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Cours : Droit des assurances

Auteur : D. Krajeski
Leçon n° 1 : Introduction au droit du contrat d'assurance

Table des matières


Section 1. Historique................................................................................................................................p. 2
Section 2. Importance économique........................................................................................................p. 4
Section 3. Définition et technique.......................................................................................................... p. 5
Section 4. Classifications........................................................................................................................ p. 8
Section 5. Les acteurs du contrat d'assurance.................................................................................... p. 9
§ 1.L'entreprise d'assurance.........................................................................................................................................p. 9
A. Typologie des entreprises d'assurance..........................................................................................................................................p. 9
B. La spécificité des entreprises d'assurance.................................................................................................................................. p. 10
§ 2. Les intermédiaires...............................................................................................................................................p. 11
A. Les règles communes.................................................................................................................................................................. p. 11
B. L'agent général.............................................................................................................................................................................p. 11
1. Le statut de l'agent général...................................................................................................................................................................................... p. 11
2. La portée des actes de l'agent général.................................................................................................................................................................... p. 13
C. Le courtier.................................................................................................................................................................................... p. 13
§ 3. Le consommateur d'assurance........................................................................................................................... p. 15
A. L'assurance pour compte............................................................................................................................................................. p. 15
B. L'assurance de groupe.................................................................................................................................................................p. 17

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Selon le Robert, l'assurance est un sentiment de sécurité, de certitude ou de plénitude. Envisagée
dans une perspective dynamique, l'assurance est certainement le mécanisme par lequel des
personnes vont tenter de maintenir ou d'acquérir une sécurité physique, matérielle ou financière. En
s'assurant, l'assuré veut rendre sûr ce qui pour lui n'est que conjecture et incertitude.

Aujourd'hui, il est possible de s'assurer contre beaucoup de phénomènes. On peut distinguer


l'assurance contre un risque déterminé ou d'une activité. On peut s'assurer contre le vol, l'incendie, la
maladie et tout à la fois. On peut vouloir assurer une activité professionnelle. On peut même s'assurer
contre les risques juridiques. Les questions ne manquent pas.

Peut-on s'assurer contre n'importe quoi ? De quelle façon s'assure-t-on ? Comment faire pour être
certain que l'assureur ne va pas devoir indemniser plus de sinistres qu'il n'en a prévu ? Le but du
présent enseignement est de répondre à toutes ces questions.Un bref historique nous permettra de
comprendre comment l'idée de sécurité est devenue une activité florissante. Nous tenterons ensuite
de réaliser une définition plus précise et une classification avant de nous intéresser aux différents
acteurs de cette activité.

Section 1. Historique
Il est toujours périlleux d'affirmer que tels ou tels événements sont l'origine d'un phénomène. Un
certain nombre de facteurs peuvent, pourtant, être retenus comme étant à l'origine de la création et
du développement de l'assurance.

Un mécanisme proche de l'assurance pointe son nez à travers le prêt à la grosse aventure.
Dans ce système pratiqué au Moyen Age, un prêteur fournissait les sommes nécessaires pour
affréter un navire. Si celui-ci sombrait dans sa course à la fortune, le prêteur en était pour son
argent... mais si le navire rentrait au port, le prêteur avait droit à la moitié des bénéfices. Ce n'est
pas de l'assurance car le prêteur spécule sur le risque et cela dans une seule opération et non dans
plusieurs (sur les aspects historiques : Risques, les cahiers de l'assurance, mars-juin 2010). Cela
s'en rapproche par la volonté de maîtriser le risque. Ce mécanisme évolua progressivement vers la
création en Italie des premiers contrats d'assurance. La volonté de spéculer céda la place à celle
d'indemniser. Le premier facteur de développement de l'assurance est donc le développement de
l'activité économique. Durant cette période, on voit se développer les premières assurances sur la
vie, essentiellement au travers du mécanisme de la tontine.

En fait, l'existence de l'assurance repose sur les progrès en mathématiques. C'est au 18e
siècle que sera développée la technique mathématique indispensable à l'activité d'assurance : les
probabilités.

Blaise Pascal et Pierre de Fermat en soient remerciés. Au cours de cette période, les facteurs
matériels contribuant au développement de l'assurance ont vu le jour. Il s'agit essentiellement d'une
évolution de la société. Les centres urbains se développent de plus en plus. La structure familiale
se délite.

Ces deux facteurs ont plusieurs conséquences : les solidarités traditionnelles (solidarité
familiale et villageoise) disparaissent, et de nouveaux risques apparaissent. On souligne
traditionnellement l'importance du grand incendie de Londres en septembre 1666. Toulouse a connu
un drame comparable au mois de mai 1463. L'idée prend naissance d'une nécessité de créer
un moyen de compenser ces catastrophes. En 1684, la première compagnie d'assurance contre
l'incendie naît en Angleterre.

Ces deux grands facteurs ne vont cesser d'évoluer et l'on y ajoutera bientôt le développement de
l'industrialisation. Parce qu'elle génère une activité, elle contribue au développement le mécanisme
de l'assurance. Mais c'est aussi parce qu'elle génère de nombreux accidents. Nous n'en sommes
pas sortis.

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En France, la première Société royale d'assurance naît en 1786, mais l'assurance maritime est
réglementée par une Ordonnance de Colbert datant de 1681. Jusqu'en 1787, l'assurance sur la
vie semblait immorale, cela paralyse son développement (M. Belmont et Y. Cabrolier, « Histoire
anecdotique de l'assurance sur la vie », Gaz. Pal. 2006, n° 90-91, p. 2 s. - discussion : il semblait
immoral de spéculer sur la vie des membres d'une famille, notez cependant que la rente viagère
était permise alors qu'elle est fondamentalement une spéculation sur la vie et sa durée). D'autres
pays ne connurent pas de tels remords. C'est de cette période que date la séparation des activités
d'assurance en branches. Le cumul de certaines d'entre elles étant toujours interdit.

Le Code civil ne traitera guère du contrat d'assurance par défiance de certains de ses rédacteurs.
Il faudra attendre le 19e siècle pour que cette activité se développe vraiment en France.
Les Lloyds forment alors une corporation d'assurance depuis 1720. Ce siècle est celui du
développement de l'assurance en France. Mais c'est essentiellement l'assurance vie qui a du succès.
La responsabilité reste dominée par l'idée de faute personnelle. Elle n'est pas propice au concept
de mutualisation des risques. Cette lente progression va atteindre son apogée au 20e Siècle pour
créer les circonstances dans lesquelles nous vivons.

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Section 2. Importance économique
Au 20e Siècle, les facteurs que nous avons déjà soulignés sont en pleine maturité. On vit dans une
société dont l'urbanisation s'accélère, elle est bien industrialisée et individualiste. La fortune du plus
grand nombre dépend de sa capacité de travail. La subsistance dépend donc de la santé, de l'âge
et de la durée de la vie. On développe la sécurité sociale et l'indemnisation des accidents du travail.
La solidarité a fait place à la mutualisation et à la capitalisation.
De façon plus globale, on peut lier le grand succès de l'assurance à deux phénomènes.

Le premier est l'activité économique frénétique créant de grands besoins de financement


dont fait partie l'assurance. Entre l'exposition universelle de 1889 et le début de la seconde guerre
mondiale, la production nationale a doublé ; elle triple dans les années suivant la guerre.

Le second phénomène est l'avènement de l'idée de sécurité. L'évolution de la responsabilité


civile est le reflet de ce progrès. Dans ce siècle meurtrier, un parti pris a été effectué au profit des
victimes d'accidents. La responsabilité sans faute se développe. De façon générale par l'arrêt du
16 juin 1896 réinterprétant l'art. 1384 al. 1 du Code civil. De façon particulière à travers la loi du
9 avril 1898 instituant une responsabilité sans faute en matière d'accidents du travail. Les régimes
spéciaux d'indemnisation se multiplient, parfois ils sont directement liés à un système d'assurance
obligatoire. C'est le cas de la loi du 27 février 1958 sur les accidents de la circulation. Aujourd'hui, de
nombreuses activités professionnelles connaissent une obligation d'assurance (loi du 4 mars 2002
dans le domaine médical). Le respect de l'intégrité physique et le droit à la santé ne sont plus des
pétitions de principe. L'assurance, sous toutes ses formes vient conforter le besoin de sécurité.

Le droit restera longtemps en retrait face à ce progrès. Il faudra attendre une loi du 13 juillet 1930 pour
que le contrat d'assurance soit réglementé. On doit cette loi à un projet de Henri Capitant. L'activité
d'assurance sera régie par un décret-loi du 14 juin 1938. L'ensemble des textes sera réuni dans un
corpus unique par trois textes du 16 juillet 1976. Ce succès de l'assurance aboutit à une multiplication
des mécanismes d'assurance. Cela rend d'autant plus difficile une définition de cette opération.

