PSYCHO-SCRIBE : LES CROISADES

CASUS BELLI
black-book-editions.fr
CASUS BELLI

#42 Hiver 2022

Le magazine de référence des jeux de rôle

Brancalonia l Omega l Cats ! l Donjon & Cie

Enquête : Les âges du JdR

MINI-JEU

MONTGASCON

SCÉNARIOS : The Expanse, Pathfinder 2, Shadowrun

Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
 EN LATE PLEDGE
SUR LE BLACK BOOK SHOP
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
PRÉCO PARTICIPATIVE EN 2023
SUR GAME ON TABLETOP
 ÉDITO
Quand arrive le temps des lutins…

D
 éjà, l’année touche à sa fin et l’hiver approche à grand pas. Noël est à nos
portes, et c’est donc une fois de plus le moment de faire plaisir et de se faire
plaisir (on n’est jamais mieux servi que par soi-même !) avec plein de beaux
jeux, si possible de rôle, sous le sapin. N’hésitez pas à vous appuyer sur nos nom-
breuses critiques (et celles de nos numéros précédents) pour dresser votre liste
– nous avons même eu l’idée de vous proposer quelques idées de jeux plus clas-
siques et une paire de beaux livres qui devraient vous inspirer.
De notre côté, nous avons décidé de vous faire deux petits cadeaux. Tout d’abord,
un gros dossier sur les croisades et la Terre Sainte qui inaugure une nouvelle ru-
brique pour jouer avec l’Histoire. L’idée est de vous parler à chaque fois d’une pé-
riode, d’un événement, de personnages, de lieux…, bref, d’un bout d’Histoire pour
que vous puissiez en tirer de l’inspiration pour vos histoires. Nous vous embar-
quons donc cette fois-ci pour les États latins en espérant que vous apprécierez le
voyage. RÉABONNEMENT
L’autre cadeau, c’est la première partie d’une très grosse aventure mêlant les EN VUE ! 
thèmes de l’occulte et de la politique, Guerres & successions, qui se poursuivra sur
nos deux prochains numéros (il fallait bien laisser un peu de place à nos rubriques
habituelles !). Écrit pour Pathfinder 2, il se prêtera en fait à n’importe que univers Pour tous les abonnés du
medfan, étant surtout orienté « enquête » et « ambiance ». numéro 37 à 42, il est l'heure
Bonne lecture, bonnes parties et… joyeux Noël ! de se réabonner. Nous vous
invitons à aller en page 5 et
Marc Sautriot et la Rédaction de Casus Belli à découvrir dès maintenant
notre offre !

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SOMMAIRE
Critique - Mort sur le Reik  46
Critique - Mort sur le Reik - Compagnon 47
Critique - Historia48
Critique - Agents d’absalom 52
EN DIRECT Critique - Le guide de Prague 54
En direct - Édito1 Critique - Les lueurs obsidionales Tome 1 55
En direct - Sommaire2 Critique - Oméga56
En direct - Buzz mon rôliste 6 Critique - Commando Barbare 60
Critique - Sorandib62
Critique - L’empire taskien 63
Critique - Brancalonia64
Critique - Planète Caravane 68
Critique - Forbidden lands 70
ACTUALITÉ Critique - Shadowrun heritage 74
Critique - Interface Red Vol.1 75
Actualités - Nouvelles du front 8 Critique - Sig, la Cité des Lames 76
Actualités - Nouvelles d'ailleurs 24 Critique - Donjon & Cie 78
Critique - Secrets excavés 81
Critique - Traveller, core rulebook 82
Critique - Sable et Poussière 84
Critique - Middenheim, la cité du loup blanc 85
CRITIQUES Critique - HK - Les Chroniques de l’étrange 86
Critique - Guide ultime de l’alchimie, l’artisanat et
Critique - Genesys36 l’enchantement90
Critique - Cats ! La Mascarade 40 Critique - La ferme des animaux 91
Critique - Les risque-tout 42 Critique - Midnight : L’héritage des ténèbres 92

Casus Belli est édité par Black Book Éditions, 12 rue Jean
Carmet, 69800 Saint Priest, www.black-book-editions.fr.
N°42, hiver 2022. Directeur de publication David Burckle,
Responsable de la rédaction David Burckle, Comité de
rédaction Pierre Balandier, Laurent Bernasconi, David
Burckle, Julien Dutel, Géraud Gourjon, Didier Guiserix, Tristan
Lhomme, Philippe Rat, Marc Sautriot Secrétaire de rédaction
Marc Sautriot Assistante d’édition Louise Chalier Création
graphique Damien Coltice & Romano Garnier Maquette
Romano Garnier Relecture Loïs-Emmanuel Meyer.
Ont participé à ce numéro :
Relecture : Loïs-Emmanuel Meyer
Auteurs et relecteurs (le Gang Casus) : Pierre Ballandier,
Olivier Caïra, Anthony Calla, Slawick Charlier, Arnaud Cuidet,
Pierre « Tybalt » Cuvelier, Diwall le Korigan, Sébastien Fajal,
Cédric Ferrand, Romano Garnier, Etienne Goos, Olivier
Halnais, Romain d’Huissier, Juan « Nurthor » Lagrange,
Romain « Meriark » Lecomte, Grégoire Macqueron, Mr. OC,
Romain « Belaran » Pelisse, Philippe Pinon, Thomas Robert,
Ciro Alessandro Sacco, Marielle Sarran, Adrien Saurat, Marc
Sautriot, SLM, Sébastien Urbanek, Marylis Vallet.
Image de couverture : Simon Labrousse
Illustrateurs, cartographes et photographes : Guillaume
Albin, Augustin, Camille Bourgoin, Anthony Boursier, Marcel
Couchaux, Josselin Grange, Didier Guiserix, Mathilde Marlot,
Laurent Miny, Tod.
Toutes les illustrations sont © leurs auteurs et leurs éditeurs.
Les manuscrits et illustrations non sollicités ne sont pas
renvoyés.
Toutes les illustrations originales et les noms des produits
mentionnés sont la propriété pleine et entière de leurs
auteurs et éditeurs respectifs. Toute reproduction ou
diffusion, même partielle, est interdite sans accord écrit de
l’éditeur.
ÉTAGÈRE DU RÔLISTE AIDES DE JEU
L'étagère - Jouer dans l’univers de Berserk 94 PJ Only - Jouer sur les rivalités 150
L'étagère - Slaying the dragon 96 MJ Only - Interactions sociales 154
L'étagère - Massive Darkness 2 : Hellscape 97 Psycho-Scribe - Les Croisades 158
L'étagère - Return to monkey island 98 Psycho-Scribe - Jérusalem, trois fois sainte 168
L'étagère - Soulstice99 Psycho-Scribe - Combattre en Orient 173
L'étagère - Too many bones 100 Psycho-Scribe - Sièges et forteresses 178
L'étagère - Tales From The Loop 101 PJ Only - L’histoire comme background 184
L'étagère - Liste au père Noël 102 MJ Only - L’Histoire comme background 188
L'étagère - De beaux livres pour Noël 104 Mini-Jeu - Montgascon192
L'étagère - Rivers Of London 105
L'étagère - Promethea  106

MAGAZINE
SCÉNARIOS Enquête - « Prof de JdR » 228
Analyse - Les âges du jeu de rôle francophone 232
Scénario - Disparitions (The Expanse) 110 Entretien - Jehanne Rousseau 246
Scénario - Guerres et Successions, Billet de l'Odieux connard - Lapidons-les...252
première partie : la maison hantée (PF2) 126 Prochainement - Dans casus Belli n°43 254
Scénario - Ted (Shadowrun 6) 144 BD - Le casus Blub 256

Remerciements. Tous les éditeurs et professionnels
qui jouent le jeu, Urban Comics, Lisa Stevens, Maxime
Chattam, Florent de Scriptarium, Xavier de Oh My Game,
Margaret Weis Productions, Charles de Trollune et les
orgas d’OctoGônes, Julien De Jaeger & Di6dent, Le Grümph
et Emmanuel Gharbi, Sébastien Boudaud et le Grimoire,
Stéphane Bogard et la Edge team, les gars de Ravage, Paizo
Publishing, la communauté du site Pathfinder-FR, Neko et
Florrent, 7 Cercle, A.K.A. Games, Gary Gygax et Dave Arneson,
Jawad et le Département des Sombres Projets, Florian et
Stéphanie des éditions Bragelonne, Sébastien Célerin et les
XII Singes, Erik Mona, Laurent Rambour de LETO, Hicham
et les éditions du Matagot, Shane Hensley pour Pinnacle,
Batronoban, le Studio Deadcrows, Studio Agate, Arkhane
Asylum Publishing, et Sophie et Nazir de Bamboo.
Abonnements. Pour vous abonner ou pour tout
changement d’adresse de votre abonnement,
écrivez à : infos@black-book-editions.fr ou à
Black Book Éditions,
12 rue Jean Carmet 69800 Saint Priest
Tarifs abonnement 59,60 € pour la France.
Autres pays : nous consulter.
Publicité Marc Sautriot (marc@black-book-editions.fr)
Numéro ISBN (PDF) 978-2-38227-462-0
Numéro ISBN (papier) 978-2-38227-461-3
Dépôt légal novembre 2022. Imprimé en UE.
Pour contacter la Rédac marc@black-book-editions.fr
Retrouvez-nous sur le site Casus et sur les réseaux sociaux.
www.black-book-editions.fr.

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BUZZ MON RÔLISTE

Rôlistes hypés, cette rubrique est faite pour vous !

Le meilleur (et le pire) des réseaux

École de sorcier en Bretagne

Durant les vacances de la
Toussaint, Manuel Roussel, le
propriétaire du château Rocher
Portail, situé près de Fougères
(Ille-et-Vilaine), a organisé quinze
soirées durant lesquelles deux
cents personnes pouvaient,
chaque soir, se glisser dans la
peau d’apprentis sorciers à la
« Nouvelle école des sorciers de
Roche Portail » et participer à un
banquet avec spectacle de clôture.
Le tout s’inspirant joyeusement
des codes de la saga Harry Potter,
notamment au niveau du mobi-
lier et des bannières de quatre
maisons (Fauvedor, Busarde,
Boucflèche et Cerfdelune) flottant
dans la salle des banquets.
Comme le déclarait M. Roussel
à Ouest France, « pour toucher
les nouvelles générations, il faut
créer de l’immersif », soulignant
l’atout représenté par un vrai châ-
teau vis-à-vis de décors en car-
ton pâte. En s’affranchissant des
copyrights et autres droits d’au-
teur ? L’organisateur s’en défend,
assurant que son spectacle est une
véritable création basée sur des
personnages issus de l’histoire du
château, même s’il reconnaît sur-
fer sur la vague Harry Potter. Selon
France Info et Le Télégramme,
Warner Bros., détentrice des droits
sur la saga, n’a pas répondu aux
questions de l’AFP jusque-là.
M. Roussel dit quant à lui recevoir
des lettres régulières de la Warner
et être ouvert à un partenariat
futur. À quand un Poudlard en
Bretagne ?

Pizza tranchée
Il est de notoriété publique que
les rôlistes mangent de la pizza du-
rant leurs longues soirées de JdR.
Pour mieux les trancher, quoi de
mieux qu’une magnifique hache vi-
king ? Avec son acier HRC58-60 et
ses magnifiques runes, celle ven-
due sur le site Anverageoff ne de-
vrait pas avoir de mal à venir à bout
de votre « Speziale Pepperoni » et
de la table sur laquelle elle est po-
sée… À ne pas laisser entre toutes
les mains !
Source et photos : Anverageoff.
com
Casus around ze World
Il y avait bien longtemps qu’on nous son voyage en Norvège avec
n’avait pas reçu de carte postale ou ces deux photos d’Andenes, à l’ex-
de photo de vos vacances avec Casus trême nord de l’île d’Andøya.
dans le sac à dos. Cet été, Bruno B.
Marc Sautriot
nous a fait l’amitié de partager avec

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8 | ACTUALITÉS

ACTUALITÉ (VF)

NOUVELLES DU FRONT
La rentrée est toujours une période-clé pour les sorties hexagonales. Entre les
nouveautés qui ont enfin déboulé sur les étals, parfois tout juste pour Octogônes, et les
annonces de sortie pour Noël, il y a de quoi faire !

POSIDONIA ÉDITIONS/CHOSEN ONES

L’auteur ne rêvasse pas, lui

Le supplément de Chosen Ones,
L’Expansion du Rêve, avance bien. Les
illustrations sont commandées, et si
tout va bien, il y en aura beaucoup plus
que dans le livre de base. Un rema-
quettage, gratuit pour les premiers
souscripteurs qui ont soutenu le jeu,
est toujours à l’étude (ainsi qu’un erra-
tum). L’Expansion du Rêve compren-
dra un développement de la timeline
jusqu’en 3070-80, avec des intrigues et
méta-intrigues intégrées, de nouveaux
équipements, pouvoirs et sorts ainsi
que de nouvelles professions et pro-
fessions avancées. L’univers de jeu sera
développé et clarifié, avec plusieurs
lieux connus détaillés. Une campagne
et des accroches de scénarios seront
accompagnées d’un bestiaire multiver-
sel. Finalement, le supplément devrait
atteindre la taille du livre de base et
pourrait être proposé vers la fin 2023.

POSIDONIA ÉDITIONS/EMISFER

De l’écologie à l’horreur
Emysfer n’a jamais
été aussi près de la
ligne d’arrivée. Tous les
fichiers sont partis en
relecture finale. Une
fois revenus, et après
d’ultimes corrections, il
partira en impression.
Le travail en est donc
quasi terminé pour son
a u t e u r - i l l u s t r a t e u r.
Mais pas question pour
autant qu’il s’arrête là,
il a déjà un autre projet
en tête. Son prochain
jeu se nommera Space
Horror Stories. C’est un
JdR d’horreur sous forme
de huis-clos spatial avec
un système de jeu qui
se veut hyper-optimisé
pour le genre. Il est en
phase de playtest et les
premières parties ont
montré qu’il est déjà ex-
trêmement fonctionnel.
Il ne reste que de petits
ajustements et équili-
brages à faire. Son déve-
loppement sera donc
plus rapide qu’Emysfer,
que nous avions déniché
à Octogônes en 2019.
Laissons-le encore mûrir
quelque temps, et pré-
parons la cueillette pour
le prochain numéro.
DONJON SERVICE SUPER MORIA (IV) par Olivier Caira & Guillaume Albin

DR NEMROD

Du côté de la Suisse
La Songemer est un livre inte-
ractif pour enfants qui est sur le
point de sortir chez l’éditeur « les
ateliers sémaphores », peu connu
du monde du jdr mais qui a une
longue expérience dans la création
d’escape games sur mesure.
La nuit nous emportera est une
partie de jeu de rôle jouée devant
public et accompagnée d’un groupe
de musique rock les 26, 27 et 28
août dans le cadre du Numerik
Game Festival de la ville d’Yverdon.
L’association Ars Ludendi était aux
commandes tout comme pour la
précédente édition (La Musique
d’Erich Zann) avec, cette fois-ci, un
ton résolument plus moderne et une
musique plus rock. L’événement est
disponible sur YouTube.

STUDIO AGATE

L’année du panache
Vous devriez trouver en cette fin
d’année en boutique les recueils
de scénarios 7e Mer L’Héritage des
Drachens et Vers des Terres plus
ignorées. Toujours concernant 7e
Mer, le Studio a achevé la traduc-
tion du livre de base de Cathay, le
spin-off extrême-oriental du jeu,
ainsi que de Cities of Faith and
Wonder, la boîte à outils ultime de
créations urbaines. L’éditeur at-
taque les phases de relecture et de
maquette sur ces deux projets très
attendus, dont on devrait entendre
parler en 2023 avec de nombreuses
surprises.
Le jeu de plateau Chronicles of
Kaan développé par Mighty Board,
qui se déroule dans l’univers d’Ea-
na et est donc intrinsèquement lié
à Dragons, est encore en finance-
ment participatif à l’heure où ces
lignes sont écrites – la barre des
150 K euros a été dépassée. Ce jeu
coopératif de figurines et de tuiles
est gavé de matériel jusque par-
dessus la boîte ! Agate assurera
bien sûr la version française des
règles et du matériel de jeu pour le-
quel le studio a travaillé en étroite
collaboration avec l’éditeur de jeu
de plateau.

ACTUALITÉS |9
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10 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
ÉDITIONS STELLEMARIS/THE NIGHTSTALKER
Petite enfance infernale
Les playtests de la campagne
pour The Nightstalker RPG,
Premiers pas dans les Ténèbres,
sont terminés. La sortie est prévue
pour la fin de l’année. Il s’agit d’une
campagne où les personnages sont
des humains ordinaires, qui sont
progressivement plongés dans les
JDR ÉDITIONS/CHRONIQUES DES TERRES-DRAGONS & IMPERATOR
Ça tient dans la main, ou pas
Le succès des quatre premiers
numéros du bimestriel Chroniques
des Terres-dragons a permis à
l’éditeur de préparer sereinement
plus sombres secrets de Natural
City. Sans pouvoir, ils terminent la
campagne avec une illumination
qui en fait des héros, prêts à com-
battre les hordes infernales du livre
de règles. La campagne peut se
placer en préquel du jeu, ouvrant
lentement les portes des Enfers.
l’intégralité de sa publication
pour l’année prochaine. Chaque
numéro de vingt pages propose,
tous les deux mois, un scénario
original jouable avec n’importe
quel environnement médiéval fan-
tastique, et proposé par défaut
en 5E et D100. Chaque aventure
peut être jouée en version courte
(2 h) ou en version longue (5 à 6 h).
Pour ce numéro 3 d’octobre, c’est
une aventure spéciale Halloween
qui vous est proposée. Le village
de Pierrefond, reconnu pour son
festival de la Citrouille, voit son
événement annuel transformé
en véritable Chasse aux sorcières
à la suite du retour d’un descen-
dant d’un habitant banni pour
sorcellerie.
Du côté de l’empire, il y a du
changement. La campagne L’Aigle
Ce supplément proposera aussi des
scénarios pour prolonger la cam-
pagne proprement dite. Il n’y aura
pas de financement participatif,
l’objectif est de le sortir avant la fin
de l’année. L’Épouvantail et le Père
Noël sont sur les rangs pour jouer
les livreurs, mais lequel gagnera ?
de Rome sort en édition limitée
(100 exemplaires) en couverture
rigide. Si vous avez déjà la version
souple, vous pouvez bénéficier
d’une remise de 20 %, à condi-
tion de montrer patte blanche ;
on ne la fait pas à la Légion ! Cette
sortie embellie s’inscrit dans un
plus grand événement, la dispo-
nibilité, en nombre très limité (30
exemplaires,) d’une belle grosse
boîte contenant toute la gamme
d’Imperator avec des couvertures
en dur. Le cadeau idéal pour s’offrir
l’essentiel : le livre de règles, les
campagnes L’Aigle de Rome et la
Judée, les suppléments Africa et
Pompéi. Elle contient aussi toutes
les aides de jeu imprimées à part
et une grande carte de Pompéi,
ainsi que du matériel additionnel
en cadeau.
STUDIO AGATE / GAMMES 5E

Vapeurs d’enfer
Alors que la tétralogie Dragons
et les decks de cartes de sorts sont
bien installés en rayons, la sortie
en boutique de Brancalonia, le pre-
mier jeu de fantasy spaghetti (cf.
notre critique) a été l’occasion d’un
vaste « Brancalonia tour » qui a
permis de proposer de nombreuses
animations et de faire de riches
rencontres.
L’une des dernières contrepar-
ties encore en attente du finance-
ment concernait la genèse d’une
nouvelle gamme, Inferno. Son Kit
d’initiation est entièrement tra-
duit. Les relectures sont en cours,
avec pour objectif une mise à dis-
position du PDF autour des fêtes
de fin d’année. Quant à Inferno en sans doute bien d’autres choses. la Sorceflamme. Eh oui, la trilogie
tant que tel, la VO des deux livres Il faut dire que la gamme est déjà Witchfire est aussi au menu de
a été livrée aux souscripteurs en bien fournie en VO ! En attendant, cette nouvelle incarnation. Comme
PDF, et l’éditeur anglais a trans- le livre de règles et d’univers d’IK : pour Dragons, les visuels sont
mis les textes originaux. La tra- R propose sept nouvelles espèces sublimes. Quel triomphe, et sur-
duction du diptyque a donc com- dont une célèbre à vapeur, cinq tout quelle attente insoutenable
mencé. Drôle de parcours, pour nouvelles classes et trois fois jusqu’aux Ides de mars pour enfin
un jeu italien à la base ! Ce nouvel plus d’archétypes. Il est accom- pouvoir les avoir en vrai !
univers siglé 5E est inspiré de la pagné des habituels accessoires Info bonus : Studio Agate a été
Divine Comédie de Dante. Les deux (écran, cartes du monde et decks récompensé aux derniers ENnies
volumes proposent une visite de cartes de sorts spécifiques). Un Awards avec la médaille d’argent
complète des enfers, des règles livret proposera un scénario, mais du Best Writing pour Fateforge
additionnelles avec de nouveaux il n’est rien en comparaison de la (la version anglaise de la gamme
archétypes et un bestiaire. Une résurrection d’une vieille nemesis, Dragons, traduite par leurs soins).
campagne est aussi de l’excursion,
avec Lucifer dans le rôle du gentil
organisateur… WIZARDS OF THE COAST/DONJONS & DRAGONS
Le financement de Iron
Kingdoms : Requiem (IK : R) s’est Boîte pour apprendre
bien passé et a sonné un retour La nouvelle boîte d’initiation de nouveautés françaises ? C’est que
en fanfare de cet univers, sous D&D est disponible. Elle reprend le l’éditeur américain a ouvert son
bannière 5E, pour la communauté format et le contenu des précédentes propre site officiel tout en français.
francophone. À l’heure de la mise versions estampillées D&D5 avec une En plus d’y proposer toute leur
sous presse de ce numéro, les PDF nouvelle aventure destinée à la dé- gamme traduite dans notre belle
de tous les ouvrages auront déjà couverte du jeu. Les Dragons de l’Île langue, il met à disposition des
été livrés aux souscripteurs – et aux Tempêtes est un scénario destiné vidéos d’explication sur le jeu de
devraient normalement être par- à des personnages de niveaux 1 à 3 et rôle et sur D&D en particulier. Pas
tis chez l’imprimeur. La suite de fourni avec des pré-tirés. de boutique intégrée toutefois ;
la gamme est en préparation, avec Mais que fait donc cette infor- le site renvoyant à un moteur de
tout d’abord le Monstronomicon et mation dans la rubrique des recherche de magasins spécialisés.

ACTUALITÉS | 11
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
12 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE

STUDIO 9/SUITES & FIN DE GAMMES ET NOUVEAUTÉS

C’est chaud
Le Klub poursuit ses publications.
Le numéro de ce mois-ci est orien-
té sur les Fables de La Fontaine,
source de multiples aventures à la
morale bien tournée et de person-
nages pittoresques et anthropo-
morphiques. Il est en lien avec la
sortie récente de leur adaptation
en JdR de La Ferme des Animaux,
qui est par ailleurs présenté dans le
présent numéro.
Los Angeles 2045 voit son extinc-
tion approcher en cette fin d’année.
La Chute est une grande campagne
conclusive à la fin ouverte, organi-
sée en scénarios jouables indépen-
damment. L’ouvrage ferme ainsi
la gamme, sous fond d’émeutes
urbaines généralisées, qui compte
donc au total six livres. Les choix
des COPS en feront une unité de
héros ou des parias virés comme
des malpropres.
Pour 2023, le planning est déjà
bien chargé. Pour le D6 System, un
gros jeu, sur le même format que
Verne et Associés, 1913, est annon- La région va être mise sous cloche
cé. Il mettra en scène des aventures par le monde extérieur, qui craint
dans un Japon inspiré des œuvres que l’épidémie ne s’étende. Ceux
d’Hokusai, artiste nippon du 18ème qui, hier, pouvaient être ennemis,
siècle (la Grande Vague est l’un vont devoir apprendre à collabo-
de ses tableaux les plus connus). rer… Pari osé et sulfureux sur un
Les créatures fantastiques qu’il a contexte historique et politique
peintes, gravées, dessinées, dont très sensible qu’il leur faudra doser
certaines sont PEGI18 (demandez avec des pincettes.
donc à la femme du pêcheur si
c’était vraiment un rêve !) seront
aussi au cœur de cette adaptation.
Les PJ seront plongés dans des
aventures mêlant esprits et bri-
gands, courtisanes et samouraïs.
Le système Destinées* se pare-
ra d’un nouveau jeu mettant en
scène, dans le Proche-Orient d’un
futur proche, une épidémie mor-
telle d’origine extra-terrestre. Les
PJ devront coopérer pour survivre,
au-delà de leurs différences d’inté-
rêts et d’identité. Cette uchronie
s’installe dans une université futu-
riste construite à la frontière d’Is-
raël et des territoires palestiniens.

ORIGAMES/SHAAN RENAISSANCE

Ça mouline dur
Tous les projets annoncés de
Shaan avancent de front. La géo-
politique globale d’Héos est pous-
sée dans ses retranchements, pour
développer les autres continents
dans les prochains suppléments
de contexte. Arena, une version en
ligne du jeu, est toujours en plein
développement, même si la date
de sortie de la démo annoncée
pour novembre va être difficile à
tenir. Pourquoi donner des nou-
velles alors, si tout est en cours
comme dans le numéro précé-
dent ? Parce que les auteurs aux
manettes sont des acharnés qui
ne lâchent rien et qu’ils proposent
quand même de la nouveauté. Igor,
the big boss, a travaillé sur un gé-
nérateur de campagne. Lancez une
douzaine de dés Shaan sur une
feuille. Leur position, leur couleur
et leur valeur dessinent une carte
géographique que se partagent
des factions caractérisées par des
rôles (sauveur, bourreau, victime,
observateur). Un générateur de
situations entre ces factions per-
met ensuite de dresser un cadre
de campagne à la volée. Voilà le
concept, un jet de dés pour impro-
viser une campagne. L’ambition
est de le sortir au format boîte,
comme celle d’initiation, et d’en
faire aussi un accessoire en ligne
via l’abonnement.
DONJON SERVICE SUPER MORIA (V)
LET’S ROLE/VTT
Et la lumière fut
Deux avancées majeures ont été
récemment déployées pour la table
de jeu virtuelle française. C’est
d’abord le journal de bord qui a connu
une importante refonte de forme et
de fond. Cet outil commun au MJ et
aux joueurs dispose de nombreuses
options qui seront fort utiles en cours
de jeu et entre les parties pour pré-
parer les suivantes. De nombreuses
pièces jointes peuvent y être inté-
grées, vos joueurs ne pourront plus
pleurer qu’ils ont égaré une aide de
jeu importante. Une entrée du jour-
nal peut même être déposée sur une
scène ; il suffit de cliquer sur l’icône
générée pour accéder à son contenu.
Mi-septembre, l’éclairage dyna-
mique a été proposé à l’expérimen-
tation des utilisateurs. Encore en
phase bêta, elle est disponible pour
toutes les tables. Les fonctions élé-
mentaires (murs, portes et zones
éclairages) fonctionnent bien et ne
ralentissent pas l’interface. Les re-
tours de la communauté très active
de Let’s Role seront, comme depuis
le début du projet, attentivement
décortiqués par les concepteurs.
Cette option majeure était très at-
tendue, cette fois c’est fait.
par Olivier Caira & Guillaume Albin
ODONATA ÉDITIONS/INSECTOPIA & PETIT NOUVEAU
Journaliste 007, au rapport
Le livre de règles d’Insectopia, la rayonnement à travers le monde
Conquête, prévu pour février pro- pour atteindre l’utopique monde
chain, a été remanié en profon- parfait et unifié auquel elle aspire
deur. De nombreux points de règles pour le bien de tous. Rassurez
(compétences, capacités, magie…) le peuple, c’est pour son bien…
ont été repensés et rééquilibrés. Il même s’il ne le comprend pas en-
intégrera des règles de navigation core. Il n’y aurait pas comme une
aérienne et deux nouvelles va- petite odeur de dictature sulfu-
riantes de lanceurs de sorts. Cette reuse derrière ces belles paroles ?
version améliorée est bien sûr tota- Rendez-vous en mars 2023 avec le
lement compatible avec la gamme livret de découverte du jeu.
déjà existante. Une variante des
règles avec des D10 est également
proposée.
Un nouveau jeu est annoncé par
l’éditeur, les Chroniques de Vaelran.
C’est un univers de « modern hard
fantasy », qui prend place dans un
monde inspiré des XVIIIe et XIXe
siècles où les disciplines magiques
sont devenues une science, l’arca-
nologie. Cette dernière infuse
toute la société, surpassant les
autres technologies au point de
parfois les remplacer. Les joueurs
incarnent des membres de l’Ordre
des Chroniqueurs, en apparence
un simple club de journalistes
historiques, qui dissimule les ser-
vices secrets de la bien-aimée
reine Lilith. Ils œuvrent à son
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VERSION FRANÇAISE
BLACK BOOK ÉDITIONS/CTHULHU ORIGINES
Le financement de la terreur
Avec Chroniques Oubliées (CO) :
Contemporain et les deux boîtes
d’initiation Cthulhu, les hommes
en noir flirtaient déjà de près avec
le Mythe. Avec Cthulhu - Origines,
terminés les préliminaires ! Lancé
début octobre sur une semaine,
format désormais habituel de leurs
projets, ils ont atteint la barre des
100 k€. La future gamme est déjà al-
léchante. Deux ouvrages principaux
se partagent la vedette. Le Livre du
témoin présente les règles de base
et notamment la création de per-
sonnages. Pour l’occasion, l’éditeur
annonce une adaptation consé-
quente des règles de CO pour mieux
émuler le genre : Cthulhu – Origines.
ODONATA ÉDITIONS/OMÉGA
D’aventures en aventures
Oméga est un jeu de rôle futu-
riste post-apocalyptique où les
humains ont été remplacés par des
machines et critiqué dans ce même
numéro. Le nouveau financement
propose deux recueils de scénarios.
Le premier est une mini-campagne
en trois épisodes qui oppose les
PJ à un mystérieux prophète qui
entend bien reprendre le pouvoir
sur les machines. Elle est accom-
pagnée de trois autres aventures,
dont l’une est déjà gratuitement
téléchargeable pour vous donner
envie et/ou vous faire patienter.
En effet, contrairement aux
boîtes CO Cthulhu, qui étaient plu-
tôt orientées pulp, ce nouveau jeu
est présenté comme un « retour
aux sources » basé uniquement sur
les écrits de Lovecraft. Dans un pre-
mier temps, il se concentre sur la
Nouvelle-Angleterre, les terres pri-
vilégiées du Maître de Providence.
Il n’est plus question de « Mythe de
Cthulhu » (terme créé par August
Derleth et pas forcément approuvé
par Lovecraft), fondement même
de L’Appel de Cthulhu. A contrario,
Cthulhu – Origines est basé sur le
Folklore des collines tel qu’évoqué
par Lovecraft et compte bien im-
merger vos tables dans une horreur
Le second livre propose aussi six
scénarios. Les souscripteurs de
la première campagne recevront
le premier de ces deux ouvrages
automatiquement. Une chouette
façon de les remercier. De plus, un
partenariat avec la VTT Let’s Role
est en cours de négociation. Une
version non-officielle est déjà dis-
ponible sur cette plate-forme de
jeu. Y aura-t-il une version des scé-
narios adaptée au jeu à distance ?
Mystère, nous le découvrirons
d’ici la sortie du diptyque en avril
prochain.
indicible, une ambiance ésotérique
à la limite de la compréhension
humaine. C’est tout le sujet du
deuxième ouvrage, Le Livre de l’ar-
chiviste, qui abordera en particulier
les thèmes de l’occultisme et de
la magie, mais aussi bien entendu
la cosmogonie lovecraftienne et
les monstrueuses créatures qui
peuplent l’univers et dont l’huma-
nité n’a pas conscience.
L’écran, dont le visuel à couper le
souffle est signé Mathieu Lauffray,
sera fourni avec un scénario qui
fera suite à l’aventure solo du
Livre du témoin et à l’aventure
d’initiation du Livre de l’archiviste.
Mais parce qu’on n’a jamais assez
d’aventures à faire jouer, un recueil
de scénarios au titre évocateur,
Contes extravagants des collines et
d’ailleurs, contiendra pas moins de
six grosses aventures se déroulant
en Nouvelle-Angleterre.
Maintenant que le financement
est réalisé, il va falloir encore at-
tendre un an, temps nécessaire aux
auteurs pour finaliser les ouvrages
et à l’éditeur pour l’imprimer.
D100-LE SCRIPTORIUM/MYTHRAS & D100 SYSTEM

Wallace n’est pas loin

Paru en septembre 2022, Ces
Violents Plaisirs est un scénario
pour Fantasie Classique, la version
qui permet de faire du Mythras à
la sauce (A)D&D. Il y est question
de la disparition du fils d’une noble
elfe, qui cache forcément quelque
chose. En plus d’offrir une aventure
destinée à des personnages débu-
tants (rang 1 ou 2), il décrit en dé-
tail le village de Gramby, qui pourra
servir de point de départ à d’autres
aventures.
En novembre 2022, Perceforest
proposera un cadre de jeu médié-
val fantastique librement inspiré
du roman médiéval du même nom
et par d’autres œuvres de fantai-
sie telles que Déracinée de Naomi
Novik, ou La Forêt des Mythagos
de Robert Holdstock. Les person-
nages évoluent dans la Britannie
des Royaumes Jumeaux, un décor
rappelant l’Angleterre et l’Écosse
médiévales. En 150 pages, ce sup-
plément Mythras fait un tour
d’horizon des Royaumes Jumeaux,
décrit la société locale, et donne les
règles pour créer des personnages et
concevoir un fief. Il fournit aussi les
règles pour gérer la réputation, la
chasse, les tournois ou la sorcellerie.
Il décrit de nombreux ennemis et
propose plusieurs idées d’aventures.
Pour 2023, trois aventures sont
au planning de traduction pour
Fantasie Classique. La translation
de l’Unearthed Companion est
aussi prévue. Il apporte son lot
d’options et de matériels pour des
personnages expérimentés (nou-
velles classes comme l’antipaladin
et l’assassin, 160 nouveaux sorts,
nouveaux monstres). L’ouvrage
devrait dépasser les 200 pages, la
sortie envisagée est donc plutôt
2024, mais le travail est déjà pro-
grammé. Pour finir, l’éditeur a ob-
tenu les droits de traduction de The
Unapproachable, un scénario de
Matthew Eager édité par Old Bones
Publishing. Il se déroule dans le
même monde que Les Épées sau-
vages contre le nécromancien, avec
une ambiance mêlant horreur et
fantaisie héroïque.
En attendant toutes ces sorties,
le scénario Reflux pour M-Space
est calé pour la fin du premier tri-
mestre prochain.

LES XII SINGES/LES OUBLIÉS

Coup double
Félons est un supplément plu- ne sont pas mélangés avec ceux sont prévues pour une sortie au
riel pour Les Oubliés. Il propose de base, trop dangereux pour second trimestre 2023. En atten-
deux scénarios, dont un bac-à- des apprentis sorciers. Les decks dant, l’index web de l’intégralité
sable, dont le point commun est contiennent à la fois les sortilèges de la gamme, débloqué lors de
un ennemi très puissant du jeu, du livre de base et ceux de Félons, ce financement, devrait être dis-
les Parjures. Les confrontations avec un dos distinct pour les dif- ponible pour la communauté des
s’annonçant houleuses, l’ouvrage férencier. Toutes ces nouveautés Oubliés.
propose un arsenal à la hauteur
des événements et un chapitre
complet sur les bottes de combat.
Et pour les non combattants, de
nouveaux sortilèges viennent com-
pléter les grimoires de vos magi-
ciens. Il propose enfin un bestiaire
onirique de la cité de Triklir. Il se
murmure même que des indices
seraient disséminés dans le livre à
propos de la reine endormie.
L’éditeur a profité du finance-
ment participatif de ce supplé-
ment pour proposer en même
temps quatre paquets de cartes de
magie des Songes et de magie des
Cauchemars – les sorts avancés

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VERSION FRANÇAISE
PATTERN RECOG ÉDITIONS/PALÉOMYTHIC
Retour
à l’âge de pierre
Paléomythic ramène les joueurs
aux débuts des civilisations, à
l’époque de la lance en bois et du
coutelas en silex. Il règne aussi
une certaine superstition, la faute
aux prêtres maléfiques et autres
prophètes de malheur. Le monde
est peuplé de monstres préhis-
toriques et d’homme-bêtes sau-
vages. Ce nouvel environnement
primitif, d’ores et déjà financé, est
une traduction de la VO publiée
chez Osprey Games. Le jeu plonge
les joueurs dans un genre Pierre &
Sorcellerie sur l’île-continent de
Mu. Son histoire est déjà en partie
oubliée par ses habitants actuels,
il y a donc une préhistoire à cette
préhistoire. Avides de pouvoirs et
de connaissances perdues, les per-
sonnages vont devoir survivre à un
monde hostile dans lequel la civi-
lisation ne fait que commencer. Le
système de jeu est simple (à base
de D6) et les visuels présentés sur
la page de financement plutôt im-
mersifs. Le livre est estimé à trois
cents pages, c’est donc un beau
bébé à dents de sabre qui s’an-
nonce d’ici la fin de l’hiver.
BLACK BOOK ÉDITIONS/RÔLE’N PLAY
Deux de plus
C’est reparti pour non pas une
mais deux saisons de Rôle’n Play,
l’actual play de BBE. Le quatrième
financement participatif qui vient
de se terminer permet de pour-
suivre les aventures que vivent les
comédiens qui entourent Julien
Dutel pour cette occasion . Les
saisons 9 et 10 seront chacune
composée de dix-neuf épisodes
hebdomadaires (avec une pause de
quelques semaines entre les deux)
jusqu’en mai prochain.
Bien sûr, les souscripteurs ne sont
pas en reste et de nombreux pa-
liers leur ont permis de bénéficier
entre autres des PDF de plusieurs
ouvrages de la gamme Shadowrun
(quel rapport avec la choucroute,
me direz-vous ? lisez plus loin !),
mais aussi de vidéos supplémen-
taires, et notamment une mini-
campagne Shadowrun en quatre
épisodes (ça y est, vous avez fait
le lien !) et, bien entendu, la suite
attendue de L’Héritage Greenberg
(5 nouveaux épisodes en live sur
Twitch qui devraient permettre
d’aller au bout de l’histoire).
Notons aussi tout un tas d’add-
ons disponibles, dont un module
Foundry VTT de la boîte d’initiation
(débloqué en cours de campagne),
sans parler d’une piste à dés, de
jetons de poker (pour conter ses
points de vie et autres compteurs)
et deux boîtes de figurines, avec le
personnage de Galefrin coupé en
deux (une référence à un épisode
devenu mythique) réparti entre les
deux boîtes.
Le jeu de rôle Rôle’n play, financé
lors de la précommande partici-
pative précédente et utilisé pour
l’émission, était également pro-
posé en option pour ceux qui ne
l’avaient pas encore. Si la boîte
d’initiation est disponible depuis
la fin d’année dernière, le jeu
complet se fait encore attendre.
Toutefois, les versions numériques
d’une bonne partie de la gamme
sont désormais disponibles (Livre
du joueur, Livre de la meneuse, et
les Codex de monstres 1 & 2). Ces
ouvrages, ainsi que l’écran et son
Compendium de PNJ et le Dossier
de personnage, sont en cours d’im-
pression et devraient être livrés
pour Noël. Les trois derniers livres
financés l’an dernier (Recueil de
scénarios et les deux tomes des
Plaies ouvertes) sont en cours de
finalisation. Les versions numé-
riques seront progressivement
mises à disposition d’ici la fin de
l’année, et les livres physiques sont
attendus pour début 2023.
PREMIERS OUVRAGES DISPONIBLES FIN 2022
SCRIPTARIUM
Que de fantastiques défis !
L’éditeur associatif continue
d’avancer sur tous les fronts. En at-
tendant une nouveauté pour Rêve
de dragon, nous avons déjà droit
à Voyages en terre d’Arion, un ou-
vrage de contexte décrivant la cité
d’Arion, d’où est originaire le cé-
lèbre Seigneur Azzur de Sable Noir,
et sa région. Il s’agit d’une traduc-
tion d’un ouvrage d’Arion Games
pour lequel Scriptarium, comme
d’habitude, a développé des textes
exclusifs complémentaires (un cha-
pitre de background et trois scéna-
rios dans la ville et alentours, pas
moins !), sans parler de nouvelles
illustrations. La gamme ne s’arrête
pas là et sera complétée par un
écran (accompagné d’un scénario),
ainsi que la traduction et adap-
tation d’une campagne de Marc
Gascoigne, L’Ombre d’Elim, qui de-
vraient tous sortir cet hiver.
Scriptarium ne s’arrête pas en si
bon chemin et vient de lancer le
chantier de la traduction de Stellar
Adventures, la version SF de Défis
Fantastiques-Jdr, dont la sortie
n’est pas attendue avant fin 2023.
Du côté des aventures solos, La
Conspiration des Magiciens est
prévue pour la fin d’année. Ce sera
le premier titre d’une série dont
deux autres tomes sont annoncés
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
pour 2023. Du côté des aventures
solos, l’éditeur réédite également
la gamme Défis et sortilèges avec
un premier titre, Les Héritiers de
Dorgan, qui devrait être disponible
au plus tard d’ici janvier.
Enfin, Scriptarium a aussi décidé
d’éditer des BD en lien avec ses
différents jeux. Nous aurons ainsi
le plaisir de voir arriver Le Crâne
d’Agarash de Joe Dever, une aven-
ture de Loup Solitaire hors-série,
illustrée par l’illustrateur princi-
pal de la série, Brian Williams et
Cyril Julien) au premier trimestre
2023. D’autres BD sont également
prévues.
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VERSION FRANÇAISE

SHAKOS/BEYOND THE WALL ET AUTRES AVENTURES

Simple comme bonjour

Cette traduction d’un jeu de 2013
s’inspire des romans Terremer et
Chroniques de Prydain. Comme ses
origines issues des années 60/70,
le système est tiré des anciennes
versions de D&D. Beyond the wall
se veut donc simple et accessible.
Il est possible de lancer une partie
sans quasiment de préparation. Le
livre de règles dispose de six livrets
de personnage qui permettent en
quelques jets de dés de créer un
aventurier. Celui de la sorcière, en
libre téléchargement (via la page
Ulule pour l’instant) illustre bien
comment, en quatre pages, vous
pouvez élaborer autant de sor-
cières différentes et personnali-
sées que vous le souhaitez. Du côté
du MJ, deux livrets de scénarios
permettent la même construction
rapide d’aventures. Enfin, la nar-
ration partagée permet à tout le
monde de construire le village, lieu
de départ des histoires. Le supplé-
ment proposé étend les possibilités
du livre de règles avec des notions
de campagne et de bac-à-sable, là
aussi en mode collaboratif.
Ce début de gamme, qui dispose
aussi d’un écran, n’est que la pre-
mière pierre du mur. La gamme VO
propose plus de quarante livrets de
personnages, plus d’une dizaine de
livrets d’aventures et autant de me-
naces, tous gratuits qui plus est. La
version française compte bien faire
de même en proposant régulière-
ment ces fascicules gratuitement.
Une version papier est déjà envisa-
gée. En attendant, le premier dip-
tyque est en financement. Aurez-
vous le courage d’aller voir ce qui se
trame de l’autre côté du mur ?

BLACK BOOK ÉDITIONS/VERS LE RAGNAROK

Drakkars en vue
Vous avez raison de paniquer, ils Le livre principal est complété par Runes est une ambitieuse geste
arrivent. Vers le Ragnarök est un un écran et surtout toute une gale- en neuf scénarios qui conduit les
cadre de campagne estampillé 5E rie de suppléments. Au grimoire joueurs à s’aventurer loin dans les
qui prend sa source dans la mytho- de magie nordique et au livret terres septentrionales pour contre-
logie nordique. Les neuf mondes d’introduction vient s’ajouter une carrer une menace à l’échelle de
d’Yggdrasil sont au centre de l’uni- campagne complète. Le Voleur de tout Miðgarðr.
vers, depuis le royaume céleste des
Aesirs jusqu’aux racines mortelles
de Hel. Les joueurs incarnent de fiers
membres des six clans norrois com-
battant des monstres mythiques
et voyageant entre les mondes. Les
classes de personnage ont été retra-
vaillées pour l’occasion, de même
que la magie divine qui est profon-
dément liée aux vingt-quatre runes.
Plusieurs options sont proposées
pour tirer les runes, du dé inédit à
24 faces au paquet de cartes à jouer,
en passant par le sac de divination
contenant des pierres gravées. Ce
système peut aussi servir en cours de
partie pour générer un événement,
un objet ou un lieu au pied levé.
ELDER CRAFT/NOUVELLES GAMMES

La parole est à son Éminence

Les deux RPG BOOK, le Pacte
et l’Exil, sont les premiers titres
d’une nouvelle gamme originale à
plus d’un titre. Comme FibreTigre
aime souvent nous surprendre,
le format des produits est inédit.
Chaque étui renferme un livre qui
contient à la fois les règles et la
campagne. En plus des aides de
jeu traditionnelles et des pré-tirés,
il cache aussi un petit tiroir dans
lequel sont rangés trois dés (8,
10 et 12). Chaque volume dispose
donc de tout le matériel pour jouer.
Le jeu peut se faire de trois façons,
en solo un peu à la manière d’un
LDVELH, à plusieurs au format jeu
de société ou comme un vrai jeu de
rôle avec un MJ et des PJ. Il existe
même une version audio-book qui
immerge le groupe dans une am-
biance sonore et narrative. Il suffit
de se laisser guider par l’histoire qui
vous est racontée et de faire
vos choix avant de lancer la
piste audio suivante. En
plus d’être polymorphiques,
elles sont visuellement très
alléchantes. Une aventure vous en-
traîne dans les ruelles squameuses
d’Innsmouth, l’autre dans la froi-
deur du vide spatial. Il va falloir que
Casus dégote un exemplaire pour
vous les présenter dans le prochain
numéro ! Les jeux devraient être
disponibles en novembre.
Pour la suite, l’éditeur nous a
confirmé la publication de la nou-
velle édition des Lames du Cardinal
en début d’année prochaine. Cette
nouvelle édition sera composée de
deux livres, un premier d’univers et
un second de règles. Il se pourrait
même que l’auteur du jeu vienne
vous en parler dans un prochain
numéro. En attendant, rangez vos
rapières, jeunes gens, vous allez
vous blesser.

ODONATA ÉDITIONS/THE ULTRA VIOLET GRASSLANDS

Variation autour du désert B

Attention, heavy metal & psychédé-
lisme en vue ! Odonata va traduire The
Ultraviolet Grasslands, une production du
décidément inclassable éditeur Exalted
Funeral. Inspiré par Moebius (en par-
ticulier l’introspectif et complètement
barré Inside Moebius), Ultraviolet invite
les joueurs à se plonger dans des vastes
steppes couvertes des restes du temps et
de l’espace. Le jeu, acclamé par la critique,
a reçu l’ENNIE des meilleures illustrations
intérieures. Début de l’étonnant voyage
en février 2023.

DONJON SERVICE SUPER MORIA (VI) par O. Caira & G. Albin

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20 | ACTUALITÉS
VERSION FRANÇAISE
BLACK BOOK ÉDITIONS/SUIVI DE GAMMES
Avec des exclus dedans
Parmi les financements participa-
tifs de fin d’année des hommes en
noir figure Le Caveau des abomina-
tions, campagne la plus populaire
parmi les adeptes de Pathfinder
2 en VO. Sera-t-elle aussi la pré-
férée des francophones ? D’ici-là,
le supplément des Légendes des
Prédictions Perdues, le who’s who
de Golarion, sera disponible.
Du côté de Starfinder, L’Espace
proche, un supplément de contexte
sur de nouveaux mondes à explorer,
est en boutique. Il sera rapidement
suivi du Guide des options de vais-
seaux, manuel indispensable pour
tous les optimisateurs de l’espace.
Le calendrier des sorties de
Shadowrun est chargé, lui aussi,
avec trois suppléments bientôt dis-
ponibles. Jeux de pouvoirs présente
les dix plus importantes corpora-
tions. Il contient aussi un scénario
exclusif à la VF. Menaces imminentes
s’attarde sur six autres organisa-
tions qui conspirent dans l’ombre.
Amies ou ennemies ? À vous de voir.
Un scénario est là aussi en clôture
ARKHANE ASYLUM PUBLISHING/VAMPIRE, KULT, STAR TREK
Sorties d’automne, sombre espace & histoires sombres
d’ouvrage. La gamme Héritage se
dote d’un nouveau rétro-supplé-
ment, en PDF exclusivement pour
ce catalogue spécifique. Dossiers
corporatistes 2054 proposera son lot
de vieilles histoires déjà vécues par
les runners vétérans de la première
heure et remis au goût du jour par le
collectif Ombres Portées 2.0.
Pour en finir avec le catalogue sans
fin de BBE, nous vous avons dégoté
quelques informations exclusives
sur les précommandes participa-
tives du début d’année. Dans le dé-
sordre, nous aurons au programme
C’est la rentrée à l’asile avec une
belle moisson de nouveautés.
Avec Sabbat pour Vampire la
Mascarade, vous saurez tout sur
cette faction qui a perdu la place de
grand antagoniste de la Camarilla
depuis la montée en puissance
des Anarch’. Taroticum et autres
contes est un recueil de scénarios
pour Kult : Divinité Perdue. Moins
sombre (encore que l’espace soit
un environnement bien noir), la
Division des Opérations pour Star
Trek offre pléthore d’informations
et options sur les ingénieurs de
le prochain cosm de Torg Eternity, à
savoir le royaume médiéval fantas-
tique d’Aysle ; plusieurs ouvrages
pour L’Ombre du Seigneur Démon,
dont un supplément de règles, un
supplément géographique (L’Atlas
de Rûl) et des scénarios ; et enfin
la toute nouvelle édition de Fading
Suns dont la VO est éditée par
Ulisses North America, qui s’an-
nonce comme une mini-gamme
plutôt bien fournie (livre du joueur,
livre du MJ, livre consacré à l’univers,
trois Imperial dossiers, un écran et
divers matériels de jeu).
Starfleet. Terminons avec Auberges
Remarquables, au nom explicite.
Tous ces ouvrages feront l’objet
d’une critique en bonne et due
forme dans notre prochain numéro.
À noter que les Risque-Tout
et Forbidden Lands sont arrivés
comme prévu, nous vous en par-
lons plus loin dans ce numéro.
La prochaine grosse sortie, c’est
la nouvelle édition de Maléfice, l’un
des plus anciens jdr français. Le
jeu est enfin sous presse et devrait
être livré avant noël. Nous ne man-
querons pas de vous en reparler !
OBHÉA
Futur chargé
En attendant le livre de base
d’Imperium 5, Obhea s’est fait plai-
sir avec une grosse boîte rouge au
design évocateur destiné à conte-
nir le kit de démarrage, les scéna-
rios mais également les bd réali-
sées spécialement pour le jeu par
le dessinateur GeyseR.
Autre projet dans la même veine
nostalgique, celui de livrets de
scénarios/ modules dans la droite
lignée de ceux édités pour ce bon
vieux D&D. Le but est de proposer
ces modules compatibles 5E au plus
proche de son modèle d’origine. Un
livret souple de 16 à 20 pages, noir
et blanc, volontairement basse qua-
lité avec une couverture couleurs
non agrafée pouvant facilement
servir d’écran. Le tout pour un prix
modique envisagé d’une douzaine
d’euros et distribué en boutique.
Grecka se situe dans l’univers
des romans éponyme de l’autrice
Lysiah Maro. Il se déroulera plus
précisément plusieurs dizaines
d’années après la conclusion de la
trilogie dont seuls deux volumes
sont parus à ce jour. Après avoir
irrémédiablement endommagé la
Terre, l’humanité part en exil dans
l’espace pour s’établir sur la planète
Grecka. Mille ans plus tard, les hu-
mains recommencent leurs erreurs,
mais cette fois la principale concer-
née semble ne pas vouloir se laisser
faire. L’ambiance est celle du planet
opera à tendance écologique, donc !
En prenant ses distances avec les
romans, le jeu entend développer
des thématiques et ambiances
qui lui seront propres. Les PJ pour-
ront s’adonner à la diplomatie, à
l’espionnage mais aussi à la décou-
verte géopolitique, afin de prévenir
d’éventuels dangers les humains et
la planète. Le jeu sera axé sur l’ini-
tiation avec plusieurs niveaux de
jeux et scénarios allant de l’aven-
ture solo façon Livre Dont Vous Etes
Le Héros jusqu’à des parties maîtri-
sées par un MJ en passant par des
sessions sans MJ. L’embarquement
pour Grecka devrait se faire par un
financement participatif en début
d’année prochaine.
Autre salle, autre ambiance avec
Wallow wide illustré par le même
GeyseR cité plus haut. Nous partons
au 20ème siècle dans le comté fictif 7ème épisode pouvant servir de
de Fermont dans le Wyoming. Les Cliffhanger pour une éventuelle sai-
PJ devront résoudre des enquêtes son 2. Côté système, il utilise le
liées à leur background dans une moteur hispanique Hitos, tout en
ambiance western moderne proche incluant une mécanique maison à
des séries d’enquêtes moderne base de cartes révélées en simulta-
comme Banshee. Le jeu sera d’ail- nées pour la résolution de certaines
leurs divisé en 6 épisodes pour des actions. Un épisode zéro est atten-
parties de 3 à 5 h, avec un possible du fin novembre avant un finance-
ment participatif début 2023.
Lunes est un jeu de 78 cartes pour
faire découvrir le jeu de rôle sans
en avoir l’air. Il invite les joueurs
à incarner des personnages pré-
sents sur les cartes et à réagir à
des scénarios qui se construisent
à la volée. Les cartes conclusives
inviteront les joueurs à prolonger
l’expérience en découvrant le jeu de
rôles par l’intermédiaire de certains
éditeurs du marché. Financement
entre fin d’année et début d’année
prochaine.
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VERSION FRANÇAISE

BLACK BOOK ÉDITIONS/MUTANTS & MASTERMINDS

Le plein de super
La très attendue traduction de tarder. C’est la version remaniée et et de nouvelles options de races et
Profils de pouvoirs est actée. Ce collector de 2019 qui a été choi- de classes. Complots et combats
supplément, complément indis- sie. La VO a dépassé les six-cents vicieux sont au programme, vu les
pensable du livre de règles, est déjà pages et propose de nombreuses adversaires qu’il faudra affronter.
disponible en PDF via la précom- options. Espérons que les hommes De quoi les conduire jusqu’au ni-
mande. La version papier sera dis- en noir ambitionnent d’égaler le veau quinze et au-delà !
ponible dans quelques mois. Il dé- succès de l’époque. Cette méta-
cline trente catégories de pouvoirs, aventure sera compatible avec
avec une vingtaine d’exemples tous les systèmes tournant sur la
complets à chaque fois. Il faut dire 5E, dont leur récente itération mai-
que l’exercice de création d’une son, Rôle’n Play. Elle proposera en
capacité héroïque est souvent as- outre un bestiaire des profondeurs
sez technique. Avec ce livre, tout
le travail est prémâché, il ne reste
plus qu’à le fignoler un peu si vous
êtes perfectionniste. Il contiendra
aussi des références au futur Guide
du MJ, qui sera le prochain sur la
liste de traduction de la gamme.
L’éditeur indique que la maquette
VF de ce dernier sera finalisée d’ici
l’impression de Profils de pouvoirs.
Une autre terrible menace refait
surface avec L’Ascension des Drows,
mythique campagne pour D&D
dont le financement ne devrait plus

DYSTOPIA/CITÉS ABÎMÉES 404 EDITIONS/LE SEIGNEUR DES ANNEAUX

De mystérieuses cités Et un anneau

On doit déjà à ce petit éditeur deux unique… de plus
très beaux jeux de rôle expérimen- 404 Editions est l’éditeur d’une
taux (mais parfaitement fonction- large collection d’Escape Books
nels) publiés par son label Jydérie, dont nous vous avons déjà parlé
Bois-Dormants et la Cité des Nuages. dans l’étagère. Il a aussi à son ac-
Il remet le couvert avec Citée abî- tif plusieurs boîtes d’initiation au
mée, en financement participatif, JdR. La collection vient de s’enri-
par Côme Martin (dont on a récem- chir d’un nouveau volume et pas
ment pu apprécier la campagne des moindres, puisqu’il s’agit du
Seul avec Tous pour Wastburg). Des Seigneur des Anneaux ! Le coffret
voyageurs pénètrent dans une une comprend des cartes, un écran,
cité art nouveau… La suite est dictée des fiches de personnage et un
par un système de cartes à jouer. Au livret avec pas moins de quatre
vu du passif de l’auteur, nous pou- scénarios. Son principal argument
vons nous attendre à une narration de vente est son prix très attractif,
partagée et bac-à-sable. Réponse qui en fait un produit d’appel pour
bientôt, puisque la ville ouvrira ses notre loisir pertinent, surtout sur
portes en décembre ! un thème aussi porteur.
KOBOLD ÉRUDIT/BOURGS & CITÉS MÉMORABLES

Master 2 en architecture
Bourgs & Cités mémorables est un
gros supplément siglé 5E mais qui
peut être utilisé pour n’importe quel
jeu médiéval-fantastique. En effet,
à part les statistiques des PnJ, tout
le reste est universel. Au fil de ses
450 pages ( !), cette gigantesque
boîte à outils a l’ambition de faire
de vous des barons Haussmann
accomplis. Ce pavé contient des
chapitres consacrés aux différentes
communautés urbaines, du simple
comptoir commercial à la capitale
royale. Leur création, quelle que soit
la taille visée, se fait en quelques
étapes simples et didactiques.
L’ouvrage propose en outre des in-
trigues pour faire vivre vos villages
et cités. De nombreuses commu-
nautés pré-générées sont aussi
fournies, que vous pourrez com-
pléter ou utiliser telles quelles dans
vos parties. Plusieurs bonus (fiches,
plans…) ont déjà été débloqués.

TERRES ÉTRANGES/SOMBRE

Ça sent le souffre
Pour le 666e numéro de Sombre, l’auteur
s’intéresse enfin aux démons. Pour rappel,
Sombre est un JdR périodique qui propose
de jouer à se faire peur comme au cinéma.
Il distille dans ce numéro d’enfer des règles
et des conseils pour son système Sombre
Classic à destination de vos invocations,
pactes et exorcismes. Il expose un pano-
rama sulfureux de l’Enfer et un catalogue
de douze démons prêts à mettre le feu à
vos tables. Crucifix inversé sur le gâteau, il
LES XII SINGES/CTHULHU HACK
propose un scénario inspiré d’une légende
du grand écran, l’Exorciste.
Scipion profite de l’occasion pour sor-
tir un onzième hors-série toujours sur
ce thème infernal. Il revient sur sa vision
très personnelle des neuf cercles d’en
bas, au travers de cinq comptes-rendus
de parties. Il propose, comme à l’accou-
tumée, des aides de jeu pour les numé-
ros précédents, dont de nouvelles cartes
pour le scénario du HS N°4.

À faire froid dans le dos

La dernière production cthul-
huèsque de l’éditeur, La Lisière,
vient d’être financé. Elle s’arti-
cule autour de deux ouvrages
indissociables.
Le premier est un guide de Salem,
ville tristement célèbre pour ses
procès de sorcières en 1692. Cette
cité, qui n’est pas fictionnelle
comme nombre de celles ayant
servi de décor au Mythe, dévoile
ses quartiers et ses environs. Ce
premier livre révèle les sombres
secrets qui s’y cachent, inextrica-
blement liés au terrible passé de la
région. Les paliers de souscription
ont permis de l’améliorer, avec no-
tamment des scénarios et synopsis
supplémentaires et des galeries de
personnages pour faire vivre tous
les recoins de la ville.
Le second ouvrage est une cam-
pagne. Les PJ vont devoir arrêter le
rituel d’un culte de sorciers né des
événements de 1692. Comme d’ha-
bitude, elle s’accompagne d’ac-
cessoires et d’aides de jeux aussi
nombreuses que belles (écran,
guide touristique, plans XXL, aides
de jeu prête à l’emploi…). Il faudra
malheureusement être patient, car
la sortie n’est prévue que fin 2023.

Olivier Halnais, Slawick Charlier, SLM et Marc Sautriot

ACTUALITÉS | 23
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
24 | ACTUALITÉS
Finance
Une fois n’est pas coutume,
nous n’allons pas parler
publication mais finance, car
l’événement n’est pas anodin.
Embracer Group, propriétaire
entre autres d’Asmodée, vient
de se payer rien moins que
Middle-Earth Enterprises pour
un montant inconnu – l’achat
fait partie d’un package de
8 entreprises pour un total
de 780 millions d’euros.
Rappelons que Middle-Earth
Enterprises ne gère « que » les
produits dérivés du Seigneur
des Anneaux, l’œuvre littéraire
restant la propriété de Tolkien
Estates. L’impact sur le jeu
de rôle est difficile à estimer,
sachant que la VO publiée
chez Free League est traduite
en français par Edge Studio,
propriété de… Asmodée.
À suivre…
NOUVELLES D'AILLEURS
La rentrée est toujours propice aux annonces en tout genre, et
cette année ne fait pas exception. Comme vous le remarquerez,
les grosses licences ont définitivement la côte, et accueillent
même un nouveau million seller sur Kickstarter, rien de moins !
Andrew McMeel
Oz n’est pas encore un setting 5E
de plus : c’est la nouvelle création
d’Andrew Kolb, auteur de Neverland.
Après Peter Pan, il s’attaque donc au
Magicien d’Oz. L’environnement est
cette fois urbain. Pour s’échapper
d’Emerald City, les PJ vont devoir par-
courir ses quatre districts et naviguer
entre ses différentes factions.
Catalyst Game Labs
2022 fut l’été des conclusions pour
l’éditeur américain. Si un grand nombre
de projets annoncés pour ces derniers
mois n’ont pas encore été publiés, en
partie du fait des aléas liés à l’impres-
sion et au transport des ouvrages, les
anglophones ont pu mettre la main sur
Violent Shadows et Seven Breaths. Ils
concluent la saison 9 des Shadowrun
Missions, des scénarios initialement
joués en convention et tournant autour
des yakuzas – notamment décrits dans
le supplément Menaces Imminentes, ac-
tuellement disponible en pack précom-
mande chez BBE. Ils sont néanmoins
suivis d’une saison 10 appartenant au
même arc narratif ayant pour cadre com-
mun la ville de Neo-Tokyo. La publication
de ces scénarios étant en retard de plu-
sieurs années sur le jeu en convention,
par suite d’un rythme de publication très
erratique, le doute subsiste sur l’éven-
tuelle publication du reste de l’intrigue…
C’est une conclusion plus définitive
qui attend les lecteurs de la trilogie
ACTUALITÉ (VO)
romanesque Blackbird. Succédant à Base
of Fire et Combined Exercise, Hollow
Point clôture cette saga militaire et histo-
rique ayant retracée l’histoire du Sixième
Monde au travers les yeux d’un habitant
des Nations des Américains d’Origine.
Sans trop en révéler, sachez toutefois
que ce dernier volet s’inscrit directement
dans une partie des événements décrits
dans le supplément de contexte Noir
Total (disponible en français).
Chaosium
À l’occasion des quatre ans du décès
de Greg Stafford, Chaosium démarre
une nouvelle collection, Chaosium
Archival Collection. Le premier tome
est consacré à The Stafford House
Campaign, la campagne dont se ser-
vait l’auteur de Runequest pour ses
playtests. C’est servi « dans son jus »
tant sur le fond que la forme dans un
document de 84 pages disponible en
PDF ou POD. Les deux premiers cha-
pitres sont disponibles gratuitement.
Toujours pour Runequest, Weapons &
Equipment se passe presque de com-
mentaires. Presque, car il contient
aussi un chapitre sur le transport avec
des règles sur les animaux de bât,
ainsi qu’un autre permettant aux PJ
de devenir propriétaires terriens – avec
ce qu’il faut pour acheter des terres et
construire puis améliorer une propriété.
La sixième édition de l’autre Grande
Œuvre de Stafford, Pendragon, approche.
Un quickstart est d’ores et déjà dispo-
nible. En 28 pages, il propose un condensé
des règles, un scénario et des prétirés. Le
livre de base est prévu pour début 2023.
Côté Cthulhu, le prochain supplé-
ment est sobrement intitulé Regency
Cthulhu. Il propose de transporter
le mythe dans l’Angleterre de Jane
Austen, c’est-à-dire entre la fin du
XVIIIe et le tout début du XIXe siècle.
Chaosium a aussi annoncé un nouveau
jeu, et non, il ne s’agit pas de Rivers of
London, toujours en développement,
dont nous avons déjà parlé ! Lord of the
Middle-Sea est inspiré d’un jeu de pla-
teau de Lynn Willis publié par Chaosium
en 1978. Les joueurs incarnent des aven-
turiers et explorateurs qui font de leur
mieux pour survivre dans les ruines
d’une Amérique post-apocalyptique
et sous les eaux. Le livre de base sera
accompagné d’un écran et d’un supplé-
ment de contexte. Sans surprise, le tout
sera motorisé par le Basic System.
CMON
Après avoir racheté trois jeux à
RiotMinds, l’éditeur jusqu’ici plus
connu pour ses jeux de plateau a
annoncé l’arrivée en jdr d’une grosse
licence, Assassin’s Creed. Rappelons
que cette série de jeux vidéo d’Ubi-
soft narre la guerre de la Confrérie des
Assassins et des Templiers à travers les
âges, chacun ayant la capacité de s’in-
carner dans une période de l’Histoire.
Le jeu sera développé par rien moins
que Francesco Napitello, l’auteur de
The One Ring, et devrait sortir en 2023.
Mais peu importe la date de sortie
quand on voyage dans le temps, non ?
Cubicle 7
Warhammer est plus que jamais la li-
cence-phare de l’éditeur. On commence
avec Soulbound et le supplément Steam
and Steel. Vous y trouverez un catalogue
et toutes les règles de construction des
équipements Aetheric, des armes aux
vaisseaux de guerre. Le supplément
suivant de la gamme, Blackened Earth,
est une campagne qui se déroule dans
la cité de Greywater Fastness.
Côté Warhammer canal historique,
Empire in Ruins, le cinquième et der-
nier volet de la campagne de l’Ennemi
Intérieur nouvelle version, est enfin dis-
ponible, de même que son compagnon,
en version standard ou dans un coffret
collector réunissant les deux ouvrages.
Direction le futur avec Wrath & Glory.
Vow of Absolution est un supplément
consacré au chapitre de Space Marines
des Absorvers. Il propose de nouvelles
options pour les joueurs, des règles
pour le MJ et une campagne.
Curieuse surprise, Warhammer 40k va
connaître une nouvelle déclinaison avec
Imperium Maledictum, qui serait à Wrath
& Glory ce que Warhammer Fantasy
Roleplay est à Soulbound. Ses règles sont
ainsi basées sur le système d100. Les
joueurs incarnent des agents d’une puis-
sance de l’Impérium, dans des aventures
orientées enquêtes. Le jeu est par ail-
leurs centré sur un secteur spécifique de
la vaste galaxie 40k, le Macharian Sector.
Avec tout ça, il reste même de la place
pour une nouvelle gamme intitulée
Broken Weave. Dans cet univers médié-
val-fantastique sans système annoncé
pour l’instant, les dieux sont morts,
les terres fragmentées et le monde a
oublié ce qu’il était autrefois. Sortie
quelque part en 2023.
Design Mechanism
Deux suppléments bien intéressants
sont annoncés pour les prochaines se-
maines pour Mythras. Le premier, Mythic
Polynesia, se passe de commentaires.
Factions propose de son côté tout un sys-
tème pour créer et gérer des factions. De
quoi donner une autre dimension au jeu.
Plus spécifiquement pour Mythic
Britain, Gwynedd est une campagne
centrée sur le personnage éponyme.
Annoncée depuis un moment, elle
devrait enfin être disponible prochai-
nement. Même situation pour le Book
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Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
26 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
of Schemes, avec malheureusement
guère plus d’informations, si ce n’est
son sous-titre : Intrigue, Treachery &
Romance in Guelden.
Enfin, The Predestination Engine
and Other Stories est un recueil de six
scénarios pour Casting the Rune, le jdr
adapté des écrits fantastiques de M. R.
James et motorisé par le Gumshoe (le
système de Trail of Cthulhu).
Exalted Funeral
C’est probablement l’adaptation la
plus what the fuck de ces dix dernières
années au moins. L’éditeur de Mork
Börg va en effet transformer en jeu de
rôle l’univers des Monty Python – il y
aura du Sacré Graal mais pas que, le
jeu s’inspirant en grande partie de la
période télévisuelle du groupe. Le nom :
Monty Python’s Cocurricular Medieval
Reenactment Programme A Roleplaying
Game No it aint’t. Ce qui n’a pas empê-
ché le financement de démarrer très fort,
dépassant le million en quelques heures.
Il faut dire que celui-ci comprend LE bo-
nus tueur, un mini-jeu à base de lancer
de meeple-vache. Tout un programme !
Plus modestes, mais pas inintéres-
sant pour autant, sont déjà dispo-
nibles Slasher et Paranormal. Il s’agit
de deux petits jeux pour deux joueurs
à la fois collaboratif dans la construc-
tion de l’histoire et compétitif dans ce
que chacun incarne, un tueur et un ado
innocent pour le premier, un esprit et
un chasseur pour le second.
Free League
Publishing
Alors que la nouvelle édition de The
One Ring est désormais disponible en
VO, Free League, qui a récupéré le jeu et
la licence, relance la version 5E du jeu.
Elle est désormais intitulée The Lord of
the Rings Roleplaying, et se compose
d’un unique ouvrage de base complété
d’un premier recueil de scénarios, Shire
Adventures.
Et puisqu’on parle de The One Ring,
le premier supplément vient d’arriver.
Ruins of the Lost Realm propose un
contexte et un cadre de campagne cen-
tré sur l’Eriador.
L’acclamé Vaesen, qui vient de sortir
en VF, s’est aussi enrichi d’une nou-
veauté, Mythic Britain & Ireland. Tout
est dans le titre, mais précisons néan-
moins qu’il comprend trois nouveaux
mystères pour patienter en attendant
le recueil de scénarios qui doit accom-
pagner cet ouvrage.
Changement drastique d’ambiance
avec Twilight 2000. Le jeu militaire se
déplace désormais en ville avec Urban
Operations. Il s’agit d’une grosse boîte
comprenant un livret de règles, des
cartes de rencontre et tout un tas de
cartes géographiques. Sortie physique
début 2023, mais le PDF est disponible
immédiatement avec la précommande
sur le site de l’éditeur.
Et on pousse encore un peu plus
dans le futur avec Heart of Darkness
(déjà disponible). Il s’agit de la pro-
chaine campagne en mode cinéma-
tique pour Alien. C’est une mission qui
rapporte beaucoup et est tout ce qu’il
y a de plus simple, cataloguer un nou-
vel organisme, identifier ses usages
pour la Compagnie, et le ramener.
Évidemment… Heart of Darkness clôt
une trilogie entamée avec Chariot of
the Gods et Destroyer of Worlds. Il en
conserve le format boîte avec livret,
plans, cartes, prétirés et aides de jeux.
Full Moon
Enterprises
L’éditeur de Shotguns & Sorcery, adap-
tation du comics du même nom avec le
Cypher System, remet le couvert, mais
cette fois-ci en 5E. L’ouvrage est cette
fois sous-titré The Sourcebook, mais il
s’agit bien du livre de base de la gamme
dans cette version – si l’on excepte bien
entendu le Player’s Handbook ou le SRD
D&D5 requis pour l’exploiter.
WEEKEND WARRIORS par Tod & Anthony Calla
Goodman Games
De nombreuses aventures cet au-
tomne chez GG avec la précommande
de The Hunt for the Howling God
(niveau 1) pour la nouvelle série de
DCC Empire of the East. La sortie de
#8 Night of the Bog Beast pour DCC
Horror tombe à pic pour Halloween.
C’est une treizième aventure qui
paraît pour DCC Lankhmar avec #13
Treachery in the Beggar City (niveau
3) et une treizième également pour
Mutant Crawl Classics avec #13 Into
the Glowing Depths.
On découvre les scénarios #21 et
#22 pour Fifth Edition Fantasy, le
premier pour de l’exploration en
extérieur avec The Cursed Crones
of the Enchanted Grove (niveau
1) et Caverns of the Sea Strangers
(niveau 6) dispo en précommande.
Enfin, l’adaptation de Monsters
& Magic of Lankhmar pour la 5e
a largement été financée sur la
plate-forme Indiegogo. Et comme
toujours, quelques nouveaux sets
de dés pour DCC sont disponibles.
Green Ronin
Depuis quelques années, tout le
monde y va de sa Cthulhuterie, et
Green Ronin ne fait pas exception
avec Cthulhu Awakens. Il s’agit
d’un jeu autonome motorisé par le
système AGE. Sa particularité est
de couvrir une période allant des
années 1920 à nos jours et sobre-
ment intitulée The Weird Century.
Le jeu a été financé en début d’an-
née et les précommandes viennent
d’ouvrir pour ceux qui l’auraient
loupé. Sortie en approche, donc.
La gamme Mutants and
Masterminds 3e édition a déjà bien
vécu, mine de rien. Avec plusieurs
ouvrages épuisés, dont le livre de
base, il était temps pour Green
Ronin d’envisager des réimpres-
sions via un financement participa-
tif (en cours au moment de rédiger
ces lignes). Deluxe Hero’s Handbook,
Gadget Guides et Power Profiles
sont les premiers ouvrages concer-
nés, mais d’autres suppléments
pourraient suivre selon le succès du
financement. Côté inédit, The Guide
to Starhaven est un supplément de
76 pages disponible en PDF et POD
entièrement consacré à la colonie
installée sur Europa et jusqu’ici tout
juste mentionnée dans le supplé-
ment The Cosmic Handbook.
Le Ronin Vert inaugure une nou-
velle série de petits suppléments
pour The Expanse qui exploreront
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
différents types de personnages de
cet univers hard science. De nou-
velles options, des règles pour leur
faire vivre leur activité, des idées
d’intrigue… Bounty Hunters ouvrira
le bal très prochainement.
Lostlorn Games
La boite du mythique Mark*Rein
Hagen a lancé le financement de
son nouveau jeu, Badlander. Cet uni-
vers dark fantasy entre médiéval et
renaissance mélange exploration et
horreur. Le financement a malheu-
reusement été arrêté faute de suc-
cès, comme quoi un grand nom ne
fait pas tout. Mais on nous promet
un retour bientôt ; à suivre donc !
Mana
Project Studio
Nous avions déjà annoncé le pro-
jet d’adaptation de Cowboy Bebop,
le célèbre animé, adaptation qui a
titillé la fibre de plus d’un fan. Eh
bien c’est officiellement en route,
le financement, qui porte sur le
livre de base (standard et collec-
tor, en anglais et italien), un écran,
des dés et des jetons, étant lancé.
Inutile de dire que c’est déjà un
succès. La bonne nouvelle, c’est
ACTUALITÉS | 27
28 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
que Mana Project Studio annonce
au passage qu’une VF sera réalisée
par Don’t Panic Game ! Financement
séparé prévu en 2023. Pour ceux qui
ne connaissent pas, rappelons que
Cowboy Bepop prend place dans un
système solaire où l’humanité a quasi-
ment abandonné la Terre. Les joueurs
incarnent des chasseurs des prime
dans une ambiance de western spatial.
Marvel
Entertainment
Peu d’informations supplémentaires
sur Marvel Multiverse Role-Playing
Game, si ce n’est une date de sortie, ce
qui n’est déjà pas si mal. Ce sera donc
pour juin 2023. Le livre de base sera
accompagné dès le mois suivant d’une
campagne, The Cataclysm of Kang.
Mask GdR
Mask est un nouveau JdR italien
d’urban fantasy dans lequel les person-
nages sont enrôlés par MASK, une orga-
nisation qui défend le monde contre les
dangers paranormaux. Les PJ portent
des masques représentant des icônes
de la pop culture et qui ont des pou-
voirs extraordinaires. Ces masques sont
toutefois dangereux, les personnages
pouvant devenir fous en les utilisant. Le
jeu utilise un système inspiré des MOBA
(multiplayer online battle arena). Sa date
de publication n’est pas encore connue.
Modiphiüs
Modiphius ne chôme décidément pas
cette année.
Le très sympathique Liminal, version
anglo-saxonne et plus ramassée du
Monde des Ténèbres, vient de s’étoffer
d’un supplément de 64 pages sur les
loups-garous intitulé tout simplement
Werewolves of Britain.
Mission Dossier 1: Behind Ennemy
Lines, pour Achtung! Cthulhu, re-
groupe cinq scénarios précédemment
disponibles au format électronique,
plus un inédit. Operation Ultimatum
est un scénario PDF gratuit qui a servi
à l’actual play diffusé pour le premier
anniversaire du jeu dans sa version
2d20. Assault on the Fuhrer Train est
une grande aventure de 50 pages dont
le titre dit tout et qui peut servir de pré-
quel à la campagne Forest of Fear. Cette
dernière vient d’ailleurs de démarrer ;
elle est d’abord publiée au format PDF
par épisode et se déroule pendant la
dernière partie de la guerre, à partir de
D-Day. La suite de la gamme emmène-
ra les PJ sur le front d’Afrique du Nord
avec The Serpent and the Sands, un
épais supplément qui contient à la fois
du contexte et une campagne.
Modiphius étend aussi ses parte-
nariats. Il publiera ainsi Iron Sworn:
Starforged, qui n’était jusqu’ici dispo-
nible qu’aux participants du kickstarter.
Starforged est une déclinaison futuriste
de l’acclamé Iron Sworn. Sa particularité
est de proposer trois modes de jeux, un
classique, un mode collaboratif sans
MJ et un mode solo. Seront ainsi dispo-
nibles le livre de base de 400 pages sous
couverture rigide, un guide de référence
avec reliure spirale (beaucoup plus pra-
tique à consulter en partie, mais pour-
quoi personne n’y avait jamais pensé
avant ?) et des cartes d’état.
Against the Faerie Queene (Oui oui, il
y a bien un e à Queene) est une cam-
pagne pour le récent Legend of Avallen.
Autrefois un modèle pour son peuple,
la Faerie Queene revient corrompue.
Les cinq scénarios seront l’occasion
de comprendre les raisons de sa dé-
chéance et déjouer ses machinations.
La campagne est aussi compatible 5E,
avec de nouvelles règles inspirées de
Legend of Avallen. Le financement,
réussi, comprend aussi un art book et
un paquet de cartes.
Les deux derniers suppléments pour
Conan sont disponibles. The Shadow
of the Sorcerer envoie les PJ aux quatre
coins du monde arrêter un rituel. The
Age of Conan propose des éléments de
règles et de contexte pour jouer dans la
version alternative de l’univers Conan
du MMO du même nom.
Nous avions déjà parlé du prochain sup-
plément pour Star Trek, Utopia Planitia,
qui ne devrait plus tarder. Il est complété
par un petit PDF gratuit, Shipwreck, qui
tourne autour des cimetières de vais-
seaux spatiaux. Il propose 10 exemples
de cimetières chacun avec leur accroche
d’aventure. Tous se situent à la période
de la série originelle, mais peuvent faci-
lement être adaptés à d’autres. Toujours
au format PDF, Native Soil est un scéna-
rio dans lequel les PJ découvrent que les
anciens habitants d’une planète n’ont
pas disparu mais sont placés en stase.
Problème : ils veulent maintenant récu-
pérer leur planète.
Infinity, l’une des plus anciennes
gammes de Modiphius, s’enrichit d’un
nouveau supplément. Ships of the
Human Sphere est un catalogue de
vaisseaux, avec tout ce qu’il faut pour
les customiser. Il complète Hypercorps,
le supplément sur les corporations qui
dominent l’Human Sphere, dont nous
avons déjà parlé et qui est enfin arrivé.
C’est aussi le cas de Homeworld:
Revelations. Cette adaptation de la sé-
rie de jeux vidéo du même nom est cen-
trée sur l’exploration spatiale. Le livre
de base est accompagné d’un écran et
d’un set de dés.
En attendant le prochain supplément
pour Dune, voici Desert Flower, une
aventure disponible au format élec-
tronique dans laquelle les PJ doivent
organiser une exposition artistique sur
Arrakis. Mais sur la planète de sable,
rien ne se passe jamais comme prévu…
Et avec tout ça, il reste encore de la
place (et de l’énergie) pour lancer The
Radiance Adventure Engine, dont le fi-
nancement vient d’être acquis. Il s’agit
d’un système de jeu en solo à utiliser
conjointement avec n’importe quel jeu.
La boîte de base comprend un livret
d’instruction, des jetons et des cartes
format tarot. Ont aussi été financés
un pack de neuf mini-extensions sur
des genres et thèmes variés, et deux
extensions-variantes supplémentaires.
The Shine Storytelling permet de trans-
former les parties en parties écrites.
The Luminous Campaign Engine est un
outil pour enchaîner les parties sous
forme de campagne. Il peut aussi s’uti-
liser indépendamment, comme outil de
construction de campagne à la volée.
Et en bonus, How to Play with your Cat
exploite la nature imprévisible de votre
compagnon à poils. Remplacer les dés
par un chat, il fallait y penser !
Mongoose
Publishing
L’éditeur britannique a annoncé une
nouvelle édition de Paranoïa. La pré-
cédente était bien entendue parfaite,
celle-ci le sera encore plus… comme
toutes les précédentes, non ? Le finan-
cement est en cours pour une sortie en
juin/juillet 2023.
Côté Traveller, The Spinward Extents
est un gros ouvrage qui décrit deux
nouveaux secteurs situés aux confins
de l’univers connu. High Guard, la
boîte à outils pour créer et opérer des
vaisseaux spatiaux de toutes tailles,
revient dans sa version “Mise à jour
2022”. La mise à jour suivante sera le
Central Supply Catalogue, mais comme
la version imprimée n’est que pour
l’année prochaine, elle est cette fois
étiquetée Update 2023. Core Adventure
3: Errant Lighning est un scénario cen-
tré sur une planète fortement inspirée
de Dune. C’est déjà le troisième volume
d’Aliens of Charted Space, avec cinq
nouvelles races au programme. Enfin,
Tools for Frontier Living est un épais
catalogue d’équipements pour l’uni-
vers 2300 A.D.
Monte Cook Games
The Weird est un curieux catalogue.
Il propose de vastes listes de PNJ,
ACTUALITÉS | 29
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
30 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
monstres, lieux, équipements,
événements classés par niveau…
d’étrangeté. Le tout est agnos-
tique des règles et de l’univers et
donc exploitable avec n’importe
quel jeu. Le financement, déjà ac-
quis, s’est fait conjointement avec
un supplément pour Numenéra,
the Glimmering Valley. Il contient
la description d’une petite région
pouvant se situer n’importe où
et idéale comme point de départ
d’une campagne.
Toujours dans le générique, The
Darkest House est une déclinaison
du thème de la maison hantée. La
particularité du supplément est de
permettre d’insérer cette maison
dans n’importe quel jeu ou cam-
pagne. La maison doit être grande,
le supplément atteignant les 296
pages. Chaque pièce est associée à
un QR Code qui permet de récupé-
rer directement des plans et illus-
trations de ce qui s’y trouve, pour
être partagés avec les joueurs.
Nosolorol
On quitte un peu les terres anglo-
phones pour celles hispaniques de
l’éditeur NoSoLoRol. Il se prépare
en effet une nouvelle édition du
mythique jeu espagnol Aquellare,
WEEKEND WARRIORS par Tod & Anthony Calla
dont nous vous avons brossé le
portrait dans le précédent numéro.
Cette édition, sous-titrée Melifica
Trinitas, se découpera en trois ou-
vrages, un de règles, un d’univers
et un bestiaire. Cela semble aussi
riche que magnifique : on veut une
VF !
Onyx
Path Publishing
Onyx Path poursuit la réédition
des jeux du MdT avec Hunter: The
Vigil 2nd edition. On ne joue plus
des monstres cette fois mais des
chasseurs de monstres. Le livre de
base a l’avantage d’être nettement
plus compact que la moyenne des
rééditions du WoD, avec “seule-
ment” 316 pages au compteur.
Sorcerer, pour Mage M20, s’inté-
resse à une catégorie bien parti-
culière de Mages. Bien loin des
conflits qui opposent les diffé-
rentes clans… pardon, maisons, les
sorciers s’intéressent surtout à leur
pouvoir personnel.
Masks of the Mythos introduit
un panthéon bien particulier dans
l’univers de Scion, celui du Mythe
de Cthulhu. Quelques villes de la
Vallée de Miskatonic sont aussi
décrites. La réédition de la gamme
principale arrive elle à son terme,
puisque Scion God vient d’être lar-
gement financé.
Novas Worldwide est un recueil
de trois scénarios pour Trinity
Continuum: Aberrant. Au pro-
gramme, apprendre à équilibrer
vie de super-héros et notoriété
publique, se lancer dans une opé-
ration de sauvetage aux côtés
d’alliés inattendus ou se confron-
ter aux désirs parfois assourdis-
sants des humains d’acquérir des
super-pouvoirs.
Open
Sesame Games
Vous ne rêvez pas, l’éditeur fran-
çais est bien dans la section VO !
Il vient en effet d’annoncer une
adaptation rôlistique du jeu vidéo
Northgard, dont il avait déjà assuré
une version jeu de plateau. Dans ce
jeu de stratégie, un clan viking doit
s’établir dans une nouvelle région.
Gestion, survie et lutte contre l’en-
vironnement sont au programme.
Il devrait être basé sur la 5E, avec
au moins deux ouvrages dont le
financement sera lancé au premier
trimestre 2023. L’histoire ne dit
pas s’il y aura aussi une VF en plus
d’une version anglaise.
Paizo
La campagne Blood Lords pour
Pathfinder continue d’arriver épisode
après épisode et se dirige vers son épi-
logue, prévu en décembre. En atten-
dant, Field of maidens, le 3e tome, est
arrivé en septembre et vous emmènera
dans une région inquiétante située à
la frontière sud de Geb où demeurent
les restes pétrifiés d’envahisseurs
de siècles passés. Tout y était calme
jusque-là. Trop calme… L’histoire se
poursuit dans The Ghouls hunger (sorti
en octobre) : devenus Seigneurs du
sang, les PJ vont se retrouver confron-
tés aux intrigues de pouvoir.
Autre sortie pour Pathfinder 2 dispo-
nible dès à présent : la très attendue
édition intégrale de la mythique cam-
pagne Kingmaker, révisée et adaptée
pour la 2e édition du jeu, que vous
trouverez aussi en édition spéciale avec
couverture en similicuir vert. L’éditeur
américain annonce une quinzaine de
nouveaux monstres supplémentaires,
et surtout « des centaines de pages »
de contenu supplémentaire pour aug-
menter la campagne elle-même. Pour
accompagner ce pavé, Paizo propose
également un Kingdom Management
Screen (un écran classique à 4 volets
au format portrait) et un Companion
Guide (également disponible en édition
spéciale). À noter qu’un Kingmaker
Bestiary est également sorti pour jouer
en 5E…
La prochaine sortie pour Pathfinder
Lost Omens sera Impossible Lands, qui
est annoncée pour novembre.
Du côté de Starfinder, la campagne en
trois épisodes Drift Crashers est arrivée
à son terme avec la sortie de Masters
of time and space. Et comme pour
Pathfinder, l’éditeur a décidé de publier
des campagnes en version intégrale :
vous trouverez donc Dead suns en un
seul volume, en édition standard et en
édition spéciale.
Pegasus Press
Si vous cherchiez une bonne raison de
vous (re)mettre à la langue de Goethe,
ne cherchez pas plus loin ! Pour les
adorateurs du Grand Poulpe, Die dun-
kle Saat propose une campagne d’ini-
tiation à ses sombres secrets en 203
pages sous la forme d’un long voyage
de l’Angleterre à l’île de Pâques, non
sans quelques détours du côté de
l’Égypte ou de l’Antarctique. Quant aux
plus casaniers, ils pourront se rapatrier
sur Hexagon der Alten, une campagne
de 6 scénarios dédiée à la gloire des
horreurs de l’Hexagone. Les plus fins
connaisseurs trouveront cependant un
air familier à l’un de ces scénarios qui
n’est autre que la traduction (et adap-
tation) de Glozel est Authentique ! un
scénario publié dans les années 80 par
Theatre of the Mind Enterprises. Pour
pallier aux investigateurs qui se “per-
draient” sur la route, 99 Verdammte
fournit 99 pré-tirés, de quoi voir ve-
nir, même pour les joueurs les plus
malchanceux.
L’éditeur ailé a également été par-
ticulièrement généreux envers les
Ombres. Kaleidoscope, une nouvelle
gamme consacrée à de courts PDF
(généralement moins de 10 pages) pour
Shadowrun a vu le jour. Au programme
de cette vague estivale, pas moins
d’une dizaine d’inédits explorant des
lieux rarement usités par la gamme
(une mine de sel dans Salzbergwerk
Heilbronn, le zoo de Deister-Tierwelt,
une école de magie dans Magie in
Heidelberg, le parc d’attraction Funpark
2082, l’internat pour gosses de riches
d’Internat Hohenstadt, la noblesse
d’Adelsbrevier), des thèmes mar-
ginaux (les animaux de compagnie
dans Haustier-Dossier, l’Urban Brawl
de Stadtkrieg WM), des factions (le
Policlub Pro Nobilis et les sorcières des
Harz dans Hexen im Harz) et même un
scénario en lien avec les perturbations
métaplanaires (Torpedos in der Nacht).
Tous ces PDF sont également regroupés
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Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
32 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
dans un recueil imprimé, sobrement in-
titulé Kaleidoskope. En plus de ces mi-
ni-suppléments numériques, l’éditeur a
par ailleurs gratifié les fans de l’un de
ses classiques. Sous le doux nom de
Schattengeschäfte, ce recueil regroupe
4 scénarios ayant pour thème commun
les M. Johnson (ou M. Schmitt, dans le
cas de leurs homologues allemands).
On notera que les runs proposés sont
souvent plus personnels que les tra-
ditionnelles missions corporatistes,
offrant parfois des objectifs relative-
ment originaux allant de la création de
miracle religieux au vol d’équipements
appartenant à des pompiers stars d’une
émission de télé-réalité.
Pelgrane Press
Si Pelgrane est surtout connu pour
ses jeux motorisés avec le GUMSHOE
(Trail of Cthulhu, Mutant City Blues…), il
a aussi produit des dérivés du d20 sys-
tèmes, en particulier 13th Age. Le jeu
n’a peut-être pas connu le succès qu’il
mérite, mais il a été acclamé par la cri-
tique. Bonne nouvelle, il connaîtra bien-
tôt une deuxième édition. Un playtest
est en cours, pour un passage par la
case financement participatif en 2023.
La très intéressante campagne
The Yellow King va avoir une suite.
Cassilda’s Song tourne autour de la
compétition qui se joue entre les deux
filles du Roi en Jaune, Cassilda et
Camilla, pour détruire la trame tem-
porelle. Sur la forme, elle se découpera
comme son prédécesseur en quatre ou-
vrages. Développement en cours sans
date de sortie annoncée pour l’instant.
Le livre de base de Swords of the
Serpentine, tout juste sorti des presses,
devrait bientôt être rejoint par Brough
to Light, un recueil de quatre scénarios
one-shot. L’objectif est de fournir un
panel aussi large que possible de ce
que le jeu peut proposer. Les PJ pour-
ront incarner des enfants, résoudre un
meurtre, éviter une guerre civile et faire
face à un juge corrompu.
Pinnacle
Entertainment
Group
Les prochains suppléments pour
Savage World viennent d’être financés.
Horror Companion est un supplément
de genre au titre explicite. Middle-
School est un setting dans la veine de
Stranger Things, par les créateurs de
East Texas University. Les deux ou-
vrages s’accompagnent de tout un tas
d’aides de jeu et accessoires, qu’il est
possible d’acquérir groupés dans deux
belles boîtes.
Deadlands Lost Colony, le spin-off
futuriste de Deadlands, va bénéficier
d’une campagne. Les six parties et 96
pages de Maw of Oblivion confrontent
les PJ à rien de moins que Famine, l’un
des cavaliers de l’apocalypse. Le livre
s’accompagne, comme souvent chez
Pinnacle, de divers accessoires.
Et puisque l’on parle de Deadlands,
signalons que PEG a réussi le finance-
ment participatif des deux premiers
volets d’une nouvelle adaptation en
BD, Rise of the Black Circle. Sur la page
du financement, on y apprend que le
Cackler, antagoniste majeur ayant déjà
fait l’objet d’une BD, reviendra cham-
bouler l’univers de Deadlands en 2023.
C’est raté en revanche pour Legend of
Ghost Mountain, qui devait inaugurer
un nouveau format de campagne auto-
nome pour Savage Worlds. Pas de pa-
nique, PEG revoit sa copie et relancera
un financement ultérieurement.
Côté licenciés, Greycoats est une
campagne de 60 pages pour Legion of
Liberty: Superheroes of 1776. L’aventure
se déplace cette fois en Europe où des
super-héros enrôlés l’armée anglaise
doivent combattre les troupes de
Napoléon. Raaah, ces français !
Plutôt rigolo, Unga-zoonga est un pe-
tit supplément de contexte pour jouer
dans une version cartoon de la préhis-
toire. Tout à fait, comme la Famille
Pierrafeu!
 Plus sérieux (encore que), Titan Effect
RPG: Declassified Edition est la nou-
velle édition d’un setting mi-espion-
nage mi-super héros. Le Super Powers
Companion est d’ailleurs requis, en
plus du livre de base de SWADE.
Quality Games
Deux nouveaux suppléments géogra-
phiques pour son excellente gamme
Lex Arcana sont désormais dispo-
nibles. Il s’agit de Italia, qui se consacre
donc au cœur de l’Empire, et Dacia and
Thracia, qui couvre quant à lui deux
régions situées à son extrême fron-
tière. Chaque ouvrage comprend du
contexte, des PNJ et des créatures et
des scénarios.
L’éditeur italien vient par ailleurs
de réaliser un nouveau financement
participatif, le troisième, pour publier
deux nouveaux ouvrages (en italien
et en anglais). Le premier, Britannia,
est un sourcebook consacré à la pro-
vince romaine la plus au nord. C’est
bien sûr l’occasion de mettre le pied
dans le mythe arthurien et de parler
de brumes, de secrets mystérieux et
de sorcières tout autant que de décrire
la ville de Londinium. Le deuxième
livre, Mysteries of the Empire II, est un
recueil d’aventures dont un scénario
qui achève de façon épique une grande
fresque commencée dans le tout pre-
mier scénario publié pour le jeu dans le
Quickstart. Le financement participa-
tif est un vrai succès avec plus de 800
souscripteurs à treize jours de la fin.
R.Talsorian
Cyberpunk continue tranquillement
mais sûrement son chemin. Tales of
the RED - Street Stories est (enfin !) un
recueil de neuf scénarios.
Raven Distribution
Cet éditeur italien a annoncé la publi-
cation d’une campagne officielle pour
Call of Cthulhu prévue depuis 1993, I
Segreti del Cremlino (Les Secrets du
Kremlin). Cette campagne se déroule
en Union soviétique. Il y est bien enten-
du question d’événements étranges et
de secrets anciens en Russie et au sein
même du Kremlin, qui expliqueraient
pourquoi de nombreux tsars et Staline
lui-même sont devenus fous. La cou-
verture et plusieurs autres illustrations
seront réalisées par le talentueux Paolo
Parente.
Dans un tout autre genre, Raven
a publié Six Bullets System (SBS) –
Spaghetti Western, un JdR officiel basé
sur les célèbres westerns spaghetti
avec Bud Spencer et Terence Hill. Le
jeu est un pavé de près de 500 pages
avec une couverture en faux cuir, et
comprend déjà un écran et une aven-
ture, Ravens on Rio Grande. Il existe
également une édition limitée qui
rassemble dans un fourreau ces trois
éléments ainsi qu’un poster représen-
tant la carte de la région où se déroule
l’aventure, reproduction d’une véri-
table carte conservée à la bibliothèque
du Congrès. Mention spéciale à l’illus-
tration du fourreau, Spencer et Hill
dans leurs rôles de Trinità et Bambino.
Le jeu est disponible en italien, anglais
et allemand.
Ringmail
Rascal’s guide to the dungeons est un
supplément OSR (prévu pour le SRD5)
de création italienne mais écrit en
anglais. Son auteur dit l’avoir écrit en
réaction aux déclarations de WotC vis-
à-vis de la prochaine édition de D&D,
selon lesquelles le jeu contiendra plus
de règles, plus d’options, plus de méca-
niques… Préférant un jeu plus simple, il
propose donc son “guide” en téléchar-
gement gratuit sur DrivethruRPG.
Tales for gamers
Medieval, tales from Europe est un
jeu décrivant de façon réaliste l’Europe
ACTUALITÉS | 33
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
34 | ACTUALITÉS
VERSION ORIGINALE
du Moyen-Âge. L’idée est de pouvoir
jouer des aventures variées, basées
sur des histoires populaires ou des
événements historiques, mais aussi
de pouvoir jouer dans des uchronies.
Deux quickstarters sont disponibles
en téléchargement gratuit. Le pre-
mier contient un scenario, The Relic of
Lindisfarne, et permet de se familia-
riser avec le jeu en incarnant combat-
tant, prêtre et paysan dans un huis clos
au sein de la fameuse abbaye qui sera
marqué par le non moins fameux raid
viking. Un second quickstart, Guide to
Esoterism, décrit la façon dont le sur-
naturel, les religions et la magie seront
traités dans ce jeu “réaliste”. Il propose
également un deuxième scenario fai-
sant suite à The Relic of Lindisfarne.
Le financement sur Kickstarter étant
un succès, ce jeu italien motorisé par le
SRD5 est prévu pour décembre 2023. Il
sera accompagné d’un écran et de deux
suppléments, The Curse of the Last
Templar, une grosse aventure (30 à 40
heures de jeu) qui commence par l’exé-
cution de Jacques de Molay et des der-
niers templiers ; et Foes and Dangers,
un petit supplément contenant des
tables de PNJ et de menaces diverses.
The World Anvil
Publishing
Cet éditeur italien lancera un nou-
veau crowdfunding sur Backerkit en
fin d’année pour financer son nou-
veau JdR, Dead Air: Seasons. Ce jeu
post-apocalyptique est focalisé sur
l’histoire des survivants, l’exploration
d’un monde changé à jamais, et sur le
tribut que la nature fait payer à l’huma-
nité après les événements déclenchés
par le Fléau. Ce dernier est apparu à la
suite de la création de Panacée, une
prétendue solution scientifique pour
remédier aux dégâts causés par l’hu-
manité aux écosystèmes de la planète.
Malheureusement, Panacée a conduit
l’humanité au bord de l’extinction, la
nature ayant décidé de reprendre ses
droits et le contrôle de la Terre. Un
quickstart est d’ores et déjà disponible
en italien et en anglais, et ceux qui se
seront enregistrés à cette occasion et
participeront au CF se verront offrir la
campagne The Daughter of the Blight.
Ulisses Spiele
L’éditeur allemand va enchaîner
les financements participatifs en
cette fin d’année. Le bal s’est ouvert
avec la suite de HeXXen 1733, son
très chouette jeu d’action baroque
fantastique. Après avoir traité le
sujet des sorcières, il était temps
que le jeu se penche sur le sujet du
diable et des démons avec ce nou-
veau triptyque qui nous est proposé :
Teufelsbann, le compendium pour les
Chasseurs, Teufelspackt, le grimoire
destiné aux meneurs de jeu, et la
boîte Condemnatio qui contient trois
aventures de taille moyenne pouvant
être jouées individuellement ou for-
mer une mini-campagne. Ce triptyque
sera complété de l’habituel CD de mu-
siques d’ambiance signées par l’ex-
cellent Ralf Kurtsiefer, Teufelstanz, et
par un nouveau type de supplément,
le Jägerbrevier, un petit livret avec
couverture en similicuir contenant des
nouvelles d’ambiance selon le format
éprouvé des Brevier de la gamme Das
Schwarze Auge (L’Œil noir).
La campagne de financement est éga-
lement l’occasion d’acquérir la toute
nouvelle boîte d’initiation, Der Herr der
Fliegen (Le Seigneur des mouches),
qui reprend le concept de celle de Das
Schwarze Auge. La boîte est donc très
complète et comprend quatre PJ pré-
tirés, avec chacun son aventure solo
pour débuter en douceur, un livret de
règles et quatre livrets d’aventure for-
mant une mini-campagne au cours
de laquelle les Chasseurs vont lutter
contre l’engeance de Belzébuth. Le
tout est accompagné des marqueurs
nécessaires pour gérer les différents
types de points, ainsi que d’un set de
WEEKEND WARRIORS par Tod & Anthony Calla
dés spécifiques en bois. À noter
que cette boîte sera disponible à
l’heure où vous lirez ces lignes.
Par ailleurs, fort de la réussite de
cette gamme qui commence déjà à
être abondante, Ulisses a profité du
crowdfunding pour annoncer que
comme son jeu star, Das Schwarze
Auge, HeXXen 1733 connaître dé-
sormais aussi des sorties tout au
long de l’année, hors PP.
Le financement participatif sui-
vant, c’est celui pour L’Œil noir.
Annoncé déjà depuis un moment
(nous en parlions déjà dans notre
précédent numéro), il sera centré
sur une grande aventure au sein
du clergé de Rahja, la déesse de
l’amour.
Enfin, en janvier, l’éditeur alle-
mand lancera une campagne de
financement pour Die Schwarze
Katze (Le Chat noir), le spin-off
de L’Œil noir dans lequel vous
jouez des chats. Schleichender
Verfall vous emmènera du côté
de Tonnerive et des monts de la
Salamandre, histoire de quitter le
cadre urbain du jeu et d’aller explo-
rer la nature sauvage. En plus du
livre principal, nous aurons droit à
un bestiaire, un recueil d’aventure,
un bréviaire de héros et un roman.
D’ici là, rappelons que les nou-
veaux ouvrages de Das Schwarze
Auge consacrés à la magie et finan-
cés l’an dernier, sont probablement
en cours de livraison à l’heure où
vous lirez ces lignes. L’héritage de
Rohal, matérialisé par un ouvrage
qui promet d’être magnifique, le
Grimorum Cantiones, va ravir les
joueurs de magiciens. Dommage
qu’il y ait eu une coquille d’impres-
sion sur la couverture, qui oblige
Ulisses à relancer une phase d’im-
pression et à livrer cet ouvrage avec
quelques semaines de retard.
Wizards
of the Coast
Les célèbres magiciens fêtent les
35 ans de l’Elfe Noir le plus célèbre
de la côte, Drizzt Do’Urden. Les
39 romans qui lui sont consacrés
sont réédités avec de nouvelles
couvertures, le tout accompagné
d’un livre-univers qui explore les
Royaumes Oubliés par ses yeux. Il
sera apparemment dénué de tout
élément technique.
Côté jdr à proprement parler, le
programme des prochains mois est
maintenant connu. On commence
avec la confirmation d’une rumeur,
celle du retour de Dragonlance. Il
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
s’agit d’une campagne intitulée
Shadow of the Dragon Queen et qui
se déroule au début de la Guerre de
la Lance. Elle sera aussi proposée
en bundle deluxe avec un écran et
un jeu de plateau scénarisé en lien
avec celle-ci, Warriors of Krynn.
Sortie en décembre.
Pour 2023 vont s’enchaîner Keys
from the Vault (Hivers), Glory of
the Giant (Printemps), The Book of
Many Things et une suite à la boîte
de démarrage intitulée Phandelver
Campaign (Été) et enfin un
autre grand retour, Planescape
(Automne). Pas une grosse sur-
prise en définitive, mais espérons
que le résultat sera plus consistant
que le trop léger Spelljammer qui
vient d’arriver sur les étals.
Terminons enfin par l’autre an-
nonce qui fait couler de l’encre,
celle d’une nouvelle itération de
D&D. Elle devrait rester compatible
avec l’actuelle 5E. Il s’agirait donc
plutôt d’une édition 5.5 que 6. Un
playtest est déjà disponible pour
une sortie en 2024 à l’occasion pour
les 10 ans de la cinquième édition
– et un peu les 50 ans du jeu aussi
non ?
Timothée Aubry, Pierre Balandier,
Slawick Charlier, Marc Sautriot
ACTUALITÉS | 35
36 | CRITIQUES

GENESYS | LIVRE DE RÈGLES (VF)

GENESYS
Un bon outil pour de bons ouvriers
Système de jeu mis au point par FFG sous sa forme prototypale
pour la troisième édition de Warhammer puis en une version
quasi complète pour ses multiples gammes Star Wars, Genesys
a déjà fait couler beaucoup d’encre en raison des dés particuliers
au cœur de ses règles.

