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ISSN: 2617-4766

Ðamá Nɩ́naʋ

NUMERO SPECIAL VOL2│Ðamá Nɩ́naʋ│ REVUE INTERDISCIPLINAIRE LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
REVUE INTERDISCIPLINAIRE
LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

Mise en page et Impression Actes de Colloque International de Lomé (Togo)


IMPRIMERIE ST LOUIS
53, Rue N’ZARA Doulassamé Face Première Eglise Baptiste du TOGO
04 au 07 Avril 2019
BP: 61536 / Tel Bureau: (228) 22 22 10 45 / Mobile : (228) 90 12 37 30
E-mail: imprimerie.stlouis@yahoo.fr
Numéro Spécial : Volume. 2 / Septembre 2019
Revue Dama Ninao -ISSN 2617-4766

"Dama Ninao" est une revue scientifique interdisciplinaire qui accepte et


publie tous les articles relevant des Lettres, Arts et Sciences Humaines. A cet
effet, elle s’intéresse aux études et théories littéraires, linguistiques,
sociologiques, philosophiques, anthropologiques et historico-géographiques. La
Revue "Dama Ninao", entendu "L’Entente" en langue kabyè du Nord Togo, est
créée dans l’intention de matérialiser la mondialisation ou la globalisation qui
s’opère avec l’esprit d’équipe et d’échanges et la désuétude du monde autarcique.
Le monde scientifique universitaire ne peut échapper à cet esprit d’équipe qui
fonde un creuset où « le fer aiguise le fer », les échanges se croisent, puis
s’entremêlent pour aboutir à une reconstruction des connaissances scientifiques
individuelles dans la collectivité.
La Revue Dama Ninao nous renvoie à la Civilisation de l’Universel du
poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui prône la porosité des âmes avec
l’acceptation de l’autre, de ce qu’il dispose d’utile pour mon avancement: sa
civilisation, sa culture, sa langue … Elle se fonde notamment sur la philosophie
de Paul Ricœur qui préconise la perception de Soi-même comme un autre.
Considérer soi-même comme un autre aux yeux de l’autre, nous amènerait à faire
taire nos distensions et ressentiments afin de redimensionner notre espace,
reconstruire notre histoire et notre société.
La Revue Dama Ninao s’est inspirée de la nature. Des insectes en miniature
nous produisent de bels chefs-d’œuvre architecturaux, conjuguent leur génie
créateur et leur force dans la patience et dans la tolérance. Ils créent des œuvres
monumentales qui dépassent l’entendement humain, les termitières. A cet effet,
la nature semble nous parler, nous guider, nous instruire dans le silence. Seules
ces créations nous interpellent sans autant faire de nous des disciples. Comme la
termitière qui, pour la plupart du temps, est une composante de maillons
surgissant de la même matière, la Revue Dama Ninao se veut une termitière
scientifique dont les enseignants-chercheurs en sont les maillons.
Revue Dama Ninao -ISSN 2617-4766

Au confluent de diverses sciences, la Revue Dama Ninao se propose de


promouvoir la recherche scientifique et universitaire en impulsant le dialogue
interdisciplinaire, le dialogue entre divers champs disciplinaires et divers
contributeurs du monde universitaire.

Professeur Koutchoukalo TCHASSIM


Université de Lomé
Revue Dama Ninao -ISSN 2617-4766

ADMINISTRATION DE LA REVUE
Directeur de publication et rédacteur en chef : Professeur TCHASSIM
Koutchoukalo, Université de Lomé
Directeur de rédaction : SILUE Lèfara (Maître de Conférences), Université
Félix Houphouët Boigny
Comité Scientifique
Professeur Yaovi AKAKPO, Université de Lomé (Togo), Professeur Kodjona
KADANGA, Université de Lomé (Togo), Professeur Xavier GARNIER,
Université Paris 3 (France)
Professeur Norbert VIGNONDE, Université de Bordeaux (France), Professeur
Adama COULIBALY, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire),
Professeur Pierre MEDEHOUEGNON, Université d’Abomey-Calavi (Bénin),
Professeur Mamadou KANDJI, Université de Cheikh Anta Diop (Sénégal),
Professeur Komla Messan NUBUKPO, Université de Lomé (Togo), Professeur
Amadou LY, Université de Cheikh Anta Diop (Sénégal), Professeur Kazaro
TASSOU, Université de Lomé (Togo), Professeur Simon Agbeko
AMEGBLEAME, Université de Lomé (Togo), Professeur Komlan Sélom
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Université de Lomé (Togo), Professeur Nicoué GAYIBOR, Université de Lomé
(Togo), Professeur Alain-Joseph SISSAO, Université de (Burkina Faso),
Professeur Komla Essowè ESSIZEWA, Université de Lomé (Togo), Professeur
Gneba KOKORA, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire),
Professeur Louis OBOU, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)

Comité de lecture

Professeur Koutchoukalo TCHASSIM, Université de Lomé (Togo), Professeur


Okri Pascal TOSSOU, Université d’Abomey-Calavi (Bénin), Dr Lèfara SILUE,
Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), Dr Christian ADJASSOH,
Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire), Dr Bi Boli GOURE,
Institut Polytechnique Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro (Côte
d’Ivoire), Dr Moussa PARE, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte
d’Ivoire), Dr Xolali MOUMOUNI-AGBOKE, Université de Lomé (Togo), Dr
Paul SAMSIA, Université de Yaoundé I (Cameroun), Dr Anicette Ghislaine
QUENUM, Université d’Abomey-Calavi (Bénin), Dr Gbati NAPO, Maître de
Conférences, Université de Lomé (Togo), Dr Koffi TSIGBE, Maître de
Conférences, Université de Lomé (Togo) , Dr Anoumou AMEKUDJI, Université
de Lomé (Togo), Dr Ahossi Nicolas BROU, Université Félix Houphouët-Boigny
(Côte d’Ivoire)
Revue Dama Ninao -ISSN 2617-4766

Comité de rédaction
Professeur Koutchoukalo TCHASSIM, Xolali MOUMOUNI-AGBOKE, Maître
de Conférences, Lèfara SILUE, Maître de Conférences, Wonouvo GNAGNON,
Assistant, DOUHADJI Kossi, doctorant, Université de Lomé.
Contact : revuedamaninao@gmail.com
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

LIGNE EDITORIALE DE LA REVUE DAMA NINAO


Dama Ninao est une revue scientifique internationale. Dans cette
perspective, les textes que nous acceptons en français ou anglais sont sélectionnés
par le comité scientifique et de lecture en raison de leur originalité, des intérêts
qu’ils présentent aux plans africain et international et de leur rigueur scientifique.
Les articles que notre revue publie doivent respecter les normes éditoriales
suivantes:

