L'IBA Emscher Park

Recherche et prospective 2008
L’IBA Emscher Park

Une démarche innovante
de réhabilitation
industrielle et urbaine
Document préparatoire
en vue du voyage d’étude
dans la Ruhr au printemps 2009
L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 1

2 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine
Sommaire
PREFACE : QU’EST-CE QU’UNE IBA ? 5
INTRODUCTION : LA QUESTION DES FRICHES INDUSTRIELLES 6
CONTEXTE DE LA REGION DE LA RUHR AVANT L’IBA 8

1. UNE CROISSANCE SANS PRECEDENT LIEE A L’INDUSTRIE DU CHARBON ET DE L’ACIER
(FIN DU XIXE, DEBUT DU XXE SIECLE) 9
2. UNE ECONOMIE QUI S’EFFONDRE AU MILIEU DU XXE SIECLE 9
3. DES TRACES DES SUCCES ECONOMIQUES DU PASSE QUI NE SONT PLUS ADAPTEES A LA REGION 10
D’abondantes friches industrielles 10
Une pollution des sols, de l’air et de l’eau importante 10
Des infrastructures et un urbanisme devenus désuets 10
Une baisse d’attractivité du territoire qui en résulte 11
L’IBA EMSCHER PARK, UNE DEMARCHE DE PROJET ORIGINALE 12

1. LA PHILOSOPHIE DE CETTE DEMARCHE 12
Les valeurs portées par l’IBA : un regard neuf posé sur le pays de l’Emscher 12
Un rapport au temps et à l’espace particulier 14
La compétence de l’IBA : une stratégie de projets 14
La mise en place de l’IBA : une structure portée par des hommes particulièrement enthousiasmés 15
2. LA GOUVERNANCE METROPOLITAINE 16
3. UNE REELLE DYNAMIQUE DE PROJET 20
Une structure et des outils adaptés 21
Une masse critique pour les investissements et les opérations lancées 22
Des partenariats innovants avec le privé 23
Des liens avec la population pour une appropriation collective du projet 24
Une démarche de « festivalisation » 24
Des actions connexes ciblées judicieusement 25
Un bilan à mi-parcours pour faire une première évaluation et améliorer la démarche si nécessaire 25
DES PROJETS IMPULSES SUIVANT 5 AXES 26

1. L’AMENAGEMENT DU PARC PAYSAGER DE L’EMSCHER 26
Première échelle : la traversée verte du territoire, le long de la rivière de l’Emscher 26
Seconde échelle : un système qui s’ouvre transversalement par plusieurs couloirs verts 27
Des visions qui se déclinent en différents types de projets à l’échelle locale 28
2. LA RESTAURATION ECOLOGIQUE DU SYSTEME FLUVIAL DE L’EMSCHER 30
3. LA PRESERVATION ET L’UTILISATION DES FRICHES INDUSTRIELLES 32
4. « TRAVAILLER DANS LE PARC » 33
5. « HABITER DANS LE PARC » 34

ENSEIGNEMENTS A TIRER DE L’EXPERIENCE IBA 35
1. LE PRINCIPE DE LA DEMARCHE IBA ET L’INGENIERIE DE PROJET 36
Quelles leçons tirer de l’ingénierie de projet ? 36
Quelle continuité entreprise par les villes elles-mêmes ? 36
Une expérience, un savoir faire et une conscience des processus de qualité restés après l’IBA. 37
Quel système de gestion de projet après-IBA a-t-il été mis en place par le Land ? 38
Le rôle du syndicat RVR* : l’intercommunalité au cœur des enjeux 46
Konzept Ruhr: Dix ans après l’IBA, un nouveau projet métropolitain pour la région 47
2. LES RETOMBEES POUR LE TERRITOIRE 50
Volet de valorisation du patrimoine industriel :
un défi réussi grâce à l’art et la mise en réseau des sites 51
Volet artistique et culturel : une structure devenue pérenne,
siège de grandes manifestations culturelles 52
Volet environnemental : un premier bilan positif, une continuité d’action nécessaire 54
Volet sanitaire : quelques actions entreprises 57
Volet déplacements et infrastructures : une démarche de réhabilitation des gares 57
Volet économique : un bilan à court et moyen terme mitigé 58
Volet résidentiel 61
Volet « sports et loisirs » : un développement intense de l’activité 62
CONCLUSION 65
INDEX 66
BIBLIOGRAPHIE 68
CREDITS PHOTOGRAPHIQUES 70

Préface : qu’est-ce qu’une IBA ?
Le sigle IBA provient de l’appellation « Internationale

Bauaustellung », qui signifie littéralement « Exposition Inter-
nationale d’Architecture ».
Pour autant, une IBA n’est pas une simple exposition culturelle
à vocation internationale, mais relève plutôt d’une démarche
architecturale et urbaine innovante que l’Allemagne a créée
pour répondre à certaines de ses problématiques urbaines.
Une IBA ne se limite pas à une expo- instruments d’aménagement classiques,

sition dans un site fermé, dans lequel le les IBA fonctionnent au travers de pro-
visiteur passe une partie de sa journée jets ciblés sur des tâches spécifiquement
puis repart comme dans un musée tradi- définies. Chaque projet, qu’il s’agisse
tionnel. Son étendue est bien plus vaste, d’un bâtiment nouveau, d’un parc, d’un
sa zone d’action regroupant un territoire centre économique ou d’une école, ap-
entier qui devient pendant une durée porte sa contribution aux objectifs géné-
limitée le lieu d’expérimentation d’un raux de l’IBA.
laboratoire innovant d’aménagement et Ce sont donc des projets d’excellence,
de développement. innovateurs et durables qui constituent
La première exposition d’architecture le cœur de ces IBA. Ils doivent être
allemande fut organisée en 1901 sur la inventés, promus et réalisés avec une
Mathildenhöhe à Darmstadt. Les IBA haute exigence de qualité.
étaient alors présentées sous forme Par ailleurs, une IBA existe à travers
de grandes expositions d’architecture. une structure légère et flexible, dont
L’IBA de Berlin en 1987, qui a exploré l’existence est limitée dans le temps.
des formes et des méthodes nouvelles Cette structure est mise au service des
de la rénovation urbaine, a ouvert une projets : elle conseille leurs acteurs,
nouvelle page dans les méthodes et les mobilise des ressources privées et publi-
objectifs de ces expositions. ques et leur confère un rayonnement
Aujourd’hui, cette démarche permet international grâce aux manifestations
avant tout d’inventer des solutions inno- culturelles organisées et au prestige
vantes en urbanisme. Contrairement aux apporté par une IBA.

Introduction : la question des friches industrielles
Délicat de trouver un devenir aux anciens sites industriels.

Quel équilibre apporter à ces lieux, entre une sacralisation
trop excessive et une démolition radicale ? L’IBA Emscher Park
s’est basée sur une approche innovante de réhabilitation de
ses friches, non seulement pour ne pas nier son passé, mais
aussi pour en faire un levier vers l’avenir.
La région industrielle de la Ruhr a vécu en terrains, ne présentant qu’une faible at-

un siècle de profonds bouleversements. tractivité, est délicat, coûteux et prend
Elle est devenue le cœur économique de beaucoup de temps. Ils restent alors en
l’Allemagne, marqué d’une croissance l’état pendant des années, fermés par
sans précédent. Mais cette période de des clôtures électrifiées et surveillés par
prospérité s’est ensuivie d’une grave cri- des gardiens, ou investis sous forme de
se économique, dont les impacts furent squats.
nombreux sur le territoire. Il faut alors un regain d’efforts créa-
Avec de nombreuses fermetures tifs et visionnaires pour imaginer leur re-
d’usines, le taux de chômage a été am- conversion.
plifié, et les sites sont devenus des ter-
rains en jachère. Deux approches possibles
Ces sites matérialisent alors un hé- dans le choix du devenir
ritage de nombreuses années d’activité d’un ancien site industriel
économique industrielle. Marqueurs de
Une première solution consiste à faire ta-
l’histoire régionale, ils constituent un
bula rasa des vestiges de la friche indus-
capital transmis aux générations suivan-
trielle. La démolition totale des ancien-
tes. Les vestiges des industries font par-
nes installations permet de retrouver un
tie d’un patrimoine à préserver.
terrain vierge qui ne présente que très
peu de contraintes pour son urbanisa-
Comment donner alors un nouveau tion future. Mais ce choix implique aussi
souffle au territoire, tout en tenant de nier le passé du site, et de renoncer
compte de cet héritage industriel ? au patrimoine que celui-ci apportait.
Si on peut leur accorder une valeur pa- Une approche plus conservatrice
trimoniale, les friches sont aussi un sym- peut être menée. En s’appuyant sur
bole fort du déclin industriel des pays l’existant, elle permet de redonner un
développés dans un monde globalisé. sens au lieu tout en conservant tout ou
Elles créent une pollution visuelle dans partie des bâtiments en place. Si elle est
le paysage et des barrières au dévelop- plus complexe, cette approche permet
pement urbain du futur. Les municipa- de prendre en compte l’héritage indus-
lités ne savent que faire de ces sites, triel laissé au territoire.
dont les anciens propriétaires ne veulent Deux grandes lignes se dégagent
plus, aux sols pollués et pour lesquels il dans la réutilisation possible de sites
n’existe pas de marché potentiellement selon cette démarche. Une solution
repreneur. Le redéveloppement de ces consiste à muséifier, voire « sacraliser »

les sites, et à les garder intacts afin de
pouvoir mettre en valeur le patrimoine et
l’histoire liée au lieu. Intéressante, cette
solution présente l’inconvénient de res-
ter trop ancrée dans le passé. Un autre
choix consiste à réhabiliter les bâtiments
pour leur donner un second usage et à
mettre en place des reconversions ar-
tistiques ou culturelles. Peu simple, ce
choix demande beaucoup d’efforts mais
semble être particulièrement pertinent.
Une démarche innovante mise en

place avec l’IBA
Alors que ces questionnements sont
communs à de nombreuses villes euro-
péennes, dont les problématiques sont
proches, l’Allemagne a innové dans la
région de la Ruhr en mettant en place
une démarche novatrice pour faire face
à ces enjeux. Dès lors, quels étaient la philosophie
et les moyens de cette IBA Emscher Park,
L’IBA Emscher Park, structure « de
en quoi sa démarche fut-elle novatrice
sauvetage » de cette région, fêtera en
2009 le vingtième anniversaire de son et quels projets furent soutenus durant ces dix
lancement. Elle a travaillé avec une années d’intense activité ? Aujourd’hui,
approche de conservation des friches quels enseignements peuvent en être retirés,
industrielles, pour tenir compte de l’im- tant pour la région elle-même que pour les
portant héritage transmis au territoire, autres sites européens aux enjeux similaires ?
et en se servant du passé comme levier.
Après dix années de travail intensif pour
redonner des couleurs à cette région
sinistrée (de 1989 à 1999), la décen-
nie qui a suivi (de 1999 à 2009) devrait
permettre de prendre du recul sur cette
démarche afin d’en tirer un bilan.

Contexte de la région de la Ruhr avant l’IBA
La Ruhr est un territoire qui a été profondément marqué

par une industrialisation puissante et rapide dès la seconde
Une industrialisation liée moitié du XIXe siècle. Les difficultés que la région a ensuite
aux potentiels du territoire
rencontrées ont amené à s’interroger sur les devenirs possibles
L’exploitation des ressources du territoire s’est
d’un tel territoire. Son image dégradée a été à l’origine de la
faite dans une certaine continuité. Les zones
situées au sud de l’Emscher présentent un char- démarche de l’IBA.
bon maigre, utile au puddlage* et alimentant les
foyers domestiques. Mais les réserves faibles de
ces sites et l’intérêt pour un charbon plus gras
La vallée de l’Emscher constitue une jusqu’au Rhin. Le territoire de l’IBA
et cokéfiable* ont poussé l’exploitation minière
petite partie seulement du bassin de la Emscher Park est délimité par la grande
plus au nord, bien que le charbon y soit plus en
Ruhrgebiet* 1 qui comprend les vallées conurbation qui se trouve le long de
profondeur (700m sous l’Emscher, 1000m sous de la Ruhr, de l’Emscher et de la Lippe la rivière de l’Emscher, constituant une
la Lippe). zone de 800 km².
Un territoire géostratégique 1. Les termes repérés avec une étoile sont indexés à la
Le bassin de la Ruhr fut au cœur de l’effort fin de ce document
de guerre allemand durant les deux Guerres

mondiales. Ce territoire, occupé par la France de
1923 à 1925, fait l’objet de nombreuses convoi-
tises, de par sa capacité de production. A la fin
de la Seconde Guerre Mondiale, il est mis sous
tutelle de la AIR* (Autorité Internationale de la
Ruhr). Dès 1952, il est au cœur des nouveaux
enjeux européens avec la création de la CECA*.
La Ruhr et la vallée de l’Emscher

Une croissance sans précédent
liée à l’industrie du charbon et de l’acier
(fin du XIXe, début du XXe siècle)
La Ruhr est à ce jour la région la plus la sidérurgie attire des millions de Eléments clés
dense d’Allemagne, avec cinq millions travailleurs. L’industrie lourde de la Ruhr • Un immense bassin charbonnier
d’habitants et une aire d’environ 4 500 représente alors la force motrice de
• 1837 : premier puits de charbon
km². l’économie nationale allemande.
• Groupes majeurs : Thyssen (marché du
Cette concentration est étroitement L’urbanisation, quant à elle, se fait
liée à la croissance industrielle de la sans règles vraiment définies, par ag- chemin de fer et de l’armement lourd), Krupp
première moitié du XXe siècle : entre 1905 glomérations greffées en peu de temps (fers plats, entre acier et produits finis),
et 1955, sa population passe de 2,9 à 6,2 sur les noyaux villageois et autour d’une Stinnes (aciers courants)
millions d’habitants. Le développement industrialisation qui se développe sans • Production de charbon
dynamique des charbonnages et de contrainte, colonisant tout l’espace. 114 millions de tonnes en 1913
130 millions de tonnes en 1939
56 millions de tonnes en 1989
Une économie qui s’effondre

au milieu du XXe siècle
Un siècle seulement après cet essor La région subit ainsi avec violence les
industriel survient la crise du charbon changements structurels de la seconde
en 1957, ce qui déclenche une rupture moitié du XXe siècle.
économique dans tout le bassin de la En 1988, son territoire est très for-
Ruhr. L’évolution de l’approvisionnement tement touché par cette crise économi-
énergétique allemand, en particulier que qui sévit dans le secteur industriel
l’utilisation croissante du pétrole, et les de l’acier et du charbon. Les fermetures
importations de charbon bon marché de de sites se succèdent à des rythmes
pays tiers, font décroître la demande en très rapides, faisant grimper les chiffres
charbon intérieur. du chômage de la Ruhr, qui souffre
Les 140 mines de 1957 fermeront particulièrement de cette situation du
peu à peu pour n’être plus qu’au nom- fait de sa mono-structure industrielle.
bre de 7 en 2 000, avec un charbon local
trois fois plus cher que le charbon d’im-
portation.
« D’abord meurt la mine, puis la ville »,

indiquent les panneaux de ces personnes
protestant contre une fermeture
supplémentaire dans la Ruhr.

Des traces des succès économiques
du passé qui ne sont plus adaptées
à la région
Ainsi, la rivière de l’Emscher est un vrai
D’abondantes friches industrielles égout à ciel ouvert depuis 1910 : elle re-
cueille les rejets de nombreuses indus-
tries et n’est traitée qu’en fond de vallée,
Les nombreuses industries qui ferment dans une immense station d’épuration,
laissent le plus souvent leurs sites en juste en amont du Rhin.
place, abandonnant ainsi quelques dix Notons que ce choix de ne pas cons-
mille hectares de friches dans la région truire un réseau efficace d’égouts enter-
de l’Emscher. Les bâtiments ont une rés (et de plutôt utiliser la rivière à cette
structure souvent ancienne, et ne sont fin) a été fait pour des raisons financiè-
plus utilisés. Ils se dégradent peu à peu, res mais aussi techniques. Du fait des
ternissant l’image de la région. nombreux puits de mines (encore 150
En outre, ces sites jadis symboles en fonction en 1950) déjà existants, le
d’emploi et de prospérité rappellent aux sol est percé en de nombreux endroits
habitants une crise douloureuse. et donc fragilisé. Il n’est alors pas vrai-
Ils deviennent ainsi doublement des ment envisageable de mettre en place
« points noirs » dans le paysage. Leur un réseau d’égouts sans risque d’effon-
devenir est incertain face aux difficultés drements.
qu’ils posent aux communes.
La réhabilitation des friches indus-
trielles n’est de plus pas un enjeu politi-
Des infrastructures et un urbanisme
que majeur tant pour les communes
L’ancienne rivière de l’Emscher devenus désuets
que pour la région. Les propriétaires ne
tiennent pas à vendre leur propriété,
pour ne pas avoir à payer de dettes En plus des innombrables friches in-
environnementales. Bien souvent, les dustrielles, la région est marquée par les
sites sont seulement mis en sécurité et routes, les voies ferrées et les pipelines.
surveillés, en attente d’une éventuelle Toutes ces infrastructures ont été cons-
revitalisation future. truites au service de l’industrie, qui a
largement influencé le développement
spatial de la région pendant des décen-
nies. Peu à peu, leur manque d’entretien
Une pollution des sols, de l’air
les rend désuètes.
et de l’eau importante
La densité de ces infrastructures res-
te un atout pour la mobilité, mais elles
Laissés en place, les sites industriels sont
ont parfois perdu leur cohérence face
fréquemment installés sur des sols dé-
aux fermetures et elles enclavent alors
gradés. Après plusieurs décennies d’ex-
de nombreux sites, dont les liens avec le
ploitation, les terrains sont pollués et
milieu urbain proche ne peuvent se faire
bien souvent inutilisables.
que difficilement.
La pollution est un problème qui
Par ailleurs, l’organisation spatiale de
s’étend à tout le territoire : si les sols des
l’urbain dans la Ruhr est particulièrement
sites en friche sont viciés, l’air s’est aussi
délicate. En effet, son urbanisme s’est
empli des fumées expulsées pendant
construit au fil des années, en fonction
toutes ces années par les cheminées, et
des sites industriels et au détriment des
l’eau n’a pas été considérée comme une
structures villageoises traditionnelles.
ressource limitée à préserver.
Aujourd’hui, le territoire est formé
d’une immense conurbation, peu lisible
et peu structurée. Le manque de repè-
res, de centralités et d’identités fortes
nuit à la région de la Ruhr.
L’image de la Ruhr est ainsi fortement dé-
Une baisse d’attractivité du territoire gradée à la veille de l’IBA Emscher Park,
qui en résulte et ce malgré quelques atouts identifiés
(les infrastructures de transport sont re-
lativement efficaces, l’offre culturelle est
Ces différents facteurs contribuent à une
variée, la position géostratégique de la
baisse d’attractivité générale de la ré-
Ruhr au cœur de l’espace européen est
gion: c’est tout un territoire qui devient
particulièrement intéressante, …).
« en friche », à « recultiver ».
Le déclin industriel, l’absence d’iden-
Son image dégradée fait fuir les po-
tités historiques traditionnelles (peu de
pulations et les investisseurs éventuels.
centres anciens) et le déficit de qualités
Les habitants quittent le territoire paysagères et urbaines génèrent une
d’autant plus facilement qu’ils n’ont plus perception peu attractive du territoire.
de travail, et des difficultés à en retrou- Face à cette situation sinistrée, il faut
ver sur place. donc agir, et de manière assez consé-
Parallèlement à un attrait limité, les quente.
investisseurs ont quant à eux des diffi- Si le Land*, à la suite d’une prise de
cultés à s’intégrer au fonctionnement conscience de l’enjeu public que repré-
régional au sein duquel les rôles de cha- sentait la reconversion des friches indus-
cun sont déjà définis. trielles, a créé un organisme foncier (le
Ce climat socio-politique est particulier: Grundstücksfond*) dès 1979, celui-ci ne
les grandes firmes dominent, l’esprit fonctionne pas à son optimum. Il est en
d’entreprenariat et les services man- effet difficile de trouver un devenir aux
quent, les réseaux de connaissance sites investis.
jouent un grand rôle et les acteurs inno- C’est dans ce cadre que l’IBA va
vants se font rares. Assurément, de tel- trouver sa place, afin de compléter cette
les conditions ne sont pas attractives démarche engagée, et d’élargir la ques-
pour d’éventuels investisseurs qui ne tion du recyclage de friches industrielles
connaissent pas bien la région et qui ne à celle de la revitalisation d’un territoire
connaissent pas les éventuels réseaux entièrement en friche.
d’influence des acteurs dans les déci-
sions complexes de développement.
Par ailleurs, le paysage urbain in-
dustriel de la Ruhr ne peut pas entrer
en compétition avec les autres villes
d’Allemagne telles que Munich, Franc-
fort ou Düsseldorf. De plus, la Ruhr ne
comporte pas de grande ville phare, qui Un territoire industriel
dominerait historiquement la région, dont l’image est dévalorisée
mais plusieurs villes moyennes comme
Essen, Duisburg, Dortmund ou Bochum,
qui sont plus en compétition entre elles
qu’en coopération. Ce défaut de colla-
boration intercommunale est un véri-
table handicap : les décisions se pren-
nent à un niveau local, empêchant toute
vision à une grande échelle et donc la
possibilité d’une cohérence entre les
aménagements de chaque ville. Un tel
manque de cohésion fragmente encore
plus la vision de la région de la Ruhr. Les
acteurs régionaux, quant à eux, ne par-
viennent pas à s’accorder sur une vision
commune du territoire à venir. Sans but
et sans sens commun, la revitalisation
de la région s’avère très difficile, voire
impossible.