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Section 3. Définition et technique
Tenter de définir l'opération d'assurance c'est entrer de plein pied dans son évolution. Le code des
assurances ne se risque pas à tenter une définition de l'assurance. En cherchant bien, on finit par
trouver des tentatives.

Pour Y. Lambert-Faivre (précis Dalloz n°33), l'opération d'assurance est « l'opération par laquelle
un assureur organise en mutualité une multitude d'assurés exposés à la réalisation de
certains risques et indemnise ceux d'entre eux qui subissent un sinistre grâce à la masse
commune des primes collectées ».

La définition met en évidence deux caractères de l'opération : c'est en même temps une relation
individuelle et une opération collective. C'est une opération individuelle car l'opération d'assurance
s'incarne dans un contrat entre assureur et son cocontractant.

Le contrat d'assurance ne peut rester un acte isolé. Son efficacité repose sur la réitération. Il faut que
l'assureur reçoive le plus de prime possible pour indemniser tous les sinistres qui se manifesteront.
A proprement parler, le risque n'existe jamais pour l'assureur car il doit toujours être en mesure de
fournir sa garantie à l'assuré. Le but de l'assurance est de réduire les incertitudes ou du moins, leurs
conséquences néfastes.

La définition permet de souligner la technique classique de l'assurance. Le fondement de l'opération


est la possibilité de réaliser une mutualisation des risques. Pour réaliser cette mutualisation, il faut
déterminer une population susceptible de subir les conséquences dommageables d'un même risque.
Le risque est un événement aléatoire. Toute l'opération d'assurance repose sur l'idée que le risque
va se réaliser pour une partie seulement de la population délimitée. Ce que chacun aura payé servira
alors à couvrir ce que certains seulement auront à supporter. La mutualisation est correctement
réalisée lorsque le risque est dispersé. Cela signifie que la fréquence de réalisation des sinistres
n'est pas trop importante pour un groupe donné. Il en résulte que certains risques sont inassurables
ou qu'il sont susceptibles de le devenir si leur fréquence augmente. Il en va ainsi des risques liés
au climat (la sécheresse).

L'assureur ne peut se tromper dans ses calculs car il doit pouvoir couvrir tous les sinistres qui se
produisent. Pour éviter l'impossibilité de fournir sa garantie, plusieurs mécanismes vont l'aider.

Critères de détermination de la prime

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L'assureur bénéficie de méthodes de calcul précises. La détermination des risques repose sur des
calculs de probabilités approfondis. Ils permettent de déterminer les chances de survenance d'un
événement par rapport au nombre de cas possibles. Lorsque je lance un dès combien existe-t-il de
chances qu'il tombe sur le six...le résultat du calcul reste théorique. Il est donc confronté à ce que
l'on nomme la fréquence. C'est le nombre de résultats obtenus sur le nombre d'expériences tentées.
Il y a toujours un écart entre la probabilité et la fréquence. L'assureur tente de se rapprocher de
la réalité que représente la fréquence. Le prix de l'assurance sera déterminé en considération de
statistiques établies sur les fréquences et du coût présenté par les précédents sinistres. La prévision
des sinistres à venir en fonction des événements passés est le travail des actuaires.

Pour que ce calcul soit efficace, la statistique doit porter sur le plus grand nombre de cas possibles
et porter sur des risques de même nature. La recherche doit être affinée au maximum en intégrant
tous les critères possibles.

Exemple
zone géographique, âge, condition sociale, profession, pour les personnes. On prend prendre en
considération le type d'activité, la taille de l'entreprise, son mode d'organisation, pour les activités
économiques.

Chaque catégorie de risque et ses sous catégories seront assurées dans des conditions propres.
Pour affiner les statistiques on retranchera les sinistres de gravité exceptionnelle. Ils faussent
les statistiques. La gestion d'une mutualité de risques justifie les contraintes de gestion
auxquelles sont soumises les compagnies d'assurance.

Par hypothèse, au moment de la souscription du contrat, l'assureur doit fixer un prix pour un service
qu'il n'a pas rendu et qu'il n'aura certainement pas à rendre. Il subit ce que l'on nomme inversion du
cycle de production. Il en découle une obligation de respecter le principe de l'exercice. Les sinistres
d'une année sont couverts par les primes collectées cette année-là. Par conséquent, l'assureur est
censé constituer des provisions techniques lui permettant de remplir cette obligation.

Par application de toutes ces règles on aboutit à une opération d'assurance saine : un certain
nombre de personnes paieront une somme relativement minime qui servira à couvrir les quelques
sinistres qui ne manqueront pas de survenir. Cependant, l'assureur ne peut se fier aux seuls
calculs aussi rigoureux soient-ils. Il se peut qu'une année connaisse une exceptionnelle vague de
sinistres imprévisibles. L'assureur doit se prémunir contre ce risque, il doit déterminer son plein
d'assurance : « C'est la somme maximale qu'il peut supporter du chef d'un sinistre atteignant un
risque assuré sans compromettre le sort de la mutualité dont il a la charge » (J. Bigot, Traité de droit
des assurances, tome 1, n° 832). Dans ce cas, il fera appel à un réassureur. Celui-ci accepte de
prendre à sa charge une partie des risques garantis par l'assureur. Cela permet à l'assureur de faire
face à une augmentation des conséquences du sinistre ou à un écart trop grand entre statistique et
survenance effective des sinistres. Il peut donc continuer à prospecter la clientèle sans mettre en
péril la mutualisation.

Plutôt que de recourir à la réassurance, l'assureur voudra parfois privilégier le mécanisme


de la coassurance (J. Bigot, « Les ambigüités de la coassurance », RGDA 2012, 10). Il divise
alors la garantie d'un gros risque entre plusieurs assureurs. Chaque assureur peut être appelé pour
la fraction du risque qu'il a déterminé. Pour simplifier les rapports des partis, il peut être nommé
une société apéritrice agissant comme mandataire des co-assureurs (Cass. 2e civ., 28 mai 2009, n°
08-12.315, RCA 2009, n° 230, obs. Groutel). Dans certaines circonstances, les co-assureurs créent
parfois un consortium. Ils ont conclu entre eux un contrat de coassurance obligatoire.

La définition retenue et la technique décrite ne sont pas tout à fait suffisantes. Elles ne permettent pas
d'englober toutes les sortes d'assurance existantes. Certaines opérations d'assurance ne reposent
pas sur la mutualisation, mais sur la capitalisation. Ce sont les assurances sur la vie. En outre, le rôle
de l'assureur ne consiste pas toujours simplement à indemniser. De plus en plus, sa prestation se
complique. La loi belge (Art. 1, loi du 25 juin 1992) est plus réaliste lorsqu'elle affirme que l'assureur
s'engage à fournir une prestation au cas où surviendrait un événement incertain. C'est le cas de
deux branches récentes d'assurance : la protection juridique et l'assistance (17 et 18, R. 321-1 du

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Code des assurances).La recherche d'une définition doit être complétée par une classification des
différentes assurances.

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Section 4. Classifications
La classification la plus ancienne en la matière est celle qui distingue les assurances terrestres et
les assurances maritimes. Les premières sont plus récentes que les secondes, il en résulte une
pratique et des règles relativement différentes. Ainsi, l'article L. 111-1 du Code des assurances exclut
l'application des règles relatives au contrat d'assurance à l'assurance maritime. L'assurance maritime
est l'assurance des risques de mer. L'assurance terrestre couvre tous les risques non maritimes.

Parmi les assurances terrestres, on peut faire plusieurs distinctions.


• On peut d'abord distinguer les assurances conduisant à des règles de gestion différentes
: assurances de répartition et assurances de capitalisation. L'assurance de répartition est celle
que nous venons de décrire, c'est la gestion d'une mutualité. Elle concerne les branches 1 à 18
de l'article R.321-1 du Code des assurances. On y trouve toutes les assurances de dommages
et deux assurances de personnes (maladie, accident). La capitalisation consiste à recueillir des
primes et leur faire produire des intérêts afin de fournir un capital à l'occasion d'un événement
ou à un moment donné. On est à la limite du rôle des compagnies d'assurance, pourtant l'article
R. 321-1 du Code des assurances les recenses dans les branches 20 à 26.
• Une autre classification consiste à distinguer les assurances de dommages et les
assurances de personnes. Les assurances de dommage se divisent en assurance de choses
pour l'indemnisation des pertes subies et l'assurance de responsabilité pour l'indemnisation des
dettes subies par l'assuré du fait de la mise en cause de sa responsabilité. Les assurances
de personnes se divisent en assurance sur la vie et assurances contre les accidents et santé.
Cette classification croise une autre classification : assurances à caractère indemnitaire et
assurances à caractère forfaitaire. En principe, les assurances de choses sont indemnitaires.
Selon l'article L. 121-1 du Code des assurances, l'assureur ne doit que le montant de la chose
assurée au moment du sinistre. L'assurance a un caractère forfaitaire lorsque les sommes à
verser sont déterminées lors de la souscription du contrat. C'est le plus souvent le cas pour
les assurances de personnes.
Ces classifications croisées et sous divisées ont pour but de faciliter la qualification du contrat souscrit
et de déterminer le régime qui lui est applicable. Ainsi, en principe l'assureur ne bénéficie d'un
recours subrogatoire que dans les assurances à caractère indemnitaire. En outre, l'assuré ne peut
normalement cumuler plusieurs assurances à caractère indemnitaire. Il a donc l'obligation de les
déclarer. Alors qu'il n'est pas tenu de le faire si elles sont forfaitaires. Il semble que la réparation des
préjudices corporels soit entre les deux qualifications (L. 131-2 du C. ass., loi du 16 juillet 1992).