La taille des articles


Volume: 10 à 15 pages; interligne 1.5, police 12 pour le corps du texte et
les courtes citations; police 11 pour les longues citations, Times New Roman, les
références des citations doivent être incorporées dans le texte. Exemple: Guy
Rocher (1968, p. 29), pas de référence en foot-notes à l’exception de quelques
commentaires.
Ordre logique du texte
- Un TITRE en caractère d’imprimerie et en gras. Le titre ne doit pas être trop
long ;

- Un Résumé (Abstract) de 8 lignes en français et anglais, en interligne simple,


suivi de 6 Mots clés (Key-words)

- Une Introduction : elle doit avoir une problématique, une méthode et une
structure.
- Un Développement : les articulations du développement du texte doivent-être
titrées comme suit :
1-Pour le Titre de la première section
1-1-Pour le Titre de la première sous-section
1-2- Pour le Titre de la deuxième sous-section
2- Pour le Titre de la deuxième section
2-1-Pour le Titre de la première sous-section
2-2- Pour le Titre de la deuxième sous-section
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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

3- Pour le Titre de la troisième section (si l’auteur de l’article le


souhaite)

- Une Conclusion : elle doit être courte, précise et concise en mettant en relief
l’authenticité des résultats de la recherche.

- Bibliographie (Mentionner uniquement les auteurs cités)


Les divers éléments d’une référence bibliographique sont présentés comme
suit : NOM et Prénom (s) de l’auteur, Année de publication, Zone titre, Lieu de
publication, Zone Editeur. Exemples:
-AMIN Samir (1996), Les défis de la mondialisation, Paris, L’Harmattan.
-BERGER Gaston (1967), L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF.
- DIAGNE Souleymane Bachir, 2003, « Islam et philosophie. Leçons d’une
rencontre », Diogène, 202, p. 145-151. (Pour les articles).

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

IMAGINAIRE ET REPRESENTATIONS DE L’ETRANGER


CHEZ CHARLES BAUDELAIRE

ADJASSOH Christian, Université Alassane Ouattara de Bouaké (Cote


d’Ivoire)

Résumé : L’imaginaire est un facteur de rupture avec la poésie classique. Sous


la coupe de l’imaginaire baudelairien, la figuration de l’étranger se transmue en
vecteur du renouvellement du langage poétique. L’étranger emprunte une forme
évanescente à travers la variation lexicale, tropique et thématique. Codant le
corps de l’étranger à travers le symbole et l’analogie, la poétique de Baudelaire
fait de l’étranger tantôt un ailleurs rêvé et idéalisé, tantôt un être-là soumis aux
réalités abstraites qui fourmillent dans la vie intérieure du poète.

Mots-clés : corps, étranger, figuration, représentation, analogie, imaginaire.

Abstract : The imaginary is a factor of rupture with classical poetry. Under the
baudelairian imaginary, the representation of the foreigner is transmuted as a
vector of the renewal of poetic language. The foreigner borrows an evanescent
form through the lexical, tropical and thematic variation. Coding the body of the
foreigner through symbolism and analogy, Baudelaire's poetics makes the
stranger sometimes a dreamed and idealized elsewhere, sometimes a being
subject to the abstract realities that swarm in the inner life of the poet.

Keywords: body, stranger, figuration, representation, analogy, imaginary.

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

Introduction
La modernisation de la poésie du XIXe siècle détermine Baudelaire à
adopter une écriture poétique dans laquelle toute réalité ne se pose plus dans le
texte de manière ostentatoire. Dans cette perspective, l’exotisme, rappelant
l’ailleurs, se distille dans ses textes poétiques par le truchement de plusieurs
figurations qui se déclinent à travers le corps de l’étranger. Ainsi, l’ailleurs
s’infiltre dans sa poésie en s’enrobant de formes qui le dérobe à la sagacité du
lecteur. Dès lors, avec la figuration de l’étranger, sous l’impulsion de
l’imaginaire et par l’intrication d’un vocabulaire parsemé de référents extérieurs
non seulement à la culture française mais aussi à l’univers immédiat du poète,
s’inscrivent les vecteurs de l’étranger dans la poésie de Baudelaire. Ce constat
induit un ensemble de préoccupations qui sont de savoir comment Baudelaire
inscrit l’étranger au cœur de sa création poétique, quelle forme l’imaginaire
baudelairien confère-t-il à l’étranger pour le fondre dans le tissus de ses vers, et
quel est l’impact de l’étranger sur sa poésie dans un siècle fulgurant où
l’imagination se pose comme le moteur de toute création littéraire. L’analyse de
la représentation de l’étranger se fera à la lumière de la stylistique. L’analyse
stylistique s’appuiera sur l’approche de Gorges Molinié. Pour lui, la
caractérisation et l’actualisation déjoue l’information pour créer des valeurs. La
caractérisation se fera à partir du décryptage toute variation des règles liées au
sens et à la syntaxe, tandis que l’actualisation s’intéressera au sens dénotatif du
mot pour construire le sens. Notre réflexion s’articule autour de trois points. Dans
un premier moment, elle se chargera de définir les concepts qui articulent notre
sujet pour mieux l’appréhender. La deuxième articulation du travail consistera à
révéler comment par le biais de la culture l’étranger essaime la création poétique
baudelairienne. Quant à la troisième partie, elle révèlera les tropes à partir
desquelles Baudelaire configure l’étranger dans son expression poétique.

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

1-Balisage théorique des concepts de l’imaginaire, de la représentation et de


l’étranger
La notion de l’imaginaire et son fonctionnent imprègne plusieurs
disciplines. Ce qui dénote son caractère glissant et la pose comme l’objet de
traitement dans le champ de la psychologie, de la philosophie et de la littérature
entre autres. Gilbert Durand, dans une approche anthropologique, donne à
l’imaginaire la place que lui a refusée le positivisme en le réglant sous la coupe
de la raison. Venant à l’encontre de cette posture, Baudelaire (2013, pp.375-376)
ironise en écrivant que : « je veux représenter les choses telles qu’elles sont ou
bien elles seraient en supposant que je n’existe pas. » Pour Baudelaire, l’univers
ne prend forme qu’à partir de l’image que lui confère l’homme sous l’égide de sa
sensibilité et non pas sous l’emprise de la raison. Ainsi, le réel ne peut être
appréhendé qu’en sollicitant l’imagination de l’homme qui est à même de le
rendre sous ses diverses perceptions, par le biais des différents commerces que
l’on entretient avec l’univers comme être sensible. Dès lors, Baudelaire fait de
l’imagination la faculté qui sous-tend l’imaginaire. Ainsi, il pose cette faculté
humaine comme « la reine des facultés » (Baudelaire, 2013, p.366) dans la
connaissance de l’univers à travers la création artistique. S’appropriant la vision
de Baudelaire, dans un élan de configuration de l’imaginaire à travers une
perspective anthropologique, Gilbert Durand (1994) structure l’imaginaire de
l’homme à partir de trois grands régimes correspondant aux trois schèmes par
l’entremise desquels se construit le processus du développement des
représentations que l’homme se fait du réel. A cet effet, il écrit : « Tout
imaginaire humain est articulé par des structures irréductiblement plurielles, mais
limitées à trois classes gravitant autour des schèmes matriciels du « séparer »
(héroïque), de « l’inclure » (mystique) et du « dramatiser » - étaler dans le temps
les images en un récit - (disséminatoire). » (Durand 1994, p. 26). Le régime
héroïque consiste en l’élévation de l’homme pour se sortir de l’ignorance et de

