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Docteur en droit
L'application du code
marocain de la famille
sur le sol européen
(Cas franco-marocain)
Introduction
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Introduction
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
12- J.DEPREZ, « mariage mixte, Islam et Nation (à propos d’une récente compagne contre
le mariage mixte des marocains) », Rev.algér.études jur.éco.pol., n°1, mars 1975, p.98.
13- J.DEPREZ, « mariage mixte, islam et nation (à propos d’une récente compagne contre
le mariage mixte des marocains) », Rev.algér.études jur.éco.pol., n°1, op.cit., p.9.
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Introduction
Ainsi, pour les raisons citées plus haut, les juridictions françaises
trouvent souvent refuge dans leur propre législation nationale et se jus-
tifient par la réserve d’ordre public international et les lois de police14.
De ce fait, les principes du droit international privé ont profondé-
ment changé en faisant triompher le principe de la territorialité des
lois, ce qui laisse entendre que le principe de la personnalité des lois,
bien qu’il soit reconnu par le droit international privé, n’est pas facile
à concrétiser sur le plan de la pratique15.
Ce sont tous ces problèmes qui constituent des entravers majeurs à
l’application du Code marocain de la famille à la communauté marocaine
établie en France, objet de la présente étude.
Le premier constat qui s’impose, est d’étudier les origines religieuses
des institutions du Code marocain de la famille incompatibles avec le
système juridique français ce qui constitue un empêchement à leur
application aux marocains établis en France. Un meilleur éclairage
historique est sans doute la meilleure façon de comprendre le fonc-
tionnement d’une institution.
Le deuxième constat nous renvoie directement aux incidences
causées par le refus d’application du droit de la famille marocain par
le juge français et les raisons de ce refus.
L’objectif qui nous a déterminé à entreprendre la présente étude est
d’analyser les problèmes juridiques vécus par la population marocaine
en France en matière familiale. L’attention sera focalisée notamment
sur les conditions de forme concernant la conclusion du mariage dans
les cas des Marocains résidant en France, l’empêchement au mariage
pour disparité de culte, la filiation, la polygamie et la répudiation,
pour la raison que, c’est au niveau de ces matières qu’on relève la
grande incompatibilité entre le droit familial marocain et français,
d’où la difficulté de respecter le principe de la personnalité des lois
dans les cas relatifs à la population marocaine établie en France.
Seront successivement étudiées les conflits de lois relatifs au mariage
monogamique et polygamique (première partie) et ceux relatifs aux
effets du mariage et à sa dissolution (deuxième partie).
14- D.MAYER, « Evolution du statut de la famille en droit international privé », Clunet 1977,
p.477 et suiv.
15- Ibid.
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Première partie :
10
« Fonder une famille est un acte de volonté, parce que c’est un acte
de responsabilité. Chez nous du moins, la chose est ainsi comprise,
l’opposition étant, sur ce point, non pas tant entre maintenant et jadis
qu’entre l’occident et l’orient.
La famille tribale des sociétés orientales n’a pas à être fondée. Elle
émerge d’un passé indéfini, et elle est poussée vers un avenir dont elle
n’a pas souci de maîtriser la portion la plus immédiate ».
Ces lignes sont de M.Carbonnier16. L’auteur vise t-il également les
sociétés islamiques pour que ses propos concernent le cas marocain ?
L’ouverture sur le plan international exige l’acceptation de « L’autre »,
malgré les écarts dans les conceptions, qu’elles concernent la matière
du mariage monogamique (titre premier) celle du mariage polygamique
(titre deuxième) ou toute autre matière. Les relations internationales
sont à « ce prix ».
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Titre premier
Les conflits de lois relatifs au mariage
monogamique
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
14
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
22- Les droits maghrébins des personnes et de la famille à l’épreuve du droit français, sous la
direction de J.POUSSON-PETIT, L’Harmattan, 2009, p.422.
23- V.LARRIBAU-TERNEYRE, note s/cons. const. 9nov.2006.
24- Instr.gén.n°539-1 et 541.
25- CH.BIDAUD–GARON, « Identité des parties et actes de l’état civil étrangers »,
dr.patrim, juin 2007, p.44 et suiv. ;M.REVILLARD, Le contrôle de la validité des mariages,
Defrénois, 2007, p.847, n°14 et suiv. et n°32 et suiv.
26- A.LAMBOLEY, J.cl. Répertoire Notarial, V°.Mariage, fasc.90 n°16 et suiv.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
Si l’un des époux est maghrébin et s’il réside à l’étranger, son audition
peut être réalisée par l’agent diplomatique ou consulaire compétent,
de manière à ne pas faire obstacle à l’audition prescrite. Mais l’impossi-
bilité d’une audition commune ne manquera pas de soulever de nom-
breuses difficultés.27
A- Observations complémentaires :
Se retrouvent, avec une acuité accrue, les conditions de fond de
tout mariage : consentement vicié pour défaut d’intention conjugale,
absence de consentement erroné. Le non-respect entraîne une nullité
inévitable.
Lorsqu’il existe des indices sérieux d’annulation possible du mariage
(mariages blancs - mariages clandestins - mariages simulés ou de com-
plaisance) l’officier de l’état - civil peut saisir sans délai le procureur
de la république qui peut ordonner de surseoir ou faire opposition au
mariage28.
Les juges ont toutefois tendance à interpréter le texte légal d’une
manière assez restrictive. Ainsi, ni la situation irrégulière du futur
époux sur le territoire français, ni une importante différence d’âge (17
ans) avec la future ne constituent, a priori, des indices sérieux29. Le
procureur de la République doit donc justifier de l’absence d’intention
matrimoniale ou de l’existence du mariage frauduleux.
Bilatéralisation de l’impossibilité pour un Français et un étranger
de se marier à l’étranger devant les agents diplomatiques ou consulaires,
un consul étranger n’a pas compétence pour célébrer en France le
mariage d’une étrangère et d’un Français30.
27- Cass.civ. 1ére 9 janvier 2007, D. 2007, Act. juris., p.449, note C.DELAPORTE-CARRE ;
J.MASSIP note s/Cass.civ.6 février 2007, Defrénois 2007, p.535 et suiv.
28- A.LAMBOLEY,j.cl. Répertoire Notarial, v° Mariage, fasc.E1,n°58 et suiv.et fasc.90, n°15.
29- TGI paris 5 juillet 2002, Dr.fam.2002, n°138, note H.LECUYER.
30- TGI paris 22 décembre 1981 rapporté, Jcl Répertoire Notarial, V° Mariage, fasc. 140, n°94.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
B- Formalités postérieures :
L’acte de mariage, pour produire effet au Maroc, fait l’objet d’une
transmission par les services consulaires.
Selon l’article 6, 3°al. de la Convention franco-marocaine du 10
août 1981, l’officier de l’état civil doit informer le ressortissant marocain
que la validité de l’union entre un époux marocain et un époux français,
au regard de la loi marocaine, est subordonnée à l’enregistrement de
ce mariage par les fonctionnaires consulaires marocains après justi-
fication de la célébration. Pour le professeur F.Sarehane il ne s’agit
pas d’un simple enregistrement mais d’une nouvelle célébration en la
forme marocaine31.
Ainsi, l’officier de l’état-civil, en présence de mariages mixtes, doit
délivrer des copies de l’acte de mariage pour remise aux époux et aux
services consulaires compétents et informer le conjoint marocain de
la faculté d’acquérir la nationalité française selon le décret du 20 août
1998.
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33- « Le nouveau Code marocain de la famille », Gazette du palais, spécial contentieux judi-
caire, n°247-248, 4 septembre 2004, p.3.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
36- H.SELMAOUI, Le droit civil marocain : entre droit musulman et droit français, thèse
Toulouse 2006, sous la direction de M.B.BEIGNIER,p.50.
37- M.REVILLARD, contrôle de la validité des mariages : incidences de droit international
privé ; Defrénois, 15 juillet 2007, p.847.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
40- Voyez notamment :S.VAN WALSUM, (Droit des étrangers et vie familiale, partie I :
droit international ;partie II :droit national), Migrantenrechet, 2004, n°4 et 5, p.136-146 et
180-190; H.U.JESSURU d’Oliveira, (Regroupement familial en Europe. Les travaux du
conseil de l’Europe et de l’U.E.), in migratie-en migrantenrecht (tomeVII), Bruges, La charte,
2002, p.251- 277.
41- Civ.Bruxelles, 18 décembre 1990, J.T ; 1991, p.242 ; voyez aussi : FR.RIGAUX et
M.FALLON , Droit international privé, 2005, n°12.50.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
42- La dernière loi sur l’immigration du 26 novembre 2003 (dite loi Sarkozy) a encore modifié
les textes du code civil (modification des articles 63 et 170 du code civil) sur le mariage pour
lutter contre les mariages forcés et les mariages de complaisance. Les deux époux doivent
être reçus par l’officier d’état civil (ou les services consulaires pour les mariages à l’étranger)
avant la célébration du mariage (voyez : D.TURPIN, « les nouvelles lois sur l’immigration
et l’asile dans le contexte de l’Europe et de la mondialisation », Rev. crit. dr. int. pr., 2004,
p.311 et 393, partie 323). En revanche, en Belgique, le nouveau code de droit international
privé prévoit expressément que c’est la loi du lieu de la célébration du mariage qui détermine
toutes les conditions de forme et notamment « selon quelles modalités le mariage peut avoir
lieu par procuration. »
43- M.REVILLARD, Droit international privé et pratique notariale, éd. Defrénois, 2004,
n°86 ; I.BARRIERE BROUSSE,JCL Répertoire Notarial, Droit international, V° Mariage,
fasc.130,n°29 et suiv.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
47- Le Coran, traduction par le Dr SALAH ED-DINE KECHRID, éd. dar al-gharb al-
islami, Tunis, 2003, p.31, note2.
48- I.BARRIERE BROUSSE, op. cit., n°102 ; 9 juin 1995, D.1995, D.1996, Som.171, obs.
B.AUDIT.
49- C.A. paris 7 février 1990, JDI, 1990, p. 977.
- C.A. paris 7 juin 1996, D 1996, IR, 172.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
Parag II : L’apostasie
L’apostasie en Islam est le rejet de la religion islamique par un
musulman, par le fait de renier sa foi publiquement.
L’apostasie entraîne des conséquences civiles : dissolution du mariage,
enlèvement des enfants et privation du droit de succession.
Comme empêchement au mariage et à sa continuité, l’apostasie
n’entraîne pas les mêmes conséquences selon qu’il s’agit de l’homme
(A) ou de la femme (B).
A- L’apostasie de l’homme :
L’apostasie (celui qui renie sa religion) en droit musulman classique est
punie de la peine de mort59. Mais, s’il est vrai que cette peine n’existe
pratiquement plus, il n’en reste pas moins que l’apostat est considéré
par les fuqâha comme mort civilement60. Par conséquent, il ne peut se
marier. Son abondon de l’Islam entraine la dissolution du mariage si
celui-ci a déjà été conclu61.
Si l’article 141-1 du code KOWEÎTIEN dispose expressément que
l’abondon par le mari de l’Islam entraine la dissolution du mariage, les
autres législations ne contiennent pas toujours des règles similaires.
Il faut se garder d’en déduire que la règle est tombée en désuétude,
car, pour toutes les questions non prévues par les textes, les Codes de
58- A.SAQR , « Mawsu’ath al_usra thahtha ri’ayat al_ Islam » (l’encyclopédie de la famille
sous l’égide de l’Islam), Al_dâr al_misriya Lil Kitab, Le Caire 1989-1990, t.III, p.312.
59- Signalons d’emblée que cette règle ne trouve aucun fondement dans le Coran. Pour les
ulémas, la règle repose sur un (hadith) dire du prophète qui aurait dit « celui qui change de
religion, tuez-le ». Sur cette question, voir A. CHARFI, Islam Wa’hadatha (Islam et moder-
nité), 3ème édition, A dâr athunussiya linâach 1998, p.89 ; aussi Y.BEN ACHOUR, « Um-
mah islamique et droits des minorités », in Mélanges en l’honneur de M.CHARFI, centre de
publication universitaire, Tunis 2001, p.284.
60- La Mauritanie et le Soudan sont les deux seuls pays musulmans a avoir maintenu la règle
dans leurs droits respectifs.
61- KHALID ZAHER, op.cit., p.42.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
B- L’apostasie de la femme :
Dans le cas de l’apostasie de la femme, une distinction entre deux
situations s’impose.
La première est la conversion à l’islam de la femme qui emporte
d’office la dissolution de son mariage avec son époux resté non-mu-
sulman63. La deuxième situation est celle de l’épouse d’un musulman
qui abandonne l’Islam pour une autre religion ou pour devenir tout
simplement athée. Concernant le sort du mariage dans la deuxième
situation, celui-ci reste valable car le droit musulman autorise le musulman
à se marier avec une femme appartenant aux gens de l’écriture, si
en revanche l’épouse abandonne l’Islam et devient athée (ni juive ni
chrétienne), son mariage avec le musulman reste valable.
Cette solution est justifiée par le fait que la femme qui abandonne
l’Islam seulement dans le dessein d’obtenir la dissolution du mariage
est de mauvaise foi. La sanction de sa fraude, répondent certains, est
la maintenir dans les liens du mariage64.
62- Ibid.
63- M.BEN MA’AJOUZ, « A’hkam al_usra fi al_chari’a al_islamiya wifqa moudawanath
al_ ah’wal al_chakhsiya, al_khotba, al_zawaj : arkanouh wa atharouh ; torok inh’ilal mitak
al_zawaj wa al_athar al_motaratiba âla dalik » (le droit de la famille dans la chari’a islami-
que conformément à la Moudawana du statut personnel, fiançailles, mariage : conditions et
effets ; moyens de dissolution du pacte du mariage et les effets subséquents), t.I, Matba’ath
al_najah Al_jadida, 1998, p.82.
64- Entre autres, A. AL ALAOUI AL_MDAGHRI « Al_maraa bayna ahkam al_fiqh ma
ada’waila ataaghyir » (La femme entre les régles du fiqh et l’appel au changement), Matba’ath
Fadala 1999, p.50 ; M. BEN MA’JOUZ, op. cit., t.I, p.82.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
65- A titre d’exemple, les articles 33 du code de la famille jordanien, 18 du code de la famille
Koweïtiens .La Moudawana marocaine, quant à elle, est restée silencieuse. Ce silence était
tombé par les écrits des fuqâha qui enseignent qu’il ne faut pas en déduire une autorisation
à l’homme marocain de se marier avec une polythéiste ou tout autre femme que juive ou
chrétienne. Un tel mariage étant, selon eux, interdit par l’Islam. A.CHAHBOUNE, op.cit.,
t.I, p.113 ; M.BEN MA’JOUZ, op.cit., t.I, p.81 et 82. Désormais, l’article 39, alinéa 4, du
nouveau Code marocain de la famille le prévoit expressément.
66- KHALID ZAHER, op.cit., p.44.
67- Le mot « Oumma » désigne la « communauté des croyants ».
68- A.MEZGHANI s’interroge : « Est-ce que le simple fait de s’appeler MOHAMED ou
FATIMA (dirons nous) et d’être né(e) de parents musulmans implique d’une manière irré-
fragable l’appartenance à la religion musulmane ? quelle est la religion de celui (ou de celle)
qui est né (e) d’une mère juive est d’un père musulman ? », Réflexions sur les relations du
Code de statut personnel avec le droit musulman classique », Rev. tun. dr. 1975, p.71.
69- Le taux d’athéisme atteint 25% au Maghreb. Information sur « http ://athéisme.free.fr/
votre espace/resultats.html ».
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
70- Solution consacrée aussi par l’article 5 de la convention France-marocaine du 10 août 1981.
71- D.HOLLEAUX, J FOYER, G. DE GEOUFFRE De LA PRADELLE, Droit interna-
tional privé, Masson, 1987, N°1141 ; Y.LOUSSOURN, P.BOUREL, P.DE VAREILLES-
SOMMIERS, précis de droit international privé,DALLOZ,2004,8ème éd., n°301;P.
MAYER,V.HEUZE, précis de droit international privé, Montchrétien, 2004, 8ème éd., n°549 ;
B. AUDIT, Droit international privé, Economica, 2006, 4ème éd., n°645 ; H.BATIFFOL,
P.LA GARDE, traité de droit international privé, LGDJ, 1983, t.II, 7éme éd., n°414.
72- J.DEPREZ, « statut personnel et pratique familiales des étrangers musulmans en Fran-
ce, aspects de droit international privé », in famille, Islam, Europe, le droit confronté au
changement, sous la direction de M._C.FOBLETS, L’Harmattan 1996, p.57, spéc.p. 66.
73- H.BATIFFOL, P. LAGARDE, op.cit., n°413.
74- Trib.Civ. Pontoise, 6 août 1884, Clunet 1885, p. 296 ; paris 15 novembre 1922, p.85 ;
paris 17 1922, Recueil périodique et critique Dalloz 1923.2.59.; Sirey 1924. 2.65, Clunet
1923, p.85.
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leurs doléances. Elles n’étaient pas plus au courant des réformes juridi-
ques introduites au Maroc en faveur des femmes et de la communauté
marocaine résidante à l’étranger. En effet, depuis les années 2000,
les droits des femmes au Maroc ont connu des avancées juridiques
remarquables. Mais la communauté marocaine établie à l’étranger
semble souvent ignorer ces avancées juridiques. Aussi, un certain
intérêt aux droits de la Communauté marocaine établie à l’étranger est
de plus en plus présent dans la législation nationale. A titre d’exemple,
le Code Marocain de la famille, pour la première fois, tel que révisé
le 3 février 200486, réserve des articles spécifiques aux Marocains et
Marocaines du Monde (les articles 14 et 15) en vue de leur faciliter
les procédures de la conclusion du contrat de mariage à l’étranger87.
Le nouveau Code de nationalité reconnaît à toutes les femmes maro-
caines le droit de passer la nationalité marocaine à leurs enfants issus
d’unions mixtes88. Pourtant, plusieurs femmes interrogées n’étaient
pas au courant des nouvelles procédures adoptées par les Codes de la
famille et de la nationalité.
Le retour au Maroc peut parfois entraîner la violation de droits
pour les jeunes filles marocaines, tels que les mariages forcés qui sont
justifiés par leurs parents par la peur que la jeune fille musulmane
épouse un non musulman dans le pays de résidence.
En Belgique, à titre d’exemple, l’association « Insoumise et dévoilée » a
fait connaître qu’elle avait sauvé en Juin 2010 des jeunes filles (dont
plusieurs sont mineurs) d’origine marocaine d’un mariage forcé au
Maroc89.
La population marocaine en immigration a besoin d’une assistance
juridique accessible. Plusieurs moyens aideraient à fournir une meilleure
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Titre deuxième
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polygamique
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Chez les chiites ainsi que chez les sunnites, l’homme peut avoir
sous sa protection jusqu’à quatre femmes en même temps, à condition
qu’il soit équitable dans la dépense des ménages et dans le partage des
nuits entre elles. S’il craint l’injustice et l’infidélité, il est conseillé de
ne pas se marier avec plus d’une femme95.
Cette polygamie n’est pas obligatoire, mais, plutôt aux yeux de ses
défenseurs, est un cas que l’islam a rendu licite à cause de certaines
nécessités et des urgences qu’aucune loi ne peut négliger ni se per-
mettre de tolérer. Pour justifier la polygamie, on insiste sur le fait
que l’islam ne l’a pas inventée, car la polygamie était déjà pratiquée
chez les Arabes dans la jâhiliyya (la période antéislamique) et chez
d’autres peuples et par diverses religions96.