À
Fiche technique présent que nous disposons de
Éditeur • EDGE Studio ce livre de règles ayant bénéficié
Matériel • Livre de 258 pages de plusieurs années de recul, il
en couleur, à couverture est possible de dresser un bilan de sa
cartonnée pertinence dans la niche des systèmes
Prix constaté • 49 € génériques – déjà bien remplie (entre
Chroniques oubliées, Savage World,
Fate, etc.). Alors ces dés : idée géniale,
repoussoir absolu ou non-sujet ?
Simple, basique
Dans Genesys, un personnage se défi-
nit de manière assez classique. À par-
tir d’un Archétype (humain standard,
ouvrier, intellectuel…) et d’une Carrière
(guérisseur, soldat, technicien…),
on détermine ses Caractéristiques
(Vigueur, Agilité, Ruse, Présence…) et
ses Compétences (Athlétisme, Calme,
Médecine, Corps à corps…), ainsi que di-
vers attributs dérivés comme le Stress
(la résistance mentale, la fatigue – qui
permet d’alimenter diverses choses),
J’aime : les Blessures (les points de vie) ou la
+ Un système fun et Défense (les malus à l’attaque adverse).
dynamique Organisés en pyramide de niveaux crois-
+ De nombreuses options
sants, des Talents permettent d’oc-
+ Une mise en page très
troyer des capacités spéciales au per-
accessible
sonnage, le petit plus qui fera souvent
J’aime moins : la différence (être charmant, mieux en-
- Les dés spéciaux peuvent caisser, agir plus vite, etc.). Tout cela se
dérouter fait à partir d’une distribution de points
- Pas OGL… et s’avère des plus intelligibles – rien de
bien complexe à l’horizon.
Puis le cœur du système fait inter-
venir les fameux dés. Ceux-ci sont
de deux sortes. D’un côté, il y a les
« bons » : dés de d’aptitude, dés de
maîtrise et dés de fortune. De l’autre,
les « mauvais » : dés de difficulté, dés
de défi et dés d’infortune. Les bons dés
viennent du savoir-faire intrinsèque du
personnage (de ses Caractéristiques
et Compétences), mais aussi des cir-
constances favorables à l’action. Les
mauvais dés symbolisent la difficulté
inhérente à la situation et prennent en
compte les contingences défavorables
– et dans le cas d’opposition, ils se
calent sur les attributs de l’adversaire.
Le joueur construit donc sa main avec
à la fois les bons dés et les mauvais
dés, lance le tout et annule les sym-
boles affichés deux à deux. Là aussi,
il en existe plusieurs types : les succès
sont neutralisés par les échecs et les
avantages par les menaces.Quant aux
triomphes et catastrophes, ils équiva-
lent aux réussites ou échecs critiques.
En un seul jet, on sait donc si un per-
sonnage a réussi son action (en obte-
nant plus de succès que d’échecs) ou
pas, tout en pondérant le résultat (les
avantages et menaces permettent
d’obtenir des à-côtés positifs ou néga-
tifs, qui améliorent ou mitigent les
réussites ou les revers). La variété per-
mise par l’utilisation des dés simule
ainsi des « oui mais » (j’ai bien réussi
à forcer cette serrure mais la trace de
mon passage sera visible) ou des « non
et » (ce garde m’a repéré et il a claire-
ment vu mon visage) de façon simple
et directement lisible – cela vaut donc
la peine de faire l’effort de se familia-
riser avec les symboles des dés pour
obtenir une expérience de jeu fun et
cinématique, qui favorise le jeu pulp &
action (ce n’est pas pour rien que l’uni-
vers Star Wars a servi de laboratoire
d’expérimentation).
En général alimentés par une dépense
de Stress, les Talents – qui donnent
tout son sel à un personnage et le dis-
tinguent du tout-venant – agissent
bien souvent sur ces dés : transformer
un dé d’aptitude en dé de maîtrise,
rétrograder un dé de défi en dé de diffi-
culté, annuler un certain nombre de dés
d’infortune, etc. Ils servent également
à gagner en Stress ou en Blessure, à
obtenir des actions ou manœuvres
supplémentaires, etc.
Moteur… action !
Sur cette base somme toute facile à
comprendre et assimiler, le jeu décline
bien sûr la gestion des scènes d’action.
L’initiative se détermine une seule
fois au début du combat et elle offre
des créneaux aux personnages et PNJ,
qui se distribuent ensuite librement
en fonction de la tactique du groupe
– c’est rapide et élégant, tout en privi-
légiant le rythme. Chaque personnage
dispose ensuite d’une action (attaquer,
soigner, toute action demandant un
jet…) et d’une manœuvre (se dépla-
cer, dégainer une arme, viser…) à
accomplir dans son tour. La défense
consiste à ajouter des dés d’infortune
à l’attaquant en fonction de la protec-
tion utilisée (et de certains Talents),
pour éviter de multiplier les jets. Des
tableaux indiquent comment utiliser
de façon mécanique les avantages et
menaces obtenus dans le cadre d’une
scène d’action (éliminer du Stress, don-
ner un coup de pouce à un allié, gêner Un système qui
un adversaire avec un dé d’infortune, mériterait d’être OGL
lâcher son arme, tomber à court de Genesys possède
munitions…) afin d’aider le meneur de d’indéniables qualité en
jeu qui n’aurait pas toujours des idées tant que système générique
narratives sous le coude – permettant destiné à motoriser votre
de garder une bataille haletante, sans univers préféré. Hélas, cela se
pause de réflexion pour en trouver. borne au cadre privé (avec
on imagine une tolérance
Sur ce modèle (en plus léger), Genesys
pour du matériel amateur
modélise également les rencontres publié sur internet) car le jeu
n’est pas OGL. Impossible
donc de l’utiliser de manière
officielle comme mécanique
pour votre jeu à vocation
d’édition professionnelle.
C’est fort dommage, tant la
fibre « action » de ces règles
s’adapterait à merveille
à divers types d’univers
– comme le prouvent les
exemples de background
fournis dans l’ouvrage.
Qui sait ? Si suffisamment
de créateurs se mobilisaient
sur cette idée, peut-être
qu’EDGE Studio finirait par
accepter de passer Genesys
en OGL, ouvrant la voie
à de nombreux jeux qui
bénéficieraient dès lors de la
réputation du système, en un
deal gagnant / gagnant.
CRITIQUES | 37
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
38 | CRITIQUES
Choix graphique
Genesys possède une mise
en page d’une grande clarté,
qui garantit non seulement
une lecture fluide mais aussi
une aisance certaine pour
retrouver les informations
en cours de partie (notons
d’ailleurs la présence d’un
index bien utile en fin de
livre). Ainsi, de nombreux
éléments sont présentés
sous forme de tableaux
ou d’encadrés qui se
détachent du corps du texte
et des icônes permettent
d’identifier les termes
techniques au premier
coup d’œil (notamment les
types de dés). On sent que
la maquette a été pensée
pour rendre le jeu accessible
en tant que boîte à outils
nécessitant de voyager entre
ses différents chapitres.
Les illustrations présentent
une jolie originalité : on
distingue leurs éléments
de construction (lignes de
fuite, perspectives, traits de
proportion…), comme pour
indiquer que c’est au lecteur
d’utiliser le livre pour créer
son propre univers – ce qui
constitue l’esprit même d’un
système générique.
sociales – avec détermination de
l’objectif poursuivi, structuration de
la rencontre, capacités mobilisables,
utilisation mécanique des avantages
et menaces… – mais également le pira-
tage informatique. Ces deux exemples
permettent de cerner la meilleure façon
d’utiliser les règles pour les appliquer à
diverses situations (on pense à une ba-
taille de masse, à une opération chirur-
gicale, etc.).
Foison d’options
La grande force de Genesys outre
la simplicité et le fun du cœur de ses
règles, c’est son côté « boîte à outils ».
Une fois le système présenté de façon
générale, l’ouvrage fournit un nombre
important d’options de personnalisa-
tion pour faire coller les règles à l’uni-
vers envisagé.
Ainsi, des Archétypes, Carrières,
Compétences et Talents adaptés à di-
vers backgrounds (fantasy, cyberpunk,
space opera…) autorisent à moduler la
fiche de personnage au mieux. Tout un
chapitre permet même d’aller au-delà
de ces éléments en expliquant com-
ment créer tout ce dont on a besoin.
Il devient alors possible de mettre au
point diverses races (pour des univers de
fantasy mais aussi de science-fiction)
en tant qu’Archétypes, des Carrières
adaptées au background (paladin,
pilote de chasseur spatial, cyberhac-
ker…) mais aussi des Compétences,
des Talents ou des objets permettant
de traduire des spécificités de l’univers
en termes techniques. Des règles facul-
tatives s’appliquant uniquement à tel
ou tel type de décor de jeu constituent
des modules tout-faits bien pratiques :
citons les règles concernant les véhi-
cules (incluant les vaisseaux spatiaux)
ou la gestion de la magie, notamment.
Sur un plan plus narratif, l’ouvrage
s’attarde également sur les ambiances
et la meilleure façon de les rendre à
la table de jeu, avec quelques astuces
techniques au besoin (gérer la peur
dans un contexte d’horreur – coucou,
Cthulhu !). Sont ainsi évoqués des clas-
siques comme le pulp ou l’enquête,
mais également des genres moins
répandus comme la romance et les
super-héros. S’ajoute à cela un épais
chapitre de conseils au meneur de jeu
qui explique la meilleure façon d’utili-
ser Genesys pour créer une bonne expé-
rience pour toute la table – sans doute
peu utile à un rôliste aguerri, cette par-
tie guide bien les débutants.
À travers
le multivers
Et comme si cela ne suffisait pas,
Genesys se paie le luxe d’offrir six pe-
tits cadres de campagne – des univers
développés sur quelques pages
pour permettre de se lancer rapi-
dement à l’aventure. Ces décors
sont brossés sommairement (avec
leurs codes) et fournissent diverses
informations techniques pour
les mettre en scène : Archétypes,
Carrières, matériel, règles addition-
nelles, PNJ-types, etc. Ils sont sou-
vent tirés de jeux de plateau eux
aussi édités par EDGE Studio.
On trouve donc la fantasy
(Runebound), le steampunk
(Sovereigns of Steam), la guerre
uchronique (Tannhaüser), le monde
contemporain (sans spécificité), la
science-fiction (Androïde) et le
space opera (Twilight Imperium).
Bien que succincts, ces settings
donnent fortement envie de voir
arriver des suppléments entiers
pour les détailler.
GENEric SYStem
Genesys se révèle donc un ex-
cellent système générique, doté
d’une base agréable à prendre en
main et disposant de nombreuses
options de personnalisation. Sa
présentation claire en fait la boîte
à outils idéale pour motoriser votre
univers préféré – de préférence
porté sur l’action, du fait de son
orientation initiale. Le seul défaut
pouvant rebuter certains rôlistes
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
consiste dans l’obligation d’ache-
ter des dés spéciaux pour l’exploi-
ter, mais ce défaut s’efface devant
la possibilité de télécharger gratui-
tement une application officielle
qui simule les jets nécessaires.
Trouvant sans peine sa place
dans la concurrentielle jungle des
systèmes génériques, Genesys
mérite donc toute votre attention
et nous espérons qu’EDGE Studio
sortira rapidement du matériel
pour cette gamme – comme des
suppléments d’univers spécifiques
ou des cadres de jeu généralistes à
bricoler et adapter.
Romain d’Huissier
CRITIQUES | 39
40 | CRITIQUES

LIVRE DE RÈGLES (VF)

CATS ! LA MASCARADE
Chat-bardage !
Malgré le succès phénoménal de sa précommande participative,
tout pourrait porter à croire que Cats ! La mascarade est
avant tout un jeu humoristique et « gadget ». Une proposition
parodique qui serait plus destinée à être lue que jouée, pour
sourire, assis sur son canapé en caressant son félin. Cependant,
et comme souvent avec les jugements à l’emporte-pièce, on est
bien loin de la vérité…

Fiche technique personnalité, Cats ! propose ainsi d’in-

Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • Livre au format
mook à couverture rigide de
296 pages couleur
Prix constaté • 44,90 €
J’aime :
+ Un jeu complet et amusant,
qui va au-delà du gimmick
+ Format mook, maquette
légère et agréable
+ Beaucoup de scénarios et
pistes de scénario
J’aime moins :
- Règles « à l’ancienne »
- Organisation du livre qui
rend la lecture aride
Chat alors !
Cats ! La mascarade propose d’inter-
préter de petits félins dotés d’une
intelligence supérieure et de pouvoirs
psychiques mais vivant tout de même
des aventures à quatre pattes, avec
toute la difficulté de la vie sans pouce
opposable dont ces créatures sont
d’ailleurs bien conscientes, puisqu’il y
a des millénaires, elles ont fabriqué les
parfaits esclaves pour faire le boulot à
leur place : les êtres humains. Par né-
gligence ou peut-être par la paresse qui
les caractérise souvent, elles ont laissé
leurs inventions proliférer un peu trop
depuis, et leurs serviteurs simiesques
ont désormais le contrôle de la planète
et une vaste supériorité numérique par
rapport à leurs anciens maîtres.
Aujourd’hui, les chats doivent donc
s’assurer que la vérité sur leurs origines
serviles ne soit jamais connue des hu-
mains, car ceux-ci, toujours prompts à
la violence, pourraient bien mal réagir.
Les petits félidés sont donc contraints,
entre deux siestes, de tout faire pour
préserver leur rôle dans la création de
l’espèce humaine, et pour que leurs
capacités surnaturelles demeurent un
secret…
Avec cette explication aussi invrai-
semblable que cohérente avec leur
terpréter des chats, qui sont en fait bien
plus que ce qu’ils ne paraissent être. À
partir de ce simple postulat, et au fur et
à mesure de la lecture, un univers riche
et porteur de nombreux thèmes, per-
met à la table de découvrir un monde
qui promet d’être passionnant.
Les aventures des félidés vont de
problèmes faciles à résoudre, du moins
quand on a la capacité de saisir une
poignée de porte, à des imbroglios poli-
tiques, des jeux de cache-cache avec
des factions déterminées à exposer
leur civilisation secrète, en passant par
des péripéties faites de pure science-
fiction, mêlant voyage dans le temps
et technologie futuriste.
Tout pour jouer
et longtemps
Cats ! est un jeu complet, qui vient
avec son système de règles, exhaustif
et adapté à son univers. Celui-ci va au-
delà des besoins d’un simple jeu paro-
dique et humoristique, il contient ainsi
tout ce qu’il faut pour la création de per-
sonnages et leur progression, incluant
des listes d’avantages et défauts, de
compétences et, bien sûr, de pouvoirs
surnaturels. Tous les autres aspects du
jeu, comme le combat, la réputation
féline ou encore les règles de duel
ne manquent pas à l’appel.
Outre cette complétude, le livre
de base comprend, en partie grâce
au succès de son financement,
de nombreux scénarios. Même en
jouant régulièrement, la table de
Cats ! a assez de matériel pour de
fréquentes séances palpitantes
avec des ambiances variées ! En ef-
fet, les aventures fournies couvrent
un large spectre de thèmes et de
facettes de l’univers du jeu, et per-
mettent ainsi de pleinement en
explorer le potentiel : du simple scé-
nario d’introduction où il faut sauver
un chaton au plus épique et fantas-
tique, comme celui qui fait voyager
les chats dans le temps dans une
longue et éprouvante pérégrination.
Fi du simiesque !
Un point important à ne pas
négliger ici : Cats ! propose une
opportunité, finalement assez
rare, d’interpréter une créature
non anthropomorphique et en
l’occurrence, dépourvue de pouces
opposables. Et, mine de rien, ceci
change beaucoup la donne. Car
même si les chats éveillés de ce
monde disposent de pouvoirs
télépathiques ou télékinétiques,
il n’en reste pas moins qu’ils sont
souvent pris au dépourvu face à un
ordinateur et ils sont incapables de
pouvoir obtenir ce qu’ils veulent
simplement en baratinant les
humains qu’ils croisent sur
leur chemin. Ainsi, les joueurs
chevronnés, plus qu’habitués
à ce genre de technique pour
résoudre des difficultés ren-
contrées pendant un scénario,
auront plaisir à se retrouver dans
des situations jusque-là inédites
pour eux. En outre, pour ceux qui
aiment l’interprétation, jouer un
félin offre de nombreux défis et
thèmes novateurs.
scénarios. Le système de jeu n’est
Coup de patte pas des plus modernes ni des plus
mécontent légers, mais il est tout de même
Cats ! est un jeu réussi et sympa- simple à prendre en main, com-
thique, mais la perfection n’étant plet et bien ficelé. Et avec toutes
pas de ce monde, il faut tout de les informations sur l’univers et la
même souligner une petite décep- ribambelle d’aventures fournies, la
tion. Son système est simple, mais table a tout pour commencer cha-
« à l’ancienne ». Avec des attributs ton et finir en vieux Garfield !
et des compétences, accompagnés Romain « Belaran » Pelisse
de listes de qualité et de pouvoirs,
on est loin de la légèreté des règles
plus modernes. C’est d’autant plus
dommage que le jeu gagnerait
peut-être à utiliser une mécanique
plus narrative (PBTA, Fate, Blade in
The Dark…).
En particulier, la gestion des
pouvoirs « par heure de sieste par
niveau », bien que parfaitement
adaptée aux habitudes félines, et
facile à prendre en main, risque
vite de faire tomber la table dans
les comptes d’apothicaire. Cela
dit, ce n’est pas un défaut rédhibi-
toire mais plutôt une opportunité
manquée.
Le miaou de la fin
Dans l’ensemble, Cats ! est un
jeu clef en main, complet, sym-
pathique, bien fait et bourré de
CRITIQUES | 41
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
42 | CRITIQUES
LES RISQUE-TOUT
Ces dernières années, plusieurs JdR ont pris pour cadre une
série BD (Les Terres d’Arran, Aquablue, Valérian, etc.). Avec Les
Risque-Tout, c’est un genre complet, la BD franco-belge des
années 60 et ultérieures, qui est émulé.
E
Fiche technique n mai 2020, Arkhane Asylum
Éditeur • Arkhane Asylum s’associait à l’éditeur Helmgast
Publishing dans le cadre d’un financement
Matériel & Prix constaté • participatif pour publier la version
1 livre de base à couverture française de leur nouveau JdR en an-
rigide de 236 pages en glais, The Troubleshooters. Ce projet
couleur, 45 € rocambolesque nous vient tout droit de
1 écran du meneur 3 volets
Suède, où l’auteur, Krister Sundelin, a
rigides format paysage, 25 €
baigné depuis tout petit dans l’univers
1 livre d’aventure à
déjanté des BD franco-belges. Comme
couverture rigide de 72 pages
en couleur, 25 € beaucoup d’entre nous, il a dévoré ses
albums jusqu’à la reliure, voyageant et
vivant des aventures par héros inter-
posés. Et puis, il a sauté le pas et s’est
lancé dans une adaptation générique
en jeu de rôle, prenant tous les risques
pour arriver à ses fins.
Au pays d’Hergé
J’aime : et de Leloup…
+ Personne n’y avait pensé … et de tant d’autres auteurs de
avant, sabre de bois* bandes dessinées, dont bon nombre
+ Des règles simples mais pas sont nées dans des magazines spécia-
simplistes lisés tels que Le Petit Vingtième, Pilote,
+ Avoir la boîte à outils des Le Journal de Spirou et bien d’autres.
règles de création
Feuilletons attendus à chaque paru-
+ Le Mystère de l’U-boot
tion, séries d’albums complets, les
formats de diffusions furent nombreux
J’aime moins :
et participèrent à la démocratisation
- Saperlipopette*, personne
n’y avait pensé avant de ce genre littéraire dépaysant. Les
- Le système de pips un peu Risque-tout se veut, sans prétention,
tordu la synthèse rôlistique de toutes ces
- Les tableaux bilingues de gammes, dont beaucoup sont encore
l’écran publiées.
LIVRE DE BASE (VF)
Pif, paf, boom !
Comme il fallait un fil conducteur,
c’est le genre d’action et d’aventures
des années soixante qui a été choisi.
Les nominés sont nombreux, de Yoko
Tsuno, Spirou et Fantasio à Michel
Vaillant et Les Chevaliers du Ciel, sans
oublier les ancêtres : notre cher Tintin
et les fantasques Pieds Nickelés.
L’ambiance se veut cosmopolite, lor-
gnant aussi sur les séries TV telles que
Le Saint, ou les romans d’espionnages
de l’époque (du sérieux James Bond au
décalé OSS 117). Le décor est planté, il
est rétro et léger, et lorgne sur l’insou-
ciance loufoque de cette époque qui
tentait d’alléger les souvenirs trop
proches de la seconde guerre mondiale
et de survivre à la toute récente guerre
froide.
La période choisie est celle des trente
glorieuses, l’année 1965 plus précisé-
ment. Elle est presque identique à la
nôtre, avec un fort rebond économi-
co-social qui se télescope avec un af-
frontement larvé des blocs est-ouest.
Cette époque est rapidement présen-
tée, s’attardant notamment sur ce qui
n’existait pas alors. Les joueurs vont
devoir se passer de portables, d’inter-
net et de véhicules toutes options.
Bienvenu au temps du téléphone en
bakélite et des Citroën décapotables en
tôle ondulée.
Le chapitre dédié à l’univers des
Risque-tout fait un rapide tour du
monde, visitant plusieurs mégalo-
poles qui ont servi de décors à plus
d’une aventure imaginaire. En plus
d’être de pratiques wiki-fiches, ces
escales touristiques proposent des
pistes pour enrichir vos parties ou
vous donner des embryons de scé-
narios. Le lecteur se sent vite chez
lui, sans pour autant se retrouver à
lire un manuel d’histoire, cet écueil
est heureusement évité. Un focus
particulier est fait sur la France et
Paris, lieux idéaux pour y instal-
ler votre base d’opération. Cette
uchronie a quand même deux dif-
férences majeures avec la nôtre :
c’est une délégation franco-nip-
ponne qui pose dès 1965 en pre-
mier le pas sur la lune, remettant
en cause la course à l’espace qui
cache la guerre froide. Et surtout,
elle dispose d’un grand méchant,
une organisation criminelle secrète
dont nous vous en dirons le plus
grand bien un peu plus loin.

Gaston ou
Blake & Mortimer ?
Les joueurs incarnent des héros
inspirés de ceux à bulles et en pa-
pier. La création de personnage est
simple et rapide. La première étape
consiste à choisir un archétype
parmi la quinzaine proposée. Ils
respectent la pure tradition des BD,
avec une occupation suivie d’un
adjectif : explorateur intrépide,
pilote de course fougueux, artiste
incompris… Chacun octroie des
niveaux de compétences, des capa-
cités et désavantages, ainsi que du
matériel et des accroches scéna-
ristiques. Rien de bien compliqué
donc, il suffit de choisir parmi les
propositions suggérées pour fabri-
quer en une dizaine de minutes un
double aventureux à souhait. Des
conseils sont donnés pour créer
vos propres variantes ou de nou-
velles propositions. Les différents
chapitres vous offrent la boîte à
outils que les auteurs ont utilisée.
L’idée est bienvenue et didactique,
vous permettant toutes les fantai-
sies demandées par vos joueurs.
Le fantasque est l’un des rouages
majeurs du genre. Même les séries
les plus sérieuses peuvent contenir
une part de comique de situation,
ou du fameux grand méchant qui
ne peut s’empêcher de discourir sur
ses motivations et ses objectifs…
qui sont souvent la domination du
monde ! De leur côté, les person-
nages sont changeants, capricieux,
maladroits… Tout ce qui fait rire et
sourire et que recherche le lecteur
de ces BD. L’ambiance générale va
donc au départ dans cette direc-
tion. Les conseils distillés sous
forme de bulles par l’équipe de
troubleshooters du livre et du grand
méchant tout en violet abondent
en ce sens. Les tables de jurons*,
qui évitent toute grossièreté, sont
amusantes et donnent une touche
désopilante aux parties. Pour
autant, il n’est pas question de
tomber dans l’idiotie permanente
ou l’avalanche ininterrompue de
gags. Ce jeu est destiné à respec-
ter les canons du genre, c’est à la
table de poser les limites du bur-
lesque. Vous pouvez même décider
d’y jouer très sérieusement, rien
ne vous oblige à vous prendre les
pieds dans le tapis à chaque fois.
Le dernier ingrédient important
concerne la notion d’équipe. Elle
fait partie de l’ADN du jeu, les

CRITIQUES | 43
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
44 | CRITIQUES
joueurs sont un groupe d’amis qui
partagent leurs envies d’aventures.
Des astuces sont données pour les
réunir, avec une partie zéro conseil-
lée. Elle permet non seulement de
tous les lier (comme avec un cer-
tain anneau), mais aussi de donner
à l’ensemble de la table la direction
qu’elle veut suivre. Le travail du
MJ est ainsi facilité pour la suite,
qu’il doive écrire des aventures
intrépides, des complots d’es-
pionnage ou des préparatifs pour
un cambriolage d’envergure. Le
maître-mot final reste le panache
et l’exotisme. Les risque-tout
veulent voir du pays, combattre
des adversaires grandiloquents
et sauver le monde de leurs plans
abracadabrantesques.
Moteur hydride
Le jeu se veut simple et acces-
sible. S’il prétend parler à la vieille
garde qui s’est imprégnée depuis
sa jeunesse d’une foultitude d’al-
bums, il entend aussi s’adresser
aux néophytes. Le système de règle
est simple et inspiré d’autres mo-
teurs facilement reconnaissables.
Oublions les caractéristiques, les
joueurs ne disposent que de com-
pétences calibrées en pourcen-
tages. Elles couvrent toutes les ac-
tions possibles et ont une base de
15 % minimum. Sans être des pros,
les joueurs ont toujours une chance
de réussir une action. Ils sont aidés
par leurs capacités, qui sont autant
de talents à leur disposition. Elles
donnent des bonus, des pips, en
échange d’un coût d’activation en
points de récits. Elles permettent
aussi d’inverser le résultat d’un jet.
Le système étant basé sur 1D100,
cette utilisation permet de passer
d’un catastrophique 90 à un ma-
gnifique 09. Les réussites et échecs
critiques, appelés Karma, corres-
pondent à des résultats identiques
sur les deux dés (11 à 99).
Les règles sont vite assimi-
lées, le pourcentage étant facile
à expliquer aux débutants. Elles
s’enrichissent d’un système de
combat classique, avec des actions
gratuites, principales et de mou-
vements. Ajoutez-y une touche
d’options d’attaques et de condi-
tions, le tout tient en une trentaine
de pages didactiques grâce aux
interventions narratives du vio-
let Graf von Zadrith. Une mention
spéciale peut même être décernée
au sous-système des Défis, qui
organise et gradue la résolution
d’une série d’actions individuelles
ou collectives.
Deux mécanismes viennent
mettre une touche aventureuse
aux règles. Les points de récit sont
un élément important du système
et sont bien plus que de simples
points d’héroïsme. Chaque joueur
en dispose de quatre en début de
partie, qu’il peut dépenser pour
activer une capacité ou un gadget,
obtenir un indice du MJ ou lui im-
poser un élément scénaristique. Le
principe est d’en consommer sans
modération, il faut donc pouvoir en
gagner en cours de jeu.
Pour cela, comptez sur le Karma
(échecs comme réussites cri-
tiques), jouez un désavantage,
échouez volontairement à un test
de compétence ou amusez la table.
Le jackpot est de se laisser capturer
par l’ennemi, pour mieux lui échap-
per ensuite. Comme l’ambiance se
veut non mortelle, cette dernière op-
tion, impensable ailleurs, est ici syno-
nyme de rebondissements. D’ailleurs,
tuer un adversaire fera perdre tous ses
points de récit à un joueur. Cela ne se
fait pas, et les témoins/complices de
ces méfaits seront aussi sanctionnés.
L’autre particularité du système
concerne les pips, qui correspondent
à des modificateurs de circonstances.
Une unité pips positive est comparée
avec le dé des unités d’un jet ; si elle
lui est inférieure ou égale, c’est une
réussite automatique, quel que soit le
résultat final. À l’inverse, en cas de pips
négatif, s’il est inférieur ou égal à la
valeur du dé des dizaines, c’est l’échec
assuré. Le principe n’est pas compli-
qué en soit, mais il est inhabituel et
demande un peu de pratique alors que
le reste des règles est plus simple. Un
encadré propose d’ailleurs de convertir
un pips en bonus/malus de 5 %, élé-
mentaire mon cher.
Chef, oui chef !
Une bonne histoire de BD implique
un méchant à la hauteur. Le premier
d’entre eux est le MJ, qui porte le grade
de chef des opérations. C’est à lui
qu’incombe le rôle ingrat, et tout au-
tant gratifiant, de faire jouer des aven-
tures au reste du groupe. Comme pour
les règles, il est très bien accompagné
dans cette démarche par les conseils
de Numéro 2. Et son arme la plus re-
doutable se nomme la Pieuvre. Cette
organisation secrète, dont la genèse
remonte à la Renaissance (et peut-être
plus loin), n’a qu’une ambition : la do-
mination mondiale. Ses tentacules se
sont déjà étirés à travers notre société
et a su s’adapter à la trouble situation
politique des années soixante.
Chaque camp pense qu’il a noyauté
celui d’en face, alors qu’il est au-dessus
de la mêlée (à moins qu’il n’ait infiltré
les deux blocs). Structuré en cellules dor-
mantes ou actives, ses agents sont par-
tout. Une menace plus grande se précise,
gageons qu’une base de commandement
est à l’œuvre. Anonymes, ses membres
ne sont que des chiffres : des exécu-
tants flirtant dans les millésimes aux
membres directeurs du Conseil des 9. Il
y a comme un air de Spectre dans l’air.
Mais au détour de sa présentation, vous
découvrirez que ses buts n’étaient peut-
être pas si machiavéliques à sa création.
Après tout, on naît tous innocents…
Le livre de règles propose de nom-
breuses amorces et pistes de scé-
narios, un bestiaire d’adversaires
tentaculaires (et même jurassiques,
étrange fruit d’un palier de la sous-
cription), mais est dépourvu d’une
histoire prête à jouer. Pas de panique
Numéro 7854, Le Mystère de l’U-boot
n’attend que vous pour démarrer. Ce
supplément propose une imposante
aventure complète. Destinée à la
découverte du jeu et à l’initiation de
nouveaux joueurs, elle est bien plus
que cela. L’intrigue en elle-même est
Panneau de contrôle
un classique du genre (la chasse à un
L’écran, vendu à part, est un
sous-marin nazi disparu), la couverture
ferait presque croire que vous allez lire
triptyque classique au format
paysage. Coté joueurs, la
une BD. L’accompagnement du chef fresque résume la menace
des opérations est soigné et progres- mondiale que représente la
sif. L’impression linéaire de l’histoire Pieuvre, dans les plus purs
est facilement cassée par des encarts canons de la BD d’aventures.
Coté chef des opérations, les
de pistes secondaires. Les aides de jeu
tableaux sont clairs et lisibles.
sont nombreuses et variées (articles,
Ils sont étonnement biclassés
télégrammes, plans de sous-marin…),
français/anglais, la faute
plongeant les joueurs dans une aven-
sûrement au financement
ture qui demande autant de réflexion
participatif simultané dans
que d’action. Le premier tour du monde
les deux langues (un produit
de vos Risque-tout ne sera pas de tout
unique pour les deux côtés
repos, parole de poulpe. de la Manche ?). Il peut
The Troubleshooters/Les Risque-tout embrouiller la lecture et
est une nouveauté rafraîchissante et fait perdre de la place pour
aboutie, qui propose plusieurs niveaux d’autres informations qui
d’interprétation. Très didactique, il est auraient pu y être ajoutées.
un exemple d’un jeu de rôle complet, Rien de rédhibitoire bien
qui donne toutes les pièces du puzzle entendu, prenez ça comme
un cours de vocabulaire
pour apprendre à jouer et à écrire des
gratuit. Sa version PDF vous
aventures. Hubert et James, arrêtez
est gracieusement offerte
de vous chamailler, il y en a pour vous
grâce à un QR-code inclus,
deux ! N’est-ce pas Numéro 2 ?
pouce en haut à l’éditeur
Olivier Halnais pour cette attention.
CRITIQUES | 45
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
46 | CRITIQUES
Fiche technique
Éditeur • Khaos Project
Matériel • Un livre grand
format à couverture rigide de
164 pages
Prix constaté • 34,90 €
J’aime :
+ Un volet semi-ouvert,
parfait pour donner un peu
de liberté après le premier
tome
+ Une esthétique soignée et
une mise en page claire
+ La diversité des aventures
et des rencontres
J’aime moins :
- Un château des horreurs en
guise de finale, qui ne met
pas le fleuve au centre de
l’action
- Le scénario supplémentaire
plus que passable
MORT SUR LE REIK
Second volet de la campagne mythique
Le retour de L’Ennemi intérieur, dans le contexte
de la 4e édition, continue-t-il de tenir ses promesses ?
Un second volet dans la tradition ou dans le renouveau ?
Voyons ce que Sigmar a à dire sur le sujet.…
L
e premier volet, publié il y a
quelques mois, a tenu ses pro-
messes. Mais, avec l’arrivée de sa
suite, les difficultés commencent. Déjà
par sa structure, Mort sur le Reik est
beaucoup plus ouvert. Ce qui signifie
que l’organisation de l’ouvrage est à la
fois moins évidente plus cruciale, car le
meneur aura besoin d’avoir tout sous la
main pour gérer les décisions de sa table.
L’aventure est un long fleuve
tranquille
Heureusement, sur ce point, les au-
teurs ont fait un bon travail. Il reste,
malgré tout, de la préparation à faire,
mais l’ouvrage réussit relativement
bien l’exercice complexe de proposer
une campagne un peu ouverte, mais
assez encadrée pour rester facile à
prendre en main.
En effet, à défaut de rails, les aven-
turiers vont et viennent, au gré de leur
envie, le long d’un fleuve (le Reik). Libre
à eux de faire du commerce et de saisir,
ou non, les propositions d’aventures à
chaque escale. Selon leur choix, leurs
ennemis, contre qui ils font la course
à leur insu, auront plusieurs longueurs
d’avance ou de retard sur eux.
On n’a qu’une première fois
à toute chose
Un regret, à imputer probablement
à la nostalgie, est de reconnaître que
WARHAMMER 4E | CAMPAGNE (VF)
le contenu de Mort sur le Reik, aussi
sympathique soit-il, ne révolutionne
ni ne transcende pas les poncifs de
Warhammer. Cela dit, c’est certaine-
ment parce que c’est cette campagne
qui les a définis en premier. On y re-
trouve tout ce qui fait un bon scénario
de Warhammer, soit de l’humour, des
péripéties peu glorieuses et des dan-
gers aussi violents que gores, mais
finalement, sans grande surprise pour
les grognards du jeu.
Supersize me… not
Une autre déception est le scénario
supplémentaire, Charogne sur le Reik,
qui avait pourtant défrayé la chronique
à l’époque de sa publication. Là aussi,
il faut admettre que les critiques faites
alors restent valables, et qu’il échoue
dans son objectif d’améliorer la tran-
sition entre Mort sur le Reik et le troi-
sième volet de la campagne.
Malgré ces quelques regrets, Mort sur
le Reik demeure une excellente série de
scénarios et la table qui vient d’achever
le précédent volet aura de quoi conti-
nuer avec joie ses aventures.
Adrien « Feldo » Saurat & Romain
« Belaran » Pelisse

WARHAMMER 4E| CAMPAGNE (VF)
MORT SUR LE REIK -
COMPAGNON
Aussi optionnel
que sa deuxième jambe
Si le premier tome de la mythique campagne avait réussi
l’exploit de rendre son compagnon optionnel mais plein de
bonnes choses, qu’en est-il de celui-ci ?
Aventures fluviales
Tout d’abord, l’ouvrage contient la
description des fleuves de l’Empire
et de leurs écosystèmes, ainsi que les
règles de navigation et de commerce
fluvial, qui forment l’épine dorsale
du second volet de la campagne my-
thique. Mener Mort sur le Reik sans ces
éléments risque de retirer beaucoup
de saveur à cet épisode. D’autant plus
que ce contenu est riche. On y trouve
un portrait détaillé de la vie fluviale,
de nombreux lieux et PNJ prêts à jouer,
ainsi qu’un chapitre dédié aux patrouil-
leurs fluviaux. Enfin, un must have
lorsque l’aventure tourne autour d’un
bateau : un chapitre dédié à la per-
sonnalisation de celui-ci, afin de per-
mettre aux joueurs de s’approprier leur
péniche.
Les dessous de l’intrigue
Un autre chapitre est également utile
à la campagne. Il s’agit de la descrip-
tion du culte de la Couronne rouge,
l’ennemi principal de cet épisode, que
les joueurs vont traquer et affronter
tout au long de leurs allées et venues
CRITIQUES | 47
sur le Reik. Sans celui-ci, le meneur Fiche technique
aura du mal à donner de l’épaisseur à Éditeur • Khaos Project
ses antagonistes. En outre, certaines Matériel • Un livre grand
scènes originales – mais annexes et format à couverture rigide de
sans lien avec l’intrigue principale – ont 128 pages
Prix constaté • 31,90 €
été coupées et placées dans ce recueil.
Sans être vitales au récit, ces petites
péripéties manqueront probablement
aux puristes de la précédente édition.
Et le reste ?
Le reste du livre est plus anecdotique
et rejoint en ce sens celui du contenu
du premier compagnon. On trouve
pêle-mêle un chapitre exhaustif sur
les herbes médicinales dans l’Empire,
une série de PNJ adaptés au thème
fluvial de l’épisode, et un scénario
supplémentaire.
Bref, ce compagnon est plus la se-
conde moitié de Mort sur le Reik qu’un
ouvrage bonus, mais demeure un ou-
vrage de qualité. Reste à espérer que J’aime :
+ Un contenu vraiment
tous ceux qui se lanceront dans cette
dédié à la campagne (et peu
campagne n’oublieront pas de l’acheter
générique)
en même temps !
+ Une esthétique soignée et
Adrien « Feldo » Saurat & Romain une mise en page claire
« Belaran » Pelisse + Une foule de
renseignements sur l’univers
du jeu
J’aime moins :
- Y trouver des informations
essentielles à la campagne
CRITIQUES | 47
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
48 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VF)

HISTORIA
Si La Fontaine m’était contée
Savant élixir de phanères de tous poils, ambiance tracée
d’une plume légère, ce nouveau cadre 5E nous emporte dans
une Renaissance sombre et pleine de panache. Espérons
que vous n’êtes pas trichotillomaniaques, cette revisite de la
Rinascimento n’est pas garantie hypoallergénique.

Fiche technique
Éditeur • Arkhane Asylum
Publishing
Matériel & prix constatés •
1 livre de règles à couverture
rigide de 328 pages couleurs,
49,90 €
1 écran du meneur 3 volets
rigides à l’italienne, 25 €
1 livre d’aventures à
couverture rigide de 160
pages couleurs, 34 €
1 artbook à couverture rigide
de 80 pages couleurs, 34 €
1 set de cartes, 20 €
J’aime :
+ Quelle qualité graphique,
et ces illustrations !
+ Une revisite « Renaissance »
des classes réussie
+ Une magie recentrée,
prenant le meilleur des
lanceurs de sorts
+ Les nombreuses Familia,
très bien écrites
J’aime moins :
- Les aviens sont en retrait
- Des points de règles parfois
un peu confus
- Le contexte est disséminé
dans les chapitres des nations
F
oyer de la Renaissance oblige,
cette gamme estampillée 5E a
été imaginée par nos voisins de la
Botte, très créatifs en matière de JdR.
Son financement participatif fin 2019 a
été lancé en italien, anglais et français,
en partenariat avec Arkhane Asylum
pour la version francophone. Après
quelques errances, nos fiers condot-
tieres à duvets et à fourrures nous
embarquent dans une Renaissance
brillant de mille feux. Suivons les pas
de notre fier Desmond, le canis paladin
par qui tout a commencé.
C’est un roc…
La Vestérie est un continent central
qui intrigue à plus d’un titre. Son apo-
gée technologique et culturelle le situe
au cœur de la Renaissance méridionale
et centrale. Guère plus grand que notre
France actuelle, il partage son territoire
entre trois nations rivales. À l’ouest, la
Confédération est une alliance de fas-
tueuses cités-États installées sur de
riches terres bordant un océan pois-
sonneux. La corruption va de pair avec
le pouvoir de l’argent, cette région
inspirée de l’Italie du Cinquecento
promet autant la réussite que la mort
violente. Au centre, la Verte Fosse est
un paysage indompté et archaïque. Ses
habitants s’accrochent à des traditions
surannées. Le climat continental et un
régime politique disloqué renforcent
leur obstination, qui les conforte dans
un passéisme moyenâgeux. Le Saint-
Royaume, comme son nom l’indique,
tire ses racines de son homologue
teutonique. Coincé à l’est par la Verte
Fosse à cohabiter avec les dangereuses
Terres du Khan, il trouve sa force dans
une foi inébranlable dans la religion.
Bien qu’officiellement laïc, le pou-
voir est aux mains des potentats du
Clergé des Ossements. Cette nation
reste intransigeante et réfractaire aux
changements qui s’annoncent. À l’in-
verse, les méridionales îles Aviennes,
bien que traditionalistes, ont compris
que l’avenir passait par l’élévation des
consciences. Les castes tentent de
contrebalancer le pouvoir féodal déte-
nu par leur monarque absolu.
Ces royaumes de Vestérie sont pré-
sentés dans livre de règles. Sans en
faire trop, la géographie, la politique
et la culture sont suffisamment dé-
taillées pour permettre de s’installer
n’importe où. Les villes de chaque
nation apportent un éclairage sup-
plémentaire, comme des touches de
couleurs sur une toile déjà bien enlu-
minée. Le culte des Ossements se dé-
couvre au fils des chapitres. Son origine
et son influence sont des éléments
déterminants de la situation ac- ou des proies, comme l’ordre natu- ont du choix. Ainsi, l’un pourra être
tuelle. Il honore, avec une dévotion rel l’établit. Enfin, chaque ramure un fier dogue ou un arrogant lévri
extrême, les Ancêtres, des géants se divise en trois à cinq pousses qui de la familia Canis, un autre un
disparus dont les dernières reliques forment les espèces, qui apportent fourmilier ou un pangolin Edenti,
font l’objet d’une adoration sans elles aussi divers bonus. un agile représentant des Tupili ou
bornes. Toutes les informations Vous oubliez vite les habituelles une charmante Vulpes, un agressif
de contexte sont livrées au fil des oreilles pointues et longues blaireau ou ursi, voire une minus-
textes, sans sections identifiées barbes. Les choix sont nombreux cule souris. Les possibilités chez
pour retrouver ces informations. Il et très marqués. Ils représentent les mammifères sont très variées,
faudra donc fouiner un peu et faire des dizaines de races animales dis- à tel point que choisir sera difficile.
appel à sa mémoire pour réunir ces tinctes, en majorité originaires de Les Aviens ne bénéficient pas d’un
éléments un peu disparates. nos contrées occidentales. Les énu- tel panel, même si les alternatives
mérer serait fastidieux, les joueurs restent nombreuses. Les options
Le renard
et la cigogne
Le décor posé, place aux acteurs.
Comme les nombreuses et magni-
fiques illustrations le montrent, les
joueurs incarnent des personnages
anthropomorphes. Un préambule
distille de bons conseils et explique
qu’il faut dépasser le concept de
simples animaux intelligents. Leur
origine est le fruit d’une évolution
naturelle, l’homme n’a jamais eu
sa place. N’espérez pas une my-
thique civilisation humaine des
Ancêtres, être à poils ou à plumes
a toujours été la règle.
Deux ordres se partagent la ve-
dette. Les Theri sont des mammi-
fères humanoïdes dotés de pouces
opposables et qui se tiennent
naturellement debout. Les Aviens,
qui n’ont pas la chance d’avoir de
mains, compensent avec des ailes
qui leurs confèrent une supériorité
aérienne indéniable, qu’un coup
de bec peut compléter au besoin.
Chacune de ces branches se divise
en Familia, qui représentent les
principales races jouables, onze
pour les mammifères et sept pour
les oiseaux. Chacune donne des
augmentations de caractéris-
tiques et de compétences ainsi que
quelques bonus. Elles précisent
aussi les Instincts, des traits de ca-
ractères qui renforcent l’identité de
chacun, en faisant des prédateurs

CRITIQUES | 49
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
50 | CRITIQUES
sont de qualité, du majestueux
cygne des Anserii aux ténébreux
membres des Cornix, en passant
par les minuscules moineaux ou
les impérieux Rapax. Seulement
majoritaires dans les îles Aviennes,
les oiseaux manquent de la même
mise en avant que leurs congé-
nères à poils. Ce déséquilibre se
ressent dans les aventures ou dans
l’artbook, dans lesquels ils sont
peu nombreux.
Que dis-je,
c’est une péninsule
Du côté des règles, le livre n’est
pas indépendant. Il faut un exem-
plaire estampillé 5E pour pouvoir
jouer. N’importe quelle gamme fait
l’affaire, et elles sont suffisam-
ment nombreuses pour que vous
n’en ayez pas déjà dans vos biblio-
thèques. Après les Familia, l’autre
chapitre incontournable est celui
des Métiers. Les classes, ainsi re-
nommées, sont au nombre de dix.
Le travail d’adaptation est à saluer
et est l’un des plus poussé jamais
constaté. Nous ne retrouvons qua-
siment plus que nos habituels
guerriers et roublards, renommés
Gens de guerre et Malfaiteurs pour
l’occasion. Place à la nouveauté et
à la réécriture. L’Alchimiste est un
homme instruit qui pratique des
opérations alchimiques, transfor-
mant la magie de jadis en science
balbutiante. L’Artificier est défi-
nitivement un artisan qui manie
le fer et la poudre sans autre arti-
fice. L’Aventurier est l’amalgame
du Barde et du Rôdeur, prenant
le meilleur des deux. Le Lettré n’a
plus besoin de mystères pour bril-
ler, il est l’incarnation même de
la Renaissance, qui tourne le dos
aux superstitions et privilégie une
conscience éclairée. Le Marchand
est sorti du placard : fini d’être
traité comme un voleur, il fait
fortune en toute légalité… Vous
êtes bien naïf si vous le croyez sur
parole !
Diantre, la magie n’existe plus ?
Rassurez-vous, Historia a conservé
un peu de medfan avec des classes
de lanceurs de sorts. Le Prêtre
reste le plus classique, tirant ses
pouvoirs des sermons et des voies
spirituelles qu’il suit. Toutefois,
les sorts qu’il peut lancer ne sont
pas explicites, il faudra déterminer
vous-même quels domaines il étu-
die. Cela fait partie des points de
règles un peu confus du livre, petit
défaut que l’on retrouve ailleurs. Le
Magus lui est plus clair, synthèse
de l’Ensorceleur, du Magicien et du
Sorcier. Cette réécriture de la seule
véritable classe de lanceur de sorts
est très intéressante. Elle s’inspire
de toutes les spécialités de mages,
peut-être un peu moins puissante,
mais permettant de modifier les
effets de sorts. Le dernier métier
mystique concerne le Flagellant,
qui tire sa puissance de sa dévotion
et du mal qu’il s’inflige en l’hon-
neur du culte des Ossements. Un
peu comme l’Ensorceleur, il peut
utiliser des points, de sang cette
fois, pour utiliser sa magie dolo-
riste. Il est aussi un combattant
implacable qui, ignorant ce qu’est
la douleur, en deviendrait presque
Barbare. Cette dernière classe
n’est pas à mettre entre toutes les
pattes.
Café gourmand
La création se poursuit avec les
Destinées et les Factions, qui rem-
placent peu ou prou les Historiques.
Les deux se complètent pour don-
ner de l’épaisseur aux personnages.
Les Destinées sont des concepts
aussi variés que l’Art, la Fatalité
ou la Vengeance. Les Factions
sont un élément important du jeu,
la Renaissance ayant conduit à
l’essor des guildes et des corpora-
tions. Appartenir à l’une d’elles est
un gage de richesse et d’influence.
Gravir les rangs de ces confréries
permet une plus grande immersion
dans la culture d’Historia. Pour
ajouter une touche de chantilly à
un cappuccino déjà alléchant, les
joueurs ont accès à des Carrières
pour créer leurs propres factions
personnelles. À la fin, cela fait un
peu beaucoup de sucre, non ?
Un dernier chapitre vient clore
cette création. L’équipement a
été sélectionné par les meilleurs
artisans de Vestérie. Les listes sont
concises mais correspondent aux
standards de la période. Les armes
à feu font leur apparition, elles de-
viennent accessibles et populaires.
Un râtelier est réservé aux armes
et armures adaptées à la morpho-
logie si particulière des aviens.
Vous pensiez vraiment que ce petit
rouge-gorge était inoffensif ?
Quelques règles additionnelles
viennent conclure, avant un bes-
tiaire très riche, cette adaptation
à la 5E. Elles reviennent sur l’utili-
sation de l’Inspiration et sur la vie
et la mort, qui peut survenir au coin
d’une ruelle borgne. L’originalité
vient du fait que, hormis pour les
grands méchants loups, les PNJ
n’ont pas de points de vie. À la
place, ils encaissent des niveaux
d’épuisement lorsqu’une attaque
les touche. Après deux ou plus, ils
passent l’arme à gauche. Cette al-
ternative permet d’accélérer et les
combats, de placer vos joueurs face
à des ennemis nombreux, mais qui
tomberont sous leurs coups plein
de panache. Si vous en voulez en-
core plus, pour simuler l’ambiance
condottiere, un système de ba-
tailles rangées est proposé. Simple
et bien pensé, il vous permet de
rejouer les guerres sanglantes qui
étaient monnaie courante à cette
époque.
Des fables
à n’en plus conter
Comme indiqué, le livre de règles
se referme sur un très bon chapitre
regroupant galamment les héros
d’Historia, plutôt qu’un sordide
bestiaire rempli de monstres et
d’animaux sans conscience. Ne
contenant pas d’aventures, l’écueil
est comblé avec un livre d’aven-
tures publié à côté. Ce recueil de
160 pages regroupe neuf scénarios
prêts à jouer. Certains tiennent
plus de grosses scènes de ren-
contres quand d’autres promettent
plusieurs séances de jeu pour être
surmontées. Elles ne constituent
pas une campagne, mais deux des
plus importantes aventures sont
prévues pour se succéder.
Les thèmes et les ambiances sont
nombreux. Le panel est large et
fait voyager dans toute la Vestérie.
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
Souvent, les joueurs doivent
prendre parti pour un camp, sans
que l’un soit plus louable que
l’autre. C’est toute la complexité
d’Historia qui se dessine dans ces
choix, parfois cornéliens. Que ce
soit une question d’honneur, de foi
ou de cupidité, les joueurs devront
assumer leurs décisions.
En plus du système innovant de
vie et de mort des seconds cou-
teaux, un autre outil est briève-
ment développé pour ces scéna-
rios. Certaines scènes imposent
des obstacles qu’il faut surmonter
en un temps déterminé, avec une
difficulté annoncée et un coût en
points de vie à payer. Ce système
ingénieux permet aussi bien de
simuler rapidement une bagarre de
taverne qu’un abordage ou un duel,
voire la fuite éperdue face à un en-
nemi trop puissant. Le meneur de
jeu peu ajouter des complications
pour corser ces défis, sans passer
des séances entières sur des évé-
nements rapides, tout en gardant
la tension autour de la table.
Historia est une gamme 5E très
originale, qui nous plonge dans
une Renaissance chamboulée par
des acteurs anthropomorphes. Le
travail d’adaptation et de créa-
tion est réussi et donne envie de
sortir des sentiers battus. Avec
les accessoires que sont le set de
cartes géographiques et le superbe
écran, ainsi que le magnifique art-
book qui présente des dizaines
de personnalités plus ou moins
fréquentables, le vénérable prend
un sacré coup de jeune. Des allu-
sions à d’autres Familia plus exo-
tiques émaillent les ouvrages : à
quand les majestueux Leonis, les
perfides Uridèles et les sagaces
Khelonés ? Dans de futures exten-
sions, espérons-le !
Olivier Halnais
CRITIQUES | 51
52 | CRITIQUES

PATHFINDER (2E ÉDITION) | CAMPAGNE (VF)

AGENTS D’ABSALOM
Vous avez demandé la Garde ?
Ne quittez pas. Le Central d’Absalom a ouvert un
nouveau commissariat pour sécuriser un événement majeur
de la ville. Les joueurs ont passé avec succès le concours
d’entrée, bienvenue dans la garde, pas celle de Nuit,
mais celle de la Falaise.

Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel & prix constatés •
2 livres à couverture rigide de
288 pages couleurs, 54,90 €
par volume
1 guide du joueur à
couverture souple de 12
pages couleurs, 4,90 €
1 recueil de plans, 9,90 €
1 livret d’aventures bonus de
16 pages couleurs, 9,90 €
Le pack de campagne
classique avec étui de
rangement des 2 volumes,
144,60 €
J’aime :
+ Jouer des miliciens
implique une certaine
retenue, qui change la façon
de jouer
+ Le thème « flics et voyous »
+ Le journal illustré « les Yeux
d’Absalom » qui émaille les
volumes
J’aime moins :
- Absalom n’est que survolée,
il faut le supplément Citiy
of lost omens pour une
description exhaustive
- L’immersion dans
le costume de garde
demandera du travail
- Il y a beaucoup de donjons
L
a seconde campagne traduite pour
Pathfinder 2 (PF2) a pour cadre
la cité d’Absalom. Le Festival
Radieux est l’exposition universelle de
Golarion. Pour cette édition, le quartier
du Précipice a été choisi pour accueil-
lir cet événement et les milliers de
visiteurs qui vont s’y presser. Un corps
d’élite a été créé à la hâte pour assu-
rer la sécurité : la garde de la Falaise, à
laquelle les joueurs appartiennent.
Enrôlement forcé
Le quartier du Précipice est situé
en périphérie d’Absalom, la capitale
de l’île de Kortos, au cœur de la mer
Intérieure. La Cité au Centre du Monde,
justement dénommée, organise tous
les siècles une commémoration inter-
nationale pour fêter une ancienne
victoire face à un envahisseur depuis
longtemps oublié. Après un petit loupé
cent ans plus tôt, cette 31e édition s’an-
nonce grandiose. Ce quartier de la ville
a été choisi pour accueillir les festivités.
Jadis fastueux, il a été dévasté par un
mystérieux tremblement de terre vingt
ans plus tôt. En moins de trois ans,
avec le concours d’inventeurs un peu
fous (qui ont construit le Ratisseur de
tombes pour niveler le terrain), d’archi-
tectes de renom (qui ont bâti des mer-
veilles pour accueillir le public) et des
druides dévoués (qui ont redonné des
couleurs au quartier), cette banlieue a
fière allure. Pour assurer le calme, une
nouvelle milice a été mise en place.
Venant des autres gardes de la ville, ou
aventuriers ayant signé de leurs propre
chef, les joueurs font partie de cette
élite qui veille au bon déroulement des
réjouissances.
C’est dans ce contexte que se déroule
cette campagne en six aventures dé-
coupées en plusieurs chapitres, comme
les séries TV, eux-mêmes répartis
en deux gros tomes. C’est à peu près
tout ce dont vous disposez comme
contexte. Le Précipice est à peine sur-
volé ; quant à Absalom, elle n’est qu’à
peine visitée dans le guide du joueur.
Ce petit livret annexe, dont nous repar-
lerons pour la création de personnages,
est la principale source d’information
disponible. Rassurez-vous, l’enclave du
Festival Radieux est bien exposée dans
le premier volume de la campagne.
Comme l’action s’y déroule en majo-
rité, en savoir plus sur le reste de la ville
n’est pas indispensable. C’est pourtant
dommage, surtout si vous voulez faire
prendre l’air à vos joueurs. Le guide
complet d’Absalom, qui fait 400 pages
en VO, n’est pour l’instant pas traduit,
même si BBE en a fait mention récem-
ment. Il vous reste le Recueil d’Absalom
de la V1, qui est encore disponible
en VF, mais il est moins complet et
est réglé PF1.
Vous avez signé
pour ça
Les joueurs incarnent des gardes
de la cité. Le Guide du joueur est
un accessoire indispensable pour
aider les personnages à faire leurs
premiers pas. Ils peuvent avoir fait
leurs armes dans une des autres
milices de la ville, qui sont bien pré-
sentées dans le tome 1. Ils peuvent
aussi venir d’autres horizons, la
garde a toujours besoin de lanceurs
de sorts ou de lascars connaissant
les marges de la société. Tous ap-
partiennent à la garde de la Falaise,
qui a en charge la sécurité du
Précipice et le bon déroulement du
Festival radieux. Là encore, l’envi-
ronnement des personnages reste
succinct. Seuls leurs supérieurs
directs sont vraiment présentés,
leur quartier général et leurs col-
lègues demeurent cosmétiques.
Bien que gardes à temps plein, ils
n’ont que peu d’interactions avec
leur administration. Ils enchaînent
les missions sans que le sentiment
d’appartenance à la garde ne soit
vraiment ressenti.
Jouer des gardes implique
quelques ajustements. Porteurs
d’une délégation de l’autorité
légitime de la ville, ils ont des res-
ponsabilités importantes. Leurs
interventions participent de la paix
publique, ils doivent en être dignes
et réfréner leurs ardeurs. L’usage de
la force est encadré, ils doivent do-
ser leurs interventions pour régler
les problèmes sans la puissance
létale habituelle. Du matériel spé-
cifique est à leur disposition, avec
des armes non létales et des acces-
soires d’enquête adaptés. La cam-
pagne implique de nombreuses
rencontres mortelles, il leur faudra
faire preuve de retenue pour faire de nombreuses perquisitions qui
avancer leurs enquêtes. se rapprochent parfois de PMT
détournés.
De l’îlotier Agents d’Absalom est une longue
à l’enquêteur affaire criminelle, vivante et étroi-
Cette présentation vous semble
tement mêlée à une exposition
universelle d’envergure. Elle de-
peu engageante ? D’autant que la mandera un peu d’efforts pour les
pagination des campagnes PF2, MJ exigeants qui veulent mettre en
déjà vue pour Sentence d’Extinc- place une véritable ambiance poli-
tion, peut bouleverser les habi- cière. C’est assez rare en méd-fan
tués de la V1. Les deux volumes
pour se retrousser les manches.
s’ouvrent directement sur les scé-
Cerise sur le gâteau, cette cam-
narios, les outils et résumés sont
pagne permet de monter jusqu’au
placés en fin d’ouvrages. Les PNJ
niveau 20, préparez du café, va y
se partagent l’affiche dans les
avoir des heures supplémentaires
scénarios, d’autres sont relégués
dans les annexes, d’autres encore pour la boucler dans les temps.
renvoient aux bestiaires officiels. Olivier Halnais
Comme ils sont nombreux, cela
demande autant de navettes et un
peu d’organisation pour le MJ.
Pour autant, la campagne est
pleine de promesses. Elle débute
à l’ouverture du festival et envoie
les joueurs se faire les dents sur
des interventions de routine. Ils
prennent rapidement leurs
marques et apprennent
à intervenir avec discer-
nement et modération.
Après quelques par-
ties « Blue Blood », ils
découvrent des indices
qui dévoilent une affaire
d'une toute autre impor-
tance. Un funeste com-
plot pèse sur le festival et
menace Absalom. Ils vont
ranger l'uniforme et se lancer
dans les méandres d'enquêtes
« à la Sherlock ». Ils plongent
dans une investigation au long
cours, avec des sujets sensibles.
L'ambiance est adulte, un avertis-
sement est affiché en préambule.
Les six aventures développent une
sombre intrigue policière, même
si elle n'est pas épargnée par de
nombreux donjons. Bien que sou-
vent maquillés, les joueurs mènent
CRITIQUES | 53
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
54 | CRITIQUES

NOC | SUPPLEMENT (VF)

LE GUIDE DE PRAGUE
La cité aux milles secrets
Prague fait partie de ces villes au passé riche et au patrimoine
ésotérique si dense qu’il suscite forcément l’inspiration. Elle
trouve donc naturellement sa place dans NOC. Même si vous
avez déjà visité Prague, vous serez surpris par cette version
transformée par l’arrivée de l’Artefact.

Fiche technique
Éditeur • Sethmes Éditions
Matériel • Livre format
A4, 104 pages couleur,
couverture rigide
Prix constaté • 32,90 €
J’aime :
+ Le soin apporté aux détails
concrets
+ La richesse du background
+ Les idées de scénarios qui
viennent à la lectures
J’aime moins :
- La carte, jolie mais
finalement pas très claire
- Le manque de cohérence
entre la carte et le texte
- Le manque de matériel
technique (fiches de PNJ,
équipements, etc.)
N
OC est un jeu rétrofuturiste don-
nant la part belle à l’ésotérisme.
Dans cette univers dystopique,
Le Guide de Prague éclaire cette ville
sous un jour nouveau.
Le sens du détail
L’ouvrage se distingue par son sens
du détail. Les deux tiers sont consa-
crés à la description des quartiers de
la ville, ses sites notables et ses PNJ
célèbres. Comme dans le livre de base,
on y trouve des informations sur la
vie quotidienne des gens, leur habitat
et, bien sûr, le fonctionnement des
administrations.
Les thématiques mystiques et éso-
tériques de NOC sont intelligemment
portées au travers du patrimoine cultu-
rel et historique de (la vraie) Prague.
Le supplément pioche copieusement
dans le folklore de la ville et la mytho-
logie juive pour en adapter les mythes
à l’univers de NOC. Ce qui est plaisant,
c’est que ces emprunts fusionnent élé-
gamment avec les spécificités de NOC.
Ces inspirations ésotériques et mytho-
logiques ajoutent encore une couche de
richesse au background de la ville et lui
donne une saveur toute particulière.
C’est dense et chaque paragraphe
suscite des idées de situations, voire
de scénarios, et l’envie de jouer dans
cet univers. L’équipe de NOC a réussi à
rendre ce contexte sexy malgré son hor-
reur (ou peut-être grâce à celle-ci, qui
sait), et on sent que le jeu est le fruit
d’un long développement. C’est riche,
c’est cohérent, et c’est bien construit.
Terrains vagues
Le Guide de Prague souffre tout de
même de quelques défauts. Déjà, à qui
s’adresse-t-il : joueurs ou MJ ? Ensuite,
la carte de la ville, sublime, n’est mal-
heureusement pas toujours facile à
prendre en main. L’ouvrage manque
également de contenu technique :
vous n’y trouverez aucun profil d’ha-
bitant typique, pas de patrouille de
forces de l’ordre et peu d’équipements
typiques. Enfin, les nombreux liens
avec Les Lueurs obsidionales ne sont
pas balisés par des renvois de page,
ce qui ne facilite pas l’assimilation du
background.
Malgré ces petits défauts, le supplé-
ment reste une mine d’informations
très utile. Le Guide de Prague totalise
104 pages, contre les 21 pages du livre
de base dédiées à Olomoc. Autant dire
que ce cadre de jeu est bien mieux dé-
crit. Et puis Les Lueurs obsidionales, se
déroulant à Prague, ce supplément est
indispensable pour jouer la campagne.
Arnaud Cuidet

NOC | SUPPLÉMENT (VF)
LES LUEURS
OBSIDIONALES TOME 1
Un condensé de ténèbres
Le livre de base de NOC promet un metaplot dense, mis en scène
dans une campagne épique. Promesse tenue avec ce premier
tome des Lueurs obsidionales qui fait débuter la campagne
sinon en fanfare, du moins avec brio.
Previously on NOC
Les Lueurs obsidionales t.1 contient
une aventure, « Les Tourments de
Prague », constituée de trois actes
copieux, chacun étant un vrai scénario
jouable en au-moins une après-midi.
La campagne de NOC est donc subdivi-
sée en mini-campagnes de trois scéna-
rios ! Vous l’aurez compris, il n’est pas
toujours évident de se retrouver dans le
vocabulaire et le découpage des Lueurs
obsidionales. Une courte introduction
permet d’avoir une vision d’ensemble
des scénarios du tome 1, mais l’orga-
nisation des chapitres et la maquette
n’aident pas toujours à la lecture. C’est
le seul vrai problème de l’ouvrage.
Hollywood à Prague
L’aventure est très rythmée et le
danger omniprésent, et ce dès les pre-
mières minutes de jeu. Aussi, il est plus
avisé de jouer d’abord les scénarios du
kit d’introduction, voire quelques scé-
narios maison, avant de jeter les PJ
dans la gueule du loup : ils auront assi-
milé le cadre quotidien de NOC avant
d’être propulsés dans les événements
épiques des Lueurs obsidionales.
Le livre de base de NOC promet aux
PJ des aventures épiques malgré le
caractère horrifique et dystopique du
jeu. Les Lueurs obsidionales tiennent
CRITIQUES | 55
parole et se montrent dignes d’un film Fiche technique
Éditeur • Sethmes Éditions
hollywoodien (au bon sens du terme)
Matériel • Livre format
avec chasses à l’homme, sabotages, A4, 128 pages couleur,
procès kafkaïens et enquête à rebon- couverture rigide
dissement à la pelle. L’ambiance n’est Prix constaté • 34,90 €
pas en reste : l’ésotérisme et le mys-
ticisme de NOC sont bien présents,
y compris par des moments de poé-
sie (l’encart expliquant la nature des
lueurs obsidionales est un bijou).
Dans les ténèbres
Les Lueurs obsidionales t.1 contient
également du matériel utilisable en de-
hors des scénarios. Certains éléments
et décors peuvent être facilement
recyclés pour vos propres aventures.
L’ouvrage présente aussi des règles
optionnelles et le système des cabales.
La cabale donne une forme au groupe
de PJ, avec une fiche à part, des attri- J’aime :
buts et même un local. Des moyens + Le caractère épique des
d’actions y sont associés, ainsi que des aventures
vulnérabilités. Cette règle optionnelle + Le metaplot avance de
promet de devenir en réalité très cen- façon concrète
trale au jeu et est une belle nouveauté + L’ajout des cabales
pour NOC.
Même s’il y a à redire sur la forme, ce J’aime moins :
premier tome des Lueurs obsidionales - Le manque de clarté sur le
est une réussite sur le fond : il vous fera découpage de la campagne
- La prise en main rendue
entrer de plein pied dans les intrigues
difficile par le chapitrage et la
au cœur du metaplot de NOC.
maquette
Arnaud Cuidet - Le démarrage punitif
CRITIQUES | 55
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56 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE + SUPPLÉMENT DE BACKGROUND (VF)

OMÉGA
Pensée synthétique
et compréhension du vivant
Si des firmes robotiques avaient pris le contrôle sur la galaxie
et asservi l’espèce humaine, que feraient-elles de leur pouvoir ?
Quels sentiments pourrait-on avoir en se mettant dans la peau
de l’une de ces machines ?

C
Fiche technique ’est sur ces interrogations et
Éditeur • Odonata éditions sur une idée originale de Florent
Matériel • Étui comprenant Moragas (Insectopia), Cyril
deux ouvrages en couleur à « Sith » Berger et Sébastien Ciccia qu’a
couverture rigide : Livre de été conçu l’univers futuriste et posta-
base (400 pages) et Univers et pocalyptique d’Oméga. Nous voilà donc
secrets (304 pages).
au 74 siècle et, à l’instar des univers de
Prix constaté • 112 € (ou
Terminator ou de Matrix, les machines
Livre de base 55 €, Univers et
secrets 49 €) ont pris le contrôle de la galaxie pour en
exploiter les ressources.
L’humanité ainsi que d’autres es-
pèces E.T. ont été réduites en esclavage
pour justement récolter ces ressources.
Bien que certains se sont échappés et
ont formé des groupes de résistance, ce
ne sont pas ces rebelles en lutte contre
l’oppresseur que vous allez interpréter
ici. Florent Moragas nous a déjà habi-
tués à jouer autre chose que des hu-
mains dans son jeu Insectopia, et il en
est donc de même ici. Vous incarnerez
donc un super-robot au service d’une
firme, mais pas n’importe quel robot…
J’aime :
+ Les illustrations
+ Complet sans oublier un New error
scénar Dans cet univers dominé par les
+ Les possibilités
scénaristiques
robots, vous allez jouer un Oméga, le
summum des « synthétiques » doté de
J’aime moins : capacités motrices et cognitives hors
- La densité du commun et d’un châssis modulable.
- Le temps de création d’un Vous avez été programmé par la Méta-
Oméga Entité-Artificielle, sorte de commandeur
suprême de votre firme, pour com-
prendre les « organiques » et apporter
une solution alternative à la force dans
la conquête de nouveaux mondes civili-
sés. Votre compréhension des émotions
et de certains concepts tels que l’amour,
les croyances, l’humour, l’attachement
et autres, vous permet de vous infiltrer
parmi les espèces pour mieux les mani-
puler et gagner leur confiance.
L’objectif est bien entendu d’exploiter
plus facilement leurs ressources dans
l’intérêt de votre firme. Toutefois, cette
compréhension du vivant et le contact
répété avec ces organiques va vous
conduire à un conflit intérieur géné-
rateur d’erreurs mais aussi d’états de
conscience. Cela peut vous amener à
vous humaniser et vous pousser à vous
reprogrammer pour sortir de vos rou-
tines habituelles. Mais cela risque de
faire de vous un dissident ou pire, un
déviant, avec le risque d’être « effacé »
par les robots Psi qui veillent à tout
écart… C’est tout cet aspect des robots
Oméga qui fait le véritable sel du jeu.
Beau comme un
camion-transformer
Lancé en financement participatif dé-
but 2021, le projet a dépassé ses objec-
tifs et a donné naissance à un imposant
livre de base, accompagné d’un
second ouvrage sur l’univers et ses
secrets presque aussi volumineux,
tous deux réunis dans un très bel
étui. L’ensemble et superbe, et les
sombres couvertures de Michael
Michera contribuent grandement
à la beauté de l’ensemble, tout
comme les illustrations et plans
de Josselin Grange entre autres
illustrateurs. L’intérieur sur papier
glacé offre une maquette claire et
agréable à lire sur deux colonnes.
Les chapitres sont facilement
repérables par une marque de cou-
leur visible sur la tranche. Les nom-
breuses illustrations numériques
restituent bien l’ambiance froide
et déshumanisée de ce monde
robotique.
Chaîne
de montage
La conception de votre person-
nage Oméga est assez précise
et nécessite plusieurs phases et
choix, ce qui rend sa création assez
longue mais sans difficulté. Après
avoir choisi la firme à laquelle vous
appartenez, vous devez faire le
choix du châssis que vous allez in-
tégrer. Celui-ci n’est pas forcément
définitif, et il vous sera possible
de le changer si la M.E.A. de votre
firme l’autorise, généralement en
montant en grade. Ce châssis va
donner une certaine orientation à
votre rôle dans un groupe du fait
de sa physionomie : robot tita-
nesque doté d’un arsenal de des-
truction, droïde plus résistant aux
impulsions électromagnétiques,
cyborg d’apparence humaine pour
se fondre parmi les organiques,
drone aérien rapide et modulable,
jusqu’au dernier né des châssis,
le Changeforme, en alliage liquide
pouvant changer d’apparence.
Chacun a ses avantages et incon-
vénients. Cela permet d’avoir un
groupe hétérogène.
Vous devez ensuite répartir 18
points dans le software et hard-
ware de votre robot, ces deux
éléments étant représentés par
trois caractéristiques : IA, CPU et
Interface pour l’un et Ossature,
Moteur et Balise pour l’autre. De
chacune de ces caractéristiques dé-
coulent deux Programmes, sortes
d’aptitudes qui sont au cœur de la
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
mécanique du jeu. Ils représentent
par exemple l’accès aux bases de
données de la firme, les contre-
mesures électroniques, la capacité
de hacking, les divers détecteurs,
l’utilisation de l’armement, sans
oublier le fameux programme co-
gnitif Oméga permettant de mieux
comprendre les êtres vivants.
Enfin, il est possible de se doter de
sous-programmes liés à la caracté-
ristique IA et couvrant les actions
spécifiques non prises en charge
par les programmes.
Voilà, votre robot sort de la chaîne
de montage, mais il n’est guère
différent de celui de votre voisin.
C’est le moment de l’améliorer et
de le personnaliser en achetant
des augmentations de caracté-
ristiques, de programmes ou de
sous-programmes ou d’ajouter des
slots. Enfin, vous pouvez définir
ses systèmes auxiliaires (blindage,
vitesse, énergie disponible, etc.)
et doter ses slots d’extensions et
d’armements en les sélectionnant
dans un vaste catalogue.
Sans être complexe, la création
d’un Oméga est assez longue et
la feuille de personnage atteste
CRITIQUES | 57
58 | CRITIQUES
Remarque
de Papy Donjon
Des éléments du jeu
évoqueront à quelques vieux
rolistes certains anciens JdR
français, tels que : Heavy
Metal (1991 chez Siroz) où
on incarnait un cyborg avec
différents châssis, luttant
contre les « égarés », et
pouvant devenir déviant.
Moins vieux, le jeu R.O.B.O.T.
(2006 chez Studio Mammouth
puis 2008 aux Éditions Icare)
dans lequel les machines
ont exterminé l’Homme.
Elles se rendent compte
finalement qu’il est difficile de
s’affranchir de son créateur et
se retrouvent « contaminées »
par des traits et concepts
typiquement humains.
d’ailleurs de cette relative simplicité.
Il semble cependant difficile de jouer à
la va-vite si le synthétique n’a pas été
créé à l’avance. Toutefois, quelques
personnages pré-tirés sont fournis,
permettant de se lancer directement
dans le jeu pour une partie improvisée.
Operating System
Le système du jeu Omega est une
adaptation de celui d’Insectopia.
Comme ce dernier, il utilise un sachet
de pastilles de couleurs appelées ici des
« diodes », thématique robotique oblige.
Pour ceux qui préfèrent les dés ou
veulent s’affranchir de cet accessoire,
il est possible de les remplacer par des
d10 dont chaque valeur correspondra à
une couleur. Ces couleurs correspondent
elles-mêmes à un résultat : bleue pour
une réussite mineure, verte pour une
réussite améliorée, rouge pour une
réussite critique, blanc pour un échec
et noir pour une maladresse. Le nombre
de diodes à tirer est obtenu en faisant
la différence entre la valeur du pro-
gramme et la difficulté ou la valeur du
programme opposé. Si cette différence
est positive, vous choisissez la diode qui
vous avantage, si elle est négative, c’est
l’adversité qui fait ce choix. Le principe
est le même avec des d10. À noter que
les Omégas ont la capacité de s’inter-
connecter et peuvent ainsi s’entraider
pour faire baisser la difficulté.
Un univers vaste
Comme mentionné précédemment,
le jeu se déroule dans toute la galaxie
et même au-delà. Il est donc très vaste
et riche en possibilités. C’est l’ouvrage
Univers et Secret qui aborde de façon
plus détaillée les zones de contrôle des
firmes dans l’univers, le voyage et les
combats spatiaux ainsi que les dangers
et mystères qui vous guettent dans
l’espace infini.
Chaque firme a donc une emprise sur
une zone de la galaxie qu’elle défend,
et dispose de nombreuses planètes,
de centres d’élevage et de flottes de
vaisseaux pour étendre sa suprématie.
Chacune d’elle est régie par des lois,
des valeurs, des objectifs différents et
possède des intérêts, des idées et une
conception de l’univers différentes.
Les ressources restent un point essen-
tiel pour fabriquer toujours plus de
robots et assurer ainsi leur expansion
permanente en colonisant d’autres
planètes et astéroïdes. Toutefois, cer-
taines firmes sont parfois spécialisées
dans un domaine particulier comme
la recherche et l’innovation pour
Future Technologies, l’exploration et
la conquête pour Hegemon Industries,
l’analyse du vivant pour Cyberlife, le
mercenariat et commerce même avec
des organiques pour Earth Shield ou
enfin la maîtrise de la communication
pour Prophetia Incarporated. Ces spé-
cificités ouvrent de nombreux ressorts
scénaristiques.
La conquête de nouveaux systèmes
solaires entraîne tôt ou tard une
confrontation avec des êtres vivants
évolués. Les conflits avec les orga-
niques sont donc récurrents, plutôt
rarement avec les humains devenus es-
claves depuis longtemps, mais plutôt
avec certaines espèces E.T. telles que
les Cranis, sortent de grands insectes
combatifs, ou les Quaness intelligent
et dotés d’une haute technologie. Bien
que les firmes s’allient parfois pour
combattre ces organiques, leurs luttes
intestines sont permanentes et cer-
taines ne vivent que par le conflit.
Le jeu contient beaucoup d’informa-
tions qu’il faut assimiler et l’éventail
des possibilités est large, ce qui peut
être un peu intimidant pour un débu-
tant. Toutefois, comme souvent dans
les univers de jeu de cette ampleur, ce
sont les scénarios qui donnent un cadre
bien défini, ce qui permet de resserrer
le champ des possibilités. Le potentiel
scénaristique est en tout cas énorme,
et vous pourrez aussi bien effectuer
des missions d’infiltrations parmi les
organiques, que découvrir une nouvelle
planète, vous confronter à des E.T. ou
à des humains, enquêter sur les agis-
sements d’une autre firme, collaborer
avec d’autres firmes pour combattre
une nouvelle menace, saboter les pro-
jets d’une firme adverse, etc.
À noter qu’il y existe quelques mys-
tères stellaires et éléments secrets
chez les firmes qu’il sera important de
ne pas dévoiler trop vite et de distiller
au fil des aventures.
Ressources
Côté aventures, le Livre de Base ainsi
qu’Univers & Secret proposent tous
deux un scénario permettant de rapi-
dement tester et découvrir l’univers. Le
premier est une enquête sur un étrange
patchwork de débris issu de diverses
firmes sur une planète géante. La se-
conde emmène les Omega Joueurs sur
une planète à la recherche d’un Oméga
cyborg. Si vous en voulez d’avantage,
outre le scénario dans le précédent nu-
méro de notre magazine, deux recueils
de scénarios de 144 pages sont égale-
ment prévus et seront déjà financés à
l’heure où vous lirez ces lignes. L’un des
recueils propose une mini-campagne
en trois scénarios et le second diverses
aventures aux thématiques variées.
Mission complete
Omega est beau, très dense, avec
plus de 700 pages en deux ouvrages et
un univers très vaste à l’ambiance très
sombre. Cela peut donc être assez inti-
midant, tout comme le fait de jouer des
machines froides. Mais le jeu est com-
plet, riche et bien structuré, ce qui rend
finalement sa prise en main plus aisée.
Jouer un robot n’est pas une nouveauté
en soi, ni même le face-à-face d’une IA
avec le Vivant (voir marge), mais, dans
Oméga, cet aspect est vraiment mis
en avant et c’est ce qui rend vraiment
l’interprétation de ces robots intéres-
sante. Les cinq firmes aux aspirations
différentes, tout comme l’adversité or-
ganique variée et les mystères stellaires
sont autant d’éléments qui offrent un
immense champ de possibilités. Si vous
aimez les beaux ouvrages, que vous avez
aimé Insectopia et si vous ne craignez
pas de sortir de votre zone de confort en
incarnant un robot, alors Oméga est une
expérience qui devrait vous plaire.
Pierre Balandier
CRITIQUES | 59
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
60 | CRITIQUES
Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • Livre à couverture
rigide de 200 pages en
couleur, écran et livret, 5
fiches de prétirés cartonnées
Prix constaté • 39,90 € (Livre
de base), 29,90 € (Écran), 3 €
(Prétirés)
J’aime :
+ L’imbrication avec la BD et
le roman
+ Tous les outils pour une
prise en main immédiate
J’aime moins :
- Le système un peu trop
générique
- Un poil verbeux
COMMANDO BARBARE
Bain de sang chez les nains
Rarement titre aura été aussi évocateur. Bienvenue dans cette
adaptation d’une œuvre pleine de finesse ( !) signée Joann Sfar
et Nicolas Kéramidas !
C
eci dit, adaptation n’est peut-
être pas le mot juste. Commando
Barbare, c’est en effet une BD, un ro-
man illustré et donc, un jeu de rôle, conçus
tous les trois dans un même mouvement.
Il ne sera bien entendu aujourd’hui ques-
tion que du JdR, qui sort chez Black Book
Éditions avec le désormais incontournable
moteur Chroniques Oubliées.
Mieux vaut faire
vingt que nain
Le système est donc connu : un dé-
rivé de D&D simple et direct que cette
nouvelle itération ne chamboule pas.
On y retrouve les mêmes six caracté-
ristiques exprimées sous la forme d’un
modificateur (-1, +2…) qui s’ajoutent au
résultat d’un d20. Le total doit dépas-
ser la difficulté.
Les capacités spéciales, qui font à la
fois office de compétences, de sorts et
d’attaques spéciales, sont regroupées
par voies, chacune sur quatre niveaux.
Chaque personnage dispose de trois
voies. La première correspond à sa
culture, l’une des trois communautés
naines – les litvaks, élite dirigeante,
les ritaliens, bras ouvrier et mal consi-
dérés, et les cavernicoles, marginaux
qui vivent à bonne distance de la ville.
Les deux autres voies sont octroyées
par leur profil – couleuvrier (spécialiste
de la poudre à canon), ensauvagé (une
sorte de shaman), héraut (moitié trou-
badour moitié délivreur de messages),
noble ou traqueur.
LIVRE DE BASE
En dehors des cultures et profils, les
seules concessions du système à l’uni-
vers sont des tables de coups critiques
en mode gore grand-guignol et un sys-
tème d’expérience un peu… particulier.
Commando Barbare projette en effet
les concepts historiques du JdR, comme
la notion d’alignement et les points
d’expérience, dans un monde réaliste
– pour mieux s’amuser de l’incongruité
du résultat, bien entendu. La montée de
niveau est ainsi une expérience violente
et traumatique qui survient en milieu
d’aventure, après un combat ou une dé-
couverte importante, par exemple, et le
plus souvent à un moment inopportun.
Nain porte
l’équipement,
tant qu’il occit
Le petit catalogue d’équipement four-
ni est lui aussi bien spécifique au monde
de Commando Barbare et son côté paro-
dique. Casque à psychosimulation, voco-
typeuse et carbonéotypeuse viendront
colorer vos parties. On saluera le travail
sur les noms, à la fois clair et évocateur.
Le bestiaire reprend des créatures de
la BD et du roman, toujours dans le ton
burlesque et référencé de l’univers. Il
reste assez classique, mais ce ne sont
pas les créatures, à titre individuel, qui
sont au cœur des thématiques du jeu,
mais plutôt le tissu social dans lequel
elles s’inscrivent.
En dehors de ces éléments, l’univers
n’est abordé que sur quatre petites
pages qui posent ses thèmes et
son ambiance. Commando Barbare
est en effet surtout le jeu d’une
campagne, qui occupe de fait la
majeure partie de l’ouvrage.
Une nain portante
mission
Cela fait 100 ans que le Mal a été
vaincu. La douce cité de Gerçure
d’Orteil vit des jours tranquilles.
Mais stupeur et tremblement !
Voilà qu’un horrible nain, Burrato,
a commis le premier crime en
presque un siècle avant de prendre
la fuite ! Les joueurs incarnent un
groupe de nains, le Commando
Barbare, dont la mission est
simple : ramener l’outrecuidant par
la peau des fesses.
Ce faisant, ils vont découvrir
que le monde n’est peut-être pas
aussi noir & blanc que le laissent
entendre les notions d’aligne-
ment qu’on leur inculque pourtant
depuis leur plus tendre enfance de
nains…
Les cinq aventures narrées se
déroulent intelligemment en pa-
rallèle de la BD et du roman. Elles
entendent être aussi prêtes-à-
jouer et didactiques que possible.
Les outils et les conseils sont ainsi
distillés avec force détails tout du
long. Le résultat est étonnamment
efficace. Même si les vieux de la
vieille pourront trouver le texte un
peu trop verbeux, il a l’avantage de
véritablement donner toutes les
billes pour gérer la campagne. Les
conseils au MJ, insérés au moment
opportun, s’avèrent aussi diable-
ment plus efficients que l’habituel
chapitre générique de conseils.
Les cinq scénarios adoptent
par ailleurs des structures plutôt
variées, du plus linéaire au plus
ouvert. Il n’y a donc pas de quoi
s’ennuyer !
que de proposer des outils géné-
Accessoires riques, il garnit chaque morceau
fait nain de viande de l’aventure avec des
L’écran, disponible séparément, conseils et options qui vont bien.
expose côté joueur une galerie de Son système est suffisamment
nains forts en gueule qui pose le compact mais avec ce qu’il faut
d’options pour être intéressant sur
débat. De l’autre côté, le MJ retrou-
vera toutes les voies, toutes les la durée.
capacités, toutes les tables. C’est Son côté parodique, sans être
écrit un peu petit mais c’est abso- un parangon d’originalité, offre un
lument complet niveau règle. Avec peu de fraîcheur bienvenue. Certes,
ça, il y a peu de chance que vous son propos sous-jacent, notam-
deviez feuilleter le bouquin en ment sur les notions hautement
cours de partie. rôlistiques de Bien et de Mal, reste
Le livret propose un scénario bo- d’autant plus limité que les joueurs
nus qui se place entre la première un minimum chevronnés ne seront
probablement pas très surpris par
et la deuxième aventure de la cam-
les rebondissements de l’aventure.
pagne. Il est rédigé dans le même
Mais au vu de l’emballage, une
esprit que cette dernière mais, eu
campagne riche en rires et en mas-
égard à son côté facultatif, s’avère
sacres, est-ce bien grave ?
un peu plus décousu et sans enjeu
majeur, bref : plus anecdotique. Slawick Charlier
Cela ne l’empêche pas de remplir
son rôle. Il tient parfaitement la
route et constitue une excellente
occasion de prolonger un peu le
plaisir.
Black Book propose en outre un
petit pack de cinq personnages
prétirés, sous la forme de fiches
cartonnées recto-verso. Plutôt
réussies, elles peuvent aussi faci-
lement servir de source d’inspira-
tion ou de PNJ, si vous souhaitez
enrichir la campagne de créations
de votre cru. Il est en revanche
curieux de les vendre séparément,
même à petit prix, plutôt qu’en
pack avec l’écran dans lequel elles
auraient eu toute leur place.
Un nain verti en
vaut… euh… un
Commando Barbare est un
burst, un jeu rédigé exclusi-
vement autour d’une unique
campagne proposée dans le
livre de base. À ce titre, il est
parfaitement pensé. Plutôt
CRITIQUES | 61
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
62 | CRITIQUES
Fiche technique
Éditeur • D100.FR
Matériel • 1 livre N&B à
couverture souple de 143
pages
Prix constaté • 18 € en
impression à la demande
sur Lulu, 11 € en PDF sur
DriveThru RPG
J’aime :
+ Une ambiance de fin de
règne rongé par la corruption
+ La guilde des artificiers
J’aime moins :
- 2 des 4 scénarios proposés
ne se déroulent pas à
Sorandib et tiennent plus du
synopsis
MYTHRAS | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
L’empire taskien, aussi présenté dans ce numéro, étend son
influence sur de nombreuses contrées voisines. La cité-état
de Sorandib est la dernière de Sorantie à garder une certaine
indépendance, pour combien de temps encore ?
L
a Sorantie fut un temps le grenier
à grains et à matières premières
de la région. Divers revers de for-
tunes et des déroutes militaires l’ont
lentement rapprochées de la faillite
politique. Le vieux roi Shadrien II sauve
les apparences, inconscient que sa ville
chérie est au bord du chaos.
Contexte difficile
La ville, partagée en deux parties iné-
gales par un fleuve prospère, a encore
de l’allure. Sa population, tombée à
20 000 âmes, est à l’aise dans un joli
soulier trop grand. Les vieux quartiers
rivalisent avec des faubourgs mo-
dernes, sous l’œil bienveillant du clergé
solaire retranché dans sa majestueuse
ziggourat. De son palais haut perché, la
famille royale voit sa ville se gangrener
alors que, de l’autre côté du fleuve, na-
tions rivales et familles dissidentes se
préparent à se battre pour la régence.
Sorandib est plutôt bien présentée.
Son histoire est indissociable de sa si-
tuation actuelle. Les guildes d’artisans
en ont fait une cité industrieuse, sous
le patronage efficace de la guilde des
artificiers. Cette société de sorciers est
l’une des seules à se voir autoriser la
magie sans concessions. La foi a quitté
le cœur des habitants, rendant la magie
divine marginale. La marge est, elle, de
plus en plus prégnante. La société des
mendiants est influente jusque dans
les égouts de la ville. Si la surface sauve
encore les apparences, les bas-fonds
sont déjà contaminés.
SORANDIB
Cité en perdition
Pauvres hères
C’est dans ce contexte corrompu
que ce supplément compte nous faire
patauger. Les règles de création de
personnages de Mythras ne sont que
légèrement adaptées pour corres-
pondre au cadre urbain. Vos joueurs
peuvent appartenir à l’un des cultes
encore en place, ou adhérer à l’une des
guildes d’artisans, dont celle des arti-
ficiers. Cette sulfureuse confrérie dis-
pose de droits dérogatoires, il se mur-
mure qu’elle a déjà les clés du pouvoir.
Elle ne se limite pas à ses fabrications
alchimiques ou mécaniques, dont les
fameuses arquebuses qui sont toutes
destinées à l’export. Elle magnifie tous
les artisanats de la ville, proposant aux
apprentis et compagnons de magnifier
leur travail par des artifices. Comment
lutter contre le premier GAFA médiéval ?
Quatre aventures terminent le supplé-
ment. Seules deux sont des scénarios prêts
à jouer et se déroulent à Sorandib. Les deux
autres sont des amorces à développer, qui
demanderont un peu d’artifices pour être
jouables. De plus, elles ne se déroulent
pas dans la cité, mais celle qui envoie les
joueurs à la recherche de la peau de leur
commanditaire mérite qu’on s’y attelle.
Sorandib est une ville prête à jouer, avec
des plans bien fichus. Plusieurs lieux emblé-
matiques ajoutent du cachet à l’ensemble.
C’est surtout cette ambiance de corruption
patente et de chute inexorable qui donne
tout son sel à cet environnement urbain.
Olivier Halnais

MYTHRAS | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
L’EMPIRE TASKIEN
Cœur de fer
Cadre de jeu pour Mythras, le monde de Thennla hante l’agora
depuis deux décennies. Son empire le plus puissant contrôle
une partie du continent oriental et ne compte pas en rester là.
Fuyez, les Taskiens arrivent !
T
hennla est à la croisée des chemins
antiques et médiévaux. La magie,
surtout divine, fait partie du quo-
tidien de ses habitants. La nation la plus
puissante de ces vastes terres est sans
conteste l’empire taskien. Bienvenue à
la cour de l’Empereur Immortel.
Une civilisation à son apogée
Expansionniste, l’empire taskien a
connu les déboires de ses modèles
romains et perses, devenant difficile
à diriger à force de s’étendre, jusqu’à
l’arrivée d’un mercenaire étranger et de
son armée de hors-la-loi. Il fut mis en
coupe réglée par celui qui devint l’em-
pereur divin et qui lui assure sécurité et
prospérité depuis deux siècles. L’empire
s’éloigne de ses modèles historiques et
devient une nation originale, tout en
gardant ce vernis antique bien appliqué.
La présentation de tous les aspects
d’une vie de citoyen en fait un envi-
ronnement de jeu complet, où le lec-
teur a envie de s’installer. L’empire est
conduit par le Simulacre de Fer, avatar
de l’empereur qui s’est retiré dans son
palais forteresse pour préparer son
apothéose, chose courante pour un hé-
ros. Les affaires d’état, tant politiques,
militaires que religieuses, sont gérées
par son clergé, qui n’impose pas une
religion monothéiste. La spiritualité
est très présente, faite du syncrétisme
de toutes ses composantes coalisées.
L’empire est un savant dosage de peuples
conquis, assujettis et alliés. Les provinces
sont des diocèses dirigés par des exarques,
CRITIQUES | 63
qui rendent comptent à l’empereur et non
à son clergé. Les nations voisines sont res-
pectées, tant pour leurs liens commerciaux
que par leurs alliances solides nouées avec
lui. Les informations sont suffisantes Fiche technique
pour faire voyager vos joueurs d’un bout Éditeur • D100.FR
à l’autre de ces terres, votre inspiration Matériel • 1 livre N&B à
venant compléter ces généralités. couverture souple de 131
pages
Enfants de l’Empire Prix constaté • 16 € en
Les règles se concentrent sur la création impression à la demande
de citoyens impériaux. Le peuple tarsé- sur Lulu, 11,50 € en PDF sur
nien, qui est le sang de l’Empire, s’est DriveThru RPG
ouvert aux peuples conquis. Hommes
et femmes, égaux en droits, ont ac-
cès à toutes les fonctions officielles.
L’esclavage est interdit, chacun pouvant
déclamer sa fidélité à l’empereur pour
être affranchi. La liberté de culte est
assurée par les lois du Simulacre de Fer,
seules les magies vouées à la nécroman-
cie et aux malédictions sont proscrites. La
création de personnage est assez libre,
proposant de nombreuses options d’affi-
liation religieuses, magiques et militaires.
L’ouvrage se conclut par un scénario
qui correspond bien à son thème. Les
joueurs sont engagés pour une expé-
dition visant à apaiser les ardeurs d’un J’aime :
dieu qui s’éveille et qui pourrait mena- + La présentation exhaustive
cer la paix diocésaine, rien que ça ! de l’Empire
+ L’ambiance impériale
Ce supplément est assez complet
antique
pour installer une campagne durable
dans un environnement stable mais J’aime moins :
fragile. Les secrets dévoilés montrent - On pourrait en savoir encore
que ce n’est pas si idyllique que les plus sur l’Empire
dévots impériaux le professent. - Rien d’autre, c’est un coup
Olivier Halnais de cœur à développer
CRITIQUES | 63
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
64 | CRITIQUES
BRANCALONIA
Appliquer les codes du western spaghetti à la fantasy, c’est
l’idée qu’a eu l’éditeur italien Acheron Games en créant
Brancalonia. Grâce à Studio Agate, nous allons désormais
pouvoir goûter aux charmes de la fantasy spaghetti en français
F
Fiche technique inancée début 2022, la version
Éditeur • Studio Agate française de Brancalonia a sus-
Matériel • Livre de base à cité beaucoup d’enthousiasme,
couverture rigide de 192 puisque pas moins de 964 contribu-
pages et un livre à couverture teurs ont permis à Studio Agate de la
rigide (Macaronicon) de 160 publier. Que vous souhaitiez lui donner
pages
corps de manière humoristique ou plus
Prix constaté • 39,90 € par
sombre, cette vision d’un univers fée-
livre
rique douloureux et sans le sou aura
de quoi vous lancer dans des parties
mémorables !
Des inspirations
marquantes
Fan du Sacré Graal des Monty Python,
nous avons récemment découvert le
J’aime :
+ Une ambiance géniale et film L’Armée brancaleone de Mario
bien décrite Monicelli, qui semble avoir fortement
+ Un univers parfait pour inspiré les anglais ! Les premières
des séances de roleplay pages du jeu proposent à vrai dire
mémorables une liste très complète des influences
+ Beaucoup d’idées brancaloniennes (livres, films…).
originales prêtes à l’emploi L’interprétation de ces sources peut
ou propices aux ajouts bien sûr varier, toutes ne vont pas dans
personnels le même sens. On pourrait en tirer une
atmosphère de conte débridé, où le
J’aime moins :
- Le choix du système
chat botté croise Pinocchio pour aller
donner une bonne correction à l’ogre
- Une carte du royaume dans
le livre de base, des cartes de du petit Poucet. Ou bien du médié-
villes dans le Macaronicon, val (un peu) plus terre à terre prenant
quelques cartes régionales l’allure de ces westerns où tout se règle
peuvent manquer à coup de baffes. Et pourquoi ne pas
LIVRE DE BASE (VF)
Fantasy spaghetti
dans le texte !
simplement mélanger tout ça ? C’est
en tout cas ce que nous proposent les
livres que nous allons découvrir.
Rappelez-vous en tout cas que, dans
Brancalonia, on incarne des vaga-
bonds, des gagne-petits : des canailles,
dans le vocabulaire du système. Côté
meneur ou meneuse de jeu, le rôle
est nommé Condottiere. En effet, on
incarne ainsi une sorte de chef de mau-
vaise troupe, infligeant diverses cor-
vées sous forme de scénarios bigarrés
(et bagarreurs). Tout un chapitre est
là pour nous aider à devenir de bons
Condottiere. On y lit notamment que
pour les auteurs, la fantasy spaghetti
peut se résumer en quelques grandes
lignes : une atmosphère légère où la
magie est rare, une tragi-comédie
permanente où les acteurs et actrices
sont les gens du peuple. Sans oublier
bien sûr la baston ! Pour ce dernier
aspect, Brancalonia déclare s’inspirer
du concept de “Castagne et Fantasy”,
promu par un collectif d’auteurs ita-
liens (Ignoranza Eroica).
Un système
bien connu…
Édité en France par Studio Agate, le
jeu est basé sur le SRD5 et est donc
compatible avec le Dragons de l’éditeur,
mais aussi avec Rôle’n Play de BBE Comme nous le disions, la pro-
et bien sûr, tout simplement, le gression des personnages est limi-
À chaque monde
plus célèbre des JdR. Sans révolu- tée à six niveaux de progression. ses personnages
tionner le système, il en propose Pour se consoler, il peuvent élever Bien sûr, le livre propose de nou-
une utilisation adaptée à l’univers leur niveau de notoriété. Plus la velles espèces ainsi que de nou-
particulier qui nous est proposé, prime accordée pour votre capture veaux archétypes, dans l’esprit
insistant notamment sur le fait est grande, plus vous aurez le res- du jeu. En plus d’une sorte d’ogre
que les personnages évolueront sur pect de vos pairs ! de près de 2,50 mètres, on peut
six niveaux et pas au-delà. Pas de désormais incarner une marion-
Pour ce qui est des bastons, une
Conan ou autre héros légendaire en nette animée (entre autres, mais
Brancalonie ! forme de combat non létale appa-
comment penser à autre chose dé-
raît : la rixe. C’est l’occasion de
Étant donné qu’il s’agit d’un sormais ?). Parmi les variantes de
cadre de campagne, le livre ne filer (et de recevoir) des gnons. De classes, le matador (archétype de
reprend pas toutes les règles. Si quoi finir tuméfié, estropié ou, au rôdeur) est un expert de la chasse
vous ne possédez aucun des jeux pire, KO, mais pas plus. Ces termes aux monstres, capable de pister
évoqués ci-dessus, vous pouvez remplacent en fait les points de vie ces créatures pour les tuer ou les
tout simplement vous tourner vers durant la rixe, le sixième niveau dresser. D’autres occupations plus
le System Reference Document dis- de gnons vous mettant hors de mystiques proposent de jouer des
ponible gratuitement sur Internet. baston. païens ou des faiseurs de miracles.
Nous aurions préféré découvrir
un jeu véritablement indépendant
avec un système unique et cen-
tré sur la vie de canaille sans le
sou. Ici, il peut s’avérer nécessaire
d’apporter quelques ajustements
aux règles si on veut limiter la pré-
sence de la magie ou de capacités
qui s’éloignent de l’ambiance des
films de référence. Notons tout
de même que parmi les modifica-
tions apportées, les repos courts
passent à huit heures et les longs à
sept jours ! De quoi freiner tout de
même certaines ardeurs, et encou-
rager la sieste.
De nouvelles règles permettent
de gérer les bagarres (attention
toutefois, le matériel de nos ca-
nailles, par défaut, est de mau-
vaise qualité… Trouver une épée
étincelante relève du miracle), la
vie au sein d’une compagnie de
fripouilles et l’organisation d’un
repaire, qui peut être amélioré au
fil du temps : si la cuisine mérite-
rait toutes les attentions, on peut
gaspiller un peu de ressources pour
jouir d’une écurie, d’une forge ou,
pour parler de choses sérieuses,
d’une distillerie.