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l’obscurité. Il campe cet état à partir de l’image du lever du jour dont le processus
dans son déploiement marque l’esprit de l’homme et s’imprime en lui comme
l’idée de l’affranchissement des ténèbres pour traduire son emprise sur certains
phénomènes de la nature en vue de les dominer par sa raison. Le deuxième régime
qualifié de synthétique est marqué par l’image de la copulation qui est
traditionnellement associé à la nuit et traduite par la chute du soleil, qui connote
l’image de la descente dans les profondeurs, de la fusion des contraires pour
contribuer à la coproduction de toutes les réalités. Ce schéma dénote de
l’unification des contraires qui féconde le monde pour le faire émerger. Le
dernier régime, dit mystique, campant par analogie l’acte digestif ou de
l’avalement, est à la base du principe dynamique de la fusion.
Ces trois schèmes qui déterminent le mode de fonctionnement de
l’imaginaire ne se limitent pas à la saisie d’images pour en constituer un
répertoire mais ils créent entre ces diverses images un ensemble de rapports à
partir desquels ils engendrent une signification. Par leur mode de
fonctionnement, ces schèmes rendent les images dynamiques du point de vue de
la construction du sens en générant une multitude de significations qui étend
indéfiniment les frontières de l’imaginaire. Structurant l’imaginaire dans sa
constitution sociale, ces schèmes déterminent l’individu qui, au gré de sa
sensibilité et de sa personnalité, les mobilise pour connoter ses rapports avec son
univers en dehors des valeurs d’ensemble de la société auquel il appartient. En
réalité, l’imaginaire est un espace de pensée propre à l’être humain, indistinct de
sa représentation du monde, dans lequel il peut créer, superposer, surimposer,
sublimer des choses et des évènements dans la réalité. Dans cette perspective,
L'imaginaire peut être défini sommairement comme le fruit de l'imagination d'un
individu, d'un groupe ou d'une société, produisant des images, des
représentations, des récits ou des mythes plus ou moins détachés de ce qu'il est
d'usage de définir comme la réalité. Ainsi par les schèmes de l’imaginaire qui

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

permettent à l’homme socialement ou individuellement de se construire un


ensemble d’images pour exprimer son rapport au monde, ce dernier peut se
construire un monde intérieur en rupture avec le monde réel à partir de la
représentation.
Que noter de la notion de la représentation dans sa considération théorique ?
La représentation désigne étymologiquement l'action de replacer devant les yeux
de quelqu'un. De ce fait, elle apparaît d'abord comme une présentification : il
s'agit de rendre sensible un concept ou un objet absent « au moyen d'une image,
d'une figure, d'un signe » (Paul Robert, p.2205) dans le sens où penser à une
table fait apparaître en esprit une table. Cette notion d'origine latine garde tout
son sens étymologique mais revêt des acceptions sensiblement distinctes suivant
son contexte d’emploi. Ainsi, selon Alex Gagnon (2015, p.189),

[…] Ce qu’on appelle « représentation » peut désigner


la présentification d’une absence au moyen d’un
langage. La notion renvoie alors ou bien à l’acte de
représenter (qui consiste à rendre médiatement présente
ou sensible une chose absente, que cette chose soit
empiriquement inexistante, immatérielle ou
matériellement présente ailleurs, dans l’espace ou dans
le temps), ou bien au produit sémiotique de cet acte :
ainsi parle-t-on couramment […] des représentations
littéraires de tel ou tel phénomène, de tel ou tel
événement, de telle ou telle figure.

L’approche d’Alex Gagnon référant au signe dans la littérature, nous


conduit à aborder la représentation dans l’univers poétique ou le signe devient le
vecteur de la présence de la réalité évoquée par le truchement d’une comparaison.
Dans cette acception du concept, représenter consiste à évoquer « à la place de
(dans celle de l’espace) », le préfixe « re- » ayant « la valeur de la substitution »,
au sens où le signe présent se substitue à la chose absente à travers […] »
l’approche de Louis Marin (1981, p. 9). De fait, la représentation procède d’une
forme d’analogie qui consiste à évoquer un objet absent par un signe médiateur,
constitué à partir de l’imaginaire pour dire autre chose qui n’a pas de rapport

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

immédiat et avéré avec la réalité évoquée par le signe du langage. Ce que traduit
Chartier (1998, p.79) quand il écrit que :

[…] la représentation, qu’elle soit une image mentale ou


un discours explicitement verbalisé, fait apparaître une
absence par le recours à des signes qui en tiennent lieu.
Elle est « l’instrument d’une connaissance médiate qui fait
voir un objet absent en lui substituant une “image” capable
de le remettre en mémoire », la relation représentative
étant « mise en rapport d’une image présente et d’un objet
absent, l’une valant pour l’autre.

En réalité, dans l’expression poétique, la représentation a une valeur


symbolique. Le signifiant et le signifié sont des signes qui dans leur codification
par le biais d’images arrimées aux mots entretiennent des rapports analogiques
relevant d’une ressemblance partielle ou totale qui motive l’élection d’une réalité
ou d’un signe à la place d’une autre. C’est bien cet état de fait que précise Roland
Barthes (1980, p.126) quand il écrit que :

[…] les représentations langagières que sont les mots, où


la relation entre le signifiant et le signifié est […]
largement immotivée et donc essentiellement
conventionnelle, des représentations « analogiques » que
sont les images figuratives, où le signe et le référent ont
des propriétés communes, au point où la représentation
peut devenir, comme dans l’image photographique, une «
émanation […] du référent.
Cette approche de la représentation par Barthes, instituant le langage
comme support ou vecteur du sens, fait paraitre dans bien des cas, du fait de leur
proximité étroite dans l’espace poétique, le signifiant et le signifié, par
l’entremise de rapprochements analogiques, comme les faces d’une même pièce,
l’un étant le reflet de l’autre. Ainsi la représentation de l’étranger chez Baudelaire
s’apparente à une cartographie d’images et de lexies se rapportant à toute réalité
extérieure à la culture et à l’espace français, mais qui, cependant, sont
convoquées dans sa poésie pour structurer son langage poétique.

