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La végétation à Délos
Waldemar Déonna
Déonna Waldemar. La végétation à Délos. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 70, 1946. pp. 154-163;
doi : https://doi.org/10.3406/bch.1946.2566
https://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1946_num_70_1_2566
Apollon délien possède, entre autres biens (4), des immeubles construits,
qu'il loue aux particuliers (5). On n'en a pas retrouvé les emplacements (6),
mais on peut suivre dans les comptes les variations de leurs revenus, leur
(1) Sous le titre «La vie privée des anciens Déliens. Commerce, industrie, agriculture»,
j'avais écrit une « Introduction générale » au tome XVIII de l'Exploration archéologique de
Délos, 1938. Vu son étendue, ce texte n'a pu y trouver place, et il est resté inédit. J'en extrais ce
chapitre.
•
600, de 250 à 200 av. J.-C, et en 179 il n'y en a plus que deux unités (9),
c'est-à-dire que la plantation est ruinée.
Des jardins, xýjtcoi, entourent le sanctuaire — il y en a près du Létôon (10),
(1) BC1I, VI, 1882, 60 ; Archives des missions scientifiques, XIII, 1887, 425.
(2) DCA, 145 ; 308, note 1 ; Mélanges Glolz, II, 518. — La localisation en a été tentée par
Homolle. Pour Délos et Rhénée, BCH, XIV, 1890, 423, 390 sq. ; pour Myconos, BCH, XXXII,
1908, 453, 498 ; XXXIV, 154, etc.
Voir dans les comptes les fermages, ex. : BCH, VI, 1882, G3 ; VIII, 1884, 313, n°s 15-16 ;
XIV, 1890, 421 ; 390; XXVII, 1903, 79; XXVIII, 1904, 1G2-4 ; XXIX, 1905, 491 ; XXXII,
1908, 18 ;449 ; XXXV, 1911,5,251,282.
(3) Loi réglementant la location des terrains sacrés, de la fin du ive s., la iepà стиуураф^ des
inscriptions, BCH, VI, 1882, 63 ; XIV, 1890, 431, 452 ; 1907, 51, note 2, 90.
(4) DCA, 163, note 2 ; Durrbach-Roussel, Inscr. de Délos, n» 1416, p. 54, В I, 1. 42.
(5) Ibid., note 3. — Droit du dieu sur les pâturages de ses terres, BCH, VI, 1 182, 67 ; Durrbach-
•
.
— et un bois sacré, aXaoç, couvre l'emplacement entre le péribole à l'est
et le sanctuaire des. Taureaux, où l'on n'a pas retrouvé de vestiges de
constructions (1). • .-.'..'
F. Durrbach a écrit que les états des domaines sacrés nfc mentionnent
pas ď oliviers (10), mais il a rectifié lui-même cette assertion (11). En effet,
un compte signale dans un domaine, sans doute à Myconos, une plantation
de 98 oliviers et de 86 autres arbres qui sont sans doute des» oliviers
sauvages (12). Mais l'île ne peut suffire à sa consommation d'huile, qui est
un des objets principaux de son commerce.
mentionne que l'on a trouvé à côté du temple D du téménos d'Artémis (pour lui le Létôon), une
plaque de pierre qui pourrait être la base de ce palmier ou d'un monument votif analogue, BCH,
XLV, 1921, 230 ; XLVIII, 1924, 256.
(1) BCH, XXIV, 1910, 179 ; Durrbach, Inscr. de Délos, n» 199, A, 1. 80 ; Vallois,
L'architecture hellénique et hellénistique de Délos, I, 1944, 33.
(2) Homolle, Les archives, n° XVIII, A, 1. 55 ; BCH, XXXII, 1908, 40 ; XXXIV, 1910, 179 ;
Durrbach, Inscriptions de Délos, n° 159, A, 1. 55.
(3) BCH, XXXIV, 1910, 179; xà xupLdma та èm той 0aXá[i.ou ou ó cpotvil;. Durrbach, Inscr. de
Délos, n. 461, 273, 1. 40, en 169.
(4) E., V, 96, fig. 124 ; BCH, XLVIII, 1924, 256. — Courby y dresse un arbre votif, analogue
au palmier de Nicias ; d'autres, un mât de navire sacré.
(5) E., XI, 307.
(6) BCH, XLVI, 1922, 83, 85 ; XLVIII, 1924, 438, note 1 ; E., XI, 303, 307; CRAI, 1923,
266.
(7) BCH, XLVI, 1922, 85 ; XLVIII, 1924, 438, note 1 ; E, XI, 307.
(8) Cf. sur un relief d'Eleusis, rite d'incubation sous un palmier, BCH, XXXIV, 1910, 233,
pi. VIII.
(9) Bulard, La religion domestique, 363 ; E., IX, 110, L, pi. X, 2; 120, 135, 136, pi. XVIII b,
159 ; MP, XIV, 1908, 82 ; DCA, 280, note 2.
