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DÉFICIT

DE L’ATTENTION
sans hyperactivité
COMPRÉHENSION ET INTERVENTIONS
LES ÉDITIONS QUEBECOR
Une division de Éditions Quebecor Média inc.
7, chemin Bates
Outremont (Québec)
H2V 4V7
Tél.: (514) 270-1746
www.quebecoreditions.com

ISBN 2-7640-3007-3

© 2006, Les Éditions Quebecor, pour la présente édition


Bibliothèque et Archives Canada

Éditeur: Jacques Simard


Conception de la couverture: Bernard Langlois
Illustration de la couverture: Photodisc Collection / Gettyimages
Infographie: Claude Bergeron

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écrite de l’éditeur.

Imprimé au Canada
DÉFICIT
DE L’ATTENTION
sans hyperactivité
COMPRÉHENSION ET INTERVENTIONS

Emmanuelle Pelletier, psychologue


Table des matières

Remerciements

Introduction

PARTIE I:
La compréhension du déficit de l’attention

Chapitre 1:
Coucou la lune, ici la terre!

Chapitre 2:
Les symptômes du déficit de l’attention

Chapitre 3:
Les causes du déficit de l’attention

Chapitre 4:

Attention et anxiété

Chapitre 5:
Histoires de cas, les amis de Luna

PARTIE II:
Les interventions

Chapitre 6:
Les différents traitements
Chapitre 7:
Les interventions des parents

Chapitre 8:
Les interventions des enseignants

Chapitre 9:
Les traitements non reconnus

Conclusion

Sites Internet

Bibliographie
REMERCIEMENTS
Dans la détresse, mieux vaut créer que détruire. Un merci spécial à tous
ceux et à toutes celles qui m’ont donné de la rétroaction sur ce livre: Jean-
Claude Chiasson, Hélène Daigle, Patricia DeGrâce, Dr Gilbert Dru, Sylvain
Fecteau, Denise Fougère, grand-mère, maman, François Mathieu, Hélène
Pelletier-Baillargeon, Dr Nancie Rouleau, amis de Rivière-du Loup, de la
Cité de l’amitié et du District scolaire no 7.

EMMANUELLE PELLETIER, M.PS.


PSYCHOLOGUE SCOLAIRE
INTRODUCTION

Au cours des dernières années, de nombreux ouvrages portant sur le déficit


de l’attention avec hyperactivité ont été publiés. Ce sont de bonnes
ressources pour les parents et professionnels qui vivent et travaillent avec
des enfants présentant ce problème. Cependant, il peut être parfois difficile
d’y reconnaître un enfant atteint du déficit de l’attention sans hyperactivité.
Lorsqu’un diagnostic de déficit de l’attention est posé chez un enfant, il
devient nécessaire en tant que parents de pouvoir se renseigner sur le sujet.
Cette démarche aide à la compréhension du problème ainsi qu’à la
préparation du soutien et de l’encadrement nécessaires pour l’enfant. De
plus, une meilleure connaissance peut aider à dissiper la culpabilité
malheureusement souvent présente chez de nombreux parents. Enfin, une
bonne compréhension de la part des parents peut leur permettre d’aider
l’enfant à accepter son problème.
Pour les enseignants et autres professionnels de l’éducation, le
diagnostic aide à comprendre ces enfants plutôt silencieux qui semblent
difficiles à rejoindre tellement ils vivent dans leur monde imaginaire. La
recherche de renseignements devient importante pour s’assurer que les
bonnes méthodes pédagogiques sont employées pour répondre à leurs
besoins comme apprenants.
Enfin, pour les adultes qui ont un problème d’attention, il est également
important de pouvoir se renseigner sur le sujet afin de mieux se
comprendre. Tant de leurs propres expériences sont restées inexpliquées et
sont sources de gêne, alors qu’un déficit de l’attention en est l’origine.
Le but de cet ouvrage est donc de vous présenter le déficit de l’attention
qui n’est pas accompagné d’hyperactivité. Il présente tout d’abord une
synthèse des renseignements transmis sur le sujet. Au cours des différents
chapitres, vous trouverez une description de la problématique et de ses
symptômes, les causes possibles, le diagnostic, puis les traitements et les
interventions recommandés et déconseillés.

Le livre parlera aussi de moi, Luna. Je suis toujours dans


la lune et ça me plaît bien, sauf que je suis perdue
lorsque j’en reviens. Ça, ça ne me plaît pas du tout.
J’espère que vous allez me comprendre.
Luna
PARTIE I

LA COMPRÉHENSION DU
DÉFICIT DE L’ATTENTION
CHAPITRE 1:

Coucou la lune, ici la terre!

Commençons notre propos par cette phrase lue dans le dossier scolaire d’un
enfant présentant un déficit de l’attention. Cet enfant fréquentait l’école
primaire dans les années 1980. Malheureusement, à cette époque, peu de
gens connaissaient ce problème.
Cet enfant ressemblait beaucoup à Luna. Attendez de la connaître. À la
maison, Luna est calme et tranquille. Souvent, ses parents doivent lui
répéter plusieurs fois la même chose: soit qu’elle n’entend pas, soit qu’elle
oublie tout simplement ce qu’on lui a demandé.
Un jour, Luna reçut de sa mère de l’argent pour aller acheter un pain à
l’épicerie. Elle en revint avec un sac de graines de fleurs! Elle avait
remarqué les jolies fleurs dans un parterre le long de son chemin et avait eu
envie d’en faire pousser. Dans le magasin, elle s’était dirigée vers l’étalage
de graines de fleurs. Elle n’avait même pas hésité entre le pain et les fleurs,
car elle avait oublié le pain!

Eh bien quoi, c’est beau les fleurs!


Luna

Côté rangement, c’est une horreur. Les vêtements de Luna gisent où elle les
a enlevés, ses jouets sont abandonnés où elle s’en est servie et le tube de
dentifrice doit oublier à jamais qu’il a un bouchon. Luna essaie parfois de
faire le ménage de sa chambre. Elle commence à ranger, voit quelque chose
d’autre qui l’intéresse et… elle commence à faire autre chose en oubliant
qu’au départ, elle faisait du rangement.
Lorsque Luna entra à la maternelle, elle semblait un peu confuse et
léthargique. Son regard se perdait souvent par la fenêtre. Lors de causeries,
elle s’exprimait un peu mais à côté du sujet. À la période des jeux libres,
elle commençait un jeu avec un autre enfant mais sans vraiment jouer avec
lui, elle abandonnait ensuite le jeu et en commençait un autre. Elle ne
semblait pas toujours écouter lors des explications; l’enseignante demanda
alors à ses parents: «Est-ce que l’audition de Luna a été vérifiée
dernièrement?»

Je suis la maman de Luna. Je peux vous dire que ça n’a pas été
facile pour mon mari et moi la première fois que l’école nous a
téléphoné. Nous étions assez désemparés; nous ne pensions pas
qu’un enfant pouvait avoir des difficultés à la maternelle. Luna
entendait bien, mais nous avions remarqué à la maison qu’il
fallait lui répéter ce que nous avions déjà dit. Cela ne nous avait
pas inquiétés.
Maman

En première année, les difficultés se précisèrent. Luna suivait difficilement


les explications; elle terminait toujours son travail la dernière. Elle semblait
assommée, saisie par les paroles de son enseignante. Cette dernière était très
préoccupée; elle sentait que Luna était intelligente mais lorsqu’elle lui
parlait directement, elle recherchait parfois en vain dans ses yeux la lueur
indiquant qu’elle avait compris. Le téléphone commença à sonner à la
maison de plus en plus régulièrement, ce qui inquiéta les parents: «Qu’est-
ce qui se passe à l’école?»

Trop ou pas assez d’attention?


Malgré que l’on emploie le terme «déficit de l’attention», l’attention ne
serait pas déficitaire. Luna ne manque pas d’attention; ce serait plutôt sa
capacité de maintenir son attention (attention soutenue) et de la centrer au
bon endroit en ignorant les distractions qui lui causerait ses difficultés.
Cette capacité d’ignorer ce qui peut nous distraire s’appelle «l’inhibition».
En d’autres mots, Luna n’a pas moins d’attention qu’une autre
personne. Elle a plutôt de la difficulté à ne pas se laisser distraire lorsqu’elle
se concentre (difficulté d’inhibition) et elle ne peut pas rester attentive
suffisamment longtemps (difficulté d’attention soutenue).
Une des meilleures illustrations de ce phénomène est celle décrite dans
le guide pour parents de l’Association du Nouveau-Brunswick pour le
THADA (1993). Une grande réception a lieu et les invités doivent
présenter leur carte d’invitation à l’entrée. Cependant, le portier ne vérifie
pas les invitations. Celui-ci laisse entrer tout le monde sans discrimination
de telle sorte que la salle se retrouve pleine de gens et qu’il n’est pas
possible de discriminer qui a été invité ou non.
Notre cerveau est comme cette réception. Il est tous les jours bombardé
par toutes sortes d’informations. Quand la faculté d’attention joue bien son
rôle, elle en rejette une bonne partie. Lorsque nous travaillons, ce ne sont
pas les chatouillements de l’étiquette de notre chandail ni les bruits de la
circulation dans la rue qui nous préoccupent. Notre attention se centre sur
notre travail.
Une personne qui a un déficit de l’attention comme Luna est facilement
distraite par des stimulations internes et externes, et elle perd le cours de sa
tâche. Parmi les stimuli internes qui la distraient, les idées et les pensées
occupent une grande place. Elle est souvent assaillie par plusieurs idées.
Elle essaie d’en suivre une et de l’accomplir, mais une autre surgit avant
que la première ait abouti. Elle semble alors désorganisée.

Mais tout est intéressant, même dans ma tête…


Luna

Avoir un déficit de l’attention ne signifie pas manquer d’attention. C’est


pourquoi les parents rapportent souvent que leur enfant, malgré un déficit
de l’attention, peut se concentrer des heures durant sur son jeu vidéo, sur
une émission de télévision, sur son ordinateur, etc., ce qui rend perplexes
plusieurs parents. Ils ne reconnaissent pas toujours l’enfant lunatique et
démotivé décrit par l’école.
C’est vrai qu’à la maison, Luna a toujours à faire quelque chose
qu’elle aime. Elle a toujours des idées originales qui sortent de je
ne sais où! Et elle mène à bien ses idées en réalisant des projets
qu’elle vient nous montrer par la suite. Comment fait-elle pour
se concentrer?
Maman

L’explication serait simple. Si Luna est stimulée, elle pourra rester


concentrée; peut-être même trop parfois: lorsqu’on essaie de lui parler alors
qu’elle écoute la télévision, souvent elle ne nous entend pas. Luna pourrait
même se concentrer longtemps dans sa lecture si elle était stimulée par
celle-ci. Dans de telles situations, c’est l’aspect de la flexibilité de
l’attention, permettant de changer d’activité, qui est touché. Luna a de la
difficulté à passer d’une activité à l’autre car elle reste prise dans l’activité
précédente.

Changer d’activité pour moi, c’est comme passer d’un


bain chaud à une chambre glaciale; ça me fige. J’ai
toujours besoin d’un peu de temps pour m’y faire.
Luna

Enfin, une autre raison pour laquelle le déficit de l’attention peut sembler
difficile à observer est la chimie du cerveau. Celle-ci n’étant pas stable, le
problème va parfois sembler moins présent qu’à d’autres occasions. Il
devient donc important d’observer son enfant dans différentes situations et
de juger celle qui est stimulante pour lui. Il faudra alors prendre garde de ne
pas essayer d’observer la présence d’un problème d’attention dans de telles
situations.

Luna aime beaucoup travailler à l’ordinateur. Lorsqu’elle y est


attablée, elle est énormément concentrée. Elle peut y passer des
heures sans perdre le fil de ce qu’elle fait. C’est la même chose
lorsqu’elle parle des papillons; elle connaît leur nom et tous les
détails les concernant. Je crois vraiment que ce sont de grandes
stimulations pour elle.
Maman

Mais qu’est-ce que le déficit de l’attention?


Le déficit de l’attention est un problème neurologique. La personne doit
présenter plusieurs des différents symptômes pendant une longue période de
temps, et cela doit lui causer des problèmes dans sa vie de tous les jours. Si
c’est le cas, il faut passer à l’étape très importante du diagnostic (voir à ce
sujet le chapitre 3) qui viendra confirmer ou non la présence du problème.

Sont-ils plus ou moins intelligents que la moyenne?


Selon l’expérience vécue, la plupart des enfants atteints du déficit de
l’attention ont une capacité d’apprentissage se situant dans la moyenne pour
leur âge. Malheureusement, toutefois, les faibles résultats scolaires obtenus
ne sont pas représentatifs de leur intelligence.
Ce qui est inquiétant, c’est que l’enfant croit que s’il n’a pas de bons
résultats, c’est qu’il n’est pas intelligent. Lorsqu’on lui explique son niveau
de capacités intellectuelles, il a parfois l’impression que l’on cherche
seulement à l’encourager.
Il y a un sérieux travail de sensibilisation à faire à ce point de vue
auprès des enfants, de leur famille et des intervenants. Les résultats
scolaires ne représentent pas l’intelligence, mais bien ce que la personne a
compris et retenu.
Bien que la plupart de ces enfants aient un potentiel intellectuel dans la
moyenne, certains sont atteints d’une déficience intellectuelle légère. On ne
diagnostique habituellement pas de déficit de l’attention chez ces enfants,
car on prétend que la capacité d’attention serait équivalente aux autres
capacités cognitives. Cependant, il faut bien évaluer la situation de chaque
enfant pour voir si les traitements ne pourraient pas les aider quelque peu,
surtout lorsque la lecture est touchée.
Il faut aussi tenir compte, lors des évaluations intellectuelles, de la
possibilité que le problème d’attention influence quelque peu, à la baisse,
les résultats. Et ici, il est important d’être prudent. Il ne faut jamais
s’attendre à ce qu’un enfant qui a une déficience intellectuelle augmente de
façon significative ses capacités à l’aide d’un traitement. Cette attente
risque de mener à une grande déception.
Pourquoi alors traiter un enfant qui a une déficience intellectuelle?
Parce qu’il peut parfois bénéficier d’une meilleure vie sociale et mieux
accomplir le travail qu’on attend de lui. Cela n’est pas négligeable face aux
effets sur l’estime de soi.

Combien de personnes sont-elles atteintes?


Selon les statistiques, entre 3% et 5% des enfants présenteraient un déficit
de l’attention avec ou sans hyperactivité (DSM-IV, 1995). Selon certaines
observations, il y a environ quatre enfants par groupe classe qui présentent
une de ces deux problématiques. Le déficit de l’attention sans hyperactivité
compterait pour environ le tiers de ce nombre.
Cependant, on ne peut savoir si ce nombre est représentatif. Souvent, les
élèves qui ont ce problème vont passer plus inaperçus. Comme ils ne
dérangent pas, on peut facilement les oublier. Il est donc plus difficile d’en
faire le dépistage.
Il est donc important d’essayer de trouver la cause des difficultés
scolaires d’un enfant le plus tôt possible. Avant cinq ou six ans, il est
possible de commencer à travailler les difficultés de l’enfant. Sans être fixé
sur la présence ou non de la problématique, des exercices d’écoute et
d’attention ne font jamais de tort. Si les difficultés persistent en 1re année, il
est temps de demander une évaluation diagnostique.

Garçons ou filles?
Le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité serait plus fréquent chez
les garçons. Cependant, le déficit de l’attention sans hyperactivité serait
probablement plus fréquent chez les filles. Ici encore, un manque de
dépistage ne permet pas encore de tirer une conclusion définitive à ce sujet.
En réalité, plus de garçons sont dépistés, mais les filles, quant à elles,
passent davantage inaperçues.
Le déficit de l’attention,
ça n’existait pas avant...
Contrairement à l’impression qu’on peut avoir, le déficit de l’attention n’est
pas une nouvelle problématique. Les essais pour le décrire datent de 1972,
année où le Dr Virginia Douglas, de l’Université McGill, a créé un
précédent en mettant l’accent sur le problème d’attention pouvant se
manifester seul alors que, depuis le début du siècle, cette problématique
était toujours liée à celle de l’hyperactivité
Ces élèves étaient alors dits paresseux, démotivés et lâches. Leurs
études pouvaient ne pas se prolonger bien longtemps, et prenaient même fin
parfois dès les premières années du primaire. Ils se retrouvaient donc
rapidement sur le marché du travail. De plus, en y réfléchissant bien, nous
pouvons revoir dans notre passé des compagnons de classe qui étaient bien
perdus dans leurs rêves.
Ce qui est nouveau avec le déficit de l’attention, c’est qu’il est
davantage diagnostiqué cliniquement depuis la sortie du manuel Diagnostic
DSM-IV en 1995. Dans les éditions précédentes du DSM, les personnes
devaient manifester des traits d’hyperactivité pour être diagnostiquées.
Celles qui n’avaient que le déficit de l’attention n’étaient donc pas encore
reconnues bien que le problème soit connu depuis 1972.
Enfin, ce qui peut nous donner l’impression que la problématique est
nouvelle, c’est l’intérêt que lui portent les médias pour toutes sortes de
raisons. Malheureusement, les informations qui sont transmises se basent
souvent sur des peurs. Il y a beaucoup de culpabilité ressentie dans
l’entourage des personnes qui ont un problème d’attention le lendemain de
ces reportages. Il faut toujours garder en tête que cette culpabilité ronge
l’énergie nécessaire à l’intervention.