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Quant à la notion d’étranger, le Littré (1963, p.458) la définit comme


désignant ce « qui n'a point de liaison, d'intimité avec » ou « qui est inconnu. »
Plus loin encore, il saisit l’étranger comme une « personne qui ne fait pas partie
ou n'est pas considérée comme faisant partie du groupe (famille, clan…);
personne avec laquelle le locuteur n'a rien de commun. » Le Robert (2009, p.951)
l’approche comme ce « qui n'appartient pas ou qui est considéré comme
n'appartenant pas à un groupe (familial, social). ». Cette approche de la notion
d’étranger fait apparaitre son caractère glissant et diffus qui nécessite une
précision dans le cadre de la présente étude. Ainsi, nous percevons la notion
d’étranger comme toute réalité, personne ou phénomène ne relevant pas d’un
espace, d’une culture ou d’une société. Dès lors, comment s’infiltre et se
représente l’étranger dans le langage poétique de Baudelaire sous le prisme de
l’imaginaire ?

2-Référenciation culturelle de l’étranger


Dans l’écriture poétique de Baudelaire, le corps étranger n’investit pas le
texte de manière ostentatoire. Il opère à partir d’une infiltration qui dissémine sa
présence entre les vers. En cela, sa présence procède chez le poète par la variation
lexicale et la thématique de l’exotisme. Ces deux procédés infèrent l’inconnu,
relevant de l’ailleurs, dans le langage poétique baudelairien.

2-1-La variation lexicale


L’expression poétique chez Baudelaire convoque l’étranger à partir d’un
lexique évoquant des cultures extérieures à l’aire française. En effet, avec ce
poète, l’imprégnation de l’ailleurs dans l’écriture poétique se construit en partie
par sa forte propension à l’anglicisme qui tient de l’emploi de morphèmes anglais
dans son expression poétique. Cette pratique émane de la volonté de
modernisation du langage poétique de Baudelaire. Dans cette perspective, l’usage
des mots anglais affleure dans sa poésie. Cela se manifeste à travers l’intitulé de
la première partie de son recueil de poèmes intitulé Les Fleurs du Mal. La
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première section de ce recueil a pour titre « Spleen et Idéal ». Le mot « Spleen »


qui articule le titre du recueil apparait ici comme un contrat de lecture. Il sert à
désigner un sentiment d'accablement et d'ennui qui a marqué toute une partie de
la jeunesse française à une époque où les incessantes campagnes militaires sous
le règne de Napoléon enlèvent la joie de vivre à toute une génération de jeunes
français. Ce mot emprunté à l’anglais est un terme désignant la rate en tant que
siège de la mélancolie, d'où son emploi pour désigner des manifestations
excessives de l’humeur, et en particulier depuis la fin du XVIIe siècle un état
dépressif, la mélancolie ou une morosité maladive ». Il traduit le mal
métaphysique, une « mélancolie sans cause apparente, caractérisée par un dégoût
de toute chose », selon Paul Robert (2009, p.2424), qui s'exprime chez
Baudelaire dans ses nombreux poèmes. Il connote l’atmosphère de la narration
des sentiments du poète qui régit l’ensemble du recueil.
Au-delà de l’anglicisme, la figuration de l’étranger opère à partir de
l’intitulé de certains poèmes où l’emploi des lexèmes latins rappelle, à plus d’un
titre, la présence de l’histoire romaine dans la culture personnelle du poète et sa
fascination pour celle-ci. Cela est attesté par la multiplicité des titres référant au
vocable latin. L’on note à cet effet dans son recueil Les Fleurs du Mal les titres
comme «Semper eadem », « Sed non satiata », « Moesta et errabunda » ou encore
dans son œuvre Les Epaves le titres comme « Franciscæ meæ laudes ». D’une
part, la convocation de l’étranger par le truchement du latin dans la poésie de
Baudelaire provient de sa dextérité dans la pratique de cette langue depuis ses
années d’étude au lycée Louis le grand et, d’autre part, par une exploitation des
référents culturels de l’antiquité en vue d’illustrer des pratiques sous le pouvoir
de Napoléon. À cet effet, Corinne Saminadayar-Perrin (2001, p.91) écrit : « Si la
référence à Lucain est au principe d’une esthétique et d’une poétique, elle
comporte également une dimension politique que Baudelaire emprunte pour une
grande part à la tradition politique et culturelle ».

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

Il apparait que chez Baudelaire l’emploi des vocables étrangers à l’aire


culturelle français, en occurrence le latin, répond à la fois d’une volonté
d’érudition en même temps que d’une volonté d’innovation poétique. Par
l’emploi de vocables latins, il s’introduit dans l’espace du poème une interférence
linguistique qui tend à coder et à voiler le sens du texte induisant une sorte
d’énigme que doit décrypter le lecteur peu enclin à l’usage du latin. Cette pratique
dans la première moitié du XIXe siècle engendre une sorte d’étrangeté dans le
langage poétique. Parallèlement, le vecteur du corps étranger peut s’insuffler
dans l’espace de l’exotisme comme mode de représentation et d’idéalisation de
l’inconnu.

2-2-L’exotisme comme mode de représentation de l’étranger


Le Robert (2009, p.979) définit l’exotisme comme ce « qui n'appartient
pas à la civilisation de référence (celle du locuteur), et, notamment, aux
civilisations de l'Occident; qui est apporté de pays lointains. » De fait, l’exotisme
est lié à tout ce qui émane d’un espace étranger en dehors de l’Europe ou de la
France. Ainsi, des animaux, des plantes, des paysages ou des hommes provenant
d’ailleurs, autre que l’espace français, peuvent être qualifiés d’exotiques,
convoquant du coup la notion de l’étranger. Comment dans le champ de la
création poétique un lieu ou un ailleurs est considéré comme exotique ou devient
exotique. Cette transmutation de l’ailleurs en objet esthétique procède par
processus de délocalisation dans un nouvel espace pour être affecté du
déterminatif exotique. Ainsi, selon Peter Mason (1998), historien des images,
pour qu’un référent soit affublé de l’adjectif exotique, le poète doit capter
l’ailleurs, le déconnecter de son univers d’origine où il fonctionne comme corps
un phénomène ordinaire et n’a pas de caractère étranger pour l’insérer dans un
contexte nouveau en rupture avec le contexte source. Après la dé-
contextualisation du corps ou de la réalité étrangère, s’amorce le deuxième

