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Résumé
REB 48 1990 France p. 5-87
A. Failler, Chronologie et composition dans l'Histoire de Georges Pachymérès (livres VII-VIIΙ). — La seconde partie de l'Histoire,
qui couvre les années 1282-1307, présente moins de problèmes de chronologie que la première, et le récit se déroule de
manière plus linéaire. Certaines questions exigent cependant d'être traitées plus longuement que ne le permettra la nouvelle
édition. Voici les points qui sont successivement examines : 1. Les étapes de la vie troublée de Michel Komnènos, le fils de .lean
le Bâtard le sébastokratôr de Thessalie ; 2 et 3. Le séjour d Andronic II en Bithynie et à Nymphée dans les années 90, avec la
visite rendue à cette occasion à Jean Laskaris et à Jean Bekkos sur le chemin de Taller; 1. La révolte d'Alexis Philanthrôpènos et
son aveuglement ; 5. Le séjour d' Andronic II à Thessalonique à l'occasion (tes fiançailles de Simonis avec le kral de Serbie ; 6.
La visite du patriarche Jean à l'empereur un peu avant sa démission; 7. La première expédition militaire de Michel IX et ses
revers en Asie ; 8, 9 et 10. Les campagnes de la Compagnie catalane en Asie et en Europe de 1304 à 1307.
Failler Albert. Chronologie et composition dans l'Histoire de Georges Pachymérès (livres VII-XIII). In: Revue des études
byzantines, tome 48, 1990. pp. 5-87.
doi : 10.3406/rebyz.1990.1821
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1990_num_48_1_1821
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION
DANS L'HISTOIRE
DE GEORGES PACHYMÉRÈS
(LIVRES VII-XIII)
Albert FAILLER
règne d'Andronic II (livres I-VI T) ; voir, à ce sujet, mes articles concernant la tradition
manuscrite de la première et de la seconde partie de l'Histoire La tradition
:
manuscrite de l'Histoire de Georges Pachymérès, REB 37, 1979, p. 204 REB 47, 1989.
;
p. 164-167.
5. Jean Doukas avait présenté une menace permanente pour les armées occidentales
de Michel VIII, qui marchaient précisément contre lui, lorsque la mort le frappa ; voir
les deux notices du Pl^P (n11 208 : Jean Doukas ; n" 221 : Michel Komnènos), qui groupe
les deux personnages sous le patronyme Angélos. On trouve le récit détaillé des
principaux épisodes de cet affrontement dans les Relations historiques de Georges
Pachymérès : IV, 26, 30-31 ; V, 27; VI, 35. Pour les livres I-VI, on renverra à la
nouvelle édition, publiée à Paris en 1984. Pour la seconde partie de l'Histoire, c'est-à-
dire les livres VII-XIII, les références seront données à l'édition de Bonn (Bonn, II,
1835).
6. Voir VI, 22 et 27.
7. Bonn, II, p. 671217.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 9
14. Ό βασιλεύς δ' έν Θεσσαλονίκη καθήμενος, τότε πρώτως ίδών έκείνην... (Bonn, II,
ρ. 284«-7).
15. 'Ογδόου γαρ έκ τούτου χρόνου διανυσθέντος (Bonn, II, ρ. 7519-761).
16. Ci-dessous, p. 82.
17. περί που σκφοφοριώνος τα μέσα, δς έστιν ό δεκέβριος (Bonn, II, p. 7611"12). Par souci
de recherche littéraire, l'historien utilise constamment les noms de mois du calendrier
athénien, et c'est par exception qu'il en indique, comme ici, l'équivalent du calendrier
julien. Comme les noms de mois sont fréquemment cités dans cet article, il est utile de
donner ici une nouvelle fois la correspondance entre les deux calendriers : έκατομβαιών
(janvier), ληναιών (février), κρόνιος (mars), βοηδρομιών (avril), πυαντιών (mai), μαιμακτηριών
(juin), ανθεστηρίων (juillet), ποσειδεών (août), γαμήλιων (septembre), έλαφηβολιών (octobre),
μουνυχιών (novembre), σκι,ροφοριών (décembre) ; voir aussi la nouvelle édition, p. 114 n. 1 .
18. Voir, par exemple, D. I. Polemis, The Doukai. A Contribution to Byzantine
Prosopography, Londres 1968, p. 97 n. 7; D.M. Nicol, The Despotate of Ε ρ ir os. 1267-
1479*, Cambridge 1984, p. 31 ; PLP, n» 221.
19. Voir ci-dessous, p. 79-82.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 11
par les Mamluks (eh. 32), enfin les entretiens de l'empereur avec Jean
Laskaris et Jean Bekkos, dont il va être question.
A l'issue du débat qui se tint à l'Alexiakos en août 1285, Jean
Bekkos fut définitivement relégué dans la forteresse de Saint-
Grégoire, située sur le golfe de Nicomédie20. L'historien décrit en
quelques mots la dureté de sa captivité et, anticipant sur le récit, il
mentionne l'adoucissement qui fut apporté au régime de détention
bien plus tard21, lorsque les prisonniers reçurent la visite de l'envoyé
de l'empereur, avant de s'entretenir avec le souverain en personne.
Mais avant de développer les faits et de les dater, il convient d'établir
le texte lui-même, qui a été mal compris par le premier éditeur.
Personne n'a d'ailleurs réexaminé le texte par la suite, si bien que
l'erreur a continué de se propager.
1. Le texte. — D'après le texte de la première édition, les
adoucissements apportés aux conditions de vie des détenus furent le
fait du patriarche Athanase, non de l'empereur lui-même. Voici la
brève incise en cause22 : ... άφεΐντο δσα τα ες χρείαν των αναγκαίων
άπρονόητοι, ουδέν πλέον άπονάμενοι βασιλέως, ότι μή μετά καιρόν έπ'
ανατολής όρμώντος, πατριαρχοΰντος 'Αθανασίου, τόν τε κατά τήν Έλενόπολιν
περαιωθέντος πορθμόν και τόν μέγαν λογοθέτην επ' αυτούς πέμψαντος... Ρ.
Poussines en a donné la traduction suivante : « Relicti sunt sine ulla
interim provisione pensionis ad victum, inopia diu frustra praestolata
necessarium ab imperatore subsidium, quoad aliquanto posterius
proficiscens in Orientem patriarcha Athanasius, et ad Helenopolim
fretum traiieiens, misit ad eos magnum logothetam»23. Voici
comment il faut en fait entendre le texte : «Les détenus furent laissés,
pour tous leurs besoins, démunis du nécessaire et sans bénéficier
d'aucun autre secours de l'empereur, si ce n'est que bien plus tard, au
moment de 'gagner l'Orient, sous le patriarcat d'Athanase, et après
avoir traversé le golfe qui touche à Hélénopolis, l'empereur envoya
vers eux le grand logothète». L'origine de l'erreur est claire : l'éditeur
a lié à tort όρμώντος πατριαρχοΰντος 'Αθανασίου, alors que le premier
participe doit être rapporté au substantif βασιλέως qui précède.
Comme en de nombreux autres cas, le premier éditeur a sans doute
copié son texte sur le manuscrit B, qui, contrairement aux deux
manuscrits A et C, ne met aucun signe de ponctuation entre les deux
participes et qui, une fois de plus, se montre ainsi inférieur à A et G.
28. Bonn, II, p. 15345. Le récit de Georges Pachymérès peut être complété par celui
de Georges Métochitès, qui sera précisément analysé plus bas.
29. Bonn, II, p. 10310.
30. Bonn, II, p. 1031β-1042.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 15
32. Bonn, II, p. 1778e. Les deux dates ont été correctement établies par
P. Poussines (ibidem, p. 839 et 842).
33. εικοστή ογδόη μηνός μαιμακτηριώνος τήν μεγαλόπολιν εΐσεισιν (Bonn, II, p. 1653"4).