L’IBA Emscher Park, une démarche de projet originale
Envisagée comme une procédure d’exception, l’IBA Emscher

Park a permis de susciter de nombreux projets de haute qualité
et de provoquer des changements de regard et d’habitude.
Fondée sur des principes clés, l’IBA propose la mise en place
d’un nouveau schéma de gouvernance métropolitaine, au
service d’une démarche de projet appropriée.
La philosophie de cette démarche
Les valeurs portées par l’IBA :

un regard neuf posé sur le pays
de l’Emscher
Régénérer un territoire de 800 km² Un changement d’image qui passe

dans une région de tradition industrielle par l’Art et la Culture
n’aurait pas été possible sans une vision Face à des sites délaissés, l’IBA propose
embellie du territoire à terme, et suivant l’action. Il s’agit de « mettre en culture»
« Plutôt que de défendre une innovation
plusieurs concepts fondateurs. des friches afin de leur redonner une
technologique, nous avons développé
un concept culturel de l’innovation.
raison d’être.
Le passé comme levier : assumer son En Allemagne tout particulièrement,
C’est la voie indirecte : accepter un impact
héritage industriel le concept de « mise en culture » est très
économique différé, préparer d’abord le
territoire. Pour qu’une politique d’innovation Tout d’abord, l’IBA refuse de tourner le large : il s’agit de redonner du sens à un
dos au passé, qui prend au contraire le territoire, tant du point de vue artistique
économique et technologique fonctionne, les
rôle de levier pour relever le territoire. que scientifique, social ou fonctionnel.
entreprises qui l’accueillent doivent être elles-
Un témoignage de l’histoire de la région Au-delà de cette remise en culture des
mêmes innovantes. Nous avons donc
est ainsi conservé et valorisé. Le projet friches, c’est tout le territoire qui retrouve
préconisé de rendre attractif l’environnement un nouveau souffle. Un des points clés
doit s’appuyer sur des racines locales,
de la région, dans l’espoir d’influencer les ressources induites et les potentiels est bien de faire changer l’image de
l’économie et la société. » laissés par les activités passées. Com- celui-ci, afin de lui donner une nouvelle
Karl Ganser, directeur de l’IBA ment revitaliser un territoire sans tenir vitalité.
compte de ce qu’il a vécu? Cela n’aurait L’art tient alors une place centrale,
pas été possible ici car la mise en pour faire évoluer les regards, mais aussi
concurrence avec d’autres villes euro- pour passer d’un « territoire productif »
péennes aurait démontré qu’il n’était à un « territoire créatif ». Cette créativité
pas possible de recréer de toutes pièces joue un rôle central dans les projets : de
des villes européennes patrimoniales création, de reconnaissance, d’éveil, de
« traditionnelles ». pédagogie. Afin de donner une lisibilité
plus forte à la démarche, l’IBA marque
une collaboration accrue avec des
artistes de renom.

Une volonté écologique marquée Un effort particulier axé sur la qualité
La volonté affichée est de passer d’une des projets
image industrielle désolante à un terri- Ces trois concepts sont au service du
toire cultivé et attractif. Ce changement changement d’image, et pour cela le
d’image passe aussi par la transforma- principe de la qualité est un enjeu trans-
tion d’un territoire noir à un territoire versal essentiel.
vert. Le postulat de la qualité passe par
Le constat est fait que les cheminées l’application stricte de plusieurs princi-
ont pollué l’air, les rejets ont fait de la pes tels que la qualité architecturale, la
rivière Emscher un égout, les sols eux- conservation de l’énergie, une création
mêmes ne sont pas accessibles car pol- imaginative du paysage, l’accessibilité
lués. aux transports publics, la conservation
Le projet se doit alors de se fonder des écosystèmes sensibles, un engage-
sur les principes du développement du- ment local, des partenariats, la mise en
rable, pour montrer que la page est prê- œuvre de procédures particulières et la
te à être tournée. En 1989, le choix est prise en compte des coûts de mainte-
donc fait : la logique économique, bien nance. Chacun de ces principes se décli-
que desservie, ne sera pas fondatrice de ne en plusieurs points : par exemple, le
la démarche, un modèle différent étant choix de la qualité esthétique implique
proposé. de travailler sur les identités régionales,
en se basant sur son histoire industrielle,
Il s’agit d’une part d’un modèle spa-
en développant de nouveaux éléments
tial, qui souhaite le recyclage du foncier
tels que le Land Art. Par sa qualité fonc-
déjà bâti pour éviter l’utilisation de sites
tionnelle, l’IBA prône l’amélioration effi-
encore vierges. La croissance en péri-
cace et intégrale des divers réseaux qui
phérie est freinée, le modèle européen
maillent le territoire : le régime des eaux
de la ville compacte et multifonctionnel-
souterraines, les infrastructures, les li-
le défendu. Il s’agit aussi de « tirer le pay-
gnes de végétation.
sage » à l’intérieur de la ville, puisque le
foncier est disponible et que celle-ci ne A partir de ces concepts, l’IBA a de-
connait plus que le gris de ses industries mandé aux municipalités partenaires de
depuis plusieurs années. s’engager à respecter trois grands prin-
cipes :
C’est aussi l’occasion pour la région
de promouvoir les « éco-technologies » 1/ Pas d’actions contre la nature, cha-
(bâtiments à haute qualité environne- que intervention doit respecter le cy-
mentale, énergies propres,…) dont une cle écologique.
part importante sera consacrée aux pro- 2/ Respect de l’histoire : Conservation,
jets. Au-delà, c’est même une chance de dans un premier temps, des vestiges
rendre l’écologie crédible, en montrant du passé industriel, qu’ils aient ou non
qu’elle est pertinente sur plusieurs ni- valeur de patrimoine architectural.
veaux, esthétique et économique no- 3/ Chaque réalisation doit répondre à
tamment. des critères de qualité et d’innovation
L’objectif est bien de renverser l’ima- et être conçue selon des processus
ge alors peu attractive de cette région, créatifs.
noircie par ses industries, en montrant C’est donc une démarche de com-
qu’elle peut suivre un nouveau type de préhension de chaque site qui s’appli-
développement, dit « vert ». que, le tout s’insérant dans un schéma
global de revalorisation de la région.

Un rapport au temps
et à l’espace particulier
L’IBA s’inscrit à plusieurs niveaux dans Cette double échelle est nécessaire,
l’espace spatio-temporel. puisque les projets locaux ex nihilo
desservent l’intérêt métropolitain : par
Enjeu temporel : une durée limitée leur mise en réseau, chaque intervention
locale contribue à l’identité régionale.
pour des effets à long terme
Ainsi l’exprime Dorothee Kohler :
Le temps est appréhendé sous plusieurs
« L’IBA est un projet régional, dont les
facettes : d’une part il est considéré
villes sont les champs d’intervention
comme une ressource limitée, mais
et les municipalités des acteurs parmi
d’autre part comme celui qui permettra
d’autres. L’échelle est double : celle de
en s’écoulant la régénération espérée. Le
la Ruhr, envisagée comme un ensemble
système « mêle donc durée et limitation
dont l’identité a été cultivée par la
dans la durée, deux notions nécessaires
reconversion des friches industrielles et
à l’action et complémentaires 2 » .
l’aménagement d’un grand parc paysa-
En effet, l’action de l’IBA s’inscrit dans ger, l’échelle locale avec la déclinaison
une durée limitée à dix années (de 1989 de ce concept global dans une série de
à 1999). Ce caractère éphémère permet projets définis sur mesure 3. »
de maintenir un esprit d’exception au
projet, et incite les acteurs à concentrer
leur énergie dans la décennie. A court
terme, les actions entreprises sont forte- Compétence de l’IBA :
ment médiatisées et permettent d’amor- une stratégie de projets
cer un changement des mentalités. Elles
peuvent aussi générer des conséquen-
ces directes sur les emplois créés, les Les plans de planification mis en place
logements réhabilités ou la proposition depuis les années 1970 ont été basés sur
culturelle améliorée par exemple. une organisation spatiale qui ne tenait
pas compte de la qualité de réalisation.
La requalification globale du territoire
ne peut se faire, elle, que sur des temps L’IBA fonctionne donc sur une autre
plus longs. Le territoire est préparé pour stratégie, qui rompt avec la logique de
une vision à long terme, afin d’accueillir planification hiérarchisée et sectorielle.
par la suite de nouvelles activités, de La démarche, qui ne se limite pas à
retrouver une croissance démographique des prescriptions minimales, est bien
et ce grâce à un fort attrait exercé par ce plus ambitieuse que ce qui avait été
changement d’image. Les effets indirects proposé jusqu’alors. Chaque projet
escomptés pourraient donc bien peu est jugé individuellement selon une
à peu faire muter ce territoire sur les longue liste de critères de qualité et de
cinquante prochaines années. développement durable préalablement
établie.
Enjeu spatial : l’urbanité, Avant d’être tout à fait validé, le

projet doit aussi d’abord être approuvé
mais qui s’intègre par ailleurs
par le comité de direction de l’IBA. Une
à une vision territoriale
fois cette étape passée, les subventions
De même, les échelles spatiales sont de l’Etat peuvent être accordées. Si les
abordées à deux niveaux : l’un se critères ne sont pas respectés, le projet
concentre sur les efforts à entreprendre n’est pas retenu et ne fait pas l’objet de
pour redynamiser un territoire dans sa subventions publiques.
globalité, l’autre concerne des actions
locales, facilement lisibles par la popula-
tion.
2. D’après Bernard Reichen, architecte et 3. D’après Dorothee Kohler, chercheur à

urbaniste spécialisé dans les questions de l’université de Frankfurt, diplômée de Sciences
reconversion du patrimoine industriel dès la Politiques à Paris
moitié des années 70.
Le rôle de l’IBA ne se limite pas à Le président du Land de la Rhénanie
l’acceptation de projets, mais consiste du Nord Westphalie, M. Johannes Rau,
aussi au suivi de ceux-ci. L’IBA favorise les soutient activement le projet et voit en
débats entre les différents acteurs – Etat, Karl Ganser un homme de talent. « C’est
collectivités locales, investisseurs privés un visionnaire, un homme pragmatique
et population. Il peut aussi suggérer des qui sait garder une vision globale des
projets. Il agit ainsi comme « promoteur choses. Un généraliste dans le bon sens
d’idées » et « facilitateur de conduite de du terme, mais aussi un des meilleurs
projets ». spécialistes de nombreuses questions
Cette démarche est notamment sui- de la rénovation urbaine. C’est un des
vie en parallèle par le premier ministre du architectes, et un peu le père de la
Land qui veille à son bon déroulement nouvelle région de la Ruhr », dit-il de
et aide à dépasser des contraintes bu- lui.
reaucratiques ou idéologiques. Grâce à ces collaborations et au sou-
Les compétences associées à l’IBA tien du Land, l’ambitieux projet peut voir
lui permettent ainsi de mettre en œuvre le jour, sous le label d’un « atelier pour le
la philosophie prônée, sans pour autant futur des régions industrielles ».
prendre la fonction des institutions déjà L’objectif marqué du Land dans cette
en place. L’IBA reste en effet un outil démarche est non pas de faire, mais de
d’expérimentation architecturale et ur- faire faire. Ainsi, un mémorandum de
baine, de capitalisation des innovations plus de soixante pages est rapidement
techniques, sociales et organisationnelles distribué aux acteurs locaux, comprenant
et de promotion culturelle, qui permet un diagnostic complet de la situation
de croiser les barrières administratives et les éléments de réponse que peut
et de relier les différents secteurs politi- apporter une IBA. C’est à partir de ce
ques. document qu’un très large appel à
projets est lancé : environ 500 réponses
sont reçues.
Malgré des débuts difficiles et un
La mise en place de l’IBA : une manque de confiance et d’intérêt de la
structure portée par des hommes part des communes (qui ne croient que
particulièrement enthousiasmés peu à sa réussite et s’inquiètent de son
financement), l’IBA a donc finalement
réussi à proposer une démarche à cette
A l’origine de la mise en place d’une IBA
région sinistrée afin de lui redonner une
dans cette région sinistrée se trouve no-
forte impulsion de développement.
tamment Karl Ganser, haut fonctionnaire
en urbanisme et enseignant chercheur
en géographie à l’Université technique
de Munich. Cet homme dynamique et
passionné comprend que les change-
ments dont la Ruhr a besoin ne peuvent
être amorcés d’une manière efficace
que s’ils s’inscrivent dans un schéma de
cohérence métropolitaine.
Il est accompagné dans sa démarche
par le jeune et ambitieux Christoph
Zöpel, alors ministre de la Planification
urbaine et du Transport du Land de
Rhénanie Nord – Westphalie 4. Karl Ganser Christoph Zöpel Johannes Rau
4. D’après Klaus R. Kunzmann, Creative

Brownfield Redevelopment, The experience
of the IBA Emscher Park in Germany, 2004,
Université de Dortmund.
La gouvernance métropolitaine :
une structure qui fait le lien entre les
différents acteurs, à travers les projets
Durant ces dix années, le schéma de gouvernance tradition-
nel est quelque peu bouleversé du fait de l’IBA. Comment
fonctionne alors le système, et quels rôles les différents
acteurs jouent-ils ? Le Land, qui détient l’IBA et accorde les
subventions aux projets, possède les clés de cette gouver-
nance. Mais les communes et les investisseurs privés restent
les maîtres d’ouvrage des projets.
qui en proposent. Si le projet est retenu

Les différents acteurs et institutions d’après les exigences de l’IBA (de qualité
impliqués dans l’aventure IBA notamment), elle apporte une expertise,
ainsi qu’une aide pour les dossiers de
Le Land Rhénanie Nord Westphalie : demande de subvention, le prestige et
l’attention des médias. Elle aide à la
l’initiateur de la démarche
préparation des appels d’offre pour les
Comme tout Land allemand, le Land* concours d’architectes.
Rhénanie-du-Nord-Westphalie possède
Ses compétences et sa philosophie
une constitution propre, un gouverne-
ont été décrites dans la partie précédente.
ment, un parlement, une administration
et une juridiction. Il porte ici de manière
forte le processus de transformation Le comité de direction de l’IBA :
qualitative du territoire : porteur de sa un directoire d’élus
mise en place et propriétaire à 100% de et de représentants locaux
l’IBA, il offre ainsi des moyens d’action Chaque projet IBA soutenu a d’abord été
aux communes et aux investisseurs. En validé par le comité de direction. Celui-ci
outre, il dispose de fonds et accorde des regroupe diverses personnalités, rassem-
subventions aux projets sélectionnés. blées autour de Karl Ganser. Représen-
Son ministre du Développement de la tants du Land et des villes concernées,
ville, de la Culture et du Sport fait partie du monde économique, des syndicats,
du comité de direction de l’IBA et repré- des associations et des architectes se
sente à ce titre les intérêts de l’Etat dans concertent ensemble pour déterminer
les projets sélectionnés. les grandes lignes de fonctionnement de
C’est aussi en partie l’Etat qui sub- l’IBA et choisir les projets à réaliser.
ventionne les outils de maîtrise du fon-
cier (la LEG* et le Grunstücksfond*), ainsi Les communes et les investisseurs
que le syndicat intercommunal KVR*.
privés : les maîtres d’ouvrage des
projets.
L’IBA : un groupe d’experts au service
L’initiative du projet revient au maître
des projets d’ouvrage qui reste, malgré le dispositif
L’IBA est une SARL* qui ne possède pas IBA, le responsable des opérations. Ce
de moyens d’investissement propres maître d’ouvrage peut être une com-
(elle ne dispose que d’un faible budget mune (le plus souvent), mais aussi un
de fonctionnement). Son rôle est groupement de communes dans le cadre
d’animer la démarche, et de permettre d’une coopération intercommunale, ou
une mise en réseau de tous les sites. Elle un investisseur privé.
a un vrai rôle de suivi des projets : elle Ce rôle est pertinent, permettant à
peut en proposer mais plus souvent elle l’IBA de « faire faire », et non de « faire ».
épaule les communes ou investisseurs

La société d’aménagement (LEG*) ron 100 millions d’euros), financés à
et le Fonds foncier régional 50% par des subventions européennes,
(Grundstücksfond*), 40% par la vente de terrains viabilisés,
outils de maîtrise du foncier 10% par des subventions du Land.
Sa gestion est assurée par la LEG, une
Le Land* soutenant activement le re-
société immobilière et d’aménagement
cyclage à grande échelle de friches in-
de droit privé, dont le Land détient la
dustrielles, la création du Fonds foncier
majorité du capital.
régional dès 1979 est un atout primor-
dial pour la démarche IBA, puisque des
terrains sont déjà disponibles pour une Le KVR*, syndicat intercommunal Les procédures administratives
réhabilitation. qui peine à trouver sa place sont donc modifiées. Ce changement
« Cet outil financier met à disposition dans la démarche est délicat : traditionnellement, les communes
des financements publics destinés à la Il s’agit d’un syndicat intercommunal qui négociaient directement avec le Land,
reconversion d’anciennes emprises, afin associe notamment les dix-sept villes par réseaux politiques. Dans ce contexte,
de leur permettre d’accueillir de nouvel- de l’IBA Emscher Park. Financé conjoin- après vingt années d’essais plus ou moins
les activités industrielles et tertiaires, tement par les communes et par le Land, aboutis de stratégies de planification pour
mais aussi culturelles, de logement et il se compose d’un directoire d’élus. revitaliser le territoire de la Ruhr, les communes
de loisirs. Sa vocation est de remettre Le syndicat KVR n’est en fait qu’un accordent difficilement leur confiance à l’Etat.
dans le circuit économique des terrains prestataire de services, pâle successeur De manière plus générale, cette nouvelle
« hors marché » du fait des coûts de du SVR créé en 1920. Très novateur, le structure court-circuite en partie le système
déconta-mination qui leur sont souvent SVR avait assuré le maintien d’espaces
de réseaux politiques traditionnels, constituant
associés. Ces derniers, assumés à 50% verts et créé un réseau de transport
par l’ancien propriétaire, représentent malgré elle un certain affront à l’institution
unifié, expérience pionnière de remise
en effet souvent quatre à cinq fois le régionale, aux gouvernements locaux
en ordre spatial d’une région industrielle.
prix d’achat du terrain. L’objectif visé Mais il avait perdu son pouvoir avec et à l’autorité intercommunale.
est double : remettre à niveau un l’aggravation de la crise, dans les années
paysage et un tissu urbain détruits par 1970.
l’industrialisation, et répondre à une
Chose délicate, l’IBA semble être
certaine pénurie de foncier disponible
indirectement un affront au KVR puis-
dans une région très densément
qu’elle prend sa relève là où il a échoué
peuplée4’. »
à mettre en place une réelle démarche
Le Fonds foncier intervient, à l’initia- intercommunale. Il ne joue donc pas
tive des communes, sur ces sites particu- vraiment de rôle dans la démarche de
liers comme un aménageur : il achète les l’IBA, si ce n’est de coordonner le projet
terrains délaissés par leurs activités anté- de Parc paysager de l’Emscher, du fait de
rieures, effectue les travaux de démoli- son expérience dans les espaces verts
tion, de dépollution et de viabilisation de la Ruhr.
nécessaire et les commercialise. En vingt
années, il est intervenu sur 160 terrains,
représentant 2500 ha. Un grand nombre
d’entre eux ont pu être revendus pour
accueillir de nouvelles activités, ou être
reconvertis en espaces verts. Les parcs
constituent en effet aussi une solution
technique de décontamination des sols
pollués.
Le chiffre d’affaire du Fonds foncier
régional est de 200 millions de DM (envi-
4’. L’expérience de la Ruhr – Club Ville

Aménagement - 1998

Schéma de la gouvernance
métropolitaine dans lecadre
de l’IBA Emscher Park
IBA :
SARL qui gère le suivi des projets.
Elle leur apporte son expertise,
une aide pour trouver des financements
et bâtir les dossiers administratifs,
et un certain prestige. Elle stimule
et fédère les initiatives et apporte
des exigences de qualité.
Comité de direction de l’IBA :

composé du président de l’IBA,
de représentants du Land, des villes,
du monde économique, des syndicats,
des architectes et des associations,
il veille au bon fonctionnement
de l’IBA et choisit les projets
qui seront soutenus.
KVR :
syndicat intercommunal qui associe
les 17 villes de l’Emscher Park depuis
1920, il est constitué d’un directoire
d’élus. Il n’a pas de rôle prépondérant
dans la démarche IBA, sauf celui de
coordinateur du Parc paysager
de l’Emscher.
Grundstücksfond :
créé en 1979, il a un rôle d’aménageur
(achat des terrains en friche,
décontamination et commercialisation
de ceux-ci). Il est financé à 50%
par des subventions européennes,
10% par le Land* et 40%
par la vente de terrains viabilisés.
LEG :
société immobilière et d’aménagement
de droit privé, dont le Land détient
la majorité du capital.

La gouvernance métropolitaine dans le cadre de l’IBA Emscher Park
Land Rhénanie-Nord-Westphalie (NRW)
e Il a des moyens d’action et de subvention

anc
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Communes
Investisseurs
Grundstücksfond
gère Landesentwic- privés
Fonds Foncier Regional
klungsgesellschaft
(LEG) donnent l’initia-
tive des terrains
à viabiliser et les
achètent
les collectivités
la structure IBA
les privés
les outils d’aménagement

Une réelle dynamique de projet
La philosophie de l’IBA serait vaine si elle n’était pas assurée

par la mise en place d’une puissante dynamique de projet.
Avec des outils adaptés, des montages financiers pertinents,
« Les principales caractéristiques de l’IBA
et des partenariats clés, l’IBA dispose de moyens pour
sont le renforcement du renouvellement urbain
encore timide dans les années 80, l’instauration
parvenir à concrétiser ses principes.
d’une planification orientée vers le projet
sur la base d’une stratégie, plutôt qu’une
succession de programmes et projets uniques,
le fait d’admettre des processus à sorties
ouvertes, et enfin la gaîté de l’innovation 5. »
Exemple de projet : la mise en lumière de bâtiments industriels

par l’architecte anglais Jonathan Park dans le Parc de Duisburg Nord
Par ailleurs, la mise en réseau de ces

projets est capitale. Chaque site bénéficie
d’un travail spécifique, dont la mise en
cohérence dessert un projet global de
métamorphose de toute la région de
l’Emscher.
5. Dr Malte Helfer, Universität des Saarlandes-

Saarbrücken

Une structure et des outils adaptés
Une équipe légère mais compétente Cela a donc permis une mise en route
de maîtrise d’ouvrage urbaine plus rapide des projets, et par la suite de
L’équipe de l’IBA est constituée d’une ne pas faire du foncier un frein au déve-
trentaine de personnes, qui se répartis- loppement de la région de l’Emscher à
sent en deux départements : relations travers l’IBA.
avec le public (concertation) et départe-
ment technique 6. Des appels d’offre spécifiques
Afin de faciliter le dialogue, le choix Les concours ne sont pas organisés
est fait de mandater un chargé de mis- d’une manière traditionnelle. Habi-
sion par commune. Mais c’est aussi cha- tuellement, un appel d’offre met en
cun des cents projets qui se voit attri- compétition plusieurs bureaux d’archi-
buer un opérateur, responsable et indé- tecture qui peuvent y répondre, puis la
pendant. Une petite équipe de projet est maîtrise d’ouvrage fait un choix entre les
alors montée, avec ce chargé de mission solutions proposées. Ici, les concours
IBA et tous les autres acteurs qui ont un d’architecture sont coopératifs et non
rôle ou un suivi à assurer par rapport au compétitifs. Des séminaires faisant
projet concerné. appel à des équipes interdisciplinaires
Les trente experts sont dirigés par sont organisés à proximité des sites, afin
Karl Ganser. Homme d’action, il joue un de mieux comprendre les problémati-
rôle d’impulsion et de médiateur de la ques et l’identité de ces sites (de par la
démarche. Animateur, sa grande force proximité du territoire et de sa popula-
de conviction lui permet de communi- tion d’une part, et de par la présence de
quer son enthousiasme à son équipe. ces équipes coopératives d’autre part).
De plus, par sa grande connaissance des Par ailleurs, pour garantir une haute
dédales administratifs et des conditions valeur aux projets IBA, les concours or-
d’accès aux subventions, il apporte une ganisés sont si possible internationaux,
aide indéniable aux recherches de finan- ou au moins nationaux ; et font appel à
cement des projets. plusieurs architectes, paysagistes ou ur-
banistes. Cela permet aussi de garantir
Des outils efficaces de maîtrise la créativité des projets retenus. Ces frais
du foncier : le Gundstücksfond* d’appel d’offre sont à la charge de l’IBA,
afin que les collectivités puissent toutes
et la LEG*
bénéficier de ce dispositif.
Ces outils d’aménagement, qui s’intè-
Finalement, chaque projet se veut
grent au schéma de la gouvernance mé-
unique avec son propre montage, tech-
tropolitaine sous l’IBA Emscher Park, ont
nique et financier, et avec une réalisa-
joué un rôle primordial dans la conduite
tion spécifique. Basés sur un travail
de projet. La création du Fonds foncier
permanent d’expertises scientifiques et
régional ayant précédé de dix années
techniques (soit élaborées par les grou-
celle de l’IBA, de nombreux terrains sont
pes permanents, soit par des experts in-
déjà été acquis au lancement de celle-
vités), les projets IBA sont assurés d’être
ci.
d’une qualité reconnue.
6. D’après une note interne de l’Agence

d’urbanisme de Lyon, réalisée en 2008 par P.
Guyennon.

