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De 1980

1980 Référendum sur la 1989 Tragédie à l’École 1992 Référendum


souveraineté-association. polytechnique. sur l’entente de
Chute du mur de Berlin. Charlottetown.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1980 1985 1990 1995


1982 Proclamation de
la Loi constitutionnelle 1987 Protocole 1990 Échec de 1994 Entrée en vigueur
de 1982 . de Montréal. Meech. de l’ALENA.
Crise d’Oka.
1985 Reconnaissance des nations 1988 Décriminalisation 1995 Référendum sur
autochtones et de leurs droits par le de l’avortement. la souveraineté.
gouvernement du Québec.

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PARTIE 4

De 1980 à nos jours


Les choix de société dans
le Québec contemporain
Dossier 10  Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) . . . 518

Dossier 11  Les enjeux actuels du Québec


(vers 2000 à nos jours) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586

2000-2006 2005 Inauguration de la 2006 Reconnaissance de


Réorganisation Grande Bibliothèque. la nation québécoise à la
des municipalités Chambre des communes.
du Québec.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

2000 2005 2010 2015


2002 Première union civile entre 2007 Déclaration des 2012 Grève étudiante.
1999 Création du Nations Unies sur les droits
territoire du conjoints homosexuels au Québec. Élection de la première
des peuples autochtones.

à nos jours
Nunavut. Signature de la Paix des braves. femme première
ministre du Québec.
1998 Création des 2001 Attentats aux États-Unis.
commissions scolaires Sommet des Amériques.
linguistiques.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 517 2018-08-07 12:42 PM


518 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

Dossier 10

1980-2000 Le Québec
à l’heure des choix
Au cours des années 1980 et 1990, la société québécoise fait face à d’importants
enjeux politiques et économiques. La Constitution canadienne est rapatriée et
modifiée. Elle comprend désormais une charte des droits et libertés. Le Canada et
le Québec ouvrent leurs frontières au libre-échange. De nouveaux enjeux, notam-
ment les droits des Autochtones, mobilisent l’attention de la population et des
gouvernements. La protection de l’environnement fait aussi partie des nouveaux
défis de la fin du millénaire.

1980 1982 Proclamation de la


Loi constitutionnelle de 1982.
1988 Décriminalisation
de l’avortement.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1975 1980 1985 1


1985 Reconnaissance des nations 1989 Tragédie
1980 Référendum sur la 1987 Protocole à l’École
souveraineté-association. autochtones et de leurs droits par
de Montréal. polytechnique.
le gouvernement du Québec.
Chute du mur
de Berlin.

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 519

CONCEPTS COMMUNS
Culture • Économie • Pouvoir • Société • Territoire
CONCEPTS PARTICULIERS
Néolibéralisme • Société civile • Souverainisme
CONNAISSANCES HISTORIQUES
Redéfinition du rôle de l’État • Droits des Autochtones • Mondialisation de l’économie •
Statut politique du Québec • Industrie culturelle • Question linguistique • Préoccupations
environnementales • Dévitalisation de localités • Relations internationales

10.1 10.2

1990 Échec 1994 Entrée en 1999 Création du territoire


de Meech. vigueur de l’ALENA. du Nunavut.
Crise d’Oka.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1990 1995 2000 2005


2005 Inauguration de la
1992 Référendum 1995 Référendum Grande Bibliothèque.

2000
sur l’entente de sur la souveraineté.
Charlottetown.

10.1 La signature de la Loi constitutionnelle de 1982. Le 17 avril 1982,


à Ottawa, la reine Elisabeth II et le premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau
signent la Loi constitutionnelle de 1982, qui modifie la Constitution du Canada
10.2 Un rassemblement de citoyens en faveur du OUI, à Montréal,
le 30 octobre 1995. À plusieurs endroits au Québec, des partisans de chacun
des camps se réunissent et attendent les résultats du référendum sur la souveraineté
du Québec.

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520 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

Sommaire sur le territoire


Coup d’œil
1 Le référendum de 1980 et
le rapatriement de la Constitution . . . . . . 522 Dans le dossier précédent
Le référendum sur la souveraineté-association . . . . . 522 RÉGION DE MONTRÉAL Mascouche
Repentigny
Légende
Terrebonne Ville de plus de 1 000 000 d’habitants
Le rapatriement de la Constitution . . . . . . . . . . . . . . . 524 Blainville
Pointe-aux-
Trembles
Ville de 150 000 à près de 250 000 habitants
Ville de 75 000 à 100 000 habitants
Montréal-

La Loi constitutionnelle de 1982 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 526 Sainte-Thérèse


Boisbriand
Saint-Eustache
Laval
Nord
Anjou
Saint- Boucherville
Ville de 20 000 à 50 000 habitants
Ville de 10 000 à 19 999 habitants
Léonard Frontière internationale

Les impacts du rapatriement de la Constitution . . . . 526 Mont-


Saint- Royal
Montréal
Longueuil Saint-Bruno-
Frontière provinciale

Laurent de-Montarville
Outremont Saint-Hubert

2 Les conférences constitutionnelles


Dollard- Côte-
des-Ormeaux Saint-
Luc Westmount Saint-Lambert
Pierrefonds
Dorval Greenfield Park Sept-îles
QUÉBEC

Manicoua
Lachine Brossard
Pointe-

Rivière gan
Beaconsfield

de 1987 à 1992 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 528


Claire Verdun
LaSalle

Châteauguay
Baie-Comeau

De nouveaux acteurs pour les négociations


Hauterive
nt
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Lac Saguenay nt
Rouyn Saint- ai Matane

constitutionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 528
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Val-d’Or Jonquière La Baie

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Rivière

La commission Bélanger-Campeau Rivière-du-Loup

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NOUVEAU-

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BRUNSWICK
La Tuque

et le rapport Allaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 530 RÉGION DE RÉGION DE QUÉBEC

Riv
QUÉBEC

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e Grand-Mère Charlesbourg
des
Le référendum sur l’entente de Charlottetown . . . . . 531 O uta
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Shawinigan
Trois-Rivières
Cap-de-la-Madeleine
Rivière
Chaudière Vanier
Beauport

Gatineau Joliette Sorel Victoriaville Thetford Mines L’Ancienne- Québec Lauzon

3 Le référendum sur la souveraineté


Saint-Jérôme Tracy Lorette
Aylmer Drummondville
Lachute Lévis
Saint-Hyacinthe Rivière Sainte-Foy
Gatineau Belœil Saint-François Sillery
ONTARIO Hull Salaberry- Sherbrooke

de 1995 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 540
de-Valleyfield Granby Magog
0 100 km RÉGION DE Saint-Jean-sur- ÉTATS-UNIS
MONTRÉAL Richelieu

Le contexte et les enjeux du référendum . . . . . . . . . . 541 10.3 Le territoire du Québec, vers 1980. En 1981,
La campagne référendaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542 le Québec compte environ 6 450 000 habitants.
Les actions postréférendaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 544

4 Les récessions des années 1980 et 1990 546


Les impacts des récessions sur l’économie . . . . . . . . . 546
Les impacts des récessions sur la population . . . . . . . 548
Les interventions de l’État et de la société civile . . . 550

5 Le Québec à l’heure
de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 558
L’économie mondiale et le libre-échange . . . . . . . . . . 558
EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE
Les impacts du libre-échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 560
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1 ACTIVITÉS p. 534
6 La remise en question
de l’État-providence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 564 2 ACTIVITÉS p. 537
La dette publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 564 3 ACTIVITÉS p. 552
La protection de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 566
4 ACTIVITÉS p. 555
7 Les enjeux environnementaux . . . . . . . . . . . 572
La création d’institutions gouvernementales . . . . . . 572 5 ACTIVITÉS p. 562
Les premières mesures environnementales . . . . . . . . 573 6 ACTIVITÉS p. 570
L’exploitation des ressources et l’opinion publique 574
Les changements climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 575 7 ACTIVITÉS p. 576

8 Les droits des Autochtones . . . . . . . . . . . . . . 578 8 ACTIVITÉS p. 584


Les conditions de vie des Autochtones . . . . . . . . . . . . 578
Les Autochtones et la Constitution de 1982 . . . . . . . . . 579
Les droits des communautés autochtones du Québec 579
La création du Nunavut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 582

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 521

À découvrir dans le dossier 10


Régions administratives
Nunavut du Québec
Salluit D 01 Bas-Saint-Laurent
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ro 02 Saguenay–Lac-Saint-Jean
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Hu 03 Capitale-Nationale
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04 Mauricie
05 Estrie
06 Montréal
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Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

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Longueuil 05 Frontière de la province
Gatineau
Ontario 16 Sherbrooke LAVAL
Saint-Jean- Limite de la
sur-Richelieu
région administrative
Lac 06
Champlain Capitale de la province
MONTRÉAL
Ville de plus de
1 million d’habitants
É T A T S - U N I S Ville de moins de
0 200 km
1 million d’habitants 0 10 km

10.4 Les régions administratives du Québec. En 1966, le Québec est divisé en 10 régions administratives (alors appelées
« districts »). Depuis 1997, il y a 17 régions administratives. Chacune a un ministre responsable qui traite des enjeux locaux avec
le gouvernement.

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522 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.5 La conférence constitutionnelle du 5 novembre 1981. C’est au cours de cette conférence que le premier ministre du Canada présente
le projet de rapatriement de la Constitution sur lequel le gouvernement fédéral et neuf provinces se sont entendus.

OI ÉTABLIR DES FAITS. Nommez la province qui n’a pas donné son accord au rapatriement de la Constitution.

1 Le référendum de 1980 et le
rapatriement de la Constitution
Le gouvernement de René Lévesque, élu en 1976, a comme objectif de faire
du Québec un État souverain. Il fait la promesse à la population de tenir un
référendum sur la souveraineté-association avant la fin de son mandat, en 1981.
Les résultats du référendum de 1980 démontrent le rejet de l’option souverai-
niste par la majorité de la population. Le gouvernement fédéral de Pierre Elliott
Trudeau se met alors à la tâche de renouveler le fédéralisme canadien. Une
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

série de démarches sont entreprises pour rapatrier et modifier la Constitution.

Le référendum sur la souveraineté-association


Le 1er novembre 1979, le gouvernement Lévesque présente à l’Assemblée natio-
nale son projet de souveraineté-association. Dans un document intitulé La nou-
velle entente Québec-Canada, il propose que le Québec devienne un État souverain
et qu’il demeure associé au Canada sur le plan économique. Cette entente vise,
entre autres, à conserver la même monnaie, le dollar canadien, à partager cer-
taines institutions, comme la Banque du Canada, et à assurer la libre-­circulation
des biens et des personnes.

CHRONOLOGIE 18 février 1980 Élection du gouvernement Trudeau 20 mai 1980


(Parti libéral du Canada). Référendum sur
1er nov. 1979 Dépôt du projet la souveraineté-
La nouvelle entente Québec-Canada. association.

1979 1980

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 523

Au Québec, le projet de souveraineté-­


association divise la population. Certains 10.6 Les différents groupes linguistiques du Québec vers 1980.
francophones appuient le projet sans
réserve, alors que d’autres s’opposent à 11 %
l’in­dépendance du Québec et critiquent
ouvertement le souverainisme.
6% Allophones

Les anglophones et les allophones sont en 1% Anglophones


Francophones
très grande majorité contre le pro­­jet de sou-
veraineté, plus encore depuis l’adoption de
la loi 101, en 1977. Ailleurs au Canada, le
82 % Langues
autochtones

projet de souveraineté-­association est très Source : Statistique Canada, Recensements de la population de 1981,
mal accueilli. [En ligne]. (Consulté le 7 octobre 2016.)

10.8 La page couverture du projet


de souveraineté-association
10.7 Des affiches des camps du OUI et du NON lors du référendum de 1980. du gouvernement Lévesque,
Partout au Québec, les citoyens sont nombreux à afficher leur choix publié en 1979.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

DÉTERMINER DES CAUSES


Le retour au pouvoir du gouvernement Trudeau OI ET DES CONSÉQUENCES.

En 1980, le Parti libéral de Pierre Elliott Trudeau remporte les élections fédé­­ Qu’entraînerait une victoire du
OUI au référendum de 1980 ?
rales avec une écrasante majorité au Québec. Le retour au pouvoir du gouver-
nement Trudeau, qui s’est toujours opposé au mouvement souverainiste,
change la dynamique de la campagne référendaire.

CONCEPT
La campagne référendaire de 1980 Souverainisme
Mouvement politique qui revendique
La campagne officielle du référendum sur la souveraineté-association est lancée que le Québec devienne un État souverain.
le 15 avril 1980 et la date du scrutin est fixée au 20 mai. Ce mouvement s’oppose au fédéralisme.

13 avril 1981 Réélection du 2-5 novembre 1981 Conférence 4-5 novembre 1981
gouvernement Lévesque constitutionnelle à Ottawa. « Nuit des longs couteaux ».
(Parti québécois).
17 avril 1982 Proclamation de la
Loi constitutionnelle de 1982.

1981 1982

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 523 2018-08-07 12:42 PM


524 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

Au cours de la campagne référendaire, le camp du OUI a de nombreux parti-


sans. Les sondages montrent cependant qu’une importante partie de la popu-
lation québécoise n’est pas en faveur du projet de souveraineté.
Invalider
Claude Ryan, alors chef du Parti libéral du Québec et chef de l’opposition officielle
Rendre non valable, ou illégal, en parlant
d’une loi. au gouvernement, mène une campagne plutôt sobre pour le NON jusqu’à l’entrée
en scène du premier ministre Trudeau. Le 14 mai 1980, soit
moins d’une semaine avant le jour du scrutin, le premier
La question référendaire de 1980 ministre du Canada fait un discours à Montréal devant une
foule de plus de 10 000 partisans. Il promet de renouveler
Le Gouvernement du Québec a fait
connaître sa proposition d’en arriver, avec le fédéralisme canadien en négociant les termes d’une
le reste du Canada, à une nouvelle entente ­nouvelle constitution, advenant le cas d’une victoire du
fondée sur le principe de l’égalité des peuples ; NON au référendum.
cette entente permettrait au Québec d’acquérir Le soir du 20 mai 1980, le NON l’emporte avec 59,6 % des
le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir voix. Lors de son allocution, René Lévesque s’engage à
ses impôts et d’établir ses relations extérieures, respecter la décision des électeurs québécois et à négocier
ce qui est la souveraineté, et, en même temps, une entente constitutionnelle avec Ottawa.
de maintenir avec le Canada une association
économique comportant l’utilisation de la même
monnaie ; aucun changement de statut politique
résultant de ces négociations ne sera réalisé
Le rapatriement de la Constitution
sans l’accord de la population lors d’un autre Après la défaite du OUI, le premier ministre Lévesque
référendum ; en conséquence, accordez-vous compte défendre les intérêts de la province lors des pro-
au Gouvernement du Québec le mandat de chaines négociations constitutionnelles. Il souhaite que le
négocier l’entente proposée entre le Québec reste du Canada reconnaisse le caractère distinct du
et le Canada ? Québec et de ses institutions. Il veut également que la
province ait un droit de veto sur toute modification future
à la Constitution.

Les négociations constitutionnelles


Dès les premières rencontres officielles, Pierre Elliott
Trudeau indique son intention de modifier la Constitution.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Il veut centraliser davantage de pouvoirs à Ottawa et inté-


grer dans la Constitution une charte garantissant à tous
les citoyens du pays les mêmes droits constitutionnels. En
proposant d’inclure une Charte canadienne des droits et
libertés dans la Constitution, il souhaite invalider toute
loi provinciale qui pourrait b
­ rimer les droits des minorités
linguistiques au pays, comme la loi 101.
La plupart des provinces s’opposent fortement au projet
10.9 Le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, centralisateur de Pierre Elliott Trudeau. Le Québec refuse
Claude Ryan et Jean Chrétien, alors ministre de la Justice, qu’une charte des droits et libertés fasse partie inté-
après l’annonce de la victoire du NON.
grante de la Constitution.

CHRONOLOGIE 18 février 1980 Élection du gouvernement Trudeau 20 mai 1980


(Parti libéral du Canada). Référendum sur
1er nov. 1979 Dépôt du projet la souveraineté-
La nouvelle entente Québec-Canada. association.

1979 1980

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 525

10.11 Les résultats


du référendum sur la
souveraineté-association.

59,6  %

40,4  %
10.10 René Lévesque, visiblement déçu des résultats du référendum de 1980.
Le premier ministre commence ainsi son discours à la population québécoise : « Si je vous ai bien
compris, vous êtes en train de dire… à la prochaine fois ! » À droite, sa conjointe, Corinne Côté-
Lévesque, et Lise Payette, alors ministre d’État à la Condition féminine.

Le rapatriement unilatéral de la Constitution


Le 2 octobre 1980, le gouvernement Trudeau dépose à la Chambre des com-
munes une résolution pour le rapatriement unilatéral de la Constitution, c’est-
à-dire sans l’accord des provinces. Une vague de protestation déferle partout
au Canada. Huit provinces font front commun contre le gouvernement fédéral,
dont le Québec.
Au printemps 1981, le Québec, le Manitoba et Terre-Neuve font appel à la Cour
suprême du Canada pour vérifier la légalité du projet de rapatriement unilatéral
de la Constitution. En septembre de la même année, la Cour suprême tranche :
le rapatriement unilatéral de la Constitution est légal.

La réélection du gouvernement
Lévesque en 1981
En avril 1981, le Parti québécois revient au pouvoir avec
neuf sièges de plus qu’en 1976. Ainsi, même si une majorité
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

d’électeurs québécois est en désaccord avec l’option sou-


verainiste du gouvernement, une plus grande majorité
encore estime que René Lévesque est la meilleure per-
sonne pour négocier avec Ottawa.

