en cas d’accident, en présentant une
description des accidents susceptibles d’intervenir, que leur cause soit d’origine interne ou externe, et en
décrivant la nature et l’extension des conséquences que peut avoir un accident éventuel ;
— d’autre part, justifie les mesures propres à réduire la probabilité et les effets d’un accident,
déterminées sous la responsabilité du demandeur.
On rappelle que l’étude de dangers, comme le reste du dossier, est rédigée par l’exploitant demandeur,
sous sa responsabilité.
— le premier fascicule, [G 4 210] « Étude de dangers des ICPE. Identification des dangers », présente
l’analyse des installations existantes ou à venir sur un site (dangers intrinsèques) ou des dangers
externes au site, mais pouvant entraîner l’apparition d’un danger sur le site ;
— le deuxième fascicule, [G 4 211] « Étude de dangers des ICPE. Étude des scénarios », décrit
l’analyse et l’étude des impacts possibles des accidents ;

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— le troisième fascicule, [G 4 212] « Étude de dangers des ICPE. Mesures compensatoires », aborde
les mesures préventives prises, les moyens internes et externes de lutte contre l’incendie, le traitement
des alertes et les plans de secours mis en place, les formations du personnel en matière de sécurité.
Ces trois fascicules sont complétés par deux autres études nécessaires pour réaliser un dossier de
demande d’autorisation : l’étude d’impact [G 4 200] « Étude d’impact des ICPE » et la notice hygiène et
sécurité [G 4 400] « Notice
hygiène et sécurité des ICPE. »

1. Objectif de l’étude de dangers

1.1 Présentation de l’étude

Cette étude de dangers (nota 1) précise notamment, compte tenu des moyens de secours publics portés à
la connaissance du demandeur, la nature et l’organisation des moyens de secours privés dont le futur
exploitant dispose ou dont il s’est assuré le concours en vue de combattre les effets d’un éventuel sinistre.
Nota (1) : pour certaines catégories d’installations impliquant l’utilisation, la fabrication ou le stockage
de substances dangereuses, le Ministre chargé des installations classées peut préciser, par arrêté pris sur le
fondement de l’article 7 de la loi codifiée du 19 juillet 1976 (article L 512-5 du Code de l’environnement),
le contenu de l’étude de dangers portant notamment sur les mesures d’organisation et de gestion propres à
réduire la probabilité et les effets d’un accident majeur.

Dans le cas des installations figurant sur la liste prévue à l’article 7-1 de la loi ICPE (article L 515-8 du
Code de l’environnement) sus mentionnée, le demandeur doit aussi fournir les éléments indispensables
pour l’élaboration, par les autorités publiques, d’un plan particulier d’intervention (PPI). Dans le cas de
ces installations figurant sur la liste prévue à l’article 7-1 de la loi ICPE, l’étude de dangers est
réexaminée et, si nécessaire, mise à jour au moins tous les cinq ans. L’étude de dangers mise à jour est
transmise au préfet.

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Tout comme pour l’étude d’impact, le contenu de l’étude de dangers doit être en relation avec
l’importance des dangers de l’installation et de leurs conséquences prévisibles en cas de sinistre sur les
intérêts visés par l’article 1er de la loi codifiée du 19 juillet 1976 (article L 511-1 du Code de
l’environnement) susvisée et l’article 2 de la loi codifiée n o 92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau (article L
211-1 du Code de l’environnement). Généralement, cette étude de dangers va porter sur les installations et
les produits soumis à autorisation dans le cadre de la demande d’autorisation d’exploiter. Ainsi, cette
étude doit, en particulier :

— rendre compte de l’examen qu’a effectué l’exploitant en vue de réduire les risques pour
l’environnement et les populations ;
— assurer l’information du public et des travailleurs au travers notamment de l’enquête publique et de
l’éventuelle consultation du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ; —
apporter tous les éléments utiles pour la délibération du Conseil départemental d’hygiène (CDH) qui
donne son avis sur la demande.

Pour une activité donnée, la probabilité d’occurrence et la gravité des accidents sont liées à la nature du
risque. Ainsi, si le risque « incendie » est le phénomène dont la probabilité d’occurrence apparaît la plus
élevée, l’importance sera donnée à la limitation des conséquences de ce type d’incident. La gestion des
risques, objet de la présente étude des dangers, consiste donc à connaître les dangers que peut présenter le
fonctionnement des installations : type d’accident ou d’incident, causes, conséquences. Il convient aussi
de justifier des mesures de prévention et les interventions possibles malgré l’accident ou l’incident et de
préciser les moyens de secours internes et leur liaison avec les moyens de secours publics connus.

1.2 Objectif de l’étude

Avant toute chose, il convient de donner une définition de base en matière d’étude de dangers : le risque
est le produit d’un aléa, événement susceptible de porter atteinte à des enjeux humains, économiques,
environnementaux ou culturels, comme illustré par la figure 1.

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L’aléa se caractérise par l’intensité du phénomène et son occurrence prévisible (probabilité de


survenue). Les enjeux quant à eux sont caractérisés par leur importance (nombre et nature) et leur
vulnérabilité (résistance) vis-à-vis du phénomène en jeu.

Le risque majeur se caractérise par sa faible fréquence, sa forte gravité et la quasi-totale incapacité de
la société exposée à surpasser l’événement.

Exemple : un fait récent et marquant est le tsunami qui a frappé les côtes indonésiennes en
décembre 2004.

Rappelons ici la définition du risque majeur que donnait Haroun Tazieff, secrétaire d’état chargé de la
prévention des risques majeurs de 1984 à 1986 :
« Un risque majeur, c’est la menace sur l’homme et son environnement direct, sur ses installations,
la menace dont la gravité est telle que la société se trouve absolument dépassée par
l’immensité du désastre »
L’étude de dangers devra donc donner, dans un premier temps, une analyse des dangers que peuvent
présenter les installations existantes ou à venir sur le site (dangers intrinsèques) ou des dangers externes
au site mais pouvant entraîner l’apparition d’un danger sur le site, par exemple, un déraillement de train.

Plus concrètement, on s’intéressera notamment, dans le cadre des dangers intrinsèques, aux dangers
présentés par les produits employés et stockés sur le site. Pour les installations proprement dites,
l’injection de matières plastiques par exemple, la liste des accidents potentiels est parfois conséquente.
Aussi, pour ne pas se perdre dans une accumulation d’accidents potentiels, sans fin, et avec une plus ou
moins forte probabilité d’occurrence, l’étude comprend la recherche des accidents survenus à travers le
monde, suite au dysfonctionnement d’installations « classiquement » présentes dans une usine : les
compresseurs, les transformateurs, les générateurs à air chaud.

L’identification des dangers du site, qu’ils soient internes ou externes au site, a pour objectif, au-delà de
l’analyse de ces éléments, et au vu des caractéristiques des installations, de définir les scénarios
d’accidents susceptibles de survenir sur le site, c’est-à-dire ceux susceptibles de se produire avec la plus
grande probabilité et/ou ceux susceptibles d’engendrer les effets les plus néfastes. C’est ensuite que seront

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Aléa Enjeu Risque

Figure 1 – Illustration du risque

étudiés en détail ces scénarios d’accident et, sur la base cette analyse que l’on déterminera les mesures
préventives à prendre, les moyens internes et externes de lutte contre l’incendie, le traitement des alertes
et les plans de secours mis en place, les formations du personnel en matière de sécurité.

Il est tout aussi important, à ce stade de l’étude, de justifier du rejet de certains scénarios jugés non
plausibles sur les installations du site. De fait, suite à la catastrophe de Toulouse en septembre 2001, un
bilan des pratiques [1] en terme de gestion des risques d’accidents majeurs sur les sites industriels a fait
apparaître la nécessité de rénover la méthode de réalisation des études de dangers. Parallèlement à ce
constat, d’autres remarques peuvent être formulées quant aux perspectives d’amélioration des études de
dangers :

— la prise en compte des effets dominos, demandée par la directive Seveso II, implique une adaptation
du contenu des études de dangers, afin de permettre une gestion commune de ces effets entre des sites
industriels voisins ;
— la plupart des études de dangers comportent une analyse de risques, dont la méthode et la forme ne
sont pas imposées ; or cette analyse de risques peut être établie sans lien avec les analyses de risques
menées par ailleurs sur les mêmes installations dans une optique d’hygiène et sécurité du travail. Il paraît
donc souhaitable de ne pas perdre le bénéfice des démarches au poste du travail lors de la constitution
d’une étude de dangers.
Cette analyse de risque est utilisée, dans le cas des sites Seveso, pour déterminer les éléments
importants pour la sécurité, sur lesquels le système de gestion de la sécurité est fondé. Ces éléments

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amènent incontestablement des gains en terme de sécurité. La question de leur prise en compte dans le
processus de gestion des risques majeurs se pose alors. Sur cette question, le Guide MU de 1990 [2] laisse
le choix à l’inspection des installations classées, au vu du caractère « fiable » et « éprouvé » des
différents guides. C’est donc à l’étude de dangers d’apporter les éléments de démonstration nécessaires à
la prise de décision.
L’incidence des risques naturels est prise en compte par un certain nombre de moyens, parmi lesquels
l’examen des zones inondables, le classement en terme de sismicité et les dispositions constructives que
cela entraîne, ou la nécessité de construire des bâtiments pouvant résister aux conditions climatiques
extrêmes. Cependant, une réflexion de fond pour augmenter la sécurité des ICPE face aux risques naturels
reste à mener.
L’examen d’autres causes potentielles d’accidents, telles que les pertes des utilités et la malveillance,
devrait améliorer la qualité de l’analyse des risques.
De façon générale, une étude de dangers doit être la plus claire et la plus cohérente possible. Elle doit
être compréhensible par les riverains tout en apportant des éléments détaillés à l’Administration sur
l’évaluation des risques et du niveau de maîtrise de ces risques par l’exploitant.
Avant d’aller plus avant dans cette première partie de l’étude de dangers, il convient de mentionner qu’il
existe un certain nombre de guides issus de l’industrie ou autre, qui visent à proposer une méthodologie
pour la réalisation d’une étude de dangers [2] à [7].
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, mais elle permet de trouver des supports complémentaires
au présent document qui ne se veut être, en aucun cas, un guide.

2. Dangers externes

2.1 Risques naturels

En France, les risques naturels sont d’origine :


— atmosphérique : tempêtes, cyclones, tornades, grêle, foudre, inondations, avalanches ;

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— géologique : séismes, éruptions volcaniques, raz de marée, mouvements de terrains (glissements,


effondrements, chute de blocs, sécheresse).
On ajoutera, pour être tout à fait complet, et parce que l’origine n’est hélas pas toujours naturelle, les
feux de forêts.
On s’appuiera ici sur les éléments donnés dans le cadre de l’étude de l’impact. Suite à la description
générale de l’environnement de l’installation projetée réalisée en partant d’une vision régionale pour
aboutir à une description locale, on indiquera l’ensemble des risques naturels susceptibles d’affecter
l’installation.
Tout comme pour la description de l’environnement du site, cet inventaire doit être le plus exhaustif
possible. De fait, même si l’étude montre que tel type de risque naturel comme le risque d’inondation, ne
peut pas affecter le site, il convient de le mentionner dans l’étude de dangers de façon à démontrer que ce
risque a été reconnu et écarté.

