Un cours de Louis

Derrac

Consultant et formateur
spécialisé éducation et culture
numérique

ÉCONOMIE DU NUMÉRIQUE
 Ce cours et d’autres ressources sont intégralement accessibles sur mon site :

url.derrac.com/economie

Petit point licence

Le contenu texte de cette conférence est pleinement libre sous la licence Creative Commons CC
BY-SA, ainsi que la quasi-totalité des images et photos produites. Dans tous les cas je précise la
provenance de l’image dans les notes de l’intervenant.

Polices utilisées
Les deux principales polices utilisées sont libres d’accès sur Dafont : Roboto, et Lemon Milk

Changelog
V1. 11/01/2021 : version de sortie
LOUIS DERRAC

LES CARACTÉRISTIQUES
DE L’ÉCONOMIE
NUMÉRIQUE
Économie du numérique 2/6
A. QUELLES ÉCONOMIES NUMÉRIQUES ? 4

INTRODUCTION

‣ Si le numérique est partout :

‣ Que peut-on aujourd’hui appeler une économie

numérique ?

‣ Peut-on dire que le numérique est un secteur

industriel ?

‣ Comment peut-on classi er les enjeux qu’a posé le

numérique à l’économie ?
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 ACTIVITÉ
URL.DERRAC.COM/MDSMIRO
FONDEMENTS IDÉOLOGIQUES
ET SOCIOLOGIQUES
 SCHUMPETER ET LA DESTRUCTION CRÉATRICE

- Destruction créatrice
- Cycles et grappes d’innovation
- Innovation de rupture
- Innovations portées
- La gure de l’entrepreneur innovateur
- Les débuts du concept de « disruption »

1883 - 1950
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AYN RAND ET L’INDIVIDUALISME

- Principale théoricienne d’un capitalisme individualiste

- Égoïsme rationnel vs ction de l’intérêt général
- Indépendance et laisser faire
- Concept de « surhomme », de pionnier prométhéen qu’il
ne faut surtout pas limiter

1905 - 1982

Le Gadsden ag, emblème des libéraux et libertariens

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LES ACTEURS DES DÉBUTS DE
L’INFORMATIQUE
- Des scienti ques et chercheurs
- Des militaires (toutefois très en retrait)
- Des hippies
- Des geeks passionnés

Un contexte de très forte contre-culture, de rejet des systèmes politiques, des normes, des
règles.
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UN PROJET HUMANISTE ET LIBERTAIRE

- Accès de tous à la connaissance

- Un projet libertaire (pas de restriction /pas de régulation)
- Une idéologie de « hacker »
- S’informer
- Bidouiller
- Comprendre
- Pouvoir accéder au code source est donc essentiel
LA PRIVATISATION D’INTERNET ET DU WEB

- Années 1980 : Arpanet s’ouvre au grand public et devient internet

- Années 1990 : Le réseau internet s’ouvre au tra c commercial, émergence des FAI
- 1991 : Le web est rendu public par Tim Berners Lee
- 1993 : Le CERN renonce à ses droits et met le web dans le domaine public
- 1994 : la publicité apparait avec Yahoo notamment
- 2004 : le concept de web 2.0 apparaît

À partir de 2005 : la quasi-totalité des services web sont désormais fournis par des
entreprises privées et marchandes.

D’origine universitaire, libre, publique, Internet et le web se sont privatisés et centralisés.

Mais ils se sont aussi incroyablement démocratisés.
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LA « FERMETURE » DE L’INFORMATIQUE

Aux débuts de l’informatique et d’internet, une répartition des rôles :

- Des entreprises qui vendent du hardware

- Des universités et des chercheurs qui produisent du software et le partagent sous des
licences libres :
- TCP/IP
- HTTP et HTML

Jusqu’aux premières entreprises de software qui font émerger la notion de modèles

économiques et de solution « propriétaires » : AT&T, Microsoft, Xerox, etc.
1983 : LES DÉBUTS DU MOUVEMENT DU
LOGICIEL LIBRE
-1983 : Richard Stallman se lance dans le projet GNU
-Un équivalent libre d’UNIX
- GNU = GNU’s Not Unix
-Création de la licence libre GNU GPL
-1991 : création du noyau Linux par Linus Torvald (sous licence GNU GPL)
1996 : DÉCLARATION D’INDÉPENDANCE DU
CYBERESPACE
- Une réponse aux « Telecommunications Act » de
1996 aux USA.
- Rédigée par John Perry Barlow, un des fondateurs
de la EFF
- La EFF (Electronic Frontier Fondation) est créée en
1990 pour promouvoir les libertés sur Internet
2000 : CODE IS LAW

- Lawrence Lessig : créateur des

Creative Commons
- Dans le cyberespace, le nouveau
régulateur est le code (hardware et
software)
- Le code crée de la régulation
- Le code implémente des valeurs
- De nouvelles plateformes émergent et
leur code change les règles du
contrôle, de la régulation
 IDÉOLOGIE DE LA SILICON VALLEY

- Anti-autoritarisme et dé ance de l’état

- Glori cation de l’individu
- Forte technophilie et solutionnisme technologique
- « Nous allons changer le monde »
- Alliance « contre nature » de la contre-culture hippie (de gauche socialement) et de la droite
libérale.