34. Voir, par exemple, Pia Schmid, Zur Chronologie von Pachymérés, Andronikos
L. II-VII, BZbl, 1958, p. 82.
35. Bonn, II, p. 841.
36. É. de Muralt, Essai de Chronographie byzantine. 1057-1453, Bàle/Genève 1871,
p. 460.
37. J. Verpeaux, Notes chronologiques sur les livres II et III du De Andronico
Palaeulogo de Georges Pachymère, BEB 17, 1959, p. 169-170.
38. A. Failler, Pachymeriana altéra, BEB 46, 1988, p. 68, avec la note 2.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 17
67. Métochitès, III, 15 (Cozza-Luzi, p. 327) : κατασκηνοϊ μέν ό κρατάρχης εν τινι κώμη
περί τους πρόποδας τοϋ ορούς έφ' ου περιίστατο τό πολίχνιον.
68. Métochitès, III, 17 : Cozza-Luzi, p. 328-329.
69. V. Laurent, La date de la mort de Jean Beccos, EO 25, 1926, p. 318-319.
70. J. Verpeaux, Notes chronologiques sur les livres II et III du De Andronico
Palaeologo de Georges Pachymère, REB 17, 1959, p. 169.
71. Brousse fut le premier lieu de détention de Jean Bekkos, avant le synode de
1285, qui fut suivi de sa relégation définitive à Saint-Grégoire. Là est probablement la
source de la confusion commise par V. Laurent et, à sa suite, par J. Verpeaux.
24 A. FAILLER
86. F. Döi.ger, Regesten, n° 2143 (avant juin 1291). Les ambassadeurs italiens
étaient toujours présents à Constantinople au moment du couronnement de Michel IX,
dans l'année qui suivit le retour à Constantinople (21 mai 1294) ; voir Bonn, II, p. 19513~
16
87. Bonn, II, p. 1 78e 7 9.
88. Bonn, II, p. 17820.
89. Bonn, II, p. ISO4"8.
90. Il faut avouer cependant que la force de l'argument est toute relative ; on ignore
en effet l'étendue des dégâts et l'importance de la reconstruction, car il est difficile de
déterminer la portée réelle des termes littéraires que l'auteur utilise pour décrire le
sinistre. Ajoutons que, dans la chronologie de P. Poussines, six mois seulement
séparent l'incendie du retour de l'empereur à Constantinople (novembre 1291-juin
1292). sans que le premier éditeur de l'Histoire se soit étonné d'une reconstruction aussi
rapide (Bonn, II, p. 784).
91. Bonn, II, p. 328520.
28 A. FAILLER
1296 aurait dû être à son tour décalé plus bas, à une place qu'il s'agit
à présent de fixer et qui est précisément en rapport avec la seconde
anomalie mentionnée plus haut.
La seconde anomalie que présente le Tableau chronologique de P.
Poussines concerne l'épisode d'Alexis Philanthrôpènos (IX, 9-14).
Alors que les événements précédents et suivants seraient rapportés
dans un ordre chronologique strict, ce passage constituerait, selon le
premier éditeur de l'Histoire, une longue anticipation. Le Tableau qui
a été reproduit plus haut montre en effet comment a été interprété le
récit : le chapitre 9 (Succès militaires d'Alexis Philanthrôpènos) se
situerait sur la ligne chronologique du contexte, tandis que les
chapitres 10-14 (Capture et aveuglement d'Alexis Philanthrôpènos,
Communication de ces nouvelles à l'empereur) seraient une longue
anticipation ; celle-ci pourrait en effet être justifiée par le mode de
composition qu'on a vu l'auteur adopter à maintes reprises et qui
consiste à transcender l'ordre chronologique, quand la logique du récit
y invite.
La structure générale du récit dans l'Histoire ne permet donc pas
d'écarter a priori cette hypothèse. Celle-ci s'avère néanmoins très
aléatoire, car le chapitre 9 ne contient aucun fait important et précis
qui mérite de figurer à son ordre chronologique, le reste étant alors
déroulé pour les besoins d'une narration continue. Ce n'est pas
davantage le début des opérations d'Alexis Philanthrôpènos en Asie
Mineure que l'historien entend dater en insérant ici ce récit, car celles-
ci ont duré plusieurs années et, qu'elles se terminent à Noël 1295 ou à
Noël 1296, elles commencent de toute manière bien avant les
événements rapportés précédemment et dont l'un (IX, 5-6 : Mariage
de Michel IX avec Marie d'Arménie) est daté de manière précise :
janvier 1295 (1296 par erreur, comme on l'a vu, sur le Tableau de
P. Poussines). Le chapitre 9 est seulement une introduction à ce qui
suit. En conséquence, la ligne chronologique doit être cherchée dans
ce qui suit. Logiquement, ce sont donc les faits relatés dans les
chapitres 10-14 qui correspondent au contexte sur le plan de la
chronologie. L'ensemble des faits tient sur une année et se termine
par l'aveuglement d'Alexis Philanthrôpènos à Noël 1295 et l'arrivée
de la nouvelle à Constantinople le mois suivant. Ainsi, le contexte
invite à placer en 1295 l'écrasement de la rébellion qui fut organisée
par Alexis Philanthrôpènos et qui eut comme épilogue l'aveuglement
de ce dernier.
2. Le Tableau chronologique de P. Poussines rectifié. — En fait, le
Tableau chronologique de P. Poussines semble fondé en partie sur une
méprise de l'éditeur lui-même, qui, après avoir bien analysé les
données chronologiques de l'Histoire dans les Notes, a mal transcrit
les résultats sur son Tableau. En d'autres termes, tout le passage
32 A. FAILLER
104. M. Treu, Maximi monachi Planudis epistulae, Bratislava 1890, p. 14638; sur
l'ambassade, voir F. Dölger, Regesten, n° 2157a (vers l'été 1294).
105. μηνός σκιροφοριώνος, περί που τας χριστουγεννίους ημέρας (Bonn, II, p. 229910).
106. Bonn, II, p. 2291213.
107. έκατομβαιώνος δέ πρώτη (Bonn. Il, p. 22910).
108. Άλλ' έξ εκείνου ουπω παρήλθεν ή έκτη (Bonn, II, p. 23017). On peut hésiter sur le
sens de la phrase et se demander si l'historien veut indiquer le 6 ou le 7 janvier. On s'en
tiendra à l'interprétation qu'en a donnée le rédacteur de la version brève : 'Αλλ' ουπω
παρήλθεν ή τοϋ μηνός έκτη.
109. Grègoras : Bonn, I, p. 1933-20214.
110. Bonn, I, p. 20020 et p. 2011819. Dans une mention postérieure, Nicéphore
Grègoras (Bonn, I, p. 3601318) écrit que le supplice infligé à Alexis Philanthrôpènos
était vieux de trente-huit ans au moment de l'avènement du patriarche Isaïe
(11 novembre 1323). L'affirmation est manifestement fausse, car on serait alors reporté
à l'année 1285 (1323 — 38 = 1285). Si l'on admet une erreur de dix ans, il est possible
que l'historien connaisse en effet la date exacte de l'aveuglement d'Alexis
Philanthrôpènos (1323 — 28= 1295), mais ce n'est qu'une supposition; voir aussi la
note de J. Boivin : Bonn, II, p. 1230.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 35
111. Les dates que J.L. van Dieten (Nikephoros Grègoras. Bhomäische Geschichte.
Historia rhomaïke, I, Stuttgart 1973, p. 165-168) a insérées dans sa traduction risquent
d'induire le lecteur en erreur; elles sont en effet approximatives ou inexactes : 1295 (au
lieu de 1293 probablement) pour le début de la campagne d'Alexis Philanthrôpènos en
Orient, fin 1296 (au lieu de décembre 1295) pour son aveuglement, 1er janvier 1296 (au
lieu de 1er juin 1296) pour le tremblement de terre. On corrigera dans le même sens la
note 348 de cet ouvrage (p. 277).
112. Κατά τούτον μέντοι τόν χρόνον (Bonn, I, p. 2027).
113. Voir la note 101.
1 14. Voir les références de la note 97.