A ces classifications classiques, on peut ajouter des classifications plus récentes liées au régime
juridique.
• Il faut ainsi penser à la distinction entre les assurances individuelles et collectives. Les
assurances collectives sont aussi appeler assurances de groupe. C'est une modalité
particulière de gestion et de souscription du contrat d'assurance. Elle sera étudiée plus loin.
• Il faut aussi songer à la distinction entre assurance facultative ou obligatoire. En principe
chaque personne décide librement d'être prévoyant, entre cigale et fourmi. L'assurance est
facultative au sens où la personne peut décider de ne pas s'assurer et donc de gérer
différemment ses risques (ou de ne pas les gérer). Le choix n'existe pas forcément. Pour
certaines activités, le législateur décide parfois que les personnes doivent s'assurer en prévision
des accidents (automobile, C. ass., L. 211-1 s. ; construction, C. ass., L. 241-1 s.) pouvant
se produire. L'assurance obligatoire est bien souvent une assurance de responsabilité. Elle
est parfois complétée par une procédure d'indemnisation. Le dernier exemple est le système
d'indemnisation mis en place par la loi du 4 mars 2002 en matière médicale.

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Section 5. Les acteurs du contrat d'assurance
L'activité d'assurance est un domaine très professionnalisé dans lequel on côtoie l'entreprise
d'assurance qui fournit ses produits et les intermédiaires qui contribuent à les distribuer. C'est donc
sur ces personnes que les pouvoirs publics vont porter un oeil sévère et enfermer leurs agissements
dans une réglementation dense. Le cocontractant fait, lui, l'objet d'un regard bienveillant. Ce
cocontractant est difficile à nommer. Pour l'instant, on retiendra le terme de «consommateur
d'assurance» utilisé par Y. Lambert- Faivre (Y. Lambert-Faivre et L.Leveneur, op. cit., n° 194 et s.).
Consommateur, il l'est dans la mesure où le droit de la consommation s'applique dans les rapports
entre l'assureur et ses cocontractants s'il y a lieu.

Jurisprudence
Ainsi, les juges sont souvent saisis pour contrôler si le contrat ne comporte pas de clauses abusives
(par exemple : Cass. civ. I, 7 décembre 1999, RGDA 2000-1, p. 44).

Chaque appellation de ce consommateur d'assurance recoupe une situation spécifique qu'il est
parfois nécessaire de réglementer. La réglementation concerne alors nos trois acteurs de l'opération
d'assurance :

L'entreprise d'assurance Les intermédiaires Les consommateurs


d'assurance

§ 1.L'entreprise d'assurance
Les règles relatives aux entreprises d'assurance sont très complexes il sera impossible de toutes
les exposer. Le but de ce chapitre est de présenter une typologie des entreprises d'assurance
avant de souligner certaines spécificités de leur statut. Il convient de souligner que les règles de
constitution et fonctionnement des entreprises d'assurance ont été modifiées par une ordonnance
2001-350 du 19 avril 2001, la loi NRE n° 2001-420 du 15 mai 2001, et l'Ordonnance n° 2001-766 du
29 août 2001. Elles visent par exemple à prendre en considération le phénomène des sociétés de
groupe d'assurance et les sociétés de groupe mixte d'assurance (art. L. 322-1 C. ass.) et à préciser
la réglementation de la réassurance.

A. Typologie des entreprises d'assurance


Le Code des assurances limite les formes que peuvent revêtir les entreprises d'assurance.

Elles doivent se constituer sous forme de société anonyme, de société d'assurance mutuelle (art.
L. 322-1 C. ass.). Cela ne vaut que pour les entreprises françaises, les entreprises étrangères doivent
respecter les règles de leur législation nationale. Cela signifie donc que l'entreprise d'assurance
ne peut être une entreprise personnelle et que la plupart des formes morales sont exclues. Les
entreprises peuvent aussi opter pour le statut de société européenne.

On connaît surtout la différence entre sociétés commerciales et sociétés d'assurance mutuelle par
l'idée que les premières reçoivent des primes et les secondes des cotisations. On sait que souvent,
les cotisations sont moins chères. Il faut savoir cependant que dans leur fonctionnement, les sociétés
mutuelles sont susceptibles de faire des appels de cotisation pour couvrir tous les sinistres de
l'année. Il est certain que la différence essentielle entre les deux sortes d'entreprise se trouve
là.

Dans une mutuelle, « un groupe socioprofessionnel déterminé décide de fabriquer lui-même


l'assurance au meilleur prix (J.Bigot, op. cit., n°160) ». La société mutuelle peut s'organiser de
différentes façons en fonction de l'ampleur que veulent lui donner ses fondateurs. Le Code des
assurances prévoit une forme de droit commun qui est la société d'assurance mutuelle.

A côté, existent des formes particulières de sociétés mutuelles : les sociétés mutuelles d'assurance,
les tontines, les sociétés et caisses d'assurance et de réassurance mutuelle agricole.
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On retiendra uniquement la définition légale de ces sociétés : « les sociétés d'assurance
mutuelles ont un objet non commercial. Elles sont constituées pour assurer les risques
apportés par leurs sociétaires. Moyennant le paiement d'une cotisation fixe ou variable,
elles garantissent à ces derniers le règlement intégral des engagements qu'elles contractent.
Toutefois, les sociétés d'assurance mutuelles pratiquant les opérations d'assurance sur
la vie ou de capitalisation ne peuvent recevoir de cotisations variables. Ces sociétés
fonctionnent sans capital social, dans des conditions fixées,.... par Décret... » (art. L. 322-26-1
C. ass.). Leur fonctionnement a été révolutionné par une l'ordonnance du 19 avril 2001.

B. La spécificité des entreprises d'assurance


Les entreprises d'assurance sont soumises au principe de spécialité : elles ne peuvent
pratiquer que des opérations d'assurance à l'exclusion de tout autre activité. Cela ne conduit
pas à l'annulation des actes qu'elles peuvent accomplir en violation de ce principe (cass.
com., 7 avr. 2009, n° 07-18.907, JCP G 2009, IV, 1857).

Pour permettre une adaptation à la concurrence, on tolère l'exercice d'une autre activité dans
la mesure où celle-ci reste d'importance limitée par rapport à l'ensemble des activités. Dès leur
constitution les sociétés d'assurance sont soumises à des règles spécifiques puisque l'art. L. 322-2
du Code des assurances énonce la liste des méfaits empêchant à une personne de fonder, diriger,
administrer une entreprise d'assurance.

Concernant leur fonctionnement, les sociétés d'assurance sont soumises à des règles de gestion
technique et financière. Elles ont pour but de garantir la solvabilité des entreprises d'assurance dans
la durée. Pour cela, chaque entreprise est soumise à l'obligation de constituer des provisions. Celles-
ci sont calculées différemment selon qu'il s'agit d'assurance non vie ou d'assurance vie. Dans ces
derniers, on trouve en outre des règles relatives à la création de la capitalisation et son résultat. Pour
les assurances non vie on trouve huit provisions :
• provisions pour risques en cours,
• pour sinistres restant à payer,
• réserve de capitalisation,
• provision mathématique de rentes,
• provisions pour risques croissants,
• provision pour égalisation,
• provision mathématique des réassurances acceptées,
• autres provisions techniques.

Exemple
Par exemple, la provision pour égalisation sert à faire face aux charges exceptionnelles dans
certains risques. On songera à l'année 1999 qui a connu deux tempêtes de force exceptionnelle
par rapport à une année plus calme.