On souligne également que l’islam avait accepté la polygamie par
nécessité sociale tout en lui imposant des règles et deux conditions
précises : la limitation à quatre femmes et le respect de l’équité entre
les coépouses. Pour justifier la légitimité de ce droit dans les sociétés
modernes, les partisans du discours conservateur s’appuient sur les
arguments dont voici seulement quelques exemples :
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102- KHOULI AL-BAHI, op.cit., p.62-93, texte traduit par ASCHA GHASSAN, Mariage,
Polygamie et répudiation en Islam, op. cit, p.109.
103- AQLA MOHAMMAD, Nizam-al-usra fil islam (ordre de la famille en islam), vol.1,
Oman, Maktaba al-risâla al-Haditha, 1983, p.251.
104- BAHIEH AGAHI-ALAOUI, l’autorité maritale en droit iranien et marocain, L’Har-
mattan, 2010, p.103 et 104.
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dans son caractère, il lui a été licite d’étancher sa soif par un moyen
légal.106
Ainsi , on conclut que : « Il n’ya pas de doute que la monogamie est
l’idéale, cependant, qu’est ce qu’on peut faire si elle va à l’encontre de
la nature et s’oppose à la réalité humaine…la polygamie est une loi
naturelle et existera tant que le monde continuera à exister ».107
Par ailleurs, il est notoire que certains auteurs refusent la proposition
de soumettre la polygamie à l’autorisation de la justice pour appréciation
des conditions de l’équité et capacité financière de l’époux.
Ils considèrent que la clause de l’équité, exigée par le Coran, est
une clause religieuse et on ne peut la considérer comme une clause
juridique parce que le juge n’a pas les moyens de contrôler, d’autant
plus qu’il s’agit d’un fait qui pourrait se réaliser dans le futur.108
Et, en ce qui concerne la condition de capacité financière de l’homme
pour supporter la charge de deux familles, on argumente encore que
c’est la seconde épouse qui connaît les capacités de son mari du mo-
ment qu’elle a accepté de l’épouser et la première épouse puisqu’elle
est au courant de ce second mariage peut demander le divorce en cas
de préjudice.109
Ainsi, pour les partisans de la polygamie, la restriction du nombre
des femmes à épouser est contraire à l’islam parce qu’on ne peut inter-
dire ce que Dieu a permis.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
110- FÄSSI (Al) ALLAL, An-Naqd adh-dhÄti (Autocritique), rabat, ar-risâla, 1979, p.289
et 290.
111- Ibid.
112- AMMARA MOHAMMAD, AL- islam wa al-mar’a fi ra’y-i Imâm MOHAMMAD
‘ABDUH (L’opinion de MOHAMMAD ABDUH sur l’islam et la femme) , le Caire, Dâr
al-Mustaqbal, 1985, p.38-44.
113- Fassi (al)’Allal, An-Naqad adh-dhâti (Autocritique), op.cit., p. 290.
114-Ibid. p.291.
115- Ibid. p.292.
116- Ibid.p.291.
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118- CHAFI MOHAMED, La polygamie : étude des législations des pays islamiques et
africains, op.cit., .p.33.
119- Ibid. p.27.
120- Ibid. p.28.
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121- Voir CHAFI MOHAMED, Code du statut personnel annoté: textes législatifs, doctrine
et jurisprudence, Marrakech: Ed. Walili, 1996, p.80.
122- CHAFI MOHAMED, La polygamie : étude des législations des pays islamiques et afri-
cains, op.cit. p.34.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
123- CHAFI MOHAMED, Code du statut personnel annoté. op. cit., p.308.
124- CHAFI MOHAMED, La polygamie : étude des législations des pays islamiques et
africains, op. cit., p.37
21- Ibid. p.34.
125 - Au surplus, une circulaire du Ministère de l’Intérieur du 31 octobre 1958 interdisait
expressément aux officiers de l’état civil de porter les mentions relatives à l’état matrimonial
des personnes en marges des actes de naissance et de livret de famille. (Circulaire n°8 /96/1),
Ibid. p.35.
126- Cour suprême, 24 avril 1959, Revue de jurisprudence et de loi, n°25. Rabat 1960, p.34,
cité par MOHAMED CHAFI, La polygamie : étude des législations des pays islamiques et
africains, op. cit., p.35.
127- Le tribunal de première instance de Meknès avait jugé le 3 avril 1975, un homme qui
était à huit femmes. Le tribunal avait homologué selon l’ordre chronologique les quatre pre-
miers mariages et a annulé les autres. Cité par MOULAY RCHID, La condition de la femme
au Maroc, thèse, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat, 1985,
p.349.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
1. Respect du nombre :
L’article 39-2 du N.C.F reprend les dispositions de l’article 29-2 de
l’ancien texte pour déclarer prohibé le fait d’avoir à la fois un nombre
d’épouses supérieur à celui autorisé légalement par la charia.128 On
pourra ainsi noter que le texte ne fait mention d’aucun nombre. Tou-
tefois, le rite malékite auquel renvoie l’article 39-2 le limite à quatre
épouses, mais compte tenu du caractère exceptionnel de l’autorisation
de polygamie, les dispositions de l’article 40 et 41 du Code n’évoquent
que deux épouses. En conséquence, si la polygamie est permise, elle
ne peut aller au-delà de deux épouses, car logiquement l’époux qui
obtient exceptionnellement l’autorisation pour prendre une seconde
épouse, ne pourra justifier sa demande par d’autres motifs objectifs et
exceptionnels afin de pouvoir épouser une troisième et une quatrième
épouse.129 Les conditions paraissent suffisamment restrictives pour
n’envisager de fait que l’hypothèse de la bigamie.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
132- Apport du projet du Code de la famille », journées d’étude organisées les 19 et 20 no-
vembre 2003 par l’Université Mohamed V Suissi, Rabat, travaux publiées dans « les actes
du colloque sur la moudawana ».
133- « Quel apport du nouveau Code de la famille ? Réhabilitation des préceptes de l’islam »
conférence à la journée d’étude sur les droits de l’Homme organisée le 25 février 2004, par
Méditerranéan Master’s Degree in Human rights and Démocratisation, Université of Malta ;
« Le mariage dans le projet du nouveau Code de la famille entre consécration du principe de
l’égalité et la recherche de la justice milieu, » communication aux journées d’étude organisées
par l’Université Hassan II les 5,6 et 12 décembre 2003 à Casablanca.
51
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
148- OUNNIR ABDELLAH, « les justiciables dans le circuit judiciaire relatif au conten-
tieux de la famille », le code de la famille, perceptions et judiciaire, Fondation Friedrich
Ebert, Maroc, Janvier 2007, p.105 et 106.
149- Justice de la famille, N°3 décembre 2006, op. cit., p.37.
150- Rapport Statistiques 2006, justice de la famille, ministre de la justice, disponible sur :
http://www.justice.gov.ma/console/uploads/Doc/statist2006.pdf.
151- Chiffres communiqués par le Ministère de la Justice lors de la journée d’études or-
ganisée à l’institut Supérieur de la Magistrature à Rabat le 11 février 2008, à l’occasion du
quatrième anniversaire de la promulgation du Code de la famille, disponible sur : http://www.
justice.gov.ma/ar/actualites/actualite.aspx? actialite=287&=0
152- Voir : Rapport annuel sur l’application du droit de la famille. La ligue Démographique
des droits des femmes, 12 mai 2005. p.7 et 8, disponible sur : http://www.lamarocaine.com/
docs/rapprt-annuel-Iddf.pdf.
153- Ibid. p.8.
57
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
156- Ibid.
157- FARGE (1), le statut familial des étrangers, de la loi nationale à la loi de la résidence
habituelle, L’Harmattan, Coll. Logiques juridiques, 2003, p.40.
158- Lois pasqua n°93-1027 et 93-1147 du 24 Août et du 30 Décembre 1993, nouvelle loi
pasqua n°94-1136 du 27 Décembre 1994, JO 28 Déc. 1994, loi Debré n°97-396 du 24
Avril 1997, loi Chevènement du 12 mai 1998, JO n° 109 et loi Sarkozy n° 2003-1119 du 26
Novembre 2002.
159- Ordonnance n°45-2658 du 2 Novembre 1945 relative aux conditions d’entrée et de
séjour des étrangers en France.
59
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
160- ANCEL (B), « Le statut de la femme polygame », in le droit de la famille à l’épreuve des
migrations transnationales, LGDJ, 1993, p.105.
60
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
explique que le cas d’une femme prise malgré elle dans un mariage
polygamique soit possible. D’abord, ces deux principes sont : premiè-
rement, l’ordre public atténué (a) et deuxièment : l’application distri-
butive des lois nationales (b).
61
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
ci s’explique par le fait que l’ordre public est relatif et intervient plus
fortement contre une loi étrangère choquante quand des liens étroits
existent entre la situation et l’ordre juridique du for168.
Puisque cette démarche s’applique aux effets du mariage, on peut
songer qu’une telle logique est applicable à sa validité. En réalité, la
restreindre aux seuls effets du mariage paraît comme une attitude hy-
pocrite car qu’est ce que peut être un mariage valide s’il est dépourvu
de tous ses effets ? En effet, estimer de façon systématique qu’un mariage
polygamique impliquant une première épouse de nationalité française
est non valide car contraire à l’ordre public international français
pourrait priver la seconde épouse d’avantages dont elle aurait pu profiter
sans porter atteinte à la première épouse169.
Pourtant, ces cas sont rares : mis à part le cas des indemnisations
octroyées par l’engagement de la responsabilité civile d’un tiers, les
deux épouses devront se partager les avantages dont la première
épouse aurait dû bénéficier seule. Enfin, comme l’a fait remarquer le
professeur Lagarde, la formulation de la notion de l’effet atténué dans
l’arrêt Rivière laisse « la possibilité d’opposer l’ordre public, ne serait-
ce qu’à titre exceptionnel même à une situation créée à l’étranger ». En
effet, il est tout simplement formulé dans cet arrêt que : « la réaction
à l’encontre d’une disposition contraire à l’ordre public n’est pas la
même suivant qu’elle met obstacle à l’acquisition d’un droit en France
ou suivant qu’il s’agit de laisser se produire en France les effets d’un
droit acquis sans fraude à l’étranger ».
Cette possibilité n’a pas encore été utilisée par la jurisprudence.
En plus, si l’application de la notion de l’Inlandsbeziehung en France
permet de protéger une française du piège d’un mariage polygamique
elle ne protège pas une étrangère qui réside en France de ces risques,
d’autant plus si elle est elle-même de statut personnel musulman170.
63
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
187- Cass.civ. 17 février 1982, RCDIP, 1983, p.275, note LEQUETTE ; JDI1983, p.606
note KAHN.
188- Voir à propos de cette théorie, BOURDELOIS (B), mariage polygamique et droit
positif français, op. cit., p. 120 et suiv.
189- TGI de la seine, 12 Nov. 1965, RCDIP, 1966, p.624, note DECROUX.
69
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
190- Cass.civ. 1ère 6 Juillet 1988, BAAZIZ, où les juges épargnent à la première épouse
française d’avoir à partager avec sa concurrente musulmane la rente allouée lors du décès du
mari, RCDIP, 1989, p.71, note LEQUETTE.
191- TGI d’Orléans, 17 mai 1984, RCDIP, 1986, p.307, note MONEGER.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
192- D.LOCHAK, « La double peine des épouses de polygames » Dr. soc., 2006, p.1032.
193- Cass.civ. 3 janvier 1980 (et 18 Décembre 1979), D1980, p.549 note POISSON- DRO-
COURT, GAJDIP ANCEL et LEQUETTE, op. cit., n°61 p.573 ; JDI 1980, p.337, note
SIMON-DEPITRE ; décision de la CA de Paris pour l’affaire Bendeddouche, RCDIP1978,
p.507, note BATIFFOL ; dans le même sens : paris 8 Novembre 1983, RCDIP 1984, art
33284, note REVILLARD, JDI 1984, p.881, note SIMON-DEPITRE.
71
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
194- BATIFFOL, note sous paris, 22 Février 1978, RCDIP1978. p.507 ; FADLALLAH,
note sous TGI paris 17 Juin 1972, RCDIP 1975, p.62 ; REVILLARD (M), aspects patri-
moniaux des secondes familles en droit international privé, in petites affiches, 8 oct. 1997,
n°121, p.23 : « les huit enfants de Amar Bensadour se partageront la succession par part éga-
les, sous réserve de l’usufruit du quart partagé entre les trois épouses (soit 1/12 chacune). »
195- POISSON- DROCOURT (E), op. cit., p.552.
196- Cass.civ. 19 Février 1963, RCDIP, 1963, p.559 note G.H., JDI, 1963, p.986, note
PONSARD, GAJDIP, ANCEL et LEQUETTE, op.cit., n°30-31, p.277.
197- Pour la pension alimentaire : TGI seine, 16 Octobre 1967, JDI, 1969, note KAHN.
Pour le droit à indemnité en cas de décès accidentel du mari (bien que la jurisprudence fran-
çaise ne se soit pas clairement prononcée sur ce point, on enseigne en France la solution du
droit Belge) : Liège 23 Avril 1970, JDI, 1971, p.865, obs.ABRAHAM et RABINE, RCDIP,
1975, p.54 note GRAULICH ; Civ.1ère, 4 Octobre 1965, Bull. Civ. I, p.377, N°500.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
213- La Cour de cassation avait consacré cette théorie dans l’arrêt JOSI I du 2 avril 1981, en
reconnaissant certains effets patrimoniaux à un mariage célébré à titre posthume en France,
avec l’autorisation du président de la République.
214- Voir Cass., 2 Avril 1981, RCJB, 1983, note RIGAUX, F., p.499 (parties de nationalité
belge et française) ; Cass. (3e ch.), 3 décembre 2007, journal des tribunaux du travail, n°
997-3/2008, p. 37 (parties de nationalité marocaine). Pour un commentaire détaillé, voir
CARLIER, J.-Y., « Quand l’ordre public fait désordre », note sous Cass. (3e ch.), 3 décem-
bre 2007, RGDC, 2008/9, p.525.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
217- Cour constitutionnelle, 4 juin 2009, n° 96/2009 (disponible sur le site www.arbitrage.be).
218- Rapport intitulé « les droits des femmes issues de l’immigration ». Avis au premier minis-
tre du 2 Juillet 2002, p.3 ; http://www.cfdt.fr/actu/société/société081.htm.p.12., il se fonde ici
sur une étude de la mission « droit et justice » : l’étranger et le droit de la famille, la documen-
tation française, 1999, confirmée par une audition effectuée auprès de magistrats.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
219- MILLOT (L) et BLANC (F-P), introduction à l’étude du droit musulman, DALLOZ
2001, 660 p.318-342.
220- DEPREZ (J), « Statut personnel et pratiques familiales des étrangers musulmans en Fran-
ce, aspects de droit international privé », in Famille- Islam- Europe, L’Harmattan, 1996, p.71.
221- Ibid.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
222- Cass.civ.28 Janvier 1958, RCDIP, 1958, p.110, note JAMBU- MERLIN, JDI, 1958,
p.776, note PONSARD, D, 1958, p.265 note LENOAN, JCP, 1958, II, p.10488 note
LOUIS LUCAS, GAJDIP op. cit., n°31.
223- REVILLARD, op.cit., n°250 ; J.- cl.Dr.int.Fasc. 557- n°90.
224- TGI Versailles 31 Mars 1965, JDI, 1966, p.97, note PONSARD ; Rappr. paris, 23
février 1987, D 1987, Som.com. p.349, note AUDIT ; En l’espèce un algérien avait deux
femmes. La première apprenant l’existence du second mariage, introduisit une demande en
divorce pour adultère. Le mari rétorqua en demandant le divorce à son profit au motif que sa
femme avait abandonné le domicile conjugal. Autrement dit, il lui reprochait de ne pas avoir
cohabité avec lui et l’autre épouse. Le tribunal de Versailles répondit que « le mari ne peut
imposer à sa deuxième femme la présence d’une deuxième épouse au domicile conjugal ».-
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
226- Par ex. circ. Du ministère de la santé de 1947, citée par JAULT- SESEKE (F), in Le
regroupement familial en droit comparé français et allemand, LGDJ, 1996.
227- Voir le regroupement familial en droit comparé…, Ibid. Toute une série d’accords bila-
téraux vont ainsi être conclus à cette époque, des pays du Maghreb à l’Afrique noire, mais
aussi l’Espagne et le Portugal, voir LABAYLE, « Le droit de l’étranger au respect de sa vie
familiale », RFDA1993, p.514.
228- LABAYLE (H), Ibid.
229- In les grands arrêts de la jurisprudence administrative, LONG (M), WEIL (P) ET
BRAIBANI (G), 14ème éd. Dalloz 2003, p.636 ; Dr. Soc.1979, p.57, conc. DONDOUX ;
AJDA1979 (3), p.38 obs. DELVOVE, RCDIP1979, p.139, D1979, p.661, note HAMON.
83
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
familial pour les différentes épouses et leurs enfants s’est vite posée au
Conseil d’Etat. La question était de savoir si ce droit permettait à un
étranger de mener une vie de famille telle que son droit et sa culture
le lui accordaient. Dans un arrêt retentissant, l’arrêt Montcho, rendu
le 11 Juillet 1980230, le Conseil d’Etat finit par admettre le droit au
regroupement familial d’un étranger vivant dans le cadre de la poly-
gamie. Tandis que les services administratifs n’octroyaient ce droit
qu’a un seul conjoint, le tribunal administratif préféra se placer non
du point de vu de l’ordre public français mais celui de la loi person-
nelle des intéressés et garantir l’unité de la famille et la vie familiale ef-
fective qui en résultait. Le commissaire du gouvernement Rougevin-
Baville confirmait dans ses conclusions que le droit à une vie familiale
normale ne pouvait se réaliser que par l’application de la loi nationale
de son titulaire. Cette décision était donc incontestable dans la mesure
où elle garantissait la protection d’un droit fondamental, mais égale-
ment parce qu’elle permettait le respect de la démarche classique en
droit international privé de la qualification en sous-ordre. En effet,
conformément à ce principe jurisprudentiel, une fois désignée la loi
applicable au litige (puisque le problème a été qualifié par la loi du for
et rattaché au statut personnel c’est la loi nationale qui est désignée), au
cas où une nouvelle qualification s’avère nécessaire, elle doit s’opérer
conformément à cette loi (ici la loi nationale). Cette solution a été
adoptée en matière du droit des biens ou encore des successions231.
Elle est appliquée également dans un arrêt GISTI232 du Conseil
d’Etat relatif aux droits des étrangers. Un problème s’était posé dans
cette affaire en rapport avec l’application d’un accord franco-algérien
d’après lequel les « enfants mineurs » devaient avoir droit au regrou-
pement familial. Encore fallait-il préciser s’il s’agissait de la minorité au
sens du droit algérien ou de droit français. Le commissaire du gouver-
nement a rappelé dans ses conclusions qu’ « appliquée à des enfants
algériens, la notion de mineur sans autre précision renvoie normale-
ment au droit algérien ».