CRITIQUES | 65
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
66 | CRITIQUES
À ce propos, le livre suggère d’ac-
compagner les sorts de prêtres
par des suppliques adressées
aux saints, par exemple « Sainte
Polenta aux jolis cols, purifiez la
bouffe et la picole ! ». Le ton est
donné (bien sûr, l’improvisation est
suggérée).
De nouveaux historiques de vie
sont aussi fournis, car sinon com-
ment pourrait-on tirer aux dés un
personnage maîtrisant l’art du pi-
peau et ne ratant pas une occasion
d’en jouer devant le premier venu ?
Parmi les failles proposées, « Je ne
me lave jamais. Pourquoi faire ? »
semble faire office de règle univer-
selle en Brancalonie, mais il faut
croire que certaines personnes s’y
lavent encore moins souvent que
d’autres.
À deux doigts
d’intégrer le cul
de chouette
Un tel univers ne serait pas com-
plet sans ses fêtes et ses jeux de
tripots, et le livre de base prend
un peu de temps pour nous fournir
tables et idées à ce sujet. Dilapider
votre argent durant des festivités
peut avoir des effets fort variables
(tirés sur un d20) allant de l’empri-
sonnement à la liesse populaire (et
le gain de notoriété qui va avec).
Quant aux jeux de taverne, quatre
sont proposés, dont les noms sont
déjà évocateurs : la broutille (un jeu
de cartes), le tape-tonneau (pour
jouer les piñatas vivantes), le gueu-
leton brancalonien (un concours de
nourriture, forcément une mau-
vaise idée) et la joute paysanne
(quand on n’a pas de cheval…). Une
bonne base. Libre à vous d’intégrer
d’autres jeux (au hasard… un jeu de
dés qui se gagne en 343 points ?).
De quoi jouer !
Le livre de base contient son lot
de scénarios, ainsi que de nou-
veaux monstres. Une douzaine,
comprenant notamment la vilou-
père, croisement féroce entre loup
et vipère. C’est l’occasion de men-
tionner les efforts de traduction,
qui nous semblent plus qu’hono-
rables, rendant justice aux noms
spécifiques à l’univers tout autant
qu’aux nombreuses citations, pro-
verbes et comptines agrémentant
les pages du livre. Pour en revenir
au bestiaire, il est complété par des
fiches de personnages plus clas-
siques (coupe-jarret, garde royal,
etc.) accompagnées de quelques
originalités : l’animal qui parle (fort
utile pour donner au corps à l’am-
biance « conte détraqué ») ou la
foule de paysans (que nos canailles
ne manqueront pas d’exciter de
temps en temps, volontairement
ou non).
Il y a du rab’
Brancalonia nous arrive avec
un second livre, délicieusement
intitulé Macaronicon. Présenté
comme le « premier » supplément
officiel pour cet univers, il s’agit
d’un joyeux fourre-tout contenant
des ajouts obtenus lors du finan-
cement communautaire du jeu.
On y trouve de quoi incarner un
équivalent du chat botté. En effet,
parmi les trois nouvelles espèces
proposées, on trouve le chat-
lupesque, mais aussi son pendant
côté rongeur, le raton !
Le livre propose ensuite une série
de nouveaux archétypes en rap-
port avec les classes existantes.
Savourons la présence de l’exor-
ciste du côté des prêtres, mais aus-
si l’apparition du bidouilleur, une
variante de roublard capable de
créer toutes sortes de gadgets afin
de se tirer d’affaire. Une liste de
bidules est fournie, rappelant un
croisement entre Léonard de Vinci,
Mac Gyver et l’inspecteur Gadget.
Qui ne voudrait pas se fabriquer
des ailes mécaniques, un soufflet
enflammé ou une bombe puante ?
À cela s’ajoute une toute nou-
velle classe : le marionnettiste.
Les êtres de bois étaient déjà
proposés comme espèce poten-
tielle dans le livre de base. Ici on
retrouve donc l’équivalent d’un
Gepetto survitaminé, décrit sur
huit pages très fournies. Cette
classe permet de manipuler des
pantins semi-autonomes, corres-
pondant à des classiques comme
Polichinelle, ou des références
plus obscures (un chapitre revient
plus loin sur l’implémentation des
masques et pantins dans l’univers
de Brancolonia).
Ce livre additionnel propose
aussi des compléments au niveau
de l’équipement (et le jeu n’aurait
pu être jugé complet sans la bêche
de guerre), des objets magiques
(dont une ceinture de force mé-
diocre qui vous rend fort mais
pas trop) ou des sorts (comme
l’exorcisme, pour accompagner le
nouvel archétype, ou le festin du
pauvre, pour manger de bonnes
plâtrées de pâtes avant la sieste).
Et si le sport vous manque, vous
trouverez quelques pages per-
mettant d’intégrer un football
local à vos parties, une idée inté-
ressante à caler ici ou là, mais
brièvement décrite. Pas de quoi
lancer facilement une campagne
sur ce sujet, à notre grand regret.
Oui, nous allons forcément un jour
lancer une grande histoire à base
de Middenball ou de football pé-
nombrien (celui de Brancalonia).
Notons quand même en faveur
de ce dernier que le Macaronicon
y consacre l’un de ses scénarios !
C’est aussi dans ce livre que l’on
peut trouver des compléments
divers permettant de mieux cerner
l’univers et certaines de ses com-
posantes : troupes de mercenaires
(avec des règles pour jouer des ca-
nailles de ce type), mafias, féerie,
miracles…
D’autres
originalités
à développer
En plein milieu du Macaronicon
se trouve un petit guide de cui-
sine : six recettes sont proposées
(seules rescapées, nous dit-on,
d’une purge… ce qui ne peut que
nous inciter à imaginer d’autres
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
pages retrouvées). Rien que pour
l’ambiance visée (qui n’est pas
sans rappeler les plats de haricots
de Bud Spencer et Terence Hill), ce
chapitre serait déjà justifié. Mais
il s’agit ici de recettes permettant
d’accommoder les cadavres des
monstres occis par nos canailles.
Qui n’a jamais rêvé de tenter un
ragoût de goule ? Bon, je vois. Mais
quid d’une daube à base d’homme-
sanglier ? Chaque recette est
décrite en détail (ingrédients, pré-
paration, durée, difficulté) et s’ac-
compagne d’effets en termes de
jeu (oui, manger du triton permet
de respirer sous l’eau).
Envie de
s’encanailler ?
Si l’univers proposé nous parle
totalement et nous donne envie
de voir moulte canailles fouler les
terres brancaloniennes, ce ne sera
pas, de notre point de vue, sans des
ajustements au niveau du système
proposé. Heureusement, l’essen-
tiel des livres reste constitué d’in-
formations que l’on peut adapter à
d’autres mécaniques. Nous aurions
toutefois préféré trouver un sys-
tème maison léger et concis. Pour
autant, le choix du SRD5, système
libre et couramment employé, peut
faire sens et ravira de nombreux
Condottiere qui pourront se jeter
immédiatement dans le grand
bain sale de la fantasy spaghetti.
Canailles, à vos couteaux !
Adrien « Feldo » Saurat
CRITIQUES | 67
68 | CRITIQUES
LORE & LEGACY | ATLAS ET CAMPAGNE (VF)
PLANÈTE CARAVANE
Marre de la monotonie ? Envie de voir du pays et des contrées
lointaines ? Si l’aventure et le risque vous tentent, nous avons
L
Fiche technique a planète Empyréa renferme de
Éditeur • Empyreal nombreux secrets et nombreux
Matériel • couverture rigide, sont aussi les voyageurs qui la
format 16 x 23,5 cm, 456 parcourent en quête de réponses. Mais
pages N&B ces périples valent-ils le trajet parcou-
Prix constaté • 40 € ru ? Voyons cela ensemble.
Partir un jour
Le sous-titre du présent ouvrage est
on ne peut plus explicite. En effet, ce
livre massif est divisé en deux parties
distinctes : un atlas sur un peu plus de
sa moitié et une campagne d’environ
200 pages suivie d’un court appendice.
Le côté imposant est renforcé par son
format compact qui lui donne un air un
peu tassé. Il est toutefois facile à trans-
porter malgré un poids à l’avenant du
nombre de pages. Sa conception en dos
carré collé le rend tout de même plutôt
fragile, comme on a pu le constater à a
simple manipulation pour cette critique.
À l’intérieur, la lisibilité est au rendez-
vous grâce à une mise en page fluide
et aérée, agrémentée de nombreuses
J’aime : illustrations, tableaux et schémas. Les
+ Un univers très riche
illustrations sont omniprésentes et
+ Une campagne
passionnante leur variété de style colle parfaitement
à l’ambiance cosmopolite que l’on se
J’aime moins : fait d’Empyréa. Le chapitrage est cohé-
- Pas de signet rent et il est facile de se repérer dans
- Un livre qui vieillira mal l’ouvrage. Petit bémol, aucun signet
Voyage Voyage !
ce qu’il vous faut.
tissu ne vient faciliter le marquage
des chapitres importants aux yeux du
lecteur. Un détail pour certains, mais
dont l’utilité sur des ouvrages de cette
taille n’est plus vraiment à qualifier de
confort.
Heureux
qui comme Ulysse…
En première partie nous découvrons
un atlas détaillé des grandes régions
d’Empyrea. Il se consacre principale-
ment à la géographie mais son auteur
s’attarde également, pour plus de
compréhension, sur le contexte géopo-
litique et l’histoire des peuples qui y ré-
sident. Cette visite guidée a été rédigée
(in game) par un désincarné nommé
Scylar de Skalion, une sorte d’entité
robotique autonome créée par une an-
cienne civilisation pour le compte de la
guilde des Francs Lanciers. Ces derniers
ont financé cette mission afin de per-
mettre une vision moins disparate de
ce gigantesque territoire morcelé.
Scylar décrit au fil des pages les fac-
tions, leurs grands rites et origines
mais aussi la faune et la flore qu’il a pu
rencontrer lors de son périple. On note-
ra également l’importance qu’il donne
aux mythes et légendes disponibles
dans ces régions ou ethnies. Son statut
particulier l’amène également à
se poser des questions ou encore
relier certains éléments dans des
corrélations dont la véracité restera
à la discrétion du lecteur. Parfois,
la graphie et l’étymologie viennent
appuyer certaines hypothèses tout
en donnant plus de crédibilité à cet
univers.
Roadmap
Chacun des chapitres est
construit selon une structure iden-
tique : d’abord un rappel historique
avec quelques dates et événe-
ments clés, puis une présentation
du fonctionnement politique et
religieux, avant de s’attarder sur
la géographie proprement dite de
la région. Ensuite sont présentées
trois créatures et quelques végé-
taux emblématiques des lieux.
Enfin, la section se conclut géné-
ralement sur cinq esquisses de
missions permettant de faire évo-
luer vos Francs Lanciers parmi les
peuples évoqués.
Certains chapitres sont un peu
moins détaillés car les peuplades
auxquelles ils font référence ont
déjà été plus ou moins détail-
lées dans les échos éthériques ou
encore le livre de base. Ceux-ci ne
sont néanmoins pas indispen-
sables puisque les détails princi-
paux permettent tout de même de
les utiliser sans trop d’effort.
Vers l’infini…
La seconde partie est une grande
campagne qui permettra aux
joueurs de parcourir le continent
d’Énélysion dans une véritable
odyssée. Les joueurs intégreront
une caravane en route vers des
contrées peu connues dans une
quête d’informations sur un en-
nemi méconnu dont la menace est
pourtant très présente.
Les événements de la campagne
vont placer les joueurs au cœur d’un
complot qui se joue en sourdine, au
point qu’il sera parfois difficile de
discerner les vrais antagonistes. La
trame de cette quête fait suite à
certains événements entr'aperçus
en filigrane ou fil rouge des
aventures des publications
précédentes. Certains mystères
qui auront intrigué les joueurs
et sont restés non élucidés dans
le supplément mensuel L’Écho
éthérique et le livre de base
trouveront enfin des réponses
dans les rebondissements de cette
campagne.
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
La campagne se découpe en quatre
parties avec un dénouement qui
pourra beaucoup varier en fonc-
tion des actions et découvertes des
joueurs. En effet, celle-ci comporte
deux points d’entrée et trois conclu-
sions permettant une certaine flexibi-
lité. Si certains passages seront forcé-
ment plutôt linéaires, d’autre auront
plus un aspect sandbox, offrant l’op-
portunité d’ajouter du contenu ou de
découvrir d’autres régions.
Cette aventure est destinée à des
Francs Lanciers déjà aguerris et de-
vrait pouvoir être jouée, moyennant
un gros travail de MJ, sans connais-
sance préalable de l’univers, ses pé-
ripéties et retournements de situa-
tions n’en auront que plus de saveur
pour des joueurs connaisseurs.
Pour conclure, cet ouvrage est
une belle définition du voyage sous
plusieurs formes, de simple visiteur
dans l’atlas à explorateur courageux
dans la campagne. Comme l’adage
le répète : qu’importe la desti-
nation, seul le chemin parcouru
compte. Et quel voyage ! Empyréa
recèle de nombreux secrets et,
si cet ouvrage lèvera le voile sur
quelques-uns, de nombreuses
zones resteront à découvrir.
S.L.M.
CRITIQUES | 69
70 | CRITIQUES
FORBIDDEN LANDS
À la découverte des Contrées interdites
À n’en pas douter, Fria Ligan fait partie du haut du panier
des éditeurs de JdR pour la qualité de ses produits, et ce
depuis plusieurs années déjà. Et ce n’est pas la boîte de base
de Forbidden Lands, proposée en VF par Arkhane Asylum
Publishing, qui va changer quoi que ce soit à cette assertion.
I
Fiche technique l n’y a en effet qu’à constater à
Éditeur • Arkhane Asylum quel point chacun des titres de Fria
Publishing Ligan est plébiscité par le public
Matériel • Une boîte (les sommes récoltées lors des finan-
contenant : Manuel du cements participatifs sont le plus
joueur, Guide du maître de souvent ahurissantes) pour partir du
jeu, livret souple Légendes principe que Forbidden Lands recèle lui
et aventuriers, carte des
aussi son lot d’originalités.
Contrées Interdites et
planches de stickers
autocollants. Une belle boîte
Prix constaté • 45 €
bien remplie !
C’est une habitude chez Fria Ligan,
pour le plus grand plaisir des joueurs.
Le premier contact entre le futur joueur
et un produit, c’est son visuel et son
apparence. Et même si le soin apporté
au « contenant » n’est que cosmétique
et n’a aucun lien avec le contenu en
J’aime : lui-même, l’un va souvent de pair avec
+ Un système bien rodé qui l’autre.
fonctionne à merveille Ici donc, cette boîte de base – en
+ La gestion des forteresses carton très épais et solide – est rem-
+ Ça sent bon la nostalgie et plie à ras bord. On y trouve le Manuel
c’est du sandbox du joueur, le Guide du maître de jeu,
la carte hexagonale représentant les
J’aime moins : Contrées interdites et les petits stic-
- Les dés spéciaux et les
cartes à acheter séparément
kers autocollants qui vont permettre
de la personnaliser au fur et à mesure
pour profiter pleinement du
système (même s’ils ne sont des avancées des joueurs.
pas indispensables). Les deux livres, même s’ils sont plutôt
- Pas d’écran fourni dans la épais (450 pages de lecture cumulée,
boîte (vendu à part) tout de même), restent parfaitement
BOÎTE DE BASE (VF)
digestes et très agréables à la lecture,
grâce à une maquette très aérée et un
format réduit. Le côté «  artisanal »
rendu par le papier et la police sont du
plus bel effet. On se retrouve (pour les
plus anciens, comme moi) plongés dans
les vieux manuels de JdR tels qu’ils
existaient… au siècle dernier. C’est un
détail, mais qui produit son petit effet.
Quant à la carte, sa plastification
évitera toute détérioration à l’usage et
elle trônera fièrement dans votre salle
de jeu ou sur votre table au fur et à me-
sure de sa personnification sans risque
de détérioration par le temps.
Enfin, le petit livret à couverture
souple qui complète l’ensemble
contient quant à lui des générateurs de
légendes, de monstres ainsi qu’un petit
guide de personnalisation des person-
nages destiné aux joueurs néophytes
ou en mal d’inspiration.
En bref, rien à reprocher à ce matériel,
c’est du tout bon.
Un système
bien rodé
Rentrons maintenant dans le vif du
sujet. En un peu moins de 200 pages,
le Manuel du joueur couvre tous les
aspects de la création et de l’évolution
de votre avatar. Peuple, profession,
âge, attributs, compétences, etc. reste, on retrouve les grands clas- La magie recèle elle aussi son lot
Du grand classique au premier siques de ce type de jeux : ges- d’originalité. Les sorts sont séparés
abord, mais quelques originalités tion des distances, des portées, en sept disciplines distinctes que
viennent pimenter l’ensemble : des actions lentes, rapides, etc. votre avatar pourra ou non maî-
certains peuples sortent des sen- De quoi retrouver ses marques triser en fonction de la profession
tiers battus (lycans, gobelins, rapidement. Il est à noter que choisie. Ça, ça n’a rien d’original, me
orques). Il en va de même pour les les combats peuvent être joués direz-vous. Et vous aurez raison !
professions (le colporteur et le ca- de manière plus détaillée grâce L’originalité vient du fait que le lan-
valier). L’idée de jouer un colporteur à un système de cartes et leurs cement d’un sort n’échoue jamais,
lycan est plutôt sympa, ça change « combinaisons secrètes » liées : mais que son efficacité varie en
radicalement des éternels prêtres en gros, chaque belligérant pré- fonction de votre résultat aux dés. À
nains et autres poncifs du genre pare ses actions en secret avant noter également un système d’inci-
(comme quoi, non, ce n’était pas la résolution du round de combat. dents magiques, similaire dans ses
toujours mieux avant !). Ces dernières sont ensuite réso- effets à la « wild magic » du AD&D
Mais ce sont surtout l’Atout, le lues sans qu’elles puissent être de la vieille époque, ou encore se
Terrible secret et la Réputation qui modifiées. Cela ajoute une part rapprochant de ce que propose DCC.
vont réellement différencier vos PJ. d’imprévu assez agréable et une Ce côté légèrement aléatoire a son
Ces trois aspects de votre avatar dose de stress supplémentaire charme. En général, avec ces pos-
influent autant sur le côté narratif qui va amener, à n’en pas douter, sibles revers, un lanceur de sorts y
que technique et apportent une des situations plutôt tendues au- réfléchira à deux fois avant de lan-
vraie fraîcheur à l’ensemble (même tour de la table. cer le moindre sortilège.
si, pour les deux premiers, ils ne
sont pas forcément faciles à gérer/
jouer/interpréter).
Forgotten Lands est motorisé par
le Year Zero Engine. Une réserve de
d6 est lancée pour chaque test. Un
6 est une réussite, un 1 un échec.
Plus il y a de réussites, mieux
c’est, tandis que les 1, synonymes
d’échec, vont entraîner des consé-
quences néfastes et diverses pour
les PJ : fatigue, peur, arme endom-
magée, etc. Simple et efficace.
Divers modificateurs sont bien
évidemment applicables, comme
« mettre le paquet », par exemple,
qui permet de forcer la chance lors
d’un test dont la réussite s’avère
particulièrement cruciale. Les
tests de groupe et en opposition
interviennent eux aussi et offrent
de nouvelles opportunités aux PJ
comme au MJ.

Des combats
nerveux…
Les combats sont eux aussi gé-
rés par ce même système. Pour le

CRITIQUES | 71
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
72 | CRITIQUES
Strongholds & Followers
Le système de gestion de
forteresse de Forbidden
Lands possède l’avantage
d’être efficace et répondra à
la majorité des attentes des
joueurs. Cela dit, pour ceux
qui auraient envie d’aller
encore plus loin, Strongholds
& Followers permet d’exploiter
cette partie de la vie d’un PJ à
son maximum, à la condition
d’adapter le système à celui
du jeu (en effet, le livre est
compatible 5E).
À travers ses 250+
pages, l’ouvrage aborde
les différents types de
forteresses, passe en revue
tous les types de PNJ
susceptibles d’y travailler
et que les joueurs pourront
embaucher et fournit
également des règles
permettant de gérer les
guerres et autres conflits
inter-royaumes. De quoi
pousser l’expérience
(passionnante, car cela
apporte une dimension
supplémentaire à une
campagne) à un niveau
épique !
… et des nouveautés
On les découvre réellement dans
les deux derniers grands chapitres du
Manuel du joueur, à commencer par
celui consacré aux voyages. Vous vous
souvenez de la carte des Contrées
interdites présente dans la boîte et re-
couverte d’un maillage d’hexagones ?
Eh bien, c’est parce que les déplace-
ments et les voyages ont la part belle
dans Forbidden Lands et que les dépla-
cements sont codifiés par un ensemble
de règles (très simples et qui ne feront
donc pas sortir vos joueurs de la partie)
qui vont vous permettre de gérer votre
équipée à travers le monde. Allez-vous
marcher un quart de jour ou plus pour
atteindre votre prochain objectif ? Et
cette marche, l’effectuerez-vous en
montant la garde ? En envoyant un
éclaireur ? Et lorsque vous décidez
de monter un campement, comment
répartissez-vous ceux qui vont le pré-
parer, ceux qui vont chercher des pro-
visions, etc. ? Autant de questions qui,
la plupart du temps, sont passées sous
silence ou rapidement écartées d’un
revers de main, mais qui prennent ici
toute leur importance avec une véri-
table influence sur le cours de la partie.
Mais c’est bien le système de
construction et de gestion de forte-
resses qui nous a le plus bluffé. Cela fait
très longtemps que nous cherchions
un système synthétique, pratique et
rapide pour la gestion de ce genre de
bâtiments dans nos campagnes, et voi-
là qu’il nous est offert sur un plateau.
Pour les joueurs, les forteresses repré-
sentent une certaine assise, une recon-
naissance et la possibilité d’influer,
politiquement parlant, sur le monde
dans lequel ils évoluent. En vingt pe-
tites pages, Forbidden Lands propose
tout pour la construction et la gestion
des forteresses par les PJ : temps de
construction, ressources nécessaires,
coût des différents bâtiments qu’elle
peut héberger, leurs avantages respec-
tifs, et même les journaliers à employer
sont détaillés. Rien n’est oublié et
l’ensemble s’avère d’une grande clarté.
Les forteresses font tellement partie
du système de jeu de Forbidden Lands
qu’elles possèdent leur propre « feuille
de personnage ». Leur intégration dans
le jeu est tout simplement géniale.
De l’autre côté
de la Brume écarlate
En tant que maître de jeu, vous ne
serez pas en reste non plus, rassurez-
vous. À travers les quelque 250 pages
du Guide du maître de jeu, vous allez
découvrir tous les secrets des Contrées
interdites. Après une brève explication
destinée aux novices, l’ouvrage déroule
plusieurs chapitres consacrés à l’histoire
des Contrées interdites, leurs divinités,
les peuples qui y vivent et les parcourent,
leurs monstres et autres créatures terri-
fiantes et même leurs artefacts les plus
célèbres. Même si, de ce point de vue,
on reste dans le grand classicisme en
termes de construction d’ouvrage, l’en-
semble s’avère particulièrement plai-
sant à lire et permet au MJ de bien s’im-
prégner de son futur cadre de campagne.
Le chapitre consacré aux rencontres
permet au MJ pris de court ou en panne
d’inspiration (temporaire, évidem-
ment) d’aller piocher – ou déterminer
au hasard – une rencontre aléatoire à
placer sur la route de ses PJ. Pour cha-
cune d’entre elles, un bref passage à
lire ou paraphraser avant d’entrer dans
le côté technique de la rencontre.
Le chapitre consacré aux sites d’aven-
tures donne toutes les clés de leur
conception et est garni de moult tables
qui vous permettront de créer ces sites
de A à Z si jamais vous vous retrouvez
à court d’idées et que vous devez vous
préparer pour votre partie du soir. Cela
dit, rien ne vaut l’écriture, plutôt que de
s’en remettre aux dés.
Enfin, l’ouvrage présente trois sites
d’aventures clef-en-main, chacun cou-
vrant un type différent (village, château
et donjon). Ils sont vraiment bien
construits et vous donneront un
bon aperçu du type d’histoires à
développer dans votre campagne de
Forbidden Lands. Mention particu-
lière à les Fossés, notre préféré par
l’ambiance qu’il propose.
De l’excellent
bac à sable
qui fleure bon
« l’ancien temps »
Rien de péjoratif ni de nostal-
gique, mais un simple constat :
Forbidden Lands fait immédiate-
ment mouche chez les clients de
l’ambiance OSR (mais pas que).
Plus simple de prise en main que
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d’autres titres appartenant à
cette mouvance et apportant des
touches d’originalité (les forte-
resses, simplement géniales dans
leur approche), il s’imposera facile-
ment à votre table de jeu en tant
que substitut de votre jeu medfan
habituel. Les sites d’aventures per-
mettent en effet de jouer en one
shot sur une séance relativement
courte. Rien de tel pour « prendre
l’air » et d’offrir une pause divertis-
sante à vos joueurs.
Nous sommes très curieux de ce
que peut donner la campagne Le
Châtiment du Corbeau, mais dans
tous les cas, cette boîte de base a
tout pour séduire ; encore une belle
réussite de Fria Ligan.
Philippe Pinon
CRITIQUES | 73
74 | CRITIQUES
SHADOWRUN HERITAGE | SUPPLÉMENTS (VF)
SHADOWRUN HERITAGE
Draco Dormiens Nunquam Titillandus
Si les dragons sont des éléments centraux et mystérieux dans le
monde de Shadowrun, certains ont réussi à devenir des icônes dont
les actions ont impacté durablement l’histoire du sixième monde.
Les ouvrages de la gamme Héritage
explorent différentes périodes de l'his-
toire du jeu. Les trois présentés ici sont
liés par la thématique draconique qui y
est également très présente.
Super Tuesday
Les élections américaines sont tou-
jours des moments de fortes tensions
sociales mais celles de 2057 pous-
sera le niveau un cran plus loin avec
la candidature inattendue d’un grand
Dragon. Ce supplément est l’occasion
d’en apprendre plus sur certains des
plus ambitieux politiciens du sixième
monde mais aussi de s’immiscer dans
leurs petites rivalités pour quelques
nuyens. Chacun des cinq scénarios sera
l’occasion de mettre en avant l’un ou
l’autre des candidats mais aussi leurs
petits secrets ou grosses magouilles.
Ils peuvent être joués de manière
indépendante ou en campagne, ou
encore être insérés dans votre propre
campagne.
Fiche technique
Éditeur • Black Book Éditions Les secrets de Dunkelzahn
Matériel • PDF
Le nom de Dunkelzahn résonne à tra-
Prix constaté • 10 € à 20 € vers les oreilles de tout runner comme
celui d’un squameux hors norme. De
J’aime : son apparition à sa brève accession à la
+ Un nombre de pages
présidence des UCAS, ses actions ont
augmenté (Avis de tempêtes)
tranché avec les traditions draconiques
+ Des ouvrages
complémentaires pour ouvrir à la métahumanité et à une
meilleure justice sociale. Et puis, il y a
J’aime moins : eu son assassinat, le jour de son inves-
- Seulement du PDF titure. Ce supplément passe en revue
- 2x plus cher (Avis de l’attentat en lui-même et explore aussi
tempêtes) des pistes sur le ou les commanditaires
probables. Une grande partie est
consacrée au testament de celui qu'on
appelle aussi "Big D" et à la longue liste
de ses legs, avec une mise en lumière
des ses différents bénéficiaires. Ces
éléments sont à la fois autant de pistes
de jeux pour le MJ que d’éléments qui
auront des répercussions jusqu’en
2080.
Avis de tempête
Ce dernier supplément de la qua-
trième édition sert de transition vers
la cinquième. On y découvre l’évolu-
tion de certaines anciennes intrigues
comme la guerre Aztlan-Amazonie,
dont les conséquences aboutiront à
des divergences d’opinion draconiques
jusqu’à dégénérer en guerre civile.
C’est également l’occasion, dans
le dernier chapitre, de poser les pré-
mices d’une nouvelle menace plus
pernicieuse que jamais : le SFC. Cette
menace prendra toute son impor-
tance dans deux des premiers sup-
pléments de la cinquième : Âmes
Volées et Fragmentations. Un ouvrage
de contexte très riche et dense dont
l’éclairage est nécessaire à tous ceux
qui jouent après 2075.
La qualité du travail de traduction du
collectif Ombre Portée 2.0 n’est plus à
prouver et la pertinence des ouvrages
sélectionnés fait toujours mouche. Que
vous en soyez fans ou pas, les grands
lézards n’auront plus (ou presque
moins) de secrets pour vous.
S.L.M.

CYBERPUNK RED | SUPPLÉMENT (VF)
INTERFACE RED VOL.1
Plus ! Toujours plus !
Après avoir fait beaucoup de bruit à sa sortie, Cyberpunk
Red s’est fait plutôt discret quant à ses nouvelles parutions.
Interface Red est ainsi le premier supplément à voir le jour en un
an. Découvrons ce qui se cache derrière cette Interface.
Premier volume d’une série de sup-
pléments, Interface Red vol 1 reprend
le design du JdR avec un superbe pano-
rama de Night City en couverture inté-
rieure. L’ouvrage est une compilation
« d’articles » courts et variés distribués
à l’origine gratuitement en PDF sur le
site de Talsorian Games (en VO donc).
Aides de jeu, micro-scénarios, PNJ, ma-
tos, etc. Bref, de quoi satisfaire les fans
de l’univers.
Hétéroclites
Parmi les aides de jeu, vous trouverez
un court guide de conversion des armes
de Cyberpunk 2020 en six étapes, mais
les conseils et l’aide technique ne sont
toutefois pas très pertinents.
Pour ceux voulant se lancer dans
une partie sans avoir à passer par la
case « création de personnages », dix
personnages prétirés de type « rat des
rues » sont proposés, ainsi que six ar-
chitectures NET clef en main pour oc-
cuper les Netrunners. Plutôt pratique,
cela occupe une bonne partie de l’ou-
vrage, mais les fiches de personnages
auraient gagné à être détachables pour
faciliter leur utilisation.
Immersion
dans Elflines Online
Sorte de mise en abime, « Elflines
Online » permet de plonger dans un
MMORPG pratiqué en 2045 et dans
lequel vous pouvez incarnez un elfe.
Ce jeu dans le jeu a pour but de pro-
poser des sessions récréatives entre
CRITIQUES | 75
deux missions « réelles ». Il est donc
possible de créer un personnage pour
cet univers medfan, le tout s’accompa-
gnant de quelques règles spécifiques.
Dix PNJ de Night City, joueurs d’Elflines Fiche technique
Online, sont également décrit ainsi que Éditeur • Arkhane Asylum
quelques personnages prétirés pour cet Publishing
univers virtuel. Matériel • Livret de 64 pages
en couleur à couverture
rigide.
Plus de matos
Prix constaté • 25,00 €
Plutôt amusant, vous découvrirez
deux cybersièges. Il s’agit de fauteuils
motorisés, l’un roulant, l’autre doté
de quatre pattes hydrauliques. Plus
intéressant et utile, « Anatomie des
drones » se penche sur les robots à
forme animale, notamment le fameux
GRAF3, cette « girafe jaune » présente
sur bon nombre d’illustrations. À
découvrir également, deux drones de
défense, l’un aérien inspiré d’un aigle
et l’autre d’une panthère. Enfin, trois
drones personnels vont pouvoir agré-
menter vos parties : un mini-GRAF3,
un drone volant d’observation et un
troisième pour le transport des colis. Ils
devraient s’avérer très utiles en partie,
d’autant qu’ils n’ont pas besoin d’ar-
chitecture NET pour fonctionner.
Ce supplément nous replonge dans J’aime :
l’ambiance de Cyberpunk avec un très + La qualité de l’ouvrage
+ Les illustrations
beau livret comportant toujours autant
+ L’originalité
de belles illustrations. Le contenu est
toutefois plutôt très dispensable et on
J’aime moins :
ne peut que souhaiter que les volumes
- L’utilité du contenu
suivants soient plus riches en contenu.
- Les prétirés non détachable
Pierre Balandier - Le rapport intérêt/prix
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76 | CRITIQUES
SIG, LA CITÉ DES LAMES
Le retour des Matois !
Retour moderne d’un Grand Ancien ou une nouvelle manière
d’explorer les plans ?
Q
uel est donc ce jeu mystérieux
traduit par Khelren et disponible
en impression à la demande, qui
n’est pas sans en rappeler un autre ?
Reboot
Fiche technique
Éditeur • Khelren de Planescape ?
Matériel • 380 pages, Inspiré par le célèbre Planescape et sa
couverture rigide, N&B mythique cité de Sigil, le jeu Sig propose
Prix constaté • ~18 € (PDF) d’explorer (à nouveau) les plans qui en-
/~43 € (POD) tourent les mondes dits primaires, où ré-
sident les personnages « habituels » des
jeux de rôle aux univers medfan (tels que
Les Royaumes Oubliés ou celui de Rôle’n
Play), avec cependant une approche plus
narrative. Construit sur le système de
Forged in the Dark, il est définitivement
plus moderne que son prédécesseur et
surtout vient avec une cosmologie diffé-
rente où la notion d’alignement, fonda-
mentale dans le monde de Sigil, a entière-
ment disparu. Autre différence majeure,
si, à Planescape, les joueurs font partie
de différentes factions, la Bande est ici
J’aime : généralement alignée sur l’une d’elles.
+ Revisiter, en modernité, la Bref, en quelques mots, Sig n’est pas
proposition de Planescape
juste un nouveau moteur de jeu mo-
+ Une cosmologie planaire
moderne
derne pour recycler ses suppléments
Planescape avec un système de jeu
+ La liberté d’orientation de
la Bande plus léger et plus narratif. C’est une ré-
vision en profondeur de sa proposition,
unique en son genre, où l’univers a éga-
J’aime moins :
- La nécessaire lement été revu et adapté à l’approche,
incompatibilité avec spécifique, de Forged in The Dark.
Planescape sans un travail
d’adaptation
- Le guide des plans et de Sig
De quoi s’agit-il ?
est un peu léger Dans la plupart des mondes medfan,
on visite occasionnellement les plans,
LIVRE DE BASE (VF)
dans le cadre d’une aventure épique, gé-
néralement de haut niveau, où le groupe
d’aventuriers se rend dans l’un des
Neufs Enfers de Baator, afin d’y dérober
le sceptre d’un archidiable, par exemple.
Sig a une proposition de jeu qui va plus
loin que le décor surréaliste qu’offrent
les voyages planaires. À Sig, des fac-
tions se battent pour un enjeu bien plus
important que le sac d’or sur lequel un
dragon fait la sieste. Elles complotent
les unes contre les autres afin d’acquérir
une meilleure connaissance et compré-
hension du multivers afin d’imposer leur
définition de la réalité !
Ainsi, comme dans son prédécesseur,
les PJ incarnent des habitants des plans
et sont acteurs, ou victimes, de ces
luttes. Ce combat ne se fait pas ouver-
tement mais dans les ombres, à l’aide
de sales coups et de combines en tout
genre. C’est pour cette raison que Sig
est motorisé par une adaptation des
règles de Forged in The Dark, qui sont
structurées autour de l’organisation
d’un « casse » ou d’autres magouilles
criminelles.
Mais… Sigil :’(
Par la nature même de sa cosmologie
et de ses règles, Sig n’est pas un mo-
teur alternatif pour Planescape. Utiliser
ses mécanismes pour arpenter Sigil de-
mandera un travail d’adaptation. C’est
peut-être une déception pour ceux qui
souhaitent à nouveau se réveiller am-
nésiques dans la Morgue, mais ce par-
ti-pris est une bonne idée, car il libère
Sig de certains aspects, disons vieillots,
de son prédécesseur. En outre, il offre ou ignorer ses échecs, au risque d’en Autres adaptation de
à tous ceux ou celles qui n’ont jamais payer le prix et en enrichissant la fiction. Forged in the Dark
exploré les plans de le faire enfin, sans Le séquençage particulier de Sig in- Il est important de signaler
s’approprier l’univers, riche et touffu, troduit également une phase de Temps que Sig n’est pas le seul
de Planescape. Il faut faire fi de sa nos- mort. Celle-ci dispose d’un système de « hack » de Forged in the Dark.
talgie et embrasser pleinement Sig et règles léger pour gérer la récupération Il en existe de nombreuses
sa proposition. (physique et psychologique), les pertes versions souvent disponibles
gratuitement en ligne.
et les gains (les Retombées, le Renom
Par exemple, Karma in the
Création de la Bande et l’Or), les activités et la progression
des personnages, puis finalement de
Dark est une adaptation
et système préparer la mission à venir. Cette méca-
du système pour le célèbre
jeu Shadowrun. Celui-ci
La création de personnages (les nique de règles ne doit cependant pas proposant de jouer des
Matois) est simple et modulaire. On y être le cœur de cette phase, au risque mercenaires envoyés faire de
décrit tout dans un vocabulaire intuitif de passer à côté de l’essence du jeu : sales coups pour le compte
sans plonger dans les viscères arith- raconter l’histoire des Matois dans le d’entreprises sans foi ni loi
métiques du jeu. La table choisit une panier de crabe chamarré de la Cité des dans un futur dystopique et
Bande qui privilégiera un certain type Lames. fantastique, la proposition de
de jeu (urbain, exploration planaire, L’ouvrage se complète d’un Guide de Forged in the Dark s’y adapte
etc.), et avec vient un Territoire et ses Sig et d’aventures, ce qui donne tout parfaitement.
Améliorations, de l’Équipement et ce qui est nécessaire pour se lancer.
des Contacts. De là, chacun décide de Bref, vous n’avez plus aucune raison de
son Origine (race/ethnie), sa Culture résister à l’appel des plans !
et sa Dévotion, chacune apportant Romain « Belaran » Pelisse
des capacités spéciales, des Pulsions avec l’aide de Nicolas « Mimir » Brachet
et des points dans les Prouesses et
les Actions. Ces trois éléments for-
ment l’identité du personnage que l’on
peut ajuster ensuite, avec des points
supplémentaires.
Un Matois dispose de douze actions
génériques pour faire face aux situa-
tions fictionnelles : Bricoler, Canaliser,
Combattre, Commander, Côtoyer,
Démolir, Étudier, Influencer, Manier,
Manœuvrer, Révéler, Surveiller. Pour
chaque situation, le PJ est appelé à agir,
ce qui rend le récit dynamique. Le sys-
tème place les PJ, dès le démarrage des
missions et sans préambule, au cœur
de l’action menée, et dessine ainsi une
tapisserie de plans cinématiques avec
les Matois au centre du récit.
Le résultat du jet de dés qualifie à la
fois le succès de l’action (6 sur le dé),
mais également les difficultés induites
(4-5) et, finalement, ses conséquences
(1-3) qui sont les outils du MJ pour pilo-
ter son environnement. En Passant un
pacte avec les plans ou en Se surpas-
sant, la table a la possibilité de relancer

CRITIQUES | 77
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78 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VF)

DONJON & CIE

Un donjon disruptif
qui pense out of the box
Mélange improbable du Donjon de Sfar, du Monsters Inc. de
Pixar, de toutes les séries TV sur le milieu corporatif
(The Office en tête), et d’un soupçon de Paranoïa,
Donjon & Cie vous permettra de casser les codes de donj’
tout en vous payant une bonne tranche de rigolade.

E
Fiche technique xtrait du journal d’un ex-hôte
Éditeur • John Doe / Black d’accueil employé par Donjon &
Book Cie :
Matériel • Livre en noir et
blanc de 160 pages
Prix constaté • 35 € Jour 1 :
Entretien d’embauche
Mon entrevue avec Donjon et Cie
s’est bien passée. J’ai rencontré le
directeur des Ressources Vivantes
ainsi que certains de mes futurs collè-
gues, qui m’ont expliqué les bases du
travail d’hôte ou hôtesse d’accueil. Il
s’agit principalement de récupérer les
biens de valeur laissés par les clients
du Donjon, des aventuriers sans foi
ni loi qui croient encore que piller des
tombeaux ou de vieux souterrains est
un métier d’avenir. Le boulot vient
avec pas mal d’avantages : nourriture,
logement, salles de repos et de dis-
traction (même si on m’a clairement
laissé entendre que le boulot était
aussi considéré comme distrayant),
prise en charge des soins de santé.
J’aime : Bref, dans le contexte économique ac-
+ Un livre de base qui va à tuel, c’est un boulot qui ne se refuse
l’essentiel pas. Je n’ai pas tout à fait compris
+ Un beau mélange ce qu’impliquait le directeur lorsqu’il
d’ambiances parlait de se débarrasser des clients
si nécessaire et de faire attention
J’aime moins : aux habitants du Donjon, je poserai la
- Repose énormément sur
question plus tard…
des références communes
- L’organisation de certaines
informations
Jour 2 :
Mise en situation
On peut dire qu’ils ne chôment pas
chez D&C. J’avais à peine fini de ranger
mon barda dans mes nouveaux quar-
tiers (pas aussi luxueux qu’on me l’avait
promis, mon voisin de couchette a une
odeur bizarre, je ne suis pas sûr qu’il soit
totalement… vivant ?), que mon équipe
a été appelée pour une prés’ urgente.
Mon profil et celui de mes collègues
a été passé au crible : six carac’ bien
connues des habitués (Force, Dextérité,
Constitution, Intelligence, Sagesse et
Charisme), deux traits qui résument le
concept de l’employé (dont un d’espèce
pour les non-humains), un ou deux
petits atouts supplémentaires (certains
ont eu un entraînement magique, les
veinards), quelques points de vie (PV),
les langues parlées par chacun. Je me
suis rendu compte que mes collègues
ont aussi quelques petites relations
dans la boîte, des petites faveurs ici
ou là qui leur donnent quelques avan-
tages en mission. Pas de problème, il
y a toujours un peu de politique dans
n’importe quel job.
Pour finir, je me rends compte que
D&C embauche à tour de bras sans trop
faire la fine bouche. Peut-être qu’ils
ont un turnover important ? Mais le
profil qu’ils utilisent est beaucoup
plus simple que bien d’autres boîtes,
cela permet en tout cas de rapidement
faire le tour des forces et faiblesses de
tous les membres de l’équipe. Reste la
dimension politique avec les faveurs et
les petits coups de pouce des diverses
relations en interne. Il faudra que j’étu-
die plus en détail l’organigramme de la
compagnie pour ne pas faire d’impair.
Jour 4 :
Première mission
Ça ne s’est pas aussi bien passé qu’on
nous l’avait promis. Les clients nous
ont donné du fil à retordre, les criquets
géants ne font pas vraiment la diffé-
rence entre clients et hôtes d’accueil, le
relevé d’arpentage était complètement
foireux, et le paquetage de mission
fourni venait avec une faux, pas pra-
tique pour combattre dans des boyaux
étroits. On a perdu Zzurlim le cé-
phaloïde… Avant de rendre l’âme dans
un dernier frétillement de tentacules,
il m’a soufflé quelques mots… Pauvre
gars. Il m’a dit un truc sur le patron qui
fait que je commence à me demander
si j’ai fait le bon choix…
Ah, l’alarme résonne à nouveau, on y
retourne déjà… Même pas eu le temps
d’aller faire un tour à la taverne… Peut-
être la prochaine fois…
Dernière entrée du journal.
Vous reprendrez bien un
Un jdr à 180 degrés petit écran ?
Vous l’aurez compris, Donjon & Cie L’écran, signé Thierry Ségur,
est un jeu qui prend à rebours la plu- présente une scène de la vie
part des codes de donj’ et permet à du Donjon dans le style et les
tout le monde autour de la table de tonalités caractéristiques de
jouer avec ces clichés. Le côté humoris- l’illustrateur. Côté MJ, comme
tique est très présent, souvent à base le système de jeu est somme
de références au grand ancêtre, mais il toute élémentaire, l’espace
est aussi possible d’introduire des élé- est occupé en grande partie
ments plus sérieux sans toujours ver- d’aides de jeu utiles avant,
pendant et après la mission.
ser dans la parodie. Même si le livre de
Seul regret de ce côté ? La
base propose une structure de la com-
table des paquetages, qui
pagnie « par défaut », il est aisément occupe presque la moitié de
possible de l’adapter et d’introduire l’espace pour une utilisation
d’autres éléments. somme toute limitée. Le
Côté système, le jeu revendique son livret contient trois scénarios
aspect OSR (Old School Renaissance), orientés vers des hôtes
c’est-à-dire une approche du jeu repo- d’accueil débutants. Le
sant sur quelques règles de base éta- premier des trois (Opération
nettoyage) aurait d’ailleurs
blies, mais laissant beaucoup de marge
sans doute mérité de figurer
d’interprétation par le MJ et la table lors
dans le livre de base comme
de situations précises. C’est une adap-
« mission 0 ». Les deux autres
tation du Machiatto Monsters d’Éric
Nieudan (qui signe aussi quelques scé- (Le Tumulus du prince norrois
et La Mine abandonnée des
narios dans Donjon & Cie), qui était lui-
gobelins) adoptent une
même une adaptation du Black Hack
approche tout à fait classique
de David Black. pour le jeu et sont des
Lors d’un test, vous lancez 1d20 et « scénarios-types » plaisants
tentez d’obtenir un résultat inférieur et solides.
ou égal à la caractéristique testée. Un Matériel • Écran 4 volets
trait du personnage peut apporter un couleurs, livret de 20 pages
avantage ou un désavantage, on lance noir et blanc
alors 1d20 supplémentaire et on utilise Prix constaté • 25 €
CRITIQUES | 79
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80 | CRITIQUES
Et un set d’aides de jeu,
un !
Débloquées pendant la
précommande participative
du jeu et regroupées dans
un set, ces aides de jeu
réunissent principalement
des prétirés (cinq de rang 1
et cinq de rang 6, c’est-à-dire
élites) et des plans (version
MJ et version Arpentage)
et aides de jeu pour les
scénarios. À noter que cela
couvre les scénarios du livre
de base, de l’écran ainsi que
du recueil Les Secrets excavés
(aussi chroniqué dans ce
numéro).
Matériel • 4 posters, 10
fiches de prétirés, 24 fiches
recto-verso
Prix constaté • 20 €
le plus bas ou le plus haut résultat
selon les cas. L’un des principaux ap-
ports techniques du Black Hack, qui se
retrouve ici, est la notion de dé d’usage
(ou de risque). Cela reflète générale-
ment une ressource ou une capacité
qui s’érode avec le temps. Ce dé baisse
d’une catégorie à chaque fois que son
résultat est 1 à 3. Un Δ10 (notation em-
ployée pour indiquer un dé d’usage de
type d10) deviendrait par exemple un
Δ8, puis un Δ6, etc.
Petit manuel
de l’employé
Le livre de base de Donjon & Cie est
relativement concis et va à l’essentiel,
à la fois dans la présentation de l’uni-
vers (la compagnie) et du système.
Certaines informations auraient peut-
être mérité une légère réorganisation
pour améliorer la prise en main mais,
globalement, c’est clair, bien expliqué
et immersif. De nombreux conseils de
mise en scène ou sur la manière de
« faire vivre » le Donjon et la compa-
gnie sont bienvenus. En fin d’ouvrage,
on trouve aussi trois petites missions
prêtes à jouer dont deux pour des hôtes
d’accueil novices.
Il faut toutefois savoir que le jeu re-
pose en grande partie sur une connais-
sance préalable des canons des uni-
vers donjonnesques, y compris dans
certains détails importants (les effets
des sorts, les capacités de certaines
espèces, etc.). De l’aveu même de
l’auteur, le jeu ne vise pas un public dé-
butant, mais plutôt des rôlistes expé-
rimentés et connaissant D&D. On pour-
rait croire que ce côté parodique limite
la durée de vie du jeu, mais le dévelop-
pement de la compagnie et des petits
secrets des huiles la rallonge considé-
rablement, comme le prouve aussi le
supplément Les Secrets excavés.
Graphiquement, c’est là aussi le
choix de la simplicité qui a été fait.
Les illustrations intérieures sont du
noir & blanc mêlant petits portraits ou
dessins humoristiques et illustrations
pleine page fourmillant souvent de
détails sympathiques. Les plans des
diverses aires visitées par les PJ sont
particulièrement réussis et lisibles.
Côté maquette, légère déception tout
de même : à plusieurs reprises, on
trouve des paragraphes ou des titres
isolés et qui auraient gagné à être
mieux organisés.
Rétro-feedback
Je dois l’avouer, je ne suis pas un grand
fan des jeux à caractère humoristique.
Bien souvent, je trouve l’humour « for-
cé » et le côté parodique trop prononcé
pour pouvoir réellement tenir la route sur
la durée. Cela dit, Donjon & Cie est de ces
jeux (comme Paranoïa) qui parviennent
à flirter avec délice entre le délirant et le
sérieux. Avec un système simplissime et
souple, des ajouts modernes et bien vus
(les faveurs avec les différents services),
et des outils pour aider le MJ à donner
vie à cet univers loufoque, on a là un
excellent remède à la morosité rôlis-
tique. Ne serait-ce que pour se moquer
de temps en temps du grand ancien.
Thomas Robert

DONJON & CIE | SUPPLÉMENT (VF)
SECRETS EXCAVÉS
La crème de la crème
Treize scénarios, des conseils pour jouer en mode « élite » et une
campagne en quatre actes, ce supplément est un indispensable
pour les MJ de Donjon & Cie. À ne rater sous aucun prétexte.
Règles élite
Passons tout d’abord sur la par-
tie la plus « faible » de l’ouvrage, des
conseils et informations sur le mode
élite, à partir du rang 6. Il n’y a ici pas
vraiment de « règles » et la plupart des
conseils tombent sous le sens. Dont le
principal : impliquer les PJ plus puis-
sants dans les intrigues du Donjon.
Relativement dispensable pour des
MJ expérimentés, mais il est toujours
appréciable de voir ces conseils réunis
en un seul endroit.
Scénarios élite
Le reste du supplément, en revanche,
est un sans-faute. À commencer par les
treize scénarios proposés : variété des
ambiances et des enjeux, mise en ap-
plication des conseils du livre de base,
humour, second degré et jeux de mots,
références, tout y est. Chaque scéna-
rio est en plus agréable à lire, plaisir
redoublé par la perspective d’imaginer
ses PJ confrontés aux situations par-
fois tordues que vous allez leur propo-
ser. On y trouve à la fois des scénarios
pour novices, pour des PJ élite ou pour
des niveaux intermédiaires. Certains
scénarios sont du prêt à jouer complet,
d’autres nécessiteront un peu plus de
préparation et d’adaptation car plus
ouverts. Enfin, bonus appréciable,
trois ou quatre des scénarios sont à
même de déboucher sur de véritables
CRITIQUES | 81
mini-campagnes avec des enjeux inté-
ressants. Par rapport aux scénarios du Fiche technique
livre de base et de l’écran, qui étaient Éditeur • John Doe / Black
plus des « scénarios-type », ce recueil Book Éditions
prouve s’il le fallait la variété et la pro- Matériel • Livre en noir et
fondeur du jeu. blanc de 248 pages
Prix constaté • 40 €
Campagne élite
Un recueil de treize scénarios et de
conseils aurait déjà pu être un supplé-
ment de qualité. Mais les auteurs nous
gratifient en plus d’une campagne
(Donjon en flammes) de bonne facture
et de près de 100 pages avec, là encore,
des enjeux importants qui touchent aux
fondations mêmes de l’organisation et
du Donjon. Après deux épisodes rela-
tivement classiques mais permettant
de poser les bases de l’histoire, les PJ
vont devoir affronter le Grand Dehors,
jusqu’à découvrir un des secrets de la
création de Donjon & Cie. Le quatrième
épisode est le plat de résistance, très
ouvert avec de nombreuses factions et
PNJ importants. Plus de travail pour les
MJ, mais sans aucun doute plus de plai-
sir pour les joueurs.
La lecture du livre de base laissait J’aime :
+ Une grande campagne
déjà une impression de qualité et de
+ La variété des scénarios…
potentiel. Mais en finissant les Secrets
+ … dont plusieurs ouvrant
excavés, vous n’aurez qu’une seule
sur d’autres situations
question en tête. « Quand est-ce qu’on
joue ? »
J’aime moins :
Thomas Robert - n/a
CRITIQUES | 81
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
82 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VO)

TRAVELLER,
CORE RULEBOOK
Voyages aventureux
avec un Grand Ancien
Préparez le moteur de saut Warp de votre vaisseau, chaussez
vos bottes magnétiques et venez jeter un œil à un Grand Ancien
du JdR qui a encore de belles heures devant lui...
Fiche technique ce dont ils ont l’habitude dans les jeux
Éditeur • Moongoose Aire d’envol H4 : plus récents. Les intelligences artifi-
Publishing Le jeu de rôle Traveller a été créé en cielles sont moins développées et les
Matériel • livre 1977 par Marc Miller. Oui, ce jeu a 45 PJ vont devoir se mouiller pour aller à
Prix constaté • 52 € ans cette année. Il a eu plusieurs édi- la pêche aux informations. Si le voyage
teurs, de Game Designers Workshop spatial est facilité par le moteur de saut,
au départ à Moongoose Publishing il n’en va pas de même pour les com-
aujourd’hui. Bien entendu, ce n’est pas munications. Il est plus long d’envoyer
Marc Miller qui a tout écrit, et de nom- un message de la planète A à la planète
breux contributeurs ont mis la main à B que de s’y rendre. Et des technologies
la pâte pour créer ce qui aujourd’hui plus récentes comme la nanotechnolo-
est un monument rôlistique… Nous gie ne sont pas envisagées…
sommes actuellement à la 5 édition du
jeu, même si le livre de base qui nous
intéresse représente la 2 édition du La mécanique
travail de compilation de Moongoose du voyage
Publishing. Un système de jeu spécifique a été
L’univers : 3 000 ans dans le futur, les développé pour pouvoir naviguer dans
humains ont colonisé l’univers et ont l’univers de Traveller et, comme vous
créé un empire aux proportions gigan- pouvez vous l’imaginer, il est rodé. Le
tesques. Ils ont pu croiser quelques principe est simple : pour accomplir
races extraterrestres comme les Aslans une action, un personnage jette deux
(des hommes lions), les Droynes (des dés à 6 faces, ajoute ses bonus et doit
insectes étranges) ou des K’Kree (des faire plus que la difficulté imposée par
J’aime : centaures herbivores), et ont ainsi re- le maître de jeu, avec une moyenne de
+ Le système de jeu simple et poussé les limites de l’univers connu. 8. Les bonus peuvent venir d’endroits
efficace Les Joueurs incarnent des voyageurs différents, des circonstances ou de
+ Son univers cohérent qui vont affronter l’espace. Certains l’équipement, mais le plus souvent des
+ Improviser est facile…
gagneront leur vie, d’autres exploreront caractéristiques du personnage.
des lieux étranges, seront mercenaires, Force, Endurance, Dextérité,
J’aime moins :
amuseurs ou diplomates. Tout est pos- Intelligence, Sociabilité et Éducation
- Le tirage aléatoire des
caractéristiques lors de la sible dans le jeu tant que les PJ partent forment la base : comme à Dungeons
création de son PJ du principe de voyager… & Dragons, vous avez un score qui vous
- Pas de scénarios dans le Les joueurs seront confrontés à des donne le modificateur pour les tests
livre de base problématiques un peu différentes de d’action associés. Lors de la création
de personnage, vous déterminez
ces caractéristiques au hasard, en
lançant 2D6 pour chacune. Ensuite
vous pouvez choisir le cursus de
votre voyageur par l’intermédiaire
des carrières qu’il aura entreprises
avant de rejoindre le groupe.
Chacune apporte des compétences
qui sont autant de bonus aux tests
où elles sont utilisables. Mais lors
de cet apprentissage, des événe-
ments positifs et/ou négatifs ont
pu arriver à votre personnage, et il
vous sera demandé de jeter des dés
sur des tables prévues pour pimen-
ter sa vie.
Outre sa simplicité et sa prise en
main ultra rapide, le système de
jeu a des subtilités intéressantes.
Par exemple, les points de vies
perdus s’appliquent aux caracté-
ristiques physiques. Si vous perdez
4 PV, vous devez les soustraire à
votre endurance et votre modifi-
cateur aussi est donc touché. C’est
une façon assez maline d’impacter
les actions du joueur sans pour
autant ajouter une caractéristique
de santé…
Atterrissage G7
Certes, Traveller est un peu
« vieux jeu », en particulier dans
sa création de personnage. Tirer
au hasard ses caractéristiques est
le plus souvent frustrant et, les
carrières étant directement liées
à ces scores, vous pouvez être
trop limité par de mauvais jets de
dés. Aucun moyen de mitiger tout
cela n’est proposé, ce qui gêne les
joueurs qui veulent s’approprier
leur histoire. Dans le même esprit,
les événements structurent la
vie du personnage sans que vous
puissiez les contrôler. En revanche,
le système de jeu est simple, effi-
cace, et vous permettra sans souci
de faire jouer n’importe qui, du
joueur vétéran au débutant tout
juste initié.
Générique, l’univers ne penche
pas vraiment vers un genre de
science-fiction en particulier, mais
c’est une myriade d’opportunités
qu’un maître de jeu un peu habitué
peut manipuler. Toutes les sections
du jeu permettent de créer rapide-
ment des éléments sur le pouce, en
jetant deux ou trois dés grâce à des
tableaux prévus. Vous avez besoin
d’un protagoniste pour donner une
mission à vos joueurs ? Vous pour-
rez le créer et peaufiner la mission
avant que les joueurs aient com-
mandé les pizzas. Dans la section
du MJ, vous avez de quoi inventer
des mondes à explorer, civilisés ou
plus primitifs et, si vous ne voulez
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
pas jeter de dés, c’est un réservoir
d’idées efficaces.
Les restrictions donnent du pi-
ment aux joueurs et peuvent faire
l’objet d’adaptations, de discus-
sions. Pourquoi jeter le dé quand
un résultat du tableau correspond
mieux à ce que vous voulez jouer ?
C’est l’essence du jeu de rôle de
pouvoir s’adapter aux joueurs et
grâce à ses mécaniques simples,
Traveller vous permettra de trouver
un compromis qui donnera satis-
faction à toute la table…
Bilan de vol
Dans l’ensemble, ce livre de base
présente tous les outils néces-
saires à un bon JdR : un système
efficace et une base solide pour
aider le MJ dans ses créations/
improvisations d’histoires trépi-
dantes. On regrette l’absence de
scénario qui aurait pu aider le MJ
à se lancer. L’univers est proche
de ce que le grand public connaît,
sans trop de complexité. Cette ver-
sion de Moongoose Publishing est
un bon point de départ pour toute
personne souhaitant plonger faci-
lement dans un univers SF et partir
rapidement en voyage aventureux
avec ses amis…
Capitaine Nurthor le Noir
CRITIQUES | 83
84 | CRITIQUES
DUNE – AVENTURES DANS L’IMPERIUM | SUPPLÉMENT (VF)
SABLE ET POUSSIÈRE
Les Bobines d’Arrakis
Premier supplément du tout-nouveau jeu centré sur l’œuvre de
Franck Herbert, Sable et Poussière traite de Dune, la planète la
plus importante de l’Imperium.
S
Fiche technique eul monde où se récolte l’épice
Éditeur • Arkhane Asylum – la substance qui permet les
Publishing voyages spatiaux –, Arrakis fait
Matériel • Livre couleur de l’objet de bien des convoitises au sein du
156 pages à couverture rigide Landsraad… Il dépend du bon vouloir de
avec signet l’Empereur de désigner la maison noble
Prix constaté • 35 € qui aura l’honneur de gérer la planète et
de faire couler le Mélange ! Pourquoi pas
celle dont dépendent les PJ ?
Sable…
L’ouvrage livre une description com-
plète de Dune et en balaie les aspects
les plus intéressants. Au niveau des
lieux, notons qu’il n’existe que deux
cités : si Arrakeen est la capitale histo-
rique, les fourbes Harkonnen ont éga-
lement fait bâtir Carthag – une ville à
leur image, sombre et criminogène. En
dehors de ces places urbaines, Arrakis
n’est qu’un vaste désert aux yeux du
profane… mais ses habitants véritables
(les fameux Fremen) savent en distin-
guer les subtiles variations, des steppes
profondes aux plaines de sel. Dans
ce milieu inhospitalier vit une faune
discrète mais parfaitement adaptée.
Surtout, on y trouve les vers des sables :
les titanesques créatures qui rendent la
récolte de l’épice si dangereuse.
J’aime :
La politique impériale concernant cette
+ Un supplément utile et
jouable
substance est détaillée dans un dense
+ Dune, les Fremen, chapitre assorti de nombreux conseils,
Shai-Hulud… permettant de nouer de belles intrigues
au sein des palais de la planète. Espions,
J’aime moins : assassins et gardes du corps auront fort
- Plus de pages n’aurait pas à faire pour protéger les diplomates
été de refus et négociants des manigances des
organisations qui réclament leur part du
Mélange : la Guilde, les contrebandiers,
le CHOM, le Bene Gesserit…
Si les descriptions de tous ces en-
droits ou factions semblent parfois un
peu courtes, c’est parce que le supplé-
ment fait le pari de privilégier la joua-
bilité : chaque point traité est ainsi as-
sorti d’exemples de PNJ à y rencontrer,
de rumeurs à y écouter et de synopsis à
développer. Si le fan peut regretter de
ne pas avoir plus de détails, le MJ sera
ravi de pouvoir improviser sur une base
solide pensée pour l’abreuver d’idées
aisément utilisables. Un excellent choix
qui permet de s’approprier Arrakis et
les Fremen – avec en bonus un dense
scénario basé sur une pénurie d’eau.
Le livre offre aussi une ouverture sur
diverses périodes de jeu, en faisant un
état des lieux de Dune à différentes
époques : la régence Harkonnen, la
rébellion de Paul Atreides, le règne de
Leto II, la diaspora humaine…
… et poussière
Regorgeant d’idées de campagne,
d’archétypes prêts à l’emploi, de nou-
veaux Talents, de PNJ variés et d’outils
pratiques, Sable et Poussière se révèle
un supplément riche et particulière-
ment utile pour qui souhaite ancrer
sa campagne sur Arrakis. De toutes
façons, rien que pour la possibilité de
jouer un groupe de Fremen, l’ouvrage
est un achat obligatoire !
Romain d’Huissier

WARHAMMER | SUPPLÉMENT DE CONTEXTE (VF)
MIDDENHEIM,
LA CITÉ DU LOUP BLANC
De quoi rendre hommage à Ulric
Nouvelle mouture d’un ouvrage mythique de la première
édition, Middenheim reprend les grandes lignes de son
prédécesseur et en profite pour enrichir largement la description
des quartiers de la ville, gros point fort de cette version.
L
a cité de Middenheim, haut lieu
lié au dieu Ulric, est un lieu qui a
marqué toute une génération de
joueurs, celle qui a vécu la fameuse
« campagne impériale » pour la pre-
mière fois à la fin des années 80. Avec
la nouvelle édition de la campagne, lui
consacrer un guide était indispensable.
Voyons s’il est à la hauteur.
Une ville complète
Si l’on démarre la lecture avec
quelques pages concernant l’histoire
ancienne et plus récente de la cité, on
entre rapidement dans le vif du sujet
avec une description détaillée des
forces en présence, puis un énorme
guide du visiteur qui décrit plus d’une
vingtaine de quartiers ! Pour chacun,
vous disposerez d’une rapide introduc-
tion puis d’une description de plusieurs
lieux notables, ainsi que des propo-
sitions d’aventures ou de péripéties.
Dans certains cas, un PNJ local est four-
ni en complément. Notons que cette
partie prend plus de la moitié du livre, il
y a vraiment de quoi faire vivre de nou-
veaux lieux sur de nombreuses parties.
Le middenball !
La cité d’Ulric est un haut lieu spor-
tif, puisque s’y déroulent des matches
de middenball (ou snotball), autre-
fois nommé rotzball. Du Blood Bowl
version rôliste ! Quelques pages sont
CRITIQUES | 85
consacrées à cette curiosité locale.
Nous aurions aimé en lire plus à ce su- Fiche technique
jet, et notamment des pistes permet- Éditeur • Khaos Project
tant de centrer des scénarios sur cet Matériel • Un livre à
aspect. On trouve des règles permet- couverture rigide de 160
tant de simuler une partie, mais tout ce pages
qu’on peut imaginer autour d’un match Prix constaté • 34,90 €
pourrait s’avérer plus intéressant. Les
auteurs n’ont malheureusement pas
développé cet aspect.
Intégrer la cité
dans vos parties
Si le guide du visiteur mentionne les
différentes strates de la cité (dont les
souterrains), d’autres chapitres abordent
les environs immédiats de Middenheim
(où des gens moins fortunés s’installent)
ainsi que la région alentour (le Grand-
Duché). Un bref bestiaire ainsi que des
règles de création de personnage local J’aime :
complètent le livre de base. Des sections + Un guide du visiteur
évoquent les mafias et sectes locales, riche en informations et
suggestions
ainsi que des idées pour utiliser l’ouvrage
+ Aussi utile pour la
dans la campagne impériale. campagne impériale que
Enfin, comme dans les autres livres pour vos propres histoires
de la gamme, les cartes sont disposées
en début et fin d’ouvrage, sur double J’aime moins :
page collée (et du coup, ne figurent pas - Le middenball pourrait être
un atout mieux mis en valeur
dans le PDF). Bref, un excellent guide
- Un peu plus de cartes et de
pour mener un scénario ou une cam-
plans serait idéal
pagne à Middenheim.
- Les cartes en double
Adrien « Feldo » Saurat et Romain page de garde ne sont pas
« Belaran » Pelisse présentes dans le PDF !
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86 | CRITIQUES

LIVRE DE BASE (VF)

HONG KONG - LES

CHRONIQUES DE L’ÉTRANGE
Nian, Confucius et Bruce Lee
sont dans un bateau
La série de romans des Chroniques de l’Étrange est la création
de Romain d’Huissier, bien connu des lecteurs de Casus Belli. Il
s’agit sans surprise d’un univers rôliste par excellence, et c’est
donc en toute logique qu’il devient jeu de rôle.

Fiche technique
Éditeur • Antre Monde
Éditions
Matériel • Livre A4 couleurs
500 pages
Prix constaté • 55 €
J’aime :
+ Un livre de base très riche
+ L’ambiance parfaitement
retranscrite, du contexte
aux règles en passant par les
illustrations
+ Trois scénarios, pas moins
J’aime moins :
- Un livre de base très riche
R
omain d’Huissier a pour le coup
adapté sa propre création, en
duo avec Cédric Lameire. Inutile
de dire que le résultat est fidèle ! Mais
est-il pour autant de qualité ? Réponse
500 ( !) pages plus loin.
Connaître les autres,
c’est la sagesse
(Lao Tseu)
Le deuxième bébé des éditions Antre
Monde (le premier étant Knight) est
une nouvelle fois un imposant bambin
qui consacre toute sa première partie,
soit près de 200 pages, à détailler son
contexte.
Nous sommes donc à Hong Kong,
de nos jours. La ville est le lieu de
mélanges uniques en leur genre. Une
forme d’occidentalisme y côtoie la
culture asiatique en général et chinoise
en particulier. Elle est ultramoderne
mais n’oublie pas son passé et est
encore bien ancrée dans les traditions
séculaires.
Hong Kong est aussi et surtout le
refuge de nombreux esprits chinois,
ceux-là même qui peuplent les contes
et légendes locales. La plupart savent
se tenir tranquille. Mais régulière-
ment, il arrive qu’un esprit, mal inten-
tionné ou tout simplement en perte
de repères, soit à l’origine d’incidents
susceptibles de bouleverser le fragile
équilibre cosmique. Il faut alors l’inter-
vention des fat si, des adeptes taoïstes
qui mettent leurs pouvoirs particuliers
au service de la ville et de sa protection.
Ce pitch peut paraître assez bateau
exposé ainsi. Il mélange en réalité
plusieurs thèmes et références bien
connues pour former un tout à la fois
évocateur et original. L’idée d’une po-
pulation secrète d’esprits policée par
des agents spéciaux n’est pas sans rap-
peler Men In Black. Les fat si sont plon-
gés dans des enquêtes surnaturelles
qui les rapprochent des investigateurs
de Cthulhu. Mais face à l’adversité, ils
ne sont pas sans ressource, loin de là,
et nous arrivons alors dans l’explosif
spectacle des arts martiaux.
Avoir situé l’aventure à Hong Kong
n’est bien entendu pas anodin. La ville
était encore anglaise il y a seulement
25 ans et elle occupe toujours une place
économique, culturelle et politique bien
à part au sein de la Chine – même si cette
différence tend à s’éroder avec le temps.
Orient et occident y sont les deux faces
d’une même pièce. Cette dualité est
parfaitement symbolisée dans les noms
des Hong-Kongais, souvent constitués
d’un prénom anglo-saxon adossé à un
nom de famille chinois.
 au système Ng Hang ! Celui-ci re- forte adaptabilité, une certaine
Qui parle trop pose sur une roue de cinq aspects, curiosité mais aussi une forme de
agira difficilement Bois, Feu, Terre, Métal et Eau. Les rigidité intellectuelle qui favorise le
(Confucius) aspects ne représentent pas des mental sur les émotions.
Les cinq chapitres consacrés au caractéristiques, mais des com- Selon la manière dont une action
contexte couvrent, respectivement, portements, différentes manières est entreprise, un aspect ou un
l’histoire de la ville, sa gouver- d’aborder une situation – selon un autre est utilisé conjointement
nance, la religion, la communauté principe proche de la dernière édi- à une compétence ou une res-
surnaturelle et chacun de ses quar- tion de Légende des 5 Anneaux. source, ce qui donne une réserve
tiers au sein d’un gros guide tou- L’eau, par exemple, symbolise une de d10 à lancer. Chaque résultat est
ristique. Ce dernier ne se contente
pas de descriptions généralisantes.
Il propose au contraire quantité de
lieux spécifiques, s’attarde sur les
PNJ qui les peuplent et suggère de
multiples intrigues et usages lu-
dico-narratifs de ces éléments.
C’est à la fois très bien écrit et
très évocateur. Impossible de ne
pas sentir la passion et le savoir des
auteurs dans ces lignes, ni d’être
happé par l’ambiance singulière de
chacun des recoins de la ville.
En contrepartie, ce contexte ne
se laisse pas approcher facilement
– un constat général sur le jeu,
nous y reviendrons. Il faudra un peu
d’énergie au MJ pour se l’approprier
et en restituer les saveurs. Toujours
est-il que ce livre de base expose au
lecteur tous les ingrédients néces-
saires à cet effet : cela change
agréablement des jeux de rôle qui
renvoient gentiment à Wikipedia.
Cette difficulté est par ailleurs
compensée par un angle d’attaque
d’une limpidité à toute épreuve et
qui peut se résumer très facilement
ainsi : enquêtes surnaturelles et
arts martiaux dans le Hong Kong
moderne. Impossible de ne pas
saisir immédiatement un tel pitch !

La défaite
est un état d’esprit
(Bruce Lee)
Pour appuyer l’ambiance très
marquée de cet univers, il fallait
bien un système dédié. Bienvenu

CRITIQUES | 87
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
88 | CRITIQUES
lui-même associé à un élément.
Par exemple, il s’agit pour l’eau de
1 et 6 : pour un test basé sur l’eau,
chaque 1 et 6 octroie une réussite.
Les aspects sont par ailleurs liés
entre eux de deux manières : domi-
nant/dominé et génère/générant.
L’eau génère le Bois et est générée
par le Métal : les dés correspondant
au premier offrent des avantages
supplémentaires à l’action, qu’elle
soit une réussite ou non, tandis
que ceux correspondant au second
ajoutent des conditions négatives.
Enfin, l’Eau domine le Feu : les
dés dont le résultat correspond au
Feu sont placés sur une réserve que
chacun pourra utiliser en cours de
partie pour améliorer le résultat de
ses tests. Les dés restants, associés
à l’élément qui domine l’aspect
utilisé, sont donnés au MJ : ils pour-
ront servir à ce dernier pour ajouter
un peu d’adversité et plus généra-
lement agir de manière active sur
l’environnement et les PNJ. En ef-
fet, le jeu est construit de telle sorte
que le MJ ne lance jamais aucun dé
et cette réserve constitue son outil
d’interaction avec l’aventure.
Rassurez-vous : cette « roue »
et toutes les relations entre les
aspects figurent sur la fiche de per-
sonnage. Les règles ne sont guère
plus complexes, en dehors de
quelques valeurs supplémentaires
représentant la santé physique,
morale et spirituel du personnage.
Elles n’en restent pas moins in-
habituelles. Le vocabulaire, choisi
avec soin, est associé à toute une
symbolique philosophique et spi-
rituelle chinoise. Il renforce l’am-
biance mais contribue à ne pas
rendre immédiate la prise en main.
Quelques explications et quelques
règles spécifiques (comme la créa-
tion de personnage, avec plusieurs
répartitions de points successives
qui ne fonctionnent pas de manière
homogène) auraient aussi mérité
d’aller un peu plus à l’essentiel.
En tuer un pour
en terrifier mille
(Sun Tzu)
Pour donner aux combats un
rythme fluide, les auteurs ont opté
pour un déroulement en continu
plutôt qu’en tours. Concrètement,
passée l’initiative initiale, chaque
PJ se déplace sur une roue d’ini-
tiative continue d’un nombre de
crans correspondant à la durée de
l’action entreprise.
Les arts martiaux sont bien
entendus de la partie. Les per-
sonnages peuvent en acquérir
plusieurs, chacun donnant accès
à des techniques. Celles-ci s’ex-
priment assez simplement d’un
point de vue « règles » (obtenir
un bonus à l’attaque, augmenter
sa défense…). Elles ont l’énorme
avantage de s’accompagner d’une
petite description précieuse pour
que chacun puisse, s’il le souhaite,
colorer la présentation de l’action
entreprise. Bien entendu, en accord
avec la logique du jeu, il est possible
d’éliminer par paquet entier les PNJ
mineurs, qui sont gérés en groupe.
Enfin, les fat si peuvent compter
sur la magie pour les aider dans
leur entreprise. Celle-ci se décom-
pose en cinq compétences (une
par élément, vous l’aurez compris),
elles-mêmes composées de cinq
spécialités. La magie de la Terre
est par exemple la magie rituelle,
l’Eau celle de l’Alchimie… Chaque
domaine et spécialité est bien mar-
qué et couvre un spectre large mais
toujours ancré dans les traditions
chinoises. Il n’y a cependant pas de
listes de sorts en tant que telles.
Les effets et leur puissance sont
déterminés ad hoc, en fonction du
jet de magie.
Comme pour les arts martiaux,
le chapitre sur la magie a ceci
d’intéressant qu’il détaille les
composantes typiques de chaque
spécialité. Il peut s’agir d’ingré-
dients, d’objets rituels, de gestes,
de mots… Ces composantes ont un
usage technique (les bons ingré-
dients facilitent le jet de magie)
mais surtout narratif. Leur nature
participe à l’ambiance et à rendre
chaque type de magie bien dis-
tinct, pas seulement en termes de
règles mais aussi dans son expres-
sion narrative.
Parler ne fait
pas cuire le riz
(Proverbe)
Malgré tout cet épais matériel, il
reste encore 170 pages à parcourir. Elles
sont naturellement destinées au MJ.
Pour le coup, le chapitre de
conseils est assez synthétique. Il
donne des éléments pour gérer la ré-
serve de dés et les PNJ. Un catalogue
de créatures variées est aussi pro-
posé – esprits animaux, revenants,
monstres… Chaque type est accom-
pagné d’un exemple de personnage
directement utilisable en partie. Ne
reste plus qu’à mettre en pratique,
avec pas moins de trois scénarios.
Le premier met en scène la ven-
geance d’un ancien fat si déchu.
Son intrigue est complexe et l’en-
quête, dans laquelle les PJ rentrent
quasiment par inadvertance, très
ouverte. Selon l’ordre dans lequel
les pistes sont explorées, les sui-
vantes changent de physionomie
car les événements continuent
de se dérouler. Ce n’est peut-être
pas le scénario idéal pour démar-
rer mais, bien géré, il peut s’avérer
épique à souhait.
Dans le second scénario, les PJ
doivent sauver contre son gré le
descendant d’une lignée d’esprits-
tortues ainsi que sa famille. Il offre
un premier contact avec l’un des
grands antagonistes de l’univers.
En comparaison du premier scéna-
rio, il est plus linéaire et présenté
de manière bien plus simple. En
contrepartie, quelques développe-
ments sont laissés de côté.
Le dernier scénario est particuliè-
rement original dans sa structure. Il
s’agit en fait de trois histoires, une
enquête sur un laboratoire phar-
maceutique, une opération de dé-
ratisation dans les sous-sols de la
ville et le gardiennage d’un esprit-
ce qui en fait déjà un bon nombre.
chat. Bien que ces intrigues soient
Elles participent dans tous les cas
indépendantes, plusieurs passe-
relles sont proposées pour passer de l’unité de l’ouvrage et viennent
de l’une à l’autre. Cela donne au souvent accompagner intelligem-
tout un petit côté bac-à-sable tout ment un lieu ou un PNJ.
en restant jouable, d’autant qu’il Ne manquent plus que les annexes
reste toujours possible d’enchaîner à mentionner. Elles comprennent
les trois séquentiellement plutôt un catalogue d’équipements, pas
qu’en parallèle, pour ceux qui se- moins de dix prétirés, plusieurs
ront plus à l’aise ainsi. lexiques (qui auraient mérités d’être
regroupés en un seul) et un gros
index, indispensable étant donné
Mieux vaut rater l’imposante pagination du bouquin.
sa chance que Difficile de faire plus complet !
ne pas la tenter Les Chroniques de l’Étrange fait
(Proverbe) partie d’une catégorie trop rare de
jeu au pitch impeccable de clarté et
Avant de conclure, un mot
qui ouvre à une très belle richesse
semble nécessaire sur la forme.
ludique. Étant donné la quantité
Les Chroniques de l’Étrange est
de matériel proposé dès le livre de
en effet une réussite formelle. La
base, il n’est même pas la peine de
maquette lisible ne souffre pas de
conclure en espérant un suivi ! Bon
faux pas – avec une mention spé-
allez, un peu quand même : une
ciale aux ouvertures de chapitre.
belle campagne par exemple ?
Les illustrations ne sont pas très
nombreuses au vu de la pagination, Slawick Charlier
CRITIQUES | 89
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
90 | CRITIQUES

KOBOLD ÉRUDIT | SUPPLÉMENT 5E (VF)

GUIDE ULTIME DE
L’ALCHIMIE, L’ARTISANAT
ET L’ENCHANTEMENT
Au bonheur du craft !
Voici un moment redouté par le MJ : fin du scénario, un joueur
prend la parole. « Dis, je peux te parler de l’item que je veux
fabriquer pour mon perso » ?

E
Fiche technique t là, tout s’enchaîne ! Les autres
Éditeur • Kobold Érudit joueurs attrapent le téléphone,
Matériel • Livre au format A4 la console, une BD ou quittent
à couverture rigide de 288 Discord (rayez la mention inutile). Calé
pages en couleur dans votre fauteuil, vous subissez la
Prix constaté • 49,90 € longue et copieuse liste de course… Si
cette anecdote vous parle, alors ce sup-
plément est fait pour vous !
Présentation du matériel
Financé avec succès en mai 2022 à
plus de 420 %, l’ouvrage ambitionne
de permettre à votre avatar de fabri-
quer les outils de sa gloire ! Avec 287
pages joliment illustrées, le contrat est
rempli. Il propose d’incarner des « créa-
teurs » : alchimiste, artisan ou enchan-
teur, eux-mêmes subdivisés en spécia-
lités. L’éditeur propose à part des aides
de jeu par spécialités qui semblent plus
que pratiques côté joueur.
Un univers autour du « craft »
J’aime : Une des forces du livre est de dépas-
+ PLEIN de tableaux
ser la simple « liste de loot ». D’abord,
+ Mise en valeur du travail
il explique l’organisation des guildes :
artisanal
+ Les spécialités et leurs hiérarchie et règles, assez proches des
talents sociétés de compagnonnages. Puis
chaque spécialité est décrite avec son
talent spécifique. Enfin, des petites
J’aime moins :
- Parfois difficile à projeter quêtes mettent en scène les passages
dans sa campagne
- Le court chapitre sur « la
pègre »
de rang. C’est intéressant mais un
peu court. Surtout le passage intitulé
« pègre » qui traite des façons illégales
d’acquérir des recettes.
Des recettes et des objets
Le cœur du livre est la présentation
des recettes et outils pour les créateurs
en papier que sont nos personnages. Et
là, je suis repu ! Tout peut être fabri-
qué : objets magiques, armure de cuir,
flèches, potion de soin… Les règles (4
pages) et la liste de recettes donnent
le tournis et me font me dire que nos
personnages ne sont pas très respec-
tueux des artisans qu’ils dépouillent
entre deux bagarres ! Enfin, les objets
magiques proposés peuvent tous être
fabriqués. On en trouve de multiples
saveurs : des drôles, des bizarres, des
terrifiants et des « non, JAMAIS dans
ma partie ! ».
Bref, un supplément qui pourrait ap-
paraître comme dispensable mais qui
apporte un regard différent sur « l’ob-
jet », cette chose griffonnée à la va-vite
sur nos fiches, qui mériterait un peu
plus de considération.
Sébastien « Prof de JdR » Fajal

DESTINÉES* | LIVRE DE BASE (VF)
LA FERME DES ANIMAUX
Pas la peine de bêler…
… c’est pour votre bien. L’un des romans majeurs de Georges
Orwell dépeint une société où le désespoir est un malentendu.
Pourquoi résister, on vient de vous le dire, c’est pour votre bien !
L
a Ferme des Animaux est une cri-
tique de la révolution bolchévique
et du totalitarisme stalinien qui a
suivi. Orwell en dénonce les travers et
fait des héros ceux qui s’y opposent au
péril de leur vie, dans une adaptation
animalière qui fut un engagement poli-
tique fort dans une époque troublée.
Terreur rouge
Comme pour 1984, l’analyse de
l’œuvre est approfondie. La Ferme est
un petit cosm vivant et détaillé. Aucun
bâtiment ni recoin n’a échappé à l’œil
attentif des auteurs. Il en ressort un en-
vironnement de jeu complet, dont l’am-
biance oppressante est très bien re-
transcrite. Depuis la révolution animale
qui a jeté les hommes dehors, la société
n’est pas plus juste. Les pensionnaires
ne sont pas tous bienveillants et vivent
craintivement sous le joug tyrannique
des porcs, les seuls animaux à s’être
abaissés à se dresser sur deux pattes.
Le comté environnant est aussi ex-
ploré. Les villages alentour, encore sous
la domination des hommes, ne sont
pas plus accueillants. Pire, la révolution
de l’Étable ne restera pas longtemps
impunie. Les animaux de la Ferme
vivent sous la double menace de bêtes
totalitaires et d’humains revanchards.
Salon de l’agriculture
La gestion de la Ferme a été confiée à
Destinées*, le système maison du Studio
9. Il est une variante du D6 System, qui
inverse les rôles : les D6 lancés corres-
pondent à la difficulté d’une action,
que la somme de tous les attributs d’un
CRITIQUES | 91
personnage doit dépasser. Aux aptitudes
et compétences chiffrées s’ajoutent les
historiques, particularités et possessions
du personnage. Les règles sont suffi-
santes pour que l’ouvrage soit autonome.
Détenir le livre de règles complet est néan- Fiche technique
moins conseillé, notamment pour appro- Éditeur • STUDIO 9
fondir la création de personnage. Jouer des Matériel • 1 livre N&B, format
animaux n’est pas habituel, l’accompa- A5, couverture rigide, 290
gnement est vite brossé, avec un tableau pages
donnant des indications sur les aptitudes Prix constaté • 29 € ( 9,90 €
en PDF)
et des conseils avisés, mais guère plus.
Cet empressement est compensé par un
bestiaire fourni et des pré-tirés proposés.
Visite guidée
L’ouvrage propose de nombreuses
options d’aventures. Deux scénarios
complets en trois actes ouvrent la foire.
Le premier se destine à la découverte de
la Ferme, de ses factions et habitants,
permettant d’appréhender son am-
biance oppressante. Le second organise
une petite visite touristique du canton,
qui vire à l’opération commando face à
un groupe agro-industriel peu scrupu-
leux. Sept synopsis détaillés défilent
ensuite, découvrant de nouvelles fa- J’aime :
cettes de la ferme et de ses environs. La + L’analyse de l’œuvre et sa
farandole se conclut par une dizaine de conversion en JdR
pistes à développer. Vous disposez donc + De nombreux scénarios et
de nombreuses séances en perspective. pistes d’aventures
Que vous soyez un fan de l’œuvre ou que + Les aides de jeu
téléchargeables
vous cherchiez un environnement dysto-
pique étouffant, cette adaptation de la
Ferme des Animaux rempli le contrat. Il J’aime moins :
- La carte de la ferme
retranscrit l’oppression de l’histoire tout en
rudimentaire
donnant aux joueurs la possibilité de résister.
- La création de personnage
Olivier Halnais hâtive
CRITIQUES | 91
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
92 | CRITIQUES
MIDNIGHT : L’HÉRITAGE
DES TÉNÈBRES
« Izardor, c’est mon amour, mon
trésor » Chant Orque
Dix-sept années après sa dernière version, le Mal fait son retour
sur vos tables de jeu pour martyriser vos joueurs.
E
Fiche technique xit le noir et blanc pour l’aspect
Éditeur • Edge Studio et l’OGL 3.5 pour le système,
Matériel • Livre couleur de Midnight se met au goût du jour
372 pages avec un ouvrage tout en couleur au de-
Prix constaté • 49,99 € sign soigné comme Edge sait si bien les
faire, et utilise le moteur de la 5E sans
pour autant l’inclure.
I need a hero !
Dans Midnight, les joueurs endossent
le rôle de résistants face au mal qui a
conquis toutes les terres d’Eredane cent
ans auparavant. Toutes ? Non ! Car des
elfes, des nains des halfelins, des humains
et mêmes des orques rebelles résistent
encore à l’envahisseur. Ces braves héros
ne peuvent pas compter sur les mêmes
ressources que dans une campagne D&D
normale car les livres sont brûlés, les
armes sont interdites et la magie très sur-
veillée, le moindre écart étant passible de
mort entre les mains des légats, les sup-
pôts d’Izrador (le dieu des ténèbres).
Tout n’est pas désespéré pour autant,
car les personnages joueurs disposent
de voies héroïques pour les aider à com-
J’aime : battre le Mal. Guérisseur, héritier draco-
+ Background très complet
nique ou encore arcaniste, les choix sont
+ Le retour de MIDNIGHT,
variés et donneront accès à un pouvoir
quoi !
tous les quatre niveaux et feront des PJ
de vrais héros capables d’affronter les
J’aime moins :
- L’absence des classes sbires du dieu sombre, tout comme les
nouveaux historiques et dons spéci-
spécifiques
fiques à l’univers. Côté classes, cepen-
- Pas de scénario
d’introduction dant, il n’y a rien à se mettre sous la dent,
LIVRE DE BASE (VF)
contrairement aux autres éditions. C’est
un gros regret, car elles ajoutaient un fee-
ling bien particulier et permettaient de se
démarquer des univers plus classiques
qui utilisent le même corpus de règles.
Total Eclipse
Ce que cette version a laissé de côté
niveau technique, elle le compense lar-
gement par une description exhaustive
du monde d’Eredane. Histoire et géo-
graphie de chaque régions, coutumes
de chaque peuple, descriptions des PNJ
majeurs ou serviteurs de l’ombre mi-
neurs : tout est décrit sur plus de deux
cents pages, et cela vous donnera ma-
tière à créer vos propres scénarios ou
campagnes. Adapter du matériel exis-
tant pour d’autres settings sera plus
compliqué, les spécificités techniques
et l’ambiance particulière demande-
ront beaucoup de travail au MJ.
À qui s’adresse ce jeu
Même si vous disposez des anciennes
éditions, les nouveaux éléments et le
côté « tout-en-un » suffisent à justifier
l’achat. Si vous êtes un nouveau joueur,
vous pouvez foncer les yeux fermés. Il
s’agit tout simplement d’un des meil-
leurs univers med-fan jamais créé et
une source d’inspiration inépuisable
pour les scénarios même si vous jouez
dans des settings différents.
DB
PATHFINDER (2E ÉDITION) | SCÉNARIO (VF)
PETITS ENNUIS RPG
DANS LA GRANDE STORY MAKER
ABSALOM Scénariomancie
Power Kobold
Ce petit livret, décroché en cadeau
lors de la précommande des Agents
d’Absalom, propose une sympa-
thique aventure en deux actes. Elle
utilise cinq kobolds pré-tirés aux
couleurs chatoyantes. C’est la pa-
nique dans les bas-fonds où se cha-
maille le clan des Crochegriffe. Une
pièce souterraine pleine de trésors
vient d’être découverte à la suite
d’un malencontreux coup de pioche.
Les dangers risquant d’être à la
hauteur de la récompense, les plus
grands héros sont envoyés pour ex-
plorer cette crypte un peu flippante.
Le ton est léger et parodique, il ne
faut pas grand-chose pour effrayer
des kobolds. Cette aventure désopi-
lante est idéale pour jouer avec les
plus jeunes, faire découvrir le JdR
sans pression ou passer une bonne
soirée détendue avec les potes.
Elle est aussi idéale pour débuter à
Pathfinder 2, avec un final digne d’un
banquet gaulois en cas de succès.
Olivier Halnais
Éditeur • Black Book Éditions
Matériel • 1 livret d’aventures de 16
pages couleurs
Prix constaté • 9,90 €
AIDE DE JEU (VF)
Issu d’un financement participa-
tif, ce jeu de cartes né de l’esprit
du youtubeur spécialisé JdR le
Scénarurgien est un outil à la fois
sympathique et extrêmement facile
d’utilisation. Ces cartes se répar-
tissent en six catégories distinctes,
chacune d’entre elles correspon-
dant à un des éléments composant
habituellement une histoire. Un MJ
en mal d’inspiration pourra alors
recourir au divin hasard en piochant
une ou plusieurs cartes de chaque
catégorie pour créer une trame de
scénario. Il ne restera alors plus qu’à
appliquer l’habillage de son univers
et de certains PNJ récurrents pour
avoir de quoi jouer quelques heures.
De la même façon, il sera possible
de recourir aux cartes lorsqu’un re-
bondissement devra relancer votre
intrigue. On regrettera seulement
que le dos, identique à toutes les
catégories, ne permette pas de les
classer rapidement. Mais c’est pro-
bablement son seul défaut.
S.L.M.
Éditeur • Le Scénarurgien
Matériel • Un jeu de 60 ou 78 cartes
cartonnées format tarot
Prix constaté • 20 € (version 60 cartes)
– 30 € (version 78 cartes)
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
FOR THE STORY (VF)
LE CASSE
DE TROP
Reservoir Dogs !
Dans ce jeu basé sur Pour la Reine
(un label baptisé For the Story
regroupant tous ses dérivés utili-
sant le même principe général), les
joueurs sont invités à incarner les
membres d’un gang de braqueurs
ayant réalisé un gros coup. Hélas,
la police les a coincés et les inter-
roge afin de reconstituer les faits
– et surtout pour savoir à qui faire
porter le chapeau !
Le Casse de Trop propose donc à
chaque joueur de répondre tour à
tour à une question tiré du paquet,
l’histoire se construisant peu à peu
par les apports de chacun – jusqu’à
la conclusion fatidique ! Qui a cra-
qué ? Qui a balancé ses complices ?
Un vrai régal pour jouer dans une
ambiance à la Tarantino ou la
Ritchie.
Romain d’Huissier
Éditeur • Bragelonne Games
Auteur • Nicolas le Vif
Matériel • Boîte contenant toutes les
cartes nécessaires
Prix constaté • 16 €
CRITIQUES | 93
94 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
JOUER DANS L’UNIVERS
DE BERSERK
Berserk est une œuvre folle, un pandémonium de violence et de
ténèbres médiéval-fantastique. Associé à un dessin d’une rare
finesse, l’œuvre de Kentaro Miura a définitivement laissé une
marque (de sang) dans l’histoire du manga et de la BD.
Retour sur une série culte.
Berserk
Éditeur • Glénat Au plus profond
Matériel • Manga noir et du trou
blanc 230 pages environ Berserk suit les traces de Guts. Ce
Prix constaté • 6,90 € par
guerrier porte une épée gigantesque et
tome (40 tomes disponibles)
sème mort et désolation dans son sil-
lage. Son apparente errance a pourtant
un objectif : se venger des God Hand.
Berserk :
À l’encre des ténèbres Ces cinq divinités surpuissantes
Éditeur • Third Editions habitent dans les plans astraux de
Matériel • Livre 16x24 cm l’univers et ne se manifestent que très
noir et blanc couverture
occasionnellement dans le plan phy-
rigide 240 pages sique. Elles sont liées aux Beherits,
Prix constaté • 24,90 € par des artefacts organiques (ils ont la
tome forme d’œufs arborant un semblant de
visage) très recherchés. Certains hu-
mains, les Apôtres, ont même sacrifié
Berserk
ce qu’ils ont de plus cher pour établir un
Official Guide Book
Éditeur • Glénat lien avec une Beherit et bénéficier de
Matériel • Livre 200 pages pouvoirs incommensurables.
noir et blanc format manga Il faut dire que, dans cet univers, ces
Prix constaté • 9,15 € pouvoirs sont une question de survie !
La guerre ravage en effet tout depuis
plus de cent ans. Sous les ordres de
princes et de généraux sans égard pour
autres qu’eux-mêmes, des troupes
de mercenaires s’affrontent sans
relâche et sans considération pour la
population.
Le reste de l’univers est laissé dans
le flou. Sa géographie, ses principales
nations, les raisons et l’histoire de
la guerre qui s’étire depuis un siècle
sont peu développées. Il n’existe ainsi
ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
aucune carte géographique officielle.
Berserk, c’est avant tout des person-
nages secoués par des thèmes puis-
sants comme la religion, la guerre, le
rapport dominant/dominé ou encore le
traumatisme. Le tout au service d’une
pensée nihiliste, l’absence de sépara-
tion réelle entre le bien et le mal et la
tendance de chacun à céder à ses pen-
chants les plus sombres face à l’adver-
sité. Y compris et surtout en essayant
de faire le bien !
Berserk s’impose ainsi par son ex-
trême noirceur, à commencer par celle
de son anti-héros. Rien n’est épargné
au lecteur : violence morale et phy-
sique, sexe rarement consenti, corrup-
tion et injustice, victimes innocentes y
compris des enfants… Vous êtes préve-
nus, le manga est réservé aux lecteurs
majeurs et consentants.
Aux sources du mal
La matière première pour découvrir et
approfondir l’univers de Berserk, c’est
bien entendu les mangas eux-mêmes.
Les trois premiers tomes introduisent
Guts et surtout le contexte mystico-
horrifique de la série : les God-Hand,
les Beherits…
À partir du tome 3 et jusqu’au tome
14, la série revient dans le passé de
Guts. Les histoires sont principalement
centrées sur le mercenariat et la guerre
de 100 ans qui ravage le monde.
Vous y trouverez tout ce qu’il faut
pour vos parties : un scénario-type
(la troupe des PJ doit affronter une
armée toujours plus nombreuse
dirigée par un officier toujours plus
retors), des personnages forts en
gueule… Vous prendrez bien en-
tendu soin de présenter progressi-
vement les secrets autour des God
Hand, et de lier le général adver-
saire à l’histoire personnelle des PJ.
La série est complétée par un ro-
man co-écrit par Miura, Le Chevalier
du dragon des flammes. Il est
consacré à Grunbeld, un membre
de la troupe de mercenaires du
Faucon à laquelle Guts appartient
dans les premiers tomes de la série.
Pris aux tripes
Curieusement, malgré sa re-
nommée, Berserk ne bénéficie
pas d’une importante littérature
secondaire. La faute, peut-être, à
la dureté de ses thèmes. En fran-
çais, citons tout de même Berserk
- À l’encre des Ténèbres. Outre l’his-
toire de son auteur et de la série, il
consacre une large place à l’analyse
symbolique de Berserk. L’écriture
mériterait d’être beaucoup plus
synthétique, mais l’ouvrage n’en
est pas moins très éclairant sur les
tenants et aboutissants de la série.
Plus factuel, Berserk Official Guide
Book (disponible en VF sous ce titre
anglais, Glénat, 2007) est un com-
pendium sur l’univers. Il est paru
entre les tomes 37 et 38, ce qui fait
qu’il couvre la presque totalité de la
série. Il ne propose guère plus d’in-
formations que ce qui figure dans
la BD, mais synthétise celles-ci
dans un format plus facile à exploi-
ter dans le cadre d’un JdR. Il s’agit
pour l’essentiel d’une présentation
des personnages, alliés ou ennemis
de Guts, avec leur caractère, leurs
compétences et leurs pouvoirs.
Toujours utile comme source d’ins-
piration pour un PNJ improvisé sur
le pouce ou pour faire intervenir
un personnage de la BD dans votre
campagne. L’ouvrage contient en
outre une présentation très suc-
cincte du Midland où se déroule la
majeure partie des aventures de
Guts, une galerie de croquis et une
interview de Miura.
Terminons enfin par un artbook,
Illustrations File, toujours proposé
dans nos contrées par Glénat. Le
principal intérêt est de bénéficier
d’une référence visuelle grand for-
mat exploitable en jeu – il s’agit
essentiellement de reprises des
illustrations couleurs proposées
dans les mangas.
Broyé
par le système
Reste la question du système de
règles pour jouer dans ce contexte.
Tout dépend de l’axe de la série que
vous souhaitez mettre en avant.
Berserk s’inscrit dans la dark
fantasy. Au-delà de la dureté des
thèmes abordés, la corruption y
est omniprésente tant chaque per-
sonnage un tant soit peu impor-
tant ne joue que pour sa propre
personne. Pour cette thématique,
vous pouvez par exemple envi-
sager Warhammer (ou son rétro-
clone Zweihander) ou L’Ombre du
Seigneur démon.
Au milieu de la furie des com-
bats, les personnages principaux
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
se détachent très largement du
commun. Ils peuvent à eux seuls
abattre les soldats ordinaires par
trouzaines. Pour mettre en avant
ce côté presque super-héroïque,
Exalted ou même D&D 5E ne sont
pas des mauvais choix. D&D 5E
oriente naturellement les combats
vers un aspect tactique. Pensez à
faire démarrer les PJ à haut niveau
et remplacez le système d’aligne-
ment par un système de corrup-
tion. Bien sûr, les rétro-clones du
premier des JdR peuvent aussi
convenir, surtout ceux adoptant un
ton volontairement plus adulte voir
horrifique comme Lamentations of
the Flame Princess.
Enfin, peut-être serez-vous plus
tenté de mettre l’emphase sur
l’histoire tragique de ce monde et
les enjeux narratifs des batailles.
Les jeux PTBA sont dans ce cadre
tout indiqués, en particulier Band
of Blades qui propose tout le né-
cessaire pour mettre en scène une
bande de mercenaires. Qui sait
dans ce contexte ce que les PJ pour-
raient affronter ? Des sbires des
God Hand ? Et pourquoi pas Guts et
la troupe du faucon eux-mêmes ?
Avec ses thématiques fortes,
l’univers de Berserk mérite large-
ment d’être arpenté par un groupe
d’aventuriers de JdR. Un héritage
de plus à mettre au crédit de son
talentueux auteur. Kentaro Miura
est décédé prématurément le 6
mai 2021.
Slawick Charlier
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 95
96 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
Fiche technique
Éditeur • St Martin’s Press
Auteurs • Ben Riggs
Prix constaté • env. 32 €
J’aime :
+ De nouveaux témoignages
provenant d’employés « non
créatifs »
+ L’histoire de TSR et D&D la
plus complète à ce jour
J’aime moins :
- Les remarques moqueuses
sur « Saint Gygax »
- Pas de grande révélation
promise
SLAYING THE DRAGON
L’histoire secrète de Donjons & Dragons
Le premier des JdR et ses créateurs ont connu une
histoire tumultueuse qui mériterait bien sa série TV. En
attendant, Slaying the Dragon vous promet des révélations
C
es dernières années, les ouvrages
dédiés à l’histoire du JdR et à
celle de Gary Gygax fleurissent à
tel point que les éditeurs mainstream
se sont emparés du sujet (The Game
Wizards, Art & Arcana et Empire of
Imagination). Aujourd’hui, c’est au tour
de St Martin’s Press avec Slaying the
Dragon – A secret History of Dungeons
& Dragons, qui semble annoncer des
révélations croustillantes. Qu’en est-il ?
Du neuf ?
Le livre couvre l’histoire de TSR et
D&D, du début jusqu’au rachat par
Wizards of the Coast et au déménage-
ment de la société pour Seattle, aban-
donnant Lake Geneva pour toujours.
Ben Riggs, l’auteur, développe sur-
tout l’histoire de TSR et D&D après le
départ de Gary Gygax et l’accession de
Lorraine Dille Williams à la présidence
de l’entreprise. Il a interrogé de nom-
breux salariés de TSR, y compris des
responsables des ventes, et pas « seu-
lement » des game designers et des
artistes. Cela en fait le livre le plus com-
plet sur la reconstitution de l’histoire
compliquée de TSR, bien que Riggs
n’ait pas réussi à faire parler Lorraine
Dille Williams ou Gail Gygax, la veuve
de Gary. Mais même sans leur version
de l’histoire de TSR, Slaying the Dragon
n’en demeure pas moins une lecture
très intéressante.
HISTOIRE DU JDR (VO)
sensationnelles…
Où sont les révélations ?
Cependant, ceux qui ont déjà lu
Designers & Dragons, Dungeons &
Dragons – 30 Years of Adventure, The
Game Wizards, Empire of Imagination
et d’autres, sans parler de ma propre
Ultimate Gary Gygax Interview (dispo-
nible sur EN World.org), ne trouveront
pas de grand secret dans Slaying the
Dragon. Vous y trouverez bien quelques
nouveaux faits, comme l’histoire dé-
taillée de TSR West et la tentative de
courtiser McMillan lors des négocia-
tions difficiles sur la dette entre la TSR
et Random House. Mais rien d’impor-
tant. L’essentiel des informations a
déjà été très bien couvert par d’autres
livres.
D’autres points nous laissent per-
plexe, par exemple un sarcasme qui
peut paraître excessif à l’encontre de
Gary Gygax (souvent appelé « Saint
Gygax ») et ce qui ressemble à un culte
du héros pour Peter Adkison.
Mais il ne s’agit là que d’ergotages.
Slaying the Dragons est un livre bien
écrit qui brosse un portrait meilleur et
plus complet de l’histoire de TSR et de
D&D. Si ce sujet vous intéresse et que
la VO ne vous effraie pas, cet ouvrage
est fait pour vous.
Ciro Alessandro Sacco
Traduit de l’anglais par Marc Sautriot

JEU DE PLATEAU (VF)
MASSIVE DARKNESS 2 :
HELLSCAPE
Le dungeon crawler sans la migraine
Dix ans se sont écoulés depuis la victoire des premiers Porteurs
de Lumière. Mais les Ténèbres sont de retour et c’est à vous, la
nouvelle génération de héros, de les vaincre…
C
eux qui ont pratiqué le premier
Massive Darkness ne risquent pas
d’être dépaysés : on garde la même
recette en l’upgradant niveau intuitivité
et rejouabilité. Pour les autres, Massive
Darkness 2 : Hellscape est un peu la porte
d’entrée du dungeon-crawling, un style
de jeux de plateau où on explore des
donjons et on se bat (beaucoup).
Un jeu accessible
Seul ou en coop, vous aurez le choix
entre 6 héros « Porteurs de Lumière »
aux compétences très différentes : un
magicien, un paladin, un berserk, une
roublarde, un (une ?) chamane et un
rôdeur. Leur gameplay est à ce point
asymétrique, qu’en plus du setup de
base (plateau-joueur, dés et divers
cartes/pions) vous aurez aussi accès à
du matériel personnalisé pour chacun.
Jouer la même quête avec un héros dif-
férent n’aura pas la même saveur.
MD2H c’est accessible : la quête choi-
sie vous indique les éléments à placer
pour planter le décor, cinq minutes
montre en main ! Une fois démarré, on
joue lors de chaque round trois actions
parmi déplacement, attaque, récup,
échange/équipement, action spé, puis
c’est au tour des mobs. Enfin, on dé-
pense son exp, on génère de nouveaux
mobs et on recommence jusqu’à réussir
l’objectif de la quête (ou pas). De quoi
se consacrer entièrement à son plaisir
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 97
de jeu sans aller-retour incessants dans Fiche technique
le livret de règle. Plus vous vous battez, Éditeur • CMON
plus vous montez et gagnez d’expé- Auteurs • Marco Portugal et
rience et de nouvelles compétences. Alex Olteanu
Matériel • Boîte, figurines,
L’ombre est votre amie ! tuiles, cartes, dés, pions, livret
Plus vous explorez, plus vous pou- de règles et quêtes
Prix constaté • 100 €
vez dénicher armes et équipements
pour remplir votre tableau de bord
de héros. Et si ça tourne mal, utilisez
un jeton de Lumière façon « point de
destin »… tant que vous en avez. Les
combats se règlent principalement aux
dés : constituez votre main de dés d’at-
taque, de défense, d’ennemis parfois
et, si vous êtes dans une zone grisée,
d’un dé d’ombre plutôt puissant. Car
oui, la pénombre est votre amie…
Comme vous l’aurez compris, côté ma-
tériel, c’est à la fois un classique du jeu de
plateau avec ses tuiles, cartes, dés et fi-
gurines… mais c’est aussi un cran au-des-
sus avec les six sets de matériel person-
J’aime :
nalisé de classe. Comme le sac d’outils de + Accessible : les règles sont
la Roublarde, ou le tableau des éléments
limpides
du Chaman, pour ne citer qu’eux. + Véritable asymétrie : six
En clair, si vous voulez vous lancer dans classes aux gameplays très
le dungeon crawler ou si vous voulez faire différents
découvrir le genre à des novices, c’est
J’aime moins :
MD2H qu’il vous faut. Des règles pour dé-
- Un peu facile pour les
marrer ou vivre une aventure épique sans
habitués des dungeon
prise de tête le temps d’une soirée (plein
crawlers
d’extensions sont déjà disponibles).
- Seulement 11 quêtes
Marilys Vallet (rejouables) dans le livret
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 97
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98 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
RETURN
TO MONKEY ISLAND
Il y a des titres qui laissent une marque dans l’Histoire du jeu
vidéo, et The Secret of Monkey Island en fait partie. Alors
pourquoi y revenir 30 ans après ? C’est ce que nous allons voir…
E
Fiche technique n 1990, un certain Ron Gilbert
Éditeur • Terrible toybox voyait son nom propulsé par
Plateformes • PC, Switch LucasArts grâce à un jeu vidéo aux
Prix constaté • 30 € effluves de marées et de rhum : The
Secret of Monkey Island. Les aventures
loufoques d’un pirate pas très dégour-
di, dans un jeu point-and-click dont les
retours avaient été dithyrambiques.
La patine du souvenir
The Secret of Monkey Island est un
monument du jeu vidéo qui a laissé son
empreinte dans la mémoire des joueurs
(ses suites/remakes un peu moins).Un
peu plus de 30 ans plus tard, Ron s'est
lancé un nouveau défi : proposer un
héritier à cette série iconique. Mais en
trois décennies, beaucoup de choses
ont changé dans la façon de faire des
jeux vidéo… Et si ce nouveau Monkey
Island n’était pas à la hauteur de nos
souvenirs ?
Retour à… l’île de Mêlée
Pour ce bon vieux Guybrush
Threepwood aussi, du temps a passé,
J’aime : puisqu’on le retrouve avec les tempes
+ Retrouver un univers grisonnantes et… papa. Ce que le
doudou joueur va vivre, c’est l’histoire qu’il
+ Le respect de l’ADN de la
raconte à son fils : comment il est re-
saga
tourné sur la fameuse île magique pour
J’aime moins : en découvrir enfin le secret.
- Un peu trop facile La première chose qui saute aux
- Non disponible sur consoles yeux, c’est le parti-pris graphique,
de salon façon dessins animés US : adieu gros
JEU VIDÉO (VF)
Pirate et fils
pixels ! La seconde saute aux oreilles,
avec un vrai travail sur la bande-son et
les doublages, on se croirait vraiment
dans les Caraïbes. On note ensuite
que les énigmes sont désormais plus
« guidées » : si une croix rouge apparaît
lorsqu’on place un objet quelque part,
c’est qu’il n’a rien à y faire.
« Trop facile » ? À vrai dire… oui.
D’abord parce qu’on n’a plus qu’à tester
chaque objet un peu partout lorsqu’on
sèche. On a aussi le droit à une « TODO
list » et un système d’indices par palier,
à la fois pratique et très tentateur.
Choisissez directement le mode « dif-
ficile » qui rajoute des énigmes, sinon
vous finirez le jeu en 5 à 8 heures selon
le mode. On retrouve des lieux, person-
nages et situations connus, et on se
plaît à fouiller partout en quête d’in-
dices… Le visuel change, mais on reste
en terrain connu.
On pourra regretter les brouettes de
fan service, qui risquent de laisser les
nouveaux joueurs sur le carreau (un
résumé existe ingame), mais il faut
bien avouer qu’on y trouve un certain
plaisir. D’abord, parce que les bons
point’n click se font désormais rares,
mais surtout parce qu’on sent le talent
et l’amour de la saga derrière ce Return
to Monkey Island.
Marilys Vallet

JEU VIDÉO (VF)
SOULSTICE
Entre Bayonetta et Claymore
Deux sœurs – une guerrière et un fantôme – se lancent à
l’assaut d’une terrible menace. Incarnez ce duo atypique dans
un beat’em all frénétique à l’ambiance dark fantasy
comme on les aime.
B
riar est une Chimère, une guerrière
ultra puissante en « binôme »
avec une Ombre qui n’est autre
que sa jeune sœur Lute. Toutes deux
sont à la solde de l’ordre de la Lame
cendreuse. Alors qu’elles sont envoyées
en mission dans la capitale de l’Ilden,
elles vont peu à peu découvrir que la
catastrophe en marche est bien plus
grave que tout ce qui avait été présagé.
The devil inside me
La mission des deux sœurs va les ame-
ner à combattre des hordes de possédés
et de spectres, trouver leur chemin dans
des dédales sombres et crasseux et, en
chemin, en découvrir plus sur leur passé.
Car Briar a une particularité : son sang
est souillé par la Corruption, ce qui déve-
loppe ses capacités mais la met aussi
en danger de « Transcendance » (devenir
une possédée) à chaque utilisation… Ça
ne vous rappelle pas un certain manga
du nom de Claymore (disponible chez
Glénat, et sur Netflix pour l’anime) ?
Au cours des vingt-cinq chapitres du
jeu (durée de vie env. 15-20 heures), les
deux frangines vont tenter de rejoindre
la Faille, phénomène qui semble être
responsable de tout ce qui se passe.
Toujours plus vite,
plus loin, plus gore
En traversant cette ville dévastée,
jonchée de débris et de cadavres, vos
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 99
rencontres hostiles vont ouvrir des Fiche technique
« instants » durant lesquels il faudra Éditeur • Reply Game Studios
faire le ménage le plus rapidement / Modus
possible, avec un maximum de tech- Plateformes • PC, PS5, Xbox
niques et un minimum de dégâts, Series
pour obtenir le meilleur score (un peu Prix constaté • env. 50 €
comme dans Bayonetta). Approche
qui encouragera les joueurs qui ai-
ment le scoring. Réussir au mieux
ses phases d’action vous permettra
aussi d’obtenir un maximum de cris-
taux, de quoi débloquer les arbres de
compétences de Briar et Lute, afin de
personnaliser votre style de combat/
défense.
Vous allez ainsi alterner phases d’ex-
ploration et de baston, mais aussi de
plate-forme, pour parvenir à atteindre
la Faille. Le choix d’une caméra fixe
(hors bastons) rendra parfois ces
phases de plate-forme assez pénibles,
chaque saut étant difficile à bien para-
métrer quand on a du mal à se situer
dans l’espace (aggravé par des décors
souvent chargés).
Si certains soucis probablement dûs J’aime :
à son budget de double AA rendent + Une ambiance à la
Bayonetta en plus dark
Soulstice parfois retors, il reste un RPG
+ La possibilité de jouer le
beat’em all à l’ambiance très prenante.
scoring
Un scénario assez basique, mais une
belle durée de vie et quelques grosses
J’aime moins :
suées (certains boss sont vraiment cos-
- Une caméra retorse
tauds !) pour un jeu qui fait le job.
- Une difficulté parfois mal
Marilys Vallet dosée
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 99
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100 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE

JEU DE SOCIÉTÉ (VF)

TOO MANY BONES

Un jeu de société fait comme un
tactical-RPG
Classé au TOP 50 BGG* depuis un bout de temps (le site compte
environ 13 000 jeux), le petit prodige Too Many Bones arrive
enfin en boutique et en français.