Les règles spécifiques aux entreprises d'assurance concernent également l'utilisation des actifs.
Cela va permettre de rendre effectifs les différents engagements auxquels se soumet l'entreprise
d'assurance. Ainsi, on a vu que l'entreprise devait constituer des provisions suffisantes, il faut
bien réglementer l'actif pour que ces provisions soient représentées par des actifs suffisants.
Au delà, l'entreprise gèrent librement ses actifs. La constitution de provisions techniques et la
réglementation des actifs ne suffisent pas à protéger les intérêts des assurés. La loi exige que
l'entreprise d'assurance ait une marge de solvabilité suffisante. Cette obligation figure à l'art. R 334-1
C. ass . Les articles suivants vont fixés les règles de constitution et le montant réglementaire de la
marge selon le type d'assurance. Cette obligation est soumise à un contrôle pouvant conduire à de
lourdes sanctions.

Enfin, on trouvera une dernière spécificité des entreprises d'assurance dans les règles relatives
au redressement et à la sauvegarde des entreprises d'assurance (modifiées par l'ordonnance n°
2001-350 du 19 avr. 2001).
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Les pouvoirs publics interviennent pour vérifier le respect de ces différentes règles. L'autorité de
contrôle prudentiel (C. mon. et fin., art. L. 612-1 s.) a pour mission essentielle de vérifier que les
entreprises respectent les dispositions législatives et réglementaires qui leurs sont applicables ainsi
que leurs engagements contractuels. Elle a, pour ce faire, un pouvoir de vérification et de sanction
(C. ass., L. 310-12 s.). En amont, c'est elle qui délivrera l'agrément nécessaire à l'exercice de l'activité
(art. A. 310-1, C. ass.).

§ 2. Les intermédiaires
L'intermédiaire d'assurance est celui qui va proposer aux assurés les produits de l'assureur. Cette
opération est une activité.

C'est l'activité de présentation définie à l'article L. 511-1 du C. ass. comme : ' L'intermédiation
en assurance ou en réassurance est l'activité qui consiste à présenter, proposer ou
aider à conclure des contrats d'assurance ou de réassurance ou à réaliser d'autres
travaux préparatoires à leur conclusion. N'est pas considérée comme de l'intermédiation en
assurance ou en réassurance l'activité consistant exclusivement en la gestion, l'estimation
et la liquidation des sinistres. « Est un intermédiaire d'assurance ou de réassurance toute
personne qui, contre rémunération, exerce une activité d'intermédiation en assurance ou en
réassurance ».

La définition résulte d'une réforme du 15 décembre 2005 (JO du 16 déc. 2005). Sans représenter
une révolution, cette loi vient poser des principes qui seront valables pour toute l'Union européenne.
Elle constitue en effet la transposition d'une directive communautaire dont le but est de favoriser la
liberté d'établissement et la libre prestation de services (C. ass., art. L. 515-1 s.).

Comme auparavant, la loi pose des conditions d'activité applicables à tous les intermédiaires avant
de traiter le sort de chacun (liste des 6 professions : R. 511-2). Dans cette activité, on retrouve de
façon traditionnelle deux types d'intermédiaires, les agents généraux et les courtiers. Ils résistent et
s'adaptent aux nouvelles formes de distribution de l'assurance (J. Bigot, « Les courtiers d'assurance
grossistes : une clarification attendue », JCP G 2009, 318).

A. Les règles communes


Puisque l'intermédiation en assurance est une activité spécifique, il faut respecter un certain nombre
de conditions pour pouvoir l'exercer. Ces conditions constituent l'habilitation à exercer l'activité, elles
sont énoncées à l'article L. 512-3 et suivants du Code des assurances. La personne souhaitant
exercer cette activité doit remplir plusieurs conditions : elle doit être immatriculée, être honorable
au sens de l'article L. 322-2 du Code des assurances, être compétente et avoir souscrit une
assurance de responsabilité et une garantie financière. L'honorabilité est calquée sur ce qui est
exigé concernant les entreprises d'assurance. Cela donne plus d'efficacité à la réglementation. La
compétence dépend d'un niveau d'étude et d'une expérience.L'intermédiaire est désormais tenu
dune obligation spécifique d'information qui s'ajoute au consumérisme déjà existant. Il doit préciser
la consistance du lien qui l'unit à la ou aux entreprises d'assurance dont il propose les produits (C.
ass., art. L. 520-1).

B. L'agent général
L'agent général est un intermédiaire de l'entreprise d'assurance. Il faut rechercher à quel point il agit
pour son compte. Avant cela, il faudra étudier son statut.

1. Le statut de l'agent général


La réforme de 2005 prévoit que le statut des agents soit négocié par les organisations
professionnelles (C. ass., art. L. 540-2). L'actuel statut de l'agent général est régi par un décret du 15
octobre 1996. Ce décret prend acte d'une convention intervenue le 16 avril 1996 entre la Fédération
nationale des agents généraux et la fédération française des sociétés d'assurance. Il est annexé au
Code des assurances. Le statut a évolué vers une grande liberté de négociation mais un maintien

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de la protection. Le mandat de l'agent général est un de ces mandats particuliers dans lesquels le
législateur à cœur de protéger la situation du mandataire.

Selon le décret : « l'agent général est une personne physique ou morale exerçant une activité
indépendante de distribution et de gestion de produits et de services d'assurance en vertu
d'un mandat écrit délivré par une ou plusieurs entreprises d'assurances établies en France. »

La possibilité d'exercer l'activité sous la forme sociétaire est nouvelle. Elle est limitée à certaines
formes :
• la société anonyme,
• la commandite par actions,
• ou la société à responsabilité limitée.
L'activité de l'agent général, les modalités de rémunération sont régies par le traité de nomination.
C'est le nom donné à ce mandat. Nous ferons quelques remarques sur son élaboration et son
contenu.

Lors de la négociation du traité, l'agent général doit recevoir une information complète sur le
portefeuille à gérer. Elle est fournie par l'entreprise, mais le précédent agent doit y contribuer sans
aucune restriction. On retrouve ici une obligation comparable à celle de la vente d'un fonds de
commerce ou des contrats de distribution. Les inconvénients sont malheureusement identiques. On
ne sait pas aujourd'hui quelle est la sanction appropriée à la violation de l'obligation d'information.

Jurisprudence
La jurisprudence fait une application prudente de la théorie des vices du consentement. Elle
considère que la seule violation de l'obligation d'information n'est pas en soi constitutive d'un vice
du consentement.

La convention précise que l'information doit être communiquée par écrit dans un délai suffisant
avant la signature du traité. Le traité doit être écrit, mais l'absence d'écrit ne rend pas le contrat
annulable (Cass. 1ère civ., 19 janv. 2008, n° 05-15.937, RGDA 2008, 511, note Langé).Le traité
doit, selon la convention, comporter plusieurs thèmes discutés par les parties. Ils permettent de
définir la mission de l'agent. La convention réserve un sort particulier à l'exclusivité. Elle précise
que l'exclusivité est le principe et qu'elle implique des droits et devoirs réciproques. Le choix du
vocabulaire est croustillant. Les parties n'ont pas des obligations mais des devoirs. On se rapproche
d'une terminologie propre au droit de la famille. Cela manifeste l'importance de la confiance et de
la bonne foi entre les parties. Nous sommes dans la catégorie des contrats d'intérêt commun. La
communauté d'intérêt se manifeste par un système d'intéressement ajouté aux commissions.

La confiance et la bonne foi vont imprégner la réglementation de l'exclusivité. L'agent s'engage à


consacrer la totalité de sa production au mandant (Cass. 1re civ., 4 nov. 2011, n° 10-13.940, RCA
2012, comm. 48). Cette exclusivité est cependant relative puisque l'agent peut conclure un traité
dans une autre branche d'assurance. Il peut ainsi bénéficier d'exclusivités parallèles, et l'entreprise
peut même supprimer l'exclusivité à son égard (Cass. 1ère civ., 16 janv. 2007, JCP G 2008,
I, 134, obs. Langé). L'entreprise s'engage à lui donner les moyens techniques, commerciaux et
financiers nécessaires. Si la politique de l'entreprise d'assurance met en péril l'équilibre économique
d'une agence, l'entreprise s'engage à chercher avec l'agence les moyens de compenser ces
conséquences.

Manifestation pure de la bonne foi : les parties s'engagent à développer entre elles la concertation
pour assurer la cohérence du développement de l'entreprise et ses agences.

Après l'exclusivité il existe une autre spécificité du traité à exposer. Selon la convention, le traité
est à durée indéterminée jusqu'à l'âge de la retraite. Le mandat peut prendre fin du fait d'un cas de
force majeure ou d'une faute grave de l'agent. En cas de rupture pour d'autres raisons, les parties
respectent un préavis de six mois. Les cas de révocation du mandat sont fixés par accord entre
l'entreprise d'assurance et le syndicat des agents généraux.