230- RCDIP1981 p.658, note BISCHOFF, JCP éd. G. 1981, II, p.19629, AJDA1980
CONCL. ROUGEVIN-BAVILLE, p.548, note FEVER PINAULT.
231- Voir notamment sur ce point AUDIT (B), droit international privé. op. cit., n°204 et
suiv.
232- C.E.29 juin 1990, RCDIP1991, p.61 note LAGARDE. Dans cet arrêt le commissaire
du gouvernement avait toutefois réfuté la thèse du requérant en considérant que l’interpré-
tation de cet accord franco-algérien devait se faire par comparaison avec l’accord qu’il venait
remplacer en dernier visant les enfants de moins de 18 ans.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
238- La circulaire du 8 septembre 1993 précise qu’il sera demandé aux étrangers dont le
droit national admet la polygamie une déclaration sur l’honneur par laquelle ils attestent ne
pas vivre en France en état de polygamie. GUIMEZANES(N). L’arrêt de l’immigration en
France, JCPG1994, I, p.3728.
239-Directive 2003/86/CE du conseil du 22 septembre 2003 relative au droit au regroupe-
ment familial ; JOCE n°L251 du 03/10/2003 p.0012-0018.
240- JAULT- SESEK (F), le regroupement familial en droit comparé français et allemand
op. cit., n°188 et suiv.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
refus des Etats de soumettre le droit des étrangers aux exigences des
juridictions européennes.
La CEDH est cependant vouée à intervenir en cette matière puis-
que les Hautes parties contractantes s’engagent dans son article 1er
à l’égard de « toutes personnes relevant de leur juridiction ». Les étran-
gers comme les nationaux doivent par conséquent pouvoir profiter de
ces droits. De plus, de manière constante, le juge européen garantit
une protection « par ricochet » des droits garantis par la CEDH. C’est
pourquoi la Commission européenne des droits de l’homme est in-
tervenue dés 1967 en cette matière en établissant un rapport entre
le droit à une vie familiale normale et l’expulsion256. L’application de
l’article 8 s’est rapidement étendue pour englober toute la matière,
La Cour consacra en 1985, à l’occasion de l’affaire Abdulaziz, Ca-
bales et Balkandali257, l’application de l’article 8 au droit au regrou-
pement familial, c’est-à-dire, au droit pour l’étranger de rejoindre sa
famille vivant régulièrement dans le pays d’accueil. Lors de l’affaire
Berrehab258 en 1988, trois ans plus tard, la Cour confirme sa position
à l’occasion du cas d’un immigré de nationalité marocaine résidant au
pays-Bas, divorcé et père d’un enfant belge, auquel les services admi-
nistratifs avaient refusé de lui renouveler sa carte de séjour.
Le droit à une vie familiale normale, garantie par la CEDH implique
dés lors le droit pour la famille de demeurer réunie. Enfin, la Cour
condamna en 1990, dans l’arrêt Moustaquin c/ Belgique259, la France
qui avait prononcé une mesure d’éloignement du territoire à l’encontre
d’un jeune immigré marocain.
Le Conseil d’Etat, sous l’influence de la Cour qui refusait d’appli-
quer les dispositions de l’article 8 aux mesures de police des étrangers,
a du revenir sur sa position. Il le fit dans un arrêt Belgacem260 à l’oc-
casion duquel il met en balance, pour la première fois, les impératifs
256- X,Y,Z C/Royaume-Uni, 15 décembre 1967, req. 3324/ 67, annuaire de la convention
1967, p.529 ; BERGER (V), jurisprudence de la CEDH, 8ème éd. , 2002, DALLOZ, n°136
p.376.
257- Cour EDH arrêt du 28 mai 1985, cour plénière, série A, n°94, BERGER (V), jurispru-
dence de la CEDH, op. cit., n°144, p.388.
258- Cour EDH 21 juin1988, BERREHAB, A.138, cité par LABAYLE (H), in « Le droit de
l’étranger au respect de sa vie familiale », RFDA, 1993, p.522, BERGER (V), jurisprudence
de la CEDH, op. cit., n°145 p.392.
259- Cour EDH, arrêt MOUSTAQUIM du 18 Février 1990, BERGER (V), jurisprudence
de la CEDH, op.cit., n°146, p.394.
260- Arrêt BELGACEM, Rec Lebon, p.493, JCP1992II, 21832, note I card ; D.1991, p.399
note prétot, AJDA 1991, p.551, note JULIEN. LAFERRIERE, RFDA 1991, p.497.
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
Selon ces règles, il faut en outre, que cette famille soit « normale ».
L’utilisation de l’adjectif « normale » dans l’expression droit à une vie
familiale « normale », paraît à première vue anodin. Il semble assurer
un minimum vital : toute personne a droit de vivre normalement en
famille. Cependant, selon l’application qu’en fait les juges administratifs
et les textes relatifs au droit des étrangers, on remarque que ce droit
ainsi formulé n’est pas en réalité favorable à ces derniers263.
L’adjectif normal n’est pas là pour définir le minimum auquel tout
individu a droit. En réalité, il signifie que pour qu’un étranger puisse
profiter de ce droit, il faut que sa famille réponde à des critères de
conformité, qui limitent ce droit et remettent en cause son caractère
fondamental. Il s’agit de critères de nature économique : l’étranger doit
posséder « des ressources stables et suffisantes »264, mais également de
critères de nature sociologique et culturelle, le Conseil constitutionnel
ayant souligné que : « les conditions d’une vie familiale normale sont
celles qui prévalent en France, pays d’accueil, lesquelles excluent la
polygamie265 ».
Cette conception restrictive que l’on trouve aussi bien en matière
du droit communautaire qu’en matière du droit français des étran-
gers s’explique par le caractère réglementaire des textes qui traitent
cette question. Le droit conventionnel, qui a pour finalité de faire du
droit à mener une vie familiale normale un droit fondamental, donne
nécessairement une nouvelle conception à la notion de famille. De
plus, l’imprécision de la convention offre à cet instrument une certaine
plasticité suffisante pour pouvoir être invoquée dans diverses situa-
tions. Les juges de Strasbourg peuvent ainsi s’écarter de la définition
juridique traditionnelle de la vie familiale normale (que l’on trouve
263- RUDOLPH D’HAËM, in l’entrée et le séjour des étrangers en France, op. cit., p.20.
264- Décret n° 76-383 du 29 Avril 1976 relatif aux conditions d’entrée et de séjour en France
des membres des familles autorisées à résider en France, JO 2 mai 1976 p.2628 modifié par
le décret n°84-1080 du 4 Décembre 1984, JO 5 Décembre 1984 p.3733.
265- DCC n° 93-325 du 13 Aout 1993, http://www.conseil-constitutionnel.fr/
décision/1993/93325dc.htm.
95
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
266- Voir la définition de la notion de la vie familiale en droit français et selon la CEDH par
JUILIEN- LAFERRIERE (F) in « Les étrangers ont-ils droit au respect de leur vie fami-
liale ? » D.1992, p.291.
267- Arrêt ABDULAZIZ, CABALES et BALKANDALI, précité.
268- Cour EDH, KEENGAN C.IRLANDE, arrêt du 26 Mai 1994, série A, n° 290, cité par
Mr COUSSIRAT –COUSTERE in Internationalisation des droits de l’homme et évolution
du droit de la famille, p.50.
269- Rect. 9993/2, X.C. France déc. 5 Octobre 1982, D.R.31, p.242 cité par COUSSIRAT-
COUSTERE, ouvrage op.cit ., p.51.
270- Arrêt MOUSTAQUIN précité.
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286- DEPREZ (J), « Droit international privé et conflit de civilisations, aspects méthodolo-
giques. Les relations entre systèmes d’Europe occidentale et systèmes islamiques en matière
de statut personnel », RCDAI1988, IV.
103
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
A- Le renforcement du territorialisme :
Le territorialisme est une démarche par laquelle est appliquée la
loi du lieu de situation de l’objet ou, lorsqu’il s’agit de l’état des per-
sonnes, la loi du domicile, sans prendre en considération la nationalité
des parties. Le renforcement du territorialisme se réalise aussi bien à
travers des règles substantielles (1) qu’a travers des règles de conflits
de lois (2).
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
modernes, on peut dire que toutes les lois ont pour mission de protéger
ces intérêts. La définition de ces lois droit s’effectuer de façon empi-
rique, par un examen au cas par cas de chaque disposition législative,
les cas où le législateur se prononce sur la loi étant rares296. La globale
qualification accomplie par les juges dans l’arrêt Cressot est jugée par
tous arbitraire, hasardeuse et incompatible avec la raison qui prescrit
la prudence s’agissant de cette matière, pour ne pas être accusé no-
tamment de nationalisme dans l’application de la loi française. Avant
que la Cour de cassation ne se prononce sur la question, la doctrine
avait déjà essayé de préciser quelles dispositions du statut de base des
époux pouvaient être interprétées comme des lois de police. De nom-
breux auteurs ont expliqué, grâce à une analyse au cas par cas de ces
dispositions, que certaines parmi elles paraissaient avoir vocation à
s’appliquer sur tout le territoire, sans discrimination selon la nationa-
lité des personnes, « une telle discrimination mettant en cause l’objectif
même poursuivi par le législateur ».297 Le caractère de loi de police a
ainsi été accordé à l’article 215 al 3, sur la limitation des pouvoirs des
époux dans leur droit à disposer du logement familial ainsi que les
meubles dont il est garni298, à l’article 220 sur les pouvoirs ménagers
des époux299, et aux articles 221 et 222 instituant des présomptions de
pouvoirs pour ouvrir un compte bancaire et pour conclure un acte sur
un bien meuble détenu par un époux individuellement300. Monsieur
Fadalallah souligne aussi que les textes basés sur l’urgence sont
forcément d’application territoriale : « Le juge des référés, saisi en
296- On peut citer pour exemple l’article 311-15 du Code civil : « toutefois, si l’enfant légitime
et ses père et mère, l’enfant naturel et l’un de ses père et mère ont en France leur résidence
habituelle, commune ou séparée, la possession d’état produit toutes les conséquences qui
en découlent selon la loi française, lors même que les autres éléments de la filiation aurait
dépendre d’une loi étrangère. »
297- FADALLAH (I), La famille légitime en droit international privé, op. cit., p.133.
298- Auteurs cités par monsieur FADALALLAH : MAYER, Droit international privé, 3éme
éd., n°433, note126 et n°438. BATTIFFOL et LAGARDE, Droit international privé, 7éme
éd., t. II. II, n°676. HOLLEAUX, FOYER et GEOUFFRE DE LA PRADELLE, Droit
international privé, n°785. KARAQUILLO, Etude de quelques manifestation des lois d’appli-
cation immédiate dans la jurisprudence française du droit international privé, 1977, n°329 ; FA-
DLALLAH, op. cit., p.144 et RCDIP 1979, p.754. REVILLARD, Droit international privé et
pratique notarial, 1977, n°33. DROZ, D. Rep. Dr.int, V Régimes matrimoniaux, n°217.
299- Auteurs cités par monsieur FADALALLAH BATIFFOL et LAGARDE op. cit., N°
437, note 3 et n° 631-1; HOLLEAUX, FOYER et GEOUFFRE DELAPRADELLE, op.
cit., DROZ, op.cit., n°215. BISCHOFF, D.Rép.dr.int., V Mariage, n°217. MESTRE, J. Cl.
dr. int. fasc.546-D, n°130. LEQUETTE, note JDI 1978, p.325 ; POISSON-DROCOURT,
note RCDI P1977, p.710.
300- BATIFFOL et LAGARDE, op. cit., n°631-1 , REVILLARD, op. cit., N°32. droz,
op.cit., n°214.
106
vertu de l’article 220-1, doit remédier à (la situation de crise) qui aura
éclaté en France. Le péril justifie les mesure urgentes ».301
Il est certain que ces mêmes auteurs ont refusé d’accorder le
caractère de loi de police à certaines autres règles du statut de base
des époux, comme l’article 214 du Code civil (sur la contribution aux
charges du mariage l’article 212 du Code civil (obligation de secours,
de fidélité et d’assistance) et l’article 215, alinéa 1 et 2 (communauté
de vie et choix de la résidence de la famille)302.
Il n’en reste pas moins qu’une partie assez importante du régime
matrimonial primaire a été retranchée du domaine de compétence de
la loi des effets du mariage. La loi des effets du mariage est partielle-
ment vidée de son sens, les effets français du mariage vont souvent se
substituer aux effets du droit musulman normalement compétent.303
Le développement des lois de police concernant la matière du mariage
des étrangers est un premier facteur qui contribue à mettre en cause
la règle de conflit applicable aux mariages polygamiques. Le deuxième
facteur réside dans l’adoption de la Loi pasqua de 1993.
107
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
108
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
308- A.BOTTIAU, Lamy Droit des personnes et de la famille, étude 490.31, mai 2006.
309- Convention de la Haye du 2 Octobre 1973 concernant la reconnaissance et l’exécution
de décision relatives à l’exécution des obligations alimentaires, ratifiée par la France le 19
Juillet 1977, et entrée en vigueur le 1er Octobre 1977, http://www.hcch.net/f/status/stat23f.
html#fr .
310- Cass.1ère civ., 12 Juillet 1982, RCDIP1993, p.269, note COURBE ; JCP1993,éd.G,
II, 22138, note DEPREZ.
109
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
110
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
111
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
112
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
324- JDI, 1981 p.812, note ALEXANDRE ; D1982.I. p.196 ; Gaz.pal. 1981.2p.828, note
LISBONNE.
325- Cass.civ. I, 10 Février 1993, RCDIP, p.620, note FOYER.
113
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
326- D. 1991, p.218. Dans le même sens : TGI Paris 22 janvier 1968, JDI 1969, p.406,
note Ph. K ; Lyon 21 mai 1974, D 1975, p.9, note P. GUIHO (le motif tiré de l’ordre public
apparaissait ici en complément d’un autre, puisque la femme étant en l’espèce française, le
mariage était nul en vertu de la loi française compétente) ; La solution est d’ailleurs vérifiée
sur le plan administratif par l’interdiction pour l’officier d’état civil de célébrer des unions
polygamiques. En outre, sur le plan pénal, l’étranger qui contracte en France un mariage
polygamique encourra les sanctions pénales frappant le délit de bigamie : Trib. Correct.
Villefranche sur Saône 6 novembre 1951, RCDIP 1954, p .764, note Y.LEQUETTE. Il en
est encore ainsi même lorsque l’union a été célébrée par un agent diplomatique ou consulaire
étranger : le délit de bigamie est également répréhensible car considéré comme commis sur le
territoire français (TGI Paris 8 avril 1987, RCDIP 1988, p.73 note LEQUETTE). Un arrêt
isolé et d’interprétation délicate a toutefois admis la validité d’une union polygamique célébré
devant le consul du Maroc : Paris 5 avril 1990, D. 1990, p.424, note F. BOULANGER, l’es-
pèce est particulière car l’époux s’était remarié avec l’une des femmes dont il avait divorcé.
327- Tribunal de Versailles, 31 Mars 1965, op. cit., n° 71.
114
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
328- LEGIER, op. cit., p.307. Rappr : note A.P., JDI, 1966, p.97 et arrêt MONTCHO
précité où le Conseil d’Etat avait écarté l’argument de l’administration qui avait refusé le
regroupement familial polygamique pour des « considérations tirées de l’ordre public ».
329- « Statut personnel et pratiques familiales des musulmans familiales des musulmans en
France, aspect de droit international privé » in Famille- Islam-Europe ; Le droit confronté au
changement, FOBLETS (M-C), op.cit., p.71.
330- M.C.FOBLETS, « Le statut personnel musulman devant les tribunaux en Europe : une
reconnaissance conditionnelle, l’identité de la personne humaine, Etude de droit français et
de droit comparé, sous la direction de J.POUSSON-PETIT, Bruylant, 2002, p.947, note
n°19 pour des références jurisprudentielles.
115
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
116
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
ait été mise en œuvre. Or, ici cette règle de conflit est évidemment
méconnue. Un argument pertinent invoqué par monsieur de La Pra-
delle appuie cette analyse. L’auteur souligne qu’il serait tout à fait
aberrant de considérer la polygamie plus choquante en matière de
sécurité sociale qu’en droit civil : « peut-on soutenir sérieusement que
le remboursement par la sécurité sociale française des soins dispensés à
la seconde épouse d’un algérien heurte l’ordre public, alors que l’action
en exécution du devoir de secours de la seconde femme d’un français
polygame, parce que naguère de nationalité tunisienne laisse cet ordre
public indifférent »335. Ce n’est par conséquent pas certainement la
réserve de l’ordre public qui a pu expliquer l’éviction de la loi natio-
nale aux questions de sécurité sociale. Le mariage polygamique reste
le dernier bastion épargné par l’exception de l’ordre public, mais ce
bastion n’est pas inébranlable et le principe de l’application de la loi
nationale aux mariages polygamiques est affaiblie. En effet, la diversi-
fication des règles disparates régissant le statut personnel diminue les
cas de mise en œuvre de la règle de conflit de lois applicable aux effets
du mariage, ce qui fragilise sa valeur juridique. En outre, elle pose le
problème de la coordination de la loi applicable aux effets du mariage
et l’ensemble des règles se rapportant spécialement au régime pri-
maire ou les obligations alimentaires pour les enfants, qui sont régies,
elles, par la loi de la résidence habituelle. Comment concilier les effets
du mariage polygamique qui s’appliquent en vertu de la désignation
de la loi nationale et les effets obligatoires du mariage français. Le
caractère incomplet et l’incohésion du statut de l’épouse prise dans
un mariage polygamique, mais également l’incohésion de la règle de
conflit avec les objectifs politiques de la société française que sont la
lutte contre la polygamie non consentie et l’intégration des immigrés
de statut personnel musulman, amènent à s’interroger sur la nécessité
de rechercher une autre solution336. La jurisprudence Rivière va-t-elle
être abandonnée ?
117
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
118
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
des époux, en ce sens qu’ils sont tous deux de statut personnel poly-
gamique, le mariage sera considéré « virtuellement polygamique ». A
défaut, cette localisation pourra être déduite d’un ensemble d’éléments
concordants : si à titre d’exemple la loi personnelle de l’épouse et la loi
du domicile commun relèvent de statuts personnels monogamiques,
l’union sera réputée comme telle. A défaut d’éléments concordants, le
mariage sera déterminé par la loi de l’autorité ayant célébré le mariage,
à moins dans tous les cas que l’époux n’ait conclu un engagement de
monogamie.
Ce système, comme l’a fait remarquer Paul Lagarde338, présente
l’inconvénient d’être « intrinsèquement inégalitaire ». En effet, il prend
en compte d’abord la seule loi du mari, ce qui a pour conséquence
regrettable qu’une femme de statut personnel monogamique, puise
être réputée avoir accepté de s’engager dans les liens d’un mariage
polygamique.
En plus de cette conséquence majeure de la solution suggérée par
Béatrice Bourdelois il faut souligner que cette dernière ne permet pas
de supprimer les effets néfastes du mariage polygamique en France.
En effet, si par l’adoption du faisceau d’indices l’union est reconnue
valide, il pourra, en l’état du droit positif, produire effets en France
et les problèmes provoqués par cette institution n’auront pas de
solutions. En revanche, la finalité qui sous-tend cette thèse est de ne
mettre en cause que les unions subséquentes qui sont contraires aux
prévisions raisonnables de la première épouse et de permettre à toutes
celles qui le désirent de goûter « au délice du harem »339. Cette solution
paraît par conséquent tolérante vis-à-vis de la polygamie pour satisfaire
les attentes de la politique d’immigration et d’intégration actuelle.