Une dernière vague de négociations


Au début des négociations, le « Groupe des huit » résiste aux
pressions du gouvernement Trudeau. Mais dans la nuit du 10.12 Le « Groupe des huit », le matin du 3 novembre 1981.
4 au 5 novembre, des rencontres informelles se tiennent Les provinces canadiennes, à l’exception du Nouveau-Brunswick et
dans un hôtel d’Ottawa, où les délégations provinciales de l’Ontario, forment le « Groupe des huit ». Chacune d’entre elles
est représentée par son premier ministre.
séjournent, sauf celle du Québec. Les représentants

13 avril 1981 Réélection du 2-5 novembre 1981 Conférence 4-5 novembre 1981
gouvernement Lévesque constitutionnelle à Ottawa. « Nuit des longs couteaux ».
(Parti québécois).
17 avril 1982 Proclamation de la
Loi constitutionnelle de 1982.

1981 1982

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 525 2018-08-07 12:42 PM


526 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

présents de chacune des provinces se laissent convaincre de la nécessité du rapa-


triement. La délégation du Québec est toutefois tenue à l’écart des discussions.
Au matin du 5 novembre, René Lévesque apprend qu’un accord est conclu sans
que le Québec soit consulté. Avec le consentement de 9 provinces sur 10, le
gouvernement fédéral peut alors rapatrier la Constitution.

La Loi constitutionnelle de 1982


La Constitution canadienne est rapatriée le 17 avril 1982, sans l’accord ni la
signature du Québec. L’adoption de Loi constitutionnelle de 1982 amende l’Acte
de l’Amérique du Nord britannique (AANB) signé en 1867. Cette nouvelle loi, qui
fait maintenant partie de la Constitution canadienne, ne modifie toutefois pas les
ANECDOTE champs de compétence du gouvernement fédéral ni ceux des provinces.
La « Nuit des longs couteaux »
Au Québec, cette rencontre, qui s’est dé-
roulée la nuit du 4 au 5 novembre 1981, est Les impacts du rapatriement de la Constitution
appelée la « Nuit des longs couteaux ».
Cette expression fait référence à un évé- La Charte canadienne des droits et libertés devient la loi fondamentale au pays.
nement du même nom survenu en 1934, Aucune autre loi ne peut aller à son encontre, tant au niveau fédéral, provincial
avant la Seconde Guerre mondiale, au que municipal. L’inclusion de la Charte dans la Constitution atteste que le Canada
cours duquel des personnes menaçant le
statut politique d’Adolf Hitler ont été est une société de droit, c’est-­à-dire une société qui reconnaît les mêmes droits
assassinées. fon­damentaux à tous les citoyens. La Charte soumet le pouvoir législatif des
Dans le reste du Canada, on utilise plu- parlements fédéral, provinciaux et territoriaux à la Cour suprême du Canada,
tôt l’expression « The Kitchen Meeting »
­[l’Assemblée de cuisine] pour désigner les
une institution juridique formée de personnes non élues.
pour­p arlers constitutionnels de cette Au Québec, la Charte canadienne des droits et libertés est mal accueillie par une
nuit-là, qui ont eu lieu dans la cuisine d’un
hôtel ­d’Ottawa. grande par­t­ie des francophones, car elle menace directement la Charte de la
langue française (loi 101).

10.14 Quelques éléments de la Loi constitutionnelle


de 1982.

L’introduction d’une formule


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

L’insertion de la Charte
d’amendement prévoyant canadienne des droits et
l’unanimité des provinces libertés dans la Constitution.
pour modifier la Constitution

Loi constitutionnelle
de 1982.

La reconnaissance et la
La reconnaissance officielle
10.13 Les premiers ministres Trudeau et Lévesque au confirmation des droits des
de la péréquation.
terme des négociations constitutionnelles, le 5 novembre peuples autochtones.
1981. Au centre, le vice-premier ministre du Canada, Allan MacEachen.

CHRONOLOGIE 18 février 1980 Élection du gouvernement Trudeau 20 mai 1980


(Parti libéral du Canada). Référendum sur
1er nov. 1979 Dépôt du projet la souveraineté-
La nouvelle entente Québec-Canada. association.

1979 1980

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 527

Péréquation
Système de transfert de sommes d’argent du
10.15 Depuis le 17 avril 1982, la Charte canadienne des droits et libertés fait partie gouvernement fédéral par lequel les provinces
intégrante de la Constitution. plus pauvres reçoivent de l’argent des provinces
plus riches.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

13 avril 1981 Réélection du 2-5 novembre 1981 Conférence 4-5 novembre 1981
gouvernement Lévesque constitutionnelle à Ottawa. « Nuit des longs couteaux ».
(Parti québécois).
17 avril 1982 Proclamation de la
Loi constitutionnelle de 1982.

1981 1982

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 527 2018-08-07 12:42 PM


528 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.16 L’allocution du premier ministre Brian Mulroney sur l’Accord du lac Meech, le 30 avril 1987. Les 10 provinces et le gouvernement
fédéral s’entendent sur un projet de modification de la Constitution

OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel premier ministre du Québec négocie l’Accord du lac Meech ?

2 Les conférences
constitutionnelles de 1987 à 1992
Après l’adoption de la Loi constitutionnelle de 1982, le paysage politique du
Canada et du Québec change. Sur la scène fédérale, Pierre Elliott Trudeau quitte
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

officiellement la vie politique le 30 juin 1984. Quelques mois plus tard, le Parti
progressiste-conservateur est élu et Brian Mulroney devient le nouveau premier
ministre du Canada.

De nouveaux acteurs pour les négociations


constitutionnelles
Brian Mulroney souhaite entamer une nouvelle ronde de négociations pour que
le Québec puisse signer la Constitution « avec honneur et enthousiasme », selon
ses mots. René Lévesque accepte la démarche de Brian Mulroney, qu’il qualifie
de « beau risque ». Sa position ne fait toutefois pas l’unanimité chez les membres

CHRONOLOGIE 17 avril 1982 1985 Reconnaissance


Proclamation de la des nations autochtones
20 mai 1980 Référendum Loi constitutionnelle et de leurs droits par le
sur la souveraineté- de 1982. gouvernement du Québec.
association.

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 529

du Parti québécois. Plusieurs ministres et députés quittent le gouvernement


et le parti. Affaibli par ces démissions, le premier ministre René Lévesque quitte
son poste le 20 juin 1985.
Le Parti libéral du Québec reprend le pouvoir lors des élections provinciales de
septembre 1985. Pour la seconde fois, Robert Bourassa devient premier ministre
du Québec. Brian Mulroney et lui seront les principaux acteurs des nouvelles
négociations constitutionnelles qui se dérouleront entre 1986 et 1992.

La rencontre du lac Meech


Les discussions constitutionnelles s’échelon­­nent sur plusieurs mois. La plupart
des provinces refusent d’accorder au Québec un statut de société distincte
au sein de la fédération canadienne.
En avril 1987, Brian Mulroney rencontre les 10 premiers ministres provinciaux à
sa résidence secondaire officielle, située au lac Meech, en Outaouais. Toutes les
provinces s’entendent sur un accord qui respecte les cinq demandes du Québec.
L’Accord du lac Meech est officiellement signé le 3 juin 1987, à Ottawa.

L’échec de l’Accord du lac Meech


La signature des 11 premiers ministres ne permet pas l’application immédiate 10.17 Les premiers ministres
de l’Accord, car celui-ci prévoit une modification à la formule d’amendement Brian Mulroney et Robert Bourassa
de la Loi cons­titutionnelle de 1982. Pour être valide, l’accord doit être ratifié lors de la signature de l’Accord
du lac Meech, le 3 juin 1987.
par le Parlement fédéral et par celui de chacune des provinces.

10.18 Les demandes constitutionnelles minimales du Québec en 1987.


En mai 1987, le gouvernement
Bourassa rend publiques cinq conditions ANECDOTE
minimales pour que le Québec
accepte de signer la Constitution. L’effet «Trudeau »
La reconnaissance Un cadre pour Entre 1987 et 1990, l’ancien premier
du Québec comme limiter le pouvoir de ministre Pierre Elliott Trudeau critique sévè-
dépenser d’Ottawa rement l’Accord du lac Meech dans
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

société distincte.
en territoire les médias. Selon lui, l’entente affaiblit les
québécois. pouvoirs du gouvernement fédéral. En 1988,
L’obtention il s’adresse au Sénat canadien pour lui
d’un droit de veto Un droit de
demander de bloquer l’entente. Plusieurs
sur des changements regard sur la
Des pouvoirs considèrent que les interventions publiques
constitutionnels nomination des
accrus en matière de l’ancien premier ministre contribuent
futurs. juges québécois
d’immigration. à l’échec de l’Accord du lac Meech.
à la Cour suprême
du Canada.

Société distincte
Expression synonyme de « nation », qui réfère
au caractère unique du Québec au sein du Canada.
OI METTRE EN RELATION Quelle demande constitutionnelle du Québec
DES FAITS. associez-vous au pouvoir judiciaire ? Formule d’amendement
Processus qui permet de modifier la Constitution.

1988 Décriminalisation 1992 Référendum Accord de


1989 Chute du mur 1990 Échec de Meech.
de l’avortement. sur l’Accord de Charlottetown.
de Berlin. Crise d’Oka. Charlottetown.
1987 Protocole Accord du Tragédie à l’École
de Montréal. lac Meech. polytechnique.

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992

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530 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

L’Assemblée nationale du Québec et la Chambre des communes sont les pre-


mières à voter en faveur de l’Accord. Ailleurs au Canada, cet accord est de plus
en plus critiqué. Une partie de la population canadienne accepte difficilement
qu’un statut particulier soit accordé au Québec. Les peuples autochtones
contestent aussi l’entente. Finalement, toutes les provinces signent l’entente
dans les délais prévus, sauf le Manitoba et Terre-Neuve.
Le 22 juin 1990, le premier ministre Robert Bourassa annonce l’annulation de
l’Accord du lac Meech à l’Assemblée nationale. Au Québec, cet échec contribue à
la remontée du mouvement souverainiste.

10.19 Elijah Harper (1949-2013).


Élu au Parlement du Manitoba, ce politicien
d’origine crie a grandement contribué à
l’échec de l’Accord du lac Meech en refusant
de l’approuver. Ardent défenseur des droits
des Autochtones, il reproche à cet accord de
tenir compte des demandes du Québec, sans
toutefois considérer celles des Autochtones.

10.20 La Fête nationale du Québec, à Montréal, le 24 juin 1990. Au lendemain


de l’annulation de l’Accord du lac Meech, des centaines de milliers de Québécois descendent
dans la rue pour participer au défilé de la Fête nationale du Québec

OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel courant de pensée peut être associé à la fête
nationale du Québec ?
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Extrait de l’allocution de Robert Bourassa


La commission Bélanger-Campeau
à l’Assemblée nationale, le 22 juin 1990. et le rapport Allaire
Le Canada anglais doit comprendre de En septembre 1990, le gouvernement Bourassa annonce la
façon très claire que, quoi qu’on dise et création d’une commission sur l’avenir du Québec, présidée
quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui par Michel Bélanger et Jean Campeau. Pendant plusieurs mois,
et pour toujours, une société distincte, cette commission mène des consultations publiques en
libre et capable d’assumer son destin vue de formuler des recommandations à l’Assemblée natio-
et son développement. nale sur le statut politique et constitutionnel du Québec.
Son rapport, déposé en mars 1991, recommande la tenue

CHRONOLOGIE 17 avril 1982 1985 Reconnaissance


Proclamation de la des nations autochtones
20 mai 1980 Référendum Loi constitutionnelle et de leurs droits par le
sur la souveraineté- de 1982. gouvernement du Québec.
association.

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 531

d’un référendum sur la souveraineté avant la fin de ­l’année 1992, à moins


qu’Ottawa présente de nouvelles offres pour répondre aux demandes minimales
du Québec.
Le rapport Bélanger-Campeau fait écho au rapport Allaire, un document déposé
deux mois plus tôt par un comité présidé par Jean Allaire. Ce dernier est mandaté
par le Parti libéral du Québec pour définir la position constitutionnelle du parti
après l’échec de l’Accord du lac Meech. Son rapport recommande une nouvelle
répartition des pouvoirs de même qu’une entente constitutionnelle qui comblera
les demandes du gouvernement du Québec dans les 18 prochains mois, sans
quoi le gouvernement pourrait tenir un référendum sur la souveraineté.

L’Accord Canada-Québec
Le 1er avril 1991, un accord proposant des modifications à la Constitution en
matière d’immigration entre en vigueur. L’Accord Canada-Québec relatif à l’im-
migration et à l’admission temporaire des aubains, connu sous le nom d’« Accord Aubain
Canada-Québec », remplace toutes les ententes existantes, notamment l’Entente Individu qui a sa résidence dans un pays étranger
sans y détenir la nationalité.
Cullen-Couture de 1979.
L’Accord Canada-Québec met en vigueur ce que l’Accord du lac Meech proposait
10.21 Les étapes menant
concernant l’admission et la sélection des immigrants, leur nombre, les procé-
à l’adoption de la loi 150.
dures d’accueil et d’intégration à appliquer, etc.

Une loi sur l’avenir politique Échec de


et constitutionnel du Québec l’Accord du
lac Meech.
Le 20 juin 1991, en vertu des recommandations du rapport Bélanger-Campeau
et du rapport Allaire, le gouvernement Bourassa adopte la Loi sur le processus
de détermination de l’avenir politique et constitutionnel du Québec, aussi appe- Dépôt
du rapport
lée « loi 150 ». Celle-ci oblige le gouvernement du Québec à tenir un référendum Allaire.
Dépôt du
sur la souveraineté avant le 26 octobre 1992. Le premier ministre annonce aussi rapport
qu’il ne sera plus question de négocier avec les provinces, mais seulement avec Bélanger-
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

le gouvernement fédéral. Campeau.

Le référendum sur l’entente de Charlottetown


Au début de l’été 1992, le gouvernement fédéral entreprend de nouvelles négo- Adoption de la
ciations constitutionnelles avec les gouvernements des provinces, mais aussi avec loi 150 : obligation
de la tenue d’un
ceux des territoires, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest, et avec quatre
référendum par
groupes de représentants autochtones. Le gouvernement du Québec refuse tou- le gouvernement
tefois de participer à cette première ronde de discussions. Le 7 juillet 1992, le du Québec.
gouvernement Mulroney annonce qu’il est prêt à faire une offre au Québec. Le
premier ministre Bourassa se joint alors aux discussions.

1988 Décriminalisation 1992 Référendum Accord de


1989 Chute du mur 1990 Échec de Meech.
de l’avortement. sur l’Accord de Charlottetown.
de Berlin. Crise d’Oka. Charlottetown.
1987 Protocole Accord du Tragédie à l’École
de Montréal. lac Meech. polytechnique.

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992

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532 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

Le contenu de l’Accord de Charlottetown


Le projet de renouvellement de la Constitution proposé par
le gouvernement Mulroney, appelé « Accord de Charlotte­
town », est la plus vaste réforme constitutionnelle entreprise
depuis la création de la fédération canadienne, en 1867.
L’Accord tient compte des cinq demandes minimales du
Québec, en plus de redéfinir de nombreux aspects de la
Constitution :
• la séparation des pouvoirs entre Ottawa et les provinces ;
• la reconnaissance du principe d’autodétermination
des nations autochtones ;
• une réforme du Sénat canadien ;
10.22 La campagne référendaire sur l’Accord de
Charlottetown. En 1992, Brian Mulroney tente de convaincre
• une représentation proportionnelle des sièges à la
Chambre des communes, c’est-à-dire qui tient compte
la population canadienne d’appuyer l’Accord de Charlottetown.
du poids de la population de chaque province.

Les 17 participants aux négociations constitutionnelles


de l’Accord de Charlottetown.
• Le gouvernement fédéral.
• Les 10 gouvernements provinciaux.
• Les 2 gouvernements territoriaux.
• Les 4 représentants autochtones : l’Assemblée des Premières
Nations, le Conseil national des autochtones du Canada,
Inuit Tapirisat du Canada et le Ralliement national des Métis.

La question référendaire de 1992.

Acceptez-vous que la Constitution du Canada


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

soit renouvelée sur la base de l’entente conclue


le 28 août 1992 ?

La signature de l’Accord de Charlottetown


Le 28 août 1992, le texte final de l’Accord est signé. Plutôt que de soumettre
l’entente de Charlottetown aux votes de chacune des assemblées législatives du
pays, Brian Mulroney propose de tenir un référendum national. Une majorité de
la popula­tion de chaque province et de chaque territoire devra donc être favo-
Autodétermination
Pouvoir d’un peuple de déterminer son statut rable à l’Accord de Charlottetown pour le valider. La date du référendum sur
politique. l’Accord de Charlottetown est fixée au 26 octobre 1992.

CHRONOLOGIE 17 avril 1982 1985 Reconnaissance


Proclamation de la des nations autochtones
20 mai 1980 Référendum Loi constitutionnelle et de leurs droits par le
sur la souveraineté- de 1982. gouvernement du Québec.
association.

