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 Argan poursuit néanmoins sa crise d’autorité : « Je lui commande absolument… ».

Le
verbe commander est doublé de l’adverbe absolument. L’ordre paraît express et sans
concession. Ordre auquel Toinette répond en reprenant l’adverbe « absolument ».
 Argan dirige maintenant sa colère contre Toinette, et non plus contre sa fille. Il veut
reprendre l’autorité dans le « couple » formé avec Toinette dans la scène: « quelle
audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître? ».
Il la remet à sa place, et pour la première fois emploie une injure « coquine ».
 Toinette ne se laisse pas démonter et continue à raisonner, à argumenter,
contrairement à Argan qui s’énerve: « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait,
une servante bien sensée est endroit de le redresser. » Le connecteur logique
« Quand » indique qu’elle cherche à le convaincre tout en défendant sa position. Son
opposition ferait dès lors partie de son travail. On sent ici le retournement de la
relation maître-valet: elle argumente et semble raisonnable, quand Argan s’emporte.
 Ce n’est pas à lui de s’occuper d’elle, mais l’inverse.
 Argan ne supporte plus cette dernière réplique de sa servante et se lance à sa poursuite
pour la frapper, pour la corriger : « courant après Toinette ». De nouveau, il manie
l’injure « insolente », et ne fait pas mystère de ses intentions « il faut que je
t’assomme ». malgré la violence de son comportement et de ses paroles, il est bien
dans une position finalement inférieure à celle de Toinette qui a gardé son calme et n’a
cessé d’essayer de débattre et de trouver des arguments, quand lui n’a rien à rétorquer
et se réfugie dans la violence.
 Le reste de la scène est composée par une poursuite entre Argan et Toinette. Il n’arrive
cependant pas à l’attraper. Elle continue à argumenter et à s’opposer à lui: « Il est de
mon devoir de m’opposer… », « …ne point vous laisser faire de folie. ». Le comique
de geste s’invite avec un jeu de scène basé sur la poursuite et l’utilisation des meubles
« mettant la chaise entre eux », « courant après Toinette autour de la chaise avec son
bâton »…
 Les didascalies ensuite se répètent. Le comique de geste devient aussi comique de
répétition. Par les injuresd’Argan, le comique de mot s’invite encore dans la scène :
« Chienne! », « Pendarde », « Carogne ». Nous sommes face à un épisode de farce
traditionnelle aux ressorts comiques bien établis…seulement, Argan n’arrive pas à
attraper Toinette, et se tourne vers sa fille pour l’aider: « Angélique, tu ne veux pas
m’arrêter cette coquine-là? ».
 Nous comprenons bien que la supposée autorité d’Argan n’existe pas: il ne peut
corriger sa servante, et il a besoin de sa fille qu’il veut contraindre à un mariage.
 Toinette par son opposition systématique, et par un instinct maternel affiché « Et elle
m’obéira plus qu’à vous. » prend véritablement la place de la mère. Elle va d’ailleurs
jusqu’à évoquer un pouvoir sur l’héritage (pouvoir qu’elle n’a évidemment pas): « Et
moi, je la déshériterai aussi. »
 L’énervement d’Argan, ainsi que son impuissance, et le rappel par Angélique cette
fois-ci de son état le rendent de nouveau malade : « je n’en puis plus. Voilà pour me
faire mourir. » Molière remet le spectateur dans le thème principal de la pièce après un
détour par l’intrigue secondaire, l’intrigue sentimental.
 Ce deuxième mouvement plus comique que le premier voit cependant encore et
toujours Toinette s’opposer à Argan. Ce dernier en s’énervant, et en échouant à
imposer son autorité se ridiculise.

Conclusion:
Cette scène est charnière dans le déroulement de la pièce. Elle conclue d’une certaine manière
l’exposition en informant le spectateur/lecteur de la volonté d’Argan de marier sa fille à
Thomas Diafoirus, un prétendant non désiré par Angélique. Elle pose aussi le caractère
affirmé de Toinette qui est loin de se comporter comme une servante traditionnelle, qui
revendique un droit de regard sur l’avenir d’Angélique comme le ferait une mère ou la femme
du maître. Argan, enfin, se ridiculise en peinant à imposer son autorité que cela soit par le
geste ou par la parole. (Reprise des conclusions des mouvements/parties)

L’intérêt de la scène tient surtout à l’originalité pour l’époque de la relation maître-valet.


L’autorité morale, intellectuelle, parentale appartient à Toinette. Argan semble dépassé par sa
servante, et la contredit sans argument, sans réflexion, comme un enfant. Nous sentons bien
ici que Toinette a un rôle important dans la pièce. (Réponse à la problématique)

D’ailleurs, à la fin de la pièce dans l’Acte III, une autre scène typique de la farce voit Toinette
déguisé en médecin interroger Argan pour le défaire de l’influence de M. Purgon ou
Diafoirus. En plus d’être maline, Toinette est loin d’être velléitaire. Elle construit sa stratégie.
(Ouverture).

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