Monsieur Gutman a lui aussi suggéré une solution employant la
démarche du faisceau d’indices. D’après lui, la validité au fond de la
seconde union devrait avoir pour exigence, comme le veut la solution
actuelle, la convergence des lois personnelles des seconds époux.
Mais, il faudrait également, constater que le premier mariage pré-
sente des liens plus solides avec un pays autorisant la polygamie au
moment de la célébration du second mariage.
119
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
120
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
344- Art 311-16 alinéa 2 du Code civil : »La légitimation par autorité de justice et régie, au choix
du requérant, soit par la loi personnelle de celui-ci, soit par la loi personnelle de l’enfant ».
345 - Sur cette notion de mariage virtuellement polygamique, Voir Béatrice Bourdelois,
op.cit., p.44 et suiv.
346- Voir LAGARDE RCDIP 1993, p.520.
121
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
124
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
353- Monsieur BATIFFOL a notamment appliqué cet objectif à la théorie du renvoi en ex-
pliquant ce mécanisme par la nécessité de coordonner les différentes règles de conflit mises
en jeu dans une situation donnée, voir LOUSSOUARN et BOUREL Droit international
privé, op.cit., p.245.
354- FARGE (M), Le statut familial des étrangers en France : de la loi nationale à la loi de la
résidence habituelle op. cit., p.530.
355- Sur cet idéal, voir LOUSSOUARN et BOUREL op.cit., p.88.
356- LEQUETTE cité par FARGE in Le statut familial des étrangers en France… op.cit., p.531.
357- Voir DEPREZ, RCDAI 1988, IV, p.39 et suiv. op.cit.
358- Ibid.
125
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
359- FRAGE (M) in Le statut familial des étrangers en France… op.cit., p.533.
360- FADLALLAH, « Lien conjugal et rencontre de civilisations », in Le statut personnel
des Musulmans, Droit comparé et droit international privé, Travaux de la faculté de droit
de l’université catholique de Louvain, sous la direction de J-Y CARLIER et M. VERWIL-
GHEN, p.343 et spéc., p.344, cité par FRAGE (M), in Le statut personnel des étrangers…
p.526.
126
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
371- Pour une première fois, par arrêt de la Cour d’appel de Liège, 23 Avril 1970, Revue
critique de jurisprudence belge, 1971, p.5 et 7 ; voir aussi : Civ.Liège, 26 juin 1975, jurispru-
dence de la Cour d’appel de Liège, 1975-1976, p.163
132
Les conflits de lois relatifs au mariage monogamique et polygamique
133
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
376- LOUIS-LUCAS, P., obs. sous Gde.inst.Versailles, 2 février 1960, Juris-Classeur pério-
dique- La semaine juridique, 1960, II, p.11625.
134
Deuxième partie
Les conflits de lois relatifs aux
effets du mariage et à sa dissolution
136
Parmi les effets juridiques du mariage et de sa dissolution qui
posent par exemple bien des problèmes dans les relations franco-
marocaines, les cas de la filiation et de la répudiation peuvent être
cités. La réputation de la complexité a, depuis toujours, accompagné
ces matières en droit international privé. En ce qui concerne la filiation,
comparé au droit interne français dont la réforme du droit de la filiation
du 3 Janvier 1972 pose le principe d’égalité des enfants légitimes et
naturels, le droit marocain de la famille, issu du droit musulman, paraît
ferme. Il interdit tout ce qui peut porter atteinte à la cohésion de la
filiation légitime. Il considère qu’il n’y a de filiation que de légitime,
issue du mariage, la filiation naturelle rattache l’enfant à sa mère et ne
crée aucun lien juridique entre le père naturel et son enfant.
Ces règles sont transposées dans l’ordre des relations internationales
et s’appliquent dans l’esprit du législateur marocain à la filiation des
Marocains musulmans à l’étranger. Quant à la dissolution du mariage,
par voie de répudiation notamment, celle-ci, met en relief les diver-
gences de conceptions. La répudiation constitue un terrain de conflit
de lois par excellence entre culture marocaine et française, ou globa-
lement entre culture musulmane et occidentale. « … plus encore que
la polygamie elle heurte de front un fondement essentiel à notre civi-
lisation, ou plus exactement nous est totalement étrangère… » « Elle
semble à un occidental, vider le mariage de ce qui constitue la raison
d’être, le sérieux, la stabilité, la dignité du couple377 » « De toutes les
formes de dissolution du mariage (la répudiation) elle est celle qui est
la plus éloignée de notre conception du divorce, et chose plus grave
377- PH. MALAURIE. Note sous tribunal de grande instance de la Seine 23 Mai
1960.D.1960.p. 715.
137
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
138
Premier titre
Les conflits de lois relatifs aux effets
du mariage
139
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
140
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
B- La tradition Prophétique :
« L’enfant doit être rattaché au lit, l’amant doit être lapidé »385. Les
ulémas affirment unanimement que c’est ce hadith qui fonde l’inter-
diction d’établir la filiation naturelle à l’égard du père386.
L’amant (le fornicateur) qui aurait l’outrecuidance de réclamer la
paternité d’un enfant issu d’un mariage devrait être lapidé. L’Islam
ne reconnaissant que l’enfant légitime, l’enfant naturel (adultérin) est
« inexistant » et a un statut extrêmement précaire. Il ne pourra qu’avoir
une filiation légitime maternelle. Il n’aura aucune filiation paternelle
et l’action en recherche de paternité est prohibée. Les ulémas affirment
que : « la filiation naturelle résulte de la fornication, elle est inexistante
à l’égard du père, l’enfant ne pouvant lui être rattaché et ne produit,
par conséquent, absolument rien. En revanche, elle entraîne à l’égard
de la mère les mêmes effets que ceux de la filiation légitime »387. Ou
encore que « la chari’a ne reconnaît aucun rapport entre l’enfant de la
fornication et son père géniteur, alors qu’il en va différemment quant
à la relation de la mère avec son enfant naturel »388. Le fondement de
cette règle selon les oulémas est que : « la fornication est un crime en
Islam et ne saurait produire aucun effet à l’égard du fornicateur »389.
L’islam considère que l’enfant appartient au père et à la famille
paternelle. Les liens de parenté ne se forment que par les mâles et par la
filiation paternelle légitime (nasab). Les liens agnatiques sont privilégiés
384- Coran, Traduction de KASIMIRSKI, op.cit., p.452.
385- AL-BUKHARI, « Sa’hi’h » (l’authentique tradition prophétique), Dar AL-Fikr, 2001,
Beyrouth, t.II, p.487.
386- Entre autres M.IBN MA’AJOUZ, « A’hkam al-usra fi al-chari’a al-islamiya wifqa mou-
dawanath al-ah’wal al-chakhsiya, al-khotba, al-zawaj : arkanouh wa atharouh ; Toroq inh’ilal
mitak al- zawaj wa al-athar al-motaratiba âla dalik » ( le droit de la famille dans la chari’a is-
lamique conformément à la Moudawana du statut personnel, fiançailles, mariage : conditions
et effets ; moyens de dissolution du pacte du mariage et les effets subséquents), t. II, Mat-
ba’ath Al-najah Al-jadida 1998, p.16 ; M. KACHBOUR, « Al-Wassit fi qanoun al-ah’wal al-
chakhsiya » (précis de droit du statut personnel), Matbâath Al-najah Al-jadida, 1999, p.398.
387- A. CHAHBOUNE, « Charh’moudawanath al-ah’wal al-chakhsiya, al-Zawaj, al-talak,
al-Wilada wa nataijouha », (Commentaire de la Moudawana du statut personnel marocain,
mariage, répudiation, la naissance et ses effets), Matbaaât al-Najah al-jadida 2000, t.I, p.308.
388- M.BEN MA’JOUZ, op.cit., t.II, P.20.
389- M.KACHBOUR, op.cit., p.417.
141
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
390- BERRAUD EMILIE, « La filiation légitime à l’épreuve des mutations sociales au Ma-
ghreb », 59 Revue internationale interdisciplinaire 255, 2010, p.254.
391- NOKKARI MOHAMMED, « Le statut de l’enfant dans le Coran et dans la Sunna »,
dans LUCETTE KHAIRAT, CECILE MARCHAL, dir., L’enfant en droit musulman, paris,
Société de législation comparée, 2008, p.172.
392- « Aussi peut-on comprendre le mot firach/ lit en droit musulman : le terme désigne une
femme : pas une femme en général mais celle, libre ou esclave qui, lorsqu’elle donne nais-
sance, a un statut tel que l’on présume que l’enfant qu’elle met au monde a pour père son
mari ou son maître » explique un auteur, J. COLIN, « AL-firâch/ le lit. Un concept juridique
en Islam », in paraxis juridique et religion, 1993- 10, p.65.
393- L.PRUVOST, L’établissement de la filiation en droit tunisien, thèse Paris II, 1977 ;
A.CHAHBOUNE, « Charh’ moudawanath al-ah’wal al-chakhsiya, al-zawaj, al-talaq, al-wi-
lada wa nataîjouha » (commentaire de la Moudawana du statut personnel marocain, mariage,
répudiation, la naissance et ses effets), op.cit., t.I, p.32 ; J.COLIN, « Al-Firâch/ Le lit. Un
concept juridique en Islam », article précité, p.65.
394- L.PRUVOST, thèse précitée, p.35.
142
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
143
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
que « Le lit conjugal produit les mêmes effets de preuve que le mariage ».
La paternité ne peut donc être contestée que par le mari au moyen de la
procédure du Li’ane ou d’une expertise médicale signifiant la certitude.
Mais, encore faut-il que les deux conditions suivantes soient remplies :
• L’époux doit produire des preuves solides de ses allégations ;
• L’expertise doit être ordonnée par décision judiciaire401.
144
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
404- S. GRATALOUP, L’enfant et sa famille dans les normes européennes, L.G.D.J., Biblio-
thèque de droit privé, T.290, 1998, p.75, n° 76. En droit français, il faudra attendre la loi du
3 Janvier 1972 pour que la famille naturelle versus famille légitime soit reconnue. En effet,
l’article 334 C.civ. officialise l’existence de la famille naturelle en disposant que l’enfant natu-
rel « entre dans la famille de son auteur ». Le législateur a ainsi mis le Code civil en harmonie
avec la définition constitutionnelle de la famille telle qu’elle résulte de la Constitution de
1946, cf. F.LUCHAIRE, La protection constitutionnelle des droits de l’homme, Economica,
1987, p.101.
405- Affaire Marckx c/ Belgique, arrêt du 13 Juin 1979, Série A, n°31, §31.
406- Cf. l’ordonnance n°2005-759 du 4 Juillet 2005 relative à l’égalité des filiations.
407- FANNY VASSEUR –LAMBRY, le statut du mineur maghrébin en France, in les droits
maghrébins des personnes et de famille à l’épreuve du droit français, sous la direction du
J.POUSSON-PETIT, L’Harmattan, 2009, p.383.
408- Ibid.
145
rattachement à la loi nationale relève de la tradition. Ce rattachement
peut répondre à la nécessité de conserver aux personnes les principes
fondamentaux de leur identité nationale409. La première solution est
justifiée par l’intérêt de l’enfant naturel. Etant donné qu’il ne jouit
pas, à l’instar de l’enfant légitime, de la stabilité du couple parental,
il est nécessaire de le protéger. La seconde solution paraît devoir
s’imposer comme assurant une certaine cohésion au sein de la famille
légitime, indépendamment de la nationalité de ces membres. En ce
qui concerne les obligations alimentaires entre époux, l’article 7 al.3
de la Convention franco-marocaine du 10 Aout 1981 précise que ces
obligations « sont réglées conformément aux dispositions du chapitre
III de la Convention ». Le problème est que ces dispositions ne visent
que le paiement des pensions alimentaires, mais non la détermination
du débiteur, ni le montant de celles-ci. La question qui s’impose est de
savoir comment un juge français va déterminer le montant d’une telle
pension : peut-il s’appuyer sur le principe selon lequel la pension varie
en fonction des besoins du créancier d’aliments et des ressources du
débiteur ou faut-il considérer que le mari, selon le droit marocain,
supporte seul les charges du mariage410?
Dans les cas du divorce, comme en matière de filiation naturelle,
il paraît plus logique d’opérer le rattachement à la loi de l’enfant411.
Mais d’une façon générale en droit français, l’unité du statut de l’enfant
devrait également aboutir à éliminer la loi des effets du mariage en
matière d’effets de la filiation afin de privilégier une loi unique, que
cette loi soit la loi nationale de l’enfant ou celle de sa résidence habi-
tuelle. Le recours à la loi de la résidence habituelle va de toute façon
être généralisé avec l’entrée en vigueur de la Convention de la Haye
du 16 Octobre 1996 concernant la compétence, la loi applicable, la
reconnaissance, l’exécution et la coopération en matière de respon-
sabilités parentales et de mesures de protection des mineurs. Mais
cette tradition peut conduire à occulter l’effectivité d’une situation
qui supposerait que soit appliquée à la personne la loi de sa résidence
146
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
432- Avant l’ordonnance du 4 Juillet 2005, la filiation légitime pouvait également résulter de
la légitimation. En 1972, cette institution avait fait l’objet d’une règle de conflit contenue à
l’article 311-16 du Code civil, qui reprenait les deux formes de légitimation connues en droit
français : la légitimation par mariage et par autorité de justice et qui consacrait la thèse de la
loi la plus favorable à l’enfant. Mais la légitimation n’avait plus sa place dans une législation
prônant l’égalité parfaite des filiations légitime et naturelle. C’est la raison pour laquelle l’or-
donnance du 4 juillet 2005 a supprimé purement et simplement cet article 311-16.
433- B. AUDIT, Droit international privé, Economica, 2006, 4ème édition p.262, n°315 ;
Y.LOUSSOUARN, P.BOUREL, de VAREILLES- SOMMIERES, précis de droit inter-
national privé, Dalloz, 2004, 8ème édition, p.351, n°254-3 ; P.MAYER et V.HEUZE, p.139,
n° 205-1 ; H.BATIFFOL et P.LAGARDE, LGDJ, 1993, t.I, 8ème éd., p.576, n°359-2.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
Les juridictions belges ont adopté une position pas trop différente
de celle adoptée par les juridictions françaises. Mettant fin aux in-
certitudes qui découlaient des dispositions de l’article 3, alinéa 3 du
Code civil450, le code de droit international belge, dans son article 62,
consacre l’application de la loi nationale de la personne dont on cherche
l’établissement de la filiation naturelle.
Après s’être limités dans un premier temps à constater l’interdiction
de l’établissement de la filiation naturelle par le droit marocain451, les
Cours et tribunaux ont par la suite invoqué l’exception d’ordre public
afin de neutraliser la discrimination entre les enfants « naturels » et
« légitimes »452. L’évolution de la jurisprudence est liée à la réforme
législative du 31 mars 1987 instaurant un principe d’égalité des filiations
en droit belge à la suite de la condamnation de la Belgique par la
Cour européenne des droits de l’homme dans l’arrêt Marckx453. Depuis
lors, est considérée comme contraire à l’ordre public international belge
toute loi prohibant la reconnaissance de la filiation naturelle454.
On constate que la jurisprudence belge, à la différence de la juris-
prudence française, n’exige pas un élément de proximité, à l’instar de
la nationalité belge de l’enfant, pour écarter la loi étrangère interdisant
l’établissement de la filiation naturelle.
450- Fondée sur l’article 3, alinéa 3 du Code civil, la solution jurisprudentielle antérieure
déterminait la filiation au regard de la loi nationale sans préciser, lorsqu’il n’avait pas de na-
tionalité commune, s’il convenait de retenir la loi nationale du père, de la mère ou de l’enfant,
ce qui aboutissait à un certain flou juridique.
451- civ. Liège (3e ch.), 28 avril 1980, RTDF, 1981, p. 97 (père marocain, mère et enfant bel-
ges) ; J.P. Schaerbeek (1er canton), 27 mars 1985, JJP, 1986, p. 44, note ERAUW, J. (père
marocain, mère et enfant belges) ; Conseil d’Etat (3e ch.), 20 octobre 1987, Annales de droit
de Liège, 1988, p. 33, note GOTHOT, P. (père marocain, mère belge et enfant apatride).
452- civ. Bruxelles, 16 décembre 1992, Pas., 1993, III, p. 3 (enfant marocain) ; civ. Bruxel-
les, 29 juin 1994, RTDF, 1996, p. 231, note SAROLÉA, S. (enfant marocain) ; civ. Anvers,
30 juin 1998, Rechtskundig weekblad, 2000-2001, p. 311, note SWERTS,K. (enfant maro-
cain).
453- CEDH, MARCKX C. Belgique, 13 juin 1979, Série A, vol. 31 ; RIGAUX, F., « La loi
condamnée. Á propos de l’arrêt du 13 juin 1979 de la Cour européenne des droits de l’homme »,
J.T., 1979, p. 513.
454- Voir pour des hypothèses d’écartement pour contrariété à l’ordre public de la loi souda-
naise, de la loi algérienne et de la loi turque ignorant l’établissement de la filiation naturelle :
civ. Bruxelles (3e ch.), 30 juin 1981, J.T., 1981, p. 723, note WATTÉ,N. (père soudanais, mère
belge, enfant belgo-soudanais) ; civ. Anvers, 2 novembre 1983, RDE, 1983, p. 134 (père et enfant
algériens) et civ. Bruxelles, 12 janvier 2005, JLMB, 2008, p. 834, note WAUTELET,P. (père et
enfant algériens) ; civ. Anvers (2e ch.), 6 mai 1992, RGDC, 1993, p. 77 (père et enfant turcs).
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
C- Appréciation critique :
Plusieurs reproches sont adressés à l’encontre des décisions qui
lient la réserve de l’exception d’ordre public à l’implication de personnes
ayant la nationalité française. Ces reproches tiennent au fait que ces
décisions jurisprudentielles favorisent les ressortissants de l’Etat où la
décision est rendue455.
En réalité, le déclenchement de l’exception de l’ordre public en raison
de la nationalité de l’un des plaideurs, contrairement à ce qui a été
soutenu456 ne favorise pas toujours les nationaux. Pour reprendre le
cas de l’action en recherche de paternité naturelle, le jeu de l’exception
d’ordre public sera ou non mis en œuvre selon que l’enfant a ou non la
nationalité française. Les critiques précédemment formulées prennent
toute leur dimension dans chacun de ces deux cas. Par contre, si les
juridictions décidaient que la nationalité du prétendu père457 constitue
elle aussi un lien suffisant avec le for458, le déclenchement de la réserve
d’ordre public en raison de cette attache ne serait pas considérée comme
un moyen de protection en faveur des seuls français, mais un moyen
de protection au service des enfants naturels contre des prétendus pères
français qui invoquent l’application de la loi nationale de la mère in-
terdisant l’établissement de la filiation naturelle.