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

moment qui consiste à placer l’espace d’ailleurs dans l’espace occidental. L’objet
inséré dans ce nouveau cadre apparaît alors comme bizarre, étonnant et plaisant.
Ce processus est appelé par Staszak Jean-François (2008) « l’exotisation ». Les
objets importés dans le cadre occidental deviennent étranges et plaisants vis-à-
vis du local. Et les occidentaux qui les accueillent dans leurs espaces culturels les
perçoivent selon leur imaginaire qui interprète de leur point de vue les décors,
mœurs, peuples, locaux, et les trouvent alors étonnants dans la perspective de
Jean-François Staszak (2008, p.3).
Ainsi, au-delà des vocables liés à la langue latine, l’étranger se porte dans
le texte de Baudelaire à partir de l’idée du voyage. La thématique du voyage est
le lieu où le poète étale tout corps ou réalité inconnu comme la manifestation de
l’étranger référant l’ailleurs. En effet, l’évocation des cieux et des réalités
étrangers dans l’espace français traverse toute la production poétique de
Baudelaire. Ils font référence aux territoires étrangers à la France avec la chaleur
qui s’y verse à profusion, comme il opère dans son poème « Lesbos » :
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l'ornement des nuits et des jours glorieux,
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
(Les Fleurs du Mal, « Lesbos », p.208)

Lesbos est une île grecque de la périphérie d’Égée-Septentrionale,


appelée souvent du nom de sa capitale Mytilène. L'île présente plusieurs centres
d'intérêt, notamment culturel mais aussi naturel. Du point de vue culturel, cette
île serait à l’origine de la naissance des lesbiennes qui sont des femmes qui
entretiennent des commerces sexuels entre elles. Cet espace insulaire rappelle les
cieux où, dans l’imaginaire grec d’alors, la luxure prospère, augurant un paradis
terrestre. Par l’évocation de Lesbos, Baudelaire évoque des pratiques sociales en
rupture avec celles de la société française : le lesbianisme et l’ostentation
lubrique. Le lesbianisme tire sa source de la société antique de cette île grecque.

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

Aussi, l’inconnu qui se pose comme le seul espace salvateur pour le poète
et ses contemporains lui fait brasser des chimères enserrées dans l’étau du spleen.
Au nombre de celles-ci, l’Amérique apparait comme une terre édénique et
étrangère, attrayante tel le chant des sirènes :
« Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ? »
(Les Fleurs du Mal, « Le Voyage », p.187)

C’est aussi le cas des territoires d’outre-mer qui enchantent les habitants de
la métropole par leurs senteurs qui endiablent l’âme et délaient l’imagination :

Pendant que le parfum des verts tamariniers,


Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
(Les Fleurs du Mal, « Parfum exotique », p.71)

De fait, à travers la pérégrination, l’imaginaire du poète porte le lecteur


vers des cieux au-delà de la sphère française. Celui-ci va à la rencontre de
l’inconnu, de l’étranger par le truchement des vers qui distillent des images qui
enchantent l’âme du poète et de son lecteur. Ainsi, l’ailleurs peut se poser dans
le texte poétique à partir d’espace où affleurent les cieux ensoleillés comme les
pays sous les tropiques où se pâme l’imagination du poète. Il en résulte que
l’exotisme, en tant que mode d’écriture de l’étranger, fonctionne comme un
exutoire ou une porte pour échapper à la monotonie morbide ou au spleen qui
caractérise l’époque de Baudelaire. Parallèlement, l’étranger transparaît dans
l’expression poétique de Baudelaire à travers les tropes.

3-Configuration tropique de l’étranger


L’approche tropique de l’étranger dans la poésie de Baudelaire se fera à
l’aune de la stylistique pour débusquer la forme sous laquelle son imaginaire le

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connote. L’une des visées de la stylistique est de révéler dans tout discours
littéraire toute approche scripturaire singulière qui atteste le style et la littéralité
d’un texte chez un auteur donné. Cette particularité détermine un fait d’écriture
récurrent qui fonde les stylèmes. Elle augure le style chez un auteur à travers la
mobilisation des tropes et de leurs articulations particulières pour la littérarisation
de ses textes. Molinié nous aide à mieux cerner la notion du style. À cet effet, il
postule que « Le style est le regroupement déterminé de stylèmes exprimant ou
symbolisant des contenus constitués de données extérieures à la langue (ces
contenus ne peuvent être, en l’occurrence, que les composantes d’une vision du
monde, d’une culture) » (Molinié, 1984, p.205). Ce qui dénote de leur teneur
symbolique généré par l’imaginaire. L’emploi du symbole commande que le sens
du texte soit cherché à l’extérieur du poème. Il n’est plus lié aux mots mais à la
mobilisation que font des référents extratextuels provenant de sa culture et de sa
vision du monde par le truchement de son discours poétique. Précisant la
définition du stylème chez Molinié, Dorgelès Houessou (2018, p.24) écrit que

Le stylème est une catégorie verbale constitutive d’un


style en régime de littérarisation. Il induit une
manifestation topique, un lieu majeur de la manifestation
du langage artistisé. En lien avec la symbolique et
l’intertexte, la stylématique fonde une herméneutique du
fait littéraire dans sa totalité signifiante. La stylistique est
donc fondamentalement une étude des symboles, une
praxis herméneutique de la symbolique élémentaire car : «
tout mot est un symbole.

Comment se réécrit alors l’étranger comme symbole issu de l’approche


tropique chez Baudelaire, à la lumière de son imaginaire, pour constituer un
stylème dans l’embellissement de son langage poétique ?
Avant d’identifier le mode par lequel le poète pose l’étranger dans son
langage poétique, il importe de définir la notion de trope en vue d’en avoir une
approche plus efficiente. Dans la pratique du discours littéraire en général et

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poétique en particulier, un trope est une figure de style qui a pour finalité
d’embellir un texte ou de le rendre plus vivant. Il consiste à employer un mot ou
une expression dans un sens détourné de son sens de base. De fait, les tropes sont
considérés comme des ornements du discours. Ce qui détermine Pierre Fontanier
(1977, p.261) à cerner le trope en ces termes :
C’est en effet une espèce de tour que ce procédé
par lequel on change le sens d’un mot en un autre sens, par
lequel on transporte un mot d’un premier sens en un sens
nouveau. D’ailleurs, par ce changement, par ce transport,
le mot ne se trouve-t-il pas comme tourné d’un autre côté ?
N’offre-t-il pas, s’il faut le dire, un nouvel aspect, une
nouvelle face ?
Ainsi, il y a un trope, dans une partie de discours, quand l’expression
employée ne renvoie pas à son sens habituel, mais à un autre, indiqué ou non par
le terme approprié. Les tropes sont donc le fruit d’associations mentales qui
conduisent au changement de sens de base des mots. Selon la relation qui existe
entre le sens propre du mot et son sens figuré, l’on distingue des tropes majeurs
(métaphore, métonymie, synecdoque) et des tropes mineurs (l’allégorie, la
périphrase, la comparaison etc.,). En effet, Baudelaire peut selon son imaginaire
mobiliser des tropes mineurs comme des tropes majeurs pour la représentation
de l’étranger dans sa création poétique.