115. P. Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken, I, Vienne 1975, p. 194-195;
II, Vienne 1977, p. 213-215.
36 A. FAILLER
cembre 1296, si l'on retient par ailleurs que, comme l'écrit Georges
Pachymérès, on lui infligea ce supplice vers Noël.
Mais on a vu que l'événement doit être placé un an plus tôt, vers
Noël 1295. Cependant, la date indiquée par la Chronique coïncide
ainsi avec la date donnée par P. Poussines, dans son Tableau du
moins, car les contradictions entre les Notes et le Tableau ne
permettent pas de voir quel jugement le premier éditeur de l'Histoire
avait porté sur l'enchaînement réel des faits. Toujours est-il que les
deux témoignages se sont renforcés mutuellement, celui du Tableau
chronologique de P. Poussines et celui de la chronique brève, dont la
notice fut publiée par J. Boivin dès le début du 18e siècle, dans son
commentaire à l'édition de l'Histoire de Nicéphore Grègoras116. Il est
probable que c'est le Tableau chronologique de P. Poussines qui a
imposé cette date de 1296 dans l'historiographie postérieure, plutôt
que la publication de la notice de la chronique brève une quarantaine
d'années plus tard117.
Le présent chapitre aboutit donc à des conclusions déjà établies de
longue date, en particulier par P. Schreiner118 ou Angeliki Laiou119.
Le but était avant tout d'exposer la structure du récit dans ce
livre IX, d'illustrer les méthodes de travail du premier éditeur de
l'Histoire et de confirmer, par d'autres voies, des résultats déjà
17). Son absence va donc du début de l'année 1299, plus précisément de février 1299
(voir la note suivante), au 22 novembre 1300. P. Poussines a daté correctement le
38 A. FAILLER
départ, mais il réduit l'absence de l'empereur à moins d'un an : début février -fin
novembre 1299 (Bonn, II, p. 848-849). On trouve la même chronologie chez É. de
Muralt (Essai de Chronographie byzantine. 1057-1453, Bâle-Genève 1871, p. 474, ηυ 1),
qui a vu le problème posé par la durée du séjour, telle que l'a établie P. Poussines, et
qui a essayé en conséquence de justifier la solution adoptée par le premier éditeur :
l'expression employée par l'historien (presque deux années) ne serait pas à entendre de
la durée de l'absence de l'empereur, mais indiquerait seulement les deux années
indictionnelles sur lesquelles s'étend l'absence, à savoir les années 6807 et 6808 (soit
septembre 1298 -août 1299 et septembre 1299 -août 1300). Mais une telle interprétation
du texte doit être exclue : l'historien veut manifestement indiquer la durée de l'absence
de l'empereur, qui a atteint presque deux ans (vingt et un mois exactement), non que le
voyage s'étend sur deux années indictionnelles (6807 et 6808), sans durer plus de neuf
mois. La présence de l'adverbe εγγύς enlève toute ambiguïté à la formule employée par
l'historien et dans laquelle il faut voir nécessairement l'expression d'une durée, car il
serait absurde d'écrire que l'absence de l'empereur s'étende sur presque deux années
différentes (années byzantines 6807 et 6808). La traduction survole d'assez loin le texte
pour avoir pu abuser l'éditeur dans un second temps : «principum e bienni absentia
primum apparentium». Dans ses Notes chronologiques, P. Poussines n'a pas non plus
examiné cette question. V. Laurent (Regestes, nos 1573-1575) est également tributaire,
au moins partiellement, de la chronologie de P. Poussines : dans un premier temps, il
place le séjour à Thessalonique en 1298-1299 (voir le n° 1575. Chronologie, où il donne
explicitement comme date du retour à Constantinople le 22 novembre 1299), mais, dans
l'Appendice (n° 3, Chronologie), il décale d'une année le séjour à Thessalonique : «avril
1299 à octobre 1300» (au lieu d'octobre, il faut sans doute lire novembre). Sur ce séjour
de la cour à Thessalonique et les activités qu'y déploya l'empereur, voir Angeliki
Laiou, op. cit., p. 95-100.
124. Voici l'expression employée par l'historien : όψέ παρασκευής ύπό λύχνων άφάς, τών
κεκοιμημένων κατ' Ιθος μνημονευομένων άρχαΐον (Bonn, II, p. 27813-2792). Le «samedi des
âmes» était dédié au souvenir des défunts; voir ThEE 12, 1968, col. 532-535
(G.G. Mpékatôros). Georges Pachymérès a commencé par placer le départ de
l'empereur au cours du mois de février (Μηνός 8è ληναιώνος ένεστηκότος : Bonn, II,
p. 2789), et non au début du mois de février, comme le premier éditeur de l'Histoire l'a
traduit («mense Februario ineunte» : p. 278) et interprété dans son Tableau chronologi
que, où il précise sa pensée : «ineunte Februario die parasceues, hoc est feria sexta,
quam incidisse oportuit illo anno... die sexta mensis eius...» (p. 848). En d'autres
termes, P. Poussines pense qu'il s'agit du premier vendredi du mois de février, soit le
vendredi 6 février 1299. L'ambiguïté, qui se présente également ailleurs dans l'Histoire,
porte sur le verbe ένίστασθαι. S'il avait calculé la date précise à partir des données du
calendrier liturgique que fournit l'historien, l'éditeur aurait été amené également à
rectifier sa traduction. Pour l'ensemble des problèmes de chronologie concernant le
séjour de l'empereur à Thessalonique, on peut consulter également l'ouvrage de
S. I. Kourousès, Τό έπιστολάριον Γεωργίου Λχκχπ-ηνοΰ (1299-1315 ca.) κχί ό Ιχτρός-
άχτουάριος 'Ιωάννης Ζχχχρίχς (1275 ca. -13281 ;), Athènes 1984-1988, p. 37-41.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 39
125. άρτι. πρώτως μετά την ήλικιώτιν σχεδόν μετάβασιν (Bonn, II, p. 2825"6).
126. Tel semble être le sens de l'expression ampoulée qu'utilise l'historien : où πολλω
τινι χρόνω μετά τα άμφιδρόμια (Bonn, II, p. 282e).
127. ουπω τον έκτον παραλλάττον ένιαυτόν (Bonn, II, p. 2751011). P. Poussines (Bonn,
II, p. 841) place sa naissance en 1292, mais sans raison. Pour définir l'âge de la petite
princesse, il emploie trois formules, qui sont apparemment contradictoires «nonduin
:
128. Voir F. Dölger, Regesien, n<> 2217 (vers fin avril 1299). Il serait plus prudent
d'attribuer une date plus vague aux contacts pris par Andronic II avec sa cousine
d'Épire depuis Thessalonique.
129. Théodore Métochitès : K. Sathas, MB, I, Venise 1872, p. 1841718.
130. Théodore Métochitès : K. Sathas, p. 1832223. Voir aussi F. Dölgkr,
Regesten, n« 2209 (13 juin 1298-début de l'hiver 1298); le document doit être placé en
novembre 1298.
131. F. Dölger, Regesten, n° 2216 (vers mars-avril 1299). On peut sans doute
préciser : en mars, car, aux premiers jours d'avril, l'empereur devait être arrivé à
Thessalonique.
132. F. Dölger, Regesten, n" 2218 (fin avril 1299).
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 41
avoir rapporté que le kral, une fois marié avec Simonis, quitta
Thessalonique pour regagner la Serbie, l'historien écrit que l'empereur
rentra à Constantinople «l'année suivante»133; le mariage ayant été
conclu en avril 1299, l'année suivante, selon le comput byzantin, va
du 1er septembre 1299 au 30 août 1300; si l'on ajoute à cette donnée
l'indication de Georges Pachymérès, selon qui l'empereur rentra un
22 novembre, on aboutit au 22 novembre 1299. Mais il faut
remarquer d'une part que la transition chronologique qui vient d'être
relevée est utilisée constamment par Nicéphore Grégoras comme une
formule rituelle, souvent de manière aberrante, et d'autre part que la
chronologie de l'historien est trop souvent prise en défaut pour cette
période et ne mérite pas grande créance. Mais le chapitre suivant du
présent article va apporter d'autres arguments qui sembleraient
remettre en question la chronologie qui vient d'être établie.