Une masse critique
pour les investissements
et les opérations lancées
Il est intéressant de citer le cas

Un montage financier astucieux : Des projets qui touchent différents
un peu particulier du projet principal de l’IBA :
« une grande machine types de subvention, de par leur
le Parc paysager de l’Emscher.
à détourner des subventions » transversalité
L’IBA n’a nécessité qu’une faible mo- Chaque projet s’étend sur plusieurs
Le financement de ce projet s’est fait
bilisation exceptionnelle de ressources. domaines, permettant de jouer sur les
d’une part, à partir de 1991, par le nouveau
En effet, chaque projet IBA a été financé différents types de financement (habitat,
« programme d’écologie Emscher-Lippe » mis en bâtiments historiques, écologie, emploi,
avec de l’argent déjà disponible grâce
place par le Land de Rhénanie-du-Nord-West- rénovation urbaine, environnement,
aux subventions existantes. La levée
phalie (80% du financement), et d’autre part seule de fonds pour financer la structure culture, formation…). Cela permet de
par les promoteurs (de 10 à 20%)7 . de l’IBA a été réalisée à titre exception- déployer une masse financière consé-
Pour des projets plus ponctuels, nel par le Land. quente.
d’autres sources de financement sont ouvertes. Finalement, l’IBA est une «grande
Ainsi, le parc « Nordsternpark » sur l’ancienne machine à détourner des subventions»,
Deux principaux canaux de subvention :
mine de Gelsenkirchen a accueilli une partie de selon les propos de Karl Ganser lui-
le Land et les fonds européens
l’exposition d’horticulture fédérale. même.
Les financements des projets pro-
A ce titre, 40% du projet IBA a pu être financé
viennent surtout de programmes exis-
par les recettes cette exposition Un budget total conséquent
tants du Land NRW* (rénovation urbaine,
(entrée des visiteurs, etc.). amélioration de l’habitat, …) et aussi sur Grâce aux partenariats avec le privé, la
les fonds européens (Urban, Objectif2, somme tirée du portefeuille public se
Cet exemple montre bien la forte implication …). Un accord stipule que compte tenu limite aux deux tiers de la dépense glo-
publique d’une part, mais la recherche de leur qualité, les projets IBA sont bale engagée. Le budget initialement
de partenariats avec le privé et la volonté prioritaires pour obtenir les subventions prévu de 2,5 milliards d’euros est par
de trouver d’autres moyens de financement du Land. ailleurs un peu dépassé (un peu plus de
d’autre part. trois milliards d’euros)8 .
7. Helfer M. – L’exposition internationale des 8. Sellier D. – Emscher Park, le bilan . Diagonal,

bâtiments (IBA) du parc de l’Emscher. Rul – novembre-décembre 1999, p. 18
Forum « des loisirs de proximité au tourisme »,
avril 2002
Montant de l’IBA : Des jeunes chômeurs de longue durée
Trois millions d’euros par an ont été formés et employés à la réha-
Les frais de fonctionnement de la bilitation des halles, à la construction
structure IBA mise en place sont intégra- de pistes cyclables ou à l’entretien des
lement financés par le Land. Ils s’élèvent parcs.
à trente millions d’euros sur dix ans, soit Les frais de maintenance sont pen-
trois millions d’euros par an. Ces frais sés à l’avance, pour que le système puis-
représentent l’intégralité du budget levé se fonctionner en autogestion et devenir
exceptionnellement pour les dix années rapidement pérenne.
de l’IBA. Il serait intéressant de trouver des
En effet, l’IBA n’a pas de budget pro- exemples plus précis de montages fi-
pre pour soutenir les projets ; l’argent nanciers pour lesquels une telle appro-
qu’elle reçoit lui permet simplement che a été privilégiée.
d’assurer ses frais de fonctionnement.
Cela évite les problèmes constitutionnels
(quel droit pour une structure nouvelle
Des partenariats innovants
de gérer de telles sommes d’argent ?) et
avec le privé
des dérives. Le rôle de l’IBA est claire-
ment identifié, il aide les acteurs à porter
leurs projets et y apporte des exigences Alors que la situation est particulière-
de qualité et de créativité, mais ne les ment délicate dans une région où les
finance pas. Malgré l’aide que l’IBA peut entreprises ferment une à une, un des
lui apporter, le maitre d’ouvrage reste enjeux de l’IBA est de faire agir les puis-
par ailleurs l’unique responsable de la sances publiques sans pour autant lais-
recherche de fonds. ser les investisseurs privés en marge des
projets. Ceux-ci sont en effet les garants
d’un avenir économique de la région.
Ainsi, dès que possible, des entre-
Des coûts d’opération rationnalisés
preneurs sont associés aux projets IBA.
Une approche pragmatique « à l’Alle- D’une part cela permet de garantir une
mande » est adoptée : elle vise à ration- association du monde économique, et
naliser les dépenses, notamment dans la d’autre part cela constitue une source
gestion des sites. de financement.
Ainsi, toutes les assurances contrac- Plusieurs exemples de partenariats
tées pour ces sites ont été prises avec les peuvent être cités. Ils peuvent prendre
options minimales, et le nombre de gar- la forme de mécénat artistique, notam-
diens de sécurité a été fortement limité ment pour les œuvres de Land Art. Cela
en choisissant plutôt de responsabiliser peut aussi consister pour les entrepri-
les visiteurs éventuels sur leur propre sé- ses à acheter des espaces de bureaux
curité. qui sont proposés dans les projets IBA
(comme au port intérieur de Duisburg).
D’autres alliances peuvent être conclues,
comme c’est le cas du centre commer-
cial Centr’O qui participe aux frais de
maintenance de la halle d’exposition
voisine qui a été installée dans un an-
cien gazomètre à Oberhausen. Ce mé-
cénat complète les recettes des entrées
des visiteurs pour la gestion financière
du site.

Des liens avec la population
pour une appropriation
collective du projet
Les réseaux d’acteurs locaux ont été Ces personnes jouent donc un rôle au
fortement sollicités pour cette démarche niveau du choix des projets et de la
qui prend pourtant sa source à un niveau démarche à impulser.
étatique. Par ailleurs, des groupes civiques lo-
caux ont été mis en place et associés
Les communes, motrices des projets dans la réutilisation des friches et leur
L’IBA connait des débuts difficiles, avec maintenance, en leur donnant par ce
un faible niveau d’appropriation des biais le sens de la propriété et de la
villes et des élus communaux. Ils ne se responsabilité.
sentent pas concernés par cette énième La population a de manière plus gé-
proposition qui provient du Land, et ont nérale été associée à la planification et
peur que le financement des projets ne à la réalisation des projets de façons
soit totalement à leur charge. Puis les diverses, temporellement et matérielle-
communes voient se monter des projets, ment.
et observent leur appropriation rapide Des exemples originaux de participa-
par la population. Elles comprennent tion peuvent être cités, tel que celui des
alors l’intérêt de l’IBA pour elles. personnes qui ont participé au chantier
De manière générale, les projets sont de construction de leur habitat (auto-
portés dans les communes par des per- construction), leur permettant ainsi une
sonnes très motivées, mais assez minori- meilleure appropriation et des frais limi-
taires. tés.
Rappelons que l’initiative et la maî- Mais c’est aussi sur les habitants de
trise d’ouvrage des projets restent du la Ruhr que s’appuie le Land pour faire
ressort de la commune concernée (ou connaître les projets IBA et le renouveau
des sociétés privées dans de plus rares de la région, à travers notamment le
cas). L’objectif affiché reste d’aider les principe de « festivalisation ».
communes, mais de ne pas faire à leur
place.
Les communes sont donc bien au
cœur de la démarche IBA, leur implica- Une démarche de « festivalisation »
tion est nécessaire au succès de cette
organisation. Malgré un lancement
délicat, les quelques 514 propositions Le processus est judicieusement accom-
de projets reçus par l’IBA montrent un pagné d’événements culturels ou de
intérêt de la part des villes et des ac- divertissement. A chaque inauguration,
teurs locaux. transformation d’usage ou de paysage,
Par ailleurs, les villes sont représen- un temps festif est organisé. Les événe-
tées dans le comité de direction de l’IBA, ments proposés sont diversifiés : shows
c’est donc une assurance pour les élus lumineux, festivals, concerts en plein air,
communaux d’une attention portée à expositions d’art, etc.
leurs propres problématiques. La fête met en relief la qualité des
projets et fait parler d’eux par une éven-
Des implications locales fortes tuelle médiatisation. Cela rend la dé-
marche crédible et appropriable par les
Différents niveaux d’implication sont mis
habitants : ils peuvent mieux intégrer les
en place.
nouvelles fonctionnalités du site et se
Tout d’abord, le comité de pilotage l’approprier à leur manière lors de son
de l’IBA se compose aussi de représen- inauguration, à défaut peut-être d’avoir
tants des milieux associatifs, des syndi- été les initiateurs du projet.
cats et des architectes.

Au-delà, c’est espérer que les habitants Une muséification limitée
soient être fiers de ces réhabilitations et Le nombre de sites pouvant être trans-
les fassent connaître dans leur entoura- formés en musée est limité. Seuls ceux
ge, de telle manière que les projets IBA présentant une haute valeur architectu-
puissent prendre une portée régionale rale peuvent en faire l’objet. Cela limite
plus rapidement. le risque de muséification du territoire,
Tant que possible, ce sont donc les et permet aux artistes et aux architectes
habitants qui mettent en valeur les œu- de devoir faire preuve de créativité pour
vres, et non les institutions. en inventer de nouveaux usages.
De plus, la fête marque un temps
dans le projet, celui qui montre que la Il faut aussi noter que le prestige de
régénération urbaine est en cours : la l’IBA lui permet de donner des obliga-
réhabilitation matérielle du site a été ef- tions supplémentaires aux communes.
fectuée, la page se tourne maintenant et Ainsi, la politique de l’IBA renforce par
le processus de changement des menta- exemple les procédures existantes qui
lités peut s’enclencher. imposent aux communes souhaitant
urbaniser de nouveaux terrains de prou-
ver qu’aucun autre foncier situé en zone
déjà urbanisée n’est disponible.
Des actions connexes
ciblées judicieusement
Afin de mieux pouvoir répondre aux ob-

jectifs de l’IBA, des actions ponctuelles Un bilan à mi-parcours pour faire
sont mises en place en parallèle de la une première évaluation
démarche. et améliorer la démarche
si nécessaire
Une attention portée aux sites dès

A mi-parcours, en 1996, l’IBA a évalué
leur fermeture son action et révisé son programme.
Tout d’abord, avec l’aide des historiens Cette évaluation était programmée dès
et conservateurs spécialistes de l’histoi- le début de l’IBA, afin de pouvoir modi-
re industrielle, les structures industriel- fier les points de fonctionnement qui se
les sont visitées, évaluées afin qu’elles seraient avérés défaillants.
soient listées comme monuments à por- Après une présentation intermédiai-
tée historique 9 dès le jour de la fermeture de tous les projets, le constat fut émis
re du site. Ainsi, leur destruction par leur qu’il fallait donner une plus forte impli-
propriétaire ou leur acheteur est rendue cation sociale à l’IBA.
impossible. Cette action présente un fort
De nouveaux projets furent mis en
intérêt pendant les dix années de l’IBA,
place à la suite de ce bilan, tels que des
car la région subit alors presque une fer-
réhabilitations de quartiers en difficultés,
meture de site par mois.
des modernisations de logements so-
ciaux, etc.
Des reconversions temporaires
On peut notamment citer l’exemple
Ensuite, les projets sont souvent pensés du quartier turc de Marxloh, pour lequel
comme temporaires : les friches indus- l’économie locale a été renforcée (revi-
trielles sont considérées comme des talisation de la rue centrale pour soute-
espaces pour des actions créatives, sans nir les commerçants turcs).
autres perspectives. En conséquence, les
projets ne suivent pas toujours de plans
ni d’études de faisabilité. Le futur doit
rester ouvert.
9. Klaus R. Kunzmann parle ici de « historical

monuments »

Des projets impulsés suivant cinq axes
Afin de fixer une ligne de conduite, cinq axes majeurs sont

dégagés pour coordonner les projets.
Plus globalement, ces axes sont au service du changement
d’image de la vallée de la Ruhr, pour passer d’un « territoire
en déclin industriel » à un « territoire renouvelé ».
Les cinq lignes de projet :

• Aménager une travée verte au cœur du territoire
• Renaturer la rivière de l’Emscher
• Préserver les friches industrielles
• Recréer de l’emploi dans la région
• Rénover ou construire de l’habitat
L’aménagement du Parc paysager

de l’Emscher : redonner sa place
à la nature et créer un attrait paysager
à la région
Le Parc paysager de l’Emscher est à
Première échelle : la trame verte le
l’origine de la création de l’IBA. Le pay-
long de la rivière de l’Emscher, qui
sage caractérisé par ses nombreuses fri-
donne une cohérence au territoire
ches industrielles, décharges et déchets
toxiques comprend 800 km² dont 480 A l’échelle du territoire de l’Emscher, et
sont colonisés. Les 320 km² restants ne donc sur la zone délimitée par l’IBA, il
sont pas des espaces disponibles mais s’agit de redonner une cohérence au
des espaces traversés en grande partie paysage. Pour cela, il est envisagé de
par diverses infrastructures (autoroutes, connecter les espaces verts sur toute la
voies express, égouts, câbles électri- largeur de l’Emscher Park (70 km) afin
ques, réseaux divers, etc.). de créer une trame verte continue entre
L’intention est donc de redonner une les villes industrielles.
attractivité paysagère à ces surfaces, et Avec un travail en parallèle sur la re-
aussi une certaine rationalité urbanisti- qualification de l’Emscher, c’est ainsi un
que. vrai axe fédérateur qui est créé et qui
Région de la Ruhr (en grisé),
Pour cela, les actions envisagées donne une lisibilité à la région à travers
de la portée de l’IBA (en jaune)
prennent place dans une logique d’in- cette coulée verte. Ce projet de grand
et de la trame du parc paysager
tervention que l’on retrouve à trois ni- paysage se veut d’être ouvert au public,
de l’Emscher (en vert).
veaux différents. et se présente comme l’occasion pour
les habitants de retrouver un lien avec
la nature et la rivière de l’Emscher. De
nombreux cheminements sont ainsi pré-
vus : pistes cyclables et chemins pédes-
tres sont intégrés à ce vaste projet.
De manière plus générale, c’est une
multiplicité d’usages qui est prise en
compte. Des loisirs deviennent possi-
bles, la signalisation des chemins est
claire, certains apprécieront la beauté du
site, d’autres viendront pour y faire un
pique-nique : les espaces sont ouverts
aux usagers. Parallèlement, l’agriculture
retrouve une cohérence et une place
dans la région.

Cette trame verte s’inscrit par ailleurs Ces couloirs verts régionaux sont issus
dans une volonté de métropolisation, des années 1920, où une première prise
elle permet de mettre en phase le terri- de conscience de la nécessité d’une dé-
toire et donne une vraie continuité à la marche pour les espaces verts avait été
région de l’Emscher, contribuant à une mise au jour. Le syndicat intercommunal
identité commune. avait alors mis en place ces travées ver-
L’ampleur du projet étant particuliè- tes, qui traversent l’Emscher du Nord au
rement grande, sa durée d’action ne peut Sud. Elles seront donc reliées grâce au
se limiter à dix années. Ainsi, impulsé par projet IBA, mais aussi revalorisées cha-
l’IBA, il nécessite d’être poursuivi encore cune dans leurs spécificités.
une trentaine d’années après. Ce travail sur chacun des sept cou-
Nous verrons par ailleurs quelles ins- loirs verts régionaux est supervisé par la
titutions ont été mises en place pour KVR (Kommunalverband Ruhrkohlenbe-
porter ce projet dans la partie « l’après- zirk), l’institution intercommunale de la
IBA ». Ruhr. Elle met en place un plan cadre
général, tandis qu’il revient aux villes
concernées de produire des plans ca-
Seconde échelle : un système dres plus précis pour chacun des cou-
qui s’ouvre transversalement loirs verts. Cela impose notamment aux
par plusieurs couloirs verts communes de travailler ensemble, un
couloir vert rassemblant de manière gé-
nérale trois à cinq villes.
Cette grande traversée verte du territoire
trouve des continuités qui s’intègrent au
territoire en sept endroits.
Plan du second niveau du parc paysager de l’Emscher : les couloirs régionaux

Des visions qui se déclinent
en différents types de projets
à l’échelle locale
Ces visions à l’échelle du territoire se Laisser le temps au temps en faisant le

concrétisent à l’échelle locale par de choix des parcs industriels, c’est garder
nombreux projets. Il n’est pas évident de toutes les portes ouvertes pour l’avenir,
créer une continuité sur 70 km, surtout sans pour autant se fermer celles du
à court terme. Les actions sont donc ci- présent.
blées, nombreuses, concernant au total Huit parcs ont fait l’objet de cette
plus de 2000 ha. Différents types de démarche, représentant une surface d’un
projets sont menés. peu plus de 50 hectares. Aujourd’hui, le
Parc paysager de Duisburg Nord en est
Des parcs paysagers dans lesquels un bon exemple.
les bâtiments industriels sont
valorisés Des espaces verts intégrés
le Parc paysager de Duisburg Nord :
mise en valeur lumineuse Ces espaces prennent place sur aux nouveaux quartiers
de bâtiments, qui s’intègrent d’anciennes friches, dont on fait le choix Il s’agit de créer des parcs sur une
à un parc naturel public de conserver tout ou partie de l’héritage, partie des zones de friches industrielles
tout en redonnant une supériorité à la en secteur urbain, en rapport avec de
nature. Laisser les installations en place nouvelles zones résidentielles ou parcs
permet ainsi de se donner le temps de industriels. Cette démarche s’inscrit
la réflexion. pleinement dans le principe de « tirer
Les décisions pourront se faire vers l’intérieur le paysage » en densifiant
par la suite, quand le temps aura fait les espaces verts au centre de la région.
évoluer peu à peu les mentalités, guéri Vingt trois espaces ont fait l’objet
les blessures douloureuses de la crise d’une telle requalification, représentant
économique, quand le temps aura fait plus de vingt-cinq hectares.
appartenir les lieux à l’Histoire, quand le
temps aura permis au sol de peu à peu
Des sites qui retrouvent un usage
s’assainir, alors les devenirs possibles de
agricole
ces sites seront multiples, puisqu’on les
aura conservés en l’état. Il sera possible Ces zones retrouvent une vocation de
de les détruire, si la zone s’avère être culture de la terre et sont transformées
devenue stratégique en termes de déve- en surfaces agricoles et sylvicoles. Cinq
loppement urbain, il sera possible de les terrains ont fait l’objet d’une telle requa-
réhabiliter, ou d’en faire des bâtiments lification.
historiques.
Exemple de parc public recréé dans le cadre du projet IBA Port Intérieur de Duisburg

Exemple de forêt industrielle
près de Gelsenkirchen
(Halde Rheinhelbe)
Des « forêts industrielles » : laisser transformation partiellement artistique

peu à peu la nature reverdir les sites, de différents sites. Ils deviennent des
sans se préoccuper des problèmes points de repères visuels du grand pay-
de pollution des sols sage. La pyramide de Bottrop en est un
exemple intéressant. Elle constitue un
Cette démarche consiste à encourager
point de repère visible de la vallée de
le développement de forêts naturelles
l’Emscher. Illuminée de nuit, elle marque
sur le reste des surfaces industrielles.
ainsi le paysage sans interruption. Il est
Avec de faibles exigences de sécurité,
aussi possible d’y monter afin d’avoir un
cette solution est avantageuse pour les
point de vue sur tout le grand paysage
surfaces particulièrement problémati-
de l’Emscher.
ques. Elle permet une renaturalisation
progressive du terrain, et le développe- Ce sont dix sites qui ont été ainsi
ment de nouvelles espèces qui s’adap- ouverts au public à ces fins.
la pyramide de Bottrop,
tent à ce sol particulier. Le symbolisme Ce grand projet qui se décline donc en
exemple de Land art
de la végétation qui refleurit sur ce sol plusieurs niveaux comporte un principe sur un ancien terril
noir montre aussi fortement l’esprit de commun à tous ceux-ci : celui de « rame-
l’IBA. ner la nature en ville », et de préserver
Quatre sites ont été retraités par cet- les espaces verts déjà en place.
te méthode. Les friches industrielles sont valo-
risées autant que possible, puisque le
Des terrils et décharges projet est « un parc dont l’identité uni-
que mêle nature et culture industrielle ».
réaménagés par le biais du Land Art
notamment (création de points L’art, notamment la mise en lumière,
de repères visuels) ou le Land Art contribuent aussi à ce
projet de grand paysage, au service du
Les terrils ou décharges sont adaptés
changement d’image de la région.
comme zone de détente (mise en pla-
ce d’un réseau de cheminements par
exemple), le Land Art permettant une
Plan du troisième niveau du parc paysager de l’Emscher : les projets individuels