On connaît tous de ces gens qui...


On trouve parfois dans la littérature jeunesse de ces personnages lunatiques.
Un exemple, selon moi, serait le professeur Tournesol toujours perdu mais
très créatif et pourvu d’un grand cœur. Il est vrai que son handicap auditif
ne l’aide pas, mais il est assurément très distrait. Gaston Lagaffe me semble
aussi démontrer beaucoup de symptômes. Il vit dans le fouillis, remet tout
au lendemain et est très créatif. Il n’a pas de problème mais Fantasio et
Prunelle, qui essaient de le remettre au pas, en ont un sérieux sur les bras!

Et le positif?
Avoir un déficit de l’attention ne prédit pas nécessairement un échec pour la
personne qui en est atteinte. La plupart occupent une profession et mènent
une vie qui répondent à leurs besoins. L’important, c’est de connaître ses
forces et ses difficultés, de s’accepter tel que l’on est, de structurer et
d’adapter le plus possible son environnement et de se construire une bonne
estime de soi.
En parlant d’estime de soi, ces personnes ont souvent de très belles
qualités. Par les rêvasseries, elles se consacrent souvent à l’élaboration de
plusieurs idées empreintes de créativité. Elles sont souvent très habiles dans
les arts tels que le dessin et la musique.
Leur entourage les décrit comme étant très attachantes et dépourvues de
méchanceté. Lorsqu’elles peuvent entrer en relation avec les autres, elles
sont touchées par leurs difficultés. Elles sont de bonnes Samaritaines pour
leurs amis, les gens et les animaux.
Elles sentent beaucoup les choses, ce qui les amène à trouver des
solutions, des réponses auxquelles personne n’avait pensé. Cependant, elles
ne peuvent pas toujours expliquer comment elles ont fait pour y arriver
étant donné leur caractère intuitif et instinctif. Elles ressentent les choses
sans toujours comprendre pourquoi.
Parfois, cela leur joue des tours: comme elles ne comprennent pas
concrètement l’importance de leurs impressions sur une situation, elles vont
avoir tendance à se fier davantage à la logique pour prendre des décisions.
Lorsque leurs impressions se trouvent plus tard confirmées, elles se rendent
alors compte qu’elles auraient dû se fier à leurs premières idées.
CHAPITRE 2:

Les symptômes du déficit


de l’attention

Le déficit de l’attention est un handicap invisible habituellement caractérisé


par un ensemble de symptômes. Par contre, certains peuvent présenter ces
symptômes à des degrés divers sans pour autant être atteints d’un déficit de
l’attention.
Il est important de se rappeler que peu de personnes souffrant du déficit
de l’attention en présentent tous les symptômes. Leurs combinaisons varient
d’une personne à l’autre. Ce déficit peut être léger, modéré ou important
selon le nombre de symptômes retrouvés et l’intensité de ces derniers.

Aïe, ça va faire mal?


Luna

Facilité à être distrait


La moindre distraction chez Luna suffit à lui faire perdre son attention. La
distraction peut être interne (gargouillis de l’estomac, pensées personnelles,
etc.), elle peut venir de tous les sens (voir quelque chose passer, entendre un
bruit, se sentir irritée à cause de l’étiquette de son chandail qui la pique,
etc.). Dans l’exemple des graines de fleurs, Luna va chercher du pain et, en
chemin, elle voit autre chose et s’y intéresse, puis elle oublie ce qu’elle
allait faire. La distraction est aussi la raison pour laquelle Luna a de la
difficulté à terminer ce qu’elle a commencé. Encore une fois, cette
distraction est causée par un problème au niveau de l’inhibition qui nous
permet d’ignorer ce qui peut être distrayant.
Alors que l’écoute de la musique peut être une source de distraction
pour certaines personnes qui doivent travailler dans le silence complet pour
être attentives, d’autres se concentrent mieux en écoutant de la musique
pendant qu’elles travaillent.

C’est pour cette raison que j’insiste auprès de Luna pour qu’elle
ferme sa radio et qu’elle dit que la musique l’aide à rester
concentrée. Je comprends mieux maintenant.
Maman

Bien sûr, si je n’ai pas de musique à l’extérieur de moi, je


vais en avoir dans ma tête et cela me dérange beaucoup.
Luna

Difficulté à soutenir son attention


et à la partager
L’attention soutenue est nécessaire pour mener à bien une tâche. Si celle-ci
devient trop longue, la frustration surgit, l’ennui et la perte d’intérêt
prennent place même si, de prime abord, l’enthousiasme régnait. Comme
l’ardeur s’effrite rapidement, Luna a besoin d’être constamment stimulée.
Se mettre à la tâche est une des difficultés importantes pour Luna. Si
elle n’est pas surveillée et encouragée, elle peut prendre beaucoup de temps
pour commencer ou elle peut s’arrêter avant d’avoir terminé. Encore une
fois, elle passe d’une activité à une autre sans en terminer une. Cette
réaction peut être observée dans les jeux, les projets, les tâches scolaires et
ménagères. Quant aux adultes qui ont un déficit de l’attention, ils vont
souvent remettre au lendemain une tâche qui leur demande beaucoup
d’effort mental même s’il leur faudra fournir plus d’énergie pour terminer à
la dernière minute.
De plus, les travaux de Luna sont cousus d’erreurs d’inattention. Elle a
de la difficulté à reconnaître, à sélectionner, à utiliser et à évaluer les
détails. Même si Luna ne présente de problème ni en lecture ni en
compréhension du langage, elle suit difficilement les consignes orales et
écrites, surtout lorsque celles-ci sont longues.
Si elle doit accomplir simultanément deux tâches, par exemple l’écoute
et la prise de notes, elle peut avoir de la difficulté à partager son attention. Il
lui faut tellement d’énergie pour être attentive à une tâche qu’il ne lui en
reste plus suffisamment pour l’autre.

Manque d’écoute
Luna est tellement dans la lune, parce qu’elle rêve éveillée, qu’elle entend
le son de la voix de son interlocuteur mais ne s’y arrête pas. Ce manque
d’écoute fait en sorte qu’elle va souvent demander que l’information lui soit
répétée. Souvent, juste après avoir demandé «Qu’as-tu dit?», elle peut
entendre dans sa tête ce que la personne vient de dire.
Cela peut devenir frustrant pour l’interlocuteur: il pourra avoir
l’impression que ses propos ne sont pas importants ou intéressants. Mais
cela s’avère également une source de frustration pour Luna. Avec le temps,
elle se rend compte qu’elle est souvent obligée de demander aux autres de
répéter. Elle peut en devenir gênée et faire semblant, lorsque c’est possible,
d’avoir compris ce qu’on lui a dit.

Oh! oui, ça m’arrive souvent de dire «Quoi?» et après,


j’entends les mots exacts de maman dans ma tête. Je me
sens bizarre même si je ne fais pas exprès. Parfois, je lui
dis que j’ai compris et quelques minutes plus tard, elle se
fâche parce qu’elle m’avait dit de faire quelque chose et
que je ne l’ai pas fait. Ce n’est pas toujours possible de
faire semblant que l’on a compris.
Luna

Pertes répétées d’effets personnels


Boîte à lunch, chaussures, lunettes, cahiers, livres scolaires, agenda, clefs, et
j’en passe! L’entourage pense parfois que ces oublis sont calculés, dans le
cas par exemple de la perte d’un test au résultat désastreux à faire signer par
les parents. Cependant, Luna peut aussi perdre des objets auxquels elle
tenait beaucoup.

Comme mes mitaines rouges qui vont avec ma tuque en


forme de chapeau de lutin. J’ai regardé partout et je ne
les trouve plus.
Luna

Oublis fréquents
Luna peut oublier ce qu’elle allait faire ou dire, ce qu’elle venait de lire ou
d’écouter, où elle a mis ses effets personnels. Elle peut même bien savoir
ses leçons le soir et, le lendemain, ne plus s’en souvenir pour le test.
L’attention étant une porte d’entrée de la mémoire, si elle fait défaut
l’information est mal classée et certains points importants peuvent même ne
pas entrer et laisser ainsi des trous dans l’image mentale que l’on a en
mémoire. L’entrée des informations dans la mémoire étant ainsi remuée, il
est difficile de la récupérer efficacement. De là vient la variabilité du
rendement.

Maman ne me lâche pas avant que je sache mes leçons


par cœur et le lendemain, catastrophe, les lignes de mon
test me regardent méchamment parce que je ne me
souviens plus de rien. C’est vraiment paniquant et je me
sens stupide car le soir d’avant, je savais tout ça. Si mon
enseignante me donne des choix de réponses, surprise,
ça revient.
Luna

Difficulté d’organisation
Luna peut avoir beaucoup de difficulté à se préparer le matin pour aller à
l’école: se lever, faire sa toilette, s’habiller, manger, faire son sac d’école,
etc. Ceci représente beaucoup d’actions pourtant routinières à mettre en
ordre et à réaliser pour arriver à temps à l’école. Dans les travaux, c’est le
même problème. Sortir le bon cahier, les crayons, la gomme à effacer, elle
se penche, tout tombe sur le plancher... Cette difficulté peut être également
visible sur papier où il faut commencer à écrire en haut, à gauche, sur une
feuille. Ensuite, résoudre un problème une étape à la fois peut devenir un
cauchemar.
La chambre à coucher peut ressembler à un véritable capharnaüm où
tout traîne. Si les objets d’utilisation courante de la maison disparaissent, ils
se trouvent probablement dans ce fouillis. Certains parents y retrouvent
parfois des objets disparus depuis longtemps. «Qu’est-ce que la bouteille
de ketchup faisait dans ta chambre?» «Je n’en ai aucune idée!»

Autres difficultés souvent associées


au déficit de l’attention
Certaines difficultés, qui ne sont pas des symptômes comme tels mais plutôt
des observations cliniques, accompagnent souvent le déficit de l’attention.
En voici quelques-unes.

Relations sociales
Luna avait de la difficulté à se faire des amis et à les garder. Elle passait
souvent inaperçue et était moins choisie par ses pairs dans les sports. Elle se
tenait souvent à la périphérie d’un cercle social sans aller vers le centre. De
plus, elle était tellement timide et réservée qu’elle ne se mêlait pas souvent
à une conversation et, lorsqu’elle le faisait, elle pouvait avoir de la difficulté
à la suivre.
En effet, Luna est très concrète, ce qui crée une incapacité à saisir les
nuances d’une donnée ou d’une information; comprendre les blagues et les
sous-entendus devient alors une torture. Luna avoue qu’elle riait souvent
pour faire comme les autres. C’était également difficile pour elle de
comprendre le langage non verbal des autres et ainsi d’interpréter de façon
intégrale leur message. Luna est parfois peu consciente des conséquences
sociales de ses actions. Elle n’interprète pas bien, agit en fonction de ses
interprétations et, parfois, fait des gaffes.
Luna peut être immature dans les jeux et les intérêts sociaux: avec les
plus jeunes, les relations sont souvent moins difficiles.
Ce ne sont pas toutes les personnes comme Luna qui souffrent de leurs
difficultés sociales; certaines préfèrent parfois la solitude, ce qui leur
permet de consacrer plus de temps à leurs idées. Luna peut aussi être
blessée par l’impression de ne pas appartenir au groupe. De telles difficultés
font qu’elle se sent quelquefois à part des autres. Son estime d’elle-même
peut en être atteinte.

Tout ça, c’était moi avant. Ça va un peu mieux, mais je


me sens toujours différente. J’ai des amis qui aiment rire
et souvent je ne comprends rien. Alors je fais des blagues
pour les faire rire. Comme ça, ils ne s’aperçoivent pas
que je n’ai pas compris. Ouf!
Ça va mieux pour moi parce qu’un jour que je me sentais
seule, j’ai observé les amis de ma classe. J’ai décidé
d’aller parler à une fille qui avait l’air gentille. J’ai pu
jouer avec ses amies. J’ai appris à les connaître et je suis
devenue membre de leur groupe. On fait plein de choses
ensemble et ça fait du bien.
Luna

Hypersensibilité
Cette hypersensibilité peut se ressentir sur les plans émotionnel et physique.
Sur le plan émotionnel, par exemple, Luna peut parfois se sentir facilement
blessée par les gestes et les paroles des autres.

Je me fais facilement de la peine. Il faut que je réfléchisse


beaucoup pour ne pas m’en faire. «Est-ce qu’il veut te
faire de la peine? Non, ne t’en fais pas, alors.» Mais il
faut que je pense beaucoup pour que ça marche.
Luna
Sur le plan physique, certaines personnes atteintes du déficit de l’attention
pourraient parfois être hypersensibles par rapport à leur environnement
(pollution, trop de gens autour d’eux, etc.), à la nourriture (sa texture et ses
composantes), au toucher (des autres et des vêtements), au bruit, etc. Par
exemple, un enfant hypersensible à la texture de la nourriture peut ne pas
aimer que l’on mélange les différents aliments dans son assiette et les
manger un à la fois. Un enfant hypersensible au toucher peut, par exemple,
avoir détesté se faire prendre lorsqu’il était nourrisson ou ne pas tolérer une
étiquette dans son chandail, ou encore avoir en horreur les vêtements en
tissu synthétique.

Lecture, écriture, devoirs


Comme je l’ai déjà mentionné, Luna peut avoir des performances variables
à l’école. Une journée elle sait la matière, le lendemain elle ne la sait plus.
Les résultats scolaires peuvent en souffrir. Un retard scolaire peut même
s’installer après des années. Enfin, Luna s’est servie longtemps de ses
doigts pour compter. Elle a besoin de faire et de voir pour comprendre et
retenir.
Luna a de la difficulté à s’orienter dans l’espace, à décider avec quelle
main écrire; elle inverse l’ordre et le sens des lettres, ne sait plus où elle est
rendue et a de la difficulté à localiser le bon endroit sur la feuille pour
commencer son travail.

Pour savoir où est ma main droite, je dois prendre mon


crayon. Sinon, je ne peux pas distinguer ma droite de ma
gauche.
Luna

Luna a de la difficulté à s’orienter dans le temps. Apprendre l’heure, les


jours, les mois et les saisons lui ont demandé beaucoup de temps et
d’énergie. Le Dr Hallowell (1994) explique que, pour la plupart d’entre
nous, la notion de temps est divisée en plusieurs instants afin que nous
puissions faire une chose à la fois. Cependant, pour une personne qui a un
déficit de l’attention, le temps est un trou noir où tout arrive au même
moment, et c’est ce qui fait paniquer Luna.
Ce ne sont pas tous les enfants atteints d’un déficit de l’attention qui
auront besoin d’enseignement spécialisé. Certains vont pouvoir bien réussir
en classe régulière si on a pris soin de combler leur retard scolaire et si on a
effectué les adaptations pédagogiques nécessaires.

Mon enseignante me donne plus de temps pour faire mes


tests et mes travaux et elle me donne des choix de
réponses. Cela m’aide beaucoup.
Luna

Malheureusement, d’autres enfants ont besoin de plus de services que cela


et il devient crucial pour eux de pouvoir compter sur de l’aide à l’école.
Cependant, il faudra toujours tenir compte des capacités de la personne
pour ne pas la rendre dépendante.
En ce qui concerne le redoublement, les avis sont partagés. Il est certain
que de faire reprendre son année à un enfant et ne pas lui donner davantage
d’aide n’est pas tellement utile. Cependant, passer à l’année suivante sans
avoir les acquis nécessaires peut être dangereux. Comment rattraper la
matière manquée? Le mieux serait probablement un redoublement avec un
travail sur la matière à récupérer.
Des difficultés de lecture, de différents degrés, peuvent être associées au
déficit de l’attention. Chez certains, ce sera par rapport à la vitesse de
lecture; chez d’autres, les difficultés d’inhibition feront qu’ils pourront lire,
par exemple, chapeau au lieu de chameau. En effet, lorsqu’on lit, dans le
dictionnaire de notre tête sont activés les mots qui ressemblent à ce qui est
écrit. L’inhibition fait éteindre les mots qui ne sont pas les bons pour que
l’on puisse dire le mot juste.