3-1-De l’approche allégorique de l’étranger


Au nombre des tropes mineurs qui concourent à la représentation
symbolique, l’allégorie demeure un procédé de choix chez Baudelaire lorsqu’il
souhaite représenter l’étranger. Elle est une composition symbolique formée de
plusieurs éléments. Baudelaire en fait usage dans son poème « L’albatros ».
Comment l’imaginaire du poète configure-t-il l’étranger dans ce texte poétique ?
Dans « L’albatros », la thématique de l’étranger s’infiltre à partir d’une allégorie
articulée comme une anecdote. De fait, l’allégorie fonctionnant comme une
parabole se structure à partir de plusieurs protagonistes qui mettent en scène une

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histoire pour matérialiser une réalité abstraite en vue de la rendre plus prégnante
à la raison. En réalité, chez Baudelaire, l’étranger fonctionne comme un
modalisateur qui contextualise et actualise le discours poétique pour lui conférer
tout son sens. Les acteurs, dans ce poème qui narre une courte histoire, sont des
matelots et un volatile. Ces deux entités font interférer deux univers qui sont
étrangers l’un à l’autre. Les matelots qui sont des navigateurs se rapportent à la
mer déterminant l’espace marin, tandis que l’albatros qui réfère à l’oiseau énonce
l’espace aérien. Les matelots, eux, admirent au quotidien l’albatros qui domine
les airs marins («ces rois de l'azur ») et l’envient pour son aisance dans les airs.
Ces derniers sont parvenus à le capturer. Mais une fois posé sur le pont du navire,
le roi des airs qui est l’albatros se meut avec difficulté. Lui, naguère si majestueux
dans les airs, se trouve dans un piteux état. De fait, dans l’expression poétique,
la symbolique de l’albatros et des matelots représentent la société humaine. Les
marins incarnent les hommes ordinaires, tandis que l’albatros est le pendant du
poète incompris, maladroit parce qu’étranger aux habitus de la société :
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux. »
(Les Fleurs du Mal, « L’Albatros », p.54)

La difficulté de l’albatros à se mouvoir sur le pont du navire dénote donc


de son besoin d’acclimatation et de son statut d’étranger au sein de l’ensemble
des marins. Son accommodation au déplacement sur le pont du navire lui est
pénible au milieu des matelots qui, eux, sont accoutumés à voguer sur les mers.
Le statut du poète qui ne s’épanouit que par la méditation, la sublimation et
l’élévation de sa pensée l’assimile par rapprochement à l’oiseau qui se meut
allègrement dans l’éther. Cela contribue à faire du poète un être ascensionnel qui
s’origine dans une sphère spirituelle. Ce qui fait de lui un être étranger aux

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hommes. Ainsi, une fois arraché au ciel et posé sur le navire qui incarne la société
humaine, il s’apparente à un être bizarre et maladroit :

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !


Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
(Les Fleurs du Mal, « L’Albatros », p.54)

Du coup, par le truchement de son imaginaire, la représentation tropique


du poète se brode à travers l’analogie qui le figure comme oiseau incarnant un
étranger. Il n’a aucun repère et perd sa vitalité (« veule »), sa dextérité
(« gauche ») et sa majesté (« comique et laid »). L’albatros devient un être
quelconque sur le pont du navire représentant un espace étranger pour lui comme
l’est, à ses yeux, la société des hommes par opposition à « l’azur », sa sphère de
prédilection. En réalité, le poète est malmené parce qu’il se différencie du
commun des hommes au sein de la société. Il est ainsi perçu comme un être de
curiosité, un étranger :

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,


L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
(Les Fleurs du Mal, « L’Albatros », p.54)

Son inadaptation au milieu des marins fait métaphoriquement passer


l’albatros pour un infirme, de sorte qu’il est l’objet de railleries permanentes.
C’est aussi le cas du poète auprès de ses congénères du fait qu’il consacre toute
son existence aux choses spirituelles qui le détachent des préoccupations
ordinaires de la société. Cette attitude fait de lui un être singulier. Dès lors, il est
traité comme un paria et s’apparente à un jouet exotique que tout venant peut
s’approprier pour satisfaire sa curiosité en se délassant :

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage


Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers
(Les Fleurs du Mal, « L’Albatros », p.54)

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Ce traitement abject dont est objet le poète, du fait de son attitude insolite dans
une société qui le considère comme un étranger est signifié par Dorgelès
Houessou (2018, p.24) en ces termes : « Le poète-oiseau paye un lourd tribut à
son art tout comme Icare paya de sa vie son insouciant désir de liberté. Mais Icare
échoue à voler plus haut là où le poète-oiseau tutoie les nues les plus élevées sans
craindre aucun danger. » En effet, en prenant le pari de s’assimiler à un être de
méditation et de spiritualité, le poète s’est de facto sacrifié à son art pour perdre
son statut d’homme ordinaire. En conséquence, il se mue en véritable étranger
aux yeux de ses congénères. En somme par cette allégorie, qui figure l’albatros
tel un étranger sur le navire, l’oiseau dans l’imaginaire du tisseur de vers coïncide
avec le poète incompris par ses contemporains.
Outre, l’allégorie comme mode d’articulation de l’étranger dans l’espace
poétique, Baudelaire emploie aussi par la topique périphrastique

3-2-De l’approche périphrastique de l’étranger


La périphrase est un mot grec provenant de la combinaison des mots peri
et phrazein qui donne periphrazein. Elle signifie le fait d’exprimer une idée ou
une réalité à travers ses attributs. La périphrase procède par des circonlocutions
pour désigner un objet ou une réalité donnée. C’est une figure de style de
substitution qui consiste à remplacer un mot par sa définition ou par une
expression plus longue, mais équivalente. Comment fonctionne alors l’incursion
de la périphrase qui mobilise l’étranger dans la poésie de Baudelaire ? Le poème
liminaire de son recueil Les Petits poèmes en prose se tisse autour de la
représentation de l’étranger. Dans ce poème, l’étranger n’est pas présent dans le
texte à travers une image qui le manifeste dans toute son étendue, mais il est
suggéré, évoqué par un ensemble de mots qui le désigne de manière détournée.
Cela est le propre de la révolution du langage poétique dans la deuxième moitié
du XIXe siècle qui, foulant au pied le principe de la clarté inauguré par Boileau

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dans son art poétique, énonce l’épandage de l’ombre sur le l’expression poétique
par le truchement du langage.
Toute la poésie après lui en est le reflet. La thématique de l’étranger se
fait alors un facteur structurant du langage poétique dans la deuxième moitié du
siècle de Baudelaire. Son infusion en sourdine dans l’expression poétique
détermine Béryl Schlossman (2014, p.2) à écrire ceci :

En pleine capitale du dix-neuvième siècle, entouré de mystères


et caché par les nuages qu’il aime tant, l’étranger se retrouve et
se prolonge depuis Rimbaud, Mallarmé et Verhaeren, et
jusqu’au bout du vingtième siècle chez Proust, Camus, Genet,
Duras et Beckett, ainsi que chez toute une descendance
francophone.