2.1.1 Inondations

Une inondation est une submersion plus ou moins rapide d’une zone, avec des hauteurs d’eau variables
et des vitesses de courant parfois très supérieures à la normale. Elle est due à une augmentation du débit
d’un cours d’eau provoquée par des pluies importantes et durables. Elle se traduit par un débordement de
cours d’eau, une remontée de la nappe phréatique, une stagnation des eaux pluviales pour les inondations
de plaine. Son ampleur est fonction de l’intensité et de la durée des précipitations, de la surface et de la
pente du bassin versant, de la couverture végétale et de la capacité d’absorption du sol, de la présence
d’obstacles à la circulation des eaux.
Dans les communes littorales, existe également le risque de submersion, phénomène dit de « surcote ».
Cela survient lorsqu’un grand vent d’ouest se combine avec une marée de fort coefficient. Ce risque qui
touche en priorité les communes dont le niveau des terres est inférieur à celui de la mer, est bien entendu
accentué par le phénomène d’érosion marine et éolienne.

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Il existe enfin le risque d’inondation par refoulement du réseau pluvial des pluies brutales de type

> 800 mmLÉGENDE


Hauteur moyenne 750 – 800 mm
annuelle sur la période 700 – 750 mm
1961-1994 650 – 700 mm
600 – 650 mm

Figure 2 – Carte des précipitations de l’Oise

orageux, du fait d’une inadaptation de ce réseau aux situations exceptionnelles. Moins aisément
cartographiable, ce risque n’en est pas moins très présent dans les zones urbanisées. On se rappelle que
dans l’étude d’impact, une recherche avait été faite sur les conditions climatiques pour déterminer, entre
autres, l’impact de l’entreprise sur les eaux pluviales et les mesures compensatoires à mettre en œuvre, à
l’image de la carte (figure 2). Cette carte pourra être un excellent indicateur du risque d’inondation par
refoulement.

Dans la mesure où le site peut être concerné par des problèmes d’inondations, il convient de trouver la
carte représentant les zones inondées par le passé et la limite des plus hautes eaux connues. Cette situation
se produit généralement à proximité des grands fleuves, ou dans une boucle, mais peut aussi exister à
proximité de rivière de plus petite envergure.

On donnera alors, pour les limites des plus hautes eaux connues, les distances au site, avec bien entendu
la crue de référence, bien souvent celle de 1910.

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Enfin, on indiquera bien évidemment si le site est concerné par un plan de prévention des risques. Dans
l’affirmative, le site sera positionné par rapport au zonage défini (cf. encadré 1), et l’on donnera les
contraintes applicables. Cette situation devra aussi être définie pour les coulées de boue.

2.1.2 Coulées de boue

Les coulées de boue apparaissent dans des matériaux meubles, lorsque leur teneur en eau augmente de
manière importante (figure 4). Cette dernière peut pénétrer au sein de ces matériaux par infiltration avant
le déclenchement de la coulée ou au moment de la rupture par concentration des eaux de ruissellement et
alors entraîner un mouvement de terrain. Ces coulées boueuses sont aggravées par la faible cohésion du
matériau, son fort degré de remaniement, de sa teneur en eau et d’apports brutaux en énergie (glissement,
écroulement).

Dans le cas présent, l’information est difficile à trouver car l’information descriptive des phénomènes ne
se trouve qu’au niveau des documents spécifiques qui localisent les aléas au niveau communal.
Un PLU permet de définir les zones constructibles pour limiter les conséquences de tels phénomènes.
Certains terrains sont également déclarés constructibles sous réserve d’une étude spécifique préalable de
la parcelle et du respect de la réglementation sur le bâti. Autrement dit, il conviendra de se rapprocher de
la mairie pour connaître le contenu du PLU, et les éventuelles restrictions associées.

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2.1.3 Foudre

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Encadré 1 – Les PPRI

Le Plan de prévention des risques naturels (PPRN) est un docu- • la zone orange hachurée rouge
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qui correspond aux autres îles ment réglementaire qui détermine les zones exposées aux risques et aux
autres berges. Seules les constructions permises en zone naturels prévisibles. Ce document doit être
inséré dans les docu- orange foncé décrite ci-dessous y sont autorisées ; ments d’urbanisme (PLU ex
POS). Le PPRN s’est substitué, par la loi — la zone bleue qui correspond aux centres urbains (hors
zones du 2 février 1995, dite loi « Barnier », relative au renforcement de la de grand écoulement) où
les contraintes sont réduites. Toutes les protection de l’environnement et son décret d’application du
constructions sont autorisées sous réserve de prescriptions visant à
5 octobre 1995 relatif aux PPR, aux précédents plans (PRN, PERI) réduire les risques pour la vie
humaine ; instaurés par la loi du 22 juillet 1987 relative à l’organisation de la — la zone violet foncé
qui correspond aux zones urbaines denses sécurité civile, à la protection de la forêt contre l’incendie et
à la pré- (hors zones de grand écoulement) situées en aléas forts ou très vention des risques majeurs. Le
décret du 4 janvier 2005 de la loi du forts. Dans cette zone, on distingue la construction en diffus de la
30 juillet 2003 sur les risques naturels et technologiques élargit les construction dans le cadre de «
grandes opérations » où les règles possibilités de concertation offertes aux élus et à la population. sont
plus strictes ;
— la zone violet clair qui correspond aux zones urbaines denses
Le Plan de prévention du risque inondation (PPRI) est un PPRN situées en secteur d’autres aléas.
Les règles y sont voisines de celles
qui prend en compte plus spécifiquement les inondations. Le PPRI de
la zone violet
foncé ;
est un outil destiné à préserver des vies humaines (la loi Barnier est
— la zone orange foncé qui correspond aux autres espaces urba-
une loi de « circonstance ». Elle a été votée juste après le désastre nisés (hors zones de grand
écoulement) en aléas forts ou très forts.
de Vaison-la-Romaine) et à réduire les coûts des dommages causés
Dans cette zone, seule la construction en secteur diffus est autorisée
par une inondation. Le PPRI a pour finalité : avec une exception pour les sites stratégiques, les
installations por-
— d’établir une cartographie aussi précise que possible des tuaires, ainsi que les ZAC (zone
d’aménagement concerté) d’activi-
zones à risques ; tés disposant d’un PAZ (plan d’aménagement de zone) approuvé et
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— d’interdire les implantations humaines dans 11
les zones les plus dont la réalisation est avancée de
façon significative à la date
dangereuses ; d’approbation du PPRI ;
— de réduire la vulnérabilité des installations existantes ;
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Au-delà des exigences légales en matière de protection contre les effets de la foudre, ce risque naturel ne
doit en aucun cas être négligé, tant par les effets directs susceptibles d’engendrer incendie, explosion, etc.,
que par les effets indirects avec remontée de forts courants électriques du sol vers les installations
électriques de l’entreprise. Pour juger du risque foudre, il convient de connaître le nombre annuel de jours
d’orage. Ce nombre permet d’identifier les régions globalement les plus exposées au risque de
foudroiement et celles où les orages sont au contraire plus rares.
Depuis une quinzaine d’années, des équipements électroniques ont été développés et mis en service sur
le territoire français pour enregistrer avec la meilleure précision possible les caractéristiques des coups de
foudre. Avec ces données, il est maintenant possible d’obtenir une indication précise du nombre de coups
de foudre qui ont frappé une commune. Cette information, appelée densité de foudroiement, correspond
au nombre d’impacts par an et par km2 sur le territoire d’une commune.
Elle est utilisée pour l’évaluation de la fréquence attendue des coups de foudre directs sur une structure.
Elle varie de 0,3 à 5 selon les départements avec une moyenne se situant autour de 1,2.
Figure 3 – Exemple d’une cartographie des zones inondées par le passé

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D’après la carte (figure 5), dont vous vous assurerez en temps utile qu’elle est toujours d’actualité, vous
déterminerez la densité de foudroiement sur le département de votre commune.

Exemple : la densité de foudroiement du Val de Marne est de 0,5 impacts au sol par an et par km 2.
De là vous pourrez en conclure sur le risque qui, dans ce cas, est faible.

Une autre donnée qui peut être utilisée pour juger le risque foudre est la carte des isokérauniques (nota
2) qui indique le nombre annuel moyen de jours où le tonnerre a été entendu. Ce nombre varie de 5 en
Bretagne à 30 sur les reliefs (Besançon, Saint-Étienne, etc.).
Nota (2) : isokérauniques : lignes joignant les lieux où le nombre moyen de jours orageux est le même.

La carte des lignes des niveaux isokérauniques délimite des zones où le nombre moyen de jours/an
d’impact de foudre est donné. En France le niveau moyen est de 20. La cartographie (figure 6)
représente les lignes isokérauniques de la France.

Exemple : dans le secteur de Compiègne, dans l’Oise, ce nombre moyen de jours/an d’impact de
foudre varie entre 15 et 20. De là vous pourrez en conclure sur le risque qui, dans ce cas, est moyen.

2.1.4 Séismes et mouvements de terrain

2.1.4.1 Séismes

Le séisme est le risque naturel majeur le plus meurtrier et qui cause le plus de dégâts. Si le mécanisme
du séisme est aujourd’hui mieux connu, tant du point de vue de son origine que de sa propagation, il
reste encore un phénomène imprévisible. Faute de prévisibilité, c’est donc par une approche statistique
probabiliste que le problème est appréhendé : la connaissance des phénomènes passés est la clef de
l’avenir.
La France métropolitaine, bien moins soumise au risque sismique que ne peut l’être l’Italie ou encore
l’Algérie, n’est toutefois pas totalement exempte de ce risque. La métropole, bien qu’éloignée de toute
zone de contact entre plaques tectoniques, est affectée par une sismicité moyenne ou modérée, présente
essentiellement dans les Pyrénées, les Alpes, la Provence-Côte d’Azur et l’Alsace. La sismicité de la
France, comme celle de tout le bassin méditerranéen d’ailleurs, résulte de la convergence des plaques

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africaines et eurasiennes. Des séismes récents de magnitude supérieure à 5 ont été ressentis par la
population :
— séisme de magnitude 5,4 près de Saint-Dié, le 22 février 2003 ;
— séisme de magnitude 5,5 près de Lorient, le 30 septembre
2002 ;
— séisme de magnitude 5,2 à Annecy, le 15 juillet 1996.
Les Antilles, quant à elles, sont situées à l’aplomb d’une zone de subduction et donc connaissent une
sismicité importante.
En France, la prévention des risques sismiques est régie par le décret n o 91-461 du 14 mai 1991 relatif à
la prévention du risque sismique. Ce décret introduit un zonage sismique de la France en cinq zones
d’exposition aux risques sismiques (cf. encadré 2) :
— zone 0 : sismicité négligeable ;
— zone Ia : sismicité très faible ; — zone Ib : sismicité faible ;
— zone 2 : sismicité moyenne ; — zone 3 : sismicité forte.
Ainsi, si d’après ce décret, la totalité de votre département est classée en zone 0, alors les risques
sismiques sont très faibles : aucune mesure préventive telles les règles de construction, d’aménagement et
d’exploitation parasismiques, etc., n’est exigée pour les bâtiments.