Un jour, en classe, j’ai lu «Le cheveu court dans la


prairie». Mes amis ont bien ri, mais je leur ai dit que
c’était une blague.
Luna
Chez d’autres personnes, les difficultés iront jusqu’à la dyslexie. Il est
important de comprendre ici ce qu’est la dyslexie. En effet, beaucoup de
gens croient que c’est l’inversion des lettres, alors qu’il s’agit là d’un
problème de perception visuelle ou de conscience phonologique qui devrait
être évalué en psychologie et en orthophonie s’il ne disparaît pas après la
première année.
Une des explications concernant la dyslexie est la suivante: la dyslexie,
c’est lorsqu’un, ou les deux, chemin (voie) de lecture est brisé. En effet, il y
a deux voies de lecture: la voie phonologique (mot décodé son à son) et la
voie globale (mot lu dans son ensemble sans décoder). Un lecteur efficace
ne décode pas, sauf les mots nouveaux, car les mots connus sont inscrits
dans sa mémoire et il les reconnaît en les voyant. Un dyslexique peut ne pas
être capable soit de décoder, soit de globaliser, soit de faire les deux.
Encore une fois, il est important de faire évaluer l’enfant par un
psychologue et un orthophoniste si les difficultés de lecture persistent après
la première année. De cette façon, les problèmes de l’enfant pourront être
bien cernés pour tenter d’y remédier.
L’activité des devoirs exige beaucoup d’attention. C’est souvent l’enfer!
Les enfants peuvent refuser de les faire ou passer de longues heures attablés
sans avancer.
Il n’est pas rare que le dépistage du problème vienne de cette situation.
Les parents, s’inquiétant devant le drame quotidien des devoirs, consultent
l’enseignante en désespoir de cause. C’est souvent à partir de là que
s’enclenchera le processus de référence pour une évaluation de la
problématique.

Les devoirs, jamais je ne m’étais imaginé que ce serait si difficile.


Luna pleure, se décourage, boude. Deux heures plus tard, nous
ne sommes pas plus avancées. Cela m’a beaucoup découragée; je
me demandais si l’enseignante ne donnait pas trop de devoirs et
de leçons. Lorsque je lui en ai parlé, elle m’a dit que nous
prenions beaucoup trop de temps. Elle m’a donné quelques trucs.
Certains ont fonctionné mais l’exercice était encore pénible. Elle
m’a alors suggéré de consulter le psychologue de l’école. Après
en avoir longuement discuté, mon mari et moi avons décidé de
profiter de cette occasion.
Maman
Lorsque vient le temps des devoirs, c’est comme si mon
cerveau était fermé, c’est comme si je lui téléphonais et
qu’il ne répondait pas. Au secours!
Luna

Immaturité
Comme je l’ai déjà mentionné, l’immaturité des enfants atteints du déficit
de l’attention peut leur faire rechercher des amis plus jeunes qui les
acceptent souvent mieux et qui les sécurisent davantage parce qu’ils sont
plus faciles à comprendre et à diriger.
Leur immaturité fait qu’ils peuvent avoir une faible tolérance à la
frustration. L’esprit exigeant le plaisir immédiat, ils sont peu capables
d’attendre et d’anticiper.

Mon mari et moi avons beaucoup travaillé la patience de Luna


et elle s’est améliorée. Nous avons souvent, par exemple, retardé
le temps où elle devait recevoir ce qu’elle attendait en
l’encourageant à être patiente et à se changer les idées. Nous
avons aussi prêché par l’exemple, même si ce n’était pas toujours
facile.
Maman

Je le sais que je suis bébé, mais je me sens bien comme


ça. La plupart du temps…
Luna

Recherche de sens profond aux réalités


Les enfants atteints du déficit de l’attention ne perçoivent pas
nécessairement la réalité du même angle que les autres. Ils peuvent donc
émettre des commentaires ou poser des questions qui surprennent. C’est
ainsi, pour les parents, le bal des éternelles discussions.
Plus tard, au début de l’adolescence, c’est envers sa propre personne
que le jeune se pose plein de questions. Remises en question, comparaisons
avec les autres, différences sociales, recherche du sens de la vie: voilà
quelques exemples de ce à quoi il pense et qui peuvent être une source
d’insécurité pour lui.

Mon Dieu! je crois reconnaître...


Après la lecture de ces symptômes, plusieurs pourraient être tentés de
reconnaître un déficit de l’attention chez leur enfant, leur conjoint ou bien
eux-mêmes! Attention, il est important de reconnaître que n’importe quel de
ces comportements est normal durant l’enfance à un certain degré et à des
stades de développement variés.
Cependant, lorsque l’enfant démontre un nombre signifiant de ces
comportements à un stade de développement non approprié, c’est
problématique. De plus, on reconnaît généralement que ces symptômes
doivent être apparus avant l’âge de sept ans et qu’ils doivent durer plusieurs
mois. Toutefois, certains chercheurs commencent à signaler la possibilité
que les premiers symptômes apparaissent à l’adolescence (Barklay, 1998).
Il est également possible qu’une personne qui vit une situation
impliquant un niveau élevé de stress présente des symptômes semblables à
ceux du déficit de l’attention. Ceux-ci disparaissent à mesure que le stress
s’estompe. Par contre, les symptômes réels du déficit de l’attention ne
s’atténuent pas beaucoup avec les années. C’est pourquoi il est important
d’apprendre à vivre avec le problème en gérant les situations difficiles qu’il
provoque.
Enfin, les symptômes du déficit de l’attention peuvent également
ressembler à ceux de l’anxiété. Les liens entre ces deux problématiques
seront discutés au chapitre 4.
CHAPITRE 3:

Les causes du déficit


de l’attention

Les causes du déficit de l’attention font l’objet de nombreuses recherches.


Les gens ont un grand besoin de savoir. La plupart du temps, ce besoin est
relié à un sentiment de culpabilité. Certaines mères cherchent à savoir ce
qu’elles ont pu faire de mal durant leur grossesse pour que leur enfant ait ce
problème. Comme vous allez le constater, les recherches ont démontré que
le comportement responsable de la mère durant la grossesse n’est
aucunement en cause.
Voici les causes possibles trouvées jusqu’à ce jour.

Les causes biologiques


Le déficit de l’attention est un problème neurologique qui serait caractérisé
par une déficience au niveau de deux neurotransmetteurs: la dopamine et la
norépinéphrine.
Les neurotransmetteurs sont des substances chimiques qui permettraient
le passage d’un message d’une cellule nerveuse à une autre.
• La dopamine agirait sur le secteur responsable de filtrer toutes les
informations reçues afin d’éviter que le secteur supérieur avec qui il est
en communication soit inondé par trop d’informations.
• La norépinéphrine agirait sur le cortex préfrontal (partie avant du
cerveau) qui est le siège des fonctions cognitives complexes telles que la
planification, l’organisation, l’inhibition et le maintien de l’attention.
Pour mieux comprendre le rôle des psychostimulants, on compare
souvent le déficit de l’attention au diabète. En effet, le diabète est également
un problème relié à la chimie du corps. Dans ce cas, c’est le pancréas qui ne
produit pas correctement les substances chimiques responsables de la
digestion du sucre, et la personne atteinte doit prendre de l’insuline pour
rétablir la situation. Les psychostimulants, dans le cas du déficit de
l’attention, servent aussi à rétablir la situation en stimulant la connexion
entre les neurotransmetteurs, ce qui permet au cerveau de fonctionner plus
efficacement. Le diabète et le déficit de l’attention sont donc deux
problèmes chimiques du corps.
• L’hérédité. Il y a souvent un proche (un parent, un cousin ou une cousine)
qui éprouve des problèmes semblables ou d’autres problèmes tels que la
dépression, l’anxiété, etc. Certains parents se reconnaissent ou
reconnaissent un membre de leur famille dans leur enfant.
• Certaines complications durant la grossesse ou lors de l’accouchement.
L’anoxie (manque d’oxygène au bébé pendant l’accouchement) est
souvent pointée du doigt. Les structures de l’attention seraient fragiles à
ce genre d’accident.
• Un dommage au cerveau par des toxines (syndrome de l’alcoolisme fœtal,
plomb, formaldé-hyde, etc.).

Sommes-nous de mauvais parents?


Il est important de noter que le déficit de l’attention n’est pas causé par de
mauvaises habiletés parentales. Encore une fois, l’enfant naît ainsi et ses
parents ne sauraient en être blâmés par quiconque ni en prendre eux-mêmes
la responsabilité. En effet, beaucoup de parents se culpabilisent pour
quelque chose dont ils ne sont pas responsables. La culpabilité est tellement
grande que, parfois, il est plus facile de nier le problème que de l’accepter.
Dans un tel cas, le problème peut s’aggraver car si l’enfant a été dépisté,
c’est que le déficit de l’attention lui causait des difficultés. Celles-ci, si elles
ne sont pas prises en main, peuvent devenir de plus en plus marquées. Et, la
plupart du temps, les parents décident d’agir par la suite en voyant
l’aggravation du problème. Il faut réfléchir sérieusement avant d’attendre
pour agir, car c’est souvent du temps perdu pour l’enfant dans son
cheminement.
Il est également très important de ne pas surprotéger l’enfant pour
compenser ses difficultés. Ceci est une réaction normale pour certains
parents. Malheureusement, en agissant de la sorte, cela rend l’enfant plus
dépendant et plus handicapé. Il faut plutôt viser à le rendre le plus
autonome possible.
Certains parents se servent du déficit de l’attention pour excuser leur
enfant en disant que ce n’est pas de sa faute. L’enfant peut avoir deux sortes
de réaction devant cette attitude: soit qu’il se sente impuissant et faible, soit
qu’il profite de la situation pour rejeter sa responsabilité sur les autres. Ces
deux réactions sont nuisibles pour son développement à long terme.
Il faut aussi porter attention à l’interaction entre l’école et la famille
pour ne pas que l’enfant réagisse négativement et se sente attaqué. Souvent,
les intervenants à l’école émettent des inquiétudes pour l’enfant. C’est en
collaborant avec eux qu’on lui rend le plus service.

Et l’alimentation?
Le déficit de l’attention n’est pas causé par la consommation de sucre, de
colorants et d’additifs alimentaires. Certaines personnes qui ont tenté de
restreindre la consommation de ces produits affirment qu’elles ont une
meilleure attention. Cependant, il n’est pas question ici de laisser croire que
le déficit de l’attention se guérit de cette façon; il faut plutôt envisager une
meilleure qualité de vie.

Il est important de ne pas trop consacrer d’énergie à la recherche des causes.


Bien que ce processus puisse être déculpabilisant, il ne règle en rien les
difficultés de la personne qui doit vivre ce problème.

Je n’ai pas beaucoup parlé jusqu’à maintenant parce que Luna


me ressemble tellement. J’étais exactement comme elle à son
âge. Je dois avouer que je me suis toujours senti coupable, même
quand j’étais jeune. Je nous comprends un peu mieux
maintenant.
Papa

Les problèmes connexes


Une autre facette importante du déficit de l’attention est la possibilité de
problèmes connexes. Étant donné sa nature neurologique, des zones
rapprochées du cerveau peuvent également être touchées. En voici quelques
exemples.
• Troubles de mémoire. L’attention étant une porte d’entrée de la mémoire,
cette dernière peut être affectée.
• Difficultés de coordination. La personne atteinte peut sembler maladroite.
• Difficultés de motricité fine. La personne atteinte peut éprouver un
problème à manipuler, par exemple, des ciseaux et un crayon.
• Difficultés de motricité globale. La personne atteinte peut difficilement
sauter, par exemple, ou attraper un ballon.
• Retards de développement. Les enfants peuvent avoir des troubles de la
parole et du langage Ils ont plus souvent besoin de services d’orthophonie
pour des retards de langage, des problèmes d’articulation et des
problèmes d’expression.
• Troubles envahissants du développement. Les enfants peuvent aussi
souffrir d’autisme ou du syndrome d’Asperger. Il est important de
considérer dans ces cas un traitement du déficit de l’attention même si le
trouble envahissant du développement constitue le problème principal.
• Syndrome Gilles de la Tourette. Certaines personnes croient que les
stimulants peuvent emmener des personnes qui ont un problème
d’attention à développer le syndrome de la Tourette. Les stimulants
peuvent donner des tics pouvant être contrôlés à l’aide d’un autre
médicament. Souvent, les tics étaient présents avant la prise de
médication, mais ils n’avaient pas été remarqués.
• Désordres obsessifs-compulsifs. Ces personnes restent prises avec des
idées qui leur reviennent constamment dans la tête (fixations) et elles ont
de la difficulté à les changer. Elles éprouvent également un besoin d’agir
dans le sens de ces fixations. Par exemple, un enfant veut tellement faire
son travail à la perfection que l’activité se termine souvent en pleurs ou
qu’il abandonne avant d’avoir fini.
• Dépression. Ces personnes sont négatives et irritables. Leur dépression
semble consistante dans le temps.
• Anxiété. Voir à ce sujet le chapitre 4, «Attention et anxiété».
Bien qu’on puisse les observer chez les enfants, certains de ces troubles
seront plus souvent diagnostiqués à la fin de l’adolescence et à l’âge adulte.

Le diagnostic
Pour obtenir un diagnostic, plusieurs professionnels tels que les
psychologues, les neuropsychologues, les médecins, les pédiatres et les
psychiatres peuvent accomplir cette tâche. Le diagnostic se pose à l’aide
d’évaluations lors desquelles les parents et les enseignants fourniront des
renseignements. Ces évaluations feront ressortir la panoplie de symptômes
démontrés par la personne ainsi que leur durée dans le temps. On tiendra
compte que les symptômes peuvent être causés par l’anxiété et la
dépression, car ces deux problématiques ont des symptômes semblables au
déficit de l’attention.
Une petite enquête sur le développement de l’enfant depuis sa naissance
sera aussi effectuée. Cependant, il peut être difficile de dépister la présence
du problème avant l’entrée à l’école. Souvent, celui-ci est repéré à l’école:
l’enfant doit rester attentif durant de grandes périodes, fournir un effort
constant, commencer des tâches, passer par les transitions, interagir avec les
autres, suivre des consignes et s’organiser.
Bien observer l’enfant dans sa classe est très utile, car c’est surtout là
qu’il éprouve des difficultés. Des observations pourront aussi être
effectuées lors d’une évaluation intellectuelle dans une situation de travail
individuel.
Enfin, l’administration d’épreuves psychologiques individuelles qui
tentent de mesurer l’attention soutenue, l’attention partagée et l’attention
sélective pourra s’avérer fort utile.
Quant aux tests neurologiques, ils ne peuvent pas encore confirmer le
diagnostic. Ce sera probablement possible dans l’avenir avec l’avènement
des PET-Scan (Amen, 1997). Cependant, de tels tests peuvent confirmer
que le déficit de l’attention n’a pas une autre origine, par exemple une
confusion avec l’épilepsie petit mal (forme légère d’épilepsie).
Autres problèmes physiques ayant des
symptômes semblables
Il est important de faire vérifier l’audition de l’enfant qui présente de tels
symptômes ainsi que sa capacité d’audition dans le bruit (audition centrale),
car les symptômes se ressemblent beaucoup. Cependant, même si un enfant
a un problème d’audition centrale, cela n’empêche pas qu’il ait un déficit de
l’attention. Certains professionnels du domaine avancent même que le
trouble de l’audition centrale et le déficit de l’attention ont les mêmes
symptômes, car ils seraient la description d’un même problème mais d’un
point de vue différent. Cette hypothèse n’est pas confirmée, mais sera
probablement discutée dans les années à venir.
Un médecin veillera aussi à vérifier si la personne présente des
problèmes de la glande thyroïde, car l’hypothyroïdisme peut causer des
problèmes de concentration. Il en est de même pour le diabète,
l’hypoglycémie et l’épilepsie petit mal.

«J’ai d’autres questions»


Il est important que les parents posent toutes les questions qu’ils ont par
rapport au diagnostic. Le professionnel qui a évalué l’enfant sera en mesure
d’y répondre. Trop souvent, les parents quittent le bureau avec des
questions sans réponse et ils s’inquiètent par la suite. Ils se tournent alors
vers toutes sortes de personnes qui souvent, sans le vouloir, ne font
qu’augmenter leurs inquiétudes.

