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Romania

II. Rindon, conte haguais


Jean Fleury

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Fleury Jean. II. Rindon, conte haguais. In: Romania, tome 8 n°32, 1879. pp. 613-614;

doi : https://doi.org/10.3406/roma.1879.6498

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1879_num_8_32_6498

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RINDON 6I $
déchiffrement inexact. Je ne serais pas surpris qu'un nouvel et plus
sérieux examen de la pièce originale, ou de l'ancienne copie dont Yepes
s'est servi, eût pour résultat la substitution de marinería à anassia dans le
diplôme de Ferdinand.
2° Quel était en Portugal le sens précis d 'anaziar et de son dérivé ?
C'est ce que, pour le moment, et jusqu'à ce que de nouveaux textes plus
explicites me passent sous les yeux, il m'est difficile de dire. Ce que
je sais, c'est que Vanazia était en certain cas un crime très grave,
puisque le comte Henri de Portugal décrète la confiscation de tous les
biens de l'anaziador, tandis que le rapt et l'homicide ne sont punis que
d'une amende de cinquante muids de blé. Je sais aussi, d'autre part, que
Vanazia chez les Mores donnait au roi droit de partage avec l'anaziador
(Fuero de Seia). Tout ceci pourrait à la rigueur s'entendre du bri¬
gandage à main armée, pratiqué en pays chrétien et alors sévèrement
puni (Fuero de Tavares), ou en pays arabe, et dans ce cas toléré ou
même encouragé, moyennant l'abandon de la moitié du butin au roi
(Fuero de Sena). Malheureusement pour cette interprétation, le roi
Alphonse Henriquez mentionne dans ce même Fuero de Seia la razzia
ou brigandage armé contre les musulmans, et n'exige pour sa part que le
cinquième, et non la moitié du butin : « Homines qui fuerint trans
« ermio, et prendiderint maurum qui fugiat, aut mulo, aut cavalo, aut
« asino, aut bovem, aut vaca, et illi fueri[n]t .....de terra de Mauros .....
« dent quintam ad illo rege, et alia alcaidaria non dent » (Mon. Port.,
P. 370-
La langue moderne connaît un verbe ânaçar « agiter, mêler, battre,
brouiller (des œufs et autres substances liquides) » ; si ce verbe est
identique à Yanaziar de nos textes, on pourrait donner à celui-ci le sens
de « se révolter, s'insurger, former des factions » .
Jules Tailhan.
H.

RINDON
CONTE HAGUAIS 1 .

Il y avait une fais, coume no dit trejouous une fais, une bououne
femme qui avait filáe un gros paquet de fi. Olle avait biein envie d'en
faire de la tèle, mais les t'iieis ne travaillent pas pouour riein, et o n'était

parler
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61 4 MÉLANGES
pas riche, la pououre femme! Tandis qu'olle épéqu'vinait coument faire,
un houme entrite. — J'te tiîtrai ta tèle pouour riein, qu'i li dit, si tu
Veux-tu
peux me? dire men nom en trais fais. Si non, la tèle sera pouour mé.

La bououne femme li baillit sen fi. Mais quand i fut parti atout, la
bououne femme eut peue : si ch'était l'Petit Capet1, pouourtant! Bououn
Dieu, bououne Vieirge, aidiei-mé à d'vináe sen nom !
I faisait un gros vent qui gaoulait les branques sèques dans les abres.
0 s'en allit trachiei desbuquettes dans l'bois. Tout en ramasant les bran-
quettes que le vent avait fait tumbáe, olle écoutait, e i li sembliait que
des voix prêchaient dans le vent. Nos entendait coume unt'liei qui faisait
taquiei sen métiei et qui cantait en riant :
Clliin, cllias, clliin, cllias,
La bououne femme qui est la-bas,
Si o savait qu'j'euss'nom Rindon,
O n's'rait pas si gênâée.
Clliin, cllias, clliin, cllias, etc.
La bououne femme se doutit biein que ch'était sen t'liei ; o s'en
retouounit tcheu liei atout sen faix d'buquettes, et olle attendit.
Ou bout d'un moment, notre houme arrive. — Ta tèle est prête ; men
nom, achteu ?
— N'est-che páe Gliaoume ?
— Vraiment nennin.
— N'est-che páe Robert ?
— Vraiment nennin.
— Gh'est donc Rindon ?
— Tieins, gueuse, v'ia ta tèle, dit le petit homme furieux, en la jetant
sus l'aire. Et no n'ie r'vit pus. Jean Fleury.
III.
TAPABOR.
Au dossier de ce mot obscur, dont l'étymologie taper à bord est sus¬
pecte, et qui peut être étranger comme l'objet qu'il désigne, il y a lieu
de joindre le passage suivant des Mémoires de La Porte (éd. de Paris,
1 79 1 , p. 72) : « Mais la Reine [Anne d'Autriche] ne put s'empêcher de
lui reprocher sa folie d'une plaisante manière : elle me commanda de
faire faire un tahabare , ou bonnet à l'anglaise, de velours verd, chamaré
de passemens d'or, doublé de panne jaune, avec un bouquet de plumes
vertes et jaunes, et de le porter de sa part au ducL.deHavet.
Lorraine. »

i . Nom familier du diable.

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