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L’e-inclusion, un levier ?

Brigitte Bouquet, Marcel Jaeger


Dans Vie sociale 2015/3 (n° 11), pages 185 à 192
Éditions Érès
ISSN 0042-5605
ISBN 9782749248820
DOI 10.3917/vsoc.153.0185
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L’e-inclusion, un levier ?

Brigitte Bouquet, Marcel Jaeger

L Es tEChnoLoGiEs de l’information et de la communication (tiC)


s’imposent dans tous les champs de la vie sociale, économique,
politique et culturelle. mais si le numérique dope le quotidien, il ne
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profite pas à tous. une importante partie de la population rencontre des
difficultés d’accès et d’usage, alors même qu’elle pourrait faire de cette
technologie un levier de l’inclusion. 185

II DE LA FRACTURE NUMÉRIQUE…
alors que les tiC se diffusent largement depuis 2001, de nombreux
citoyens restent encore à la marge. « Je crois qu’on peut qualifier cette
situation d’apartheid numérique tellement cette exclusion peut avoir
des conséquences graves sur les perspectives de développement et
d’épanouissement des populations en cause 1. »

près de 60 % de la population mondiale n’ont toujours pas accès à


internet, environ un quart des habitants des pays développés et trois
quarts des pays en voie de développement. dans l’union européenne
(uE), en 2013, 20 % des 16-74 ans indiquent n’avoir jamais utilisé
internet. En france, un cinquième de la population n’a pas accès à
internet selon les données 2013 du Centre de recherche pour l’étude et

Brigitte Bouquet est professeure émérite de la Chaire de travail social et d’intervention


sociale, Cnam.
marcel Jaeger est titulaire de la Chaire de travail social et d’intervention sociale, Cnam.
1. rodrigo Baggio, rapelang rabana, « L’apartheid numérique », Le devoir, 12 novembre
2014.

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l’observation des conditions de vie (CrédoC) 2. L’observatoire des


inégalités 3 précise que le taux atteint 40 % chez les plus démunis
(moins de 900 euros mensuels) ou les personnes âgées.
Cela se dénomme la « fracture numérique ». selon la définition
donnée par la Commission nationale française de l’unesco 4, la fracture
numérique « désigne le fossé entre ceux qui utilisent les potentialités
des technologies de l’information et de la communication pour leur
accomplissement personnel ou professionnel et ceux qui ne sont pas
en état de les exploiter faute de pouvoir accéder aux équipements ou
de compétences ».
plus que générationnelle, la fracture numérique serait avant tout
sociale et économique. Les inégalités d’accès, dites de premier degré,
représentent la dimension matérielle de la fracture numérique ; les inéga-
lités dites de second degré recouvrent une dimension intellectuelle,
cognitive et sociale de la fracture numérique.
aussi, selon la fondation travail-université 5, les enjeux du numérique
« concernent plus largement la capacité à maîtriser les tiC en vue d’amé-
liorer sa qualité de vie et sa participation aux différentes sphères de la
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société. autrement dit, l’inclusion numérique n’est rien d’autre que l’in-
clusion sociale au sens où celle-ci implique la capacité effective d’exercer
son rôle de citoyen actif et autonome dans une société où le numérique
joue un rôle essentiel ».
186

II … À L’INCLUSION NUMÉRIQUE
ainsi, comme le dit pascal plantard 6, l’inclusion numérique,
nommée également « l’e-inclusion », part de l’idée qu’il faut
comprendre et mettre en articulation les nouvelles exclusions numé-
riques et les usages des tiC pour favoriser l’inclusion.

L’Europe a porté une attention croissante aux politiques pour l’in-


clusion numérique, soutenant le développement économique, la
citoyenneté active, l’inclusion sociale et l’employabilité. ainsi la
Conférence de riga en juin 2006, sur « Les tiC (technologies de

2. CrédoC, La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la


société française, 11e enquête annuelle, 10 décembre 2013.
3. observatoire des inégalités, « inégaux face aux nouvelles technologies », 20 décembre
2013.
4. Commission nationale française de l’unesco, « fracture numérique », dans La société
de l’information : glossaire critique, paris, La documentation française, 2005.
5. fondation travail-université, asbl (ftu), Propositions pour un plan national e-inclusion
horizon 2020, commande du spp intégration sociale, décembre 2013.
6. pascal plantard, Pour en finir avec la fracture numérique, Limoges, fyp, 2011.