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Certaines hypothèses sont systématiques : la faute professionnelle, l'insuffisance de résultat,
(Cass. 1ère civ., 17 janv. 2008, n° 05-16557, RGDA 2008, 515, note Roussel) toutes les hypothèses
constituant un motif légitime de rupture d'un mandat d'intérêt commun. La liste peut être allongée
au besoin (pour une hypothèse de révocation injustifiée : Cass. 1re civ., 29 juin 2004, RGDA 2005,
206, note Langé).

La spécificité du statut des agents est que la rupture doit être compensée par une indemnité
même si elle est due au décès de l'agent. En principe, l'indemnité est versée par le successeur
de l'agent auquel ce dernier cède sa place de gré à gré. L'entreprise a un droit d'agréer ou non le
successeur. Si la cession de gré à gré ne peut avoir lieu, l'entreprise d'assurance doit l'indemnité
de rupture. La convention de 1996 détermine les conditions du calcul de l'indemnité. Elle prévoit en
outre une obligation de non concurrence en cas de perception du prix de cession ou de l'indemnité
compensatrice. La renonciation à percevoir l'indemnité réduit le délai de l'obligation de trois ans à
six mois.

Le lien entre indemnité et non concurrence est subtil. Si l'agent reprend une activité de même nature
dans la même circonscription il perd son droit à indemnité ou contracte l'obligation de la restituer.
C'est une sanction de la déloyauté qui est consacrée.

Jurisprudence
La jurisprudence a régulièrement l'occasion de la prononcer (Cass. com., 18 juin 1991, B. IV, n° 223 ;
RGAT 1992, p. 405, note D. Langé. - Cass. 1re civ., 4 nov. 2011, précité ). Dans la première espèce,
l'ancien agent général tentait de récupérer le client le plus important de son ancienne agence. Dans
ce type d'affaires, la jurisprudence trouve toujours un vocabulaire grandiloquent pour caractériser
les manquements des anciens cocontractant (B. Beignier, op. cit., n° 49) : obligation de réserve et
de loyauté... règles de l'honnêteté et de la bonne foi. Elle exige cependant que la déloyauté soit
effective (Cass. 1ère civ., 8 nov. 2007, RGDA 2008, 245, note Langé).
La qualification de la convention liant l'agent à l'assureur est fondamentale. S'il apparaissait que les
traits caractéristiques d'un contrat d'agent général ne se retrouvent pas, l'intermédiaire ne pourrait
se prévaloir des dispositions protectrices du statut (Cass. 2e civ., 22 mai 2008, n° 07-10341, RGDA
2008, 766, note Roussel).

2. La portée des actes de l'agent général


L'article L 511-1 du Code des assurances prévoit une responsabilité spéciale en cas d'activité
de présentation. «L'employeur ou mandant est civilement responsable, dans les termes de
l'article 1384 du Code civil, du dommage causé par la faute, l'imprudence ou la négligence de
ses employés ou mandataires agissant en cette qualité, lesquels sont considérés,.... comme
des préposés,...».

A l'égard du souscripteur, de l'assuré ou des tiers l'agent est préposé de l'entreprise d'assurance,
son commettant. Ainsi, l'assuré privé de garantie par la faute de l'agent pourra agir contre l'assureur.
De la même façon, l'agent qui ne répercute pas fidèlement les demandes de l'assuré engage
la responsabilité de l'entreprise d'assurance. Il en va de même de l’agent qui ne conseille pas
correctement l’assuré (Cass. 2e civ., 18 mars 2010, n° 09-12.913, RCA 2010, 168 ; RGDA 2010,
828, obs. Langé). Il peut en résulter pour l'assuré un préjudice du fait que certaines activités ne sont
pas assurées (Cass. civ. I, 25 oct. 1977, RGAT 1978, p. 364. - TGI Nanterre, 7 mars 2006, RGDA
2006, 542, obs. Bigot : attestation délivrée trop tôt). L'agent verra sa responsabilité engagée envers
l'entreprise d'assurance (Cass. 2e civ., 13 oct. 2005, RGDA 2006, 197, obs. Maleville: déclaration
inexacte, déficit de prime pour l'assureur). Cette dernière pourra agir assez facilement contre l'agent
général au moyen de l'action récursoire.

Jurisprudence
La jurisprudence décide en effet que l'agent général, même considéré comme préposé, ne bénéficie
des solutions selon lesquelles l'action contre le préposé est possible lorsqu'il a commis une faute
personnelle (Cass. 1re civ., 10 déc. 2002, D. 2003, 510, concl. J. Sainte-Rosse. - Cass. 2e civ., 7
juill. 2011, n° 10-21.719, RCA 2011, 380). Il paie ainsi le prix de son indépendance professionnelle.

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C. Le courtier
Plusieurs traits vont distinguer le courtage de l'agence commerciale. L'activité de courtage est une
activité commerciale, alors que l'activité d'agence ne l'est pas. Il doit s'inscrire sur le registre
du commerce et des sociétés. Il est donc astreint à toutes les obligations auxquelles sont tenus
les commerçants. Il doit en plus répondre aux conditions d'habilitation que nous avons examiné.
En outre, la loi du 31 décembre 1989 est venue réglementer partiellement le statut des courtiers.
Pour le surplus et depuis très longtemps, c'est une série d'usages qui réglementent la profession.
Par secteur d'activité ou territoire. Ces usages sont codifiés par les syndicats représentatifs de la
profession. Ces usages fixeront par exemple, les relations entretenues entre courtier et entreprise
d'assurance et notamment le droit au commissionnement qui est la rémunération du courtier. Ce
mode de réglementation ne simplifie pas la perception que l'on peut avoir de cette activité. La loi
du 31 décembre 1989 est essentiellement venue réglementer l'accès à la profession du courtier.
Elle lui impose la constitution d'une garantie financière. Celle-ci consiste dans une caution prise par
un établissement de crédit (L.530-1 C. ass.). Il doit en outre contracter une assurance couvrant sa
responsabilité professionnelle.

Autre différence avec l'agent d'assurance, en principe, le courtier se contente de rapprocher


des personnes, il ne les représente pas lors de la conclusion d'un contrat. Il se contente de
rechercher une ou plusieurs assurances convenant à un ou plusieurs risques. Cela va modifier
la situation respective des parties. D'abord, le courtier n'agit pas pour le compte d'une entreprise
d'assurance. Au contraire, il agit plus souvent pour le compte d'un éventuel souscripteur. En outre,
les courtiers interviennent souvent dans des domaines où les risques sont spéciaux, ils interviennent
peu auprès d'une clientèle de particuliers. Ainsi, existe un courtage d'assurances maritimes.

Tout ce qui vient d'être dit doit être relativisé et dépend énormément des circonstances. Il se peut
qu'une personne ait conclu avec un courtier un contrat de courtage. Au titre de ce premier contrat,
le courtier est tenu d'un devoir de conseil : « Le courtier doit être un guide sûr et un conseiller
expérimenté ».

Jurisprudence
Cass. civ. I, 10 novembre 1964 , J. C. P. 1965, II, n° 13981, note PP ; RGAT 1965, p. 175, obs.
AB. - cass. 2e civ., 7 juill. 2011, n° 10-21.719, RCA 2011, n° 379. Son conseil ne se borne pas à
la techn ique d’assurance et embrasse ses conséquences, en particulier fiscales (com., 15 sept.
2009, n° 08-13997, RGDA 2009, 1310, note Bigot).

Le contrat de courtage peut se compliquer d'un contrat de mandat par lequel le courtier s'engage
à conclure et gérer le contrat pour le compte de l'assuré. Dans ce cas, le paiement d'indemnité
d'assurance due par l'assureur en cas de sinistre est régulièrement fait entre les mains du courtier
et l'assureur ne peut le contester (Cass. civ. I, 9 mai 1994, B. I, n° 16).

Bien souvent, le courtier aura, selon le cas, reçu un pouvoir de souscription, de gestion et de
règlement des sinistres qui le rapprochera d'un agent général. Dans ce cas, le courtier sera le
préposé de l'entreprise d'assurances. L'hypothèse est mentionnée à l'art. 530-2-1 du Code des
assurances. Mais il faut prouver l’existence de ce mandat sinon l’assuré n’aura aucune action contre
l’assureur (Cass. 2e civ., 14 janv. 2010, n° 09-10.220, RCA 2010, 99 ; RGDA 2010, 530, note
Roussel). Il sera donc parfois difficile de connaître l'étendue exacte du pouvoir du courtier.
La théorie du mandat apparent pourra venir conforter la situation de l'assuré qui aurait commis une
erreur sur l'étendue de ces pouvoirs. S'il a pu croire légitimement et de bonne foi que le courtier
agissait au nom et pour le compte de l'assureur, l'assureur est engagé. Ainsi, il y a mandat apparent
lorsque l'assureur confie au courtier son papier à en-tête ou lorsque le courtier utilise le logo de
l'assureur. La théorie est cependant élastique et il arrive que la jurisprudence refuse de l'appliquer.