(10) Durrbach, Choix, I, 230.
(11) Ibid., 280.
(12) BCH, 1908, 83, n° 21, en 208.
158 W. DEONNA
II existe aussi des oliviers sacrés (1). La tradition qui associe cet arbre
à l'accouchement de Léto au lieu du palmier, paraît pour la première fois
dans Euripide, et cette innovation, conforme aux intérêts athéniens, fait
fortune et triomphe après 166, c'est-à-dire après que l'île est retombée sous
la domination athénienne (2). On vénère l'olivier qui a poussé dans l'Arté-
misicn, sur le sema des Vierges hyperboréennes Hyperoché et Laodiké,
le seul dont l'emplacement soit connu (3), et qui est mentionné par
Hérodote, Callimaque, Pausanias (4). Dans un curieux rite de purification,
car l'olivier a une vertu cathartique (5), les navigateurs, «les marchands
de l'Egée » (Callimaque), mains attachées au dos, viennent mordre l'arbre
sacré (6), après avoir subi la flagellation rituelle à l'autel des Cornes, le
Д-ýjXou xay.bc, (3oo[i.<Tç. Une pierre évidée, trouvée près de l'Artémision et de la
dite tombe, en aurait-elle entouré le tronc (7) ?
Un autre domaine est dit Xs^wv, terme qui désigne une prairie, un lieu
propre à l'élevage, mais « il est difficile, dans l'état de désolation où est
tombée Délos, et sous les pierres qui la couvrent presque tout entière, de
trouver un endroit qui réponde à cette description » (4) ; il est vrai que ce
domaine n'était pas nécessairement situé dans l'île même, mais peut-être
à Myconos ou à Hhénée.
Fleurs et fruits ont aussi leur rôle dans le culte (8), sont noués en
guirlandes dont l'image paraît souvent sur les peintures murales (9), les
mosaïques, les autels (10), comme dans l'ornementation banale des
(1) Sur le commerce des vins à Délos, voir la notice spéciale de notre « Introduction générale ».
(2) BCH, VI, 1882, 350, n° 79 ; Mélanges Holleaux, 272.
(3) BCH, XIV, 1890, 480.
(4) BCH, XIV, 1890, 428.
(5) Ex. Durrbach, Inscr. de Délos, n° 461, 270; 1. 53 (en 169), èpéêivGot xaî xúapioi ; n°
464, 279, 1. 15 (vers 170), èpé6tv&ot, оУ)ста[ла, fiiXi, Xáxava, xápua, etc.; aux ше et ne s., comptes
pour les Posideia et les Eileithyiaia, E., XI, 306, note 4; BCH, XXXIV, 1910, 141, 143. Des
« graines ovales allongées », mêlées à des os calcinés et à des cendres, ont été trouvées dans une
petite fosse, devant l'antre du Cynthe, BCH, LV, 1931, 277, réf.
.
(6) Sur le commerce du blé à Délos, voir notice spéciale de notre « Introduction générale ».
(7) Bas-relief isiaque, BCH, XXXI, 1907, 524, fig. 23 ; CE, 275, et note 8, réf. — Inventaire
de 156-5, F. Durrbach-Roussel, Inscr. de Délos, n. 1417, 74, A, II, 1. 160.
(8) Offrandes de fruits dans le culte domestique, Bulard, La religion domestique, 11, 78.
(9) Bulard, 376.
(10) E, XVIII, 380.
LA VÉGÉTATION A DÉLOS 161
Les ex-volo déposés dans les temples ont souvent la forme de végétaux
et de fruits (5). Certaines de ces offrandes remplacent, peut-être la dîme sur
la récolte payée primitivement en nature (6) ; d'autres sont des symboles.
Les ^puffouv 6époç, Xtjïov /puaouv, épis d'or (7), évoquent-ils la moisson mûrie
par Apollon ? On voyait à Delphes une moisson d'or, ex-voto de Méta-
ponte, et des ex-voto analogues (8). Un bouquet de trois épis en or, œuvre
d'un orfèvre du ive s. av. .].-{)., trouvé dans une tombe de Syracuse,
rappellerait plutôt le bouquet d'épis des prêtresses de Déméter et aurait
la valeur d'un symbole de vie éternelle (9). Dans des églises de Suède et
de Finlande on consacre des épis d'argent ou dorés, sans douté pour
obtenir une bonne récolte (10).
Voici des xpiOou, grains d'orge (11) ; des póSa, roses en or, en argent (12) ;
(1) ВСЯ, X, 1886, 465, 1. 105 (or) ; XIV, 1890, 406 ; XV, 1891, 133 ; XVI, 1891, 133; 1. 41 ;
XXIX, 1905, 479 (or;) XIV, 1890, 412, етохруирос; XXVII, 1903, 88, етихристос ; Durrbach,
Inscr. deDélos, n° 2.98, 45, 1. 170.