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 533

Les résultats du vote


Le soir du 26 octobre 1992, les résultats sont très partagés à travers le pays. Les
populations de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, de
Terre-Neuve et des Territoires du Nord-Ouest votent majoritairement pour l’Accord,
alors que celles du Yukon et des autres provinces, dont le Québec, sont contre.
Plusieurs facteurs expliquent le rejet de
l’Accord. Au Québec, par exemple, de
10.23 Les résultats du référendum sur l’Accord de Charlottetown
nombreuses personnes considèrent
de 1992, au Canada et au Québec.
que cette entente n’accorderait pas suf-
fisamment de pouvoir au Québec. Dans
NON
54,3  % 56,7  %
les autres provinces, les opinions diver- NON
gent aussi. Certaines personnes s’op-
posent notamment à la reconnaissance
du Québec comme société distincte,
45,7  % OUI 43,3  % OUI
d’autres s’opposent à la réforme du
Sénat proposée dans l’Accord.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1988 Décriminalisation 1992 Référendum Accord de


1989 Chute du mur 1990 Échec de Meech.
de l’avortement. sur l’Accord de Charlottetown.
de Berlin. Crise d’Oka. Charlottetown.
1987 Protocole Accord du Tragédie à l’École
de Montréal. lac Meech. polytechnique.

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992

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534 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE


1. Le référendum de 1980 et le rapatriement de la Constitution

1 Qui est le premier ministre à la suite des élections :

a) provinciales en 1976 ?

b) fédérales en 1980 ?

2 a) Expliquez en quoi consiste le projet de souveraineté-association proposé par le


gouvernement Lévesque dans son document La nouvelle entente Québec-Canada.

b) Quels buts le gouvernement Lévesque vise-t-il par l’association économique du Québec


avec le Canada ?

3 Encerclez les groupes qui sont majoritairement contre le projet de souveraineté-association


proposé par le gouvernement Lévesque.

a) Les anglophones et les allophones du Québec.     b) Les francophones du Québec.

c) La population du Canada à l’extérieur du Québec.

4 a) Remplissez le tableau portant sur le référendum de 1980.

Camp Parti politique au Québec Chef

Camp du OUI

Camp du NON
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

b) Indiquez la position du gouvernement Trudeau par rapport au référendum.

c) Que promet Pierre Elliott Trudeau aux Québécois pour les inciter à voter NON
au référendum ?

5 Lisez le texte sur la question référendaire de 1980 à la page 524, OI ÉTABLIR DES FAITS.
puis répondez aux questions.
a) Sur quel principe repose l’entente que désire conclure le gouvernement Lévesque
avec le reste du Canada ?

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 535

b) Que vise le Québec par cette entente ?

c) À quoi s’engage le gouvernement Lévesque avant de procéder à un quelconque


changement de statut politique ?

6 Inscrivez les résultats du référendum de 1980, puis surlignez le résultat du gagnant.

Résultat Résultat

7 La défaite du OUI au référendum a-t-elle empêché le Parti québécois de se faire réélire


aux élections suivantes ? Expliquez votre réponse.

8 Placez les événements se rapportant au rapatriement de la Constitution en ordre


chronologique sur la ligne du temps.

A. Lors des premières rencontres, Pierre Elliott Trudeau confirme son intention de modifier
la Constitution afin de centraliser davantage le pouvoir à Ottawa et d’y inclure une Charte
canadienne des droits et libertés.

B. Un accord visant le rapatriement de la Constitution est conclu par 9 des 10 provinces.

C. Après la défaite référendaire, René Lévesque compte défendre les intérêts du Québec
lors des prochaines négociations constitutionnelles.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

D. Pierre Elliott Trudeau promet de renouveler le fédéralisme canadien en négociant les


termes d’une nouvelle constitution, advenant le cas d’une victoire du NON au référendum.

E. Le gouvernement Trudeau dépose à la Chambre des communes une résolution pour


le rapatriement unilatéral de la Constitution.

F. La Cour suprême juge légal le rapatriement unilatéral de la Constitution.

G. Des rencontres informelles ont lieu dans un hôtel à Ottawa en vue du rapatriement
de la Constitution. La délégation du Québec est tenue à l’écart.

A F

9 Quelle province n’a pas donné son consentement en vue du rapatriement de la Constitution ?

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536 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10 Indiquez le numéro correspondant au moment associé à chacun METTRE EN RELATION


OI DES FAITS.
des documents.

Document A : La répartition des participants au référendum. Moments

1) Avant le référendum de 1980.


Groupes linguistiques OUI NON
2) Lors du référendum de 1980.
Francophones 50 % 50 %
Source : M. ROY et D. ROY, Je me
3) Après le référendum de 1980.
Anglophones 4% 96 % souviens, Histoire du Canada et
du Québec, Guide d’enseignement,
Saint-Laurent, ERPI, p. 46 du 4) Lors de la réélection du gouver-
Allophones 10 % 90 %
module 7B. nement Lévesque de 1981.
5) Lors du rapatriement de
Document B
la Constitution en 1982.
« Si je vous ai bien compris, vous êtes en train
de nous dire “à la prochaine fois !” » Document C : Pierre Elliott Trudeau
Source : Discours de René Lévesque.
et la reine Élisabeth II.

Document D

« J’avais exprimé le souhait […] que la question


posée […] soit claire, qu’elle soit posée bientôt,
et qu’elle soit définitive […]. Malheureusement,
[…] [elle] n’est pas venue très vite […], elle n’est pas
définitive […], et certainement, elle n’est pas claire […] »
Source : Discours de Pierre Elliott Trudeau à la Chambre de communes.

Document F
Document E : Les élections provinciales québécoises.

Partis politiques Sièges Vote


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Parti québécois 80 49 %
Source : Le Directeur
Parti libéral 42 46 % général des élections
du Québec, [En ligne].
Union nationale 0 4% (Consulté le 24 avril
2017.)

Document G

« 2. Chacun a les libertés fondamentales suivantes :


a) liberté de conscience et de religion ;
b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion
et d’expression, y compris la liberté de la presse
et des autres moyens de communication ;
c) liberté de réunion pacifique ;
d) liberté d’association. »
Source : Charte canadienne des droits et libertés, [En ligne]. (Consulté le 24 avril 2017.)

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 537
EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE
2. Les conférences constitutionnelles de 1987 à 1992

1 Associez les documents aux événements appropriés. METTRE EN RELATION


OI DES FAITS.

Document A Événements

1) L’Accord du lac Meech.


2) L’échec de l’Accord du lac Meech.
3) La commission Bélanger-Campeau
et le rapport Allaire.
4) L’Accord de Charlottetown.
5) Le référendum sur l’Accord
de Charlottetown.

Document C
Document B
« J’ai l’honneur d’informer la
Chambre qu’à 10 heures hier soir,
les premiers ministres des provinces
et moi-même en sommes venus à une
entente de principe unanime pour
modifier la Constitution de façon
à permettre au Québec de réintégrer
le giron constitutionnel canadien.
Cette entente vient resserrer les liens
de notre pacte confédératif et renforcer
le caractère fédéral du Canada. »
Source : Compte rendu de la rencontre des premiers
ministres, 1er mai 1987.
Document D
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Document E
« Le Parlement du Québec décrète ce qui suit :
« À la fin de l’été 1992, les dix
Section 1
premiers ministres des provinces,
Institution et mandat
les dirigeants des Territoires et les
1. Est instituée, sous l’autorité de l’Assemblée leaders autochtones, réunis autour
nationale, la Commission sur l’avenir politique de Brian Mulroney, le premier ministre
et constitutionnel du Québec. canadien, s’entendent sur une réforme
2. La Commission a pour mandat d’étudier et des institutions politiques canadiennes. »
d’analyser le statut politique et constitutionnel Source : Archives radio de Radio-Canada, [En ligne].
(Consulté le 13 juin 2017.)
du Québec et de formuler, à cet égard,
des recommandations. »
Source : A.-G. GAGNON et D. LATOUCHE, Allaire, Bélanger, Campeau
et les autres : Les Québécois s’interrogent sur leur avenir, Montréal,
Éditions Québec/Amérique, 1991. Version numérique, p. 387.

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538 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

2 Indiquez, à l’aide de crochets, quels premiers ministres sont concernés par les énoncés.

René Robert Pierre Elliott Brian


Énoncés
Lévesque Bourassa Trudeau Mulroney

a) Il quitte officiellement la vie politique fédérale le 30 juin 1984.

b) Il entame des négociations constitutionnelles qualifiées


de « beau risque » par René Lévesque.

c) Il quitte son poste de premier ministre du Québec le 20 juin 1985.

d) Il devient premier ministre du Québec pour la seconde fois


en septembre 1985.
e) Ils entament des négociations constitutionnelles qui aboutissent
à la signature de l’Accord du lac Meech.
f) Il annonce l’annulation de l’Accord du lac Meech à l’Assemblée
nationale.
g) Il tente de convaincre la population du Canada d’appuyer
l’Accord de Charlottetown.

3 Complétez les textes suivants à l’aide des éléments des encadrés.

anglais Canada droit de veto fédéral immigration Manitoba Ottawa participation


provinces Québec ratifier Robert Bourassa société distincte statut

A. L’Accord du lac Meech.

Une démarche de réconciliation entre le Canada et le Québec est entreprise avec l’arrivée au pouvoir de Brian
Mulroney à et de Robert Bourassa à  .
pose cinq conditions :

le du Québec sur la question constitutionnelle ;


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

la reconnaissance du de société distincte ;

la limitation du pouvoir dans les domaines de compétence provinciale ;

la du Québec aux nominations des juges à la Cour suprême


du ;

davantage de pouvoir en matière d’ .

En 1987, l’Accord du lac Meech est conclu entre le premier ministre du Canada et ceux
des 10 . Mais une forte opposition s’élève au Canada
contre la reconnaissance de la  .
En 1990, Terre-Neuve et le refusent de
l’entente de 1987, ce qui met fin à l’Accord du lac Meech.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 538 2018-08-07 12:42 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 539

constitutionnelle demandes gouvernement négociations politique population


pouvoirs Québécois rapport référendum (2) rejetée Robert Bourassa souveraineté

B. L’Accord de Charlottetown.

À la suite de l’échec du lac Meech, le du Québec crée la commission


Bélanger-Campeau, qui est chargée de redéfinir le statut et constitutionnel
du Québec. Dans son , la commission recommande la tenue d’un
sur la . Le rapport Allaire
recommande une nouvelle répartition des et une nouvelle entente
qui comblera les du gouvernement
du Québec. Le gouvernement fédéral entreprend alors de nouvelles
constitutionnelles. Le 28 août 1992, le premier ministre et les autres
participants signent l’Accord de Charlottetown. La canadienne
se prononce sur cette entente par , le 26 octobre. L’entente est
par la majorité des Canadiens et des .

4 Reliez les énoncés aux accords auxquels ils correspondent.

a) Pouvoirs accrus du gouvernement du Québec


en matière d’immigration.

b) Réforme du Sénat canadien. Accord du lac Meech.

c) Reconnaissance du Québec comme société distincte.

d) Représentation proportionnelle des sièges Accord de Charlottetown.


à la Chambre des communes.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

e) Principe d’autodétermination des nations autochtones.

ALASKA
5 a) Sur la carte du Canada, coloriez en bleu (É.-U.) Légende
les provinces et les territoires qui YUKON M er du
Oui
TERRITOIRES DU Non
rejettent l’Accord de Charlottetown et
A N PA C I F I Q U E

Labrador
NORD-OUEST
en rouge, les provinces et les territoires Baie TERR
E-N
E
qui sont en faveur de l’entente lors du d’Hudson
UV

référendum de 1992, puis complétez COLOMBIE- ALBERTA


E

BRITANNIQUE SASKATCHEWAN QUÉBEC ÎLE-DU-


la légende. MANITOBA PRINCE-ÉDOUARD
OCÉ

ONTARIO
SITUER DANS LE TEMPS NOUVELLE-ÉCOSSE
OI ET DANS L’ESPACE. NOUVEAU-BRUNSWICK

OCÉAN
b) Donnez un titre à la carte. 0 800 km ÉTATS-UNIS
AT L A N T I Q U E
OI ÉTABLIR DES FAITS.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 539 2018-08-07 12:42 PM


540 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.24 Des partisans du NON brandissant le drapeau du Canada, le 27 octobre 1995.

3 Le référendum sur
la souveraineté de 1995
Après les échecs successifs des accords du lac Meech et de Charlottetown, le
paysage politique du Québec et du Canada change à nouveau. En février 1993,
Brian Mulroney démissionne de son poste de premier ministre du Canada. En
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

septembre de la même année, c’est au tour de Robert Bourassa de quitter ses


fonctions de premier ministre du Québec.
Les élections fédérales de 1993, remportées par le Parti libéral de Jean Chrétien,
sont marquées par l’arrivée d’un nouveau parti sur la colline du Parlement. Il
s’agit du Bloc québécois, un parti souverainiste fondé en 1991, qui remporte
54 sièges au Québec. C’est non seulement la première fois qu’un parti souverai-
niste siège au Parlement canadien, mais c’est également la première fois qu’un
tel parti forme l’opposition officielle à la Chambre des communes.
Sur la scène provinciale, le Parti québécois remporte les élections en septembre
1994. Le nouveau premier ministre Jacques Parizeau souhaite tenir rapidement
un référendum sur la souveraineté du Québec.

CHRONOLOGIE 1994 Fondation de l’Action


1993 Élection du démocratique du Québec. 30 octobre 1995
1991 Fondation
gouvernement Chrétien Référendum sur
du Bloc québécois. Élection du gouvernement
(Parti libéral du Canada). la souveraineté.
Parizeau (Parti québécois).

1990 1991 1992 1993 1994 1995

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 540 2018-08-07 12:42 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 541

Le contexte et les enjeux du référendum


Depuis l’échec de l’Accord du lac Meech, la ferveur souverainiste est en hausse
au Québec. Le retour au pouvoir du Parti québécois et la présence du Bloc
québécois à Ottawa sem­blent avantager les souverainistes. Au début de l’année
1995, les sondages montrent que moins de 50 % des Québécois voteraient en
faveur de la souveraineté.

Le projet souverainiste de 1995


Le 12 juin 1995, le Parti québécois, le Bloc québécois et l’Action démocratique
du Québec (ADQ), un parti provincial créé en 1994 par d’anciens membres du
Parti libéral, s’entendent sur un projet commun : ils souhaitent que le Québec
devienne un État souverain et qu’il propose au Canada un traité politique et
économique.
Ce projet comprend la création de trois institutions :
• un conseil formé de ministres québécois et canadiens (pouvoir exécutif) ;
• une assemblée parlementaire formée d’élus québécois et canadiens (pouvoir
législatif) ;
• un tribunal pour régler d’éventuels désaccords avec Ottawa (pouvoir judiciaire).
Le 7 septembre 1995, le gouvernement Parizeau dépose à l’Assemblée nationale
le projet de loi sur l’avenir du Québec, qui s’appuie sur l’entente conclue entre
les trois partis. Cette loi prévoit qu’après un OUI au référendum, le gouverne-
ment du Québec présentera une offre formelle de partenariat économique et
politique avec le Canada avant de proclamer la souveraineté du Québec.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

ANECDOTE
Des Québécois à la tête
du gouvernement du Canada
Pendant 35 ans, soit de 1968 à 2003, le
poste de premier ministre du Canada est
occupé presque sans interruption par des
politiciens québécois : Pierre Elliott Trudeau
10.25 Des députés du Bloc québécois devant le Parlement du Canada, en 1993. (1968-1979 et 1980-1984), originaire de
Le 15 juin 1991, Lucien Bouchard, un ex-ministre du gouvernement Mulroney, fonde avec d’autres Montréal, Brian Mulroney (1984-1993),
députés le Bloc québécois. Ce parti souverainiste forme l’opposition officielle à la Chambre des né à Baie-Comeau, et Jean Chrétien (1993-
Communes de 1993 à 1997. 2003), originaire de Shawinigan.

1997 Déclaration 1998 Élection du 2000 Adoption de la loi sur


de Calgary. gouvernement Bouchard la clarté référendaire.
(Parti québécois).

1996 1997 1998 1999 2000

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542 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.26 Lucien Bouchard (1938-). 10.27 Les chefs des trois partis appuyant la souveraineté du Québec en 1995.
Membre fondateur du Bloc québécois et chef Le chef de l’Action démocratique du Québec, Mario Dumont, le premier ministre du Québec,
de ce parti de 1990 à 1996. Il quitte le Bloc Jacques Parizeau, et le chef du Bloc québécois et de l’opposition officielle à la Chambre
en 1996 et devient chef du Parti québécois, des communes, Lucien Bouchard.
puis premier ministre du Québec de 1996
à 2001. Il s’impose comme le véritable
porte-parole du camp du OUI lors de
DÉGAGER DES
OI DIFFÉRENCES ET En 1995, quelle position politique ces trois chefs
la campagne référendaire de 1995. DES SIMILITUDES. de partis partagent-ils ?

La campagne référendaire
Le 1er octobre 1995, la campagne référendaire est officiellement
déclenchée par le premier ministre Jacques Parizeau avec le dépôt
du projet de loi no 1, nommé « Loi sur l’avenir du Québec ». Le
premier ministre dirige le camp du OUI et Daniel Johnson, chef
du Parti libéral et de l’opposition officielle à Québec, est à la tête
du camp du NON.
Au Québec, les partisans du fédéralisme critiquent avec force le
projet souverainiste, qu’ils trouvent irréaliste. À Ottawa, le premier
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

ministre Jean Chrétien désapprouve la question référendaire : il la


trouve longue et confuse.

La question référendaire de 1995.

Acceptez-vous que le Québec devienne souverain,


après avoir offert formellement au Canada
un nouveau partenariat économique et politique,
10.28 Jacques Parizeau, chef du camp du OUI. Le dans le cadre du projet de loi sur l’avenir du
premier ministre Jacques Parizeau s’adresse à la population Québec et de l’entente signée le 12 juin 1995 ?
québécoise lors du référendum de 1995.