Les implications du déficit de l’attention


Les implications à court et à long termes du diagnostic doivent faire l’objet
d’une réflexion approfondie afin d’en comprendre la portée. L’entourage ne
souffre pas toujours du problème, c’est plutôt l’enfant qui risque d’en
souffrir. Il est donc important de comprendre son impact ainsi que les
conséquences d’un non-traitement. Bien sûr, certains parents souhaitent
attendre avant d’intervenir, mais, pendant ce temps, l’enfant est assis en
salle de classe et ne comprend pas la matière. Il faut essayer de voir la vie à
travers les yeux de son enfant.
Comme je l’ai déjà mentionné, si le déficit de l’attention a été dépisté,
c’est qu’il cause un problème à la personne, le plus souvent des difficultés
scolaires. Lorsque celles-ci ne sont pas prises en main dès les premières
années scolaires, elles laissent des traces dans la base des connaissances de
l’enfant. Des traces sont aussi visibles dans la perception qu’a l’enfant de
ses aptitudes comme apprenant. Il est alors facile de comprendre les
implications à long terme de cet enchaînement de difficultés.
À long terme, certaines personnes qui ont un déficit de l’attention
apprennent à le gérer et choisissent une carrière qui leur permet de réussir.
D’autres, cependant, en sont tellement affectées que même leur intégration
au marché du travail est difficile.
Les parents ont un rôle actif dans le traitement. C’est leur responsabilité
de gérer le problème de l’enfant en bas âge pour ensuite le soutenir à
mesure qu’il vieillit. Différents traitements vous seront d’ailleurs proposés
au chapitre 6, «Les différents traitements».
CHAPITRE 4:

Attention et anxiété

Le déficit de l’attention et l’anxiété peuvent se ressembler. Par exemple,


une personne anxieuse peut sembler lunatique parce qu’elle est préoccupée.
Elle peut tenter d’éviter les situations où l’on attend beaucoup d’elle et elle
peut avoir des difficultés sociales. Quant à la personne qui a un déficit de
l’attention, elles peut être anxieuse à cause de tous les oublis et les erreurs
qu’elle commet.
Il devient alors important, lors du diagnostic, de pouvoir distinguer si le
déficit de l’attention est accompagné d’anxiété, ou si l’anxiété seule rend
l’individu davantage distrait.
Pour ce faire, il est utile de passer en revue les différents symptômes du
déficit de l’attention décrits au chapitre 2 et de noter ceux qui se
manifestent chez la personne. Des tests d’attention soutenue, d’attention
partagée et d’inhibition peuvent être employés ainsi que des échelles de
comportement qui vont mesurer ces deux problématiques.
Ensuite, il est utile de passer en revue les différents symptômes de
l’anxiété et de noter ceux qui se manifestent chez la personne. Il est normal
pour une personne d’éprouver de l’anxiété au cours de son développement.
L’anxiété est comme un système d’alarme qui sonne lors d’une situation
difficile. Cependant, elle devient problématique lorsque ce système
d’alarme se détraque et sonne même lorsque ce n’est pas nécessaire.
Une personne anxieuse peut:
• être trop timide, ne pas aimer qu’on parle d’elle, même si c’est en bien, et
fuir les situations de groupe;
• être trop concernée par sa façon de paraître, de s’habiller et d’agir, et peut
se remettre souvent en question;
• avoir des peurs par rapport au futur, peurs qui ne sont pas réalistes.
Exemples: «Je vais manquer mon autobus scolaire.» «Si je laisse ma mère
seule à la maison, il va lui arriver quelque chose.»;
• avoir des peurs par rapport à ses agissements passés;
• éprouver des malaises physiques tels que des maux de ventre et de tête;
• manquer de confiance dans ses capacités (peur de mal réussir lors d’un
exposé oral, peur de faire rire d’elle, etc.);
• chercher la perfection, par exemple effacer souvent dans ses cahiers
même si c’était réussi la première fois;
• chercher à éviter les situations où des attentes sont placées sur elle;
• chercher à éviter les situations où il y a des modifications à la routine
(début de l’année scolaire, fin de l’année scolaire, etc.);
• avoir de la difficulté à relaxer, bouger rapidement les pieds, jouer avec ses
cheveux, se ronger les ongles.
Par la suite, une des deux problématiques ou les deux devraient ressortir
de cette analyse. Il faut alors procéder au traitement approprié.
Si le déficit de l’attention s’accompagne d’anxiété, il faut absolument
traiter l’anxiété pour que la condition de la personne s’améliore. Voici une
description d’un travail de base pour combattre l’anxiété. Si celle-ci résiste
à ce travail, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin.

Reconnaître comme parent sa propre anxiété


Cette étape est très importante. Le but n’est pas de blâmer le parent pour les
problèmes de son enfant. Mais il peut être difficile d’aider son enfant à
gérer son anxiété si, comme parent, nous n’avons pas géré la nôtre. De plus,
notre anxiété peut être source d’anxiété pour notre enfant. Il est donc
essentiel de suivre et de pratiquer la démarche qui suit afin de mieux gérer
sa propre anxiété et, ensuite, d’aider l’enfant à s’approprier ces mêmes
méthodes.

Entreprendre avec la personne un travail de


base avec ses idées néfastes
Les méthodes les plus employées avancent que les idées que nous nous
faisons de la réalité déterminent notre réaction face à cette réalité (thérapie
behaviorale cognitive ou émotivo-rationnelle). Ce n’est pas la réalité qui
cause nos comportements, mais bien les idées que nous nous faisons de
cette réalité.
Voici un exemple concret de cette explication. Si la situation détermine
notre réaction, comment se fait-il que des élèves à qui l’enseignant ne
demande pas de répondre n’auront pas la même réaction? Certains seront
contents de ne pas avoir à répondre, d’autres seront frustrés, d’autres
soulagés, d’autres peinés, etc. C’est que chacun s’est fait une idée différente
par rapport à la situation. Une personne contente peut avoir pensé qu’il était
mieux que l’enseignant ne la questionne pas, car elle ne savait pas la
réponse. Une personne frustrée peut avoir pensé que l’enseignant choisit
toujours les mêmes élèves pour répondre. Une personne peut être soulagée
si elle n’aime pas répondre. Enfin, une personne peut être peinée si elle
pense que l’enseignant ne la trouve pas bonne.
L’anxiété peut également être une réaction causée par les idées. La
première chose à faire est donc d’aider la personne à reconnaître ses idées.
Qu’est-ce qu’elle s’est dit dans sa tête par rapport à telle situation? Ce n’est
pas une étape facile pour tous étant donné que ce ne sont pas toutes les
personnes qui sont conscientes facilement de leur langage interne. Malgré
les difficultés, il est important de travailler fort dans ce processus de
reconnaissance des idées.
Par la suite, lorsque la personne est consciente de son langage interne,
de ses idées, elle doit commencer à les modifier. Il est évident que l’anxiété
ne pourra pas être modifiée pour faire place à la joie et à la bonne humeur,
mais elle pourrait tout de même devenir davantage vivable pour la
personne. «Qu’est-ce que tu aurais pu te dire par rapport à cette situation
pour te sentir moins mal?» C’est également une étape qui demande
beaucoup de pratique. Ce sont des habitudes de vie très importantes.
Dans notre vie de tous les jours, il peut être préférable d’apprendre à
gérer nos idées plutôt que d’être entraînés dans un tourbillon. Si la personne
se plaint d’être parfois assaillie par des idées qui font boule de neige, il faut
qu’elle se pratique à arrêter le plus vite possible de penser à ce qui la
tracasse. Lorsque son cerveau commence à tourbillonner, elle peut se dire,
par exemple, stop, c’est assez, etc.
Il faut aussi veiller à ne pas donner des moyens de défense qui feront
entendre à la personne qu’elle a raison d’avoir peur. Par exemple, si on dit à
un enfant qui a peur des monstres que son chat les mangera, on lui confirme
l’existence du danger, sans le vouloir. Dans le cas où un enfant a peur de
créatures inexistantes ou de tragédies improbables, il faut absolument
commencer à le rassurer en lui disant que ça n’existe pas ou que ça
n’arrivera pas.
Dans le cas où un enfant a peur d’une situation peu probable mais
possible (par exemple, manquer l’autobus scolaire après la classe), il faut
aller avec lui au bout de son idée. «Que vas-tu faire si tu manques
l’autobus?» «Je vais appeler mes parents pour qu’ils viennent me chercher.»
Il faut aider l’enfant à se construire un plan d’action qui réglera la situation
embarrassante.
Le travail sur les idées néfastes peut être difficile, mais il est important
de l’entreprendre. Il existe de bons ouvrages sur ce sujet qui peuvent vous
donner des explications plus détaillées. Vous trouverez à la fin de ce
chapitre, à la page 72, un exemple d’une feuille de travail pour aider à
modifier les idées néfastes.

Exposer la personne à ce qui est menaçant pour elle


Ce n’est pas une étape très agréable, mais elle est très importante pour faire
disparaître des peurs non raisonnables. Si une personne a peur des
araignées, des petits animaux, des déguisements de monstres, de l’avion, de
l’ascenseur, etc., parce qu’elle manque de connaissances à ce sujet, il peut
être possible de s’exposer soi-même à la situation, de montrer des
personnes qui s’exposent à la situation pour ensuite exposer graduellement
la personne elle-même.
Cependant, si sa peur provient d’une mauvaise expérience, il vaut
mieux demander un avis professionnel avant de l’exposer à une telle
situation.

Apprendre à la personne à prendre soin


de sa santé physique
Un esprit sain dans un corps sain: il y a une grande vérité dans cet énoncé.
Une personne davantage en santé physique sera probablement plus
résistante sur le plan psychologique.
Il est donc important de veiller à avoir suffisamment de sommeil selon
son besoin naturel, de manger sainement et d’éviter des agents stressants du
système (tels que l’alcool et les drogues). Des exercices physiques réguliers
doivent aussi faire partie du programme.
Enfin, il est important d’apprendre à relaxer. La relaxation n’a pas à
avoir la même forme pour tous. Pour certains, l’écoute de musique ou de
cassettes de détente qui propose une routine de relaxation peut être
bénéfique.
Il est également possible d’apprendre par cœur une routine simple de
relaxation:
• choisir une position confortable, relâcher les muscles et fermer les yeux;
• inspirer profondément en comptant lentement;
• expirer en comptant lentement;
• recommencer les inspirations/expirations pendant quelques minutes.
Une autre méthode est celle de l’imagerie mentale. Il s’agit pour la
personne de s’installer confortablement, de fermer les yeux et de penser à
une situation agréable pour elle. Il est possible de faire la visualisation seul
ou de se faire conduire par une autre personne. Cette dernière inventera une
situation imaginaire favorisant la détente et elle la décrira verbalement
d’une voix douce.
Enfin, certaines personnes relaxent mieux en lisant ou en s’engageant
dans un autre passe-temps. Des bains chauds peuvent également être
relaxants. Bref, ce n’est pas le moyen mais le résultat qui compte.

Éviter de donner trop de choix à la personne


Les choix les plus anodins peuvent être une source d’anxiété pour certaines
personnes. Il est donc préférable de prendre la situation en main ou de
choisir soi-même, ou encore de donner moins de choix. Avec le temps et la
pratique, une personne pourra arriver à faire des choix plus rapidement et
avec moins d’anxiété.
Autres interventions
• Rassurer les personnes lorsqu’elles sont stressées car elles le sont
facilement.
• Leur apprendre à gérer certaines pensées: ce qu’elles ont oublié ou omis
de faire alimentent facilement leur anxiété.
• Les prévenir des changements dans leur routine.
• Leur expliquer que plusieurs problèmes surviennent dans la vie et qu’il
est possible de passer au travers. Prendre l’exemple d’un problème
survenu dans le passé et expliquer la façon dont il a été résolu.
• Jouer à des jeux qui demandent de trouver des solutions à des problèmes
de la vie quotidienne.

FEUILLE DE TRAVAIL POUR AIDER À MODIFIER


LES IDÉES NÉFASTES

1. Décris l’événement qui s’est produit, la situation qui t’a causé des
problèmes.

2. Quelles ont été tes idées? Que t’es-tu dit dans ta tête?

3. Comment t’es-tu senti?

4. Qu’aurais-tu pu te dire? Comment pourrais-tu modifier tes idées?


CHAPITRE 5:

Histoires de cas,
les amis de Luna

Voici quatre histoires de cas cherchant à illustrer les différentes facettes du


déficit de l’attention. Ces personnages sont fictifs, tout comme Luna, mais
leur histoire est basée sur des faits réels.

L’histoire d’Étienne
Étienne a neuf ans. C’est un garçon qui réussit assez bien en classe. Mais
cela n’a pas toujours été ainsi. Dernièrement, il a écrit une rédaction ayant
pour thème: Un crayon magique qui fait les devoirs tout seul!
Le déficit de l’attention d’Étienne est découvert vers la fin de sa
première année scolaire, qu’il redoubla. Il est très désorganisé en salle de
classe, il oublie ses devoirs à l’école. Sans l’attention de l’enseignante pour
le mettre à la tâche, il peut dessiner des petits bonshommes pendant
plusieurs minutes. À la maison, les devoirs qui devraient prendre 20
minutes peuvent durer deux heures, entrecoupés de pleurs et de grincements
de dents d’Étienne et de ses parents.
Au premier bulletin, les résultats en français sont faibles, surtout la
lecture. Au deuxième bulletin, ils ne sont toujours pas satisfaisants. Les
devoirs le rebutent de plus en plus. Étienne se dirige vers un échec, il le sait.
Une discussion entre l’enseignante et les parents fait ressortir les
inquiétudes de chacun. À la maison, tout va bien avec Étienne: c’est un
enfant facile, sauf les catastrophiques devoirs. Du côté social, il a des amis
qui partagent avec lui des aventures imaginaires. Étienne, pourtant si
intelligent dans la vie quotidienne, ne semble pas pouvoir apprendre. D’un
commun accord, on le réfère en psychologie.
Plusieurs tests et des grilles comportementales avec l’enseignante et les
parents montrent qu’Étienne présente une intelligence dans la moyenne
pour son âge. Sa mémoire, son raisonnement logique et sa perception
visuelle sont bons. Cependant, son problème répond aux critères du déficit
de l’attention sans hyperactivité.
Les parents d’Étienne sont rassurés de savoir que leur fils est intelligent.
Ils consultent immédiatement leur médecin, et celui-ci lui prescrit un
traitement qui lui convient. Étienne n’a pu sauver son année scolaire, mais
il est revenu l’année suivante avec la même enseignante qui en profita pour
lui donner des responsabilités. Il a réussi à obtenir de meilleurs résultats en
lecture, mais il déteste toujours ses devoirs. Cependant, il continue son
cheminement tout en se maintenant dans la moyenne.

L’histoire d’Élise
Élise a 14 ans. Elle aime vivre en retrait des autres. Elle ne les évite pas,
mais ne les recherche pas non plus. Toutes les tentatives de ses différentes
enseignantes à travers les ans d’essayer de l’intégrer au groupe ont échoué.
Elle a toujours été, malgré tout, d’une humeur agréable et n’a jamais semblé
souffrir de cet isolement. C’est une lunatique. Elle aime beaucoup lire et
fréquenter assidûment la bibliothèque municipale.
Pour la première fois, Élise a de la difficulté à l’école cette année-là.
Elle doit s’adapter à un changement important: au lieu d’avoir juste une
enseignante pour toutes ses matières, comme c’était le cas auparavant, elle a
une enseignante par matière et doit, de plus, changer de groupe pour chacun
de ses cours. Cette situation lui cause de grandes difficultés à s’organiser.
Une évaluation psychologique fait ressortir une intelligence dans la
moyenne supérieure, mais aussi un déficit de l’attention et de l’anxiété. On
offre donc à Élise un encadrement particulier. Elle rencontre régulièrement
une compagne de classe ayant de la facilité à l’école avec qui elle se monte
un plan d’étude pour gérer la préparation de ses différents travaux et
examens. Fini le temps où elle pouvait se préparer le soir précédent.
Élise entreprend également un travail sur le contrôle de son anxiété avec
l’aide d’un psychologue et de ses parents.

L’histoire de David
David a 11 ans. Tout le monde l’aime. Il est souriant, serviable, attachant.
Cependant, depuis sa 1re année, il a des difficultés scolaires.
En effet, ses parents expliquent que leur fils sait toute la matière étudiée
le soir à la maison alors que le lendemain, au test, il ne semble plus la
savoir. C’est décourageant. En classe, David est perdu et doit constamment
recevoir des explications supplémentaires. L’enseignante doit également
l’aider à se mettre au travail.
David est référé dès le deuxième mois d’école en psychologie, car ses
parents et son enseignante ont constaté rapidement qu’il avait des
difficultés. Une évaluation intellectuelle a fait ressortir un potentiel dans la
moyenne. Sa mémoire est excellente. Cette instabilité dans ses
apprentissages est causée par un déficit de l’attention.
Les parents consultent immédiatement leur médecin qui prescrit à David
un psychostimulant. Dès les premières journées, David semble davantage
lunatique. Le médecin ajuste la posologie et change même la médication.
Rien n’y fait, David ne semble pas pouvoir bénéficier d’un traitement
pharmacologique.
Pour faciliter ses apprentissages, ses tests sont donc adaptés lorsque cela
est possible. Des choix de réponses lui sont proposés puisqu’il peut
reconnaître la matière qu’il a mémorisée, mais il ne peut la récupérer en
mémoire à cause de son attention. David continue à travailler fort et ses
parents l’encouragent beaucoup. Il sait que son cheminement scolaire sera
difficile et, heureusement pour lui, il l’accepte.