133. Κατά τό έπιόν έτος (Bonn, I, p. 20414). J.L. van Dieten (Nikephoros Grégoras.
Rhomäische Geschichte. Historia rhomai'ke, I, Stuttgart 1973, p. 169 et 170) donne
comme dates de départ et de retour les années 1299 et 1300, mais alors il aurait dû
signaler que, s'inspirant probablement de Georges Pachymérès, il avait rectifié la
chronologie proposée par Grégoras.
134. Bonn, II, p. 28315-2845.
135. Πρώτη γοϋν ληναιώνος (Bonn, II, p. 29278). Si la chronologie est correctement
établie, on passe donc de juillet 1299 (voir la note précédente) au 22 novembre 1300
(voir la note 123, ci-dessus), puis au 1er février 1301. La suite du raisonnement
montrera l'opportunité de ce rappel.
136. και ή της υπαπαντής εορτή τον πατριάρχην και πάλιν έπί της εκκλησίας όρα (Bonn, II,
ρ. 2988"9).
137. Bonn, Π, p. 2981112. La double indication fournie par l'historien («le printemps
étant dès lors arrivé et les fêtes de Pâques passées») convient en effet parfaitement, car
la fête de Pâques suivait de peu le commencement du printemps en 1301. Mais ces
données chronologiques conviendraient tout aussi bien pour l'année 1300, où la fête de
Pâques tombait le 10 avril.
42 A. FAILLER
138. έπιβας ίππου, προς έσπέραν εικοστής πέμπτης μηνός έλαφηβολιώνος βασιλεϊ πρόσεισιν
(Bonn, II, p. 30289).
139. τρίτη της εβδομάδος (Bonn, II, p. 3021314).
140. Bonn, II, p. 3411315.
141. R. Janin, Églises et monastères (de Constantinople), p. 92-94.
142. J. Matros, Le typicon de la Grande Église, I, Rome 1962, p. 79.
143. Pseudo-Kôdinos : J. Verpeaux, p. 2421821.
144. Bonn, II, p. 796. P. Poussines assigne ainsi, comme on l'a vu plus haut, une
durée de neuf mois seulement au séjour de l'empereur à Thessalonique. On a déjà
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 43
remarqué plus haut (voir la note 123) qu'il n'a fait aucun exposé particulier sur ce point
de chronologie. Ses conclusions apparaissent seulement dans le Tableau chronologique
(p. 848-850).
145. Πέμπτην μέν ούν ήγε τω τότε μην ανθεστηρίων, ημέρα δ' ήν ή προ του σαββάτου
παρασκευή (Bonn, IT, p. 3411415). Voir V. Laurent, Regestes, n° 1583 (acte de démission,
peu après le 5 juillet 1302).
146. Bonn. II, p. 302 79 et p. 34 11415.
\ΑΊ εικοστή τρίτη μηνός τοΰ αύτοΰ (Bonn, 11, p. 38313).
148. Voir un passage du livre III : nouvelle édition, p. 317 n. 4; cf. BEB 39, 1981,
.
p. 172.
44 A. FAILLER
149. "Αμα γοΰν ήρι, περί που τας πασχαλίους ημέρας (Bonn, II, p. 31014 15).
150. Bonn, II, ρ. 40519-4063 (ήμερα μέν εικοστή τρίτη έκατομβαιώνος μηνός..., τη
έξης...).
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 45
151. Voir les Notes (Bonn, II, p. 787-791) et le Tableau chronologique (Bonn, II,
p. 857). Il y a d'une part l'erreur sur l'année (1304 au lieu de 1303), qui, comme on va
l'expliquer, est due à un mauvais calcul, et d'autre part un décalage de deux mois (août
au lieu de juin), qui résulte de la première erreur, car l'éditeur a voulu transposer sur
l'année 1304 un synchronisme qui vaut pour 1303 et il a dû, pour que le synchronisme
se vérifie, remplacer juin par août. Sur les dates des deux patriarcats, voir V. Laurent,
La chronologie des patriarches de Constantinople au xme s. (1208-1309), BEB 27, 1969,
p. 148.
152. ή πύλη της καθ' αυτόν μονής έπ' ετη δέκα κεκλεισμένη, μηνών δεόντων εννέα (Bonn, II,
p. 3681"2).
153. Και τόν έπί τούτω γαμηλιώνα της δευτέρας έπινεμήσεως (Bonn, II, p. 3936"7).
46 A. FAILLER
décrire dans le détail et de traiter également des autres faits qui sont
relatés dans ce cadre, on peut relever les points suivants sur
l'itinéraire de l'empereur : Magnésie de l'Hermos, près de laquelle
aurait dû se dérouler la bataille manquée contre les Turcs et que ceux-
ci encerclèrent alors, en poussant jusqu'à la plaine de Mainoménos ;
Pergame, où l'empereur chercha refuge, en voyant l'ennemi courir le
pays autour de Magnésie ; Atrammytion et Cyzique, où il se replia
successivement, devant l'avancée des Turcs; Pègai, où il battit en
retraite devant le péril turc et où il tomba malade, avant d'être
miraculeusement guéri ; Kallioupolis, où il mit pied à terre en
rentrant d'Asie ; Dripeia, où il fit une dernière halte, à une douzaine
de kilomètres de Constantinople.
Reprenons à présent l'ensemble de ces déplacements dans le but
d'en fixer la chronologie. L'armée confiée à Michel IX était constituée
principalement d'Alains. Ceux-ci durent arriver dans l'empire byzant
in en 1302, à l'issue de tractations qui se déroulèrent, ou pour le
moins commencèrent, l'année précédente154. Les Alains furent
répartis en trois groupes. Un premier contingent traversa le détroit de
Kallioupolis et, avec l'appui des troupes byzantines stationnées dans
la région, il remporta un premier succès au lieu-dit Chèna (L'Oie), qui
n'est pas connu par ailleurs et qui doit peut-être au pittoresque de sa
dénomination d'avoir été mentionné par l'historien. Le lieu-dit doit se
trouver en Hellespont, sans qu'il soit possible de préciser davantage.
Un deuxième contingent partit en Bithynie pour appuyer les troupes
de Mouzalôn, qui n'en fut pas moins battu quelques mois plus tard à
Bapheus, près de Nicomédie. Quant à l'élite des Alains, qui formait le
troisième contingent, elle fut remise à Michel IX, qui prit le départ
vers Pâques, c'est-à-dire en avril 1302. En Orient, le premier
contingent d'Alains, dont le fait d'armes réalisé à Chèna vient d'être
signalé, devait rejoindre l'empereur et opérer sa jonction avec la
troupe d'élite qui lui avait été directement allouée155. D'après le récit
de l'historien, Michel IX traversa la Mysie et se rendit directement à
Magnésie de l'Hermos (ou du Sipyle, si, au lieu de situer la ville par
rapport au fleuve qui coule au nord, on la désigne du nom de la
montagne qui s'élève au sud), dans une zone courue par les Turcs de
Sarukhan. La bataille manquée dont nous entretient l'historien aurait
probablement dû se dérouler aux environs de Magnésie. De fait, on
154. F. Dölger, Regesten, η» 2241 (Anfang 1302). La date (début 1302) qu'attribue
F. Dölger au document officiel par lequel l'empereur acceptait de prendre les Alains à
son service est plausible, mais peut-être encore trop précise au vu des sources
invoquées.
155. Bonn, II, p. SIO
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÉS 47
apprend un peu plus bas que les Turcs parcouraient toute la vallée de
l'Hermos et allaient jusqu'à la plaine côtière et fluviale (sur la rive
droite de l'Hermos) de Mainoménos156.