Consensus de la Silicon Valley

- Mouvement de destruction créatrice
- Importance des incitations, libérations des énergies entrepreneuriales
- Flexibilité des marchés du travail et du capital
- Protection des droits de propriété des innovateurs
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CARACTÉRISTIQUES DE
L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE
 ACTIVITÉ
URL.DERRAC.COM/MDSMIRO
LOI DE MOORE

- Gordon E. Moore en 1965

- « Prophétie auto-réalisatrice »
- Doublement de la puissance des
microprocesseurs tous les ans à coût
constant
- Crée un cycle d’innovation poursuivi par
ses acteurs
- Logiciel (Software)
- Matériel (hardware)
 RENDEMENTS CROISSANTS

- Importance des rendements croissants

- Principe de « Scalability » des « biens
informationnels »
- Coût xes initiaux élevés
- Coûts variables marginaux
- Big data, algorithmes et machine learning
- Personnalisation du service à
l’utilisateur
- Amélioration continue des
performances (coût, ef cacité, qualité
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EFFETS DE RÉSEAU ET LOI DE MELTCAFE

- L'effet de réseau (ou rarement effet-club) est le phénomène par

lequel l'utilité réelle d'une technique ou d'un produit dépend de la
quantité de ses utilisateurs. Un effet de réseau est donc un
mécanisme d'externalité économique
- Loi de Meltcafe : l’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du
nombre de ses utilisateurs

Exemples :
- Un réseau de téléphonie
- Les réseaux sociaux
- Une suite logicielle
- Etc.
 LES MODÈLES D’AFFAIRE BIFACE

- Au minimum deux cibles

ANNONCEURS
- Différentes, voire opposées
Paye des publicités Fournit une audience
- Interdépendantes

PLATEFORME L’entreprise propose un service différent à ses différentes

cibles ainsi qu’une logique tarifaire différente (voire une
gratuité à l’une de ses cibles).
Fournit un service Fournit des données
- Exemples : Uber, Airbnb, Malt, Spotify

UTILISATEURS

Exemple d’un modèle biface

 LOGIQUE D’INTERMÉDIATION

Les plateformes se positionnent en nouveaux intermédiaires entre le producteur et le

consommateur (« gatekeeper »)

Google/Facebook Amazon Uber et Ubereats

Chau eurs
Producteurs Presse et médias Producteurs
Restaurant

Consommateurs
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LOGIQUE D’INTERMÉDIATION

Parfois, la chaîne d’intermédiaire se réduit :

- Avant : musicien => Label => Distributeur => Enseigne => Consommateur
- Aujourd’hui : musicien => Spotify => Consommateur

D’autres fois, la chaîne d’intermédiaire est créée « ad hoc » :

- Avant :
- Restaurants => Consommateurs
- Médecins => Patients
- Maintenant :
- Restaurants => La fourchette => Consommateurs
- Médecins => Doctolib => Patients

L’intermédiation apporte de la valeur pour les acteurs : (tâches administratives, facilité, découverte, augmentation
de la clientèle/patientèle, etc.). Mais elle les rend dépendants.
LE PHÉNOMÈNE DE
L’ « UBÉRISATION »
LE PROBLÈME DE « L’UBERISATION »

- Logique de désintermédiation et ré-intermédiation

- Taxis - client vs chauffeurs - plateforme - clients
- Presse - lecteurs vs presse - plateforme - client
- Hôtel - client vs hôtel - plateforme - client

- Phénomène de « gatekeeper »

Stratégie du « Winner takes all »

- Arriver en force avec une offre attractive (gratuite)
- Prendre le marché
- Trouver un modèle économique tenable (rehausser les coûts, baisser les charges)
LE PROBLÈME DE « L’UBERISATION »
A l’époque du début du conflit Uber vs Taxi : quels étaient les avantages de Uber ?
LE PROBLÈME DE « L’UBERISATION »

Émergence d’une concurrence « disruptive » En face des entreprises en di culté

Très agile Très lourdes

Très compétitive Peu compétitives

Orientée client (méthode design thinking) UX pas toujours optimales

Très capitalisée Pas toujours capitalisées

Peu ou pas régulée Très régulées

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LA « PLATEFORMISATION » DU
NUMÉRIQUE
APPARITION DES PLATEFORMES

- Les géantes : Google Apple Facebook Amazon Microsoft

- Réseaux sociaux : Twitter, Snapchat, TikTok
- Divertissement : Netflix, Spotify
- Voyage : Booking, Airbnb
- Déplacement : Uber, Blablacar, Drivy
- Financement participatif : Kisskissbankbank
- Santé : Doctolib
- Séduction : Tinder, Happn
- Travail : Malt, Cremedelacreme, Mechanical Turk
- Logement : Se loger, PAP
MODÈLE DE LA PLATEFORME

L’exemple d’une plateforme de contenu

CARACTÉRISTIQUES DES PLATEFORMES

Les grandes plateformes cumulent les caractéristiques

de l’économie numérique

- Effets de réseaux
- Plus d’utilité pour ses utilisateurs
- Plus de performance grâce à la quantité de
données.
- Effets d’entraînements (positifs ou négatifs)
- Avantage du pionnier : « Winner takes all »
- Tendance à la concentration : prime à la taille
- Économie de l’attention et capitalisme de surveillance
- Économie déterritorialisée
SYSTÈMES DE RENTES

L’essor de géants numériques nourrit une gigantesque économie de rente :

- Rente de monopole naturel (vis à vis des fournisseurs d’une chaine de valeur par ex)
- Rente différentielle des intangibles (Amazon vs sous-traitant)
- Rente d’innovation dynamique (liée à la quantité de données captées dans la chaine)

=> Processus de monopolisation intellectuelle : le contrôle de l’information et de la

connaissance (les datas) sont devenus les moyens le plus puissant pour capter de la valeur.

(Développer le sujet en lisant Techno-féodalisme, de Cédric Durand)

OUVRAGES UTILISÉS POUR CE COURS

Sitographie et bibliographie complète sur mon site : url.derrac.com/economie

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ÉCONOMIE DU NUMÉRIQUE