L’histoire de Mireille
Mireille a sept ans. Elle provient d’un milieu socioéconomique difficile.
Elle a été placée en adoption par les services sociaux. En classe, elle est
complètement perdue. On attribue d’ailleurs ses difficultés scolaires à ses
problèmes affectifs.
Les enseignantes lui donnent toute l’aide possible en classe. De plus,
elle travaille individuellement à de la récupération avec un tuteur. Les
enseignantes demandent une évaluation psychologique, car elles ont
l’impression que Mireille est intelligente et que ses problèmes affectifs ne
sont pas la seule source de ses difficultés.
L’évaluation psychologique révèle que Mireille est forte au niveau non
verbal (elle est davantage manuelle). Au niveau verbal, elle manque de
vocabulaire et de connaissances générales. Cela la situe dans la moyenne
faible quant à son apprentissage. Sa mémoire est bonne, mais Mireille ne
peut soutenir son attention.
Comme les symptômes du déficit de l’attention se manifestent
également aux épreuves la mesurant, Mireille est examinée par son médecin
qui lui prescrit un traitement.
Le traitement est efficace. Mireille récupère rapidement la matière avec
l’aide de ses enseignantes et de son tuteur. Celui-ci se charge de lui donner
une bonne structure de travail et des trucs de mémorisation, ce que Mireille
intègre très bien. Il faut souligner les efforts concertés de tous:
enseignantes, tuteur et famille d’adoption.
Après deux années scolaires qui se déroulent bien, tous se demandent si
Mireille pourrait être fonctionnelle sans l’aide de médicaments. Après
consultation du médecin, elle cesse sa médication. Tous les intervenants
sont très fiers de ses progrès, et Mireille aussi! Mais tous demeurent
conscients qu’elle devra être soutenue et suivie de très près afin de
continuer son bon cheminement.
PARTIE II

LES INTERVENTIONS
CHAPITRE 6:

Les différents traitements

Le déficit de l’attention n’est pas curable bien que, dans certains cas, le
problème puisse s’atténuer au cours de l’adolescence. En effet, la
maturation du cerveau peut se poursuivre jusqu’à la fin de l’adolescence,
entraînant parfois une amélioration de la condition de la personne.
Le traitement doit privilégier trois modes d’action (traitement
multimodal). Les voici.

La compréhension et l’acceptation du
problème par la personne et son entourage
Premièrement, il est important que l’enfant et son entourage comprennent le
problème. L’enfant doit être accepté tel qu’il est. Il faut comprendre son
handicap et l’aider à le lui faire comprendre.
La problématique doit lui être expliquée par un vocabulaire approprié à
son âge sans lui cacher la vérité. Il peut être utile d’utiliser une comparaison
comme celle du portier décrite au premier chapitre. Il faut également lui
expliquer que le déficit de l’attention n’est pas un manque d’intelligence, de
l’idiotie, etc.
Les difficultés spécifiques que lui cause le déficit de l’attention ainsi
que des moyens de les détourner doivent lui être mentionnés. Il faut donner
un rôle actif à l’enfant dans les moyens qui seront utilisés. Par exemple,
puisqu’il perd beaucoup ses effets personnels, on peut lui dire que l’on
prendra le temps avec lui de les identifier en y écrivant son nom.
L’enfant doit s’accepter tel qu’il est et se déculpabiliser, car ce n’est la
faute de personne et la culpabilité prend beaucoup d’énergie. Il faut plutôt
garder son énergie pour lutter et insister davantage sur les forces sur
lesquelles il peut compter. Chacun de nous a de ces forces, et il est toujours
difficile pour une personne en détresse de les repérer. Un petit travail sur
l’estime de soi peut être utile. À ce sujet, je vous recommande les excellents
ouvrages de travail (il y en a un pour chaque groupe d’âge) de Danielle
Laporte, psychologue, «Comment développer l’estime de soi de nos
enfants», publiés par l’hôpital Sainte-Justine.
Le parent peut vérifier si l’enfant a des questions concernant le déficit
de l’attention. Il ne faut pas avoir peur si on ne connaît pas toutes les
réponses: on peut toujours se renseigner par la suite pour les trouver auprès
des différents professionnels impliqués dans le diagnostic.
Il est également important d’écouter les sentiments de l’enfant par
rapport à son problème. Quelle en est sa compréhension? A-t-il des idées
fausses à ce sujet? Encore une fois, il ne faut pas amener l’enfant à penser
que ce n’est pas de sa faute pour qu’il se déresponsabilise. Il doit
comprendre que certaines de ses difficultés peuvent diminuer quelque peu
s’il participe à organiser son environnement avec les personnes qui veulent
l’aider.
Il faut aussi éduquer la société, car beaucoup de mythes et de fausses
idées entourent ce problème. Trop de gens pensent encore que la personne
pourrait faire mieux si elle fournissait davantage d’efforts. En fait, plusieurs
ont une opinion sur le sujet sans en avoir même les connaissances de base!
Ils transmettent alors leurs peurs et appréhensions plus que de réels
renseignements.
Enfin, une thérapie pourra viser à développer certaines habiletés, dont
apprendre à se fixer des objectifs et des buts précis et réalistes, favoriser
une organisation générale, développer des habiletés sociales et le
développement personnel.

Ça m’a fait drôle quand maman et papa m’ont expliqué


pourquoi j’étais toujours dans la lune. C’est comme s’ils
me comprenaient enfin. J’avais toujours eu un peu
l’impression d’être toute seule avec mes difficultés: mes
parents et mes enseignantes qui me reprenaient d’un
côté: «Luna, fais attention, sors de la lune!», et moi toute
seule de l’autre côté: «Mais je fais de mon mieux,
pourtant.»
Je me trouvais vraiment idiote même si je ne l’étais pas.
Je me rends compte combien c’est important de
comprendre comment on est fait. Mais il y a quelque
chose qui me dérange encore beaucoup: ce sont les gens
qui disent comprendre mon problème et qui me
disputent si j’oublie quelque chose. Même maman et
papa, qui me comprennent, semblent oublier mon
problème des fois et je n’aime pas ça.
Luna

La médication
Si la personne ne souffre pas de son problème et que sa vie familiale,
scolaire et sociale est agréable, la médication n’est pas nécessaire.
Cependant, si la personne souffre gravement dans une de ces sphères et
qu’elle perd la plupart de ses énergies pour arriver à mener une vie normale,
la médication devient aussi nécessaire qu’une paire de lunettes pour un
myope (Parisien, 1996). La consultation d’un médecin est alors absolument
nécessaire pour envisager ce type d’intervention.
La médication ne rajoute rien à l’enfant. Elle lui permet de se servir de
ses forces voilées par son problème. Certains prétendent que le médicament
n’est qu’une béquille puisque la personne doit vivre avec ce problème toute
sa vie. C’est en partie vrai; cependant, ce n’est pas une raison pour mal la
vivre.
L’enfant est en développement et à l’âge où s’effectuent de nombreux
apprentissages. Il faut absolument que son potentiel soit maximisé à cette
période de sa vie où il est en train de découvrir ses forces, ses limites et sa
personnalité. Il faut mettre toutes les chances de son côté. On doit
considérer la médication comme un instrument qui permet à l’enfant
d’utiliser pleinement son cerveau.
Je n’ai pas aimé l’idée de prendre des médicaments.
C’est tannant. Mais je me suis rendu compte assez vite
qu’il y avait une porte dans ma tête que je n’avais jamais
vue avant, celle de mon attention en ligne droite. Oui,
oui, mon attention était pas mal trop répandue avant.
Maintenant, je peux mieux la contrôler. Je veux quand
même vous dire que, les jours de vacances, j’aime bien
être dans la lune de temps en temps! Quoique des fois,
je suis un peu tannée de commencer des jeux et de ne
pas les finir.
Luna

Je peux vous dire que nous avons été vraiment surpris, après
avoir su que Luna avait un déficit de l’attention, d’apprendre
qu’elle pouvait prendre des médicaments. Nous ne savions pas
que cela existait et nous ne comprenions pas trop. Nous pensions
que les médicaments étaient des calmants donnés aux enfants
hyperactifs, et Luna n’est pas du tout hyperactive. Nous avons
demandé au médecin un peu de temps pour réfléchir et il nous a
proposé un essai d’un mois parce que de toute façon, il
semblerait que les médicaments ne fonctionnent pas toujours.
Eh bien! c’est assez surprenant de voir l’effet. Luna ne semble
plus la même. Elle est beaucoup plus présente d’esprit et elle
réussit mieux en classe qu’avant. Cependant, nous avons encore
un petit peu peur de tout cela. C’est étrange de voir son enfant
différent alors qu’on l’a toujours connue dans la lune. Nous
avons décidé de prendre une année scolaire à la fois. On verra.
Maman

Quelle est la médication?


Les enfants sont traités principalement avec des psychostimulants. Les
principaux sont:
• Ritalin (méthylphénidate);
• Dexedrine (dextroamphétamine).
Des antidépresseurs peuvent aussi être employés lorsque les
psychostimulants ne conviennent pas à la personne ou, parfois, en
conjonction avec un psychostimulant lorsque la personne présente un autre
problème en plus du déficit de l’attention.
Parfois, certains parents se plaignent de ne pas recevoir suffisamment
d’information de la part de leur médecin. Celui-ci ne peut pas répondre aux
questions si on ne lui en pose pas. N’hésitez donc pas à lui faire part de tous
vos doutes.

Lorsque j’allais chez le médecin, je ne lui posais pas toutes mes


questions car je les oubliais une fois rendue dans son cabinet.
Maintenant, chaque fois que je pense à une nouvelle question, je
l’inscris dans un petit calepin. Lorsque j’ai un rendez-vous chez
le médecin, je prends maintenant mon temps pour poser toutes
mes questions.
Maman

Mode d’action
Le stimulant agirait sur le système nerveux central comme
neurotransmetteur en bloquant ou en facilitant la communication entre les
cellules nerveuses, en stimulant les centres responsables de l’éveil et en
régularisant l’activité de certains secteurs du cerveau.

Les effets positifs


En général, les effets de la médication apparaissent 30 à 60 minutes après la
prise du médicament. Ils durent de trois à quatre heures, puis s’estompent.
Voilà pourquoi l’enfant doit en prendre deux fois par jour. Après 12 heures,
le médicament est éliminé de l’organisme.
Les effets sur l’attention sont visibles assez rapidement (quelques jours),
mais ils sont moins évidents que chez un enfant hyperactif chez qui on
observe rapidement un état beaucoup moins agité. Il ne faut surtout pas
penser, dans ce cas, que la médication n’est pas efficace. Chez les enfants
lunatiques qui sont si silencieux et discrets, une meilleure capacité
d’attention ne fait pas trop de bruit! Cependant, la plupart des enseignants
rapportent avoir remarqué une meilleure attention de la part de l’enfant
ainsi qu’une capacité accrue à s’organiser.
La mémoire, la coordination motrice, la calligraphie, les relations avec
les pairs, la production et la qualité du travail scolaire, les réactions face aux
demandes des adultes à l’école sont améliorés par les effets de la
médication. Si celle-ci n’agit pas directement sur ces habiletés, elle permet
à l’enfant d’être beaucoup plus fonctionnel.

Les limites
La médication n’est pas miraculeuse. Les activités plus difficiles faisant
appel à des processus cognitifs plus complexes ne semblent pas être
améliorées par les stimulants. Il en est de même des facultés de
raisonnement et d’abstraction. Il semblerait que ses effets sur le rendement
scolaire peuvent prendre jusqu’à quelques mois à se faire sentir, selon le
retard scolaire de l’enfant.
Cette question de retard est importante à saisir. Souvent, de la
récupération sera nécessaire pour l’enfant. La médication facilite
l’attention, mais ne peut pas permettre à l’enfant de rattraper
automatiquement la matière qui n’a pas été apprise, d’où l’importance
d’agir tôt lorsque le déficit de l’attention est découvert. Si l’école n’offre
pas la possibilité à l’enfant de se rattraper sur le plan scolaire, les parents
devront trouver une façon de le faire (par soi-même, avec l’aide d’un tuteur,
etc.). En ayant comblé son retard, l’enfant pourra mieux suivre son groupe
classe dans les matières principales.
Même si l’attention est mieux gérée avec l’aide d’un médicament, la
personne doit travailler à reprendre le contrôle de sa vie, ce qui ne se fait
pas sans efforts. Par exemple, que faire pour remettre ses travaux à temps?
pour ne plus perdre ses mitaines? etc. Des interventions visant à développer
de telles attitudes seront décrites pour les parents et les enseignants aux
chapitres 7 et 8.
Enfin, il semblerait que la médication est efficace chez 95% des
personnes qui y ont recours. Un très faible pourcentage, donc, ne peut en
bénéficier.
Les effets secondaires
Les effets secondaires les plus courants sont le mal de ventre les deux ou
trois premières semaines, une perte d’appétit et de poids, des maux de tête
et des difficultés de sommeil. Il est ici intéressant de noter que beaucoup
d’enfants atteints du déficit de l’attention ne sont pas de grands mangeurs;
leurs parents les qualifient souvent de difficiles.
Si les effets secondaires ne disparaissent pas, le médecin verra à ajuster
le dosage peut-être trop élevé, à changer de médication ou à en ajouter une
autre selon le problème.
Cette médication n’est pas recommandée pour les personnes qui
présentent des troubles d’anxiété. Elle peut augmenter les tics moteurs chez
celles qui en ont déjà. Il leur est alors possible de prendre une autre
médication pour contrer cet effet.
Les stimulants peuvent avoir chez certaines personnes un effet de
rebond lorsque leur action se termine en fin d’après-midi. Cet effet se
caractérise par des sautes d’humeur, de l’agressivité et de la fatigue. Bien
que cela soit rare, si la situation se présente et se maintient, il est important
d’en discuter avec le médecin traitant qui verra l’utilité de donner une petite
parcelle de comprimé pour atténuer cet effet (disparition plus graduelle de
l’effet). Cette particule du médicament pourrait également être utile dans le
cas des devoirs. Une période d’exercice physique planifiée chaque soir
après l’école pourrait également atténuer cet effet ainsi qu’un temps de
repos en solitaire.

Quelqu’un m’a dit que...


La médication est parfois vue d’un mauvais œil. Tout ce qu’on lui reproche
n’est appuyé par aucune recherche scientifique. Il n’y a pas d’évidence que
l’enfant développe une tolérance ou une accoutumance au médicament,
puisque celui-ci est éliminé de l’organisme après quelques heures.
On soulève aussi la possibilité que l’enfant devienne un consommateur
de drogues à l’adolescence ou à l’âge adulte. Par exemple, selon certains,
une personne atteinte du déficit de l’attention et qui prend de la cocaïne
risque de se sentir normale, car cette drogue la stimule. Cependant, elle
devra en prendre de plus en plus pour se sentir bien, et deviendra ainsi
cocaïnomane. Pourtant, il semble que ce soient plutôt les enfants non traités
qui sont le plus à risque.
Les stimulants sont utilisés depuis 60 ans. Selon ce que nous constatons,
la mauvaise presse vient d’un manque de compréhension de leur mode
d’action. Encore beaucoup de gens croient qu’on donne des calmants pour
aider les enfants hyperactifs à se tenir tranquilles, alors que ce sont des
stimulants qui sont utilisés.
Enfin, il faut éviter de jouer au jeu «Si on n’en donnait pas aujourd’hui,
juste pour voir?». Cette attitude est déstabilisante pour l’enfant à cause du
double message qu’elle véhicule («Je te donne ta médication, mais je ne
suis pas sûr que tu en as besoin.»). De plus, il est possible que l’enseignant
prenne un certain temps pour s’en rendre compte (un lunatique ne fait pas
de bruit et ne dérange pas) et, pendant ce temps, l’enfant risque
d’accumuler un retard scolaire. Il est préférable de régler avec soi-même
toutes ses craintes avant de commencer un traitement, car toutes ces
hésitations peuvent nuire à son efficacité.

Pour combien de temps?


Certains enfants prennent leur médicament seulement durant l’année
scolaire. La décision depoursuivre le traitement pendant les vacances doit se
discuter entre les parents, l’enfant et le médecin. Il ne faut pas oublier que
les relations sociales peuvent bénéficier de ce soutien et que l’été est un
temps propice pour créer de nouveaux liens.
Enfin, chez certains enfants, il a été possible, après beaucoup d’efforts
concertés et un encadrement rigoureux, de retirer la médication. Encore une
fois, cela n’a été possible qu’après des années de travail pour leur montrer
des stratégies d’écoute, de mémorisation et d’organisation.

Les ajustements de posologie


La médication doit être ajustée à mesure que l’enfant grandit, ce qui
correspond souvent au début de l’année scolaire, lors du retour des
vacances.
Que dire à l’enfant concernant sa médication?
Il est important que l’enfant comprenne son problème avant qu’il
commence à prendre sa médication. Celle-ci aidera son cerveau qui travaille
fort à se concentrer seulement sur ce qui est important. Les explications ne
doivent pas avoir une connotation négative, car l’enfant pourrait se servir
du fait qu’il n’a pas pris son médicament pour justifier ses agissements.
Malgré son problème, il est responsable de ses actions. À l’inverse, il ne
doit pas croire que son médicament le rend plus intelligent, il l’aide plutôt à
utiliser le maximum de ses capacités.
Il faut également dire la vérité à l’enfant. Lui dire que ses médicaments
sont des vitamines peut à court terme éviter des explications. À long terme,
cependant, c’est entreprendre une communication avec son enfant dans le
mensonge (autrefois, on aurait probablement dit un mensonge pieux) et les
cachotteries. Il faut penser à sa réaction lorsqu’il découvrira que la vérité lui
a été cachée. C’est aussi le garder ignorant devant un problème avec lequel
il devra vivre toute sa vie. L’enfant est le premier acteur de son histoire. Il
doit prendre conscience, dès le début de la partie, des cartes qu’il a en main,
les faibles comme les fortes, afin de pouvoir les jouer convenablement.