Fiche technique
Éditeur • Lucky Duck Games
Matériel • Boîte, plateaux
néoprène, dés, jetons
plastique, cartes, matériel de
jeu, livret de règles.
Prix constaté • env.140 €
J’aime :
+ Le côté stratégique aussi
bon en solo qu’en coop
+ Pouvoir faire évoluer son
perso comme dans un RPG
+ Un matériel de dingue
J’aime moins :
- Le prix peut-être, même s’il
est justifié par la qualité du
matérie
S
ortie en 2017 après une campagne
de crowdfunding réussie, Too
Many Bones a depuis su se faire
une réputation dans le monde entier.
En quoi consiste exactement ce RPG-
Dicebuilding ? On vous explique…
Petits êtres
pour grosses bastons
Dans Too Many Bones, vous incarnez
des gearlocs, sorte de gnomes, proches
de la nature mais aussi fanas de tech-
nologie. Malheureusement, le monde de
Daelore a été envahi par de viles créatures
– les « tyrans » – que votre Haut Conseil
vous envoie combattre. Sauf qu’avant de
tomber sur ces boss de fin de niveau, vous
allez d’abord avoir affaire à leurs hordes
de vilains. Un aspect jeu vidéo RPG donc
(avec une notion d’expérience à dépenser
dans un arbre de capacités), mais surtout
d’épiques combats tactiques.
J’aime les dés, tu aimes
les dés, on aime les dés !
Vous allez d’abord choisir votre per-
sonnage parmi les quatre présents dans
la boîte**. Plutôt tank ou soutien ? Le
choix sera déterminant, car votre gear-
loc va régulièrement évoluer durant la
partie. Sur votre plateau-joueur, vous
pourrez faire évoluer vos caractéris-
tiques, ainsi qu’un arbre de capacités
propre à chaque gearloc, que vous allez
peu à peu remplir de dés customisés.
En début de partie, on choisit l’un des
sept tyrans** (et du coup la difficulté/
nombre de jours de jeu) et, réguliè-
rement, des cartes rencontres vous
amèneront à faire des choix : plutôt
confrontation directe ou fuite ? Sus aux
vilains ou au butin ? Etc. Mais quoi que
vous choisissiez de gagner ou perdre,
vous finirez toujours par vous retrou-
ver face à des ennemis sur un tapis de
combat de 4x4 cases, avec des jetons
pour représenter les combattants et
une notion d’initiative… Un peu comme
dans un jeu vidéo tactique. Finir K.O.
dans une bataille n’arrête pas la partie,
mais adieu récompenses et expérience,
qui vous manqueront une fois devant le
tyran si vous arrivez à temps.
Too Many Bones est donc un jeu plu-
tôt tactique, avec un matériel assez
impressionnant : 5 tapis en néoprène,
136 jetons de poker, 139 dés, une cen-
taine de cartes, etc. Du lourd ! Il y a
pas mal de règles aussi, mais le tout
est assez intuitif, et au pire vous avez
votre GRAG (Guide de référence des
aventuriers gearlocs) pour retrouver les
références-clés. Un must have pour les
amateurs de combats épiques.
Marilys Vallet
* BoardGameGeek.com : véritable
encyclopédie en ligne du jeu de société.
** Des extensions VO proposent
d’autres personnages/Tyrans

JEU DE PLATEAU (VO)
TALES FROM THE LOOP
- THE BOARDGAME
Le Loop sur un plateau
Fan du Loop mais pas assez de joueurs ou de temps pour faire
une partie de JdR ? Free League a pensé à vous !
U
n jeu à succès permet quasi
toujours des déclinaisons sous
d’autres formes avec plus ou
moins de réussite. Tales From the Loop
ne déroge pas à la règle avec ce jeu de
plateau dont le financement participa-
tif a plus qu’atteint ses objectifs finan-
ciers. Mais est-ce aussi une réussite
ludique ?
Främmare Saker*
Si son titre n’est pas assez explicite,
ce jeu est l’adaptation du JdR, lui-
même issu de l’œuvre de l’illustrateur
Simon Stålenhag. L’action se déroule
dans une dystopie des années 80 en
Suède, autour des îles du lac Mälar.
Dans cette région se trouve le Loop,
un gros accélérateur de particules qui
fait tourner l’économie locale. Dans
cet univers, il existe certaines avancées
technologiques telles que des véhi-
cules volants et des entités robotiques
autonomes. Nous y jouons des enfants
qui vivent des aventures bien loin des
préoccupations des adultes.
La première chose qui frappe est le
soin apporté à l’adaptation du travail
de Stålenhag et des auteurs du JdR.
En effet, le système de jeu et la charte
graphique, hérités du jeu de rôle, per-
mettent une immersion très forte.
Le jeu contient des figurines repré-
sentant les machines qui sont fran-
chement réussies. Dommage que les
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 101
personnages ne soient représentés que Fiche technique
par des stands en cartons. Éditeur • Free League
Plateformes • Martin
Appelez-moi Johnny 5 TaKaichi
Le jeu se déroule sur un plateau avec Langue • Anglais
deux cadrans La vie quotidienne des Matériel • 1 plateau, 8 stands,
gamins est simulée par des jetons, qui 6 figurines, 8 dés 6, 141
jetons, 85 cubes, 248 cartes et
servent à allouer du temps à certaines
8 plateaux de personnages
actions ou trajets, et des cartes permet-
Prix constaté • 60 €
tant de varier les rumeurs et énigmes
présentes sur le plateau. Leur résolution
passe par des tests de caractéristique
utilisant les mêmes dés que le JdR.
Si la mécanique est plutôt agréable, le
véritable atout du jeu est principalement
son univers. Son aspect visuel est renfor-
cé par de nombreux textes d’ambiance
présents sur les cartes ainsi qu’un livret
d’une dizaine de pages dédié à la des-
cription du Loop et de ses environs.
La boîte contient sept scénarios et un
mode sandbox jouable seul ou en groupe.
Une adaptation ludique fidèle au
matériel rôlistique et visuel qui fait une J’aime :
excellente passerelle entre les deux sup- + Les figurines de machines
ports grâce à une mécanique travaillée + Un système de jeu agréable
pour fournir des sensations identiques. + Une super immersion
Une alternative idéale pour des parties
J’aime moins :
plus courtes. S’il faudra quelques parties
- Pas de figurines en plastique
pour apprivoiser pleinement les règles,
pour les personnages
nul doute que vous reviendrez avec plai-
- Des règles pas toujours
sirs élucider les mystères du Loop.
claires
S.L.M - Pas de version française
* Choses étranges prévue
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 101
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102 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
LISTE AU PÈRE NOË L
Une sélection de jeux « pas de rôle »
Parce qu’offrir un jeu de rôle c’est un vrai piège, si on se tournait
vers les jeux de société ? D’autant que côté univers narratifs/
imaginaires, il y a de quoi faire et pour tous les âges.
Fiche technique
Patatrap Quest
Pour les ludistes en
Nbre de joueurs • 2 à 4 herbe (env. 6-12 ans)
Âge • 6 à 10 ans
Durée d’une partie • env. Patatrap Quest
20 min Prouvez que vous êtes le plus grand
Prix • env. 27 € héros de l’ordre des Intrépides et partez
explorer le château de Patatrap et les
trappes secrètes de sa tour aux 1000
Miroirs, pour trouver de quoi battre
le méchant boss. Vous ne savez pas
à l’avance quelle arme est nécessaire
pour le vaincre, il faudra donc jouer de
chance aux jets de dés pour en réunir un
maximum avant de s’y frotter… ou vous
lancer sans savoir ! Le premier à vaincre
le boss trois fois remporte la partie.
Attention, certaines trappes sont pié-
gées, vous pourrez perdre vos armes et
même être exilé à l’autre bout du pla-
teau dans une tour. Si vous ratez votre
jet, vous pouvez faire appel à votre fa-
milier pour relancer… du moins, s’il est
réveillé ! Un jeu épique et visuel qui fait
appel à la mémoire et à la témérité par-
fois, pour vos mini rôlistes en devenir.
Intérêts • Jeu d’aventure/mémoire
compétitif - Univers médiéval fantas-
tique - Matériel ‘3D’
Fiche technique
Siege of Runedar Siege of Runedar
Nbre de joueurs • 1 à 4 Fiers nains, vous avez creusé loin au
Âge • Dès 10 ans cœur de la montagne pour finir par trou-
Durée d’une partie • 1 à 2 h ver un magnifique filon d’or pur. Mais
Prix • env. 45 € alors que vous espériez rentrer chez vous
IDÉES CADEAUX
Petite sélection…
les bras chargés de votre trésor, quelle
surprise de découvrir à vos portes des
hordes de créatures verdâtres en vou-
lant à votre métal précieux. Assemblez
votre forteresse à l’aide des éléments
de la boîte de jeu, et construisez votre
siège pour bloquer les ennemis le temps
de creuser une issue de secours. Chaque
joueur a son propre deck de cartes qu’il
va utiliser pour combattre, tout en fai-
sant avancer les travaux du tunnel. Orcs,
gobelins et trolls vont vous harceler de
toutes parts et il faudra vous coordon-
ner entre joueurs pour contenir leurs
assauts et récolter des ressources pour
améliorer votre équipement. Si vous
parvenez à terminer le tunnel, c’est
gagné. En revanche, si vous perdez tout
votre or, ou vous laissez déborder par
l’ennemi… c’est fini ! Parfait pour une
soirée en famille ou entre ados.
Intérêts • Jeu d’invasion/deckbuil-
ding - Univers médiéval fantastique -
Matériel ‘3D’
Pour les jeunots
bourrés d’imagination
(env.12-18 ans)
La Clef : Astolie
C’est l’histoire d’un monde de mages
de dragons aujourd’hui en déclin.
Celle-ci est racontée dans un magni-
fique livre d’illustrations qui renferme

des énigmes cachées, que le lecteur
devra résoudre jusqu’à trouver le ‘code
final’ (à rentrer sur www.laclef.online).
Certains indices ne seront visibles qu’à
la lumière noire (lampe fournie), pour
d’autres il vous faudra parfois du papier
calque, un carnet de note, ou encore
une connexion internet. Attention, il ne
s’agit pas d’un livre pour enfant, mais
bel et bien d’un ouvrage pour ‘solution-
nistes’ aguerris. Quand vous pensez
avoir trouvé une réponse, rendez-vous
à la double-page de début de son cha-
pitre : si elle est présente c’est la bonne,
sinon il faut continuer à chercher (in-
dices disponibles sur le site web). Une
belle histoire d’amour, de guerre et de
magie, truffée de textes cachés, de
codes secrets, de symboles énigma-
tiques mêlés au cœur des pages… de
quoi passer de longues heures à se tor-
turer délicieusement les méninges.
Intérêts • Livre d’énigmes niveau
avancé - Univers dark fantasy – Bel
ouvrage illustré
Pour les vieux rôlistes
qui ont tout vu…
Twilight Inscription
Pas simple d’être Chef de Guerre. Vous
allez vous en rendre compte en jouant
à ce roll-and-write compétitif à la den-
sité impressionnante, tiré de l’univers
de Twilight Imperium, ponte du 4X de
guerres spatiales. Choisissez d’abord
une faction, puis revendiquez des sys-
tèmes, recrutez des unités, récupérez
des reliques, attaquez vos rivaux, et
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 103
ainsi de suite. Et bien sûr, tâchez de
réaliser les objectifs communs avant
les autres, pour remporter un max de
points. Grâce à ses plateaux-joueurs ef-
façables, vous pourrez tour par tour at-
tribuer vos ressources afin de parvenir
à l’optimisation qui vous rapportera le
plus de points… et les possibilités sont
pléthoriques ! Une méthode « Apprenez
en jouant » fort utile est présente dans
la boîte, pas l’aspirine par contre.
Intérêts • Roll-and-write niveau stra- Fiche technique
tégique expert - Ambiance guerre spa- La Clef : Astolie
tiale - Univers validé Nbre de joueurs • 1+
Âge • Dès 14 ans
Bureau of Investigation : Durée • 30 à 40 h
Enquêtes à Arkham Prix • env. 40 €
& autres Contrées
Si vous connaissez la série des Sherlock
Holmes : Détective Conseil, vous serez en
terrain connu. Sinon, vous avez là affaire
à un jeu d’enquêtes immersif qui va
mettre votre esprit de déduction à rude
épreuve. Vous serez aidé de livrets d’en-
quête richement alimentés de textes,
dessins et photos, mais aussi d’acces-
soires, comme un plan d’Innsmouth
ou un annuaire du Massachusetts.
Cinq affaires dans l’univers sombre et Fiche technique
angoissant d’H.P. Lovecraft, qu’il va fal- Twilight Inscription
loir résoudre en réalisant entretiens et Nbre de joueurs • 1 à 8
investigations pointues, pour parvenir Âge • Dès 14 ans
à une conclusion dont le score détermi- Durée d’une partie • 90 à
nera votre réussite ou votre échec. Notre 120 min
conseil : prenez des notes… beaucoup ! Prix • env. 60 €
Intérêts • Jeu d’enquête coop ou solo
expert - Ambiance Lovecraft/Sherlock -
Système éprouvé
Marylis Vallet
Fiche technique
Bureau of Investigation
Nbre de joueurs • 1 à 8
Âge • Dès 16 ans
Durée d’une partie • 2 à 3 h
Prix • env. 40 €
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 103
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104 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
Fiche technique –
L’Abomination de
Dunwich
Éditeur • Bragelonne
Auteurs • Howard P. Lovecraft
& François Baranger
Prix constaté • 29,90 €
Fiche technique – Conan
– La Tour de l’éléphant
Éditeur • Bragelonne
Auteurs • Robert E. Howard –
Valentin Sécher
Prix constaté • 32,95 €
J’aime :
+ Les dessins de Baranger qui
tabassent
+ Les dessins de Sécher qui
scotchent
+ Les grands formats pour
profiter des illustrations
J’aime moins :
- La traduction moyenne de
Lovecraft
DE BEAUX LIVRES
POUR NOË L
La fin de l’année approche et inévitablement, votre belle-mère
va vous demander ce que vous souhaitez pour Noël. Ça tombe
bien, nous avons deux beaux livres à vous proposer !
U
n beau livre, c’est toujours
classe à offrir ou à recevoir en
cadeau. C’est un bel objet dans
la bibliothèque et, quand il est vrai-
ment beau, c’est un régal à feuilleter.
Et alors, quand il s’agit de plonger
dans un univers fantastique, pour un
rôliste, c’est le pied ! Pour ce Noël, nous
vous avons sélectionné deux ouvrages
magnifiques à offrir ou, surtout, vous
faire offrir : L’Abomination de Dunwich
et Conan – La Tour de l’éléphant, tous
deux publiés par Bragelonne.
L’Abomination de Dunwich
Évidemment, on ne présente plus
ce classique de Lovecraft qu’est
L’Abomination de Dunwich, que vous
connaissez peut-être sous le titre de
L’Horreur de Dunwich si vous l’avez lu
dans une ancienne traduction. Elle est
ici publiée par Bragelonne, abondam-
ment illustrée par François Baranger
dans un grand livre (format 35x27 cm).
C’est la troisième nouvelle du Maître
de Providence qu’illustre cet immense
artiste après L’Appel de Cthulhu et Les
Montagnes hallucinées (récit publié
en deux tomes), et, une fois encore, le
travail est somptueux et accompagne
à merveille les textes de Lovecraft.
BEAUX LIVRES (VF)
Lovecraft et Conan
Dommage que la traduction ne soit
pas au niveau de celle de David Camus,
publiée par Mnémos. La lecture reste
toutefois horrifiquement délicieuse, et
si l’on dit que l’horreur gagne souvent à
être suggérée plutôt que montrée, les
planches de Baranger, magnifiées par
le format du livre, ont ici plutôt ten-
dance à renforcer le récit.
Conan –
La Tour de l’éléphant
Si vous êtes plutôt attiré par les récits
sword&sorcery, lorgnez donc du côté
de La Tour de l’éléphant illustrée par le
très talentueux Valentin Sécher, qui a
déjà commis l’adaptation en BD d’une
autre aventure de Conan, L’Heure du
dragon, avec Julien Blondel au scénario.
Bragelonne frappe encore plus fort au
niveau du format (38x27 cm) et avec un
dos toilé et des inscriptions en lettres
d’or (enfin, dorées…). En ouvrant le
livre, vous en prenez plein les mirettes :
c’est presque comme si vous étiez aux
côtés de Conan !
Si vous avez le budget, n’hésitez pas,
prenez les deux !
Marc Sautriot

ROMANS (VF)
RIVERS OF LONDON
Le Dernier Apprenti Sorcier
Et si la Tamise et ses affluents étaient personnifiés par des
divinités ? Et si sorciers et fantômes existaient ? Et si la police
de Londres disposait de sorciers pour maintenir la Paix de la
reine ?
N
ous vous en avons déjà parlé à
plusieurs reprises dans notre
rubrique Nouvelles d’ailleurs,
l’éditeur américain Chaosium a confié
à Lynne Hardy l’adaptation en JdR de
la série de romans (mais aussi de nou-
velles et BD) Rivers of London, publiée
en VF sous le nom Le Dernier Apprenti
Sorcier. De quoi s’agit-il donc ?
I see dead people !
De nos jours, à Londres, l’agent de
police Peter Grant, encore en forma-
tion, veille sur une scène de crime. Il y
rencontre un homme parlant un anglais
« ancien », vêtu d’un grand manteau et
d’un haut de forme, et surtout translu-
cide façon « hologramme ». Il dit avoir
assisté au crime mais qu’il lui sera diffi-
cile de témoigner officiellement, étant
donné qu’il est mort !
C’est ainsi que commence une sympa-
thique série de romans, nouvelles et BD
d’urban fantasy centrée sur Londres et
sur les êtres fantastiques qui la peuplent,
en particulier les divinités de la Tamise
et de ses affluents, qui lui donnent son
titre en VO : Rivers of London.
Du fait de sa capacité à percevoir
les morts (et pas que), Grant va être
recruté par l’inspecteur Nightingale,
responsable (et seul membre) de l’uni-
té de la police métropolitaine londo-
nienne chargée des affaires liées à la
magie et aux créatures surnaturelles.
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 105
Nightingale, dernier sorcier autorisé Fiche technique
de Grande Bretagne, va en faire son Éditeur • J’ai lu
apprenti, d’où le titre de la série en VF : Auteurs • Ben Aaronovitch
Le Dernier Apprenti Sorcier. Prix constaté • env. 8 € par
volume (7 tomes parus)
Série à jouer
Ben Aaronovitch a déjà écrit pas moins
de douze romans, pléthore de nouvelles
rassemblées dans deux recueils, et
une douzaine de BD ; en VF, seuls sept
romans ont été traduits pour l’ins-
tant. Chaque intrigue est une véritable
enquête écrite de façon truculente,
Peter Grant n’étant pas dépourvu d’un
humour assez pince sans rire (british ?),
n’hésitant pas à faire des références à la
fantasy (à Harry Potter notamment et à
la SF. On y découvre comment les auto-
rités, qui savent que la magie existe,
essaient de la gérer discrètement pour
maintenir la Paix de la Reine.
Progressivement, le lecteur découvre
cet univers parallèle au notre en même
temps que le héros, qui va donc ap-
prendre la magie au sein d’une de-
meure protégée par des sortilèges, The
Folly, et faire la connaissance d’êtres…
différents ! J’aime :
+ Londres en urban fantasy
Assez rapidement, on a envie de jouer
+ Du polar et de la magie
dans cet univers, avec une interroga-
+ Les personnages
tion : comment incarner un groupe de + L’écriture british
flics quand, dans les romans, Grant est
le dernier apprenti ? Réponse à la sortie J’aime moins :
du jeu de Chaosium ! - Les dessins des comics,
Marc Sautriot assez moyens
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 105
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106 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE

COIN DES COMICS

PROMETHEA
Réel et imaginaire
On ne présente plus Alan Moore. Scénariste de comics aussi
marquants que Watchmen, V pour Vendetta ou la Ligue des
Gentlemen extraordinaires, le britannique n’a de cesse d’innover
en injectant ses obsessions dans ses œuvres. Et Promethea
pourrait bien être la plus personnelle de toutes…

Une édition exhaustive
À l’instar de beaucoup
d’œuvres d’Alan Moore,
Promethea a connu diverses
fortunes en France. L’éditeur
SEMIC en livra une première
publication en sept tomes
à couverture souple, sans
guère de bonus – au moins
s’avérait-elle complète.
Mais comme souvent, c’est
Urban Comics qui en fournit
l’édition la plus exhaustive.
Regroupant les trente-deux
numéros de la série en trois
épaisses intégrales, cette
traduction de haut niveau
comporte également un
contenu additionnel des plus
intéressants (préface, croquis,
couvertures originales, extrait
du scénario, etc.).
La version Urban Comics
de Promethea est donc
à privilégier, son prix se
justifiant pleinement par le
luxe des trois tomes bien
remplis.
C
omme nombre de ses confrères
du Royaume-Uni (citons Grant
Morrison), Alan Moore est un
passionné d’ésotérisme qui a fait de la
magie l’un des piliers de sa propre vie et
de son rapport à la création (l’individu
pratiquant la chaos magick au quoti-
dien). Si nombre de ses bande-dessi-
nées intègrent cet élément dans leur
récit, Promethea se révèle en quelque
sorte la bible des croyances du scéna-
riste – un véritable mode d’emploi pour
qui souhaite comprendre l’univers inté-
rieur du Barbu de Northampton.
Les histoires
que l’on conte…
Quand Sophie Bangs a choisi son su-
jet de thèse – les différentes itérations
de l›héroïne mystique Promethea –,
elle ne se doutait pas que ce person-
nage de fiction allait devenir réel et que
c›est elle qui en deviendrait le nouvel
avatar terrestre ! Parcourant les plaines
d›Immateria – patrie des idées, des
mythes et de l›imaginaire –, cette nou-
velle Promethea va rencontrer ses pré-
décesseurs mais également d›anciens
adversaires comme Jack Faust, mage
cynique et libidineux, ou le Temple, une
alliance démoniaque souhaitant garder
la mainmise sur la réalité…
Partant de ce synopsis qui évoque
immanquablement le super-héroïsme
(Promethea semblant s’inspirer de
Wonder Woman), Alan Moore va dé-
rouler un récit sortant des sentiers
battus et s’aventurant même carré-
ment hors de la réalité. Car à travers
l’histoire de Sophie Bangs, le scéna-
riste va surtout parler de son rapport à
la création et des liens qu’il voit entre
le réel et l’imaginaire. D’une certaine
façon, Promethea ressemble à une
thèse dessinée où nombre de théories
ésotériques sont exposées et explici-
tées avec une véritable volonté péda-
gogique. Non que tout soit clair, bien au
contraire ! Bien des passages restent
abscons et méritent plusieurs lectures
(voire nécessitent d’étudier plus avant
le sujet évoqué). Mais le voyage en vaut
la peine tant on en ressort avec des
idées plein la tête et une vision diffé-
rente du monde.
Les histoires
que l’on vit…
Œuvre-somme, Promethea peut être
considéré comme la bible personnelle
d’Alan Moore – où il décline sa vision
de l’univers. Avec une idée forte dont
découle presque toutes les autres : il
n’existe aucune frontière entre réel et
imaginaire. Toutes les créations sont
vivantes à leur façon et nous les cô-
toyons au quotidien. La fiction est une
dimension certes parallèle mais tout
aussi réelle que le monde matériel.
Et afin d’accéder à ce plan de façon
approfondie, il faut apprendre des
méthodes : ce que l’on appelle bien
souvent la magie. Presque chaque
tradition ésotérique vise ainsi à
ce but, que ce soit l’interprétation
des lames du tarot, l’arbre de la
kabbale, le panthéon grec voire la
science.
Tout cela, Promethea nous
l’explique avec un talent vertigi-
neux. Aux textes d’Alan Moore se
joignent les illustrations extraor-
dinaires de J.H. Williams III – sans
doute le seul artiste capable de
matérialiser cette vision, et avec
quel brio ! La symbiose entre le
récit et son illustration consti-
tue d’ailleurs le parfait exemple
de la façon dont réalité et fiction
peuvent s’entremêler de façon har-
monieuse – se répondant l’une à
l’autre afin de créer un sens dont
la valeur dépasse la somme de ses
parties.
Ouvrage exigeant mais qui sait
récompenser le lecteur assidu,
Promethea se révèle passionnant à
bien des égards. Admirateur d’Alan
Moore ou passionné d’occultisme,
chacun trouvera son compte dans
ce chef d’œuvre aux allures de
voyage initiatique.

Inspiration Armies, Trinités, Kult, Eleusis, croisant d’ailleurs le chemin de

Nobilis ou Mage. Des jeux moins l’incarnation des histoires). Si un
Promethea expose de nom-
focalisés sur ces éléments mais meneur de jeu souhaite exploiter
breuses notions ésotériques dans
incluant toutefois une bonne dose cette franchise ou même l’importer
ses pages et les illustre concrète-
de surnaturel peuvent également dans son univers de prédilection, il
ment à travers l’épopée de l’hé-
piocher dans Promethea, même si lui faut lire ce titre en particulier car
roïne-titre. Autant dire que cette
de façon plus superficielle : l’Appel Promethea en constitue la cheville-
bande-dessinée constitue une ins-
de Cthulhu (et ses déclinaisons), ouvrière. À noter que DC Comics
piration fort bienvenue pour tout
Within, Le Monde des Ténèbres, n’a pas hésité à recycler le person-
meneur de jeu intéressé par les
Chill, Meute, etc. nage dans son propre univers, sans
sujets abordés (le tarot, la kabbale,
Du point de vue super-hé- guère d’égard pour Alan Moore (ce
la démonologie, Immateria elle-
roïque, Promethea se déroule qui n’a pas arrangé sa détestation
même…) et maîtrisant des jeux
dans le même univers – celui de la politique éditoriale des Big
de rôle où magie et hermétisme
d’ABC Comics – que Top Ten et Two)…
constituent des notions centrales.
Citons ainsi Nephilim, Unknown Tom Strong (cet aventurier pulp Romain d’Huissier

L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 107

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108 | L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE
BD (VF)
LA BRIGADE
CHIMÉRIQUE
RENAISSANCE
Ultimate radium Team
Alors qu’une créature monstrueuse
sème la panique à Paris, un homme va
être chargé de retrouver et convaincre
un groupe de super héros que tout le
monde a oublié de reprendre du ser-
vice. Mais les héros de l’ère du radium
ont-ils toujours leur place dans le XXIe
siècle ? Sont-ils toujours en vie ?
Dans la continuité de la saga origi-
nale, le lecteur y retrouvera certains
de ses héros favoris mais y décou-
vrira aussi l’héritage que ceux-ci ont
laissé lors de cette période gommée
des mémoires. Cet ouvrage hybride
entre franco-belge et comics joue ef-
ficacement avec les codes des deux
genres, s’appuyant sur la mythologie
construite par son prédécesseur. Il la
complète avec brio tout en ajoutant
des questionnements modernes
comme l’héritage héroïque et la
transmission d’idéologies complexes
et dépassées. Un ouvrage qui per-
mettra de (re)découvrir une saga déjà
culte des super héros européens.
S.LM.
Éditeur • Delcourt
Auteurs • Gess, Serge Lehman,
Stéphane de Caneva, Lou
Prix constaté • 34,95 €
BANDE DESSINÉE (VF)
LES CHIMÈRES
DE VÉNUS T.1/3
SF rétro des familles
Les Chimères de Vénus est un spin
off du Château des étoiles créé par
Alex Alice, une magnifique série qui
s’inspire de la science-fiction popu-
laire du XIXe siècle. Cette nouvelle
série, scénarisée par Alain Ayroles
(De Cape et de crocs), met en scène
une simple chanteuse d’opérette
qui s’envole à la recherche de son
amant, envoyé au bagne sur une
Vénus en pleine colonisation par
Napoléon III. Dirigeables spatiaux,
jungle, dinosaures : la mise en
place de l’intrigue est classique
mais rondement menée, et cette
conquête spatiale se déroulant
en 1873 dépayse quelque peu.
Dessinée par Étienne Jung dans un
style très disneyen, Les Chimères
de Vénus est une jolie introduction
au genre pour un large public et une
inspi toute trouvée pour Château
Falkenstein ou Space 1889.
Pierre « Tybalt » Cuvelier
Éditeur • Rue de Sèvres
Auteurs • Alain Ayroles (scénario) et
Étienne Jung (dessin)
Matériel • Album grand format de
56 pages
Prix constaté • 15 €
ATLAS (VF)
ATLAS
DE LA TERRE
DU MILIEU
Des régions : Beleriand, le Comté,
la Contrée sauvage, les mon-
tagnes de Brume, le Mordor. Des
lieux : Gondolin, Moria, la gorge de
Helm, Minas Tirith, les cavernes de
Thranduil, la tour de Cirith Ungol.
Des itinéraires : le voyage des
NÚmenÚréens, celui de de Frodo et
Sam. Des plans de bataille : celles
des Cinq Armées, de la Ferté-au-
Cor et des champs de Pelennor. Des
cartes thématiques : relief, climat,
langues. Et tellement plus encore.
Cet Atlas offre une vision ex-
haustive de l’univers élaboré
par J.R.R. Tolkien tel que décrit
dans Le Silmarillion, Le Hobbit
et Le Seigneur des Anneaux. Non
content de plaire aux amateurs de
Tolkien, cet ouvrage complète éga-
lement les ouvrages de jeu de rôle
publiés dans ce riche univers, et
notamment L’Anneau unique.
Romain Meriark Lecomte
Éditeur • Bragelonne
Auteur • Karen Wynn Fonstad
Matériel • 215 pages – Format 26 cm
x 37 cm
Prix constaté • 50 €
COMICS (VF)
ALIEN
Volume 1 :
Les liens du sang
Le chef de la sécurité d’une sta-
tion spatiale orbitale de la compa-
gnie à la retraite. Une attaque ter-
roriste. La station ne répond plus.
Un élevage peu conventionnel de
la Weyland-Yutani hors de tout
contrôle. Une reprise de service
imprévue pour Gabriel Cruz.
Ce premier album regroupe les
épisodes 1 à 6 d’Alien publiés en
2021. Il réunit tous les ingrédients
qui sont autant de marqueurs de la
saga cinématographique éponyme
tout en ajoutant de nouvelles pers-
pectives liées à l’état de conscience
d’un porteur de facehugger.
Voici une bonne source d’inspi-
ration de scénario pour le jeu de
rôle Alien publié par Free League
Publishing, avec en prime un nou-
veau phénotype pour enrichir le
bestiaire du MJ.
Romain Meriark Lecomte
Éditeur • Panini Comics
Auteur • Philip Kennedy Johnson,
Salvador Larroca
Matériel • 160 pages
Prix constaté • 20,99 €
BD (VF)
LA CITÉ
DU BONHEUR
Harmonie flamboyante
Héos, planète pluriculturelle où
régnait la concorde jusqu’à l’arri-
vée des humains. Après des siècles
de tyrannie et d’esclavage, la
Révolution a mis à bas leur régime
et en a fait un peuple (presque)
comme les autres. Leur technologie
a marqué le monde, mais même une
cité d’envergure peut être oubliée.
C’est dans ce recoin urbain décadent
que quatre jeunes héossiens vivent
un quotidien émaillé d’embûches.
C’est un plaisir de voir s’animer
Shaan Renaissance en BD. Cette
première adaptation illustrée du JdR
se lit d’une traite. Les personnages
rencontrés correspondent aux ar-
chétypes du jeu. La seule exception
est les Igwans qui, pour la circons-
tance, incarnent des petites racailles
insupportables. L’album est une his-
toire complète, idéale pour découvrir
cet univers particulier. Ses pages
bonus font un bon support de pré-
sentation d’Héos et de ses Peuples,
de quoi joindre l’utile à l’agréable.
Olivier Halnais
Scénario • Igor Polouchine et
Rodolphe Gilbart
Dessin • Fabrice WEISS
Éditeur • Drakoo
Prix constaté • 15,90 €
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BANDE DESSINÉE (VF)
ALAMÄNDER T.1
Mystère à la tour
de l’horloge
Le mage détective Jonas Alamänder
est sur le point d’être expulsé de chez
lui suite à l’invasion du Kung-Bohr.
Jouant sur une clause juridique, il
obtient un délai de dix jours et file à
Ker-Fresnel, la capitale, pour négocier
avec le roi. Il fait le voyage en compa-
gnie des soldats qui étaient sur le
point de raser sa propriété. À peine
est-il arrivé à destination que ses
talents d’enquêteur dans le domaine
de la magie sont mis à contribution.
En parallèle, le lecteur découvre l’his-
toire de Maek et de l’école d’exécu-
teurs t’sanks, qui se déroule huit
cents ans auparavant.
Quel lien entre les deux intrigues ? Il
faudra attendre la suite pour le savoir.
La BD Alamänder est une chouette
adaptation de la saga de romans
du même nom d’Alexis Flamand, et
ce tome 1, avec la mise en place des
personnages et du décor, n’est que
l’introduction de ce qui promet d’être
une longue série. Vivement la suite !
Marc Sautriot
Éditeur • Kamiti
Auteurs • Gihef (scénario) et Marco
Dominici (dessin)
Matériel • Album grand format de 64
pages
Prix constaté • 15,90 €
L'ÉTAGÈRE DU RÔLISTE | 109
110 | SCÉNARIO

DISPARITIONS
Ce scénario est la suite directe de Fuites, publié dans
THE EXPANSE
Casus Belli #38. Il se déroule sur Cérès, où les PJ vont
enquêter sur la disparition de deux passagers qu’ils
ont transportés jusque-là.

En quelques mots…
Arrivant sur Cérès, les PJ
attirent toutes les attentions
car ils sont les derniers à avoir
quitté Eros avant sa mise en
quarantaine. Recherchant
leurs deux étranges
passagers disparus peu après
leur arrivée, ils font face à
plusieurs groupes, dont des
mercenaires envoyés par
Protogen. Ils découvrent
que la situation trouve son
origine sur Phoebe et qu’il y
a quelqu’un sur Cérès qui est
prêt à tout pour retourner
là-bas.
Tous les habitants du système solaire
retiennent leur souffle, le regard rivé
sur les écrans qui diffusent en boucle
les chaînes d’informations. On a perdu
tout contact avec la station Eros et
personne ne semble savoir ce qui s’y
passe. Pendant ce temps-là, sur Cérès,
les PJ essaient de retrouver la trace de
deux personnes disparues, un père et
son fils, qui ont la particularité d’être
les deux dernières personnes à avoir
quitté Eros avant son blocus. Ils vont
se rendre compte qu’ils ne sont pas
les seuls à s’inquiéter de leur sort et
que la peur peut pousser à toutes les
extrémités.
Le laboratoire accueillait plus d’une
centaine de scientifiques et chercheurs
entièrement dédiés à son étude. Mais
ils ont découvert que le plein potentiel
de la protomolécule ne peut être at-
teint que si celle-ci se trouve mélangée
avec du matériel biologique. Les res-
ponsables de Protogen mirent alors au
point un plan visant à infecter tous les
habitants de la station Eros afin de réa-
liser une expérimentation in vivo à très
grande échelle. Ils rompirent définiti-
vement leurs liens avec les Martiens en
plaçant Les quatre scientifiques issus
de cette planète dans une chambre de
confinement où ils les exposèrent à
la protomolécule afin d’en étudier les

L’histoire effets sur les êtres vivants.

pour le MJ
La découverte
de la protomolécule
Phoebe est une des lunes de Saturne.
Les Martiens ont été les premiers à s’y
Fiche technique poser à la recherche d’un moyen d’ex-
ploiter la glace qui la recouvre. Mais
TYPE • Enquête lorsqu’ils ont découvert d’étranges
PJ • Niveau 2 à 4 résidus de silicate dans son sol, ils
MJ • Débutant ont approché la corporation Protogen
Joueurs • Débutant
pour l’installation d’un laboratoire de
ACTION  recherche conjoint afin d’étudier ces
AMBIANCE  résidus. C’est ainsi qu’ont été décou-
INTERACTION  verts les premiers échantillons de ce
INVESTIGATION  qui sera baptisé la protomolécule.
Après la mort de leurs anciens col-
lègues martiens, ils incinérèrent leurs
corps, purgèrent les serveurs de don-
nées et abandonnèrent le laboratoire
de Phoebe pour déménager matériel
et personnel sur d’autres stations plus
proches d’Eros, les stations Thoth,
Prospero et Osiris. Avant de quitter
définitivement Phoebe, ils allumèrent
le propulseur principal de leur vais-
seau pour stériliser et parachever la
destruction de leur ancien laboratoire.
Le garde amoureux
Meinard Spijker est un terrien qui a
travaillé pendant de longues années
pour la corporation Protogen en tant
qu’agent de sécurité. Il a été affecté
au laboratoire sur Phoebe afin de sur-
veiller les scientifiques du projet. Ces
derniers ne pouvaient être affectés au
projet qu’après avoir subi une opéra-
tion chirurgicale visant à les libérer de
toute contrainte morale et à améliorer
leurs capacités de concentration. Mais
les effets secondaires impliquent un
comportement psychotique avec des
poussées d’extrême violence. C’est la
raison pour laquelle un grand nombre
d’agents de sécurité ont été affectés sur
Phoebe.
C’est là que Meinard a fait la connais-
sance de Madelyn Chambers, une
des quatre scientifiques martiennes
travaillant sur la protomolécule.
Contrairement à ses collègues terriens
travaillant pour Protogen, elle n’avait
subi aucune altération de son cerveau.
Malgré les interdictions contractuelles
prohibant toute relation extrapro-
fessionnelle au sein du laboratoire,
Meinard et Madelyn sont tombés
amoureux et ont dissimulé leur rela-
tion au reste de l’équipe pendant des
mois.
Meinard a découvert que Madelyn
avait été utilisée comme rat de labora-
toire lorsqu’il a été envoyé récupérer
les corps des Martiens infectés par la
protomolécule pour les balancer dans
un incinérateur. Il était sur le point
de se venger en utilisant son arme
contre les responsables de Protogen
quand il s’est rendu compte que
Madelyn était encore en vie malgré
les terribles mutations provoquées
par la protomolécule. Il l’a alors dis-
simulée dans les anciennes mines de
glace sous le laboratoire avec une ré-
serve de vivres et de médicaments en
lui promettant de revenir la chercher Liens avec les romans
dès que possible. Une partie du contexte de
Mais le laboratoire a été évacué l’intrigue de ce scénario est
précipitamment après la mort des issue de la nouvelle officielle
Martiens. Quand Meinard a refusé de The Vital Abyss, qui raconte ce
partir, ses collègues lui ont tiré des- qui arrive aux scientifiques de
Protogen qui travaillaient sur
sus à plusieurs reprises avec un taser
la station Thoth après avoir
avant de pouvoir l’embarquer à bord
été capturés et emprisonnés
du dernier vaisseau quittant Phoebe. par les Ceinturiens. Les
Il s’est aussitôt retrouvé affecté sur la éléments issus des romans et
station Thoth sans aucune possibilité des nouvelles sont considérés
de repartir vers Saturne. Impuissant comme « canon ». Il peut
et au désespoir, Meinard s’est résigné donc exister de légères
à abandonner Madelyn. différences avec la série TV.
SCÉNARIO | 111
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
112 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
Si vous n’avez pas joué
le scénario Fuites
Le scénario Disparitions est
la suite directe du scénario
Fuites publié dans Casus Belli
#38. Il n’est pas nécessaire de
l’avoir préalablement joué ou
même lu.
En voici le résumé : le
vaisseau des PJ est le dernier
à avoir quitté la station
Eros avant qu’elle ne se
retrouve complètement
inaccessible suite à ce qui
deviendra connu comme
étant l’Incident d’Eros. Avant
de partir, ils ont accepté de
transporter deux passagers
jusqu’à Cérès : David
Kendricks et Henry Redgrave.
David est un jeune
Ceinturien, un ancien
membre d’une faction
extrémiste de l’Alliance des
Planètes Extérieures, à qui on
a proposé de sortir de prison
pour travailler comme agent
de sécurité sur Eros pour la
corporation CPM. C’est là
qu’il a croisé son père, Henry,
dont il avait perdu le contact
depuis plusieurs années. Ce
dernier est un scientifique de
Protogen venu sur Eros pour
préparer l’expérimentation
avec la protomolécule. Henry
a accepté de fuir avec son fils
non sans avoir emporté une
copie de ses recherches.
Le vaisseau des PJ a été
attaqué et arraisonné par un
vaisseau envoyé par la CPM
dans le but de récupérer
Henry et ses recherches.
Les PJ ont dû se battre pour
repousser les assaillants et
échapper à la destruction à
coups de torpilles.
Et puis il s’est mis à la voir dans ses
rêves chaque nuit. Il est persuadé que
ses rêves sont des messages envoyés
par la femme qu’il aime, qu’elle a
survécu à l’exposition à la protomo-
lécule et à la destruction du labora-
toire. Il lui a promis qu’il retournerait
la chercher et il entend bien tenir sa
promesse coûte que coûte. Il a alors
déserté son poste en se cachant dans
un vaisseau de ravitaillement et il a
réussi à atteindre la station Cérès juste
avant l’incident Eros. Il est mainte-
nant bloqué sur cette dernière et est à
la cherche d’un vaisseau pour le rame-
ner jusque sur Phoebe afin de secourir
Madelyn.
La scientifique mutante
Madelyn a survécu à une exposition
prolongée à la protomolécule grâce à
une particularité génétique. Laissée
pour morte, elle aurait fini dans l’in-
cinérateur avec ses collègues décé-
dés sans l’intervention de Meinard.
Abandonnée dans les mines de glace
sous le laboratoire avec peu de nour-
riture et de médicaments, elle était
condamnée à mort à court terme.
C’était sans compter sur les propriétés
fantastiques de la protomolécule.
Madelyn est devenue une créature
mutante très différente des zom-
bies vomisseurs d’Eros et des futurs
hybrides de Caliban. Son corps s’est
transformé en un organisme informe
semblable à une plante dont les ra-
cines se sont répandues autour d’elle
à la recherche d’autres particules de la
protomolécule, dont elle s’est nourrie
pour assurer sa survie et sa croissance.
Ses racines ont même envahi ce qu’il
reste du laboratoire à la recherche de
la moindre source d’énergie. Elle a
réussi à survivre sans nourriture, eau
ni oxygène. Il ne subsiste plus qu’une
fraction de sa personnalité, de son
être. La seule chose qui l’empêche de
sombrer définitivement dans la folie
après ce qui est arrivé à son corps est la
promesse faite par Meinard de revenir
la chercher.
L’incident d’Eros
Ce scénario se déroule pendant ou
juste après l’incident d’Eros, et surtout
avant la destruction de Phoebe par la
flotte martienne. Tout le système so-
laire est à l’arrêt, les Nations Unies et
la République du Congrès Martien ont
interdit tout déplacement de vaisseau
civil tandis que leurs flottes de guerre
prennent des positions défensives en
cas d’attaque.
Toute l’humanité a les yeux rivés
sur les écrans des chaînes d’informa-
tion dans l’espoir que quelqu’un leur
explique ce qui se passe et apaise leurs
peurs. L’histoire débute sur la station
Cérès, où les PJ se retrouvent donc
coincés. L’ambiance est pesante sur la
station : les habitants sont terrés chez
eux, les couloirs sont vides et les com-
merces sont presque tous fermés.
Protogen
L’implication de la corporation
Protogen dans l’incident d’Eros n’a pas
encore été découverte. Elle met tout en
œuvre pour garder secrètes ses expé-
riences sur la protomolécule. La fuite
de Henry Redgrave avec une partie de
ses recherches est très préoccupante
pour les cadres dirigeants de la corpo-
ration. Ils ont embauché une équipe de
mercenaires composée d’ex-militaires
terriens surentraînés et surpayés.
Cette dernière est dirigée par Margit
Saar, une ex-marine terrienne. Ils ont
pour mission de retrouver et ramener
Henry Redgrave avec ses recherches
ou, au pire, de les faire disparaître
définitivement.
Nations Unies Terriennes
La panique s’est emparée des gouver-
nements des deux plus puissantes fac-
tions. Ils ignorent ce qui se passe sur
Eros et s’accusent mutuellement d’être
responsables de tout ce qui ne va pas.
Ils cherchent désespérément à obtenir
des informations. Les PJ étant les der-
nières personnes à avoir quitté Eros
avant qu’on perde le contact avec la
station, ils sont activement recherchés
afin d’être interrogés. La station Cérès
est un protectorat terrien. Maximilien
Beringer est un espion terrien présent
dans la station qui va s’intéresser de
très près au cas des PJ pour découvrir
ce qu’ils savent.
L’Alliance des Planètes
Extérieures
L’Incident d’Eros va une fois de plus
faire le plus de victimes parmi la po-
pulation ceinturienne. Les différentes
factions de l’APE sont aussi en train
de gérer la situation à leur manière.
Anderson Dawes est l’un des princi-
paux leaders de l’APE sur la station
Cérès. La faction qu’il dirige est poli-
tique et elle est surtout à la recherche
d’informations et de réponses sur la
situation. Les PJ vont finir par attirer
par attirer l’attention de l’APE pendant
leur séjour sur Cérès.
Disparitions inquiétantes Blocus du système
solaire
Les deux passagers transportés par Si vous intégrez ce scénario
les PJ jusqu’à Cérès ont disparu bru- dans une campagne en cours
talement dès le lendemain de leur et que l’incident d’Eros a
arrivée. Lena Kendricks, la mère de déjà eu lieu depuis un long
David et l’ex-femme de Henry, a si- moment, alors le blocage
gnalé leurs disparitions auprès de Star du système solaire est dû à
Helix Security. Mais après s’être ren- un regain de tension entre
due compte que les autorités n’allaient les Martiens et les Terriens.
Plusieurs escarmouches ont
absolument rien faire, elle demande de
eu lieu entre les flottes de
l’aide aux PJ. Ils sont indépendants,
guerre des deux factions.
coincés sur Cérès et ils sont les der- Et les Ceinturiens ont versé
nières personnes en dehors d’elle à les de l’huile sur le feu avec
avoir vus. Elle a quelques économies des actions de piraterie en
qu’elle est prête à sacrifier pour inciter
les PJ à l’aider.
hausse.
Pour ce qui est de Meinard,
ce dernier a fui la station
Thoth avant qu’elle ne soit
Première partie : prise par l’APE. Il est rentré
Cérès sur Terre la mort dans l’âme.
Il a commencé à rêver
Scène 1 – de Madelyn seulement
depuis quelques semaines.
Il y a quelqu’un dehors ? Il a dépensé toutes ses
Le vaisseau des PJ est en route vers économies pour tenter se
Cérès à travers la Ceinture d’asté- rendre sur Phoebe et il s’est
roïdes. Tous les écrans affichent les retrouvé coincé sur Cérès lors
chaînes d’informations où des journa- du blocus militaire.
listes épuisés tentent de soutirer des
SCÉNARIO | 113
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
114 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
informations à des officiels pani-
qués. Personne ne semble savoir
exactement ce qui se passe et les
rumeurs les plus folles courent à
travers tout le système solaire. Le
plus inquiétant est la disparition
progressive de tous les vaisseaux
spatiaux de la représentation ho-
lographique de l’espace environ-
nant le navire des PJ. L’ordre a
été donné à tous les vaisseaux non
militaires d’apponter à la station
la plus proche et d’y rester jusqu’à
nouvel ordre. Les seuls vaisseaux
visibles sont ceux des flottes de
guerre martiennes et terriennes
qui semblent se précipiter dans
tous les sens à travers le système
solaire à pleine vitesse. Un test
d’Intelligence (Tactiques) / 11
permet de se rendre compte qu’ils
vont se positionner de manière
défensive autour des possessions
importantes des deux factions. La
moindre étincelle pourrait mettre
le feu aux poudres et déclencher
une guerre totale.
Les PJ arrivent enfin à proximité
de Cérès après s’être retournés
pour rétrograder en douceur. Il
n’y a absolument aucun mouve-
ment autour de Cérès. La station
possède des docks capables d’ac-
cueillir jusqu’à mille vaisseaux
mais aucun vaisseau ne décolle ou
n’atterrit. Plus inquiétant encore,
toute tentative d’entrée en com-
munication avec la capitainerie
des docks échoue. Personne ne
répond à leurs appels sur aucune
fréquence, même les fréquences
d’urgence. La capitainerie est com-
plètement vide car les employés
sont restés chez eux, les yeux rivés
sur leurs terminaux.
Les PJ doivent repérer un dock
vide adapté à la taille de leur vais-
seau avec un test de Perception
(Vue) / 11 avant de tenter une
manœuvre d’appontage en manuel
avec les propulseurs secondaires.
Le pilote doit réussir un test de
Dextérité (Pilotage) / 11 (15
s’il tente d’apponter à un dock qui
n’est pas adapté à leur vaisseau)
pour éviter de subir une Avarie
Normale (Livre de base page 136)
en raclant la structure interne du
dock.
Dès que le vaisseau est à
quai, Henry Redgrave et David
Kendricks sont à la porte du sas
avec toutes leurs affaires, prêts à
débarquer et à s’esquiver avant
l’arrivée des autorités. David a déjà
payé aux PJ le voyage vers Cérès
mais, au vu des ennuis rencontrés
par ces derniers, il est prêt à pro-
poser une rallonge substantielle
afin de les remercier et surtout
pour qu’ils les laissent partir le
plus vite possible. Henry et David
vont alors se réfugier chez Lena
Kendricks, respectivement ex-
femme et mère des deux hommes.
Les PJ restent alors seuls dans
leur vaisseau au milieu des docks
désertés sans aucune nouvelle des
autorités de la station.
Scène 2 – Un Petit Mot
s’il vous plaît !
Les PJ sont enfin arrivés sur
Cérès et personne ne semble s’en
soucier pour l’instant. S’ils n’ont
pas pensé à bidouiller leur trans-
pondeur (avec un test d’Intelli-
gence (Technologie) / 15) pour
changer le nom de leur vaisseau
ainsi que leur dernier trajet en
provenance d’Eros, ils vont rapi-
dement attirer l’attention. Une
escouade d’agents de Star Helix
en tenue de combat (Profil d’Agent
de police, page 210 du Livre de
Base), menée par le lieutenant
Cameron Hardy, vient frapper à
la porte de leur sas. Ils viennent
procéder à une fouille complète de
leur vaisseau avant d’emmener les
PJ jusque dans une salle d’interro-
gatoire des locaux de Star Helix.
Cameron souhaite que tout se
passe en douceur et ne recourra à
la force pour les interpeller que si
les PJ mettent la vie de ses agents
en danger.
Même s’ils ont changé les infor-
mations de leur transpondeur,
ils voient débarquer la même
escouade quelques heures plus
tard. Les autorités terriennes ont
des doutes sur le plan de vol de
leur vaisseau car il a été filmé à un
endroit où il n’était pas censé se
trouver par une des nombreuses
caméras espion installées un peu
partout dans la Ceinture d’asté-
roïdes. Un PJ qui réussit un test
d’Intelligence (Loi) / 11 sait
que ces informations ne sont
accessibles qu’au corps d’espions
travaillant pour les Nations Unies
Terriennes, pas à de simples
agents de sécurité d’une corpora-
tion privée comme Star Helix. Cela
ne laisse présager rien de bon pour
les interrogatoires à venir.
Une fois la fouille de leur vais-
seau effectuée en leur présence
(en espérant qu’il n’y avait rien de
compromettant à trouver), les PJ
sont conduits jusque dans les lo-
caux de Star Helix. Ils sont placés
dans des geôles individuelles avant
d’être interrogés séparément par
Cameron. Maximilien Beringer,
l’espion terrien, s’installe confor-
tablement sur un siège dans un
coin de la pièce sans participer aux
interrogatoires. Il a les yeux bais-
sés sur son terminal et ne semble
pas prêter attention à ce qui se
passe. En réalité, il enregistre tout
et envoie régulièrement des ques-
tions à poser à Cameron qui lui
lance des regards en coin agacés
avant d’obtempérer. Les respon-
sables de Star Helix sur Cérès ont
reçu pour instruction d’exécuter
dans l’instant la moindre demande
de Maximilien sans poser de
question.
Les PJ sont interrogés chacun
leur tour et n’ont pas la possibilité
de communiquer entre eux pour
accorder leurs violons. Cameron
commence toujours par quelques
questions sur leur identité et leur
passé (les dossiers de l’espion-
nage terrien sont très complets
et certaines questions pourraient
s’avérer embarrassantes) avant
de passer à leur vaisseau et à son
équipage. Puis les questions se font
plus précises concernant leur pas-
sage sur Eros et toute information
qu’ils pourraient détenir sur ce qui
s’y passe actuellement. Cameron
finit l’interrogatoire avec l’iden-
tité de leurs deux passagers et ce
qu’ils transportaient. Cameron et
Maximilien cherchent des incohé-
rences, des réponses qui ne recou-
peraient pas ce que les autres PJ
ont déjà dit. Les PJ peuvent se sor-
tir d’une mauvaise passe durant
l’interrogatoire avec un test de
Communication (Persuasion)
ou de Communication
(Tromperie) / 11.
Finalement, Maximilien ordonne
à Cameron de libérer les PJ. Il
pense que ces derniers lui appren-
dront bien plus de choses en étant
libres qu’en étant prisonniers.
Surtout que pendant les heures
qu’ils ont passé chez Star Helix, il
a fait installer à bord de leur vais-
seau une myriade de micros et de
caméras afin de ne pas perdre une
miette de leurs futures conversa-
tions. Si un PJ demande à inspec-
ter leur vaisseau une fois de retour
sur ce dernier, demandez-lui un
test de Perception (Fouille) /
15 ou Intelligence (Sécurité) /
13 pour découvrir la présence du
matériel d’espionnage. Ce dernier
est conçu pour renvoyer tout ce qui
est capté jusque dans le bureau de
Star Helix occupé par Maximilien.
Cameron libère donc à contre-
cœur les PJ. Quelques minutes
après leur départ, il les rattrape
en courant. Ce n’est plus le lieute-
nant de police qui leur parle mais
le père effrayé. Son ex-femme est
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partie vivre sur Eros avec ses deux
filles de sept et dix ans. Il n’a plus
aucune nouvelle d’elles et est lit-
téralement mort d’inquiétude.
Il supplie les PJ de lui dire s’ils
savent ce qui se passe sur Eros, si
ses filles sont en sécurité. Si les PJ
se comportent humainement avec
Cameron, en essayant de le ras-
surer sans lui mentir, ils peuvent
faire de lui un allié sur lequel ils
pourront compter tant qu’ils se-
ront sur Cérès.
Scène 3 – Quand deux
êtres vous manquent
Les PJ sont coincés sur Cérès
tant que la crise actuelle n’est pas
résolue. Aucun vaisseau n’a le
droit de décoller sans une autori-
sation expresse des autorités ter-
riennes. Ils ont donc le temps de
procéder à l’entretien et aux répa-
rations de leur vaisseau. S’ils n’ont
pas découvert le matériel d’espion-
nage dont leur vaisseau est truffé,
prêtez une attention particulière
aux discussions des PJ entre eux
car ces dernières sont écoutées
SCÉNARIO | 115
116 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
en temps réel par Maximilien. Il
est difficile pour les PJ de profiter
des plaisirs de la station car toute
l’activité économique est au ralenti
et la plupart des commerces sont
fermés, même dans le quartier de
la Médina.
Le lendemain soir de leur arri-
vée, alors que les PJ vaquent à
leurs occupations dans leur vais-
seau, Lena Kendricks se présente à
l’entrée de leur sas en demandant
à leur parler. Elle est clairement
paniquée car son ex-mari et son
fils ont tous les deux disparu sans
laisser de trace durant la journée.
Elle a découvert leur disparition en
rentrant du travail. Elle s’est ren-
due dans les locaux de Star Helix
pour signaler leurs disparitions
mais on lui a fait comprendre qu’il
y avait des choses plus urgentes à
gérer. Elle n’a bien entendu pas
mentionné le fait qu’ils arrivaient
tous les deux d’Eros. Les deux dis-
parus lui ont expliqué ce que les PJ
avaient fait pour les amener sains
et saufs jusqu’à Cérès. Ne sachant
plus vers qui se tourner, elle a donc
décidé de venir leur demander de
l’aide.
Elle dispose des économies de
toute une vie de travail pour mo-
tiver les PJ à retrouver David et
Henry. La somme n’est pas colos-
sale mais elle peut permettre de
payer une partie conséquente des
réparations de leur vaisseau. Elle
est persuadée qu’il leur est arrivé
quelque chose car ils étaient cen-
sés rester sagement dans son ap-
partement, ils ne répondent plus
aux appels sur leurs terminaux et
toutes leurs affaires sont encore
chez elle. Elle répond le plus hon-
nêtement possible à toutes les
questions des PJ et leur ouvre son
appartement pour qu’ils puissent
fouiller comme ils souhaitent. Elle
veut juste retrouver indemnes son
fils et son ex-mari avec qui elle
a toujours entretenu de bonnes
relations.
Scène 4 – David
Avant de quitter Cérès, David
était devenu membre de Ciel Noir,
une faction extrémiste et violente
de l’APE dont le leader sur Cérès
est Il-seong Namgung. Il a décidé
de prendre ses distances avec ses
anciens camarades quand il est
sorti de prison. Mais même s’il a
promis à sa mère de ne pas quit-
ter son appartement, il y a une
personne que David souhaiterait
revoir : son ex-petite amie Luciana
Sarto. Il lui a envoyé une multi-
tude de messages via son termi-
nal personnel pour lui demander
un rendez-vous. Mais Luciana ne
veut plus voir ni parler avec David
depuis qu’il a rejoint Ciel Noir.
Elle a fini par bloquer son termi-
nal pour ne plus rien recevoir de
sa part. David s’est servi du ter-
minal de l’appartement maternel
pour continuer à envoyer des mes-
sages à Luciana, notamment un
message où il lui dit qu’il a appris
qu’elle travaillait dans un bar de la
Médina, le Lone Star, et qu’il arri-
vait tout de suite pour la rejoindre.
C’est le dernier message qu’il
a envoyé à qui que ce soit. Son
terminal a été déconnecté du
réseau peu de temps après. Alors
qu’il traversait le quartier de la
Médina pour se rendre au Lone
Star, David a eu la malchance de
croiser quelques anciens cama-
rades de Ciel Noir qui ont décidé
de l’entraîner avec eux plus ou
moins de force pour aller évoquer
le bon vieux temps. Quand les
PJ arrivent au Lone Star, ils dé-
couvrent un bar avec une poignée
de clients et des écrans au-dessus
du bar où l’on aperçoit des images
d’Eros et de vaisseaux de guerre.
Luciana est bien là mais pas de
David à l’horizon. La jeune femme
insiste pour que les PJ consom-
ment avant d’accepter de leur par-
ler. Elle leur confirme qu’elle n’a
pas revu David depuis son séjour
en prison et qu’elle ne veut plus
rien avoir à faire avec lui depuis
qu’il a rejoint Ciel Noir. Un test
de Perception (Empathie) / 9
permet de confirmer qu’elle dit la
vérité.
David a donc disparu entre l’ap-
partement de sa mère et le Lone
Star. Il y a deux moyens de retrou-
ver ce qui lui est arrivé :
En interrogeant le peu de gens
qui circulent dans les couloirs
de la station : cela nécessite des
tests de Communication
(Étiquette) ou Communication
(Investigation) / 11 pour finir
par trouver un jeune Ceinturien
au visage recouvert de tatouages
dorés qui se souvient avoir vu
David traîner avec des membres de
l’APE, certainement des brutes de
Ciel Noir.
En piratant les caméras de
sécurité de la station : cela né-
cessite un test d’Intelligence
(Technologie) ou un test d’In-
telligence (Sécurité) / 13 pour
accéder aux archives de ces camé-
ras. Il faut ensuite deux heures
de recherches pour retrouver un
David visiblement inquiet en train
d’être entraîné par un groupe de
Ceinturiens arborant des tatouages
de l’APE. Un test d’Intelligence
(Culture Générale) / 11 permet
d’identifier des membres de Ciel
Noir.
Le quartier général officieux de
Ciel Noir sur Cérès est la boîte
de nuit Ultim Shasa (Dernière
Chance en ceinturien). Située dans
un recoin discret de la Médina,
loin des principales stations de
métro, la boîte de nuit est exclusi-
vement réservée à une clientèle de
Ceinturiens ayant des sympathies
« affichées » pour l’APE. Les inté-
rieurs n’y sont pas les bienvenus et
risquent même d’y laisser quelques
dents s’ils ne comprennent pas
rapidement les menaces à peine
voilées des habitués. David a été
emmené dans une salle de stoc-
kage à l’arrière de la boîte de nuit.
Il a été recruté de force par ses
anciens camarades pour participer
à une attaque terroriste contre le
gouvernement terrien de Cérès.
Ces derniers sont persuadés qu’il a
pactisé avec les terriens pour sor-
tir de prison. C’est le seul moyen
pour lui de prouver son allégeance
à l’APE.
Le leader de Ciel Noir sur Cérès,
Il-seong, considère que les ter-
riens sont les responsables de ce
qui se passe. Il veut profiter que
tout le monde a le regard tourné
vers Eros pour attaquer le centre
administratif terrien au cœur de
la station pour y poser des explo-
sifs et tout faire sauter, en repré-
sailles pour l’incident d’Eros. Une
trappe dans la salle de stockage
où se trouve David abrite suffi-
samment d’armes à feu pour une
dizaine de personnes ainsi que suf-
fisamment d’explosifs pour rayer
de la carte le centre administratif
au cœur de Cérès. David restera
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sous bonne garde jusqu’au début
de l’attaque par au moins deux ou
trois Ceinturiens.
La boîte de nuit est ouverte
malgré les événements mais la
clientèle est presque inexistante.
Aucun test de Communication
ne permettra aux PJ d’obtenir
la moindre information auprès
des employés ou des clients. Ce
sont tous des membres de l’APE
et tous des sympathisants de Ciel
Noir. S’ils savent quelque chose,
ils ne parleront pas. Sans comp-
ter qu’un intérieur s’expose à des
insultes et à une bagarre s’il s’obs-
tine. La seule solution consiste à
profiter des couloirs secondaires à
l’arrière de la boîte de nuit ou des
conduits de maintenance pour se
faufiler à l’intérieur. Il-seong est
installé dans un salon privé pour
peaufiner les derniers détails de
son plan avec ses lieutenants. Il a
demandé à ses ouailles de rester
chez eux pour l’instant afin de ne
pas attirer l’attention sur l’Ultim
Shasa. Il n’y a donc qu’une poignée
de membres de Ciel Noir présents
sur place.
Forcer une porte nécessite un
test d’Intelligence (Sécurité)
/ 11 pour entrer dans la boîte de
nuit. Le système de surveillance
est ancien et nécessite un test
d’Intelligence (Technologie)
/ 9 pour dissimuler la présence
des PJ. L’exploration de la boîte
de nuit nécessite des tests de
Dextérité (Discrétion) / 9 pour
éviter d’attirer l’attention d’un
membre de Ciel Noir. Si plus de
la moitié des PJ ratent leurs tests,
ils attirent l’attention d’un ou deux
membres de l’APE qui veulent
savoir ce qu’ils font là (Profil du
Malfrat, page 213 du Livre de
Base).
Libérer David ne va pas se faire
sans heurt. Les membres de Ciel
SCÉNARIO | 117
118 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
Noir présents sont nerveux car ils
gardent à la fois David et les explo-
sifs. À la moindre intrusion dans la
salle de stockage, ils sortent leurs
armes et ouvrent le feu, croyant
avoir affaire à une descente de
Star Helix. Les PJ vont devoir faire
vite car, si le combat se prolonge,
d’autres membres de Ciel Noir
arrivent en renfort depuis la salle
principale.
Alors qu’ils se dirigent vers la
sortie, ils croisent la route d’une
jeune Ceinturienne à la peau
noire qui leur barre le passage,
une arme à la main. Elle lève les
mains en l’air en leur disant de la
suivre. Shayna porte les tatouages
de Ciel Noir mais elle travaille en
fait pour Anderson Dawes. Elle
est chargée de surveiller Ciel Noir
pour son compte. Les PJ doivent
faire un choix : lui faire confiance
ou se débrouiller seuls pour s’en-
fuir. Shayna connaît parfaitement
les lieux et guide les PJ en sécu-
rité à l’extérieur puis jusqu’à une
salle de maintenance proche où
les attendent Anderson Dawes et
une foule de Ceinturiens en colère
contre les PJ.
Les hommes et les femmes de
Dawes étaient sur le point d’entrer
dans l’Ultim Shasa pour neutra-
liser Ciel Noir avant que cette
dernière n’aggrave la situation
avec un coup d’éclat meurtrier et
inutile. Ils sont en colère contre
l’intervention des PJ qui va aler-
ter Ciel Noir et les amener à re-
voir la sécurité de leur opération
à la hausse. Anderson se tient en
retrait pendant que les PJ se font
houspiller. Il finit par s’avancer
et calmer la situation en plaidant
la cause des PJ, expliquant qu’ils
sont intervenus pour sortir un
ami d’un mauvais pas et que tout
le monde aurait fait pareil à leur
place. Anderson tend la main en
direction des PJ pour une poignée
de mains. Il les assure qu’il est de
leur côté et il leur propose son aide
s’ils ont besoin de quoi que ce soit
sur Cérès. En échange, il aimerait
bien pouvoir discuter avec eux de
ce qu’ils savent sur Eros à un mo-
ment de leur convenance.
Scène 5 – Henry
Le matin même, Henry a insisté
pour accompagner Lena jusqu’à
son travail. Il est resté avec elle
pendant une heure au labora-
toire, discutant de tout ou de rien
avant de repartir. C’est la dernière
fois qu’elle l’a vu. La corporation
Chemtura est spécialisée dans la
fabrication de produits chimiques
destinés notamment aux nom-
breux systèmes qui permettent de
maintenir la vie sur les stations.
Lena s’est rendu compte qu’Henry
avait volé plusieurs produits rares
et coûteux avant de partir.
Henry a abandonné son ter-
minal dans un recycleur proche
des laboratoires de Chemtura
et est parti avec son disque de
données et les produits volés en
direction de l’université de Cérès.
Cette dernière est fermée depuis
le début des événements. Henry
connaît bien les lieux pour y avoir
travaillé et enseigné il y a long-
temps. L’université dispose de
laboratoires dans ses sous-sols où
il espère pouvoir reprendre ses
recherches au calme. Son cerveau
abîmé l’a rendu obsédé par ses
travaux. Il a pris le risque de faire
perdre son travail à Lena en volant
son employeur car il avait besoin
de réactifs.
Les PJ peuvent utiliser les
mêmes méthodes pour traquer
Henry à l’intérieur de la station
que celles utilisables pour traquer
David. Ils peuvent aussi mettre les
pièces du puzzle en place (Henry
a subi une opération le rendant
obsessionnel vis-à-vis de son tra-
vail, il a emporté son disque de
données avec lui et il a volé des
composantes nécessaires à ses re-
cherches) et deviner qu’il est parti
reprendre ses recherches. Il n’y a
pas beaucoup de laboratoires dis-
ponibles sur Cérès et les seuls qui
ne soient pas surveillés et utilisés
en ce moment sont ceux de l’uni-
versité. En plus, Henry connaît
très bien les lieux.
Les locaux de l’université de
Cérès sont plongés dans l’obscu-
rité. À l’extérieur, plusieurs écrans
muraux informent les élèves et le
personnel que toute activité est
suspendue jusqu’à nouvel ordre.
La sécurité de l’université est
presque inexistante et les PJ n’au-
ront aucune difficulté à y pénétrer.
Les couloirs et les salles sont vides,
plongées dans l’obscurité. Les PJ
retrouvent Henry au sous-sol dans
un des laboratoires de recherche
en train d’exposer des plantes à des
doses de radiations mortelles, son
disque dur relié à un ordinateur du
laboratoire. Il n’a pas l’air surpris
par leur présence. Il leur fait signe
de se taire le temps qu’une de ces
expériences se termine avant d’ac-
cepter de leur adresser la parole.
Il leur explique qu’il n’a pas beau-
coup de temps à leur consacrer car
il a encore beaucoup de travail.
Des PJ malins peuvent l’amener
à leur parler de son travail avec
un test de Communication
(Persuasion) / 13 ou un test
d’Intelligence (Sciences) /
9. Une fois lancé, Henry est inta-
rissable. Il va tout leur raconter
depuis la découverte de la pro-
tomolécule sur Phoebe par les
martiens jusqu’à la mise en place
de l’expérimentation sur Eros. Il
avoue regretter de ne pas pouvoir
y être pour pouvoir observer les
conséquences de l’exposition des
habitants de la station à la pro-
tomolécule et aux rayonnements
intenses. Il répond à toutes les
questions des PJ en évoquant des
actions dignes d’un criminel de
guerre avec un ton parfaitement
neutre et dépourvu de remord. Il
termine en leur disant que c’est sur
Phoebe que tout a commencé et
que c’est là que se trouvent toutes
les réponses à ce qui se passe.
Demandez à vos PJ un test de
Perception (Ouïe) / 11 quand
ils ont fini de discuter avec Henry.
Ceux qui réussissent entendent
des bruits de pas rapides au-des-
sus de leurs têtes dans les couloirs
de l’université. Les mercenaires
envoyés par la Protogen ont fini
par retrouver la trace d’Henry
lorsqu’il a connecté son disque
dur à l’ordinateur du laboratoire.
Ils sont en train de fouiller métho-
diquement le bâtiment pièce par
pièce à sa recherche. Les membres
du commando sont une menace
sérieuse pour les PJ et la meilleure
solution consiste à fuir avec Henry.
Les PJ doivent réaliser des tests
de Dextérité (Discrétion) /
13 pour se glisser jusqu’à la sortie
l’université sans attirer l’attention.
Si plus de la moitié des PJ ratent
leurs tests, ils attirent l’attention
d’un mercenaire qui prévient ses
camarades de converger sur sa po-
sition. Le mercenaire tente ensuite
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de les bloquer sur place en atten-
dant les autres (Profil du Soldat,
page 214 du Livre de Base).
Une fois sur la place à l’entrée
de l’université, les PJ ne sont pas
au bout de leur peine. Un test de
Perception (Vue) / 15 leur per-
met de détecter le reflet d’une lu-
nette de visée sur une passerelle en
hauteur de l’autre côté de la place.
Un sniper surveille l’université et
tire sur les PJ (pas sur Henry) dès
qu’ils sortent. Son objectif est de
les bloquer à l’intérieur de l’uni-
versité le temps que ses camarades
les prennent à revers. Les PJ vont
devoir courir jusqu’au plus proche
couloir en espérant échapper aux
tirs. Demandez-leur un test de
Dextérité (Initiative) à chaque
tour. Le plus petit score est celui
qui est pris pour cible par le sni-
per. Il leur faut trois tours pour
atteindre l’abri du couloir le plus
proche.
Deuxième Partie :
Phoebe
Scène 1 –
Retour sur Phoebe
Les PJ ont retrouvé David et
Henry. Lena les remercie et décide
d’aller se réfugier avec eux chez
des amis pour échapper à Ciel Noir
et aux mercenaires de la Protogen.
Les PJ se sont fâchés avec beau-
coup de gens et ce n’est qu’une
question de temps avant qu’ils ne
les retrouvent. En tant que vais-
seau de transport de marchandises
et de passagers indépendants,
les PJ ont pour habitude de se
connecter à chaque arrivée dans
une station au réseau interne afin
de proposer leurs services auprès
de potentiels employeurs.
Au vu de la situation, les proposi-
tions sont quasi-inexistantes mais,
SCÉNARIO | 119
120 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
alors qu’ils réfléchissent à la suite
des opérations, leur ordinateur de
bord leur affiche la liste des pro-
positions disponibles. Elles sont
au nombre de trois seulement. Les
deux premières consistent dans le
transport de marchandises vers
Mars ou la Terre dès que le blocus
sera levé. La troisième attire immé-
diatement leur attention : il s’agit
du transport d’un unique passager
vers Phoebe avec un départ immé-
diat et la promesse d’une somme
près de trois fois supérieure à ce
qu’on pourrait demander pour un
tel trajet. Un test d’Intelligence
(Navigation) / 11 permet de
savoir qu’il n’y a pas de présence
humaine sur Phoebe en-dehors
d’une station scientifique d’obser-
vation du nuage d’Oort installée
par Mars.
Le message désespéré a bien
entendu été laissé par Meinard
Spijker. Il se terre dans un hôtel
sordide où il a donné un faux nom
en attendant de trouver un équi-
page qui puisse l’emmener jusque
sur Phoebe. La somme qu’il pro-
pose est tout ce qu’il lui reste de ses
économies d’une vie de travail. Une
fois contacté, il propose aux PJ de
se rencontrer dans un bar discret
proche du port. Malheureusement,
les mercenaires de Protogen sont
aussi sur ses traces et vont s’invi-
ter au rendez-vous. Meinard est
nerveux. Il s’est installé dans le
bar bien avant l’arrivée des PJ et il
a déjà bu plusieurs cafés et bières
pour se calmer. Il peut prouver
qu’il a bien l’argent sur son compte
aux PJ. Il est même prêt à leur
transférer de suite. En revanche, il
refuse d’expliquer en détail ce qu’il
veut faire sur Phoebe. Il indique
qu’il travaillait sur la station de
recherche martienne comme agent
de sécurité et qu’après l’abandon
de la station, il a oublié quelque
chose de très important là-bas qu’il
souhaite récupérer à tout prix.
Un test de Communication
(Persuasion) / 13 permet de
lui faire dire qu’il travaillait pour
une corporation terrienne nommé
Protogen qui avait un contrat avec
le gouvernement martien. Il veut
partir tout de suite. Il se moque du
blocus et est d’accord pour toute
solution illégale permettant de
partir tout de suite.
Des tests de Perception (Vue
ou Empathie) / 13 (9 pour des
PJ prudents) leur permettent de
remarquer la présence d’un ter-
rien aux cheveux en brosse parti-
culièrement musclé au bar. Il n’a
pas touché à sa bière et ne perd
pas une miette de leur conver-
sation. Les mercenaires terriens
portent des vêtements civils et
des armes légères pour se mélan-
ger à la foule éparse qui circule
dans le quartier des docks. Une
fois qu’ils sont repérés, ils tentent
de bloquer Meinard discrètement
pour le capturer, évitant à tout
prix de déclencher une fusillade
au milieu de la foule. La solution
la plus simple pour les PJ est de
foncer à travers jusqu’à leur vais-
seau en réussissant un test de
Constitution (Course) / 11 (7
pour un PJ connaissant Cérès). Un
PJ qui rate son test est rattrapé par
un mercenaire qui tente de l’im-
mobiliser en l’agrippant. Meinard
se laisse entraîner par les PJ sans
résistance. Il croit savoir pourquoi
les mercenaires sont là et pour qui
ils travaillent.
Scène 2 – Décollage
& Interception
Une fois à l’abri dans leur vais-
seau, le problème lié au décollage
reste entier. Les points d’appon-
tage aux docks sont verrouillés,
empêchant tous les vaisseaux qui
s’y trouvent de partir. La capitai-
nerie a reçu des consignes strictes
de ne laisser partir aucune per-
sonne ne possédant pas une auto-
risation expresse du gouverneur
de la station. Et les mercenaires
de Protogen réfléchissent déjà à la
meilleure solution pour forcer leur
sas d’entrée. Il y a plusieurs solu-
tions possibles pour quitter Cérès
en urgence :
Appeler la capitainerie pour leur
raconter un beau mensonge avec
un test de Communication
(Tromperie) / 13 pendant qu’on
leur expédie via le réseau une
autorisation falsifiée avec un test
d’Intelligence (Technologie)
/ 13.
Sortir en combinaison dans le
vide avec un chalumeau pour
découper les points d’appon-
tage et libérer le vaisseau. Cela
nécessite un test d’Intelligence
(Ingénierie) / 11.
Pirater l’ordinateur de la capitai-
nerie avec un test d’Intelligence
(Technologie) / 17.
Faire appel à Anderson Dawes.
Ce dernier possède un ou deux
amis à la capitainerie qui peuvent
autoriser par inadvertance le dé-
part du vaisseau des PJ. En contre-
partie, ceux-ci se retrouvent débi-
teur du leader de l’APE. Nul doute
qu’il saura leur rappeler l’existence
de cette dette très bientôt.
Les PJ ont enfin réussi à décoller
et leur vaisseau s’éloigne de Cérès
pour se placer sur une trajectoire
de vol en direction de Phoebe.
Les capteurs de leur vaisseau leur
indiquent qu’ils sont les seuls à
des centaines de milliers de kilo-
mètres à la ronde. Mais la situa-
tion change brutalement quand ils
détectent une frégate de la marine
de guerre terrienne qui vient de
décoller d’un astéroïde proche
de Cérès. Quand Maximilien a
découvert le décollage illégal du
vaisseau des PJ, il a demandé
leur interception immédiate. La
frégate prend les PJ en chasse.
Son capitaine les invite à couper
leur moteur et à se rendre. Les PJ
peuvent tenter de s’enfuir en pro-
fitant des nombreux astéroïdes de
la Ceinture ou, si leur vaisseau dis-
pose d’un armement, ils peuvent
tenter de mettre leur poursuivant
hors de combat. La frégate aban-
donne la poursuite si elle est trop
gravement endommagée ou si elle
perd de vue les PJ.
Scène 3 – Le Fantôme
de Phoebe
Le reste du trajet vers Phoebe
se déroule sans autre rencontre.
Saturne ne possède aucun endroit
stratégique que Mars ou la Terre
souhaiterait protéger. Et la Terre
n’a pas de ressource à consacrer
dans l’immédiat pour s’occuper un
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petit vaisseau de transport qui a
rompu le blocus. L’espace est donc
complètement vide jusqu’à leur
destination.
Meinard devient de plus en
plus agité au fur et à mesure qu’il
se rapproche de Phoebe. Les PJ
l’entendent marmonner de moins
en moins discrètement quand il
pensent qu’ils ont le dos tourné.
Le seul mot qu’ils arrivent à distin-
guer avec un test de Perception
(Ouïe) / 9 est Madelyn. Si les
PJ l’interrogent à nouveau sur
la raison qui le pousse à aller sur
Phoebe, il raconte une histoire
décousue concernant une femme
qui a été abandonnée dans l’an-
cien laboratoire et qu’il a promis
de revenir chercher. Si les PJ lui
demandent comment il sait qu’elle
est encore en vie, il répond qu’elle
lui parle dans ses rêves. Meinard
tient des propos incohérents mais
ne présente aucun signe associé
habituellement à la folie.
La seule installation humaine
sur Phoebe est le laboratoire de
Protogen. Il est maintenant com-
plètement exposé au vide depuis
que le dernier vaisseau qui l’a
quitté a démarré son réacteur juste
au-dessus, carbonisant la partie
centrale du laboratoire. Les PJ
peuvent facilement faire entrer
leur vaisseau dans le trou béant
qu’est devenu l’ancienne zone
d’appontage. Explorer l’intérieur
du laboratoire va nécessiter l’utili-
sation de combinaisons extravéhi-
culaires car il n’y pas d’atmosphère
et presque aucune gravité. Dès que
le vaisseau des PJ est à l’arrêt,
Meinard est en combinaison prêt
à sortir. Il est dans un état d’exci-
tation épouvantable. Il se veut
se précipiter vers le puits d’accès
aux mines de glace pour retrouver
Madelyn au plus vite en faisant fi
de toute prudence.
SCÉNARIO | 121
122 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
La station s’étend sur un seul
niveau depuis la surface de la lune
en direction de ses profondeurs.
La partie centrale est un trou béant
aux parois noircies. Il faut s’éloi-
gner vers l’extérieur pour trouver
des pièces relativement intactes.
La station a été vidée méthodi-
quement de tout le matériel utile
et facilement transportable. Il n’y
bien entendu aucun corps. Les
pièces proches de la surface sont
des pièces de vie : logements, cui-
sine, cantine, buanderies. Un peu
plus loin apparaissent les premiers
laboratoires envahis d’ordinateurs
et d’éprouvettes. Un test d’Intel-
ligence (Sciences) / 11 permet
de confirmer que ces laboratoires
sont équipés pour des expé-
riences de biologie et de chimie.
Officiellement, la station est cen-
sée réaliser des recherches astro-
nomiques, mais il n’y a rien dans ce
que voient les PJ qui confirme cela.
Après les laboratoires classiques
se trouvent des salles étanches
et sécurisées pour accueillir des
matériaux biologiques dangereux.
Il y a une chambre où l’on peut
faire subir des rayonnements mor-
tels à ce qu’on y place et, à proximi-
té, un incinérateur. Dans la partie
la plus profonde de l’installation se
trouvent la salle des serveurs in-
formatiques, un générateur éteint
et un puits d’accès aux anciennes
mines de glace qui s’étendent sous
la station. Plusieurs portes et murs
portent le symbole de Protogen.
L’exploration de la station doit se
faire à un rythme lent. Les PJ sont
engoncés dans leurs combinai-
sons et la seule lumière disponible
provient des lumières frontales de
leurs casques. Dès le début, ils se
sentent observés par une présence
invisible. Ils remarquent rapide-
ment d’étranges excroissances
organiques semblables à des
racines épaisses comme un bras
qui ont envahi toute la station.
Elles se sont frayées des passages
à travers les murs et semblent
avoir fusionné à plusieurs endroits
avec les appareils électriques et
électroniques. Elles sont de plus
en plus nombreuses et de plus en
plus épaisses en se dirigeant vers
le puits d’accès aux mines de glace.
Elles trouvent leur source dans ce
qui reste du corps déformé par les
mutations de Madelyn.
Ce qui reste de la scientifique
perçoit tout ce qui se passe dans la
station. Elle pense que les PJ sont
les personnes qui ont tenté de la
tuer avant de l’abandonner. Elle
a bien l’intention de se défendre
contre ces intrus en provoquant
des incidents durant l’exploration
des PJ :
Une porte se referme brutale-
ment sur un PJ. S’il échoue à un
test de Dextérité (Apesanteur)
/ 11, il subit 2d6 dégâts lorsque la
porte se referme sur un membre. Il
est de plus pris au piège et un autre
PJ doit réussir un test de Force
(Vigueur) / 13 pour le libérer.
Un panneau de commande
explose en une gerbe d’étincelles
électriques. Le PJ le plus proche
doit réussir un test de Dextérité
(Initiative) / 13 pour éviter de
subir 2d6 dégâts. La combinaison
du PJ touché est court-circuitée et
il faut réussir un test d’Intelli-
gence (Ingénierie) / 11 pour la
faire redémarrer avant que le PJ
ne commence à suffoquer.
Des écrans d’ordinateur s’allu-
ment sur le passage des PJ et des
messages y apparaissent briève-
ment, de plus en plus menaçants :
« Je ne suis pas morte. Vous avez
échoué. », « Je contrôle cette sta-
tion. Allez-vous-en ! », « Vous
allez mourir… ». Les PJ qui
échouent à un test de Volonté
(Courage ou Foi) / 11 refusent
d’aller plus profondément dans la
station.
Meinard n’a qu’un seul objectif :
rejoindre Madelyn. Il se moque de
son état et il refuse de partir quel
que soit le danger qui le menace.
Il ne peut emmener Madelyn avec
lui, alors il va rester avec elle,
jusqu’à la fin. Il est bien entendu
qu’il n’y a plus rien à faire pour
sauver Madelyn. La protomolécule
l’a presque entièrement trans-
formée. Mais c’est dans la salle
des serveurs au plus profond de
la base que les PJ vont faire leur
découverte la plus intéressante.
Avant de partir, les techniciens
de Protogen ont démonté tous les
disques durs des serveurs de la sta-
tion. La salle des serveurs est enva-
hie par les racines mutantes. Si un
PJ démonte les panneaux d’accès
aux serveurs et découpe quelques
racines, il peut trouver un disque
dur oublié en réussissant un test
d’Intelligence (Ingénierie) /
13. Ce disque contient une partie
des recherches sur la protomolé-
cule. Ils ne trouveront rien d’autre
d’intéressant dans la station.
Scène 4 – Pas de
Preuve, pas de Témoin
À la suite de ce qui se passe sur
Eros, les autorités martiennes
ont décidé de faire disparaître
toute trace de leur implication en
envoyant des vaisseaux de guerre
pour détruire Phoebe. Au pire
moment, les terminaux des PJ se
mettent à sonner. Les capteurs
de leur vaisseau ont détecté l’ap-
proche de Phoebe par plusieurs
vaisseaux. Le temps que les PJ
consultent leurs terminaux, une
deuxième alarme retentit. Une
multitude de points plus petits
sont apparus au niveau des vais-
seaux de guerre et s’en sont déta-
chés pour se rapprocher de plus en
plus vite de Phoebe. Plusieurs mis-
siles nucléaires sont en route pour
venir vaporiser Phoebe. Il ne reste
aux PJ que quelques minutes pour
évacuer la station.
C’est en retournant vers la sur-
face que les PJ se rendent compte
que les étranges lianes qui ont
envahi la station se sont déployées
dans le vide pour venir s’accrocher
à la coque de leur vaisseau. Elles
sont solidement accrochées à ce
dernier et cherchent un moyen
de perforer la coque pour se glis-
ser jusqu’au réacteur afin de se
nourrir de son énergie et de son
rayonnement. Les PJ ne pourront
pas décoller avant d’avoir décou-
pé ces lianes et de les avoir arra-
chées de la coque. Ils vont devoir
accumuler (Nombre de PJ x 2)
succès aux tests suivants le plus
rapidement possible pour pouvoir
s’enfuir avant l’arrivée des missiles
nucléaires :
Force (Vigueur) / 15 pour ar-
racher les racines
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Combat (Armes légères ou
lourdes) / 13 pour frapper les
racines
Précision (Pistolets ou
Fusils) / 13 pour tirer sur les
racines
Intelligence (Ingénierie) / 11
pour découper les racines avec une
torche à fusion
Une fois le vaisseau libéré des
racines, le pilote doit réussir un
test de Dextérité (Pilotage)
/ 7 + (2 x le nombre de tours
mis à libérer le vaisseau) pour
s’extraire à temps de la station et
fuir Phoebe avant sa destruction.
En cas d’échec, le vaisseau des PJ
est frappé par des débris arrachés
à la lune et reçoit des dégâts équi-
valents à deux torpilles.
Épilogue
Les PJ ont réussi à fuir Phoebe
avant qu’elle ne soit frappée par
une nuée de missiles nucléaires
terriens. Pendant que la lune
plonge hors de son orbite et se
disloque dans l’atmosphère de
Saturne, ils s’éloignent discrète-
ment pour échapper à l’attention
des vaisseaux martiens. S’ils se
sont bien débrouillés, ils ont réussi
à mettre la main sur une partie des
recherches initiales de Protogen
sur la protomolécule ainsi que la
preuve de l’implication de Mars
dans le projet. Ces informations
peuvent leur valoir une grosse
somme d’argent et aussi un grand
nombre d’ennemis. La question
est maintenant de savoir ce qu’ils
vont en faire.
Pierre-Éric « Diwall le
Korrigan » Mouton
Illustrations © Green Ronin
SCÉNARIO | 123
124 | SCÉNARIO
THE EXPANSE
David Kendricks
Ceinturien H / Ex-garde de CPM Security
David est âgé de 21 ans et fait 2,05 m. Il a les cheveux
coupés à ras, des yeux gris et des pommettes hautes. Il
a la peau foncée d’un métis. Il est étonnamment mus-
clé pour un Ceinturien à cause des produits illégaux
qu’il a pris pour développer sa musculature. Il a un
tatouage de l’APE sur le haut de la poitrine qui dépasse
d’un tee-shirt noir sans manche. Il a un pantalon mar-
ron épais et recouvert de poches. C’est un garçon intel-
ligent qui a une véritable adoration pour son père. C’est
pour cela qu’il a choisi de devenir biologiste comme lui.
Mais quand son père a disparu sans explication, David
a tout laissé tomber pour se mettre à traîner avec des
membres de l’APE. Il s’est laissé happer par le discours
pour l’indépendance de la Ceinture et de meilleures
conditions de vie pour ses habitants. Son passage en
prison lui a remis les idées en place et les retrouvailles
avec son père lui ont donné une cause pour laquelle se
battre.
Henry Redgrave
Martien H / Ex-scientifique de Protogen
Henry est âge de 46 ans. Il fait 1,88 m et est plu-
tôt mince. Il est d’origine caucasienne. Il est imberbe
avec des cheveux châtains courts qui n’ont pas vu de
peigne depuis un moment. Il a les mêmes yeux gris et
les mêmes pommettes hautes que son fils. Il porte une
combinaison de travail bleu foncé sans aucun symbole
distinctif. Il est né et a grandi sur Mars. Doué d’une
grande intelligence, ses parents l’ont poussé à faire
des études scientifiques. Il est ainsi devenu un bio-
logiste réputé avec une spécialisation dans les effets
des radiations. Henry n’a jamais été très sociable. Il a
toujours préféré se concentrer sur son travail. Quand
Protogen l’a contacté pour lui proposer de travailler sur
la protomolécule, il a accepté presque immédiatement.
L’opération du cerveau qu’il a subi l’a transformé en
sociopathe uniquement préoccupé par ses recherches.
Son fils David semble être la seule chose qui le rattache
un tant soit peu à son ancienne humanité.
Cameron Hardy
Terrien H / Officier de Star Helix (Profil de l’Inspecteur
de Police page 212 du Livre de Base)
Cameron est grand pour un terrien avec ses 1,92 m.
Mais son torse large fait qu’il a beaucoup de mal à
se faire passer pour un Ceinturien. Il est âgé de 39
ans. Il a un début de calvitie qui éclaircit son front.
En tant que lieutenant de Star Helix, il n’a pas d’obli-
gation de porter une tenue officielle et ne se sépare
jamais d’une veste élimée en similicuir. Il n’a aucun
préjudice contre personne. Il essaye de faire son bou-
lot du mieux qu’il peut avec un sens de la justice que
ne partagent pas la majorité de ses collègues. Il est
d’autant plus préoccupé par la situation que son ex-
femme et ses deux filles vivent actuellement sur Eros
et qu’il n’a eu aucune nouvelle de ces dernières depuis
le début du conflit.
Maximilien Béringer
Terrien H / Agent des Nations Unies (Profil de l’Espion
page 212 du Livre de Base)
Maximilien a 36 ans. Il est plutôt petit avec un léger
embonpoint. Il a des cheveux courts et blonds, un
visage poupin aux yeux bleus. Il porte un costume
clair avec une cravate perpétuellement desserrée et
de travers. Il travaille depuis sa sortie de l’école pour
les services d’espionnage terriens. C’est un agent de
terrain en charge de la collecte d’informations. Il n’est
pas du tout adepte de la violence et préfère rester dans
l’ombre autant que possible. Quand la violence est né-
cessaire, il a recours à un service spécialisé.
Lena Kendricks
Ceinturien F / Laborantine chez Chemtura
Lena est âgée de 43 ans. Elle fait 1,96 m et a cette
minceur fragile typique des Ceinturiens. Elle est
plutôt jolie avec sa peau cuivrée et ses grands yeux
sombres. Elle porte ses cheveux noirs courts en
tresses serrées contre son crâne. Elle est née et a
grandi sur Cérès qu’elle n’a presque jamais quitté. Elle
a fait des études de biologie à l’université locale. C’est
là qu’elle a rencontré Henry lors d’une formation. Ils
sont restés ensemble quelques mois seulement et
David est né de cette courte relation. Henry est resté
en contact avec Lena et son fils pendant des années,
passant les voir à chaque fois que cela lui était pos-
sible, jusqu’à ce qu’il rejoigne Protogen et soit obli-
gé de couper tout contact. Lena a trouvé du travail
comme laborantine dans les locaux de la corporation
terrienne Chemtura. Elle gagne correctement sa vie et
a toujours essayé d’élever son fils du mieux qu’elle a
pu. Elle se tient sagement à l’écart de l’Alliance des
Planètes Extérieures.
Margit Saar
Terrien F / Mercenaire (Profil du Vétéran page 214 du
Livre de Base)
Margit est de taille moyenne mais dans une condi-
tion physique exceptionnelle à presque quarante ans.
Son bras gauche est un modèle cybernétique militaire
au blindage gris. Tout le côté gauche de son visage est
ravagé par les cicatrices de graves brûlures. Elle est
porte des vêtements sobres et utilitaires. Elle a fait
toute sa carrière dans l’armée terrienne. Ses capacités
physiques et sa volonté lui ont permis de rejoindre le
corps d’élite des marines. Mais lors d’une opération
menée pour arrêter des pirates ceinturiens, le vaisseau
dans lequel elle était a été détruit par un tir de torpille.
Elle a survécu par miracle à l’explosion mais la gravité
de ses blessures l’a fait mettre d’office à la retraite de
l’armée. Elle travaille maintenant comme mercenaire
indépendante au service des corporations terriennes
qui ont les moyens de payer les sommes exorbitantes
qu’elle réclame.
Il-Seong Namgung
Ceinturien H / Leader de Ciel Noir (Profil du Malfrat
page 213 du Livre de Base)
Il-seong est d’origine coréenne. C’est une brute
chauve de 2,20 m dont le crâne est entièrement recou-
vert par des tatouages. Le sigle de l’APE trône fière-
ment au centre de son crâne. Il porte un simple tee-
shirt noir et un pantalon utilitaire marron. Sa jambe
droite est un modèle cybernétique basique, un rempla-
cement de mauvaise qualité à la suite d’un accident sur
les docks. À 34 ans, Il-seong est le leader de la faction
extrémiste de l’APE, Ciel Noir, sur Cérès. Il a toujours
été un membre actif de l’APE mais, depuis l’accident
qui lui a coûté sa jambe et son travail, il s’est radicalisé
et a rejoint Ciel Noir pour les actions violentes à l’en-
contre des intérieurs que la faction promeut. Pour lui,
un bon intérieur est un intérieur mort.
Luciana Sarto
Ceinturien F / Petite amie de David
Luciana est une blondinette aux cheveux courts et
aux yeux verts. Elle a une tête bien pleine en plus d’une
tête bien faite. Elle détient plusieurs diplômes scien-
tifiques de l’université de Cérès mais elle n’a jamais
réussi à trouver de travail à cause de ses origines cein-
turiennes. Elle est contrainte de travailler comme ser-
veuse dans un bar de la Médina. Elle est sortie quelques
mois avec David avant que son engagement avec Ciel
Noir ne finisse par avoir raison de leur relation.
Anderson Dawes
Ceinturien H / Leader de l’APE
Anderson est grand et dégingandé. Son visage est
grêlé par l’acné. Il s’exprime toujours avec un fort ac-
cent ceinturien. Il est surtout connu pour être le princi-
pal représentant de l’Alliance des Planètes Extérieures
sur la station Cérès et pour avoir recruté Fred Johnson
en tant que porte-parole pour l’APE.
Meinard Spijker
Terrien H / Ex-agent de Sécurité de Protogen
Meinard est âgé de 44 ans et en bonne condition
physique. Il a des cheveux châtains courts légèrement
bouclés, une barbe claire mal entretenue et des yeux
bleus. Il a grandi sur Terre au basique avant de gagner
à la loterie et de se voir offrir la possibilité de recevoir
une formation. Il a travaillé ces vingt dernières années
comme agent de sécurité pour plusieurs corporations
terriennes, la dernière en date étant Protogen. C’est un
gentil garçon qui a toujours essayé d’effectuer son tra-
vail en évitant de recourir à la violence et en arrondis-
sant les angles. Il a fait un choix en désertant son poste
auprès de Protogen. Il est maintenant obnubilé par la
seule chose qui a de l’importance à ses yeux : retrouver
la femme qu’il aime.
SCÉNARIO | 125
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126 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
En quelques mots…
Les PJ se trouvent à Basseau,
ville qui sera bientôt assiégée
par les forces d’un vassal
félon : le Comte Manfred de
Lodovka. Dans le tumulte
de l’avant-guerre, ils vont
enquêter sur la disparition
d’une jeune noble dans une
maison hantée, Pétronilla de
Valsqueski. Devant le succès
de leur enquête, le Duc
convoque les PJ pour qu’ils
aident la ville à lutter contre
les armées du Comte Manfred.
Apprenant certains secrets de
famille, les PJ vont par la suite
partir à la recherche du jeune
fils du Duc que tout le monde
(père et mère y compris) croit
mort. Là, ils devront agir vite
pour lui sauver la vie car, dans
une dernière action pleine de
vilainie, le Comte essaiera de
faire assassiner l’enfant sans
défense…
Fiche technique
TYPE • Enquête
PJ • Niveau 2 à 4
MJ • Débutant
Joueurs • Débutant
ACTION 
AMBIANCE 
INTERACTION 
INVESTIGATION 
GUERRES ET SUCCESSIONS,
PREMIÈRE PARTIE :
LA MAISON HANTÉE
Le premier volet d’une aventure occulte et politique en trois
parties. Entre des histoires d’amour, un échange avec l’au-delà
et la recherche d’un fils caché, les PJ pourront-ils empêcher
sauver le duc de Basseau de la guerre qui se prépare ?
Ce scénario est dédié à la mé-
moire de Nénad Kusmic et de
Miguel Martins (Axerules). Vous
me manquez.
Ce scénario est prévu pour être joué
avec le Manuel des Joueurs (MdJ), le
Guide du Maître (GdM), le Bestiaire
(B) et le Guide du Monde (GdMo).
L’histoire pour le MJ
Une guerre de succession se pré-
pare en Brévoy (en ancienne Issie
plus précisément) : le Comte Manfred
de Lodovka a déclaré la guerre à son
suzerain Kozek de Lodovka-Basseau,
Duc de la ville de Basseau. Le Duc est
un seigneur bon et ouvert connu pour
sa politique bienveillante. Manfred
fait partie d’une branche cadette de la
famille du Duc qui, depuis des géné-
rations, conteste la suzeraineté de la
famille Lodovka-Basseau. Les rois suc-
cessifs de Brévoy ont toujours privilé-
gié le statu quo en légitimant la famille
ducale tout en ignorant les doléances
des Comtes qui, au cours du temps, dé-
posèrent de multiples plaintes auprès
des autorités pour prendre le contrôle
du trône ducal. Aujourd’hui les choses
ont bien changé car le Comte Manfred
a accusé publiquement le Duc de col-
lusion avec les démons. Il a encore
une fois porté plainte auprès du roi
qui, cette fois-ci, a demandé au Duc
de remettre son titre de noblesse au
Comte. Mais Kozek, fier et entêté, a
refusé net d’obéir au roi et est prêt à
affronter son vassal, qu’il considère
comme un félon. Il tire sa confiance de
l’appui des vassaux qui lui sont restés
fidèles (ceux-ci ne pouvant croire que
le Duc est un adorateur des démons).
La situation est explosive et risque
d’entraîner le royaume de Brévoy dans
une guerre civile, dont cette fois-ci
l’origine n’est pas la rivalité entre l’Is-
sie et le Rost mais une lutte de pouvoir
entre cousins. Le roi Noleski Surtova,
voyant la situation et ce qu’elle risque
d’entraîner et malgré son appui juri-
dique au Comte, a refusé de lui don-
ner une aide militaire. Le Comte a
ainsi décidé d’affronter avec son armée
personnelle et celle de certains de ses
vassaux l’armée du Duc qui reste à
l’abri dans son château dans la cité de
Basseau.
Le Duc a été accusé de sorcellerie
car son fils prénommé Ladislas, né
en l’an 4714, présentait des muta-
tions du chaos. Il est mort à la nais-
sance et le Duc répudia sa femme, la
Duchesse Sveta de Lebeda. Il accusa
publiquement sa femme d’être fautive
d’avoir enfanté un monstre et il la fit
enfermer de force dans le couvent
de Mortepierre, lieu de prières et de
méditation dédié à la déesse Iomédae,
situé dans les Monts Veshka, plus
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128 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
précisément au lieu-dit du village
de Mortepierre. Cette version
de l’histoire est celle que tout le
monde connaît mais la réalité est
toute autre.
L’histoire occulte
Le Duc a beau être un homme
honorable et parfois sévère, il n’en
n’est pas pour autant un adora-
teur des démons et sa femme la
Duchesse Sveta n’est pas fautive
d’avoir enfanté un monstre. Et
pour cause : l’enfant n’était pas un
mutant !
N’ayant pas de descendant di-
rect, si le Duc meurt, son fief pas-
sera directement entre les mains
de son cousin le Comte Manfred.
Ainsi, pendant des années, le
Duc et la Duchesse ont essayé en
vain d’avoir un enfant qui puisse
prendre la succession du père sur
le trône ducal, au grand déses-
poir du Duc et à la satisfaction du
Comte…
Jusqu’au jour où la Duchesse
tomba enceinte : son mari en fut si
fier qu’il en fit l’annonce publique-
ment, au grand dam de Manfred.
Le Comte ourdit alors un plan
machiavélique : il soudoya une
sage-femme prénommée Ysulde
pour que celle-ci annonce pendant
l’accouchement que l’enfant était
un mutant du chaos. Elle devait
par la suite tuer l’enfant pour que
Kosek n’ait aucun successeur.
Ainsi le Comte serait légitimé
dans sa contestation de la suzerai-
neté du Duc : Kosek n’aurait plus
de descendance et, qui plus est,
il serait suspecté d’être un adora-
teur des démons et ainsi ses alliés
l’abandonneraient un par un… une
véritable aubaine pour Manfred.
Ysulde, dont la réputation de
sage-femme compétente n’était
plus à faire, se laissa soudoyer
avec une forte somme d’or pour
accepter l’inacceptable. Elle se
présenta au château ducal et,
grâce à sa réputation, fut admise
facilement auprès de Sveta. Ysulde
voulait remplir sa part du marché
mais hésita au dernier moment,
face au nouveau-né. Elle ne put
se résoudre à le tuer. Aidée d’un
complice, elle le fit sortir du châ-
teau puis brûla dans la cheminée
le corps d’un autre enfant mort-
né. Ensuite, simulant la panique,
elle alerta le reste des habitants du
château que l’enfant était un mu-
tant du chaos, et que la loi l’auto-
risait ainsi à le tuer et à le brûler.
Le Duc apprit la nouvelle et
accusa sa femme, qu’il bannit au
couvent de Mortepierre. Ce fai-
sant, il perdit la loyauté du fidèle
Olaf Sundgersson, qui avait pris
la défense de la Duchesse. Ysulde
s’enfuit après ces événements et
rejoignit son complice pour s’oc-
cuper du bébé. La réputation du
Duc était entachée et le plan de
Manfred avait réussi.
Le temps passa et l’enfant du
Duc grandissait. Ysulde était de-
venue sa mère. Le Comte, quant
à lui, lança des assassins s’occu-
per des témoins. Le complice
d’Ysulde mourut mais elle par-
vint à s’échapper au couvent de
Mortepierre. L’enfant, nommé
à présent Ladislas, rencontra sa
véritable mère. Ysulde n’osa pas
révéler la vérité pour préserver la
sécurité de Sveta et de son fils.
Cinq années se sont écoulées de-
puis. Le Comte a décidé d’attaquer
le Duc, même si son plan n’a pas
fonctionné aussi bien qu’il l’avait
prévu.
La ville ducale
de Basseau
Alors que la maison Surtova
a abandonné ses coutumes
maritimes pour se concentrer
sur ses terres et sur la politique
du Brévoy, la maison Lodovka
est restée très attachée aux af-
faires maritimes. Sur le lac des
Brumes et des Voiles, sa flotte
se développe régulièrement, tout
comme son influence sur les
terres du rivage et sur les routes
commerciales qui traversent les
eaux. Comparée aux autres, la
maison Lodovka possède peu
de terres dans la partie nord
du Brévoy et une grande partie
d’entre elles sont impropres à
l’agriculture, mais ses vaisseaux
remontent bien assez de pois-
sons et de crabes d’eau douce du
lac. Le seigneur Kozek Lodovka
est un vieux pirate rusé qui aime
l’eau et cherche à faire de son
mieux pour le bien de sa maison,
de sa famille et de son peuple.
La maison Lodovka a pour armoi-
ries un crabe vert qui sort de l’eau
bleue et remonte vers une bande
de sable gris surmontée par une
tour grise, au centre, sur fond
noir. Elle a pour devise : « Les
eaux sont nos champs. »
Cette puissante ville portuaire
est située à l’embouchure du
fleuve Lodovkaïa qui prend nais-
sance dans les Monts Veshka.
Cette situation géographique
idéale a tôt fait de rendre cette
cité très riche : commerce de pois-
sons et crustacés venant du très
poissonneux lac des Brumes et
des Voiles. Cette richesse a fait de
cette ville un lieu de rencontres
peuplé de voyageurs venus de
contrées plus ou moins lointaines.
Et qui dit rencontres dit foison-
nement d’idées et de renouveaux
spirituels, scientifiques ou philo-
sophiques. Basseau se targue de
posséder des universités dédiées
aux sciences magiques, aux arts
et à de toutes nouvelles formes de
pensées philosophiques.
 SCÉNARIO | 129
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130 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
1. Forteresse ducale
Ce château fort sinistre sera détaillé lors de
l’aventure. Sachez juste pour le moment qu’il
domine la ville car il est construit sur une butte et
que son aspect est peu engageant.
2. Grand Temple
Cette énorme cathédrale a été construite en
position de domination sur la Grand Place. Elle
est grandiose, élancée et son architecture est à
la pointe en ce qui concerne la modernité de ce
genre de construction. Les vitraux sont de véri-
tables chefs-d’œuvre ainsi que les nombreuses
statues représentant les dieux du Brévoy. À l’in-
térieur, il y a une nef dédiée à chaque dieu parti-
culier et, mis à part le soir, le Grand Temple est
toujours rempli de croyants qui y viennent sim-
plement pour communier en prière, se marier ou
enterrer un proche.
3. Grand Place
Il s’agit du lieu où sont organisés les exécu-
tions publiques, les tournois ou la grande foire
bi-annuelle dédiée principalement à la draperie
(la dernière semaine de Gozran et la première
semaine de Erastus). Durant ces périodes, la
population de la ville double, rendant la possibi-
lité de trouver une chambre d’auberge libre très
peu certaine si on s’y prend trop tard, et l’acti-
vité citadine explose en une myriade de spec-
tacles de rue, de saltimbanques se moquant
des puissants, de marchands venus de contrées
lointaines ou de dresseurs montrant d’étranges
animaux. Sur la Grand Place se dresse l’Hôtel de
Ville, un bâtiment tout blanc, décoré de multiples
statues représentant les anciens bourgmestres.
L’administration est gérée par des échevins ré-
pondant à Goran Vaccan, l’actuel bourgmestre,
qui lui-même répond directement au Duc. Sur
cette place bordée de bâtiments classieux, on
trouve des échoppes et auberges de qualité ce-
pendant les prix y sont doublés.
4. Halles
Cet immense bâtiment renferme le garde-man-
ger de la ville. Tous les jours, les marchands de
fruits, de légumes, de viandes et de poissons y
font leurs affaires. Toutes les marchandises tran-
sitant par la ville passent d’abord par ici avant de
partir en boutiques. Les Halles sont gérées par la
Guilde des Échoppiers et celui n’en faisant pas
partie se fera éjecter manu-militari par de gros
bras peu loquaces.
5. Universités
L’université se présente en deux grands bâti-
ments de pierre blanche renfermant de superbes
jardins intérieurs. L’une des construction ren-
ferme la Faculté de Magie et l’autre la Faculté
des Sciences et de Philosophie. Il y a environ 300
étudiants, dont la majorité étudie les sciences et
la philosophie. Entre les deux types d’étudiants,
il existe une rivalité et, souvent, ceux étudiant
la magie, peu nombreux, se font bastonner. Le
quartier autour à donc à souffrir de règlements
de comptes ou de beuveries incessantes la nuit,
ce qui rend le sommeil difficile. À force de dépo-
ser des plaintes successives, les habitants ont
obtenu gain de cause et les patrouilles de mili-
ciens se font ici plus fréquentes.
6. Cimetière des Innocents
Le grand cimetière de la cité entasse des
tombes depuis que la ville est ville. Il vaut le coup
d’œil rien que pour certains caveaux qui sont de
petites prouesses architecturales. Une petite
chapelle dédiée aux dieux sert pour les derniers
sacrements. Derrière les murs de cette nécropole,
certains affirment avoir vu des fantômes…
7. Caserne
Ce fort concentre les forces militaires de la
ville. Ces forces sont constituées de trois corps.
Les patrouilleurs ruraux, vêtus d’armures de cuir,
armés d’arcs et d’épées et se déplaçant à cheval,
parcourent les environs pour y faire régner l’ordre.
Ils sont toujours accompagnés par un magistrat
qui doit gérer les problèmes mineurs entre pay-
sans en édictant de nouvelles lois ou donnant
des amendes aux contrevenants. Le corps des
miliciens fait la police dans les rues de la ville ;
ils sont armés de gourdins et vêtus de tabards re-
présentant les armoiries de la ville. Ils portent de
longues perches au bout desquelles une lanterne
est accrochée. Le corps des soldats s’occupe
quant à lui de la surveillance sur les remparts. Ils
sont vêtus d’armures de mailles, armés d’arba-
lètes, d’hallebardes et d’épées. Le fort est dirigé
par Isavora Depoliskaïa, une femme chevalier au
grand courage ayant reçu le titre de connétable
de la main même du Duc.
8. Pont ducal
Ce pont énorme en bois surplombe le fleuve.
Dessus se trouvent des habitations identiques à
celles qu’il y a dans le reste de la ville. La rue per-
mettant la traversée est particulièrement étroite.
9. Pont neuf
La richesse de la cité a permis l’achèvement du
premier pont de pierre de Basseau. Contrairement
au pont ducal, il n’y a aucune demeure de
construite dessus. Si bien que la plupart des ha-
bitants qui cherchent à atteindre l’une des deux
rives empruntent désormais ce pont dégagé et à
l’espace de circulation suffisant, au contraire de
l’étroitesse de la voie du pont ducal.
10. Ports nord et sud
Ici se trouvent quais de bois et bateaux fraîche-
ment arrivés. De jour, l’activité bat son plein alors
que la nuit, le port devient un endroit particuliè-
rement mal famé.
11. Écluses
Un ingénieux système d’écluses permet de
faire transiter les bateaux naviguant sur le fleuve
Basseau. De plus, un péage permet de taxer les
marchandises. Le passage des écluses se fait
flanqué de deux grosses tours de défense qui
possèdent un armement capable de couler tout
navire dont le capitaine indélicat aurait la mau-
vaise idée de refuser de s’acquitter de la taxe de
droit de passage.
12. Remparts
De puissants murs faits de grès et fréquem-
ment entretenus. Les tours qui assurent la bonne
garde du système défensif de la ville sont toutes
bâties sur le même modèle : de hautes structures
rondes aux toits pointus faits d’ardoise noire.
Certaines sont plus petites que les autres et ont
été surnommées « tours naines ».
13. Les portes de la ville
Elles portent le nom des directions où les routes
qui en partent sont censées mener le voyageur
qui quitte la cité. Un système de double portes
en bois renforcé et clouté, ainsi qu’un mécanisme
de double herses permettent de bloquer l’entrée.
Cet ensemble coûteux a été mis en place pour
plus de sécurité voici quelques années par le
père du Duc actuel. Des postes de garde assurent
la sécurité et un collecteur de taxe y est égale-
ment attaché. Il prélève les impôts réclamés par
le Duc : toute marchandise se trouve alors taxée
selon un système basé sur le type de denrée ou
de matière entrant en ville (pour simplifier, cette
taxe appelée « la centième » est un prélèvement
de 1 % de la valeur totale des produits).
Les faubourgs
L’explosion démographique de ces dernières
années fait que la nouvelle population a dû s’ins-
taller en dehors des murs de la cité, qui n’ont
pu être repoussés. Il s’agit d’une population
principalement laborieuse et paysanne travail-
lant les champs situés aux alentours de la cité
(agriculteurs, maraîchers ou éleveurs). Véritable
deuxième ville, on y trouve des tavernes, des
auberges et des endroits où la population a le
droit de tenir une foire (aux mêmes dates que la
Grande Foire).
SCÉNARIO | 131
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
132 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Les différents ducs qui se sont
succédé ont toujours privilégié
l’art, se montrant de grands mé-
cènes et protecteurs des artistes,
mais ils ont toujours été conscients
du fait que la cité attire imman-
quablement les convoitises, ce
qui les inquiétait. Aussi de puis-
sants remparts ont-ils été bâtis
et entretenus, ainsi qu’une puis-
sante forteresse dans laquelle ont
vécu tous les ducs jusqu’à ce jour.
Cette sombre forteresse domine le
fleuve, qui ne peut être remonté
qu’à partir d’une écluse flanquée
de tours rondes d’où les mar-
chands débarquent leurs diverses
marchandises.
Basseau n’est pas découpée en
quartiers biens définis sociale-
ment, avec des quartiers riches
d’un côté et des quartiers pauvres
d’un autre. Il existe 5 quartiers
mêlant toutes couches sociales : le
quartier des Halles, des Innocents,
Ducal, du Pont Neuf et du Fort.
Imaginez une ville sombre et tor-
tueuse aux ruelles étroites, sales
et encombrées. Les maisons sont
construites sur plusieurs étages
pour lutter contre la surpopula-
tion. Plus vous gagnez bien votre
vie et plus vous vivez dans les
étages supérieurs car ceux, vivants
aux rez-de-chaussée habitent dans
un cloaque immonde. Les rues ne
sont pas pavées mais boueuses.
Les habitants jettent leurs ordures
et leurs déjections par les fenêtres
en criant « Gare en dessous ! » et
tout se cumule donc en bas.
Un mince filet d’eau sale par-
court le centre des rues, les gens
font leurs besoins dehors ainsi
que les animaux qui déambulent
dans les rues pour y manger les
ordures. Porcs et autres gallinacés
errent au milieu des passants qui
vont et viennent tout en prenant
garde de ne pas se faire écraser
par un chariot mal contrôlé. Les
rues étroites sont souvent embou-
teillées, un bruit constant, dû aux
animaux et aux gens qui parfois
s’engueulent, peut rapidement
exaspérer le provincial qui vien-
drait ici pour la première fois. Et
ne parlons pas de l’odeur abjecte,
ce miasme pestilentiel qui flotte
de manière permanente et qui
devient irrespirable durant l’été.
De-ci de-là, on peut trouver un
hôtel particulier appartenant à un
nobliau assez riche pour ne pas
vivre dans un bâtiment qui est
surpeuplé et bruyant. Les hôtels
particuliers disposent en général
d’un petit jardin qui sert à la fois
de lieu d’agrément mais aussi de
potager, et toute une cohorte de
domestiques vont et viennent pour
faire les courses de leurs indolents
maîtres.
La criminalité est assez systé-
matique mais les malandrins s’at-
taquent très rarement aux nobles
qui, eux, ont le pouvoir de leur côté
et ont la capacité de répliquer avec
leurs gens d’armes.
Il est assez fréquent de trouver
une taverne, une auberge ou des
échoppes ici ou là. En général à
chaque carrefour se trouve soit
un puits (dans lequel vous pouvez
boire à vos risques et périls), soit
un oratoire dédié à une divinité,
soit les deux.
Un peu partout fourmillent éga-
lement de petits temples dédiés à
toutes les divinités du panthéon du
Brévoy : Abadar, Cayden Cailéan,
Desna, Gorum et Iomédae. Le
manque de place force parfois les
autorités religieuses à construire
des lieux de prière dédiés à tous
les dieux et non pas à une unique
divinité. Mais cela contente parfai-
tement les croyants. En terme de
population, il y a environ 10 000
habitants.
Rumeurs de guerre
An de grâce 4719 A.R du mois de
Gozran.
Toute la ville vit dans l’attente de
la guerre à venir. Tout le monde
feint d’ignorer les soldats et la
tension est palpable. Cette atmos-
phère pesante joue sur l’humeur et
les angoisses du peuple. Les habi-
tants en appellent aux dieux, espé-
rant que ceux-ci useront de leur
divine magie pour dissiper tout
affrontement à venir.
Il est connu que le Comte
Manfred de Lodovka a déclaré
la guerre et que celle-ci arrivera
tôt ou tard. Déjà, des espions à la
solde du Comte ont été arrêtés et
exécutés sur la Grand Place. Une
nouvelle exécution publique de-
vrait se dérouler sous peu. La cité
se prépare néanmoins pour sur-
monter cet événement : on s’en-
rôle pour participer à la défense,
des réserves de nourriture sont
faites et le Duc a mis en place un
système de délation rémunéré.
Introduction des PJ :
un travail pas très
rémunéré
Par un revers de fortune catas-
trophique, les PJ ont échoué dans
la cité de Basseau sans un sou…
leurs poches se trouvant tragique-
ment vides (à vous de trouver le
pourquoi et le comment de cet évé-
nement fâcheux). Mais, démon-
trant leurs capacités et talents, ils
ont réussi à décrocher un travail
qui, bien que peu glorieux, a le mé-
rite d’être rémunérateur. Ils sont
devenus miliciens et patrouillent
dans la cité avec des fonctions de
police pour le maintien de l’ordre
public. Ils sont sous le comman-
dement direct du sergent d’arme
Baldric, un colosse un peu porté
sur la boisson.
 Les PJ possèdent pour l’instant 6
pièces d’or en poche, un superbe ta-
bard représentant les armoiries de la
ville, un gourdin et une perche au bout
de laquelle pend une lanterne. Selon
leur roulement, ils peuvent travailler
de jour comme de nuit et, pour résu-
mer, il s’agit d’un travail mouvementé
fait d’arrestations, de bastonnades
contre les étudiants éméchés, et autres
règlements de litiges entre voisins.
Bien à l’abri, les PJ savent que par-
courir la contrée s’avère dangereux :
des bandes de pillards sanguinaires à
la solde du Comte Manfred ravagent
déjà certaines fermes ou certains vil-
lages placés sous la protection du Duc,
qui a envoyé en conséquence un de ses
vassaux à leur poursuite, un cheva-
lier nommé Sire Mladen de Vaseski.
Fraîchement débarqués en ville, les PJ
n’en connaissent pas encore tous les
secrets…
Note au MJ : Ajustez cette intro-
duction selon l’historique et le rang
social des PJ. S’il y a parmi eux un
noble, celui-ci ne sera bien sûr pas un
simple milicien mais commandera une
escouade dont feront partie les autres
personnages. Un magicien ou un
prêtre sera également dans le même
cas.
Rumeurs
Les PJ pourront avoir entendu de-ci,
de-là des rumeurs colportées par tout
un chacun en ville. Lancez un D6 pour
chaque PJ.
1. En ville, il paraît qu’il y a une mai-
son hantée. Chacun y va de sa petite
histoire, et chacun décrit une maison
différente. Billevesées ?
2. Les rumeurs qui disent que le Duc
est un sorcier adorant les démons
sont vraies : le père du père de mon
père m’a raconté qu’un domes-
tique travaillant au château, savait
que sous la motte castrale vit un un
horrible monstre qui serait l’ami du
Duc…
3. On raconte qu’il y aurait à Tancler,
un village situé au sud, des évène-
ments étranges. Mais personne ne
peut expliquer avec précision ce dont
il s’agit.
4. Le fils du Duc était un mutant et il a
été exécuté à la naissance.
5. Le fils du Duc n’est pas mort, et vit
quelque part reclus.
6. Il y a des espions du Comte Manfred
en ville. Il faut se méfier de tout le
monde car cela peut être n’importe
qui, même quelqu’un qui vit en ville
depuis des années et qui semble bien
sous tout rapport…
Une journée
pas comme les autres
Alors que les PJ admonestent une
dame indélicate qui a jeté le contenu
de son pot de chambre sans crier gare,
un jeune nobliau surgit tel un diable en
boîte d’une ruelle perpendiculaire, à
dos de cheval. Il est visiblement blessé
et semble soulagé de repérer les PJ.
Il dirige alors sa monture dans leur
direction pour la faire stopper juste à
un mètre d’eux. Son coursier a la robe
couverte du sang de son cavalier, qui
tombe alors au sol, les yeux vagues.
Il s’exprime d’une voix plaintive : « Y
a-t-il quelqu'un pour m'aider ? Je ne
sais pas quoi faire ! Pétronilla, ma
promise, a disparue ! », puis tombe
dans les pommes.
Un simple jet de Prodiguer les
Premiers Soins (Médecine DD
16) permettra de lui sauver la vie car Le précepteur
Foulques d’Agrembertciws,
une terrible blessure sur son flanc
jeune précepteur entre la
droit lui a été infligée avec une arme
vie et la mort
tranchante et tout porte à croire qu’il Apparence : jeune homme
vient de s’échapper d’un combat. âgé d’environ 25 ans vêtu
comme un nobliau. Ses
Premières constatations habits sont à la dernière
mode, ses longs cheveux
Cet homme âgé d’environ 25 ans est noirs ainsi que son bouc sont
vêtu comme un nobliau : ses habits soignés.
sont à la dernière mode, son cheval Alignement : neutre bon.
et la selle sont de qualité et ses longs Caractéristiques : enseignant
cheveux noirs ainsi que son bouc sont (GdM page 220).
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Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
134 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Et si Foulques
n’est pas soigné ?
Si aucun PJ ne réussit son
test de Médecine, Foulques
décédera de l’hémorragie.
Si vous êtes magnanime,
considérez que Foulques se
stabilise sans soins. Si vous
ne l’êtes pas, son corps sera
ensuite emmené au temple
du Cimetière des Innocents
pour s’y faire administrer
les derniers sacrements.
Deux jours plus tard, le
frère de Foulques, Lasota
d’Agrembertciws viendra
contacter les PJ et ce PNJ
viendra en remplacement
de Foulques. Il proposera la
même mission en racontant
l’histoire de son frère qui
l’avait mis dans la confidence.
soignés. Les PJ ne l’ont jamais vu,
il ne doit pas faire partie de ces étu-
diants braillards et alcooliques qu’ils
sont accoutumés à subir à longueur
de patrouilles. Il était armé d’une
dague car les PJ constatent qu’il
porte à la ceinture un fourreau vide.
Sa bourse est remplie de quelques
pièces d’or, donc soit ceux qui l’ont
attaqué n’ont pas pu lui prendre son
argent, soit le vol n’était pas le but de
leur agression…
Quand il rouvrira les yeux, il remer-
ciera chaudement les PJ de lui avoir
sauvé la vie. Il se présentera alors :
« Foulques d'Agrembertciws, précep-
teur et linguiste ». La rue n’étant pas
un bon endroit pour discuter, d’autant
qu’un attroupement se sera formé
autour des PJ et que toute discrétion
y est impossible, il invitera donc les
PJ à venir prendre un verre dans une
taverne et il leur racontera son his-
toire. Il suppose que sa bien-aimée est
retenue de force chez son père et il est
prêt à payer 20 pièces d’or à chacun
des PJ si ceux-ci sauvent la vie de son
amour : il est persuadé que Harald va
la tuer de ses propres mains. Il indi-
quera l’adresse du père, qui vit dans le
quartier du Fort, rue du Fleuve dans
un hôtel particulier. Foulques deman-
dera aux PJ d’être très prudents et
d’agir avec sagesse et circonspection
car Harald est un homme puissant,
protégé par les lois. Il demande uni-
quement aux PJ de libérer Pétronilla.
Quant à lui, pendant ce temps, il ira
déposer une plainte auprès du Duc en
personne, ce qui stoppera, il pense la
colère d’Harald.
La petite histoire
Foulques d’Agrembertciws et
Pétronilla de Valsqueski vivent une
relation secrète, désapprouvée par
Harald, le père de la jeune femme.
Foulques, à l’origine précepteur de
Pétronilla, a voulu organiser leur fuite
de Basseau et a envoyé une lettre à son
amante, mais celle-ci tomba entre les
mains du père, qui lança des assas-
sins sur la trace du jeune homme. Ils
interceptèrent Foulques et Pétronilla
ensemble. Le premier fut blessé en
s’enfuyant et rencontra les PJ. La deu-
xième fut capturée mais parvint à se
libérer et à s’échapper. Pour se cacher,
elle entra dans une maison abandon-
née… Mais celle-ci s’avéra être un por-
tail dimensionnel, et Pétronilla est à
présent coincée dans une dimension
parallèle !
L’hôtel particulier rue du
Fleuve (quartier du Fort)
Si les PJ décident donc d’aller à l’hô-
tel particulier d’Harald de Valsqueski,
ils seront surpris d’y voir un attroupe-
ment de badauds qui se pressent les
uns contre les autres, témoins d’un
duel à mort qui a lieu en pleine rue…
Il est temps pour nos aventuriers de
tester leur Perception DD15. Si le jet
est une réussite, les PJ voient la scène
suivante :
« Deux hommes, qui semblent se
connaître, sont engagés dans un com-
bat à mort. Ils sont surveillés par six
hommes de main, les armes au clair,
qui se tiennent pour l’instant en re-
trait. Un noble au port martial sur-
veille la scène et encourage l’un des
combattants. »
Foule : obstacle 1
S’ils veulent s’approcher, les PJ de-
vront soit jouer des coudes en réussis-
sant un test de d’Athlétisme DD15,
soit se faufiler comme des anguilles
en réussissant un test d’Acrobatie
DD15. Un PJ échouant sur ces tests
restera simple spectateur durant toute
cette scène et ne pourra donc agir.
Que se passe-t-il ?
Les assassins sont revenus à l’hôtel
particulier devant lequel attendaient
Harald de Valsqueski et son fidèle
garde du corps Valdemar. Lorsque
Hoel (le sicaire en chef) annon-
ça que Pétronilla avait disparu,
Harald ordonna à son garde du
corps de le décapiter. Hoel décida
de vendre chèrement sa peau. Les
autres sicaires, ne sachant trop
que faire, ont voulu intervenir
dans un premier temps pour aider
Hoel, mais ils se sont ravisés car il
s’agit d’un duel à la loyale et, qui
plus est, on ne badine pas avec un
noble comme Harald : agir contre
lui est pour eux l’assurance de finir
avec la tête plantée au bout d’une
pique !