CHRONOLOGIE 1994 Fondation de l’Action


1993 Élection du démocratique du Québec. 30 octobre 1995
1991 Fondation
gouvernement Chrétien Référendum sur
du Bloc québécois. Élection du gouvernement
(Parti libéral du Canada). la souveraineté.
Parizeau (Parti québécois).

1990 1991 1992 1993 1994 1995

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 543

10.29 Le premier ministre Jean Chrétien lors du rassemblement pour le NON,


le 27 octobre 1995. Le premier ministre est accompagné par le nouveau chef du Parti
progressiste-­conservateur du Canada, Jean Charest, et du chef du Parti libéral du Québec,
Daniel Johnson, aussi à la tête du camp du NON.

ÉTABLIR
OI DES FAITS. Quelle est l’opinion de Jean Chrétien au sujet de la
DÉGAGER DES
souveraineté du Québec lors du référendum de 1995 ?
OI DIFFÉRENCES ET Son opinion est-elle semblable ou différente de celle du
DES SIMILITUDES. premier ministre du Québec ? Expliquez votre réponse.

Extrait du discours du premier ministre Jean Chrétien


à la nation canadienne, le 25 octobre 1995.

Ce n’est pas seulement l’avenir du Québec qui se décidera lundi,


c’est également celui de tout le Canada. C’est une décision
sérieuse et irréversible aux conséquences imprévisibles et incal­
culables. Un OUI mène à la destruction irréversible de l’union
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

économique et politique que nous avons actuellement,


rien de plus.

Des résultats extrêmement serrés


Le jour du vote référendaire, le 30 octobre 1995, plus de 93 % des électeurs ins-
crits sur les listes électorales vont voter, ce qui constitue un record de participa-
tion. Le NON l’emporte avec 50,6 % des voix contre 49,4 % pour le OUI. À peine
55 000 voix sur les 4,5 millions de bulletins séparent les deux camps. Les fran-
cophones ont voté à 60 % en faveur du OUI, alors qu’une plus forte majorité
d’anglophones et d’allophones, comme en 1980, ont voté en faveur du NON.

1997 Déclaration 1998 Élection du 2000 Adoption de la loi sur


de Calgary. gouvernement Bouchard la clarté référendaire.
(Parti québécois).

1996 1997 1998 1999 2000

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 543 2018-08-07 12:42 PM


544 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.30 Les résultats Légende


du référendum sur la Majorité de OUI
souveraineté de 1995. Majorité de NON

Sept-Îles
NON
50,58  % Chibougamau

ent
Baie-Comeau aur
int-L
Dolbeau- Sa Gaspé
Mistassini ve
eu
Fl Matane
Rouyn-Noranda
Chicoutimi Rimouski
49,42  % Parent Tadoussac

OUI
RÉGION
DE MONTRÉAL
Québec

Trois-Rivières RÉGION
Mont-Tremblant
Sorel Saint-Georges DE QUÉBEC Laval
Joliette
Drummondville
Hull Montréal Montréal
Sherbrooke Québec

0 150 km

10.31 La distribution des votes par circonscription électorale lors du référendum


de 1995. La distribution des votes montre que la plupart des circonscriptions où la population
est très majoritairement francophone votent pour le OUI lors du référendum de 1995.

Les actions postréférendaires


Le lendemain du vote référendaire, le premier ministre du Québec, Jacques
Parizeau, remet sa démission. Trois mois plus tard, en janvier 1996, Lucien
Bouchard démissionne de son poste de député à la Chambre des communes
pour remplacer Jacques Parizeau à la tête du Parti québécois. Il est ensuite
nommé premier ministre du Québec.

La question de la société distincte


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

En novembre 1995, Jean Chrétien présente une motion à la Chambre des com-
munes pour reconnaître le Québec comme société distincte au sein du Canada.
En septembre 1997, à Calgary, les premiers ministres des provinces anglophones
et du Nouveau-Brunswick, une province officiellement bilingue, s’entendent sur
une déclaration commune : la Déclaration de Calgary. Celle-ci reconnaît le carac-
tère unique de la société québécoise, tout en réaffirmant que toutes les provinces
sont égales.

Le projet de loi sur la clarté référendaire


Motion
Proposition soumise au vote des membres En 1996, le gouvernement Chrétien demande à la Cour suprême du Canada de se
d’un parlement. prononcer sur la légalité des référendums québécois. En août 1998, la Cour dépose

CHRONOLOGIE 1994 Fondation de l’Action


1993 Élection du démocratique du Québec. 30 octobre 1995
1991 Fondation
gouvernement Chrétien Référendum sur
du Bloc québécois. Élection du gouvernement
(Parti libéral du Canada). la souveraineté.
Parizeau (Parti québécois).

1990 1991 1992 1993 1994 1995

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 544 2018-08-07 12:42 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 545

un avis dans lequel elle indique que le Québec ne dispose pas, selon la Constitution
canadienne, du droit de sécession unilatérale. Par contre, la Cour souligne que
si les résultats d’un référendum montraient une intention claire de la population
québécoise de se séparer, les membres de la fédération canadienne seraient alors
dans l’obligation de négocier une entente avec le Québec.
En juin 2000, pour obliger le gouvernement du Québec à se conformer à l’avis
de la Cour suprême, le gouvernement Chrétien adopte la Loi de clarification,
aussi appelée « loi sur la clarté référendaire ». Cette loi stipule que le gouverne-
ment fédéral pourra négocier une entente seulement si la question référendaire
et les résultats sont suffisamment clairs.
Sécession unilatérale
En réponse à l’adoption de cette loi, l’Assemblée nationale du Québec adopte la Fait de se séparer d’un pays sans l’accord
même année, et à l’unanimité, la Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des de celui-ci.
prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec. Cette loi, aussi appe- Prérogative
lée « loi 99 », réaffirme le droit du peuple ­québécois à son autodétermination. Avantage ou droit exclusif.

Quelques articles de la loi 99.

Article 1 Le peuple québécois peut, en fait et Article 2 Le peuple québécois a le droit inalié-
en droit, disposer de lui-même. Il est titulaire nable de choisir librement le régime politique
des droits univer­sellement reconnus en vertu et le statut juridique du Québec. […]
du principe de l’égalité de droits des peuples
et de leur droit à disposer d’eux-mêmes.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1997 Déclaration 1998 Élection du 2000 Adoption de la loi sur


de Calgary. gouvernement Bouchard la clarté référendaire.
(Parti québécois).

1996 1997 1998 1999 2000

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 545 2018-08-07 12:42 PM


546 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.32 La mine d’amiante d’Asbestos, en Estrie, en 1980. Au début des années 1980, des études scientifiques montrent que l’amiante
est à l’origine de maladies respiratoires et de cancers. L’utilisation de l’amiante est interdite dans plusieurs pays et son prix s’effondre. Asbestos
et Thetford Mines, deux villes québécoises productrices d’amiante, sont directement touchées par cette situation.

4 Les récessions des années


1980 et 1990
Au début des années 1980, l’activité économique du Québec et celle du Canada
montrent des signes de ralentissement. Malgré les mesures prises par les gou-
vernements pour atténuer les effets de la crise du pétrole de 1973, le taux
de chômage et le prix des produits de consommation continuent d’augmenter.
En 1979, une deuxième crise du pétrole frappe les pays industrialisés. Ceux-ci
connaîtront des périodes de récession jusqu’au milieu des années 1990.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Inflation
Les impacts des récessions sur l’économie
Phénomène économique caractérisé par une Au Canada comme au Québec, les hausses du prix du pétrole provoquent une
hausse générale du prix des biens et des services.
forte inflation. En 1981 et 1982, pour freiner l’inflation, la Banque du Canada
Secteur primaire
Ensemble des activités qui touchent l’exploitation décide d’augmenter les taux d’intérêt. Cette hausse des taux d’intérêt aggrave
des ressources naturelles (agriculture, pêche, la récession, puisqu’elle limite la capacité d’emprunter des gouvernements et
forêts, mines, etc.). des entreprises. Elle limite aussi le pouvoir d’achat des consommateurs.
Secteur secondaire
Ensemble des activités qui touchent la Ici comme ailleurs, la consommation des biens et des services diminue, ce qui
transformation des ressources naturelles entraîne une baisse de la demande pour les matières premières et les produits
pour en faire des produits de consommation
(industries manufacturière, agroalimentaire, manufacturés. Au Québec, le secteur primaire et le secteur secondaire sont
de la construction, etc.). parti­culièrement touchés par la crise.

CHRONOLOGIE 1983 Essor du régime d’épargne-actions (RÉA).


1982 Sommet Début de la Création du Fonds de solidarité FTQ. 1987 Krach d’octobre 1987.
1980-1982 économique à Québec. crise du bois 1987-1996 Phase 2 du projet
Récession Loi favorisant l’établissement
Lancement du programme d’œuvre. de jeunes agriculteurs. La Grande d’Hydro-Québec.
des années Corvée-Habitation.
1980.
1980 1985

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 546 2018-08-07 12:42 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 547

L’exploitation minière
et forestière
La baisse de la demande pour les matières
premières, comme les minerais ou le bois,
frappe particulièrement les régions res-
sources du Québec. La chute des prix du
fer, de l’or, du cuivre et de l’amiante force
­plusieurs mines à ralentir ou à cesser leurs
activités, surtout sur la Côte-Nord, en Abitibi-
Témiscamingue, en Gaspésie et en Estrie.
L’industrie du bois d’œuvre est également
durement touchée. La hausse des taux d’in-
térêt nuit à la construction résidentielle et
commerciale, ce qui fait baisser la demande
pour le bois de construction. De plus, en
1986, les États-Unis imposent une taxe
­supplémentaire de 15 % sur les importations
de bois d’œuvre canadien. C’est ainsi que
commence la crise du bois d’œuvre. En tant
que deuxième plus grand producteur de
bois d’œuvre au Canada, après la Colombie- 10.33 La ville de Schefferville, sur la Côte-Nord, en 1980. La fin des activités
Britannique, le Québec subit direc­tement minières à Schefferville entraîne une importante diminution de la population, soit 84 %,
entre 1981 et 1984. Au recensement de 2011, la ville ne compte plus que 217 habitants.
les effets de cette crise.

Légende

Chicoutimi
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Hull

10.34 Les pôles industriels du Québec vers 1980.*


* Le découpage administratif présenté sur la carte correspond aux régions administratives actuelles.

DÉGAGER DES
OI DIFFÉRENCES ET Qu’ont en commun les régions de la Montérégie,
DES SIMILITUDES. de l’Estrie et de la Chaudière-Appalaches ?

1990-1992 Récession
des années 1990.

1990 1995 2000

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 547 2018-08-07 12:42 PM


548 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

Les productions
10.35 L’évolution des fermes et de la population agricole
manufacturières et agricoles
du Québec de 1981 à 2001.
Les manufactures qui produisent du textile,
des vêtements ou des appareils électromé-
205 300 48 144 1,1 km2 nagers subissent aussi la récession, car elles
0,8 km 2
sont confrontées à la concurrence des pays
32 139
96 675 asiatiques. Dans les années 1990, plusieurs
usines québécoises ferment leurs portes.
Le monde agricole québécois vit également
1981 2001 1981 2001 1981 2001 d’importants changements au cours des
Population Nombre total Superficie moyenne
années 1980. La taille des fermes augmente,
agricole de fermes des fermes (en km2) mais leur nombre diminue. La production
agricole se diversifie. Par exemple, la produc-
tion laitière, qui occupait 50 % des fermes
Source : Statistique Canada, Recensements de l’agriculture de 1981 et de 2001,
[En ligne]. (Consulté le 7 novembre 2016.) québécoises en 1970, n’en occupe plus que
25 % à la fin des années 1990.

Les impacts des récessions sur la population


Les récessions des années 1980 et 1990 causent la perte de dizaines de mil­
liers d’emplois. Elles entraînent aussi une transformation graduelle de l’écono­
mie québécoise. Les emplois précaires et à temps partiel augmentent. De
nombreuses villes mono-industrielles et des localités rurales se dépeuplent
Ville mono-industrielle
Ville dont l’économie repose sur un seul type au profit des grands centres. Les populations des régions ressources sont parmi
d’industrie. les plus touchées.

10.36 L’évolution des exploitations agricoles au Québec en 1971 et en 2011.


10-2ces deux années, on remarque une diminution importante de la production laitière et une augmentation substantielle de la production de céréales.
Entre
Les produits de l’agriculture sont aussi beaucoup plus diversifiés en 2011
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Lait

22 % 20 % Porc
Volaille et œufs
1%
2%
10 %
1971 57 %
45 % 2011 5%
3%
Bovin de boucherie
11 % Légumes

5% Céréales et oléagineux
3%
13 % 3% Autres

Source : Statistique Canada, Recensements de l’agriculture 1971 et 2011, sortie spéciale, [En ligne]. (Consulté le 16 novembre 2016.)

CHRONOLOGIE 1983 Essor du régime d’épargne-actions (RÉA).


1982 Sommet Début de la Création du Fonds de solidarité FTQ. 1987 Krach d’octobre 1987.
1980-1982 économique à Québec. crise du bois 1987-1996 Phase 2 du projet
Récession Loi favorisant l’établissement
Lancement du programme d’œuvre. de jeunes agriculteurs. La Grande d’Hydro-Québec.
des années Corvée-Habitation.
1980.
1980 1985

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 548 2018-08-07 12:42 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 549

10.37 Le taux de chômage au Québec entre 1976 et 1994.

15
14
Chômage (en %)

13
12
11
10
9
8
1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994
Année
Source : Statistique Canada et Desjardins, Études économiques, [En ligne].
(Consulté le 16 novembre 2016.)

OI ÉTABLIR DES FAITS. Selon le graphique, en quelle année le taux de chômage


est-il le plus élevé ?

Services de proximité
L’augmentation du taux de chômage Ensemble des commerces et des institutions
établis dans une localité (ville, village ou
Au début des années 1980, le taux de chômage dépasse les 14 %. Au Québec quartier urbain).
seulement, cela représente plus de 400 000 chômeurs. La perte ou le manque
Dévitalisation
d’emplois touche surtout les femmes et les jeunes de 16 à 30 ans. En 1981, envi- Dépeuplement et fermeture des commerces
ron la moitié des jeunes adultes de moins de 25 ans sont au chômage. et des services d’une localité ou d’une région.

Le dépeuplement des localités


Comme l’économie des villes mono-industrielles et des loca-
lités rurales repose surtout sur les secteurs primaire et
secondaire, leurs populations subissent fortement les effets
de la récession. Lorsque les entreprises dont dépendent ces
communautés font des mises à pied ou qu’elles ferment leurs
portes, c’est toute l’économie locale qui est ébranlée.
Quant aux régions agricoles, leur population diminue presque
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

de moitié en raison du manque de relève. Près de 90 % des


fermes québécoises sont alors des entreprises familiales. La
plupart des enfants d’agriculteurs délaissent l’agriculture et
quittent leur village pour étudier ou travailler en ville.
Le départ des jeunes, des travailleurs et de leurs familles
entraîne la fermeture des services de proximité comme les
commerces, les banques, les bureaux de poste et les écoles.
Privés de ces services, les petites villes et les villages se 10.38 La Tuque, en Mauricie. Vers 1980, des grèves et des
dépeuplent de plus en plus au profit des grands centres. suppressions de postes dans les usines de pâtes et papiers provoquent
Partout au Québec, on assiste à la dévitalisation de nom- l’exode des jeunes couples et des étudiants. En 2011, la population
de la ville a encore baissé de 5 %.
breuses communautés.

1990-1992 Récession
des années 1990.

1990 1995 2000

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 549 2018-08-07 12:43 PM


550 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

CONCEPT
Société civile
Les interventions de l’État et de la société civile
Ensemble des associations et organisations Les gouvernements ne sont pas à l’abri de la récession. En 1982, le gouvernement
non gouvernementales et sans but lucratif.
Se dit aussi de l’ensemble des citoyens d’un État. Lévesque accumule un déficit de près d’un milliard de dollars. Pour tenter de le
réduire, une loi spéciale est adoptée afin d’imposer des baisses de salaire aux
300 000 employés syndiqués des secteurs public et parapublic.
Le gouvernement Lévesque réunit aussi plusieurs membres de la société civile
à un sommet économique, à Québec. Plusieurs actions concrètes sont alors
proposées.

L’essor du Québec inc.


La récession des années 1980 et 1990 menace le développement de ce qu’on
appelle le « Québec inc. », ces entreprises québécoises qui ont vu le jour à la fin
de la Révolution tranquille. Le gouvernement du Québec adopte alors des
mesures pour aider ces entreprises.
10.39 Jacques Parizeau (1930-2015).
Ministre des Finances de 1976 à 1984, La relance de grands projets hydroélectriques
puis premier ministre du Québec de 1994
à 1996, Jacques Parizeau est un partisan En 1987, pour stimuler l’emploi, le gouvernement Bourassa relance le programme
de l’intervention de l’État dans l’économie.
Il est l’un des principaux responsables de la
de construction de centrales électriques. Hydro-Québec entreprend alors la
création de la Caisse de dépôt et placement phase 2 du complexe La Grande, à la Baie-James. En plus de créer de nouveaux
du Québec, du régime d’épargne-actions ainsi emplois, cette initiative permet de maintenir les emplois créés lors de la première
que du Fonds de solidarité FTQ.
phase du projet, dans les années 1970.

10.40 Quelques mesures mises en place pour relancer l’économie québécoise dans les années 1980.

Un programme pour la création Un soutien à la société civile Une loi favorisant l’établisse-
d’emplois, Corvée-Habitation. et aux localités rurales. ment de jeunes agriculteurs.