Michel IX se trouva dès lors encerclé dans Magnésie avec son
armée. De plus, tandis que les troupes byzantines locales commenç
aient à faire défection, les Alains estimèrent avoir rempli leur contrat
d'un an et n'acceptèrent qu'à contrecoeur de le proroger de trois mois.
Passé ce délai, ils s'en allèrent : ils avaient passé quinze mois au
service de l'empire. Il n'est pas facile de délimiter exactement cette
période. Leur départ dut avoir lieu au cours de l'hiver 1302-1303,
puisque Michel IX s'enfuit de Magnésie après leur défection et que
cette fuite est placée par Georges Pachymérés au cours de l'hiver157.
Dès lors, une estimation approximative conduit à compter l'année de
service d'octobre 1301 à octobre 1302 et les trois mois supplémentair
es d'octobre à décembre 1302. On peut admettre tout au plus de
retarder de quelques mois cette durée globale de quinze mois, mais le
terme final doit être placé, au plus tard, vers mars 1303158. Mais ce ne
sont là qu'approximations. De plus, on ignore ce que recouvre
exactement l'année de service : une durée de douze mois ou une
campagne annuelle, qui se réduit normalement aux mois de printemps
et d'été.
Toujours est-il que les Alains gagnèrent alors Lampsakos pour
repasser en Europe. Mais une fois qu'ils eurent quitté l'Asie pour
l'Europe, ils se heurtèrent aux troupes byzantines, qui, sous le
commandement du grand domestique Alexis Rhaoul, avaient reçu la
mission de les empêcher de traverser et qui, incapables de faire
exécuter l'ordre impérial, les affrontèrent à leur arrivée sur la rive
européenne de la Propontide. Dans l'échauffourée qui s'ensuivit, le
grand domestique fut tué. On devait être au printemps 1303. Rien ne
permet de donner une date plus précise.
La défection des Alains et les événements qui en résultèrent (X, 19-
22) sont relatés par anticipation, et l'historien revient ensuite à la
situation politico-militaire (X, 23-26, 30) et ecclésiastique (X, 27-29,
159. Telle est la traduction littérale du passage : Συνέβη δέ προ τούτων, τοϋ αύτοϋ μηνός
τφ πέρυσι και ημέρας ταύτης... (Bonn, II, p. 3221314). L'historien a bien écrit και ημέρας
ταύτης, et non και της αυτής ημέρας ; mais, dans le cas présent, les deux formules
s'équivalent sur le plan de la chronologie. D'autre part, la construction de la phrase
empêche qu'on sépare les trois derniers mots de ce qui les précède pour les rattacher
directement à l'infinitif de la proposition («II arriva qu'avant cela, le même mois de
l'année précédente, des trières vénitiennes abordèrent ce jour-là à la Ville...»).
160. Voici la traduction qu'il en a donnée : «Contigit autem ante haec anno huic
superiori, sed eodem mense ac die quibus modo narrata gesta sunt...».
161. Bonn, II, p. 852 et 853.
162. R.-J. Loenertz, Notes d'histoire et de chronologie byzantines. I. Démonstrat
ion navale vénitienne devant Constantinople. 1302. VII. 21-22, BEB 17, 1959, p. 158-
162. Avec raison, R.-J. Loenertz conteste l'interprétation de ce passage par
É. de Muralt (Essai de Chronographie byzantine. 1057-1453, Bâle/Genève 1871, p. 479,
n° 14), qui date ainsi l'arrivée de la flotte vénitienne : «le même mois et jour qu'eut lieu
l'année suivante (τω πέρυσι qui d'ordinaire signifie l'année précédente) la révolte des
Alains à Gallipoli». É. de Murait, qui respecte l'ordre des événements tel que le
présente l'historien (p. 479, n° 14 : arrivée de la flotte vénitienne ; p. 481 , n° 8 : meurtre
d'Alexis Rhaoul), opère, dans le texte de Georges Pachymérès, un renversement des
termes qui l'oblige ensuite à une étrange hypothèse, car l'adverbe de temps πέρυσι,
auquel il attribue entre parenthèses un sens insolite, garde évidemment son sens
habituel : Georges Pachymérès écrit que la flotte vénitienne était arrivée à
Constantinople l'année précédant (τω πέρυσι) le meurtre de Rhaoul, et il n'écrit pas,
comme l'a cru É. de Murait, que le meurtre de Rhaoul eut lieu l'année suivant l'arrivée
de la flotte vénitienne ; la seconde formule revient d'ailleurs à exprimer la même réalité
sous un autre angle, mais c'est la première qu'a utilisée l'historien au début du
chapitre 23. R.-J. Loenertz (art. cit., p. 161 n. 12) n'a pas vu où se situe la faille dans
le raisonnement de É. de Murait.
163. μεσημβρίας σαββάτου (Bonn, II, p. 3232).
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 49
164. Celle-ci présentait aussi l'avantage de mieux justifier l'emploi des mots πάλαι et
τότε (Bonn, II, p. 32215 1β) ; voir R.-J. Loenertz, art. cit., p. 161 n. 12. Mais les deux
adverbes peuvent se comprendre aussi dans le contexte que Georges Pachymérès
semble donner à son récit, même si le choix des mots peut paraître moins approprié et
le sens moins évident.
165. Προ τούτων δέ χρόνου ενός, εφίστανται τη πόλει τριήρεις Βενετικού...
166. Bonn, I, p. 20713-2085.
167. Bonn, I, p. 2085-2105.
168. ές τοΰπιόν θέρος (Bonn, I, p. 2085).
169. Voir aussi l'interprétation divergente que donnent de ce passage
É. r>R Muralt (Essai de Chronographie byzantine. 1057-1453, p. 479, nu 14) et R-
J. Loenertz (art. cit.. p. 160 n. 12).
170. F. Döi.ger, Flegesten, n« 2247 (12-27 septembre 1302).
50 A. FAILLER
174. Ibidem, p. 93, n" 57. L'ordre est transmis à l'ambassadeur le 20 mai. Le 25 mai,
ordre est donné pour que la galère qui doit le ramener à Constantinople se tienne prête
à appareiller. Voir aussi F. Dölger, Regesten, ri" 2243 (printemps 1302).
175. F. Thirikt, Délibérations des Assemblées vénitiennes concernant la Romanie, I,
p. (.)5, ir- 62 et 03.
Ι7Γ). Ibidem, p. 97-101. n1- 67-69. 72-79.
177. La mort de Theodora a été mal datée l'erreur a porté d'abord sur l'année, puis
:
sur le calendrier liturgique. Theodora mourut «le lundi de la deuxième semaine des
jeûnes» (και ή δευτέρα της δευτέρας των νηστειών εβδομάδος νεκραν τήν άνασσαν είδε : Bonn,
Π. p. 37720-37S'). c'est-à-dire le lundi qui précède le deuxième dimanche des jeûnes, et
52 A. FAILLER
non le lundi qui suit le deuxième dimanche des jeûnes. Dans le calendrier liturgique
orthodoxe, en effet, la semaine des jeûnes commence le lundi et se termine le dimanche.
Ainsi le lundi de la deuxième semaine des jeûnes est le lendemain du premier dimanche
des jeûnes ou du dimanche de l'Orthodoxie, correspondant au premier dimanche de
Carême du calendrier de l'Église latine. Theodora mourut donc le 25 février 1303.
P. Poussines (Bonn, II, p. 856) avait fixé le décès de l'impératrice mère au 16 février
1304 : l'année est établie en relation avec la dernière rencontre de l'empereur avec le
patriarche Jean, que P. Poussines a placée par erreur en 1304; mais le «lundi de la
deuxième semaine des jeûnes» est correctement placé au 16 février pour l'année 1304.