(2) BCH, XV, 1891, 133. — Pommes votives avec dédicaces ; IG, 556, 558 ; DA, Donarium,
375, note 160 ; Deonna, Quelques croyances superstitieuses de la Grèce ancienne, II, La pomme
d'Akontios el de Kydippé, HEG, XLÍI; 1929, 176.
(3) BCH, XIV, 1890, 405 ; XXXII, 1908, 49, 1. 13, jxvjXa xpuaà è'via тсХ^рт) yîjç ; XXXII,
1908, 65, I. 27, (i.îjXa xpuaa ïyovxa. у-rçv. Serait-ce le reste du noyau de fonte ?
(4) BCH, XIV, 1890, 406, pood xP^aï ; XV, 1891, 134, 1. 44 ; XXVII, 1903, 87; XXXII,
1908, 64, I. 21, poal sm/puaai етгта ; Durrbach, Inscr. de Délos, n° 298, 45, 1. 170, pjXa
xal poaç. •
Dans l'Héraion archaïque, de petites grenades en terre-cuite, de style insulaire, creuses, avec
de petits cailloux formant grelot à l'intérieur, sont des objets décoratifs ou des jouets, et sont
suspendues au plafond, aux murs. La grenade est l'attribut d'Héra. E., X, 9, 16, n° 11, 25, n09
40, 59, n» 126, pi. VII, XXXVII ; E., XI, 168, fig. 128. Les vases; en forme de grenade sont
fréquents dans l'archaïsme, Arch. Anz., XLIII, 1928, 385, n° 79, fig. 99, réf.
(5) E., IX, 60, n° 30, pi. II, 2 ; 159, pi. XVIII, b ; MP, XIV, 83, iig. 20-6 ; Bulard, La religion
domestique, 67, 238, note 2, 299, 354. Noter que ces grenades sont souvent groupées par trois.
(6) E., IX, pi. XIX.
(7) E., XVIII, 282, note 5.
(8) Durrbach, Inscr. de Délos, n» 298, p. 48, 1. 165. — Bijoux à tête de pavot, E., XVIII, 282,
n° 148. •
(9) Ibid.,n° 298, 44, 1. 159; n° 300, 154, 1. 6; BCH, XIV, 1890, 404, 405; XV, 1891,
129 ; XXVII, 1903, 88 ; 1908, 12 ; 64, I. 29, Trevropoêoç, ravTÓpo6ot, 7revTOpo6oç xpuoouç,
робос yjxkx.ox>ç lîuxpuaoç; X, 1886, 465, Ôcptç apyupouç 7i£vrópo6ov ty<ù4 xpucroûv rcepî ток
Sur le symbolisme de ces ex-voto, Deonna, Un ex-voto délien, la pivoine, Mélanges Marlins
Sarmenio, Porto, 1935, 108.
(10) BCH, XXXV, 1911, 16-7, 1. 7. 'Epiveoç, forme attique pour èptvéoç, figuier, figue.
(11) ВСЯ, VI, 1882, 30, n» 11 ; Durrbach, Inscr. de Délos, n» 442, 142, 1. 11 ; n° 385, 32, 1. 16;
n.421, 100, 1.30; n» 455, 220, 1. 10 ; n°461, 266, 1. 14 ; n° 465, 281, 1. 12.
(12) BCH, IV, 1882, 146 ; X, 1886, 466 474, 1. 89-90 ; XIV, 1890, 406 ; XV, 1891, 129, 134 ;
n°
XXVII,
298, 44,1903,
1. 148
87;; DA,
XXXII,
Donarium,
1908, 64,369,I. note
19; 89.
Durrbach,
— DansInscr.
l'Artémision.
de Délos, n» 295, 29, 1. 11 ;
(13). Hérodote, VII, 27. •
(14) BCH, X, 1886, 465, 1. 105 ; XIX, 1890, 406; VI, 1882, 125. Seraient-ce. des pièces de
parures, des éléments de colliers ? Cf. E., XVI II, 302.
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' 163'
LA VÉGÉTATION A DÉLOS • .
de myrte (1); des phiales dont les ornements ressemblent à des glands,
des dattes, des mûres (2) ; des bijoux dont les éléments ont l'aspect de
fruits ou leur sont comparés (3).
W. Deonna.
■
Phiales хароат), ВСН, VI, 1882, 433, 1. 40, 42 ; 37-8, 1. 80-2.
(3) E., XVIII, 302.
(4) DCA, 402, 1. 47-50.
(5) BCH, XIV, 1890, 422; DCA, 278-9. M. Roussel reconnaît des jeunes gens porteurs de
Veiresioné sur des peintures murales, que M. Bulard interprète uniquement par les rites de la
religion italique. Bulard, La religion domestique, 209, note 4. —■ Sur Veiresioné, DA, Eiresioné,
497.