Création par l’État d’environ Soutien financier de l’État au Soutien financier de l’État aux
60 000 emplois pour la cons­ associations, aux coopératives et jeunes qui rachètent les fermes
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

truction de logements. Ce aux syndicats afin d’améliorer la de leurs parents ou qui dévelop-
programme donne un nouvel situation des populations les pent de nouvelles productions
élan à l’industrie de la construc- plus touchées par la crise agricoles.
tion alors en difficulté en raison économique. Cette loi vise à assurer une
des taux d’intérêt très élevés, Par exemple, l’État finance des relève en agriculture et à lutter
qui font chuter la demande stages dans des organismes contre la dévitalisation des
pour des habitations neuves. sans but lucratif (OSBL) aux localités rurales.
Le gouvernement garantit aux bénéficiaires de l’assurance
acheteurs de ces logements chômage (fédéral) et de l’aide
des taux d’intérêt plus bas que sociale (provincial).
ceux offerts par les institutions
financières

CHRONOLOGIE 1983 Essor du régime d’épargne-actions (RÉA).


1982 Sommet Début de la Création du Fonds de solidarité FTQ. 1987 Krach d’octobre 1987.
1980-1982 économique à Québec. crise du bois 1987-1996 Phase 2 du projet
Récession Loi favorisant l’établissement
Lancement du programme d’œuvre. de jeunes agriculteurs. La Grande d’Hydro-Québec.
des années Corvée-Habitation.
1980.
1980 1985

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 550 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 551

10.41 Deux solutions pour favoriser l’économie québécoise.

Le régime d’épargne-actions Le Fonds de solidarité de la FTQ

En 1983, le gouvernement du Québec En 1984, le gouvernement du Québec


crée le régime d’épargne-actions et la Fédération des travailleurs et
(RÉA), qui permet aux contribuables des travailleuses du Québec (FTQ),
de déduire de leur revenu imposable la plus grande organisation syndicale
les sommes investies dans des québécoise, s’entendent sur la
entreprises québécoises. création d’un nouveau fonds d’inves-
Le RÉA contribue à l’essor d’entreprises tissement destiné à financer de
québécoises s’illustrant dans des entreprises québécoises : le Fonds
domaines variés : fabrication de de solidarité FTQ.
matériel de transport, ingénierie, Comme pour le régime d’épargne-
technologies de l’information, actions (RÉA), les contribuables
imprimerie, câblo­distribution et qui investissent dans ce fonds
commerce de détail. bénéficient de crédits d’impôt. Revenu imposable
La somme des revenus annuels d’un contribuable
sur laquelle l’État peut percevoir des impôts.
Crédit d’impôt
Réduction des impôts sur le revenu ou sur
les profits d’une personne ou d’une entreprise.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1990-1992 Récession
des années 1990.

1990 1995 2000

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552 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE


3. Le référendum sur la souveraineté de 1995

1 a) Placez les lettres correspondant aux documents en ordre SITUER DANS LE TEMPS
OI ET DANS L’ESPACE.
chronologique sur la ligne du temps.

Document A : Brian Mulroney,


premier ministre du Canada.

Document B : Les résultats des élections provinciales.

Sept-Îles
Chibougamau

Baie-Comeau
Dolbeau-
Mistassini Gaspé
Matane
Rouyn-Noranda
Chicoutimi Rimouski
Parent Tadoussac ÎLES-DE-LA-
MADELEINE
RÉGION
DE MONTRÉAL
Québec
Trois-Rivières Saint- RÉGION
Source : La Presse, 25 février 1993. Mont-Tremblant Sorel Georges DE QUÉBEC Laval
Joliette
Hull Drummondville
Montréal Québec Montréal
0 100 km Sherbrooke
Document C : Les résultats du vote du Québec
aux élections fédérales.
Légende
Parti québécois (77 sièges)
Partis politiques Sièges Parti libéral (47 sièges)
Action démocratique (1 siège)
Bloc québécois 54
Source : Le Directeur général des élections du Québec, [En ligne].
Parti libéral 19 (Consulté le 26 avril 2017.)
Parti progressiste-
1
conservateur Source : Gouvernement
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

du Canada, [En ligne].


Indépendant 1 (Consulté le 26 avril
2017.)

Document D : Robert Bourassa, premier ministre du Québec.

Source : La Presse, 14 septembre 1993.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 552 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 553

b) Qu’ont en commun les événements associés aux documents DÉGAGER DES DIFFÉRENCES
OI ET DES SIMILITUDES.
en a) ?

2 a) Quel courant de pensée politique au Québec connaît une hausse depuis l’échec
de l’Accord du lac Meech et de l’échec de l’Accord de Charlottetown ?

b) Quels documents du numéro 1 justifient votre réponse en a) ? METTRE EN RELATION


OI DES FAITS.

3 Que prévoient les sondages au début de l’année 1995 à propos du vote à un éventuel
référendum sur la souveraineté au Québec ?

4 Complétez le texte portant sur les partis appuyant la souveraineté du Québec.

, chef du Parti québécois et premier ministre du Québec,


, chef du Bloc québécois et chef de l’opposition officielle à la Chambre
des communes à Ottawa ainsi que , chef de l’Action démocratique
du Québec et député à l’Assemblée nationale, signent une entente le 12 juin 1995. Cette entente prévoit
la tenue d’un sur la souveraineté du Québec au cours de l’automne
1995. Elle précise également que le s’engage à présenter au Canada
une offre formelle de économique et politique.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

5 a) Placez les événements suivants en ordre chronologique en les numérotant de 1 à 4.

A. Le premier ministre Jacques Parizeau B. Lucien Bouchard est nommé premier


remet sa démission. ministre du Québec.
C. Lucien Bouchard est à la tête du Parti D. Lucien Bouchard démissionne de son poste
québécois. de député à la Chambre des communes.

b) Quand ont eu lieu les événements décrits en a) ? Avant ou après le référendum de 1995 ?

6 Pourquoi le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, désapprouve-t-il la question


référendaire de 1995 ?

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 553 2018-08-07 12:43 PM


554 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

7 a) Complétez le tableau portant sur le référendum de 1995.

Dirigeants et partenaires Résultats


Camps Positions en politique
politiques au référendum
Camp du OUI

Camp du NON

b) Quel est le camp gagnant ?

c) Combien de voix séparent les deux camps ?

8 Qu’indique l’avis déposé par la Cour suprême du Canada, en août 1998, à propos de la légalité
des référendums québécois ?
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

9 Associez les énoncés aux actions postréférendaires auxquels ils correspondent.

a) Réaffirme le droit du peuple québécois à son Déclaration de Calgary.


autodétermination.
Loi de clarification.
b) Reconnaît le caractère unique de la société
québécoise, tout en affirmant que toutes
les provinces sont égales. Loi sur l’exercice des droits
fondamentaux et des
c) Stipule que le gouvernement fédéral pourra négocier prérogatives du peuple
une entente seulement si la question référendaire québécois et de l’État
et les résultats sont suffisamment clairs. du Québec.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 554 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 555
EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE
4. Les récessions des années 1980 et 1990

1 a) Indiquez si ces caractéristiques économiques au Québec et au Canada augmentent (↑)


ou diminuent (↓) au cours des années 1980 et 1990.

1) Activité économique. 2) Taux de chômage.

3) Taux d’intérêt des banques. 4) Prix du pétrole.

5) Prix des produits à la consommation. 6) Consommation de biens et de services.

b) Comment se nomme la situation économique caractérisée en a) ?

c) En vous référant aux pages 546 à 549, complétez le schéma METTRE EN RELATION
OI DES FAITS.
à l’aide des énoncés de l’encadré. DÉTERMINER DES CAUSES
OI ET DES CONSÉQUENCES.

Augmente les taux d’intérêt Chômage Demande pour les matières premières Inflation
Coûts de fabrication des produits Consommation des biens et services Pertes d’emplois
Production manufacturière Limite la capacité d’emprunt des gouvernements et des entreprises
Prix du transport Prix de vente des produits de consommation Prix du pétrole
Limite le pouvoir d’achat des consommateurs Dépeuplement des localités rurales

La situation économique au Québec et au Canada dans les années 1980 et 1990

Augmentation

Intervention de la Banque du Canada


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Récession

Diminution

Conséquences sur la population

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556 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

2 Quels sont les secteurs économiques les plus touchés par la baisse de la demande
des matières premières et des produits manufacturés ?

3 Observez la carte 10.34, puis répondez aux questions. ÉTABLIR


OI DES FAITS.
DÉGAGER DES DIFFÉRENCES
OI ET DES SIMILITUDES.

a) Indiquez les régions du Québec où l’on trouve seulement des industries agroalimentaire
et forestière.

b) Qu’ont en commun les régions de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-


Témiscamingue ?

4 Nommez quatre régions ressources qui sont particulièrement touchées par la chute
des prix du fer, de l’or, du cuivre et de l’amiante.

5 Nommez deux facteurs qui entraînent la crise du bois d’œuvre.

6 Qu’ont en commun les énoncés de l’encadré ?


La taille des fermes augmente.
Le nombre de fermes diminue.
La production agricole se diversifie.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

7 À combien s’élève le déficit accumulé par le gouvernement Lévesque en 1982 ?

8 Reliez les interventions de l’État à leur objectif respectif.

Interventions de l’État Objectifs

a) Imposition d’une baisse de salaire des employés Financer des entreprises


syndiqués des secteurs public et parapublic. québécoises.

b) La construction de la phase 2 du complexe Combler le déficit


hydroélectrique La Grande. gouvernemental.

c) La création du Fonds de solidarité de la FTQ. Stimuler l’emploi.

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 557

9 Trouvez les mots correspondant aux définitions et reportez chaque lettre accompagnée
d’un numéro dans la grille pour découvrir les mots mystères.

a) Produit minier exploité à Asbestos dont le prix s’effondre. 


2 4

b) Produit agricole dont la production chute de 57 % à 20 % de 1971 à 2011. 


1

c) Groupe de la population particulièrement touché par le chômage en 1981.

20 7 8 9 31

d) Adoption d’une loi qui vise à assurer une relève pour ces travailleurs.

12 5 22 23

e) Ville mono-industrielle située en Mauricie et touchée par des grèves et des suppressions
de postes dans les usines de pâtes et papier vers 1980.

10 26 21

f) Dépeuplement et fermeture des commerces et des services d’une localité ou d’une région.

28 25 16 29

g) Imposition d’une baisse de salaire des employés syndiqués de ce secteur.

3 14

h) Solution gouvernementale qui permet aux contribuables de déduire de leur revenu


imposable les sommes investies dans des entreprises québécoises et qui favorise
l’économie québécoise.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

’ -
18 15 11 30 6 17

i) Programme gouvernemental pour la création d’emplois qui consiste à construire


des logements et à garantir aux acheteurs des taux d’intérêt plus bas que ceux offerts
par les institutions financières.
-
24 13 27 19

Mots mystères :

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

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558 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.42 La chute du mur de Berlin, en novembre 1989. Le mur de Berlin est construit en août 1961, durant la Guerre froide. Pendant près de 30 ans,
il symbolise l’opposition entre les pays capitalistes de l’Ouest et les pays socialistes d’Europe de l’Est.

5 Le Québec à l’heure
de la mondialisation
Influencés par le néolibéralisme, la plupart des pays industrialisés comptent
CONCEPT
Néolibéralisme sur le libre-échange pour sortir de la récession. En Amérique du Nord, l’adoption
Courant de pensée économique qui s’appuie des premiers traités de libre-échange marque l’entrée des économies canadienne
sur des principes tels que la libre entreprise et québécoise dans l’ère de la mondialisation.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

et le libre marché, la diminution du rôle


de l’État et la responsabilité individuelle.
Mondialisation
Élargissement des activités commerciales L’économie mondiale et le libre-échange
et industrielles à l’échelle mondiale.
Dans les années 1980, les régions du monde sont de plus en plus liées sur le
Économie de marché
Système économique dans lequel le prix des plan économique. La Chine relâche peu à peu l’emprise du communisme et
produits et leur production reposent sur l’offre s’ouvre à l’économie de marché et au capitalisme occidental. La chute du mur
et la demande. de Berlin, en 1989, marque le début d’une nouvelle ère en Europe. L’Union
Consortium soviétique et l’Europe de l’Est s’ouvrent, elles aussi, à l’économie de marché.
Groupe d’entreprises qui partagent leurs À l’échelle mondiale, on assiste à une concurrence économique de plus en plus
ressources financières et humaines dans le but
d’augmenter leur compétitivité à l’échelle marquée entre les pays. On assiste aussi à la formation des premiers consor-
nationale et mondiale. tiums internationaux.

CHRONOLOGIE 1989 Entrée en vigueur de


1984 Élection du l’Accord de libre-échange
1980-1982
gouvernement Mulroney Canada–États-Unis.
Récession
(Parti progressiste-conservateur).
des années Chute du mur de Berlin.
1980.
1980 1985

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 558 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 559

Le Canada et le libre-échange
10.43 Des ententes favorisant le libre-échange
Dès 1985, le Canada et les États-Unis entre- et la mondialisation.
prennent des pourparlers pour créer une
zone de libre-échange nord-américaine.
Entente Description
L’Accord de libre-échange Canada–États-
Unis (ALE) entre en vigueur le 1er janvier Accord qui permet l’élimination des tarifs
1989 douaniers pour favoriser les échanges
1989. Cinq ans plus tard, ce traité est Accord de libre-échange commerciaux entre le Canada
­remplacé par l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis (ALE) et les États-Unis.
nord-américain (ALENA) entre le Canada, les
États-Unis et le Mexique.
1994 Accord qui remplace l’ALE et qui permet
Accord de libre-échange de créer une zone de libre-échange
L’ALENA crée un marché commun de plus de nord-américain (ALENA) Canada–États-Unis–Mexique.
400 millions de consommateurs. Il permet Organisation internationale qui encourage
la libre circulation des produits et des ser-
1995 le libre-échange à l’échelle mondiale
Organisation mondiale et qui établit les règles des échanges
vices sur le continent nord-­américain. Les du commerce (OMC) commerciaux entre les États membres.
services de santé et d’éducation, les ­services
sociaux et l’industrie culturelle sont exclus
de ce traité.

La création de l’Organisation mondiale


du commerce (OMC)
La mondialisation amène des pays du monde entier, dont le Canada, à redéfinir
les règles du commerce international. Au terme de négociations qui se déroulent
de 1986 à 1994, ces pays participent à la création de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC). C’est cette organisation qui régit désormais les échanges
internationaux.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

10.44 La signature de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), en 1992.

1993 Élection du gouvernement 1994 Entrée en vigueur 1995 Création de


Chrétien (Parti libéral du Canada). de l’Accord de libre-échange l’Organisation mondiale
nord-américain (ALENA). du commerce (OMC).
1990-1992 Récession
des années 1990.

1990 1995 2000

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560 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.45 La valeur des exportations de biens Les impacts du libre-échange


et services au Québec de 1990 à 2001. Depuis le début des années 1980, la mondialisation accélère les
transformations économiques du Québec. Comme le Québec fait
partie de la fédération canadienne, il est lié à tous les traités
142 internationaux signés par le Canada. Le gouvernement Bourassa,
en 1989, et le gouvernement Parizeau, qui lui succède en 1994,
Valeur des exportations
(en milliards de dollars)

appuient les ententes sur le libre-échange, qu’ils croient profi-


tables à l’économie du Québec. En 10 ans, le Québec réussit à
68 doubler la valeur de ses exportations. Vers 2000, 40 % de tout ce
qui est produit au Québec est destiné à l’exportation.

L’augmentation des exportations


Le libre-échange permet au Québec d’augmenter ses exportations
1990-1991 2000-2001
aux États-Unis et ail­leurs dans le monde, et de stimuler le déve-
loppement de nouveaux secteurs industriels. On assiste dès lors
Sources : Statistique Canada et Institut de la statistique
à la croissance d’industries spécialisées en haute technologie :
du Québec, [En ligne]. (Consultés le 15 novembre 2016.) l’aéronautique spatiale, l’industrie pharmaceutique et la bio-
technologie, par exemple.

Les délocalisations
Sous l’effet de la mondialisation et de
la concurrence des pays émergents,
l’industrie manufacturière continue
d’éprouver des difficultés. En raison
de la délocalisation des industries,
de nombreux emplois manufactu-
riers sont déplacés vers le Mexique,
le Brésil, l’Inde et la Chine, où la main-
d’œuvre est moins chère.
Le départ de nombreuses entreprises
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

à l’étranger inquiète la population


québécoise, qui craint la perte de
dizaines de milliers d’emplois. Pour
limiter l’impact de la délo­calisation,
les gouvernements mettent en œuvre
des mesures pour encourager le déve-
loppement d’industries plus concur-
rentielles sur le plan international.
­Ils offrent aussi des programmes de
10.46 Une manufacture d’assemblage établie dans le nord du Mexique. Les usines formation pour réorienter les tra­
d’assemblage du Mexique, près de la frontière avec les États-Unis, sont appelées « maquiladoras ». vailleurs du secteur secondaire vers
La plupart d’entre elles appartiennent à de grandes multinationales. le secteur tertiaire.

CHRONOLOGIE 1989 Entrée en vigueur de


1984 Élection du l’Accord de libre-échange
1980-1982
gouvernement Mulroney Canada–États-Unis.
Récession
(Parti progressiste-conservateur).
des années Chute du mur de Berlin.
1980.
1980 1985

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 561

Les missions économiques


Avec l’ouverture des marchés internationaux, le Canada et le Québec sont désor-
mais en compétition avec les autres régions du monde. Pour promouvoir les
entreprises, canadiennes et québécoises, et attirer des entreprises et des capi-
taux étrangers, les gouvernements organisent des missions économiques à
divers endroits dans le monde. Ces missions permettent à de nombreuses entre-
prises d’obtenir des contrats internationaux.