Dès 1679, dix ans après la parution de la seconde partie de l'Histoire de Georges
Pachymérès, M. David (Animadversiones in observationes chronologicas R.P. P. Possini
e Societatis Iesu ad Pachymerem, Dijon 1679, p. 47-48) corrigea l'erreur de P. Poussines
et plaça le décès de l'impératrice en 1303, et plus précisément au 25 février 1303, mais
son opuscule fut ignoré des historiens postérieurs ; voir mon article, ci-dessous, p. 247-
253. Aussi la datation de P. Poussines fut-elle généralement reprise; citons seulement
trois exemples : É. de Muralt, Essai de Chronographie byzantine. 1057-1453,
Bâle/Genève 1871, p. 484, n° 16; H. Delehaye, Deux typica byzantins de l'époque des
Paléologues, Bruxelles 1921, p. 175; V. Laurent, Une princesse byzantine au cloître.
Irène-Eulogie Choumnos Paléologine, fondatrice du couvent de femmes τοϋ Φιλάνθρωπου
Σωτήρος, ΕΟ 29, 1930, p. 41. A. Th. Papadopulos {Versuch einer Genealogie der
Palaiologen. 1259-1453, Munich 1938, p. 4) a rétabli l'année correcte pour la mort de
Theodora (1303), mais il s'est mépris cette fois sur la place du «lundi de la deuxième
semaine des jeûnes», qui, en 1303, tombait le 25 février, comme l'avait bien vu
M. David, et non le lundi suivant 4 mars (qui était le lundi de la troisième semaine des
jeûnes). Personne n'a contesté la date qu'a établie A. Th. Papadopulos et qu'on trouve
régulièrement dans les ouvrages écrits depuis lors ; on peut donner quelques exemples :
F. Halkin, Saint Michel de Chalcédoine, HEB 19, 1961, p. 159; C. Mango-
E.J.W. Hawkins, The Monastery of Lips (Fenari Isa Camii) at Istanbul. Additional
notes, DOP 18, 1964, p. 301 ; D. I. Polemis, The Doukai. A Contribution to Byzantine
Prosopography, Londres 1968, p. 109; V. Laurent, Regestes, Paris 1971, n° 1583 et
n° 1629; PLP, Vienne 1989, n° 21380. Ainsi le vieil ouvrage de M. David mérite encore
d'être lu.
178. Bonn, II, p. 3183.
179. Bonn, II, p. 33614.
180. Ce passage montre qu'il faut situer Pègai en bordure de mer, puisque le bateau
portant le viatique salvateur pouvait être aperçu de l'endroit où se trouvait l'empereur
malade. Ainsi, ici comme ailleurs dans l'Histoire, il faut voir dans Pègai l'actuelle
Karabiga, et non Biga, qui est distante de la mer d'une douzaine de kilomètres.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 53
181 'Ολίγον δέ πριν ή ταϋτα γενέσθαι, ποσειδεώνος μηνός ογδόη, σεισμός ενσκήπτει (Bonn,
.
Η, p. 3921718).
182. Bonn, Π, ρ. 10519-4063.
183. Voir ci-dessous, p. 83-87.
54 A. FAILLER
190. εις ήρος έξ άρκτούρου (Bonn, II, p. 41821"22), δια παντός χειμώνος (Bonn, II,
p. 4195). La première expression a été mal traduite par P. Poussines («a vere ad
Arcturum» au lieu de «ab Arcturo ad ver»), qui semble l'avoir confondue avec la forme
qu'elle revêt plus haut, dans le livre III : έξ ήρος ές άρκτοϋρον (nouvelle édition, p. 27310).
Le résultat immédiat d'une telle interprétation est de prolonger d'une année entière le
séjour des Catalans à Cyzique, où ils ne passèrent en fait que six mois. Il faut ajouter
que la forme utilisée ici par Georges Pachymérès (εις ήρος έξ άρκτούρου) est sans doute
une réplique de la précédente (έξ ήρος ές άρκτοϋρον), qui est une réminiscence de Sophocle
(Oedipe roi, vers 1137). L'historien opère un décalque, en gardant le génitif ήρος qui
paraît dès lors hardi et devant lequel il faut suppléer un mot comme εποχή, ώρα, καιρός.
Conformément à la traduction qu'il a adoptée, P. Poussines (Bonn, II, p. 800) a
considéré que les Catalans, arrivés à Cyzique à l'automne 1303, y sont encore demeurés
du printemps 1304 à l'automne 1304, alors qu'en réalité leur séjour va de l'automne
1303 au printemps 1304.
191. «en lo mes de marc» : en mars (Ramon Muntaner, 204 : p. 3017); «e fo tornat a
la companya, a l'Atarqui, al quinze jorn del mes de marc»: 15 mars (p. 303031) ;
«l'endemà» : 16 mars (p. 3128); «l'endemà» : 17 mars (p. 322·5). Pour l'appréciation de
ces dates, comme de celles qui suivront, il faut garder présentes à l'esprit les remarques
émises ci-dessus dans la note 189.
192. Si' δλης της τεσσαρακοστής (Bonn, II, p. 41917).
193. Bonn, II, p. 421121β (της μεγάλης εβδομάδος καταλαβούσης, κρονίου μηνός λήγοντος :
ρ. 421 12~13). A la suite d'une erreur de traduction (voir la note 190), P. Poussines a
indûment prolongé le séjour de la Compagnie catalane à Cyzique d'une première année
(1304). Rencontrant ensuite l'indication chronologique (semaine sainte tombant à la fin
du mois de mars) qu'on vient de mentionner et qui se rapporte à la mission d'Irène
Palaiologina à Cyzique quelques semaines avant le départ en campagne, P. Poussines
(Bonn, II, p. 801) s'est rendu compte que ce synchronisme ne pouvait s'appliquer à
l'année 1305, où Pâques tombait le 18 avril, et qu'il fallait donc prolonger d'une
seconde année (1305) le séjour à Cyzique et dater du printemps 1306 (année où Pâques
tombait le 3 avril) la venue d'Irène Palaiologina auprès de son gendre et le départ en
campagne die la Compagnie catalane ; ainsi Roger de Flor aurait passé intégralement les
années 1304 et 1305 dans son cantonnement de Cyzique et n'en serait parti qu'en avril
1306.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 57
196. Επέστη πυαντιών, κάκείνους μέν είχεν ή Άχυράους (Bonn, II, p. 42319).
197. Bonn, II, p. 42513.
198. Bonn, Π, p. 42612.
199. Tel est en effet l'itinéraire habituel qu'empruntent les troupes pour se rendre
de Cyzique à Philadelphie; il fut suivi, par exemple, par les croisés.
200. Bonn. II, p. 42617.
201. Bonn, II, p. 4287 10.
202. «la ciutat del Nifs» (Ramon Muntaner, 205 p. 3313).
:
58 A. FAILLER
p. 372e~27). Le caractère approximatif des chiffres fournis par Ramon Muntaner a été
évoqué souvent ; mais la présente indication, grâce à sa précision et à l'importance de la
fête en cause, mérite sans doute d'être retenue.
60 A. FAILLER
départ de nuit (ibidem, p. 50558). Apparemment ces trois nuits et trois jours sont à
compter à partir du 6, et Berenguer d'Entença serait donc parti le 9 janvier à la nuit
tombante.
232. Bonn, II, p. 505916.
233. Bonn, II. p. Γ>0£>16-Γ>062.
234. Bonn. IL p. F>06«
64 A. FAILLER
μετ' είκάδας. Pour un mois de 30 jours comme l'est avril, il s'agit donc du 23, comme l'a
établi G. Caro (Zur Chronologie der drei letzten Bücher des Pachymeres, BZ 6, 1897,
p. 118), plutôt que du 24, comme l'a cru E. Dade {Versuche zur Wiedererrichtung der
lateinischen Herrschaft in Konstantinopel, Jena 1938, p. 98), ou du 22, comme l'a
interprété le rédacteur de la version abrégée (άπριλλίου τοίνυν κβ'). Sur les deux manières
de compter les jours de la dernière décade du mois, voir F. K. Ginzel, Handbuch der
mathematischen und technischen Chronologie. Das Zeitrechnungswesen der Völker. II.
Zeitrechnung der Juden, der Naturvölker, der Römer und Griechen sowie Nachträge zum I.