Il est nécessaire de rappeler à ce niveau que les plaideurs de natio-
nalité française invoquent les lois étrangères qui prohibent la recherche
de la filiation naturelle pour échapper aux effets de la filiation. Dès
455- A propos du divorce, voir H.GAUDEMET-TALLON, note sous C.cass., 1ère ch.civ.,
10 Juillet 1979, précité. Selon cet auteur « si l’on estime ( à tort selon la jurisprudence) que
le droit au divorce est d’ordre public international, on doit l’admettre quelle que soit la na-
tionalité des époux en cause, en tant que droit attaché à la personnalité juridique de chacun
et non à la nationalité française de chacun d’entre eux », p.97 ; aussi à propos du même arrêt,
voir D.ALEXANDRE qui estime qu’il y a des dispositions étrangères qui sont tellement
foncièrement différentes des conceptions nationales fondamentales que l’ordre public inter-
vient nécessairement à leur encontre sans que l’on ait à rechercher l’existence d’une attache
particulière avec le for », note sous C.cass., 1ère ch.civ, 1er avril 1981, Clunet 1981, p.824 ; à
propos de la filiation, J.FOYER qui reconnaît qu’il « peut paraître choquant que, selon l’in-
tensité des attaches avec notre pays, un enfant illégitime ait ou n’ait pas droit de rechercher
son père en justice », note sous C.cass., 1ère ch.civ., 10 février, 1993, précité, p.631.
456- H.GAUDET-TALLON, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 10 juillet 1979, précité ;
D.ALEXANDRE, note sous C.cass., 1ère ch.civ, 1er avril 1981, Clunet 1981, p.812 ;
J.FOYER, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 10 février , 1993, précité.
457- Hypothèse évidemment réservée aux cas où l’enfant n’est ni français, ni résidant en
France. Ces cas sont loin d’être une hypothèse d’école. Voir par exemple C.cass., 1ère ch.civ.,
10 mai 2006, précité.
458- Il faut rappeler qu’il s’agit, après tout, d’un rapport de droit mettant en cause deux
parties : l’enfant et le père.
158
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
159
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
2. Deuxième reproche :
Pour les partisans de la théorie de l’ordre public de proximité, l’im-
portance de l’attache avec le for sera moins déterminante pour le dé-
clenchement de l’exception d’ordre public chaque fois qu’il s’agit de
protéger des droits que l’ordre juridique du for estime fondamentaux464.
Deux remarques peuvent être faites à propos de cette conception
de l’ordre public. La première est relative à la distinction qu’elle fait
entre des valeurs fondamentales et d’autres moins fondamentales465,
la deuxième est relative à sa technique d’intervention.
Si l’exception de l’ordre public, comme nous venons de le constater,
n’est déclenchée que lorsque la défense de droits fondamentaux est
en cause, il ne revient pas aux attaches avec le for de déterminer si
tel droit mérite ou non cette protection, comme c’est le cas pour les
actions en recherche de paternité. Les principes fondamentaux existent
indépendamment de la force des liens avec l’ordre juridique du for.
Affirmer que l’ordre public de proximité est conditionné par le prin-
cipe de proportionnalité c’est dire qu’un droit n’est pas fondamental
naturelle. Dans cette affaire, le prétendu père était de nationalité française et résidait en
France, l’enfant franco-sénégalais résidait en France au moment de l’introduction de l’ins-
tance (mais il était reparti vivre au Sénégal après le décès de sa mère et était élevé par sa
grand-mère sénégalaise). Il est pour le moins surprenant de considérer comme « n’ayant pas
de lien avec la France » un enfant français ayant vécu en France jusqu’à l’introduction de
l’instance, né de mère sénégalaise résidant en France. Il est regrettable que l’auteur n’expli-
que pas pourquoi l’affaire ne présente pas de lien avec l’ordre juridique français.
464- F.KNOEPELER, P.SCHWEIZER, précis de droit international privé suisse, Editions
staemplfi et cie, Berne, 1990, p.123, n°365 ;A.BUCHER, « L’ordre public et le but social des
lois en droit international privé », Rec.cours Acad.dr.inter 1993-II, p.52 et 53, n°25 et 26 ;
H.BATIFFOL et P.LAGARDE, op.cit., t.I, 8ème éd., p.577, n°359-2 ; N.JOUBERT, thèse
précitée, p.173.
465- La corrélation entre l’exigence des attaches avec le for et le degré de gravité du heurt
que pourrait provoquer l’application de la loi étrangère ne constitue pas un apport nouveau
dans l’élaboration du droit international privé. Cette proposition a été émise pour la première
fois par le juriste allemand ZITELMANN à la fin du 19ème siècle. Sur l’ensemble de la ques-
tion, voir D.BODEN, thèse précitée, vol.II, p.699 et 700, n°1416.
160
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
que dans la mesure où le cas présente des attaches fortes avec le for,
ce que personne, du moins expressément, n’a osé soutenir. Ainsi,
l’exception d’ordre public n’effectuera plus son rôle d’écartement des
normes étrangères non désirables mais tiendra par contre lieu de rat-
tachement subsidiaire chaque fois que la règle de conflit n’autorise pas
l’application des lois qui protègent des personnes ayant un rapport
avec le for466. Si on veut ajouter à cela la constatation selon laquelle
l’importance des liens avec le for est appréciée par les juges différem-
ment, « la tentation serait grande de tirer le constat résigné que sont
fondamentaux les principes que les juges estiment fondamentaux,
et considérables les heurts que les juges estiment considérables »467.
Pour les partisans de l’ordre public de proximité, cette relativisation
des principes fondamentaux est justifiée par une harmonisation néces-
saire des solutions en droit international privé468. Elle a l’avantage de
diminuer les exigences de l’ordre public dans un sens plus favorable à
la réception des lois étrangères plus restrictives, ce qui pourra éviter
les situations boiteuses.
3. Troisième reproche :
Certains auteurs soutiennent que l’application de la loi française,
après l’intervention de l’exception d’ordre public dans les actions
qui concernent la recherche de paternité naturelle, mettrait en cause
l’harmonie internationale des solutions dans des cas présentant plus
de liens avec un ordre juridique étranger qu’avec le for469.
Il s’agit ici, en réalité, de la création d’un rapport de droit en France.
Puisque le juge français est saisi d’une action en recherche de pater-
nité naturelle, l’ordre juridique français est directement concerné470.
Par conséquent, l’ordre public français doit pouvoir intervenir pour
« consacrer une situation préexistante non encore révélée (action en
161
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
471- P.MAYER et V.HEUZE, précis de droit international privé, Montchrétien, 2004, 8ème
édition, p.151, n°207.
472- W.WENGLER, « Les principes généraux du droit international privé et leurs conflits »,
Rev.crit. DIP.1952, p.595 (pour la première partie) et Rev.crit.DIP.1953, p.37 (Pour la suite
et fin). Cet auteur fait remarquer que « le principe de l’ordre public se voit de son côté in-
contestablement assuré en droit positif de la priorité sur tous les autres principes généraux.
A l’encontre de l’interdiction d’appliquer certaines règles matérielles étrangères exprimée
par l’ordre public, on ne peut faire valoir qu’une règle de conflit positive ou en autre prin-
cipe général prescrirait précisément l’emploi de ces règles matérielles. Ce n’est que par l’in-
terdiction d’appliquer la règle étrangère soit, parce que prohibitive, plus impérative que le
commandement positif de la règle de conflit normale : c’est parce que le droit positif assigne
à l’ordre public en tant que tel une force obligatoire plus grande que celle des autres règles
de conflits », p.47.
473- N.JOUBERT, thèse précitée, p.218, n°251.
474- Ibid.
475- J.FOYER, « Filiation », Rép. Dalloz Dr. inter., n°305 ; aussi N.JOUBERT, thèse pré-
citée, p.219, n°252.
162
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
163
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
478- Il est curieux de voir le sommaire de la décision, tel que rapporté à la Revue critique,
annoncer l’attendu en italique comme suit : « Il serait en effet particulièrement choquant qu’à
la faveur de la loi personnelle de la mère demanderesse, normalement applicable en vertu
de l’article 311-14 du Code civil, le défendeur, citoyen français, domicilié en France, soit en
droit d’interdire à un enfant lui-même français et résidant en France de faire reconnaître sa
filiation par une juridiction française ». Deux remarques s’imposent à ce propos. En effet,
l’adverbe « particulièrement » et l’adjectif « choquant » ne figurent nulle part dans le texte de
la décision du tribunal de grande instance. La deuxième remarque découle naturellement de
la première. Introduire l’expression « particulièrement choquant » au prix d’une interpréta-
tion personnelle pourrait laisser entendre que les juges parisiens n’ont déclenché l’exception
d’ordre public qu’après avoir relevé l’intensité des liens que le litige présente avec le for. Ce
qu’une lecture attentive de la décision permet d’écarter.
479- N.JOUBERT, thèse précitée, p.220, n°253.
480- Décision citée par G.SUTTON, « Les articles 311-14 et suivants du Code civil à l’épreuve
de la jurisprudence du tribunal de Grande Instance de Paris », Trav.Com .Fr.DIP.1982-1984,
p.199.
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
liens suffisants entre le litige et le for » . Or, le juge ayant rendu les deux décisions a reconnu,
lui-même, après avoir mentionné la décision de 1979, que les juges du tribunal de grande
instance de Paris ont voulu (par la décision de 1982) marquer « des limites à une conception
très extensive de l’exception d’ordre public (allusion faite au jugement de 1979) qui risque-
rait de conduire à l’exclusion de toute loi plus restrictive que la loi française », G.SUTTON,
communication précitée, p.198.
483- J.FOYER, article précité, n°308.
484- TGI.de paris, 9 février 1982, décision citée par G.SUTTON, « Les articles 311-14 et
suivants du Code civil à l’épreuve de la jurisprudence du Tribunal de Grande Instance de
paris », Trav.Com.Fr. DIP. 1982-1984, p.199.
166
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
168
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
492- Si la nationalité du père n’est pas mentionnée dans l’arrêt, M.LEQUETTE conclut à
la nationalité française du prétendu père en s’appuyant sur une interprétation a contrario
de l’arrêt du 11 Octobre 1988, C.cass., 1ère ch.civ., 11octobre 1988, Y.LEQUETTE et la
chronique, « L’abandon de la jurisprudence BISBAL ( à propos des arrêts de la première
chambre civile du 11 et 18 octobre 1988), Rev.crit.DIP.1989, p.277.
493-C.cass., 1ère ch.civ., 3 novembre 1988, Rev. crit. DIP.1989, p.495, note J.FOYER ;
Defrénois 1989. 306. observations J.MASSIP.
494- N.JOUBERT, thèse précitée, p.222, n°255.
495- La mère était devenue française en cours d’instance.
496- KHALID ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.164,.
497- Y.LEQUETTE, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 6 juillet 1988, précitée, p.75. Sur la règle
de conflit de l’article 311-14.
498- Dans le même sens F.MONEGER, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 3 Novembre 1988,
précitée, p.607.
169
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
499- P.MAYER et V.HEUZE, op.cit., p.452, n°621 ; B.AUDIT, op.cit.,p.577 et 578, n°727 ;
F.MONEGER, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 3 Novembre 1988, précitée, p.707.
170
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
Aussi, dans le cas où la Haute juridiction a voulu par cet arrêt « fixer
un plancher minimal qui est le droit aux subsides »500, l’arrêt ainsi formulé
pourrait être faussement interprété par les juridictions de degré infé-
rieur et par conséquent aboutir au résultat contraire par rapport à celui
cherché par la Cour de cassation.
La décision rendue par la Cour d’appel de Paris le 13 décembre
1989501 peut être interprétée dans ce sens. Dans cette affaire, il s’agis-
sait d’une action en recherche de paternité naturelle formée par une
mère de nationalité tunisienne au nom de son enfant à l’encontre du
prétendu père502. Ayant conclu que la loi nationale de la mère étran-
gère interdit à l’enfant d’établir sa filiation naturelle et par conséquent
d’obtenir des subsides, la Cour d’appel a statué que « la conception
française de l’ordre public international -dont l’exigence est d’assu-
rer à l’enfant naturel les subsides qui lui sont nécessaires- s’oppose
dés lors à l’application en France de la loi tunisienne normalement
compétente et il convient, en conséquence, de statuer selon la loi fran-
çaise ». Selon la juridiction parisienne, la mère invoque à bon droit la
loi française pour établir la filiation de sa fille naturelle. S’il « n’est pas
sûr que la Cour d’appel de paris ait exactement interprété la volonté
de la Cour suprême »503, il est par contre sûr qu’elle interprète littéra-
lement la jurisprudence de la Cour de cassation de 1988. Parce que
l’objet de l’affaire en cause était la recherche judiciaire de la paternité
naturelle de l’enfant et il est clair que le problème d’aliments n’ait pas
été évoquée par la mère504. Puisque l’on peut comprendre de l’arrêt de
1988 que la Cour de cassation fixait le degré de tolérance de l’ordre
public international à l’obtention de subsides, conformément à cette
jurisprudence la Cour d’appel de paris a donc refusé l’application de
la loi tunisienne qui ne répond pas aux exigences posées par la Haute
500- J.FOYER, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 3 novembre 1988, précitée, p.497.
501- C.A.paris, 13 octobre 1989, D.1989, inf.rap., p.284 ; Rev.crit.DIP., 1990, table des som-
maires, p.798.
502- L’arrêt ne précise ni la nationalité du père, ni sa résidence habituelle.
503- J.FOYER, article précité, n°303. L’auteur laisse entendre que l’application de la
Convention de La Haye de 1973 sur la loi applicable aux obligations alimentaires aurait per-
mis à l’enfant d’obtenir des aliments sur le fondement de la loi française en tant que loi de la
résidence habituelle de l’enfant, sans pour autant recourir à l’exception d’ordre public pour
écarter l’application de la loi tunisienne ; L’exigence de l’octroi d’aliments posé par l’arrêt de
la Cour de cassation du 3 novembre 1988 étant remplie en application de la loi française.
504- C’était d’ailleurs probablement le cas aussi dans l’arrêt du 3 novembre 1988 de la Cour
de cassation dont le texte ne mentionne aucunement que les subsides ont été attribués à l’en-
fant sur la demande de la mère.
171
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
505- KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.166.
506- Dans cette affaire, la Cour d’appel de Bensançon avait débouté la mère de sa demande
relative à une action en recherche de paternité en application de l’article 340 du Code civil
au motif qu’elle n’avait pas rapporter la preuve d’un concubinage notoire ou d’une séduction
à l’aide d’une promesse de mariage. Ces cas d’ouverture ont depuis été supprimés par la loi
n° 93-22 du 8 janvier 1993.
172
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
173
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
B- Analyse critique :
Les défendeurs de l’ordre public de proximité, tout en essayant de
banaliser l’impact de l’introduction de nouveaux critères posés par
la Haute juridiction pour l’intervention de la réserve d’ordre public
509- C.cass., 1ère ch.civ., 10 mai 2006, précité.
510- KHALID ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.168.
511- D.BODEN, thèse précitée, vol.II, p.794, n°752.
174
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
1. Les incidences causées par l’ordre public sélectif sur la règle de conflit posée
par l’article 311-14 :
Les décisions de 1993 et 2006 ont adopté une formule qui paraît
avoir profondément modifié les domaines d’intervention de l’excep-
tion d’ordre public512. Habituellement, ce dernier intervient chaque
fois que l’application de la loi étrangère compétente conformément à
la règle de conflit est considérée comme incompatible ou contraire à
l’ordre public international du for513.
Intégrer dans le jeu de celui-ci deux éléments censés traduire l’en-
racinement du cas dans l’ordre juridique du for c’est reconnaître d’une
manière indirecte que la règle de conflit édictée par l’article 311-14 du
Code civil désigne une loi qui n’entretient pas les attaches les plus
solides avec le litige. L’exception d’ordre public, dans ces conditions,
intervient non pas pour protéger des valeurs considérées comme fon-
damentales dans l’ordre juridique du for, mais intervient d’avantage
pour corriger un rattachement inadéquat514. Selon certains auteurs, il
s’agit d’une pure considération de l’inlandsbeziehung en tant qu’élément
déterminant le déclenchement de la réserve de l’ordre public en raison
175
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
176
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
177
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
527- Sur l’ensemble de la question, voir A.BENABENT, droit civil, la famille, litec 2003,
11ème édition, p. 445, n°696
528- P.MAYER et V.HEUZE, op.cit., p.153, n°209-1.
529- KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p. 171.
530- B. AUDIT, « le caractère fonctionnel de la règle de conflit (sur la « crise » des conflits
de lois), « rec. Cours. Acad. Dr. Inter. 1984-III, vol. 186, p. 229, spéc.p.348 et suiv.,aussi P.
LAGARDE, cours précité, p.110 et suiv.,F.JAULT-SESEKE, le regroupement familial en
droit comparé français et allemand, LGDJ 1996, p.348, n°705.
531- Y.LOUSSOUARN, communication précitée, p.44, de P. MAYER, V.HEUZE,
op.cit.,p.78, n°114, B.AUDIT, op.cit., n°105, p.82 et 83.
178
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
179
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
tous les éléments qui peuvent constituer un lien suffisant avec l’ordre
juridique du for536. Dés que l’une des trois lois en présence permet
l’établissement de la filiation de l’enfant, la question de l’exception
d’ordre public ne se posera pas. Il en va de même en ce qui concerne
le Code de droit international belge qui soumet dans son article 62,
l’établissement de la filiation paternelle à la loi du prétendu père537. Le
droit international privé portugais a suivi la même tendance. Ainsi,
celui-ci soumet l’établissement de la filiation à la loi personnelle de
son auteur538. Les réformes récentes du droit international privé espagnol
rattachent alternativement l’établissement de la paternité à la loi natio-
nale du père ou de la mère au moment de la naissance de l’enfant
et, à défaut, à la loi nationale de l’enfant ou à la loi de sa résidence
habituelle au moment de l’action539. En définitive, le Code du droit
international privé tunisien, dans son article 52, soumet l’établissement
de la filiation à la loi la plus favorable à l’enfant. Ainsi, celle-ci est sou-
mise d’une façon alternative à la loi nationale du prétendu père, à
la loi de son domicile, à la loi nationale de l’enfant ou à la loi de son
domicile540.
Les récentes codifications ont, comme on vient de le remarquer,
bien pris en compte la loi nationale du prétendu père dans la désigna-
tion de la loi applicable en matière d’établissement de la filiation. Ceci
exprime l’importance du prétendu père dans les actions en recherche
judiciaire de paternité ou il est considéré comme une partie prenante.
La doctrine française semble curieusement ignorer le prétendu père
et n’examine les liens avec l’ordre juridique du for que sous l’angle
536- P.HAMMJE, thèse précitée, p.358 et 359, n°627, N.JOUBERT, thèse précitée, p.165,
n°193. Cette dernière thèse dans la représentation qu’elle donne des droits allemands et fran-
çais, laisse apparaître un contraste sur lequel l’auteur attire trop peu l’attention : le même
critère (la prossession par le père de la nationalité du for) serait susceptible de constituer une
inlandsbeziehung propre à déclencher l’exception d’ordre public en Allemagne (p.165) mais
non en France (p.220-221 et 246). Il aurait été intéressant de mesurer l’ampleur réelle de ce
contraste et d’en entreprendre la justification, à supposer que cette dernière fût possible.
537- Pour le commentaire de cet article, voir M.FALLON et J.ERAUW, la nouvelle loi
sur le droit international privé belge, la loi du 16 juillet 2004, éditions kluwer 2004, p.146 et
suiv.
538- Voir le texte à la Rev.crit. DIP.1978, p.598, note R.MOURA RAMOS.