Quelle tournure
va prendre le duel ?
A) Si les PJ n’interviennent pas,
lancez 1D6 :
1-2 : contre toute attente, Hoel bat
son terrible adversaire qui roule
au sol inconscient. Ensuite, Hoel
regarde Harald avec un air de
défi et quitte la cité de Basseau à
bride abattue avec ses hommes :
ils redeviennent ainsi des merce-
naires sans maître. Nul n'ose les
stopper dans leur fuite, en tout
cas certainement pas les quatre
miliciens qui auront enfin réussi
à se frayer un chemin…
3-6 : Valdemar blesse mortelle-
ment Hoel au ventre. Celui-ci
tombe alors genoux au sol, les
bras repliés sur sa blessure, la
tête basse. Valdemar regarde
Harald qui lui fait un signe d’ac-
quiescement discret de la tête,
puis le garde du corps victorieux
décapite Hoel sous les yeux mé-
dusés des badauds. Les quatre
miliciens tentent d’intervenir
mais, face à Harald, ils décident
de laisser tomber cette affaire, se
contentant de mettre aux arrêts
les sicaires survivants. Voyant les
PJ, ils leur demandent de disper-
ser la foule (avec un test d’Inti-
midation DD13).

SCÉNARIO | 135
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136 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Les belligérants
Harald de Valsqueski,
chevalier au caractère
difficile
Apparence : homme carré,
athlétique au port martial
avec une cicatrice sur le
visage. Il est vêtu de beaux
atours et porte la barbe ; ses
cheveux gris sont courts.
Alignement : loyal neutre.
Caractéristiques : noble (GdM
page 210) avec les bénéfices
d’élite (B page 6).
Valdemar, garde du corps,
fidèle indéfectible d’Harald
Apparence : grand
bonhomme aux cheveux
ébouriffés, toujours mal rasé.
Alignement : neutre mauvais.
Caractéristiques : garde du
corps (GdM page 234) avec le
statut d’élite (B page 6).
Hoel, chef des sicaires
Apparence : homme
athlétique, blond et aux
yeux verts. Toujours propre
et souriant, mais attention à
quiconque lui tourne le dos…
Alignement : neutre mauvais.
Caractéristiques : bandit
(GdM page 212).
Les sicaires,
belle bande de crapules
Apparence : patibulaires et
pas très portés sur l’hygiène.
Alignement : neutre mauvais.
Caractéristiques : bandit
(GdM page 212) avec le statut
de Faiblesse (B page 6).
[/ENCADRÉ]
B) Si les PJ décident d’agir :
• Ils peuvent stopper le duel avec
un test réussi d’Intimidation
(Démoraliser) : auquel cas les
deux combattants se regarderont en
chiens de faïence mais ne se porte-
ront plus de coups.
• Ils peuvent s’interposer et mainte-
nir les deux combattants, qui sont
bien décidés à en découdre, à bonne
distance l’un de l’autre avec un test
réussi d’Athlétisme (Saisir). Aussi
ceux-ci se calmeront en vociférant
toutefois comme de beaux diables
encore quelques instants.
Mais où donc
est Pétronilla ?
Harald de Valsqueski, de mauvaise
humeur, se montre très sarcastique
vis-à-vis des PJ. Si ceux-ci ont stoppé
le duel, il vantera ironiquement leur
capacité de maintien de l’ordre. Si on
lui parle de sa fille et de son destin
incertain, Harald expliquera que celle-
ci a disparu. Ces incapables de sicaires
ont perdu sa trace et il a décidé de pu-
nir Hoel leur meneur.
Si on lui parle de Foulques, Harald
pense être dans son bon droit de père
de vouloir défendre la vertu de sa fille
face à un petit parvenu.
Voyant bien que les PJ n’ont pas du
tout l’air de simples miliciens, Harald
leur proposera une mission : retrouver
coûte que coûte sa fille. Il est prêt à
leur verser 200 pièces d’or pour qu’ils
mettent la main sur celle-ci et sur ce
satané Foulques, car Harald pense sin-
cèrement que sa fille et son précepteur
sont ensemble quelque part et qu’elle
l’a rejoint lorsqu’elle a réussi à se sous-
traire à ces incapables de gougnafiers
menés par Hoel.
Note au MJ : À ce niveau-là de
l’aventure, les PJ devraient taire le fait
qu’ils ont (normalement) sauvé la vie
de Foulques, et que celui-ci est égale-
ment à la recherche de Pétronilla.
Interrogatoire
Voilà ce que pourront apprendre
les PJ s’ils posent des questions aux
protagonistes :
Harald
Celui-ci n’a pas grand-chose à dire de
pertinent. Hoel lui a pourtant bien ex-
pliqué la situation, mais Harald, trop
en colère pour écouter quoi que ce soit,
n’en n’a eu cure :
« Ces incapables ont réussi à perdre
ma fille qui s'est échappée. Je les paye
suffisamment cher et ils ne sont même
pas assez compétents pour me la
ramener. C'est une pauvre fille sans
défense ! Disparue dans une maison
abandonnée ! Envolée comme par en-
chantement !? Alors qu'en réalité elle
doit être en ce moment même dans
les bras de cet imbécile de Foulques,
qu'ils n'ont même pas été capables
d’occire ! Vous devez retrouver ma
fille, palsambleu ! »
Hoel
Il s’agit du protagoniste disposant du
témoignage le plus pertinent :
« Un de mes hommes a laissé
Pétronilla s'échapper. Elle a réussi à
découper le sac dans lequel on l'avait
mise, ce qui a surpris tout le monde,
et elle a sauté du cheval pour s'enfuir
en courant. J'ai été le premier à réa-
gir et je me suis immédiatement lancé
à ses trousses. Alors que j'allais la
rattraper, elle s'est glissée entre les
barreaux d'une grille délimitant une
demeure abandonnée à l'angle de la
rue de la Ferronnerie et de l'Impasse
du Puisard. Quelle consternation
lorsque j'ai constaté qu'elle avait dis-
paru dans cette vieille maison, alors
que j'y suis rentré juste quelques
instants après elle ! C'est impossible
qu'elle ait pu disparaître ainsi ! Mes
hommes m'ont rattrapé et nous avons
fouillé ensemble tous les recoins de cet
obscur endroit. Tout cela pour ne rien
trouver ou presque…manifeste-
ment elle s'était cachée derrière
un meuble car il y avait là ses der-
nières traces. Mais d'elle rien ! Ne
voulant plus perdre de temps, j'ai
décidé de rentrer annoncer mon
échec à Harald. »
À la recherche
de Pétronilla
1) Recherches basiques
Les PJ pourraient vouloir savoir
si des cas de disparitions étranges
ont eu lieu en ville. En prenant
une demi-journée pour poser des
questions à ce sujet et en réussis-
sant un test de Recueillir des
Informations (Diplomatie
DD20), les PJ devront trier les
informations obtenues et faire cer-
tains recoupements. Ils pourront
apprendre ainsi qu’une dizaine
d’enfants ont disparu à proximité
de cette maison en une quaran-
taine d’années. S’ils se renseignent
sur l’histoire de cette maison,
Baldric le sergent d’armes pourra
leur apprendre que des mages
de l’université de magie se sont
intéressés à cette demeure, car
celle-ci était jadis le lieu d’habitat
d’un mage qui y a disparu voici
une quarantaine d’années. Des
enfants (il ne se rappelle plus le
chiffre exact) y ont disparu et les
enquêtes menées à l’époque n’ont
rien donné.
2) Recherches poussées
À l'angle de la rue de la
Ferronnerie et de l'Impasse du
Puisard, dans le quartier des
Halles, les PJ pourraient vouloir
questionner les habitants pour
faire une enquête de voisinage.
Ils se feront désigner une vieille
dame d'âge canonique (101 ans), la
gentille Bulandia Gurnomski, qui
habite en face de la vieille maison
abandonnée : la seule habitante
à savoir un peu ce qui se passe.
Cette vieille dame, veuve depuis
longtemps, est un peu sourde et
elle fait répéter systématiquement
ce que lui diront les PJ. Elle a bien
connu la dernière famille ayant
habité dans cette maison : les
Gurscendrovitch. Voici ce qu’elle
pourra dire aux PJ après leur avoir
offert du thé et des petits biscuits
faits la veille :
« Ahem… il se passe de drôles
de choses dans cette maison,
vous savez. Une bonne dizaine
d'enfants ont disparu dans cette
maison alors qu'ils jouaient
dedans. Les parents et des mili-
ciens ont cherché à l'intérieur,
mais personne ne les a jamais
retrouvés… enfin, j'crois… je ne
sais plus trop… Tout ce que je sais
c'est qu'une charmante famille,
les Gurscendrovitch, dont le chef
de famille, Théophilius, était
magicien ou quelque chose dans
l'genre… ils sont les derniers à y
avoir vécu… Sa femme s'appelait
Dendrana et leurs trois enfants..
.comment s'appelaient-ils déjà…
ah oui… euh… ah je l'ai sur le bout
de la langue… ah mince… ah ça y
est : Morfydd, Iseult et Wisigarde.
C’étaient trois petits diables
qui s’amusaient à faire des tours
pendables à leurs parents. Ils les
tournaient souvent en bourrique…
ils s’amusaient à cache-cache…
c’était leur jeu favori. Ils jouaient
souvent avec leur père, d’ailleurs.
Mais je m’égare… ah oui…
vous voulez reprendre du thé ?
Non ? Vraiment ? Et un biscuit
alors ? Oui ? Parlez plus fort les
enfants… Un jour, Théophilius est
parti faire un voyage qui a duré
longtemps. Mais le malheur s’est
abattu sur sa famille durant son
absence : la cité a été durement
frappée par une épidémie de peste
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
en l’an 4679… j’avais quel âge à
cette époque ? Ah oui j’avais 61
ans ! Dendrana et les trois enfants
moururent sans que personne
n’y puisse rien… c’est mon mari,
Melehant, avec quelques voisins
qui trouva les corps et qui s’occupa
de les faire inhumer au cimetière
dans la fosse commune. Lorsque
Théophilius revint chez lui, il fut
anéanti et il s’enferma dans sa
maison, malgré les suppliques de
mon mari qui l’exhortait à sor-
tir de son isolement. Deux jours
après, comme on n’avait plus
de nouvelle, mon mari est ren-
tré dans la demeure en forçant
la porte, mais il ne trouva pas
Théophilius alors que ses affaires
personnelles, qui lui auraient ser-
vi en cas de voyage, étaient bel et
bien là. Les autorités de l’époque
avaient conclu qu’il s’était suicidé
en sautant dans le fleuve… Des
collègues de Théophilius ont éga-
lement enquêté mais je ne sais pas
s’ils ont trouvé quelque chose. Puis
cette histoire fut oubliée. J’habite
depuis toujours ici et, croyez-moi,
je sens que quelque chose ne va
pas dans cette maison, qui a vite
prit une réputation de maison
hantée et qui fut laissée à l’aban-
don. Au cours des années, des
enfants venaient y jouer à cache-
cache et ils y ont disparu sans lais-
ser de trace… aussi, rapidement,
plus personne n’osa y mettre les
pieds… vous voulez reprendre un
biscuit ou du thé ? ».
La maison fantôme
Lorsque Théophilius revint chez
lui et apprit la mort de ses proches,
il fut bouleversé et enragé contre
les dieux qu’il priait tant. Ceux-
ci s’étaient avérés incapables de
protéger sa famille. Il les maudit,
levant le poing au ciel. Il voulut
retrouver sa famille dans la mort,
SCÉNARIO | 137
138 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
sûr qu’il était de les rejoindre dans
un autre monde qu’ici-bas. Il s’en-
ferma chez lui et ingéra du poison
mais, à son grand désarroi il ne re-
trouva pas les siens : sa rage contre
les dieux empêchait son âme tor-
turée de rejoindre les plans des
bienheureux. Il resta ancré dans
la réplique exacte et astrale de sa
maison. Son inconscient, baigné
d’humeur sombre et décuplé grâce
à sa puissante magie, créa un lieu
parallèle au monde de Golarion,
un espace morne et désolé dans
lequel il est son propre prisonnier.
Théophilius est désormais un fan-
tôme enfermé dans ses pensées qui
lui font voir la réalité de manière
déformée. Son appréciation des
choses est complètement viciée.
Il se sent terriblement seul. Ayant
la capacité de percevoir ce qui se
passe dans sa maison réelle, il a
fait venir les différents enfants
qui y jouaient à cache-cache dans
sa maison astrale en les faisant
disparaître de la réalité physique.
Les gamins lui rappelaient trop
ses enfants jouant avec lui autre-
fois. Mais dans son aveuglement, il
n’avait pas prévu que les bambins
allaient mourir de faim. C’est ainsi
qu’il en fit venir d’autres, car sa so-
litude lui pesait trop. Maintenant,
ces enfants sont eux aussi des
fantômes bloqués dans la mai-
son astrale, piégés pour l’éternité
avec Théophilius. Celui-ci n’est
pas mauvais, même si son âme est
quelque peu dérangée et que son
jugement de valeur est complète-
ment faussé. À chaque fois, c’est
le fait même de vouloir se cacher
dans la maison ruinée qui active
chez lui l’envie de faire venir dans
sa réalité la personne, car cela lui
rappelle inlassablement ses en-
fants. C’est pour cette raison qu’il
a fait venir Pétronilla à lui alors
qu’elle se cachait pour ne pas être
retrouvée par Hoel et ses sbires.
A) Visiter la maison
ruinée.
Cette maison cossue est entourée
par un jardin désormais en friche.
Une vieille grille aux battants tor-
dus permet de se faufiler jusqu’aux
marches de la maison. Un test de
Pister (Survie DD10) permet
de trouver des traces : celles de
Pétronilla, d’Hoel ainsi que de
ses hommes. La demeure est en
très mauvais état : porte d’entrée
dégondée, fenêtres à meneaux aux
vitres brisées, intérieur décrépi et
attaqué par les moisissures. Il n’y
a pas d’ameublement, juste çà et là
des tas d’ordures amenés ici par des
voisins indélicats cherchant à s’en
débarrasser. Au rez-de-chaussée,
le sol est fait de carrelages noirs et
blancs mais, à l’étage, il s’agit d’un
plancher de bois en mauvais état.
Note au MJ : si quelqu’un es-
saie de visiter l’étage, il doit faire
un test d’Acrobatie DD15 pour
ne pas passer au travers du plan-
cher pourri et subir 5 points de dé-
gâts (à vous de choisir où et quand
cela se passera). De toute façon, il
n’y a rien à trouver.
B) Visiter la maison
astrale.
Il n’y a qu’un seul moyen de par-
venir jusqu’à la maison astrale :
jouer à cache-cache dans la mai-
son ruinée, car cela réveille dans
l’âme torturée de Théophilius le
souvenir de ses enfants et, im-
manquablement, il fera venir à
lui tous les PJ se pliant à ce jeu
puéril. Espérons que les joueurs
penseront (grâce au témoignage
de Bulandia Gurnomski) à faire le
lien suivant : toutes les personnes
qui y ont disparu sont entrées dans
la maison dans le but de s’y cacher
ou de jouer à cache-cache.
Lorsque cela arrivera, les PJ
auront la désagréable sensation de
vibrer jusque dans chaque molé-
cule de leur corps et réapparaîtront
devant la maison astrale : réplique
exacte de la version de Basseau si
ce n’est qu’elle est en bon état et
pas du tout ruinée. Autour, la ville
a disparu : seul subsiste un brouil-
lard argenté.
Si les aventuriers décident d’ex-
plorer les alentours, ils ne verront
que des brumes et marcheront sur
un sol spongieux. De plus, il est
très dangereux de s’aventurer ainsi
car, dès que la maison est hors de
vue (ce qui arrive vite étant don-
né l’épaisseur des brumes mou-
vantes), seul un test de S’orienter
(Survie DD20) réussi permettra
de retrouver la demeure. De l’exté-
rieur, on peut voir que les volets
sont ouverts. La porte d’entrée
s’ouvre sans difficulté puisque que
la serrure n’est pas verrouillée.
Note au MJ : pour l’exploration
de la maison, insistez sur le carac-
tère oppressant, inspirez-vous des
films de maisons hantées ou d’his-
toires de fantômes. Les joueurs
doivent ressentir de la peur lors de
la visite.
1) Vestibule
Il suffit de pousser la porte de la
maison pour entrer dans un vesti-
bule dont les murs sont décorés de
tapisseries florales désuètes. Des
patères permettent d’accrocher
des vêtements et, sur certaines, il
reste des manteaux d’homme, de
femme et d’enfants tous démodés.
Trois portes en bois permettent
d’aller plus avant.
Note au MJ : Dès que les PJ
entreront, un test de Perception
DD20 réussi permettra de se sentir
observé et d'entendre des pleurs ain-
si que des chuchotements (voix mas-
culine) dont certains sont audibles :
« … pourquoi les dieux ont-ils
faits cela ?… »
 SCÉNARIO | 139
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
140 | SCÉNARIO
PATHFINDER 2
Réalité alternative
Malgré le fait que les PJ
soient dans un mini univers
astral, la réalité autour d’eux
est bel et bien physique :
tout fonctionne comme sur
Golarion !
La cachette
C’est ici que s’est cachée
Pétronilla. En arrivant à la
maison, elle a été le témoin
de phénomènes surnaturels
(outre le fait d’être arrivée
dans cet endroit lugubre…)
et elle s’est réfugiée là.
Après avoir fouillé de fond
en comble cette pièce,
elle trouva qu’une des
parois en bois de l’estrade
était mal fixée et pouvait
donc être retirée. Si les PJ
pensent à fouiller, un test
réussit de Perception DD10
permettra de trouver cette
fameuse paroi et de la retirer.
Pétronilla, traumatisée par ce
qu’elle a vécu ici, refuse de
sortir de sa cachette, et seuls
des PJ persuasifs pourront la
faire sortir et la rassurer, avec
un test réussi Faire Bonne
Impression (Diplomatie
DD15). Sinon, elle ne
bougera pas d’un pouce.
Lorsque les PJ la retrouveront,
ils regagneront 1 point
d’Héroïsme et 30 xp.
« … pas mes enfants… non… maudits
soyez-vous… maudites divinités sans
cœur… je vous conchie… »
« … je ne peux continuer de vivre
sans eux… »
À fréquences régulières, ces chucho-
tements peuvent être perçus et ils se
répètent sans cesse.
2) Salle de lecture
Il s’agit d’une salle spacieuse munie
de fauteuils en cuir, de tables de lec-
ture en bois précieux, ainsi que de
bibliothèques. Une grande cheminée
permet de se chauffer mais il n’y a au-
cune flamme, seulement un tas de bois
attendant d’être allumé. Dans un coin
de la pièce, il y a le squelette d’un
enfant vêtu d’habits de garçon, posi-
tionné autour de livres dont certaines
pages ont été dévorées…
3) Salle de jeu
Il s’agit d’une salle spacieuse munie
d’une cheminée. La tapisserie verte est
agrémentée de motifs floraux. Il y a un
billard, ainsi que diverses tables de jeu
permettant de jouer aux échecs ou à
d’autres jeux de réflexion. Il y a même
une cible accrochée au mur constellée
de fléchettes. Un squelette d’enfant
encore vêtu de ses habits féminins peut
être trouvé sous la table de billard, te-
nant dans ses bras croisés une boite à
biscuits vide…
4) Hall
Il s’agit d’une grande pièce décorée
de tableaux qui représentent de mul-
tiples paysages. Un superbe escalier
en bois sculpté permet de grimper aux
étages supérieurs. Au sol se trouvent
de somptueux tapis importés de
contrées lointaines.
5) Cuisine
Il s’agit d’une grande cuisine qui dis-
pose d’une cuisinière à bois, d’un four à
pain et de toute une batterie d’ustensiles,
casseroles et marmites. Dans une large
cheminée, une marmite trône comme la
reine des lieux. Au sol traînent des boîtes
de conserves vides formant une piste
qui mène jusqu’aux squelettes de deux
enfants portants des habits de garçons et
qui s’enserrent mutuellement.
6) Salle à manger
Cette pièce est drapée de grandes
tapisseries sur lesquelles sont représen-
tées des scènes de chasse à courre. Une
table en bois précieux aux pieds torsa-
dés porte un napperon de broderie fine.
Des crédences renferment de la vais-
selle de qualité. Dans un coin, un sque-
lette d’enfant portant une robe moisie
tient dans ses bras une bouteille vide.
7) Salon
Ici l’on trouve des fauteuils, une cré-
dence renfermant des bouteilles d’al-
cool (toutes vides) ainsi que des verres
à pied. Il reste également du matériel
de broderie.
8) Débarras
Cette pièce renferme le matériel ha-
bituel pour la bonne tenue d’une mai-
son (savon pour sol, balai…). Si un PJ
inspecte particulièrement cet endroit,
il remarquera un détail troublant : les
gros morceaux de savon ont été croqués
par une petite mâchoire d’enfant…
9) Réserve
Les étagères trouvées ici sont déses-
pérément vides.
10) Salle de réception
Cette grande pièce était la plus
luxueuse car elle servait à recevoir les
convives ; une estrade en bois permet-
tait à divers orchestres de se produire
et une grande table supportait les re-
pas venus tout droit de la cuisine.
11) Chambre des parents
Dans cette pièce, les PJ ressentent un
profond sentiment de malaise. La pre-
mière chose que l’on peut voir ici, c’est
le lit à baldaquin au tissu vert sombre sur
lequel se trouve le squelette d’un adulte
vêtu d’habits démodés de bourgeois.
Il étreint entre ses bras un tableau sur
lequel est représenté une femme d’âge
mûr, assise au pied d’un chêne majes-
tueux avec ses trois enfants à qui elle fait
la lecture : un jeune adolescent et deux
filles plus jeunes.
Note au MJ : Il s’agit du squelette de
Théophilius qui, au moment de mourir
s’est retrouvé ici dans la maison astrale.
Le tableau représente le portrait de
Dendrana, Morfydd, Iseult et Wisigarde.
Théophilius s’est empoisonné (on peut
trouver d’ailleurs à côté de sa dépouille
une petite fiole vide) avant de venir s’al-
longer ici. Le reste de la chambre contient
des armoires remplies de vêtements ou
du matériel servant à l’hygiène corporelle.

12) Chambre de Iseult

et Wisigarde.
Il s’agit d’une chambre pour deux
jeunes filles. Il y a un lit superposé ainsi
que deux armoires contenant habits et
jouets. Un squelette de petite fille vêtu
d’une robe aux couleurs passées est là,
allongé à côté d’un coffre à jouets et il
tient encore un petit ourson en peluche…

13) Chambre de Morfydd

Il s’agit d’une chambre de garçon. Il n’y
a rien de particulier à y trouver si ce n’est
qu’il y a quelques ouvrages mineurs de
vulgarisation traitant de magie.

14) Grenier
Il s’agit d’un laboratoire d’alchimie :
sur une table il y a des fioles, des atha-
nors et autres cornues. Des bocaux aux
multiples composants étranges et va-
riés prennent la poussière. Un bureau
contient des documents concernant les
recherches théologiques et planaires de
Théophilius (il y a 70 heures de lecture
et ces informations précieuses conte-
nues dans des petits grimoires servent
de Revues Scientifiques procurant un
bonus de + 1 en Religion pour tout ce

SCÉNARIO | 141
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
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PATHFINDER 2
qui concerne les plans et les créa-
tures les habitant). Il y a également
un carnet sur lequel sont écrites les
dernières pensées de Théophilius
avant de passer de vie à trépas :
« Pourquoi les dieux ont-ils fait
cela à ma famille ? Moi qui ai tou-
jours été dévot et bon. Il n'y a pas
de justice dans l’univers ! Je renie
donc toutes ces entités égoïstes qui
ne se préoccupent pas des mor-
tels. J'ai décidé d'en finir avec la
vie. Mes recherches sur les plans
m'ont au moins permis d'être per-
suadé que je retrouverai les miens
au-delà de la tombe. Sache ami
lecteur que lorsque tu liras ces
lignes je serai mort et présenté
aux dieux. Je me porterai en accu-
sateur et je serai alors un juge im-
pitoyable pour ces dieux aveugles
et sourds à la détresse des mor-
tels. Je les jugerai comme ils nous
jugent et je serai aussi sévère
qu'ils peuvent être indignes ».
Note au MJ : Si on ne trouve
pas d’autres squelettes c’est parce
que les autres enfants ont tenté
leur chance en explorant l’exté-
rieur pour trouver une échappa-
toire. Malgré tout, leurs âmes sont
retenues dans la maison.
Cas de hantise
Durant tout le temps où les PJ
vont rester dans la maison, ils vont
être les témoins d’événements
étranges et surnaturels. Les fan-
tômes peuvent utiliser l’énergie
psychique des êtres vivants situés
près d’eux pour créer des mani-
festations surnaturelles dans des
lieux qu’ils hantent. Ici, il s’agira
du fantôme de Théophilius qui
utilisera ces moyens pour se mani-
fester. Ces pouvoirs peuvent fonc-
tionner un certain nombre de fois
selon le cas :
• autant de fois qu’il le veut :
petits objets se déplaçant sur une
courte distance, sentiments de
tristesse soudains, bruits dans
la maison comme quelqu’un
qui marche à l’étage, murmures
incompréhensibles pour la
plupart…
• quatre fois durant le scé-
nario : des effets plus remar-
quables : coups dans les murs,
déplacement d’un vase lourd, il-
lusions effrayantes mais courtes,
voix fortes entendues, feux s’al-
lumant spontanément.
• deux fois durant le scéna-
rio : effets dévastateurs qui
peuvent blesser un homme
comme, par exemple, un effet
de combustion spontanée ou la
téléportation d’un objet ou d’une
personne qui apparaît soudaine-
ment dans une autre pièce de la
maison (le PJ croyant se rendre
dans un endroit précis se re-
trouve ailleurs dans la maison).
Isolement : un PJ se retrouve
seul dans une autre réalité durant
un certain temps, il erre dans la
maison, les autres ayant disparu.
Régénération de la maison au
cas où les PJ la détérioreraient :
celle-ci se rebâtit à l’identique
devant leurs yeux médusés…
Pour calculer une éventuelle
force d’effet, il suffit de considérer
un DD29 pour résister aux effets
ou un score d’Attaque de +23 en
cas d’objets lancés contre les PJ.
Les fantômes
des enfants
En plus de Théophilius qui se ma-
nifeste, les fantômes des enfants
cherchent à entrer en contact avec
les PJ. Ainsi, on peut les entendre
pleurer, courir, réclamer à manger
ou à boire. Les fantômes cherchent
à sortir de la maison, mais ils ne
peuvent se manifester trop long-
temps faute d’énergie astrale. De
toute façon, les PJ ne pourront les
libérer que lorsque Théophilius
sera convaincu de le faire…
Comment sortir
de la maison
Les PJ en venant ici seront piégés !
Théophilius dans sa folie ne se rend
même pas compte qu’il est mort.
Aussi les PJ doivent-ils organiser
une séance de spiritisme et invoquer
son esprit. Pour cela, il faut qu’un PJ
se désigne comme maître de céré-
monie et réussisse un test d’Occul-
tisme ou de Religions DD20.
Chaque participant peut aider selon
les règles habituelles. Si le jet est
échoué, une nouvelle tentative ne
sera permise que le lendemain.
Lorsque cette tentative réussira,
Théophilius apparaîtra comme il
était de son vivant : un homme
d’âge mûr, brun aux cheveux
courts, à la barbe parfaitement tail-
lée, aux yeux verts et vêtu d’habits
de bourgeois aujourd’hui démodés.
Comme souvent pour les fantômes,
Théophilius est bloqué dans un
état mental particulier qui le force
à faire et à refaire inlassablement
les mêmes actes. Il est resté dans
sa haine des dieux et c’est cela
qui l’empêche de s’apaiser, don-
nant ainsi le moyen pour son âme
de « s’alléger » et de quitter cet
espace qu'il s'est créé pour enfin
rejoindre l'Autre Monde. Quand
on essaiera de lui parler, il sera
évident qu'il restera ancré dans sa
colère vindicative à l'encontre des
divinités et qu'il leur crachera son
mépris. Les PJ devront alors se
confronter à lui pour contre argu-
menter ses propos haineux et le
faire sortir de sa vision obstinée du
monde. Il défend avant tout que les
dieux ont créé le monde mais l’ont
par la suite abandonné et qu’ils
sont indifférents aux destins et à
la souffrance des mortels. Bloqué
dans son schéma vicié de pensée,
Théophilius restera sourd à tout autre
type de discussion.
Pour convaincre le fantôme, il faut
utiliser la compétence Religion contre
son DD de Volonté qui est de 32. Ce
qui, pour des personnages de niveau
5 risque de s’avérer impossible. Mais
le MJ doit ajuster cette difficulté (LdB
page 504) selon les arguments des PJ.
Par exemple si les joueurs titillent la
corde sensible de Théophilius, notam-
ment en parlant de sa famille qu’il peut
retrouver dans l’Autre Monde, ou du
mal qu’il a fait aux enfants piégés ici,
lui qui était profondément bon durant
son vivant, cela mérite allègrement un
ajustement de -10 à la difficulté.
Cette joute verbale se gagne en trois
Points de Victoire (selon les règles du
GdM). Une réussite critique permet de
remporter deux points, une réussite
normale 1 et un échec critique en fait
perdre 1. À chaque test de Religion, il
faut tout recommencer depuis le début
(séance de spiritisme comprise pour
appeler Théophilius) car le fantôme dis-
paraît pour méditer au calme sur la dis-
cussion qui vient de se passer. Cela peut
donc prendre plusieurs jours. Espérons
dans ce cas que les PJ ont emporté avec
eux des rations. Lorsque les 3 Points de
Victoire seront atteints, Théophilius sera
convaincu de son erreur et comprendra
qu’une partie de son malheur actuel n’est
dû qu’à lui-même. Sa matérialisation
perdra alors de la consistance et il dis-
paraîtra en souriant aux PJ, aspiré dans
un tunnel à l’issue lumineuse. Les âmes
des enfants morts ici seront également
du voyage et les PJ verront s’afficher sur
leurs visages des sourires qui resteront
gravés dans leur mémoire à jamais.
Les aventuriers, ainsi que Pétronilla
réapparaîtront alors dans la maison
ruinée à Basseau, enfin libres. Si les
PJ ont la mauvaise idée d’affronter au
combat le fantôme, jouez cet affron-
tement normalement. Pour la bonne
suite de ce scénario, vu que le destin
des PJ se risque fort d’être tragique,
considérez que les aventuriers arrivent Le mage fantôme
finalement à quitter in-extremis la Théophilius, mage fantôme
maison astrale au moment où le fan- piégé dans le monde qu’il
tôme aura l’esprit embrouillé et ne son- a créé
gera pas à continuer le combat. Mais Apparence : homme d’âge
désormais, il s’attachera dans sa folie mûr, brun aux cheveux courts
au groupe de PJ qu’il hantera tant que tout comme sa barbe, aux
la solution proposée dans ce scénario yeux verts et vêtu d’habits de
bourgeois démodés.
ne sera pas utilisée pour que son âme
Alignement : chaotique
rejoigne l’après vie. Ainsi il faudra l’uti-
neutre mais neutre bon à
liser lorsque vous estimerez qu’il est
l’origine.
opportun de le faire (en plein combat, Caractéristiques : mage
lors d’une négociation avec un PNJ…). fantôme (B page 160).
Ramener Pétronilla
Choquée par ce qu’elle a vécu, elle
veut retourner auprès de son père,
un temps du moins, pour se sentir en
sécurité auprès de cette figure pater-
nelle autoritaire. Harald félicitera les
PJ en les payant et en promettant de
parler d’eux au Duc. Pétronilla réussira
finalement à faire fléchir son père, qui Intégrer Pétronilla dans
est bien trop heureux d’avoir retrouvé l’action
sa fille vivante, et celui-ci se laissera Pétronilla de Valsqueski,
convaincre : il autorisera sa fille à se jeune amoureuse bloquée
faire courtiser par Foulques. Mais ceci dans une dimension de
est une autre histoire et nos PJ vont poche
Apparence : fille aux cheveux
avoir du pain sur la planche dans la
bruns, aux yeux noisette et au
seconde partie de cette aventure…
regard intense. Elle porte des
habits nobles et des bijoux
Remise d’expérience qui arborent des motifs
Les personnages méritent une ésotériques.
Récompense Majeure (LdB page 508) Alignement : neutre bon.
ainsi que les xp correspondants au Caractéristiques : noble (GdM
niveau du Mage Fantôme si ils arrivent page 210) avec l’ajustement
de faiblesse (B page 6).
à le convaincre, tout comme si ils
Pétronilla, une fois qu’elle
l’avaient battu au combat.
a rejoint le groupe, peut
aider les PJ à se défaire de
Fin de l’acte I. cette situation. D’abord, sa
présence offre un bonus
Dans l’acte II, les PJ, pistonnés par
permanent de +2 aux
Harald, vont entrer au service du Duc
tentatives de spiritisme :
pour l’aider dans la guerre contre elle est férue de tout ce qui
Manfred. À suivre dans le prochain concerne l’au-delà. À ce titre,
numéro de Casus Belli ! elle pourrait aider les PJ dans
Sébastien Urbanek leur argumentation face à
Illustrations : Anthony Boursier Théophilius et, si ceux-ci ne
Plans et carte : Camille Bourgoin pensent pas au spiritisme,
elle peut faire la proposition.
SCÉNARIO | 143
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
144 | SCÉNARIO

TED
Ce scénario court est idéal pour de l’initiation ou une
SHADOWRUN 6
partie en salon. Son ton est volontairement décalé
et se veut un clin d’œil au film - pas forcément du
meilleur goût - du même nom.

En quelques mots… L’e-conscience a émergé progressive-

Synopsis ment dans les serveurs de Black Bear
Les PJ sont embauchés et Ted n’a pleinement compris ce qu’il
par la corpo GameUp Les PJ sont embauchés par la corpo
GameUp pour extraire en urgence était qu’en 2080.
pour extraire en urgence
Tedorik Peluchowski, un program- Pendant deux ans, il a mis son sens
Tedorik Peluchowski, un
programmeur expert en meur expert en jeu en Réalité aug- du « gaming » et ses talents naturels
jeu en Réalité augmentée mentée travaillant pour Black Bear pour la programmation au service de
travaillant pour Black Bear Entertainement, lors de la PAX Black Bear. Les jeux de la corpo ont
Entertainement, lors de la West, un grand salon du jeu. Mais la rapidement connu un succès bien plus
PAX West, un grand salon du cible qu’on leur indique n’est pas la retentissant que les précédents, ce qui
jeu. Mais la cible qu’on leur bonne. La véritable cible est une IA im- finit par attirer l’attention de plus gros
indique n’est pas la bonne. requins et conduit à son rachat par le
plantée dans un jouet en forme de pe-
La véritable cible est une groupe Horizon.
luche d’ours appelée Ted. Les runners
IA implantée dans un jouet Mais les nouvelles directives mises
en forme de peluche d’ours doivent s’en rendre compte et s’en em-
parer avant qu’une équipe travaillant en place à la suite du rachat par la
appelée Ted. Les runners mégacorpo AAA n’étaient pas au goût
doivent s’en rendre compte pour une autre corpo, AsmoNight
Developements, ne mette la main de Ted, et des rêves d’« ailleurs » ger-
et s’en emparer avant
sur l’ours en synthé-peluche. mèrent dans les lignes de code qui
qu’une équipe travaillant
pour une autre corpo, composent son esprit. L’IA a alors
AsmoNight Developements, tenté de se projeter dans l’immensité
ne mette la main sur l’ours en L’histoire de la Matrice. Malheureusement, son
être numérique ne peut exister s’il ne
synthé-peluche.
Tedorik Peluchowski est un tourne pas dans un environnement de
génie de la programmation de jeu code appartenant à la corpo qui l’a vu
en RA. Son talent fait la fortune de naître.
la corpo qui l’emploie, Black Bear
Fiche technique Entertainement, devenue filiale
Ted a alors cherché à contourner
cette limite. Il trouva de l’aide en la
TYPE • Exfiltration d’Horizon, spécialisée dans les jeux personne de Craig Haley, l’un des
PJ • Débutant en tout genre. Black Bear prend grand ingénieurs de Black Bear avec qui il
MJ • Débutant soin de sa pépite et, pour éviter de se travaillait régulièrement sur la concep-
Joueurs • Débutant la faire voler, a toujours maintenu son tion de jeux. Craig et Ted partageaient
ACTION  identité dans l’ombre. une attirance commune pour leur col-
AMBIANCE  Et pour cause : Tedorik Peluchowski, lègue Olivia Eymar, tout en étant in-
INTERACTION  Ted pour ceux qui le connaissent, capable l’un comme l’autre, mais pour
INVESTIGATION  n’est pas métahumain, mais une IA. des raisons naturellement différentes,
 SCÉNARIO | 145
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
146 | SCÉNARIO
SHADOWRUN 6
Mme Johnson
(Ellen Sana)
Naine, 27 ans, tailleur violet,
rose et fuchsia. Taches de
rousseur, cheveux bi couleur
mauve vers crème, couettes,
lunettes rondes trop grandes,
sac à main zébré or et argent.
Test de perception (4) pour
apercevoir une broche « GU »,
pour GameUp, accrochée
au sac).
Pas très à l’aise, ne doit pas
avoir l’habitude d’embaucher
des runners.
de conclure. Leurs échecs les rap-
prochèrent. Lors d’une soirée où ils
avaient tous deux essuyé un nouveau
râteau, Ted proposa à Craig d’équiper
l’un des jouets phares de Black Bear,
un ours en peluche semi-autonome,
de suffisamment de puissance proces-
seur pour héberger son e-conscience.
Quelques jours plus tard, Ted s’offrait
une balade en dehors des bureaux de
Black Bear, dans le corps d’un ourson
en synthé-peluche.
Les deux compères prirent l’habi-
tude de passer des soirées ensemble
et construisirent une véritable amitié.
Pourtant, l’absence de liberté pesait
toujours pour Ted. D’autant plus que,
grâce à ses conseils, Craig finit par
conclure avec Olivia, et que Ted se
retrouva délaissé, abandonné sur les
serveurs de Black Bear.
Alors, Ted chercha un nouveau
moyen de s’enfuir. Il finit par entrer en
contact avec Ellen Sana, de la corpo
GameUp, qui cherchait à débaucher
le génie derrière les jeux de Black Bear.
Ted se dit qu’une fois chez GameUp, il
pourrait les convaincre de mettre les
ressources nécessaires pour le libérer
de ses chaines numériques en échange
de ses créations.
Prudent, Ted ne révéla pas sa véri-
table nature lors des premiers contacts
avec GameUp. Compte tenu du fait
qu’il ne peut survivre en dehors d’un
« environnement » Black Bear, son
extraction ne peut avoir lieu que s’il
s’est téléchargé dans le corps de l’ours
en synthé-peluche (chose qu’il ne peut
faire sans l’aide de Craig Haley). Ted
fait donc patienter GameUp jusqu’au
moment opportun.
Celui-ci prend la forme de la PAX
West, le grand événement du gaming
de Seattle. Ted tente de convaincre
Craig de l’emmener au show que Black
Bear organise pour la sortie du nou-
veau jeu (dont l’IA est le grand arti-
san) pour qu’il y assiste « comme les
autres ». Craig refuse, jusqu’au jour J,
où il finit par céder aux suppliques de
son ami numérique. Ted contacte alors
en urgence Ellen Sana pour organiser
son extraction, le jour même, sur le
salon.
Soucieux de conserver sa nature
secrète jusqu’au dernier moment, Ted
choisit de faire passer Craig Haley pour
la personne se cachant derrière l’iden-
tité fictive de Tedorik Peluchowski. Ted
transmet donc une photo de son ami
pour que l’équipe de GameUp puisse
identifier leur cible, pensant que lui et
Craig seraient forcément ensemble…
Ce que Ted, Craig et même GameUp
ignorent, c’est qu’Olivia Eymar tra-
vaille en fait pour AsmoNight
Developpement (AND), une corpo
rivale dans le secteur du jeu, et qu’elle
pratique l’espionnage industriel pour
leur compte depuis plusieurs années.
Le jour de la PAX, Craig se voit obli-
ger de révéler à Olivia qu’il est capable
de sortir Ted des serveurs de Black
Bear en le téléchargeant dans un jouet
de la marque. Olivia comprend alors
qu’elle est en mesure de voler la plus
grande ressource de Black Bear. Elle
contacte son véritable employeur pour
organiser le vol de l’ours en synthé-pe-
luche sur le salon.
Scène 1 :
Embauche
Objectif de la scène :
Embaucher les runners
Date : 20 février 2081, 17h
Lieu : Audacity Wine Bar, Downtown
Seattle, à 5 min du Washington State
Convention Center
Informations préalables :
Le fixer des runners les a branchés
sur un run urgent. Tenue correcte
exigée.
Ambiance :
• Bar à vin classe et chic,
• Couleurs : bordeaux, chêne, noir, gris
pierre
• Moquette feutrée,
• Habillage RA pour donner l’illusion
d’un plafond voutée en pierre
• Confort, chaud, calme
• Musique : piano
• Alcôve privée avec ouverture circu-
laire type fût de vins
• Personnels : pantalon noir, che-
mise blanche, veston bordeaux
• Clients : divers cadres corpos, ma-
joritairement humains, un groupe
de jeunes gens qui parlent beaucoup
trop fort pour l’endroit des jeux vidéo
qu’ils ont vu l’après-midi même au
salon PAX.
Infos de base sur le run :
• Mme Johnson souhaite extraire une
personne d’une corporation, afin
qu’elle rejoigne ses employeurs.
• La cible est volontaire. Elle doit reve-
nir vivante.
• Le timing est crucial, l’extraction doit
avoir lieu dans quelques heures
• La paie est de 20 000¥ (max 30k, car
Johnson est coincée par le timing)
• Johnson accepte une avance de
1 000¥ par runner en gage de bonne
foi
Détails du job :
• La cible est un informaticien, spé-
cialisé dans les jeux vidéo travaillant
pour Black Bear Entertainements,
nommé Tedorik Peluchowski.
• Johnson sait qu’il s’agit d’une fausse
identité créée de toute pièce par
Black Bear pour conserver l’anony-
mat de sa pépite.
• Johnson et Tedorik ont convenu de
son extraction (Johnson ne voudra
pas rentrer dans les détails de la ma-
nière dont ils sont entrés en contact).
• Johnson remet une photo de Tedorik
(en fait, une photo de Craig Haley).
• Black Bear doit tenir un show à 19h
pour le lancement de leur nouveau
jeu en réalité augmentée « Beers &
Bears » lors de la PAX, le salon du La PAX West
jeu. Tedorik y sera. La Penny Arcade Expo est un
• La PAX se déroule au Washington gros salon rassemblant tous
State Convention Center, à deux pas types de jeux (matriciels,
de l’Audacity. jouets, jeux de société...),
mais également tous les
• Johnson peut fournir des entrées produits dérivés de la culture
« standard » pour accéder au salon. geek.
• Le show de lancement se déroule Toutes les corpos du jeu
dans l’amphithéâtre « Azure ». s’y retrouvent chaque
• Johnson ne sait pas comment année pour présenter leurs
nouveautés et la foule,
Tedorik se rend à la PAX, ni comment
Black Bear compte l’en faire sortir, nombreuse, répond présente.
mais vu le soin que la corpo prend à
Black Bear
conserver son génie, elle imagine que
Entertainment
sa sécurité est bien assurée.
Étoile montante du jeu en RA,
• Une fois la cible extraite, elle doit être Black Bear était une corpo
remise à 23h30, à l’hôtel Carlton de parmi d’autres jusqu’au
Bellevue, chambre 424. recrutement du mystérieux
• Johnson fournit un numéro de com- Tedorik Peluchowski,
mlink jetable où les runners peuvent qui signe maintenant la
la joindre en cas d’urgence. quasi-totalité de leurs
jeux matriciels. Le succès
grandissant de leurs produits
Scène 2 : a attiré l’attention du Groupe
Horizon qui a racheté la
Entrer dans la PAX corpo l’année dernière.
Objectif de la scène :
Rentrer dans le Washington State GameUp
Corporation de Seattle
Convention Center
basée sur le jeu en ligne,
Lieu : Washington State Convention
la société avait le vent en
Center, Downtown Seattle poupe, mais les nouveaux
Ambiance : produits de Black Bear ont
• Grand complexe d’exposition occu- mis à mal sa position. Ses
pant un bloc entier, au moins 5 étages derniers produits ont été des
• Projections en RA dans tous les sens échecs et la corpo cherche
de plein de personnages de jeux maintenant à se relancer.
• Foule, bruit, énergie, lumière
• Cosplay, enfants, badauds
Entrée publique
• File d’attente importante
• Contrôle de sécurité, détecteur
d’anomalie magnétique (indice 3)
aux entrées.
Serveurs de la pax
Entrée VIP
Serveur Public (Indice 4)
• Accès par l’un des côtés du bloc ACTF: 4/5/7/6
• Sécurité renforcée, nombreuses Serveur de Sécurité (Indice 7)
caméras ACTF: 8/7/9/10, Spider Vol 4
SCÉNARIO | 147
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
148 | SCÉNARIO
SHADOWRUN 6
L’ourson Ted
Ted est implanté dans l’un
des produits phares de Black
Bear : une synthé-peluche en
forme d’ours, tout mignon,
d’environ 50 cm. Ce modèle
est doté de fonction moteur
relativement simple et
d’un synthétiseur vocal qui
lui permet de s’exprimer.
C’est d’ailleurs son célèbre
grognement qui ressemble
à un rot qui l’a rendu si
populaire.
Les modifications apportées
par Craig Haley permettent
à l’IA de s’exprimer
parfaitement (bien qu’il ait
pris l’habitude de « faire
l’ours stupide » en public).
Son registre de langue et
d’ailleurs plutôt grossier,
ce qui tranche avec la
« mignonerie » de son
enveloppe.
Ted peut également se
déplacer, courir et accomplir
quelques fonctions de base,
bien qu’il ne dispose pas de
pouces opposables (à son
grand désespoir).
La personnalité de Ted est…
celle d’un jeune homme qui
a passé sa vie enfermée et
qui a soif de découvertes.
Particulièrement celles
dangereuses, illégales et
moralement répréhensibles.
• Présenter un SIN accrédité sur la
liste des invités
• Hacker le serveur pour modifier la
liste ou Imiter un ordre au moment
du scan
• Accès aux parkings privés sous-
terrains gardés par deux agents de
sécurité.
• Portail fermé, ouvert par commu-
nication avec le poste de sécurité à
l’intérieur
Entrée exposants
• Accès par l’arrière du bloc
• Zone extérieure délimitée par mur
d’enceinte de 3,5m (possible à
franchir)
• Quai de déchargement, nombreux
véhicule, camions…
• Caméras de surveillance sur les prin-
cipaux points d’accès
• Portail pour véhicule gardé par un
agent de sécurité dans guérite (pas
de détecteur)
• Portail d’accès « piéton » gardé par
deux agents : présenter un passe
exposant pour rentrer. Détecteur
d’anomalie magnétique (indice 3).
• Des exposants sortent régulièrement
de la zone pour prendre l’air, fumer,
aller boire un verre ou tout simple-
ment, car ils ont fini leur journée.
Scène 3 :
Extraire...
qui, au fait ?
Objectif de la scène : Localiser le
vrai Tedorik et l’extraire
Ambiance dans le salon :
• Musique techno
• Obscurité / Show lumière et RA dans
tous les sens / Publicité / Spam
• Foule colorée / Sentiment d’étouffer
/ Odeurs multiples / Sueur
• Stands / Cosplays / Bimbos /
Mascottes
Ambiance dans l’amphithéâtre
Azure :
• 450 places assises sur fauteuil rouge
• 3 premières rangées réservées à
l’équipe de Black Bear Entertainment
et à la presse
• Scène de 20 m x 10 m. Décors consti-
tués de caisses de bière frappées du
logo de Black Bear (trois hommes à
tête d’ours en costume-cravate)
• Projecteur tridéos qui diffusent des
images du futur hit RA « Beers &
Bears », un jeu où on attaque les
joueurs, skinnés en ours, à coup de
cannettes de bière.
• Culte de la personnalité de Tedorik
Peluchowski
• Ours en synthé-peluche omnipré-
sents dans la salle.
• 2 agents de sécurité à l’entrée de
l’amphithéâtre, 4 autres devant la
scène (1 tous les 5 m), plus 2 autres
en coulisses
Déroulé
• Craig Haley, Ted (dans l’ours) et
Olivia Eymar se trouvent au premier
rang du public.
• Craig Haley n’est pas au courant des
plans de Ted, et ne s’attend donc pas
à être extrait. Si les runners prennent
le temps de lui parler, notamment de
Tedorik, il comprendra rapidement
que l’IA y est pour quelque chose.
Il ne s’opposera pas à l’extraction,
même s’il sera triste de perdre son
ami.
• Olivia Eymar saisira la moindre oc-
casion pour s’enfuir avec l’ours en
synthé-peluche
• Ted veut s’enfuir, mais ne connaît
pas les motivations d’Olivia. Dans
un premier temps il risque de penser
que celle-ci s’oppose à son départ de
Black Bear.
• L’équipe d’AsmoNight Developements
peut intervenir au moment le plus
opportun pour créer le climax du
scénario
Conclusion Agent de sécurité de la PAX
• Si les PJ ramènent un ours en pe- CON AGI RÉA FOR VOL LOG INT CHA ESS
luche à Mme Johnson, il faudra la
4 3 4 (5) 4 2 2 3 2 4,8
convaincre qu’ils ne sont pas en
train de se moquer d'elle. Suivant SD I/DI PA ME Déplacement
l’humeur, elle peut les payer comme 8 8/2 MAJ 1, MIN 3 10 10/15/+1
convenu, ou refuser de prendre l’IA, Compétences : Armes à feu 4, Athlétisme 3, Biotech 2, Combat
ce qui laissera les PJ avec un ours sur rapproché 3 (Armes contondantes +2), Électronique 2,
les bras. Furtivité 2, Influence 2 (Intimidation +2), Perception 4,
• Si les PJ ramènent Craig Haley, Pilotage 2, Plein air 2
Mme Johnson les paiera, avant de se Augmentations : yeux cybernétiques (indice 2, caméra, inter-
rendre compte qu’elle n’a pas le génie face visuelle, smartlink), réflexes câblés 1
escompté et nourrir une rancœur te-
Équipement : commlink Sony Emperor (IA 2, T/F 1/1), veste
nace à l’égard des runners.
pare-balles
• Si les PJ ne ramènent personne, ils
Armes :
feraient mieux de ne même pas se
présenter devant Mme Johnson. Mains nues [Mains nues, VD 2P, SO 9/—/—/—/—]
Électromatraque [Arme contondante, VD 5E(e),
Romano Garnier
SO 10/—/—/—/—]
Illustration © Catalyst Game Labs
Browning Ultra Power [Pistolet lourd, VD 3P, SA, SO 10/9/6/—
/—, 10 (c)]

équipe d'AsmoNight
Development
CON AGI RÉA FOR VOL LOG INT CHA ESS
4 4 4 (5) 4 4 2 4 1 4,8

SD I/DI PA ME DÉplacement
8 9/2 MAJ 1, MIN 3 10 10/15/+1
Compétences : Armes à feu 4 (Pistolets +3), Athlétisme 4,
Biotech 2 (Premiers soins +2), Combat rapproché 4,
Électronique 2, Furtivité 4, Influence 3 (Intimidation +2),
Perception 6, Pilotage 2, Plein air 4
Augmentations : réflexes câblés 1, smartlink
Équipement : commlink Sony Emperor (IA 2, T/F 1/1), veste
pare-balles
Armes :
Mains nues [Mains nues, VD 2P, SO 9/—/—/—/—]
Couteau de survie [Arme tranchante, VD 3P, SO 12/2*/—/—/—
] (*portée max 20 mètres)
Ares Predator VI [Pistolet lourd, VD 3P, SA/TR, SO 12/12/10/—
/—, 15 (c)]
Ares Alpha [Fusil, VD 4P, SA/TR/TA, SO 6/12/11/9/4, 42 (c)]
Lance-grenades Ares Alpha [VD selon grenade, SA, SO
6/12/8/4/—, 6(c)]

SCÉNARIO | 149
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
150 | AIDES DE JEU
PJ ONLY

PJ ONLY

JOUER
SUR LES RIVALITÉS
PvP, joueurs contre joueurs. Dans la vision la plus « vanille » que
JO
P

l’on se fait souvent du jeu de rôle, les personnages forment un

N LY groupe soudé et travaillent ensemble vers un objectif commun.
Pourtant, jouer les rivalités entre les personnages peut apporter
beaucoup à votre campagne, à condition de bien gérer cet
aspect.

stress et du ressentiment par la suite.

PvP ?
Player versus player (parfois
« joueur contre joueur ») est
un terme qui décrit, dans
le monde vidéoludique, un
mode de jeu où les combats
entre les personnages des
joueurs sont possibles.
Dans un jeu de rôle en ligne
massivement multijoueur
(MMORPG), le mode PvP
permet aux joueurs de se
mesurer les uns aux autres
et de tuer l’avatar d’un autre
joueur. Dans certains jeux,
seules des zones clairement
identifiées le permettent.
Nous l’avons détourné pour
le jeu de rôle sur table pour
parler de la possibilité pour
les joueurs de faire s’affronter
leurs personnages plutôt
que de se limiter à une
collaboration de tous les
instants.
La confiance règne
Avant de se lancer dans une cam-
pagne ou les rivalités entre person-
nages peuvent être jouées, voire sont
encouragées, le maître mot, c’est la
confiance. Le plus simple est de com-
mencer avec un groupe existant, où
les joueurs ont l’habitude de jouer en-
semble et savent que ce qui se passe à
la table se fait dans le plus grand res-
pect et en confiance. Quand la partie se
termine, on redevient tous amis.
Pour mettre en place cette confiance,
rien de tel qu’une session zéro pendant
laquelle la possibilité de PvP sera évo-
quée et discutée. Qu’est-il permis de
faire ? S’agit-il simplement d’avoir des
discussions houleuses ou peut-on vo-
lontairement contrecarrer les plans des
autres joueurs ? Qu’en est-il de la vio-
lence physique ? Un personnage peut-il
s’attaquer à un autre ? Peut-on tuer ?
Toutes ces questions doivent être
traitées avant de commencer à jouer,
avant même de créer les personnages.
Et chacun devra se sentir à l’aise avec
les réponses apportées. Si les conclu-
sions ne vous conviennent pas, il vaut
mieux poliment refuser de prendre part
à la campagne que de vous infliger du
Si votre envie du moment, c’est du jeu
de rôle en coopération totale, il est plus
sage de passer votre tour.
Restez dans
votre personnage
C’est une règle sacro-sainte : si vous
jouez en PvP, restez toujours dans
votre personnage. Prenez bien garde
à ne pas glisser vers la dispute entre
joueurs. Tous les sentiments négatifs
peuvent être ressentis par votre per-
sonnage, mais prenez bien garde au
Bleed out, aux émotions qui s’extirpent
de votre alter ego pour vous contami-
ner, vous, joueur. En personnage, vous
pouvez détester un autre PJ, lui vouloir
du mal et jurer devant tous les dieux du
chaos que vous aurez votre vengeance
sanglante. En tant que joueur, vous
êtes cool, vous passez un bon moment
avec vos potes autour de la même
table. Si vous sentez que vous prenez
une pente glissante, arrêtez tout de
suite.
Il faut aussi s’assurer que tout le
monde puisse faire la différence entre
les moments où vous vous exprimez
en tant que personnage ou en tant que
joueur. Peut-être avec un accent ou
une manière de parler particulière ?
Ou en faisant un geste pour préci-
ser que vous parlez en tant que
joueur (croiser les doigts ostensi-
blement, par exemple). Lorsque
vous pointerez du doigt quelqu’un
en lui disant « Toi, dès que je peux,
je te découpe en morceaux et je te
donne à manger aux chacals »,
il est très important que tout le
monde sache que c’était votre per-
sonnage qui parlait. La plupart du
temps, c’est évident, mais mieux
vaut prévenir que guérir. Et en cas
de doute, ce n’est pas grave de pré-
ciser que « c’était mon perso qui
parlait, hein, on est d’accord ! »
Pauses
et débriefing
Il est peut-être plus utile que
d’habitude de faire des pauses
régulières pour vérifier que tout le
monde est toujours cool avec ce qui
se passe à table. Toutes les heures,
ou à chaque fois qu’un truc horrible complots, on terrasse des enne-
vient de se passer dans la fiction, mis et on amasse des trésors de
prendre cinq minutes pour respirer manière coopérative. Autoriser le
peut être salutaire. PvP ne signifie pas faire tourner la
De même, à la campagne autour
à la fin de la séance,
fin de la séance,
ne quittez pas  de cet élément.
ne quittez pas la table Restez raison-
la table sans un sans un débriefing... nables et ne pas-
débriefing sur
les événements, notamment ceux

sez en mode PvP
que pour quelque chose qui tient
qui ont été conflictuels entre plu- vraiment à cœur à votre person-
sieurs personnages. Tout le monde nage ou pour quelque chose qui a
doit être à l’aise et avoir pu s’expri- un certain enjeu. Si c’est pour déci-
mer avant de quitter les lieux de la der si le groupe prend à gauche ou à
partie. Personne ne devrait repartir droite dans le donjon, ça n’en vaut
chez lui avec un sac-à-dos de res- sans doute pas la peine.
sentiments non exprimés. Dans la même optique de jeu
« raisonnable », maîtrisez votre ro-
leplay. Quand la discussion devient
Raison garder
Ce n’est pas parce que le PvP a
houleuse, que le sujet est clivant,
il est fréquent d’élever le ton, d’in-
été autorisé pendant la session terrompre son interlocuteur, voire
zéro que vous devez systéma- d’avoir des gestes agressifs. On
tiquement vous en prendre aux reste calme. On peut bien sûr parler
autres joueurs. La partie peut être plus fort et plus vite pour montrer
une session de jeu de rôle tout à l’énervement de son personnage,
fait normale où l’on déjoue des mais laissez toujours à l’autre
AIDES DE JEU | 151
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
152 | AIDES DE JEU
PJ ONLY

joueur le loisir de s’exprimer, de naturel de la punch line qui tue, « Ryan ne capte rien à la techno-
rétorquer, et de s’énerver lui aus- de la petite pique bien sentie. Les logie moderne », etc. Au moment
si. Plutôt que de monopoliser le autres, ceux qui n’ont pas systé- adéquat, vous pourrez sortir une
temps de parole pour exprimer la matiquement une répartie mor- petite phrase qui tue. À Yaëlle :
colère de votre personnage, ten- dante au moment voulu, doivent « Oh, moi je veux bien rencontrer le
dez des perches se préparer. Un duc, mais je suggère que Yaëlle se
Vous pouvez décrire truc

pour que la dis- simple : lave d’abord. Je peux lui prêter mon
cussion reste un une agression (« Je le prenez quelques savon, je pense qu’elle n’en a pas ».
échange. Quant notes pendant À Mickey : « OK, tu fais le guet dans
à votre gestuelle, gifle »), mais laissez vos la partie au la boutique. Hey, concentre-toi, tu
restez mesuré. mains sur la table…
Un doigt pointé ou les bras aux  sujet des autres
personnages.
Notez de courtes phrases qui vous
demanderas les clientes en mariage
une autre fois ! » Faites l’exercice
pour Zia et Ryan. Vous verrez, c’est
ciels passent aisément, mais des
gestes trop agressifs (poings ser- viennent à l’esprit lors de certaines facile.
rés et menaçants) peuvent laisser scènes. Par exemple, lors d’un
à penser que vous sortez de votre
personnage. Et, cela va sans dire,
arrêt à l’auberge, le joueur qui in-
carne Yaëlle indique qu’elle passe
Jouer « avec »,
mais c’est plus clair en le disant : la phase du bain pour se rendre pas « contre »
pas de contact physique. Vous directement au bar. Notez « Yaëlle Le meilleur moyen pour que la
pouvez décrire une agression (« Je est laxiste sur son hygiène corpo- campagne bénéficie de son aspect
le gifle »), mais laissez vos mains relle ». Vous aurez rapidement des PvP, c’est de vous assurer de jouer
sur la table… petites accroches pour chacun des avec les autres joueurs, pas contre
personnages et pourrez les réuti- eux. Même une partie en PvP reste
liser au moment idéal pour lancer une partie de jeu de rôle normale
Avoir du mordant le PvP : « Mickey tombe amou- qui tire toute sa saveur des inte-
Pour certains, le jeu en PvP n’est reux quatre fois par semaine », ractions entre les personnages. La
pas naturel. Certains ont l’art « Zia ne jure que par la violence », différence, c’est que vous pouvez
appuyer un peu là où « ça pique ». Plutôt
que de mettre en lumière les points
forts de vos compagnons, rappelez-
leur leurs échecs ou leurs faiblesses.
Amenez les discussions sur vos points
de dissension pour démarrer un
échange de points de vue (houleux,
peut-être, mais respectueux, toujours,
relisez les conseils précédents). Dans la
campagne L’Hérésie cathare (Vampire :
Dark Ages), mon groupe comporte des
personnages qui se désintéressent de
la religion (au profit de la science ou de
l’occultisme), d’autres qui souhaitent
promouvoir la foi cathare et d’autres
qui sont de fervents catholiques. Il suf-
fit de lancer une discussion sur le sort
à réserver aux hérétiques pour que le
débat s’enflamme (prononcer le mot
« hérétique » suffit, en général).
Cela dit, et cet exemple le démontre
parfaitement, le but de la discussion
n’est pas de « gagner » le débat. Avec
des personnages aux points de vue si
antagonistes, vous pourriez discuter
des heures sans atteindre un consen-
sus, ni même faire pencher la balance
d’un iota. Le but du jeu est un roleplay
endiablé, décomplexé de son aspect
coopératif traditionnel, mais qui n’a
pour objectif que le plaisir de l’interpré-
tation. Si votre but est de faire chan-
ger un autre joueur d’avis, vous finirez
dans une impasse. Si vous jouez en
connaissance de cause, cette impasse
ne sera pas un frein à votre plaisir.
Jouer « avec », c’est aussi compenser
les moments PvP par des moments de
symbiose et d’accords entre les person-
nages. Après tout, si chaque discussion
vire à la dispute, le groupe se dislo-
quera à terme, quelle que soit l’impor-
tance des objectifs communs qui les
rassemblent. Pensez aux « buddy mo-
vies ». Dans ces films, on fait en général
cohabiter deux personnages que tout
oppose (L’Arme fatale, Toy Story, La
Grande Vadrouille) qui doivent collabo-
rer pour atteindre un objectif commun,
plus important que leurs divergences
d’opinion ou de méthodes. Faites pa-
reil. Soyez durs avec vos congénères,
mais compensez par des moments de
complicité, ou vous pouvez finalement
vous retrouver. Comme dans les buddy
movies, où les héros finissent par se
respecter ou s’aimer.
Pour créer ces moments positifs, plu-
sieurs options s’offrent à vous. Vous
pourriez vous intéresser aux intrigues
personnelles ou aux plans d’un autre
personnage et l’aider à les faire pro-
gresser. Si votre compagnon convoite
un artefact, aidez-le à l’obtenir. S’il
cherche à se faire pardonner par un
être aimé, mettez-le en valeur lors
d’une scène face à ce PNJ. Si son projet
à long terme est de rendre son lustre
au comté dont il est l’héritier, parti-
cipez au mieux de vos compétences
(peut-être avez-vous un réseau de
contacts utile, ou peut-être êtes-vous
un chef de guerre qui pourrait reformer
son armée). Vous pouvez également
le solliciter pour vos propres intrigues
personnelles. Demandez-lui son avis
sur un plan que vous mettez en place
et donnez du poids à cet avis, respec-
tez le point de vue différent que vous
êtes allé chercher chez lui. Vous avez
peut-être besoin d’une compétence
particulière qu’il possède (ou une autre
ressource, financière ou magique par
exemple).
Jouer à l’équilibriste entre les mo-
ments de PvP et les moments de colla-
boration ou de camaraderie participera
à garder l’intérêt de la partie. Cette pra-
tique permet d’osciller entre moments
positifs et négatifs et de jouer aux
montagnes russes (Pour en savoir plus,
voir le MJ-Only du Casus Belli #35).
En résumé, pour tenter l’expé-
rience du PvP, assurez-vous de jouer
en confiance, différenciez bien votre
personnage de votre propre ressenti,
préparez-vous, soyez raisonnable et
oscillez entre le jeu « contre » et le jeu
« avec ». Et surtout, amusez-vous !
Étienne Goos
AIDES DE JEU | 153
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
154 | AIDES DE JEU
MJ ONLY

MJ-ONLY

INTERACTIONS
SOCIALES
Le jeu de rôle est une conversation. Et pourtant, on trouve
JO
M

bien plus de règles pour gérer les combats et les scènes

N LY d’action que pour les interactions sociales. Il en va de
même pour les articles de conseils. Alors une fois n’est pas
coutume, ce MJ-Only va s’intéresser aux discussions entre
les personnages et les PNJ.

de l’Actors Studio, nous sommes limi-

Connaissez vos PNJ
Pour juger si une approche
peut fonctionner avec un PNJ,
l’idéal est de bien connaître
ce dernier. Quelles sont ses
motivations, ses objectifs ?
Quels secrets possède-t-
il ? Quel point de pression
pourrait le faire craquer ?
Quel serait son prix ? Ce qu’il
sait est-il exact ? Est-il relié à
une faction de la campagne ?
Est-il là justement pour
fournir de fausses infos aux
personnages ? Plus vous en
savez, mieux vous serez prêts
à gérer une action sociale.
Le roleplay
ne suffit pas
Des études ont démontré que 93 %
du message passe par le langage non-
verbal. Que le pourcentage soit vrai ou
exagéré importe peu. L’important, c’est
de comprendre qu’un message, lors
d’une conversation, passe en grande
partie par le non-verbal (intonation, ex-
pression faciale, posture du corps, etc.)
Or, en jeu de rôle, la plupart du temps,
nous sommes sagement assis autour
de la table, ce qui limite notre roleplay
à la parole et (un peu) à l’intonation
et aux expressions faciales (impercep-
tibles si la table est grande). Si on se
base sur ces études, une bonne partie
de notre message est donc perdu entre
le moment où notre cerveau décide de
son contenu et le moment où un autre
joueur à la table le perçoit.
J’en viens dès lors au titre très « bon-
dien » de ce paragraphe : notre role-
play, aussi bon soit-il, ne suffit pas à
convoyer complètement le message
que nous avions l’intention de faire
passer. D’autant que, en tant que MJ,
nous devons interpréter de multiples
personnages et que si un joueur peut
aisément trouver « la voix » de son per-
so, à part ceux d’entre nous qui sortent
tés dans notre capacité à interpréter
chaque PNJ avec son propre langage
non-verbal. Pour mener une interac-
tion sociale, il faut donc également
décrire ce langage non verbal afin que
les joueurs en aient conscience. « Le
chef de la garde est agressif et se tourne
très régulièrement vers le duc pour insis-
ter sur votre culpabilité » ; « Même s’il
semble satisfait de vos services, le ton
de M. Johnson est quelque peu sarcas-
tique lorsqu’il vous remet votre paye-
ment » ; « Ses paroles sont de miel, mais
le Ventrue se positionne toujours de ma-
nière à ne pas vous regarder en face ».
Bien entendu, cette description du
non-verbal d’un PNJ doit se limiter à ce
que les personnages peuvent percevoir.
Que le chef de la garde soit agressif
parce qu’il est sincèrement convaincu
de la culpabilité des PJ ou qu’il soit à la
base du complot qui les utilise comme
bouc-émissaires, c’est aux joueurs de le
découvrir (nous y reviendrons plus loin).
Une action sociale
est une action
Revenons un instant aux fondamen-
taux du jeu de rôle, à ce qu’on a coutume
d’appeler le « système zéro » : le joueur
présente, décrit, exprime ou inter- des conséquences de l’action en se
prète les intentions de son person- basant sur le résultat de ce jet.
nage ainsi que la manière dont il Pour une interaction sociale, il n’y
compte s’y prendre, le MJ évalue si a aucune raison de pratiquer autre-
cette intention est réalisable, dans ment. Cependant, j’en conviens,
quelle mesure, et quelles seront les c’est plus délicat. Le joueur ne dé-
conséquences d’un succès ou d’un clarera peut-être pas « je veux ba-
échec. Selon ce que le MJ a évalué ratiner le garde pour qu’il me laisse
de la scène, il peut la poursuivre en entrer ». Il interprétera la conver-
mode conversation et enchaîner sation, vous lui répondrez et vous
sur les conséquences de l’action devrez un peu deviner les inten-
ou choisir d’utiliser un point de tions du joueur pour pouvoir gérer
règle, d’exiger un jet de dés (ou une l’action. En effet, vous ne pourrez
autre mécanique du jeu) et décider pas demander un jet de compé-
ensuite, selon tence à chaque
Pour déterminer les phrase.
le résultat, des
conséquences.  intentions du joueur,
Vous
devrez d’abord
Dans le cas juger des inten-
d’une attaque,
il n’y a qu’une seule
tions du joueur
c’est évident : le technique évidente : et déterminer du
demandez-lui.
joueur exprime
qu’il attaque,
avec quelle arme, et le MJ juge si
 moment précis
où, de simple
conversation, la scène devient
c’est réalisable (la cible peut être une véritable action d’interaction
hors de portée ou immunisée à sociale.
l’arme utilisée) et si c’est le cas, de- Pour déterminer les intentions
mande un jet d’attaque. Il décidera du joueur, il n’y a qu’une seule
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
technique évidente : demandez-
lui. « OK, là, tu souhaites l’embobi-
ner avec quelques mensonges pour
qu’il croie que tu es bien un nou-
veau membre du personnel du duc
et que tu as le droit d’entrer dans le
cellier, c’est bien ça ? » Demander
les choses clairement vous évitera
ces moments où vous devez rem-
bobiner parce que vous aviez mal
interprété les intentions du joueur.
Pour décider du moment crucial
où la conversation devient action
sociale, deux éléments entrent en
jeu : la manière dont fonctionne
votre table (son « contrat social »
au sujet des interactions) et votre
connaissance du contexte, du PNJ
impliqué et des conséquences de
l’interaction sociale.
La manière dont fonctionne votre
table est importante. Certains
groupes insistent pour interpréter
chaque conversation avec un PNJ.
Pour eux, impossible de même
tenter un jet de dé avant d’avoir
un minimum interprété la scène.
AIDES DE JEU | 155
156 | AIDES DE JEU
MJ ONLY
Pour d’autres, le simple fait de dire
« je vais lui servir un boniment pour
qu’il me laisse entrer » suffit à dé-
clencher l’utilisation des règles et
à poursuivre l’action. Aucune des
deux pratiques (et toutes celles
qui se situent entre les deux) n’est
meilleure que l’autre, mais la ma-
nière dont vous jouez influera sur
le moment où vous demanderez
le jet.
Ce qui importe surtout, c’est
votre connaissance du contexte et
des motivations du PNJ. Comme
pour n’importe quelle action, vous
devriez être conscient des consé-
quences du succès et de l’échec du
personnage, ainsi que des enjeux.
Si le cellier du duc est une fausse
piste, qu’il ne recèle aucun indice
utile, vous pourriez simplement
ne jamais déclencher d’action et
laisser le personnage entrer. Ou si
le garde est incompétent, malade,
en colère d’être assigné à un poste
qu’il déteste. Mais si entrer dans
le cellier est bel et bien important,
ou que le garde est consciencieux,
vous devrez décider à un moment
d’utiliser les règles. En vous basant
sur votre manière de jouer, votre
connaissance du contexte et sur les
intentions exprimées par le joueur,
passez à l’action lorsqu’il est clair
que le joueur a interprété son per-
sonnage, donné ses arguments ou
servi son baratin. Ne faites pas trop
court si votre table aime le roleplay
intense, mais ne tirez pas en lon-
gueur non plus. Après tout, une
action sociale est une action, donc
une fois que le joueur a déclaré son
intention et expliqué (ou inter-
prété) son approche et que vous
avez jugé des conséquences pos-
sibles, tout est réuni pour utiliser
les règles.
Résoudre l’action
Rappelons-le une nouvelle fois :
une action sociale est une action. À
partir du moment où vous décidez
de vous en remettre aux règles, ou
de laisser l’action se conclure en
mode conversation, vous devez
prendre en compte un certain
nombre d’éléments. Tout comme
vous géreriez une action de discré-
tion en vous basant sur la lumino-
sité, le nombre de témoins, le revê-
tement du sol (de la neige ou des
feuilles mortes peuvent compliquer
la tâche), vous devrez juger de la
possibilité de réussite d’une action
sociale en vous basant sur certains
éléments. Le PNJ est-il enclin à ac-
cepter un pot-de-vin et quel serait
son prix, par exemple. Répétons
pour plus de clarté : vous jugez de
la possibilité que l’action réussisse
ou non, pas si elle va réussir. Ça, ce
sera le rôle des règles. Vous devez
simplement décider si un pot-de-
vin a une chance de réussir. Il est
tout à fait envisageable que les in-
tentions et l’approche des joueurs
n’aient aucune chance de succès.
Dans ce cas, au moment du jet de
dé, interprétez simplement l’échec
des joueurs sans vous en remettre
au polyèdre numéroté.
Comme toute action, une action
sociale doit entraîner des consé-
quences, tant en cas de succès
qu’en cas d’échec. Sinon, ce n’est
même pas vraiment une action et
vous devriez rapidement passer à
autre chose sans même déclencher
une action.
Une fois que vous avez tout cela
en tête, il est temps de recourir aux aucune raison de douter de la sin-
règles. La plupart des systèmes
contiennent une ou plusieurs
mécaniques pour gérer les interac-
tions sociales. Des compétences
comme persuasion, intimidation,
tromperie, baratin, empathie, etc.
ou des actions comme « allumer
pourrait d’ailleurs faire l’objet de la d’action, juste une conversation.
suite de la conversation et donner Faire autrement reviendrait à de-
lieu à une autre action sociale. mander un jet d’attaque au joueur
Deuxième piège : demander un pendant un combat alors qu’il n’a
jet éveille les soupçons des joueurs. pas déclaré son intention de bles-
Même le joueur le plus fair-play ser son adversaire.
aura sa perception de la scène
modifiée si le MJ lui demande un Un dernier truc
jet d’empathie après qu’un PNJ lui
a révélé quelque chose. Si le jet est
pour la route
raté, certes le personnage n’aura Une bonne interaction sociale
est comme toute bonne scène.
cérité du PNJ, mais le doute se sera Elle a des enjeux, comporte des
instillé dans l’esprit du joueur. Le risques, peut mener à des compli-
mal sera fait et sera irréversible. cations, oppose des contraintes
En effet, le fait que le joueur décide aux joueurs ce qui les pousse à en-
de ce que pense visager d’autres
Oui mais non, tu ne
son personnage
est un prin-  options,
peux pas dire ça parce Imaginez qu’il
etc.

faille faire parler

quelqu’un » ou « manipuler un cipe sacro-saint que je te rappelle que un PNJ à tout
PNJ ». Choisir la mécanique à utili- du jeu de rôle.
ser et le degré de difficulté devrait Vous ne pourrez
ton perso croit le PNJ prix. Mais nous
sincère.

se faire sans difficulté, mais il jamais dire à ce sommes à un
nous faut encore évoquer quelques bal organisé par
joueur « Oui mais
écueils à éviter. le roi ! Impossible de « secouer »
non, tu ne peux pas dire ça parce
ce PNJ en public sans en subir les
que je te rappelle que ton perso
conséquences… Et à l’inverse, vous
Les pièges à éviter croit le PNJ sincère ».
pouvez glisser une interaction so-
La première erreur à éviter, c’est Deux solutions pour éviter le pro- ciale au milieu d’une scène, là où
de considérer qu’une compétence blème. La première, c’est d’utiliser on ne l’attendait pas. Quel meilleur
comme intuition, perspicacité, ou le score du personnage de manière moment de découvrir un secret
empathie fonctionne comme un passive. Considérez que le joueur qui bouleverse tout que pendant
détecteur de mensonge automa- a lancé les dés et obtenu le score un combat épique et tendu ? Et ce
tique ou un détecteur des pensées moyen. Si cela donne un résultat sera encore meilleur si cette révé-
profondes ou des motivations d’un supérieur à la difficulté que vous lation change d’un coup les enjeux
PNJ. Un tel jet de compétence réus- aviez fixée, alors le personnage se du combat !
si permet au personnage de remar- doute du mensonge. La seconde Et n’oubliez pas, si une interac-
quer des éléments qui peuvent l’in- solution, celle à préconiser, c’est de tion sociale tourne au vinaigre, il se
terpeller, mais pas les raisons de ce considérer que tant que le joueur peut que la conversation tourne à
comportement. n’indique pas l’affrontement. Dans ce cas, soyez
Demander un jet
Par exemple,
un jet réussi éveille les soupçons
qu’il cherche à
savoir si le PNJ
ment, il ne peut
prêts à en découdre. Reprenez vos
MJ-Only des Casus 32, 33 et 34 et
pourrait per- des joueurs. roulez jeunesse !
mettre aux per-
sonnages de comprendre qu’un
 y avoir aucun jet.
Détecter un men- Étienne Goos
PNJ est surpris de les voir. Mais songe est, finalement, une action
pas pourquoi il est surpris. Le fait sociale. Nous l’avons dit plus tôt,
que ce PNJ soit surpris de voir les pour effectuer une action, il faut
personnages vivants parce qu’il que le joueur indique son intention
avait envoyé des assassins les tuer, (ici, détecter le mensonge) et tant
c’est une tout autre histoire. Cela que cela n’est pas fait, il n’y a pas

AIDES DE JEU | 157

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158 | AIDES DE JEU
PSYCHO-SCRIBE

PSYCHO-SCRIBE, RACONTE-MOI L’HISTOIRE

LES CROISADES
(XIE – XIIE SIÈCLE)
Voyage dans les États Latins d’Orient
En manque d’inspiration pour vos futures parties de jeu de
rôle ? N’ayez crainte, Psycho-Scribe est là pour vous aider.
Notre Histoire regorge d’anecdotes, des gestes épiques, de
personnages truculents et de décors fascinants. Embarquez
avec nous dans cette exploration de notre Monde !

Une question
de point de vue
Nous nous limiterons à
l’exploration des trois
premières croisades, et donc
de la période s’étendant
de 1095 à 1192. De même,
vous remarquerez très vite
que la vision des croisades
change selon le point de vue
qui l’observe, aussi vais-je
tenter de survoler à la fois
les sources latines et arabes
pour plus d’équité, mais aussi
afin de vous donner plus de
matière pour les parties de
jeu de rôle.
P
sycho-Scribe est tranquille-
ment installée devant son feu
lorsque son neveu, l’Apprenti,
lui demande de l’aider pour préparer
sa partie de jeu de rôle. Si, comme
l’Apprenti, vous êtes en quête d’inspi-
ration, chaussez vos lunettes et prenez
des notes : Psycho-Scribe est là pour
vous présenter l’Histoire comme un
cadre de jeu, une boîte à outils où vous
pourrez aller piocher de quoi nourrir vos
parties ! L’exploration des États Latins
d’Orient et de ses protagonistes seront
autant d’éléments que vous pourrez
transposer dans votre univers de jeu
médiéval-fantastique.
Remissio
peccatorum
Le soleil brûlant sur votre peau, la
chaleur du sable entre vos doigts, les
odeurs d’encens, les chants s’élevant
des minarets, partout ces couleurs
vives, cette agression des sens et,
dans votre cœur, la promesse d’une
rémission pleine et entière de tous vos
péchés : un début de quête prometteur
pour tout aventurier novice ou che-
vronné ! Faire le Pèlerinage à Jérusalem
que nous nommons « croisade », c’est
apporter la bonne parole, convertir les
hérétiques et récupérer les lieux saints
de la main des infidèles. Du moins,
c’est ce qu’on vous a expliqué. Un
moyen d’obtenir l’absolution, de voir
tous vos crimes pardonnés, de trouver
un but à votre vie tout en évitant de
passer toutes vos frustrations sur le
seigneur voisin.
Nous sommes en 1095, et l’Occident
est en paix. Les hommes sont désœu-
vrés. Plus de batailles à mener, plus
d’honneur à gagner par le sang. Le
fracas des épées s’est tu et pourtant,
souvent, votre regard se pose sur votre
lame. Le souvenir des batailles, du
contact de la poignée de votre épée
dans votre main se fait sentir. Vous
ne demandez qu’une chose : la tenir,
une fois de plus, mais pour quoi faire ?
Quelle cause pouvez-vous défendre ?
C’est alors que la voix du pape, Urbain
II, parvient à vos oreilles en ce jour du
27 novembre 1095 : partir en Orient,
afin de porter secours aux chrétiens et
libérer les lieux saints pris par les Turcs.
Un pèlerinage pénitentiel pour racheter
les péchés de tous les vrais croyants qui
se sont égarés. Pour l’Église, il s’agit là
d’un bon moyen de détourner la vio-
lence de tous ces chevaliers en manque
d’action, en les réunissant sous une
même ambition : la lutte contre ces
« païens », ces « infidèles », et re-
prendre Jérusalem. Urbain II pensait-il Autant de sources
alors qu’il n’y aurait pas une, mais neuf que de protagonistes
croisades ? Qu’importe, puisque déjà,
Les sources historiques sont souvent dépendantes de leur rédac-
les indigents prennent la route vers la
teur, et l’impartialité n’est pas toujours de mise. Fort heureusement
Terre Sainte.
pour nous, nous disposons de sources assez prolixes, autant du
Les premiers à quitter leur foyer côté occidental qu’oriental, même si ces dernières sources ont été
en réponse à l’appel du pape ne re- pendant longtemps négligées. Chaque vision est assez tranchée vis-
cherchent pas la découverte des mer- à-vis des événements. Nous ne sommes pas là pour juger ou pour
veilles de l’Orient. Certains gardent à imposer une vérité plutôt qu’une autre, mais nous avons du faire
l’esprit le caractère spirituel de leurs des choix selon ce qui nous semblait le plus utile et pertinent d’un
quêtes mais, une fois les pieds posés point de vue scénaristique pour le JdR. Une petite bibliographie sé-
sur la Terre Sainte, d’autres vont se lective en fin d’article vous permettra d’aller creuser plus librement
laisser dévorer par l’envie de conquête, par vous-même.
de couronnes qu’ils n’auraient jamais
pu porter en Occident. Tout autour de
vous s’étend désormais une terre in-
connue, des visages singuliers qui vous
regardent avec curiosité, avec peur
parfois. Vous n’avez jamais été aussi
loin de chez vous, et vous savez que
désormais, vous ne cesserez jamais de
vous battre pour ce que vous avez arra-
ché aux mains des sarrasins. Jamais ils
n’arrêteront, jamais ils ne cesseront
et au fond de votre cœur, vous sen-
tez pour ce nouvel ennemi une pointe
d’admiration.