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LÉGENDE

6–9
Nombre d'arrêtés de catastrophes naturelles
4–6
(inondations et coulées de boue
)
3–4
pris entre 1985 et 2002 2–3
___________________________________________________________________________________________________________
1–2 ÉTUDE
Figure 4 – Risques naturels DE DANGERS DES ICPE
– Inondations
et coulées de boue dans l’Oise

2.1.4.2 Mouvements de terrain

Il conviendra aussi de vérifier auprès des instances compétentes si des mouvements de terrain
consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols ont pu se produire à proximité du site pour lequel
on demande une autorisation d’exploiter. De tels mouvements sont susceptibles d’affecter le gros œuvre
des bâtiments, et donc d’engendrer des désordres importants pouvant avoir des conséquences importantes.
Généralement, de telles situations ont fait l’objet d’arrêtés de catastrophe naturelle qu’il est facile de se
procurer (figure 4).
Un mouvement de terrain est un déplacement plus ou moins brutal du sol ou du sous-sol, qui est fonction
de la nature et de la disposition des couches géologiques. Il est dû à des processus lents de dissolution ou
d’érosion favorisés par l’action de l’eau et de l’homme. C’est cette lenteur, à l’échelle de l’homme, qui en
fait un risque « sournois ».
En plaine, il se traduit par un affaissement plus ou moins brutal de cavités souterraines naturelles ou
artificielles (mines, carrières), par des phénomènes de gonflement ou de retrait liés aux changements
d’humidité de sols argileux, par un tassement des sols compressibles (vase, tourbe, argile...) par
surexploitation.
Un autre risque de mouvements de terrain résulte des falaises instables, susceptibles d’éboulement. La
figure 8 donne l’exemple d’une carte des risques de mouvements de terrain.
Mentionnons que les mesures de prévention consistent, lors de la construction de tout bâtiment, en une
étude de stabilité des terrains par des spécialistes en géologie. Si les constructions existent déjà, il s’agit,
pour les protéger, de procéder à des opérations d’encrage, de consolidation ou de purge, c’est-à-dire faire
tomber les blocs de rocher instables des falaises.
Une surveillance permanente des endroits à risques doit être faite.

Exemple : suivi de l’évolution des fissures, des affaissements, notamment au moyen de détecteurs
télémétriques.

Pour toutes informations sur ce risque naturel, il est conseillé de s’adresser à la Mairie, ou auprès du
Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).

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2.1.5 Neige

Pour vous aider, rappelons que la France est divisée en trois zones climatiques :
— zone 1 :
• altitude inférieure à 200 m, hors bandes côtières ;— zone 2 :
• altitude comprise entre 200 et 500 m,
• littoral atlantique sur 20 km de Lorient à l’Espagne,• bande de transition de 20 km entre les
zones 1 et 3 ; — zone 3 :
• altitude comprise au-delà de 500 m,
• littoral sur 20 km de la frontière belge jusqu’à Lorient,• Vallée du Rhône, jusqu’à la pointe Isère-
Drome-Ardèche,
• Provence, Languedoc-Roussillon, Corse.
Cette répartition climatique sera très utile plus tard, pour la détermination des mesures compensatoires à
mettre en œuvre, une fois les risques parfaitement identifiés.

2.1.5.1 Risque neige abondante

Qu’est-ce que le risque de neige abondante ? Il est caractérisé par des chutes de neige d’exceptionnelles
intensités. Il se traduit par un risque d’effondrement des constructions dû au fait des surcharges
provoquées par la neige qui s’accumule. Cet effondrement peut bien entendu engendrer des désordres
importants au niveau de l’entreprise. Ainsi, les principaux dangers liés aux chutes de neige abondante et
aux surcharges d’accumulation sont :
— l’effondrement de toitures ;
— la rupture de lignes électriques et de télécommunications ;
— la chute d’arbres ou d’ouvrages ;
— l’impraticabilité temporaire des routes, avec le risque de rester bloqué dans un véhicule, les
difficultés de ravitaillement, de secours...

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Encadré 2 – Zonage sismique de la France

L’État mène depuis de nombreuses années une politique générale Ce zonage n’est pas seulement une
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carte d’aléa sismique. Il face au risque sismique. Comme l’indiquent les textes législatifs, répond
également à un objectif de protection parasismique dans réglementaires et techniques, la puissance
publique intervient dans des limites économiques supportables pour la collectivité. Le deux domaines
principaux : décret du 14 mai 1991 détermine cinq zones de sismicité crois-
— la prévention par l’information du public, la construction
para- sante. sismique et l’organisation des secours ;
Une zone 0 de « sismicité négligeable mais non
nulle » où il n’y a — l’indemnisation. pas de prescription parasismique particulière, aucune secousse
On notera que l’État finance également des recherches en sismo- d’intensité supérieure à VIII n’y a
été observée historiquement, et logie, qui est la science qui étudie les séismes. Quant à leur pré- quatre
zones Ia, Ib, II et III où l’application de règles de construction vision, les connaissances actuelles ne le
permettent pas. parasismique est justifiée.

On parle de réglementation ou de construction parasismique,Ces quatre zones sont définies de la


manière suivante.
c’est-à-dire pour se prévenir vis-à-vis des effets d’un séisme, et non ● Une zone I de « sismicité faible »
où : antisismique, il est impossible d’empêcher un séisme ! — aucune secousse d’intensité supérieure
ou égale à IX n’a été
Le terme « zone de sismicité » désigne un territoire défini par cer- observée historiquement ; taines
caractéristiques sismiques, en particulier la fréquence et — la période de retour d’une secousse
d’intensité supérieure à l’intensité des séismes dans cette zone. VIII dépasse 250 ans ;
— la période de retour d’une secousse
d’intensité supérieure à Dans quelle zone de sismicité êtes-vous situé ? La carte de la VII dépasse 75
ans.

figure 7 indique les cantons de France métropolitaine et d’outre-Cette zone est elle-même subdivisée en
deux :
mer (Guadeloupe et Martinique) concernés par la réglementation
— une zone Ia de « sismicité très faible mais non négligeable »
où parasismique. aucune secousse d’intensité supérieure à VIII n’a été observée his-
Le zonage sismique établit une hiérarchie entre les diverses zones toriquement, et où les déformations
tectoniques récentes sont de géographiques et quantifie le niveau sismique à prendre en compte faible
ampleur ;
dans chacune de ces zones. En France métropolitaine, — une zone Ib de « sismicité faible » qui reprend
le reste de la Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur G 4 210 −
17
37 départements sont classés, en tout ou partie, en zone de sismi- zone I ; cité Ia, Ib, ou
II. Huit d’entre eux sont concernés dans leur ● Une zone II de « sismicité moyenne »
où :
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La cartographie nationale répartit en trois régions, plus une quatrième (zone III frappée d’une majoration
de 45 %), les régions à risques liés à la neige. La dernière modification (n o 3) de ce classement remonte à
avril 2000 (règle N 84).
Exemples
1. L’Oise est située en région B pour le calcul de l’influence de lacharge de neige sur les
constructions. Ce classement correspond à la moyenne nationale, soit 0,55 kN/m 2 à une altitude
inférieure à 200 m.
2. Pour la Plaine du Roussillon, on peut citer les chutes de neigeexceptionnelles notées dans le
tableau 1.
Ces événements neigeux ont posé des problèmes de circulation, de communication, de ravitaillement,
d’éclairage.
(0)

Tableau 1 – Chutes de neige


exceptionnelles dans la Plaine du
Roussillon
Hauteur
Dates
(cm)
24-25 janvier 1947 40
5 février 1954 84
22-24 janvier 1992 46

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Figure 5 – Densité de foudroiement par


Densité de foudroiement Niveau Ng
(impacts foudre au sol par année et par2 km
) département en France
(source : CITEL)

0,3 1,5
0,5 1,8
0,8 2
1 2,3
1,3 2,5

2.1.5.2 Avalanches

Le risque neige abondante n’est pas le seul risque à éventuellement prendre en compte. Si l’installation
doit être implantée en zone montagneuse, il convient de prendre en compte le risque d’avalanche.
Provoquée par une rupture du manteau neigeux, une avalanche correspond à un déplacement rapide d’une
masse de neige plus ou moins importante sur une pente. Rares autrefois, les accidents d’avalanches sont
devenus plus fréquents avec l’aménagement de la montagne et le développement des sports d’hiver.
Rappelons que l’on distingue plusieurs types d’avalanche :
— l’avalanche de poudreuse : une forte accumulation de cette neige donne des avalanches ayant une
grande puissance destructrice par formation d’un aérosol progressant à grande vitesse, de 100 à 400 km/h.

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19
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Elles engendrent alors une onde de pression (souffle)


qui peut provoquer des dégâts importants en dehors du périmètre de l’avalanche ;
— l’avalanche de plaque : la plus meurtrière pour les skieurs, ce type d’avalanche plus lente, «
seulement » 50 km/h, provoque 80 % des accidents. À l’origine, une plaque glisse sur une autre, puis les
plaques peuvent entraîner, sous forme d’avalanches secondaires, 10 à 100 fois la masse initiale de neige
mise en mouvement ;
— l’avalanche de neige humide : de vitesse lente (10 à 20 km/h), ces avalanches de neige dense qui se
produisent principalement lors de la fonte, au printemps, glissent en entraînant tout le manteau neigeux et
en rabotant le terrain. Elles provoquent, elles aussi, des dégâts importants.

Lille

Amiens
Rouen

Caen Metz
Paris

Rennes Strasbourg

Orléans
Nantes
Dijon Besançon

Poitiers

Clermont
Limoges ferrand Lyon

Bordeaux

Toulouse Monaco
Montpellier

Marseille

Ajaccio

Figure 6 – Carte des lignes isokérauniques

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Zone de sismicité
0 Négligeable mais non nulle
1a Très faible mais non négligeable
1b Faible
II Moyenne
III Forte

Figure 7 – Zones de sismicité en France

Pour information, rappelons que les avalanches se déclenchent à cause :

— d’une chute de neige abondante, supérieure à 30 cm, de la pluie, du redoux, de la fonte de la neige... ;

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21
Encadré 3 – Le risque tempête

Une tempête correspond à l’évolution d’une


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perturbation atmosphérique ou d’une


dépression, dans laquelle se confrontent deux
masses d’air bien distinctes par les
températures, l’humidité... On parle de
tempêtes pour des vents moyens supérieurs à
89 km/h. En Europe, le risque tempête
concerne en premier lieu le nord du continent
car situé sur la trajectoire d’une grande partie
des perturbations atmosphériques. En France,
l’ensemble des zones littorales est le plus
concerné telles que la façade atlantique et les
Pas de risque
Risque inconnu côtes de la Manche. Selon Météo France, en
Risque faible
Risque moyen
Risque fort
France chaque année, une tempête sur dix peut
être qualifiée de « forte » selon le critère utilisé
39 communes concernées par cet organisme si au moins 20 % des
Figure 8 – Risques de mouvements de terrain stations départementales enregistrent un vent
soumise à un risque tempête car la prévention de ce
maximal instantané quotidien pouvant
risque repose en particulier sur des actions de
atteindre 200 km/h.
surveillance des phénomènes tempétueux, sur des
En reprenant les deux paramètres de la
actions d’information de la population exposée, et sur
définition d’un risque, le risque tempête se
des mesures d’ordre constructives (encadré 3).
caractérise par la conjonction entre aléas et
enjeux.

1. Aléas
La troposphère, partie basse de l’atmosphère,
siège d’un brassage de masses d’air horizontal
et vertical, est le domaine de la majeure partie
des phénomènes météorologiques. La surface
de deux masses d’air voisines, de
caractéristiques différentes, appelée front, peut
donner naissance à une perturbation et à une
tempête. Par exemple, un front chaud sépare
une masse d’air chaud poussant une masse
G 4 210 − 22 d’air froid. Au contact de l’air froid, l’air
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chaud, chargé d’humidité, se refroidit. La


condensation engendre nuages et pluie.
Les vents, conséquences directes de
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— du vent, facteur aggravant (plaque au vent,


congères, corniches...) ;
— des facteurs de terrains : rupture de pente convexe, roches lisses, herbes longues et couchées ; — du
passage de skieurs.
Les avalanches suivent toujours les points bas du relief (couloir, ravin, talus...). Un avantage important
toutefois en matière de risque naturel : leurs trajets sont bien connus.
Le risque lié à la neige est donc à évaluer pour le site.