Moi, j’ai aimé ça que maman et papa me disent pourquoi


je devais prendre mon médicament. J’ai aussi aimé ça
qu’ils me disent que je devais quand même travailler fort
parce que c’est important pour moi de savoir que je peux
et qu’ils me font confiance.
Luna

L’entraînement des parents et des enseignants


Vous trouverez dans les deux prochains chapitres une série d’interventions
selon les difficultés présentées par la personne. Toutes ne fonctionnent pas
avec tous les enfants. Parfois, une intervention sera efficace un certain
temps, puis il faudra en essayer une autre. Il n’y a pas de traitement facile.
Un travail acharné et du dévouement sont nécessaires, ce qui implique
beaucoup de temps et d’énergie. On doit être très persévérant et essayer le
plus possible d’avoir l’appui de son entourage.
En effet, comme parent il peut arriver qu’on se sente seul au monde
alors qu’il n’en est rien. Il existe même des regroupements de parents dans
certains grands centres. Demeurer objectif le plus possible et ne pas prendre
les commentaires des autres de façon personnelle contribuent grandement à
nous économiser beaucoup d’énergie.
Quant à ce qu’il faut dire à l’entourage et à la famille à propos de la
condition de l’enfant et de la médication, il y a plusieurs écoles de pensée.
Comme psychologue, je pense qu’il est important que l’enseignant de
l’enfant soit au courant de la problématique pour aider le médecin dans
l’ajustement de la posologie. Pour ce qui est des amis et de la famille
élargie, si le jeune et le parent ne risquent pas de se faire juger, ils peuvent
en parler. Sinon, il est préférable d’avoir pu évaluer la situation
(amélioration ou non) par soi-même avant d’en parler. En effet, beaucoup
de parents et de jeunes subissent de la pression de l’entourage, lequel a
souvent comme seule connaissance de la problématique ce qu’ils ont lu, vu
ou entendu dans les médias. Le soutien est alors déficient, car ces personnes
peuvent transmettre leurs craintes. Malheureusement, encore une fois, les
médias parlent beaucoup moins de la problématique en elle-même que des
mythes qui l’entourent.
Je répète qu’il est important de ne pas se sentir coupable. Vous avez
besoin de votre énergie pour encadrer l’enfant. Il est toutefois normal de
ressentir de l’incompétence, de l’échec et de l’impuissance étant donné tous
les efforts fournis. La déception et l’inquiétude sont aussi des sentiments
normaux; l’enfant ne répond pas à nos attentes et on s’inquiète pour son
avenir. Ne perdez jamais de vue qu’il est préférable de garder son énergie
orientée vers l’action.
CHAPITRE 7:

Les interventions des parents

Les quelques interventions qui suivent peuvent vous aider à mieux aider
votre enfant. Rappelezvous qu’il n’y a rien de tel pour un enfant que de
sentir la confiance, le soutien, l’estime et l’amour que ses parents lui
portent.

Facilité à être distrait


Ces interventions pourraient peut-être aider votre enfant s’il est facilement
déconcentré et qu’il ne peut pas rester attentif pendant une longue période.
• Ne pas aider l’enfant à trouver ses mots. Être patient pour qu’il les trouve
seul.
• Ne lui donner qu’une consigne à la fois.
• Lui faire écrire sur une feuille les idées qui lui trottent dans la tête et qui
le dérangent; de cette façon, il pourra mieux se concentrer sur son travail.
• Diviser les tâches en blocs de 15 minutes, avec une courte pause entre
chaque bloc.
• Mettre un petit compteur pour que l’enfant vérifie ce qu’il fait toutes les
fois qu’il sonne. Cela a un effet sur l’accomplissement d’une tâche,
l’acharnement à la tâche et l’utilisation du temps.
• Réduire le nombre de pratiques nécessaires pour que l’enfant démontre
qu’il a bien compris.
• Utiliser l’ordinateur pour certains travaux. Lui montrer à faire de belles
présentations pour attirer l’attention de l’enseignant.
• Stimuler la motivation de l’enfant pour qu’il puisse connaître le plaisir du
devoir accompli. Faire une tâche avec lui et partager ses sentiments face à
son succès.
• Lui donner des commentaires fréquents sur ses progrès.
• Lui donner des jetons pour les devoirs et le ménage. L’idéal est de lui
faire trouver 15 privilèges de différentes natures, et viser un
comportement à la fois. De quatre à sept ans, il doit obtenir de un à cinq
jetons pour obtenir un privilège parce que c’est tangible. À huit ans et
plus, on peut faire un carnet de points au lieu des jetons. Pour le nombre
de points à obtenir pour un privilège: entre 8 et 10 ans: 25 points; 10 ans
et plus: de 10 à 200 points. Plus ça prend d’efforts et plus il est réticent,
plus on donne de points. Le jeune doit être capable d’en dépenser les 2/3
chaque jour pour qu’il puisse accumuler le reste. On ne lui enlève pas les
points qu’il a gagnés pour le punir si ça ne va pas bien.
On peut également utiliser un tableau de comportement où chaque jour
de la semaine est représenté par un carreau. Si le comportement est atteint
dans la journée, l’enfant peut dessiner un sourire ou le parent peut placer un
collant dans le carreau. Pour une bonne semaine, un privilège peut être
donné si le comportement est difficile à atteindre (mais pas trop car si
l’enfant n’atteint jamais les objectifs, il peut se décourager).
Mise en garde: Il ne faut pas utiliser un programme de points sur une
base trop régulière, car l’enfant pourrait attendre cette récompense interne
pour agir. Il vaut mieux utiliser les points pour les objectifs qui sont
vraiment difficiles à atteindre. Lorsqu’un but est atteint, il faut diminuer
graduellement l’utilisation des points pour transférer vers une satisfaction
interne qui devient la récompense.

Difficulté à soutenir son attention et


à la partager
Les interventions des parents sont ici les mêmes que celles qui s’appliquent
à «Facilité à être distrait». Reportez-vous à la rubrique précédente, à la page
99.
Manque d’écoute lorsqu’on lui parle
directement
Ces interventions s’appliquent aux enfants à qui on parle et qui ne sont pas
là!
• Vérifier que l’on a l’attention de l’enfant, qu’il nous regarde lorsqu’on lui
demande quelque chose.
• Lui enseigner des habiletés d’écoute. Lui montrer que lorsqu’une
personne nous parle, on s’arrête et on la regarde. Faire pratiquer l’écoute
avec un jeu comme «Jean dit...» où l’enfant doit faire seulement ce que
Jean dit. Par exemple, «Jean dit: Touchez vos pieds», l’enfant doit toucher
ses pieds; «Touchez votre nez», l’enfant ne doit pas bouger. On peut aussi
donner des consignes simples à l’enfant, par exemple: «Lève ta main, va
toucher la télévision et assois-toi sur le divan.»

Pertes répétées d’effets personnels


Ces interventions s’appliquent aux enfants qui perdent souvent leurs effets
personnels.
• Écrire le nom de l’enfant sur ses effets personnels ou le lui faire écrire s’il
est assez âgé.

Oublis fréquents
Ces interventions s’appliquent aux enfants qui ont des oublis fréquents,
parfois causés par une facilité à se laisser distraire.
• Faire de courtes listes, utiliser des «noto-collants» de couleur.
• Placer une affiche «Est-ce que tu as tout?» près de la porte de sortie de la
maison.
• Se préparer à rappeler souvent à l’enfant ce qu’il a oublié. Lui parler
comme si c’était la première fois que la consigne était dite, ne pas lui
faire de remontrances pour ses oublis.

Difficulté d’organisation
Il est important de comprendre pourquoi l’enfant a de la difficulté à
s’organiser. Est-ce que cela vient du fait qu’il se laisse distraire facilement
ou d’une réelle difficulté à s’organiser lui-même? En aidant l’enfant à se
monter une structure pour une certaine action, on regarde s’il peut suivre
cette structure. S’il le peut, le problème vient d’une difficulté à s’organiser.
S’il ne le peut pas, c’est probablement qu’il se laisse distraire.

Routine
• Avoir une routine, un environnement structuré, de la constance. La routine
externe aide à compenser le manque d’organisation interne.
• Prévenir l’enfant d’un changement de routine (par exemple, «Nous
partons dans cinq minutes.»).
• Bien préciser les règles de la maison ainsi que les conséquences aux
manquements; définir à l’avance les retraits de privilèges.
• Permettre à l’enfant de conserver et d’orienter ses idées, ce qui l’aidera à
se construire des habitudes qui prendront racine.

Ménage
• Encourager l’enfant à faire le ménage de sa chambre: attribuer une place
pour chaque chose, poser des crochets amusants pour l’inciter à accrocher
ses vêtements.
• Habituer l’enfant à ranger à mesure ce dont il se sert.
• Donner une ou deux corvées ménagères que l’enfant doit faire chaque
semaine, se préparer à le lui rappeler souvent de façon calme.
• Placer dans la salle de bain une feuille décrivant les actions à poser avant
de sortir de la pièce (ramasser son linge sale, accrocher sa serviette, etc.).
Voir à ce sujet un exemple d’une feuille de contrôle, à la page 119.

Planification
• Amener l’enfant à se fixer trois buts par jour; regarder son plan et voir à
la fin ce qu’il a atteint et comment il s’y est pris.
• Lui apprendre à se préparer une liste de projets qu’il doit absolument
réaliser dans une journée.
• Lui donner des responsabilités qu’il peut accomplir et voir à développer
son autonomie.
• Lui demander de planifier le repas et les activités pour les invités. C’est
une pratique importante, il aura le sens de l’accomplissement.
• Lui apprendre à modifier ses plans lorsqu’un imprévu se présente.
• Faire des cartes avec les étapes (en mots ou en dessins) pour chacune de
ses tâches.
• Lui faire une démonstration d’une tâche qui est difficile pour lui et la
répéter souvent afin qu’il intériorise les comportements nécessaires.
• Lui apprendre à terminer une tâche avant d’en commencer une autre.
• Avant que l’enfant quitte la maison, lui faire prendre l’habitude de vérifier
s’il a tout son matériel en pensant rapidement à l’horaire de la journée et
en regardant dans sa chambre et dans les pièces communes si un objet qui
lui appartient traîne.
• Pour aider un enfant du secondaire qui a de la difficulté à planifier son
horaire d’étude et de travaux, lui demander de se trouver un ami qui
pourrait l’accompagner dans cette tâche.
• Encourager l’enfant à se préparer une page de calendrier et à y inscrire sa
planification, puis à la placer bien en vue au-dessus de sa table de travail.

Trucs de mémorisation
Il est important de comprendre pourquoi l’enfant ne retient pas bien
l’information. Entre-t-elle dans sa mémoire ou a-t-il de la difficulté à aller
la récupérer lorsqu’elle y est? Pour savoir à quel niveau se situe le problème
d’un enfant qui a des difficultés de mémorisation, il faut faire quelques
petites vérifications après son étude. Si l’enfant ne peut pas nous dire ce
qu’il a retenu, il faut lui donner des choix de réponses ou des indices. Si
l’information lui revient avec des indices, il faut l’aider à «indicer» la
matière à l’aide de trucs de mémorisation. Des tests à choix multiples
pourraient également s’avérer une façon d’aider cet enfant. Si, par contre,
l’information ne revient pas avec des indices, c’est probablement parce
qu’elle entre difficilement dans sa mémoire. Il faut donc encore plus
travailler avec l’enfant à faire des liens avec la matière qu’il connaît déjà et
l’aider à classer toutes ces informations en mémoire. Une évaluation de la
mémoire par un psychologue pourrait s’avérer utile pour déterminer la
nature exacte du problème. Voici donc quelques trucs de mémorisation.
• S’assurer que tous les mots de la matière à retenir sont bien compris.
Sinon, l’enfant peut les chercher dans le dictionnaire pour les remplacer
par des synonymes plus faciles à retenir. Il est préférable de mémoriser
dans ses propres mots.
• Faire une phrase avec les mots à retenir (par exemple, les conjonctions:
mais ou et donc car ni or).
• Faire une phrase avec la première lettre des mots à retenir (par exemple,
Mon Vieux Tu Me Jettes Sur Une Nouvelle Piste pour Mercure, Vénus,
Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton).
• Faire un mot avec les abréviations (par exemple, AlSaMa pour Alberta,
Saskatchewan et Manitoba).
• Faire des liens et des rapprochements avec la signification des mots à
retenir (par exemple, une stalactite tombe et une stalagmite monte).
• Associer la matière à du connu (par exemple, Jacques Cartier est parti en
bateau jusqu’au Canada et il a fait le commerce des fourrures avec les
Amérindiens. Associer cet événement avec quelqu’un que l’on connaît
qui s’appelle Jacques et l’imaginer qui fait un voyage et qui s’arrête dans
une réserve indienne pour acheter un manteau de fourrure.). Il ne faut pas
hésiter à sortir de drôles d’idées!
• Associer les dates à du connu (par exemple, 1867, l’année de la création
de la Confédération canadienne peut être 18 ans l’âge adulte, et 67
l’année de l’Exposition universelle de Montréal.).
• Mettre en ordre alphabétique les mots à retenir et ne retenir ensuite que
les premières lettres.
• Visualiser des lieux auxquels il faut associer les éléments à retenir (par
exemple, pour se rendre à l’épicerie, il faut passer devant les feux de
circulation, un restaurant et une pharmacie. Il faudrait associer le litre de
lait aux feux, le dessert au restaurant et le shampooing à la pharmacie.
Pour se souvenir de ces trois objets, repasser le trajet dans sa tête.
• Demander à des amis leurs propres trucs.

Relations sociales
Ces interventions pourront peut-être aider les enfants qui ont de la
difficultés à se faire des amis et à vivre des relations sociales agréables.
• Faire observer des habiletés sociales chez les autres et encourager l’enfant
à les reproduire:
– comprendre le langage non verbal des autres;
– commencer une conversation;
– rendre service;
– exprimer ses sentiments et ses idées;
– demander de l’aide;
– dire un compliment;
– écouter la personne qui parle, la regarder;
– penser aux sentiments des autres;
– etc.
• Pratiquer une habileté à la fois, donner à l’enfant des commentaires sur
ses progrès, encourager la persévérance.
• Faire des jeux de rôles et des tempêtes d’idées.
• Lui montrer comment réagir au rejet des autres.
• Lui montrer à ne pas se sentir obligé d’être comme les autres. Il faut se
plaire à soi-même avant d’essayer de plaire aux autres. On se sent
beaucoup mieux dans notre peau si on peut se valoriser soi-même sans
attendre après les autres.
• L’encourager à inviter un ami, à lui téléphoner. En inviter d’abord un à la
fois pour de courtes périodes. Structurer la première activité de l’enfant
avec chaque ami.
• Observer l’enfant dans ses relations sociales pour voir ce qu’il fait bien et
ce qu’il ne réussit pas à faire. Ensuite, apporter des améliorations et les
pratiquer à l’aide de jeux de rôles.
• Lui demander sa perception d’un problème et la solution qu’il
envisagerait s’il devait le régler.
• Renforcer l’utilisation de ses habiletés sociales.
• Conseiller à l’enfant de ne pas rester trop longtemps à un endroit où il ne
se sent pas apprécié.
• L’inscrire dans une activité parascolaire de son choix.