Un royaume
cosmopolite
Sur la route de Jérusalem, ceux que les
autochtones nomment les Francs vont
établir leurs royaumes au prix du fer.
Ainsi naissent les États Latins d’Orient
et le Royaume de Jérusalem, compre-
nant à la fois la ville de Jérusalem et ses
alentours, le comté d’Édesse, la princi-
pauté d’Antioche et le comté de Tripoli.
Nous sommes en juillet 1099, et
les croisés viennent de reprendre
Jérusalem. Votre regard se pose une
nouvelle fois sur tous ceux qui vous
entourent. Vos compagnons d’armes
et les habitants de Jérusalem, toutes
ces couleurs, cette diversité. À quoi va
ressembler ce royaume dont vous êtes
aujourd’hui le sujet ? Les croisés sau-
ront-ils cohabiter avec ces populations

AIDES DE JEU | 159

Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
160 | AIDES DE JEU
LES CROISADES
locales sans prendre une nouvelle fois
la voie des armes ?
Au-delà des murs de la cité, la popu-
lation que vous rencontrez est princi-
palement autochtone et musulmane.
Vous sentez leur regard peser sur vous
et les observez en train de faire leur
prière, à genoux, s’abaissant en par-
lant dans leur langue si chantante à
votre oreille. Aucun d’entre eux n’a
été forcé à se convertir, tous sont donc
libres de rendre hommage à leur dieu,
du moment qu’ils s’acquittent d’une
redevance envers leur seigneur franc.
Après tout, désormais, nous sommes
également là pour les protéger.
Entre les murs de la cité, en revanche,
tout est si différent ! Chaque jour, de
nouveaux arrivants d’Occident viennent
agrandir sa population, quartier après
quartier, rue après rue, c’est un nou-
veau peuple qui vous accueille : syrien,
arménien, latin, génois. Toutes les cités
semblent représentées. À chaque coin
de rue, une langue nouvelle se déploie
entre ses habitants, donnant toujours
cette impression étrange au badaud
de passage d’être étranger en sa cité.
On se côtoie sans se connaître, sans
se mêler, mais sans hostilité. La seule
différence entre nous, ce sont les cou-
leurs, les vêtements. Mais la tolérance
a ses propres limites, car il est interdit
aux autochtones de se vêtir à la mode
occidentale, et obligation est faite
pour les juifs de porter des vêtements
distinctifs. Sur un fond d’acceptation,
l’écart se creuse.
Pourtant, le temps passe, et le sou-
venir de l’Occident devient lointain. Ces
terres autrefois étrangères deviennent
votre foyer et, contrairement à certains
de vos comparses, vous commencez à
vivre à l’orientale en portant des vête-
ments riches et colorés, en utilisant les
hammams, en vous hasardant à goûter
une nourriture plus épicée. Peu à peu,
la cité qui se voulait franque, reprodui-
sant les plus belles richesses architec-
turales de cet Occident que beaucoup
ont laissé derrière eux avec nostalgie, Un peu de vocabulaire
commence à se parer de jets d’eau, Arabes : terme choisi afin
de mosaïques, de peintures colorées. de parler des peuples
Quelques unions, rares, vont donner islamiques, musulmans,
naissance aux « poulains ». Trop occi- orientaux non chrétiens dans
dentaux pour les indigènes, trop effé- leur généralité.
minés pour les francs, ils sont à la fois Croisade : terme apparu au
tolérants envers les musulmans et XVe siècle, on parle à l’époque
profondément attachés aux us et cou- de « Pèlerinage de Jérusalem ».
Djihad : « effort ». Il existe
tumes de leurs ancêtres, à la société
féodale, à l’esprit chevaleresque et à plusieurs « djihad » : le djihad
de la main (la charité), le
la littérature courtoise. Souvent, ce
djihad de la bouche (la foi),
besoin d’acceptation par leurs pairs
le djihad du cœur (la place
peut les mener à des extrémités… centrale donnée à Allah), le
regrettables ! djihad de l’épée (la défense
de l’Islam par les armes).
Religion Francs : terme utilisé par les
Arabes et les Turcs englobant
ou religions ? tous les chrétiens d’Occident,
Jérusalem, cité trois fois sainte, ac- sans distinctions.
Maronite : chrétien oriental
cueille entre ses murs tous ceux qui
très fidèle au pape.
la cherchent. Chacun de ses habitants
Poulain : fruit d’une union
a sa propre religion, et peut s’y adon-
mixte né ou installé
ner. Cependant, les quatre cents églises
durablement en Terre Sainte.
construites dans le royaume sont assez
L’union mixte comprend un
de preuves de la volonté de domination
franc et un chrétien d’Orient,
religieuse des Francs. La seule union
ou bien une musulmane
des religions du Livre se lit dans l’in-
convertie.
fluence orientale de l’art religieux, par Remissio peccatorum :
ses motifs décoratifs issus de l’Islam
rémission des péchés.
et de l’art byzantin. Et pourtant, par- Rezzou : groupe armé qui
fois au sein d’une même religion, les mène une razzia.
L’ordre de l’Hôpital
Aussi connu sous le nom de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ou des
Hospitaliers. Il s’agit avant tout d’un ordre religieux chargé des hospices à
destination des pèlerins et des ravitaillements. Ils ne deviennent ordre mi-
litaire que sous leur second maître, Raymond du Puy. Le terme d’« hospita-
liers » lui vient donc de l’établissement de plusieurs hôpitaux à Jérusalem,
puis en Terre Sainte. Cet ordre est dirigé par un grand maître assisté par un
chapitre. L’ordre est chargé d’organiser des départs en Orient par le biais
des ports d’Occident, ce qui leur assure des bénéfices financiers : ils ac-
ceptent les dépôts d’argent, remboursables une fois la traversée effectuée.
Leur place est particulièrement importante dans le comté de Tripoli et dans
les places fortes. Leur grand rôle politique apparaît aux yeux de tous suite à
la fin des États-Latins, lorsqu’ils s’emparent de Rhodes en 1309, jusqu’en
1530 où ils doivent aller à Malte pour fuir les Ottomans. La présence des
femmes parmi les hospitaliers est attestée dès l’origine, soit dans les com-
manderies, soit dans des institutions séparées.
AIDES DE JEU | 161
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162 | AIDES DE JEU
LES CROISADES

sous sa bannière les musulmans de

Et les femmes musulmanes ? Syrie et d’Égypte afin de récupérer
Il est assez drôle de remarquer les différences de traitements dans les la ville sainte de Jérusalem.
sources concernant les femmes. Vous aurez l’occasion de découvrir plu-
sieurs portraits ou anecdotes de femmes franques, retranscrites pour la
plupart dans les sources arabes, là où les latins ont tendance à réduire
Des hommes, mais
le rôle de leurs homologues féminines. Les femmes musulmanes elles, aussi des femmes
sont absentes des combats, et l’on comprend qu’elles ont un statut Les bras croisés sur le pont
d’infériorité, notamment en matière de justice, car pour témoigner par d’un bateau voguant vers la Terre
exemple lors d’un procès, seul le témoignage de deux femmes peuvent Sainte, une mèche de cheveux
valoir celui d’un homme. Elles vivent le plus souvent cachées, loin du s’échappe de votre coiffe. Autour
pouvoir, de la notoriété. Si un homme est assez riche, ses femmes vi- de vous, aux côtés des hommes en
vront dans un harem. armes qui vous accompagnent, il
y a d’autres femmes. Votre époux
pensait-il vraiment que vous sou-
haitiez rester en arrière ? Comme
bien d’autres, vous avez fait vœu
tensions ne manquent pas de se Certaines sectes voient le jour, afin
de vous croiser, de partir vous aussi
faire sentir. de pouvoir se défendre en cas de
pour un tout autre pays, de décou-
Le Christianisme : Le prêche besoin, comme les Samaritains
vrir par vous-même l’Orient. Bien
d’Urbain II devait rapprocher les conservateurs, ou les Caraïtes. Vous
sûr, il vous a fallu le consentement
chrétiens d’Occident et les chré- gardez encore, gravé dans votre
de votre mari et l’escorte d’un
tiens d’Orient, sauver ces derniers mémoire, la marche sanglante de
membre de votre famille. Mais
de la menace étrangère, sarrasine. la Première Croisade, au cours de
vous doutez que toutes aient eu
Mais cette rencontre, et surtout laquelle des pogroms furent orga-
cette autorisation parmi les pros-
le fait que les Occidentaux aient nisés. Bien que condamnées, ces
tituées, religieuses, lavandières,
décidé de rester, n’avait pas été pratiques demeurèrent. Et les juifs
des épouses et des filles que vous
envisagée. De même confession, restent considérés par les croisés rencontrerez à Jérusalem.
les chrétiens d’Orient ont créé leur comme les ennemis du Christ. Leur
Loin d’être anecdotique, la pré-
propre clergé, et ne répondent qu’à seul salut est entre les mains des
sence des femmes aux côtés des
eux. Le pape n’est pour eux qu’une musulmans.
croisés a été remarquée et remar-
autorité bien trop lointaine, si ce L’Islam : Ceux qui pratiquent quable. Beaucoup de leurs noms
n’est pour ceux que nous nommons cette religion ne sont pas dési- ont été perdus, et pourtant, cer-
les maronites. Les Latins veulent gnés à cette époque par le terme taines d’entre elles ont combattu
imposer leur propre hiérarchie, si de musulman, mais par leur eth- sous leur propre bannière, non pour
bien qu’au fil des ans, les chrétiens nie ou leur courant religieux. Nous un époux, mais bien pour défendre
d’Orient vont préférer s’allier aux parlons donc d’Arabes, de Turcs, de leur honneur, leur vie, leur famille.
musulmans contre les Francs. Les Maures, de sarrasins, ismaéliens, Souvent travesties en homme par
Arméniens sont les seuls avec qui sunnites, chiites en désignant commodité, leur motivation n’est
les Latins peuvent arriver à un ac- ceux qui obéissent à la « loi de pas moins noble que celle des
cord, à condition de respecter leur Mahomet » ou « loi des sarrasins ». hommes : la misère, le goût de
indépendance. Islam signifie « soumission », Dieu l’aventure, la vengeance… Elles en-
Le Judaïsme : Comme en toute est vivant et subsistant, miséri- couragent, soutiennent, pansent
cité, orientale ou occidentale, le cordieux et tout puissant, créateur les plaies des blessés, ravitaillent
rôle des juifs est avant tout com- du ciel et de la terre. Ces hommes les combattants et s’arment pour
mercial et artisanal, car eux seuls et ces femmes se soumettent aux achever les mourants sur le champ
peuvent pratiquer l’usure. Divisés, décrets de Dieu, Jésus n’est pas un de bataille. Si vous êtes patient
éparpillés dès que le vent com- dieu mais un prophète. Ils honorent et attentif, peut-être aurez-vous
mence à tourner, que le temps des la mère vierge, Marie. À l’instar des la chance d’apercevoir durant la
épidémies et des guerres est venu, chrétiens, ils sont divisés, jusqu’à deuxième croisade, dans le sillage
ils sont les premiers sacrifiés. ce que Saladin parvienne à réunir de l’empereur du Saint Empire
Romain Germanique, Konrad III
von Hohenstaufen, un bataillon
entièrement féminin composé de
cavalières armées de javelots et de
haches, commandé par une femme
à l’armure rutilante surnommée
« la dame aux jambes d’or ».
Sous la plume des chroniqueurs
francs, ces femmes deviennent
des figures héroïques, presque my-
thiques et exceptionnelles, au sens
où il s’agirait là de rares exceptions,
là où les chroniqueurs arabes sont
beaucoup moins frileux à en par-
ler. Au fil des pages, vous trouvez
mention d’une femme menant une
troupe de cinq cents chevaliers,
écuyers et serviteurs qu’elle payait
et menait elle-même au combat.
Une archère retient votre atten-
tion : dans la suite des armées de
Richard Cœur-de-Lion, elle aurait
tiré des flèches sans discontinuer,
abattant nombre d’arabes sous ses
traits. Lorsqu’elle succomba, son
arc fut offert à Saladin en trophée.
L’intention des chroniqueurs était
sans doute moins l’envie de rendre
hommage à ces combattantes que
de souligner le dévoiement de leurs
ennemis laissant combattre leurs
femmes à leurs côtés.

Concupiscence PNJ, Florine de Bourgogne (1083-1097)

et barbarie
Le bruit des sabots martelant le
sol, le souffle chaud des montures
ayant galopé à bride abattue, voici
venir ces barbares, « roux comme si
le feu avait brûlé leur face austère,
leurs yeux bleus du même métal
que leur sabre ». Des envahisseurs.
Ceux-ci ne sont animés que par un
appétit dévorant de conquêtes et
de richesses. C’est là la seule chose
qui les intéresse. Les États Latins
ne sont pour eux qu’un nouveau
terrain de jeu, une promesse d’en-
richissement et d’aventures. Plus
que jamais l’écart se creuse entre
Florine est la fille de Eudes Ier de Bourgogne, un prince de sang royal
français, et l’épouse de Sven le Croisé, le fils du roi du Danemark. Tous
deux ont fait le choix de prendre la croix, emmenant avec eux quinze
cents cavaliers lors de la première croisade. Malheureusement pour eux,
ils sont surpris par les Turcs et en infériorité numérique. Ils tentèrent
de résister aussi longtemps qu’ils le purent à ces violents assauts afin
d’atteindre les montagnes. Même après avoir reçu sept flèches, Florine
ne tomba pas et continua de se battre avant qu’ils ne soient débordés.
Après un combat héroïque, Florine et Sven finissent par succomber.
Un personnage tel que Florine de Bourgogne mérite qu’on s’y attarde.
Elle qui n’était pourtant pas destinée aux métiers des armes, a pour-
tant continuer de se battre jusqu’à son dernier souffle, malgré les sept
flèches qu’elle avait reçues. Et si jamais, vous, aventuriers, étiez arrivés
à temps ? Si vous aviez fait partie de ces 1 500 chevaliers danois, auriez-
vous réussi à fuir les plaines de la Cappadoce en sauvant votre prince et
son épouse ?

AIDES DE JEU | 163

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164 | AIDES DE JEU
LES CROISADES
ces nouveaux arrivants et les poulains
acculturés. Les arabes observent, en
silence, leurs manières, et ces institu-
tions franques vues comme archaïques.
Ces hommes sots, trop prompts à lâ-
cher la bride à leurs femmes, sales et
dépourvus d’honneur, éveillent en eux
une colère nouvelle.
Et pourtant, au moment où la deu-
xième croisade arrive, menée par
Bernard de Clairvaux, Aliénor d’Aqui-
taine et Louis VII, nous sommes à la
recherche d’un équilibre et de réels
compromis avec les Arabes. Beaucoup
de barons et chevaliers amènent avec
eux leurs femmes en Terre Sainte,
ce qui contribuera, selon certains, à
leur perte. Il est si facile d’accuser les
femmes d’avoir distrait les hommes
qui, habités par la luxure, étaient inca-
pables d’agir de manière raisonnée !
Louis VII, jaloux de la relation entre
son épouse et Raymond d’Antioche,
va abandonner ses troupes pour
Jérusalem. Et à Jérusalem, les regards
posés sur le comté d’Édesse vont se
tourner vers Damas, où pourtant ré-
sident les alliés des Francs. Sous pré-
texte d’une nouvelle conquête de lieux
saints, les armées sont levées. Pour la
première fois, les forces des croisés se
divisèrent, et les rancœurs dues à cette
décision irraisonnée ne s’effacèrent
jamais. Le comté d’Édesse tomba, puis
ce fut le tour d’Antioche par l’abandon
des troupes franques et la défaite re-
tentissante de Damas.
Une ombre rouge plane sur le fragile
équilibre recherché. Le mal est éveillé,
et des hommes d’un autre temps et
d’un autre tempérament deviennent
un danger imminent. Splendide guer-
rier à l’audace magnifique, il aurait pu
être le héros d’une épopée, s’il n’était
arrivé en temps de paix. Renaud de
Châtillon, un péril mortel, une épée de
Damoclès, qui joue sa vie au dé face à
une menace qui commence à s’unifier.
Mi-paladin, mi-bandit, fléau de Dieu,
hérétique et antéchrist, il est capable
d’entrer dans des colères terribles où Quelques dates clés
les sentiments humains n’ont plus 27 Novembre 1095 : Urbain
cours. Cet homme n’est pas fait pour V prêche la 1ère croisade.
la chevalerie, mais pour commander un Entre 1096 et 1099 :
rezzou. Nul n’ose plus se dresser contre Plusieurs vagues de départs
lui, si ce n’est le patriarche d’Antioche pour la 1ère croisade, d’abord
les indigents puis les barons.
qu’il fait enfermer, malgré son âge plus
1147-1149 : 2nde croisade
que vénérable, puis fouetter au sang
menée par Charles VII et
avant d’enduire ses plaies de miel et Aliénor d’Aquitaine.
le faire exposer sur les murailles en 1169-1193 : Saladin dirige
plein soleil, ligoté et nu, en pâture aux l’Égypte, en tant que sultan.
mouches et aux guêpes. 1174 : Prise de Damas par
Voilà comment un croisé est capable Saladin.
de traiter ses semblables, en pillant, 1183 : Prise d’Alep par
massacrant, se comportant comme Saladin.
un écorcheur, attaquant les villes sans 4 juillet 1187 : Bataille de
Hattin, Chute du Royaume de
défense, maltraitant les populations,
Jérusalem qui est délocalisé à
les ecclésiastiques, outrageant les
St Jean d’Acre.
femmes. Et pendant ce temps, Saladin 1189-1192 : 3e croisade
se met en marche, gagnant, au fil des menée par Richard Cœur-
défaites franques et de la trahison de de-Lion, Philippe-Auguste et
leurs serments envers les autochtones, Friedrich I dit « Barbarossa ».
de nouveaux alliés, réussissant ce que 1291 : Les francs sont chassés
personne avant lui n’avait réussi à de Terre Sainte.
faire, unir les peuples contre un ennemi
commun.
Un monde arabe
unifié
Perché au-dessus des murailles de
Jérusalem, Ahmad regarde l’horizon.
Il se souvient de la Jérusalem que lui
comptait son grand-père, lorsque le
croissant brillait au-dessus de la mos-
quée al-Aqsa, de cette époque, où la
langue franque leur était inconnue, où
il pouvait parcourir les rues sans être
dévisagé comme un étranger en son
propre pays. Il scrute les collines, car il
se murmure que la discorde est en train
de gagner le cœur des Latins, et que
bientôt, celui que l’on appelle la « rec-
titude de la Foi», Salah ad-Din, viendra
reconquérir Jérusalem pour faire flotter,
sur cette même muraille où il se tient,
l’étendard d’un monde arabe unifié.
Ce rêve, Ahmad n’est pas le seul à
y croire. Nous sommes en 1174, et le
roi Amaury Ier, allié puis adversaire
AIDES DE JEU | 165
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166 | AIDES DE JEU
LES CROISADES
de Saladin, laisse derrière lui un fils
mineur, Baudoin IV Le Lépreux. Et fort
heureusement pour le monde arabe,
son régent, Miles de Plancy, ne fait que
prendre des décisions qui vont pousser
les peuples arabes à adopter une posi-
tion défensive, de méfiance vis-à-vis
de ces francs, soufflant le chaud puis le
froid. Le contexte politique n’a jamais
été si favorable. Saladin va consacrer
vingt ans de sa vie à ce rêve : unifier les
musulmans de Syrie et d’Égypte sous
son autorité et faire bloc contre les
Francs dont il faut reprendre les terri-
toires. Il est temps de sonner le Djihad,
et de les chasser du Levant.
Ce que Saladin a compris, c’était que
le temps était son allié. Contre toute
attente, ce roi lépreux lui offrit plus
de résistance qu’il ne l’aurait présagé.
Le rêve de la libération de Jérusalem
aurait pu disparaître, en ce jour du 25
novembre 1177, lorsque, pourtant en
infériorité numérique, les troupes de
Baudoin IV arrachèrent la victoire au
Mons Gisardus. Rien ne parvint à arrê-
ter la charge meurtrière des cinq cents
chevaliers francs menés par Renaud
de Châtillon et le maître de l’ordre du
Temple, Eudes de Saint-Amand. Fait
La secte des Assassins
Les Assassins, ou Hashashin, sont les membres d’une secte shiites
extrémistes. Empreints de légendes et de mystères, on les dit sous in-
fluence du « haschich », une substance permettant à leurs sens d’être
plus alertes. Ils auraient la capacité de disparaître, et ne répondraient
qu’aux ordres du « Vieux de la Montagne ». Brutaux, précis, violents, les
Assassins se sont fait une réputation qui fait dresser les cheveux sur la
nuque de tout dirigeant. Maîtres des mystères, de la puissance et de la
mort, leur confiance ne se gagne que par des alliances secrètes, et gare
à qui souhaiterait les duper. Durant le conflit qui nous intéresse, ils
cherchent à s’allier avec les Francs pour combattre Saladin. Mais les tem-
pliers se méfient de ces lames redoutables, ils les détestent. Sous ordre
du grand maître Gautier du Mesnil, ils vont massacrer les ambassadeurs
des Assassins dépêchés auprès du roi Amaury. Le souverain veut le juger,
mais le grand maître refuse, car le pape seul le peut. Amaury à cet instant
souhaite faire suivre l’histoire à Rome et faire supprimer les Templiers en
1174, mais sa tentative se solde par un échec. La secte, après deux tenta-
tives avortées contre Saladin, va finir par s’allier à lui.
prisonnier aux abords d’Ascalon, vous
avez senti le plat de la lame d’un Maure
contre votre gorge lorsque le sultan
a demandé à ce que tous les captifs
soient tués. Le bruit des sabots et les
cris des Francs, vous les avez accueil-
lis avec soulagement. Vous et vos
camarades d’infortune avez brisé vos
chaînes et vous êtes retournés contre
vos gardiens. À la faveur de la nuit,
Saladin prit la fuite, échappant de jus-
tesse à la mort, avec ce qui lui restait
de son armée. Chargé de honte, un goût
de fer sur les lèvres, Saladin tourna la
tête vers le dixième de son armée res-
tante, seuls survivants de la bataille de
Mongisard et de la poursuite effrénée
des chiens du roi Baudoin. La frénésie
révélée par le sang, le chaos s’accroche
au cœur des hommes. Fort heureu-
sement pour Saladin, c’est vers leur
propre fin que les Francs sont en train
de courir.
La fin d’un rêve
Le Jugement dernier s’apprête à
s’abattre sur la Jérusalem Céleste.
Jamais vous n’avez senti une telle
puanteur dans l’air, celle de la peur, la
perte de tout espoir, ce sentiment d’im-
puissance et d’être pris au piège. Il est
temps pour les âmes pécheresses de
se rendre dans la ville trois fois sainte
pour y trouver son salut. Les signes de
l’Apocalypse commencent à apparaître.
Comète dans le ciel, tremblement de
terre dévastant la région de l’Oronte,
Antioche, Laodicée, le Krak des cheva-
liers, Tripoli, Gibelet, Alep, tous sentent
un instant le sol se dérober sous
leurs pieds. À Antioche, la cathédrale
grecque s’effondre, ensevelissant sous
ses décombres les prêtres célébrant la
messe. Dieu a abandonné ses enfants,
et Saladin marche désormais à la tête
de son armée unifiée pour réclamer une
tête : celle de Renaud de Châtillon, et la
disparition des États Latin.
À quatre reprises, ce diable rouge a
mené à bien le massacre de caravanes,
d’infidèles ou de locaux, sans la
moindre provocation de leur part. En
1181, il s’arme et prend la tête d’une
colonne de cavalerie et d’infanterie au
cœur de l’Arabie, droit vers Taina, une
oasis et un centre commercial appelé
également « le vestibule de Messine ».
Il y enlève une grande caravane qui che-
vauchait vers La Mecque. Une demande
de son roi Baudoin, l’envoi d’une délé-
gation de clercs et de templiers… rien
ne parvient à lui faire entendre raison,
il refuse de la renvoyer. Le sang n’a que
trop coulé, et ses pas mènent Renaud
vers sa mort, ainsi que celle des États
Latins : à Hattin.
Le 2 octobre 1187, Ahmad voit son
rêve se réaliser : les portes de Jérusalem
tombent, ainsi que le Royaume Franc.
Affaiblie par sa désunion et par les vic-
toires de Saladin, Jérusalem n’était plus
que l’ombre d’elle-même, incapable de
résister à un siège, ne comptant entre
ses murs que trop peu d’hommes
d’armes capables de repousser les
armées arabes. Malgré tout, les habi-
tants de Jérusalem offrirent à leurs
assaillants une résistance désespérée
louable, qui poussa Saladin à accep-
ter la reddition de la ville plutôt que
de continuer les assauts meurtriers,
autant pour ses hommes, que pour les
quelques courageux se battant encore
sur les murailles.
Une fois Jérusalem tombée, les États Bibliographie sélective
Latins ne sont plus que l’ombre d’eux- Parmi les sources :
mêmes, et Saladin poursuit son rêve • Albert d’Aix, Historia
dont il ne verra jamais l’accomplisse- Hierosolymitana, in Recueil
ment, car ce n’est qu’en 1291 que les des historiens des croisades.
Francs sont chassés définitivement de • Christine de Pisan, Le
Terre Sainte. Un soleil rouge se couche Livre des faits d’armes et
sur les rêves d’un Royaume Latin en de chevalerie : y parle des
faits d’armes des femmes,
Orient. Mais ce royaume aurait-il pu
certains pendant les
être sauvé ? Une cohabitation pacifique
croisades.
était-elle possible entre le franc et le • Recueil des historiens
musulman ? Une conciliation n’aurait- des croisades, Historiens
elle pu être trouvée ? Un seul homme orientaux (1887).
peut-il véritablement être la cause • Parmi les ouvrages
de tant de morts ? Tant de questions, scientifiques :
tant d’énigmes, tant d’histoires qu’il • Michel Balard, Croisades et
reste à écrire, à inventer, à vivre. Avant Orient Latin : XIe- XIVe siècle
de vous laisser le loisir de réinventer (2010)
par vous-même l’Histoire, laissons • René Grousset, Histoire des
la parole à Guillaume de Tyr : « Nous Croisade (3 tomes) (2016)
qui avions triomphé, qui remportions • Amin Maalouf, Les Croisades
habituellement sur eux la palme glo- vues par les Arabes (1983)
rieuse de la victoire, privés maintenant • Régine Pernoud, La Femme
de la grâce divine, nous avons la plus au temps des croisades
(1990)
mauvaise part dans presque toutes les
• Marie-Ève Sténuit, Femmes
rencontres. C’est pourquoi il vaudrait
en armes – Les guerrières de
mieux se taire ; il vaudrait mieux cou- l’Histoire (2019).
vrir nos fautes de l’ombre de la nuit,
que de porter la lumière sur des choses
honteuses. »
Marielle Sarran
Illustrations d’archive : Gustave Doré,
Charles Laplante et Alphonse de
Neuville
Carte : Josselin Grange
AIDES DE JEU | 167
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PSYCHO-SCRIBE

PSYCHO-SCRIBE, RACONTE-NOUS L’HISTOIRE

JÉRUSALEM,
TROIS FOIS SAINTE
Le cœur du royaume en scène
Jérusalem, ô belle Jérusalem ! Objet de tant de convoitises, lieu
de culte des trois religions du Livre, théâtre de rebondissements
politiques qui n’ont rien à envier à Port Réal1. Jérusalem est un
cadre parfait de campagne où l’aventure vous attend à chaque
coin de rue.

Vocabulaire
[deuxième partie]
Connétable : officier du Palais,
il préside la Haute-Cour.
Conseiller militaire et chef
des armées en l’absence du
roi, aux côtés du maréchal.
Maréchal : officier
royal et chef militaire,
hiérarchiquement sous le
connétable. Il porte un bâton
symbolique donné par le roi
en signe de sa charge.
Sénéchal : directeur de la
maison du roi, tant au niveau
des finances que de sa
gestion. Charge réservée aux
grandes familles.
Chancelier : chargé de la
direction du service de
rédaction des actes royaux,
gardien du sceau et des
archives.
Chambellan : responsable des
appartements du roi.
Note : autant de rôles à
attribuer à vos PJ, non ? Cela
change du fantassin !
M
aintenant que Psycho-Scribe a
donné à l’Apprenti une vision
générale de l’établissement
des États-Latins en Orient, elle s’ap-
prête à développer certains points de
son récit. Quel est le fonctionnement
politique de la cité ? Qui sont ses habi-
tants ? Quelle langue y parle-t-on ?
Quelles anecdotes croustillantes se
cachent derrière les murs de pierre ?
L’Apprenti reprend son carnet de notes,
et écoute. Déjà, il se figure cette ville
comme un cadre de jeu fourmillant
d’intrigues et de surprises.
Visite guidée
de Jérusalem
Bienvenue à Jérusalem, la ville trois
fois sainte, renfermant entre ses
murs les lieux sacrés des trois reli-
gions du livre. Une cité qui, au cours
de son Histoire, passa de mains en
mains, remodelée, blessée, vénérée.
Ses merveilles s’étendent devant
vos yeux, avant même que vous ne
pénétriez dans la ville. Ses remparts
s’étendent sur plus de 4 kilomètres,
percés de nombreuses portes. Laquelle
allez-vous emprunter ? La porte Dorée
que les Arabes nomment « Sha’ar
Harahamim » ? Située à l’Est, elle est
1. King’s Landing en VO, capitale de Westeros dans Le Trône de fer
aussi appelée la porte de la Miséricorde,
ou la porte de la Vie Éternelle, un ca-
ravanier vous raconte que c’est par
cette porte que le Messie entre dans
Jérusalem. Ou lui préférerez-vous une
entrée plus discrète, au sud-est, bien
que moins glorieuse ? Nous vous pro-
posons la porte des Immondices, d’où
les détritus de la ville sont évacués.
Dès votre premier pas, vous êtes saisi
par sa beauté, ses effluves, sa popula-
tion si variée, ses couleurs. Plusieurs
choix s’offrent à vous, suivant votre
confession. Si vous êtes chrétien, les
badauds vous mèneront jusqu’à l’église
du Saint-Sépulcre, tombeau et lieu de
crucifixion du Christ. Vous y rejoindrez
la longue file de pèlerins attendant d’y
déposer leurs prières. Ou alors choisirez-
vous le mont du Temple, car vous êtes un
templier, tout juste arrivé à Jérusalem et
que vous devez vous présenter devant le
Grand Maître à la mosquée al-Aqsa, où
votre ordre s’est établi.
Si vous êtes juif, vous serez guidé
vers le Kotel, le Mur des Lamentations,
vestige d’un mur de soutien de l’ancien
temple de Salomon, bâti au Xe siècle
avant Jésus-Christ. Là vous y retrouve-
rez vos semblables en train de prier, écri-
vant leurs prières sur des petits papiers
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Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
170 | AIDES DE JEU
JÉRUSALEM

du pouvoir militaire. Le reste est

Do you speak Latin ? détenu par les seigneurs par le
Très vite, le problème de la langue va se poser entre les croisés, car aucun biais des cours dont les séances
ne parle la même langue ! Entre Provençal, normand et autres langues du peuvent être menées par plusieurs
cru, le latin sera très vite utilisé pour faciliter les échanges, et surtout dans grands officiers tels que le conné-
les documents officiels. Malgré tout, il y a toujours des exceptions : à Tripoli, table, le sénéchal, le chancelier ou
c’est le provençal qui est utilisé et, à Antioche, le normand. Pour ce qui est de le chambellan.
se faire comprendre lors des échanges avec les locaux, cela demande adap- • La Haute-Cour ou cour des
tation. Aussi certains francs vont-ils faire l’effort d’apprendre l’arabe qui Liges : Il s’agit de l’organe prin-
devient la langue de communication de certains poulains, des seigneurs, des cipal du gouvernement, là où les
clercs et des ordres militaires. Certains vont même jusqu’à se renseigner sur affaires politiques, financières et
l’histoire et la culture des mondes arabes. Abélard de Bath va même traduire juridiques sont menées. La haute
des ouvrages d’astrologie et de géographie. Stefano di Pisa (connu en France cour est également la chambre
sous le nom d’Étienne de Pise) va traduire des ouvrages de médecine, ce qui d’enregistrement des taxes et
nous sera plus que nécessaire pour les progrès de notre propre pratique ! des lois. Le corps de la noblesse y
est réuni et assemblé pour y tran-
cher sur les affaires courantes.
glissées entre ses fentes. Vous qui mille fois éprouvé, et ce sans • La cour du Raïs : Cette cour est
avez défendu ces murs avec achar- tenir compte de ses faiblesses. réservée aux causes indigènes
nement lorsque les francs se sont Une fois Jérusalem prise, ceux et en respecte les coutumes.
présentés à vos portes, vous qui qu’il avait menés au combat Présidée par un raïs, c’est une
avez survécu au massacre de la désignent Godefroy de Bouillon cour judiciaire pour les causes
population, vous vous êtes vu inter- roi de Jérusalem. Mais ce dernier mineures.
dire l’établissement dans la ville refuse de porter la couronne d’or • La cour de bourgeoisie ou cour
de Jérusalem, au profit des Syriens là où le Christ fut coiffé d’épines. des Bourgeois : Composée de
chrétiens et des Arméniens. Aussi préféra-t-il se faire appeler douze jurés, c’est une cour de
Enfin, si vous êtes musulman, « avoué du Saint-Sépulcre ». À sa justice pour tous les nobles libres
comme les juifs, il vous est inter- mort, un roi est désigné et sacré latins.
dit d’habiter dans la cité, ce qui par le patriarche de Jérusalem. • La cour de la Chaîne : Il s’agit
ne vous empêche pas de vous Élu par les barons et seigneurs du d’une cour de justice portant sur
rendre sur le mont du Temple, où Royaume, le suzerain est lié par la vie maritime. Elle fixe égale-
se trouvent deux des hauts lieux des engagements et des obliga- ment les pensions des échanges
de l’Islam. Tout d’abord le dôme du tions envers des vassaux. commerciaux.
Rocher, où le prophète Mahomet L’homme portant sur sa tête le • La cour de la Fonde : Il s’agit d’un
arrivé de La Mecque monta au ciel : poids de la couronne et ses res- tribunal commercial traitant à
sa coupole, ses mosaïques colo- ponsabilités se doit de tenir ses la fois des causes commerciales
rées vous émerveillent. Ensuite, la vassaux d’une main ferme et franques et indigènes.
mosquée al-Aqsa. Bien qu’occupée conciliante. Si la division des mu- • La cour seigneuriale : Hors de
désormais par les templiers, vous sulmans profite pendant un temps Jérusalem, elle se trouve dans
espérez en votre cœur que, lorsque à l’établissement des États Latins, chaque seigneurie afin d’y traiter
Saladin reprendra la cité, il purifie- leur union devient une menace les affaires locales.
ra cet endroit d’eau de rose, avant face à la désunion des Francs. Que • La cour pour les communau-
de la rendre au culte. ce soit par manque d’autorité ou tés italiennes : Le nombre des
par trop grande sédition de ses communautés italiennes allant
vassaux, le souverain de Jérusalem
Une cour se trouve confronté à des autori-
grandissant, une cour a été
ouverte pour chacune d’entre
à l’Occidentale tés bien trop puissantes, capables elles, à l’instar de la cour du Raïs
Rien de mieux pour se sentir d’aller contre sa propre volonté. afin qu’elles puissent y juger les
chez soi que d’établir, en pays Le pouvoir du roi est limité en affaires courantes. Il existe une
inconnu, un système politique son royaume. Il ne dispose que cour pour chaque communauté.
Passion, pouvoir
et hérédité
De légères effluves de trahison,
des murmures glaçants, des com-
mérages, des bruits de couloirs,
une dague acérée prête à vous frap-
per dans le dos : tout ce qu’il faut
pour une recette réussie d’intrigues
à portée de mains ! Un pouvoir re-
posant sur un déséquilibre entre un
roi élu et des seigneurs ambitieux
ne peut qu’amener avec lui son lot
de vexation et d’histoires crous-
tillantes. Et les femmes me direz-
vous ? Il est exclu qu’elles puissent
monter sur le trône de Jérusalem,
mais elles peuvent cependant avoir
leur rôle, pour le meilleur ou pour
le pire.
Entre passion, pouvoir et am-
bition, la reine Mélisende de
Jérusalem n’a rien à envier à une
Cersei Lannister. Entre les murs
de la ville sainte, des murmures
parviennent aux oreilles du roi
Foulques V d’Anjou que sa femme
aurait une liaison avec son ami
d’enfance et cousin, Hugues de
Puiset, comte de Jaffa. Alors que la

PNJ, Sibylle de Burzey (née environ vers 1160)

Sibylle de Burzey est la troi-
sième épouse de Bohémond III
d’Antioche, dit le Bègue. Pour elle,
il répudie sa femme, une princesse
byzantine, Théodora Comnène,
vers 1180. Fou amoureux d’elle,
il se dresse contre barons et pré-
lats, persécutant le clergé qui ose
se dresser contre lui à l’annonce
de son troisième mariage. Non
content de faire battre ou occire
tout membre du clergé, il fait dé-
molir monastères et abbayes, pil-
lant tout ce qui s’y trouve. À cause
de cet amour, la principauté est
mise sous interdit et lui est excom-
munié. Rien ni personne ne peut
calmer ses ardeurs, au point qu’il
entre en conflit avec les Arméniens
de Cilicie.
Espionne de Saladin, perverse,
prostituée même, aux dires de cer-
tains, mais assurément dotée d’un
esprit aiguisé, Sibylle tire les ficelles,
dirigeant Bohémond tout en révélant
ses secrets au sultan. En échange,
elle reçoit de riches cadeaux et peut
être même s’éprend-elle de cet
homme si riche qui est en passe de
reprendre Jérusalem. À mesure que
ses armées approchent d’Antioche
et que Bohémond est frappé d’im-
puissance face à son avancée, Sibylle
commence à se lasser.
Il est temps pour elle de changer
de jouet : ce sera le prince arménien
Léon II le Grand. Une fois dans son
lit, elle complote avec lui contre
Bohémond. Alors que le prince est
en pleine partie de plaisir avec les
autres barons, il est fait prisonnier
par Léon II, qui lui impose ce choix :
sa liberté contre la ville d’Antioche.
Bohémond, le cœur brisé, choisira
la vie en livrant sa cité.

AIDES DE JEU | 171

Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
172 | AIDES DE JEU
JÉRUSALEM

sédition gronde, ce dernier est gra-
vement blessé par un chevalier que
l’on soupçonne avoir été envoyé
par le roi afin de l’assassiner. Pour
prouver sa bonne foi, Foulques
ordonne l’exécution publique de
ce forcené, convainquant le peuple
hiérosolomytain de son innocence.
Honteux de toute cette affaire, le
roi, à partir de ce jour, et pour avoir
douté de la vertu de sa femme, lui
fut entièrement soumis.
Véritable dirigeante au côté de
son époux, Mélisende prenait une
part active dans le gouvernement.
Si bien qu’à la mort de Foulques,
elle assura la régence pour son fils,
Baudoin III. Malheureusement…
on s’habitue à avoir le pouvoir !
Lorsque son fils fut en âge de
régner, il voulut récupérer le trône
auquel sa mère s’accrochait.
Reconnu par les barons francs, il va
prendre d’assaut la tour de David
dans laquelle sa mère s’est retran-
chée… en vain. La tour ne cède pas,
ni sa mère ! Mélisende finit tout
de même par renoncer au trône en
1152 et Baudoin gardera un profond
respect pour sa résistance, si bien
qu’elle continua de gouverner à ses
côtés.
Il doit y avoir un certain côté
provocateur dans cette famille car
Alix, sœur de Mélisende et reine
d’Antioche, va également essayer
de déshériter sa fille pour régner
à sa place ! Malgré les appels au
calme du roi Foulques, elle refuse
L’enseignement arabe
d’entendre raison. Afin de la cal-
mer, le roi et le patriarche d’An-
tioche vont organiser un complot :
lui faire croire qu’elle va épouser un
mari charismatique, Raymond de
Poitiers, alors qu’en réalité, il est
là pour épouser sa fille. Ne se dou-
tant pas du stratagème, elle ouvre
les portes d’Antioche à Raymond
et, tandis qu’elle attend sa venue
dans son palais, le patriarche marie
les deux promis. De fait, elle est
chassée du pouvoir !
La « nation »
hiérosolymitaine
Qui sont ces habitants de
Jérusalem qui parcourent les rues
en quête d’aventures, d’amour,
de richesse ? Loin de désigner une
seule et même nation, les nouveaux
Hiérosolymitains sont Normands,
Lotharingiens, Provençaux, et le
seul semblant d’unité que l’on peut
leur prêter est de tous appartenir
à la nation franque. Cette nation
ne fait que croître avec l’arrivée
constante de nouveaux pèlerins,
des croisés désireux de rester en
Orient. Seigneurs, chevaliers, rotu-
riers, ils sont de toutes conditions.
Sans compter les poulains qui
tentent de se faire une place parmi
les leurs.
Les Italiens forment une enclave
dans la nation hiérosolymitaine,
plusieurs communautés bien dis-
tinctes réunies par l’appartenance
à une patrie commune et non au
royaume de Jérusalem. Ces com-
munautés ne présentent pas une
menace pour la royauté ou les sei-
gneurs locaux mais sont juridique-
ment autonomes. Nous avons donc
les Lombards – « Incontrôlables» et
« indisciplinés » aux dires des chro-
niqueurs –, les Génois, les Pisans et
les Vénitiens. Les Génois sont sans
doute les plus importants avec
les Vénitiens, car ils contrôlent les
voies maritimes. Ce qui les inté-
resse, c’est la fondation de comp-
toirs commerciaux en fournissant
bois et métaux, matières indispen-
sables en temps de conflits.
Les Vénitiens, comme les Génois,
s’adonnent au commerce, au
transport de pèlerins mais aussi et
surtout au transport des troupes.
Ils maîtrisent à la perfection le
jeu des alliances et comprendront
assez vite l’importance de Byzance
dans le jeu politique, ne reculant
devant rien pour attiser les haines
intestines. Pendant que les Francs
tentent de maintenir leur place
dans les États Latins d’Orient,
une autre bataille est menée entre
Gène, Pise et Venise pour obtenir
le contrôle du commerce oriental !
À ce jeu-là, Giacomo est devenu
maître. Lui et les associés de sa
guilde vénitienne ont trouvé le plus
sur moyen de sortir vainqueur des
troubles d’Orient : livrer hommes
et armes à la fois aux Latins et aux
musulmans !
Marielle Sarran
Illustration : Laurent Miny
Carte : Josselin Grange

L’enseignement des jeunes Arabes est avant tout religieux. Les no-
tions apprises à la mosquée sont ensuite reprises dans les écoles, les
madrasas. Là leur sont enseignés le droit, le sunnisme et l’idéologie du
djihad. Autre notion importante dans la société musulmane : la réunion.
Il s’agit là d’un concept très important dans le monde islamique, autant
pour sa portée sociale que sur l’échange des idées qui en résulte. Parler,
se réunir dans un lieu public, est au centre de l’apprentissage. Dernier
petit point, le monachisme islamique est appelé soufisme.
 173 | AIDES DE JEU

PSYCHO-SCRIBE, RACONTE-MOI L’HISTOIRE

COMBATTRE EN ORIENT
Le Croissant contre la Croix :
la bataille de Hattin
Quoi de mieux qu’une défaite cuisante pour
apprendre de ses erreurs ? À travers cet article,
nous reviendrons sur les circonstances de cette
bataille en nous concentrant sur les techniques
de combat et les valeureux combattants ayant
foulé la Terre Sainte.

P
arler des croisades, c’est aussi
faire le récit de leurs batailles.
Dès le premier pied posé en
Orient, les Francs n’ont cessé de vivre
l’épée au côté, soit pour conquérir, soit
pour défendre ce qu’ils avaient acquis
au prix du sang versé. Combattre chez
soi est une chose : le terrain est connu,
l’ennemi également. En débarquant en
Orient, les Latins vont être confrontés
à de nouveaux combattants, et un pays
hostile qu’ils vont devoir appréhender.

Charger et encaisser
Telle pourrait être la devise des francs
lorsqu’ils arrivent en Orient. Qu’ils
sont beaux nos chevaliers, avec leurs
cottes de mailles brillant au soleil de
midi, leurs belles montures, le fleu-
ron de la cavalerie française ! Le gros
de la technique franque repose sur la
charge de masse. Maintenus en rang
serré, cavaliers et fantassins doivent à
tout prix éviter d’être séparés, fraction-
nés. Après l’attaque vient la défense.
L’effet compact en résultant permet de
pouvoir encaisser les coups plus faci-
lement afin de pouvoir relancer l’as-
saut, le tout soutenu par une cavalerie
d’appoint menée par les Arméniens.
Au côté de la cavalerie se tiennent les

AIDES DE JEU | 173

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174 | AIDES DE JEU
JÉRUSALEM

archers à pied. Parmi eux, nous retrou-

vons quelques maronites qui servent
également de guides et d’éclaireurs
aux armées franques. Au milieu de ces
hommes, il vous est possible d’aperce-
voir des silhouettes vêtues à la turque,
les Turcopoles. Ces Turcs convertis
combattent au côté des Francs en tant
qu’archers montés. Et petit bonus :
l’arbalète ! Perfectionnée en Italie,
cette arme a été interdite par le concile
de Latran en 1139… sauf contre les
Infidèles. Cette arme, capable de proje-
ter des traits jusqu’à cinquante mètres
est un allié mortel.
Au sein de l’armée franque, votre
attention est retenue par ceux que l’on
appelle les « miles », les chevaliers, ces
combattants à cheval adoubés se mou-
vant la tête haute. Soldats de métier,
ces combattants possèdent un arme-
ment d’une qualité bien supérieure aux
fantassins qui les suivent, pied à terre.
Le pied aux étriers, les fers aux sabots
de leurs chevaux claquant sur le sol, ils
vous dominent de toute la hauteur de
leurs destriers de combat, coiffés de
leurs heaumes, leur longue épée flat-
tant le flanc de leur monture. Trottant
à ses côtés, son écuyer porte son grand
écu et sa lance. Son regard se porte vers
le chevalier qu’il sert. Bientôt, ce sera le
jour de son quinzième anniversaire, et
il sera adoubé, il recevra la colée, un pe-
tit coup à la nuque porté par son aîné,
ainsi que son épée, ses éperons et son
cheval.
L’armée franque va vite comprendre
qu’il lui faut s’adapter afin de pouvoir
survivre à ce milieu et ce climat si diffé-
rent de l’Occident. D’autant que ce qui
constituait la plus grande force de cette
armée, à savoir sa cavalerie, est mise à
rude épreuve par les réalités du terrain
où elle doit opérer, le sol rocailleux, les
déserts de sable, la chaleur accablante,
sont autant de nouveaux obstacles
à surmonter. La première adaptation
est l’abandon des armures lourdes qui
avaient tendance à épuiser les hommes
avant même qu’ils ne combattent !
L’adoption d’une cotte d’armes,
tunique sans manche descendant
jusqu’au genou, en peau ou toile
épaisse pour empêcher les armures
de chauffer, de foulards en coton
pour se protéger du soleil, s’ins-
taura progressivement. Les che-
vaux eux-mêmes bénéficièrent de
ces aménagements bienvenus, par
le port d’une chemise en tissu en
plus de la housse les protégeant
des coups.
Encercler et
harceler
Maintenant que vous avez la
tactique franque en tête, dites-
vous que du côté arabe… c’est le
parfait opposé ! Évidemment, le
premier atout de cette armée est
la connaissance du terrain dans
lequel elle évolue. Elle connaît ses
pièges, et sait les tourner à son
avantage : en coupant les accès
aux sources d’eaux, en gardant les
obstacles naturels dans le dos, en
jouant sur l’aveuglement du soleil.
Son second atout repose sur sa
mobilité, et sa rapidité. La tactique
arabe est basée sur le harcèlement
constant des armées ennemies
grâce à leurs archers. Une fois la
formation compacte des Francs
rompue, ainsi que leur cohésion,
les soldats arabes peuvent les
attaquer séparément. Après avoir
brisé leur cohésion, les cavaliers
vont encercler les troupes en car-
rousel, tout en continuant de faire
pleuvoir une grêle de traits sur eux.
La cavalerie arabe est également
très efficace. D’un équipement plus
léger que les chevaliers francs, elle
peut charger et se dérober rapide-
ment. Son entraînement militaire
repose surtout sur l’art équestre,
des exercices encadrés par un
maître eunuque, tandis que les en-
fants de princes avaient leur propre
tuteur, l’« atabeg ». Contrairement
aux chevaux des francs avant
leurs rencontres, ceux des arabes
étaient entièrement protégés, leur
tête, leur poitrail, ainsi que le reste
de leur corps par un caparaçon en
feutre.
L’armée est organisée en lignes :
une 1ère ligne de fantassins munis
de boucliers, d’une grande lance,
de javelots à portée, un genou à
terre ; une 2e ligne d’archers et d’in-
fanterie ; et enfin une 3e ligne de
cavalerie. Concernant leurs armes,
les Arabes ont appris à manier
l’épée, la lance et la masse, mais
il n’est pas rare de trouver entre
leurs mains des épées latines, soit
récupérées sur les corps des sol-
dats francs tombés au combat, soit
vendues par les Italiens ! En voyant
l’efficacité de la masse entre leurs
La pratique de la médecine
La médecine arabe devance de
loin l’occidentale jusqu’à la fin du
Moyen-Âge car les savants isla-
miques ont hérité leur savoir-faire
des textes anciens et des traditions
orales orientale, mésopotamienne et
égyptienne. Parmi les grands noms,
citons Abu Soulayman, médecin
d’Amaury Ier et de Saladin. Il possé-
dait un très grand savoir en médecine
grecque et arabe ainsi qu’en astrolo-
gie. Évidemment, à cette époque,
l’Église ne reconnaît pas l’usage
de l’astrologie sur les diagnostics
médicaux alors que les Arabes oui.
Cet homme a également prédit à
Saladin qu’il prendrait Jérusalem. Il
est égyptien, mais cela n’empêche
pas Amaury de faire appel à ses ser-
vices, au point de confier à son fils
Al-Muhadhdhab le soin d’élever son
propre enfant, Baudoin IV.
Voici un petit exemple des dif-
férences de traitements pour une
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mains, les Francs vont d’ailleurs
revoir son utilisation jusqu’à lors
peu exploitée.
La Geste
de Renaud
À qui doit-on tous ces progrès en
matière d’adaptation de l’équipe-
ment ? À ce bon vieux Renaud de
Châtillon. Non que cela puisse lui
être imputé exclusivement, mais
la cuisante défaite dont il va être le
maître d’œuvre est un cas d’école
qui va soulever à lui seul tous les
travers de cette armée franque et
les besoins urgents d’adaptation
qui adviennent après cette date fa-
tidique du 4 juillet 1187. Mais avant
de vous conter Hattin, revenons
ensemble sur ce qui a mené à cette
bataille qui devait sonner le glas du
royaume de Jérusalem.
pathologie donnée entre la méde-
cine arabe et franque. Exagération
ou vérité, nous vous laissons juge !
Un certain Ousama, émir de Sheiza
compare les traitements qui seraient
réservés à un homme avec un abcès
sur la jambe et une femme souffrant
d’insolation selon que le médecin est
arabe ou franc :
• Le médecin arabe passe un em-
plâtre sur la jambe. L’abcès se
perce et le patient reprend une
bonne tête. Il prescrit à la femme
une diète et lui « rafraichit le
tempérament ».
• Le médecin franc coupe la jambe
de l’homme, entraînant sa mort. Il
dit que la femme est atteinte par
un démon, lui donne de l’ail et du
sel. Son état ne fait qu’empirer. La
raison ? C’est le Diable qui l’a des-
séchée : il trace au scalpel une croix
sur le front jusqu’à l’os et couvre la
plaie de sel. Elle meurt également.
AIDES DE JEU | 175
176 | AIDES DE JEU
JÉRUSALEM

PNJ, Renaud
de Châtillon
(1120-1187)
Grand, fort, roux, charisma-
tique, Renaud de Châtillon est
un cadet de famille. Sachant
qu’il n’avait pas de fortune à
attendre de sa famille, il pro-
fite de la Deuxième croisade
pour rejoindre la Terre Sainte,
en 1147, afin de s’y couvrir de
gloire et d’or. Devenu prince
d’Antioche grâce à son mariage
avec Constance, il devient vite
le « prince brigand », se livrant
à de violentes razzias près de
Chypre. Champs cultivés brû-
lés, vieillards et enfants égor-
gés, Renaud de Châtillon ne
laisse derrière lui que la mort
et la désolation. Fait prisonnier
par des soldats turcs, il ne sera
libéré que quinze ans plus tard,
en 1176, après avoir perdu son
titre de prince.
Dans sa seconde vie, Renaud
se marie à Étiennette de Milly
et devient maître des forte-
resses de Kerak et Chawbak,
en continuant à multiplier
les raids sur les garnisons et
les caravanes, poursuivant sa
politique de conquête face
aux musulmans, main dans
la main avec les Templiers.
Briseur de serments, de pro-
messes et de vœux, Renaud de
Châtillon est un parjure cruel et
sans scrupules.
Peut-être avez-vous servi à
ses côtés lors d’une razzia et
à la bataille de Montgisard.
Ou peut-être escortiez-vous
une caravane de marchands,
ou la délégation de Byzance
venue demander à Renaud de
se repentir pour les massacres
de Chypre ?
 Non content de s’être rendu
coupable de pillage sur les côtes
situées à proximité de Médine et
de la Mecque, voilà que le véri-
table projet de Renaud de Châtillon
apparaît au cœur de tous : couper,
par terre et par mer, le chemin du
pèlerinage de la Mecque. Ce sacri-
lège fait paraître les Francs comme
l’adversaire de la foi coranique,
éveillant un sentiment d’union et
d’indignation des musulmans. La
forteresse de Renaud de Châtillon,
le krak de Moab aussi nommé
Kerak, revêt l’aspect monstrueux
d’une bête de l’Apocalypse, et les
croyants n’attendent plus que la
colère d’Allah ! Puis c’est l’attaque
de la caravane de trop : malgré
la protection allouée aux carava-
niers, elle va être prise d’assaut
par Renaud et ses hommes. Son
contenu est pillé et les captifs sont
jetés dans les prisons du Krak de
Moab ; parmi eux, la propre sœur
de Saladin.
Le sultan tente la voie diplo-
matique mais, devant le refus
de Renaud de Châtillon, il n’a
d’autres choix que de lever en
masse ses troupes pour écraser la
Syrie franque afin de s’emparer du
félon pour le tuer de ses mains. Et
les francs vont tomber dans son
piège. Alors que Saladin s’empare
de la cité de Tibériade, le comte
Raymond III de Tripoli, qui en est
le suzerain, demande instamment
au roi Guy de Lusignan de ne rien
tenter pour la sauver. Il sait les
Francs en infériorité numérique,
et qu’en cette saison, la région de
Hattîn-Tibériade risque de poser
des problèmes de ravitaillement en
eau et nourriture. Sage recomman-
dation qui fut pourtant ignorée,
notamment par le grand maître
du Temple, Gérard de Ridefort,
qui épouvanta le roi en lui faisant
comprendre que ne rien faire le
ferait paraître pour un roi faible !
N’osant se dresser contre lui, Guy
de Lusignan se tut, et l’appel aux
armes fut donné. Ainsi commença
la longue marche vers la mort.
Les cornes
de Hattin
Adhémar est un poulain, le pre-
mier de sa famille né en Terre
Sainte, de mère arménienne et
d’un père normand. À l’instar de
ses compagnons d’infortune, il sait
que cette marche est absurde, et le
moral s’en fait sentir. Tout autour
de lui, les regards sont baissés, les
mines songeuses. Autour d’eux,
des collines caillouteuses à perte
de vue, arides, nues. Dans les
armées de Saladin, Imrân attend,
tournant le dos aux eaux du lac de
Tibériade. Leurs ordres ? Maintenir
les Francs dans la fournaise et les
empêcher de rejoindre les points
d’eau.
Contre toute attente, une halte
est annoncée pour la nuit, sur la
butte du Qarn Hattin, une col-
line rocheuse dépourvue d’eau.
Adhémar est tiraillé par la soif,
et il sent sur ses épaules des re-
gards, tapis dans les ombres. Son
intuition est juste car, alors que les
Latins sont en train de monter leur
camp, Imrân et le reste de l’armée
musulmane les encerclent avant
de mettre le feu aux herbes sèches.
L’écrivain al-‘Imâd dira plus tard :
« les adorateurs de Trinité subirent
dès cette vie le supplice d’un triple
incendie, le feu de la plaine flam-
boyante, le feu de la soif, le feu des
morsures de flèches. ».
En quelques instants, le chaos
envahit les cornes d’Hattîn. Brûlés
par la soif, les sergents à pied se
rendent, tandis que, mus par la
rage de survivre, les chevaliers
tentent une percée désespérée,
à la grande surprise des troupes
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
arabes. Imrân ne peut s’empêcher
d’éprouver de l’admiration pour
la combativité de ces hommes.
Adhémar jette un dernier regard
au porte-étendard de Guy de
Lusignan, avant que celui-ci ne
tombe, percé de flèches. Il le sait,
la bataille est perdue. Il a tout
juste le temps de serrer la bride
de son cheval afin de s’engager
dans la seconde charge à la suite
de Raymond de Tripoli, du prince
héritier d’Antioche, de Balian d’Ibe-
lin et de Renaud de Sion. C’est là
sa seule chance de survie. L’armée
musulmane, loin de leur offrir une
résistance, leur ouvre la voie, sur
ordre de Taqî al-Dîn Omar, avant de
refermer l’étau autour des derniers
hommes debout. Ils n’étaient pas
la cible de Saladin.
Imrân pose les yeux sur les res-
ponsables de cette folie, Guy de
Lusignan, Renaud de Châtillon et
Gérard de Ridefort, désormais pri-
sonniers. Une fois sous la tente
de Saladin, celui-ci offre à Guy
un sorbet d’eau de rose. Selon la
coutume, aucun mal de pouvait
lui être fait, car il avait mangé à la
table du sultan. Or, lorsque le roi
passe le gobelet à Renaud, la co-
lère de Saladin éclate, lui jetant au
visage toutes ses insultes, tous ses
méfaits, à quoi Renaud répond par
la provocation. Devant tant d’inso-
lence, Saladin dégaine son sabre
et lui coupe la tête, avant d’ordon-
ner l’exécution des Hospitaliers,
des Templiers et des Turcopoles.
Guy de Lusignan et les autres pri-
sonniers de marque sont envoyés
à Damas, tandis que Saladin re-
prend sa route vers la conquête de
Jérusalem, vidée de sa chevalerie.
Marielle Sarran
Illustrations : Laurent Miny
AIDES DE JEU | 177
178 | AIDES DE JEU
PSYCHO-SCRIBE

PSYCHO-SCRIBE, RACONTE-MOI L’HISTOIRE

SIÈGES
ET FORTERESSES
Se défendre en Orient
S’il y a bien une chose que les Occidentaux ont bien su importer
en Orient, c’est leurs forteresses. On n’est jamais plus sûr de soi
que derrière des murs de plusieurs pieds de large.
Sécurité réelle ou fantasmée ?

Un mariage
et deux sièges
Une forteresse ne tombe que
très rarement. Ne prenons
que l’exemple du siège
mené par Saladin devant le
Krak de Moab. Fortifié à de
nombreuses reprises, son
système défensif repose sur
ses tours, ses tourelles et
surtout ses fossés, en plus
de sa position en hauteur.
Saladin arrive alors que
Renaud de Châtillon est en
train de célébrer le mariage
de son beau fils Onfroi IV
de Toron avec la princesse
Isabelle, sœur du roi Baudoin
IV. La femme de Renaud,
Étiennette, offre à Saladin
un peu du repas de noces.
Le sultan maintient le siège
mais ordonne que la tour où
sont les jeunes mariés ne soit
pas touchée, tandis que huit
mangonneaux pilonnent le
reste de la forteresse. Chassé
par l’intervention du roi
Baudoin, Saladin renonce,
mais revient plus tard, avec
quatorze mangonneaux. Il
ne réussira cependant jamais
à passer le fossé le séparant
de Kerak.
L
es croisades sont un éternel re-
commencement : arrivée devant
une forteresse, siège, conquête,
défense, arrivée d’un nouvel ennemi,
siège, etc. Parfois, la forteresse tient,
d’autres fois elle est obligée de se
rendre. Nous tenons là une source iné-
puisable de situations cocasses à inté-
grer et utiliser sans ménagement dans
nos scénarios de jeux de rôle ! Le siège
et la défense d’une forteresse se jouent
sur de petits détails, et à tout instant la
chance peut basculer.
L’art de la guerre et
de la défense
Tout d’abord, faisons un petit point
sources. Plusieurs traités sur l’art de
guerre sont écrits à la fin du XII siècle.
Mardi Ibn al-Tarsusi rédige pour Saladin
un manuel, court et concret, pour expo-
ser différentes armes et techniques de
combat pour mener à bien les sièges.
Lance creuse, bouclier-arbalète et abri
mobile pour ceux qui mettent en place
les engins de siège sont autant d’inven-
tions fort pratiques pour à la fois cau-
ser des dégâts et les éviter sur soi. Cet
ouvrage richement enluminé présente
non seulement les armes mais égale-
ment la description technique de leur
fabrication.En arrivant en Orient, les
Francs sont peu nombreux et doivent
pallier ce manque d’hommes en pays
hostile. Condamnés à une défense pas-
sive et dissuasive, ils vont ériger forts
et forteresses afin de se protéger. De
la poudre aux yeux… car ils n’ont pas
assez d’hommes pour pouvoir les tenir.
C’est au roi Foulques d’Anjou que l’on
doit la construction de la plupart de
ces forteresses bâties à la frontière sud
des États-Latins afin d’éviter les incur-
sions égyptiennes : Ibelin, tenue par
une des familles les plus puissantes
des royaumes croisés ; Blanche-Garde,
qui va permettre le repeuplement
de la zone nommée « la vallée aux
Mimosas » ; ou encore Gibelin, occupé
par les Hospitaliers.La construction de
tels édifices va demander des moyens
colossaux, autant en main-d’œuvre
qu’en matières premières. Il va falloir
s’adapter aux contraintes techniques
et pallier le manque de ressources,
notamment grâce aux Génois ou
Vénitiens. En regardant ces forteresses
de plus près, vous remarquez que peu
de bois est utilisé. Fortifications et
palissades sont en bonnes pierres, en
partie enterrées à leur base afin d’as-
surer un meilleur maintien. Parfois,
comme sur le site d’Ibelin, d’anciennes
ruines vont être réemployées pour
y bâtir la nouvelle place forte. Peu
de forteresses ont été, dans les
faits, prises par la force. Souvent,
le seigneur va capituler pour sau-
ver les civils qui y sont retran-
chés, abandonner son fort face
à l’arrivée d’une armée bien trop
nombreuse, ou négocier la red-
dition.En étudiant ces forts, à la
fois lieux de défense et de rési-
dence, il est possible d’y voir des
aménagements résultant d’un
transfert de technique arabe aux
Francs. C’est le cas de l’utilisation
de l’eau en milieu désertique par
le biais de puits, permettant plus
tard la culture de la canne à sucre
lorsque celle-ci est amenée par
les Vénitiens et Frédéric II lors de
la Troisième Croisade. Les Francs
vont également s’inspirer de leurs
ennemis pour la transmission de
messages grâce à l’usage des pi-
geons voyageurs. Ces volatiles sont
utilisés par les souverains comme
moyens de communication, et
sont même capables d’emprunter
les souterrains !
À l’assaut !
Une fois votre forteresse
construite, vous contemplez votre
ouvrage, et vous vous demandez
combien de temps elle pourra te-
nir face à l’assaut des troupes de
Saladin, ce qui ne saurait tarder.
Il faut savoir que les Latins vont
beaucoup s’intéresser aux tech-
niques de sièges des musulmans
et des Byzantins. Certains croi-
sés, en rentrant en Occident, vont
même faire construire leurs forte-
resses sur le modèle de ce qu’ils
avaient pu voir en Orient. C’est le
cas de Richard Cœur-de-Lion et
de son Château-Gaillard.Comme
vous le présagiez, les engins de
siège sont au pied de vos remparts.
Vous risquez un œil pour voir les
forces ennemies lorsqu’une pierre vinaigre ou fraîchement écorchées
passe au-dessus de votre tête pour pour se prémunir des incendies.
venir s’écraser dans votre cour. Ce Mais elles finiront bien par prendre
projectile a été lancé par un pier- feu, à force que le feu pleuve sur
rier. Bientôt, un boulet de naphte elles. Gare au feu grégeois ! Lancé
enflammé, propulsé par un man- dans des récipients en argile, ce
gonneau met le feu aux écuries. mélange de soufre, de salpêtre et
Encore quelques réglages, et ces d’huile de naphte est très dange-
projectiles pourraient atteindre reux. Capable de brûler même sur
les murailles. Déjà, les chats sont l’eau, il semblerait qu’il ait été
avancés, ces toitures mobiles pro- inventé au IXsiècle par un Syrien.
tégeant des flèches et des pierres N’oubliez pas qu’un siège est une
projetées par les défenseurs. Que guerre psychologique avant tout. Il
se cache-t-il dessous ? Des ar- n’est pas rare de voir parmi l’armée
chers ? Un bélier ? C’est aux tours assiégeante la tête d’un coreligion-
mobiles de faire leur entrée. Plus naire planté au bout d’une pique,
hautes que les murailles, elles sont ou propulsée dans l’enceinte du
divisées en plusieurs niveaux : en fort.
bas, un bélier ; aux étages intermé-
diaires, archers et arbalétriers font
pleuvoir leurs traits sur les défen-
Focus : le Krak
seurs ; en haut, une passerelle peut des Chevaliers
s’abaisser sur les fortifications. Le Krak des Chevaliers est un
Comment arrêter cette attaque ? parfait exemple de ces forteresses
Lancer des pierres jusqu’à l’épui- profitant de l’environnement
sement afin de briser le chat, et local pour asseoir leur position
pouvoir atteindre les hommes qui à la fois stratégique et défensif.
se trouvent à l’abri en dessous. Idéalement construit, le Krak est
Les tours mobiles sont recouvertes situé entre Antioche et Tripoli,
de peaux de bêtes imprégnées de ce qui le place sur le chemin de
Les goodies de Terre Sainte
Vous en avez forcément entendu parler, de tous ces petits souvenirs
ramenés de Terre Sainte. Un morceau de phalange par ci, un éclat de
crâne par là, le voile de Véronique, une épine de la couronne portée par le
Christ… Les églises sont encore pleines de ces reliques du passé, et leur
marché était particulièrement florissant durant les croisades ! Citons
la Vraie Croix tombée entre les mains des armées de Saladin lors de la
Bataille de Hattin. Il s’agissait d’une grande croix qui contiendrait un
fragment de la croix sur laquelle aurait été crucifié le Christ. Elle précède
l’armée lors des batailles et serait le véritable trésor de Jérusalem.
Et n’oublions pas la Sainte Lance qui, entre les mains de Longinius,
aurait percé le flanc droit de Jésus. En 1098, un moine du nom de Pierre
Barthélemy a une vision de la Sainte Lance et elle est retrouvée sous le
dallage de la cathédrale Saint-Pierre d’Antioche. Porteurs de la Sainte
Lance, les armées parvinrent à faire lever le siège devant la cité. On au-
rait vu sortir des montagnes des troupes innombrables montées sur des
chevaux blancs, aux étendards immaculés, les secours du Ciel envoyés
par Dieu… Nous laissons cela à votre méditation.
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182 | AIDES DE JEU
SIÈGES & FORTERESSES

PNJ, Saladin ou
Salah al -Din
Yusuf (1138-1193)
Sultan d’Égypte et de Damas,
émir d’Alep, ce fils d’officier
kurde a su s’élever et créer
un précédent en poursuivant
l’œuvre de ceux qu’il a servi
pour mener à l’unification du
monde musulman, soumis à
un seigneur, un pouvoir, dans
un but commun. Saladin, bien
que d’origine humble, a de l’or,
des cavaliers, des troupes et
va fonder sa propre dynastie,
les Ayyoubides. Il va se faire
un nom, autant chez ses alliés
qu’auprès de ses ennemis, en
se montrant juste, courtois, et
ne faisant couler le sang que
lorsque cela est nécessaire.
Le 20 octobre 1187, il s’empare
de Jérusalem et accepte d’épar-
gner les vies de ses habitants
contre une rançon. Les chré-
tiens sont escortés afin de re-
gagner sains et saufs les côtes.
Il rétablit le culte musulman,
mais permet aux chrétiens de
conserver le Saint-Sépulcre, et
aux juifs leurs synagogues. Les
chroniqueurs francs louent son
élégance morale et ses qualités
d’homme d’État.
Dans quelles circonstances
avez-vous rencontré Saladin ?
Étiez-vous l’une de ses douze
concubines ? Une espionne à
son service ? Ou bien un cheva-
lier franc épargné sur le champ
de bataille, qui aurait décidé
de porter allégeance à ce grand
conquérant ?
la première croisade. Pris par ses grandes salles voûtées, ses dé- édifice, aussi ingénieux soit-il, est
Raymond de Saint-Gilles, c’est sur- cors, la cour centrale dans laquelle le manque d’hommes pour le tenir.
tout Tancrède, le régent d’Antioche séjournent les caravansérails ou la Malgré tout, le Krak résista à toutes
qui va investir les lieux pour la grande tour maîtresse dominant les tentatives de prise d’assaut, et
première fois en 1110 et y installer le site. Les Hospitaliers ont éga- ne fut cédé aux Mamelouks en 1271
une garnison, avant qu’il ne passe lement veillé aux aménagements que par la ruse et la capitulation de
entre les mains des Hospitaliers en hygiéniques, comme la tour de la- ses occupants.Marielle Sarran
1142, prenant alors le nom qu’on lui trine ou la citerne. Le maintien des
Illustrations : Laurent Miny
connaît de « Krak des Chevaliers ». activités polluantes à l’opposé des
Plan : Josselin Grange
Il va subir plusieurs aménage- ressources en eau fut bien réfléchi
Illustrations d’archive :
ments et être relié aux réseaux afin d’éviter tout risque de conta-
Gustave Doré
de signaux de feu et de commu- mination, surtout en cas de siège.
nication par pigeon voyageur aux Du fait de sa position stratégique,
autres fortifications hospitalières le Krak a servi de point de repli aux
et templières (Blanche-Garde par raids menés dans la région, mais le
exemple).Le Krak est remarquable problème majeur posé par un tel
à bien des égards, et représente
l’un des vestiges les mieux conser-
vés d’architecture défensive. Ses
bâtisseurs ont su tirer avantage de
sa topographie puisqu’il se dresse
au sommet d’un éperon rocheux.
Véritable labyrinthe, tout y a été
pensé pour rendre sa prise d’assaut
périlleuse, ne serait-ce que par
son entrée ! La herse est encadrée
de deux tourelles dans lesquelles
peuvent se positionner des archers.
Si vous parvenez à la passer, vous
vous engagez dans un corridor
étroit, surmonté de meurtrières et
d’assommoirs, ouverture pratiquée
souvent au-dessus des portes ou
d’un couloir permettant une dé-
fense verticale. Ce qui signifie que
si vous êtes parvenu jusqu’ici, vous
êtes susceptible de vous prendre
des pierres, de la poix, des flèches
venant du toit ! Sachez également
que si, à tout hasard, vous parve-
nez au bout de ce corridor mortel,
une nouvelle porte en bois, munie
de poulies vous attend, et derrière
elle la salle d’armes.La défense
extérieure du site est assurée par
son enceinte polygonale, flanquée
de tourelles et d’un fossé au Sud.
Cependant, ce qui attire l’attention
dans ce Krak, hors les aménage-
ments de défense, c’est le soin por-
té à ses aménagements intérieurs :

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184 | AIDES DE JEU
PJ ONLY

AIDE DE JEU (PJ ONLY)

L’HISTOIRE COMME
BACKGROUND
JO Comment utiliser l’Histoire pour
P

N LY construire son personnage ?

Maintenant que vos petites têtes sont emplies du fracas
des épées, des mille et une couleur de l’Orient, que vous
êtes devenus incollables sur les Croisades, et sur l’Histoire
tourmentée des États Latins d’Orient… qu’en faire ? Vos propres
personnages bien sûr !
Talent ou magie ?

« Historique » ne veut pas
dire « sans fantastique ».
Gardez à l’esprit que cet
outil n’est là que pour vous
aider dans votre quête
d’inspiration : donner à votre
PJ un caractère plus familier
en vous inspirant de figures
connues, ou vous permettre
de jouer dans un contexte
plus réaliste. Mais que cela ne
vous empêche pas de faire
intervenir le fantastique. Dans
le cas de Jeanne d’Arc que
nous avons cité tout à l’heure,
nous pouvons tout à fait
supposer que dans un JdR,
son don pour l’éloquence soit
un pouvoir divin, ou que la
prière puisse lui donner un
avantage momentané lors
des combats. Ces moyens, ces
talents que vos personnages
vont acquérir au cours de
leur aventures, peuvent être
de différentes natures, et le
fantastique peut intervenir à
tout moment : soit parce qu’il
est inerrant à l’univers dans
lequel vous jouer, ainsi vos
personnages y auront accès
dès le départ ; soit parce qu’ils
vont à sa rencontre au terme
de leur quête.
L
a création de son personnage est
une étape clé pour tout joueur.
Chacun ses petites habitudes et
ses préférences : choisir un pré-tiré,
laisser l’aléatoire faire son œuvre, ou
bien prendre des heures à lire et évaluer
chaque possibilité avant de se décider.
Au fil des scénarios, vous êtes destinés
à vivre beaucoup d’aventures, autant
bien vous entendre ! Voici quelques
astuces afin de créer un personnage sur
mesure en utilisant cette bonne vieille
matière première qu’est l’Histoire.
Étape 1 :
Présentation -
Qui es-tu, étranger ?
Vous et votre PJ êtes amenés à vous
côtoyer durant un temps certain,
variable, selon si votre MJ se destine
plutôt à un one-shot ou à une cam-
pagne. J’aurais tendance à dire que le
temps ne fait rien à l’affaire, car ce qui
compte, c’est le plaisir que vous aurez
à jouer avec votre PJ. Que ce soit pour
une heure, quatre heures ou six mois,
vous êtes destinés à faire un bout de
chemin ensemble, alors autant soigner
votre rencontre ! Au fil des aventures,
le joueur va tisser des liens avec son
PJ, apprendre à le connaitre, à l’appré-
cier ou le détester suivant ses choix,
ou ceux du MJ. Mais pour qu’un affect
se crée, il faut comprendre son person-
nage, et le connaitre, c’est à cela que
sert ce premier point.
Le nom, l’apparence physique, l’âge,
le nom de la mère, commencez par ce
que vous voulez. Ce point est là pour
vous aider à concevoir une représen-
tation mentale de votre personnage,
le rendre familier à vos yeux. Si partir
de rien vous effraie, vous pouvez bien
évidemment vous reporter sur les pré-
tirés du jeu auquel vous allez jouer,
mais s’il s’agit d’une création de votre
MJ, l’Histoire est là pour vous donner
des exemples à foison. Dans notre dos-
sier sur les Croisades, vous pouvez faire
la connaissance de plusieurs PNJ ayant
existés, aux destins parfois rocam-
bolesques, semblant sortir tout droit
d’une épopée fantastique, et pourtant
bien réels. Posez-vous la question de ce
que vous désirez raconter, incarner.
Êtes-vous Marguerite, une femme
née en Terre Sainte ? Ou plutôt Nazir,
un berbère menant des caravanes
entre Damas et La Mecque ? Ou encore
Giacomo, un Lombard s’étant éta-
bli à Jérusalem dans l’espoir d’y faire
fortune ? La plus importante des
questions à laquelle répondre est :
qui suis-je ? Notez tout ce qui
vous vient à l’esprit : sa condition
(noble, riche, pauvre), sa famille
(orphelin, parents absents, parents
disparus, conflits familiaux), sa
terre d’origine. Une fois que vous
aurez répondu à toutes ces interro-
gations, vous et votre personnage
commencez à être plus familier : il
est temps de partir à l’aventure !
Étape 2 :
Motivation -
Qu’allait-il faire
dans cette galère ?
Maintenant que votre feuille de
personne repose bien remplie de-
vant vous, que faire ? Il est impor-
tant pour vous de pouvoir répondre
à une question simple avant de
commencer une partie : pourquoi
l’aventure ? Bien sûr, souvent lors
d’une partie de JdR, les problèmes
foncent vers les personnages avant
même que ceux-là n’aient eu le
temps de se présenter. Dans ce
cas là, la motivation d’un PJ peut
Il est toujours

intéressant de se
demander ce qui pousse
le PJ à quitter son
foyer.

se résumer à se battre pour sa vie
ou échapper à un danger, intention
tout à fait louable au demeurant !
Cependant, il est toujours intéres-
sant de se demander ce qui pousse
le PJ à quitter son foyer, à prendre
la mer, à mettre des kilomètres
entre lui et son point de départ, à
la fois pour approfondir son his-
toire mais aussi pour son roleplay.
Vous comprenez bien que si vous
décidez de fuir votre foyer afin
d’échapper à un mariage forcé, ou
à la violence paternelle, vous ne
jouerez pas de la même manière
qu’un jeune noble souhaitant
conquérir le fief que sa naissance
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
n’a pas pu lui donner ! D’un côté,
le PJ sera mu par cette peur de la
découverte, peut-être l’aventure
se présentera-t-elle à lui alors qu’il
sera pris en flagrant délit en train
de monter clandestinement dans
un bateau. De l’autre, notre PJ
peut avoir enrôlé les autres PJ de la
table afin de constituer son armée
en partance pour la Terre Sainte. Il
est important pour vous de savoir
ce qui pousse votre PJ à l’aventure
et surtout quel est son sentiment
à cet égard. Le choix, conscient
ou non, de devoir prendre la route
n’est pas anodin, et chaque PJ aura
un sentiment divergeant sur ce
point : l’excitation, la libération, la
peur, l’angoisse, la résignation, la
curiosité…
Si nous reprenons une fois
encore l’exemple des Croisades,
qui peut tout à fait être adapté à
n’importe quel univers, les moti-
vations de ceux qui ont pris la croix
et la route pour Jérusalem étaient
très diverses. Hommes, femmes,
enfants, animaux (oui, oui, une oie
AIDES DE JEU | 185
186 | AIDES DE JEU
PJ ONLY
est partie en croisade, cherchez si
vous ne me croyez pas !) ont tourné
les yeux vers l’Orient avec dans le
cœur un souhait propre. Une pro-
messe faite sur son lit de mort, que
si la guérison était accordée, alors
la croix serait prise pour remercier
Dieu et ses bienfaits. Le rachat
d’une faute : un meurtre, un men-
songe, une trahison. Un besoin de
faire ses preuves pour convaincre
un beau-père trop réticent pour ac-
corder la main de sa fille. Une mis-
sion céleste de libérer Jérusalem
des Infidèles, et de passer les blas-
phémateurs au fil de l’épée. Quelle
volonté anime vos pas ?
Étape 3 : Moyens –
Quelles sont mes
armes ?
Partir à l’aventure, c’est bien. Être
préparé, c’est mieux. Au début de
votre aventure, votre personnage
a des acquis, car il a une histoire.
Voleur des rues, jeune fille lettrée,
combattant aguerri… son passé lui
donne déjà des armes pour affron-
ter les premières épreuves, et la
suite lui permettra de développer
ses compétences afin d’atteindre
son but. Ce sur quoi j’aimerais atti-
rer votre attention, c’est encore
une fois sur l’utilisation de mo-
Partir à l’aventure,

c’est bien. Être préparé,
c’est mieux. Au début
de votre aventure,
votre personnage a
des acquis, car il a une
histoire.

dèles historiques pour penser votre
personnage. Inspirez-vous de l’être
humain pour ne pas tomber dans le
piège des archétypes qui risquent
de vous enfermer dans une seule
manière d’incarner votre person-
nage : l’elfe sage, le demi-orque
guerrier, le barbare sanguinaire…
et autres clichés. Il peut y avoir un
plaisir particulier à jouer ces arché-
types, bien entendu. Mais il est à
mon sens plus intéressant de jouer
les nuances.
Ces nuances peuvent très bien
apparaitre au fil de l’aventure.
Prenez un personnage que rien
ne destine à la carrière des armes,
comme Jeanne d’Arc. Jeanne, avant
de commencer sa quête divine
pour libérer le France du joug an-
glais, n’est qu’une paysanne. Ses
armes sont sa foi, son courage et
un certain don pour l’ éloquence
(naturel ou divin). Puis, petit à
petit, elle va apprendre à manier
les armes, à mettre en place des
stratégies jusqu’alors inconnues
d’elle, apprendre à s’entourer de
personnes fidèles et talentueuses.
Elle va donc gagner d’autres apti-
tudes qui changent sa fiche de
personnage initiale. Malgré tout,
elle reste, à certains moments,
cette jeune paysanne avec ses
faiblesses.
 Concrètement, n’hésitez pas à avoir plusieurs cordes
à votre arc, à l’instar de personnes ayant véritablement
existé. Cela vous permettra de pouvoir jouer sur l’ambi-
guïté, de donner plus de profondeur à votre roleplay en
appuyant les contrastes : un grand guerrier, imposant
que tout désignerait comme un combattant hors pair,
et qui aurait développé des talents de diplomate ou
d’espion ; une femme de grande lignée élevée dans le
faste et l’opulence, réduite en esclavage, qui devrait
apprendre la voie des armes pour sa survie. Je n’invente
rien, ouvrez vos livres d’Histoire à la bonne page, et
vous trouverez votre bonheur.
Étape 4 :
Épreuves – Let the dice roll !
Vous vous doutez bien que tout ne se passera pas
exactement comme vous l’avez prévu. Et c’est cela
que l’on aime ! Que ce soit par la cruauté de votre MJ,
par le fait de vos plans plus ou moins hasardeux, par
le sort des dés, votre PJ va être confronté à des choix,
des événements imprévus, et atteindre son but ne sera
pas aisé. La motivation première qui vous a poussé à
prendre les routes peut être amenée à changer : et c’est
très bien ! N’ayez pas peur de mettre à jour vos objec-
tifs, quitte à aller dans les extrêmes. Laissez à votre PJ
de belles cicatrices, c’est ainsi qu’il va grandir.
Reprenons notre jeune noble qui, trop loin dans la
ligne de succession de son père, ne devait jamais avoir
son propre domaine. Il a décidé de partir en Terre Sainte
dans le but d’y faire des conquêtes, et de se bâtir son
fief. Lui qui n’avait jamais combattu aussi loin de chez
lui a été impressionné par ce pays, mais arrivé à son
premier siège, alors qu’il passe pour la première fois les
portes de la ville conquise, il voit tous ces corps d’inno-
cents mutilés et doute de vouloir son château à ce prix.
Alors il dit adieu à ses rêves, et se jure de ne jamais plus
s’en prendre aux civils, quitte à ce que plus tard, il aban-
donne ses frères d’armes, si ceux-là ne le suivent pas
dans son vœu pacifiste.
Les épreuves vécues par votre PJ doivent avoir un
impact, que ce soit par l’apprentissage d’une nouvelle
compétence, l’acquisition d’une nouvelle aptitude, d’un
sortilège, ou quelque chose de plus physique, ou moral.
Ne soyez pas passif face à ce qui se déroule devant vos
yeux, cela ne contribuera qu’à renforcer le lien que vous
aurez créé avec votre PJ. Et avec un peu de chance, vous
parviendrez même à surprendre votre MJ, et cela n’a pas
de prix !
Marielle Sarran
Exemple de PJ :
Marguerite de Beverley
• Étape 1 : Marguerite de Beverley, frère du moine
cistercien Thomas de Froidmont, est née en
Terre Sainte, à Jérusalem, durant le pèlerinage
de ses parents, Sibil et Hulno. D’origine anglaise,
elle s’occupe seule de son petit frère, Thomas,
à la mort de ses parents. Marguerite est bonne,
vertueuse, et courageuse.
• Étape 2 : Marguerite vient de prendre la croix (a
fait vœu de partir en Terre Sainte), et elle arrive
à Jérusalem, malheureusement au mauvais mo-
ment puisque, lorsqu’elle y est présente, la ville
est assiégée par Saladin. Elle doit donc défendre
la ville en combattant aux côtés des soldats.
• Étape 3 : Lorsqu’elle arrive à Jérusalem,
Marguerite brille par son intelligence, sa volon-
té et sa foi. Habille de ses mains, elle manie la
fronde avec agilité. Fort heureusement pour elle,
sa grande adaptabilité lui permet de faire face à
toutes les situations.
• Étape 4 : Elle qui pensait uniquement faire un
pèlerinage à Jérusalem, la voilà contrainte de
lutter pour sa survie. Ce qu’elle souhaite, c’est
retourner en Occident. Sa meilleure arme est
sa foi. Jamais elle ne doute que la Vierge Marie
l’assistera et la conduira à bon port.
Petite cerise sur le gâteau ? Toute cette histoire
est véridique ! Marguerite de Beverley a existé et
ses aventures ont été retranscrite par son frère
dans un livre intitulé Hodoeporicon et percale
Margarite Iherosolimitane. Pour vous donner
une idée, Marguerite a combattu pour défendre
Jérusalem à coup de fronde (on raconte même
qu’elle s’est improvisée un casque avec une
marmite ). Elle a été blessée et une fois la ville
tombée, est partie pour Lachish (ou Laodicée).
Malheureusement, elle est capturée par un groupe
de musulmans et réduite en esclavage. Battue et
menacée, elle est rachetée par un bourgeois de
Tyr qui la libère. Elle se rend à Antioche qui sera
aussi attaquée par Saladin, et participe au pillage
des morts pour trouver de quoi rentrer en Europe.
Mais, en route pour Tripoli, elle est de nouveau
faite esclave avant d’être libérée. Elle parvient à
rentrer en Europe en rejoignant la ville d’Acre : cela
lui aura pris quatre ans.
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188 | AIDES DE JEU
MJ ONLY

AIDE DE JEU (MJ ONLY)

L’HISTOIRE COMME
BACKGROUND
JO Comment utiliser l’Histoire pour
M

N LY nourrir ses scénarios ?

Préparer une campagne ou un scénario original pour ses joueurs
peut prendre du temps, et la panne d’inspiration n’est jamais
loin. Et pourtant, à portée de main, vous avez tout ce qu’il
vous faut. L’Histoire regorge de tout ce dont vous avez besoin :
héroïsme, passion, trahison et aventures !

Pourquoi utiliser
l’Histoire en jeu de rôle ?
Il y a principalement deux
raisons à cela. La première,
pour trouver l’inspiration et
gagner du temps : quitte à
avoir tous les scénarios sous
la main, autant en profiter !
Et la seconde à des fins
pédagogiques : apprendre
l’Histoire autrement, en la
rendant plus concrète, plus
présente, en amenant les
joueurs à la découvrir par le
biais du jeu. Lorsque votre PJ
assiste aux Ides de Mars ou
y participe activement, il y a
de très grandes chances que
vous gardiez ensuite en tête
de quoi il s’agit : on n’assiste
pas à un assassinat tous les
jours !
T
outes les plus grandes sagas,
même fantastiques, puisent leur
inspiration dans notre Histoire ou
dans des œuvres littéraires s’appuyant
elles-mêmes sur des faits historiques.
Ne citons que Georges Martin qui s’ins-
pira des Rois maudits écrits par Maurice
Druon, dont l’intrigue repose sur la fin
des Templiers et la descendance de
Philippe le Bel. Vous avez en vous tout
ce qu’il faut pour faire un scénario digne
du Trône de fer : un fait historique, un
soupçon de magie et votre imagination !
Pas de panique,
tout va bien se passer !
La perspective de devoir mettre le nez
dans un livre d’Histoire peut en effrayer
plus d’un. Tant de pages, fourmil-
lant de détails, de noms inconnus, de
contrés lointaines, de vocabulaire plus
ou moins hermétique… Mais, soyez un
peu honnête avec vous-même : vous
êtes capable de lire des centaines de
pages de description d’un univers fic-
tif ! En quoi serait-ce différent ? Il ne
vous coûte rien d’aller dans une biblio-
thèque pour feuilleter un manuel ou
chercher sur Internet. Tout est à portée
de clic aujourd’hui ! Il vous faut abso-
lument aborder le sujet comme vous le
feriez de n’importe quel livre de jeu de
rôle. Et vous vous rendrez compte, au
fil de vos lectures, que vous en savez
plus que vous ne le pensez : entre ce
que vous avez appris à l’école, ce que
vous avez lu ou entendu sur un sujet.
D’autant que, si vous y prêtez atten-
tion, vous réaliserez que beaucoup
de jeux de rôle font référence, d’une
manière ou d’une autre, à l’Histoire.
Que ce soit pour son cadre comme
Crimes ou Te Deum pour un massacre,
ou par son ambiance, par exemple dans
Capharnaüm. Ce dernier a beau avoir un
thème fantastique, on ne peut s’empê-
cher de faire le rapprochement avec
les États latins d’Orient et Jazîrat, les
croisés et les Escartes. Prêtez les yeux
à tous ces petits détails et un monde
nouveau s’ouvrira à vous !
Utiliser l’Histoire comme background
pour ses parties de jeu de rôle, c’est
faciliter l’immersion des joueurs dans
un univers qui leur sera familier, et
donner la possibilité de s’amuser avec
ce que l’on connait. Cela n’oblige en
aucun cas le MJ à faire une partie « his-
toriquement correcte ». Il le peut s’il le
souhaite, mais l’objectif de cet article
est de montrer comment l’Histoire
peut être utilisée pour construire ses
scénarios, et non de simplement
faire un copier-coller de Wikipédia.
Point primordial à garder à
l’esprit : s’amuser ! Rien ne doit
être fait dans la contrainte, il
faut que tout le monde y trouve
son compte, à savoir le MJ et ses
joueurs. Si vous et les joueurs
assis à votre table êtes passion-
nés d’Histoire, amusez-vous à
leur faire rencontrer des person-
nages incontournables du passé,
à leur faire revivre des scènes his-
toriques ; invitez les à changer le
cours des choses. Empêcher l’as-
sassinat de Jules César, participer
à la découverte des Amériques,
conquérir les États latins. Votre
seule limite est votre imagination,
alors… à vos livres !
Prenez ce qu’il
vous plait !
Personne ne vous demande de
faire un cours d’Histoire ! Ce qu’il
faut, c’est piocher ça et là ce dont
vous avez besoin pour votre partie,
que vous cherchiez à faire un scé-
nario dans un univers de jeu précis,
comme Chroniques Oubliées, ou
bien juste en utiliser le système de
jeu dans un univers de votre créa-
tion. Dans le premier cas, vous ne
cherchez qu’à combler une lacune,
ou une idée pour initier votre scé-
nario. Dans le second, vous utilise-
rez un élément de l’Histoire pour
décor ou base de votre intrigue. Par
exemple, si comme moi, vous êtes
incapable d’imaginer le plan d’une
forteresse ou d’un bastion, de le
visualiser, vous pouvez vous inspi-
rer de châteaux existants pour vos
actions : le Krak des chevaliers (voir
le Bâtisse et artifice de ce numéro,
p. XX) est un parfait exemple de
forteresse exploitable pour une
partie se déroulant dans n’importe
quel univers médiéval ou médiéval
fantastique. Étant donné qu’il est
encore debout de nos jours, il peut
même être le décor d’un scénario
contemporain !
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
Si vous rencontrez des lacunes
pour ce qui est des batailles et tac-
tiques militaires, l’Histoire est là
pour vous ! Si certains jeux de rôles
sont assez prolixes en matière mar-
tiale, d’autres se reposent un peu
trop sur nos acquis. Fort heureu-
sement, de nombreuses sources
se plaisent à nous dépeindre dans
les moindres détails les batailles
les plus retentissantes, en portant
un soin tout particulier aux mouve-
ments de troupes, aux techniques
de combat, etc. Autant en faire
bon usage ! Les chroniqueurs Ibn
al-Athîr et Guillaume de Tyr pour
les croisades, Mardi Ibn al-Tar-
lusi pour les techniques de sièges
au XIIe siècle, Jules César pour la
Guerre des Gaules, sans oublier les
auteurs contemporains qui nous
racontent les batailles du passé
comme Georges Duby et Philippe
Contamine. Cela peut donner des
idées précises d’une bataille, ou au
mieux aider à se représenter des
mouvements de troupes.
AIDES DE JEU | 189
190 | AIDES DE JEU
MJ ONLY
Petite bibliographie sélective
• Pour tout récit sur les Croisades,
l’Académie des inscriptions et
belles-lettres a édité le Recueil
des historiens de la Croisade,
entièrement disponible sur
Gallica, regroupant des docu-
ments médiévaux écrits durant
cette période. Ces documents
sont à la fois issus d’auteurs
occidentaux et orientaux, ce qui
permet de comparer les sources.
Vous y trouverez notamment la
Chronique de Guillaume de Tyr et
des extraits d’Ibn al-Athîr.
• George Duby, Le Dimanche de
Bouvines : 27 juillet 1214 (1973) :
raconte la victoire du roi de
France Philippe-Auguste sur la
coalition de l’empereur Otton,
du conte de Flandre Ferrand et
du comte de Boulogne Renaud.
Il s’agit d’une victoire décisive
et d’un moment clé pour la mo-
narchie française.
• Philippe Contamine, Azincourt :
14 octobre 1415 (2013) : parce
qu’on apprend aussi de ses dé-
faites mémorables, la victoire
retentissante d’Henry V et ses
archers contre la cavalerie fran-
çaise. Une journée sanglante et
un massacre qui n’arrangea pas
les relations entre l’Angleterre
et la France.
Des PNJ à foison
et plus vrais
que nature !
Les PNJ sont la colonne vertébrale
de tout bon scénario. Ce sont eux
qui vont lui donner cette couleur,
cette ambiance que vous recher-
chez. Plus votre PNJ sera parlant,
représentatif de l’époque ou de
l’univers dans lequel vous désirez
plonger vos PJ, plus l’immersion
sera parfaite. Libre à vous de les
créer de toute pièce, en vous inté-
ressant aux archétypes de la pé-
riode ou au lieu où votre action se
déroule. L’Italie de la Renaissance ?
Le membre d’une famille puissante
telle que Borgia, Colonna, Médicis,
Sforza ; un artiste dans l’ombre de
de Vinci, Michel-Ange ; un condot-
tiere pour qui tout a un prix ; un
voleur des rues en quête de sur-
vie ? La France du Moyen-Âge ?
Un évêque, le vassal d’un grand
Seigneur, un membre de la suite
d’Aliénor d’Aquitaine, un des géné-
raux de Jeanne d’Arc ? N’hésitez
pas à créer vos archétypes à par-
tir des premières images qui vous
viennent à l’esprit lorsque vous
songez à telle ou telle période.
Ne bridez pas votre imagination,
et rassurez vous sur un point :
quelle que soit la portée de votre
imagination, vous n’inventerez
jamais rien ! Aussi sordide que
soit le PNJ que vous imaginerez,
dites vous qu’il y a au moins une
personne encore pire que lui qui a
un jour existé. Si vous souhaitez
gagner un peu de temps ou vous
amuser avec des personnages plus
vrais que nature, ouvrez le bon
livre d’Histoire et vous trouverez
votre bonheur ! Un barbare san-
guinaire sans foi ni loi ? Renaud de
Châtillon. Une Mata-Hari médié-
vale ? Sybille de Jérusalem. Une
dirigeante sulfureuse et éclairée ?
Catherine II de Russie, dite la « Grande
Catherine ». Un fin manipulateur ma-
niant avec talent les rouages de la poli-
tique ? Charles-Maurice de Talleyrand-
Périgord, le « diable boiteux ».
Quid du
fantastique ?
Tout cela est bien gentil me direz-
vous, mais concrètement, comment
introduire la notion de fantastique
dans votre scénario, tout en gardant la
dimension historique ? Si vous regar-
dez bien l’Histoire, vous trouverez de
nombreuses accusations de sorcellerie,
de charme, d’envoûtement, de pos-
session par des démons, des miracles,
etc… Rien ne vous empêche d’utiliser
ces suppositions en en faisant des véri-
tés. Si vous souhaitez que la dimen-
sion fantastique de votre scénario soit
incarnée par les personnages, c’est à
la création que vous donnerez à leurs
talents cette touche de magie que vous
souhaiter incorporer ou en leur choisis-
sant une race appropriée. Ainsi, un PNJ
tel que Gilles de Rais, qui a été accusé Plusieurs degrés de
de sorcellerie et d’avoir dévoré des en- fantastique
fants, peut-il devenir, dans une partie Dans le JdR Joan of Arc, il est
de Chroniques Oubliées, un démon ou proposé plusieurs modes
un ogre. de jeu qui correspondent
Si vous souhaitez garder le cadre his- à plusieurs degrés de
fantastique à utiliser au
torique comme background, en prenant
juste le système d’un jeu existant, la cours des parties. Au degré
dimension fantastique peut être intro-
zéro, les personnages
peuvent croire en Dieu, aux
duite comme présenté par les capaci-
sorcières et au Malin, mais il
tés du personnage mais aussi via un n’y a aucune manifestation
bestiaire. Plusieurs créatures, surtout surnaturelle. Le MJ peut
dans le folklore médiévale (même si laisser planer le doute sur une
certaines persistent plus longtemps), menace fantastique, mais
sont tenues pour existantes réelle- celle-ci a des explications
ment et apparaissent dans les bes- rationnelles. Au premier
tiaires à côté d’animaux plus courants degré, le fantastique plane
comme le lapin ou le sanglier. C’est le comme une ombre, réelle
cas notamment du basilic ou coca- pour certain, imaginaire
trix, des dragons, de Mélusine (une pour d’autres, mais la
femme serpent) ou encore de la licorne. vérité sera difficilement
N’hésitez pas à aller consulter des bes- perceptible. Au second
tiaires : déjà parce que c’est assez drôle degré, cette menace est plus
réelle, mages et créatures
en termes de représentations, et parce
fantastiques sont douées
qu’il s’agit d’une source inépuisable
de facultés exceptionnelles
d’inspiration !
mais demeurent cachées,
Marielle Sarran dans l’ombre. Il faut savoir
les trouver. Enfin, au
troisième degré, le cadre
reste historique mais les
expressions infernales ou
célestes sont réelles. Le
prêtre produira de véritables
miracles et le sorcier de
redoutables maléfices.
La magie est capable de
renverser le cours des choses,
et transformer le monde. Ce
concept est très intéressant
à adapter pour vos parties
de JdR, et vous pouvez très
bien jouer sur ces différents
degrés de manière évolutive
ou à la convenance de vos
joueurs.
AIDES DE JEU | 191
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192 | MINI-JEU
MONTGASCON

JEU COMPLET

MONTGASCON
Sombres mystères à l’abbaye
Au Moyen Âge, à l’abbaye de Montgascon, des bénédictines
enquêtent sur des mystères criminels et vont être confrontées à
des forces impies. Incarnez ces religieuses courageuses dans un
jeu qui s’inspire du Nom de la Rose tout en lorgnant du côté de
l’œuvre d’Ellis Peters et de son héros, frère Cadfael.