Exemple
Elle retiendra que les paiements n'étaient pas fait à l'ordre de l'assureur mais du courtier qui a
détourné les primes.

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Jurisprudence
Cass. civ. I, 7 janvier 1997, D. 1998, somm., p. 45, obs. C.-J. Berr ; RCA 1997, n° 287 ; RGDA
1997, p. 899, note D. Langé ; plus récemment : Cass. civ. I, 7 décembre 1999, RGDA 2000, p. 226
obs. J. Roussel - Cass. 2e civ., 17 sept. 2009, n° 08-70081, RGDA 2009, 1306, note Roussel.

Lorsque l'apparence est retenue, la personne lésée peut agir contre l'assureur sans avoir l'obligation
de mettre en oeuvre, au préalable la garantie financière du courtier (Cass. 2e civ., 14 juin 2012? n
° 11-20534, EDA 2012, 125, obs. Bourreau-Guénière)

Loin de la théorie de l'apparence, il arrive que la jurisprudence se serve de la qualification de mandat


tacite.

Les entreprises d'assurance

Forme Société commerciale ou société d'assurance


mutuelle

Activité et gestion • Soumission au principe de spécialité


• Obligation de constituer des provisions
• Règlementation des actifs
• Exigence d'une marque de solvabilité

Intermédiaire • Agent général


• Courtier

§ 3. Le consommateur d'assurance
Il est certainement temps de procéder à quelques précisions terminologiques. On peut trouver trois
qualificatifs pour désigner la personne en relation avec l'assureur : le souscripteur, l'assuré et le
bénéficiaire.
• Le souscripteur est la personne au nom de laquelle le contrat est conclu sur laquelle pèse
l'obligation de payer les primes d'assurance.
• L'assuré est la personne sur la tête ou les intérêts de laquelle repose une assurance. C'est elle
qui est menacée de sinistre. Le sinistre étant la réalisation du risque craint.
• Le bénéficiaire est celui à qui l'assureur doit la garantie à laquelle il s'est engagé.
Lorsque les trois qualités sont portées par la même personne, on se trouve en présence d'une
conclusion simple du contrat. Il n'y a qu'à appliquer les règles du contrat d'assurance. Mais lorsque
ces différentes qualités sont dissociées, certaines difficultés peuvent surgir.

Deux phénomènes feront l'objet d'un traitement particulier :


• l'assurance pour compte
• l'assurance de groupe

A. L'assurance pour compte


Selon l'art. L. 112-1 du Code des assurances, «L'assurance peut être contractée en vertu
d'un mandat général ou spécial ou même sans mandat, pour le compte d'une personne
déterminée. Dans ce dernier cas, l'assurance profite à la personne pour le compte de laquelle
elle a été conclue, alors même que la ratification n'aurait lieu qu 'après le sinistre ».L'alinéa
deux précise : « L'assurance peut aussi être contractée pour le compte de qui il appartiendra.
La clause vaut, tant comme assurance au profit du souscripteur du contrat que comme
stipulation pour autrui au profit du bénéficiaire connu ou éventuel de ladite clause ».

L'article L. 171-4 du Code des assurances transpose le mécanisme dans les assurances maritimes.

La particularité de l'assurance pour compte est qu'elle consiste à assurer, à l'aide d'un unique contrat
d'assurance, le risque pesant sur au moins deux personnes : le souscripteur et un tiers.

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Exemple
Plusieurs exemples démontrent la diversité des hypothèses :
• Le vendeur de marchandises souscrit une assurance pour les risques pouvant survenir lors
du transport des marchandises, l'assurance est au bénéfice du nouveau propriétaire.
• Un locataire souscrit une assurance multirisque industrie couvrant des risques excédant son
propre intérêt. Elle est donc souscrite à son profit et au profit du propriétaire.

Jurisprudence
Cass. civ I, 10 juillet 1995, B. I, n° 307 ; RCA 1995, corn. 377, chron. 50, M.-A. Peano.
C'est assez rare pour être souligné, le texte donne la qualification juridique de l'opération : c'est
une stipulation pour autrui. Cependant, cette qualification n’est pas forcément la plus pertinente.
Certains auteurs estiment que la qualification ne vaut que pour certaines hypothèses d'assurance
pour compte : le premier de nos exemples cités et non le second.
• Dans le premier cas, le vendeur va souscrire une assurance pour se garantir contre la mise en
œuvre de sa responsabilité à l'égard de l'acquéreur. C'est un schéma simple de souscription :
le souscripteur est l'assuré. Au surplus, le vendeur va prendre une assurance pour les risques
divers pouvant se réaliser. A partir du moment où il transmet la propriété, cela devient une
assurance pour compte et c'est une stipulation pour autrui.
• Dans le second cas, les intérêts du souscripteur et du second assuré sont toujours mêlés. Ce
n'est pas la stipulation pour autrui qui caractérise l'originalité du mécanisme. L'originalité vient
de l'idée que dans certains cas, une personne est au coeur d'une situation où elle est la mieux
placée pour déterminer les risques relatifs à cette situation. Elle va s'assurer en conséquence
et pourra s'assurer au delà de son propre intérêt parce que c'est plus pratique. C'est le cas du
locataire que nous avons décrit. Il est le mieux placé pour contracter une assurance complète.
Jurisprudence
C'est ce que considère la jurisprudence lorsqu'elle énonce que l'assurance de marchandises
souscrites par un transporteur est pour lui une assurance de responsabilité et pour le propriétaire
une assurance de choses (Cass. civ. I, 16 juillet 1998, B. I, n° 246).

L'idée d'une qualification dépendant d'une situation justifie la façon dont l'assurance pour compte
va se conclure. En principe, elle ne se présume pas mais la jurisprudence admet qu'elle résulte
implicitement d'une volonté non équivoque des parties. (Cass. 1re civ., 24 juin 2003, n° 00-17.213,
RCA 2003, 307, obs. Groutel). Après un temps d'hésitation, la solution est établie en ce sens. Sans
que l'on sache si c'est une volonté délibéré des juges, elle aboutit à donner plein effet à une garantie
qui aurait été souscrite au delà du seul intérêt du souscripteur dans la mesure où l'intérêt d'un tiers
est identifiable (M. Provost, La notion d'intérêt d'assurance, RGDA 2009, 713). Cette recherche de
l’intérêt d’assurance a parfois une autre vocation, elle permet de déterminer si le contrat est valable
ou non (Cass. 2e civ., 12 mars 2009, n° 08-11444, RGDA 2009, 471, obs. Mayaux).

Jurisprudence
Lorsque l'assurance est contractée pour le compte de qui il appartiendra, la loi lui donne un effet
spécifique : elle vaut assurance pour le souscripteur et stipulation pour autrui au profit du tiers
(Cass. com., 15 déc. 2009, n° 08-20.183, DMF 2010, 441, note Turgné) Cette configuration n'est
cependant pas impérative et le contrat d'assurance peut en stipuler autrement. Par exemple, il peut
limiter l'assurance au profit du bénéficiaire (Cass. civ. I, 1er juin 1999, B. I, n° 177 ; RCA 1999,
comm. 345 ; RGDA 2000, p. 42, obs. J. Kullmann). Il se peut que ce soit un texte qui désigne comme
seul bénéficiaire la personne pour le compte de laquelle l’assurance a été souscrite. Dans ce cas,
le souscripteur n’a pas droit à l’indemnité (Cass. 2e civ., 15 avril 2010, n° 08-20376, RGDA 2010,
673, obs. Mayaux. - Cass. 2e civ., 10 févr. 2011, n° 10-30.435, RGDA 2011, 677, note A. Pélissier).
Dans les autres hypothèses, il peut agir en paiement pour son profit(cass. com., 3 nov. 2010, n
° 09-69627, RGDA 2011, 216, note Turgné. - ). Il faut bien distinguer deux notions. Si le souscripteur
d'une assurance pur compte a toujours possibilité d'agir en exécution du contrat, il ne peut demander
le bénéfice de l'indemnité que si le contrat le compte parmi les bénéficiaires et que l'on se trouve
face à un sinistre qui porte attinte à ses intérêts.

Le bénéficiaire est titulaire d'un droit propre et direct contre l'assureur. En revanche les primes
ne sont dues que par le souscripteur de l'assurance. Cependant, l'assureur pourra opposer au
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bénéficiaire les exceptions qu'il pourrait opposer au souscripteur. On songera à la prescription ou
aux cas d'exclusions de garantie prévus par le contrat d'assurance. S'agissant de la prescription,
le souscripteur qui agit en exécution du contrat l'interrompt aussi au profit du bénéficiaire (Paris, 22
nov. 2005, JCP G 2006, 10104, note Fossier).