2.1.6 Vent

Comme pour les autres risques naturels, il existe en France un classement des zones exposées au vent.

Exemple : excepté l’extrême nord-est du département (cantons de Guiscard et Noyon), le reste de


l’Oise est classé en région I pour l’influence du vent sur les constructions. Ce classement correspond aux
valeurs les plus faibles établies sur le territoire national, à savoir une pression dynamique normale de 90
daN/m2 à une altitude inférieure à 1 000 m pour des vents de 137,9 km/h.
La dernière modification (no 2) de ce classement remonte à décembre 1999 (règle NV 65). Les risques
sont faibles, bien qu’une tempête balayant, comme par le passé, le Bassin Parisien, soit toujours possible.

L’homme ne peut rien contre l’occurrence de tempêtes d’intensité plus ou moins exceptionnelle. Les
seules mesures en son pouvoir sont préventives, individuelles ou collectives. Elles sont destinées à limiter
leur impact sur les personnes et les biens. On
comprend donc toute la nécessité de vérifier si la
future installation peut être — un combustible, dans
le cas présent la végétation : mentionnons que le
risque de feu est plus lié à l’état de la forêt
(sécheresse, disposition des différentes strates, état
d’entretien, densité, relief, teneur en eau...) qu’aux
essences elles-mêmes comme les feuillus, les conifères, etc.

Précédemment, lors de la réalisation de l’étude d’impact, on a réalisé l’inventaire des zones naturelles
autour du site. En particulier, on a recensé l’ensemble des forêts sur la commune et sur les communes

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ÉTUDE DE DANGERS DES ICPE ____________________________________________________________________________________________________________

voisines. Sur la base de ce recensement, on estimera le


risque potentiel de feux existant sur ces communes.

On se renseignera utilement auprès de la mairie et auprès des sapeurs-pompiers, et plus particulièrement


du SDIS (service départemental d’incendie et de secours).

Ce sont généralement les départements du sud de la France qui Figure 9 – Destruction d’une
ligne électrique par la tempête sont les plus sensibles aux risques des feux de forêts.
Exemples : le département des Pyrénées-
Orientales, soumis à un climat de type
méditerranéen, bénéficie principalement d’étés
chauds avec une longue période
d’ensoleillement et un régime important de
vents, qui favorisent les feux de forêt. Ainsi, la
Tramontane, vent sec d’orientation nord-ouest,
fréquente et violente, a une forte action
desséchante. Dans ce département, le schéma
Très fort (34) départemental DFCI
Fort (33)

Moyen (31)

Faible (30)
128 communes

Avertissement : certaines communes peuvent n'être concernée


par le risque feux que sur une très petite partie de leur territoire

(défense de la forêt contre l’incendie) identifie


les bassins à risques, à partir du RMA (risque
moyen annuel) – probabilité en pourcentage que
les espaces soient incendiés en cours d’années.
Un autre exemple est donné par la figure 10 pour
la Charente-Maritime.

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2.1.8 Conclusion

L’étude sur les risques majeurs naturels réunit


les informations disponibles, techniques et
historiques, susceptibles de se produire dans votre
département d’implantation. Elle vise deux
objectifs :

— fournir une base de données pour réaliser, par


la suite, l’étude des scénarios de dangers qui
réunira les informations nécessaires à l’exploitant
pour développer les actions préventives sur le
site ;
— mobiliser les employés sur les enjeux des
risques dans l’entreprise afin de les inciter à
intégrer la notion de risques dans les actions
quotidiennes.

On note ainsi toute l’importance de réaliser le


plus soigneusement possible l’identification des
dangers naturels.

2.2 Risques technologiques

Figure 10 – Carte des risques feux de forêt issue du schéma départemental DFCI identifiant les
bassins à risque à partir du RMA

2.1.7 Feux de forêts

C’est un incendie qui se déclare et se propage en forêt. Ce terme désigne l’ensemble des espaces
sensibles aux incendies : lande, maquis, garrigue, bois, forêt, reboisement. Pour se déclencher et
progresser, le feu a besoin des trois conditions suivantes :
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— une source de chaleur, par exemple une flamme,


une étincelle, un orage. Trop souvent hélas, l’homme est à l’origine des feux de forêt par imprudence
(travaux agricoles et forestiers, allumette, mégot, barbecue, brûlage en ou hors des dépôts d’ordures...),
par accident, par malveillance ;
— un apport d’oxygène. C’est le mécanisme bien connu du vent qui active la combustion ;
Un des fondements de base de l’étude de dangers est la prise en compte des effets dominos.

L’effet domino est l’action d’un phénomène accidentel affectant une ou plusieurs installations d’un
établissement qui pourrait déclencher un phénomène accidentel sur une installation ou un établissement
voisin, conduisant à une aggravation générale des conséquences.

Pour l’examen des risques d’effets dominos, l’ensemble des installations du site, et non seulement celles
relevant individuellement du régime d’autorisation, doivent être prises en compte.

Les structures potentiellement importantes pour la sécurité, les salles de contrôle par exemple, doivent
faire l’objet d’un examen quant à l’impact d’un accident survenant sur une installation voisine.

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2.2.1 Voisinage industriel

Le risque industriel majeur est un événement accidentel se produisant sur un site industriel et entraînant
des conséquences immédiates graves pour le personnel, les riverains, les biens et l’environnement. Afin
d’en limiter la survenue et les conséquences, les établissements les plus dangereux sont soumis à une
réglementation stricte et à des contrôles réguliers. C’est pourquoi, il convient de s’intéresser de très près
au voisinage industriel.

Exemple : si le projet pour lequel on demande une autorisation d’exploiter se trouve dans une zone
industrielle, la liste exhaustive des sites industriels les plus proches doit être établie. Pour réaliser ce
recensement, vous pouvez bien entendu mettre vos meilleures chaussures de marche et faire le tour de
votre site dans un rayon de plusieurs kilomètres. Mais pour vous aider, vous pouvez vous rapprocher
de l’administration pour obtenir « l’atlas des risques majeurs » de votre département. Vous pourrez
ainsi repérer le nombre d’établissement relevant du seuil haut de l’arrêté ministériel du 10 mai 2000
transposant en droit français la directive SEVESO II. De même, vous comptabiliserez les établissements
disposant d’un plan particulier d’intervention (PPI) approuvé. Sans oublier bien entendu de noter les
établissements qui relèvent du seuil bas de l’arrêté du 10 mai 2000 précité.

Vous pouvez vous informer :


— auprès de la Mairie ;
— auprès de la représentation locale de la Direction régionale de l’Industrie, de la Recherche et de
l’Environnement (DRIRE) ;
— auprès de la Préfecture : Service Interministériel des Affaires Civiles et Économiques de Défense et
de la Protection Civile (SIACEDPC).

Mais cette liste n’est bien entendu pas suffisante en elle-même. Il s’agit de déterminer les dangers que
peuvent représenter les différentes industries présentes à proximité. Pour ce faire, la solution la plus
simple consiste à prendre contact avec chaque entreprise et de demander s’il existe des zonages de sécurité
autour de leur site. Ces zonages sont généralement repris dans les arrêtés préfectoraux d’exploitation, avec
précision des zones de dangers : nature, rayon, etc. De fait, les principales manifestations sont l’incendie
par inflammation d’un produit, avec risque de brûlures et d’asphyxie, l’explosion avec risque de

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27
ÉTUDE DE DANGERS DES ICPE ____________________________________________________________________________________________________________

traumatismes directs, la dispersion dans l’air, l’eau ou le sol avec toxicité par inhalation, ingestion ou
contact. Ces manifestations peuvent être associées.

2.2.2 Transport de matières dangereuses

Les industries voisines ne sont pas les seuls dangers potentiels. Il en va ainsi du transport des matières
dangereuses, par route et par rail, sans oublier bien entendu le transport par air et éventuellement le risque
nucléaire.

Lors de la réalisation de l’étude d’impact, dernier chapitre de l’analyse de l’état initial du site et de son
environnement, la prise en compte du transport a permis de déterminer l’existence de nuisances liées à la
circulation à proximité de l’installation projetée.

Dans un premier temps, on s’est adressé aux services compétents pour obtenir les comptages donnant le
trafic moyen journalier, dans les deux sens, des véhicules légers et des poids lourds, sur les principaux
axes routiers qui serviront, d’une part à l’approvisionnement du site en matières premières et, d’autre part,
à l’expédition des produits finis et des déchets. Il convenait en effet de déterminer l’importance de
l’augmentation du trafic liée à votre activité, et principalement dans les zones d’habitation où devront
transiter les poids lourds.

Cette recherche doit maintenant être complétée du point de vue du transport des matières dangereuses.
L’acquisition de données est, dans ce cas et comme précédemment, possible auprès des

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NANTES

Acide phosphorique
Acide sulfurique
Hydrocarbures

Soufre

Ammonitrates

Gaz liquide
BORDEAUX
TOULOUSE

Figure 11 – Transport de matières dangereuses dans la région PoitouCharentes

autorités compétentes et, bien entendu, dans « l’atlas départemental des risques majeurs » (figure 11).

Le risque de transport de matières dangereuses est consécutif à un accident se produisant lors du


transport par voie routière, ferroviaire, aérienne, d’eau ou par canalisation, de matières dangereuses. Les
principaux dangers, liés au transport de matières dangereuses (TMD), pour la population, les biens ou
l’environnement, sont l’explosion occasionnée par un choc produisant des étincelles, par le mélange de
produits, l’incendie à la suite d’un choc, d’un échauffement, d’une fuite, la dispersion dans l’air, l’eau et
le sol de produits dangereux. Les produits souvent transportés sont généralement :
— explosifs ;
— acide sulfurique ;
— soufre ;
— gaz liquéfiés ;
— hydrocarbures ;

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ÉTUDE DE DANGERS DES ICPE ____________________________________________________________________________________________________________

— acide phosphorique ; — ammonitrates, etc.

La difficulté d’évaluation de ce risque est qu’il est, bien entendu, impossible de prévoir le lieu où
l’accident peut se produire. Les mesures de prévention sont du ressort du transporteur par le respect de la
réglementation particulière de ce type de transport.

C’est pourquoi, on portera une attention particulière à ce type de risque dont les conséquences peuvent
être, séparément ou ensemble, des traumatismes directs ou, par l’onde de choc des explosions, des
brûlures ou des asphyxies liées aux incendies, l’intoxication par inhalation, ingestion ou contact des
produits.