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l’information et de la communication) pour une société de l’informa-


tion inclusive » a fait une déclaration fondatrice relative à l’e-inclusion.
En décembre 2007, la Conférence de Lisbonne « ministerial debate
on e-inclusion » a adopté une stratégie commune en matière d’insertion
numérique, prévoyant notamment une campagne intitulée « e-inclu-
sion: Be part of it! », ou « inclusion numérique : j’en fais partie ! » Le
but est de faire connaître le thème de l’insertion numérique et de sensi-
biliser de manière durable les Européens à la question de l’intégration
de tous dans la société de l’information.

plus précisément, pour le groupe d’experts eEurope 7, « l’e-inclu-


sion n’est rien d’autre que l’inclusion sociale ». il définit « l’e-inclusion
comme l’inclusion sociale dans une société et une économie où le
numérique joue un rôle essentiel ». Et le Cnnum (Conseil national du
numérique, évoqué plus loin) soulève deux objectifs : « La réduction
des inégalités et exclusions sociales en mobilisant le numérique ; le
numérique comme levier de transformation individuelle et collective.

ainsi, l’inclusion numérique, ou e-inclusion, serait un processus qui


vise à rendre le numérique accessible à chaque individu, et à lui trans-
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mettre les compétences numériques qui seront un levier de son inclusion,
sociale et économique. Et la « digital literacy », qui occupe une place de
premier ordre dans le lexique de l’inclusion numérique, est pour l’oCdE
« l’aptitude à comprendre et à utiliser le numérique dans la vie courante,
187
à la maison, au travail et dans la collectivité, en vue d’atteindre des buts
personnels et d’étendre ses compétences et capacités ».

mais l’objectif d’inclusion numérique soulève de nombreux défis.


pour le groupe d’experts eEurope, les politiques actuelles de lutte
contre la fracture numérique sont inefficaces, parce que mal ciblées :
« En se concentrant uniquement sur des objectifs quantitatifs de péné-
tration des tiC, nous avons raté une occasion d’utiliser ces technologies
au bénéfice de l’inclusion sociale. » Et comme le rappelle pascal plan-
tard 8 : « il faut que les décideurs intègrent la dimension symbolique
des usages des tiC comme composante contemporaine du lien social
et de l’aménagement du territoire. Les projets tiC doivent avoir du sens
pour les usagers, citoyens et habitants. »

C’est pourquoi les deux réseaux e-inclusion en Europe, telecentre


Europe 9 et unite it, veulent fédérer les acteurs de l’inclusion numérique

7. Groupe d’experts eEurope, eInclusion: New challenges and policy recommendations,


septembre 2005.
8. pascal plantard, op. cit.
9. telecentre Europe est une onG fondée en 2010, basée à Bruxelles ; unite it est un réseau
social de l’e-inclusion financé par le programme d’« éducation tout au long de la vie » de
la Commission européenne, et dirigé par telecentre Europe.

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et de la médiation dans l’union européenne, diffuser leurs bonnes


pratiques et bâtir des outils communs à tous. de même, comme on va
le voir ci-dessous, le Conseil national du numérique (Cnnum) et
Emmaüs Connect veulent faire du numérique un pouvoir d’agir et un
levier d’insertion favorisant l’inclusion.

II LE CNNUM, POUR DES CITOYENS D’UNE SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE


pour le Cnnum, l’enjeu du numérique dépasse les problèmes de
réseau et d’accès à internet. il va de pair avec la réduction des inégali-
tés. son rapport intitulé « Citoyens d’une société numérique. accès,
littératie, médiations, pouvoir d’agir : pour une nouvelle politique d’in-
clusion 10 » insiste sur la nécessité de développer une nouvelle politique
pour réduire les disparités sur le territoire français en matière de numé-
rique, car « L’e-inclusion relève […] à la fois d’un principe de justice
sociale et d’un souci d’efficacité économique ».