La restauration écologique
du système fluvial de l’Emscher
Le Parc paysager de l’Emscher s’inscrivant dans une démarche

de grand paysage, il se doit d’être accompagné d’un projet
de remise en bon état écologique de la rivière de l’Emscher.
Au-delà de ce travail, c’est aussi toute une démarche de
valorisation de l’eau dans la ville.
Ce projet s’intègre dans une approche

Remise en bon état écologique plus globale qui consiste à redonner
de la rivière de l’Emscher une visibilité à la place de l’eau dans la
Ruhr. La rivière polluée et inaccessible
L’Emscher est très fortement polluée : de l’Emscher est un des points de travail,
elle recueille des eaux industrielles et mais grâce à l’IBA c’est une démarche
usagées non traitées depuis 1910. On bien plus globale qui est proposée.
avait alors transformé la rivière en canal Un travail de fond est effectué sur
ouvert et bétonné, une solution inesthé- tout le bassin versant de l’Emscher, pour
tique mais relativement bon marché. Les lequel on souhaite faire reprendre à
eaux n’étaient traitées qu’à la confluence l’eau son caractère d’élément naturel,
de l’Emscher et du Rhin. reconnu et visible.
L’eau, dangereusement polluée et Ainsi, plusieurs actions sont entrepri-
malodorante, ne devait pas être appro- ses et des principes généraux de qualité
chée des hommes. Ainsi, les canaux environnementale sont appliqués.
étaient, pour des raisons de sécurité,
endigués des deux côtés et entourés de
700 km de clôtures.
Les eaux de pluie sont valorisées
Une grande opération de dépollution
et les aménagements permettent
de l’Emscher est alors programmée. De
de limiter les risques de sécheresse
nouvelles stations d’épuration sont pré-
et d’inondation.
vues, afin que la rivière ne soit plus
seulement traitée en aval, mais aussi Face à la prise de conscience de la va-
en amont. Un réseau de 400 kilomètres leur de l’eau, elles ne rejoignent plus le
d’égouts est programmé afin de pallier réseau d’égouts pour les eaux usées. Le
aux manques existants et de pouvoir trajet naturel de l’eau est mis en éviden-
ainsi libérer la rivière de sa fonction de ce autant que possible. On évite donc
En haut, la situation précédant l’IBA : transport des eaux usées. d’enterrer les cheminements que les
l’Emscher canalisé recueille Une fois les eaux canalisées, il rede- eaux de ruissellement suivent.
toutes les eaux. vient possible de restaurer le système de Divers exemples peuvent illustrer
l’Emscher. Le découpage des endroits cette démarche.
Après (en bas), il retrouve
libres doit être conservé, et le système
son cours naturel et les eaux usées Un aménagement particulièrement
fluvial ouvert sur le parc.
sont transportées par un égout enterré. judicieux a été installé dans la cité jardin
Ce programme nécessite d’être suivi « Seseke ». Face à un éventuel manque
sur du long terme (20-30 ans), car il d’eau lié aux sources qui peuvent tarir en
nécessite un lourd financement, une été, une solution innovante a été mise
bonne maîtrise du foncier et du temps en place. L’eau de pluie des toitures
pour dépolluer la rivière. Sous l’IBA, (et un certain pourcentage de celle qui
environ 30% des investissements sont tombe sur le sol) est orientée vers des
consacrés aux stations d’épuration, 60% canaux de drainage à ciel ouvert. Ce flot
pour les égouts et 10% pour la restruc- fait ensuite un passage dans un étang de
turation du milieu. sédimentation, avant d’être nettoyé puis

capturé dans un bassin de rétention en D’autre part, si les sols sont trop imper-
contrebas. Une pompe solaire permet méabilisés, ils évacuent plus d’eau par
ensuite de remonter cette eau afin d’irri- les canalisations en cas de forte pluie,
guer le quartier si besoin est. et augmentent ainsi les risques d’inon-
Cette solution est particulièrement dations pour les villes en aval (par le
avantageuse pour des étés secs : le vo- débordement de fleuves ou de rivières
lume d’eau qui tombe pendant un orage qui reçoivent ce surplus d’eau). L’atten-
d’été étant très important, il est récu- tion portée à garder les sols perméables
péré et donc remis à disposition grâce à autant que possible permet donc de li-
l’énergie solaire pour des périodes enso- miter les risques d’inondations.
leillées plus sèches qui suivront.
Le travail sur la visibilité de l’eau
permet de citer de manière plus générale
le fait que l’on puisse se baigner dans
Des projets durables dès 1989
certains bassins de rétention.
L’eau de pluie retrouve une place
dans la ville, avec cet exemple où l’on a De manière plus générale, l’IBA propose
choisi de faire usage de cette eau sous dès 1989 une vraie approche « déve-
forme de cascade décorative dans la loppement durable », par des actions
rue. concrètes.
Elle peut aussi trouver une fonction Les actions entreprises sont nom-
paysagère avec l’exemple de ce bassin breuses et ne manquent pas de créativi-
de rétention (ci-contre). té : toitures végétalisées, énergie solaire,
qualité environnementale des construc-
tions, économies d’eau, etc.
En parallèle, une lutte contre
l’imperméabilisation des sols
est conduite.
Cet effort représente un aspect très im-

portant puisque l’eau qui tombe sur un
milieu perméable est directement ab-
sorbée par le sol. Elle permet ensuite
d’irriguer les végétaux à proximité (ce
qui limite l’arrosage manuel ou automa-
tique), et de rehausser le niveau de la
nappe phréatique. C’est donc indirecte-
ment lutter contre la sécheresse puisque
l’eau qui tombe du ciel est stockée sur
le territoire et non renvoyée à la mer par
les fleuves.

La préservation et l’utilisation
des friches industrielles, à un titre
artistique et culturel notamment
Echafaudages d’extraction, parcs mi- Cette valorisation du patrimoine indus-

niers, hauts-fourneaux, salles des ma- triel fait appel à un travail sur la mémoire
chines, cokeries, gazomètres et nom- de l’héritage industriel.
breuses autres constructions semblables Cela consiste notamment à chercher
donnent son identité à la Ruhr. Face à des solutions pour la destination de ces
la reconnaissance d’une certaine qualité constructions, comme des lieux d’acti-
architecturale à ces bâtiments, et à leur vité, des musées, des lieux de manifes-
contribution à un vecteur d’identité de tations culturelles, des installations de
la population régionale, la question du distraction et d’autres attractions touris-
devenir de ces bâtiments se pose. tiques.
L’IBA, qui s’appuie sur l’importance Une réappropriation par la culture,
de la culture industrielle comme mar- particulièrement adaptée, est mise en
que de fabrique unique et noyau d’un œuvre : l’art tient une place très impor-
profil touristique propre, rend cet axe tante dans le processus. Par des jeux de
de projet essentiel. Toutes les solutions mises en lumière, par l’appel à des ar-
créatives de réhabilitation de ces friches tistes de renommée, par la présentation
sont sujettes à devenir des projets de re- d’expositions, l’art et l’industrie peuvent
cyclage de ces sites. L’idée novatrice de se réconcilier. Les usines se voient offrir
Le gazomètre d’Oberhausen
l’IBA Emscher Park est faire du patrimoi- une seconde vie, espaces dorénavant
ne industriel, donc du passé, la base ouverts autour de pratiques culturelles.
d’une stratégie de modernisation. C’est Cette démarche implique une remise
l’histoire de l’inversion d’un processus : aux normes de sécurité des équipe-
les symboles du déclin deviennent les ments pour qu’ils puissent accueillir ces
images positives de la région et de son nouvelles fonctions artistiques.
avenir.
Le tourisme culturel est particulière-
Ainsi, « au lieu de démolir ces té- ment développé, autour du musée du
moins devenus inutiles et d’essayer Design ou des spectacles du festival de
d’oublier le passé industriel minier, ren- la Ruhr.
dant ainsi la région sans histoire et sans
Quatre opérations phares peuvent
visage, les témoins de ce passé sont as-
représenter cette stratégie :
similés comme un capital pour l’avenir,
et ils sont introduits dans le renouvelle- • le gazomètre d’Oberhausen transfor-
ment offensif de la région 10. » mé en lieu d’exposition
• la mine de Zollverein classée au patri-
moine mondial de l’Unesco
La mine de Zollverein • la halle de Bochum devenu lieu de
Patrimoine mondial
spectacle
de l’UNESCO
• le parc crée par Peter Latz sur le site
des hauts-fourneaux de Duisburg.
10. Helfer M. – L’exposition internationale des

bâtiments (IBA) du parc de l’Emscher. Rul –
Forum « des loisirs de proximité au tourisme »,
avril 2002
« Travailler dans le parc » :
attirer de nouvelles entreprises
afin de relancer l’économie régionale
Le principe des projets « Travailler dans

le parc » se fonde sur le constat que la
région de l’Emscher ne souffre pas d’un
manque quantitatif de surfaces indus-
trielles et d’activités, mais au contraire
beaucoup plus d’un déficit d’entreprises.
Ainsi, le but est de développer des lieux
de haute qualité présentant une force
d’attraction interrégionale.
Ces parcs d’activités sont reliés au
Parc paysager de l’Emscher et sont eux-
mêmes conçus avec de nombreux es-
paces verts. Leur qualité urbanistique
est garantie par le choix des projets sur
concours et par une mixité des fonctions
entre activités, habitat, infrastructures
sociales et culturelles.
D’autres critères portent sur une ar-
chitecture de qualité, sur l’insertion de
vieilles constructions industrielles deve-
nues sans fonction avec des éléments
Exemple du projet « Travailler dans le Parc »
modernes d’architecture de verre et
Port Intérieur à Duisburg, réhabilitations et créations de bureaux notamment
d’acier, sur le raccordement au réseau
de transports publics et sur la prise en
compte des aspects écologiques.
Au total, ce sont vingt projets « Tra-
vailler dans le parc » qui ont ainsi été
conduits, dont dix-sept nouveaux centres
technologiques. Ces zones d’activités se
concentrent plutôt sur le secteur tertiai-
re, les services et les pôles de recherche
notamment.
Ces projets ont été le plus souvent
menés en collaboration avec des inves-
tisseurs privés.

« Habiter dans le parc » : offrir un parc
de logement de qualité aux habitants
de la Ruhr et renverser l’évolution
démographique
Afin de redynamiser la région dont la Chaque projet suit une exemplarité

population est en baisse depuis plusieurs environnementale mais aussi sociale.
années, un effort est porté sur la qualité Les énergies renouvelables sont utilisées,
des logements. l’eau de pluie subit un traitement parti-
Des projets de rénovation de cités culier. Plusieurs cités-jardins sont créées.
ouvrières sont proposés. Les program- Des zones mixtes habitat et activités
mes de réhabilitations concernent sont mises en œuvre, une attention
3 000 appartements. Six cités jardins particulière étant portée à la présence
sont modernisées suivant les directives d’équipements sociaux de proximité
des monuments historiques comme des (crèches, commerces…).
exemples typiques de la construction Le programme touche aussi des lo-
de logements sociaux au début du XXe gements sociaux, et quelques projets
siècle. sont consacrés à des populations parti-
Ce sont aussi vingt-et-un nouveaux culières (personnes âgées ou foyers
lotissements de 100 à 205 logements qui monoparentaux).
sont programmés, comprenant des pro- Des solutions innovantes sont mises
jets partiels de revitalisation d’anciennes en place pour limiter les coûts, la solu-
friches industrielles. Au total, 2 500 tion d’auto-construction étant privilégiée
nouveaux logements seront construits. si possible.
Le projet Schüngelberg à Gelsenkirchen,

qui regroupe la construction
et la rénovation de logements,
tout en tenant compte de l’engagement
des citoyens et l’art des Land Marks.

Enseignements à tirer de l’expérience IBA
Préambule
Le « talon d’Achille » de l’IBA Emscher Park réside dans le fait que ce
dispositif n’a toujours pas fait l’objet, 10 ans après sa fin, d’un bilan
critique permettant d’objectiver tout autant la pertinence de cette
ingénierie de projet (effet levier durable et pérenne pour tout
un territoire ou impacts trop ciblés et « évènementiels » ?, …),
que ses résultats ; tant sur le changement d’image
que sur les retombées économiques et sociales.
Autant d’interrogations qui pourront, peut être,
trouver réponse au cours du séjour.
« Dans l’ensemble, les résultats de l’IBA montrent sans aucun

doute des succès remarquables », estime M. Malte Helfer, de
l’Université de Saarlandes-Saarbrücken.
Malgré son assurance, le bilan à tirer de l’aventure engagée
par l’IBA dans la Ruhr est malaisé. Comment évaluer un chan-
gement d’image d’un territoire, dont les retombées sont indi-
rectes et s’étirent sur des dizaines d’années ?
Personne ne s’y est vraiment risqué « IBA revisited », prend place sur plusieurs
jusqu’ici. Face à ce manque d’un bilan années. Il prévoit notamment l’organisa-
clair et objectif, et alors que de nom- tion de conférences, la mise en place
breux intéressés viennent du monde d’un catalogue des projets IBA, et des
entier pour observer et analyser les ac- publications en 2009. A ce jour, ce pro-
tions de l’IBA, l’Université de Dortmund gramme est donc en cours. Les résultats
a pris la décision de mener l’évaluation obtenus par cette université complète-
de cette démarche. Le projet, nommé ront le bilan proposé ci-dessous.

Points à retirer du principe
de la démarche IBA et l’ingénierie
de projet
L’ingénierie de projet qui a été mise en place par l’IBA s’est
avérée particulièrement efficace pour mobiliser les acteurs
locaux autour d’un projet régional métropolitain, par le biais
de projets de haute qualité. Cependant, la prise de relais de
la démarche semble n’avoir pas été évidente, et malgré les
efforts du Land pour mettre en place des programmes d’aide,
l’enthousiasme régional serait retombé à la fin de l’IBA.
Quelles leçons tirer de l’ingénierie Quelle continuité entreprise

de projet ? par les villes elles-mêmes ?
L’IBA Emscher Park est un projet unique Le passage de relais

en termes architecturaux et urbanistiques, aux acteurs locaux de cette
non seulement du fait de son mandat de
dynamique de développement
dix années et de sa vision à long terme,
Témoignage de Peter Latz, mais aussi parce qu’elle s’est concentrée territoriale a-t-il été efficace ?
architecte paysagiste qui travaille sur les structures organisationnelles Regards de différents
sur le parc de Duisburg Nord locales plutôt que de simplement ériger acteurs…
des modèles de bâtiments.
Pour certains, une prise de relais
« La fin officielle de l’IBA ne signifie pas la fin Par ailleurs, l’IBA est restée une
effective : des projets dans la conti-
de nos projets. Au printemps 2000, nous avons structure très ouverte aux projets : la
nuité de l’IBA, et une prise en compte
construit dans l’ancien bâtiment de stockage moitié d’entre eux n’étaient pas identifiés
au départ, et sont nés de concertations approfondie des principes de qualité
du manganèse et du fer une aire de jeux
et de réflexions politiques, pour s’intégrer environnementale et urbaine.
protégée par une légère structure d’acier.
Dans les “ Möllerbunkens ”, anciens entrepôts
ensuite au processus IBA. L’esprit IBA resterait, les personnes mo-
Un des critères de réussite de la dé- bilisées ayant pu en voir les effets posi-
de minerais, s’implantera une galerie d’art.
marche a été le rôle que le Land a joué. tifs, et gardant à l’esprit cette démarche.
Une histoire nouvelle peut naître,
un autre regard sur cette région contaminée
L’IBA a profité des avantages d’un état « La politique municipale a mainte-
fort, porteur d’innovation, qui facilite, nant une sorte d’obligation morale de
et une idée différente de l’art des jardins. »
cordonne, impulse et finance sans pour réfléchir davantage à la qualité urbaine
autant réformer ses mécaniques finan- et écologique. Et les projets de l’IBA ont
cières ou écraser les maîtres d’ouvrage éveillé la confiance des habitants, une
Questions posées : responsables. fierté sur laquelle nous pouvons nous
Une évaluation plus complète appuyer », confie Mme Krauzberger, di-
des enseignements à tirer de cette démarche rectrice du service urbanisme de la mai-
de projet reste à faire. rie d’Oberhausen.
Quels sont les atouts d’une telle ingénierie Il existe ainsi plusieurs exemples de
de projet … et ses limites ? villes qui continuent à porter des projets
A quelle(s) condition(s) ce « modèle » de type IBA.
est-il transposable dans le contexte Par ailleurs, l’IBA aurait permis une
institutionnel français ? valorisation de l’intercommunalité, face
à une situation précédente de concur-
rence entre villes de la région de la Ruhr.
Des coopérations ayant été menées lors
de certains projets IBA, le regard que les
villes portent sur leurs voisines aurait pu
évoluer grâce à une stratégie devenue
régionale.
La continuité du projet du Parc pay-
sager de l’Emscher, coordonné par le
syndicat intercommunal KVR*, permet
notamment aux villes de continuer à tra-
vailler en partenariat sur ce thème.
Ce bilan enthousiaste centres anciens, trop parcellisés pour in- • Il est possible de faire retourner à un
n’est cependant pas partagé téresser les grands capitaux. bon état écologique une rivière qui
par tous. L’IBA serait pour d’autres Les élections politiques post-IBA était ultra polluée.
une parenthèse, la région retournant ont aggravé la situation : en 1999, le • Il est possible de transformer les sites
à sa normalité après ces dix années. CDU* a détrôné le SPD* dans la région industriels en lieux de culture ou en
Les communes semblent avoir des dif- de la Ruhr, tandis que celui-ci est resté parcs.
ficultés à préserver l’esprit du projet et au pouvoir dans le Land. Délicat alors • Il est possible de construire écologi-
rencontrent des problèmes de gestion pour ce dernier d’impulser une stratégie quement et de façon abordable éco-
sur certains sites. La situation d’excep- nouvelle et de la faire accepter par la ré- nomiquement.
tion a permis de réaliser des projets qui gion.
Cette preuve de faisabilité d’une telle
ne seraient plus viables en terme de sé- Les acteurs ne sont pas unanimes démarche permet de surpasser une bar-
curité, et encore moins reproductibles. sur le bilan des traces laissées par l’IBA rière psychologique dans les esprits de
Les experts s’inquiètent d’un éventuel aux communes. Un bilan mitigé certes, nombreux responsables et habitants.
abandon des valeurs portées par l’IBA : cependant les avis concordent sur cer-
tains points que tous reconnaissent ac-
« Depuis la fin de l’IBA en 1999, on
quis durablement grâce à l’IBA. Quels
observe que certains acteurs de la ré-
sont-t-ils ?
gion abandonnent les standards de
qualité de l’IBA pris en considération
jusque là 11. »
« Les collectivités rechignent à faire Une expérience, un savoir faire
vivre les aménagements réalisés et à et une conscience des processus
poursuivre la démarche », analyse quant de qualité
à elle la DDE de la Loire qui s’est pen- qui sont restés après l’IBA.
chée sur le sujet.
Face à cette évaluation particulièrement
« Il est fort à craindre que les villes ne
délicate du passage de relais (l’IBA n’a-
retiennent pas les leçons de l’IBA, mul-
t-elle été qu’une parenthèse ou a-t-elle Questions posées
tipliant les centres commerciaux et les
généré une dynamique particulière qui - Comment le passage de relais s’est-il opéré
équipements de loisirs non intégrés 12.».
perpétue ses valeurs ?), il semble per-
Les 10 ans de l’IBA n’auraient donc entre la structure IBA et les institutions locales
tinent de se poser la question de savoir
été qu’une parenthèse, qui se serait fer- (Land, collectivités locales) … au-delà d’un
ce que les élus et la population auront
mée, impliquant un retour à une vision retenu de cette expérience.
apprentissage de dix ans de partenariats
économique et peu écologique du dé- étroits entre ces acteurs ?
Il est évident que les marques de
veloppement de la région (négation des - Comment l’IBA a modifié structurellement
l’IBA sont plus ou moins accentuées se-
principes de qualité urbaine et écologi-
lon les thèmes abordés, les lieux concer- les pratiques des autorités locales et réinter-
que de l’IBA).
nés, l’implication des acteurs, … rogés leur savoir-faire au service de territoires
On peut citer le cas de la commune partenaires ?
de Duisburg qui, pourtant considérée
comme ville phare de l’IBA de par les Le principal fruit de l’IBA semble être - L’IBA a-t-elle été vecteur d’une nouvelle
nombreux projets qui y ont été portés, l’expérience que les acteurs en ont culture des process ?
a laissé s’implanter une immense struc- retirée. - Y-a-t-il eu appropriation des préceptes IBA
ture commerciale périphérique non in- Les personnes responsables du déve- (exigence de qualité, …) donnant lieu
tégrée (comme nous les connaissons en loppement local ont eu une expérience à élaboration d’une Charte par exemple ?
France) avec 700 places de parking, à directe sur la façon d’intégrer la qualité
- Leur mise en œuvre est-elle toujours aisée
peine l’IBA terminée. requise dans des projets individuels, ain-
dans un contexte institutionnel redevenu
Par ailleurs, l’intercommunalité ne si que sur la manière possible d’intégrer
plus morcelé ? Les « logiques» de fonction-
se serait pas tellement développée. « Le ces projets à un changement qualitatif
plus global. Les bâtiments, avec toutes nement plus locales n’ont-elles pas tôt fait
manque de coopération entre les com-
leurs innovations, sont les marqueurs de reprendre la main … reléguant au second
munes est désastreux pour l’évolution
urbaine future de la région », affirme physiques d’un nouveau champ de plan une dimension territoriale plus com-
Mme Krauzberger. Malgré un travail com- connaissances locales. plexe à appréhender au-delà des frontières
mun sur le projet du Parc paysager de institutionnelles ?
l’Emscher, trop de concurrence resterait L’IBA a permis de montrer qu’il était
établie entre les villes, chacune souhai- possible de monter de tels projets
tant par exemple intégrer un grand pôle Une forte conscience des processus de
commercial et de loisir. Finalement, ces qualité semble donc être restée après
projets se font toujours au détriment des l’IBA, en prouvant notamment la faisa-
bilité de tels projets. Il est possible de
11. D’après le Dr. Malte Helfer, de l’Université de mener une démarche de ce type, avec
Saarlandes-Saarbrücken des exigences de qualité dans de nom-
12. D’après Hans Dieter Blase, économiste, breux domaines :
urbaniste à la ville d’Oberhausen avant d’intégrer
l’équipe de l’IBA en 1989.
Quel système de gestion de projet Die Regionalen 2000-2010 :
après-IBA a-t-il été mis en place la structure héritière de l’IBA
par le Land ? Face aux succès de l’IBA, qui a réussi à
revitaliser un territoire qui était pourtant
Comme prévu initialement, le considéré comme le plus problématique
Land NRW* n’a pas poursuivi du Land, plusieurs autres municipalités,
organisations, entreprises et habitants
l’IBA à la fin des dix années
ont demandé une approche similaire
de la démarche. Cependant, pour leur région.
convaincu des effets positifs
« Les Regionalen sont héritées de l’IBA Emscher d’une telle approche, il a
Un outil qui propose d’exploiter
Park, qui a apporté un renouveau à la région mis en place une structure « le potentiel déjà existant des régions
nord de la Ruhr de 1989 à 1999 13. » Die Regionalen » qui permet
Le Land, quant à lui, a retenu une leçon
à d’autres régions de profiter majeure de l’IBA : un développement
d’une démarche similaire, durable local exploite les talents et les
à moindre échelle. héritages d’un territoire pour donner
un profil spécifique à celui-ci et lui ap-
porter des stratégies de développement
intelligentes. Die Regionalen est donc
Par ailleurs, le Land a développé en un instrument politique régional orienté
parallèle ou à la suite de l’IBA une série projet qui souhaite apporter un renou-
de programmes et de mesures qui ont veau aux municipalités et aux régions
le rôle d’aider les villes à faire face aux du Land qui le souhaitent. Les principes
enjeux du changement structurel, de de développement durable, d’excellence
développement social et de changement culturelle et de réponse aux change-
des habitudes de consommation. ments socio-démographiques sont gar-
C’est dans ce contexte que l’état dés en héritage de l’IBA.
favorise le « city marketing » et les projets Avec l’objectif principal de donner un
tels que « A partir du centre », et « La ville nouveau stimuli au développement d’un
fait place – NRW rend places ». Land (un développement durable, in-
Notons que le Land NRW* a mis cluant aussi des nouvelles opportunités
13. D’après une brochure du Land NRW, en place certains programmes, tandis économiques), les Regionalen proposent
téléchargeable sur : www.mbv.de que d’autres sont uniquement relayés un plan d’action en trois points aux
(projets du BundesLand*, c’est-à-dire de régions 14.
l’Etat allemand).
14. D’après une présentation donnée le 22

juillet 2004 par Hans-Dieter Collinet, directeur
du département « Développement Urbain » au
Land NRW.