539- A. BORRAS et J.D.GONZALEZ CAMPO, « la loi nationale à l’heure de la réforme
du droit international privé espagnole », le droit international privé : esprits et méthodes,
mélanges en l’honneur de P.LAGARDE, op.cit., p.137, spéc. P.150.
540- Texte publié à la Rev. crit. DIP. 1999, p.388 et suiv.
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
552- KHALID ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.181.
553- C.cass.,1èrech.civ.,18 mai 2005 ;JCP.2005.II.10081,note Y.STRICKLER et
F.GRANET-LAMBRECHTS ; JCP.2005.II.10115, note C.CHABERT ; D.2005, p.274, ob-
servations Th.FOSSTER ; D.2005, p.1909, note V.EGEA ; Rev.crit.DIP.2005 C.cass., 1ère
ch.civ.,18 mai 2005, p.679, note D.BUREAU ; Clunet 2005, P.113, note C.CHALAS.
554- C .cass., 1ère ch.civ., 10 mars 1993, D.1993, p.361, note J.MASSIP ; JCP.1993.I3677,
et la chronique de CI.NEIRINCK et P.-M.MARTIN, « Un traité bien maltraité. A propos
de l’arrêt LEJEUNE », Rev.crit.DIP. 1993, p.449, note P.LAGARDE ; Rev.gén.dr.inter.
pub.1993, p.1051, note D.ALLAND ; Rev.trim.dr.civ.1993, p.341, note J.HAUSER ;
555- D.BUREAU, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 18 mai 2005, Rev.crit. DIP.2005, p.692.
556- En ce sens A.BRAUCSHWEIG et R.DE GOUTTES, « Note à propos des arrêts de
1993 de la première chambre civile de la Cour de cassation sur le Convention des Nations-
Unies relative aux droits de l’enfant », Gaz.pal.1995.2, p.878, spéc.p.879 ; F.MONEGER,
note sous C.cass., 1ère ch.civ., 10 mars 1993, Revue de droit Sanitaire et social 1993, p.533,
spec.535 ; A.SINAY-CYTERMANN, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 2 juin 1993
et C.A.DAOUAI 14 Avril 1992, Clunet 1994, p.991, spéc. P.998 ; M.-C.RONDEAU-RI-
VIER, « La convention des Nations sur les droits de l’enfant devant la Cour de cassation : un
traité hors jeu », D.1993, chronique LIV, p.203, spéc.204.
557- Et inversement. Pourquoi le droit d’un enfant français ou résidant en France à établir
sa filiation à l’égard de son frère ne dépasse pas « la mesure du possible ».
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
558- Le Monde du Vendredi 4 février 2005 ; Voir aussi Le monde du 25 juillet 2003 ; Libé-
ration du 7 mars 2005.
559- DOC.G.KANDEL, Affaire Bellakhdim/ Ijourk, Rapport d’expertise, février 2000, p.2 ;
Voir aussi Libération du 7 mars 2005.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
560- Tribunal de 1ère instance d’El-Jadida, jugement N°496/98 rendu le 20/03/2002, inédit.
561- C.A.EL-jadida, Chambre du statut personnel, dossier n°2/188/1, arrêt du 29/04/2003,
inédit. A notre connaissance, le texte de l’arrêt n’a pas été reproduit. Cependant, il a fait
l’objet d’un article du professeur F.P.Blanc intitulé « La présomption AL-Walad Li-L-firâs
et les tests ADN, la position du droit marocain (à propos de l’arrêt BELLAKHDIM contre
IJOUREK rendu par la Cour d’appel d’El jadida le 29 avril 2003) », in La Revue franco-
maghrébine de droit, Islam et droit, n° 12-2004, presses universitaires de perpignon, presses
de l’Université des sciences sociales à Toulouse.
562- Cour suprême marocaine, Assemblée plénière, arrêt du 30 décembre 2004, inédit à ce
jour, Voir M.ROUSSET, « Du refus d’admettre la preuve génétique de la filiation par la
Cour », La Gazette du Maroc (hebdomadaire marocain), n°408, 21 février 2005.
563- KHALID ZAHER, Conflit de civilisation et droit international privé, op.cit., p.79.
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
564- KHALID ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.80
565- Le nouveau Code marocain de la famille est entré en vigueur le 5 février 2004. Le texte en
langue arabe a été publié au journal Officiel du 5 février 2004, édition générale, n°5184, p.418.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
580- Ibid
581- M.KACHBOUR, « (char’h moudawanath al-usra, inh’ilal mithaq al-zawjia » (commen-
taire du Code de la famille, la dissolution du lien conjugal) op.cit., t.II, p.295 et 296 ; aussi,
A.CHAHBOUNE, op.cit., p.332.
582- Ibid., p.292.
583- Cour suprême marocaine, chambre du statut personnel et successoral, 5 juillet 1975,
Rev, juris.Cour sup., n° 23, p.34 et suiv.
584- M.KACHBOUR, « Char’h moudawanath al-usra, inh’ilal mithaq al-zawjia » (Commen-
taire du Code de la famille, la dissolution du lien conjugal), op.cit., t.II, p.276.
585- C’est ainsi qu’on les appelle dans les sociétés concernées.
586- M.KACHBOUR, Ibid.
191
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
587- KHALID ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.86.
588- Ibid.
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
589- Même si les deux époux étaient binationaux, le juge français, ne peut prendre en consi-
dération que la loi de l’ordre juridique dont il dépend, et ce en raison du principe de la
primauté de la nationalité du for. Il s’agit ici d’une solution constante en droit internatio-
nal privé français. Voir, C.cass., 1ère ch.civ, 17 juin 1968, Rev.crit. DIP.1969, p.59, note
H.BATTIFOL ; aussi, B.ANCEL et Y.LEQUETTE, Les grands arrêts de la jurisprudence
française de droit international privé, DALLOZ, 4ème éd., n°46.
590- M.BLANC estime, quant à lui, que l’époux aurait du demander l’application de l’article
27 alinéa 3 (relatif aux obligations alimentaires) de la Convention de 1981 aux termes du-
quel « lors de l’appréciation de la compétence territoriale du tribunal de l’Etat qui a rendu la
décision, l’autorité requise de l’autre Etat est liée par les constatations de fait sur lesquelles
le tribunal a fondé sa compétence ». Ce qui aurait pu faciliter l’exequatur de la décision ren-
due par le tribunal de Mulhouse, F.P.BLANC, article précité, p.256. Ce point de vue nous
parait discutable. Cette disposition s’applique aux obligations alimentaires qui découlent des
relations de famille et de parenté. Elle a pour objet de faciliter l’exequatur des jugements qui
accordent des aliments et non ceux qui ne les accordent pas. D’ailleurs, les deux premiers
alinéas du même article apportent un éclairage très intéressant. Aussi : la reconnaissance ou
l’exequatur d’une décision rendue dans un Etat ne peut être refusé par l’autre : « lorsque le
tribunal de l’Etat, qui a rendu la décision, s’est déclaré compétent parce que la résidence
habituelle, du créancier d’aliments se trouvait sur son territoire.
Lorsque le tribunal de l’Etat, qui a rendu la décision, a appliqué la loi de la résidence ha-
bituelle du créancier d’aliments ». Cette règle s’explique par la faveur à l’octroi d’aliments
et donc par le souci des négociations de faire respecter dans les deux pays les décisions de
justice relatives à l’octroi d’aliments (voir F.MONEGER, « La Convention franco-marocaine
du 10 Août 1981 relative au statut personnel et de la famille et à la coopération judiciaire »,
Rev.crit.DIP.1984, p.280.) Or, le jugement du tribunal de Mulhouse, s’appuyant sur les tests
ADN qui excluent la paternité de l’époux, a logiquement refusé d’octroyer des aliments. Il
n’existe donc pas de créancier d’aliments au sens de l’article 27 de la Convention. Ce dernier
n’était donc pas applicable comme l’estime M.BLANC.
591- Voir le texte de la Convention à la Rev.crit.DIP.1960, p.104.
193
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
par les juridictions de l’un des deux Etats « ont plein droit l’autorité
de la chose jugée sur le territoire de l’autre pays si elles réunissent les
conditions suivantes :
a. La décision émane d’une juridiction compétente selon les règles
de droit international privé admises dans le pays où la décision
est exécutée, sauf renonciation certaine de l’intéressé ;
b. Les parties ont été légalement citées, représentées ou déclarées
défaillantes ;
c. La décision est, d’après la loi du pays où elle a été rendue, passée
en force de chose jugée et susceptible d’exécution ;
d. La décision ne contient rien de contraire à l’ordre public du pays
où elle est invoquée ou aux principes de droit public applicables
dans ce pays ».
Comme nous venons de le remarquer, les trois premières conditions
étant incontestablement remplies, les juges marocains, à tout le moins,
auraient dû le vérifier. Or, les juges, à aucun moment du procès, n’ont
évoqué cette Convention. Et même la quatrième condition qui aurait
pu leur donner éventuellement la possibilité de ne pas reconnaître la
décision de la juridiction française est passée inaperçue. Ils ont par
contre opté de faire l’économie tout simplement de cette vérification
de la procédure d’exéquatur mentionnée par la Convention de 1957.
Dès lors, la question qui s’impose est la suivante : Si la Convention de
1981 a été écartée par les juridictions marocaines, pourquoi alors ont-
ils invoqué l’article 4 de cette même convention ? Déclencher la réserve
d’ordre public prévue par le dit article confirme l’applicabilité de la
Convention et la compétence de la loi française592. Comment pourrait-
on considérer des tests génétiques consacrés par le Code marocain
de la famille applicable au moment de l’arrêt de la Haute juridiction
marocaine contraires à la loi marocaine et à la tradition musulmane ?
Il faut admettre que c’est difficile à expliquer. En prenant cette décision,
la Cour suprême marocaine ne pouvait éviter la contradiction, et ce
à un double sens. Premièrement, la Haute juridiction en rejetant le
pourvoi, a refusé de casser l’arrêt rendu par la Cour d’appel d’El-
jadida qui avait écarté la Convention de 1981 au motif que l’affaire
est régie par la loi marocaine593. Par conséquent, la Cour suprême
592- M.ROUSSELT, « Du refus d’admettre, la preuve génétique de la filiation par la Cour »,
La Gazette du Maroc (hebdomadaire marocain), n°408, 21 janvier 2005.
593- KHALID ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, op.cit.,p.89.
194
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
597 -Sourates et versets relatifs aux orphelins : 2 :83, 177, 215, 220, 4 : 2, 3, 6, 8, 10, 36, 127,
6 : 152, 8 : 41, 17 :34, 59 : 7, 76 : 8, 89 : 17 – 20, 90 : 14 et 15, 93 : 6, 9 et 10 ; 107 : 1,3.
598 -MAHDI HASHEMI, précis de droit des personnes en Islam, paris, L’Harmattan, 2007,
p. 249
196
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
198
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
est considérée comme nulle et n’entraîne aucun des effets de la filiation lé-
gitime ». Il faut cependant noter l’existence de l’adoption informelle, bien
qu’elle soit cachée614. Selon un auteur, le problème est que l’adopté ne
dispose d’aucun statut juridique615.
La kafala a été finalement reconnue à l’occasion de la loi du 10
septembre 1993 sur l’enfance abandonnée616 et a été réorganisée par
la loi n°15-01 relative à la prise en charge des enfants abandonnés
(Loi de 2002)617. La kafala contractuelle, avant la loi de 1993, puisait
sa source dans le droit civil marocain, mais les autorités n’ont pas
reconnu officiellement le problème de l’enfance abandonnée618.
En droit marocain, on distingue deux types de kafala : la kafala
notariale et la kafala judiciaire. Aucun lien de filiation n’est créé et
aucun droit d’héritage engendré dans les deux cas. Le makfoul ne peut
avoir droit à l’héritage que par disposition testamentaire tanzil619.
Dans le premier cas de la kafala, le futur kefil obtient le consente-
ment des parents du makfoul devant un notaire, en revanche, dans le
deuxième cas, la kafala permet de recueillir les enfants déclarés par
jugement abandonnés ou négligés.
Le ministère public demande alors devant le tribunal une déclara-
tion officielle620. Parmi plusieurs étapes dans lesquelles le ministère
joue un rôle primordial, celle-ci est la première. Ensuite, le ministère
place l’enfant dans un établissement social ou auprès d’une personne
qui sera le kefil et qui aura préalablement été examiné par le ministère
en vue de s’assurer qu’elle est apte à prendre en charge le makfoul. Le
juge des tutelles, après ces vérifications et le dépôt de toutes les pièces
requises621, octroiera la kafala par jugement.
Conformément à la loi, le kefil doit être un homme ou une femme
ayant atteint l’âge de la majorité ou encore une association ou une
personne morale reconnue par les autorités publiques. Depuis la loi
de 2002, la kafala peut être accordée aussi bien à la femme mariée
614- Ibid, p. 81.
615- Dahir portant loi n°1-93-165 du 22 rabii I 1414 (10septembre 1993) relatif aux enfants
abandonnés.
616- Dahir n°1-02-239 du 3 octobre 2002.
617- JAMILA BARGACH, Orphans of Islam : family, abandonnent, and secret adoption in
morocco, lanham, Md., Rowman- Littlefield publishers, 2002, p. 34.
618-Article 315 du Code marocain de la famille.
619 -Article 315 du Code marocain de la famille.
620- Loi de 2002, article 4.
621- Attestations de salaire, extraits de casier judiciaire, certificats médicaux et certificats de
mariage si besoin.
199
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
200
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
627- JINI L.ROBY, « From rhetoric to best practice : children’s rights in inter- country
adoption » 27 Chilsd. Legal Rts. J.48 2007, p.58.
628 -Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer les paragraphes 3 et 12 du préambule.
629- L’article 21 se lit :
Les Etats parties qui admettent et/ou autorisent l’adoption s’assurent que l’intérêt supérieur
de l’enfant est la considération primordiale en la matière, et : a) Veillent à ce que l’adoption
d’un enfant ne soit autorisée que par les autorités compétentes, qui vérifient, conformément
à la loi et aux procédures applicables et sur la base de tous les renseignements fiables relatifs
au cas considéré, que l’adoption peut avoir lieu eu égard à la situation de l’enfant par rapport
à ses père et mère, parents et représentants légaux et que, le cas échéant, les personnes inté-
ressées ont donné leur consentement à l’adoption en connaissance de cause, après s’être en-
tourées des avis nécessaires ; b) Reconnaissent que l’adoption à l’étranger peut être envisagée
comme un autre moyen d’assurer les soins nécessaires à l’enfant, si celui-ci ne peut, dans son
pays d’origines, être placé dans une famille nourricière ou adoptive ou être convenablement
élevé ; c) Veillent, en cas d’adoption à l’étranger, à ce que l’enfant ait le bénéfice de garanties
et de normes équivalant à celles existant en cas d’adoption nationale ; d) Prennent toutes les
mesures appropriées pour veiller à ce que, en cas d’adoption à l’étranger, le placement de
l’enfant ne se traduise pas pr un profit matériel indu pour les personnes qui en sont respon-
sables ; e) Poursuivent les objectifs du présent article en concluant des arrangements ou des
accords bilatéraux ou multilatéraux, selon les cas, et s’efforcent dans ce cadre de veiller à ce
que les placements d’enfants à l’étranger soient effectués par des autorités ou des organes
compétents.
630- Le trafic d’enfants dans le contexte de l’adoption internationale n’est pas le sujet de la
présente étude, mais le lecteur pourra se référer à CHANTAL SACLIER, « Children and
adoptrion : which rights and whose ? » dans Nigel Cantwell, Intercountry Adoption, Unicef,
Innocenti Digest, décembre 1998, p.11-12.
201
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
631- Article 7 :
1. L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’ac-
quérir une nationalité, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être
élevé par ceux. [nos italiques]
2. Les Etats parties veillent à mettre ces droits en œuvre conformément à leur législation
nationale et aux obligations que leur imposent les instruments internationaux applicables en
la matière, en particulier dans les cas où faute de cela l’enfant se trouverait apatride.
Article 8 :
1. Les Etats parties s’engagent à respecter le droit de l’enfant de préserver son identité, y
compris sa nationalité, son nom et ses relations familiales, tels qu’ils sont reconnus par la loi,
sans ingérence illégale.
2. Si un enfant est illégalement privé des éléments constitutifs de son identité ou de certains
d’entre eux, les Etats parties doivent lui accorder une assistance et une protection appro-
priées, pour que son identité soit rétablie aussi rapidement que possible.
632-L’article 30 (2) subordonne l’accès aux lois de l’Etat.
633- GERALDINE VAN BUEREN, « Children s’access to adoption records- state discre-
tion or an enforceable international right ? » 1995, 58 Mod.L.Rev. 37, p.38, L’auteur fait une
liste impressionnante de discriminations dont les adoptés ont été victimes en accident.
202
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
634 -Discutés en détail dans MASOUD RAJABI – ARDESHIRI, « The rights of the Chid
in the Islamic Context : the Challengs of the local and the Global », 2009, 17 I nt’l j.Child.
Rts. 475.
635- MASOUD RAJABI – ARDESHIRI, op. cit., p.481 notamment en adoptant leur pro-
pre version musulmane de la déclaration universelle, la déclaration islamique universelle des
droits de l’homme (1981), puis la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam
(1990), très critiquée parce que reconnaissant la chariâa comme unique source de droits
humains.
636 -Adoptée en vertu de la Résolution des Nations Unies n°217 (III) du 10 décembre 1948.
637- Adoptée par l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) lors du 7è Sommet isla-
mique tenu à Casablanca (Maroc), du 13 au 15 décembre 1994.
638-Adopté lors de 32ème Conférence des ministres des Affaires étrangères, à Sanaa, Répu-
blique du Yémen, juin 2005.
639 -Adoptée à l’issue de la première conférence islamique des ministres chargés de l’en-
fance, à Rabat, Royaume du Maroc, 7 au 9 novembre 2005.
640 -Par exemple : l’apostasie d’un musulman est prohibée, l’enfant doit grandir le plus pos-
sible dans la religion islamique, l’adoption est prohibée, la priorité est accordée au père dans
la vie de l’enfant.
203
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
204
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
l’autre. Pourtant, aucun pays musulman à part le Maroc (où elle est
entrée en vigueur le 1er décembre 2010) n’a ratifié cette convention.
A- L’adoption plénière :
L’adoption plénière est créée en 1966. Elle est soumise aux dispo-
sitions des articles 343 à 359 du Code Civil et ne s’applique qu’à des
enfants de moins de 15 ans accueillis au foyer des adoptants depuis 6
mois au moins645. A l’exception des hypothèses où elle concerne l’enfant
du conjoint, elle suppose une rupture complète des liens de filiation
préexistants646. La filiation adoptive se substitue à la filiation biologi-
que en ce sens qu’elle est irrévocable647. Dans sa famille de substitution,
l’adopté joint des droits et obligations identiques à ceux d’un enfant
légitime648 et porte le nom de son adoptant649. Dans les mêmes condi-
tions qu’un enfant légitime ou naturel, il peut acquérir la nationalité
française.
205
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
B- L’adoption simple :
L’adoption simple est régie par les dispositions des articles 360 à
370 – 2 du Code civil. Ces articles fixent les mêmes conditions d’âge
que l’adoption plénière concernant les adoptions650, mais ne fixe pas
de conditions d’âge en ce qui concerne l’adopté651. En matière d’adoption
simple, les liens de filiation préexistants ne sont pas rompus et l’adopté
conserve dans sa famille d’origine ses droits successoraux652 et alimen-
taires653. Elle n’implique pas non plus l’acquisition automatique de la
nationalité française654. L’adopté maintiendra son nom d’origine bien
qu’il lui sera accolé en plus de celui de son adoptant655. Cependant, les
adoptants détiendront entièrement l’autorité parentale656.