Le rapport fait sept recommandations :


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i. Faire de l’accès à Internet et ses ressources essentielles un droit effectif
poursuivre une politique ciblée de soutien à l’accès à l’internet et d’ac-
compagnement des usages ; créer un « trousseau numérique » mis à dispo-
sition de tous les français ; développer des « tarifs sociaux » ; harmoniser
les sites d’accès aux services publics ; faire de l’accessibilité des sites une
188

obligation.
ii. Faire de la littératie pour tous le socle d’une société inclusive
former massivement à la littératie numérique de l’enfance à l’âge avancé ;
former au numérique les publics exclus (précaires, migrants, sans-papiers,
détenus, etc.) ; former les enseignants, les formateurs professionnels, les
travailleurs sociaux ; constituer des référentiels communs de littératie
numérique.
iii. S’appuyer sur le numérique pour renforcer le « pouvoir d’agir » de
tous les citoyens
pour cela, lancer un grand programme de « codesign » des politiques
publiques ; reconnaître et soutenir l’innovation sociale ; inventer « l’état-
plateforme » pour outiller numériquement le pouvoir d’agir.
iv. Réinventer les médiations à l’ère numérique
définir une stratégie moderne de présence des services publics ; prendre
appui sur la richesse des initiatives de terrain.

10. valérie peugeot (coordonné par), « Citoyens d’une société numérique. accès, littératie,
médiations, pouvoir d’agir : pour une nouvelle politique d’inclusion », rapport à la ministre
déléguée chargée des petites et moyennes Entreprises, de l’innovation et de l’économie
numérique, octobre 2013.

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v. L’emploi numérique : ouvrir la porte aux 900 000 jeunes à la dérive


Changer le regard sur les emplois numériques et les profils « jeunes » ;
changer les recrutements ; préparer l’emploi par des immersions et des
incubations de projets.
vi. aider les décideurs à embrasser les enjeux sociaux et politiques du
numérique
donner aux cadres administratifs et aux élus une formation spécifique aux
enjeux politiques, économiques, sociaux liés au numérique ; mettre en
place des référentiels en contenu ouvert comme support de ces formations ;
renforcer, dans la formation des futurs cadres d’entreprise, les réflexions
sur la relation science, technologie et société.
vii. Disposer d’indicateurs adaptés à l’état actuel des sociétés numé-
riques et aux nouveaux objectifs d’e-inclusion
définir les indicateurs ; définir des programmes de recherche en sciences
humaines et sociales ; favoriser le développement de « labels ».

Bref, le numérique peut constituer un formidable levier ou accélé-


rateur de changement, dit le rapport. « mobilisé dans la redécouverte
de l’estime de soi, il participe de parcours de reconstruction person-
nelle. utilisé dans des projets d’innovation sociale, il apporte des
réponses créatives à des besoins sociaux collectifs et nourrit une recon-
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figuration démocratique. »

II EMMAÜS CONNECT, LEVIER D’INSERTION ET D’INCLUSION


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pour Emmaüs, le numérique permet d’accélérer la (ré)intégration


socioprofessionnelle. faire du numérique un levier d’insertion est donc
bien plus qu’un objectif, c’est un véritable parcours à construire ensemble.

aussi « Emmaüs défi » a-t-il lancé en 2010 « Connexions soli-


daires », un programme qui propose différents types de service à l’ac-
cès durable aux télécommunications pour les populations les plus
fragiles. Ce programme repose sur trois piliers complémentaires dans
un accompagnement global : un accès facilité à des offres et des équi-
pements à tarif solidaire (cartes prépayées mobiles et internet, ordina-
teurs, téléphones) ; un service de conseil personnalisé ; des ateliers
collectifs pour développer les usages. Concrètement, le bénéficiaire du
programme est accueilli dans un espace Connexions solidaires. après
un diagnostic réalisé par un conseiller, il peut bénéficier des offres soli-
daires (équipements et recharges) et d’un service de conseil tout au
long d’un parcours qui s’achève avec un bilan de sortie lui permettant
de choisir une offre de droit commun. il a également accès à des ateliers
pédagogiques qui renforcent son autonomie par rapport à ces outils.