Bande, Leipzig 1911, p. 322. P. Poussines (Bonn, II, p. 803-804), dont la chronologie
accuse un retard de deux ans (voir le chapitre précédent de l'article), s'est vu obligé de
corriger le mois, en remplaçant «avril» par «mars», afin d'obtenir un synchronisme
valable pour l'année 1307; de plus, il a mal interprété l'expression et l'a traduite ainsi
(Bonn, II, p. 524) : «octava supra vicesimam Martii mensis dies...» M. David
(Animadversiones in observationes chronologicas R.P. P. Possini è Societatis Iesu ad
Pachymerem, Dijon 1679, p. 50), qui a rétabli l'année et le mois corrects pour l'arrivée
de Roger de Flor à Andrinople (avril 1305, non mars 1307), a accepté, par contre, le
décompte des jours tel que l'avait présenté P. Poussines. En fait, pour ce qui est du
quantième du mois, l'expression utilisée par Georges Pachymérès équivaut à
30 — 7 = 23 (ou 31 — 7 = 24, pour un mois de 31 jours), non à 20 + 8 = 28.
244. Τετράς ήν της τοϋ Θωμά λεγομένης εβδομάδος (Bonn, II, p. 5252). L'intervalle de
cinq jours qui sépare l'annonce faite à Michel IX d'une arrivée imminente du césar et
son arrivée effective peut s'expliquer de deux manières : ou bien le césar est déjà arrivé
près d'Andrinople et attend de recevoir la permission du jeune empereur pour
l'approcher, ou bien le messager a été dépêché quelques jours avant le départ du césar.
Mais les données chronologiques sont assez précises, dans leur ensemble, pour mériter
d'être retenues : elles montrent que la première rencontre entre Michel IX et Roger de
Flor eut lieu le 28 avril 1305.
245. C'est la date retenue par G. Caro (art. cit., p. 118), qui est suivi par Angeliki
Laiou (Constantinople and the Latins. The Foreign Policy of Andronicus //. 1282-1328,
Cambridge Mass. 1972, p. 146). Partant du point fixe que constitue «le mercredi de la
semaine de Thomas» (28 avril 1305), M. David (op. cit., p. 52, 54, 61, 62-63) était arrivé
à la même conclusion, lorsqu'il plaçait la mort de Roger de Flor «ultimo die Aprilis vel
saltern primo Maij ».
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 67
246. Il convient d'émettre en outre une réserve sur l'authenticité du texte : le début
du chapitre 24 est transmis sous trois formes différentes dans les manuscrits ; c'est le
signe d'une corruption du texte original. On ne peut donc exclure absolument que
certaines précisions, par exemple chronologiques, aient été perdues.
247. «al setèn jorn» (Ramon Muntaner, 215 : p. 4624).
248. C'est l'interprétation que retient E. Dade (op. cit., p. 99 n. 548). L'éditeur de
la chronique de Ramon Muntaner (p. 46, en marge des lignes 18 et 27) fait
apparemment le même calcul, mais, tributaire de la chronologie établie par
P. Poussines (voir, ci-dessus, la note 243), il décale le calendrier d'un mois : arrivée de
Roger de Flor à Andrinople le 28 mars 1305 et assassinat le 4 avril.
249. C'est d'ailleurs l'impression qu'on retire du récit de l'historien : Roger, qui se
tenait à une certaine distance, envoya son beau-frère annoncer son arrivée, qui était
déjà effective, et préparer la rencontre avec Michel IX. Le jeune empereur dépêcha
alors une première délégation, pour s'informer des dispositions de Roger de Flor et des
conditions de sa visite, puis une seconde délégation, pour lui donner son accord.
68 A. FAILLER
255. της δ' αυτής ημέρας, ήτις ήν τριακοστή πρώτη πυαντιώνος (Bonn, II, p. 54114"15).
256. Dès le mois de mars, Michel IX avait reçu de son père l'ordre de rejoindre
Aprôs et de combattre de là les Catalans (Bonn, II, p. 5171316; voir F. Dölger,
Regesten, n° 2279 : peu après le 9 mars 1305). Le déplacement qu'il entreprit le
conduisit d'abord à Pamphylon, puis à Aprôs (Bonn, II, p. 549710).
257. «dissabte, a vint-e-dos jorns abans de la festa de sant Père de juny de l'any mil
trescents sis» (Ramon Muntaner, 220 : p. 541617). Le chroniqueur, qui ne mentionne
qu'exceptionnellement les millésimes, se trompe manifestement d'année : il s'agit de
1305, et non de 1306, quel que soit d'ailleurs le calendrier de référence. Si cela n'enlève
pas sa valeur au reste de l'information, on voit cependant que la Chronique n'est pas un
document sûr et doit être abordée avec circonspection. Au long d'un récit qui fourmille
de détails et témoigne d'une multitude de faits précis, l'auteur commet des méprises
étonnantes. Pour montrer le caractère approximatif ou erroné de sa chronologie, on se
contentera de citer les passages où il prétend que la Compagnie catalane se maintint
encore dans la forteresse de Kallioupolis durant sept années après la mort du césar
Roger de Flor : «F aixi tota hora feu Gallipol cap de la companya, ço es a saber, set
anys que el tinguem depuis lo césar fo mort», «haviem estât e'1 cap de Gallipol e en
70 A. FAILLER
aquella encontrada set anys depus lo césar fo mort» (Ramon Muntaner, 225 p. 6635 ;
:
231 : p. 8418"20). En fait, cette durée doit être réduite à deux années et deux ou trois
mois (30 avril 1305-juin 1307).
258. En présentant ce calendrier, Ramon Muntaner admet implicitement que la
saint Pierre tombait un dimanche et que la bataille eut lieu un samedi, trois semaines
et un jour (vingt-deux jours) avant la saint Pierre. On peut alors se demander si les
Catalans ne fêtèrent pas la saint Pierre le dimanche qui était le plus proche de la fête et
qui précédait de deux jours la fête (27 juin 1305). On peut rappeler aussi (voir ci-dessus,
p. 55 n. 189) que les données chronologiques fournies par le chroniqueur catalan
n'offrent pas toutes les garanties.
259. F. Dolger, Regesten, n° 2621 (avant le 1er juin 1305). La date donnée dans les
Regesten doit être corrigée, puisque la bataille n'eut lieu que le 5 juin. Il faut placer le
document, de manière plus précise, entre le 5 et le 1 1 juin, puisqu'à cette dernière date,
comme on va le voir, Andronic II était au courant de la nouvelle. Dans ce même
régeste, il faut, également corriger le lieu de la bataille, qui est Rranchialion, et non
Pamphylon, comme il est écrit par erreur. Pamphylon est le lieu de résidence de
Michel IX à ce moment et la base d'opérations des troupes byzantines que l'empereur,
absent lui-même de la bataille, envoya sur Kallioupolis et qui furent écrasées non loin
de cette ville, à Branchialion.
260. μαιμακτηριώνος πρώτη συν δέκα (Bonn, II, p. 5468).
261. L'erreur peut s'expliquer aisément par la perte d'un chiffre (σύν δέκα ou ι, selon
que le chiffre est donné en toutes lettres ou par les deux lettres du nombre 1 1 : πρώτη
σύν δέκα ou ta') ; voir la note précédente. Ce passage de l'Histoire est d'ailleurs corrompu
en maints endroits. Ajoutons que la version brève de l'Histoire donne une troisième
leçon : ίουνίου όκτωκαιδεκάτη (ιη')· La meilleure façon d'expliquer les trois leçons est de
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 71
supposer que le ou les chiffres n'étaient plus bien lisibles ; d'où les trois lectures
suivantes : a', ta', ιη'. Le seul critère matériel pousse à éliminer d'entrée ιη'. C'est une
nouvelle preuve de la corruption du texte. Par ailleurs, l'accord entre les manuscrits A
et Β est une constante de la tradition manuscrite, et le manuscrit C possède, à lui seul,
plus de poids que les deux autres manuscrits dans la plupart des cas.