Recherchez ! Une attribution sur concours
entre régions
• Qu’est ce qui rend la région si unique,
à quoi s’identifie-t-elle ? Concrètement, cette structure propose
aux régions intéressées de porter une
• Quels éléments représentent les dé-
candidature au Land. Les villes, munici-
veloppements socio-économiques, et
palités et communes de la région, ras-
les qualités culturelles et naturelles du
semblées dans ce dessein spécifique,
territoire ?
doivent proposer un concept de déve-
• Quels sont les talents et ressources loppement en soulignant les stratégies,
spécifiques pour un développement les mesures et les événements qui leurs
durable ? semblent fondamentaux pour le renfor-
cement de leur région et de son iden-
Pensez ! tité.
Si le projet est retenu, la région a
• Améliorer les processus pour un déve-
un peu de temps pour étoffer son pro-
loppement durable et économique en
gramme et se préparer à la mise en pla-
maintenant et réhabilitant des sites et
ce d’une Regionale sur son territoire.
structures existants.
• Améliorer les processus pour un déve-
loppement durable et économique en Des principes issus de l’IBA
apportant de nouveaux éléments pour La démarche de projet de l’IBA a laissé
renforcer le profil existant et les capa- des traces. Le principe de ne pas mettre
cités de la région. en place des plans de planification mais
• Inclure des artistes dans le design de un réseau de projets au service d’un
ces mesures innovantes. changement régional est repris par les
Regionalen.
Les Regionalen fonctionnent donc
Créez !
selon une démarche de projet, tout
• Trouver des partenaires et des fonds comme l’IBA.
pour réaliser ces projets selon une Le Land NRW a des fonds disponi-
liste de priorités. bles pour les Regionalen seulement à
• Présenter ces améliorations et ces ré- travers son budget politique habituel
habilitations lors d’un festival pour la pour le développement urbain et la ré-
région et ses visiteurs. novation urbaine. Il n’y a pas de budget
• Utiliser l’impulsion des Regionalen supplémentaire, seulement un niveau de
pour mettre en place un processus priorité accordé pour les demandes de
permanent de consensus et d’innova- subvention. De plus, le Land ne finance
tions. qu’au plus 80 % des projets, les autres
20 % devant être fournis par la munici-
palité ou un partenaire. Cela assure une
réelle implication des acteurs locaux.
Par ailleurs, une Regionale ne dure
que deux années.
Une description sommaire des Re-
gionalen mises en place est présentée
page suivante

Regionale 2000 dans l’OstWestfalen- Un bilan à mi-parcours : les leçons
Lippe (OWL) tirées des Regionalen fin 2004
La Regionale a porté cinquante-quatre • Plus le nombre de thèmes-clés est pe-
projets sur les thèmes du jardin pay- tit, et plus leur contenu est précis, et
sager, et sur le secteur de la santé (dix plus la création d’une nouvelle image
projets) qui était un point important de régionale est réussie.
la région avec plusieurs PME innovantes. • L’approche des Regionalen est plus in-
Les thèmes de la technologie (vingt-six téressante avec des régions petites et
projets) et de la culture (dix-huit projets) bien définies.
ont aussi été portés.
• Le développement commun de nou-
L’investissement total (Land, muni- veaux projets régionaux est essentiel.
cipalités, associations, partenariats, etc.) Les Regionalen ne doivent pas s’occu-
peut être estimé à 750 millions d’euros. per uniquement de projets locaux.
• L’existence d’un petit comité de suivi
avec un accès à un savoir-faire externe
Regionale 2002/2003 : Euroga 2002+ est nécessaire au succès d’une Regio-
nale.
Plus de 120 projets ont été portés lors
de cette très grande Regionale. Plus de • La compétition des idées est un critère
1 200 événements et soixante exposi- de qualité.
tions ont été organisés, pour une aire • Dans le futur, les régions qui partici-
concernant plus de cinquante villes, soit pent aux Regionalen ne devront pas
2,7 millions d’habitants et traversant seulement intégrer des éléments du
même les frontières voisines des Pays- développement urbain, paysager et
Bas. L’Euroga 2002+ avait six thèmes culturel, mais aussi fournir un stimuli
d’actions : rénovation de parcs et de jar- économique. Une stratégie globale est
dins, Canal Nord (marquage artistique nécessaire.
par une ligne bleue notamment d’un
canal de 100 km qui fut créé par Napo-
Regionale 2006 :
léon mais jamais utilisé), trésors cultuels
Bergisch City Triangle
– Guerre et Paix, trésors naturels – Na-
ture et Culture, Euroga cycle route (600 La Regionale 2006 s’est concentrée sur
km de pistes cyclables balisées par des trois grands thèmes :
panneaux jaunes Euroga+), Cascades • Redécouvrir la région : son histoire in-
sur le Rhin et le Maas. dustrielle, et son paysage façonné par
Le tout a représenté un financement l’Homme.
de 123 millions d’euros. • Partenariats avec le privé
• Impulsions au redéveloppement ur-
Regionale 2004 : On the left and the bain.
right of the Ems Le projet Bergische expo ’06 a permis de
La Regionale a réuni trente-sept muni- mettre en place une démarche forte de
cipalités et organisations rassemblées festivalisation pour mieux porter la Re-
autour de la petite rivière de l’Ems. gionale la dernière année.
Plus de trente-deux projets ont été

menés sur le thème de la « redécouverte Regionale 2008 :
d’un paysage bien connu ». Quatre axes Traverser les frontières
principaux ont guidés les projets : les Trois thèmes principaux sont mis en
chemins de l’eau (redonner sa place à place :
l’eau), la chasse au trésor (améliorer le
- FremdGehen (tourisme),
lien entre population et industrie mi-
nière d’une part et ressources minérales - Stadt-Finden (infrastructure),
d’autre part), culture du paysage et de la - BorderKnowledge (réseaux d’instituts
construction (en valoriser la variété), ré- de recherche).
seaux (mise en place de routes théma- Les projets clés se concentrent autour
tiques, de points informations, …). de l’histoire particulière de cette région
qui relie trois pays (Allemagne, France,
Suisse).

Regionale 2010 : Le relais Et les Regionalen assurent peu le suivi
Deux grands thèmes seront abordés des régions après les deux années de la
pour cette Regionale : « la région de la démarche, ne répondant pas non plus
connaissance » (renforcement des in- au besoin éventuel de la vallée de l’Ems-
dustries du savoir et des infrastructures cher d’être soutenue par une nouvelle
liées) et « la région des chances » (éta- structure post-IBA.
blissement d’une image familiale à la
région). Face au succès de cette structure,
une seconde édition a été programmée
par le Land avec une Regionale en 2013
et une en 2016.
Evaluation de cette démarche :
Elle pose à peu près les mêmes ques-
tions que celles qui se posent lorsque
l’on veut faire un bilan de l’IBA :
• Comment mesurer le succès d’une
Regionale particulière, et de la struc-
ture Regionale en elle-même ? Il est
peu évident de mesurer des effets
indirects. Il semble cependant que le
Land ait mis en place une commission
scientifique spécialement pour évaluer
le programme et proposer des points
d’amélioration.
• Quelle est la valeur ajoutée de la dé-
marche ?
Elle permet de mettre en place plus
de coopération entre les villes, par des
activités communes et présente l’inté-
rêt d’une concentration de projets qui
devient vraiment signifiante pour une
évolution de l’image du territoire.
• L’approche des Regionalen peut-elle
être transférée à d’autres régions ?
En général, les idées clés des Regiona-
len peuvent être transmises à d’autres
régions, à condition qu’il y ait une
vraie volonté de déléguer les compé-
tences au niveau régional, des critères
de sélection transparents (pour les ré-
gions comme pour les projets), et une
coopération active à un niveau inter-
ministériel.
La mise en place des Regionale par le
Land, qui répondait alors à une deman-
de d’élus communaux, montre le succès
de l’IBA. Les points communs aux deux
démarches sont nombreux, prouvant
l’importance de l’exemple qu’apportent
les actions entreprises par l’IBA.
Par ailleurs, Die Regionalen prennent
en quelque sorte le relais de l’IBA. El-
les permettent de suivre une démarche
similaire, adaptée aux territoires concer-
nés. Cependant, la démarche semble
moins complète que celle de l’IBA, qui
avait un caractère exceptionnel.

Autres interventions plus classiques dans le NRW sont Oer-Erkenschwick,
du Land* NRW : des programmes au Gelsenkirchen et Essen. La phase de
service des territoires et des villes. conception de ce programme a été en
cours jusqu’à l’année 2007. Après l’ex-
périence de ces projets pilotes, un pro-
Stadtumbau West (urbanisme gramme durable sera mis en place avec
de l’ouest) : travail sur les évolutions la « Stadtumbau West ».
démographiques
On observe depuis le début des années
StadtBauKultur (Culture de l’urbanis-
1990 en Allemagne les conséquences
me) : travail sur la qualité architectu-
d’une population dont le nombre d’ha-
rale et d’aménagement
bitants est en baisse ; et les marques
d’une structure sociale qui évolue ra- L’initiative du Land « StadtBauKultur »
pidement. Un tel développement doit a été initiée en 2001. Elle propose de
aussi être surveillé dans la Rhénanie du mettre en œuvre des projets et des ex-
Nord Westphalie. positions pour rendre les villes plus at-
tractives. Il s’agit de faire augmenter la
Le programme « Stadtumbau West »
fréquentation des visites de sites histo-
est mis en place par le Bundesland (Etat
riques ; tout en donnant plus de qualité
fédéral d’Allemagne), étant relayé ensui-
dans la planification et la construction.
te dans les Land.
Basés sur les piliers de la qualité
Les principaux enjeux de l’évolution
d’aménagement des espaces publics et
démographique sont les suivants :
la protection des monuments, plusieurs
• un développement de la population projets principaux et de nombreux pro-
inégal jets secondaires se présentent sous l’ap-
• un vieillissement de la population pellation « StadtBauKultur »
• une croissance des habitants d’origine Le mémorandum du programme
étrangère, qui se concentrent sur cer- StadtBauKultur de 2003 définit les
Exemple de réalisation :
taines régions champs d’action pour lesquels l’initiative
« Station visuelle » à Munich
Seize villes de l’ouest de l’Allemagne ont doit être prise : l’association de l’archi-
mis en place des solutions exemplaires tecture et de l’art à travers une meilleure
pour répondre aux conséquences de ces qualité dans les constructions, l’amélio-
changements démographiques. Les vil- ration de l’espace public et la continuité
les impliquées par ce programme d’Etat de la réhabilitation culturelle de l’héri-
tage.

Stadt macht Platz - NRW macht Plätze de soixante-huit villes ont été reçues par
(La ville fait place – NRW rend places) : un jury sous la présidence de l’archi-
revitalisation de l’espace public et no- tecte néerlandais Kees Christiaanse et
tamment des places d’autres urbanistes.
Les places sont les points de cristalli- Les concepts vont d’une mise en
sation de l’espace public. En tant que scène artistique à une transformation
centres animés de rencontre et d’accueil de l’ensemble du centre-ville. Tous les
de l’étranger, elles doivent être un lieu projets se caractérisent par le fait que les
d’urbanité et d’ouverture au monde. citoyens et l’économie sont directement
Malheureusement ces places sont sou- impliqués, avec des moyens artistiques
vent des endroits fonctionnels et créa- travaillés, et que la mise en œuvre du
teurs de problématiques, des lieux qui projet peut commencer rapidement.
manquent de vivacité et de fonctionnali-
té au quotidien.
Le programme « La ville fait place -
NRW rend places » donne aux commu-
nes la chance d’offrir un nouveau regard
à ces lieux. Les projets primés dans ce
cadre seront subventionnés lors de leur
mise en œuvre.
Ils doivent servir de modèle pour la
conception et l’utilisation créatives de
l’espace public. Un exemple, la place « Wasserplätze »
en projet à Erkrath
Qu’il s’agisse d’un nouveau monas-
tère à Wedinghausen, d’un tapis rouge
pour les visiteurs de Bochum ou d’une
nouvelle entrée pour une association de
Schalke - le ministère de l’Urbanisme et
du Logement, de la Culture et du Sport
soutient ainsi les contributions novatri-
ces à l’amélioration de l’espace public
par la qualité.
Lors d’un premier tour, les candidatures

Ab in die Mitte (à partir du milieu) : Initiative ergreifen (prendre
redynamiser les centres-villes des initiatives) : soutenir
«Plus de vie - plus de diversité - de nou- des initiatives locales
velles visions pour la ville» : sous ce mot dans le domaine de l’aménagement
d’ordre prend forme l’initiative de la ville urbain.
marketing « À partir du milieu ! La City- Ce programme du Land encourage l’en-
offensive de NRW », un succès pour le gagement citoyen de multiples façons
renforcement des centres-villes depuis dans le domaine du développement ur-
plusieurs années. bain. C’est un des programmes qui per-
Le programme s’attaque à la di- met au Land de soutenir ses citoyens.
minution de l’attrait dans les centres « Initiative ergreifen » s’adresse aux
urbains : la fermeture des commerces de citoyens et aux citoyennes qui sont prêts
proximité, l’augmentation du nombre à participer activement au devenir de
de grandes surfaces et les problèmes de leur ville.
transport touchent de nombreuses com- Les projets pris en charge sont ceux
munes. de renouvellement urbain, ciblés sur des
Le principal projet de « A partir du améliorations des lieux de quartier cultu-
milieu ! » est un appel d’offres annuel, rels ou sociaux ou des projets à l’échelle
pour lequel toutes les villes et munici- de la ville. Les citoyens qui y candidatent
palités du pays sont invitées à proposer doivent être ouverts à l’avenir et rester
des projets de développement, valori- impliqués dans le projet après son lan-
sant la coopération entre les villes et les cement et sa réalisation.
activités économiques. Les candidatures On trouve des exemples à ce titre de
sont évaluées par un jury, les projets maisons de quartier, de centres de quar-
vainqueurs sont réalisés au cours de tiers, de monuments-souvenirs caracté-
la même année. Pour cela le gagnant risant la ville, d’aires de jeux, etc.
se voit accorder une subvention allant
Plus de soixante projets ont pu être
jusqu’à 60% du coût total payé.
réalisés dans des villes de NRW.
Exemple d’une ancienne salle

des machines à Gelsenkirchen
qui a été transformée en théâtre
grâce à une association
qui en assure la maintenance.

Soziale Stadt (ville sociale) : actions Veille scientifique du programme
pour une ville plus sociale La mise en œuvre du programme «Ville
sociale», programme à la fois complexe
En 1999, l’État et les Länder ont com- et ambitieux, exige un effort important
plété la promotion du développement pour faciliter l’échange d’expériences, le
urbain par le programme «Ville sociale», transfert des connaissances, la coopéra-
pour enrayer le phénomène de fragmen- tion et le travail de relations publiques.
tation socio-spatiale dans les villes. Ce C’est pour cette raison que le ministère
programme est basé sur le principe de fédéral des Transports, de la Construc-
participation mais aussi de coopération tion et des Affaires urbaines (BMVBS),
et apporte une nouvelle approche poli- représenté par l’Office fédéral pour la
tique pour le développement intégratif Construction et l’Aménagement du terri-
des quartiers. toire (BBR), a chargé l’Institut allemand
d’urbanisme (Difu) d’effectuer une veille
scientifique pour la première phase de
Fonctionnement mise en œuvre du programme (automne
L’approche du programme «Ville so- 1999 - automne 2003). Les principaux
ciale» est intégrative car les mesures et éléments consistaient à créer un réseau
les projets qu’il permet de développer national, à mettre en place un système
concernent souvent conjointement plu- de veille scientifique sur le terrain dans
sieurs domaines politiques. Le dévelop- seize sites modèles du programme «Ville
pement des mesures et des projets rele- sociale» et à préparer l’évaluation du
vant des champs d’action du programme programme.
«Ville sociale» exige la mise en place d’un
système de management performant de Exemple d’un camp linguistique organisé
Le Land a donc plusieurs structures mi-
coordination, de coopération et de par- pour les enfants d’immigrés
ses en place pour aider les villes. Cepen-
ticipation, appliqué dans des champs à Gelsenkirchen
dant, une seule (die Regionalen) prend
d’actions stratégiques utiles.
vraiment le relais de l’IBA, mais elle ne
concerne que des régions sélectionnées
Contenu des champs d’actions pour un temps relativement court.
Les champs d’actions possibles sont très
vastes et ne se limitent pas à un thème,
mais ils permettent tous d’améliorer la
situation sociale.
On trouve notamment :
Emploi
Qualification et formation
Amélioration des ressources
Activité sociale et infrastructures
sociales
École et formation
Développement de la santé
Environnement et circulation
Culture de quartier
Sport et loisirs
Vie communautaire de différents
groupes sociaux et ethniques
Marché de l’immobilier
et réglementation
Lieu de vie et espaces publics
Amélioration de l’image de marque
et travail de relations publiques

Le rôle du syndicat RVR* :
l’intercommunalité
au cœur des enjeux
Le syndicat Kommunalverband Ruhr Paysage et environnement, et Economie

(KVR) semble avoir retrouvé un rôle dans et planification (développement de la
le paysage institutionnel du territoire, et région, schémas de développement
dans le travail d’intercommunalité. urbains, plans de planifications des
Tout d’abord, les dix années de l’IBA transports, …).
Questions posées : lui ont permis de mettre en place et de Le point le plus important du travail
Concrètement, quels sont les mandats gérer la démarche liée au Parc paysager du RVR reste la poursuite du Parc paysa-
de l’Emscher. Les communes ont pu ger de l’Emscher et la revitalisation de
de ce Syndicat intercommunal ?
reprendre contact avec ce syndicat, qui cette rivière, puisqu’il était défini dès
Quelles compétences lui ont-elles été
a retrouvé un certain dynamisme. le début de l’IBA que cette démarche
transférées par les communes ?
De plus, la fin de l’IBA a ouvert des prendrait plusieurs années.
De quelles ressources (humaines, techniques
portes au syndicat KVR qui a ainsi pu, L’action est donc poursuivie avec la
et financières) dispose-t-il ?
en plus d’une continuité du travail sur la mise en place d’un schéma directeur 2010
requalification de l’Emscher et du Parc du Parc paysager régional de l’Emscher
paysager, s’ouvrir à d’autres domaines. (pour lequel 500 millions d’euros ont
En 2004, le KVR est devenu RVR déjà été investis). Plusieurs thématiques
(RegionalVerband Ruhr) : ses compéten- sont abordées : le renouveau du système
ces et son échelle d’action ont été élar- écologique de la rivière de l’Emscher,
gies. le parc naturel, l’écologie dans le parc,
l’infrastructure du parc, la culture dans
Il travaille maintenant sur trois gran-
le parc, le paysage urbain et le suivi du
des thématiques : temps libre et culture
développement de la végétation.
(soutien des grandes manifestations
culturelles de la Ruhr notamment), La démarche de revitalisation de
l’Emscher et de ses abords est donc
particulièrement soutenue.