de plus, Emmaüs Connect a mené une étude sur les pratiques numé-
riques des jeunes en insertion au sein des missions locales de Lille et

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Grenoble 11. quelles sont leurs difficultés d’accès et leurs besoins en


termes d’acquisition des compétences numériques ? quel est réelle-
ment l’impact des technologies numériques sur leurs parcours d’inser-
tion ? L’étude révèle que l’accès au numérique est un outil permettant
aux personnes d’être en capacité de s’intégrer en améliorant leur estime
de soi par le développement de liens sociaux et un apaisement psycho-
logique.

Les principaux résultats de cette étude

• La réussite de l’inclusion numérique repose sur trois piliers : l’accès,


en proposant des offres et équipements accessibles et solidaires ; la
motivation, en partant des besoins exprimés par le bénéficiaire pour
montrer l’utilité d’internet et offrir des parcours personnalisés ; les
compétences, en associant la médiation numérique à l’accompagne-
ment non professionnel.

• Les principales difficultés rencontrées par les bénéficiaires à leur


entrée dans le programme sont : un tiers des personnes interrogées
n’ont aucun moyen d’accès à internet. de plus, les dépenses liées à la
téléphonie représentent en moyenne 8 % du budget mensuel contre
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1 % pour la moyenne des français. Enfin, deux tiers des personnes
interrogées ne disposent pas du bagage numérique de base (création
d’adresse mail, connexion à internet, recherche d’information ou
installation d’un antivirus, etc.).
190

• Le numérique est aujourd’hui un outil incontournable… 80 % des


offres d’emploi sont publiées sur internet et 85 % des services publics
sont accessibles en ligne. il s’agit d’un outil permettant tant de s’in-
former, de créer du lien social (réseaux sociaux), de faire des écono-
mies que de consommer des produits de culture dématérialisés…

• … mais il peut créer de l’exclusion : 61 % des français de plus de


70 ans et 48 % des non- diplômés ne possèdent pas de connexion inter-
net à domicile. Contrairement aux idées reçues, l’exclusion numérique
n’est pas une question générationnelle : des jeunes sont en situation de
précarité numérique, et bien qu’ils sachent souvent utiliser facebook,
ils ne sont par exemple pas capables d’envoyer un mail avec une pièce
jointe dans le cadre d’une recherche d’emploi. « La capacité de se saisir
du numérique dépend plus de l’environnement social que de l’âge12. »

11. étude réalisée par Christelle van ham, consultante en impact et innovation sociale, et
felipe machado pinheiro, doctorant en sciences sociales, de mars à juin 2014, sur un
échantillon représentatif de 1 862 bénéficiaires (étude quantitative), ainsi que sur la base
de 131 entretiens qualitatifs et de 70 entretiens menés auprès de bénéficiaires ayant quitté
le programme Connexions solidaires.
12. déclaration d’axelle Lemaire, secrétaire d’état chargée du numérique, auprès du
ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique lors de la clôture du forum « réus-
sir l’inclusion numérique », premier forum de Connexions solidaires, le 27 novembre 2014.

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si les freins à l’inclusion numérique sont nombreux (illettrisme,


coût élevé des télécommunications, absence de compte courant,
absence de logement, méconnaissance d’internet, défiance envers les
technologies numériques, manque de compétences numériques de
base), ils ne sont pas insurmontables. L’inclusion numérique s’effectue
quand l’équipement, l’offre et les usages sont traités simultanément.