De nouvelles délégations du Québec à l’étranger


Les délégations du Québec à l’étranger offrent différents services, dont le déve-
loppement des affaires au niveau international. Entre 1990 et 2000, le Québec Pays émergents
ouvre des bureaux à Barcelone (Espagne), à Berlin (Allemagne), à Santiago (Chili), Nouveaux pays industrialisés dont le produit
intérieur brut (PIB) est inférieur à celui
à Shanghai et à Beijing (Chine), à Séoul (Corée du Sud) et à Taipei (Taïwan). Ces d’un pays développé.
délégations s’ajoutent à celles déjà présentes en Europe (Bruxelles, Londres,
Délégation
Munich, Rome, Paris et Milan), aux États-Unis (New York, Atlanta, Boston, Chicago, Ensemble de personnes chargées de représenter
Los Angeles et Washington), au Mexique (Mexico) et au Japon (Tokyo). les intérêts d’une collectivité, d’un État.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1993 Élection du gouvernement 1994 Entrée en vigueur 1995 Création de


Chrétien (Parti libéral du Canada). de l’Accord de libre-échange l’Organisation mondiale
nord-américain (ALENA). du commerce (OMC).
1990-1992 Récession
des années 1990.

1990 1995 2000

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562 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE


5. Le Québec à l’heure de la mondialisation

1 À quel concept économique Mondialisation Économie de marché Néolibéralisme


associez-vous les énoncés ?

a) Le Canada adopte des traités de libre-échange.

b) Le Canada limite ses interventions dans l’économie.

c) Le système économique canadien repose sur l’offre


et la demande de produits.

2 a) Que signifie l’acronyme ALENA ?

b) Encerclez les pays qui font partie de l’ALENA.

Canada    Chine    France    Royaume-Uni    États-Unis
Brésil    Mexique    Argentine    Inde

c) En quelle année cet accord est-il entré en vigueur ?

d) Complétez les phrases suivantes portant sur l’ALENA.

1) L’ALENA crée un marché commun de plus de de consommateurs.

2) L’ALENA permet la libre circulation des produits et des services sur le continent
 .

3) Les services de santé et d’éducation, les et


l’ sont exclus de l’ALENA.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

e) Encerclez deux engagements des pays membres de l’ALENA qui peuvent avoir un impact
dans la vie des travailleurs de ces pays.

1) Éliminer les barrières douanières entre 2) Augmenter la compétitivité des entreprises


les pays membres. sur les marchés internationaux.
3) Créer un marché plus vaste pour les produits 4) Créer de nouveaux emplois et améliorer
et les services offerts par les pays membres. les conditions de travail.
5) Contribuer au développement, à l’essor 6) Protéger, accroître et faire respecter les droits
du commerce mondial et à l’expansion fondamentaux des travailleurs.
de la coopération internationale. 7) Promouvoir le développement durable.

3 Nommez l’organisation qui établit les règles des échanges commerciaux entre les États
membres depuis 1995.

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 563

4 Observez le diagramme 10.45, puis répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.

a) Que pouvez vous conclure au sujet de l’augmentation de la valeur des exportations


du Québec ?

b) Nommez le facteur à l’origine de cette augmentation.

5 a) Pour chaque conséquence de la politique de libre-échange sur le Québec, indiquez,


à l’aide d’un crochet, si elle est en croissance ou en décroissance.

Conséquences Croissance Décroissance

1) Les exportations.

2) Les industries de haute technologie québécoises.

3) Les industries manufacturières québécoises.

4) Le nombre d’emplois dans le secteur secondaire.

5) La délocalisation des industries québécoises.

6) L’adhésion des entreprises québécoises à des consortiums internationaux.

7) Les missions économiques à l’étranger.

b) Parmi les conséquences du libre-échange citées en a),


lesquelles ont un effet positif sur l’économie du Québec ?

6 Nommez une mesure gouvernementale qui vise à réorienter les travailleurs du secteur
secondaire vers le secteur tertiaire.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

7 À l’aide d’une carte du monde et de la page 561, indiquez les villes SITUER DANS LE TEMPS
OI ET DANS L’ESPACE.
où le Québec possède des délégations à l’étranger depuis 1990.

a) Villes européennes :

b) Villes asiatiques :
c) Villes nord-américaines :

d) Ville sud-américaine :

8 Nommez une conséquence économique pour le Québec pouvant découler du partenariat


conclu entre des entreprises minières chinoises et québécoises à Beijing, en Chine, en 2011.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 563 2018-08-07 12:43 PM


564 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.47 En arrière-plan, un important édifice gouvernemental : le « complexe G », à Québec. Construit entre 1967 et 1972, l’édifice
Marie-Guyart, mieux connu sous le nom de « complexe G », est le plus haut gratte-ciel de la ville de Québec en 2017. Situé tout près de l’Hôtel du Parlement,
il regroupe plusieurs ministères du gouvernement du Québec et les bureaux de près de 5000 fonctionnaires.

6 La remise en question
de l’État-providence
Au cours des années 1990, les politiciens et les économistes sont de plus en plus
nombreux à remettre en question le modèle de l’État-providence. Les réces­
sions des années 1980 et 1990 ont augmenté la dette des gouvernements du
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Québec et du Canada. Influencés par le néolibéralisme, ces gouvernements


commen­cent à limiter l’intervention de l’État dans l’économie.

La dette publique
Pendant les récessions des années 1980 et 1990, les gouvernements du Canada
et du Québec augmentent leurs dépenses pour soutenir l’économie et le nombre
grandissant de personnes sans emploi, et cela, même si leurs revenus sont en
décroissance. Les déficits budgétaires s’accumulent et la dette publique aug-
mente. Sans revenus suffisants, le gouvernement fédéral et celui du Québec ont
de la difficulté à maintenir les services qu’ils offrent à la population.

CHRONOLOGIE 1985 Élection du gouvernement Inscription 1989 Entrée en 1990-1992


1980-1982 Bourassa (Parti libéral du Québec). de l’arrondissement vigueur de l’Accord Récession des
Récession 1984 Élection du historique du Vieux-Québec de libre-échange années 1990.
des années gouvernement Mulroney sur la liste du patrimoine Canada–États-Unis.
1980. (Parti progressiste-conservateur). mondial de l’UNESCO.

1980 1985 1990

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 564 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 565

L’objectif du déficit zéro


Au début des années 1990, les gouvernements fédéral et provincial cherchent
à équilibrer leurs budgets. Ils doivent éviter les déficits pour freiner l’augmen-
tation de la dette publique. Les deux paliers de gouvernement ont un objectif
commun : atteindre l’équilibre budgétaire, aussi appelé « déficit zéro ».
Pour y parvenir, le gouvernement fédéral remplace la taxe de vente aux fabri-
cants (TVF), payée par les entreprises, par la taxe de vente sur les produits et
services (TPS), payée par les consommateurs et les entreprises. Il limite éga-
lement l’accès à l­ ’assurance-chômage (rebaptisée « assurance-­emploi ») et dimi-
nue les sommes ­versées aux personnes qui y ont droit. Il transfère aussi certains
services gouvernementaux à des entreprises privées.
Le gouvernement du Québec restreint l’accès à l’aide financière aux familles et
aux démunis. Il restreint également l’accès à certains services de santé, aupara-
vant gratuits pour tous, aux enfants seulement. C’est le cas, entre autres, des
soins dentaires et des examens de la vue. Le gouvernement n’embauche plus Équilibre budgétaire
de personnel pour remplacer les fonctionnaires et les enseignants qui partent Équilibre entre les revenus et les dépenses.
à la retraite. En plus d’abolir des emplois, il transfère, lui aussi, certains services Privatisation
Action de vendre au secteur privé ce qui appartient
publics à des entreprises privées. Les deux paliers de gouvernement procèdent à l’État. La privatisation est le processus inverse
également à la privatisation de plusieurs entreprises d’État. de la nationalisation.

10.48 La dette publique du gouvernement du Canada


et du Québec de 1981 à 2001.

900
En 20 ans, la dette publique du Canada
800 passe de 81 milliards à 800 milliards
700 de dollars et celle du Québec,
(en milliards de dollars)

de 12 milliards à 90 milliards de dollars.


600
Dette publique

500
400
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

300
200
Dette du Canada
100
0 Dette du Québec

1981 1986 1996 2001

Source : Institut de recherche en politiques publiques, 2004, [En ligne]. (Consulté le 2 octobre 2016.)

ÉTABLIR DES LIENS


OI DE CAUSALITÉ. Quels sont les liens entre l’augmentation de la dette publique et l’offre de services
gouvernementaux à la population du Québec ?

1991 Instauration de la taxe fédérale 1992 Adoption de 1993 Élection du 1994 Entrée en vigueur de 2005 Inauguration
sur les produits et services (TPS). la politique culturelle gouvernement Chrétien l’Accord de libre-échange de la Grande
du Québec. (Parti libéral du Canada). nord-américain (ALENA). Bibliothèque.

1995 2000 2005

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 565 2018-08-07 12:43 PM


566 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.49 Un avion de la compagnie Quebecair, en 1975. Quebecair, une entreprise d’État,


est privatisée en 1986.

DÉTERMINER DES
OI CHANGEMENTS ET Quel changement important la compagnie Quebecair
DES CONTINUITÉS. connaît-elle dans les années 1980 ?

Les relations avec les syndicats


La fin des années 1990 est marquée par une reprise économique. Les deux paliers
de gouvernement continuent toutefois d’offrir moins de services à la population.
Malgré la reprise économique, les travailleurs et les syndicats limitent leurs
revendications. Les confrontations entre les syndicats, les gouvernements et les
grandes entreprises se font plus rares.

ANECDOTE
La protection de la culture
Depuis la Révolution tranquille, la protection de la culture fait partie des préoc-
Les Journées nationales
de la culture
cupations du Québec. Au début des années 1990, la remontée de la ferveur
En 1997, afin de favoriser l’accès à la
souverainiste encourage le gouvernement Bourassa à mieux soutenir les créa-
culture, l’Assemblée nationale adopte à teurs et l’industrie culturelle.
l’unanimité une motion afin que le dernier
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

vendredi de septembre et les deux jours


suivants de chaque année deviennent les L’évolution des entreprises culturelles québécoises
Journées nationales de la culture. Pendant
ces journées, tous les citoyens peuvent
depuis les années 1970
participer gratuitement à différentes L’offre culturelle québécoise s’est grandement diversifiée depuis les années 1970.
­activités artistiques à travers le Québec.
De nos jours, on les appelle simplement De plus en plus d’artistes dans des domaines variés, comme les arts plastiques,
« Journées de la culture ». le théâtre, la danse, le cinéma, la télévision, la musique, la litté­rature ou l’humour,
rayonnent non seulement au Québec, mais partout dans le monde.
Dans les grandes villes du Québec, les festivals internationaux attirent de plus
en plus de spectateurs et de touristes. Toutefois, de nombreuses infrastructures
(salles de spectacles, musées, bibliothèques, etc.) ne répondent plus aux besoins
du monde de la culture.

CHRONOLOGIE 1985 Élection du gouvernement Inscription 1989 Entrée en 1990-1992


1980-1982 Bourassa (Parti libéral du Québec). de l’arrondissement vigueur de l’Accord Récession des
Récession 1984 Élection du historique du Vieux-Québec de libre-échange années 1990.
des années gouvernement Mulroney sur la liste du patrimoine Canada–États-Unis.
1980. (Parti progressiste-conservateur). mondial de l’UNESCO.

1980 1985 1990

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 566 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 567

La politique culturelle de 1992


En juin 1992, le gouvernement Bourassa adopte une nouvelle politique en
matière de culture. Celle-ci amène une révision en profondeur de l’intervention
du ministère de la Culture. Cette nouvelle politique a fait l’objet d’une publica-
tion, La politique culturelle du Québec : Notre culture, notre avenir.
En 1993, le ministère des Affaires culturelles est fractionné en deux organismes :
le ministère de la Culture et le Conseil des arts et des lettres du Québec. Le
ministère de la Culture devient responsable de l’Office québécois de la langue
française (OQLF), une institution créée en 1977 dont la principale mission est
d’assurer le respect de la Charte de la langue française (loi 101). Le gouvernement
crée aussi la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), à qui
il confie la mission de soutenir financièrement l’implantation et le développe-
ment des entreprises culturelles.

10.50 Les trois axes de la politique culturelle du Québec de 1992.

Politique culturelle du Québec

Affirmer l’identité Favoriser l’accès et


culturelle du Québec la participation des citoyens
• Valoriser la langue française comme à la vie culturelle
moyen d’exprimer la culture et • Renforcer la sensibilisation et
d’y accéder. l’éducation aux arts et à la culture,
• Valoriser l’héritage culturel. et en faciliter l’accès.

• Renforcer le dialogue entre • Appuyer la participation


les cultures (anglophones, des citoyens à la vie artistique
autochtones, etc.). et culturelle.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Soutenir les créateurs et les arts


• Favoriser la création artistique sous toutes 10.51 Liza Frulla (1949-). Ministre
des Affaires culturelles, puis de la Culture et
ses formes. des Communications sous le gouvernement
• Améliorer les conditions de vie professionnelle Bourassa (1989-1994), Liza Frulla pilote
des créateurs et des artistes. l’application de la politique culturelle de
1992. Elle participe à la création du Conseil
• Assurer la vitalité des organismes artistiques des Arts et des lettres du Québec et de la
(financement, relève). SODEC (la Société de développement des
entreprises culturelles). En 2016, elle devient
• Élaborer et mener une stratégie de développement
présidente de Culture Montréal, une organisa-
des industries culturelles. tion indépendante qui s’interroge sur le rôle
de la culture dans le développement de
la métropole.

1991 Instauration de la taxe fédérale 1992 Adoption de 1993 Élection du 1994 Entrée en vigueur de 2005 Inauguration
sur les produits et services (TPS). la politique culturelle gouvernement Chrétien l’Accord de libre-échange de la Grande
du Québec. (Parti libéral du Canada). nord-américain (ALENA). Bibliothèque.

1995 2000 2005

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 567 2018-08-07 12:43 PM


568 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

La diffusion de la culture
Au cours des années 1990, le gouvernement du Québec tout comme les muni-
cipalités investissent dans la construction et la rénovation de salles de spec-
tacles, de bibliothèques et de musées. Les gouvernements fédéral et provincial
intensifient aussi leurs efforts pour soutenir les artistes québécois sur la scène
internationale.
Le gouvernement du Québec investit aussi dans la préservation du patrimoine
culturel et religieux, témoin de l’identité culturelle québécoise. La mise en valeur
des œuvres d’art, des bâtiments et des monuments historiques, ainsi que des
sites archéologiques et des églises, fait désormais partie de ses priorités.

Le financement de la culture
L’un des objectifs de cette politique est de soutenir les créateurs et les entre-
prises culturelles, tout en les amenant à diversifier leurs sources de financement,
en particulier par le mécénat. Parce que, contrairement aux autres provinces
canadiennes, le mécénat est alors peu développé au Québec.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Mécénat
Soutien financier ou organisationnel apporté 10.52 La Grande Bibliothèque, à Montréal. Inaugurée en 2005, la Grande Bibliothèque,
par une entreprise privée ou par une personne accueille près de 50 000 visiteurs chaque semaine.
(un mécène).

CHRONOLOGIE 1985 Élection du gouvernement Inscription 1989 Entrée en 1990-1992


1980-1982 Bourassa (Parti libéral du Québec). de l’arrondissement vigueur de l’Accord Récession des
Récession 1984 Élection du historique du Vieux-Québec de libre-échange années 1990.
des années gouvernement Mulroney sur la liste du patrimoine Canada–États-Unis.
1980. (Parti progressiste-conservateur). mondial de l’UNESCO.

1980 1985 1990

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 568 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 569

La politique culturelle permet d’assurer un financement assez stable de la culture


dans les années qui suivent son adoption. Entre 1985 et 2000, le gouvernement
du Québec augmente ses dépenses pour la culture. La portion de ces dépenses
ne représente toutefois qu’environ 1 % de son budget total.

10.53 Les dépenses du gouvernement du Québec pour la culture


de 1985 à 2004.
De 1985 à 2004, les dépenses totales consacrées à la culture au Québec.

800 749 155


(en millions de dollars)

700

573 478
Dépenses

600

500
391 284
400

300

1985-1986 1994-1995 2003-2004

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du


Québec, [En ligne]. (Consulté le 4 octobre 2016.)

ÉTABLIR DES LIENS


OI DE CAUSALITÉ. Établissez un lien entre la protection de la culture québé-
coise et les dépenses du gouvernement du Québec dans
le domaine de la culture.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1991 Instauration de la taxe fédérale 1992 Adoption de 1993 Élection du 1994 Entrée en vigueur de 2005 Inauguration
sur les produits et services (TPS). la politique culturelle gouvernement Chrétien l’Accord de libre-échange de la Grande
du Québec. (Parti libéral du Canada). nord-américain (ALENA). Bibliothèque.

1995 2000 2005

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570 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE


6. La remise en question de l’État-providence

1 Nommez le courant de pensée qui influence les gouvernements du Québec et du Canada


et qui les incite à limiter leurs interventions dans l’économie.

2 Indiquez si les énoncés sont vrais ou faux. Corrigez l’énoncé s’il est faux.

Vrai Faux a) Au début des années 1990, les gouvernements du Canada et du Québec souhaitent
atteindre le déficit zéro.