Konzept Ruhr : Dix ans après l’IBA,
un nouveau projet métropolitain
pour la région
En décembre 2007, les acteurs Une métropole aux identités

de la région de la Ruhr se sont diverses :
accordés sur une stratégie mé- Les métropoles mondiales sont considé-
tropolitaine à mettre en place. rées comme un bloc monolithique, mais
la responsabilité politico-administrative
Elle leur permettra de réaliser
réelle y est souvent organisée de maniè-
de nombreux projets locaux, re décentralisée. La diversité des compo-
qui s’inscrivent dans cinq gran- sants de la métropole Ruhr est l’une de
des thématiques et contribuent ses caractéristiques les plus significati-
à la métropolisation. ves. Les paysages le long de la Ruhr se
distinguent de ceux de l’Emscher, les
structures urbaines des villes diffèrent
Dix années après la fin de l’IBA, la région
et les implantations économiques sont
veut montrer un bilan positif des efforts
sectorisées. Contrairement aux régions
menés.
à un seul centre, la métropole Ruhr se
Les acteurs régionaux mettent en compose de plusieurs villes de même 15. Konzept Ruhr, Stratégie pour un
avant une relance de l’économie, la pré- rang, permettant une polycentralité. développement urbain et régional durable
sence d’universités et d’instituts de re- dans la Métropole Ruhr, Wirtschaftsförderung
cherche, un développement de la scène metropoleruhr GmbH, Mülheil an der Ruhr, Mars
culturelle, du tourisme et des loisirs, et 2008.
citent la Ruhr comme « l’agglomération
Toutes les citations concernant Konzept Ruhr
la plus verte d’Europe 15 ».
sont extraites de ce document.

Culture industrielle, paysage • Ruhrlines : les axes de la métropole
et qualité architecturale Ruhr
Les sites de culture industrielle sont « Au cours des prochaines années, les
synonymes de préservation de l’identité quatre axes ouest-est de la métropole
culturelle de la métropole Ruhr. Ils ser- Ruhr constitueront une priorité du
vent de scènes ou de décors à des évé- développement urbain de la région.
nements culturels, offrent des locaux En nul autre endroit on ne peut mieux
idéaux pour l’artisanat et les services percevoir à quel point la métropole Ruhr
et sont autant de lieux dont le visiteur n’est pas un quelconque rassemblement
apprécie la visite. de collectivités territoriales, mais une
Les paysages de la Ruhr sont intégrés région de responsabilité commune. »
aux projets de rénovation urbaine. Ils
contribuent à la vision métropolitaine. • Ruhrcities : centres et quartiers
La création architecturale est valorisée, à
« L’image des centres-villes marqués
travers plusieurs projets de qualité no-
par la fin de l’ère industrielle sera de
tamment.
l’histoire ancienne et fera place à celle
« Cet environnement marque de son des cités modernes où il fait bon vivre.
empreinte le « Konzept Ruhr », qui en Réaménagée, la couronne des quartiers
tant qu’action concertée des villes et rénovés entoure les nouvelles ruhrcities
des kreise*, place les opportunités et les et apporte une contribution majeure à
défis du développement urbain et régio- la poursuite du développement social
nal au centre des préoccupations pour stable de la région. »
les dix prochaines années. »
La stratégie « Konzept Ruhr » a été
• Ruhrexcellence : développement de
mise en place à la fin de l’année 2007.
sites de grande valeur
Validée par trente-cinq villes, s’appliquant
à une région de 4,8 millions d’habitants, « Tout métropole a besoin d’une base
cette démarche promeut une nouvelle solide de sites commerciaux et indus-
vision métropolitaine, cette fois élargie à triels bien répartis sur le territoire de
toute la région Ruhr. la région. La présence de tels sites
dans une quantité comparativement
aussi considérable, pouvant même être
Des projets locaux qui s’inscrivent encore étendus dans les années à venir,
dans cinq thématiques globales constitue un atout majeur de l’armature
Approuvé par les parlements locaux et urbaine décentralisée de la métropole
régionaux, ce concept propose de mettre Ruhr. »
en place 274 projets (souvent élaborés
et fondés sur une analyse intercommu-
nale), qui s’inscrivent dans cinq grandes
thématiques.

• Ruhrinvest : un engagement privé Chaque thème s’inscrit dans une démar-
en pleine croissance che régionale et participe au développe-
« La décision de la société Thyssen-Krupp ment métropolitain de la Ruhr. Par
d’installer son siège social sur un ancien ailleurs, chaque projet permet aussi une
site industriel à Essen, a réveillé l’intérêt amélioration de la qualité de vie et un
de toute la région et du public spécialisé appui au développement économique
international. Mais il existe déjà toute local. « Avec le “ Konzept Ruhr ”, les villes et les districts
une série de projets d’investissements Les champs de compétence sont tirent les enseignements des expériences
bien réels, menés à bien par le secteur considérés de manière globale, dans d’intercommunalité (IBA Emscher Parc, Parc
privé, qui, sans cofinancement public, l’industrie de la chimie, de l’énergie paysager de l’Emscher, Schéma directeurs)
repose sur l’effet spatial de la stratégie ou de la santé, dans le cadre de projets et les replacent dans un contexte ordonné
de rénovation urbaine pour la métropole logistiques, de sites de bureaux ou de et stratégique pour le développement
Ruhr. Continuer à stimuler ce dévelop- loisir. de la métropole Ruhr au cours
pement est un fondement de la stratégie Le financement des projets « Konzept des prochaines décennies. »
“ Konzept Ruhr ”.» Ruhr » se fera à la hauteur d’environ 1,6
milliard d’euros par les fonds publics et
• Ruhrevents : de grands événements d’environ 4,4 milliards d’euros d’inves-
comme étapes de la transformation tissements privés.
« Les grands événements d’envergure
internationale apportent une contribu-
tion importante à l’image de la région :
auprès des étrangers, car la perception
en est positive, auprès des locaux, parce
que la confiance des habitants en eux-
mêmes croît. En tant que Capitale euro-
péenne de la culture 2010, la métropole
Ruhr mise sur une combinaison d’évé-
nements de grande portée et de projets
efficaces à long terme, orientés sur les
objectifs de développement stratégique
de la région. »

Les retombées pour le territoire
Les efforts menés lors de l’IBA ont eu des retombées positives

pour le territoire. Le traumatisme lié à l’histoire délicate de la
région a pu être adouci grâce à une revalorisation de nombreux
anciens sites industriels. Les efforts environnementaux ont
Questions posées : d’une part recréé un lien avec la nature pour les habitants,
Comment appréhender, au-delà de simples mais ont aussi permis de démontrer la pertinence des
perceptions, le changement d’image écotechnologies et de faire prendre au territoire des années
que les habitants portent sur leur patrimoine d’avance dans ce domaine. L’offre culturelle et artistique s’est
et leur histoire, et plus largement
diversifiée, la créativité s’est libérée. Des nouveaux quartiers
sur ce « nouveau » territoire ?
Quels outils de mesures quantitatives d’affaires et d’habitat ont vu le jour.
(taux de fréquentation touristique, …) Un bilan que l’on peut qualifier de positif, même si les
et qualitatives (enquêtes, …),
retombées économiques espérées n’ont pas été au rendez-
ont été mis en place ?
vous et que des doutes subsistent.
Le plus important ? Que le changement d’image ait été réussi
et que les habitants soient à nouveau fiers de leur région.
Les efforts entrepris par l’IBA pour ap- Les spécialistes allemands sont donc
porter une nouvelle image à la région de plutôt optimistes sur ces retombées, qui
la Ruhr semblent ne pas avoir été vains. sont pourtant très délicates à évaluer ob-
« Il s’est réalisé tant de projets que jectivement, puisqu’on parle de la pré-
la physionomie de la Ruhr a été trans- paration d’un territoire.
formée, effet remarquable dans cette Il semblerait que les chiffres du tou-
région qui avait toujours trahi l’envi- risme aient augmenté, que les médias
ronnement, avait perdu ses emplois et aient relayé une image différente (en
n’arrivait plus à en créer. Elle qui n’in- relayant surtout les inaugurations de
téressait personne est devenue un lieu grands projets), que les habitants aient
de visite, les médias en ont montré des réinvestis des lieux emblématiques, que
images fascinantes et la population a la population ait repris confiance…
pris conscience d’elle-même, de sa va- Par ailleurs, que peut-on réellement
leur 16. » attendre de 120 projets qui maillent un
« Bien évidemment, les projets pha- territoire de 800 km² ? Seule la mise en
res de l’initiative IBA sont devenus des réseau de ces projets permet d’atteindre
attractions populaires de la Ruhr et leur un résultat à l’échelle métropolitaine.
attractivité dessert beaucoup d’activités Mais peut-on en attendre un boule-
dans la région. Ils sont les symboles de versement radical ? Rappelons que de
sa transformation et du potentiel de la nombreux sites restent en place sans
région à devenir un technopôle moder- avoir fait l’objet de projets, et que tout
ne, où une nouvelle base économique le territoire n’a pas été touché par la dé-
émerge de la fusion des connaissances marche IBA.
industrielles locales et des nouvelles Nous allons nous attacher à faire un
technologies de l’information 17. » premier bilan point par point des actions
entreprises par l’IBA, afin de mieux cer-
ner les thématiques qui furent traitées
avec succès et celles qui laissent encore
des doutes pour l’avenir.
16. Selon les propos de Karl Ganser
17. Selon les propos de Klaus Kunzmann

Volet de valorisation du patrimoine
industriel : un défi réussi grâce à l’art
et la mise en réseau des sites
L’IBA a permis de nombreuses réalisa- Par ailleurs la clé de la valorisation in-

tions particulièrement spectaculaires dustrielle a été la mise en réseau des
dans ce domaine. Ce travail remarqua- sites. La région a mis en place une route
ble de recyclage des friches industrielles thématique de la culture industrielle
montre un savoir-faire acquis en matière (Route Industriekultur). Elle propose
de techniques de réhabilitation, d’archi- aux visiteurs un aperçu complet de l’his-
Questions posées :
tecture et d’urbanisme. toire industrielle de la Ruhr mais aussi
de sa revalorisation à travers l’IBA en Cet axe de projet fortement plébiscité par l’IBA,
Le nombre de visiteurs de certains si-
trente-deux points d’ancrage. Les pan- consistant à valoriser l’héritage industriel de ce
tes atteint le chiffre de 450 000 person-
nes par an, ce qui représente un poten- neaux de signalisation qui ont été instal- territoire, est-il toujours aussi fortement porté
tiel très fort ; et montre l’intérêt croissant lés permettent au visiteur de se repérer aujourd’hui ? Quels seraient les freins/obstacles,
porté à ces structures réhabilitées. Il faut dans la région et de retrouver les sites du point de vue des acteurs locaux, à une telle
dire qu’un travail poussé d’appropriation emblématiques. Un site internet efficace ambition ?
de la culture industrielle par la popula- (www.route-industriekultur.de) a été
tion a été mené, alors qu’elle était rela- mis en place, sur lequel on peut retrou-
tivement difficile à populariser. Des ani- ver des informations sur les sites à visiter
mations avec les enfants ont complété la ou consulter les manifestations en cours.
démarche novatrice de « festivalisation » Pour exemple, on peut assister à trente-
associée aux sites. six manifestations culturelles proposées
un jeudi du mois d’août 2008.
Le risque de trop sacraliser les bâti-
ments industriels (notamment en fai- Cette route participe donc à la nou-
sant des musées, au sens de conserva- velle image que la région veut offrir,
tisme absolu du terme) qui s’est posé a puisqu’en guidant les visiteurs elle affi-
été bien maîtrisé. En effet, l’IBA limite le che une façade choisie du territoire.
nombre de bâtiments pouvant être des- Par ailleurs, elle s’intègre au projet
tinés à devenir des musées. Seuls ceux européen ERIH (European Route of In- la mise en réseau par la Route
qui présentaient une haute qualité archi- dustrial Heritage, www.erih.net), qui Industriekultur, une clé nécessaire
tecturale ont pu être destinés à cet usa- met en réseau les informations touristi- à la réussite de la revalorisation
ge. ques concernant les héritages industriels
Le fait de préserver des équipements en Europe. Cette participation permet
en leur offrant un nouvel usage – même une meilleure lisibilité nationale et inter-
transitoire - permet de ne pas muséifier nationale du projet.
trop vite un site, sans pour autant em-
pêcher cette éventuelle mutation dans
un avenir plus lointain.

Volet artistique et culturel : Deux grands événements artistiques
une structure devenue pérenne, siège sont nés plus ou moins directement de
de grandes manifestations culturelles l’IBA Emscher Park, et sont aujourd’hui
accompagnés de nombreuses autres
La région dispose donc maintenant manifestations culturelles telles que le
d’une réelle puissance de créativité. La « Klavier-Festival Ruhr ».
mise en culture du territoire ne s’est pas
arrêtée à la fin de l’IBA, et la structure La RuhrTriennale : le grand festival
artistique et culturelle est maintenant culturel de la Ruhr
pérenne. L’offre culturelle est variée avec
Ce festival de culture est organisé cha-
plusieurs expositions, pièces de théâtre,
que année par la SARL « Kultur Ruhr
cabarets, concerts, et tous types de
Questions posées : GmbH ». Evénement reconnu, il se dé-
spectacles.
Le fonctionnement des équipements semble roule dans une ambiance de créativité
Les anciennes friches industrielles se particulièrement stimulante, ayant pour
être assuré grâce à des subventions publiques,
sont avérées particulièrement adaptées cadre spécifique des friches industrielles
émanant essentiellement des budgets des
pour une réutilisation culturelle, et ce réhabilitées.
communes déjà lourdement endettées. pour trois principales raisons 18 .
Aussi, quel effort financier précisément pour « Le festival ouvre un nouvel espace,
Tout d’abord, elles offrent un cadre de nouvelles directions pour les arts :
les communes ? En contrepoint, les recettes
créatif adapté. La création est suscitée Des metteurs en scène présentent des
de fonctionnement ne seraient pas de nature puisque les lieux ne sont pas neutres, ils nouvelles interprétations dramatiques
à équilibrer cet effort ? Au final, les collectivités portent une histoire, une marque archi- et musicales de « song-cycles », des mu-
ne risquent-elles pas de se voir contraintes de tecturale. Et ces lieux donnent un aspect siciens de jazz produisent des opéras, et
limiter le fonctionnement de ces équipements ? avant-gardiste que les artistes appré- dans les anciennes cokeries et salles des
Quelle pérennité, à terme, pour ces derniers … cient. Les centres d’art, de musique, machines se fondent des drames, des
de futures friches culturelles ? de design n’hésitent pas à utiliser cette beaux-arts, des musiques pop et avant-
image pour leur marketing. gardistes en de nouvelles formes, en de
Ensuite, ces bâtiments sont appro- nouvelles créations. »
priés à ces pratiques : pour un prix très C’est ce concept qui fait connaître la
acceptable, les artistes peuvent disposer RuhrTriennale au-delà des frontières de
de beaucoup d’espace. Les bâtiments la Rhénanie du Nord Westphalie, en ce
ont un usage plus flexible que ceux cons- que le New York Times a appelé « un la-
truits de nos jours avec des normes de boratoire des nouvelles évolutions artis-
construction et de sécurité assez rigides. tiques unique à travers le monde ».
Une solution qui est particulièrement
Cette internationalisation du festival ne
adaptée pour des besoins intermédiaires
s’exprime pas seulement par des mots,
de start-up culturelles financièrement
puisque plusieurs productions de la
risquées.
RuhrTriennale se sont déjà reproduites à
Enfin, les sites possèdent des avan- l’étranger.
tages de voisinage limité. Les activités
Un exemple de concert donné dans la On peut notamment citer la pièce
sur place peuvent être bruyantes sans
Jahrhundertshalle à Bochum (ancienne dirigée par Willy Decker « Le vin herbé »,
halle bâtie pour un usage militaire) que cela soit une gêne. Une aubaine
qui a été invitée à l’Opéra de Lyon et
pour les clubs de jazz, les groupes de
dont des représentations seront assu-
musique populaire et les discothèques.
rées en janvier 2009.
Le nombre de places de parking, presque
illimité, est perçu comme un atout sup- La production « Die Soldaten » (Les
plémentaire. Il est donc particulièrement soldats) de Bernd Alois Zimmermann
facile d’organiser sur ces sites des grands est quant à elle programmée au Lincoln
événements au caractère très ponctuel. Center Festival à New-York. Cet opéra fut
Si le site présente un intérêt historique, originalement présenté dans la Halle du
c’est avec encore plus d’enthousiasme centenaire de Bochum, qui fut construi-
que le public sera au rendez-vous. te en 1888 en tant que halle pour des
entraînements militaires. C’est la toute
La mise en synergie du territoire
première fois qu’un opéra de la région
semble être donc réussie, à travers ces
18. D’après Klaus R. Kunzmann, Creative
de la Ruhr est invité à New York, confir-
nombreuses réalisations qui participent
Brownfield Redevelopment, The experience mant donc le rôle de la RuhrTriennale
au symbolisme d’un passage d’un terri-
of the IBA Emscher Park in Germany, 2004, d’ambassadrice culturelle du Land de
toire associé à l’industrie (« laid »), à un
Université de Dortmund. Rhénanie du Nord Westphalie.
territoire associé à la culture (« beau »).

Ruhr 2010, Capitale européenne La région de la Ruhr a besoin d’anticiper 5. Intégrer des initiatives culturelles
de la culture : une chance à saisir ce risque, afin de ressentir pleinement économiques
La ville d’Essen, et plus particulièrement les effets de cette manifestation pour Cet événement est aussi l’occasion de
toute la région de la Ruhr, portera en compenser ses difficultés d’image. favoriser le développement des indus-
2010 le titre de « Capitale européenne tries créatives (médias, vidéo, audio,
de la Culture ». Dix points clés pour la réussite de image, numérique, …), qui sont main-
La candidature de la ville n’aurait pas pu l’événement tenant moteurs du développement de
être pertinente sans toute l’action cultu- la ville.
Le professeur Klaus R. Kunzmann pro-
relle de fond menée lors de l’IBA. pose ainsi dix points nécessaires à la 6. Faire participer les grandes écoles
Le thème de la transformation du terri- bonne réalisation de cet événement : et universités
toire reste majeur : « Le changement
Avec 5 000 employés et 150 000 étu-
grâce à la culture, la culture grâce au
1. L’année de la capitale de la culture diants, l’enseignement supérieur devrait
changement », telle est la devise de la
est plus qu’un simple événement être associé à des événements culturels,
future capitale culturelle. La mutation du
culturel supplémentaire d’autant plus que de nombreux étu-
caractère et de la fonction de la ville en
Le projet ne doit pas rester cantonné aux diants et professeurs sont originaires de
est le thème central.
services culturels des villes. Il doit être pays européens voisins. Cela permettrait
ouvert aux autres champs d’actions des aussi d’assurer que les secteurs de la
Une grande impulsion possible institutions : économie, développement formation et de la recherche soient im-
pour la région de la ville, environnement, … Un chan- pliqués dans l’événement.
C’est une vraie chance pour la Ruhr de gement structurel ne peut pas passer
7. Renforcer la mobilité régionale
faire connaître toute sa richesse cultu- uniquement par la culture.
relle à l’Europe, qui ignore encore beau- En mettant en œuvre des solutions de
2. Diffuser l’intérêt culturel transport innovantes (location de voi-
coup la démarche d’évolution que la
région a mis en place depuis une ving- Comment mieux intégrer les nouveaux tures avec pilotage automatisé vers les
taine d’années. citoyens de la Ruhr ? Le thème « Migra- sites Ruhr 2010, mise en places d’un
tion » devrait y apporter des solutions. Il réseau adapté de petits bus, …), et du-
Les projets sont nombreux et variés,
ne doit cependant pas oublier de réflé- rables.
leur qualité est toujours privilégiée. La
chir à la manière dont seront accueillis
démarche est volontariste, partagée, 8. Un schéma directeur de la culture
les visiteurs étrangers (touristes turques,
ouverte à la création et au grand public. et du développement de la ville
polonais ou russes en particulier).
Les exigences sont hautes, et se placent Cet instrument pourrait permettre de
dans une stratégie possible pour la ré- 3. Ne pas oublier le sport coordonner aussi à plus long terme les
gion, au prix de nombreux efforts. actions entreprises par les communes
Les liens entre sport et culture sont évi-
dents. Les deux secteurs devraient être dans ce domaine.
Des écueils à éviter connectés en 2010 ; cela permettrait no-
9. « Ruhr 2010 » au service
Pour relever entièrement le défi et que tamment de mobiliser un type de popu-
d’une internationalisation
cette opération puisse avoir des effets lation qui ne semble pas intéressé par la
de la région
durables sur le territoire, plusieurs points culture aux premiers abords.
C’est une vraie chance pour la région
doivent faire l’objet d’une attention par-
4. Urbanisme – Renforcer les sites de continuer ce que l’IBA avait entrepris
ticulière.
culturels pour faire évoluer l’image de la Ruhr à
Plusieurs villes qui furent Capitales l’international, qui est restée très indus-
Les lieux qui accueilleront les manifesta-
européennes de la culture ont en effet trielle.
tions Ruhr 2010 sont généralement ceux
subi le revers de lendemains difficiles :
issus de l’IBA. Ils manquent d’intégration
les bilans positifs espérés n’étaient pas 10. Ne pas négliger l’évaluation
urbaine et sont souvent « des îles » dans
toujours au rendez-vous, les budgets Prévoir à l’avance des outils d’évaluation
l’archipel confus de la Ruhr. La capitale
avaient souvent été dépassés, les défis des effets de l’événement, et ne pas
culturelle devrait profiter de cette occa-
culturels minimisés et les touristes, qui oublier ce qui viendra par la suite (le
sion pour mettre en place une stratégie
étaient venus par curiosité, n’étaient pas changement structurel ne sera pas fini
urbaine et économique aux abords de
restés. en 2010).
ces sites.
Constat amer, face à tous les efforts
entrepris, mais il s’agit aussi souvent des Si l’exercice est réussi, c’est une vraie
suites d’une approche trop peu stratégi- impulsion qui sera donnée à la région
que de cet événement particulier. pour son futur, le facteur essentiel d’im-
plantation des ménages et des entrepri-
ses étant la qualité de vie proposée par
le territoire.