Lecture, écriture, devoirs


Les interventions suivantes pourraient peut-être aider les enfants qui
inversent leur lettres et dont le problème se situe au niveau visuel (lettres
qui se ressemblent quand l’enfant les regarde). Cependant, le problème peut
aussi provenir d’une difficulté avec les lettres qui ont un son qui se
ressemble. Dans ce cas, il faut travailler la conscience des sons (conscience
phonologique). Si le problème d’inversion des lettres persiste après la
deuxième année, mieux vaut consulter un psychologue pour établir la nature
exacte du problème.
• Demander souvent à l’enfant de vous montrer sa main droite, sa main
gauche, sa jambe droite, sa jambe gauche, et ce, en désordre, jusqu’à ce
qu’il réussisse bien.
• Se placer face à l’enfant et lui demander souvent de montrer notre main
droite, notre main gauche, notre jambe droite, notre jambe gauche, et ce,
en désordre, jusqu’à ce qu’il réussisse bien.
• Demander à l’enfant de toucher sa jambe droite avec sa main gauche, son
oreille gauche avec sa main droite, etc.
• Placer deux objets sur la table et lui demander lequel est à droite et lequel
est à gauche, de son point de vue.
• Le faire changer de côté de table et lui demander maintenant quel objet
est à droite et lequel est à gauche.
• Demander à l’enfant de faire des cartes avec des mots qui causent des
problèmes d’inversion. Puis, lui proposer de tracer le mot avec son doigt
pendant qu’il le dit. Ensuite, lui enlever la carte et lui faire écrire le mot
de mémoire. Répéter jusqu’à ce que l’enfant puisse écrire et lire le mot
plusieurs fois sans faire d’erreur.
• Demander à l’enfant de dessiner et de découper de larges lettres et de
larges chiffres sur du papier. Puis, lui proposer de les placer dans la bonne
position gauche/droite. Ensuite, répéter cela en faisant des mots qui lui
causent des problèmes. Répéter jusqu’à ce que l’enfant puisse le faire
sans commettre d’erreur.
• Écrire sur des cartes des mots dont les lettres sont souvent inversées.
Ensuite, utiliser un des mots dans une phrase et demander à l’enfant de
retrouver le même mot dans les cartes.
Faire lire ces cartes une après l’autre jusqu’à ce que l’enfant réussisse à les
lire sans erreur quatre fois de suite.
• Faire des exercices qui améliorent l’habileté à lire de gauche à droite. Par
exemple, couvrir une phrase ou un mot avec une carte. Ensuite, demander
à l’enfant de lire la phrase ou le mot lorsque la carte se déplace vers la
droite. L’enfant peut également utiliser sa main de cette façon.
• Faire des cartes individuelles avec les lettres que l’enfant inverse souvent.
Ensuite, lui demander de dessiner la lettre à l’envers et de dire ce que cela
donne (par exemple, b à l’envers donne d).
• Découper dans du papier sablé des chiffres et des lettres qui causent des
difficultés. Ils doivent mesurer environ 5 cm de largeur sur 25 cm de
hauteur. Ensuite, demander à l’enfant de tracer par-dessus ces lettres ou
ces chiffres avec son index et son majeur collés ensemble. Il peut être
nécessaire de guider ses doigts s’il a de la difficulté. Ceci peut
probablement aider ceux qui ont besoin de toucher pour apprendre.
• Dessiner sur un tableau les lettres et les chiffres qui causent des
problèmes. Les faire très grands, environ 30 cm de hauteur. Ensuite, les
effacer pour qu’on n’en voie que la trace. Demander à l’enfant de suivre
les traces pour les reproduire. Lui demander de le faire de 5 à 10 fois par
dessin. Le surveiller pour qu’il commence son traçage au bon endroit.
• À l’extérieur, dans le sable ou la terre, tracer une lettre ou un chiffre de 3
m de hauteur. Ensuite, demander à l’enfant de suivre le tracé en
commençant au bon endroit.
• Demander à l’enfant de tracer les lettres ou chiffres qui lui causent de la
difficulté avec de la peinture à main sur une feuille. Surveiller pour être
sûr qu’il commence au bon endroit.
• Faire des cartes avec des mots bien écrits et d’autres mal écrits (une lettre
inversée). Demander à l’enfant de dire, à partir d’une carte à la fois, si le
mot est bien écrit ou non. Lui donner un point par bonne réponse.
• Tracer dans le dos de l’enfant avec un doigt une lettre ou un chiffre. Lui
dire si c’est une lettre ou un chiffre, et il doit trouver lequel. S’il ne le
trouve pas, recommencer. S’il ne le trouve toujours pas après quelques
essais, le lui dessiner sur une feuille. Il est possible de donner à l’enfant
un choix de réponses. On peut placer devant lui trois lettres ou chiffres
différents et le faire pointer celui que l’on a fait dans son dos. On peut
aussi demander à l’enfant de tracer la lettre ou le chiffre dans le vide avec
son doigt.
• Sur une feuille de papier, dessiner des lettres ou des chiffres de façon
incomplète à l’aide de points. Demander ensuite à l’enfant de relier les
points pour faire un dessin complet.
• Demander à l’enfant de suivre les lignes avec son doigt ou une règle
lorsqu’il lit. Cette intervention lui évitera de sauter des lignes.
• Rencontrer l’enseignant pour en savoir davantage sur les devoirs: le type
de devoirs, la durée normale du temps des devoirs et le degré
d’autonomie à laisser à l’enfant.
• Fixer comme priorité les devoirs: établir une heure obligatoire pour les
devoirs.
• Aménager un coin d’étude qui sera calme et sans distractions.
• Vérifier que l’éclairage pour les devoirs est suffisant.
• Préparer une trousse de secours pour les devoirs dans laquelle se trouvent
crayon, gomme à effacer, papier brouillon, etc.
• Aider l’enfant à commencer sa tâche et à la poursuivre.
• Lui faire préparer le plan d’action qu’il utilisera pour faire tous ses
devoirs et faire ses activités de détente.
• Lui montrer à se servir de ses outils de travail tels que le dictionnaire et la
grammaire en les utilisant pour faire des jeux.
• Lui proposer des techniques d’étude et du tutorat, si nécessaire; lui
demander ce qui l’aide le mieux à étudier.
• L’aider à faire un lien entre ses apprentissages scolaires et leur utilité dans
la vie de tous les jours, verbaliser sur les liens entre les différents
apprentissages.
• Toujours s’assurer que l’enfant peut accrocher ses nouvelles
connaissances aux connaissances précédentes. Si celles-ci sont
incomplètes, s’assurer qu’il puisse les acquérir.
• Pour mémoriser, ajouter des détails comiques sur le personnage.
• Mettre la matière plus difficile à mémoriser au début ou à la fin d’une
liste, et la plus facile au milieu.
• Pour écrire un texte, faire un dessin détaillé avant et le décrire par la suite.
• Répondre aux questions en écrivant en premier dans la réponse les mots
clés de la question.
• Lui apprendre à réviser son travail.
• Pour un long livre, lire une dizaine de pages en arrêtant à un moment
crucial pour éveiller l’intérêt de l’enfant.
• Encourager l’enfant à travailler seul.
• Le féliciter régulièrement pour ses efforts.
• Préparer une pochette avec une étiquette pour y déposer les devoirs finis.
• Regarder la quantité de devoirs; si elle semble trop élevée, en discuter
avec l’enseignant.
• Séparer les devoirs en plusieurs parties. Par exemple, pour 20 problèmes
de mathématiques, faire 4 blocs de 5 et une pause récompense entre
chaque bloc. Augmenter graduellement le nombre de problèmes par bloc
à mesure que l’enfant s’améliore.
• Minuter le temps qu’il prend pour faire ses problèmes (si cela
l’encourage, continuer, mais si cela le décourage, arrêter.).
• Si le moment des devoirs devient une période trop tendue entre le parent
et l’enfant, il est préférable, si possible, d’avoir un tuteur pour aider
l’enfant dans ses devoirs. Cette façon d’agir permet de maintenir une
relation parent/enfant plus saine.

Général
• Encourager l’enfant à faire des exercices physiques. Cela réduirait le bruit
mental, la frustration et stimulerait le système neurochimique (Hallowell
et Ratey, 1994). De plus, comme l’enfant peut devenir dépendant de
quelque chose, mieux vaut que cette dépendance soit orientée vers les
exercices plutôt que vers des habitudes malsaines comme la cigarette, la
drogue, etc.
• L’inscrire dans des activités parascolaires qui exploiteront ses talents.
• Récompenser ce qui va bien. Cibler un comportement qui pourra être
récompensé si l’enfant l’atteint.
• Laisser tomber ce qui n’est pas important (même si le siège de toilette
n’est pas replacé, ne pas en faire un drame).
• Reconnaître les efforts de l’enfant.
• Lui apprendre à demander de l’aide quand il en a besoin et à en donner
aux autres pour ne pas qu’il se fie toujours sur eux.
• Rester le plus calme et le plus patient possible.
• Demander à l’enfant ce qu’on veut qu’il fasse plutôt que ce qu’on ne veut
pas.
• Réserver un temps spécial, par exemple 15 minutes par jour, pour
l’enfant: être avec lui, s’intéresser à ce qu’il fait, l’écouter et lui donner
des commentaires positifs.
• Prendre le temps de s’asseoir en famille pour trouver une solution
convenable pour tous s’il y a un comportement particulier qui cause
problème.
• Laisser l’enfant assumer les conséquences de ses gestes. Par exemple, s’il
se lève en retard par sa propre faute, lui faire payer le taxi avec son argent
de poche.

Estime de soi
Hallowell et Ratey (1994) placent l’estime de soi au premier rang de
l’intervention. Selon eux, les enfants atteints du déficit de l’attention ont
déjà beaucoup souffert avant qu’on les diagnostique. Après des années de
difficulté, il est normal que l’estime de soi soit effritée. Ils ont vécu la
honte, l’humiliation, l’autoaccusation.
Leur imagination fertile peut être un tremplin pour relever leur estime si
on nourrit cette imagination. Ils peuvent utiliser la plus petite occasion et la
transformer, profiter de leurs rêves, mais ils auront besoin de planification
et de structure pour les conserver sur la bonne voie. Cependant, comme la
plupart des rêveurs, ils vivent avec peine lorsque leur rêve s’écroule.
On doit les aider à trouver leurs champs de compétence (plusieurs
d’entre eux ont des talents artistiques), leur procurer des occasions
d’expérimenter la prise de responsabilités, les aider à faire des choix et à
prendre les bonnes décisions en prévoyant les conséquences. Il faut les
féliciter lorsqu’ils persistent devant les échecs ou les encourager pour qu’ils
tiennent bon. L’important, c’est de faire de son mieux.
S’ils éprouvent des difficultés scolaires, cette recherche de compétence
devient davantage nécessaire dans le cadre d’une activité parascolaire dans
laquelle ils ont de l’intérêt, du plaisir et où ils vivent des succès (sans parler
nécessairement de compétition) dont ils se souviendront longtemps. On doit
voir à ce qu’ils puissent s’attribuer le succès qui leur arrive, et ce, grâce à
leurs propres ressources et efforts.
Il faut avoir des attentes réalistes envers eux et changer la perception
que l’on a de leurs difficultés. Il est également important de voir les attentes
qu’ils ont envers eux-mêmes.
Il faut leur apprendre le plus tôt possible que les autres n’ont pas
toujours raison car, malheureusement, ils recherchent souvent leur
approbation. Ils construisent leur mauvaise image à travers les yeux des
autres. C’est donc important que l’amour et l’acceptation viennent des
parents pour ne pas qu’ils les cherchent ailleurs.
Enfin, il est très important de se rappeler que l’autonomie n’est pas une
vertu si elle mène à l’échec.

EXEMPLE D’UNE FEUILLE DE CONTRÔLE

La salle de bain est en ordre

J’ai mis mon linge sale dans le panier de lavage.


J’ai accroché mes serviettes mouillées.
J’ai remis le bouchon sur la bouteille de shampooing.
J’ai remis le bouchon sur le tube de dentifrice.
J’ai placé le savon dans le porte-savon.
J’ai essuyé les murs de la douche.
CHAPITRE 8:

Les interventions
des enseignants

Les quelques interventions qui suivent peuvent aider un enseignant à mieux


soutenir un enfant atteint du déficit de l’attention.

Facilité à être distrait


Ces interventions peuvent aider un élève s’il est facilement déconcentré.
• S’assurer qu’on a le silence avant de commencer une leçon, demander le
silence en fermant les lumières, en levant la main, etc.
• Vérifier les connaissances antérieures des élèves sur la leçon.
• Ne pas asseoir les élèves en trop grande équipe de travail.
• Asseoir l’enfant en avant, près de l’enseignant, loin de la porte, des
fenêtres et des décorations (dans un lieu calme).
• Prévoir un espace de lecture calme.
• Asseoir près de l’enfant des élèves modèles qui sont signifiants pour lui.
Encourager le tutorat par les pairs.
• Jumeler un pair pour l’aider à commencer et pour comparer à la fin.
• Distancer les pupitres; l’enfant risque d’être moins dérangé et vous aurez
un meilleur accès.
• Se rapprocher de lui pour lui donner des explications et se servir de son
cahier pour donner des exemples.
• Garder du mystère dans la leçon (apporter dans une boîte un objet relié et
le sortir à la fin).
• Varier le ton de la voix.
• Insérer dans les explications des éléments qui concernent les enfants.
• Utiliser une table de travail ne contenant que le matériel nécessaire.
• Accorder du temps supplémentaire pour faire certains examens et travaux.
• Agrandir les pages de travail et enlever les décorations des pages, si
nécessaire.
• Mettre un problème par page ou la plier pour que l’enfant voie un
problème à la fois.
• Réduire la charge de devoirs.
• Demander à l’enfant de noter ses questions pour ne pas les oublier.
• Féliciter les élèves qui écoutent bien.

Difficulté à soutenir son attention et


à la partager
Ces interventions peuvent aider un élève s’il ne peut pas rester attentif
pendant une longue période.
• Expliquer le but et l’utilité des connaissances enseignées.
• Donner des consignes courtes, claires et précises, en vérifier la
compréhension.
• Animer la leçon à l’aide de matériel visuel.
• Pointer le centre d’attention sur le matériel visuel.
• Se servir d’un rétroprojecteur qui permet d’écrire en couleur et d’être face
aux élèves pendant que l’on écrit.
• Utiliser une craie de couleur pour souligner ce qui est important;
apprendre aux élèves à trouver ce qui est important, les rendre actifs dans
leurs apprentissages.
• Intégrer des démonstrations dans l’enseignement.
• Ajouter de la variété dans l’enseignement pour capter leur attention.
• Stimuler les enfants, recourir à tous leurs sens.
• Effacer du tableau ce qui n’est pas nécessaire.
• Autoriser l’enregistrement des explications.
• Maintenir votre visibilité dans la classe.
• Allouer cinq secondes de réflexion après avoir posé une question.
• Choisir l’élève lorsqu’il lève sa main.
• S’assurer que chacun des élèves est choisi pour aller au tableau ou pour
donner une réponse. Prévoir un fichier où chacun des noms est écrit et
choisir les cartes une après l’autre. Modifier l’ordre des cartes après
usage.
• Faire une entente secrète avec un élève qui ne sait pas souvent les
réponses. Qu’il lève la main le poing fermé s’il ne connaît pas la réponse
et qu’il ouvre la main au complet s’il la connaît. Choisissez-le dans ce
cas. La perception de ses pairs en sera modifiée.
• Faire plusieurs petites tâches plutôt qu’une grande pour ne pas perdre
l’attention de l’élève.
• Donner de l’aide pour commencer un travail.
• Signaler discrètement à l’élève de poursuivre son travail.
• Corriger le début de ses travaux avant qu’il continue.
• Donner des feuilles de travail avec des phrases incomplètes que les élèves
doivent compléter avec la matière enseignée.
• Jumeler les élèves pour la vérification de la prise de notes.
• Faire une tempête d’idées sur une leçon avec les élèves.
• Procéder à des tests oraux.
• Éviter les vrais ou faux et les examens minutés.
• Favoriser de courts examens plus fréquents.
• Installer l’enfant seul dans une salle pour un examen ou, s’il le faut, en
compagnie d’un orthopédagogue.
• Laisser beaucoup d’espace entre les numéros sur les copies d’examen.

Manque d’écoute
Ces interventions s’appliquent aux élèves à qui on parle et donne des
explications, mais qui ne sont pas là!
• Garder un contact visuel avec l’élève pour vérifier que l’on a son
attention.
• Enseigner des habiletés d’écoute (par exemple, «Garde tes yeux et ton
idée sur la personne qui te parle, mets tes mains sur ton bureau, sois prêt à
répondre à une question.»).
• Le nommer lorsqu’on lui adresse la parole.
• Mettre la main sur son épaule lorsqu’on lui adresse la parole.
Pertes répétées d’effets personnels
Ces interventions s’appliquent aux élèves qui perdent souvent leurs effets
personnels.
• Garder en réserve une seconde série de livres.
• Prévoir une trousse de secours avec crayons, gommes à effacer, règles,
etc.

Oublis fréquents
Ces interventions s’appliquent aux élèves qui ont des oublis fréquents,
parfois causés par une facilité à se laisser distraire.
• Combiner les directives orales à des directives écrites auxquelles l’élève
peut se reporter en tout temps.
• Demander à l’élève de souligner les mots importants dans les problèmes
écrits.
• Permettre à l’élève d’avoir un ensemble supplémentaire de livres pour la
maison.
• Faire de fréquentes inspections de matériel.
• Suggérer à l’élève d’utiliser sa calculette pour vérifier ses réponses.
• Proposer à l’élève une démarche de résolution de problème à laquelle il
peut se fier.
• Encourager l’imagerie mentale.