Vrai Faux b) Pendant les récessions des années 1980 et 1990, les revenus et la dette de l’État
augmentent.

Vrai Faux c) Afin d’atteindre l’équilibre budgétaire, le gouvernement fédéral impose une taxe de vente
sur les produits et les services (TPS) payée par les consommateurs et les entreprises.

Vrai Faux d) Dans les années 1990, le gouvernement fédéral diminue ses dépenses en abolissant
le programme d’assurance-emploi.

Vrai Faux e) Le gouvernement du Québec augmente ses dépenses dans les services à la population
afin d’éviter les déficits.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Vrai Faux f) À la fin des années 1990, les travailleurs syndiqués limitent leurs revendications auprès
des gouvernements et des grandes entreprises.

3 De qui s’agit-il ?

a) Premier ministre du Québec, il soutient économiquement


le milieu artistique au début des années 1990.

b) Ministre des Affaires culturelles, elle pilote l’application


de la politique culturelle de 1992.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 570 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 571

4 Quels groupes sont attirés dans les grandes villes du Québec où se déroulent des festivals
internationaux ?

5 Comment s’intitule la publication portant sur la nouvelle politique culturelle de 1992 ?

6 À partir de 1993, quel ministère est responsable de l’Office québécois de la langue française ?

7 Observez le schéma 10.50. Reliez ensuite les objectifs aux axes de METTRE EN RELATION
OI DES FAITS.
la politique culturelle du Québec de 1992 auxquels ils correspondent.
Objectifs Axes

a) Valoriser la langue française comme moyen


d’exprimer la culture et d’y accéder. Affirmer l’identité
culturelle du Québec.
b) Améliorer les conditions de vie professionnelle
des créateurs et des artistes. Favoriser l’accès et la
c) Appuyer la participation des citoyens à la vie participation des citoyens
artistique et culturelle. à la vie culturelle.

d) Renforcer le dialogue entre les cultures. Soutenir les créateurs


et les arts.
e) Assurer la vitalité des organismes artistiques.

8 Comment se nomme l’établissement situé à Montréal où l’on trouve des livres et autres
documents qui attirent près de 50 000 visiteurs chaque semaine ?

9 Nommez trois domaines dans lesquels les gouvernements investissent afin de diffuser
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

et de préserver la culture dans les années 1990.

10 Expliquez dans vos mots ce qu’est le mécénat.

11 Encerclez les mots appropriés pour compléter le texte.

Entre 1985 et 2000, le gouvernement du Canada / Québec augmente / diminue ses dépenses

pour soutenir la culture. Il utilise environ 1 % / 10 % de son budget total par trimestre / année .

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 571 2018-08-07 12:43 PM


572 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.54 Le Nordais, un parc éolien de 130 éoliennes érigé à Cap-Chat, en Gaspésie, et à Matane, au Bas Saint-Laurent.
Au Québec, le développement de l’industrie éolienne débute en 1998, peu après la signature du protocole de Kyoto.

7 Les enjeux environnementaux


Au cours des années 1970, la prise de conscience de l’impact négatif des acti-
vités humaines et des effets de la pollution sur l’environnement s’intensifie.
Au Québec et au Canada, comme ailleurs dans le monde, la gestion de l’envi-
ronnement fait partie des grands enjeux de société.

La création d’institutions gouvernementales


Peu après la création du ministère de l’Environnement, en 1971, le gouverne-
ment du Canada participe à plusieurs conférences internationales. Il y signe
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

différentes conventions avec d’autres pays. Peu d’entre elles débouchent


toutefois sur des mesures concrètes.

Le Bureau d’audiences publiques


sur l’environnement (BAPE)
Convention
Entente de principe qui repose sur la bonne En 1978, le gouvernement du Québec met sur pied un nouvel organisme gou-
volonté des signataires. vernemental : le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Cet
Pluies acides organisme, dont les membres sont nommés par le gouvernement, n’a pas de
Précipitations (pluie, neige, brouillard) pouvoir décisionnel, c’est-à-dire que le ministère de l’Environnement du Québec
anormalement acides, provoquées par les
émissions industrielles d’oxydes de soufre peut ignorer ses recommandations.
et d’azote.

CHRONOLOGIE 1987 Protocole


1978 Création du Bureau 1979 Création du ministère de Montréal.
d’audiences publiques sur de l’Environnement
l’environnement (BAPE). du Québec.

1975 1980 1985

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 572 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 573

La mission du BAPE
ANECDOTE
Des plages sur les rives
• Informer la population des projets ayant des impacts majeurs du Saint-Laurent
sur l’environnement, comme la construction de nouvelles Entre les années 1870 et 1960, à Québec
infrastructures (ponts, routes, usines, barrages, etc.). et à Montréal, des dizaines de milliers de
personnes fréquentent régulièrement les
• Tenir des consultations publiques sur ces projets avec des groupes plages publiques qui bordent le fleuve
Saint-Laurent. À partir des années 1970, la
de citoyens, des écologistes ou des spécialistes en sciences baignade y est interdite en de nombreux
de l’environnement. endroits, car les eaux du fleuve sont trop
polluées.
• Procéder à des médiations et mener des enquêtes sur des questions
particulières liées à la qualité de l’environnement.

Les premières mesures environnementales


À leurs débuts, les ministères de l’Environnement du Canada et du Québec
­disposent de peu de moyens légaux pour assurer la protection de l’environ­
nement. Ils mènent surtout des études pour évaluer la gravité des problèmes.
Ce n’est qu’au début des années 1980, sous la pression de l’opinion publique et
des groupes écologistes, que les deux paliers de gouvernement adoptent les
toutes premières lois environnementales. À l’époque, ces lois visent principale-
ment à limiter la pollution de l’air et de l’eau causée par les industries.

La lutte contre les pluies acides


Dans les années 1970, les scientifiques découvrent les effets des pluies acides 10.55 La plage de l’Anse au Foulon,
à Québec, vers 1960.
sur l’environnement. Ces pluies, causées par les gaz toxiques émis par les grandes
industries du bassin des Grands Lacs et
du fleuve Saint-Laurent, contaminent
tout particulièrement le sud du Québec
et de l’Ontario. En 1987, Montréal
accueille une conférence internationale
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

rassemblant plus de 40 pays en vue


d’abolir la production mondiale de CFC,
des gaz utilisés généralement dans
les ­aérosols et les systèmes de refroi­
dissement. Les participants y signent le
« protocole de Montréal », officiellement
en vigueur le 1er janvier 1989. En 1991,
un autre accord, l’Accord Canada–États-
Unis sur la qualité de l’air est signé. Cet
accord vise lui aussi à réduire l’émission
de polluants atmosphériques respon- 10.56 Des émissions de polluants atmosphériques responsables des pluies acides.
En 2000, une annexe sur l’ozone a été ajoutée à l’Accord Canada – États-Unis sur la qualité de l’air.
sables des pluies acides.

1992 Déclaration de Rio. 1994 Abandon du 1997 Création de l’Agence de


(Troisième Sommet projet hydroélectrique l’efficacité énergétique du Québec.
de la Terre). de Grande-Baleine. Protocole de Kyoto.

1990 1995 2000

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 573 2018-08-07 12:43 PM


574 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

L’exploitation des ressources


et l’opinion publique
Dans les années 1990, les groupes environnementaux alertent l’opinion publique
sur d’autres problèmes environnementaux : les effets de la déforestation, les
impacts de l’exploitation minière et des complexes hydroélectriques, la contami-
nation des sols et des nappes phréatiques liée aux pratiques agricoles, etc. Les
consultations publiques du BAPE font souvent la une des journaux et le gouver-
nement du Québec impose des mesures plus contraignantes aux industries.

L’exploitation des territoires forestiers


Le gouvernement resserre l’application de la Loi sur les forêts, adoptée en 1986,
en imposant des amendes aux compagnies forestières qui font des coupes à
blanc. Toutefois, ne voulant pas nuire à l’économie des régions ressources,
Nappe phréatique l’État hésite à appliquer des mesures trop restrictives envers ces entreprises
Source d’eau souterraine produite par l’infiltration et la déforestation se poursuit.
des eaux de surface.
Coupe à blanc
Abattage de la totalité des arbres d’un territoire
L’exploitation des territoires agricoles
forestier. En 1986, le Québec se dote d’une politique agricole pour encadrer l’usage des
Développement durable pesticides en agriculture. Cette politique a peu d’effet réel, car elle sert principa-
Développement économique et social qui répond
aux besoins du présent sans compromettre ceux lement à mener des études d’impact et à sensibiliser les agriculteurs aux dangers
des générations futures. des produits chimiques pour la santé, les sols et les eaux. Dans les années suivantes,
l’utilisation des pesticides est encore en hausse, au Québec
comme ailleurs, en raison de l’essor des cultures intensives
et des monocultures.

L’exploitation des territoires


énergétiques
Les pressions des groupes environnementaux et des com-
munautés autochtones, qui s’opposent à la construction
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

de nouveaux barrages, forcent Hydro-Québec à renoncer


à certains projets et à diversifier les sources de production
d’électricité. La société d’État entame alors une série
d’études sur la capacité éolienne de certaines régions. À la
fin des années 1990, Hydro-Québec achète de l’électricité
d’une compagnie privée qui a mis sur pied le parc éolien
Le Nordais, situé en partie à Cap-Chat, en Gaspésie, et à
Matane, au Bas-Saint-Laurent. Parallèlement, le gouverne-
ment du Québec investit dans des programmes d’économie
10.57 Des coupes à blanc sur l’île René-Levasseur d’énergie. À cette fin, il crée, en 1997, l’Agence de l­ ’efficacité
dans la région de la Côte-Nord.
énergétique du Québec.

CHRONOLOGIE 1987 Protocole


1978 Création du Bureau 1979 Création du ministère de Montréal.
d’audiences publiques sur de l’Environnement
l’environnement (BAPE). du Québec.

1975 1980 1985

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 574 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 575

Les changements climatiques


Au début des années 1990, le Groupe d’experts intergouverne-
mental sur l’évolution du climat (GIEC) alerte la communauté
internationale sur des changements climatiques liés à une aug-
mentation des températures moyennes à l’échelle de la planète.
Deux conséquences directes des changements climatiques
reconnus sont la fonte de la banquise et la destruction d’habi-
tats. En 1992, lors du troisième Sommet de la Terre organisé à
Rio, au Brésil, plus de 130 pays signent une déclaration qui
affirme leur engagement envers les principes du développe-
ment durable.
En 1997, plus de 80 États signent le protocole de Kyoto, un traité
international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre
(GES) à l’origine du réchauffement climatique. Tous les pays signa-
taires ratifient le protocole de Kyoto, sauf les États-Unis, alors le
plus grand émetteur de GES.
Le gouvernement du Canada ratifie le protocole de Kyoto en 10.58 La crise du verglas de janvier 1998, dans
le sud du Québec. Cette catastrophe naturelle est l’une
2002, mais ne prend pas de mesures concrètes pour l’appliquer. de celles, avec les inondations au Saguenay–Lac-Saint-Jean et
Entre 1990 et 2012, ses émissions de GES augmentent d’environ en Montérégie, qui ont amené l’opinion publique à s’intéresser
20 %. En 2012, le gouvernement du Québec s’engage à diminuer aux possibles conséquences du réchauf­fement climatique.
lui aussi les GES qu’il produit. Comme la consomma­tion d’éner­
gie au Québec repose principalement sur l’hydro­électricité, une
DÉTERMINER
OI DES CAUSES ET Quel est l’effet de la crise
DES CONSÉQUENCES. du verglas sur le réseau de
faible source d’émission de GES, il lui est plus facile de respecter distribution d’électricité ?
ses engagements.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1992 Déclaration de Rio. 1994 Abandon du 1997 Création de l’Agence de


(Troisième Sommet projet hydroélectrique l’efficacité énergétique du Québec.
de la Terre). de Grande-Baleine. Protocole de Kyoto.

1990 1995 2000

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 575 2018-08-07 12:43 PM


576 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE


7. Les enjeux environnementaux

1 Indiquez l’année de création des ministères et de l’organisme suivants.


a) Le ministère de l’Environnement du Canada.
b) Le ministère de l’Environnement du Québec.
c) Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

2 Sur le plan juridique, qu’est-ce qui distingue le Bureau d’audiences publiques sur
l’environnement (BAPE) des ministères de l’Environnement du Canada et du Québec ?

3 La gestion des enjeux environnementaux comporte des aspects politiques, économiques


et sociaux. Pour chacun des énoncés, indiquez de quel aspect il s’agit.

a) La protection de l’environnement entraîne des dépenses


pour les entreprises.
b) La protection de l’environnement dépend de la volonté
des citoyens à se responsabiliser.
c) La protection de l’environnement repose sur l’intervention
de l’État, tant au niveau local qu’à l’échelle internationale.

4 De quoi s’agit-il ?
a) La Loi sur les forêts de 1986 impose des amendes aux
compagnies forestières qui utilisent cette pratique.
b) Une ville de la Gaspésie où est situé un parc éolien
dont l’électricité produite est vendue à Hydro-Québec.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

c) Le mandat de cet organisme gouvernemental créé en 1997 est de mettre en place


des programmes d’économie d’énergie.

5 Complétez les textes portant sur les problèmes environnementaux et les solutions proposées
par les gouvernements à l’aide des éléments des encadrés.

entente pluies acides rejets États-Unis polluants atmosphériques Canada

A. La pollution de l’air responsable des pluies acides.

En 1991, le gouvernement du signe une première


avec le gouvernement des pour réduire les
de qui sont responsables des .

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 576 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 577

minière déforestation environnementaux nappes contamination


agricoles problèmes hydroélectriques impacts

B. L’exploitation des ressources et l’opinion publique.

Dans les années 1990, les groupes alertent l’opinion publique sur
des comme les effets de la ,
les de l’exploitation et des complexes
, ou encore les problèmes de des sols et
des phréatiques liée aux pratiques .

loi eaux contamination provincial règlements pesticides


sols toxiques eaux usées fédéral rejets

C. La pollution de l’eau des rivières et du fleuve Saint-Laurent.

Dans les années 1980, le gouvernement met en place des


pour limiter les de produits industriels
dans le fleuve et ses affluents, et pour traiter les . Le gouvernement
, quant à lui, met en place une qui réglemente
l’usage des en agriculture afin de réduire la
des et des .

gaz à effet de serre (2) Canada traité international émetteur de GES mesures
réchauffement climatique États-Unis climat États protocole de Kyoto
Québec changements climatiques intergouvernemental
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

D. Les changements climatiques et le protocole de Kyoto.

Au début des années 1990, le Groupe d’experts sur l’évolution


du (GIEC) alerte la communauté internationale sur le phénomène des
. En 1997, de nombreux signent un
qui vise à réduire les émissions de
à l’origine du . Les , alors le plus
grand , ne signe pas le .
Le gouvernement du ratifie le protocole, en 2002, mais ne prend pas de
concrètes pour l’appliquer. En 2012, le gouvernement du
s’engage à diminuer lui aussi les qu’il produit.

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 577 2018-08-07 12:43 PM


578 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

10.59 L’Assemblée législative du Nunavut. Le 1er avril 1999, le territoire du Nunavut est créé. Son Assemblée législative est située à Iqaluit,
la plus grande ville du Nunavut. Elle se compose de 19 membres élus par la population.

OI ÉTABLIR DES FAITS. De quel territoire le Nunavut fait-il partie avant sa création, en 1999 ?

8 Les droits des Autochtones


Au début des années 1980, les communautés autochtones intensifient leurs
revendications auprès des gouvernements fédéral et provinciaux. Elles sou-
Préjudice haitent éveiller les consciences au sujet des injustices et des préjudices causés
Dommage causé à une personne de manière aux communautés autochtones, notamment ceux reliés aux politiques d’assimi-
volontaire ou involontaire.
lation pratiquées depuis le début du 19e siècle. Malgré leurs revendications, les
Autochtones subissent encore de la discrimination : les réticences à leur égard
persistent, en raison, par exemple, de certains préjugés et de la méconnaissance
de leur culture.

Les conditions de vie des Autochtones


Les conditions de vie des communautés autochtones dans les réserves et les
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

villages inuits sont difficiles sous diffé­rents aspects. Les populations autochtones
de ces communautés s’accrois­sent grâce à un fort taux de natalité. Il existe dans
les communautés d’importants problèmes sociaux : pauvreté, faible scolarisation,
10.60 Nora Bernard (1935-2007). manque d’emplois et de logements.
Nora Bernard a 9 ans lorsqu’elle est envoyée
au pensionnat de Shubenacadie, en Nouvelle- Les Autochtones qui quittent les réserves ou les villages inuits pour vivre en ville
Écosse. Cinquante ans plus tard, en son sont de plus en plus nombreux. Ils s’installent en ville dans l’espoir d’un avenir
nom et au nom d’environ 79 000 autres meilleur. Ils s’y rendent essentiellement pour trouver du travail et un logement
pensionnaires, elle convainc un avocat
d’Halifax de poursuivre en justice le ou faire des études supérieures. Bien qu’ils soient souvent victimes de préjugés
gouvernement fédéral et les Églises et qu’ils vivent des difficultés d’adaptation, de nombreux Autochtones établis
qui ont administré les pensionnats en milieu urbain vivent une expérience enrichissante et contribuent au rayon-
indiens au Canada.
nement de leur culture.

CHRONOLOGIE 1985 Amendements à la Loi sur les Indiens.


1982 Proclamation de la Reconnaissance des nations 1986 Le Nouveau-Québec 1990 Crise d’Oka.
Loi constitutionnelle autochtones et de leurs droits par prend le nom de « Nunavik ».
de 1982. le gouvernement du Québec.