Aéroport
Beauvais Tillé Aéroclub
Margny-
lès-compiègne

Aéroclub
Creil

Base aérienne
Creil
Aérodrome
Plessis Belleville

LÉGENDE
Trafic militaire à basse hauteur
Trafic commercial de Beauvais à basse hauteur
Trafic commercial à moyenne et haute altitude

Figure 12 – Carte du trafic aérien de l’Oise

2.2.3 Transport aérien

« L’atlas des risques majeurs » de votre commune doit, normalement reconnaître, la zone d’implantation
de l’entreprise comme une éventuelle zone de survol de trafic commercial à moyenne et haute altitude. Il
peut aussi recenser si la zone est une zone de survol militaire à basse hauteur, c’est-à-dire moins de 500 m
(figure 12).
Il ne reste donc qu’à vérifier ces informations pour la commune d’implantation. Si le site n’est pas situé
à proximité d’un aéroport, il ne faut pas oublier de vérifier l’existence d’un éventuel aérodrome (aéroclub)

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à proximité. Mais il reste à déterminer le risque. On peut s’aider des données suivantes : les probabilités
d’occurrence d’un accident sont statistiquement très faibles : de l’ordre de 2 × 10−4 accidents d’aéronefs/an
sur une surface de 30 000 m2. De plus, d’après la protection civile, les risques les plus importants se
situent au moment du décollage et de l’atterrissage des aéronefs. La zone admise comme étant la plus
exposée est celle qui se trouve à l’intérieur d’un rectangle délimité par :
— une distance de 3 km de part et d’autre dans l’axe de la piste ;
— une distance de 1 km de part et d’autre perpendiculairement à la piste.
Après avoir dessiné ce rectangle sur une carte IGN, vous estimerez si le risque de chute d’aéronefs sur le
site est négligeable, ou non.

2.2.4 Autres risques

2.2.4.1 Transport de gaz

Un risque régulièrement oublié : le réseau de canalisations. Il convient de vérifier si le département


d’implantation de l’entreprise est traversé par un réseau de canalisations destinées au transport du gaz,
dont l’exploitation est généralement assurée par Gaz de France (figure 13).
Il arrive aussi que ce type de canalisation soit géré par le ministère de la Défense ou par l’ONU : ce sont
des gazoducs utilisés pour le réseau national et international qui peuvent traverser le département
d’implantation. Dans ce cas, l’information est plus difficile à

Encadré 4 – Le transport aérien

En France, le Code de l’aviation civile confie au ministre des Transports chargé de l’aviation civile le
pouvoir de police de la sécurité aérienne qu’il exerce par l’intermédiaire de la Direction Générale de
l’Aviation Civile (DGAC).

■ Rappel des hauteurs minimales de survol (extraits)


● Aéronefs motopropulsés, à l’exclusion des hélicoptères : sauf pour les besoins du décollage ou de
l’atterrissage et des manœuvres qui s’y rattachent, les aéronefs motopropulsés, à l’exclusion des
hélicoptères, doivent se maintenir à une hauteur minimale au-dessus du sol définie comme suit :
— pour le survol d’usines isolées, de toutes autres installations à caractère industriel, d’hôpitaux, de

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ÉTUDE DE DANGERS DES ICPE ____________________________________________________________________________________________________________

centre de repos ou de toute autre établissement ou exploitation portant une marque distincte, ainsi que
pour les vols suivant une direction parallèle à une autoroute et à proximité de celle-ci : 300 mètres pour
les aéronefs équipés d’un moteur à pistons ; 1 000 mètres pour les aéronefs équipés de plusieurs
moteurs à pistons ou d’une ou plusieurs turbomachines ;
— pour le survol de toute agglomération dont la largeur moyenne ne dépasse pas 1 200 mètres, ainsi
que pour le survol de tout rassemblement de personnes ou d’animaux (plages, stades, réunions
publiques, hippodromes, parcs à bestiaux, etc.) : 500 mètres pour les aéronefs équipés d’un moteur à
pistons ; 1 000 mètres pour les aéronefs équipés de plusieurs moteurs à pistons ou d’une ou plusieurs
turbomachines ;
— pour le survol de toute ville dont la largeur moyenne est comprise entre 1 200 et 3 600 mètres,
ainsi que pour le survol de tout rassemblement supérieur à 10 000 personnes environ : 1 000 mètres
pour tous les aéronefs motopropulsés (sauf les hélicoptères) ;
— pour le survol de toute ville (Paris excepté) dont la largeur moyenne est supérieure à 3 600 mètres,
ainsi que pour le survol de tout rassemblement supérieur à 100 000 personnes environ : 1 500 mètres
pour les aéronefs motopropulsés (sauf les hélicoptères). La largeur moyenne des agglomérations
susvisées est celle qui figure sur l’édition la plus récente de la carte au 1/ 500 000 publiée par l’Institut
Géographique National.
● Hélicoptères : un arrêté particulier fixe les conditions de survol des agglomérations et des
rassemblements de personnes ou d’animaux par les hélicoptères.
● Aéronefs non motopropulsés : sauf pour les besoins du décollage ou de l’atterrissage et des
manœuvres qui s’y rattachent, les aéronefs non motopropulsés ne voleront pas au-dessus des
agglomérations et des rassemblements de personnes en plein air, sauf s’ils restent à une hauteur
suffisante pour permettre un atterrissage, sans que soient indûment mis en danger les personnes et les
biens à la surface ; cette hauteur ne sera pas inférieure à 300 mètres au-dessus de l’obstacle le plus
élevé situé dans un rayon de 600 mètres autour de l’aéronef.

obtenir, mais elle est généralement disponible dans le POS ou dans le PLU, car imposant des servitudes
constructives.

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On vérifiera aussi, par exemple, si un important réservoir de stockage souterrain de gaz naturel est
implanté à plus ou moins grande proximité du site.
Il convient de savoir, dans le cadre des éventuelles mesures compensatoires qui seront mises en œuvre,
qu’une surveillance des installations est effectuée par l’exploitant des canalisations et ses agents
administratifs. Des appareils de contrôle permettent de déceler une fuite importante sur les canalisations.
Il existe des contrôles supplémentaires tels qu’une surveillance aérienne ou à pied pour détecter les
éventuelles anomalies de terrain, des visites d’entretien systématiques et périodiques et une surveillance
spécifique lors des chantiers à proximité des ouvrages.
Figure 13 – Risque de transport. Gazoduc dans
l’Oise
Beauvais
Compiègne SOMME

Guiscard
Montdidier

AISNE
Lassigny
Noyon

Ressons- Ribécourt-
Maignelay-
sur-Matz Dreslincourt
Montigny

LÉGENDE
OISE
Réseau national Estrées-Saint-Denis
Stockage souterrain COMPIÈGNE
Réseau national - tracé approximatif
Réseau régional commune concernée Front atteint par les Allemands
en juin 1918 lors de la bataille du Matz

Figure 14 – Front de combats dans l’Oise et ses départements limitrophes pendant la Première
Guerre mondiale
À noter que l’organisation des secours est prévue par le décret du 6 mai 1988 prescrivant l’élaboration
d’un plan de secours spécialisé « transport de matières par canalisation ». Dans le département
d’implantation, ce plan a été approuvé par arrêté préfectoral : il convient donc de se le procurer si besoin.

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33
ÉTUDE DE DANGERS DES ICPE ____________________________________________________________________________________________________________

2.2.4.2 Voie de chemin de fer

Autre voie de transport, les lignes SNCF qui peuvent aussi transporter des matières dangereuses. On se
rapprochera utilement de la direction régionales de la SNCF afin de déterminer si, à proximité du site, et
s’il existe une voie ferrée, le trafic de matières dangereuses y est conséquent ou non.
Bien que le risque de déraillement soit faible, le trafic peut y être soutenu. Aussi, on indiquera si les
stockages à risque ne sont pas situés du côté de la voie de chemin de fer.

2.2.4.3 Risque nucléaire

Il n’y a pas eu en France d’accident nucléaire avec des conséquences immédiates pour la population ou
pour les entreprises. Toutefois, il convient de prendre en compte ce risque surtout si le département est
pourvu d’installations nucléaires. Et même si le département d’implantation n’est pas directement
concerné, il n’est pas à l’abri d’une contamination radioactive du fait de la proximité de la centrale
nucléaire dans un département voisin.
Pourquoi prendre en compte ce risque ? Le risque nucléaire est un événement accidentel avec des risques
d’irradiation ou de contamination pour le personnel, les populations avoisinantes, les biens et ou
l’environnement. Le risque nucléaire majeur est la fusion du cœur du réacteur d’une centrale nucléaire.

2.2.4.4 Risques liés à l’histoire

Il se peut que le département dans lequel on compte implanter une installation classées pour la protection
de l’environnement ait été une terre de combat, particulièrement pendant la Première Guerre mondiale
(figure 14). De ces événements historiques, des mines et d’autres engins explosifs sont dispersés un peu
partout et plusieurs engins sont encore retrouvés chaque année.
Certains secteurs du département peuvent aussi avoir fait l’objet de bombardement durant la Seconde
Guerre mondiale. De nombreux obus sont bien souvent enterrés et peuvent exploser si l’on venait à les
manipuler sans précaution.

On voit donc tout de suite que ce risque doit être considéré si l’ICPE pour laquelle on demande une
autorisation d’exploiter doit faire l’objet d’une demande de permis de construire. De fait, cette situation à
risques ne peut se rencontrer que lors de la réalisation de fondations pour la construction d’un nouveau
bâtiment

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(figure 15).

2.2.5 Conclusion

Cette partie de l’étude de dangers doit s’efforcer de récapituler, de manière indicative et sous forme de
cartographie, les principaux risques non naturels auxquels votre établissement peut se trouver confronté.
Les taux de probabilité sont bien entendu inégaux. En effet, certains risques sont saisonniers (incendies de
forêts, inondations) alors que d’autres peuvent survenir à tout moment et s’avérer d’autant plus dangereux
qu’ils sont inattendus. En outre, les éléments actuellement détenus par l’autorité administrative ne
permettent pas toujours de pratiquer une hiérarchisation de l’intensité des différents risques, classement
qui ne pourra résulter que d’études complémentaires approfondies.

C’est donc la qualité de l’information qui sera primordiale, d’où la nécessité de donner dans votre étude
des indications claires sur les caractéristiques des risques et les mesures à prendre par l’entreprise.

Le dossier sera ensuite démultiplié au niveau de l’entreprise, en ciblant l’information préventive sur les
endroits névralgiques du site où il y a des enjeux humains. C’est l’objet de votre dossier dont on rappelle
qu’il sera consultable en mairie par tout citoyen lors de l’enquête publique.

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LÉGENDE
Nombre d'interventions de déminage entre 1998 et 2002
Plus de 10 interventions
Entre 5 et 10 interventions
Entre 1 et 5 interventions
ÉTUDE DE DANGERSAucune intervention
DES ICPE ____________________________________________________________________________________________________________
Figure 15 – Risque divers liés à l’histoire
dans l’Oise

3. Dangers internes

Les dangers externes à l’entreprise ne sont pas les seuls qui doivent être pris en compte par le futur
exploitant d’une installation classée pour la protection de l’environnement. Parmi les différents dangers,
qui doivent être pris en compte, sont les dangers présentés par les produits chimiques et les matières
combustibles, les risques incendie, explosion, tout ce qui d’une manière générale est susceptible d’affecter
le fonctionnement normal de l’entreprise.