Ces effets doivent être relativisés quand le dommage causé au tiers peut être rattaché à la
responsabilité du souscripteur. Dans ce cas, le tiers exercera son recours par le biais de l'action
directe fondée sur l'article L. 124-3 du Code rural (cf. l'étude du sinistre).

Jurisprudence
La notion de cumul est une conséquence du principe indemnitaire qui sera étudié dans le cadre de
la survenance du sinistre (Cass. 1e civ., 21 nov. 2000, RGDA 2000, 1052, note J. Kullmann).

B. L'assurance de groupe
Avant la loi du 31 décembre 1989, l'assurance de groupe ne se distinguait pas de l'assurance pour
compte. La loi du 8 août 1994 a encore creusé l'originalité de ce mécanisme régi par les articles L.
141-1 et suivant du Code des assurances (sur la qualification : L. Mayaux, Les grandes questions
du droit des assurances, LGDJ, 2011, 57 s.).

Selon l'article L. 141-1 : « Est un contrat d'assurance de groupe le contrat souscrit par une
personne morale ou un chef d'entreprise en vue de l'adhésion d'un ensemble de personnes
répondant à des conditions définies au contrat, pour la couverture des risques dépendant de
la durée de la vie humaine, des risques portant atteinte à l'intégrité physique de la personne
ou liés à la maternité, des risques d'incapacité de travail ou d'invalidité ou de risque de
chômage ».

L'assurance de groupe est un mécanisme d'assurance collective. Un souscripteur conclut un contrat


avec un assureur. Des personnes intéressées par ce contrat peuvent y adhérer et devenir des
assurés. Ces personnes doivent être liées au souscripteur par un lien de même nature qui doit
perdurer pendant l'existence du contrat d'assurance (Cass. 2e civ., 21 oct. 2004, RCA 2004, 383 ;
Cass. 2e civ., 23 sept. 2004, RGDA 2005, 98, note Kullmann).

C'est un système de souscription en cascade.


• Les différentes parties y trouvent un intérêt évident : l'adhérent bénéficie d'une assurance moins
onéreuse et dont les formalités sont réduites.
• L'assureur s'assure un volume de clientèle : c'est intéressant pour l'entreprise et la mutualité.
A l'heure actuelle, l'assurance de groupe est développée. Les entreprises les concluent au bénéfice
des salariés pour les problèmes de santé et même les problèmes liés à la relation de travail.
Les banques les concluent pour les emprunteurs afin de se prémunir contre le chômage ou les
conséquences d'un décès ou d'une maladie. Dans ce cas, on se trouve parfois en présence
d'un mélange entre assurance de groupe et assurance pour compte lorsque l'adhérent désigne
un bénéficiaire ou que la banque est le bénéficiaire du contrat.Les assureurs développent des
mécanismes équivalents dans les assurances de dommage. En l'absence d'une extension du
domaine décrit à l'article L. 141-1 du Code des assurances, la jurisprudence refuse d'appliquer
le régime que nous allons étudier et se rabat sur le régime de l'assurance pour compte (Cass.
2e civ., 6 mars 2008, n° 06-13.528, RGDA 2008, 311, note Kullmann).Comme pour l'assurance
pour compte, la question de la nature juridique du mécanisme s'est posée, c'est encore la
stipulation pour autrui qui a été sollicitée et contestée. Il est en effet difficile de retenir une
stipulation pour autrui alors que l'adhérent conclut un contrat avec l'assureur. En outre, il y a peu
de cas où le souscripteur a été inspiré par une intention libérale comme dans la stipulation pour
autrui. Les textes récents s'orientent d'avantage vers le système de la représentation. Pour certaines
hypothèses visées par la loi du 8 août 1994, c'est la qualification de mandat qui a été retenue tant
pour l'adhésion au contrat que pour l'exécution de celui-ci (art. L. 141-6 C. ass.). Il existe donc une
césure parmi les cas d'assurance de groupe. Certains sont des manifestations du mécanisme de la
représentation, d'autres sont à rapprocher de la stipulation pour autrui.

Ici, la spécificité réside dans l'existence d'une succession de contrats. Un contrat cadre est
conclu entre le souscripteur et l'assureur. Chaque nouvel adhérent conclut un contrat avec l'assureur.
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Ce dernier agrée tous les nouveaux candidats. (Cass. 2e civ., 10 avril 2008, n° 07-13.473, RGDA
2008, 715, note Abravanel-Jolly) Certaines règles vont illustrer le point d'équilibre existant entre
autonomie de chaque contrat d'adhésion et dépendance envers le contrat cadre.

L'autonomie du contrat d'adhésion se manifeste essentiellement à travers l'idée que le souscripteur


n'est pas l'assureur. Ce n'est pas le souscripteur qui invoque la nullité du contrat mais l'assureur. La
prescription biennale (cette prescription spécifique au droit des assurance sera étudiée dans l'item
consacré aux litiges relatifs au contrat d'assurance), spécifique au droit des assurances ne joue pas
dans les rapports souscripteur assuré. Seul l'assureur doit la garantie et non le souscripteur (Cass.
com., 13 avril 2010, n° 09-13712, RGDA 2010, 745, note Kullmann). C'est l'assuré qui doit verser
les primes. La dépendance envers le contrat cadre se manifeste à travers le terme d'adhésion. Plus
encore que dans le droit commun du contrat d'assurance, l'adhérent est soumis à un contrat qu'il
ne connaît pas. Son adhésion résulte de réponses à un questionnaire lapidaire. Il ne saura rien du
contrat et encore moins qu'ailleurs il ne pourra maîtriser la relation contractuelle.

La loi a entendu compenser cette ignorance en imposant au souscripteur un devoir d'information.


Une notice écrite doit indiquer les garanties et les modalités d'entrée en vigueur et les formalités en
cas de sinistre. La preuve de l'exécution de l'obligation incombe au souscripteur. La rédaction de la
notice n'incombe pas au souscripteur et il n'est pas a priori responsable de son absence (Cass. 2e
civ., 15 mai 2008, n° 07-14.354, RGDA 2008, 712, note Mayaux. - Cass. 2e civ., 17 mars 2011, n
°?10-12843, RGDA 2011, 795, note Astegiano- La Rizza). Lorsque la notice existe, il appartient au
souscripteur de démontrer qu'il a remis celle-ci (signature d'une mention dans la police : Cass. soc.,
12 janvier 2011, n° 09-65004, RGDA 2011, 526, note Pélissier)

Jurisprudence
La jurisprudence est exigeante relativement à cette obligation.

En premier lieu, elle considère que l'information ne se limite pas à la remise de la notice mais un
devoir de conseil pendant la durée du contrat. Ce devoir de conseil se caractérise souvent par le
devoir d'évacuer toute ambiguïté sur le contrat auquel l'assuré a adhéré. Il peut être plus étendu.
Ainsi, il a pu être reproché à une banque de ne pas rappeler à l'emprunteur qu'il était tenu de
souscrire une assurance (Cass. civ. I, 30 juin 1987, D. 1988, som. corn. p. 158, obs. Berr). Il peut
aussi lui être reproché de conseiller un produit inadapté en raison de l'âge du client (Cass. 2e civ.,
24 mai 2006 et 3 mai 2006, RGDA 2006, 728, note Kullmann).

En revanche, le souscripteur n'est pas tenu de conseiller à l'assuré la souscription d'une assurance
complémentaire (Cass. civ. I, 1er décembre 1998, B. I, n° 334 ; RCA 1999, corn. 49 ; RGDA 1999,
426, obs. J. Kullmann). Ou d'attirer son attention sur l'importance des primes (com., 3 mai 2006,
RGDA 2006, 727, note Kullmann).

Le préjudice résultant de ces manquements est bien souvent une perte de chance qu’il appartient au
souscripteur d’indemniser (Cass. Soc., 17 mars 2010, n° 08-45.329 et 09-40.107, RCA 2010, 165).

La limite ultime de l'obligation consiste pour l'assuré dans l'impossibilité de reprocher au


souscripteur de ne pas l'avoir mis en garde contre les conséquences de sa mauvaise foi (Cass. civ.
I, 28 mars 2000, D. 2000, p. 574, note B. Beignier). L'adhérent avait menti sur son état de santé
et reprochait au souscripteur de ne pas l'avoir mis en garde. La Cour rappelle que «/'obligation de
répondre avec loyauté et sincérité aux questions posées par l'assureur à l'occasion de l'adhésion à
une assurance relève de l'obligation de bonne foi qui s'impose en matière contractuelle, et que nul
ne saurait voir sa responsabilité engagée pour n'avoir pas rappelé ce principe, ou les conséquences
de sa transgression, à une autre partie».