Il convient de préciser que dans les deux cas, l’adoption n’est pos-
sible que si elle jugée conforme à l’intérêt de l’enfant657. Les adoptants
peuvent être des époux mariés depuis deux ans ou âgés l’un et l’autre
de plus de 28 ans ou encore des personnes seules âgées de plus de 28
ans658. La différence d’âge, sauf exception, doit être de 15 ans entre
l’adoptant et l’adopté659. Les candidats doivent être munis d’un agré-
ment pour adopter660, à moins que le juge en décide autrement661.
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
207
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
666 -Cass.civ., 1ère ch. civ., 10 mai 1995 (Franthou) , Rev. crit.D.I.P. 1995, p.547.
667 -Cass.civ. 1ère ch., 16 décembre 1977, Rev. crit. D.I.P. 1998, p.433.
668 -Cass.civ.1ère ch., 1 juillet 1997, Defrénois 1998, p.187.
669 -H.FULCHIRON, « adoption sur kafala ne vaut », Dalloz, 2007, chr., p.816-821.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
Librairie Droz, 1996, p.47 et FANNY VASSEUR LAMBRY, « Le statut du mineur ma-
ghrébin en France », dans JACQUELINE POUSSON-PETIT, dir, les droits maghrébins à
l’épreuve du droit français, Paris, L’Harmattan, 2009, p.379.
675- La tutelle française est accordée à une seule personne et non à un couple, contrairement
à la kafala qui peut, dans certains cas, être accordée aux couples. De plus, selon l’auteur,
c’est surtout la protection des biens du mineur qui est visée par la tutelle française, plus que
sa personne : MARIE – CHRISTINE LE BOURSICOT, « La kafala ou recueil légal des
mineurs en droit musulman : une adoption sans filiation » 59, Revue internationale interdis-
ciplinaire 280, 2010, p.275.`
676- Ibid
677 -HORATIA MUIR WATT, Professeur à l’université paris I panthéon Sorbonne, Allo-
cution, Extraits de la cinquième table ronde : Le jugement d’adoption : interactions des droits
nationaux, panorama des points fondamentaux présentée à pris, 26 mars 2004, p.10.
678 -Les décisions que nous citons sont loin de constituer une liste exhaustive, celle-ci serait
beaucoup trop longue.
679 -JEAN TUGAULT – LAFLEUR, « Analyse comparative des conceptions de l’enfant
et des institutions de l’adoption dans le monde arabo – musulman et en occident : une récon-
ciliation est – elle possible ? » mémoire de maîtrise en droit, université de Montréal, février
2011, p.140.
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696- L’Algérie et la France ont signé l’Entente bilatérale du 27 décembre 1968 relatif à la
circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles
modifiée par le protocole additionnel du 11 juillet 2001. Cette entente fait en sorte que l’en-
fant recueilli par kafala prononcée par un juge algérien peut bénéficier du regroupement
familial.
697- France, médiateur de la république, rapport annuel 2009 (par JEAN PAUL DELE-
VOYE), op. cit. ; PAUL DELEVOYE, « Droits de l’enfant : encore des progrès à accomplir »
journal du médiateur de la république. op. cit., p.1.
698 -Sauf pour l’Algérie.
699 -France, Défenseure des droits de l’enfant, rapport au comité des droits de l’enfant des
nations unies 2008, rapport présenté par CLAIRE BRISSET, p. 47 et 48.
214
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
215
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
biologique, mais les faits doivent mener à conclure que l’enfant a été
intégré véritablement dans la société française. D’après la Cour, l’acte
de kafala ne prouve pas cette intégration, il doit être appuyé par des
faits. La période étalée sur plus de cinq ans n’est pas suffisante à remplir
les conditions fixées par l’article 21-12 du Code civil705.
Quant aux allocations familiales concernant les familles étrangères,
elles sont soumises à un double contrôle. Le premier est relatif à la
régularité du séjour du demandeur étranger et le deuxième concerne
la régularité de l’entrée et du séjour du mineur706. Une liste limitative
des justificatifs devant être produits afin d’attester de cette régularité
est également prévue par le Code. Le regroupement familial est l’une
des sept situations permettant de bénéficier de ces prestations707. Or
celui-ci est refusé à l’enfant recueilli en kafala, ce qui prive le demandeur
de recevoir l’allocation, malgré le fait que ce dernier réside légalement
en France. Dans son rapport d’activité 2009, la Défenseur des droits
de l’enfant souligne que la Haute Autorité de lutte contre les discri-
minations et pour l’Egalité (H.A.L.D.E) a jugé que cette disposition
est contraire à la convention de sauvegarde des droits de l’homme et
des libertés fondamentales (articles 8 et 14) et à la C.D.E en ce sens
que seule la régularité de l’entrée en France du demandeur devrait
être prise en considération à l’exclusion de la régularité du séjour du
mineur708.
La législation française est assez complexe et le traitement de la
kafala n’y est pas forcément enviable. La question continue toujours
a être débattue, même après l’adoption de la loi de 2001, par les parle-
mentaires français. Avant la réforme de 2005709 et durant les travaux
parlementaires, la question a été soulevée à nouveau et des amendements
216
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
710 -Un auteur rapporte quelques propos très critiques sur la dite loi : voir FANNY VAS-
SEUR LAMBRY, « Le statut du mineur maghrébin en France », sous la direction de JA-
QUELINE POUSSON – petit, les droits maghrébins à l’épreuve du droit français, paris,
l’Harmattan, 2009, p.372.
711 -Des amendements ont été proposés par ALAIN MILON ET JEAN – RENE LE-
CERF de l’Union pour le mouvement populaire en juin 2006 et par PATRICIA ADAM du
parti socialiste en janvier 2007.
712 -JAQUELINE RUBELLIN – DEVICHI, « Réflexions sur le devenir de l’adoption
internationale, 2 Informations sociales n°146, 2008, p.44.
217
Titre Deuxième
Les conflits de lois relatifs à la répudiation
et aux nouveaux modes de dissolution de
mariage
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après la réforme de 1993, sur les directives d’une circulaire du ministère de la justice, qui leur
avait permis de procéder à la tentative, le nouveau Code prévoit que les discussions ont lieu
en chambre de conseil. Cette dernière exige exclut tout autre lieu, notamment les locaux des
services consulaires. Pratiquement, elle se traduit par l’obligation de la saisine d’un tribunal.
Ensuite, concernant les parties, un débat contradictoire ne peut avoir lieu, en dehors d’une
procédure écrite, en l’absence des intéressés. Car la tentative de réconciliation n’est pas une
simple formalité. Le tribunal, précise l’article 82, « doit prendre toutes dispositions utiles, y
compris la désignation des deux arbitres, d’un conseil de famille ou de quiconque qu’il esti-
mait qualifié, pour tenter de réconcilier les deux conjoints ».
La tentative de réconciliation a pour objectifs :
D’abord, de faire revenir, dans la mesure du possible, le mari sur sa demande ;
Ensuite, de parvenir à établir le degré d’abus dans l’exercice de ce droit. Cette vérification est
nécessaire pour déterminer le montant du don de consolation.
Enfin, de permettre à la femme de défendre ses intérêts, face aux allégations du mari.
Ces objectifs ne peuvent être atteints que par la présence des intéressés en personne devant
le juge ».
Affirmer que la présence devant le juge est obligatoire, c’est oublier que la circulaire n°13/2
du 15/04/2004 du Ministère de la justice permet au tribunal, dans un souci de simplification,
de charger les services consulaires les plus proches du domicile des deux époux à l’étranger
d’effectuer la tentative de conciliation. Voir sur cette question, « Al-thaqrir al-Khithami ‘an
al-ayam al-dirassiya al-lathi nadamathha wizarath al-‘adl lilichkaliyath al-‘amaliya fi majal
qadaê al-usra wa al-huloul al-moulaîmalaha » (Le rapport final des journées d’études organi-
sées par le Ministère de la justice concernant les problèmes pratiques ainsi que les solutions
correspondantes dans le domaine de la justice de la famille), op.cit., p.55.
739- En ce sens, F.SAREHANE, ibid, p.52.
740- Marie Claude Najm, « Le sort des répudiations musulmanes dans l’ordre juridique fran-
çais. Droit et idéologie (S) », Droit et cultures (en ligne), 59/2010-1, mis en ligne le 06 juillet
2010, URL :http://droit cultures.revues.org/2070,p.27, (consulté le 30 mars 2013) .
741- Voir « Dalil’amali limoudawanath al-usra » (guide pratique du Code de la famille), pu-
blications du Ministère de la justice, Matba’ath fadala », 2ème édition, 2006, p.63.
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750- Voir Le Code de la famille à l’épreuve de la pratique judiciaire, sous la dir. de A. EL-
Hajjami, Marrakech, Service de coopération et d’Action culturelle. Ambassade de France
au Maroc, 2009.
751- T.P.I. de Khénifra, 12 mars 2007, dossier 2007/138, Ministère de la justice, choix de juris-
prudence relative à l’application du Code de la famille (publié en arabe), T.I., p.172 et 173.
752- Pour un aperçu nuancé de la réforme de la Moudawana, du point de vue européen, voir
A.Quinones ESCAMEZ, « La réception du nouveau Code de la famille marocain (Mou-
dawana 2004) en Europe », Rivista di diritto internazionale privato e processuale, septembre
2004, p.877-900 voir également l’ouvrage de référence sur le Code marocain de la famille
et ses implications en Europe J.-Y. Carlier et M.-Cl.FOBLETS, Le Code marocain de la
famille, Incidences au regard du droit international privé en Europe, Bruxelles, Bruylant,
2005. Voir aussi l’excellent état des lieux réalisé par M.Traset, « La réception du droit maro-
cain de la famille dans la jurisprudence belge, en particulier le mariage, sa dissolution et la
contestation de paternité », J.T., n°6402, 2010, p.445-453.
230
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766- Cour d’appel d’Oujda, 7 mai 2008, arrêt n° 346, dossier n°63/08, inédit.
767- CAROLINE HENRICOT, l’application du Code marocain de la famille, à la croisée
des jurisprudences belge et marocaine en matière de dissolution du mariage, Etudes et Essais
du Centre Jaques Berques, E&E, n°3n 2011, p.8.
768- K.BERJAOUI et F.RHISSASSI, « Femmes, droit de la famille et système judiciaire
dans les Etats du Maghreb : l’exemple du Maroc », in Femmes, droit de la famille et système
judiciaire en Algérie, au Maroc et en Tunisie, Rabat, UNESCO, 2010, p.79.
769- T.P.I. de Kenitra, 28 décembre 2010, n°2529, dossier n° 2486/10 inédit : « le tribunal
a, au fond prononcé le divorce entre la demanderesse (…) et son époux, le défendeur (…),
divorce simple, irrévocable, pour discorde, en donnant acte de son désistement, elle, de tous
les droits qui lui sont dus, lui découlant du divorce ».
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
773 - C.cass, 1ére ch. civ., 3 novembre 1983, Rev. crit. DIP. 1984, p.325, 1ère espèce, note
I.FADLALLAH. Clunet 1984, p.329, note PH.KAHN ; Grands arrêts DIP., n°63.
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
778- M.FARGE , Le statut familial des étrangers en France : de la loi nationale à la loi de
résidence habituelle, L’Harmattan, 2003, n° 594, p.540.
779 - KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, L’Harmattan,
2009, p.211.
780 - C.A. Versailles, 4ème ch., 9 octobre 1989, D.199 Somm.comm., p.99, note J.-C.GROS-
LIERE.
781 - KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit internationale privé, op. cit., p.213.
238
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
782 - B.ANCEL et Y.LEQUETTE, Grands arrêts DIP. p.587 ; F.MONEGER, « vers la fin
de la reconnaissance des répudiations musulmanes par le juge français », Clunet 1992, p.347,
spéc. p.354.
783 -Comparez P.COURBE, note sous C. cass., 1ére ch.civ., 16 juillet 1992. Rev. crit.
DIP.1993, p.269, spéc. p.274.
784 - B.ANCEL et Y. LEQUETTE, Grands arrêts DIP., p.587.
785 -F.MONEGER, « vers la fin de la reconnaissance des répudiations musulmanes par le
juge français » Clunet 1992, p.348.
786- C. A. Versailles, 14éme ch., 9 octobre 1989, précité.
239
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
A- Un argument fragile :
D’après MM.MAYER et HEUZE, « ce qui constitue la fraude au
jugement, c’est le fait d’aller plaider à l’étranger dans le but principal
d’invoquer le jugement dans le pays où l’on vit, qui aurait refusé de le
prononcer si ses juges avaient été saisis directement ; la fraude consiste
dans le fait de chercher à obtenir indirectement ce que l’on n’aurait
pas obtenu directement »788 . En d’autres termes, l’exception de fraude
au jugement consiste à « invoquer en France un jugement étranger
apparemment régulier mais obtenu uniquement en vue de son effi-
cacité en France alors que le juge français directement saisi, n’aurait
pas apporté la même solution »789. Conformément à cette définition,
serait considéré comme frauduleux tout jugement étranger ayant ho-
mologué une répudiation dans la mesure où il est obtenu dans le seul
but d’être reconnu par le juge français alors que la solution qu’aurait
consacré celui-ci aurait été totalement différente : une répudiation
unilatérale ne pourrait être homologuée par aucun juge français790.
Dans un arrêt rendu par la Cour de cassation le 1er mars 1988791,
celle-ci a donné à la notion de fraude au jugement tout son éclat. Cet
arrêt est relatif à un litige qui opposait un couple algérien séparé de
fait depuis quelques années. L’épouse forme une action en contribution
240
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
792 - C. cass., 1ére ch.civ., 6 juin 1990, D.1990, Somm. comm., p.264, observations B.AUDIT.
Rev. crit. DIP. 1991, p.593, note P.COURBE.
793 - Il faut noter ici que la Cour de cassation utilise l’adjectif « facultative » lorsqu’elle parle
de la compétence des juridictions marocaines. Cet emploi n’est pas innocent puisqu’il laisse
entendre que celle des juridictions françaises est impérative. Or. Cette hiérarchie entre les
deux compétences n’a aucun fondement. Le texte même de la convention le confirme.
794-M.-L. NIBOYET, « Regards français sur la reconnaissance en France des répudiations
musulmanes », Rev.int.dr.comp., 2006, p.27.
795- La répudiation peut aussi avoir pour objectif de court-circuiter une procédure en cours
devant une juridiction française dont l’issue pourrait être la condamnation du mari à contri-
buer aux charges du mariage.
241
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
divorce au motif que l’époux l’a présenté dans le seul but d’échapper
aux conséquences d’une décision le condamnant à contribuer aux
charges du mariage. Pourquoi, dés alors, une situation banale dans
les relations internes deviendrait-elle inacceptable dans les relations
internationales ? »796. Cette déclaration illustre, à elle seule, la fragilité
de l’argument avancé par la Haute juridiction797. Deuxièmement,
recourir à la réserve de fraude au jugement pour rejeter une répudiation
prononcée à l’étranger aboutit à vider les conventions bilatérales qui
engagent l’Etat français798. Ainsi, la Convention franco-marocaine du
9 octobre 1957 qui précise les conditions de reconnaissance et d’exé-
cution des décisions prononcées dans l’un des Etats signataires se
réfère pour l’appréciation de la compétence indirecte (article 16, a)
aux « règles de droit international privé admises dans le pays où la
décision est exécutée ». Or, en ce qui concerne les rapports franco-
marocains, ces règles sont posées par l’article 11 de la Convention
franco-marocaine qui prévoit une compétence concurrente des juri-
dictions du domicile des époux et de celles de l’Etat dont ils portent
la nationalité799. Il ressort de ce qui précède que le système mis en
place par la Convention franco-marocaine de 1981 pose une véritable
option légale qui permet à l’époux marocain de saisir aussi bien le
tribunal français de son domicile que le tribunal marocain en vue de
mettre fin au lien matrimonial sans pouvoir lui reprocher de saisir un
tribunal incompétent800. L’on ne peut, dés lors, reprocher à l’époux
796- P.COURBE, note sous C. cass., 1ére ch.civ ., 6 juin 1990, Rev. crit. DIP. 1991, p.599.
797 - Voir en dernier lieu, C.cass., 1ére ch. civ., 28 mars 2006, Bull. civ. 2006, n°3, p.155.
Mlle GANNAGÉ fait remarquer à ce propos que « s’il cherche de toute évidence à échapper
au paiement d’une contribution aux charges du mariage, ou à obtenir un divorce dans des
formes qui l’avantagent considérablement, il peut dans le même temps manifester sa préfé-
rence pour ses juges nationaux, juges naturels en quelque sorte. Ce recours au juge national
est d’autant plus significatif pour un plaideur de confession musulmane que, généralement,
c’est une juridiction religieuse appliquant le droit musulman qui sera compétente pour tran-
cher les litiges relatifs au statut personnel. », op. cit., n°300, p.208.
798 - P.LAGARDE, « Les répudiations étrangères devant le juge français et les traces du
passé colonial » , in Privatrecht in Europe, Mélange en l’honneur de HANS JÜRGEN
SONNEBERGER, VERLAG C.H. BECH MÜNCHEN, 2004, p.481, spéc., p.491.
799 - En vertu de l’article 11, alinéa 1, sont considérées comme compétentes « les juridic-
tions de celui des deux Etats sur le territoire du quel les époux ont leur domicile commun
ou avaient leur dernier domicile commun ». L’alinéa 2 du même article pose, quant à lui, la
compétence des juridictions de l’Etat dont les deux époux ont la nationalité.
800 - Voir cependant contra, E.CORNUT, théorie critique de la fraude à la loi, Etude de
droit international privé de la famille, Defrénois, 2006, collection des thèses, préface de
H.FULCHIRON, n°754, p.414. L’auteur semble admettre qu’il n’y a aucun obstacle au jeu
de l’exception de fraude au jugement contre les répudiations marocaines malgré les disposi-
tions de l’article 11, alinéa 2, de la Convention franco-marocaine du 10 août 1981.
242
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
de profiter d’une option légale posée par le système mis en place par
une convention bilatérale en saisissant le tribunal qui satisfait mieux
ses attentes801 comme le fait remarquer à juste titre M.AUDIT, « le
recours aux autorités et à la loi marocaine n’est nullement artificiel :
l’on n’est pas en présence d’un « faux conflit » créé et exploité pour évin-
cer une loi manifestement plus compétente, mais d’un « vrai conflit »
dans lequel les deux lois en présence ont des titres raisonnables à
s’appliquer »802. Certaines juridictions de fond se sont d’ailleurs ralliés à
cette position raisonnable en ce sens que la Cour d’appel de Versailles,
dans un arrêt rendu le 9 Octobre 1989803, a jugé qu’il « ne peut vala-
blement être fait grief à un époux de nationalité marocaine d’avoir
commis une « fraude au jugement » en choisissant la juridiction
marocaine plutôt que la juridiction française dès lors que la Conven-
tion franco-marocaine fait échec aux dispositions de l’article 1070 du
NCPC »804.