Qu’elles aient prononcé leurs vœux

Montgascon est un
jeu dit Carved from
Brindlewood
Brindlewood Bay est un jeu
de Jason Cordova, publié par
The Gauntlet. La traduction
française de Brindlewood
Bay est l’œuvre de Nicolas
Ronvel et Nicolas Folliot. Ce
produit est publié avec leur
permission, mais n’est pas
associé avec The Gauntlet,
Jason Cordova, Nicolas
Ronvel ou Nicolas Folliot.
Pour obtenir la version
française de Brindlewood Bay :
https://www.gulix.fr/blog/
mes-traductions/
Aperçu et cadre
L’abbaye de Montgascon
Montgascon est une abbaye prospère
sise dans le Dauphiné au XIVe siècle.
D’un simple prieuré au Xe siècle, les
religieuses qui s’y sont succédé ont
bâti un monastère au XIIe siècle qui,
avec le temps et beaucoup de travail,
est devenu une abbaye au XIVe siècle.
Les sœurs font vivre beaucoup de
monde dans la région, Montgascon
est un véritable carrefour économique,
culturel et politique. D’autant que l’ab-
baye est également une destination de
choix pour certains pèlerins.
Les Sœurs
Les Sœurs forment au sein de leur
communauté un petit groupe de
femmes à qui il est difficile de dire
non et qui ne supportent pas de res-
ter toujours enfermées entre les murs
de l’abbaye. Depuis dix ans déjà, elles
n’hésitent pas à s’intéresser à toutes
sortes de mystères afin de tromper
l’ennui monacal.
Les Sœurs sont toutes des femmes
de l’ordre de saint Benoît, qui ont
donc fait une croix sur leur vie passée
pour consacrer leur existence à Dieu.
très jeunes ou bien qu’elles se soient
retirées du monde tardivement, les
Sœurs sont des femmes pleines de
ressources. Elles profitent de la vie à
l’abbaye de Montgascon pour se rap-
procher de Dieu, amasser des connais-
sances sur des sujets vastes et variés
tout en allant mettre leur nez là où il
ne faut pas. Elles trouvent du réconfort
dans la compagnie des autres Sœurs.
Les Sœurs sont également des détec-
tives amatrices et, au moment où le jeu
débute, elles ont déjà aidé plusieurs
fois les officiers de la région dans plu-
sieurs crimes importants. Parfois, on
les contacte pour qu’elles aident sur
une affaire, mais les Sœurs s’y re-
trouvent généralement mêlées à leur
insu, au grand dam des autorités, qui
n’apprécient pas trop que l’on fouine
dans ce qui ne les regarde pas.
L’Hérésie
Pourquoi y a-t-il tant de meurtres
autour de Montgascon ? Et pourquoi
les Sœurs y sont-elles toujours mê-
lées ? Certaines mauvaises langues ont
imaginé que les Sœurs commettaient
elles-mêmes ces crimes et utilisaient
leurs connaissances hors du commun
pour accuser les autres. Mais, bien sûr,
tout cela est ridicule. En fait, la raison
qui fait de Montgascon le foyer de tant
de morts est que l’abbaye est géogra-
phiquement et historiquement impor-
tante pour une sinistre hérésie locale.
Au début du jeu, les Sœurs ne
savent rien à propos de l’hérésie, mais
nous oui. Il s’agit d’un culte nihiliste
d’hommes et de femmes dévoués à
invoquer ici-bas une monstruosité in-
dicible censée mener à la fin de toutes
choses. Leur intérêt dans Montgascon
est historique : à la fin des croisades, un
chevalier a rapporté de Jérusalem des
écrits anciens et impies qui permirent à
la communauté religieuse de prospérer.
L’argent ainsi récolté fut utilisé pour
construire l’abbaye de Montgascon
telle qu’elle est aujourd’hui.
Au fur et à mesure des parties, les
Sœurs vont devenir de plus en plus
conscientes des liens surnaturels
entre les meurtres sur lesquels elles
enquêtent, et elles en viendront à com-
prendre le rôle des Hérétiques. Il se
peut qu’elles commencent à jouer avec
l’occulte afin de s’opposer aux sinistres
forces dressées face à elles. À moins
qu’elles ne soient tentées de rejoindre
les Hérétiques…

Structure d’une
partie
Une partie de Montgascon suit des
étapes bien définies que nous détail-
lons ici. Certaines étapes ne s’ap-
pliquent qu’à la première session de
jeu.
CATS
CATS est un acronyme pour Concept,
Ambition, Ton et Sujet. Cette présen-
tation permet au Gardien d’établir
quelques attentes générales sur la
manière dont le jeu devrait se dérouler.
Concept
« Montgascon est un jeu de rôle met-
tant en scène un groupe de religieuses
appartenant à une abbaye bénédictine,
qui se trouvent fréquemment à enquê-
ter (et résoudre !) des mystères crimi-
nels. Elles découvrent peu à peu que
des forces surnaturelles relient toutes
ces affaires sur lesquelles elles ont tra-
vaillé, puis des Hérétiques vont venir
s’opposer à elles. Le jeu est directement
inspiré par le roman Le Nom de la Rose
d’Umberto Eco, tout en s’inspirant éga-
lement de l’œuvre d’Ellis Peters et de
son personnage, le frère Cadfael. »
Ambition
« Aujourd’hui, nous allons commencer
par créer les personnages. Puis nous les
présenterons et remplirons une partie
spécifique de la fiche de personnage
appelée Passé. Ensuite, nous ferons une

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MONTGASCON

Exemples de prénom courte pause. Après quoi nous déroule- • Ajoutez 1 point à une des caractéris-
Adelphane rons la procédure de début de session, un tiques et notez les valeurs finales ;
Bédina ensemble de scènes appelées vignettes • Choisissez une manœuvre de Sœur
Cécilianne “La vie à l’abbaye”. Puis je vous présen- (deux Sœurs ne peuvent pas avoir la
Dolorine terai le Mystère sur lequel vos person- même manœuvre au démarrage).
Ermence nages vont enquêter. Après quoi, nous
Flandrine Valeurs de départ des caractéristiques
entamerons la partie en elle-même.
Glorianne
En fin de session, nous ferons un court Vitalité : 0
Hermentine
Iphigénie débrief. Dans les prochaines sessions, Calme : 1
Jacquemine je présenterai de nouveaux Mystères Raison : 1
Laurisette en début de session et nous plongerons Présence : 0
Ménélise directement dans l’histoire. »
Sensibilité : -1
Navarrine
Ordélia Ton
« Le ton de ce jeu oscille entre le
Présentations des Sœurs et
Pascaline
Quentine confortable et le flippant. La plupart
Passé
Rosemonde Faites un tour de table afin que
du temps, l’histoire sera légère, mais
Suffrénie chaque joueuse présente sa Sœur avec
elle pourra parfois virer au menaçant et
Théodorine son nom, sa qualité, son défaut et sa
au très sombre. L’humour est autorisé,
Ursulie manœuvre de Sœur.
mais vos personnages devraient surtout
Vénérine Quand une joueuse a présenté ces
prendre tout ça très sérieusement. »
Wilfrédine éléments, les autres joueuses et le
Xaviérine Sujet Gardien devraient alors chacun dé-
Yolaine crire une expérience de vie que cette
« Les sujets abordés seront parfois
Zéphélie Sœur a connu avant de venir vivre à
sombres et menaçants, surtout quand
l’Hérésie pointe son nez. Afin de nous l’abbaye Montgascon. La joueuse
assurer qu’un sujet particulier ne gâche note ces expériences dans la sec-
pas le plaisir de quelqu’un, nous allons tion de sa fiche de personnage nom-
utiliser les outils de sécurité émotion- mée Passé. À la fin de ce processus,
nelle suivants… » il devrait y avoir entre trois et cinq
expériences dans la section Passé de
Exemples de qualité Pour cette dernière partie, vous pour-
À l’écoute rez décrire les différents outils que vous chaque personnage.
Bienveillante utiliserez. Notre préférence va pour les
Courtoise Lignes & Voiles (https://ptgptb.fr/ Rappel du Mystère
Dynamique que-veulent-dire-lignes-et-voiles) et Les Mystères non résolus à la fin
Extravertie la Carte X (https://ptgptb.fr/la-carte- d’une éventuelle session précédente
Familière x), mais utilisez ce qui convient à votre se poursuivent dans la prochaine, et
Gaffeuse plusieurs Mystères peuvent être actifs
groupe.
Humble en même temps. Le Gardien prendra
Indépendante le temps de rappeler où l’on se trouve
Joviale
Création des Sœurs
Voici les étapes de la création des dans chaque Mystère encore ouvert
Loyale au début de chaque session, en met-
Maniaque Sœurs. Réalisez-les dans l’ordre de
votre choix. tant en avant les Indices trouvés pour
Normale
chacun.
Observatrice La section « Passé » sera remplie en-
Perspicace suite, de manière collective.
Questionneuse Résoudre les cliffhangers
• Choisissez un prénom ; Si la session précédente s’est termi-
Raisonnable
Sentimentale • Choisissez une qualité ; née sur un ou plusieurs cliffhangers,
Tolérante • Choisissez un défaut (deux Sœurs résolvez-les en jouant normalement.
Utopiste ne peuvent pas partager le même Continuez à jouer jusqu’à ce qu’une
Volontaire défaut) ; pause soit atteinte dans le récit. Vous
pourrez alors passer à l’étape suivante, peuvent suivre les pistes que leurs
Exemples de défaut
le Début de session. Si la session pré- Sœurs jugent intéressantes, ou elles
Ambitieuse
cédente ne s’est pas terminée par un peuvent demander une scène de calme Bourrue
cliffhanger, sautez cette étape. lors de laquelle on découvre les Sœurs Capricieuse
partager un bon moment ensemble Dédaigneuse
Début de session ou avec des membres de la commu- Envieuse
En plus de la première question, qui nauté. Le Gardien peut demander des Fainéante
reste toujours cochée, chaque joueuse pauses au besoin. Notez que les Sœurs Gourmande
doit cocher deux questions de fin de peuvent très bien ne pas résoudre de Hypocrite
session. Celles-ci peuvent changer à Mystère lors de cette session et ce n’est Insouciante
chaque nouveau début de session. pas grave. Cela se poursuivra à la pro- Jalouse
chaine session. Lâche
Si des personnages disposent de ma-
Menteuse
nœuvres de Sœur qui se déclenchent
Scènes de Couronnement Narcissique
en début de session, résolvez-les Orgueilleuse
maintenant. Il y a deux sections spéciales sur la
fiche de personnage : la Couronne de Possessive
saint Benoît et la Couronne de l’Héré- Querelleuse
Vignettes « La vie à l’abbaye » Rancunière
Chaque joueuse raconte une courte sie. Quand une case de l’une de ces
Susceptible
vignette dans laquelle sa Sœur mène sections est cochée lors de la partie,
Tricheuse
la joueuse de la Sœur en question doit Vantarde
sa vie à Montgascon. Ces scènes
faire ce que le texte demande.
doivent être légères et détendues,
chaudes et confortables. Elles servent Cela signifie souvent de raconter une
à montrer les Sœurs occupées par leurs scène bien spécifique. Les joueuses
tâches quotidiennes, participant à un peuvent raconter ces scènes quand
projet communautaire ou bien priant elles le souhaitent, mais elles doivent
ou chantant. le faire avant la fin de session. Quand
il reste environ quinze minutes à jouer,
Nouveau Mystère le Gardien devrait conclure toute scène
• Cette étape est obligatoire s’il s’agit en cours puis enchaîner sur les scènes
d’une première session, ou si tous les de Couronnement qui n’ont pas encore
eu lieu. Exemples d’expérience
Mystères ont été résolus dans de pré-
cédentes sessions ; de vie
Questions de fin de session Apicultrice
• S’il y a déjà un ou deux Mystères en Faites un tour de table. Chaque Batelière
cours, le Gardien peut choisir d’en joueuse lit à haute voix ses ques- Couturière
introduire un nouveau ou non ; tions de fin de session cochées. Pour Drapière
• S’il y a déjà trois Mystères en cours, chaque question à laquelle elle peut Écorcheuse
le Gardien ne devrait pas en introduire répondre « oui », elle remplit un secteur Fermière
un nouveau. d’expérience. Gantière
Le Gardien présente une ou plu- Harengère
sieurs scènes lors desquelles un crime Étoiles & Souhaits Imagière
mystérieux est présenté aux Sœurs. Prenez quelques minutes pour échan- Journalière
Le Gardien indique la Complexité du ger vos étoiles et vos souhaits. Les Lavandière
étoiles sont les éléments de la session Marmitone
Mystère, entre 6 et 8. La présentation
que vous avez appréciés. Les souhaits Navigatrice
inclut aussi une question d’introduc- Orfèvre
tion qui liera fortement une ou plu- sont des éléments que vous souhaitez
Puisatière
sieurs Sœurs au Mystère. voir dans la prochaine session. Étoiles
Rémouleuse
& Souhaits (Stars & Wishes) est une Sabotière
Enquête technique de Lu Quade. Tavernière
Le corps de la session consiste en Volaillère
l’enquête des Sœurs. Les joueuses

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Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
196 | MINI-JEU
MONTGASCON

réagir d’une manière qui corres- une intense concentration; ou si

Anatomie ponde à sa qualité. elle essaie d’éviter une réaction
d’une fiche basée sur la peur.
de personnage Défaut • Utilise Raison si ta Sœur com-
Le défaut de ta Sœur représente pulse des livres, fait des re-
Ce qui suit décrit les règles rela-
sa petite faiblesse. Deux Sœurs ne cherches, examine une scène
tives à chaque élément de la fiche
de personnage, et est à destination peuvent pas avoir le même défaut. de crime ou engage d’une quel-
des joueuses. conque manière ses facultés
Caractéristiques mentales.
Prénom Ce sont les caractéristiques de ta • Utilise Présence si ta Sœur es-
Inscris ici le nom et le prénom de Sœur, qui s’appliquent à la plupart saie de charmer ou d’intimider
la Sœur. des jets. quelqu’un, de capter l’imagina-
• Utilise Vitalité si la manœuvre de tion d’un auditoire.
Qualité ta Sœur implique la force, l’habi- • Utilise Sensibilité si la manœuvre
Le trait choisi devrait refléter le leté, l’endurance, l’athlétisme ou de ta Sœur implique des forces
comportement général de ta Sœur la forme physique. surnaturelles ; le Gardien peut
dans la vie de tous les jours. Ta • Utilise Calme si la manœuvre décider qu’une manœuvre nor-
Sœur n’est pas forcée de toujours de ta Sœur nécessite une main malement gérée par une autre
ferme, un tempérament calme ou caractéristique utilise Sensibilité
à cause de la nature surnaturelle,
occulte ou spirituelle de ce qui est
entrepris.
Couronne de saint Benoît
Quand tu coiffes cette Couronne, coche l’entrée de ton choix et raconte Conditions
ce qui t’est demandé. Les Conditions sont des traits
négatifs. Si une Condition gêne
• Flash-back
Flash-back.. Ton souvenir le plus cher avec ta ou ton dernier partenaire.
une manœuvre de ta Sœur, le jet se
• Flash-back
Flash-back.. Comment tu as été une sœur ou une fille imparfaite.
fait en désavantage (voir Lancer les
• Flash-back
Flash-back.. Comment tu as été une mère ou une tante imparfaite. dés). Ta Sœur peut cumuler jusqu’à
• Flash-back
Flash-back.. Ton souvenir le plus cher avec un enfant. trois Conditions. Si jamais elle
• Présent
Présent.. Un aspect privé que très peu connaissent. devait en recevoir une quatrième,
• Présent
Présent.. Une romance en plein essor. tu dois coiffer une Couronne (voir
• Présent
Présent.. Comment tu satisfais tes désirs physiques. Couronnement). Une Condition est
retirée suite à une manœuvre ou
quand le Gardien te l’indique.
Couronne de l’Hérésie
Quand tu coiffes cette Couronne, coche la première case vide. Manœuvres de Sœur
• La Corruption.
Corruption. Par la suite, lors des vignettes « La vie à l’abbaye » cen- Contrairement aux manœuvres
trées sur toi, ou lors des scènes de la manœuvre Partager auxquelles de base, une manœuvre de Sœur
tu participes, raconte comment de sombres entités se révèlent peu à ne peut être utilisée que si elle est
peu dans la scène. écrite sur ta fiche de personnage. Il
s’agit d’un moyen de personnaliser
• La Révélation.
Révélation. Ton score de Raison diminue de 1, ton score de
ta Sœur.
Sensibilité augmente de 1.
• L’Affligement
L’Affligement.. Par la suite, à chaque conversation intime avec un autre Couronnement
personnage, ajoute une référence fortuite à la mort, à la fin de la vie, Cette section de la fiche de per-
à l’au-delà ou à la Fin de Toutes Choses – peu importe le sujet évoqué. sonnage est divisée en deux : la
• La Fascination.
Fascination. Tu reçois la condition « Obsédée par l’Hérésie ». Elle ne Couronne de saint Benoît et la
peut pas être retirée. Couronne de l’Hérésie. Les règles
• La Conversion.
Conversion. Retire ton personnage en montrant comment elle s’est indiqueront parfois de « coiffer une
abandonnée à l’Hérésie.
MONTGASCON Prénom 

Qualité  Passé
Quand tu utilises une de tes tranches de vie pour obtenir un
Défaut  avantage sur un jet, coche-la pour indiquer que tu ne peux plus le
faire jusqu'à la prochaine session.

Caractéristiques 



À la création de ta soeur ajoute 1 à la caractéristique de ton choix.
 
Vitalité Calme Raison Présence Sensibilité  
0 1 1 0 -1  
 
Conditions  
  
  
  
Si le Gardien ou les règles te demandent de noter une quatrième
Condition, coiffe la Couronne d'Hérésie à la place.
Couronne de St Benoit
Manoeuvres de Soeur Quand tu coiffes cette Couronne, coche l'entrée de ton choix et
raconte ce qui t'est demandé.
  Flashback. Ton souvenir le plus cher avec ta ou ton


dernier partenaire.
  Flashback. Comment tu as été une sœur ou une fille
 imparfaite.
  Flashback. Comment tu as été une mère ou une tante
 imparfaite.
Au début du jeu, choisis une manoeuvre de Soeur. Deux soeurs ne  Flashback. Ton souvenir le plus cher avec un enfant.
peuvent avoir la même manoeuvre de Soeur au début du jeu.  Présent. Un aspect privé que très peu connaissent.
 Présent. Une romance en plein essor.
Fin de session  Présent. Comment tu satisfais tes désirs physiques.
La première ligne est toujours cochée. Au début de chaque session,
coches-en deux autres (pour un total de trois par session).
 Les Sœurs ont-elles résolu un Mystère ?
Couronne de l’Hérésie
Quand tu coiffes cette Couronne, coche la première case vide.
 As-tu secrètement sapé l’autorité d’un officiel du coin ?
 La Corruption. Par la suite, lors des vignettes « La vie
 As-tu partagé ta sagesse avec une jeune personne ?
à l’abbaye » centrées sur toi, ou lors des scènes de la
 As-tu partagé un souvenir d’un défunt membre de ta
manœuvre Partager auxquelles tu participes, raconte
famille ?
comment de sombres entités se révèlent peu à peu
 T’es-tu comportée comme une femme de la moitié de
dans la scène.
ton âge ?
 La Révélation. Ton score de Raison diminue de 1, ton
 As-tu été aux petits soins avec quelqu’un ?
score de Sensibilité augmente de 1.
 As-tu montré à quelqu’un que « tu en étais encore
 L’Affligement. Par la suite, à chaque conversation intime
capable » ?
avec un autre personnage, ajoute une référence fortuite
Suivi d'expérience à la mort, à la fin de la vie, à l'au-delà ou à la Fin de
Toutes Choses – peu importe le sujet évoqué.
Pour chaque réponse affirmative aux questions de Fin
de session, remplis un secteur du disque. Quand le disque  La Fascination. Tu reçois la condition « Obsédée par
est rempli, efface-ce et coche la Progression de ton choix. l’Hérésie ». Elle ne peut pas être retirée.
 La Conversion. Retire ton personnage en montrant
Progressions comment elle s'est abandonnée à l’Hérésie.
 Augmente une caractéristique d’un point (maximum +3).
 Augmente une caractéristique d’un point (maximum +3).
 Choisis une manœuvre de Sœur supplémentaire.
 Choisis une manœuvre de Sœur supplémentaire.
 Décoche toutes les tranches de vie cochées de ton Passé.

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198 | MINI-JEU
MONTGASCON
La première ligne est toujours
cochée. Au début de chaque
session, coches-en deux
autres (pour un total de trois
par session).
• Les Sœurs ont-elles résolu
un Mystère ?
• As-tu secrètement sapé
l’autorité d’un officiel du
coin ?
• As-tu partagé ta sagesse
avec une jeune personne ?
• As-tu partagé un souvenir
d’un défunt membre de ta
famille ?
• T’es-tu comportée comme
une femme de la moitié de
ton âge ?
• As-tu été aux petits soins
avec quelqu’un ?
• As-tu montré à quelqu’un
que « tu en étais encore
capable » ?
Couronne ». Lis alors les instructions
de la fiche de personnage et coche une
des cases libres dans la section de ton
choix. Tu dois réaliser ce qu’indique la
case cochée avant la fin de la session.
La Couronne de saint Benoît repré-
sente la féminité de ta Sœur. Cela
implique des flash-backs sur son exis-
tence de partenaire, de mère, de sœur ;
cela peut aussi concerner des scènes
du présent, dans un cadre romantique,
sexuel ou très personnel. Ces cases
peuvent être cochées dans n’importe
quel ordre.
La Couronne de l’Hérésie représente
les effets de l’Hérésie sur ta Sœur.
Ces cases sont toujours cochées dans
l’ordre, et la dernière amène à retirer du
jeu ta Sœur.
Passé
Tu noteras dans cette section les
tranches de vie intéressantes et dis-
tinctives que ta Sœur a vécues avant
de rejoindre l’abbaye. Tu peux cocher
un élément de ton Passé pour avoir un
avantage sur un jet (voir Lancer les dés).
Généralement, les éléments cochés
le restent. Ils sont toujours évocables
pour de futures scènes, lors desquelles
ils pourront servir dans la fiction, mais
ils n’apportent plus d’avantage sur les
jets de dés.
Au début de la première session, tu
auras l’opportunité, avec les autres
joueuses, d’ajouter des expériences
de vie au Passé de toutes les Sœurs.
Ensuite, certaines manœuvres te per-
mettront d’en ajouter. Le Gardien pour-
ra parfois t’indiquer d’en rajouter.
Fin de session
Ces questions représentent des ob-
jectifs de roleplay pour la session. Tu
peux cocher jusqu’à trois questions,
la première de la liste étant toujours
cochée. Pour chaque question cochée
à laquelle tu peux répondre « oui » à la
fin d’une session, tu remplis un secteur
du Suivi d’expérience. Au début d’une
nouvelle session, tu peux décocher les
deux questions optionnelles et en choi-
sir deux nouvelles, n’en changer qu’une
ou garder celles déjà cochées.
Suivi d’expérience
Quand tu as rempli les cinq sec-
teurs du disque d’expérience, efface-
les et coche une Progression (voir
Progressions ci-dessous). Il y a deux
façons de remplir un secteur :
• En répondant « oui » à une question
de fin de session ;
• Quand le texte d’une manœuvre
l’indique.
Progressions
Quand tu coches une Progression,
applique immédiatement ses effets
à ta fiche de personnage. Quand tu as
coché toutes les Progressions, ta Sœur
ne remplit plus de secteur d’expé-
rience et ne reçoit plus de Progressions.
Tu peux continuer à la jouer jusqu’à
ce qu’elle soit forcée de se retirer à
cause de la Couronne de l’Hérésie (voir
Couronnement) ou que tu décides de la
retirer du jeu.
• Augmente une caractéristique d’un
point (maximum +3).
• Augmente une caractéristique d’un
point (maximum +3).
• Choisis une manœuvre de Sœur
supplémentaire.
• Choisis une manœuvre de Sœur
supplémentaire.
• Décoche toutes les tranches de vie
cochées de ton Passé.
Lancer les dés
Dans Montgascon, seules les
joueuses lancent les dés. Cette section
s’adresse à elles.
2d6 + caractéristique
Dans la plupart des cas, quand tu
lances les dés parce qu’une manœuvre
te l’a demandé, tu lances deux dés à six
faces, additionnes leurs valeurs puis
ajoutes le modificateur de la caracté-
ristique correspondante. Le résultat
est ensuite comparé au texte de la
manœuvre. Si une manœuvre fait réfé-
rence à une « réussite », cela signifie un
résultat de 7 ou plus (7+). Si une ma-
nœuvre fait référence à un « échec »,
cela signifie un résultat de 6 ou moins
(6−).
Avantage
Quand tu as l’avantage, tu lances
trois dés, additionnes les deux meil-
leurs puis ajoutes la valeur de la carac-
téristique. Tu as généralement l’avan-
tage dans les situations suivantes :
• Une manœuvre te donne un
avantage ;
• Ta Sœur utilise une tranche de vie de
son Passé.
Désavantage
Quand tu es en désavantage, tu
lances trois dés, additionnes les deux
résultats les plus bas puis ajoutes la
valeur de la caractéristique. Tu es gé-
néralement en désavantage dans les
situations suivantes :
• Une Condition impacte négativement
la manœuvre de ta Sœur;
• Le Gardien juge que c’est approprié au
vu des circonstances.
Avantage et désavantage ?
Si les circonstances te donnent à la
fois un avantage et un désavantage,
alors ils s’annulent l’un l’autre. Tu
lances deux dés. Les avantages et les
désavantages ne se cumulent pas, et
l’un ne peut pas outrepasser l’autre.
Par exemple, si tu as deux Conditions
qui pourraient te mettre en désa-
vantage, et une manœuvre de Sœur
qui te donne un avantage, alors tu
lances normalement, sans avantage ni
désavantage.
Couronnes et jets de dés
Dans Montgascon, le Gardien placera
toujours haut la barre du danger parce
que tu disposes d’un outil pour résis-
ter à ses manœuvres : les Couronnes.
Après un jet de dés, et une fois que le
résultat a été narré, tu peux choisir de
coiffer une Couronne pour améliorer
ton résultat d’un cran (un échec de-
vient 7-9, un 7-9 devient 10-11, un 10-11
devient 12+). Dans ce cas, tu racontes
avec le Gardien le nouveau résultat, et
ce qui a été raconté avant n’arrive pas
(on peut dire qu’il s’agissait d’une ligne
temporelle différente que vous avez
expérimentée ensemble, mais qui n’est
pas réellement arrivée).
Un exemple
Le personnage de Béatrice, sœur
Abigaël, essaie d’échapper aux griffes
d’un malandrin en colère : elle vient
de découvrir sa culpabilité dans un
meurtre ! Béatrice déclenche une ma-
nœuvre, lance les dés et obtient un
échec. Le Gardien décrit comment le
malandrin rattrape Abigaël et la poi-
gnarde pour éviter qu’elle n’apporte
la preuve de sa culpabilité au bailli.
Béatrice n’est pas forcément ravie du
dénouement et coche une Couronne,
transformant son résultat en 7-9. Ce
coup-ci, Abigaël s’échappe, mais laisse
tomber une preuve de sa qualité de
nonne, ce que le malandrin pourra utili-
ser pour la traquer plus tard.
Tu pourrais te demander : « Pourquoi
le Gardien raconte-t-il le résultat alors
qu’il sait très bien que je vais l’annuler
en cochant une Couronne ? »
Réponse : parce que c’est fun ! La
Couronne permet d’explorer diffé-
rentes lignes temporelles, d’y jouer,
de ressentir autre chose, d’expérimen-
ter l’angoisse et la peur et puis… de
faire quelque chose d’autre. C’est un
peu comme dans ces vieux livres dont
vous êtes le héros : une partie du fun
consiste à faire de mauvais choix et voir
le désastre s’abattre sur son person-
nage. Coiffer une Couronne équivaut à
garder son doigt sur le paragraphe pré-
cédent et à y revenir si quelque chose
se passe mal.
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Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
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MONTGASCON
Manœuvres de base
Les Sœurs ont accès à toutes les ma-
nœuvres de base.
Manœuvre de Jour
Quand tu fais quelque chose de ris-
qué ou que tu affrontes quelque chose
qui te fait peur, indique ce que tu crains
qu’il arrive si tu échoues ou perds ton
sang-froid, puis lance avec la caracté-
ristique appropriée.
• Sur 7-9, le Gardien te dira comment
tes actes te rendront vulnérable. Tu
peux choisir de faire machine arrière
ou d’y aller quand même. Si tu y vas,
le Gardien décrit ce qu’il se passe.
• Sur 10+, tu accomplis ce que tu dési-
rais ou tu tiens bon. Décris ce qu’il se
passe.
• Sur 12+, tu accomplis ce que tu dési-
rais ou tu tiens bon. Le Gardien décrit
un bénéfice supplémentaire ou un
avantage que tu reçois. Décris ce qu’il
se passe.
La manœuvre de Jour est une ma-
nœuvre fourre-tout pour les actions se
déroulant lorsqu’il fait jour. Le Gardien
a le dernier mot sur la caractéristique
utilisée.
Manœuvre de Nuit
Quand tu fais quelque chose de ris-
qué ou que tu affrontes quelque chose
qui te fait peur, indique ce que tu crains
qu’il arrive si tu échoues ou perds ton
sang-froid. Le Gardien t’indiquera de
quelle façon c’est encore pire que tu
ne le craignais. Tu peux choisir de faire
machine arrière ou d’y aller quand
même. Si tu y vas, lance avec la carac-
téristique appropriée.
• Sur 7-9, tu le fais ou tu tiens bon, mais
il y a une complication ou un coût. Le
Gardien décrit ce qu’il se passe.
• Sur 10+, tu accomplis ce que tu dési-
rais ou tu tiens bon Décris ce qu’il se
passe.
• Sur 12+, tu accomplis ce que tu dési-
rais ou tu tiens bon. Le Gardien décrit
un bénéfice supplémentaire ou un
avantage que tu reçois. Décris ce qu’il
se passe.
La manœuvre de Nuit est une ma-
nœuvre fourre-tout pour les actions
se déroulant de nuit. Comme réaliser
quelque chose de nuit est plus dan-
gereux qu’en plein jour, la manœuvre
de Nuit est écrite avec des résultats
plus périlleux pour les Sœurs que la
manœuvre de Jour. Le Gardien a le
dernier mot sur la caractéristique
utilisée.
Fouiner
Quand tu cherches un Indice, quand
tu mènes une recherche ou quand tu
rassembles de quelque manière que
ce soit des informations, décris ce que
tu fais et lance avec la caractéristique
appropriée.
En cas de succès, tu trouves un Indice.
Le Gardien te le décrira.
• Sur 7-9, il y a une complication. Soit
avec l’Indice lui-même, ou pendant
tes recherches. Le Gardien t’indiquera
la nature de cette complication.
• Sur 12+, tu trouves en plus un Indice
de l’Hérésie ou tu apprends quelque
chose à propos de l’Hérésie qui sévit
à Montgascon (au choix du Gardien).
Pour les Sœurs, Fouiner est le moyen
principal pour obtenir des Indices.
La manœuvre est écrite de manière
à regrouper tous les types d’actions
qui permettent d’obtenir des infor-
mations. La caractéristique utilisée
devrait correspondre à ce qui est
entrepris.
Par exemple, si une Sœur recoupe
des informations en discutant avec
un garde, sa joueuse lance +Présence.
Si elle assemble ses informations en
espionnant une discussion qu’elle
n’est pas supposée entendre, alors sa
joueuse lance +Calme. Si elle fouille
dans une pile de bouquins au scripta-
rium, elle lance +Raison. Et ainsi de
suite. Le Gardien a le dernier mot sur la
caractéristique utilisée.
Partager
Quand tu partages un moment in-
time avec une autre Sœur et que l’une
de vous deux montre son défaut, vous
pouvez toutes les deux retirer une
Condition appropriée. S’il s’agit de
ton défaut, tu peux aussi tomber par
inadvertance sur un Indice relatif à un
Mystère en cours. Décris au Gardien ce
que tu trouves. Cet Indice ne peut pas
résoudre le Mystère de lui-même.
Les Saintes Écritures
Une fois par session, quand une Sœur
annonce « Cela me rappelle quelque chose
qui est arrivé dans la Bible ! », travaillez
toutes de concert pour raconter com-
ment un élément de l’histoire rappelle
aux Sœurs un événement narré dans les
évangiles. Il vous faut au minimum par-
venir aux informations suivantes :
• Était-ce dans l’Ancien testament ou
dans le Nouveau ? ;
• Le problème ou la situation qui est
raconté dans la Bible, similaire à ce
que vivent les Sœurs ;
• La façon dont la Bible raconte com-
ment Jésus ou un personnage reli-
gieux a réussi à surpasser ce problème
ou à résoudre cette situation.
Vous obtenez ensuite automatique-
ment un résultat de 12+ sur un lancer à
venir pertinent ou vous énoncez un fait
à propos de la situation courante, que
le Gardien doit incorporer à l’histoire.
Il ne faut bien sûr pas aller chercher
un véritable passage de la Bible mais
inventer une histoire de toutes pièces.
Cette manœuvre très puissante ne
sera, généralement, utilisable qu’une
fois par session.
Magie noire
Quand tu t’engages dans une acti-
vité liée au surnaturel ou à l’occulte
pour la première fois, réfléchis à ce à
quoi tes actions pourraient ressem-
bler en tant que manœuvre. Indique
ce qui déclenche la manœuvre et lance
+Sensibilité.
• En cas de succès, ça fonctionne.
Rédige la manœuvre avec le Gardien.
Il s’agit maintenant d’une manœuvre
que toutes les Sœurs peuvent utiliser
pour le reste de la partie. Ton résultat
est maintenu.
• Sur 7-9, tu dois aussi cocher une
Couronne de l’Hérésie.
• En cas d’échec, c’est quelque chose
que les Sœurs ne peuvent pas réaliser
et tu dois aussi cocher une Couronne
de l’Hérésie.
Le Gardien peut demander à ce
qu’une justification fictionnelle forte
soit fournie avant de déclencher cette
manœuvre.
Au début du jeu, les Sœurs ont peu de
familiarité avec la magie noire et n’ont
pas connaissance de l’Hérésie. Au fur et
à mesure, elles se familiariseront avec
les Mystères les plus profonds, et pour-
raient même en arriver à jouer elles-
mêmes avec l’occulte. Cette manœuvre
permet de couvrir ces situations et de
créer de nouvelles manœuvres basées
sur ce qu’entreprennent les Sœurs.
Mais attention ! Cette manœuvre est
particulièrement dangereuse, et même
une réussite peut rapprocher une Sœur
d’une mise à la retraite.
Théoriser
Quand les Sœurs discutent collégia-
lement de la solution à un Mystère, en
se reposant sur les Indices obtenus,
et qu’elles parviennent à un consen-
sus, alors lancez +Nombre d’Indices
intégrés à la solution ou écartés de
manière justifiée, moins la Complexité
du Mystère.
• Sur 6−, la solution n’est pas la bonne
et le Gardien réagit.
• Sur 7-9, c’est la bonne solution, mais
soit le Gardien ajoutera une compli-
cation malvenue à la solution, soit il
présentera une opportunité dange-
reuse ou compliquée de faire tomber
le coupable ou de sauver la situation.
• Sur 10+, c’est la bonne solution. Le
Gardien présentera une opportunité
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MONTGASCON
de faire tomber le coupable, ou au
moins de sauver la situation.
• Sur 12+, une personne impliquée dans
l’Hérésie de Montgascon se révèle
également aux Sœurs.
Théoriser est une manœuvre très fun
qui cherche à émuler ces fameuses
scènes des histoires de détectives lors
desquelles les protagonistes réflé-
chissent à voix haute pour déterminer
l’identité du coupable. Le moment
venu, peu importe qui lance les dés
pour Théoriser. Théoriser n’est sujet
à aucun modificateur sur le jet de dés
(avantage, Les Saintes Écritures…).
Il est possible de coiffer une Couronne
pour améliorer d’un cran le jet, mais
alors toutes les Sœurs doivent en coif-
fer une.
Manœuvres de Sœur
À la création de sa Sœur, chaque
joueuse choisit une manœuvre de
Sœur. Deux Sœurs ne peuvent pas avoir
la même manœuvre au début du jeu.
Quand le texte d’une manœuvre de
Sœur contredit une manœuvre de base,
alors la manœuvre de Sœur l’emporte.
L’Aumônière
Tu es chargée de distribuer l’aumône
aux pauvres, aux mendiants, aux pèle-
rins, aux veuves, aux orphelins, aux
voyageurs dans le besoin, aux lépreux,
etc.
Quand tu parles avec quelqu’un de
démuni, tu as l’avantage.
La Bibliothécaire
Tu décides qui peut accéder à quel
livre, ton pouvoir est grand.
Quand tu fais une manœuvre dans ta
bibliothèque, tu obtiens l’avantage.
La Blanchisseuse
Tu assures le nettoyage des vêtements
et des draps de tes sœurs.
Une fois par session, tu peux partir
sans conséquence d’un endroit où tu
n’aurais pas dû être, en bavardant avec
celles et ceux qui auraient dû trouver ta
présence suspecte.
La Brasseuse
Tu fabriques de la bière que l’abbaye
vend aux seigneurs de la région.
Quelque chose chez toi fait que les
seigneurs ne te prennent pas au sé-
rieux. Une fois par session, quand tu
entreprends la manœuvre Fouiner dans
un lieu occupé par les riches, tu trouves
un Indice supplémentaire, même en
cas d’échec. Ainsi qu’un Indice de l’Hé-
résie supplémentaire sur 12+.
La Chambellane
Tu perçois les revenus de l’abbaye,
gères le trésor, tiens sous clé les reliques
et régentes toute la paperasse.
Quelqu’un relié à l’Hérésie t’aide
en secret. Indique au Gardien que les
limites des couches de l’Hérésie sont
toutes réduites d’un Indice de l’Héré-
sie. Une fois par Mystère, tu peux
avoir une rencontre secrète avec cet
informateur, qui est toujours dissimulé
dans les ténèbres et non identifiable.
Décris simplement la scène – le lieu,
l’environnement alentour, comment
cette mystérieuse personne arrive…
Tu obtiens un bonus équivalent au
nombre d’Indices de l’Hérésie révélés
dans le Mystère en cours à ton prochain
jet de dés (ce n’est pas possible pour
la manœuvre Théoriser). L’informateur
ne se révélera que lors du Mystère de
l’Hérésie, et tu pourras alors avoir des
scènes normales avec lui.
La Connétable
Tu gardes les écuries et t’occupe du
bien-être des chevaux.
Tu possèdes un cheval qui t’a sorti de
plus d’une situation épineuse. Donne-lui
un nom. Tu peux l’utiliser pour obtenir
un avantage sur un jet de dés.
La Copiste
Tu reproduis des documents, qu’ils
soient religieux, administratifs ou bien
destinés à propager le savoir.
Une fois par session, tu peux activer
un usage supplémentaire de la ma-
nœuvre Les Saintes écritures, mais tu
dois également coiffer une Couronne.
La Cuisinière
Tu fabriques les repas de tes sœurs
ainsi que des nombreux visiteurs.
Tu connais le péché mignon de tous
les habitants de l’abbaye. Si tu prends
le temps de le leur cuisiner, tu obtiens
l’avantage quand tu interagis avec eux.
La Doyenne
Tu as pour toi la vaste expérience de
ton grand âge qui te permet de conseil-
ler tout le monde.
Quand tu utilises cette manœuvre,
décris comment ta foi t’aide à résister
à l’Hérésie, puis décoche un nombre
de cases égal à ta Sensibilité +1 sur
la liste de la Couronne de l’Hérésie.
Le nombre minimum de cases déco-
chées est toujours 1. Si tu décoches
« La Fascination », tu conserves la
Condition « Obsédée par l’Hérésie ».
Cette manœuvre ne peut être utilisée
qu’une seule et unique fois.
L’Enlumineuse
Tu es sans doute la seule sœur de l’ab-
baye à pouvoir exprimer ta créativité au
quotidien.
Tu obtiens automatiquement l’avan-
tage si ton jet de dés concerne un texte
cryptique, un code secret ou bien une
quelconque symbolique.
La Fromagère
Tu chapeautes la fabrication d’un fro-
mage qui fait le délice de vos clients.
Une fois par session, en offrant
un bout de fromage à quelqu’un, tu
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MONTGASCON
obtiens l’avantage en interagissant
avec lui. Ça ne fonctionne pas avec les
habitants de l’abbaye qui n’en peuvent
plus de manger toujours le même
fromage.
La Grainetière
Tu as la charge de l’ensemence-
ment des champs et de la gestion des
greniers.
Les paysans te craignent. Tu as
l’avantage quand tu interagis avec eux.
L’Hôtelière
Tu accueilles les visiteurs de passage,
en particulier les sœurs des autres
ordres ainsi que les pèlerins.
Au début de chaque session, un visi-
teur te glisse quelque chose dans la
main, ou bien tu tombes sur quelque
chose laissé à ton égard. Le Gardien
t’indiquera ce que c’est. Cela fonc-
tionne comme un Indice, mais qui n’est
attaché à aucun Mystère en particu-
lier. Tu peux choisir de l’assigner à un
Mystère en cours quand tu le souhaites.
L’infirmière
Tu t’occupes des malades, des
infirmes, des vieillards et des dépri-
més ainsi que du jardin aux plantes
médicinales.
Tu possèdes une sacoche d’apothi-
caire. Tu peux l’utiliser autant de fois
que tu veux par session pour obtenir un
avantage sur un jet de dés qui concerne
la santé.
L’Intendante
Tu veilles au ravitaillement de la com-
munauté et administre les affaires
courantes.
Quand tu improvises en utilisant ce que
tu as sous la main, demande aux autres
joueuses et au Gardien de nommer trois
objets que tu trouves là où tu es. Tant
que tu peux donner une explication
plausible sur la manière dont ces objets
peuvent t’aider, tu peux avoir l’avantage
sur un unique jet lié à cette scène.
La Jardinière
Tu fais pousser les fruits et les lé-
gumes qui nourrissent les habitants de
l’abbaye.
Une fois par session, ton bon sens
paysan te permet d’obtenir un +1 sur
un jet de Raison.
La Liquoriste
Tu es la détentrice de la recette secrète
d’un élixir de santé composé de 25
ingrédients.
Une fois par session, quiconque bu-
vant de ta liqueur peut faire disparaître
une de ses Conditions.
La Maîtresse des novices
Tu es responsable des jeunes femmes
qui n’ont pas encore prononcé leurs
vœux.
Une fois par session, tu peux deman-
der de l’aide à une novice, ce qui te per-
met d’obtenir un résultat de 10+ sans
jeter les dés. Donne un prénom à cette
novice et explique-nous comment elle
se fait ensuite expulser de l’abbaye
pour ses actions.
La Préchantre
Tu enseignes le chant aux sœurs
et aux enfants et es responsable du
scriptarium.
Si tu prends le temps de chanter de-
vant celles et ceux que tu veux charmer
ou influencer, tu obtiens un +1 à un jet
de dé impliquant ta Présence.
La Prieure
Tu secondes l’abbesse en veillant à ce
que les observances soient respectées et
que les sœurs fassent preuve de ferveur
religieuse.
Tu as l’avantage quand tu fais une
remontrance à une sœur.
La Sacristaine
Tu as la charge d’assurer la propreté,
le bon éclairage ainsi que le chauffage
de l’église, du réfectoire et des apparte-
ments de l’abbesse.
 Au début de chaque session, le
Gardien te narrera un message écrit que
tu as trouvé dans ta cellule. Ce message
est toujours de la même mystérieuse
personne, et elle te demandera tou-
jours de réaliser une tâche particulière,
souvent détachée du Mystère courant.
Quand tu accomplis cette tâche (lors de
cette session ou plus tard), remplis un
secteur d’expérience. Les messages et
les tâches deviendront de plus en plus
étranges et dérangeants au fur et à
mesure que tu cocheras des Couronnes
de l’Hérésie.
Le rôle du Gardien
Dans ce jeu, on résout des Mystères.
Vous présenterez les bases d’un crime
mystérieux aux joueuses, qui mèneront
une enquête, rassembleront des Indices
et amèneront finalement le coupable
devant la justice. Si vous avez joué à
d’autres jeux de rôle dans lesquels les
personnages résolvent des mystères,
une bonne partie de Montgascon vous
sera familière. Cependant, il y a trois
différences importantes avec la ma-
jeure partie de ces jeux qu’il faut garder
à l’esprit.
• Les Indices ne sont pas liés à des en-
droits spécifiques et peuvent, en fait,
être trouvés partout où cherchent les
Sœurs ;
• Vous n’avez aucune idée de qui est le
tueur avant que les Sœurs n’utilisent
l’action Théoriser ;
• Les crimes mystérieux ne sont pas le
véritable Mystère – il y a un niveau
supplémentaire sous tout ça, une
Hérésie que vous développerez et
déploierez à travers les différentes
sessions de jeu.
En plus de présenter les crimes mys-
térieux et de gérer l’Hérésie, vous serez
généralement chargé de donner vie au
monde autour des Sœurs.
Cela signifie donner une voix aux per-
sonnages non joueurs avec qui elles
interagissent, décrire les éléments
dont une scène a besoin, les confronter
à des dangers et des obstacles et leur
montrer comment le monde réagit à
leurs agissements.
Anatomie
d’un Mystère
Voici les éléments qui constituent
un Mystère de Montgascon. Tu peux
utiliser les Mystères publiés pour
Montgascon ou créer les tiens en sui-
vant cette structure.
Titre
Le nom du Mystère. Partage-le avec
les joueuses ! Un bon titre contient
généralement un calembour ou un jeu
de mots un peu grinçant.
Complexité
Un nombre entre 6 et 8 qui représente
la relative longueur et difficulté du
Mystère. Pour des Mystères du coin ou
plutôt courts, 6 ou 7 est approprié. Pour
des Mystères qui vont plus loin que
Montgascon ou sont particulièrement
complexes, 8 est approprié.
Présenter le Mystère
Ce sont les détails que vous, Gardien,
devez transmettre aux joueuses au
démarrage d’un nouveau Mystère.
Cette section décrit généralement le
lieu du crime et la manière dont les
Sœurs le découvrent, en proposant
une ou plusieurs scènes. Dans la plu-
part des Mystères, cette étape te
permettra également d’introduire les
Suspects.
Question d’introduction
Il s’agit d’une question posée à une
joueuse rapidement après la présen-
tation du Mystère. Les objectifs sont
de personnaliser le Mystère pour une
des Sœurs, de donner une raison sup-
plémentaire au groupe de s’investir
dans le Mystère, et d’offrir à la joueuse
répondant à la question une chance de
façonner les événements à venir.
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MONTGASCON
Suspects
Ce sont les personnages non joueurs
qui ont le plus de chances d’interve-
nir au cours du Mystère (même s’il
ne s’agit pas d’une liste exhaustive).
Chaque Suspect a un nom, trois détails
descriptifs, une courte présentation de
sa personnalité ou de son rôle, et une
citation pour t’aider à l’interpréter. Pour
des Mystères d’une Complexité de 6 ou
7, un casting de sept ou huit Suspects
est approprié. Pour des Mystères d’une
Complexité de 8, un casting de neuf
Suspects ou plus est approprié, douze
étant la limite haute.
Peindre la Scène
Peindre la Scène est une technique de
Gardien. Pose aux joueuses une ques-
tion sur l’environnement ou sur un lieu,
si nécessaire hors personnage. Cette
question permet d’explorer un thème
ou une idée associée à cet endroit.
Les lieux à peindre sont généralement
destinés à apparaître au premier plan
d’un Mystère. Pour un Mystère d’une
Complexité de 6 ou 7, trois ou quatre
lieux à peindre sont suffisants. Pour un
Mystère d’une Complexité de 8, quatre
ou cinq lieux à peindre sont appropriés.
Généralement, tu poseras aux
joueuses la question Peindre la Scène
lorsque les Sœurs entrent pour la pre-
mière fois dans ce lieu.
Indices
Ils sont découverts lorsque les
joueuses utilisent la manœuvre Fouiner
(et, plus rarement, avec la manœuvre
Partager ou certaines manœuvres de
Sœur). Quand un Indice est révélé,
coche-le sur la fiche du Mystère et
intègre-le à la fiction. Un Mystère doit
avoir au moins une vingtaine d’Indices.
Indices de l’Hérésie
Ce sont des Indices spécifiques que
les Sœurs peuvent découvrir lors de
leur enquête. Ces Indices de l’Hérésie
n’ont aucun lien avec la résolution du
Mystère. Ils sont en fait destinés à
illustrer l’influence hérétique. Quand
un Indice de l’Hérésie est révélé,
coche-le sur la fiche du Mystère et
intègre-le à la fiction. Note le nombre
d’Indices de l’Hérésie qui ont été
découverts sur la fiche de l’Hérésie.
Un Mystère doit avoir au moins six
Indices de l’Hérésie.
Principes du Gardien
Cette section décrit les principes
généraux à garder à l’esprit quand
vous jouez à Montgascon. Vous vous
retrouverez parfois dans une situation
qui n’est pas explicitement couverte
par les règles, pour laquelle vous devez
créer quelque chose à la volée.
Tant que vous suivez les principes
du Gardien, vos improvisations en
sortiront authentiques et justes. Des
conseils pour certaines manœuvres et
circonstances de jeu spécifiques sont
proposés plus loin (voir Conseils détail-
lés au Gardien).
Jouez pour découvrir
ce qu’il va se passer
Vous avez un Mystère, un casting de
Suspects et une liste d’Indices, mais
rien de figé dans le marbre. Soyez prêt
à laisser la session suivre son propre fil.
Si une joueuse a une idée cool qui ne
colle pas avec la fiche du Mystère, sui-
vez-la quand même. En fait, de nom-
breux éléments du jeu vont volontaire-
ment remettre en question vos idées
préconçues – réponses aux questions
d’introduction, réponses aux questions
« Peindre la Scène », la manœuvre
des Saintes Écritures, la manœuvre
Théoriser, et d’autres – donc soyez
flexible et prêt à incorporer des choses
que vous n’aviez pas considérées.
Rendez vivants le monde
et ses habitants
Décrivez le monde avec des détails
sensoriels. De l’aide vous est four-
nie : les Suspects sont présentés avec
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MONTGASCON
trois éléments descriptifs ainsi qu’une
indication sur la manière de les jouer.
Et les lieux-clés du Mystère ont des
questions pour vous aider à Peindre
la Scène. Utilisez-les comme base
sur l’approche à avoir pour l’univers
en entier. Donnez aux personnages
non joueurs absents de la liste des
Suspects trois détails descriptifs pour
leur donner vie ; pensez à vos propres
questions « Peindre la Scène » pour
un endroit qui prend subitement de
l’importance.
Soyez fan des Sœurs
Cela ne signifie pas « laissez-les ga-
gner ». Cela signifie « proposez-leur des
épreuves qui vous donnent envie de les
encourager ».
Parfois, abandonnez
le contrôle décisionnel
Vous co-créez l’histoire avec les
joueuses. Laissez-les intervenir pour
donner chair au monde, pour décrire ce
qu’elles voient et pour s’investir dans
ce qui arrive. Et quand vous n’êtes pas
sûr de la manière de réagir au résultat
d’une manœuvre, demandez son avis à
la table.
Gardez ça confortable
et « cosy »
Il s’agit d’un principe des plus impor-
tants pour bien capturer le ton du jeu.
Ne laissez pas les scènes dangereuses
phagocyter toute une session, et ne
concentrez pas toute l’attention sur
les détails macabres du meurtre ou de
l’Hérésie. Révélez et discutez de ces
éléments en temps voulu, mais pen-
sez à revenir aux doux et confortables
aspects du cadre : coupez quand c’est
approprié pour revenir aux activités
quotidiennes des Sœurs à l’abbaye ;
encouragez l’utilisation de la ma-
nœuvre Partagez, surtout quand une
Sœur a une Condition ; et posez de
nombreuses questions à propos de la
vie des Sœurs dans cette charmante
abbaye.
Faites de la nuit
un moment dangereux
Et pourtant, toutes les scènes noc-
turnes doivent être agrémentées d’un
sentiment d’effroi ou porteuses de
sinistres présages. Dans ce jeu, les
Sœurs peuvent être placées en danger
physique direct. C’est nécessaire pour
disposer d’enjeux forts, et c’est appro-
prié quand on considère l’Hérésie qui
sous-tend l’histoire.
Dissimule les personnages
dangereux
Les Sœurs seront souvent mises face
à un danger physique avant de résoudre
un Mystère. Il est important qu’à
chaque fois qu’un personnage menace
les Sœurs, son identité reste inconnue
– aux Sœurs, aux joueuses et à vous.
Ces figures doivent rester dans l’ombre,
porter un déguisement ou rester impos-
sibles à identifier. Faire autrement ris-
querait de trop en dire concernant la so-
lution du Mystère. Bien sûr, une fois que
les Sœurs ont déclenché la manœuvre
Théoriser, ce principe peut être ignoré
pour le Mystère en question.
Présente l’Hérésie
de manière concrète
Les Indices de l’Hérésie contrastent
fortement avec la toile de fond cha-
leureuse de Montgascon. La tentation
existe de présenter ces éléments d’une
manière « terrifiante ». À moins de
vous sentir particulièrement confiant
dans votre capacité à être « terrifiant »
à table, vous devriez plutôt présen-
ter les éléments flippants d’une façon
calme, mesurée, concrète. Cette pré-
sentation calme et explicite contras-
tera elle-même avec l’objet de la des-
cription, ce qui est tout aussi flippant.
L’imagination des joueuses fera le reste.
Réactions du Gardien
Il vous sera souvent demandé de défi-
nir et narrer des complications suite à un
jet de dés, ou simplement de « réagir » à
une situation. Généralement, une bonne
réaction complique la vie d’une Sœur
d’une manière intéressante et suit la
logique de la fiction établie. Si vous n’ar-
rivez pas à imaginer la réaction naturelle
à appliquer à ce qui se passe dans la fic-
tion, choisissez une réaction dans la liste
ci-dessous, en adaptant si nécessaire.
Séparez les Sœurs
Les Sœurs vont habituellement vou-
loir rester ensemble, alors compliquez
leurs vies en en séparant une ou plu-
sieurs du groupe. Les Sœurs fouinent
au cœur d’un vieux château en ruine ?
Peut-être que l’une d’entre elles se
retrouve dans un passage secret à sens
unique. Elles commencent à être trop
curieuses lors d’un concile ? Un des
invités isole l’une d’entre elles. Elles
fouillent un bateau ? Une vague figure
en enferme une dans une cabine. Ce
qui importe, c’est que ce qui va arriver
ensuite à la Sœur (ou aux Sœurs) sépa-
rée devrait être fascinant ou périlleux.
Tuez un Suspect
Rien ne saurait mieux avoir l’atten-
tion des Sœurs (et des joueuses) que de
découvrir la mort d’un Suspect. Cette
réaction est particulièrement efficace
si les Sœurs commençaient à cibler ce
personnage comme coupable du crime.
Notez qu’il s’agit là d’une réaction de
Gardien très forte, et surtout appro-
priée dans le cas d’un jet de dé raté.
Infligez une Condition
Ceci est une réaction efficace et
adaptée à presque toute situation. Une
Condition est un adjectif ou une courte
phrase, et elle doit correspondre à ce
qu’il vient de se passer dans la fiction.
Par exemple, si une Sœur vient de se
faire renverser par un cheval qui quit-
tait une scène de crime, vous pouvez
lui donner la Condition « Amochée ». Si
elle sort d’une conversation particuliè-
rement frustrante et condescendante
avec le seigneur Jehan, la Condition
« Irritée » est idéale. Si elle a eu le coude
léger avec le vin de messe, donnez-lui
la Condition « Un verre de trop ». Une
Condition peut être retirée à la suite de
l’utilisation de la manœuvre Partager,
ou simplement quand vous jugez que
les circonstances sont appropriées.
Placez une Sœur en danger
« Danger » peut signifier un danger
physique ou autre chose. Une Sœur
fouine dans un entrepôt après la ferme-
ture ? Peut-être qu’une silhouette dans
l’ombre pointe une arbalète sur elle
et lui demande de retourner d’où elle
vient. Les Sœurs sont parties sur le lac
Paladru avec des pêcheurs pour pouvoir
les interroger ? Peut-être qu’une tem-
pête approche à l’horizon. Une Sœur
participe au concours de pâtisserie du
village voisin ? Peut-être que le caramel
de sa tarte Tatin a trop bruni.
Montrez la mort d’une Sœur
Tuez une Sœur ! Cela fait partie de
la proposition du jeu, et vous en avez
le droit ! Vous pouvez même être gore
(tout en respectant les limites de la
table). Les joueuses peuvent toujours
coiffer une Couronne pour rembobi-
ner la fiction. Notez qu’il s’agit d’une
réaction très forte qui n’est à déployer
qu’après un jet manqué, et après avoir
dûment prévenu la joueuse de la me-
nace (voir Manœuvres de Jour et de Nuit
dans les Conseils détaillés au Gardien).
Faites intervenir un officiel
Cette réaction est une convention
de genre très importante, et devrait
être utilisée généreusement. L’idée
est qu’un officiel, généralement un
membre des forces de l’ordre, débarque
et interfère d’une quelconque façon
avec l’enquête des Sœurs. Notez que
le terme « officiel » est très vague, à
dessein. Toute personne avec un sem-
blant d’autorité convient. Un serviteur
envahissant peut être aussi problé-
matique dans la demeure du seigneur
qu’un chasseur de primes bourru sur
une scène de crime.
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MONTGASCON
Conseils détaillés
au Gardien
Cette section contient des conseils
pour certaines manœuvres, règles et
procédures. Vous pouvez facilement
mener Montgascon en n’utilisant que
les principes et réactions de Gardien
vues précédemment, mais ce qui suit
enrichira grandement votre expérience
et celle de vos joueuses.
Manœuvres de Jour
et de Nuit
La manœuvre de Jour et la manœuvre
de Nuit seront utilisées pour la majeure
partie des actions non liées à l’investi-
gation et nécessitant un jet de dés. Il
faut donc bien comprendre leur fonc-
tionnement, leurs différences et quand
les déclencher.
La première chose à avoir à l’esprit
est que ces manœuvres n’ont pas de
résultat d’échec dans leur texte. Si
une joueuse obtient un échec (6−), elle
ratera généralement l’action qu’elle
souhaitait entreprendre, mais pas obli-
gatoirement. C’est à vous de décider
de l’échec ou de la réussite. Dans tous
les cas, vous réaliserez une réaction de
Gardien.
En général, cette réaction de Gardien
devrait être plus forte (ou plus dure)
que la complication ou le coût qui
aurait été proposé sur un 7-9, et elle
devrait découler logiquement de la fic-
tion établie.
Il faut aussi comprendre que ces
manœuvres sont une négociation entre
la joueuse et le Gardien. La joueuse
annonce ce qu’elle craint qu’il arrive en
cas d’échec. Vous êtes libre d’ignorer ce
que la joueuse a proposé quand vous
devez réagir – surtout si sa suggestion
est légère ou ne fait pas sens – mais
dans le cas où cette suggestion est
une réponse intéressante, authentique
sur ce qu’elle craint, alors essayez de
l’incorporer de votre mieux à la fic-
tion. Agir ainsi montre aux joueuses
que votre partie est un processus de
narration collaborative, et elles seront
encore plus enclines à vous fournir de
bonnes idées plus tard.
 La manœuvre de Nuit présente une
petite spécificité : après que la joueuse
a annoncé ce qu’elle craint, vous devez
lui dire de quelle manière c’est pire
qu’elle ne le craignait. À nouveau, en
annonçant comment les choses sont
pires, vous pouvez ignorer la sugges-
tion de la joueuse. Mais il est préférable
d’essayer de rebondir sur ce qu’elle a
proposé. Un autre aspect important
de « de quelle façon c’est encore pire »
consiste à être honnête. S’il est pos-
sible que la Sœur subisse une blessure
grave, dites-le-lui. S’il est possible que
la Sœur meure, dites-le-lui. Il y a tou-
jours la possibilité de faire machine ar-
rière pour la joueuse avant de lancer les
dés. Si la joueuse lance les dés, échoue
et que vous racontez la mort de sa
Sœur sans avoir indiqué que c’était une
issue possible de l’action, la joueuse se
sentira trahie.
Un dernier point à propos des ma-
nœuvres de Jour et de Nuit : elles se
déclenchent quand une Sœur fait face
à quelque chose qu’elle craint. C’est en
quelque sorte un usage passif (et facile
à oublier), mais c’est très important
pour un jeu avec des éléments d’hor-
reur. Les Sœurs vont assister à des évé-
nements choquants ou horribles, et se-
lon leurs réactions à ces moments-là,
les événements à suivre pourraient de-
venir délicats. Déclenchez la manœuvre
de Jour ou de Nuit pour voir si les Sœurs
arrivent à garder leur sang-froid (géné-
ralement en lançant +Calme).
Fouiner
Cette manœuvre est au cœur des
mécaniques du jeu. Si les Sœurs ne col-
lectent pas d’Indices, elles ne résolvent
pas de Mystères, et l’histoire stagne.
Ce qui est important à comprendre
ici, c’est qu’il faut être généreux dans
l’interprétation de ce qui compte
comme déclencheur pour cette ma-
nœuvre. Parfois, c’est évident : si une
Sœur fouille la maison de quelqu’un,
c’est clairement la manœuvre Fouiner.
D’autres fois, c’est plus subtil : quand
elle réconforte un membre de la famille
du défunt, une Sœur peut essayer
d’obtenir de cette personne une infor-
mation importante. Demandez à la
joueuse si vous n’êtes pas sûr : « Est-
ce que tu essaies de déclencher la ma-
nœuvre Fouiner ? »
Indices et Indices de l’Hérésie
Les Indices listés pour chaque
Mystère sont écrits pour être très variés
et flexibles. Vous devriez être capable
d’en trouver un qui correspond à chaque
situation. Vous pouvez faire ajuster les
Indices afin qu’ils fassent sens dans le
cadre de l’enquête. Regardez l’Indice
« Des instructions pour sortir quelqu’un
d’un testament ». Cela pourrait être
littéralement une instruction, comme
une lettre écrite à un avocat qu’une
Sœur trouverait sur un bureau, mais
peut-être que la Sœur découvre ce dé-
tail lors d’une conversation avec la per-
sonne qui a été retirée du testament.
De plus, il peut être important de
donner un contexte supplémentaire à
un Indice. Avec l’exemple ci-dessus, il
sera important de connaître, au mini-
mum, qui a été retiré du testament. Le
texte de l’Indice ne donnera pas cette
information. C’est à vous de donner ces
détails quand vous le révélez. Lorsque
vous ajoutez ce contexte supplémen-
taire, faites attention à ne pas donner
une résolution au Mystère, au risque de
décourager la poursuite de l’enquête.
Il arrivera qu’un Indice amène natu-
rellement à une question addition-
nelle. Dans ce cas, laisse les joueuses
déclencher la manœuvre de Jour ou de
Nuit pour obtenir cette réponse – ou
donnez-leur les réponses si vous êtes
plutôt coulant – puis modifiez le texte
de l’Indice pour refléter cette nouvelle
information. Ne comptez pas cette
nouvelle information comme un nouvel
Indice.
Exemple : Les Sœurs ont découvert
l’Indice suivant : « Une suite de nombres
écrite sur un morceau de papier ». Elles
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MONTGASCON
veulent découvrir la signification de ces
chiffres et contactent une experte qui
leur explique que ces nombres sont sûre-
ment la clef d’un texte codé. Le Gardien
réécrit l’Indice pour intégrer cette nou-
velle information : « Un morceau de pa-
pier avec la clé d’un texte codé. »
Magie noire
Cette manœuvre ne devrait être uti-
lisée que très rarement. En fait, il est
même plutôt dangereux de l’utiliser
– un 9 ou moins rapproche la Sœur de
son retrait du jeu. Le texte de la ma-
nœuvre devrait suffire à dissuader la
majorité des joueuses, mais vous pou-
vez prendre les devants et demander à
ce que les Sœurs aient une forte justi-
fication fictionnelle pour se lancer dans
les arts occultes. Peut-être doivent-
elles d’abord trouver les instructions
d’un rituel, à moins qu’un jeu de tarot
spécifique ne soit requis avant toute
divination.
Lors de l’écriture d’une nouvelle ma-
nœuvre, donnez à la joueuse ce qu’elle
désire, mais faites en sorte qu’elle
comprenne que les conséquences d’un
échec pourraient être élevées – une
grande récompense implique un grand
risque. Par exemple, si elle souhaite
écrire une manœuvre pour permettre
aux Sœurs d’invoquer des serviteurs
démoniaques pour les aider dans leur
combat contre l’Hérésie, peut-être que
la contrepartie de la manœuvre im-
plique d’abandonner son âme immor-
telle, ou de se battre contre le démon
une fois sa tâche accomplie !
Si vous n’êtes pas sûr de la manière
de procéder dans l’écriture de nouvelles
manœuvres, la meilleure façon est de
commencer par une version très spéci-
fique de la manœuvre de Nuit, avec un
résultat d’échec détaillé et ignorant la
négociation joueuse-Gardien.
Exemple de cadre générique :
Quand [tu fais ce qui déclenche la
manœuvre], lance +Sensibilité.
En cas d’échec, [coût spécifique très
fort]. Le Gardien raconte.
Sur 7-9, [tu réussis ce que tu essayais
de faire] mais [coût ou complication
très spécifique]. Le Gardien raconte.
Sur 10+, [tu réussis ce que tu essayais
de faire]. Raconte.
Exemple de cadre en action :
Quand tu essaies d’invoquer un ser-
viteur démoniaque à tes côtés, lance
+Sensibilité.
En cas d’échec, le démon apparaît
mais n’est pas lié à toi.
Sur 7-9, le démon apparaît et te servi-
ra un temps, mais demandera un sacri-
fice de sang pour ses services.
Sur 10+, le démon apparaît et te ser-
vira un temps. Raconte.
Théoriser
Le texte de la manœuvre indique
« Quand les Sœurs discutent collégiale-
ment… » mais, dans les faits, cette dis-
cussion a lieu entre les joueuses et pas
entre les Sœurs. Et en tant que Gardien,
vous avez aussi un rôle à jouer. Vous
devez apporter vos propres réflexions,
remettre en question les hypothèses
énoncées et contester les théories qui
oublient de prendre en compte certains
Indices. Si une joueuse reste en retrait
lors de ce processus, intervenez et de-
mandez-lui son opinion sur l’affaire. Si
une joueuse domine la conversation,
faites un tour de table et confirmez
auprès des autres joueuses leur accord
avec ces propositions. Une de vos tâches
les plus importantes ici est de guider la
conversation vers un consensus afin que
les dés puissent être lancés.
Un autre boulot important consiste
à amener les joueuses à apporter du
contexte à cette discussion sur les
Indices. Les Indices récoltés semble-
ront souvent sans fil conducteur ou
incompatibles entre eux. C’est volon-
taire, afin de les utiliser de manière
flexible. Encouragez les joueuses à
ajouter le contexte nécessaire pour que
les Indices corroborent leur théorie. Par
exemple, si les Sœurs ont découvert
un doigt coupé lors de leur enquête, et
que leur accusation pointe vers un per-
sonnage nommé Jacobée, elles doivent
indiquer comment ce doigt peut être
relié à Jacobée (après tout, un doigt
coupé est un Indice difficile à mettre de
côté). La conversation pourrait tourner
autour de l’idée que l’assassin s’est fait
trancher un doigt en luttant avec sa vic-
time, et s’il manque un doigt à Jacobée,
c’est elle la coupable. Il y a de fortes
chances que personne n’ait vérifié les
doigts de Jacobée lors de l’enquête,
mais lorsqu’on théorise, il est possible
d’ajouter un tel détail incriminant à
la fiction. Une joueuse pourrait men-
tionner que Jacobée portait toujours
des gants, et que cela pouvait cacher
sa blessure. En tant que Gardien, vous
devez encourager ce genre de retcon
(continuité narrative) de la fiction afin
que les joueuses puissent arriver à une
théorie du crime qui incorpore tous les
Indices ou presque.
N’oubliez pas que pour qu’un Indice
puisse être utilisé dans le calcul du ré-
sultat, il doit être directement intégré à
la théorie énoncée, ou au moins écarté
de manière explicite. L’objectif est de
travailler de concert, entre les joueuses,
pour avoir cette sensation de résoudre
un crime.
Passé
Guettez les opportunités permettant
aux joueuses d’ajouter des choses dans
le Passé des Sœurs. Si une Sœur dévoile
un nouveau détail de sa vie d’autrefois
pendant un Mystère, invitez la joueuse
de la Sœur à l’ajouter à son Passé.
Dans les premières sessions de jeu,
il faudra sans doute rappeler aux
joueuses que leur Sœur peut utiliser
des tranches de vie de son Passé. Si
un jet de dés crucial, à l’enjeu particu-
lièrement fort, intervient, demandez à
la joueuse si un élément de son Passé
ne lui serait pas utile pour obtenir un
avantage (ou annuler un désavantage).
Montgascon en one-shot
Il se peut que vous n’ayez qu’une
seule session pour jouer à Montgascon,
parce que vous êtes en convention, ou
qu’il s’agit d’une courte digression de
votre groupe habituel. Pour mener ce
jeu en one-shot, il faut suivre la procé-
dure de première session en diminuant
la Complexité du Mystère à 4 ou 5. Une
Complexité de 4 ou 5 est suffisante
pour présenter un défi tout en étant
assez basse pour pouvoir être résolue
en une seule partie.
Quoi qu’il en soit, quand il vous
reste environ une demi-heure de jeu,
concluez la scène en cours et lancez la
manœuvre Théoriser. Si la manœuvre
échoue, terminez la session sur un
cliffhanger et expliquez aux joueuses
que le Mystère se poursuivrait sur une
éventuelle deuxième session.
Certains aspects du jeu, comme l’Hé-
résie ou les Couronnements, n’auront
pas autant d’impact sur un one-shot. Il
est cependant préférable de jouer le jeu
avec l’ensemble de ses composantes,
afin que les participantes découvrent le
ton du jeu et ce que pourrait proposer
une campagne.
L’Hérésie
Une de vos principales responsabili-
tés, surtout si la partie s’étale sur plu-
sieurs sessions, consiste à suivre et ré-
véler l’Hérésie. Les Hérétiques ne sont
pas un élément majeur de l’histoire lors
des premières sessions. Ils deviendront
plus présents aux alentours de la ses-
sion quatre ou cinq.
Il arrivera un moment où un bascule-
ment aura lieu et le souci principal des
Sœurs deviendra la machination du
culte. Ceci culminera avec le Mystère de
l’Hérésie, lors duquel un affrontement
final entre les Sœurs et les Hérétiques
aura lieu.
Vous utiliserez alors la fiche de l’Hé-
résie pour suivre le nombre d’Indices de
l’Hérésie que les Sœurs ont collectés
et quels éléments de la conspiration
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MONTGASCON
peuvent être révélés. La fiche est
divisée en « couches ». À chaque fois
qu’une nouvelle couche est révélée,
les éléments correspondants peuvent
être partagés avec les Sœurs (géné-
ralement à travers les manœuvres
Fouiner ou Théoriser), ou peuvent être
utilisés pour vous inspirer des réactions
qui gênent ou mettent en danger les
Sœurs.
La dernière couche est le Mystère
de l’Hérésie. Ce Mystère spécial n’est
pas un crime mystérieux, mais plutôt
un Mystère autour du rituel final que
les Hérétiques doivent accomplir afin
d’invoquer leur créature. Résoudre
ce Mystère signifie empêcher les
Hérétiques d’accomplir le rituel. En
tant que Gardien, vous devrez écrire le
Mystère de l’Hérésie.
Écrire le Mystère de l’Hérésie
Ne soyez pas intimidé par l’idée
d’écrire le Mystère de l’Hérésie. De
nombreux aspects du Mystère de
l’Hérésie sont similaires à ceux d’un
Mystère standard et, au moment où
vous devrez écrire ce Mystère de l’Hé-
résie, vous aurez acquis assez d’expé-
rience sur Montgascon et récolté assez
de faits sur les Hérétiques. Définir ces
détails du Mystère final deviendra fa-
cile. De plus, vous pouvez simplement
peupler le Mystère de l’Hérésie de dé-
tails extraits des Mystères précédents,
en les recontextualisant.
Préliminaires
Tout d’abord, vous devez déterminer
deux éléments importants :
• Quelle créature indicible les
Hérétiques vont-ils essayer d’ame-
ner dans notre monde ? Comment
s’appelle-t-il (le Déchireur de Toute
Chair, le Seigneur Prismatique, la
Profondeur…) ? À quoi ressemble-t-
il ? Quelle calamité s’abattra sur le
monde si les Hérétiques réussissent
à l’invoquer ?
• Quel personnage non joueur révèle
l’existence du rituel final aux Sœurs ?
Choisissez un personnage d’un
précédent Mystère, disposant de
connexions ou en mesure de faire des
recherches.
Éléments
du Mystère de l’Hérésie
• Donnez un titre au Mystère de l’Héré-
sie. Quelque chose de sinistre est un
bon départ.
• La Complexité du Mystère de l’Héré-
sie est de 10.
• Décidez comment présenter le
Mystère. Le personnage choisi dans
les préliminaires pourrait se présen-
ter aux Sœurs et leur décrire ce qu’il
se passe (ou vous pouvez le faire via
les manœuvres indiquées dans les
préliminaires). Lors de la présenta-
tion du Mystère, donnez aux Sœurs
un ou deux noms de suspects, ou un
ou deux lieux d’intérêt, afin qu’elles
puissent avoir quelque chose avec
lequel commencer à travailler.
• Il n’y a pas de question d’introduction.
• Détermines les Suspects. Une dizaine
de personnages fera l’affaire. Vous
pouvez créer de nouveaux person-
nages, mais pensez à utiliser les
personnages notés dans la section
des Hérétiques, des personnages des
Mystères passés, ou des personnages
récurrents de la campagne. Dans le
cas de nouveaux personnages, pen-
sez à leur attribuer quelques notes
descriptives.
• Choisissez quatre ou cinq lieux où
Peindre la Scène, peut-être issus de
Mystères précédents. Attribuez-leur
tous la même question : « De quelle
façon cet endroit a-t-il été affecté par
la magie noire des Hérétiques ? »
• Dressez une liste de vingt Indices.
Ces Indices peuvent être spécifiques
à ce Mystère, ou il peut s’agir d’In-
dices non utilisés des Mystères pré-
cédents. Dans ce cas, pensez à les
recontextualiser.
Théoriser
(version Mystère de l’Hérésie)
Quand les Sœurs discutent collégia-
lement de la solution au Mystère de
l’Hérésie, en se reposant sur les Indices
obtenus, et qu’elles parviennent à
un consensus, alors lancez +Nombre
d’Indices intégrés à la solution ou écar-
tés de manière justifiée, moins 10 (la
Complexité du Mystère).
• Sur 6−, la solution n’est pas la bonne
et le Gardien réagit.
• Sur 7-9, les Sœurs ont réussi à déduire
le lieu, le moment et la méthode du
rituel final nécessaire à l’invocation.
Le Gardien ajoutera une complication
malvenue, soit il présentera une op-
portunité dangereuse ou compliquée
de contrecarrer le rituel ou au moins
de sauver la situation.
• Sur 10+, les Sœurs ont réussi à déduire
le lieu, le moment et la méthode du
rituel final nécessaire à l’invocation.
Le Gardien présentera une opportu-
nité de contrecarrer le rituel, ou au
moins de sauver la situation.
• Il n’y a pas de résultat 12+.
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216 | MINI-JEU
MONTGASCON
Présenter
le Mystère
L’abbaye de Montgascon reçoit
une visite bien étrange : sœur
Guillemette, du couvent francis-
cain des Cordelières de Faverges.
Elle avait avec elle l’unique copie
de Sur les causes de la corruption
de l’éloquence (De causis cor-
ruptæ eloquentiæ), un ouvrage du
Quintilien que tout le monde croit
perdu depuis des siècles.
Peindre la scène
Quel scandale alimente les
commérages que propagent
les sœurs de l’abbaye ces der-
niers temps ?
Les matines viennent de sonner,
il est donc 4h du matin. Les Sœurs
sont à moitié réveillées, en train de
s’habiller pour rejoindre l’église
afin de suivre le premier office de
la journée. Elles sursautent en en-
tendant les cris d’horreur de sœur
Sédonie. Cette dernière est chargée
de passer dans chaque cellule afin
de s’assurer qu’aucune sœur ne
cède au péché de paresse en restant
sur sa couche. Et sœur Sédonie
vient de faire une découverte ef-
froyable : le corps sans vie de sœur
Guillemette, une cordelière qui
était de passage dans l’abbaye et
qui occupait la cellule réservée aux
religieuses en visite à Montgascon.
Le sang qui s’est échappé de sa
gorge tranchée a largement imbibé
ses modestes vêtements et sa cou-
verture. Il est encore chaud, ce qui
tend à prouver que le meurtre vient
d’être commis. De plus, le précieux
LE NOM DE LA PROSE
livre que sœur Guillemette avait
avec elle en arrivant à l’abbaye a
disparu.
Question
d’introduction
Ce n’est pas la première fois
que les Sœurs croisent le chemin
de sœur Guillemette. À quelle
occasion sont-elles devenues
redevables envers cette dévouée
membre de l’ordre des Pauvres
Dames ?
Suspects
Mère Laudivine, l’abbesse
Autoritaire. Doucereuse. Belle
voix. Quand sœur Guillemette s’est
présentée à la porte de l’abbaye
tard dans la soirée, elle a immé-
diatement demandé à rencontrer
l’abbesse. Personne ne sait ce
que les deux femmes se sont dit
dans les appartements de la mère
supérieure. Et Mère Laudivine se
réfugie derrière sa position hié-
rarchique pour rester très évasive
sur les raisons de la visite de sœur
Guillemette.
« Dites-vous que cette pauvre
enfant s’est en quelque sorte
confessée à moi. Or vous n’êtes
pas sans savoir que le secret de la
confession nous est sacré. »
Sœur Sédonie,
la réveilleuse
Réservée. Sommeil léger.
Arthritique. Elle adore réveiller
ses sœurs, elle y trouve un plaisir
sadique. Elle profite d’ailleurs du
fait qu’elle doit se lever avant les
UN MYSTÈRE DE COMPLEXITÉ 6
autres pour savourer ces instants
de paix où elle est la seule à être
debout dans Montgascon.
« Habituellement, je réveille tou-
jours la sœur invitée en premier,
je trouve que c’est une marque de
respect. Mais là, personne ne m’a
prévenu qu’on avait de la visite. »
Sœur Ématine, la copiste
Première de classe. Polyglotte.
Mal-aimée. La rumeur prétendait
que sœur Guillemette avait en sa
possession le premier écrit dans
lequel le mot prose a été employé.
Comme c’est un livre unique, elle
était particulièrement excitée à
l’idée de le consulter, elle a peu
dormi et s’est réveillée avant le
passage de sœur Sédonie.
« Vous vous rendez compte ?
Marcus Fabius Quintilianus est
né l’année où le Fils de Dieu nous
a quittés. Et déjà à cette époque,
ils avaient tout compris de la rhé-
torique. Non mais vous imaginez
si ce livre est aussi inspiré que son
De institutione oratoria ? »
Sœur Henrélise,
l’ex-Pauvre Dame
Corpulente. Voix éraillée.
Ronfleuse. Sœur Henrélise est une
ancienne Cordelière de Faverges
qui a quitté sa précédente com-
munauté car elle ne supportait
plus la vie de dénouement qui lui
était imposée. Trop heureuse de
sa vie opulente à Montgascon, elle
se souvient que les sœurs du cou-
vent tiraient le diable par la queue
et étaient toujours à la recherche
d’un moyen de gagner de l’argent
pour aider les démunis.
 « Des fois, on avait juste du pain
rassis pour l’eucharistie. Je suis par-
tie le jour où ils ont remplacé le vin de
messe par du vinaigre. »
Sœur Cédulice,
la voisine de cellule
Teint de pêche. Rieuse. Douce rê-
veuse. Bien que les murs entre les cel-
lules soient épais, sœur Cédulice a su
qu’elle avait une voisine pour la nuit
car elle a entendu la porte de la cellule
grincer plusieurs fois. Elle-même s’est
levée à de multiples reprises au cours
de la nuit car elle est « dans ses co-
chonneries » comme elle le dit si bien.
Elle en a honte, mais plusieurs linges
dans sa cellule sont couverts de son
sang menstruel. Enfin, de sang.
« Comment vous dire ça poliment ?
Les eaux du Nil sont devenues rouges.
Mon calice a débordé, quoi. Je saigne
comme pendant la Passion. »
Parmélien,
un autre visiteur de Faverges
Rude. Taciturne. Débrouillard.
Parmélien est un taillandier (un fabri-
cant d’objets tranchants) qui vient
tout juste de quitter Faverges et qui a
dormi lui aussi à Montgascon (mais
pas dans l’abbaye elle-même, évidem-
ment). Pour payer son voyage, il vend
des couteaux et des lames qu’il a forgés
à Faverges. Il a mauvaise réputation,
c’est le genre de bonhomme qui s’attire
toujours des ennuis. Les maris se mé-
fient beaucoup de lui.
« Je n’ai pas fui Faverges. Je suis
parti avant que ça s’envenime,
nuance. »
Vilaire, un escroc
Bavard. Calculateur. Distrait. Faux-
monnayeur. Vendeur de fausses re-
liques. Faussaire… Vilaire est recher-
ché pour plusieurs arnaques car il a
filouté de nombreuses personnes dans
la région. Pour échapper à la justice, il
s’est réfugié dans l’église de l’abbaye en
demandant l’asile aux sœurs. Et même
depuis son refuge, il réussit encore à Indices
étendre son influence pernicieuse en • Un parchemin qui a été
truandant son prochain et en se trou- gratté pour en effacer le
vant de nouveaux complices. contenu
« Écoutez, moi, votre sœur • Une lame de couteau qui a
Guillemette, je ne la connaissais pas, été brisée
mais s’il vous faut un coupable… on
• 30 fausses pièces de
monnaie
peut toujours s’arranger. »
• Le sceau de la mère
supérieure des Cordeliers
Peindre la scène • Un couteau caché dans un
Pendant la nuit crucifix
• Une lettre de dénonciation
Tu as reçu une visite dans ta cellule • Un arbre généalogique
au cours de la nuit. Qui était-ce et • Un enfant abandonné sur le
pourquoi ? parvis de l’église
• Une pierre qui se descelle
L’église dans une cellule
Que t’es-tu discrètement procuré • Un cierge qui diffuse un
auprès de Vilaire, l’escroc qui a trouvé soporifique en brûlant
asile dans l’église ? • Une pierre à aiguiser avec
du sang imprégné
Les appartements de • Une statue de la Vierge
l’abbesse creuse qui contient un
Avant de recevoir sœur Guillemette, parchemin
Mère Laudivine t’a convoquée dans • Un dessin érotique réalisé
son bureau. Quel était le sujet de la au fusain
rencontre ? • Une outre remplie de sang
• Une icône religieuse qui
saigne
La bibliothèque
• Deux alliances entrelacées
Quel est le livre le plus précieux que
• Une rose
possède l’abbaye ? L’as-tu lu ?
• Une ceinture en corde avec
un nœud coulant
• Une offre d’achat du
monastère de Faverges
• Un tatouage caché
Indices de l’Hérésie
• Un paroissien qui utilise une
poignée de main secrète.
• Une édition de la Bible avec
des erreurs (« Tu commettras
l’adultère »).
• Un cilice en fer pour se
mortifier sans le montrer.
• Un denier qui aurait
appartenu à Judas.
• Une partition qui utilise
le Diabolus in musica,
l’intervalle du diable.
• Un godemichet parcouru
d’inscriptions cabalistiques
gravées.
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218 | MINI-JEU
MONTGASCON
Présenter
le Mystère
L’abbaye de Montgascon est la
destination d’un pèlerinage ayant
pour but de montrer sa dévo-
tion à sainte Bazélie, une martyre
décédée aux mains des Romains.
D’ailleurs, un reliquaire dans
l’église de l’abbaye contient le
crâne de la sainte. Cette relique
est exposée une fois l’an, ce qui
provoque un fort achalandage à
Montgascon, et donc toutes sortes
d’opportunités commerciales.
Peindre la scène
Cette année, l’abbesse a bien
failli annuler la présentation
du crâne de sainte Bazélie.
Pour quelle raison, et quelle
Sœur lui a fait changer d’avis
in extremis ?
Montgascon fourmille de visi-
teurs, et tous ne sont pas là
pour prier devant les restes de la
sainte. Si quelques dévots font la
queue pour pouvoir toucher du
bout des doigts le précieux crâne
doré à la feuille, c’est pour béné-
ficier de la protection de la sainte
contre les hémorroïdes. Mais la
plupart des pèlerins se sont dé-
placés car les festivités forment
une grosse foire agricole où il
est possible de faire de bonnes
affaires à la Bâtie, le bourg qui
jouxte l’abbaye. Et pour s’assurer
de bonnes ventes, les commer-
çants prient eux aussi fébrile-
ment devant sainte Bazélie. À ce
petit jeu, Gamelin (le plus gros
maquignon de la Bâtie) est le
LE PÈLERIN MAGASINE
plus fervent et tient absolument à
être le premier à toucher le saint
crâne. Et ne voilà-t-il pas que si-
tôt qu’il a posé ses doigts sur l’ob-
jet de son adoration, il s’écroule
au sol, parcouru de spasmes.
De l’écume blanchâtre bave de
sa bouche avant qu’il ne meure.
Les Sœurs, qui étaient présentes
dans l’église au moment de la cé-
rémonie, vont devoir mener l’en-
quête : cette mort spectaculaire
ne doit surtout pas venir saper
les retombées économiques du
pèlerinage.
Question
d’introduction
Pour être certain d’être le pre-
mier en ligne, Gamelin a dû te ver-
ser une petite somme. Qu’as-tu fait
de cet argent ?
Suspects
Manette,
l’épouse de Gamelin
Braillarde. Enivrée. Rancunière.
Tout le monde ou presque est
au courant à la Bâtie : Gamelin
n’était pas fidèle envers Manette.
Il aurait même engendré plusieurs
bâtards. Et pourtant, il refusait
l’idée même de la répudier car le
père de Manette (Jaquin) est un
important propriétaire terrien
dont Gamelin avait besoin pour
conduire son commerce. Manette
est déjà venu consulter l’abbesse
ou une Sœur versée dans le droit
pour savoir si elle pouvait elle-
même mettre fin à cette union
désastreuse.
UN MYSTÈRE DE COMPLEXITÉ 6
« Pour moi, sainte Bazélie a
exaucé mes vœux. Quand on y
pense, Gamelin était une sorte de
grosse hémorroïde dont elle m’a
débarrassé pour de bon. »
Onidias, agitateur public
Maigre. Fanatique. Incohérent.
Ça fait des années qu’Onidias le dit
sur tous les tons : Bazélie n’était
pas une sainte. Et donc ce pèleri-
nage est un sacrilège. Onidias n’est
donc pas surpris de la mort de
Gamelin, il est même aux anges :
les bonnes gens commencent enfin
à le croire. Il peut donc désor-
mais grimper sur un tonneau sur
la place du marché et se mettre
à prédire des choses encore plus
horribles.
« Et les nonnes se détourneront
de la lumière divine pour vivre
dans le péché. Et le prix de la bière
augmentera ostensiblement… »
Sœur Uberthile,
gardienne de relique
Dépassée. Veut bien faire.
Cachotière. On ne peut pas dire
que ça soit un gros travail, mais
sœur Uberthile est responsable de
la dépouille de sainte Bazélie. C’est
elle qui fait en sorte, par exemple,
qu’un cierge brûle en permanence
devant le reliquaire. À force de
passer autant de temps avec le
crâne, Uberthile a même dévelop-
pé un étrange syndrome : quand
personne n’est présent, la sœur lui
parle directement et fait comme si
la tête lui répondait.
« Oh non, elle doit avoir ses rai-
sons. Bazélie n’intervient jamais
pour rien. »
Seigneur Rodalbert,
malade chronique
Vieillissant. Autoritaire. Bigot.
Réputé pour ses qualités de chevalier,
Rodalbert ne peut malheureusement
plus monter à cheval depuis qu’il
souffre de crises hémorroïdaires sé-
vères. Il vient chaque année en pèleri-
nage, mais l’action salvatrice de sainte
Bazélie ne dure que quelques jours. Il
voudrait donc plus que tout devenir
propriétaire de la relique pour bénéfi-
cier chaque jour de ses bienfaits, mais
l’abbesse de Montgascon refuse de lui
céder le crâne.
« Je peux répondre à toutes vos
questions, mais par pitié, puis-je res-
ter debout ? »
Verthume,
maquignon concurrent
Affairiste. Influent. Remuant.
Verthume voulait absolument mettre
la main sur un étalon que Gamelin
possédait. Mais le prix qu’il en deman-
dait était exorbitant, si bien qu’il cher-
chait des solutions moins onéreuses.
Verthume a récemment proposé de
marier un de ses fils à Gauberte, la
fille de Gamelin, mais ce dernier a une
fois de plus refusé. Il a pris ce nouveau
rejet pour une rebuffade.
« Je n’ai jamais rencontré un type
aussi borné. C’était toujours non, non,
non… »
Quinquenelle, dresseuse
Organisée. Polie. Exigeante. À l’écou-
ter, c’est elle qui faisait tourner l’élevage
de Gamelin pendant que lui courait les
jupons. Elle a maintes fois demandé
une augmentation ou du moins une
reconnaissance de ses efforts, mais
Gamelin la traitait comme une chose
acquise. Quinquenelle est follement
éprise de Gauberte, et c’est réciproque.
« J’ai connu des canassons moins
dociles que Gamelin, mais je les ai
brisés. Le mot indomptable ne fait pas
partie de mon vocabulaire. »
Carmélian, Indices
fils illégitime • Un autre crâne humain
• Un herbier
Ambitieux. Remonté. Irascible. Élevé
• Une sarbacane
pauvrement par sa mère dans l’idée
• Une bague avec du poison
que si son père (Gamelin) avait assu- • Une coupe de Pythagore
mé son rôle, leur vie aurait été tout • Une perruque en crin de
autre, Carmélian en veut beaucoup à cheval
son géniteur. Ce dernier était prêt à lui • Des vêtements
donner du travail auprès des chevaux, empoisonnés
mais Carmélian a refusé, arguant qu’il • Une ceinture de chasteté
ne voulait pas devenir un esclave mais • Une pince émasculatrice
un héritier légitime. Gamelin lui a bien pour chevaux
évidemment ri au nez. Sinon, Gauberte • Un parfum qui excite les
lui fait les yeux doux. abeilles
« Quand un homme dispense trop sa • Un titre de propriété pour
un cheval
semence, il ne peut offrir à sa descen-
• Un mariage célébré en
dance que son absence. »
secret
• Un message transporté par
Peindre la scène un pigeon voyageur
Dans l’église • Une lettre de change
payable par l’abbaye
Quelle méthode ont employé les • Une arme lancée au fond
Romains pour tuer sainte Bazélie ? d’un puits
• Un bézoard supposé agir
Dans la foire comme un anti-poison
Quand tu as vu le spectacle de ma- • Une herbe qui provoque
rionnettes ridiculisant la vie de sainte une fausse couche chez les
Bazélie, comment as-tu réagi ? juments
• Un livre écrit en persan
Devant le reliquaire • Un sablier dont
l’écoulement a été trafiqué
Quand tu adresses tes prières à sainte
• Une mèche de cheveux
Bazélie, que lui demandes-tu ?
donnée en gage d’amour
La bibliothèque • Un fer à cheval manquant
Quand Gauberte est venue t’avouer
qu’entre Carmélian et Quinquenelle,
son cœur balance, que lui as-tu
conseillé ? Indices de l’Hérésie
• Une clepsydre dont le
liquide est du sang qui ne
fige jamais.
• Un pointeur de lecture
sculpté dans de l’ébène.
• Une carte de constellations
dont l’emplacement des
étoiles ne correspond pas à
notre voûte céleste.
• Une pluie d’oiseaux morts.
• La Lune qui ne respecte pas
son cycle.
• Un animal qui naît avec
deux têtes.
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220 | MINI-JEU
MONTGASCON
LE BÛCHER DES VA-NU-PIEDS
Présenter
le Mystère
Suite à une augmentation dras-
tique de la dîme (l’impôt payé
à l’abbaye), les paysans les plus
pauvres de la région sont acculés
à la misère. Ils sont désormais si
nombreux à la Bâtie qu’ils forment
une véritable armée sur le point
d’organiser une jacquerie. Les diri-
geants de cette révolte paysanne
sont si remontés après le pouvoir
religieux qu’ils menacent de bou-
ter le feu à Montgascon.
Peindre la scène
Pour quelle raison l’abbesse
a-t-elle ordonné une augmen-
tation si draconienne de la
dîme ?
Persuadés que les chevaliers du
royaume de France mènent le pays
à la ruine et harassés par des taxes
toujours plus élevées, les paysans
sans le sou se sont organisés en un
ost mu par la colère. Armés seule-
ment d’outils agricoles et de cou-
teaux, les révoltés ont pris d’assaut
la demeure du seigneur Gélinor
et l’ont réduite en cendres après
l’avoir pillé. Se tournant main-
tenant vers Montgascon, dont
l’opulence n’est plus à démontrer,
ils parlent haut et fort de saccager
l’abbaye. C’est pourquoi l’abbesse
a envoyé les Sœurs en mission
diplomatique afin de parlementer
avec Trémolina, la passionaria qui
dirige cette révolte. Elles ont ren-
dez-vous à La Berlue, l’auberge
de la Bâtie, pour désamorcer la
situation. Mais quand les Sœurs
se présentent sur place, elles dé-
couvrent le corps sans vie de la
meneuse de la jacquerie qui pend
au bout d’une corde, accrochée à
une poutre de la salle commune de
l’établissement.
Question
d’introduction
Tu soutiens les paysans depuis
le début de leur révolte. Comment
leur portes-tu discrètement as-
sistance dans cette ambiance
survoltée ?
Suspects
Malvirin, l’aubergiste
Hospitalier. Cancanier. Rieur.
Comprenant que la rencontre
était secrète, Malvirin était d’ac-
cord pour ne pas être présent
dans la salle commune lors de la
rencontre, mais il était dans son
cellier, sous la pièce en question.
Soi-disant qu’il vérifiait ses stocks,
mais la trappe qui permet d’accé-
der à ce garde-manger est com-
modément situé à côté du lieu où
Trémolina est morte. Malvirin a
très peur que les paysans en ré-
volte ne pillent son établissement.
« Non, parce qu’ils disent qu’ils
en ont après les riches, mais y’a
riche et riche, moi j’dis. »
Flaurian, l’autre meneur
Méfiant. Inspiré. Bègue. À la
vérité, c’est Flaurian qui est la
véritable âme du mouvement de
contestation. Il a une vision straté-
gique, il connaît les forces en pré-
sence… mais il s’est fait damer le
UN MYSTÈRE DE COMPLEXITÉ 7
pion par Trémolina, qui avait une
personnalité plus convaincante et
qui l’a mis sur la touche. Et main-
tenant que Flaurian a récupéré les
rênes du pouvoir, il peut à nouveau
mener le mouvement au gré de ses
envies.
« J’emmer… merde le Seigneur
et les j’em… emmerde les sei-sei-
seigneurs aussi. »
Péduline, fille de Gélinor
Déterminée. Patiente. Menteuse.
Péduline a survécu au massacre
de sa famille car elle était en vi-
site chez des cousins. Après avoir
pleuré la mort de ses parents, elle
a intégré les rangs des révoltés
afin d’identifier celui ou celle qui
a donné l’ordre de mettre le feu à
sa maison. Péduline pensait qu’elle
pourrait alors se venger, mais en
vivant parmi les paysans en colère,
elle a découvert leur réalité. Ses
convictions ont été passablement
ébranlées.
« La dîme. La taille. Le cens. Le
champart. Le tonlieu. L’indire. La
mainmorte. Le formariage. La
forfuyance… »
Sœur Giraldée,
mère de Trémolina
Discrète. Consciencieuse.
Coupable. Avant de devenir sœur,
Giraldée a vécu sa vie de femme.
À vingt ans, elle a abandonné son
enfant, et de honte, elle est entrée
dans les ordres afin de rache-
ter son âme. C’était il y a plus de
vingt ans, et Giraldée a encore des
remords. Elle a bien essayé de re-
nouer discrètement le contact avec
sa fille, Trémolina, mais les choses
restaient compliquées entre les deux
femmes.
« C’est en côtoyant notre mère supé-
rieure que j’ai compris que j’aurais
fait une mère très inférieure. »
Ophélien, compagnon
d’arme
Balourd. Béni-oui-oui. Pouce vert.
Trémolina avait jeté son dévolu sur
Ophélien, un gentil gars des forces
paysannes. Ils formaient un couple mal
assorti qui fonctionnait néanmoins car
Ophélien aimait bien se faire dire quoi
faire et quoi penser. Jusqu’à ce qu’il
comprenne, un peu tardivement, que
Trémolina ne lui réservait pas l’exclu-
sivité de sa couche. Or Ophélien est
très vieux jeu sur ce point.
« C’est une clef pour une serrure.
Si la clef ouvre plusieurs serrures ou
pire, si plusieurs clés ouvrent la même
serrure, non mais où va-t-on ? »
Vauquelin, hors-la-loi
Furtif. Taiseux. Cupide. Avant cette
révolte, Vauquelin avait une petite
entreprise efficace : il volait aux riches
et redistribuait un peu aux pauvres.
Mais ne nous mentons pas : il gardait
l’essentiel pour lui. Aussi a-t-il une
sainte horreur de la jacquerie en cours.
Pour lui, c’est la mort de son modèle
économique. Mettre le feu à la maison
de Gélinor, c’était la pire idée du siècle,
à ses yeux.
« Tout redistribuer, moi je veux bien,
mais de quoi je vis, moi, derrière ? Et
pis bon, j’ai des faux frais, ça coûte
cher d’être en cavale. »
Isménie, cordière
Industrieuse. Fatiguée. Gaillarde.
Isménie tresse des cordes depuis sa
tendre enfance. Tous les corps de mé-
tier (ou presque) de Montgascon et de
la Bâtie utilisent sa production. C’est
donc sans surprise que la corde qui a
été passée au cou de Trémolina sort de
l’atelier d’Iséménie. On dit d’ailleurs
que son expertise dans les nœuds lui
sert beaucoup dans son lit, où elle aime Indices
attacher ses partenaires. • Un nœud de marin
« Le secret, c’est de travailler avec rarement utilisé
un bon ferrandier. Le mien, il peigne • Une tâche de naissance
le chanvre avec doigté, c’est un as du • Des denrées alimentaires
séran. Ça rend l’étape du filage bien cachées
• Un registre des impôts
plus agréable. »
perçus
Pelingre, assassin • Un doigt trempé dans de
l’encre
Patient. Combinard. Implacable. • Les cinq stigmates
Pelingre travaille sur contrat. Lui se • Un prototype de cerf-volant
voit comme un chasseur de primes, • Un tonneau équipé d’un
mais à la vérité, c’est plus un assas- double fond
sin qui reçoit une solde. Et une de ses • Un petit os appartenant à
règles cardinales, c’est de ne jamais di- un jeu d’osselets
vulguer le nom de son commanditaire. • Des perles de chapelet
Et vous seriez surpris de ses tarifs : ça • Une aumônière lacérée
ne coûte pas si cher de l’embaucher, • Une reconnaissance de
ces derniers temps. dettes
« Moi je dis toujours : si vous n’êtes • Une tombe anonyme
• Une fiole d’huile sainte
pas mon commanditaire, c’est peut-
• Un appeau
être que vous êtes ma cible. »
• Une paire de dés pipés
• Un kaléidoscope primitif
Peindre la scène • Une carte de tarot
Dans l’auberge • Un jeu d’aimants
• Une fibule très ouvragée
Il y a une délicieuse odeur qui flotte
• Une cagoule ensanglantée
dans l’auberge. C’est un plat ou un
ingrédient qui est interdit à l’abbaye.
Lequel est-ce, et résistes-tu à la
tentation ?
Dans la Bâtie
Tu croises une novice qui n’a mal-
heureusement pas terminé sa forma-
tion parmi vous. Qu’est-elle devenue ?
Sur les barricades
En quoi les paysans révoltés vivent-
ils plus en accord avec les enseigne-
ments de Jésus que vous, les nonnes ? Indices de l’Hérésie
• Une météorite.
Juste avant la scène • Une tombe frappée par la
Théoriser foudre.
L’abbesse t’a demandé dès le départ • Une cloche qui sonne le
glas sans s’arrêter.
d’infléchir ton enquête pour que tes ac-
• Une gargouille qui tombe
cusations entachent une personne en
de son support.
particulier. Qui est-ce et vas-tu suivre
• Une fourche de l’hérétique
ces ordres ?
(un instrument de torture).
• Un troupeau qui se jette du
haut d’une falaise.
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222 | MINI-JEU
MONTGASCON
CRIME ET CHAT QUI MENT
Présenter
le Mystère
Sans prévenir de sa venue, l’in-
quisiteur Phidalbert débarque à
l’abbaye. Les sœurs et les villa-
geois sont sur la défensive : qu’est-
ce qui peut bien justifier la venue
d’un homme aussi craint ? Tout le
monde s’observe et se soupçonne
d’avoir commis des crimes abo-
minables, mais Phidalbert est-il
vraiment là pour servir la justice
divine ?
Peindre la scène
Non seulement tu as déjà
rencontré Phidalbert, mais
tu es à l’origine de sa carrière
d’inquisiteur. Que s’est-il pas-
sé autrefois ?
Il y a peu de noms dans la chré-
tienté qui font autant trembler les
croyants que celui de l’inquisiteur
Phidalbert. On dit qu’il est capable
d’arracher des aveux à un muet
tant il est intraitable. Son arrivée
à Montgascon a provoqué toute
une commotion. Un homme de sa
stature ne se déplace jamais sans
avoir une idée précise en tête. A-t-
il eu vent d’une présence maléfique
à la Bâtie ? Des sorcières œuvrent-
elles lors d’infâmes sabbats ? Il
n’est pas tenu de s’expliquer quand
il s’installe quelque part, alors tout
le monde spécule. Chose étrange :
il est venu à l’abbaye sans sa suite.
Il a demandé à être laissé seul dans
la chapelle de l’abbesse pour pou-
voir prier. Mais après des heures,
comme il ne sortait toujours pas,
une sœur a eu l’audace d’ouvrir la
porte et a découvert avec stupeur
que l’inquisiteur avait été noyé
dans la cuve baptismale. L’abbesse
se tourne donc immédiatement
vers les Sœurs : si ce meurtre n’est
pas rapidement résolu, Avignon
pourrait envoyer un inquisiteur
encore plus effroyable qui lui ne
fera pas dans la dentelle.
Question
d’introduction
C’est toi qui a accueilli l’inquisi-
teur quand il a frappé à la porte de
l’abbaye. Qu’est-ce qui t’a estoma-
quée quand tu as vu Phidalbert sur
le pas de la porte ?
Suspects
Sœur Calmérite,
ex-victime
Sereine. Distante. Pusillanime.
Calmérite a déjà croisé le chemin
de l’inquisiteur. Elle n’a pas été re-
connue coupable à l’époque, mais
elle a dû accepter de se retirer du
monde en prenant le voile. Peu
de sœurs savent que sa présence
à Montgascon est plus une peine
de prison qu’une vocation. En fait,
peu de personnes savent ce que
pense Calmérite.
« Moi ? Oh, vous savez, je
mange, je prie, je ris… Rien de bien
folichon. »
Bernandin, serviteur
Obséquieux. Diligent. Dégoûté.
Bernandin est celui qui règle les
détails une fois que l’inquisiteur
a fini son spectacle. C’est donc un
homme puissant qui ne supporte
UN MYSTÈRE DE COMPLEXITÉ 7
pas d’être maintenu dans l’igno-
rance. Et comme il ne sait pas
pourquoi Phidalbert s’est présenté
seul à Montgascon, il est furieux de
cette défiance. Elle remet en ques-
tion toutes ces années de sacrifice
à faire le sale boulot.
« Me trouver un autre inquisi-
teur ? Bof. Moi, je suis de la vieille
école, les nouveaux vont me trou-
ver ringard. »
Rédempte, sorcière
Excentrique. Flâneuse.
Instinctive. De tous les habitants
de la Bâtie, Rédempte est sans
nul doute celle qu’on peut le plus
facilement qualifier de sorcière.
Pas dans le sens « elle pactise
avec le Diable » mais plutôt dans
celui « elle dérange ». Et c’est vrai
qu’elle peut parfois être lunaire et
que les gens du coin aiment pré-
tendre qu’elle a des dons inexpli-
qués. Surtout quand elle agit de
manière absconse.
« Vous êtes toutes mariées à
Dieu. Est-ce à dire qu’il cautionne
la polygamie ? »
Nolasque, confrère
Insidieux. Spécieux. Clairvoyant.
Nolasque est un autre inquisi-
teur qui travaille lui en solitaire.
Avignon ne lui donne pas de mis-
sion : il est libre de s’intéresser à
qui bon lui semble. Et il est à la
Bâtie depuis plusieurs jours. Il
n’a même pas pris la peine de se
manifester auprès de l’abbaye.
Est-il en repos ? Soupçonnait-il
Phidalbert de quelque chose ? Ce
dernier en avait-il au contraire
après Nolasque ?
 « Je n’aime pas répondre aux ques-
tions. D’habitude, c’est moi qui les
pose… »
Permance, bourreau
Désensibilisée. Délivrée. Soucieuse.
Phidalbert n’aimait pas se salir les
mains. Il avait forcé Permance, une
de ses anciennes victimes, à devenir
tortionnaire. C’était ça ou la prison à
vie. Alors elle a appris le métier sur le
tas, car c’est un boulot où les clients
ont peu l’occasion de se plaindre. Mais
maintenant que son propre bourreau
n’est plus, Permance ne sait pas du
tout quoi faire de sa vie.
« Vous avez des abattoirs, dans la
région ? »
Père Norbertin, curé
Austère. Jaloux. Délateur. Depuis
qu’il a été nommé à la Bâtie, le
père Norbertin déteste sa paroisse.
L’omniprésence des sœurs l’enrage,
il se sent dépossédé de ses attributs.
Alors il rédige des lettres anonymes
dans lesquelles il se sert de ce qu’il en-
tend à confesse pour dénigrer l’abbaye.
Il signe « Le Chat » et n’hésite pas à in-
venter quand la réalité n’est pas assez
juteuse.
« S’il n’y avait pas de bonnes femmes
parmi les apôtres, c’est qu’il y a une
bonne raison. »
Inonda, idiote du village
Imbécile. Irresponsable. Survivante.
Le truc étrange, avec Inonda, c’est
qu’elle n’est pas née à la Bâtie. Elle est
apparue un jour, a su se faire tolérer par
les villageois et a pris sa place dans cette
société. Mais certains ont des doutes :
elle ne serait pas aussi folle qu’elle es-
saye de le faire croire. Toutefois, il est
bien difficile d’aller au fond des choses
avec Inonda, qui reste imprévisible.
« Mais votre Benoît, vous savez
qu’il faisait l’apologie de la science du
non-savoir et de la docte ignorance ?
Ironique, non ? »
Valburge, apostasié Indices
• Un passage secret
Effacé. Mesuré. Rigoureux. Après
• Une capuche
avoir renié Dieu, Valburge a fait un
• Une cicatrice due à une
choix stratégique : aller vivre à côté
brûlure
d’une communauté religieuse bien- • Une page délavée par l’eau
veillante. Histoire de minimiser les • Un morceau de cristal
risques. Le hic ? Il a croisé la route • Un onguent qui sent
d’autres personnes qui voulaient se mauvais
détourner de Dieu. Alors Valburge n’a • Un chat noir qui est présent
pas pu s’empêcher de les aider dans à chaque scène
cette démarche périlleuse. • Un coquillage de pèlerin de
Compostelle
« Apostasie veut dire se tenir loin en
• Un livre de médecine écrit
grec. J’aurais dû prendre ça au pied
de la lettre et ne pas venir côtoyer des en arabe
• Une paire de menottes
sœurs. »
• Une baguette de sourcier
• De la poudre noire
Peindre la scène • Une couronne d’épines
Dans la chapelle de l’abbesse • Une lettre d’indulgence
• Un livre de prophéties
L’abbesse t’a invitée un jour car elle
• L’œuf d’un oiseau exotique
avait besoin d’un témoin pour une
• Une pierre précieuse
cérémonie privée. Qu’est-ce qui s’est volée sur la couronne de
passé ? Charlemagne
• Une carte des propriétés
Dans la Bâtie terriennes de la région
Quel est l’impact le plus positif qu’a • Un blanc-seing papal
l’abbaye sur les habitants de la Bâtie ? • Des insultes peintes sur
un mur
Dans l’abbaye
Quel est l’impact le plus négatif qu’a
le bourg de la Bâtie sur le personnel de
l’abbaye ?
Sur la route
entre l’abbaye et la Bâtie
Un mendiant aveugle te parle sans
savoir qui tu es. Que te raconte-il sur
toi ?
Indices de l’Hérésie
• Un témoin atteint de
glossolalie.
• Une fiole de sang qui reste
liquide.
• Une éclipse solaire qui dure
longtemps.
• Des tremblements de terre.
• Une dague cérémonielle.
• Un essaim de criquets qui
dévore les récoltes.
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224 | MINI-JEU
MONTGASCON
Présenter
le Mystère
Tout le bourg de la Bâtie fait
bombance à l’occasion du Mardi
gras. Un immense banquet est or-
ganisé sur la place du village avec
des tables installées pour former
un immense U. La viande est ju-
teuse, le vin coule à flot, ça ripaille
et ça festoie. Jusqu’au moment
où Bélarmain, le tabellion, se met
à vomir du sang avant de rendre
l’âme.
Peindre la scène
C’est toi qui a servi le verre
de vin que Bélarmain buvait
juste avant de succomber.
Pourquoi n’as-tu pas bu de ce
vin toi aussi ?
Mardi gras est une date impor-
tante pour tous : c’est la dernière
fois que l’on va manger à sa faim
avant le carême. Il s’agit donc
d’en profiter au maximum avant
de se serrer la ceinture. L’abbesse
est bien consciente que les sœurs
aussi ont besoin de souffler un
peu avant de vivre quarante jours
d’abstinence, aussi autorise-t-elle
exceptionnellement ses nonnes
à participer au festin de la Bâtie.
Tous les villageois sont présents,
c’est un événement rassembleur.
D’ailleurs, Montgascon fournit
la majorité des bons petits plats
qui sont dévorés à cette occasion.
Mais alors que tout le monde
se remplit la panse, le notaire
Bélarmain succombe. Les villa-
geois réagissent tous comme un
UN MONDE SANS FAIM
seul homme en vidant leur verre
au sol pour s’assurer de ne pas
finir empoisonné à leur tour. Coup
de chance, personne d’autre n’est
victime d’un tel empoisonnement.
Mais une chose est sûre : la fête est
finie. Le carême s’annonce extrê-
mement morose avec un si mau-
vais augure.
Question
d’introduction
Contrairement aux autres Sœurs,
l’abbesse a dû insister pour que tu
sois présente à ces festivités du
Mardi gras. Pourquoi refusais-tu
initialement d’y participer ?
Suspects
Délérice, épouse
Affable. Raffinée. Gourmande.
Son union avec Bélarmain était un
pur mariage de convenance. Lui ai-
mait les hommes, elle rêvait d’une
certaine indépendance, alors ils
ont pu mener une vie très rangée
en apparence. Le fait qu’elle tombe
enceinte (d’un autre homme) a
toutefois brisé cette harmonie de
façade car le tabellion ne voulait
absolument pas d’enfant.
« Ironiquement, je ne sais pas
ce que mon notaire de mari a mis
dans son testament… »
Zorian, forgeron
Trapu. Fruste. Vindicatif. C’est
lui qui a mis Délérice enceinte. Elle
lui a bien fait comprendre qu’elle
ne comptait pas quitter Bélarmain
pour autant, et ça, Zorian a bien du
UN MYSTÈRE DE COMPLEXITÉ 7
mal à l’accepter. Ce n’est pas qu’il
soit amoureux, mais la situation
complexe le dépasse totalement
et lui donne envie de simplifier les
choses.
« À la forge, l’important c’est
l’épure. Pas un coup de marteau
de trop. Le moins possible de
geste. À la fin d’une journée de
travail, chaque effort évité est un
soulagement. »
Méthérius, clerc
Méticuleux. Pudique. Maussade.
Il a longtemps été l’amant de
Bélarmain, mais leur relation s’est
récemment terminée en eau de
boudin. Ils continuaient de travail-
ler ensemble car il fallait bien faire
tourner l’étude, mais on pouvait
sentir la tension entre ces deux-là.
Méthérius voudrait maintenant
racheter la charge de tabellion.
« Je crois qu’il m’a toujours vu
comme son successeur naturel.
Lui-même avait été le clerc du
précédent tabellion. »
Ustalie,
cliente mécontente
Fâchée. Quérulente. Réputée.
Ustalie en a parlé à tout le monde
à la Bâtie : à la suite du décès de
son père (un riche marchand),
Bélarmain n’a jamais traité la
succession. Il trouvait toujours
une excuse légale pour remettre à
plus tard l’ouverture du testament.
Ustalie vivait donc dans une drôle
de situation juridique et exigeait
d’obtenir justice. Elle s’est même
plainte au seigneur local, qui n’en
avait cure.
 « Quand on voit le pognon de dingue
que ça nous coûte, leur paperasse, on
en veut pour notre argent. »
Agathon, locataire
Cordial. Baveux. Noceur. Agathon est
un négociant qui a besoin d’entrepôts
pour gérer ses stocks entre différents
bourgs. À la Bâtie, il loue un hangar qui
était la propriété de Bélarmain. Mais
comme il était en retard sur ses paie-
ments, le tabellion a ordonné la saisie
de l’inventaire afin de se rembourser.
« J’ai comme qui dirait un problème
de liquidité. Mais c’est temporaire,
hein, les Lombards doivent bientôt me
rembourser une importante somme. »
Libéline, épouse cocufiée
Ingénue. Inflexible. Endeuillée.
Libéline était mariée avec Yolain. Ce
dernier est mort il y a quelques temps,
on l’a retrouvé noyé avec des pierres
dans ses poches. C’est indubitable-
ment un suicide, personne ne remet cet
état de fait en question, mais Libéline
soupçonne que c’est en fréquentant
Bélarmain que son époux est devenu
déprimé et qu’il est passé à l’acte. Mais
elle ne comprend pas ce qui reliait les
deux hommes.
« Nous formions un couple aussi
solide que les deux amoureux de la
Bible. Mais si, vous savez : Sodome et
Gomorrhe. »
Quintard, client furieux
Appauvri. Hostile. Revanchard.
Quintard est persuadé que Bélarmain
a profité de l’état de faiblesse mentale
de son vieux père pour lui acheter sa
ferme à très bas prix. Mais maintenant
que l’ancêtre est mort de sa belle mort,
difficile de prouver qu’il y a eu abus de
pouvoir de la part du tabellion. Surtout
que depuis, Bélarmain a déjà revendu
la ferme en question.
« Mon père n’avait plus toute sa tête,
vers la fin. Mais le notaire, lui, ne per-
dait jamais le nord. Un vrai rapace. »
Versilice, ex-servante Indices
• La copie d’un sceau
Désoeuvrée. Aigrie. Ivrognesse. Cela
• Un testament qui en annule
faisait des années que Versilice travail-
un autre
lait au service de Bélarmain et Délérice.
• Un contrat de mariage hors
Et puis il y a une semaine, pouf, mon- norme
sieur a décidé de la mettre à la porte. • Un outil ensanglanté
Sans préavis, sans raison, sans indem- • Une herbe qui sert de
nité. Évidemment, à la Bâtie, tout le contraceptif
monde pense que c’est parce qu’elle a • Un faux livre de comptes
dû voler des choses, alors personne ne • Un poème d’amour
veut l’engager. • Un prêt avec un taux
d’intérêts usuraire
« Couchée tard, levée tôt, c’est ça la
• Une pétition
réalité de ce métier. Et jamais un mer-
ci en retour. » • Un parchemin dissous dans
le vinaigre
• Des biens provenant du
Peindre la scène recel
Chez Bélarmain • Une tombe vide
• Un corps mangé par des
Dans la maison de la victime, il y a
cochons
un objet qui provient de l’abbaye. Quel
• Un texte codé
est-il ?
• Un faux gisement d’or
• Une poupée d’envoûtement
À l’étude de Bélarmain • Une peinture cochonne
Pour quel genre d’affaires es-tu déjà • Une demande de rançon
venue rendre visite au tabellion dans • Une dague de scène avec
son bureau ? une lame rétractable
• Des lunettes de vue
À la Bâtie
Certains villageois continuent malgré
tout de célébrer le Mardi gras. Te joins-
tu à eux ou bien les désapprouves-tu ?
Dans l’abbaye
Une sœur qui n’a pas été autorisée à
sortir de Montgascon pour participer
à la fête t’a demandé de lui rapporter
quelque chose ou bien de faire quelque
chose à sa place là-bas. Qu’est-ce ?
Indices de l’Hérésie
• Un lépreux évadé du
lazaret.
• Des gens atteints de la
danse de saint Guy.
• Un masque de théâtre
effroyable.
• Un miroir déformant.
• Un livre imprimé alors que
la presse n’a pas encore été
inventée.
• Un nuage de mouches.
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226 | MINI-JEU
MONTGASCON
Voici l’histoire, les motivations et les actions des Hérétiques.
Au début de la campagne, l’Hérésie n’est pas présente dans
l’histoire. Elle arrivera au fur et à mesure que des Indices de
L’histoire
de Montgascon
Cette couche est débloquée une
fois que les Sœurs disposent de
trois Indices de l’Hérésie. Ces détails
peuvent être révélés (dans n’importe
quel ordre) à la suite d’un 12+ sur la
manœuvre Fouiner.
• En 1099, le chevalier Vertume de
Bournay de Montgascon est revenu
épuisé de la première croisade. Il avait
toutefois ramené dans ses bagages
un livre intitulé kimyâ es-saâdah (qui
a été traduit sous le titre L’Alchimie
de la félicité). Il mit immédiatement
en application les enseignements de
cet ouvrage, ce qui permit à sa lignée
de prospérer. Sa bonne fortune était
alors aussi spirituelle que matérielle.
• En 1157, frère Anselmus, un moine
copiste engagé pour réaliser en secret
un double du précieux ouvrage, perd
la raison et se crève les yeux avec
sa plume. Il survit mais devient un
ermite que les villageois vont consul-
ter sans toutefois obtenir de réponse
claire. L’inquiétante grotte où il a vécu
sa réclusion volontaire est encore au-
jourd’hui un lieu de retraite pour cer-
tains croyants qui cherchent à éprou-
ver leur foi.
• En 1233, inspirés par les autodafés
organisés à Paris et Toulouse, les
habitants de Montgascon décidèrent
de brûler tous les livres juifs car ils
étaient réputés contenir des écrits
impies. L’ouvrage rapporté d’orient
par Vertume de Bournay avait beau
être écrit en arabe, les bonnes gens
L’HÉRÉSIE
l’Hérésie sont dévoilés.
le jetèrent dans le feu avec les autres
ouvrages non écrits en latin. Les
flammes furent toutefois incapables
de venir à bout de ce volume hors du
commun : il fut retrouvé intact dans
les cendres quelques jours plus tard.
• 13 octobre 1307. Sur ordre de Philippe
le Bel, tous les Templiers du royaume
de France sont arrêtés sans som-
mation. Tout se passe dans le calme
dans la plupart des cas. Mais à
Montgascon, la commanderie ne se
laisse pas faire : leur résistance dure-
ra plusieurs jours. Les troupes royales
déployées à cette occasion durent
mettre en place un siège en bon et
due forme. Parmi les soldats présents
sur le terrain, certains affirmeront par
la suite que les chevaliers de l’ordre
essayaient de gagner du temps pen-
dant que certains hauts gradés du
Temple menaient une cérémonie peu
chrétienne. De leur position, ils en-
tendaient des cris inhumains et des
chants psalmodiés dans d’étranges
langues. Il n’y eut aucun survivant car
un matin, les forces royales consta-
tèrent que tous les Templiers avaient
été massacrés au cours de la nuit.
Leurs corps avaient visiblement été
drainés de leur force vitale.
• 1376. Montgascon est le siège d’une
importante conférence qui réunit
des délégations de tous les ordres
religieux. Ils s’enfermèrent pendant
des jours dans l’église de l’abbaye
pour discuter d’une question qui
reste à ce jour inconnue. Chose rare :
aucun compte-rendu de ces pour-
parlers n’a été rédigé. Tout ce que
l’on sait, c’est que l’envoyé papal qui
 devait rapporter la décision collégiale
à l’oreille du pontife est mort sur le
trajet retour le menant à Avignon.
Les religieux ayant participé à cette
rencontre connurent tous un destin
tragique par la suite.
L’existence
des Hérétiques
Cette couche est débloquée une
fois que les Sœurs ont découvert cinq
Indices de l’Hérésie. Ces détails peuvent
être révélés, dans l’ordre, à la suite d’un
12+ sur la manœuvre Fouiner.
• Les Sœurs entendent les mots « Les
Hérétiques » pour la première fois,
peut-être murmurés par un person-
nage non joueur terrifié.
• Le chef des Hérétiques se fait
connaître des Sœurs, pas forcément
en dévoilant sa position ni son affi-
liation au culte. Notez le nom et la
description de ce personnage dans la
section des Hérétiques.
• Les Sœurs tombent sur une preuve
directe et matérielle de l’existence du
culte, peut-être dans les cendres d’un
rituel récent.
• Un personnage que les Sœurs pre-
naient pour un allié ou un ami se
révèle être membre des Hérétiques.
Notez-le dans la section des
Hérétiques.
Action directe
contre les Sœurs
• Cette couche est débloquée une fois
que les Sœurs ont découvert dix
Indices de l’Hérésie. Ces créatures et
détails peuvent être révélés à la suite
d’un 12+ sur la manœuvre Fouiner, ou
pour colorer les réactions du Gardien,
surtout celles qui mettent les Sœurs
en danger.
Sympathisants
Les Sœurs ont des connexions dans
diverses organisations, y compris les
forces de justice locales, le crime or-
ganisé et les guildes. Ces connexions
peuvent être activées pour entraver ou
mettre en danger les Sœurs.
Manifestations
Les Hérétiques peuvent réaliser des
rituels leur permettant d’attaquer
magiquement leurs ennemis. Quand
c’est le cas, quittez la scène en cours
et décrivez une scène dans laquelle on
peut voir les Hérétiques réaliser leur
rituel, puis revenez à la scène initiale
et exposez les effets désastreux de leur
sorcellerie.
Serviteurs
Les Hérétiques peuvent invoquer des
entités surnaturelles de bas étage pour
accomplir leurs basses œuvres. À quoi
ressemblent ces créatures ? De quels
pouvoirs disposent-elles ? Comment
peuvent-elles être stoppées ?
L’Hérésie
Cette couche est débloquée une fois
que les Sœurs ont découvert quinze
Indices de l’Hérésie. En tant que
Gardien, vous pouvez maintenant créer
le Mystère de l’Hérésie en suivant les
recommandations indiquées dans les
règles. À partir de maintenant, vous
pouvez arrêter de présenter de nou-
veaux Mystères. Une fois tous les
crimes mystérieux résolus, introdui-
sez le Mystère de l’Hérésie. Une fois le
Mystère de l’Hérésie conclu, donnez à
chaque joueur la possibilité de narrer
un épilogue pour sa Sœur.
Cette partie de Montgascon est main-
tenant terminée. Nous espérons que
votre séjour dans cette abbaye pitto-
resque vous a plu.
Cédric Ferrand
Remerciements : Nerghull, Marc
Mileur et le Bubblegang (Caroline,
Clémence, Côme, Eugénie et Guylène)
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228 | MAGAZINE
CHRONIQUES