Volet environnemental : un premier
bilan positif, une continuité d’action
nécessaire
Le bilan environnemental englobe l’as- Bilan mitigé par contre pour le travail sur
pect du paysage, celui des espaces verts, la continuité verte de 70 km qui aurait
celui de la place de l’eau et plus globale- dû prendre place le long de l’Emscher.
ment celui de l’écologie et du dévelop- Certes des sites ont pu être renatu-
pement durable. rés et offrent maintenant des espaces
verts agréables à la population, comme
Un projet de grand paysage : le montre par exemple cette image prise
le Parc paysager de l’Emscher près de Gelsenkirchen.
Les projets IBA ont permis de reverdir Mais comme l’explique Dr Malte
certains sites et d’offrir des repères vi- Helfer, « la notion du Parc paysager
suels pour former un grand paysage. de l’Emscher promet trop. En raison du
fort morcellement de l’espace par des
La prise de conscience et le travail
infrastructures, le parc reste un “ tapis
sur le grand paysage ont été particuliè-
rapiécé ”. Le but de ce défi visant à
rement réussis. En effet, la Ruhr n’est
encourager la restauration de la nature
pas une région dans laquelle s’offrent
de l’Emscher est aussi mis en doute. ».
beaucoup de points de vus aux habi-
tants : pas de montagnes ou de colli- Il faut reconnaître que cette conti-
nes naturelles, pas de cathédrales non nuité est effectivement délicate à assu-
plus. L’ouverture des sites industriels a rer, surtout lorsque des sites industriels
Paysage de l’Emscher permis aux personnes de prendre de la encore en activité sont attenants à la ri-
près de Gelsenkirchen hauteur, les différents équipements of- vière de l’Emscher, comme c’est le cas
frant souvent une vue intéressante sur la par exemple ici, non loin de Herne.
région de l’Emscher. Les terrils ont été
transformés, avec l’aide du Land Art, en
parc avec des cheminements piétons,
du haut desquels une perspective de la
région s’offre aussi.
Vue sur un site industriel Herne

A défaut d’avoir été complète, cette ac- Un travail sur l’eau efficace, et plus
tion est largement poursuivie à ce jour, particulièrement une réhabilitation
« logiquement » gérée par le syndicat in- de l’Emscher bien amorcée
tercommunal, qui a pris le nom de RVR*
Les différentes approches qui ont été
(Regionalverband Ruhr).
menées sur l’eau (limitation de l’imper-
Le « Parc régional de l’Emscher » a méabilisation des sols, mise en valeur
pris le relais du projet IBA « Parc paysa- de l’eau de pluie) semblent avoir trouvé
ger de l’Emscher », avec un triple objec- des supports concrets dans les projets.
tif : continuer la trame verte, améliorer
La réhabilitation de l’Emscher, qui
le cadre de vie des habitants et diffuser
était un réel égout à ciel ouvert, a été un
une image positive susceptible de déve-
des points forts de l’IBA.
lopper le tourisme.
Des égouts ont été construits, des
Pour cela, un « Plan général » a été
stations d’épuration locales ont vu jour,
mis en place à l’horizon 2010. Il est
les remblais de béton ont été détruits
constitué de nombreux projets qui per-
pour permettre le ruissellement de l’eau
mettent de continuer les actions com-
de pluie dans les ruisseaux.
mencées sous l’IBA. Par exemple, trois
maisons du parc ont été construites sur Cette réussite reste partielle : sur 400
trois sites emblématiques (Oberhausen, km d’égouts nécessaires, seuls soixante
Gelsenkirchen et Bergkamen). Elles sont ont pu être construits pendant l’IBA et
des points relais, permettant notamment la rivière de l’Emscher n’a été réhabilitée Un exemple de portion
que sur dix-sept km. de l’Emscher réhabilitée
la communication avec les partenaires
de l’Emscher Park et avec les citoyens. Une fois de plus, l’IBA propose des
Le RVR est responsable de l’organi- projets sur des temps longs, et la réha-
sation générale de ce projet, mais les bilitation écologique complète d’une
communes restent très fortement impli- rivière n’est pas histoire de quelques an-
quées. nées.
Cette part du projet devrait prendre
plusieurs décennies, elle est donc aussi
Une lutte contre les pollutions
gérée aujourd’hui par le syndicat RVR,
délicate
avec la participation des communes.
Malgré une volonté forte de protec-tion
de l’environnement, le bilan de l’IBA est
une fois de plus délicat à tirer en matière
de lutte contre les pollutions.
La décontamination des sols n’est
pas toujours très efficace. Seuls les sites
identifiés comme « points chauds » sont
réellement traités. Différentes solutions
sont mises en œuvres : isolation de la
couche contaminée du sol par du plasti-
que afin de faire un traitement spécifi-
que, imperméabilisation du sol et mise
en place de végétaux, retrait de la cou-
che contaminée afin de la traiter ou de
la stocker…
Mais un certain nombre de sites ne
sont pas traités (notamment les parcs
dans lesquels on a laissé se développer
une forêt industrielle), et de manière
générale on a souvent juste recouvert le
sol du site d’une « couche propre ».

La restauration de l’Emscher reste le pro- Le site de l’Académie Mont Cenis pré-
jet de développement central du projet sente aussi un exemple particulière-
« Parc Régional de l’Emscher 2010 », avec ment intéressant de mise en œuvre du
la contribution de la région Ruhr notam- développement durable. Les bâtiments
ment. sont construits sous une grande serre
qui régule les conditions atmosphéri-
Un réel effort sur le développement ques intérieures. Construite sur une an-
cienne mine, le gaz qui s’en échappe est
durable, et en particulier des énergies
capté pour être transformé en énergie et
propres
chauffer le site ainsi que des bâtiments
De manière générale, l’IBA a permis voisins. Le tout est complété par des pla-
de nombreuses innovations pour faire ques photovoltaïques sur le toit. Le choix
de l’énergie propre ; et a impulsé les des matériaux mêmes a été pensé pour
Akademie Mont Cenis. logiques de développement durable à un développement durable, avec l’utili-
l’échelle d’un territoire. sation du bois qui a été privilégiée.
Shell a ainsi construit dans une an- Dans un territoire où il était important de
cienne aciérie l’usine de cellules photo- passer du « noir » au « vert », la pertinence
voltaïques la plus grande et la plus modes éco-technologies semble donc avoir
derne d´Europe à Gelsenkirchen. Cette été montrée.
ville s’est voulue pionnière dans le sec-
Des questions restent en suspens,
teur, avec la construction de résidences
notamment sur les moyens de transport :
solaires dès 1993 notamment.
l’IBA n’a t-elle pas encouragée l’usage
de la voiture ? L’approche « développe-
Pont qui traverse l’Emscher, ment durable » a t-elle été oubliée sur ce
vue sur le parc point ?
La question environnementale sem-
ble donc avoir été traitée selon une ap-
proche intéressante, même si elle sem-
ble incomplète. Rappelons que l’IBA a
commencé en 1989, alors que les ques-
tions de protection de l’environnement
n’avaient que peu de place dans les dis-
cours politiques du côté de nos frontiè-
res.
L’IBA a permis de mettre en œuvre
des projets qui ont été poursuivis et qui
permettent un réel apport à la région,
même si la question se pose de savoir
si cette démarche « développement du-
rable » a été poursuivie par les commu-
nes.
On peut citer l’exemple de la halle
de ski qui a été mise en place à Bottrop :
plus grande piste de ski indoor du mon-
de, son bilan énergétique doit laisser du-
bitatif…

Volet sanitaire : quelques actions Questions posées :
entreprises
- On comprend donc que la dépollution des
L’aspect sanitaire n’a pas été un des Le transport maritime s’est quant à lui sols a été une préoccupation forte pour l’IBA,
points de travail de l’IBA, mais on peut diversifié avec la création de ports de conduisant à certaines actions emblémati-
quand même dire que la démarche a plaisance. ques (dépollution d’une partie de la rivière
permis d’améliorer les conditions sa- L’autoroute A40 a fait l’objet de ré- Emscher, et de certains sites « chauds »)
nitaires d’une partie de la population. flexions et d’aménagements. Elle est de- ou bien au contraire faisant le choix de ne
Certains logements de cités ouvrières venue l’autoroute qui traverse la vallée pas dépolluer … laissant la nature reprendre
étaient devenus insalubres et leur réha- de l’Emscher. Un workshop internatio- ses droits ?
bilitation a été un soulagement pour les nal, orienté sur les possibilités d’amé- Aussi, comment en mesure-t-on aujourd’hui
habitants. nagement dans l’interaction entre ville-
les résultats ? Peut-on se baigner dans
paysage et vitesse, s’est tenu à Gelsen-
l’Emscher par exemple ? Les forêts industriel-
kirchen.
les non dépolluées ne présentent-elles aucun
Volet déplacements et infrastructu- La région profite donc d’un maillage
risque sanitaire pour les usagers ?
res : une démarche de réhabilitation très fin d’infrastructures de transports.
- Par ailleurs, la question du traitement
des gares
de la pollution atmosphérique reste entière.
Un programme spécifique a également Ainsi, comment l’IBA s’est attelée à réduire
été créé pour réhabiliter le réseau ferré cette pollution dans une région
en très mauvais état et pour desservir où la circulation automobile semble
tous les sites jusque tard dans la nuit. toujours très intense ?
Pas moins de treize gares situées sur la
principale ligne régionale ont été entière- Pour autant, la place de la voiture semble
ment réhabilitées en de nouveaux lieux toujours très forte sur le territoire.
ouverts à l’intermodalité (gares, places, Aurait-elle été privilégiée au détriment
quais, parkings, garages à vélos, etc.).
d’autres modes de déplacements pourtant
La gare d’Oberhausen a été le projet ve-
considérés si l’on en juge les investissements
dette de ce programme, accueilli avec
réalisés (réhabilitation des gares, …) ?
enthousiasme par ses usagers. C’est un
véritable projet urbain, qui relie à l’hôtel Gare d’Oberhausen Comment expliquer, par exemple,
de ville des zones auparavant isolées. que l’autoroute A40 initialement baptisée
« La voie rapide de la Ruhr » est aujourd’hui
De manière générale, les gares ont fait
l’objet de revitalisations telles que l’amé- surnommée « La voie lente de la Ruhr », ou
nagement de leurs parvis, la rénova- encore « le plus long parking de la Ruhr » ! ?
tion des bâtiments d’accueil, la remise Plus globalement, quelle a été la politique
en état des tunnels piétonniers et des des déplacements sur ce territoire ? Quelle
quais, l’amélioration de l’intermodalité place pour les déplacements modes-doux ?
bus / tram / train, la construction de
parcs relais et de garages à vélos, et une
offre plus attractive des produits et des
services en gare.

Volet économique : un bilan à court
et moyen terme mitigé
Difficile de tirer un bilan des dix années La rentabilité économique fait cruelle-
de l’action de l’IBA sur le territoire de ment défaut pour une politique qui a
l’Emscher. Malgré les projets entrepre- mobilisé une dizaine d’années durant
Questions posées :
nants du programme « Travailler dans le des fonds publics considérables, large-
Il serait intéressant de savoir ce qu’il en est Parc », la redynamisation de l’économie ment financés par les fonds d’aide euro-
aujourd’hui ? Ces projets, ou d’autres du même a eu du mal à se concrétiser en nombre péens. En 2005, le taux de chômage
type, ont-ils été réalisés ? Quelles conséquen- d’emplois. s’élevait à plus de 16%, et de manière
ces sur la vitalité des centres-villes ? Certes des implantations d’industries générale, il est toujours resté de deux
Quel dynamisme impulsé par ailleurs ? (usine Opel, Nokia) et d’universités ont ou trois points supérieur à la moyenne
permis des effets directs sur le maintien nationale.
de l’emploi, mais il est particulièrement
délicat de redonner du travail à tant de Des difficultés dans les partenariats
chômeurs des secteurs du charbon et de
avec les privés
l’acier (près de 300 000 emplois perdus
en 25 ans, cf. graphique ci-contre). Par ailleurs, alors que des fonds publics
considérables ont été mobilisés, les pri-
vés ont été plus réticents à investir. La
politique du développement durable,
ou celle du recyclage foncier, n’est pas
toujours la plus rentable et rend donc
les éventuels partenariats avec le privé
limités.
L’exemple de Centr’O témoigne de
cette difficulté. Ce centre commercial
est le plus grand d’Europe, avec ses 200
boutiques et ses quelques 14 000 pla-
ces de parking. Il est d’une part construit
avec des principes d’urbanisme à l’amé-
Le nombre de chômeurs dans la Ruhr ricaine, loin de tous les principes de l’IBA
(aucun recyclage de site industriel, pas
de principe de qualité ni de développe-
ment durable, …).
Mais il assure une grande rentabi-
lité économique. C’est un succès très
Halle principale du Centr’O
brillant dans la région, de par sa qualité
de service appréciée notamment, avec
une garderie pour enfants par exemple.
Une structure dont l’investissement a été
soutenu par la municipalité et le Land.
Centr’O a créé de nombreux emplois,
assurent ses responsables. Mais ces
emplois seraient délocalisés : le centre
commercial ferait déplacer des emplois,
renforçant la concurrence entre villes. Et
le tout ne fait qu’aggraver les pertes d’at-
tractivité des centres-villes, qui sont les
vrais perdants de ces installations.
D’un autre côté, le Centr’O permet
une attraction régionale qui rayonne
ensuite sur le territoire et les autres in-
frastructures. Par exemple, plus de 50%
des visiteurs du gazomètre voisin (projet
IBA) se sont d’abord rendus au Centr’O.
Un chiffre qui laisse pensif : cela signi-
fie que l’autre moitié des visiteurs font
le choix de ne pas aller au Centr’O alors
qu’ils passent devant.

Le débat reste ouvert, alors que l’entre- Shell Solar y a ainsi construit dans une
tien du gazomètre voisin reste assuré en ancienne aciérie l’usine de cellules pho-
partie par un mécénat du Centr’O. tovoltaïques la plus grande et la plus
Centr’O n’est pas le seul projet de ce moderne d’Europe. Questions posées :
genre à avoir été porté pendant l’IBA : La ville s’est dotée dès 1993 d’un lo- Quelle évolution aujourd’hui ? Gelsenkirchen
A Duisburg, un centre « Multicase » avait tissement solaire, réalisant des suivis de est elle devenue une ville référence dans le
été programmé. consommation et premiers écobilans à domaine du photovoltaïque? Cette spécialisa-
partir de 2000. En 2002, c’est une dou- tion a-t-elle été symbole d’une reconversion
A Dortmund, le projet HBF UFO pro-
zaine d’entreprises de Gelsenkirchen qui
posait une nouvelle gare incluant un im- réussie ?
travaillent en lien avec l’énergie solaire.
mense centre commercial, et une fois de
plus à l’encontre des principes IBA. De manière plus générale, le pro-
gramme a permis une progression du
« Les principaux effets de l’IBA sont in-
secteur tertiaire et notamment des ban-
directs », explique Dr. Klaus Kunzmann,
ques, assurances, commerces, etc.
de l’Université de Dortmund. Il ne faut
pas forcément en attendre des résultats Une action qui reste assez ciblée et
immédiats. qui, même si elle contribue au change-
ment d’image de la région, ne permet
C’est en effet tout le redéveloppe-
pas d’apporter une solution satisfaisante
ment du territoire qui a été impulsé par
aux besoins en terme d’emploi de la
l’IBA, ce qui semble difficilement évalua-
population ouvrière de la Ruhr. Cette
ble en termes de chiffres.
fracture est confirmée par le Dr Malte
Helfer : « Les projets de “ Travailler dans
Une impulsion pour des entreprises le parc ”s’adressent aux plus hauts reve-
novatrices du secteur tertiaire nus qui travaillent là dans un meilleur
Le programme « Travailler dans le Parc » environnement que la population régio-
se concentre sur des secteurs d’avant- nale. ».
Usine de panneaux photovoltaïques
garde : le commerce, les services et les ShellSolar à Gelsenkirchen
activités scientifiques, et si possible qui
touchent notamment au développement
durable. Il cherche à attirer en particulier
les industries innovantes et les start-up.
L’exemple de Gelsenkirchen est in-
téressant : on a choisi de faire évoluer
la commune de la « ville des mille feux »
à la « ville des mille soleils », en choisis-
sant de mettre l’accent sur l’énergie so-
laire.

Une ouverture du territoire D’autres secteurs concernés favora-
Questions posées : au tourisme blement par l’IBA.
Afin d’établir un bilan plus précis, une étude Le renouveau du bassin de la Ruhr s’est Un domaine qui a généré de l’emploi
fondée sur les évolutions chiffrées du secteur traduit par une forte augmentation et attiré les investisseurs a été celui
serait intéressante.
du tourisme. La Route Industriekultur des commerces et des loisirs. « L’IBA a
permet une mise en réseau efficace des montré que les loisirs urbains étaient
Par ailleurs, les questions inhérentes aux sites
projets et attire ainsi de nombreux visi- une industrie qui fait de l’argent dans
industriels encore en activité se posent en
teurs. Certains sites atteignent le chiffre une région où plus de 15 millions de
parallèle aux actions menées par l’IBA.
de 450 000 visiteurs annuels, ce qui consommateurs vivent à moins d’une
- La présence de certaines entreprises aurait été inconcevable avant la démar- heure d’une zone de loisir. Les sociétés
est à la source de risques technologiques. che de l’IBA. ont sauté sur l’occasion et ont commen-
Quels impacts sur le territoire urbain proche cé à développer des centres de loisir
Ce nouveau secteur engendre des
(ou naturel) ? retombées économiques. On peut citer privés sur leurs terrains abandonnés »,
- Quelle évolution pour les parcs chimiques : l’exemple d’une agence, « tour Ruhr » explique l’universitaire Klaus R. Kunz-
une évolution vers la chimie verte qui fête en 2008 ses vingt ans, l’année mann.
ou la chimie fine a-t-elle été envisagée, 1988 ayant été l’année d’annonce de la La halle de ski qui s’est construite
ou mise en place ? mise en place d’une démarche IBA sur le en 2000 à Bottrop en est un exemple
- Quels choix stratégiques en termes territoire. parlant. Elle a su tirer les avantages d’un
de spatialisation des activités économiques, Mais les effets sont plus nombreux : site anciennement industriel. La piste de
et plus généralement de devenir des sites l’attrait d’une nouvelle clientèle permet ski a en effet été construite sur un terril,
au territoire un regain de dynamisme de profitant ainsi de la pente qui existait
en activité ?
manière plus générale. déjà.
L’essor du tourisme montre donc Le centre offre la plus longue piste
que la région est à nouveau fière de son de ski indoor du monde (600 m), et de
visage. Elle a appris avec l’IBA à mieux se nombreux services connexes (locations
connaître et à prendre confiance en elle de ski, cours, luge d’été, parc aventure,
et en ses origines. Nordic walking, discothèque, hôtel, res-
taurant, etc.). S’il offre de nombreux em-
Halle de ski indoor à Bottrop,
plois et une attractivité internationale, il
qui a été installée sur un ancien terril
laisse aussi en suspens de nombreuses
questions environnementales (l’immen-
se climatisation et la neige artificielle
engendrant une facture énergétique
élevée).

Autre exemple d’une industrie qui a
prospéré : celle liée au jeu. Le Casino
de Hohensyburg, situé au Nord d’Essen,
réalise le plus grand chiffre d’affaires de
toute l’industrie du jeu en Allemagne.
Enfin, remarquons à titre indicatif
que l’industrie de l’acier est toujours
présente dans la Ruhr, la région produi-
sant autant d’acier qu’en 1968, mais sur
trois sites gigantesques à Duisburg.
Zone encore en activité à Duisburg (2007)

Volet résidentiel : un programme
actif de réhabilitation couplé à de
nouvelles constructions
De nombreuses réalisations ont été me-

nées dans ce domaine avec succès. Questions posées :
Les projets IBA se sont appliqués à Au-delà de la réussite technique, qu’en est-il de
améliorer la qualité des logements exis- l’attractivité résidentielle ?
tants tout en fournissant de nouveaux
Le nombre d’habitants a-t-il augmenté ? Quel
logements. Des projets tels que la cité
est leur profil socio-économique ?
Kupperbusch, où l’on a réhabilité des
Ces évolutions qualitatives n’ont-elles pas
anciennes cités ouvrières et proposé des
engendrées un phénomène de gentrification,
projets d’auto-construction, permettent
de convaincre la population de rester contraignant les résidents d’origine à quitter
dans la région et d’attirer de nouveaux certains quartiers ?
habitants.
En tout, ce sont vingt-six nouvelles
« cités-jardins », 3 000 logements recyclés
(en collaboration avec des partenaires),
2 500 logements neufs et six program-
mes d’auto-construction.