Difficulté d’organisation
Il est important de comprendre pourquoi l’élève a de la difficulté à
s’organiser. Est-ce que cela vient du fait qu’il se laisse distraire facilement
ou d’une réelle difficulté à s’organiser lui-même? En aidant l’élève à se
monter une structure pour une certaine action, on regarde s’il peut suivre
cette structure. S’il le peut, le problème vient d’une difficulté à s’organiser.
S’il ne le peut pas, c’est probablement parce qu’il se laisse distraire.
• S’assurer que l’élève a son matériel avant de commencer.
• Présenter au tableau le plan de la leçon.
• Présenter les travaux un à la fois pour éviter la surcharge de travail.
• Suggérer à l’élève qu’il s’écrive des notes à lui-même.
• Écrire la liste des devoirs et des leçons à un endroit spécifique du tableau.
• Vérifier que les devoirs de l’élève sont bien écrits dans son agenda (un
autre élève peut le faire) et qu’il mette les livres et le matériel à mesure
dans son sac.
• Vérifier les devoirs tous les jours.
• Laisser commencer le devoir en classe pour en vérifier la compréhension.
• Donner ses exigences face à la présentation des travaux.
• Encourager les améliorations.
• Demander de recommencer ce qui n’est pas bien fait.
• Aider l’élève à évaluer le temps que prendra la tâche. Pour commencer,
on peut demander à l’élève d’écrire au dos de sa feuille le temps
nécessaire pour accomplir le travail. Lorsqu’il débute, il écrit l’heure et
lorsqu’il termine, il écrit de nouveau l’heure et compare le temps estimé
au temps réel. De cette façon, il pourra s’améliorer.
• Encourager l’élève à se procurer des séparateurs pour classer son
matériel, à utiliser des codes de couleur pour ses livres.
• Organiser les tâches de cette façon: 1. définir les étapes de la réalisation;
2. donner les cours importants lorsque l’attention est à son maximum; 3.
revenir sur les étapes antérieures.
• Donner un échéancier clair et court.
• Lors de projets à long terme, vérifier fréquemment où il en est rendu.
• Ne pas trop donner de seconde chance pour les retards dans les travaux.
• Consacrer cinq minutes par jour à l’organisation du temps et de l’espace,
de la routine; annoncer les transitions.
• Orienter l’élève dans l’espace: S’il a de la difficulté à s’organiser sur sa
feuille, placer des repères visuels sur son pupitre, utiliser des feuilles avec
des interlignes larges et diminuer progressivement les interlignes, placer
une flèche de gauche à droite sur son pupitre, placer un repère sur son
poignet.
• Enseigner des règles de présentation des travaux (inscrire le nom en haut
à droite, paginer, mettre un titre, etc.).
• Montrer l’espace qui doit se trouver entre les mots en demandant à
l’enfant de placer son index après chaque mot écrit.
• Demander aux élèves de tracer une marge de chaque côté de la feuille.
• Montrer à l’élève comment tenir sa feuille lorsqu’il écrit.
• Encourager l’élève à ajouter une tablette à son casier pour l’aider à le
garder en ordre.
• Donner régulièrement du temps pour le ménage dans le casier et le
pupitre.
• Donner des responsabilités que l’élève peut assumer, voir à développer
son autonomie.
• Aider l’élève à se fixer des objectifs à court terme.
• Répéter souvent les consignes

Trucs de mémorisation
Si vous désirez, en tant qu’enseignant, connaître quelques trucs de
mémorisation pour aider les élèves à classer dans leur mémoire les
informations reçues, reportez-vous à la rubrique «Trucs de mémorisation»,
à la page 106.

Relations sociales
Ces interventions peuvent aider les élèves qui ont de la difficulté à se faire
des amis et à vivre des relations sociales agréables.
• Encourager les interactions sociales avec ses camarades de classe; si
l’élève est retiré et très timide, lui fournir du soutien.
• Encadrer les relations sociales.
• Encourager les comportements appropriés.
• Fixer des buts sociaux avec l’élève et instaurer un système de
récompenses.
• Entraîner l’élève aux habiletés sociales en petits groupes.
• Valoriser publiquement l’élève.
• Permettre à l’élève d’aider les autres dans un domaine où il excelle.
• Aider un élève à acquérir des habiletés sociales dans des situations où il a
de la facilité (sport, arts, etc.).
• Aider l’élève à développer un sentiment d’appartenance.
• Organiser des jeux et favoriser les projets coopératifs.
Lecture, écriture, devoirs
Ces interventions peuvent aider les élèves qui ont de la difficulté, par
exemple, à faire leurs devoirs.
• Rencontrer les parents au début de l’année scolaire pour leur expliquer en
quoi vont consister les devoirs, le temps que l’enfant devrait prendre pour
les faire et le genre d’aide qu’ils peuvent apporter à leur enfant.
• Modeler le genre d’aide que les parents peuvent fournir à leur enfant.
• Féliciter les enfants qui ont bien fait leurs devoirs.
• Avoir une petite discussion avec l’enfant qui gère mal ses devoirs pour
voir avec lui en quoi consiste le problème.
• Toujours écrire les devoirs au même endroit sur le tableau.
• Vérifier que les enfants ont bien pris en note leurs devoirs.
• Toujours avoir le même horaire de devoirs.
• Faire écouter la lecture d’un livre sur cassette ou par quelqu’un pendant
que l’enfant lit silencieusement.
• Accorder un temps supplémentaire pour la lecture, choisir des textes plus
courts, raccourcir ce qui doit être lu, éviter la lecture orale si l’enfant est
faible en lecture.
• Permettre à l’élève de lire à voix basse pour lui-même s’il en a besoin.
• Si l’expression orale est faible, accepter toutes les réponses verbales,
encourager l’élève à parler de ses nouvelles idées ou expériences, choisir
des thèmes faciles dont l’élève pourra parler.
• Demander à l’enfant d’écrire un mot avec son doigt pendant qu’il l’épelle.
• Enseigner des stratégies pour faire des examens.
• Encourager l’élève à se parler à lui-même lorsqu’il procède à une solution
de problème.
• Donner des exemples pour faciliter la compréhension.
• Ne pas demander de terminer à la maison le travail qui n’a pas été
complété en classe.
• Encourager l’élève à se parler à lui-même de façon plus positive.

Général
• Avoir des attentes réalistes et positives.
• Porter une attention particulière aux talents et aux projets réalisés par
l’élève.
• Démontrer chaleur, patience et humour, constance et fermeté.
• Accroître les communications entre la famille et l’école.
• Envoyer à la maison des messages positifs.
• Demander à l’enfant ce qui l’aide le plus.
• L’aider à trouver du plaisir en classe, lui montrer l’aspect amusant, le
stimuler pour qu’il réussisse et se sente plus confiant.
• Viser la qualité des travaux plutôt que la quantité.
• Tenir compte du potentiel d’implication; l’enfant a besoin de se sentir
engagé, branché. Dès qu’il s’implique, il se sent motivé et moins enclin
au décrochage.
• Préparer des centres d’intérêt pour le stimuler.
• Poser à l’enfant des questions qui favorisent l’autocritique; il est souvent
mauvais observateur de lui-même.
• Encourager l’enfant à s’autoévaluer sur un point précis. Coller une petite
feuille à son pupitre et lui demander de vérifier s’il fait bien l’action à
chaque signal de votre part. Lui donner des exemples de réussite du
comportement.
• Faire attention de ne pas reprendre le jeune devant les autres et de lui faire
sentir, par frustration ou par fatigue, que toutes ces interventions sont des
extra. Il ne faut pas s’imaginer qu’on peut le changer; on peut seulement
l’aider.
• Faire découvrir à l’anxieux ses habiletés et les lui rendre évidentes, le
jumeler avec un autre élève lors de travaux stressants, être chaleureux
dans ses interventions.
• Soutenir l’élève déprimé au début des tâches et graduer les défis; l’aider à
accepter les pertes et les échecs en analysant avec lui la situation; l’aider à
avoir des objectifs réalistes; le valoriser.

EXEMPLE D’UNE FEUILLE DE CONTRÔLE

Mon pupitre est en ordre


Mes cahiers sont placés en ordre de grandeur, les plus grands dessous et
les plus petits dessus.
Mes crayons de couleur sont dans leur boîte.
Mes crayons à mine et mes stylos sont dans leur étui.
Il n’y a pas de feuilles qui traînent.
Mon agenda est sur le dessus.
CHAPITRE 9:

Les traitements non reconnus

Afin d’éviter la médication, les parents peuvent être tentés par l’essai de
solutions souvent très coûteuses qui n’ont en aucun cas prouvé leur
efficacité et qui sont souvent très coûteuses. Les publicités vantant ces
solutions débutent très souvent par une mise en garde contre les
médicaments, puis présentent un traitement alternatif. N’hésitez pas à
consulter votre médecin avant de vous engager dans des dépenses et dans
de faux espoirs.
Voici une liste de moyens critiqués répertoriés par Goldstein et Ingersoll
(1992) dans leur article «Contreversial Treatments For Children With
ADHD». Il est toujours possible, toutefois, que de futures recherches
éliminent certaines de ces controverses.

Changement dans la diète


Le Dr Benjamin Feingold a formulé l’hypothèse que les colorants, les
additifs et les agents de conservation pouvaient causer le déficit de
l’attention avec ou sans hyperactivité. Il a donc suggéré une diète les
éliminant. Les recherches n’ont cependant pas réussi à confirmer cette
hypothèse. Malgré cela, beaucoup de personnes continuent à questionner les
parents au sujet de la diète de leur enfant lorsqu’ils apprennent que celui-ci
a un problème d’attention.
Mégavitamines et suppléments de minéraux
Selon cette théorie, certains désordres seraient causés par une déficience de
certaines substances chimiques spécifiques du cerveau. De grandes
quantités de vitamines C, B3, B6, de niacine, de pyri-doxine et de calcium
sont utilisées. Cependant, leur efficacité n’a pas été prouvée et il y aurait
même un danger de causer des effets toxiques lors d’une consommation sur
une longue période.

Thérapie d’intégration sensorielle


Cette thérapie, élaborée par un ergothérapeute, le Dr Jean Ayres, consiste à
réduire la défense ou la sensibilité du corps au toucher. L’enfant est exposé
à la stimulation physique en doses soigneusement sélectionnées et
contrôlées. L’ergothérapeute augmente graduellement avec le temps la
stimulation afin de conditionner l’enfant à devenir plus tolérant. Aucun
effet bénéfique n’a été noté dans la recherche pour les troubles de
l’attention.

Le Candida albicans
Cette levure, qui croît dans le corps humain, serait responsable d’infections
telles que les vaginites et le muguet lorsqu’elle devient plus forte que le
système immunitaire. Pour certains, celui-ci ainsi affaibli serait vulnérable à
plusieurs maladies, dont le déficit de l’attention. Aucune donnée
scientifique ne confirme toutefois cette hypothèse.

Traitements chiropractiques
Cette théorie avance que les troubles d’apprentissage sont causés par deux
os spécifiques du crâne qui coinceraient des tissus cérébraux. Ce traitement
n’a pas de base scientifique et il peut être très douloureux.

Entraînement oculo-moteur en optométrie


Certains optométristes croient que des mouvements anormaux des yeux
peuvent avoir des implications dans les difficultés d’apprentissage et
d’attention. Ils suggèrent donc des entraînements pour corriger ce problème.
Plusieurs associations professionnelles américaines (pédiatres et
ophtalmologistes) ont critiqué vivement cette approche, lui reprochant son
manque de base scientifique.

Dysfonction vestibulaire
Le Dr Harold Levinson a publié un livre en 1981 expliquant comment
corriger les problèmes d’apprentissage en traitant les dysfonctions
vestibulaires. Une dysfonction du système de balancement du corps
(système vestibulaire) pourrait être corrigée à l’aide de médication pour les
troubles locomoteurs. Aucune étude scientifique n’appuie cette théorie.

Traitements ostéopathiques
Les ostéopathes croient que les difficultés éprouvées par le corps humain
proviennent de pressions sur les nerfs par des os déplacés. Ces difficultés
pourraient être traitées par des manipulations physiques. Certains
ostéopathes pensent que le déficit de l’attention est un problème de cette
nature. Encore une fois, les recherches démontrent qu’une dysfonction des
neurotransmetteurs, et non pas du système nerveux central lui-même, est à
l’origine du déficit de l’attention.

Thérapie par le jeu


Cette psychothérapie peut traiter les difficultés émotionnelles secondaires
que l’on trouve chez les enfants présentant des troubles d’attention, mais
pas l’attention en elle-même.

Thérapie EEG biofeedback


Les personnes reçoivent une rétroaction par un capteur sensoriel relié à un
électroencéphalogramme (EEG). Les tenants suggèrent que les enfants
peuvent contrôler leur niveau d’attention si un signal sonore indique à quel
moment leur éveil neurologique est au meilleur. Aucune recherche n’appuie
l’efficacité de cette méthode.

Les lentilles d’Irlen


La psychologue Helen Irlen a émis l’hypothèse que les troubles d’attention
et d’apprentissage sont causés par des difficultés perceptuelles reliées aux
sources de lumière, à son intensité et aux contrastes des couleurs, entre
autres. Elle utilise des filtres de couleur qui se placent sur les documents
lors de la lecture. Malgré la satisfaction de plusieurs personnes, aucune
recherche ne confirme son hypothèse.

Aux parents qui cherchent une méthode alternative à la médication, le


D Ingersoll suggère de se poser les questions suivantes avant de s’engager
r

financièrement:
1. Est-ce que la théorie est conforme aux connaissances existantes de
l’anatomie, de la médecine, de la psychiatrie, de la psychologie et de
l’éducation?
2. Est-ce que la théorie est conforme à ce qui est connu à propos du déficit
de l’attention?
3. Quelle est la qualité de la preuve scientifique sur l’efficacité du
traitement?
4. Quels sont les coûts du traitement et les dangers qui y sont associés?
Conclusion

Le déficit de l’attention est une problématique méconnue malgré qu’elle


soit relativement répandue. Beaucoup d’interrogations subsistent chez ceux
qui côtoient des gens qui en souffrent. Cet ouvrage visait à fournir le plus
de renseignements possible pour les parents et les enseignants afin de
répondre à leurs questions et de leur fournir des pistes de travail.
Les efforts et le courage de toutes les personnes impliquées sont
nécessaires pour espérer une vie meilleure pour ces gens. De plus, un
sérieux travail d’information auprès du public est grandement souhaitable
de la part de tous ceux qui comprennent le mieux cette problématique afin
d’éliminer les mythes qui l’entourent. Ainsi, en étant mieux comprises, les
personnes qui souffrent d’un déficit de l’attention pourront peut-être voir
leur rêve d’appartenance se concrétiser.
Pour terminer, il est important de vous rappeler que ce livre ne remplace
en rien la consultation d’un professionnel (psychologue, médecin). Un
diagnostic, qui sert à bien orienter le traitement, fait peur à beaucoup de
parents: ils craignent que leur enfant soit étiqueté. Sans diagnostic,
comment savoir si le traitement est approprié. Le principal, c’est d’aider la
personne à mieux vivre sa condition, et c’est cela qu’il ne faut jamais perdre
de vue.

J’espère que tout ce que l’on vous a dit vous aidera à


mieux nous comprendre, nous les «gens de la lune»!
Avoir un déficit de l’attention, ce n’est pas la fin du
monde, il faut juste apprendre à vivre comme ça. Et
comme le dit maman, ça prend des gens patients autour
de nous!
Luna

Un enfant avec un déficit de l’attention ce n’est vraiment pas la


fin du monde bien que cela puisse tout de même demander une
somme d’énergie additionnelle à nous, les parents. L’important,
c’est d’avancer, de rester positif et d’encadrer le mieux possible
son enfant. Lorsqu’un truc ne fonctionne plus, il faut en essayer
un autre. Pour nous, toute cette patience et cet investissement en
valent la peine parce que c’est Luna qui en sortira gagnante.
Maman et papa
Sites Internet

• Guide pour parents d’enfants hyperactifs (l’hyperactivité est davantage


discutée, mais comme ce sont deux problèmes qui ont des solutions
communes, il est intéressant de le consulter):
www.planete.qc.ca/sante/elaine
• Charles Robitaille, psychologue scolaire: www.ami.qc.ca/~charlesr
• Site en français sur l’hyperactivité contenant quelques informations sur le
déficit de l’attention: www.thada.org/html
• Résumé de tous les sites consacrés à l’ADD: www.cmhsys.com/
• One ADD Place: www.iquest.net/greatconnect/oneaddplace
• Catalogue de livres et matériel en anglais (ADD WAREHOUSE):
www.addwarehouse.com
• Association américaine CHADD: www.chadd.org
• Livre de Barbara Stein: www.enteract.com/~peregrin/add/stein.txt
• Dr Claude Jolicoeur, pédopsychiatre: www.aei.ca/~claudej/
• Edward Hallowell, What’s It Like to Have ADD?:
www.add.org/content/abc/hallowell.htm
Bibliographie

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MindWorks Press, 1997.
American Psychiatric Association. Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux, 4e édition (DSM-IV), Paris, Masson, 1995.
Anderson, Jill. Thinking, Changing, Rearranging: Improving self-esteem in
young people, Eugene, Oregon, Metamorphous Press, 1988.
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d’hyperactivité avec déficit de l’attention, Moncton, 1993.
Barklay, Russel A. «18 Ways to Make Token Systems More Effective for
ADHD Children and Teens», The ADHD Report, 4, 1998.
Barklay, Russel A. «Attention-Deficit Hyperactivity Disorder», Scientific
American, 1998.
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ADHD», The ADHD Report, 2, 1994, p. 8-9.
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Type», C.H.A.D.D. Facts 9, 1995.
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attention and impulse control in hyperactive and normal children»,
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Guilford Press, 1983, p. 280-329.
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