En effet, dans le recueil poétique Les Petits poèmes en prose de Charles


Baudelaire (1998, p.26), le poème liminaire « L’étranger » donne lieu à un
dialogue qui met en présence deux interlocuteurs dont l’un par une série de
questions tente de déterminer l’identité de l’autre qui lui est inconnu. Ce poème
de Baudelaire (2008, p.26) se présente ainsi :

— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton


père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est
resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas…
là-bas… les merveilleux nuages !

Ce poème met en dialogue deux protagonistes dont l’identité est presque


fuyante. À ce titre, l’un qualifie son interlocuteur d’« homme énigmatique ». En

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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

effet, ce dernier n’a aucune affiliation. C’est un être esseulé qui n’a aucune
attache familiale (« Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère. »). Il est
insaisissable pour lui-même et pour son interlocuteur. De plus sa patrie est
évanescente. À l’opposé de tout homme dont la patrie est arrimée à une terre,
celle de l’inconnu se trouve lovée dans les nuages. Elle relève de la sphère céleste
(« J’ignore sous quelle latitude elle est située »). On retrouve ici encore une
analogie au volatile comme ce fut le cas pour l’albatros, maître des nues. Dès
lors, le pète s’apparente à un être qui sort de l’ordinaire et échappe à toute
classification en empruntant le manteau de l’anonymat. L’évocation de l’image
du personnage de Baudelaire dans « L’étranger » conduit Béryl Schlossman
(2014, p.2) à noter que
[…] L’homme arrive dans ce texte, ainsi que son
interlocuteur, sans nom. L’anonymat moderne annoncé ici
se voit confirmé au moment précis où la vision poétique
de Baudelaire et sa représentation de la grande ville (qui
pourtant est invisible dans ce poème) se proclament
inséparables […].

De fait, l’environnement de ce poème est régi par l’anonymat qui fait des
protagonistes des inconnus. Si le premier qui pose les questions semble avoir une
prise sur son environnement par la série de questions qu’il pose à son
interlocuteur, il n’en demeure pas moins qu’il est lui-même un inconnu notoire
du fait qu’au début du dialogue, ce dernier à aucun moment ne décline son
identité à l’autre protagoniste. Ce qui fait d’eux deux étrangers qui se reflètent
l’un à travers l’autre jusqu’à un certain degré. Cette attitude dénote de l’anonymat
qui entoure chaque habitant de la grande ville de Paris, qui s’étend et absorbe
l’identité de chaque citadin pour en faire un être anonyme, étranger à lui-même
et aux autres. En réalité, l’étranger dans la ville de Paris par un rapport de
ressemblance total ou partiel, relevant de l’analogie, s’apparente au poète dans
un premier temps. Celui-ci, comme un nouvel arrivant dans la ville de Paris, flâne
dans les rues pour fixer chaque moment de l’existence des parisiens englués dans

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la foule. Il est lui-même perçu par les autres comme un étranger dans cette masse
mouvante de la ville. Dans cet espace, la modernisation par le biais de
l’uniformisation des pratiques vestimentaires, et la provenance de chaque
habitant d’horizons divers, fait de la ville de Paris le creuset de l’anonymat où
chaque homme rencontré dans les rues est un étranger pour l’autre. Cette manière
de poser l’inconnu dans ce poème caractérise la quasi-absence des mots pouvant
se référer à la notion d’étranger. Ainsi, l’étranger ne se présente pas avec
ostentation, il est discret. Il est comme susurré entre les vers du poème.
Cependant, il est distillé en sourdine et de manière insistante à chaque bout du
texte. Il est identifié à partir de certain de ses attributs. En effet, la première
périphrase nominale qui sert à l’identifier est une négation. Elle ne lui confère
aucune attache familiale. En effet, c’est un être étrange qui ne descend d’aucune
femme et d’aucun homme (« ni père, ni mère, ni sœur, ni frère. »). Cette
circonlocution lui permet d’établir son statut d’être étrange donc étranger aux
hommes qui dans l’absolu doivent avoir une affiliation pour exister. De plus, sa
patrie ne se situe nulle part sur la terre. Il s’apparente à un extra-terrestre vu que
son origine est désignée par une périphrase verbale à travers « sous quelle latitude
elle est située ». Cela prouve qu’il n’est pas habitant de la terre. . Il est étranger
dans tous les sens du terme. Il apparait que par l’entremise de la périphrase,
l’étranger n’est pas nommé ou déterminé, mais il est suggéré par un réseau de
périphrases qui continue de faire de lui un être dont les contours insaisissables
dénotent sa nature d’étranger.

Conclusion
L’imaginaire de Baudelaire dans la représentation de l’étranger
s’accommode de plusieurs moyens scripturaux. La représentation de l’étranger
sous le prisme de l’imaginaire de Baudelaire peut procéder par un champ lexical
qui met en branle des termes en rapport avec la notion d’étranger sans le désigner
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Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

nommément ou en usant du thème du voyage qui est un prétexte pour convoquer


l’ailleurs dans ses textes poétiques. Par ailleurs, les figures tropiques que sont
l’allégorie et la périphrase sont les vecteurs de la figuration de l’étranger dans
l’espace poétique baudelairien. Au total, la notion de l’étranger dans son langage
poétique convoque des espaces, des objets et des hommes hors du territoire et de
la culture française pour réinventer le langage poétique dans cette deuxième
moitié du XIXe siècle, où une grande partie des fondements poétiques hérités des
principes de Boileau est remise en cause.