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Jurisprudence
La jurisprudence n'hésite pas à étendre le domaine de cette obligation d'information. Elle estime
qu'il appartient au souscripteur et non à l'assureur (Cass. 2e civ., 23 sept. 2004, RGDA 2005,
98, note Kullmann) d'informer l'adhérent de la résiliation du contrat principal (Cass. 1re civ., 7
déc. 2004, RGDA 2005, 102, note Kullmann ; Cass. 2e civ., 10 juin 2004, RGDA 2004, 976, note
Bigot). De façon plus générale, et elle mêle ici le devoir de conseil, elle estime qu'il appartient au
souscripteur de renseigner l'assuré sur l'adéquation des risques couverts à sa situation personnelle
(AP, 2 mars 2007, RGDA 2007, obs. Kullmann). Cette formule abstraite dissimule la sanction
des souscriptions automatiques de garanties décevantes notamment pour couvrir les emprunts
immobiliers. La formule est largement utilisée (Cass. 1ère civ., 2 oct. 2007, RGDA 2008, 165, obs.
Kullmann). (Cass. 2e civ., 2 oct. 2008, n° 07-16.018, RCA 2008, 338 ; Cass. 1re civ., 22 janv.
2009, n° 07-19.867, RCA 2009, comm. 112, JCP G 2009, II, 10055, note Dupont). Alors que dans
d'autres domaines, les qualités de l'assuré pourraient avoir une influence sur l'étendue du devoir, en
la matière, elles ne changent en rien l'obligation du souscripteur (Civ. 2e, 2 avril 2009, n° 07-15.139,
RGDA 2009, 832, note Astegiano-La Rizza. - Cass. 2e civ., 9 déc. 2010, n° 09-17.113, RCA 2011,
117). Pas plus que le fait que la clause soit, par ailleurs, claire et précise (Cass. 1re civ., 13 déc.
2012, n° 11-27631, Bull. civ.).

La jurisprudence a semblé restreindre l'existence de ce devoir de mise en garde aux assurances


emprunteurs, elle ne l'imposait pas encore à d'autres types de souscripteurs ( un employeur :Cass.
soc., 2 mars 2011, no 09-40433, RGDA 2011, 800, note Astegiano- La Rizza). Certains arrêts
manifestent cependant une volonté d'étendre ce devoir de renseignement au delà de ce type
d'assurance (Cass. com., 13 sept. 2011, n° 10-20644, RGDA 2012, 129, note Bruschi). Le
commentateur de la décision estime que ce devoir s'impose à l'établissement financier intermidiaire
en opérations d'assurance.
Ce devoir de conseil incombe au souscripteur du contrat et non à l'assureur qui n'a de relation
directe avec l'assuré que lors de l'adhésion (Cass. 2e civ., 9 déc. 2010, n° 09-17.113, RCA
2011, 117).

Jurisprudence
L'obligation d'information est lourde. Elle est sanctionnée par la mise en jeu de la responsabilité du
souscripteur. il devra indemniser la perte de chance de bénéficier d'une meilleure couverture (Cass.
2e civ., 15 déc. 2011, n° 10-23.889, RCA 2012, comm. 81 ). Mais cela ne représente qu'une quote
part de l'indemnité proportionnée à la chance perdue.
Une autre sabction paraît plus intéressante puisqu'elle aboutit au versement de la garantie. Lorsque
la notice est incomplète, la jurisprudence sanctionne la situation de façon originale. Si elle ne
comporte pas, par exemple certaines clauses exclusives de garanties du contrat d'assurance (Cass.
civ. I, 20 octobre 1987, D. 1988, somm. p. 159, obs. H. Groutel), le contrat n'est pas opposable à
l'assuré (Cass. civ. I, 23 juin 1998, B. I., n° 221, D. 1998, IR 175). Le souscripteur engagera alors
sa responsabilité civile.

Dans le premier arrêt, la FFS avait négocié une assurance contre les risques de décès et d'invalidité
au profit des membres de l'équipe de France. Elle avait oublié de préciser que la police précisait
une cessation de plein droit de la garantie par retrait de l'équipe de France. La notice prévoyait un
terme et une cessation au cas d'abandon.

Dans certains cas on peut affirmer que le fait de créer une illusion de garantie finit par conférer à
l'assuré un véritable droit (par exemple : si les primes sont payés jusqu'à un certain âge, il est normal
de penser que la couverture dure le même temps : Cass. 2e civ., 5 oct. 2006, RCA 2006, 382).

L'obligation d'information indique une autre forme de dépendance du contrat d'assurance. Le


souscripteur est tenu d'informer l'adhérent sur les modifications touchant le contrat d'assurance (L.
141-4 C. ass.). La jurisprudence estime qu'il appartient à l'assureur de démontrer que la modification
a été portée précisément à la connaissance de l'assuré (Cass. 2e civ., 8 sept. 2005, RGDA 2006,
155, obs. Abravanel-Joly), cela revient donc à lui imposer de procéder aussi à cette information.
Simplement informés, les adhérents subissent ces modifications sans rien pouvoir y faire. Ce qui
s'est négocié sans eux se modifie sans eux.

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L'adhérent n'a qu'une solution : le texte l'autorise à dénoncer son adhésion sauf lorsque le lien avec
le souscripteur impose cette adhésion. La loi prévoit une exclusion globale des contrats d'assurance
ayant pour objet de garantir un emprunt. En revanche, lorsque la possibilité de résilier existe, la
jurisprudence estime que l'assureur ne peut restreindre le droit de l'assuré de rompre (Cass. 2e civ.,
13 sept. 2012, n° 11-23335, EDA 2012, 132, obs. Asselain. L'arrêt est rendu sur le fondement de
l'article 221-6 du Code de la mutualité qui édicte la même règle que l'article L. 141-1 du Code des
assurances).

Dernière manifestation de la dépendance : le pouvoir du souscripteur d'exclure un adhérent.


Il ne peut le faire que dans deux circonstances : le lien unissant assuré et souscripteur est rompu
ou inexécution de l'obligation de payer les primes. En cas d'exclusion, la loi met en place une
procédure spécifique. Dix jours après l'échéance de la prime, le souscripteur envoie une lettre de
mise en demeure informant l'assuré sur le risque et les délais d'exclusion. Quarante jours après
l'envoi, le souscripteur peut exclure (pour un exemple d'application : Cass. 1re civ., 12 oct. 2004,
RGDA 2005, 95, obs. Mayaux). Ce pouvoir d'exclusion marque, plus que tout autre prérogative à
quel point l'assurance de groupe se rapproche de la représentation. Si, dans un premier temps, ma
jurisprudence a considéré qu'aucune clause du contrat ne pouvait exclure cette procédure (Cass. 2e
civ., 8 sept. 2005, n° 04-16.531, RGDA 2005, 980, obs. Kullmann), elle a ensuite décidé le contraire
lorsque le contrat comporte une clause liant, en cas d’impayé, le sort du prêt et de l’assurance (Cass.
2e civ., 10 juill. 2008, n° 07-17.392, RGDA 2008, 991, obs. Kullmann). En l’absence de cette clause,
la déchéance du terme du prêt est sans incidence sur la survie de l’assurance (Cass. 2e civ., 4 nov.
2010, n° 09-16.972, EDA 12-2010, 6, obs. Asselain). Cette procédure n’est de toute façon applicable
qu’au cas de non paiement de la prime (Cass. 2e civ., 8 juill. 2010, n° 09-67.396, RCA 2010, 296,
obs. Groutel).
Précision importante. Les contrats d'assurance de groupe se caractérisent souvent par des
prestations dans la durée (notamment sous forme de rente). Si le contrat est résilié, les prestations
continuent à être dues pour un sinistre se produisant pendant la période de validité (Cass. 2e civ.,
8 mars 2006, Resp. civ. et assur. 2006, 172 - Cass. 2e civ., 17 juin 2010, n° 09-15.089, RCA 2010,
297. - Cass. 2e civ., 13 janv. 2011, n° 09-16.275, RCA 2011, 118).

Assurance pour compte Assurance collective

Définition Assurance par un unique Système de souscription en


contrat d'assurance, le cascade (surtout par une
risque pesant sur au entreprise avec ses salariés
moins deux personnes : le ou les banques avec leurs
souscripteur et le tiers. clients).

Effets L'assureur est débiteur de • Véritable "adhésion"


deux assurés. sans condition par
l'adhérent
• L'assuré doit verser les
primes et fournir la
garantie
• Obligation
d'information du
souscripteur
• Le souscripteur peut
exclure un adhérent

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