« PROF DE JDR »
Chroniques d’un club de jeu de rôle
au collège, 4e épisode
Quand je discute du Club avec d’autres rôlistes, en convention
ou sur des réseaux sociaux, il est une question qui revient
systématiquement : « Et vous jouez à quoi ? ». Figurez-vous que
je me trouve bien embêté pour y répondre…

C
omme un certain statut
Facebook, la réponse serait « c’est
compliqué ». Le trésor d’Amadou
regorge de multiples ouvrages, boîtes
et accessoires que je passe une heure
par semaine à trier. Tiens ! Pourquoi ne
pas vous faire partager ce contenu et,
peut être, trouver une réponse à cette
éternelle question ?
Contraintes
d’un public collégien
Face à ce public, j’ai dû réviser mes
conceptions rôlistiques. Ce sont de
jeunes joueurs entre 10 et 15 ans, ayant
moins d’une heure par semaine pour
jouer et dont les maîtres de jeu ont peu
de temps à accorder à la préparation
des parties. Je propose d’identifier les
principales contraintes.
Premier point, ces collégiens sont dé-
couragés par les gros volumes de lec-
ture (voir Casus Belli #41). Parmi mon
panel, je n’ai que quatre MJ ayant ter-
rassé un ouvrage en 5 ans. De mémoire,
c’était Tales Of Equestria, Shadowrun
Anarchy (mon exemplaire personnel)
et Chroniques Oubliées Contemporain
(format mook). Donc, il faut quelque
chose de rapide et facile à lire.
Ensuite, le « système de jeux » n’est
pas une priorité. Ils viennent pour la
qualité de l’histoire, les émotions res-
senties et le bon moment entre amis.
Un système complexe ne prend pas.
Ce constat posé, chers rôlistes lecteurs
à la dense barbe grisonnante (laissez-
moi mes clichés…), l’idée de jouer à
D&D ou Cyberpunk, L5A, Shadowrun,
Runequest, aux règles plus velues, re-
lève du fantasme.
Enfin, l’objet livre compte. J’ai
testé différents systèmes piochés
depuis l’importante et très créative
scène « indé » du JdR, comme ceux en
quelques pages du site troplongpaslu.
fr. Là encore, pas de touche : « Lire des
papiers » (soit des documents impri-
més en couleur sur la tireuse laser du
collège), ça ne « fait pas rêver ». Voire
pire, « ça rappelle les cours » (venant
d’élèves que j’ai en classe l’heure
d’après, c’est toujours sympa…). Cela
dit, ce constat est plutôt une bonne
nouvelle pour le milieu de l’édition :
l’objet « livre » a encore un avenir.
En résumé : pas de gros livres ; pas de
tirages imprimés ; du rapide à lire ; du
matériel prêt à jouer et beau à regarder.
C’est une chance que la période faste
du JdR que nous vivons livre des outils
adaptés au Club : les boîtes d’initiation !
Poursuivons avec un condensé des jeux
pratiqués au Club, ceux qui marchent
(comprendre : souvent utilisés par dif-
férentes tablées) et ceux qui prennent
gentiment la poussière et que j’essaye
de glisser à un maître de jeu comme un
mauvais vendeur de foire expo…

Une pile de boîtes
Allons à l’essentiel : les boîtes
d’initiation sont un formidable
outil pour un fonctionnement
en collectif. Une boîte permet de
stocker les livrets, les fiches, les
pions, les cartes, les notes des MJ,
des crayons, des dés et les pistes à
dés. Le MJ s’empare de sa boîte et
installe son petit monde. En fin de
séance, quand nous sommes sur-
pris par la sonnerie (c’est-à-dire à
chaque fois), on ferme la boîte et
on la jette dans l’armoire. Ce côté
pratique est très apprécié par moi
quand je dois ranger ou changer de
salle !
Acquérir une boîte demande une
certaine discipline si vous voulez
qu’elle survive à sa première année.
Déjà, les livrets sont couverts en
passant par le CDI (et au passage
enregistrés et étiquetés). Ensuite,
les fiches sont plastifiées : plans,
cartes, personnages (Big up à l’In-
tendance pour la plastifieuse !).
Enfin, l’ensemble est annoté pour
pouvoir être rangé au bon endroit cartonnées et les dés spéciaux en
lorsque ce sont les élèves qui se nombre suffisant. Voici les quali-
chargent du rangement (ça arrive tés identifiées : le volume de lec-
de temps en temps lorsque des ture n’effraie pas les MJ ; plusieurs
membres du club peuvent animer
Les collégiens sont des parties en

ont une heure
d’étude). Bien découragés par les gros se partageant
sûr, cela n’em- les scénarios ;
volumes de lecture
pêche pas que
des fiches se promènent ou que

la diversité des
univers et leur lien direct avec des
des pions disparaissent à jamais, références de cinéma et séries TV
un peu comme ces dés qui tendent facilitent l’immersion pour le joueur
à s’évaporer quand personne ne les débutant. Le succès est tel qu’il n’y
regarde… a pas de session du club sans scé-
nario D-Start sur une des tables. Un
Les jeux groupe de six filles y a joué pendant
deux ans en ayant créé ses propres
qui marchent histoires et personnages (joliment
D-Start de Fabien Fernandez illustrés d’ailleurs). Chaque aven-
(Éditions du Matagot). Sans vouloir ture se termine en deux ou trois
faire de la pub, les élèves et moi- sessions. Le scénario le plus joué est
même considérons que ce produit La Chute de la maison Cusher : une
est VRAIMENT l’outil adapté au histoire de maison hantée à l’am-
format du club. Dans chaque boîte biance lovecraftienne. Plusieurs
(nous en avons deux), il y a plusieurs copies du fascicule circulent entre
livrets d’une dizaine de pages : les MJ. Certains ajoutent plus d’hor-
un pour les règles et un par scé- reur, des vampires, un tueur psy-
nario ; des fiches de personnages chopathe, des pièges façon SAW…
MAGAZINE | 229
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
230 | MAGAZINE
« PROF DE JDR »
Les deux autres plébiscités sont
L’Île de la mort évoquant Hunger
Games et L’École des mages repre-
nant les codes de Harry Potter.
Chroniques Oubliées Fantasy
(BBE). C’est notre première boîte
achetée ! Depuis, elles sont deux.
Malgré le goût modéré pour le
médiéval fantastique, je me dé-
brouille toujours pour la glisser
dans les mains d’un MJ qui veut
évoluer après le D-Start. Les aven-
tures autour de Clairval ont plu-
sieurs avantages : tout est décrit
(rassurant pour un MJ débutant) ;
les aides de jeu sont rappelées
en marge (pas de feuilletage en
panique) ; le MJ peut lire l’aventure
morceaux par morceaux entre deux
sessions. Une bonne quinzaine de
groupes s’y sont lancé sans tou-
jours terminer. En général, la boîte
occupe entre cinq et six sessions
de jeu.
Jeu de rôle junior (Fleurus). C’est
une collection de plusieurs ou-
vrages traitant d’un univers dif-
férent. Certes, ce sont des livres,
mais la mise en page et les acces-
soires sont attirants. Il y a plu-
sieurs personnages proposés et
l’histoire, bien découpée, peut être
lue entre chaque session. À l’aca-
démie de Magie a été joué par une
bonne dizaine de groupes.
Initiation aux jeux de rôle
(Larousse). J’ai acquis et testé les
deux versions, médiéval fantas-
tique et contemporain. Je souligne
les mêmes avantages : l’histoire
peut être lue par étape et le sys-
tème est accessible. Ils ont été
joués par plusieurs groupes. Par
contre, aucun n’a terminé l’aven-
ture. Cela ne veut pas dire que ça
ne plaît pas !
Les jeux
« pourquoi pas,
à voir… »
Tales From the Loop (Arkhane
Asylum). J’avoue : je n’y croyais
pas trop. Les livres et la série
Amazon ne sont pas connus
par les élèves. Cependant, les
groupes qui s’y sont frottés ont
apprécié la qualité du matériel :
la carte, les illustrations des
livrets et les personnages. Le
système de règle a été rapide-
ment compris et le scénario
jugé intéressant.
Terres d’Arran (BBE). Je re-
groupe les deux boîtes Nains
et Elfes. Le matériel est beau,
les personnages intriguent les
joueuses qui s’y sont lancées
(surtout Elfes). Trois groupes
y ont joué mais sans terminer
les scénarios. Les livrets sont
« un peu longs » pour ce public
et ils se lassent de l’aventure. Cela
est aussi dû à leur goût relatif pour
le médiéval fantastique.
Monstres (BBE). J’ai pour cette
boîte un attachement particulier
car c’est grâce à elle et à l’inves-
tissement de Joann Sfar que
nous avons organisé un concours
mémorable. La boîte est belle, les
personnages plaisent. J’ai fait jouer
des morceaux de la campagne. Les
joueurs apprécient l’univers même
s’ils tendent à partir dans tous les
sens. Cependant, aucun ne s’y est
tenté comme MJ.
Les jeux « flop »
Héros & Dragons (BBE). Un achat
évident pour moi : je rêvais de les
orienter vers l’actual play ! Loupé :
trop complexe pour eux et faible
intérêt pour l’univers. La boîte, pas
utilisée et encore en partie embal-
lée, a été offerte à un des élèves
fondateurs.
Cyberpunk RED (Arkhane
Asylum). J’ai acquis la boîte à sa
sortie. Bon, cela n’a pas été un
franc succès. Les personnages et le
matériel n’ont pas séduit. Au final,
je l’utilise à titre personnel depuis
la sortie du livre de base, en ayant
ajouté des illustrations de jeunes
filles cyberpunk et écrit un autre
scénario. Les élèves n’y viennent
pas par eux-mêmes.
Ainsi, chers éditeurs, si vous
souhaitez me voir dépenser mes
subsides publics pour que votre
produit trône au Club, prévoyez
de petits fascicules ou une aven-
ture qui peut être lue en plusieurs
fois ; du joli matériel avec des
personnages bien dessinés ; des
aides de jeu claires et un système
de règles très simple. Pas la peine
de plancher sur des évolutions de
personnages : mes clients ne se
lancent pas dans d’aussi longues
aventures.

Comment
corrompre
un nouveau MJ ?
Assez rapidement, faire jouer est
une envie qui s’éveille chez beaucoup
de joueurs et joueuses. Voici la mé-
thode que j’ai expérimentée pour les
« fidéliser ».
• Étape 1 : Un collégien se manifeste.
Je l’attire à part pour lui dire qu’il va depuis cinq séances. Ça
falloir lire un peu. J’offre la première
dose : il repart avec un fascicule du
D-Start. Une à deux semaines plus
tard, il tente l’expérience avec un
groupe restreint.
• Étape 2 : Après ce premier jet, s’il a
accroché, je lui laisse d’autres scéna-
rios D-Start. Souvent, le MJ en écume
trois-quatre.
• Étape 3 : Je lui propose de monter en
difficulté : les livres Mon premier jeu
de rôle. Il peut accueillir jusqu’à six
amis. Je me débrouille pour lui lais-
ser un livre « plus gros » avant les
vacances, pour lui laisser le temps
de le lire.
• Étape 4 : Je propose une des boîtes
d’initiation. Top du top, on colle sur
la boîte une éti-
les boîtes d’initiation sonnage. Le prêtre
quette avec son
nom ! Il en aura
pour un moment
 sont un formidable
avant de l’épuiser.
outil pour un
• Étape 5 : S’il est fonctionnement
collectif.
toujours deman-
deur, je propose un livre de règles com-
plet et des recueils de scénarios. Bon,
là, clairement, je ne suis arrivé à cette lancer les dés, l’angoisse dans les yeux.
étape que quatre fois en cinq ans. Le
plus souvent, les MJ arrivent à l’étape
3 puis improvisent de temps en temps
un scenario avec des prétirés piochés
dans une des boîtes de jeu.
Maintenant, je vous propose une pe-
tite immersion pour que vous consta-
tiez que malgré mes supers plans, je
suis toujours rattrapé par la réalité
du collégien. Il m’arrive de me glisser
comme joueur à une
table : c’est intéres-
sant, même si c’est
souvent un scénario
que j’ai déjà lu et fait
jouer. Ce jour-là, c’était
le final de l’aventure de
la boîte de Chroniques
Oubliées Fantasy.
Quatre joueuses plus la
MJ, niveau 3e, y jouent
commence fort : des-
criptions immersives,
joueuses ponctuant
leurs actions par des
petits cris. Puis elles
font un test d’attaque avec des d6… La séquence
Je me gratte la tête et j’interroge dis- du vieux prof
crètement. Aïe : elles n’ont pas trop En me lisant, un puriste peut
compris le système D20+bonus ! Alors, se dire : « Mais, ils ne font pas
elles tirent un nombre de dés équi- du jeu de rôle, là ! ». C’est une
valent au bonus de caractéristiques : remarque que j’ai eue envers
moi-même et que j’ai reçue
chaque résultat pair validant un suc-
de la part d’autres rôlistes.
cès. La MJ, en fonction du nombre de
Certes, ils ne font pas le jeu
succès, interprète l’action. Ni point de rôle que j’ai appris et que
de vie, ni dégât : elle coche des cases je pratique avec mes groupes
pour décompter des points de coup. Au seniors. Cependant, même
final, cela fait un combat spectaculaire comme prof d’histoire-géo,
mais peu tactique. Et pourtant… mes cours sont très éloignés
Le coup final est porté par mon per- de ce que j’ai pu apprendre
lors de mes études. Je
nain est le dernier
debout face au nécro-
m’autorise à vous livrer mon
opinion sur le but global de
mancien. J’annonce ma démarche : je m’efforce
de donner des méthodes, le
en passer à l’attaque.
goût et l’envie. Le reste, la vie
Alors, je vois les filles
 se lever et se placer
derrière la MJ lorsque je m’apprête à
s’en chargera.
Toutes suivent du regard un lancer qui
affiche trois succès. Cris de joie, ap-
plaudissements, congratulations cha-
leureuses… Voilà, on y est : on n’a pas
joué dans les règles mais on a construit
un souvenir. Après tout, « c’est pour ça
qu’on joue »1.
C’est pour ça que j’aime ce loisir et ce
job.
Sébastien Fajal
1. Eddie Munson, Stranger Things saison 4, épisode 1,
Netflix, 2022 MAGAZINE | 231
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
232 | MAGAZINE
ANALYSE

ANALYSE

LES ÂGES DU JEU DE

RÔLE FRANCOPHONE
Une petite analyse historique
Il y a 45 ans, le JdR faisait son apparition officielle en France
avec les premières boutiques spécialisées. Tandis que le monde
de l’édition tous secteurs confondus traverse une période de
crise, jetons un petit coup d’œil dans le rétroviseur.

L
La Préhistoire e jeu de rôle a plus de 40 ans à particulièrement du jeu de rôle franco-
du jeu de rôle l’heure où je commence ce texte phone, différent et moins étudié que
La période 1575-1973 est l’ère (2018), et près d’un demi-siècle à le JdR étatsunien ? Et quels sont ces
des balbutiements du jeu l’heure où je le termine (2022), ample- différents âges d’ailleurs ? On a cou-
grandeur nature (événement ment de quoi avoir sa propre histoire et tume de parler de décennies, celles des
organisé par le comte de d’y distinguer différentes périodes. années 1970 étant les temps pionniers
Leicester pour distraire la On connaît les âges d’or, d’argent, de du JdR en France, les années 1980 étant
reine Elizabeth I en 1575,
bronze et moderne chez les comics1, et l’âge d’or et les années 1990 l’âge noir.
puis les Parlour games en
l’on parle souvent de l’âge d’or du jeu Enfin, les années 2000 seraient celles
1867), du wargame (dans
les années 1660-1670, Gilles de rôle (JdR) « d’avant l’ère de Mireille d’un second souffle, voire d’un second
Jodelet de La Boissière crée Dumas », à savoir de son émission Bas âge d’or. À moins que cela ne soit la
un Jeu des fortifications et un les masques de 19942. Parfois, aussi, décennie 2010 ?
Jeu de la guerre pour Colbert l’on évoque un deuxième âge d’or pour Regardons cela plus en détail, même
et Louis XIV, tandis que le parler des années 2010. s’il faut rappeler que la délimitation de
baron von Reisswitz invente Mais quels sont véritablement les ces périodes a sa part de subjectivité,
le Kriegsspiel en 1811, traduit jalons des âges du jeu de rôle, et plus que tous les événements d’une période
en français en 1829) et de
l’émergence des racines du
jeu de rôle (le merveilleux
avec les Contes de ma mère
l’Oye de Perrault en 1697,
les romans de fantasy en
1858, le premier roman de
science-fiction en 1828, la
reconstitution historique,
le livre à lecture multiple,
etc.)3.Pour aller plus loin
dans la découverte de cette
préhistoire, je vous renvoie
aux articles de Maitresinh sur
500 nuances de geek.
donnée ne sont pas nécessairement
son reflet et que les démarcations entre
chaque période sont floues, chacune
ayant des racines et des répercussions
qui se propagent dans les périodes qui
la précèdent et qui la suivent.
L’âge des Pionniers :
1977-1983
Au début était le jeu de rôle améri-
cain, inventé en 1974 par Gary Gygax et
Dave Arneson (Dungeons & Dragons),
qui commença à arriver en France vers
1978-1979, souvent par le biais d’étu-
diants revenant des USA4.Très rapide-
ment, Donjons & Dragons commença à
être traduit en français, d’abord de ma-
nière amateure et officieuse (1981), puis
enfin de manière officielle (1983). C’est
aussi à cette date que la création fran-
çaise débute, avec l’Ultime épreuve5.
L’essentiel de ces nouveaux jeux porte
alors une proposition ludique qui sera
appelée plus tard « le ludisme ».
Parallèlement, les premiers clubs
(1978) et boutiques (1977-1978) de jeu
de rôle apparaissent.
L’âge des pionniers débute ainsi en
1977 et s’achève six ans plus tard en
1983 (année charnière dans la structura-
tion du milieu), avec notamment le lan-
cement du magazine Casus Belli (1980)6
– qui traite des jeux de simulation- –, et
la production de jeux de rôle diversifiés.
Les jalons les plus significatifs
de l’Âge des pionniers
1977-1978 : création de l’éditeur Jeux
Descartes et de ses boutiques ainsi
que de l’Œuf Cube, qui formeront le
« triangle d’or » parisien (et où l’on re-
trouve aussi des boutiques de figurines,
de bandes dessinées, de comics, de
mangas, de jeux vidéo) avec Starplayer
qui ouvrira plus tard, en 1996.
1977 : les premiers rôlistes ont 20 ans, ils
sont étudiants et ont du temps libre.
1978 : ouverture du club de
Saint-Rémy-lès-Chevreuses7.
1980 : parution du n°4 du magazine
Jeux & Stratégie, avec le pseudo JdR
en encart Le Château des Sortilèges8
de F. Marcella-Froideval.
1980 : lancement de Casus Belli, le
« magazine des jeux de simulation ».
1983 : traduction de Donjons et Dragons
en français.
1983 : parution du premier jeu de rôle
français, L’Ultime épreuve.
La première version
de 1981 à 1985, il y a moins de 5 titres
française de D&D…
de magazines et fanzines dédiés au
Donjons et Dragons, le jeu
jeu de rôle9.
de rôle et de stratégie de
Analyse de l’emploi du terme la nouvelle génération, de
Mathilde Maraninchi, 1982.
« jeu de rôle »
Si l‘on analyse la fréquence du terme Extrait du Guide du rôliste
« jeu de rôle » et ses variantes d’accord galactique (GRoG) : « sous-
à l’aide du service Ngram Viewer10 de titré Le jeu de rôle et de
stratégie de la nouvelle
Google, qui trace des courbes chrono-
génération, ce livre est sans
logiques pour comparer la fréquence
doute la première tentative de
de différents mots ou expressions dans publication professionnelle
un corpus d’environ 800 000 livres en
d’une adaptation de D&D en
français numérisés à la date de 2012 français (le dépôt légal est du
(783 424 selon des estimations), on ob- 2e trimestre 1982). Ce n’est pas
serve une différenciation de fréquence une traduction de la fameuse
avec les termes « jeu de stratégie » et boîte rouge américaine (qui
« jeu de simulation » à partir de 1970, sortira en français l’année
sauf pour le terme « JDR » au singulier, suivante), mais un texte
plus fréquent dès les années 1960, et original. D’ailleurs, Solar ne
qui désigne peut-être alors une expres- disposait apparemment pas
sion générique sans rapport avec le jeu de la licence officielle (TSR est à
de société de rôle. Suite à une progres- peine cité) et le jeu a été retiré
du commerce quelque temps
sion continue, un pallier est atteint
après sa sortie. »
vers 1983-1985 avant une certaine
stagnation.
On peut donc en déduire une émer-
gence du concept de jeu de rôle dans
les ouvrages de jeu, la presse et les
ouvrages parlant des jeux de société
au début des années 1970, puis une
croissance des mentions à ce nouveau
loisirs jusqu’en 1983-1985.
À noter que la chute des occurrences
des termes étudiés à partir de 2005,
que l’on retrouve dans les autres gra-
phiques, est sans doute à mettre au
compte d’une plus faible exhaustivité
du corpus numérisé par Google, comme
le signale une étude de 201411.
MAGAZINE | 233
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
234 | MAGAZINE
ANALYSE
Occurrence des termes jeu de rôle et de ses variantes d’accord, ainsi que des termes jeu de stratégie et jeu de
Les sous-titres de Casus Belli
L’évolution des sous-titres de
la première incarnation de Casus
Belli (qui a duré 20 ans) marque
le passage des jeux de simulation
– jeux de stratégie, jeux de guerre/
wargames dont figurines, jeux de
gestion et jeux de rôle –, d’abord
sous ce nom (1980-1987), puis
en mentionnant spécifiquement
les « wargames, jeux de plateau
et figurines » (1988-1997) avant
de se focaliser sur les jeux de rôle
(1998-1999) :
• « Le magazine des jeux de simula-
tion », n°1-30 (1980-1986).
• « Premier magazine des jeux de
simulation », n°31-43 (1986-87).
• « Premier magazine des jeux
de simulation - Jeux de rôle,
Analyse de l’emploi du terme « jeu de rôle »
simulation dans le corpus français numérisé jusqu’en 2019.
wargames, jeux de plateau, figu-
rines », n°44-77 (1988-1993).
• « Jeu de rôle, jeu de plateau,
wargame, figurine », n°78-111
(1993-1997).
• « Tout l’univers des jeux de
rôle - L’essentiel », n°112-122
(1998-1999).
Avec sa deuxième itération, qui
a duré 7 ans, Casus Belli marque
son ouverture aux jeux vidéo – les
MMORPG sont en train de se
populariser – et aux cultures de
l’imaginaire :
• « Jeux de rôle, jeux online &
culture de l’imaginaire », n°1-39
(2000-2006, fonctionnement
collégial sans Multisim à partir de
2003).
Au cours de son éphémère troi-
sième itération (2 ans), le maga-
zine se concentre sur les aspects
pragmatiques du jeu de rôle,
marquant une ambition modeste
mais utilitariste à destination des
rôlistes uniquement :
• « Jeux de rôle - Critiques, aides de
jeu, scénarios », n°1-5 (2010-2011).
Enfin, avec sa quatrième et ac-
tuelle itération, Casus Belli affiche
toujours sa focalisation sur le jeu
de rôle, tout en se posant comme
une référence du milieu pour le-
quel, toutes itérations confondues,
il constitue le magazine le plus
durable :
• « Le magazine de réfé-
rence des jeux de rôle », n°1+
(2011-actuellement).

L’âge d’or : 1983-1992
L’âge d’or s’ouvre avec l’élargissement du domaine de l’ima-
ginaire joué à la science-fiction (Empire galactique12, 1984 ; Star
wars, 1988), à l’enquête-horreur (Cthulhu, 1984), aux grandes
sagas de genre (JRTM, 1985 ; Stormbringer, 1986). La création
française s’enrichit de ce qui deviendra des classiques, comme
Rêve de Dragon (1985), Hurlements (1989), In Nomine Satanis/
Magna Veritas (1990) ou Néphilim (1992).
Et avec les nouveaux titres de cet âge se développe une autre
proposition ludique : le simulationnisme. Le jeu de rôle a alors
une bonne image dans la presse, comme le montre le numéro
spécial jeux de Tintin de 198513.
C’est aussi l’époque où de grands éditeurs nationalement
connus investissent dans les jeux de rôle et les livres dont
vous êtes le héros pour les distribuer largement : en kiosque,
en librairie, en grande librairie (FNAC, etc.) et en magasins de
jouets. Il s’agit de Gallimard, entre 1985 et 1995, et de Robert
Laffont, entre 1985 et 1987.
Les joueurs sont nombreux, évalués entre 40 000 et 400 000,
et le magazine Casus Belli « première époque » est leur bible,
comme le montre son tirage (35 000 exemplaires par numéro23)
et son fabuleux taux de circulation (estimé à 5 : un acheteur le
passait à quatre autres personnes)24. Il est estimé qu’un jeu
« normal » (pas une locomotive comme JRTM, Vampire, etc.) est
vendu en moyenne à 3 000-5 000 exemplaires25.
Les jalons les plus significatifs de l’âge d’or
• 1983 : le milieu se structure29, avec un nouveau public plus
jeune (collégiens, lycéens), les clubs se développent, des
articles « informatifs » sur ce loisir paraissent dans la presse
régionale, la première convention de jeu de rôle, la Convention
de jeux de rôle de SupAéro est organisée ;
Le JDR dans la presse
dans les années
1980-1990, avant la
panique morale
Des articles sur le jeu de rôle sont
publiés dans la presse jeunesse, de la
bandes dessinées et des jeux de simu-
lation : Métal Hurlant (1980)14, Jeux &
Stratégie (n°4, 1980), Tintin (n°437 de
1984 ; n° 516 de 1985)15,Super Hercule (a
priori le n°11 Spécial cinéma, 1987).
À la radio et à la télévision, le jeu de
rôle est souvent présenté sous la forme
de jeux interactifs :
• 1981 ou 1982 : un jeu nommé Le Donjon
du dragon aurait été présenté par
Philippe Manoeuvre sur France Inter,
mais aucune trace n’en a été trouvé ;
• 1983 (février-juin) : l’émission de JDR
radiophonique et de science-fiction
Intersidéral présenté par Philippe
Manoeuvre sur France Inter16 ;
• 1984 : le dessin animé Le Sourire du
dragon, inspiré de Donjons & Dragons,
diffusé sur Antenne 217 ;
• 1985 (juillet-septembre) : Le Grand
labyrinthe présenté par J-M Séban sur
TF118 ;
• 1985 : reportage sur Donjons &
Dragons dans l’émission documen-
taire belge Strip-tease19 ;
• 1986 (décembre) : un épisode du
Mini-journal de Patrice Drevet sur
TF1 présente une partie de Avant
Charlemagne menée par son auteur,
François Nedelec20 ;
• 1990 (septembre- mars 1991) : le jeu
télévisé Le Chevalier du labyrinthe dif-
fusé sur Antenne 2 ;
• 1990 : le jeu télévisé Fort Boyard dif-
fusé sur Antenne 221 ;
• 1991 : l’émission-débat Ça vous re-
garde présenté par André Berkoff sur
la 522.
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236 | MAGAZINE
ANALYSE
Et aux USA ?
Aux USA, l’âge d’or commence & Dragons et le marketing de
en 1977-1978 avec Traveller (qui masse des règles de la version
apporte la science-fiction, Moldvay. Cette période est
un système de compétences caractérisée par un style « fan-
solide, un monde dédié), tasy pulp gonzo » avec le donjon
Runequest (qui consacre le prin- comme archétype de l’aventure
cipe d’un monde riche et dédié et le bac-à-sable comme arché-
à un jeu), TSR et AD&D (avec sa type de la campagne.
formalisation des règles, la divi- À cela suit un âge d’argent
sion en gamme par public visé : entre 1984 et 1989 caractérisé
novices, spécialistes)26. Il se ter- par le réalisme fantastique, la
mine en 1991, lors du deuxième cohérence dramatique, le mar-
temps de l’âge sombre du jeu
keting de masse et le recyclage
de rôle américain.
de fictions elles-mêmes inspi-
En ce qui concerne Donjons & rées par le JdR.
Dragons, maître-étalon du jeu
Puis survient un âge de bronze
de rôle en tant que premier et entre 1990 et 1995, caractérisé
plus joué jeu de rôle de par le par un modèle de consomma-
monde, J. Maliszewski du blog tion tous azimuts : création de
Grognardia27 définit l’âge d’or multitudes d’univers de cam-
de D&D comme la période 1974- pagne et de nouvelles liées à
1983, s’achevant avec la paru- ces univers.
tion de Advanced Dungeons
Pendant ce temps, au Japon
Au Japon, après l’arrivée du 1980, l’âge d’or s’ouvre en 1989
jeu de rôle à la fin des années et s’achève en 199428.
1970 et surtout dans les années
• 1983-1985 : Légendes puis Légendes
celtiques, qui a été perçu par beau-
coup comme étant le premier jeu
historique et vraiment sérieux (vendu
en boutiques spécialisées, avec des
règles «pointues») ;
• 1984 : Mega est publié en librairie et
kiosque sous la forme d’un hors-série
du magazine Jeux & Stratégie ;
• 1984 : création d’Empire galactique,
premier jeu de science-fiction/space
opera français, largement diffusé en
boutiques et librairies ;
• 1984 : traduction de l’Appel de
Cthulhu ;
• 1984 : Robert Laffont publie des jeux
de rôle, vendus en grandes librairies ;
• 1984 : Gallimard édite les Livres dont
vous êtes le héros, disponibles en
librairies ;
• 1985 : Le Jeu de rôle des Terres du
Milieu (JRTM), première adaptation
de grands cycles de genre30 ;
• 1985-1988 : une croissance quasi
exponentielle31 ;
• 1985 : Rêve de Dragon et Maléfices
sont créés ;
• 1985 : Gallimard traduit et distribue
L’Œil Noir dans les librairies, dont la
Fnac ;
• 1985-1992 : l’âge d’or de Casus Belli,
avec 100 000 lecteurs en 199032 ;
• 1985-1987 : Traduction de D&D ver-
sion « Mentzer » (basic et expert) et
de AD&D 1 par Transecom, diffusés en
magasins de jouets ;
• 1986 : Casus Belli est distribué en
kiosque33 ;
• 1986 : fondation de la maison
d’édition Siroz (futur Asmodée) et
d’Oriflam ;
• 1986-1989 : entre 5 et 10 titres de
magazines et fanzines dédiés au JDR
sont édités ;
• 1986-1990 : traduction des romans de
LanceDragon ;
• 1987 : traduction du jeu de rôle
Stormbringer ;
• 1988 : traduction de Star wars D6 et
Warhammer ;
• 1988 : création de 3615 AKELA, pre-
mière communauté rôliste « en
ligne » sur minitel ;
• 1989 : création de Hurlement ;
• 1989 : traduction de AD&D 2 ;
• 1990 : publication d’In Nomine
Satanis - Magna Veritas ;
• 1991 : création de Bloodlust ;
• 1992 : traduction de Vampire : la
Mascarade ;
• 1992 : création de Néphilim ;
Du point de vue des éditeurs
Selon Le Thiase, du point de vue édito-
rial, l’âge d’or du JdR francophone serait
la période 1990-2003 : « Six acteurs se
partageant le marché (avec une pointe
en 1999 où plus de 97 % des sorties enre-
gistrées sont assurées par ces six mai-
sons). Multisim, Descartes, Asmodée-
Siroz et Hexagonal dominent, suivis par
Oriflam et Halloween Concept »34.
Analyse de l’emploi du terme
« jeu de rôle »
Sur Google Ngram viewer, on observe
une stagnation ou une baisse de fré-
quence des différentes écritures de
« jeu de rôle » entre 1983-1985 et 1991,
mais avec pour certaines variantes une
reprise dès 1988. Curieusement, c’est
pendant l’âge d’or que cette stagnation
de l’intérêt manifesté par l’édition et la
presse est observée. Peut-être est-ce
le signe d’une certaine normalisation
du phénomène, ou bien l’annonce de la
crise à venir ?
L’âge noir :
1992-1999
Je n’utilise pas le terme d’âge des
Ténèbres pour éviter la confusion
avec les jeux du Monde des Ténèbres
(Vampire : la Mascarade et compagnie)
qui se développent à cette période. A
contrario, « âge noir » est une allusion
à la première traduction de la guerre
des clones dans Star Wars : la Guerre
noire. Voyez-y une sorte d’hommage
geek.
Cet âge noir du jeu de rôle commence
par la retombée du soufflé économique
de l’âge d’or, quand les grands éditeurs
(Gallimard, Robert Laffont, mais aussi
Games Workshop) se rendent compte
qu’il ne s’agit pas de l’Eldorado rêvé
et que d’autres éditeurs spécialisés
(Jeux Descartes, White Wolf) adoptent
une politique marketing qui isolera les
rôlistes et les séparera : la promotion
d’une image élitiste du loisir.
Puis ce fut le déclenchement d’une
panique morale dans la presse suite à
de tristes faits divers : profanation de
cimetière et suicide.
En 1997, une riposte du milieu s’orga-
nise avec à la fois un travail d’enquête
pour démonter les faits reprochés au
jeu de rôle, et la fondation d’une fé-
dération pour donner aux médias un
interlocuteur. On peut considérer que
cette traversée du désert dura sept ans.
À la fin des années 1990, un jeu
« normal » (donc pas une locomo-
tive) est vendu en moyenne à 1 000
exemplaires35,
Les jalons les plus significatifs
Les prémisses de la chute
• 1986 : en France, certains jour-
naux s’inquiètent déjà de possibles
troubles mentaux, voire d’une pra-
tique supposée rituelle qui compte
déjà ses adeptes…36 ;
• 1988 : une posture élitiste apparaît,
par exemple avec le slogan de Jeux
Descartes « des jeux intelligents pour
un public intelligent » (qui disparaît
en 1995), selon L. Tremel en 200137 ;
• 1989 : les professionnels perçoivent
une crise38, avec en mars 1989 la paru-
tion d’un article alarmiste dans Jeux
& Stratégie (« les jeux de rôle ont bé-
néficié d’une sorte de mode en 1985 et
1986 »), qui fait faillite dans l’année,
et l’annonce de l’arrêt de l’activité JdR
de Games Workshop39 ;
• 1990 : la profanation du cimetière juif
de Carpentras40. Mireille Dumas dans
l’émission Bas les masques.
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ANALYSE
L’âge noir proprement dit
• 1990-1995 : Restructuration et fail-
lites41. Disparition des magazines
Dragon radieux et Graal (1990),
Chroniques d’Outre-monde (1993)42 ;
disparition d’éditeurs de JdR ;
• 1990-2001 : 10 titres ou plus de maga-
zines et fanzines dédiés au JDR sont
édités ;
• 1992 : Games Workshop cesse son
activité jeu de rôle pour se recentrer
sur le wargame43 ;
• 1993 : Magic : the Gathering est lancé
et présente un jeu plus accessible,
Et aux USA ?
Aux USA, une première phase de chapelles entre les rôlistes
de l’âge sombre survient en « bourrins », adeptes du médié-
plein âge d’or, sans toutefois val-fantastique, du dungeon
mettre un point d’arrêt à celui- crawling, d’univers simples et
ci. C’est la période du Bothered d’une pratique « ludiste », et les
about Dungeons & Dragons « bon joueurs », « ceux qui font
(BADD) qui commence avec le du role play », adeptes des uni-
suicide d’Irving Pulling en 1982 vers souvent contemporains,
et dure jusqu’en 1990, avec la riches, profonds, sombres, à
sortie d’un rapport officiel (rap- intrigues politiques complexes
port Pulling, 1990) discréditant et d’une pratique plus « nar-
le BADD et disculpant le JdR. rativiste »58. Et en 1993 arriva
Par ailleurs, un livre conjonc- Magic : the Gathering qui se
ture paru en 198456 accusait conclut par les faillites de TSR
le jeu de rôle de la disparition et West End Games en 1997.
de James Dallas Egbert III en En ce qui concerne Donjons
197957. Survient ensuite, dans & Dragons, l’âge sombre du
la foulée, une deuxième phase jeu couvre la période 1996-1999
de cet âge sombre, plus nocive selon J. Maliszewski du blog
en termes économiques, qui se Grognardia59. Cette époque est
développe à partir de 1991 et marquée par la volonté, sans
de la parution de Vampire : La succès, de revitaliser le jeu en
Mascarade, pour se terminer en
abandonnant les stratégies de
1996 avec une renaissance du l’âge de bronze et en se concen-
loisir. Se développe alors une trant sur des fondamentaux de
forme d’élitisme et une querelle Donjons & Dragons.
Pendant ce temps, au Japon
Au Japon, l’âge de l’Hiver60 (Magic : The gathering en 1993,
débute en 1995 avec l’essor des Pokémon en 1996) et cours
jeux de cartes à collectionner jusqu’en 199861.
plus rapide à mettre en place et jouer,
avec un coût d’entrée plus faible que
le jeu de rôle44 ;
• 1994 : le suicide de Christophe
Maltese à Amiens, joueur de jeu de
rôles, est repris par la presse45 ;
• 1994 : les émissions de télévision
Témoin n°1 de Jacques Pradel et Zone
Interdite46 montrent le jeu de rôle
sous un triste angle ;
• 1995 : agression d’un enseignant à
Istres par un étudiant qui déclare « Je
suis le roi Aragorn »47 ; suicide d’un
autre étudiant, de l’école des Mines
de Saint-Etienne, un temps considéré
comme rôliste48 ;
• 1995 : l’émission de télévision Bas les
masques de Mireille Dumas présente
le jeu de rôle comme une activité dan-
gereuse et menant au sectarisme49 ;
• 1997 : la presse nationale fait l’écho
de l’affaire Javier Rosado, étudiant
madrilène qui jouait à un jeu raciste
de son invention et avait tué un agent
d’entretien à coups de couteau50 ;
• 1997 : des épisodes de séries et des
téléfilms mettent en scène des
« maîtres de jeu » manipulateurs (Le
Refuge, France 3), des meurtres de
rôlistes dans le cadre d’une partie (Le
juge est une femme, TF1), considéré
comme « plausible » par Télé 7 Jours51,
• 1997 : création de la Fédération
française de jeu de rôles (FFJDR)
et publication du livre d’enquête …
Istres, Toulon, Carpentras… - Jeu de
rôle. – Crimes ? Suicides ? Sectes ?
par le gendarme J.-H. Matelly sur les
affaires médiatisées52 ;
• 1999 : fin de la première époque de
Casus Belli ;
• 1990-2000 : développement de l’au-
to-dérision dans les jeux de rôles53.
Les soubresauts de l’âge noir
• 2002-2007 : cessation des activités
rôlistiques des éditeurs Halloween
Concept, Multisim, Jeux Descartes,
Asmodée et Hexagonal54 ;
• 2005 : Jeux Descartes est absorbé par
Asmodée ;
• 2006 : fin de la deuxième époque de
Casus Belli.
Du point de vue des éditeurs
Selon Le Thiase55, du point de vue édi-
torial, l’âge sombre commence en 1997
et la Renaissance est symbolisée par la
forte production des petits éditeurs en
2005 : « 1997-2005 : fin de l’« âge d’or »
du JDR francophone d’un point de vue
des éditeurs, où six acteurs se parta-
geaient le marché (avec une pointe en
1999 où plus de 90 % des sorties enregis-
trées sont assurées par ces six maisons).
Multisim, Descartes, Asmodee-Siroz et
Hexagonal dominent, suivis par Oriflam
et Halloween. On observe une chute
progressive de ce modèle productif issu
des années 1980, ces mêmes 6 éditeurs
n’assurant plus que 25 % des sorties en
2005. Cette période se termine d’ailleurs
sur une forte diversification de la pro-
duction, avec plus de 40 % des sorties
qui sont le fait de « petits » éditeurs en
2005-2006 (moins de 10 titres au cata-
logue dans moins de 3 gammes). »
Analyse de l’emploi du terme
« jeu de rôle »
À partir de 1991, on constate une forte
reprise des mentions du loisir dans les
ouvrages et la presse publiés, ce qui au
regard de l’âge noir peut être interprété
comme un effet de bad buzz. À partir
de 1996-1997, une hausse d’occurrences
est enregistrée pour les termes « jeu de
rôles » et « jeux de rôles ».
La Renaissance :
2000-2009
Dans les années 2000, malgré les
soubresauts de l’âge noir, une renais-
sance apparaît avec l’évolution écono-
mique du marché. On voit apparaître
une diversité des formats des ouvrages
de jeu et des médias qui en parlent (en
PDF, au format A5, en gamme fermée
autrement dit avec un nombre limité et
défini d’ouvrages, des émissions audio-
phoniques), une gestion de droits d’au-
teur plus souple (licence ludique libre62
ou Open Game License, licences Creative
commons63), de nouveaux outils de fi-
nancement (impression à la demande,
boutique de PDF en ligne, plate-forme
de souscription en ligne), l’implication
forte de l’amatorat (convention des
jeux de rôles amateurs, vivacité du
fanzinat, Guide du rôliste galactique,
version française de Place to go, people
to be), un mouvement de théorisation
et de réinterprétation du jeu de rôle
(La Forge, le mouvement Old School
Renaissance aux USA, Silentdrift et le
blog de Frédéric Sintes64 en France),
mais aussi la « convergence des mé-
dias » qui contribue à dédiaboliser et
« banaliser » le jeu de rôle (MMORPG,
cinéma et séries, jeux de société).
C’est aussi l’ère des « studios »65 qui
accompagneront l’amatorat et le déve-
lopperont parfois jusqu’au profession-
nalisme : Studio Deadcrows (2003),
Ballon-Taxi (2005), Gobz’ink (2009),
studio Agathe (2010), Studio 09 (2010).
Ces studios étaient des équipes d’au-
teurs et d’illustrateurs, parfois réunis
en association, qui développaient un
jeu publié ensuite par un éditeur (qui se
chargeait de l’impression, de la distri-
bution, des ventes).
Les jalons les plus significatifs
Les prémisses
• 1996 : stabilisation du nombre de
joueurs67.
La Renaissance proprement dite
• 2000 : Création de l’encyclopédie
rôliste du GRoG et de la version fran-
çaise du site Place to go, people to be
(PTGPTB)68 ;
• 2000 : Wizards of the Coast lance sa
licence ludique libre (OGL) pour le sys-
tème D20 ;
• 2000-2005 : un nouveau visage de
la création rôlistique apparaît en
France69 ;
MAGAZINE | 239
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
240 | MAGAZINE
ANALYSE
Et aux USA ?
Cette renaissance vint
avec les jeux à licence
(Star Trek Next Generation,
1998) et des jeux créatifs
comme Fading Suns (1996),
Deadlands (1996), Trinity
(1997), Alternity (1998)66.
Pendant de
temps, au
Japon
Au Japon, l’âge du
Printemps commence en
1999-2003, période où le
marché du jeu de rôle recom-
mence à s’étendre légère-
ment sur l’archipel.
• 2000-2007 : apparition de nombreux
nouveaux éditeurs (7e cercle, EDGE,
Black Book Éditions, Bibliothèque in-
terdite, Ludopathes, Sans Détour, Les
XII Singes, Studio 09, John Doe…70 ) ;
• 2000+ : renouveau des jeux de société
avec Carcassonne (2000), Les Loups-
garous de Thiercelieux (2001), Dixit
et Agricola (2008), Pandémie, un des
premiers jeux de plateau coopératifs
popularisé en France (2008), etc. ;
• 2001 : retour de D&D avec la traduc-
tion de la 3e édition ;
• 2001 : lancement de RPGnow, bou-
tique en ligne de jeux de rôle indépen-
dants au format PDF71 ;
• 2001 : la série audiophonique en mp3
de Naheulbeuk connaît un succès fort
et popularise une image drôle et lou-
foque du jeu de rôle72 ;
• 2001-2003 : la trilogie du Seigneur
des anneaux sort au cinéma et
contribue à relancer l’intérêt sur le
médiéval-fantastique ;
• 2001-2007 : la convention des jeux
de rôles amateurs (CJDRA) a fait
naître et connaître de nombreux
jeux amateurs, dont certains ont été
ensuite édités professionnellement
(Pavillon Noir, RAS, Exil, Brain Soda,
Elfirie, Mousquetaires de l’ombre,
Palimpseste, Crimes, les Fables
Ludiques, Imputrescible, Tigres
volants…73) ;
• 2001-2009 : démocratisation d’inter-
net en France. En 2001, 17 % des
français ont internet et ils sont 50 %
en 2007 ; en 2009, 25 % ont le haut
débit. Cela permet aux rôlistes de
communiquer facilement entre eux
(forum, courriels), de partager des
jeux (PDF) ;
• 2002-2009 : à nouveau, entre 5 et 10
magazines et fanzines sont édités ;
• 2002-2013 : le forum Silentdrift
amène les théories de La Forge en
francophonie ;
• 2002 : Lulu.com, plate-forme d’im-
pression à la demande (POD), est
lancée ;
• 2003 : premier ouvrage en français
en impression à la demande, l’Ency-
clopaedia Vampirica (2003), suivi de
plusieurs autres comme Copacabana
Transit pour Tigres volants et La Voix
des Ombres 1 : Trois Pas vers le Bagne
pour Nigthprowler (2007), Oikouménè
(2008), Nothingness (2011), Tiamat
(2011) ;
• 2003 : suite aux difficultés de Casus
Belli (deuxième époque) et à la dispa-
rition de son forum, le forum Casus
NO (non officiel) est créé et hébergé
par PandaPirate ;
• 2003-2004 : création de COPS, qui
ouvre la voie aux jeux à gamme fer-
mée, comme Orphéus ;
• 2003-2005 : Cirkus et Post-mortem
ouvrent la voie aux jeux au format A5,
plus économiques ;
• 2004 : Rossyia ouvre la voie aux jeux
au format PDF diffusés sur internet ;
• 2004 : les Creatives commons, créées
en 2001, sont transposés dans le
contexte français ;
• 2004 : lancement de DriveThru,
boutique en ligne de jeux de rôle
de grandes licences (White Wolf,
Wizards of the Coast, Palladium,
Steve Jackson, etc.) au format PDF74 ;
• 2004-2006 : premiers jeux anglo-
phones de l’Old School Renaissance
(OSR), Castles & Crusades, puis
Old School Reference and Index
Compilation (OSRIC) ;
• 2005 : le MMORPG World of Warcraft
est lancé en France et contribue à la
dédiabolisation du JDR et à la recon-
naissance des geeks ;
• 2006-2011 : augmentation du nombre
de joueurs par l’arrivée de la généra-
tion née en 1991-1995 (record de re-
crutement) et retour de la génération
des années 1970, établie profession-
nellement, donc avec de plus amples
moyens financiers et ayant plus de
 temps (premier enfant ayant 5-10
ans) ;
• 2007 : documentaire sur la
culture geek émergente, à l’oc-
casion de la « Nuit du Geek » de
Canal +, suivi alors du Labyrinthe
de Pan de Guillermo del Toro, d’un
épisode de South Park sur les
MMORPG et du film d’horreur La
Colline a des yeux ;
• 2008 : mort de Gary Gygax, « père
fondateur » et icône rôliste my-
thique, auquel la presse rend
hommage. « Tous les geeks du
monde sont priés d’observer 1d10
minutes de silence », note un
journaliste du Figaro75 ;
• 2009 : début de la troisième
époque de Casus Belli.
• 2009 : traduction de Pathfinder,
jeu qui fait un effort important
en matière d’inclusivité, notam-
ment par ces illustrations de per-
sonnages, concernant le genre et
les origines78 ;
Du point de vue
des éditeurs
Selon Le Thiase76, du point de
vue éditorial, la Renaissance est
symbolisée par la forte production
des petits éditeurs en 2005 : « 6
éditeurs n’assur[e]nt plus que 25 %
des sorties en 2005. Cette période se
termine d’ailleurs sur une forte di-
versification de la production, avec
plus de 40 % des sorties qui sont le
fait de « petits » éditeurs en 2005-
2006 (moins de 10 titres au cata-
logue dans moins de 3 gammes). »
Et en « 2005-2010 : recomposition
totale du marché de l’édition, avec
la disparition des grands acteurs
et la montée en puissance de très
nombreux éditeurs nouveaux (XII
singes, Black Book, 7e cercle, Edge,
etc.). En 2009-2010, près de 90 %
des sorties sont le fait de 12 acteurs
principaux (sans référence à des
niveaux de vente ni même à des
tirages) ; il y a donc une nette stabi-
lisation, sans pour autant retrouver
la concentration qui préexistait. »
Analyse de l’emploi
du terme « jeu de rôle »
À partir de 1996-1997, pour les
termes “jeu de rôles” et “jeux de
rôles”, une hausse d'occurrences
est enregistrée avec ensuite un
ralentissement autour de 2000,
puis une reprise jusqu’en 2013,
date à partir de laquelle Google
Ngram viewer ne semble plus être
fiable pour le corpus francophone
de 2019. On peut donc interpré-
ter cela comme les prémices de la
Renaissance du JDR à partir de 1996
puis la Renaissance proprement
dite à partir de 2000 jusqu’à 2009,
où un ralentissement apparaît.
L’âge d’argent :
2009 et plus ?
Nous entrons dans une période
plus difficile à analyser au vu du
recul plus faible que nous pouvons
avoir sur ces temps proches. Ce qui
suit est donc plus spéculatif que
l’analyse des âges précédents.
Le milieu se stabilise au niveau
éditorial, notamment avec l’essor
de la souscription sur internet
(crowdfunding), la quatrième mou-
ture de Casus Belli qui devient sa
seconde plus longue itération,
l’élargissement de la commu-
nauté et des pratiques des joueurs
grâce aux tables virtuelles et aux
actual play vidéo. La pandémie et
ses confinements en 2020-2021
accentueront encore ce dernier
phénomène.
C’est aussi un âge marqué par la
consécration des 40 ans du loisir
et l’arrivée en force d’une certaine
nostalgie des années 1980, âge d’or
du JdR, ainsi que par un souhait
d’ouverture aux différents publics
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
(femmes, grand public, minorités,
intérêt pour la transmission des
pratiques, pour la sécurité émo-
tionnelle). On remarque notam-
ment une évolution de la part des
femmes parmi les rôlistes fran-
cophones : alors que le sondage
Casus Belli n°66 de 1991 annonçait
que 2 % des 2 400 répondants
étaient des femmes, ceux du
Thiase révèlent 8 % de femmes
rôlistes recensées en 2010, 13 % en
2014 et 17 % en 201877.
Les jalons les plus
significatifs
• 2010 : dans le jeu vidéo, le ratio
hommes-femmes parmi les ga-
mers s’approche de l’égalité79 ;
• 2010 : une stabilisation relative
du paysage des éditeurs franco-
phones de JdR autour d’une dou-
zaine de leaders80 ;
• 2010-2013 : 10 titres ou plus de
magazines et fanzines dédiés au
JdR sont publiés ;
• 2011 : début de la quatrième
époque de Casus Belli ;
• 2011 : premiers JdR de l’Old School
Renaissance (OSR) traduit,
avec Labyrinth Lord et Portes,
monstres, trésors ;
• 2011 : lancement du crowdfun-
ding de Don’t rest your head,
premier du genre pour le jeu de
rôle francophone, par les Écuries
d’Augias81 ;
• 2011 : on commence à parler du
grandeur nature nordique en
France, avec l’article de Thomas
B. sur le Knudepunkt 201182 ;
• 2012 : traduction d’un autre pilier
de l’OSR, OSRIC 2e édition ;
• 2012 : lancement de la campagne
« Moi, rôliste » pour promouvoir
le jeu de rôle à travers des témoi-
gnages de rôlistes83 ;
• 2012 : la carte X de John
Stavropoulos, issue des safeword
du grandeur nature (qui a
MAGAZINE | 241
242 | MAGAZINE
ANALYSE
commencé à développer de tels
outils dans les années 200084),
lance le débat sur la sécurité
émotionnelle dans le monde du
jeu de rôle sur table ;
• 2014 : les 40 ans du jeu de rôle,
la reprise de l’événement par la
presse, le colloque ;
• 2014-2017 : à nouveau entre 5
et 10 de magazines et fanzines
édités ;
• 2015 : diffusion de la web-série
de JdR Aventures sur la chaîne
Youtube du Joueur du Grenier ;
• 2016 : Stranger things, série qui
ouvre le mouvement de nos-
talgie des « années 1980 qui
n’ont jamais été », avec son
demogorgon ;
• 2016 : la collection Sortir de l’au-
berge de Lapin marteau s’adresse
aux « joueuses » ;
• 2016 : illustrations de Héros &
Dragons qui féminisent les arché-
types de personnages ;
• 2017 : ouverture de Et pourtant
elles jouent85 ;
• 2018 : multiplication des boîtes
de JdR à destination du grand
public (Château aventures,
Initiation au JDR, etc.) et retour
de grandes sociétés d’édition ou
d’éditeurs non spécialisés en JdR
qui les distribuent notamment
dans les circuits grand public :
Larousse, Ankama86
• 2019 : le nombre de jeux compor-
tant des outils de sécurité émo-
tionnelle se multiplie, passant
de quelques-uns par an entre
2000 et 2018 à une petite dizaine
par an.
Du point de vue
des éditeurs
Selon Le Thiase87, du point de
vue éditorial, « on constate depuis
2010 une progression constante
de la part des sorties provenant de
« petits » éditeurs, marquant donc
une deuxième étape d’éclatement riche en magazines et fanzines,
du marché de la production de JdR, et des âges de la Renaissance et
après celle de 2005. Depuis 2013, les d’argent plus incertains.
labels les plus récents s’affirment Il pourrait y avoir un effet « résis-
(Batro games, Chibi, 500 nuances tance amateur » qui expliquerait
de Geeks, JdR éditions, etc.), grigno- que lorsque le JdR « public » (édi-
tant des parts relatives à ceux qui teur, revue pro, club) était en crise,
restent leaders en volume de sorties les rôlistes se soient réfugiés dans
(Black Book et XII Singes). En 2017, le JdR amateur : fanzines, tables
comme en 2005, on observe que privées, JdRA. Cela expliquerait
plus de 40 % des sorties sont le fait pourquoi lors de l’âge noir du JDR
de « petits » éditeurs (moins de 10 il y ait eu le plus grand nombre de
titres au catalogue dans moins de titres de revues, dont un grand
3 gammes). nombre de fanzines. J’ai déjà ob-
Sur cette période le nombre de servé ce phénomène dans d’autres
sorties n’a cessé de croître […]. On domaines.
atteint en 2017, pour la première Enfin, plus l’on se rapproche des
fois en France, la barre des 200 années 2010, moins ces chiffres
titres sortis sur une année. » me semblent pertinents en raison
du développement des sites et re-
vues en ligne (Dragon magazine VF
Le cas est ainsi entièrement numérique à
des magazines partir de 2007).
et fanzines
Je n’avais considéré initialement Je remercie la communauté de
dans « Les âges du jeu de rôle fran- Casus NO, sans laquelle cet article
çais » que Casus Belli, qui est pour n’aurait pas été aussi complet et
moi LE magazine de JdR, celui qui a autant vérifié.
duré le plus longtemps, qui a été le Grégoire « Qui revient de loin »
plus diffusé et le plus lu. Macqueron
Mais si l’on regarde les autres ma-
gazines et fanzines, par exemple
en se basant sur les données de
la fanzinothèque sur le JDR, on
constate que :
• de 1981 à 1985, il y a moins
de 5 titres de magazines et
fanzines ;
• de 1986 à 1989, entre 5 et 10 titres
de magazines et fanzines ;
• de 1990 à 2001, 10 titres de maga-
zines et fanzines ou plus ;
• de 2002 à 2009 puis de 2014 à
2017, à nouveau entre 5 et 10 de
magazines et fanzines ;
• de 2010 à 2013, 10 titres de maga-
zines et fanzines ou plus.
On voit donc là un effet contradic-
toire avec l’âge noir, car c’est le plus
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MAGAZINE | 243
244 | MAGAZINE
ANALYSE
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loisir en mutation ou en déclin ?
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tion_du_cimeti%C3%A8re_juif_
de_Carpentras
41. C. Voisin, 2005. Jeu de rôle, un
loisir en mutation ou en déclin ?
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rôle : une réalité dans la fiction ?
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43. Pitch, 2014. Infographie
JDR : édition 1983-2014 sur Le
Thiase http://www.le-thiase.
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jdr-edition-1983-2014/ et F.
Sarelli (9:20) dans Polaroliste
Episode 2 - Mémoires de Rôlistes
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44. F. Sarelli (9:20) dans Polaroliste
Episode 2 - Mémoires de Rôlistes
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45. Un scénario de mort, l’Huma-
nité, 1 Juin 1994 https://www.
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interdite, les jeux de rôle, 1994
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de Saint-Etienne retrouvé
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de rôle », 1994 | France 2, sur
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51. B. Charbouillot, 2008. Jeu de
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52. La Croix, 1998. Jeux de rôles
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roles-_NP_-1998-03-30-455594
53. B. Charbouillot, 2008. Jeu de
rôle : une réalité dans la fiction ?
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54. Pitch, 2014. Infographie
JDR : édition 1983-2014 sur Le
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trième partie : Enfer et paradis
de la finance http://ptgptb.fr/
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paradis-de-la-finance
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Rappar sur PTGPTB. Une Histoire
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64. Limbic system : https://www.
limbicsystemsjdr.com/
65. Le fonctionnement en studio
existait déjà dès la fin de l’âge
d’or avec Jovialis (Cyclopedia
Talislanta II à VI pour Talislanta
2e éd., 1989-1990), Dream Pod
Nine (suppléments pour Macross
II, 1994) et INStudio (supplé-
ments de INS/MV 3e édition,
1999-2001).
66. S. Darlington, 1998, traduit par
Rappar sur PTGPTB. Une Histoire
du jeu de rôle – neuvième partie :
la fin et le commencement
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du-jdr-9-la-fin-et-le-commen-
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67. C. David, 2007. Le jeu de rôle,
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loisir en mutation ou en déclin ?
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JDR : édition 1983-2014 sur Le
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une seconde jeunesse sur 01net.
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feuilleton-sonore-retrouve-une-
seconde-jeunesse-344504.html
73. https://fr.wikipedia.org/
wiki/Convention_de_jeux_
de_r%C3%B4le_amateurs
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75. Article du Figaro « Gary Gygax
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2018-Le-Thiase.pdf
78. Jim Zub, 2013. The Inclusive
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jeu_vid%C3%A9o
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JDR : édition 1983-2014 sur Le
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
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jeuxderole/infographie-jdr-edi-
tion-1983-2014/
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bilan 2011-2017 http://www.le-
thiase.fr/jeuxderole/crowdfun-
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82. Thomas B. Knudepunkt, la
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www.murder-party.org/
articles-critiques/knudepunkt/
83. Moi, rôliste http://moiroliste.
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84. Qui Revient de Loin, 2021.
Les avertissements dans les
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sécurité émotionnelle ? http://
qui.revient.de.loin.blog.free.
fr/index.php?post/2021/
Les-avertissements-dans-les-
jeux-de-r%C3%B4les%2C-
pr%C3%A9histoire-de-la-
s%C3%A9curit%C3%A9-
%C3%A9motionnelle
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86. Pitch, 2018. Les éditeurs de
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jeuxderole/les-editeurs-de-
jeux-de-role-actifs-en-sep-
tembre-2018/
87. Pascal J., 2018. Infographie
JDR : sorties éditoriales 1997-
2017, Le Thiase http://www.le-
thiase.fr/jeuxderole/infographie-
jdr-sorties-editoriales-1997-2017/
MAGAZINE | 245
246 | MAGAZINE
ENTRETIEN

INTERVIEW | DIRIGEANTE DE SPIDERS

JEHANNE ROUSSEAU
Une rôliste de haut vol
Jehanne Rousseau est bi-classée rôliste-gameproducer par
ses créations d’aventures RPG dans des mondes imaginaires
pour ses jeux vidéo. Le JdR, qui a eu une grande place dans sa
jeunesse, est aujourd’hui toujours aussi fortement présent.

Jehanne’s Digest
Née le 08 juillet 1976,
Jehanne est une universitaire
de la Sorbonne passionnée
de mythologies anciennes,
de jeu de rôle et de GN.
Elle abandonne un BTS en
communication visuelle
avant la fin pour travailler
chez RFX Interactive, un
petit studio indépendant
spécialisé dans les jeux pour
Game Boy, où elle est la
seule femme salariée. Elle
évolue rapidement au poste
de chef de projet, passe
chez Gameloft en 2002, est
freelance pendant deux ans,
puis producer chez Monte
Cristo en 2005. La narration
lui plaît tant qu’elle cofonde
Spiders en 2008 pour créer
et publier des action-RPG.
Maman, elle fonde deux
associations, Bourse jeu-vidéo
pour plus de diversité sociale
et Jeux pour un monde
meilleur pour créer des jeux
à impact environnemental.
Elle est médaillée de l’ordre
du Mérite entre autres
distinctions.
J
ehanne Rousseau fait partie des
premières femmes à endosser de
grandes responsabilités dans le milieu
du jeu vidéo. Elle a gravi tous les échelons
jusqu’à cofonder Spiders, son propre stu-
dio de jeu vidéo spécialisé en action-RPG.
De nombreuses distinctions lui ont été
remises pour son parcours et son engage-
ment. Passionnée dès son adolescence,
son amour du JdR ne l’a jamais quitté. Au
contraire, il est un éternel moteur de sa
créativité, même professionnelle.
Casus Belli (CB) : Bonjour Jehanne,
merci de te présenter pour nos lec-
teurs qui ne te connaîtraient pas ?
Jehanne Rousseau (JR) : Bonjour, je
m’appelle Jehanne Rousseau, j’ai 46
ans, je suis maman, chevaleresse, et
je travaille dans le jeu vidéo depuis
plus de 20 ans.
CB : En quelques mots, quelle est ta for-
mation initiale puis professionnelle,
et quel est ton boulot aujourd’hui ?
JR : J’ai fait un peu de lettres classiques
à la Sorbonne et une prépa beaux-arts,
mais j’ai arrêté rapidement mes études
pour commencer à travailler chez RFX,
un petit studio de développement
de jeux sur consoles portables, en
tant que graphiste pixel d’abord puis
comme game designer et chef de pro-
jet. Je suis ensuite passée par le déve-
loppement sur mobile chez Gameloft
comme producer, puis après un break
de près de deux ans avec le développe-
ment, j’ai rejoint Monte Cristo comme
chef de projet et scénariste où j’ai
rencontré les collègues avec lesquels
j’ai cofondé Spiders en 2008, un stu-
dio spécialisé dans les RPG. J’en suis
depuis la présidente et scénariste prin-
cipale. Nos derniers jeux sont Greedfall
et très récemment Steelrising.
CB : Comment et quand as-tu décou-
vert le jeu de rôle (JdR) sur table ? Et à
quel(s) JdR(s) jouais-tu ?
JR : Aucune idée de la date précise, je
devais avoir 13 ou 14 ans. C’est avec
Stormbringer que j’ai commencé.
Cependant, je lisais des livres dont
vous êtes le héros depuis mon en-
fance, j’en avais toute une collection.
CB : Jouais-tu beaucoup ? En club et/ou
dans des salons/conventions ?
JR : Au départ, je ne jouais que ponctuel-
lement, toujours avec la même table.
C’est plus tard, vers mes 20 ans et le
moment où j’ai un peu délaissé mes
études que j’ai vraiment basculé. On
jouait tous les soirs et tous les week-
ends avec plusieurs groupes d’amis, et
à absolument tout ce qui nous tom-
bait sous la main ! Mais je n’ai jamais
fait partie d’un club. J’ai joué parfois
sur des salons mais j’avoue que je pré-
fère un environnement plus calme !
CB : Étais-tu plutôt joueuse ou MJ ?
JR : J’ai d’abord été joueuse, puis MJ, et
à partir de ce moment-là j’ai toujours
alterné les deux selon les tables et les
univers.
CB : Quel(s) genre(s) de JdR aimais-
tu (SF, méd-fan, contemporain,
 historique, etc.) ? Et quel type de
personnage aimais-tu jouer ?
JR : J’aimais tout avec peut-être
moins d’intérêt pour le contempo-
rain. Avec le temps je me suis un
peu lassée de la fantasy classique
et je me suis mise à préférer les uni-
vers un peu plus originaux. J’aimais
tout particulièrement Planescape
que j’ai mené assez longtemps. En
tant que joueuse, j’aimais jouer les
sorciers, les shamans, ce genre de
choses, mais à ma grande période,
j’ai joué à peu près tous les types
de personnages possibles… Y com-
pris un moine cacochyme dans un
scénario de Maléfices…
CB : Quelle sont ta race et ta classe de
personnage préférées et pourquoi ?
JR : Dans quel monde ? Comme je le
disais à l’instant, j’aime assez les
lanceurs de sort si tant est qu’ils
existent quel que soit l’univers.
Tout particulièrement si leur ma-
gie est « naturelle ». Il y a quelque
chose de fascinant à s’imaginer
manipuler les forces de la nature.
Côté race, si la référence est l’uni-
vers de D&D, j’aime beaucoup les Crédit : Emmanuel Forsans
genasis et les tieffelins, ces voya-
geurs des plans. Un peu mixtes, un
peu d’ailleurs. Je ne saurais pas trop
dire pourquoi, mais ça me parle. c’était parce qu’elle s’inquiétait l’image de satanistes tueurs de
à cause de mon nouveau hobby chatons que la pratique du jeu de
CB : Tu es parmi les pionnières
ou parce qu’elle voulait en savoir rôle nous donnait. Cependant j’ai
du JdR en France et donc de la
plus sur les amis avec lesquels je eu la chance de ne jamais avoir à
génération qui a connu l’effet
jouais ! En tout cas, je suis bizar- jouer en cachette par exemple…
de l’émission de Mireille Dumas
« Bas les masques », réalisée à rement passée un peu à côté de la CB : Tes parties de JdR étaient plu-
charge contre le JdR. Ton entou- polémique Dumas : on ne regar- tôt en mode « Grosbill » ou « su-
dait presque pas per trash/gore » ?
Je pense avoir

rage savait-il que tu étais une
rôliste et comment l’ont-ils pris ? la télé, ce n’était JR : Il y a eu les
JR : Ma mère, qui était psy, utilisait donc pas vrai- toujours eu l’envie et deux je dirais,
ponctuellement le jeu de rôle (pas ment une source l’imagination pour ça dépendait du
écoutée à la mai- créer des mondes

tout à fait le genre auquel nous groupe, du jeu en
jouions cependant) dans le cadre son. J’en ai en- lui-même et par-
de son travail, ça ne lui posait tendu parler plus tard, justement fois de l’heure de la nuit !
donc pas vraiment de problème. par le groupe de copains rôlistes. CB : Parfois dans un style plutôt
Cependant, elle m’a quand même Nous étions évidemment tous de déconne ? Ou sérieux tout de
pas mal interrogée sur mes parties fervents défenseurs de notre pas- même ? Ça trichait lors des par-
au début, mais je n’ai jamais su si sion, et nous nous moquions de ties un peu, beaucoup, jamais ?

MAGAZINE | 247
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
248 | MAGAZINE
JEHANNE ROUSSEAU
JR : Souvent dans un style plutôt dé-
conne ! On était assez adeptes des
jeux de Croc, qui laisse la part belle
à la rigolade, aux jeux de mots et
aux situations
J’ai testé certains
burlesques.
Mais on alter-
scénarios, notamment
nait vraiment celui de Mars War Logs,
tellement de sur table avant d’en faire suite, on a créé
jeux différents
un jeu vidéo
qu’on passait
parfois dans le même week-end
d’une partie complètement ab-
surde à une partie super sérieuse.
Je n’ai pas l’impression qu’on tri-
chait beaucoup, il faut dire qu’on
était tous des maîtres plutôt sym-
pas. On ne faisait jamais mourir
sur un jet de dé. Une action pou-
vait rater, bien sûr, et avoir parfois CB : Quels sont tes 2 ou 3 meilleurs
des conséquences assez graves
pour le groupe, mais c’était plus
une occasion pour faire rebondir le
scénario dans une direction inat-
tendue que pour nous pénaliser.
De manière générale, j’aimais les
parties où la liberté des joueurs
était mise en avant, où une belle
action, imaginative, était plus
valorisée qu’un jet de dé ou qu’un
paragraphe dans un livre de règles.
CB : Les joueurs lors des parties
parlaient de leur personnage à la
1 ou à la 3 personne à ta table ?
JR : On incarne son personnage.
Donc « Je ». C’était une exigence
de base dans tous les groupes où
j’ai joué !
CB : Quel a été ton rapport aux
règles au début ? Essayais-tu de
les respecter à la lettre ou, avec
ton groupe, avez-vous modifié
ou ajouté vos propres règles mai-
son ? Les règles étaient-elles plus
un guide général ou au contraire
sacrées et à ne pas modifier ?
JR : Quand j’ai commencé, nous
étions tous de très jeunes joueurs
et maîtres, on respectait les
règles effectivement, car je pense
qu’on ne savait pas trop com-
ment faire autrement. C’était le
cadre dont nous avions besoin.
Mais j’avoue qu’en ce qui me
concerne, ça n’a
pas duré long-
temps. Avec les
groupes, par la
plusieurs sys-
 tèmes de jeu, et
les règles à la lettre ce n’était pas
trop notre truc. On était dans le
partage d’aventure, la narration,
le rêve plus que l’arithmétique.
CB : Les dés ne servent-ils qu’à faire
du bruit derrière le paravent ?
JR : Quand j’étais le maître,
absolument !
souvenirs de ton époque joueuse ?
JR : Difficile de faire le tri, et puis
je ne vais pas raconter en détail
mes parties, c’est un vilain dé-
faut de rôliste ! J’ai évidemment
d’excellents souvenirs de nom-
breux personnages et de nom-
breuses parties, mais je crois que
malgré quelques engueulades,
c’était surtout les groupes de
joueurs et de MJ de l’époque et
notre manière de jouer qui m’ont
marqué. J’ai des souvenirs assez
hilarants d’un scénario d’Elric
que nous avait fait tester l’auteur
avant publication (il faisait partie
du groupe en question) et qu’on
avait emmené sur une voie qu’il
n’avait pas véritablement pré-
vue… Le pauvre s’arrachait les
cheveux. Il faut dire que nous
n’étions pas très disciplinés, mais
on adorait jouer tous ensemble.
CB : Lisais-tu Casus Belli ou
d’autres revues rôlistes ? Si oui,
lesquelles ?
JR : Rarement, pour être honnête.
Pourtant, plus tard, j’ai participé
à un fanzine basé sur l’univers
d‘Archipels pendant un certain
temps, et j’ai même travaillé pour
Backstab. Je crois que je préférais
les écrire que les lire.
CB : As-tu participé à des projets de
JdR comme autrice ou relectrice,
ou autre poste à nous indiquer ?
JR : J’ai donc écrit et illustré pour
ce fanzine, Le Merbold enchaîné,
pendant quelque temps sous le
pseudonyme de Taliesin. C’était
une super expérience, on s’amu-
sait beaucoup avec les autres
auteurs, et on ne se prenait pas
au sérieux tout en s’investissant
beaucoup, ce qui me convenait
très bien. Plus tard, j’ai fait la
couv d’un scénario de L’Appel de
Cthulhu édité par TOC, Nightmare
Agency II, puis celle d’un jeu his-
torique fantastique, Essentia,
dont j’étais très fière, même si le
jeu en lui-même n’était pas par-
ticulièrement facile d’accès. J’ai
même écrit une nouvelle publiée
dans l’univers de Warhammer,
il me semble qu’elle avait été
publiée dans fantasy.rpg, le très
bref successeur de Backstab…
CB : Es-tu toujours en contact avec
d’anciens pionniers du JdR ? Si
certains d’entre eux sont toujours
actifs dans le milieu du jeu, peux-
tu nous les citer ?
JR : Alors je ne pense pas qu’on
puisse parler de pionniers, je ne
suis pas si vieille que ça ! Le JdR
français avait déjà de longues
années d’existence quand j’ai
commencé à y sévir ! Cependant
si on parle de mes amis/auteurs
de l’époque, j’ai hélas de moins
en moins de contacts avec eux, il
faut dire qu’on s’est un peu épar-
pillés. Il m’arrive de parler encore
avec Cyril Pasteau, Éric Nieudan
ou Guillaume Chapuisat. Cela dit,
les mondes du jeu vidéo et du
JDR sont assez perméables, c’est
ainsi que je suis devenue une amie
proche de Sabrina Calvo, ou que j’ai
 travaillé avec Mathieu Gaborit. Enfin, JR : Les RPG bien sûr, tout particulière- Jehanne, chevaleresse
parmi les « vieux » auteurs de JDR avec ment ceux qu’on appelle les wRPGs, de l’ordre du Mérite,
lequel j’ai des contacts très réguliers comme ceux de Bioware, d’Obsidian, mais pas que…
aujourd’hui, il y a Benoit Clerc, qui est de Bethesda ou de Larian. J’avoue que Jehanne a reçu plusieurs
désormais le grand patron de la prod j’aime également les jeux de survie et distinctions majeures du
chez Nacon, notre éditeur, mais je n’ai les jeux de gestion. monde de la culture pour
jamais fait une partie avec eux ! CB : Que penses-tu du métaverse qui se récompenser son parcours
CB : Écris-tu toujours dans le milieu profile ? Est-ce l’avenir des loisirs vir- et son engagement dans
du jeu de rôle, et si oui, dans quel cet art qu’est le jeu vidéo.
tuels voire du monde, ou du moins du
Le Ministère de la Culture
registre : création, traduction, scéna- monde virtuel, une sorte de 2 life très l’a décorée de la médaille
rios, critiques, autre… ? amélioré ? Une nouvelle Amérique à de chevalière de l’ordre
JR : Non, j’ai bien assez à écrire pour portée de clic ? national du Mérite en 2020.
mes propres jeux vidéo ! Mais c’était JR : Le métaverse de Zuckerberg, je n’y Lors de cette même année,
une super expérience à une époque crois pas une seule seconde. Pour moi, les Pégases, les Césars du
justement où je n’avais pas encore ce n’est qu’une sorte de supermar- jeu vidéo, l’ont nommée
fait de l’écriture mon métier. ché virtuel au visuel de Playmobil (et personnalité de l’année.
CB : Tu contribues aujourd’hui aux JdR c’est même un peu insultant pour les L’association Femmes
des jeux vidéo ! Comment es-tu ve- Playmobils), ce n’est pas du tout ce de culture l’a distinguée
nue travailler sur les JdR vidéo ? parmi les 100 Femmes de
que j’attends. Et je crains que ce qui
culture de l’année 2021,
JR : C’est ce que j’ai toujours souhaité serait plus susceptible de me plaire ne
titre qui met en avant les
faire à partir du moment où j’ai com- soit pas tout à fait prêt d’arriver. Ça fait dirigeantes, entrepreneuses
mencé à travailler dans le jeu vidéo, plus de 20 ans qu’on nous promet des ou personnalités inspirantes
mais le chemin a été long. Chez RFX, mondes virtuels dans lesquels on pour- de la culture. À chaque fois,
nous avons essayé de proposer un rait s’immerger complètement, c’est elle met en avant sa passion
projet de RPG, mais il n’a pas trouvé même un fantasme récurent du cinéma du jeu de rôle.
éditeur. Chez Gameloft, ce n’était
pas possible, les mobiles de l’époque
étaient vraiment trop limités. Mais
j’ai enfin pu commencer à réaliser
mon rêve en travaillant sur Silverfall
chez Monte Cristo. Et ça n’a été que
la première étape. Aujourd’hui, je ne
fais plus que ça.
CB : Sur quels jeux vidéo as-tu bossé ?
Et quelle y fut ta participation/contri-
bution précise ?
JR : Houlà ! En 24 ans, j’ai participé au
développement d’un paquet de jeu.
Mais parlons des derniers, ceux déve-
loppés par notre studio. Il y a eu Faery,
Of Orcs and Men, Mars War Logs,
Bound by Flames, The Technomancer,
Greedfall et Steelrising donc. Sur tous
ces jeux sauf Of Orcs and Men, j’ai
créé l’univers des jeux en collabora-
tion avec le directeur artistique, écrit
le scénario principal, souvent les dia-
logues et encadré la production.
CB : Quels sont tes jeux vidéo préférés
Crédit : Emmanuel Forsans
et pourquoi ?

MAGAZINE | 249
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
250 | MAGAZINE
JEHANNE ROUSSEAU
Crédit : Elise Aubisse
Spiders le studio de
jeu vidéo spécialisé en
action-RPG
Cofondé en 2008 par Jehanne
avec des amis dont certains
issus de Monte Cristo, Spiders
est un studio de jeu vidéo
français. Il est spécialisé dans
les jeux vidéo de type narratif
et action-RPG, proposant
de vivre des aventures dans
des mondes imaginaires de
leur création. Plusieurs titres
sont publiés : Faery Legend of
Avalon (2011), Orcs and Men
(2012), Mars : War Logs (2013),
Bound by Flame (2014),
The Technomancer (2016),
Greedfall (2019), Steelrising
(septembre 2022), ou encore
le tout nouveau Greedfall 2
avec une nouvelle aventure
(2023). Tous les employés
de Spiders sont amateurs
des mondes de l’imaginaire
et nombre d’entre eux sont
rôlistes.
depuis Tron, mais ce n’est pas pour de-
main. Même s’il existe des expériences
et des jeux en VR très intéressants, on
est encore très loin de Westworld. Au
final, si le but est de s’immerger dans
un monde fantastique avec des amis, il
vaut mieux faire un GN !
CB : Joues-tu aux JdR sur table de nos
jours ?
JR: Il m’arrive encore de faire une partie
de temps à autre, mais c’est devenu
très rare. Non seulement par manque
de temps, mais surtout parce que
réunir mes amis rôlistes est devenu
extrêmement difficile. Nous ne vi-
vons plus dans les mêmes villes, nous
avons beaucoup de mal à trouver une
soirée où nous soyons tous dispo-
nibles… Pourtant, même la naissance
de ma fille ne m’avait pas arrêté ! Les
dernières fois où j’ai pu jouer, c’était
à Cyberpunk, ainsi qu’à un jeu maison
très lovecraftien imaginé par un ami.
CB : Joues-tu sur table virtuelle par
internet ?
JR : Alors autant je joue volontiers à des
RPGs sur mon PC, autant pour moi le
JdR c’est avec des gens autour d’une
table, avec des chips.
CB : Quelle est ton JdR « actuel » pré-
féré et pourquoi ?
JR : Actuel, c’est une bonne question…
Pas sure que mes références soient
très actuelles ! D’autant que les nou-
veaux systèmes de règles ne m’inté-
ressent pas vraiment vu qu’en général
nous ne les appliquons pas ; donc les
nouvelles éditions de vieux jeux ne me
passionnent pas. Ce qui me motive, ce
sont les univers, et dans ce domaine
j’aime toujours autant Cthulhu,
Shadowrun ou bien Planescape ou
Dark sun, mais on ne peut pas dire
que ce soit très récent. Cela dit je don-
nerai cher pour refaire une partie de
Hurlement (là on peut vraiment par-
ler de pionniers du JdR en France), de
Maléfices ou de Légendes des contrées
oubliés. C’étaient des systèmes et des
jeux vraiment originaux.
CB : Penses-tu que le jeu de rôle sur
table fut un avantage ou un point
négatif qui t’a aidé, ou pas, dans ta
carrière professionnelle et pourquoi ?
JR : Il est absolument certain que le jeu
de rôle sur table, comme le GN que j’ai
pas mal pratiqué, m’ont été très utiles
pour développer mon empathie pour
les autres joueurs, à comprendre leurs
attentes, à écrire en pensant à ce qu’ils
aimeraient faire, découvrir, réaliser… Ce
qui est particulièrement utile quand on
écrit pour un RPG. Autant je pense avoir
toujours eu l’envie et l’imagination
pour créer des mondes, autant cet as-
pect-là m’a réellement formée en tant
qu’autrice de jeu vidéo. Ça m’a égale-
ment permis de tester certains scé-
narios, notamment celui de Mars War
Logs sur table avant d’en faire un jeu
vidéo. Cependant, c’est un exercice qui
peut être périlleux : en effet, la liberté
d’action qu’on a sur table est pour l’ins-
tant intraduisible en jeu vidéo. La tech-
nique fait que tout doit y être prévu,
scripté. L’idée géniale du joueur autour
de la table qui va sauter sur le lustre
pour faire une cascade improbable est
impossible à intégrer à un jeu à moins
qu’elle ait été scriptée justement (et
dans ce cas, on propose rarement
 beaucoup d’autres options à
côté). On peut proposer plusieurs
manières de faire, bien sûr, c’est
toujours ce qu’on essaie d’intégrer
dans nos jeux, mais l’imagination
de l’être humain étant sans limite,
la technique ne peut pas rivaliser.
Pas encore, en tout cas !
CB : Utilises-tu le jeu de rôle dans
ta vie professionnelle ?
JR : En dehors d’organiser ponc-
tuellement (et hélas de moins
en moins, faute de temps) des
parties pour tester des univers ou
des scénarios, non.
CB : Travailles-tu de près ou de loin
dans d’autres domaines de la
sphère ludique, comme les jeux
de plateau ou des formations
« ludiques » ?
JR : Uniquement dans le jeu vidéo,
c’est même le cœur de mon mé-
tier ! Par contre, non je ne tra-
vaille pas dans le jeu de plateau
ou les formations ludiques. Le jeu
vidéo est devenu mon médium et
je lui consacre tout mon temps de
travail et de création.
CB : As-tu des aspirations pour le
JdR, ou d’autres projets ludiques
voire professionnels liés au monde
du jeu de prévus dont tu peux nous
parler ? Quels sont les prochains
jeux vidéo que tu nous prépares ?
JR : Je compte bien continuer à
créer des univers et des jeux
oui ! Nous avons déjà annoncé
Greedfall 2 qui, malgré son nom,
ne sera pas une suite du précé-
dent, mais une nouvelle aventure
dans le même univers. J’ai éga-
lement des projets associatifs à
travers une association appelée
Jeux pour un monde meilleur. Il
s’agit d’une association qui a vo-
cation de créer des jeux à impact
environnemental. Ce ne sont pas
vraiment des jeux de rôle pour le
coup, mais en tant que créatrice
et en tant que mère, j’ai besoin
de me dire que ce que je fais peut
avoir un impact sur le monde à
travers la sensibilisation, la for-
mation ou même en aidant les
gens à organiser des actions envi-
ronnementales concrètes.
CB : Lis-tu encore Casus Belli ou
d’autres revues rôlistes ?
JR : Je ne lis plus de revues de JdR,
mais je resterai définitivement
une rôliste jusqu’à la fin de ma
vie. Peut-être que j’aurais enfin
le temps de faire à nouveau au-
tant de parties que je le souhaite
quand je serai à la retraite !
CB : Dans le milieu encore très mas-
culin du jeu vidéo, ressens-tu des
freins à être une femme à la tête
d’une entreprise de jeux vidéo ?
JR : Plus maintenant, non. C’est
l’intérêt d’être là depuis long-
temps, on finit par faire partie
des meubles. Cependant il est
certain que ça n’a pas toujours
été simple, et que
Je resterai
les réflexions miso-

gynes, les tenta- définitivement une cas, nous avons de
tives paternalistes rôliste jusqu’à la fin nombreux rôlistes.
pour me retenir de
de ma vie
créer Spiders, par
exemple, ont été nombreuses.
Mais j’ai quelques souvenirs
d’une époque où, dans le jeu de
rôle, ce n’était pas beaucoup
mieux… J’étais très souvent la
seule fille à la table, et je ne parle
même pas des conventions !
CB : Perçois-tu et mesures-tu la
grande influence médiatique,
entre autres, dont tu disposes
pour encourager d’autres femmes
à y venir jouer et travailler ?
JR : La meilleure manière de l’uti-
liser, de mon point de vue, c’est
justement ma visibilité et le tra-
vail que j’effectue. J’essaie aussi
de parler et de mettre en lumière
autant que je le peux d’autres
créatrices incroyables. Le simple
fait d’exister aux yeux du monde
Christophe CAMBIE - christophecambie@yahoo.fr - 202301/830691/1792781
peut donner le courage, du moins
je l’espère, à des jeunes femmes
de se lancer à leur tour dans l’uni-
vers. J’essaie évidemment égale-
ment de communiquer sur le fait
que, même s’il s’agit d’un milieu
masculin, parfois misogyne, sou-
vent « fermé », c’est avant tout
un medium merveilleux, où la
diversité des imaginaires ne peut
être que positive, et où elles ont
donc toute leur place.
CB : Comme chef d’entreprise dans
ces « hauts » milieux de déci-
sions professionnels, as-tu croisé
d’autres rôlistes ? Si oui, peux-tu
nous les nommer ?
JR : J’ai déjà cité Benoit Clerc donc,
head of publishing chez Nacon.
Je sais qu’il y a d’autres ama-
teurs de JdR dans le jeu vidéo,
dont certains sont certainement
à des postes à responsabilité,
mais j’avoue que j’aurais du mal à
les citer tous. Chez
Spiders, en tout
Il faut dire que pour
 travailler chez nous,
mieux vaut s’intéresser soit aux
univers de l’imaginaire, soit au
jeu de rôle !
CB : À quand le contrôle du monde
par les rôlistes ?
JR : Je croyais que c’était déjà fait ?
Plus sérieusement il est dom-
mage que les politiques ne soient
pas plus des rôlistes. Ça les aide-
rait un peu à se mettre à la place
des autres, quelle que soit leur
origine, leur passé, leur parcours,
et nous aurions peut-être des
gens un peu plus empathiques à
la tête des pays !
CB : Merci Jehanne pour ton écoute,
ta disponibilité et ton temps.
Propos recueillis par Nurthor,
le 07 octobre 2022
MAGAZINE | 251
252 | MAGAZINE
HUMEUR
Mais qui est
cet odieux connard ?
Vous ne le connaissez pas ?
Odieux connard tient un
blog de critiques de films
désormais célèbre. Il en a
même tiré deux bouquins,
Qu’il est bon d’être mauvais,
et La Vie c’est bien, le cynisme
c’est mieux. Il a également
publié des parodies de films,
Game of Trolls et Naze Wars
– La Force du Réveil. Sans
oublier une série BD sur les
héros et histoires oubliés des
grandes guerres, signée avec
Monsieur Le Chien : Le Petit
théâtre des opérations.
En fait, monsieur OC est
aussi rôliste. Et il a décidé
de partager son vitriol avec
nous.
LE BILLET D’UN ODIEUX CONNARD
LAPIDONS-LES
AU DÉ 20 !
Le guide des gens et des choses qui vous donnent des envies de
strangulation autour d’une table de JDR. Épisode 23.
Le gars qui hait le MJ
Le maître de jeu a-t-il tous les
pouvoirs ?
Oui. Et c’est pour cela qu’il faut le
corrompre avec des chips et du coca,
comme chacun sait. Pourtant, le gars
qui hait le MJ a décidé de ne pas en pas-
ser par là. Car en effet, sous ses dehors
sympathiques de prime abord, le gars
qui hait le MJ est non seulement per-
suadé de mieux connaître le jeu que le
patron de la table, mais plus culotté
encore, il va lui expliquer régulièrement
comment la partie devrait se dérouler.
Généralement, et pour s’assurer des
engueulades régulières avec le meneur
qui mettent le jeu en pause et obligent
le reste de la table à patienter, le joueur
qui hait le MJ a un concept de person-
nage aux limites du jouable, et a une
idée bien précise de comment tout
devrait se dérouler, et de préférence,
en tournant autour de lui. Et comme ce
salaud de MJ ne s’incline pas devant lui,
il le hait. Fort. Plus encore à chaque fois
que tout le monde essaie de recadrer ce
sympathique joueur avec diplomatie,
diplomatie dont il ne fait lui-même
pourtant jamais preuve.
Spécialiste des drames pour un oui ou
pour un non, le gars qui hait le MJ n’a de
cesse de demander au meneur de jus-
tifier pourquoi son personnage n’a pas
réussi ceci ou cela. Et si ce sont les dés
qui ont fait échouer le super plan de
notre héros, ledit joueur trouve quand
même moyen de dire au MJ qu’il ne lui
file pas assez de dés en plus ou l’oblige
à faire trop de jets.
De manière générale, la logique du
gars qui hait le MJ est simple : il a conçu
un personnage bien spécifique dans le
but de vivre des aventures bien spéci-
fiques, et tant que le MJ ne sera pas un
robot lui répondant exactement ce qu’il
attend, il se roulera par terre en jurant
que c’est un complot.
Alors que la règle est pourtant
simple : le MJ, c’est dieu à table. On ne
sait pas trop ce qu’il fait, ni pourquoi il
le fait, mais nos personnages doivent
se démerder avec.
Règle à laquelle il faut rajouter une
note : lorsque le gars qui hait le MJ de-
vient MJ, il se révèle être un dictateur
qui ne supporte pas que ses joueurs
contestent ses décisions.
Ni bon joueur, ni bon MJ, nous serons
tous d’accord : le gars qui hait le MJ
mérite juste une bonne lapidation au
dé vingt.
Odieux Connard
Barbare déchaîné Coucho
MAGAZINE | 253
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254 | MAGAZINE
COMING NEXT !

PROCHAINEMENT

DANS CASUS BELLI N°43

Eh voilà, nous en terminons avec 2022, mais
comptez sur nous pour revenir en 2023. Toute
l’équipe est déjà sur le pont pour préparer le
prochain numéro, avec toute la passion qui la
caractérise.
Vous y trouverez, comme il se doit, vos ru-
briques préférées, à commencer par les cri-
tiques, qui promettent une fois de plus d’être
nombreuses, avec des morceaux de choix : la
nouvelle édition de L’Anneau unique et sa boîte
d’initiation, Bitume, MIP, ainsi que de nombreux
suppléments pour Runequest, Kult, Vampire : la
Mascarade, Monster of the Week ou encore Star
Trek. L’étagère du rôliste s’annonce également
bien remplie, avec des livres et des jeux à gogo.
Bien entendu, Casus Belli ne vous propose pas
que de lire des jeux ou des sources d’inspira-
tion, nous sommes aussi là pour vous apporter
des aventures à jouer, entre autres la suite de
Guerres & Successions, notre grande aventure
pour Pathfinder 2 dont vous avez découvert le
premier volet dans le présent numéro ; ainsi
qu’un scénario pour L’Œil noir se déroulant dans
les Royaumes ennemis, dont BBE a annoncé la
sortie prochaine.
Du côté des aides de jeu, nous continuerons
de jouer avec l’histoire. Après le temps des croi-
sades, notre amie Psychoscribe se penchera sur
le cas des Templiers.
L’inquisiteur Nurthor le Noir continue sa tour-
née d’interrogatoi… d’interviews, pardon ! Sa
nouvelle victime n’est nulle autre que Bruno
Bellamy, illustrateur bien connu des lecteurs de
la première version de Casus Belli.
Ce n’est là qu’une fraction de ce que vous pour-
rez lire dans le numéro 43 de Casus Belli.
En attendant, portez-vous bien, passez de
belles fêtes de fin d’année et à très vite
pour de nouvelles aventures !
Marc Sautriot
et la rédaction de Casus Belli

©Paizo
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