Volet « sports et loisirs » :
un développement intense
de l’activité
On entend ici par « sports et loisirs A Zollverein, une piscine a été intégrée à
» tout ce qui relève du sport et du l’ancienne cokerie et complète l’offre de
divertissement, sans considérer les loisirs déjà bien étoffée (casino, salle de
actions culturelles ou artistiques qui ont spectacle, …).
déjà fait l’objet d’un chapitre précédent. Sur le même site, un petit lac artificiel
Même cet aspect « sports et loisirs » de l’ancienne cokerie se transforme en
n’avait pas été inscrit initialement dans patinoire improvisée en hiver.
les objectifs de l’IBA, il semble que ce Sur un ancien terrain de mine entre
secteur ait connu un succès fulgurant. Bottrop et Oberhausen, c’est un terrain
Certains projets IBA sont pensés de golf public de neuf trous qui a vu le
pour offrir des zones de détente et jour.
d’activités aux habitants. C’est un recy- Au Parc de Duisburg Nord, c’est une
clage intéressant de friches industrielles aire d’escalade qui a été mise en place
car le sens du lieu est particulièrement sur les murs des anciens hauts four-
Piscine qui a été intégrée dans l’ancien changé, puisque l’on oppose facilement neaux.
complexe minier de Zollverein l’industrie, liée au travail, aux zones de
L’IBA a donné une impulsion au sec-
loisir, liées à la détente.
teur des loisirs qui prend aujourd’hui
Certains lieux qui ont fait l’objet de une place importante dans la région de
projets IBA peuvent être loués comme la Ruhr. L’exemple de casinos et de la
salle de conférence ou salle des fêtes, halle de ski de Bottrop ont déjà été ci-
tel est le cas par exemple du gazomètre tés.
à Oberhausen.
On peut noter aussi la présence
Ensuite, ce sont les nombreux espa- d’équipements sportifs importants. Le
ces verts qui ont été mis en place qui sport tient une place particulièrement
offrent des zones de loisirs. La piste importante dans la région, et surtout
cyclable qui longe le Parc de l’Emscher le football, qui connaît un fort engoue-
propose un itinéraire qui permet de ment populaire. Ainsi, à Gelsenkirchen,
traverser toute la vallée. Les terrils sont un stade particulièrement innovant
devenus des parcs publics. (80 000 places, une pelouse amovible)
Enfin, ce sont des idées de recyclage a été construit en 2001. Il emploie un
particulièrement ingénieuses qui ont été millier de personnes (dans les services
mises en place. de restauration et de réception notam-
Un ancien gazomètre a été aménagé ment). Le stade de Dortmund, quant
pour que les personnes puissent s’y à lui, est qualifié de « salle d’Opéra du
adonner à la plongée sous-marine. football ». La coupe du monde de foot-
ball qui a eu lieu en Allemagne en 2006
a aussi permis un certain dynamisme.
Escalade sur les anciens bâtiments,
dans un cadre de nature industrielle
à Duisburg

Volet social
(transversal à tous les thèmes
précédents)
Si toutes ces thématiques ont chacune Des efforts ponctuels ont été réalisés, no-
un succès certain, la question de la pri- tamment pour l’intégration de plusieurs
se en compte des populations les plus générations de migrants. Du travail a été
défavorisées se pose. Il semblerait que créé pour des jeunes chômeurs de lon- Questions posées :
beaucoup de projets ne soient réservés gue durée. Des efforts qui n’ont cepen- Manifestement, la volonté de changement
qu’aux élites ou aux populations plus dant pas toujours porté leurs fruits : on d’image a également provoqué un changement
aisées. Par ailleurs, à quelques excep- peut citer l’exemple de la réhabilitation de population, ou tout au moins, a exclu des
tions près, il y a eu une assez faible im- d’un quartier de logements ouvrier ha- bénéficiaires de ces évolutions une partie de
plication de la population. bité à plus de 95% par des Turcs, dont la
la population d’origine de ce territoire, au profil
Lors de l’évaluation à mi-parcours, modernisation par la démolition a chas-
dominant ouvrier, qui s’en trouve aujourd’hui
le manque d’un volet social a été souli- sé un grand nombre d’habitants.
exclue (coût du logement trop élevé, difficulté à
gné. Comment ne pas tenir compte des En outre, un certain nombre de thè-
accéder à certains équipements, …).
populations ouvrières ou immigrées qui mes ont été mis de côté : communica-
Aussi, comment cette population perçoit-elle ce
sont pourtant majoritaires sur le territoi- tion, déficits communaux, gestion de
changement d’image ? Comment réagit-elle à
re ? déchets et chômage n’ont pas été réelle-
cette nouvelle donne ? Comment les autorités
ment traités par l’IBA.
locales répondent-elles à leurs préoccupations ?
Comme l’exprime le Dr. Malte Hel-
Enfin, comment le processus IBA aurait-il pu, en
fer, « beaucoup de projets et d’exposi-
amont, limiter ces travers ?
tions s’adressent à un public formé des
classes moyennes et supérieures et sont
trop élitistes et surtout trop chers pour
les travailleurs de la région. »

Conclusion
Redonner vie à un territoire marqué par Cependant, l’expérience de l’IBA offre

son histoire industrielle et par la ferme- une mine d’idées pour une revitalisation
ture des mines et des hauts fourneaux, régionale. L’IBA a développé des modè-
tel a été le pari osé de l’IBA Emscher les pour impliquer et mettre en réseau
Park. Un projet de grand territoire, au des acteurs innovants, et développé des Une nouvelle stratégie, Konzept Ruhr,
dessein culturel mais qui a aussi touché actions efficaces pour engrener un chan- a été récemment mise en place pour faciliter
de nombreux domaines, et qui a permis gement structurel de toute une région. le développement urbain et régional dans la
de réconcilier la population avec sa ré- Il est clair que l’IBA n’a pas entière- métropole Ruhr. Axée sur cinq grandes thémati-
gion. Et même si la démarche n’a pas ment régénéré la Ruhr, ne l’ayant pas ques, elle est héritière des leçons de l’IBA.
été miraculeuse, elle a permis au terri- ramené à son statut de moteur écono- C’est une démarche de projets, qui renforce
toire de progresser vers un avenir à nou- mique premier de l’Allemagne. Ce n’était l’identité métropolitaine de la région.
veau rempli d’espoirs... pas sa mission. La région souffre tou- Elle semble permettre à répondre aujourd’hui
« L’IBA n’est pas une réponse, c’est jours de difficultés économiques et d’un aux nouveaux enjeux de ce territoire dont l’IBA
une méthode pour avancer vers des so- fort taux de chômage. a permis la revalorisation
lutions » . Cependant les touristes ont redécou-
Une méthode qui semble avoir été vert la Ruhr à travers les projets IBA, qui
efficace puisqu’aujourd’hui, de nom- en ont renforcé l’identité régionale et re-
breux territoires s’interrogent : peut-on donné de l’espoir à ses habitants. L’IBA
la transférer plus loin que les frontières a marqué un tournant dans l’histoire de
de la Ruhr ? ce territoire.
La réponse est mitigée. Non, cela Cette démarche, dont les enseigne-
n’est pas possible car les conditions du ments ont permis de mettre en place
lancement de cette stratégie étaient pro- des outils d’aménagements innovants à
pres à la région. Non, car des régions qui un niveau local mais aussi national, voire
souhaitent des approches plus créatives international, intéresse aujourd’hui la ré-
risquent de ne pas trouver le même sup- gion lyonno-stéphanoise. Elle pourrait
port financier que celui accordé par le mettre à profit certaines leçons de l’IBA,
Land NRW pour ces dix années. notamment pour renforcer l’identité de
son territoire grâce à une démarche de
projet métropolitain s’appuyant sur la
culture.

Index
Afin de clarifier certains termes alle- Puddlage : Procédé utilisé pour obtenir
mands, ou certains sigles, voici un index du fer ou un acier à basse teneur en car-
des termes qui sont repérés avec une bone.
étoile* dans le texte.
Ruhrgebiet : Région de la Ruhr.
AIR : Autorité Internationale de la Ruhr
(1949-1952) : organisme de contrôle in-
SPD : Parti social-démocrate d’Alle-
ternational veillant à la non-remilitarisa-
magne : le principal parti politique de
tion de la Ruhr au début de la Guerre
gauche du pays
froide.
SVR, KVR, RVR : noms du syndicat inter-

CDU : Union chrétienne-démocrate d’Al-
communal de la Ruhr (cf. p. 46)
lemagne : le principal parti politique de
droite du pays
Par ailleurs, il semble important d’ex-
pliciter l’organisation administrative et
CECA : Communauté européenne du
territoriale de la République fédérale
charbon et de l’acier : Traité signé en
d’Allemagne.
1951 pour mettre en commun la pro-
duction et la consommation de l’acier et L’Allemagne est un état fédéral de
du charbon entre la France et l’Allema- type coopératif. Sa structure fédéraliste
gne pour ensuite créer une organisation fut introduite en 1949 par les Alliés afin
européenne ouverte aux autres pays d’éviter le retour d’une Allemagne trop
d’Europe. puissante sur le plan politique. Le fonc-
tionnement du système politique alle-
mand est donc régi depuis 1949 par une
Charbon cokéfiable : Charbon qui a la constitution appelée Loi fondamentale.
capacité de se transformer, à une certai-
Aujourd’hui, le système politico-ad-
ne température, en une pâte plastique
ministratif est complexe. Le schéma pré-
avant, à une température supérieure, de
senté page suivante permet de mieux le
se resolidifier. Le coke ainsi obtenu est
cerner.
ensuite utilisé en sidérurgie pour faire de
l’acier.
Le Bund est l’Etat fédéral. Il dispose de
plusieurs institutions politiques qui dé-
Gmbh : équivalent allemand de la SARL
tiennent le pouvoir législatif, exécutif et
française (société à risques limités).
judiciaire. Le Bund est dirigé par le Bun-
deskanzler.
Grundstücksfond : Fonds foncier régio- L’état fédéral est compétent dans de
nal, qui est chargé du rachat du foncier nombreux domaines : affaires étrangè-
rendu disponible par la fermeture des res, défense, nationalité, monnaie, fron-
sites industriels. tières, trafic aérien, etc.
Kreise : voir ci-contre L’Allemagne regroupe ensuite seize

Länder (Etats fédérés), qui disposent
Land : voir ci-contre chacun d’une souveraineté interne,
d’une constitution et d’institutions pro-
pres : parlement, gouvernement, appa-
LEG : société de droit privé appartenant reil judiciaire. Ils définissent leur orga-
au Land, gère le Grundstücksfond. nisation administrative et partagent la
souveraineté étatique avec l’Etat fédéral.
NRW : voir ci-contre Chaque Land est dirigé par un ministre-
président.

Les compétences exercées par le Land Dans notre cas d’étude, la région concer- Un Kreis est composé d’un organe d’élus
peuvent lui être propres ou partagées née est la « Ruhrgebiet » (territoire de la (au suffrage universel direct), constitué
avec le Bund. Ruhr). d’une assemblée délibérante et d’un
On distingue les Stadtstaaten qui sont président.
des villes-état. En effet, ces villes sont Ces districts se composent d’arrondisse-
aussi un Land à elles seules. Leur conseil ments (Kreise) et de villes indépendan- Dans notre cas d’étude, la plupart des
municipal est alors aussi le parlement du tes (Kreisfreie Städte). Ces dernières villes concernées sont des Kreisfreies-
Land, et le maire est aussi ministre-pré- sont des villes de plus de 50 000 ou de tädte (Bochum, Bot-trop, Dortmund,
sident. Ces trois Land sont Hambourg, 100 000 habitants selon les Länder. Elles Duisburg, Essen, Gelsenkirchen, Herne,
Brême et Berlin. sont directement contrôlées par la prési- Müllheim, Oberhausen notamment). Il
dence régionale. n’y a donc pas de Kreise sur l’aire mé-
Dans notre cas d’étude, le Land concer- Les arrondissements, quant à eux, re- tropolitaine étudiée. Cependant, le syn-
né est la Rhénanie du Nord-Westphalie groupent plusieurs communes de taille dicat RVR semble jouer ce rôle de coor-
(NRW). variable. Ils gèrent la coopération inter- dinateur des projets intercommunaux.
communale avec un pouvoir d’organi-
sation, un pouvoir financier, et un pou- Enfin, les communes du Kreis (Gemein-
Certains Länder sont ensuite divisés en
voir d’édicter des règles de droit. Leurs den) peuvent directement en dépendre
districts. Ces circonscriptions administra-
compétences attribuées varient selon ou appartenir à un Amt, qui est un grou-
tives régionales, appelées Regierungs-
les Länder, mais on y trouve générale- pement communal de petites commu-
bezirke, sont dirigée par un président
ment l’aménagement du territoire, la nes du même arrondissement.
régional. En tant qu’autorité du Land, la
gestion des voiries, des espaces verts
présidence régionale a essentiellement
et des parcs naturels, l’aide sociale, la
pour tâche d’aider les autorités supé-
construction de lycées, la gestion des
rieures et de coordonner et de contrôler
déchets, …
les activités des autorités qui lui sont su-
bordonnées.

Bibliographie
Ce dossier est fondé sur de nombreuses sources, rédigées en langue allemande,

anglaise ou française.
Sites internet, consultés en août 2008
• http://www.iba.nrw.de/main.htm Le site officiel de l’IBA Emscher Park.
• http://de.wikipedia.org/wiki/Internationale_Bauausstellung_Emscher_Park
La page de Wikipédia relative à l’IBA Emscher Park.
• http://www.smq.qc.ca/publicsspec/actualites/creport/reportages/patrindustriel/
index.phtml Une visite par l’Observatoire des musées québécois.
• http://www.assembleecitoyenne.ouvaton.org/SPIP-v1-8b2/article.php3?id_
article=29 Chroniques de l’Emscher Park par Olivier Frérot.
• http://www.hochschule-bochum.de/fb1/af-iba/iba-themen.htm
Petit catalogue des projets IBA par l’Université de Bochum.
• http://www.iba-forschung.de/
Le site du projet IBA revisited.
• http://www.eurodistrictbasel.eu/
Informations sur les IBA.
• http://www.lemagazine.info/spip.php?article353
Article sur l’IBA Emscher Park.
• http://www.gelsenkirchen.de/
Site de la ville de Gelsenkirchen.
• http://www.nrw.de/
Site du Land de Rhénanie du Nord Westphalie.
• http://www.rvr-online.de/
Site du Regionalverband Ruhr, syndicat intercommunal.
• http://www.ruhrtriennale.de/
Site de la RuhrTriennale.
• http://www.kulturhauptstadt-europas.de/
Site officiel de la Capitale Européenne de la Culture 2010.
Articles de presse
• Emscher Park, le bilan de Dominique Sellier
Revue Diagonal, novembre-décembre 1999, p. 17 à 22
• IBA Emscher Park : Impulse für den Strukturwandel

d’Annette Kolkau (journaliste à Essen, spécialiste de l’IBA et des Regionale)
Disponible sur www.kirche-im-ruhrgebiet.de
• L’expérience de la Ruhr, stratégies nouvelles pour territoires en reconversion

Article du Club Ville Aménagement (CVA), 1998
• L’IBA Emscher Park, un projet de régénération urbaine fondé sur l’art

contemporain et la culture
Revue « Visions » de l’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Région
Flandre – Dunkerque, p.14 à25, mai 2007

• Emscher Park, un exemple ?
Note de la DDE 42, disponible sur www.loire.equipement.gouv.fr
• Vers de nouveaux horizons métropolitains, interview de Herrn Dieter BLASE

Adeus, décembre 2007 , revue « Dimension villes & territoires », p.7
• L’IBA Emscher Park, Un anti modèle

Revue Projet Urbain n°21, septembre 2000, Direction Générale de l’Urbanisme,
de l’Habitat et de la Construction
• La Ruhr, objet de toutes les reconversions

De Francis Rambert, 9 septembre 1999, Le Figaro
• Regenerating the Ruhr

De Ingerid Helsing Almaas , revue Architectural Rewiev, 1er février 1999
Divers
• Energie solaire, Lotissement solaire

Note de Energie-cités 2002, ville de Gelsenkirchen
• Die IBA- Emscherpark – ein integriertes Handlungsprogramm 1989-1999

Présentation Power Point de l’Université de Trier, H. Monheim (2006)
• I B A Emscher Park – a beacon approach, dealing with shrinking cities in Germany

Présentation Power Point de Claudia Schreckenbach et Christel Teschner
Université technique de Dortmund/ Kent State University
Notes d’entretiens
• Avec Claude Tautel, Professeur à l’Ecole d’Architecture de Saint-Etienne
• Avec Klaus R. Kunzmann (par mail), Professeur de l’Université de Dortmund
Dossiers
• IBA Emscher Park, dossiers internes à l’Agence d’Urbanisme de Lyon
• The Regionale 2000-2010 : A sustainable policy in Northrhine- Westaphalia

Août 2004, Document de C. Gruessen et I. Pohl, dans le cadre du projet
“European Garden Heritage Network”
• L’exposition internationale des bâtiments (IBA) du Parc de l’Emscher

Par Dr Malte Helfer, traduit de l’Allemand par P. Guibaud,
Document de la table ronde « Les loisirs, source de développement local »
Région Urbaine de Lyon, p. III.6 11à III.9 11
• Creative Brownfield Redevelopment: The Experience of the IBA Emscher Park

Initiative in the Ruhr in Germany
Par Klaus R. Kunzmann, Université de Dortmund, faculté d’aménagement, 2004.
• Kulturhauptstadt Essen: Eine Chance!

Par Klaus R. Kunzmann, revenue “Raumplanung” n° 130, p.5 à 10

Crédits photographiques
Figure 1 : Carte de la Ruhr. Source : Encyclopédie Wikipédia
Figure 2 : « D’abord meurt la mine, puis la ville », photographie Wolfgang Quickels
Figure 3 :L’ancienne rivière de l’Emscher, site www.landschaftspark.de
Figure 4 : Ruhrgebiet Industrie, Photographie Hans Jürgen Wiese, Wikipedia
Portraits:
• Karl Ganser: www.kubiss.de/kultur/info/erlangen/projekte/2002/bilder/
fachtagung/ganser2.jpg
• Chritoph Zöpel: www.albania.de
• Johannes Rau : www.ruhr-uni-bochum.de
Figure 5 : Landschaft Park Duisburg Nord : www.kern-home.de/Bilder/

landschaftspark.jpg
Figure 6 : Carte du Parc paysager de l’Emscher source : www.fedenatur.org
Figure 7 : Plan du second niveau du Parc paysager de l’Emscher source : présentation

de Claudia Schreckenbach et Christel Teschner, Kent State University, Technische
Universität Dresden.
Figure 8 : Le Parc paysager de Duisburg Nord, Stephan Rimmel www.fotocommunity.

com
Figure 9 : Exemple de parc public à Duisburg, www.panoramio.com
Figure 10 : Halde Rheinhelbe, www.fotoreiseberichte.de, Gaby Schulemann Maier
Figure 11 : La pyramide de Bottrop, www.panoramio.com, M. Prowaznic
Figure 12 : Projets individuels du Parc paysager de l’Emscher source : présentation de

Claudia Schreckenbach et Christel Teschner, Kent State University, Technische
Figure13 : Figure de l’Emscher, www.ruhrgebiet.de
Figure 14 : Baignade dans un bassin de rétention / source : présentation de Claudia

Schreckenbach et Christel Teschner, Kent State University, Technische
Figure 15 : Cascade décorative dans la rue / source : présentation de Claudia

Figure 16 : Exemple de ce bassin de rétention / source : présentation de Claudia

Figure 17 : Le gazomètre d’Oberhausen www.panoramio.com

Figure 18 : La mine de Zollverein, www.ruhrpottforum.de, photographe : Archie
Figure 19 : Exemple du projet « Travailler dans le Parc », www.fotocommunity.com,

André Thyssen
Figure 20 : Le projet Schüngelberg à Gelsenkirchen, www.initiative-ergreifen.de
Figure 21 : « Station visuelle » à Munich : http://www.stadtbaukultur-nrw.de/

projekte/index.html
Figure 22 : Un exemple, la place « Wasserplätze » : http://www.stadtmachtplatz.de/
Figure 23 : théâtre à Gelsenkirchen : http://www.initiative-ergreifen.de/index.

php?id=23
Figure 24 : exemple d’un camp linguistique : www.sozialestadt.de
Figure 25 : la mise en réseau par la Route Industriekultur, www.guenter-pilger.de
Figure 26 : Jahrhundertshalle à Bochum : www.yamahacommercialaudio.com
Figure 27 : paysage de l’Emscher : www.panoramio.com, photo d’Alfons Kortmann
Figure 28 : vue sur un site industriel www.maps.google.fr
Figure 29 : un exemple de portion de l’Emscher réhabilitée photo de Thomas Maier
Figure 30 : Pont qui traverse l’Emscher : www.fotocommunity.com, de Stefan Rimmel
Figure 31 : Akademie Mont Cenis : www.ecoblog.it
Figure 32 : gare d’Oberhausen. www.baukunst-nrw.de
Figure 33 : halle principale du Centr’O www.commons.wikipedia.org, de Daniel

Ullrich
Figure 34 : ShellSolar à Gelsenkirchen, www.aufschalke2006.de
Figure 35 : Halle de ski indoor à Bottrop www.panoramio.com, de M. Prowaznic
Figure 36 : zone encore en activité à Duisburg, de Thomas Lehr, www.thomas-lehr.de
Figure 37 : Piscine à Zollverein, www.futura-historica.de
Figure 38 : Escalade sur les anciens bâtiments www.jamd.com
Figure 39 : Passerelle dans un ancien bâtiment industriel à Duisburg www.power-

ruhrgebiet.de

Dossier réalisé par Sarah Moraillon
Stagiaire à l’Agence d’Urbanisme de Lyon
Etudiante INSA de Lyon - Département Génie Civil & Urbanisme
Directeur de la publication : Olivier Frerot

Référents :
Franck Charlin f.charlin@urbalyon.org Tel + 33 (0)4 78 63 43 14
Sébastien Rolland s.rolland@urbalyon.org Tel + 33 (0)4 26 99 35 70

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Recherche et prospective 2008

L’IBA Emscher Park

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 1

PREFACE : QU’EST-CE QU’UNE IBA ? 5

INTRODUCTION : LA QUESTION DES FRICHES INDUSTRIELLES 6

CONTEXTE DE LA REGION DE LA RUHR AVANT L’IBA 8

L’IBA EMSCHER PARK, UNE DEMARCHE DE PROJET ORIGINALE 12

DES PROJETS IMPULSES SUIVANT 5 AXES 26

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 3

4 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine

Le sigle IBA provient de l’appellation « Internationale

Une IBA ne se limite pas à une expo- instruments d’aménagement classiques,

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 5

Délicat de trouver un devenir aux anciens sites industriels.

La région industrielle de la Ruhr a vécu en terrains, ne présentant qu’une faible at-

6 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine

Une démarche innovante mise en

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 7

La Ruhr est un territoire qui a été profondément marqué

de guerre allemand durant les deux Guerres

8 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine

Une économie qui s’effondre

« D’abord meurt la mine, puis la ville »,

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 9

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 11

Envisagée comme une procédure d’exception, l’IBA Emscher

La philosophie de cette démarche

Les valeurs portées par l’IBA :

Régénérer un territoire de 800 km² Un changement d’image qui passe

12 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 13

Enjeu spatial : l’urbanité, Avant d’être tout à fait validé, le

2. D’après Bernard Reichen, architecte et 3. D’après Dorothee Kohler, chercheur à

4. D’après Klaus R. Kunzmann, Creative

qui en proposent. Si le projet est retenu

16 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine

4’. L’expérience de la Ruhr – Club Ville

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 17

Comité de direction de l’IBA :

18 I L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine

Land Rhénanie-Nord-Westphalie (NRW)

e Il a des moyens d’action et de subvention

Projets IBA valide Com

les outils d’aménagement

L’IBA Emscher Park, une démarche innovante de réhabilitation industrielle et urbaine I 19

La philosophie de l’IBA serait vaine si elle n’était pas assurée

Exemple de projet : la mise en lumière de bâtiments industriels

Par ailleurs, la mise en réseau de ces

5. Dr Malte Helfer, Universität des Saarlandes-

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6. D’après une note interne de l’Agence

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Il est intéressant de citer le cas

7. Helfer M. – L’exposition internationale des 8. Sellier D. – Emscher Park, le bilan . Diagonal,

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Afin de mieux pouvoir répondre aux ob-

Une attention portée aux sites dès

9. Klaus R. Kunzmann parle ici de « historical

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Afin de fixer une ligne de conduite, cinq axes majeurs sont

Les cinq lignes de projet :

L’aménagement du Parc paysager