3.1 Dangers présentés par les produits chimiques et les matières combustibles

3.1.1 Dangers intrinsèques des substances chimiques en général

Les produits chimiques peuvent présenter des dangers divers, matérialisés par un étiquetage conforme à
l’arrêté du 20 avril 1994 :
— corrosif (C) : caractérise un produit au contact duquel il y a destruction des tissus vivants et des
matériaux ;
— toxique (T) : caractérise un produit pouvant engendrer de graves désordres de la santé après
inhalation, ingestion, absorption par voie cutanée ;
— très toxique (T+) : caractérise un produit pouvant avoir des effets irréversibles très graves sur la
santé, après inhalation, ingestion, absorption par contact avec la peau ;

— nocif (Xn) : caractérise un produit qui, après introduction dans l’organisme, provoque de faibles
altérations de la santé ;

— irritant (Xi) : caractérise un produit qui, par contact immédiat, prolongé ou répété avec la peau ou les
muqueuses, peut provoquer une réaction inflammatoire ;

— extrêmement inflammable (F+) : caractérise une substance susceptible de s’enflammer au contact


d’une source d’inflammation et dont le point éclair est inférieur à 21 ˚C ;

— inflammable (F) : caractérise une substance susceptible de s’enflammer au contact d’une source
d’inflammation et dont le point éclair est compris entre 21 ˚C et 55 ˚C ;

— explosif (E) : caractérise une substance qui peut exploser dans des conditions déterminées ;

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par ces deux
symboles

BONCOLOR
Le nom, l'adresse et le 1 bis rue de la source
numéro de téléphone du 92390 PORLY
___________________________________________________________________________________________________________ ÉTUDE DE DANGERS DES ICPE
fabricant, distributeur ou Tél : 01-13-14-15-16
importateur
F – Facilement T – Toxique
inflammable
Le nom du produit
Le nom des substances devant INTOXITE
Contient du chlorure de N,N,N-triméthylanilinium et
obligatoirement figurer sur l'étiquette
de l'hydroxyde de sodium
Les risques Toxique par contact avec la peau et par ingestion
particuliers du produit Provoque de graves brûlures
(phrases R) Porter un vêtement de protection approprié, des gants et un
Les précautions
que vous devez appareil de protection des yeux/du visage
prendre pour En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et
Phrases S vous protéger abondamment avec de l'eau et consulter un spécialiste
La conduite à En cas d'accident ou de malaise, consulter immédiatement un
tenir en cas médecin (si possible, lui montrer l'étiquette)
d'accident

— comburant (O) : caractérise une substance pouvant favoriser ou activer la combustion d’une
substance combustible ;

— dangereux pour l’environnement (N) : caractérise une substance pouvant avoir des effets néfastes,
à court ou long terme, sur la faune, la flore, les organismes du sol, les organismes aquatiques et de
manière générale sur l’environnement.

Ces risques sont identifiés, sur les emballages de ces produits,Figure


par des
16 – pictogrammes qu’il sur
Pictogrammes identifiant, convient
les de
emballages, les risques des produits chimiques

connaître (figure 16).


3.1.2 Fiches de données de sécurité

De plus, et tout aussi très important, ces risques sont repris dans les fiches de données de sécurité, plus
communément appelées FDS, et qui vont délivrer nombre d’informations fort utiles pour la réalisation de
l’étude des dangers. Nous aurons l’occasion d’en reparler ultérieurement (dans le dossier [G 4 211] Étude
de dangers des ICPE. Étude des scénarios), principalement sur les conséquences d’un incendie, mais
mentionnons dès à présent une information donnée par ces FDS.

Les FDS ne sont pas organisées aléatoirement, mais répondent à des exigences réglementaires édictées
par l’article R. 231-53 du Code du travail qui précise que l’établissement d’une « fiche de données de
sécurité » est une obligation pour le fabricant, l’importateur ou le vendeur d’une substance ou d’une
préparation dangereuse (décret no 92-1261 du 3 décembre 1992 (J.O. du 5/12/92) modifié par le décret n o
94-181 du 1er mars 1994 et remaniant la section V du Code du travail).
La fiche rédigée en français doit être transmise gratuitement au chef d’établissement qui doit lui-même
la communiquer au médecin du travail.

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De plus, l’arrêté du 5 janvier 1993 fixe les modalités d’élaboration et de transmission des fiches de
données de sécurité et présente en annexe un guide pour l’élaboration de ces fiches. Il n’existe pas de
formulaire type de FDS à remplir, mais une norme française homologuée NF ISO 11014-1 [9] qui en
précise le contenu et le plan type.
De par le Code du travail, la FDS, document non confidentiel, doit comporter seize rubriques
obligatoires (encadré 5).
La rubrique 3 (encadré 5) doit être consultée pour vérifier les dangers présentés par le produit chimique
considéré. Mais, c’est surtout la rubrique 15 (encadré 5) qu’il convient de regarder attentivement. Cette
rubrique donne le classement selon la nomenclature des installations classées pour la protection de
l’environnement. C’est ce classement qu’il conviendra de reprendre dans le dossier technique du dossier
de demande d’autorisation d’exploiter qui sera déposé auprès des services de la Préfecture, et plus
spécifiquement dans le tableau résumant les différentes rubriques intéressées par la demande
d’autorisation.
3.1.3 Incompatibilités chimiques

Il convient, dans un premier temps, de recenser l’ensemble des produits chimiques qui seront entreposés
et utilisés sur le site de l’exploitation. Cette liste se doit d’être totalement exhaustive. D’ailleurs, il
convient de prendre en compte les matières premières, mais aussi les produits finis.
Il est évident qu’une entreprise qui fabrique des produits chimiques, par exemple des substances ou des
préparations, aura aussi des stockages qui présenteront éventuellement des dangers qu’il faut recenser.
Une fois les produits listés, le stockage des différents produits doit être reporté sur une carte, avec
mention des conditions de stockage. Ces dispositions vont permettre de mettre en évidence les
incompatibilités des produits susceptibles de provoquer des réactions dangereuses : exothermicité,
inflammabilité, explosivité, toxicité, projections. Le tableau 2 résume les grandes familles de risques et
leur incompatibilité.
(0)

Tableau 2 – Incompatibilités des grandes familles de risques

F E T O X

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F + − − − +
E − + − − −
T − − + − +
O − − − + 0
X + − + 0 +
+ : compatible − : incompatible
0 : stockage ensemble autorisé avec dispositions particulières
Encadré 5 – Rubriques obligatoires d’une fiche de données de sécurité

1 – Identification du produit chimique et de la personne physique ou morale responsable


de sa mise sur le marché
2 – Information sur les composants
3 – Identification des dangers
4 – Description des premiers secours à porter en cas d’urgence
5 – Mesures de lutte contre l’incendie. Prévention des explosions et des incendies
6 – Mesures à prendre en cas de dispersion accidentelle
7 – Précautions de stockage, d’emploi et de manipulation
8 – Procédures de contrôle de l’exposition des travailleurs etcaractéristiques des
expositions de protection individuelle
9 – Propriétés physico-chimiques
10 – Stabilité du produit et réactivité
11 – Informations toxicologiques
12 – Informations écotoxicologiques
13 – Information sur les possibilités d’élimination des déchets
14 – Informations relatives au transport
15 – Informations réglementaires
16 – Autres informations
■ Quelques exemples de prises en compte des produits chimiques. ● Le noir de carbone

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Le noir de carbone est chimiquement inerte et composé de particules de carbone élémentaire. Il se


présente sous forme de poudre noire et amorphe. Il a un pouvoir adsorbant élevé et est utilisé pour le
renforcement du caoutchouc, comme colorant et pour la protection contre les rayons ultraviolets.
La littérature lui donne une température d’auto-inflammation seulement en couche de 900 ˚C. Aucune
concentration minimale d’explosion ou énergie minimale d’inflammation ne lui est attribuable. Sa
combustion provoque l’émission d’oxyde de carbone.
Il contient des hydrocarbures polycycliques aromatiques tels que des benzo (k), (b), (a) fluoranthène, de
l’indéno (123-c,d) pyrène, de l’anthracène, du benzo (g,h,i) pérylène, du fluoranthène et du pyrène.
● Le soufre
Le soufre brûle en donnant des vapeurs et des fumées toxiques. Son extinction est obtenue avec de l’eau
pulvérisée ou non, de la mousse ou du sable. Il est explosible sous certaines formes pulvérulentes avec des
températures d’auto-inflammation de :
— 220 ˚C en couche ; — 190 ˚C en nuage.
L’énergie minimale d’inflammation est de l’ordre de 15 mJ et la concentration dans l’air du nuage de 35
g/m3. Les pressions maximales d’explosion sont de 5,5 bar et les vitesses maximales de montée en
pression de 350 bar/s.

3.1.4 Dangers des préparations employées

Les produits chimiques purs ne sont pas les seuls à présenter des risques. Les préparations peuvent aussi
présenter des dangers. On rappelle que les préparations sont définies par la directive 1999/45/CE du 31
mai 1999 dite directive « Préparations » : les préparations sont des « mélanges ou solutions composés de
deux substances ou plus ».
Rappelons que la directive 67/548/CEE du 27 juin 1967 modifiée dite directive « Substances » et l’arrêté
du 20 avril 1994 définissent les substances comme « les éléments chimiques et leurs composés à l’état
naturel ou tels qu’obtenus par tout procédé de production, contenant tout additif nécessaire pour préserver
la stabilité du produit et toute impureté dérivant du procédé, à l’exclusion de tout solvant qui peut être
séparé sans affecter la stabilité de la substance, ni modifier sa composition ».

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Ce qui a été fait pour les produits chimiques (§ 3.1.3) devra être fait de la même façon pour les
substances et préparations, et toujours que ce soit pour les matières premières et pour les produits finis.

■ Quelques exemples de produits chimiques contenus dans des préparations.


● L’oxyde de zinc
L’oxyde de zinc, lorsqu’il se dégage dans les fumées de soudure ou de découpage d’acier galvanisé peut
occasionner la « fièvre des métaux » qui a tous les syndromes de la grippe.
● Les acides stéariques
Les acides stéariques sont des mélanges d’acides aliphatiques monocarboxyliques, comprenant
principalement des chaînes saturées en C16 et C18. Ils se décomposent en produisant CO et CO 2.

3.1.5 Dangers des matériaux utilisés

Les produits chimiques sont recensés, les substances et les préparations sont aussi recensées. Reste donc
à recenser les matériaux qui seront utilisés dans les différents process qui seront mis en œuvre sur le site.
La démarche adoptée au paragraphe 3.1.3 est à reproduire ici aussi : description des matériaux,
recensement des lieux de stockage et des quantités qui seront stockées.

■ Le polyéthylène
Les polyéthylènes sont de deux sortes :
— basse densité (PEBD) ou ramifiés ; — haute densité (PEHD) ou linéaires.
Les adjuvants généralement additionnés sont les suivants :
— des charges (noir de carbone, silice, silicate de calcium, carbonate de calcium, fibre de verre) ;
— des colorants et des pigments organiques ou minéraux (oxydes métalliques) ;
— des anti-oxydants (phénols, amines, thioesters) ;
— des retardateurs de combustion (hydrates d’aluminium, borate de zinc, phosphates, oxydes
d’antimoine, paraffines chlorées) ;
— des modificateurs de surfaces ;
— des réticulants (exemple peroxyde de dicumyle) ; — des agents porogènes (uniquement pour
matière expansée).

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3.1.6 Conclusion

Il convient de mentionner que l’administration apprécie beaucoup les tableaux de synthèse qui permette
une vision d’ensemble et synthétique des différents dangers présentés par les produits, les substances et
les matériaux. On rappelle que toutes ces informations sont disponibles dans les fiches de données de
sécurité.
Aussi, il est souhaitable de produire deux tableaux :
— un tableau qui précise les réactivités des produits et des matériaux utilisés avec diverses substances
chimiques ;
— un tableau qui reprend l’inflammabilité et le comportement au feu, avec par exemple la température
de fusion, la température de décomposition, la description de la flamme, la description des fumées, les
produits de décomposition, le pouvoir calorifique.
À ces deux tableaux, on joindra un ou plusieurs plans des stockages des produits, des substances et des
matériaux.
L’ensemble de ces informations permettra d’obtenir une image claire et précise des dangers internes à
l’entreprise.