22
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

Bibliographie
BARTHES Roland, (1980), « La chambre claire. Note sur la
photographie », Cahiers du cinéma, Paris,
Gallimard / Seuil.
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Classique », Paris, Livre de Poche.
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BAUDELAIRE Charles, (2013), Écrits sur l’art, coll. « Livre de Poche
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CHARTIER Roger, (1998), « Le monde comme représentation » [1989], dans Au
bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et
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pp. 67-86.
FONTANIER Pierre, (1977), Les Figures du discours, coll. « Champs essais »,
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l’allégorie icarienne dans « L’Albatros » de
Charles Baudelaire », In Interligne, Revue
semestrielle, No 20 Printemps, pp.11-31.
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In: Romantisme, n°113. L'Antiquité. pp. 87-103.
SCHLOSSMAN Beryl, (2014), « Baudelaire, le poète, l’étranger », Carnets [En
ligne], Deuxième série - 1 | 2014, mis en ligne le 30 mai
2014, consulté le 28 mars 2019. URL :
http://journals.openedition.org/carnets/1224 ; DOI :
10.4000/carnets.1224
STASZAK Jean-François, (2008), « Qu’est-ce que l’exotisme ? », in Le
Globe, no 148, Paris, Bréal.

24
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

SOMMAIRE

IMAGINAIRE ET REPRESENTATIONS DE L’ETRANGER


CHEZ CHARLES BAUDELAIRE ……………...……………….3
ADJASSOH Christian, Université Alassane Ouattara de Bouaké (Cote
d’Ivoire)

L’ÉTRANGE ÉTRANGER DANS ONITSHA DE J-MG. LE


CLÉZIO……………………………….………………………….25
AISSATOU Abdoulahi, Université de Maroua-Cameroun

L’ETRANGER ET L’ETRANGE DANS L’ŒUVRE


POETIQUE D’ARTHUR RIMBAUD………..…………………47

ALODJI Kodjo Dométo, Université de Lomé

LE MYTHE FEMININ : FIGURE DE L ´ETRANGER DANS


LES CONTES D ʹEVA LUNA D´ ISABEL ALLENDE………..60
ANDOU Weinpanga Aboudoulaye, Université de Lomé (TOGO)

A COMPARATIVE ANALYSIS OF STRANGER ENGLISH


AND GU LANGUAGE SOUNDS – A PEDAGOGICAL
IMPLICATION FOR LANGUAGE LEARNING……………..79

APARI Wusu Jacob, department of English School of languages, Tai solarin


college of Education, OMU-ijebu, OGUN STATE (Nigeria)
362
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

ET SI KANT AVAIT TORT? PROCÈS DE LA VISION


KANTIENNE DE L’ALTÉRITÉ AU TRIBUNAL DE
L’HUMANISME DE LA GOETHEZEIT…………………………..97
BOUA Ahiba Alphonse, Université Félix Houphouët-Boigny, Cocody, Abidjan
(Côte d’ivoire)

LES REPRESENTATIONS DISCURSIVES DE L’ARABE ET


DU JUIF DANS SOUMISSION DE MICHEL
HOUELLEBECQ……………………………………………….119
GBESSE Mahudé Clotilde, Université d’Abomey-Calavi (BENIN)

LE DEVIANT, ETRANGER DE LA SOCIETE DANS VERRE


CASSE ET AFRICAN PSYCHO D’ALAIN MABANCKOU…134
HOUNYAME Yémalin Cyriaque, Université d’Abomey-Calavi,
(Bénin)

AFRICAN MUSIC COMPOSITION AND INSTRUMENTS:


THE AFRO-SCIENTIFIC APPROACH FOR HUMANISTIC
MOTIVATION…………………………………………………152
IDOWU Kojusotito Olatunji Ph.D, Department of Creative Arts, College of
Humanities, Tai Solarin University of Education, Ijagun; Nigeria

Caroline Obiageli Ph.D Department of Languages,Nigerian Defence


Academy, Kaduna

Ezekiel Tanitolorun Ph.D Department of French, College of Humanities

363
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

Tai Solarin University of Education, Ijagun; Nigeria

L’AUTRE MASQUÉ, L’HOTE DEMASQUÉ : HOSTILITÉ ET


CONFLIT PSYCHOLOGIQUE CHEZ LES PERSONNAGES
D’AMELIE NOTHOMB……………………………………….172
LALEYE Olatudosoun D.C. Université d’Abomey-Calavi (Bénin)

LES INAMOVIBLES DE SEDJRO GIOVANI HAUANSOU OU


L’ITINERAIRE TRAGIQUE DE LA FATALITE MIGRANTE
…………………………………………………………………....191
MEDEHOUEGNON Pierre, Université d’Abomey-Calavi

LA PROBLEMATIQUE DE LA REPRESENTATION DE
L’ETRANGER DANS LA GUERRE CIVILE DES APUTAGA
DE AYAYI TOGOATA APEDO-AMAH ET DANS MA
MAISON D’INITIATION DE KOUTCHOUKALO TCHASSIM
……………………………………………………………………205
SAMUEL Nouvlo, Université de Lomé (Togo)

FEMMES ETRANGERES ET HUMANISME DANS LE


THEATRE BENINOIS : UNE LECTURE
DECONSTRUCTIVISTE DE INSTINCTS
PRIMAIRES…COMBATS SECONDAIRES DE FLORENT
COUAO-ZOTTI ET SEPT MILLIARDS DE VOISINS DE
GIOVANNI HOUANSOU……………………………………...224
364
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

NOUWLIGBETO Fernand, Université d'Abomey-Calavi (BENIN)

LE DISCOURS RITUEL TRADITIONNEL DU DEUIL EN


PAYS MOAGA AU BURKINA FASO. L’ATONIE ET
L’APHONIE COMME MARQUE IDENTITAIRE PAR
L’ALTERITE…………………………………………………...245
OUALLY Germain, Université Norbert Zongo (Burkina Faso)

LA REPRÉSENTATION DE L’ÉTRANGER DANS LES


RENARDS PÂLES DE YANNICK HAENEL ……………….267
OUATTARA Sidiki, Université Félice Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

LES COULISSES DE LA CONDITION DE L’ETRANGER


DANS PARTIR DE TAHAR BEN JELLOUN………………..287
SAVEAU Patrick, Fanklin University Switzerland (Suisse)

PAULO COELHO ET J. M. G. Le CLÉZIO AUTOUR DE


L’ALTÉRITÉ…………………………………………………...302
TYR Kpatimbi, Université de Lomé (Togo)

L’AUTRE ET SOI DANS L’IMPASSE ET AGONIE DE Daniel


BIYAOULA / OTHER AND SELF IN IMPASSE AND
DEATHTHROES ………………………………………………319
YAOU Hippolyte Florent, Université d’Abomey-Calavi (Benin)

365
Numéro Spécial Vol.2 Revue Dama Ninao

ECRITURE TRANSCULTURELLE ET FORMALISATION


DE L’AFRICANITE DANS TANT QUE LES ARBRES
S’ENRACINERONT DANS LA TERRE D’ALAIN
MABANCKOU …………………………….…………………...341
YAPO Ludovic, Université Félice Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

366

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