1980 1985 1990

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 578 2018-08-07 12:43 PM


DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 579

Les pensionnats indiens, créés au 19e siècle pour scolariser, évangéliser et assi-
miler les enfants autochtones, font partie des préjudices causés aux nations
autochtones.

Les Autochtones et la Constitution de 1982


En 1982, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau s’apprête à rapatrier la
Constitution sans avoir consulté les peuples autochtones. Les représentants
autochtones se regroupent alors pour forcer le gouvernement fédéral à ajouter
un article, l’article 35, portant sur la reconnaissance de leurs droits (ancestraux
ou issus de traités) dans la Loi constitutionnelle de 1982. Aborigène
Descendant des premiers occupants
Même si l’article 35 ne précise pas quels sont les droits ancestraux des d’un territoire.
Autochtones, il permet de reconnaître officiellement près de 70 traités histo-
riques, du Régime français jusqu’aux conventions de la Baie-James et du Nord
québécois, en 1975, et du Nord-Est québécois, en 1978. Ces traités font depuis
partie de la Constitution du Canada.
En vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, le gouvernement fédéral
modifie, en 1985, la Loi sur les Indiens. Désormais, les femmes ne perdent plus
ce qu’on appelle le « statut d’Indien » si elles se marient avec un non-­Indien.
Dans les années suivantes, plus de 10 000 personnes vivant au Québec, surtout
des femmes et des enfants, acquièrent le statut d’Indien.

Les revendications autochtones


Les revendications territoriales sont extrêmement importantes pour les com-
munautés autochtones, car en plus d’être étroitement lié à la sauvegarde de
leur mode de vie traditionnel, le territoire fait partie de leur identité. Entre
1973 et 2000, plus d’une vingtaine de revendications territoriales conduisent
à des ententes avec les deux paliers de gouvernement. D’autres ententes
concernant l’autonomie gouvernementale et les services aux communautés sont
aussi conclues.

Les droits des communautés autochtones


Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

du Québec
Deux principaux regroupements défendent les intérêts des Autochtones auprès
des gouvernements du Québec et du Canada : l’Assemblée des Premières Nations 10.61 Une manifestation à Toronto
pour dénoncer la rafle des années
du Québec et du Labrador (APNQL), qui représente les communautés des soixante. Cette manifestante autochtone
Premières Nations, et la Société Makivik, qui défend les intérêts des communautés réclame la vérité à propos des années 1960.
inuites du Nunavik. En 1983, les pressions de ces regroupements amènent le gou- Entre 1951 et 1984, quelque 20 000 en­fants
autochtones sont placés dans des familles
vernement Lévesque à reconnaître officiellement que « les peuples aborigènes non autochtones, ou offerts en adoption.
du Québec sont des nations distinctes qui ont droit à leur culture, à leur langue, Certains enfants sont même vendus
à leurs coutumes et traditions, ainsi que le droit d’orienter elles-mêmes le déve- à l’étranger, par exemple aux États-Unis
et en Europe.
loppement de cette identité propre. »

1995 Reconnaissance du droit à l’autonomie


gouvernementale des Autochtones par
1999 Création 2002 Signature de
le gouvernement canadien.
du Nunavut. la Paix des braves.
1996 Fermeture du dernier
pensionnat indien.
1995 2000 2005

13880_chroniques_cahier-sa_d10.indd 579 2018-08-07 12:43 PM


580 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

La reconnaissance des nations autochtones


par le gouvernement du Québec
Le 20 mars 1985, l’Assemblée nationale du Québec adopte une motion qui
reconnaît l’existence et les droits de 10 nations autochtones : les Abénaquis,
les Algonquins, les Atikamekws, les Cris, les Hurons (Wendats), les Micmacs, les
Mohawks, les Montagnais (Innus), les Naskapis et les Inuits. En mai 1989, le
Québec reconnaît une onzième nation, les Malécites.
Depuis l’adoption de la Loi constitutionnelle de 1982 et la reconnaissance offi-
cielle de ces 11 nations, le gouvernement du Québec doit négocier des ententes
qui respectent les droits ancestraux et l’autonomie des Autochtones. Les ques-
tions territoriales sont complexes. Deux événements illustrent la diversité des
revendications territoriales des nations autochtones : la crise d’Oka de 1990 et
les négociations précédant la signature de la Paix des braves, en 2002.

Ivujivik Légende
Salluit
Les communautés
Kangiqsujuaq autochtones du Québec
Akulivik Abénaquis
Quaqtaq
Mer du
Algonquins
Puvirnituq
Kangirsuk Labrador Atikamekws
Baie
Cris
Baie d’Ungava
Aupaluk Hurons-Wendats
d’Hudson
Innus
Inukjuak Malécites
Kangiqsualujjuaq
Tasiujaq
Micmacs
Kuujjuaq Mohawks
Naskapis
Inuits

Guerrier mohawk Umiujaq


Territoires autochtones
des conventions
Membre de la communauté mohawk qui
Nunavik
appartient à la « Société des guerriers », Kuujjuarapik Eeyou Istchee (cris)
un groupe qui s’impose comme le protecteur Kawawachikamach
Naskapi
de la culture et des intérêts des Mohawks. Whapmagoostui
Matimekosh
Lac-John

Chisasibi

10.62 Les revendications Wemindji Q U É B E C

territoriales des communautés Eastmain

autochtones. Waskaganish
Pakuashipi

Nemaska La Romaine
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

Uashat Nutashkuan
Mingan
Revendications globales Maliotenam

Mistissini
ent
Concernent les droits de propriété Waswanipi Oujé-
Bougoumou n t-L
aur
Pessamit ai
sur des territoires n’ayant jamais Pikogan Obedjiwan e
S Gespeg
uv
fait l’objet d’un traité entre Essipit F
le
Golfe du
Saint-Laurent
Listuguj
une nation autochtone Timiskaming Lac-Simon Mashteuiatsh
Gesgapegiag

et le gouvernement. Kitcisakik
Wemotaci
Whitworth
Winneway
Lac-Rapide Manawan
Hunter’s Point
Wendake
Revendications particulières Kebaowek
Kitigan Zibi Wôlinak
Odanak
Kanesatake OCÉAN
Portent sur le respect 0 100 km
Kahnawake AT L A N T I Q U E
des traités existants. Akwesasne

10.63 Les communautés autochtones au Québec.

CHRONOLOGIE 1985 Amendements à la Loi sur les Indiens.


1982 Proclamation de la Reconnaissance des nations 1986 Le Nouveau-Québec 1990 Crise d’Oka.
Loi constitutionnelle autochtones et de leurs droits par prend le nom de « Nunavik ».
de 1982. le gouvernement du Québec.

1980 1985 1990

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 581

La crise d’Oka
Le 11 mars 1990, des membres de la communauté mohawk de Kanesatake,
près de la municipalité d’Oka, à l’ouest de Montréal, bloquent une route pour
protester contre l’agrandissement d’un terrain de golf sur des terres qu’ils
revendiquent. À la fin du mois d’avril, ils érigent des barrages sur la route 344,
à l’entrée et à la sortie de Kanesatake.
Le 11 juillet, une centaine de policiers de la Sûreté du Québec mènent une
opération pour enlever les barricades des guerriers mohawks. Des coups de
feu éclatent et un policier perd la vie. Les policiers décident d’encercler
Kanesatake. Des guerriers mohawks de Kahnawake, une commu-
nauté située au sud-ouest de Montréal, près de Châteauguay, décident de 10.64 Ellen Gabriel (1959- ).
bloquer l’accès au pont Honoré-Mercier. Le pont reste bloqué pendant 57 jours, Elle est la porte-parole des Mohawks lors
de la crise d’Oka en 1990. Militante pour la
soit jusqu’au 6 septembre. reconnaissance des droits des Autochtones
et artiste accomplie, Ellen Gabriel a reçu
Les gouvernements du Québec et du Canada entreprennent des pourparlers plusieurs distinctions et a notamment été
avec les guerriers mohawks, mais ceux-ci refusent de lever leurs barricades présidente de l’Association des femmes
tant et aussi longtemps qu’une entente reconnaissant les droits territoriaux autochtones du Québec de 2004 à 2010.
et l’autonomie gouvernementale de Kanesatake n’est pas signée.
Le 17 août 1990, à la demande du premier ministre Robert Bourassa, les poli-
ciers de la Sûreté du Québec sont remplacés par 2500 soldats des Forces
armées canadiennes. À la fin du mois d’août, les barricades de Kanesatake et
de Kahnawake sont démantelées, puis le pont Honoré-Mercier est rouvert à
la circulation. La crise d’Oka se termine le 26 septembre lorsque les derniers
guerriers mohawks, qui s’étaient réfugiés à Kanesatake, sont arrêtés par les
forces militaires et policières.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

10.65 Un affrontement entre un soldat des Forces armées canadiennes 10.66 La barricade mohawk sur la
et un guerrier mohawk. route 344, entre Oka et Kanesatake.

1995 Reconnaissance du droit à l’autonomie


gouvernementale des Autochtones par
1999 Création 2002 Signature de
le gouvernement canadien.
du Nunavut. la Paix des braves.
1996 Fermeture du dernier
pensionnat indien.
1995 2000 2005

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582 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

La Commission royale sur les peuples autochtones


Un an après la crise d’Oka, le gouvernement du Canada crée la Commission royale
sur les peuples autochtones. Quatre commissaires autochtones et trois non-
Notre rapport propose
autochtones sont chargés d’enquêter sur la question suivante : « Quels sont les
une stratégie détaillée
fondements d’une relation équitable et honorable entre les Autochtones et les
sur 20 ans pour restaurer la
non-Autochtones au Canada ? ». Après avoir visité plus de 90 communautés, la
santé sociale, économique et
commission dépose, le 21 novembre 1996, un rapport comprenant plus de
politique des peuples autoch­
400 recommandations. Aucune d’entre elles ne sera toutefois mise en œuvre.
tones et redéfinir leur
relation avec l’ensemble
des Canadiens. La Paix des braves
Source : Extraits des déclarations des Dans les années 1990, le gouvernement du Québec veut entreprendre la
coprésidents de la Commission royale
sur les peuples autochtones. construction d’un vaste complexe hydroélectrique sur la rivière Eastmain. Les
Cris vivant sur ces territoires s’y opposent, car ils considèrent que le projet va
à l’encontre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975.
Le Grand Conseil des Cris prend la décision de poursuivre en justice le gouver-
La façon dont le Canada nement du Québec.
traite ses Autochtones
se résume à un gigantesque En 2002, après plus d’une dizaine d’années de négociation, le gouvernement du
gaspillage de potentiel, Québec et le Grand Conseil des Cris signent la Paix des braves. En vertu de ce
d’argent et de vies traité, les Cris peuvent par­ticiper au développement économique de leur terri-
humaines. toire et ­recevoir un dédommagement de 4,5 milliards de dollars pour l’exploita-
tion des ressources de ce territoire au cours des 50 prochaines années. La Paix
Source : Extraits des déclarations des
coprésidents de la Commission royale des braves reconnaît aussi à la nation crie le droit à une forme d’autonomie gou-
sur les peuples autochtones. vernementale. En retour, les Cris s’engagent à abandonner toute poursuite contre
le gouvernement du Québec.

La création du Nunavut
Dans les années 1960 et 1970, de plus en plus d’entreprises
minières s’installent sur des terres occupées par les Inuits dans
les Territoires du Nord-Ouest. Les communautés inuites font
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

alors pression sur Ottawa pour que leurs droits ancestraux et


territoriaux soient reconnus.
En 1993, après une vingtaine d’années de négociation les
représentants des Inuits et du gouvernement fédéral signent
l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut. Cette
entente est ensuite approuvée par la majorité des Inuits de la
région, ce qui permet la création officielle du territoire du
Nunavut, le 1er avril 1999.
10.67 La signature de la Paix des braves à Waskaganish, La création du Nunavut permet aux Inuits d’une partie du
le 8 février 2002. Le premier ministre Bernard Landry et le grand Grand Nord canadien d’obtenir la reconnaissance de leur auto-
chef du Conseil des Cris, Ted Moses.
nomie gouvernementale.

CHRONOLOGIE 1985 Amendements à la Loi sur les Indiens.


1982 Proclamation de la Reconnaissance des nations 1986 Le Nouveau-Québec 1990 Crise d’Oka.
Loi constitutionnelle autochtones et de leurs droits par prend le nom de « Nunavik ».
de 1982. le gouvernement du Québec.

1980 1985 1990

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 583

OCÉAN Légende
ARCTIQUE
Groenland Village inuit
(DANEMARK)
Territoires inuits
Inuvialuit
Mer de Nunavut
Beaufort Nunavik
Baie
Nunatsiavut
de Baffin
Alaska
(ÉTATS-UNIS)

Yu k o n

Te r r i t o i re s Détro
it d’Hudson
du Nord-Ouest

Colombie- Baie
Britannique d’Hudson uve-et-L
C A N A D A -Ne
Alberta rre
Te

ab
rad
Saskatchewan

or
Manitoba
Québec
Ontario

0 300 km

10.68 Les territoires inuits au Canada, vers 2005. Les territoires inuits comprennent
le Nunavut et trois autres régions : l’Inuvialuit, le Nunavik et le Nunatsiavut.

DÉGAGER DES
OI DIFFÉRENCES ET Qu’ont en commun les emplacements de la grande
DES SIMILITUDES. majorité des villages inuits du Canada ?
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1995 Reconnaissance du droit à l’autonomie


gouvernementale des Autochtones par
1999 Création 2002 Signature de
le gouvernement canadien.
du Nunavut. la Paix des braves.
1996 Fermeture du dernier
pensionnat indien.
1995 2000 2005

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584 PARTIE 4 • Les choix de société dans le Québec contemporain (de 1980 à nos jours)

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE


8. Les droits des Autochtones

1 Associez chacun des énoncés à la lettre du document METTRE EN RELATION


OI DES FAITS.
ÉTABLIR
OI DES FAITS.
auquel il correspond, puis précisez de quoi il s’agit.

a) Un événement politique qui oppose Document A


les Mohawks au gouvernement.

b) Un problème social.

c) Un moyen de scolariser, évangéliser et assimiler


les enfants autochtones. Document B

« La population autochtone augmente


beaucoup plus rapidement que la
d) Un traité signé en 2002 qui reconnaît aux Cris population canadienne en général.
une forme d’autonomie gouvernementale. En moyenne, le taux de natalité chez
les femmes canadiennes est d’environ
1,7 ; chez les femmes autochtones
e) Un territoire inuit créé en 1999. de plein droit, il s’élève à environ 2,9,
ce qui provoque une montée rapide du
taux de croissance de la population. »
f) Une situation démographique. Source : Gouvernement du Canada, [En ligne].
(Consulté le 5 mai 2017.)

Document C
g) Un changement de loi.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

h) Un organisme qui défend les intérêts


des communautés inuites du Nunavik.

Document D
i) Un rapport, déposé en novembre 1996,
dans lequel les commissaires formulent « Deux principaux regroupements
400 recommandations visant l’amélioration défendent les intérêts des Autochtones
des relations entre les gouvernements fédéral auprès des gouvernements du
et provinciaux et les populations des nations Québec et du Canada : l’Assemblée
autochtones du Canada. des Premières Nations du Québec
et du Labrador (APNQL) et
la Société Makivik. »

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DOSSIER 10 • Le Québec à l’heure des choix (1980-2000) 585

Document E Document F

« Personnes ayant droit à l’inscription


6 (1) Sous réserve de l’article 7, toute
personne a le droit d’être inscrite dans
les cas suivants :
a) elle était inscrite ou avait le droit
de l’être le 16 avril 1985 ;
Document G
b) elle est membre d’un groupe de
personnes déclaré par le gouverneur « Le Nunavut est créé officiellement en 1999.
en conseil après le 16 avril 1985 Il s’agit du troisième territoire du Canada. Il est
être une bande pour l’application le plus grand et le moins peuplé. Son nom signifie
de la présente loi ; […] » “notre pays” en inuktitut, une langue inuite. »
Source : Loi sur les Indiens de 1985.

Document I
Document H
« Tous les êtres humains jouissent de certains droits
communs, mais la façon dont ces droits s’expriment
chez les Autochtones du Canada prend une forme
particulière, qui les unit avec une constance excep-
tionnelle à la terre, ainsi qu’à toutes les créatures
et à tous les éléments avec qui ils partagent la vie. »
Source : Commission royale sur les peuples autochtones, p. 937.

2 À l’aide de la carte 10.63, associez les réserves et les villages SITUER DANS LE TEMPS
OI ET DANS L’ESPACE.
aux numéros des communautés autochtones qui y vivent.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.

1) Innus. 2) Algonquins.
a) Mistissini. b) Pikogan. c) Uashat.
3) Cris. 4) Mohawks.
d) Wendake. e) Kanesatake. f) Salluit. 5) Inuits. 6) Hurons-Wendat.

3 Placez les événements relatifs à la crise d’Oka


F
en ordre chronologique sur la ligne du temps.

A. Les barricades des Mohawks sont démantelées B. Une route est bloquée par les Mohawks pour
et le pont Honoré-Mercier est à nouveau ouvert protester contre l’agrandissement d’un terrain
à la circulation. de golf.
C. Une opération policière est menée par la Sûreté D. Les derniers guerriers mohawks sont arrêtés
du Québec pour enlever les barricades. par les forces militaires et policières.
E. Des négociations sont entreprises entre les F. Les Forces armées canadiennes interviennent
guerriers mohawks et les gouvernements. à la demande du gouvernement du Québec.

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