3.2 Risque thermique

On a vu les dangers internes liés aux produits, substances et matériaux. Mais le fonctionnement d’une
entreprise impose l’utilisation de différentes machines, appareils, et autres dispositifs visant à transformer,
fabriquer, modifier, convertir, ... des matières premières pour en faire des produits finis
commercialisables.
De l’utilisation de ces différents appareils, associés à différents produits, peut résulter l’apparition de
certains dangers non présents autrement. Aussi, préalablement à l’exposé des risques internes, il convient
de donner quelques précisions sur un risque majeur, le risque thermique caractérisé par l’incendie et
l’explosion.

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3.2.1 Généralités sur l’incendie

Le risque incendie existe dès lors qu’il y a concomitance de trois éléments, à savoir :
— un combustible : toute matière susceptible de brûler, c’està-dire d’être totalement ou partiellement
détruite par le feu ;
— un comburant, généralement l’air dont l’oxygène participe au phénomène de combustion ;
— une source d’énergie qui va initier le processus de combustion, par exemple une source électrique,
des étincelles, une source de chaleur, etc.

Cette définition du risque implique que si l’un au moins des trois facteurs est nul, le risque est nul.
Autrement dit, si le combustible est manquant et/ou si le comburant est absent et/ou s’il n’y a pas à
proximité de source d’énergie susceptible d’être en contact avec le combustible, alors le risque est
négligeable.
Cet énoncé peut aussi être présenté selon : il n’y a incendie que s’il y a simultanément un combustible,
un comburant et une source d’énergie. Cette précision est d’importance car elle permettra, en plus de
l’identification du danger, de mettre en place des mesures compensatoires.
Autre précision importante, seuls les gaz brûlent. Il peut s’agir soit des gaz de distillation provenant de
corps solides chauffés, soit des vapeurs émises par les liquides inflammables.
Le phénomène de combustion a pour conséquence trois effets majeurs :
— l’émission de chaleur : cette chaleur est produite par la réaction d’oxydation, phénomène de base de
la combustion. Elle est fonction du pouvoir calorifique (nota 3) du combustible, de la masse de
combustible entrant dans le processus et de la capacité du milieu à transmettre cette énergie. On la mesure
en un point par le flux thermique reçu, c’est-à-dire la quantité d’énergie reçue par unité de surface,
exprimé en kW/m2 ;
— la formation de flammes : partie visible du phénomène de combustion, les flammes émettent de la
lumière. Elles ont également pour caractéristique d’être le siège d’une élévation importante de la
température ;
— l’émission de fumées : les volumes des fumées contiennent des particules solides de carbone
imbrûlé. Les fumées peuvent aussi contenir, selon les cas, des gaz toxiques et/ou inflammables. Par

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exemple, les fumées peuvent contenir de l’acide chlorhydrique dans le cas où l’incendie concernerait des
produits à base de PVC. La combustion de produits renfermant des composés azotés est génératrice
d’acide cyanhydrique.
Nota (3) : pouvoir calorifique : chaleur dégagée par la combustion complète d’une unité de masse d’un
combustible donné.

Tout comme la caractérisation de l’incendie permet de mettre en place des mesures compensatoires, la
mise en évidence des effets de l’incendie permet aussi de penser en terme de mesures compensatoires.

3.2.2 Généralités sur l’explosion

Globalement, on peut retenir deux types d’explosions. Elles correspondent soit à des combustions très
vives et, dans ce cas, les conditions d’apparition se rapprochent de celles d’un incendie, soit à des
changements de phase rapides qui génèrent des phénomènes de surpression, phénomènes qui peuvent
s’avérer très dangereux.
Dans le cas des explosions chimiques, explosions liées à des phénomènes de combustion, il est
nécessaire que la concentration du mélange air-produit se situe dans des limites d’explosibilité définies :
— la limite inférieure d’explosivité (LIE) ; — la limite supérieure d’explosivité (LSE).
Ces deux données figurent sur les fiches de données de sécurité des produits. De nouveau, cette
information est très importante car elle permettra de mettre en place des mesures compensatoires pour
éviter ce risque.
Dans le cas des explosions, l’énergie libérée est plus importante que celle d’un incendie. Elle se
manifeste par :
— le dégagement éventuel de chaleur : il correspond, comme dans le cas de l’incendie, à la
combustion des produits présents dans le nuage explosif ;
— la propagation d’une onde de surpression : c’est la principale caractéristique d’une explosion qui
peut entraîner, en plus de la destruction de structures, des lésions chez l’homme : lésions internes au
niveau des tympans et des poumons, traumatismes, etc. ;
— la projection éventuelle de matériaux : lors de la propagation de l’onde de surpression, des
morceaux de matériaux, par exemple suite à l’éclatement d’une citerne, peuvent être projetées avec une

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force considérable. On appelle ces projections des missiles, dont l’impact sur les structures avoisinantes
peut causer de grands dégâts.
Pour terminer cette brève description des phénomènes explosifs, mentionnons que l’on distingue, en
fonction des conditions d’apparition, plusieurs types de phénomènes explosifs :
— UVCE (Unconfined Vapour Cloud Explosion) : c’est l’explosion d’un nuage de gaz en milieu non
confiné, avec pour principaux
effets des effets de surpression ;
— BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion) : c’est l’explosion de gaz en expansion
provenant d’un liquide en ébullition. Lorsqu’il s’agit d’un produit inflammable, les principaux effets sont
essentiellement des effets thermiques, plus connus sous le nom du phénomène de la boule de feu.
Ces phénomènes, tout comme l’incendie, doivent être recensés au sein de l’entreprise pour compléter
l’étude de dangers, et apporter tous les éléments requis pour décrire les mesures compensatoires
nécessaires au fonctionnement sans risques de l’installation.

3.2.3 Incendies et explosions potentiels liés aux produits et installations du site

Une fois assimilée les raisons qui peuvent conduire à un incendie et/ou une explosion, il convient de
recenser toutes les conditions qui peuvent conduire à ces dangers. Ce recensement doit être exhaustif, sans
considérer les probabilités d’apparition. C’est seulement ensuite, lors du choix des scénarios qui seront
étudiés, que les probabilités d’occurrence et la gravité seront prises en considération.
Comme précédemment (§ 3.1.6), la liste des produits et installations du site susceptibles d’être à
l’origine d’un incendie et/ou d’une explosion sera reprise dans un tableau de synthèse (tableau 3).
(0)

Tableau 3 – Dangers présentés par les produits et installations

Produits ou installations Produits dangereux de


Incendie Explosion
décomposition thermique
Huiles Possible Non Les produits
Soufre Possible Possible de décomposition thermique

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Solvants Possible Possible sont fonction


Acides Non Non des compositions
Soude Non Non des produits chimiques.
Fioul Possible Non D’autres produits de

Caoutchoucs Possible Non décomposition thermique

Polyéthylène Possible Non sont des produits « classiques

Pentane Possible Possible » tels que CO, CO2.

Peroxydes Possible Possible


Chaudières Possible Possible
Compresseur Possible Non
Bien entendu, ici aussi, il conviendra de dresser un plan des installations et des stockages susceptibles
d’être à l’origine d’un incendie ou d’une explosion.

3.3 Risque de pollution du milieu par fuite accidentelle

Le futur site comportera probablement des stockages de plusieurs types de produits liquides susceptibles
d’occasionner une pollution du milieu aquatique ou une pollution du sol en cas d’épandage accidentel. Les
causes de ces déversements sont susceptibles de survenir par exemple :
— par la rupture du câble lors des dépotages ;
— sur le système de distribution ;
— suite à des erreurs de manutention : chute d’un container lors de son transport ;
— suite à l’éclatement des cuves ou citernes, par exemple atteinte par un missile d’explosion voisine,
augmentation de la température en cas d’incendie proche ; etc.
De nouveau, ce risque sera identifié pour prévenir son apparition par des mesures compensatoires ad
hoc. Et de nouveau, le moyen le plus simple de recenser ce risque sera de reporter, sur un plan du site, les
aires de stockage et de dépotage des produits, en précisant si ces stockages sont pourvus de rétention ou,
pour les citernes enterrées, si les cuves sont dans des fosses maçonnées, si les cuves sont double peau ou
simple peau, avec ou sans système déporté d’alarme, etc.

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3.4 Conclusion

Les installations les plus conséquentes seront recensées, les produits et les risques associés identifiés.
Les autres installations de risques plus modérés seront aussi reconnues.
Ainsi, sans préjuger des risques avérés, existants ou pouvant exister sur site, la reconnaissance
exhaustive des dangers internes de l’installation permettra de compléter l’analyse initiale de l’étude de
dangers. On aura l’occasion de voir ultérieurement que l’ensemble des risques ainsi identifiés ne
nécessitera pas un traitement « équitable ». Certains risques imposeront une étude détaillée au regard,
entre autres, des conséquences potentielles. D’autres risques seront écartés de l’étude des scénarios car
jugés peu probables, ou avec une gravité faible, etc.
En revanche, l’aspect exhaustif est nécessaire car il permet de montrer que tous les dangers ont été
recensés, et qu’ils peuvent être écartés. L’absence d’identification d’un danger peut, en outre, amener à se
poser la question de sa prise en compte.

4. Accidentologie et retour d’expérience

4.1 Introduction

En 1992, au niveau national, le ministère chargé de l’environnement a décidé de mettre en place au sein
de la Direction de la prévention des pollutions et des risques (DPPR) une structure spécifiquement chargée
du retour d’expérience : le Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industrielles (BARPI). Partie
intégrante du service de l’environnement industriel qui conduit la politique menée par le ministère en
matière de prévention des risques industriels, le BARPI a trois missions principales :
— centraliser et analyser les données relatives aux accidents, pollutions graves et incidents significatifs
survenant dans les installations classées pour la protection de l’environnement ou liés à l’activité de ces
dernières ;
— constituer un pôle de compétences capable d’aider à la définition de la politique générale en matière
de prévention des risques technologiques, mais aussi, d’apporter l’appui technique éventuellement
nécessaire à l’inspection locale dans l’instruction d’accidents importants ;

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— assurer la diffusion des enseignements tirés de l’analyse des accidents survenus en France ou à
l’étranger.
Le BARPI a mis en place une échelle qui permet l’estimation rapide et synthétique de la gravité d’un
accident. Cette échelle compte six niveaux de gravité, définis à partir d’une liste de critères permettant de
considérer l’ensemble des conséquences. Cet outil de classification permet de comparer des événements
de nature hétérogène.
La base de données informatisée ARIA (Analyse Recherche et Information sur les Accidents) [10]
centralise toutes les informations relatives aux accidents, pollutions graves et incidents significatifs
survenus dans les installations susceptibles de porter atteinte à l’environnement, à la sécurité ou la santé
publiques. Ces activités peuvent être industrielles, commerciales, agricoles ou de toute autre nature. Les
accidents survenus hors des installations, mais liés à leur activité, sont aussi traités, en particulier ceux
mettant en cause le transport de matières dangereuses.

