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Principe d'identité

Le principe d'identité affirme qu'une


chose, considérée sous un même
rapport, est identique à elle-même[1].

On l'exprime sous la forme : « ce qui est


est » (A est A) et « ce qui n'est pas n'est
pas » : il y a cohérence de l'être, la réalité
a une certaine immuabilité, l'arbre reste
arbre : il y a cohérence de la
connaissance ou du langage, toute
désignation doit conserver une
permanence, le mot « arbre » doit
désigner l'arbre. Le principe d'identité
présente donc deux versions. La version
ontologique (sur l'être) dit : « Une chose
est ce qu'elle est. » La version logique
(sur la connaissance formelle) dit : « Ce
qui est vrai est vrai ».

Le principe logique d'identité est le


premier des quatre grands principes
logiques de l'Antiquité : principe
d'identité, principe de non-contradiction
(« une proposition ne peut être à la fois
vraie et fausse »), principe du tiers exclu
(« une proposition et sa négation ne
peuvent être toutes deux fausses »), ou,
selon une autre triade, principe de non-
contradiction et d'identité, principe du
tiers exclu, principe de raison suffisante.

Historique
Le principe d'identité se trouve de façon
implicite chez Parménide (vers 450 av.
J.-C.).

« L’être embrasse au plus près


l’être[2]. »

Platon isole cinq « genres de l'être » : Être


(et Néant), Repos et Mouvement, Même
(Identité) et Autre[3]. Selon Jean-Paul
Dumont, il énonce le principe d'identité
dans ce passage :
« Qu’on leur adresse la parole
avec l'intention de s'éclairer
sur un de leurs dires, c'est une
chose unique qu'ils se
contentent de signifier, la
même toujours. »

Dans Le Parménide, le principe figure


sous forme de la première hypothèse :
l'Un, c'est l'Un (Platon, Le Parménide,
137c), de sorte qu'il n'est ni tout ni
parties, ni droit ni circulaire (donc sans
figure), ni en soi-même ni en autre chose
(donc il n'est pas dans l'espace), ni en
repos ni en mouvement, ni identique ni
différent, ni semblable ni dissemblable, ni
égal ni inégal, ni plus vieux ni plus jeune
(il n'est pas dans le temps), il échappe à
l'être et à la connaissance.

Aristote ne présente pas le principe de


façon explicite[4]. Dans ses Analytiques,
ouvrage pionnier dans le développement
des théories logiques, il propose une
syllogistique qui utilise le principe « A =
A » sans l’expliciter.

Les stoïciens transposent le principe


d'identité de l'ontologie à la logique : « Si
le premier, alors le premier », « Si a, alors
a » [réf. nécessaire]. Et ils font de ce principe
la loi fondamentale de la logique.

Thomas d'Aquin, vers 1270, doute du


fondement ontologique.
« Certaines relations ne sont
pas réellement inhérentes aux
sujets dont elles sont
prédiquées. Cela peut se
remarquer des deux termes,
lorsqu’on dit par exemple que
le même est même que le
même. Cette relation d’identité
se multiplierait à l’infini si
quelque chose était semblable à
lui-même d’une relation
ajoutée. N’importe quoi est
évidemment semblable à lui-
même. Cette relation est donc
purement de raison, car c’est
cette faculté qui prend une
seule et même réalité pour
chacun des termes de la
relation[5]. »

Pour Leibniz, le principe d'identité des


indiscernables équivaut au principe de
non-contradiction [réf. nécessaire].

Kant, dans sa Logique, lie principe


d'identité et principe de non-
contradiction, et ces deux aux jugements
problématiques.

« Nous pouvons poser ici trois


principes comme critères
universels de la vérité,
simplement formels et
logiques, ce sont : 1) le principe
de contradiction et d'identité
(principium contradictionis et
identitatis) par lequel la
possibilité interne d'une
connaissance est déterminée
pour des jugements
problématiques, 2) le principe
de raison suffisante
(principium rationis
sufficientis) (...) pour les
jugements assertoriques ; le
principe du tiers exclu
(principium exclusi medii inter
duo contradictoria) (...) pour
des jugements apodictiques.
(...) Les jugements sont
problématiques, assertoriques
ou apodictiques. Les jugements
problématiques sont
accompagnés de la conscience
de la simple possibilité, les
assertoriques de la conscience
de la réalité, les apodictiques
enfin de la conscience de la
nécessité du jugement[6]. »

La philosophie de Fichte part du principe


A = A. Le premier principe du Fondement
d'une doctrine de la science (1794), qui
repose sur le principe d'identité, dit que
« le Moi pose originellement simplement
son propre être. » Le deuxième principe,
qui repose sur le principe de non-
contradiction, dit que le Moi n'est pas
Non-Moi.

Hegel tient le principe de l'identité pour


un préjugé de l'entendement abstrait[7].

Spir, dans Denken und Wirklichkeit (1877)


(Pensée et réalité), considère le principe
d'identité comme étant la base de la
connaissance. Mais la comparaison avec
la réalité, faite à travers l'expérience,
montre que ce principe est constamment
démenti, on peut donc en déduire non
seulement l'impossibilité de justifier
rationnellement les modalités d'être de la
réalité, mais jusqu'à son existence
même. De cette manière le principe
d'identité, d'épistémologique devient
ontologique[8].

Selon George Edward Moore, le verbe


être désigne plusieurs idées, il marque
tantôt l’existence (« Je suis »), tantôt
l’attribution (« Je suis mortel »), tantôt
l’identité (« Je suis Moore »), tantôt
l’appartenance (« Je suis un homme »)
[réf. nécessaire].

Le principe d'identité est l'un des


principes fondamentaux de
l'objectivisme d'Ayn Rand. La troisième
partie de son célèbre roman La Grève
s'intitule "A est A".

Bibliographie
Aristote, Métaphysique.
Martin Heidegger, Le principe d'identité
traduction française dans Questions I
et II, Tel/Gallimard.

Notes et références
1. Roger Caratini, Initiation à la
philosophie, L'Archipel, 2000, pages
148, 707.

2. Parménide, fragment B 8.
3. Platon, Le sophiste, 254d.
4. Jan Łukasiewicz, Du principe de
contradiction chez Aristote, L’Éclat,
2000 (lire en ligne (https://books.goo
gle.fr/books?id=sulSi3Bav5QC&pg=P
A77) [archive]), « Le principe de
contradiction et le principe d’
identité », p. 77

5. Sententia super Physicam, Livre V,


leçon 3, n° 667

6. Kant, Logique (1800), p.58 et 119.


7. Hegel, Encyclopédie des sciences
philosophiques, § 113-114, additifs
aux § 80, 115-121, trad., Vrin, p. 241-
243, 510, 550-555.

8. African Spir, Pensée et réalité : essai


d'une réforme de la philosophie
critique, trad. de l'allemand sur la 3e
édition par Auguste Penjon, éditeur :
au siège des facultés (Lille), 1896,
consultable sur Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6
k69545q [archive]

Voir aussi

Articles connexes

Principe d'identité des indiscernables


Principe de non-contradiction
Principe du tiers exclu
raison
Liens externes

[1] (http://pagesperso-orange.fr/yoda.g
uillaume/Outils/TiersExc.ht
m) [archive] principes logiques de
l'Antiquité

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