II L’ACTION SOCIALE ET L’INCLUSION NUMÉRIQUE


Lutter contre la fracture numérique, développer l’inclusion numé-
rique appellent de nouvelles pratiques professionnelles. Comme le
rappelle le Conseil régional de Bretagne : « Le développement des tiC
n’a de sens que s’il est mis à profit pour éviter l’exclusion des publics
les plus fragiles qui sont aussi les plus éloignés de l’usage de ces outils.
[…]. La capacité à utiliser des outils numériques est aujourd’hui indis-
pensable pour prévenir tout risque de fracture sociale 13. »

L’accompagnement est donc indispensable pour apprendre à utiliser


internet, améliorer non seulement son accès mais également les condi-
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tions d’accès, et en connaître les usages. il est caractérisé par certains
comme médiation : « La médiation numérique consiste à accompagner
des publics variés vers l’autonomie, dans les usages quotidiens des
technologies, services et médias numériques 14. » de même, les anima-
191
teurs multimédia ne se veulent pas seulement formateurs tiC, mais aussi
facilitateurs socioculturels et promoteurs de l’inclusion sociale et
numérique des utilisateurs issus de groupes désavantagés. pour pascal
plantard 15 « l’empowerment est au cœur de l’e-inclusion », de même
que Benoît thieulin 16, président du Conseil national du numérique,
estime que « nous vivons une révolution de l’empowerment. Le numé-
rique redistribue des pouvoirs aux gens ». d’autres parlent d’un travail
de « capital social » dans les réseaux socio-numériques 17…

L’e-inclusion est regardée également en fonction de certaines popu-


lations. par exemple, « Grâce aux nouveaux outils “connectés”, les popu-
lations migrantes élaborent des stratégies inédites qui leur permettent
autant de garder un lien avec leur pays d’origine que de s’intégrer dans

13. Conseil régional de Bretagne, Bretagne numérique, mai 2011.


14. philippe Cazeneuve, membre fondateur de l’association Créatif, 1res assises de la
médiation numérique, ajaccio, 19-21 décembre 2011 (les 2es assises nationales, qui ont
eu lieu les 16 et 17 octobre 2014, ont porté sur le numérique dans le quotidien).
15. pascal plantard, op. cit.
16. « La parole à… Benoît thieulin, président du Conseil national du numérique », Les
Cahiers connexions solidaires, 20 février 2015.
17. Ellison nicole, thierry annike, « réseaux sociaux, numérique et capital
social », Hermès, La Revue, n° 59, 1/2011.

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le pays d’accueil. véritable solution aux situations des plus précaires,


le téléphone portable est à la fois un outil de travail, un outil de création
d’activité et un outil de lutte 18 ». ou encore, le rapport de l’uit,
Comment accélérer l’inclusion numérique des personnes handica-
pées ? 19, indique qu’en dépit de la croissance sans précédent du secteur
mobile et de l’internet dans le monde, très peu de pays ont pris des
mesures pour faire en sorte que les personnes handicapées tirent elles
aussi parti de la révolution technologique. après concertation avec
elles, il porte sur différents aspects de l’accessibilité des tiC, à savoir :
les modifications à apporter aux cadres juridiques existants dans le
domaine des tiC, l’accès public aux tiC, les communications mobiles,
la programmation télévisuelle et vidéo, les sites web publics et la four-
niture au public de tiC accessibles.

II EN BRÈVE CONCLUSION
La fracture numérique n’est pas inéluctable. L’utilisation des tiC
peut et doit se faire d’une façon positive et constructive, en incorporant
les trois dimensions : réduire la fracture numérique, exploiter les oppor-
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tunités numériques, favoriser l’implication et l’expression de tous dans
la société de l’information.

Comme le mentionne la Charte pour l’inclusion numérique et


192
sociale, « les techniques numériques doivent être porteuses de valeurs
et améliorer la participation démocratique ainsi que les conditions de
vie des individus 20 ».

18. Julia Gualtieri, « quels sont les usages des tiC par les migrants ? », Le migrant
connecté, digital society forum, 2014.
19. union internationale des télécommunications (uit), « Comment accélérer l’inclusion
numérique des personnes handicapées ? », rapport, sao paulo, novembre 2014.
20. Charte pour l’inclusion numérique et sociale, GrEta du velay. hhtp://www.velay.greta.fr

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