4.2 Consultation de la base

La base de données doit être consultée pour l’établissement d’une accidentologie en lien avec les
activités qui sont ou seront exercées sur le site. De cette consultation, une liste sera élaborée contenant des
présentations résumées d’un certain nombre d’accidents caractéristiques.
Les accidents retenus le seront en raison de l’intérêt qu’ils présentent pour mieux cerner l’accidentologie
de l’installation étudiée. Cette sélection n’est pas nécessairement exhaustive, ni représentative de la
répartition statistique des accidents du secteur d’activité.
Mais mieux que de grands discours, donnons dans le tableau A « Pour en savoir plus » [Doc. G 4 210]
quelques illustrations. Dans le cas présent, la recherche a porté sur :
— les stockages de matières dangereuses ;
— des installations « classiques » telles que compresseurs et chaudières .
Ce recensement accidentologique va permettre de montrer et démontrer quel est, ou quels sont, le(s)
principal(aux) risque(s) associé(s) aux activités de l’entreprise. Mais ce recensement n’est pas le seul à
prendre en compte, spécialement si les activités existent déjà comme cela peut être le cas des demandes
d’autorisation d’exploiter déposées pour une régularisation administrative, ou encore lors du

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déménagement d’une entreprise d’un site vers un autre site. Pour ces cas, il est également intéressant de se
référer au retour d’expérience de son propre site. Par exemple, une liste comme la suivante pourra être
donnée :
— inflammation de poussières grasses lors d’opération de maintenance – Atelier X – juillet 2002 ;
— incendie sur batterie de condensateurs de la salle Y – novembre 2001 ;
— déclenchement d’un feu lors d’une opération de nettoyage de sols par un agent de la maintenance –
octobre 1997 ; — début d’incendie sur toiture, salle Z – mai 1990.
Le descriptif complet de ces incidents devra être fourni. Il permettra, ensuite, de donner les mesures
compensatoires qui ont été mises en œuvre après les incidents, ou de montrer que les mesures
compensatoires existantes au moment des incidents ont permis d’en limiter les conséquences.

5. Choix des scénarios

Dernier paragraphe de cette première partie de l’étude de dangers sur l’identification des dangers, il est
primordial car il va servir de base aux fascicules suivants. Il convient maintenant, sur la base de tous les
recensements faits précédemment, de choisir le ou le(s) scénario(s) qui seront retenus pour la suite de
l’étude.

Comme l’indique la circulaire du 2 octobre 2003 relative aux implications de la loi « Risques » sur les
études des dangers, l’analyse des risques présents sur le site doit intégrer :
— la probabilité d’occurrence, quand cette donnée est disponible ou peut être estimée ;
— la cinétique de l’accident, avec pour les incidents de cinétique lente, la possibilité d’intervenir et de
limiter les effets de l’accident ;
— la gravité de l’accident.

De plus, le principe de proportionnalité sera appliqué. De fait, Le décret du 21 septembre 1977 définit
l’étude de dangers comme une étude prospective qui met l’accent à la fois sur les dangers que peut
présenter une installation et sur les moyens de les réduire. Il est clairement indiqué que le contenu de
l’étude de dangers doit être en relation avec l’importance des dangers de l’installation et de leurs

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conséquences prévisibles, en cas de sinistre, sur les intérêts visés par l’article L 511-1 du titre I er du Livre
V du Code de l’environnement et de l’article L 211-1 du Code de l’environnement :
— la commodité du voisinage ;
— la santé, la sécurité, la salubrité publiques ;
— l’agriculture ;
— la protection de la nature et de l’environnement ;
—.

Afin de répondre à ces exigences, on va réaliser une analyse préliminaire des risques (APR) à laquelle
on appliquera une cotation. Cette analyse permettra de mettre en évidence les scénarios majeurs
d’accident qui seront étudiés par la suite.

5.1 Analyse préliminaire des risques

La méthode d’analyse préliminaire des risques repose sur deux enchaînements successifs, un peu à
l’image de l’effet domino :

élément dangereux + agression = situation dangereuse situation dangereuse + événement aggravant =


accident

Il s’agit donc, dans un premier temps, d’identifier les éléments dangereux du système. Puis, pour chaque
élément dangereux, de déterminer les situations dangereuses possibles. On peut ensuite déterminer les
accidents et leurs conséquences et lister les moyens de prévention existants et les évaluer.

Chaque événement fera, comme demandé dans la circulaire mentionnée plus haut, l’objet d’une cotation
en terme de gravité et de probabilité. Puis, la criticité de la situation sera calculée.

Les échelles des tableaux 4 et 5 pourront être utilisées pour quantifier les événements.

À partir de ces échelles de gravité et de probabilité, la criticité de l’événement sera déterminée selon le
calcul suivant :

criticité = gravité × probabilité

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Selon la valeur de la criticité (tableau 6), on choisira de définir :


— une zone verte, qui correspond à un risque jugé acceptable par l’exploitant, sous réserve d’avoir du
personnel compétent, formé et de mettre en place les procédures et mesures de prévention nécessaires ;
— une zone rouge, qui correspond à un risque intolérable. Une étude détaillée permettra alors de définir
les mesures nécessaires pour rendre ce risque acceptable.

Tableau 4 – Échelle de gravité

Niveaux Cibles humaines Cibles matérielles Cibles environnementales


Aucun effet significatif sur le
Aucune atteinte significative
personnel : pas de blessé ou Aucun effet significatif sur les
1 de l’environnement proche du
blessure légère sans arrêt de équipements du site
site
travail
Blessures sérieuses pouvant
Atteintes limitées au site,
engendrer un arrêt de travail, Atteintes d’équipements non
2 pouvant nécessiter des travaux
mais aucun effet létal ou essentiels à la sécurité du site
de rémédiation minimes
irréversible n’est observé
Atteintes d’équipements
Effet létal ou irréversible Atteintes sérieuses, nécessitant
importants pour la sécurité du
3 limité à un poste de travail sur des travaux lourds de
site sans aggravation générale
le site rémédiation
des conséquences
Effet létal ou irréversible sur Atteinte d’équipements
Atteintes critiques à des zones
au moins une personne à importants pour la sécurité du
4 vulnérables, avec des
l’extérieur du site ou au niveau site avec aggravation générale
répercussions à l’échelle locale
de zones occupées du site des conséquences
(0)

(0)

Tableau 5 – Échelle de probabilité

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Niveau Événement improbable : ne s’est jamais produit sur le site ou ailleurs


1
Niveau Événement peu probable : ne s’est jamais produit sur le site, mais s’est quelques fois produit
2 sur d’autres sites industriels
Niveau Événement probable : s’est déjà produit sur le site une fois ou s’est déjà produit sur d’autres
3 sites plusieurs fois
Niveau Événement très probable : s’est déjà produit sur le site à plusieurs reprises
4
(0)

Tableau 6 – Valeur de la
criticité
Niveaux Niveaux de probabilité
de
1 2 3 4
gravité
1 1 2 3 4
2 2 4 6 8
3 3 6 9 12
4 4 8 12 16
Comme il est dit depuis le début, les synoptiques valent mieux que de longs discours. Ainsi, le résultat
de l’APR sera présenté sous forme d’un tableau de synthèse précisant pour chaque système dangereux
identifié :
— l’élément potentiellement dangereux ;
— l’agression origine ;
— la situation dangereuse ;
— les moyens de prévention existants ;
— l’événement aggravant ;
— la situation accidentelle ;
— la cotation de l’accident : gravité, fréquence et criticité.

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5.2 Un exemple

Le tableau de synthèse ([Doc. G 4 210], tableau B) est le résultat de l’analyse préliminaire des risques
réalisée sur un site industriel.
L’analyse préliminaire des risques peut être principalement axée sur les installations soumises à
autorisation. Certaines installations secondaires telles que compresseurs, climatisation, etc., peuvent être
écartées, sauf à démontrer qu’il peut exister un effet domino.
D’autres scénarios peuvent aussi être exclus lorsque, par exemple, les matières, substances et/ou
préparations, qui sont mises en œuvre ou stockées, sont inertes. De même, certaines installations soumises
à autorisation peuvent être écartées, par exemple dans certains ateliers de peinture lorsque les solvants
utilisés auparavant ont été majoritairement remplacés par des solutions aqueuses, non inflammables.
Sur la base de l’analyse préliminaire des risques (du tableau B [Doc. G 4 210]), il peut être choisi
d’étudier plus en détail les scénarios les plus dangereux, c’est-à-dire les scénarios dont la criticité est
supérieure ou égale à 8. Dans le cas présent, les scénarios retenus sont les suivants :
— un incendie du magasin de stockage de produit liquide A ;
— un incendie dans le stockage de poudre ;
— la production de légionnelles ; — une explosion de la chaudière ; — une explosion
du stockage d’oxygène.
Tous les éléments précédents tels que la grille de criticité, les échelles de cotation, les règles de décote et
la logique retenue pour bâtir les scénarios d’accident faisant l’objet d’un traitement quantitatif par la suite
doivent être explicités. En résumé, le choix des scénarios doit nécessairement se faire selon une démarche
logique, cohérente et argumentée. Elle doit être présentée de manière transparente au sein de l’étude de
dangers. Autrement dit, cette démarche se doit d’être une démarche pédagogique.

6. Conclusion

Tout au long de ce texte, nous avons essayé de répondre aux attentes de l’administration vis-à-vis de
l’étude de dangers, principalement en posant les fondations de cette étude. Ainsi, il ressort de ce document
que la réglementation française en matière d’installations classées pour la protection de l’environnement,

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qui intègre les exigences requises au niveau européen, relativement à l’étude de dangers, définit bien ce
qu’est une étude de dangers, quels sont ses objectifs. En revanche, bien qu’elle fixe les objectifs à
atteindre, elle ne décrit pas les moyens ou modalités qui permettraient d’y arriver.
Des guides pour l’aide à la rédaction d’une étude de dangers existent et sont diffusés par le ministère
chargé de l’Environnement, mais ils sont peu nombreux [5] [8]. Néanmoins, ces guides ne donnent pas de
réponses à toutes les difficultés rencontrées sur le terrain lors de la réalisation d’une étude de dangers.
Il est important de rappeler que la catastrophe de Toulouse en 2001 a été le point de départ récent d’une
remise en cause de la façon de gérer les risques générés par les sites industriels en France. Ainsi, la
nouvelle loi qui en a découlé, loi du 30 juillet 2003 dite « loi Bachelot », met l’accent sur les points
essentiels suivants :
— impliquer plus largement les salariés à la prévention des risques majeurs ;
— informer le public, et l’associer plus largement à la prévention des risques industriels ;
— renforcer la maîtrise de l’urbanisation autour des sites à risque avec la mise en place de plans de
prévention des risques technologiques PPRT.
Cette loi prévoit également de consolider les études de dangers. Il est ainsi demandé que l’analyse de
risques, conduite dans ce cadre, prenne en compte la probabilité d’occurrence, la cinétique et la gravité
des accidents majeurs potentiels. La loi remet donc l’accent sur la prise en compte des notions de

probabilité d’occurrence et de gravité, deux notions déjà présentes dans le décret du 21 septembre 1977.
La pratique sur le terrain était plutôt jusqu’à présent de suivre une démarche déterministe : scénarios
d’accidents considérés indépendamment de leur probabilité d’occurrence. La notion de cinétique à
intégrer dans l’étude de dangers est un point nouveau dans la réglementation.

Mais plus important peut-être, les attentes des pouvoirs publics, de manière générale, convergent vers
l’utilisation d’un langage clair, précis, sans équivoques et limitant l’usage de réserves excessives qui
nuisent à la crédibilité et la véracité du contenu de l’étude de dangers. Il en va ainsi, par exemple, de
l’usage de terminologies vagues, d’expressions comme « a priori », l’usage du conditionnel, etc. Aussi, il
convient de privilégier la réalisation de synthèses intermédiaires. De même, on présentera uniquement
l’information principale, de manière synthétique, dans le corps du dossier et on renverra la documentation
non utile en annexe. Il faudra bien entendu veiller à l’homogénéité de la présentation mais aussi, et

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comme indiqué tout au long de ce texte, on multipliera les présentations sous forme de tableaux, de
schémas ou de synoptiques.

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