Convaincus des problèmes qui peuvent être entrainés par l’utilisation
de la réserve de fraude au jugement, certains auteurs ont suggéré de
limiter la mise en œuvre de celle-ci seulement aux litiges dans lesquels
une procédure aurait été introduite antérieurement devant une juri-
diction française.
801- Voir les remarques de D.ALEXANDRE dans son étude « La protection de l’épouse
contre la répudiation », in le droit de la famille à l’épreuve des migrations transnationales,
LGDJ 1993, p.125, spéc. p.140 : « l’on ne voit pas comment pourrait être considéré comme
frauduleux le fait de profiter des facilités offertes par la jurisprudence ou par les conventions
en matière de reconnaissance et d’exécution des décisions étrangers, car cela constituerait
une véritable remise en cause des règles de compétence ».
802- B.AUDIT. observations sous C.cass., 1ère ch.civ., 6 juin 1990, précité, D.1990. Somm.
Comm., p.265.
803- C.A.Versailles, 9 octobre 1989, D.1990, Somm.comm, p.99, observations B.AUDIT.
804- Voir dans ce sens R.EL-HUSSEINI-BEGDACHE, op.cit., n°382, p.192.
243
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
805- M.-L.NIBOYET-HOEGY, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 8 décembre 1987 et 6 Juillet
1988, Rev.crit.DIP.1989, p.733, spéc.740 ; aussi, J.DEPREZ, note sous C.cass., 1ère ch.civ.,
4 mai 1994 et 1er Juin 1994, précitée, Rev.crit.DIP.1995, p.114.
806- Voir F.MONEGER, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 6 Juillet 1988, Clunet 1989, p.63,
spéc.65.
807- B.ANCEL et Y.LEQUETTE, Grands arrêts DIP., p.584.
808- En vertu de cet article, « si une action judiciaire a été introduite devant une juridiction
de l’un des deux Etats et si une nouvelle action entre les mêmes parties et ayant le même objet
est portée devant le tribunal de l’autre Etat, la juridiction saisie en second lieu doit surseoir
à statuer.
809- C.cass.1ère ch.civ., 31 janvier 1995, Rev.crit.DIP, 1995, p.569, note J.DEPREZ ; Clu-
net 1995, p.343, note ph.KHAN.
810- KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.219.
244
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
245
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
815- Voir cependant contra, B.ANCEL et Y.LEQUETTE, Grands arrêts DIP., 4ème édi-
tion, n°64, p.593, spéc.p.605.
816- L.GANNAGE, La hiérarchie des normes et les méthodes de droit international privé,
étude de droit international privé de la famille, LGDJ 2001, n°313, p.218 et 219 ; voir aussi
F.MONEGER, « La Convention franco-marocaine du 10 Août 1981 relative au statut per-
sonnel et de la famille et à la coopération judiciaire », Rev.crit.DIP.1984, p.270.
817- L.GANNAGE, op.cit., n°318, p.224.
818- Khalid ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.222.
246
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
819- Ibid.
820- Cette disposition exige parmi les conditions de l’exequatur que « les parties [aient ] été
légalement citées, représentées ou déclarées défaillantes ».
821-Ibid.
822- F.MONEGER, « La Convention franco-marocaine du 10 aout 1981… », Étude préci-
tée, Rev.crit.DIP.1984, p.270.
823- Khalid ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.223 et 224.
824- Voir cependant contra, B.ANCEL et Y.LEQUETTE, Grands arrêts DIP., 4ème édi-
tion, n° 64, p.593, spéc.p. 605. Les deux auteurs estiment qu’en « invoquant en sus le principe
d’égalité des époux, la haute juridiction entend marquer que la répudiation même assortie
de garanties pécuniaires sérieuses et qu’elle aurait été précédée d’une procédure à laquelle la
femme aurait été entendue , ne saurait recevoir effet en France ». Cette lecture est contredite
par l’attendu même de l’arrêt de la Cour de cassation. D’abord, à aucun moment la Haute
247
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
juridiction ne laisse entendre que des compensations financières sérieuses n’étaient pas de
nature à tempérer ce mode de dissolution du mariage unilatéral et discrétionnaire. Ensuite,
après avoir rappelé que les actes constatant la dissolution du mariage au Maroc ne produisent
effet en France que si le défendeur a été légalement cité ou représenté, la Cour de cassation
reproche aux juges du fond d’avoir accueilli une « répudiation intervenue en cours d’instance
au Maroc hors la présence de l’épouse non appelée à la procédure ». Ce qui laisse entendre
que dans le cas contraire, la solution aurait été différente. D’ailleurs cette interprétation a été
confortée par la Cour régulatrice dans les arrêts qui ont suivi celui en date du 1er juin 1994.
Ainsi dans sa décision du 31 Janvier 1995 (Rev.crit.DIP.1995, p.569, note J.DEPREZ,
Clunet 1995, p.343, note Ph.KAHN), les hauts magistrats précisent qu’un « acte de répudia-
tion rendu non contradictoirement n’était pas succesible d’être reconnu en France ». Il en va
de même de l’arrêt du 19 décembre 1995 (Rev.crit.DIP.1996, p.784), à l’occasion duquel la
Cour de cassation annonce « qu’en l’absence de débats contradictoires, l’acte de répudiation
(…) est manifestement incompatible avec l’ordre public français ».
825- P.HAMMJE, « Droits fondamentaux et ordre public », Rev.crit.DIP.1997, p.1,
spéc.p.22.
826- J.MASSIP, note sous C.cass., 1ère ch.civ., 1er juin 1994, précité, D.1995, p.263 ;
B.ANCEL et Y.LEQUETTE, Grands arrêts DIP., p.587.
827- C.cass., 1ère ch.civ., 11mars 1997, D.1997, p.400, note M.-L.NIBOYET ; JCP.
1998.I.101, n°3, observations H.FULCHIRON.
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841 - C. cass. 1ère ch.civ., 3 juillet 2001, Rev. crit. DIP. 2001, p. 704, note L. GANNAGE ;
voir la chronique de M. FARGE, « Les répudiations musulmanes : Le glas de l’ordre public
fondé sur l’égalité des sexes », DR. Fam., juillet-août 2002, p. 13.
842- H. FULCHIRON, « Droits fondamentaux et règles de droit international privé : conflits
de droits, conflits de logiques ? L’exemple de l’égalité et responsabilité des époux au regard
du mariage, durant le mariage, et lors de sa dissolution », in le droit au respect de la vie fa-
miliale au sens de la convention européenne des droits de l’homme, sous la direction de F.
SURDE, Nemessis-Bruylant 2002, Bruxelles p. 353, spèc. p. 360.
843- C.cass., 1ère ch.civ., 17 février 2004, Rev.crit.DIP. 2004, p. 423, note P.HAMMJE ;
Defrénois 2004, 812, note J. MASSIP ; Clunet 2002, p.1200, note L.GANNAGE.
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L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
845- KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.236 et
suiv.
846- F.SAREHANE, « La répudiation, quels obstacles pour les marocains résidant en Fran-
ce ? », Rev.int.dr.comp.2006,p.47.
847- A. DEVERS, « Le divorce d’époux marocains ou franco-marocains », Droit de la fa-
mille, 2006, p.8
848- Voir le texte de cette convention à la Rev.crit.DIP. 1965, p.784
254
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
les décisions rendues dans les juridictions de l’un des deux états ont
autorité de chose jugée sur le territoire de l’autre Etat de plein droit
si « la décision émane d’une juridiction compétente selon les règles
concernant les conflits de compétence admises dans l’Etat ou la déci-
sion doit être exécuté », ces règles ne découlent pas de la bilatéralisa-
tion des règles de compétence internationale directe849 mais de l’arrêt
simitch850.
Conformément à cet arrêt, la compétence indirecte de la juridic-
tion étrangère ayant homologué un acte de répudiation devrait être
établi chaque fois qu’existe un rapport caractérisé entre la juridiction
étrangère et le litige851. Or, en matière de statut personnel, la natio-
nalité est un critère objectif notamment dans les Etats qui soumettent
cette dernière catégorie à la loi nationale852 et ce en raison du lien
qui rattache les individus à l’Etat dont ils sont ressortissants853. Les
deux époux avaient la nationalité algérienne, le juge algérien était par
conséquent compétent854.
La Haute juridiction, de manière surprenante, se réfère à l’arti-
cle 1070 du NCPC pour dénoncer la compétente de la juridiction
algérienne. Aux termes du premier alinéa de cet article, la juridiction
compétente est celle du lieu ou se trouve la résidence des époux. Par
un arrêt rendu le 28 mars 2006855, la Haute juridiction ferme la paren-
thèse ouverte à l’occasion de l’un des arrêts du 17 février 2004 pour
adopter la solution traditionnelle posée par l’arrêt Smitch856. L’impor-
tance de cette nouvelle solution réside dans le fait qu’elle a été rendue
en application de la Convention franco-algérienne du 27 août 1964.
849- P. MAYER et V. HEUZE, op. cit., n°373, p.269 et 270 ; B.AUDIT, op.cit., n°469, p.377
850- C. cass., 1ère ch.civ., 6 février 1985, précité.
851- H.MUIR WATT, « pour l’accueil de l’estoppel en droit privé français », in l’internatio-
nalisation du droit, mélanges en l’honneur de YVON LOUSSOUARN, DALLOZ 1994,
p.303, spéc.306 « comment par exemple, reprocher à des époux étrangers domiciliés en
France d’avoir saisi leur juge national commun (ou celui de l’un d’entre eux) d’une demande
en divorce, même s’ils entendent se prévaloir par la suite d’une décision que n’auraient pas
rendue les juridictions française, sans condamner la nationalité (et l’article 14) comme critère
de compétence indirecte ? »
852- G.DROZ, « réflexions pour une réforme des articles 14 et 15 du Code civil », Rev.crit.
DIP. 1975, p.1, spéc.p.7 ; voir aussi, R.EL-HUSSEINI-BEGDACHE, op.cit., n°380, p.192
853- PH. FRANCESCAKIS, « Le contrôle de la compétence du juge étranger après l’arrêt
« simitch de la Cour de cassation », Rev. crit.DIP.1985, p.243, spéc.p.264
854- KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit.,p.238.
855- C. cass., 1ère ch.civ., 28 mars 2006, Bull.civ.mars 2006, n°177, p.155.
856- KHALID ZAHER, conflit de civilisations et droit international privé, op.cit., p.239 et
suiv.
255
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
droits consacrés par cette dernière doivent être garantis pour toutes
les personnes relevant des juridictions françaises (article premier)875.
Si la juridiction française est compétente pour vérifier la régularité
d’une décision étrangère constant une répudiation, c’est que l’épouse-
sinon les deux époux- relève bien d’une juridiction française. Par
conséquent, quel que soit le lieu où se situe le domicile au moment
de l’homologation de la répudiation, le principe de l’égalité des époux
consacré par l’article 5 du protocole n°7 doit être garanti876.
Aussi, en déclarant que « même si elle résultait d’une procédure
loyale et contradictoire, [la]décision constant une répudiation unila-
térale du mari sans donner d’effet juridique à l’opposition éventuelle
de la femme et en privant l’autorité compétente de tout pouvoir autre
que celui de ménager les conséquences financières de cette rupture
du lien matrimonial, était contraire au principe d’égalité des époux
lors de la dissolution du mariage reconnu par l’article 5 du protocole
du 22 novembre 1984, n°7 additionnel à la Convention européenne
des droits de l’homme que la France s’est engagée à garantir à toute
personne relevant de sa juridiction, et donc à l’ordre public interna-
tional », la Haute juridiction affirme que, ni une compensation finan-
cière élevée, ni le respect des droits de la défense ne pourraient rendre
la répudiation étrangère compatible avec l’ordre public international
français877. Pourtant, dans la quatrième décision, la cassation a eu lieu
au motif que l’acte homologuant la répudiation ne peut produire effet
en France que si la partie défenderesse a été largement citée ou repré-
sentée et si elles sont passées en force de choses jugées et susceptibles
d’exécutions or les deux déclarations témoignent d’un manque de fer-
meté dans la position des hauts magistrats.
Si la Cour de cassation estime que la répudiation ne respecte pas le
principe de l’égalité des époux et, par conséquent incompatible avec
l’ordre public international français, il n’est pas important alors que
259
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
878- M.-C.NAJM, note sous C.cass., 1ère ch.civ. 3 janvier 2006, Rev.crit.DIP.2006, p.627,
spéc.641.
879- M.KACHBOUR, H.FATHOUKH et Y.AL-ZOUHRI, « AL-thatliq bissabab al-chi-
qaq fi moudawanath al-usra » (Le divorce pour discorde dans le Code de la famille), Mat-
ba’ath al-naja’h al-jadida, Casablanca, 2006, p.50.
260
Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
880- Le juge devrait procéder à deux tentatives de conciliation à un mois d’intervalle au cas
où le couple aurait des enfants.
881- M.KACHBOUR, H.FATHOUKH et Y.AL.ZOUHRI, « AL-thaatliq bissabab al-chi-
qaq fi moudawanath al-usra » (Le divorce pour discorde dans le Code de la famille), op.cit.,
882- TGI.Paris, 18 mars 1968, Rev.crit.DIP.1968, p.633, note M.NISARD ; C.A.Paris, 18
décembre 1973, Rev.crit.DIP 1975, p.243, note J.F.
883- H.FULCHIRON, « « Ne répudiez point » : pour une interprétation raisonnée… », Ar-
ticle précité, p.7.
884- H.FULCHIRON, « « Ne répudiez point » : pour une interprétation raisonnée… », Ar-
ticle précité, p.22.
261
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
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Les conflits de lois relatifs aux effets du mariage et à sa dissolution
890- Nombreux sont les avocats que nous avons rencontré qui exigent simplement l’appli-
cation de la loi française, sans s’arrêter à la possibilité de se référer au droit marocain. Pour
nombre d’entre eux, l’étude des problèmes de conflit de lois et de juridictions prendrait trop
de leur temps, la conséquence est que l’on devient un avocat trop cher.
891- Nous pensons, entre autres, à l’assistance que pourraient offrir- à l’instar de l’insti-
tut Asser aux Pays-Bas et des instituts Max planck en République Fédérale Allemande-des
centres universitaires de recherche ; au service rendu par les ambassades qui, sur demande,
produisent des copies de textes de la loi étrangère…
892- En prenant exemple, pour la collaboration multilatérale, du système déjà existant
d’échange internationale de données dans le domaine de l’état civil, et pour l’assistance bila-
térale, aux renseignements juridiques mis à la disposition des juridictions dans le cadre de la
Convention maroco-belge du 30 avril 1981.
265
Conclusion
893 - P.LAGARDE, recherches sur l’ordre public en droit international privé, LGDJ, paris,
1959, n°732, p.177.
267
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
268
Conclusion
269
Annexe
271
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
injurieux. Outre une pension alimentaire pour elle et ses enfants, elle
s’entend aussi dire établi par jugement le délit de bigamie dans le chef
d’Abdellah qui est condamné à l’emprisonnement pour une durée de
six mois.
Le jugement français n’offre cependant pas à Fatima, à l’exception
d’un dédommagement théorique et forfaitaire, une réponse concrète à
sa situation de première épouse abandonnée à qui incombe de lourdes
responsabilités. La juridiction française ne s’est pas prononcée sur la
validité de la seconde union d’Abdellah. Elle s’est contentée de consi-
dérer ce mariage comme causant un préjudice grave à Fatima rendant
impossible le maintien du devoir de cohabitation.
Abdellah, en Belgique, ne paraît pas avoir rencontré d’obstacles
à faire transcrire sa nouvelle situation maritale auprès de l’officier
d’état civil. A-t-il utilisé de faux documents d’état civil marocain et
déjouée les registres ? C’est là une supposition faite par Fatima.
Toutefois, Fatima n’a pas l’intention de se tenir pour vaincue. Elle
décide de rejoindre Abdellah à Bruxelles quelques mois après son dé-
part. Avec l’espoir, nous dira-t-elle par la suite, et sur la base du conseil
de son avocat français, de faire valoir son titre de première épouse
auprès des autorités administratives belges. Toutefois, la démarche se
heurte à un premier refus de délivrance d’autorisation de séjour de
la part de l’administration belge avec l’ordre pour Fatima de quitter
la Belgique avec ses enfants, au motif que le mariage avec Abdellah
ne peut produire ses effets en Belgique. A ce moment-là, la situation
de Fatima et ses enfants est très précaire. Son époux, Abdellah, le père
de ses enfants, s’est engagé dans les liens du mariage avec une seconde
femme qu’il a vraisemblablement déclaré comme étant sa seule épouse
et avec qui il jouit de l’autorisation de cohabiter en Belgique dans le
cadre d’un mariage.
Fatima, dans ces conditions, s’est vue refuser le droit au regrou-
pement familial par l’administration belge. Sans résidence autorisée
en Belgique, cette dernière rencontre plusieurs difficultés auprès des
écoles et des services d’assurance sociale qui exigent la régularisation
de sa présence en Belgique, ainsi que de la scolarité obligatoire de
ses enfants. Des tentatives aboutissent à des règlements d’exception
voire à des délais de suspension d’exécution de rapatriement, mais
entraînent Fatima à une situation de besoin et de dépendance totale
272
Annexe
1- Pour une première fois, par arrêt de la Cour d’appel de Liège, 23 avril 1970, Revue criti-
que de jurisprudence belge, 1971, p.5 et 7 ; voir aussi : Civ.Liège, 26 juin 1975, jurisprudence
de la Cour d’appel de Liège, 1975-1976, p.163
273
L'application du code marocain de la famille sur le sol européen
274
Annexe
275
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OUVRAGES :
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Glossaire
• L’ORDRE PUBLIC :
Le juge peut écarter l’application de la loi étrangère désignée par
la règle de conflit de lois lorsque son application conduirait à une si-
tuation contraire à l’ordre public au sens du droit international privé
local, c’est-à-dire lorsque son application serait contraire aux « prin-
cipes de justice universelle considérés dans l’opinion publique comme
doués de valeur absolue » (c’est la formule de la fameuse jurispru-
dence Lautour de 1948 : Cour de cass., 25 mai 1948).
Une distinction doit être faite entre, d’une part, l’exception d’ordre
public dans son effet plein et, d’autre part, l’exception d’ordre public
dans son effet atténué. Ainsi, si l’ordre public international intervient,
dans toute sa plénitude, au stade de la création d’un droit sur le terri-
toire du juge, son intervention est plus souple lorsqu’il s’agit de don-
ner effet, sur ce même territoire, à des droits régulièrement acquis à
l’étranger.
• TANZIL :
Le Tanzil consiste à placer l’enfant au même rang que l’enfant légi-
time, l’article 315 du Code marocain de la famille dispose que le Tan-
zile est « le fait de rattacher une personne non héritière aux héritiers
et à la faire hériter comme ses enfants ».
• DAHIR :
Qu’est ce qu’un Dahir ? ce terme original du droit marocain et
héritage Andalous, a été utilisé depuis la dynastie des Mérinides
(1215-1465) et maintenu par les Saadiens (1511-1660) et, après, par
les Alaouites (au pouvoir depuis le XVIIe siècle). La Constitution de
1962 avait substitué à ce terme la terminologie moderne (décret)… En
1968/69, le Dahir réapparait progressivement. Puis, devenu d’usage
courant, la Constitution du 31 juillet 1970 (et après, toutes les autres
321
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Glossaire
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Glossaire
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Glossaire
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