262. Voir, ci-dessus, la note 257.
263. E. Dade, Versuche zur Wiedererrichtung der lateinischen Herrschaft in Konstan-
tinopeL Jena 1938. p. 103-104.
264. R. Dade (op. cit., p. 103 n. 567) affirme, à tort, que les deux faits sont
indépendants, alors que l'enchaînement logique des événements et du récit est clair.
Même fautif, le texte de l'édition de l'Histoire qu'il avait sous les yeux aurait dû
l'amener, de toute manière, à placer la bataille de Branchialion avant la harangue
d 'Andronic 1 1.
72 A. FAILLER
265. Telle est la forme du toponyme. Ici comme ailleurs, il convient en effet de
préférer la leçon des manuscrits A et C (Ήμερη), reprise également dans la version
abrégée de l'Histoire, à celle de Β (Ίμέρι), qui a été retenue par le premier éditeur.
266. Georges Pachymérès (Bonn, II, p. 5437 et p. 5498) mentionne à deux reprises
le départ d'Andrinople, au début des chapitres 30 et 32. La répétition est justifiée par
l'insertion d'un autre événement (la réaction d'Andronic II), dont le récit est venu
rompre la continuité de la narration.
267. Bonn, II, p. 543'.
268. Bonn, II, p. 549e.
269. Ramon Muntaner, 220 : p. 55-56. Georges Pachymérès ne donne aucune
indication chronologique.
270. E. Dade, op. cit., p. 104 n. 569 («etwa Ende Juli»).
271. Comme le fait, par exemple, Angeliki Laiou, Constantinople and the Latins. The
Foreign Policy of Andronicus Π. 1282-1328, Cambridge Mass. 1972, p. 162 n. 16. On
trouve la même datation dans deux articles postérieurs du même auteur : Byz. 37, 1967,
p. 95 ; Byz. 38, 1968, p. 397. Cette chronologie a été adoptée également par le rédacteur
de la notice de Michel IX Palaiologos dans le PLP, n° 21529 (fascicule 9, p. 106).
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 73
277. οι πρόσχωροι άφόβως έργάζοιντ' αν τα τοΰ θέρους (Bonn, II, p. 55317 18), τα μέν έπί
παρηβηκυίαις έφροττον ταΐς άθέραις (ρ. 5743).
278. F. Dölger, Regesten, n° 2622 (vers l'été 1305). Le message peut être daté de
juillet 1305, puisqu'il fut envoyé peu après la défaite d'Hèmérè.
279. Bonn, II, p. 56279.
280. Bonn, II, p. 5543S. Le récit de Ramon Muntaner (218 : p. 5124-523) semble
aller dans le même sens et admettre le départ immédiat de Berenguer d'Entença pour
Gènes, après que les Génois eurent refusé de le libérer contre la rançon qu'offraient les
Catalans.
281. Bonn, II, p. 554e".
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 75
295. «un dissabte a vespre» (Ramon Muntaner, 227 : p. 7029), «en mig juliol»
(p. 732SM).
296. Par prudence, on a cependant fait suivre ces dates d'un point d'interrogation
sur le Tableau chronologique qui clôt cet article, car on a vu à maintes reprises que les
indications chronologiques de Ramon Muntaner n'ont sans doute pas la précision
qu'elles se donnent. Mais cette indétermination n'invalide pas pour autant la suite du
raisonnement dans ses étapes essentielles.
297. «dotze jornades» (Ramon Muntaner, 226 : p. 661β).
298. Bonn, II, p. 603"-6058.
299. F. Dölger, Hegesten, n° 2298 (avant juillet). L'ambassade doit être datée de
juillet, car elle fut envoyée après le départ des bateaux génois de Constantinople et elle
arriva après leur passage à Kallioupolis.
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 79
300. F. Dölger, Regesien, n° 2623 (juillet 1306). L'indication du mois se trouve dans
le texte de Georges Pachymérès (μηνός άνθεστηριώνος : Bonn, II, p. 6085β).
301. και πολλούς κακώς έποίουν εις τρυγητόν έξιόντας (Bonn, II, p. 6271213) ; και ήν
έντεϋθεν τοις γεωργοΰσιν έξιέναι κατά σποραν των καρπίμων ... (ρ. 6283"4) ; δια ταΰτα και τα τοϋ
άρότου ήπράκτουν (p. 628e).
302. En fait, la forteresse d 'Aprôs, que les Catalans avaient assiégée sans succès
après la bataille d'Hèmérè vers la fin du mois de juin 1305, était en danger de tomber
aux mains des Catalans ou, plutôt, de leurs alliés turcs à la fin de cette même année, car
Maroulès y fut envoyé par Andronic II à l'automne 1305 (Bonn, II, p. 58779).
303. F. Dölger, Regesten, n° 2292 (1305-1306). L'ambassade byzantine était partie
au cours de l'hiver 1305-1306. Les représentants de la Géorgie durent arriver à
Constantinople au cours de l'été 1306, mais les tractations n'aboutirent pas et les
ambassadeurs géorgiens repartirent.
304. F. Dölger, Regesten, n<*> 2301-2302 (avant le 14 octobre 1306).
305. Voir E. Dade, Versuche zur Wiedererrichtung der lateinischen Herrschaft in
Konstantinopel, Jena 1938, p. 119; Angeliki Laiou, Constantinople and the Latins. The
Foreign Policy of Andronicus II. 1282-1328, Cambridge Mass. 1972, p. 178.
306. Voir, à ce propos, A. Failler, La tradition manuscrite de l'Histoire de Georges
Pachymérès (livres VII-XIÏI), REB 47, 1989, p. 172-173. Ajoutons que les événements
80 A. FAILLER
narrés dans le chapitre 30, qui précède la lacune des manuscrits et qui est sans doute
complet, se rapportent encore probablement à l'année 1306. Mais la partie du
chapitre 33 qui a été conservée et qui suit immédiatement la lacune des manuscrits se
rapporte déjà au printemps 1307 (avril 1307).
307. Bonn, II, p. 6361718. Pour ce qui concerne la topographie de la Thrace, Georges
Pachymérès est autrement précis que Ramon Muntaner, qui cite peu de toponymes
dans sa Chronique et qui se trompe sans doute en écrivant que « Redisto » ou « Redristo »
(Rhaidestos) et «Panido» (Panion) furent occupés par Rocafort dès 1305 (222 : p. 60;
223 : p. 638) et abandonnés par lui au moment de partir, au printemps 1306, à la
poursuite des Alains à la frontière bulgare (225 : p. 6511). Il est plus probable que ces
forteresses, comme le rapporte Georges Pachymérès, furent prises par les Catalans en
1306 seulement et abandonnées au moment du repli général en 1307.
308. Dans le dernier chapitre de l'Histoire, la relation de Georges Pachymérès
s'appauvrit. On ne relèvera pas ici, de manière systématique, les contradictions, les
inexactitudes ou les incertitudes de son récit. Le but est seulement d'établir une
chronologie au moins approximative des événements.
309. Cette précision est absente du texte de la première édition (Bonn, II, p. 6521),
qui reprend pour ce chapitre la version abrégée. Elle est conservée dans le Paris, gr.
1723 (μηνός δλου πολεμοϋντες), le seul à avoir préservé la fin de l'Histoire dans la version
originale, ou du moins la plus proche de l'original. Le texte a été édité par J. Boivin,
dans l'annotation de son édition de Nicéphore Grègoras (édition de Bonn, II, p. 1205).
310. Θέρους Se ήν ακμή (Bonn, II, p. 638e). De cette formule on peut déduire qu'on
était déjà, au plus tard, au mois de juillet; à l'autre extrémité, le texte de Ramon
Muntaner empêche de repousser cet affrontement au mois suivant.
311. A. Rubio y Lluch, Diplomatari de l'Orient català. 1301-1409, Barcelone 1947,
p. 4112; Angeliki Laiou, Constantinople and the Latins. The Foreign Policy of
Andronicus II. 1282-1328, Cambridge Mass. 1972, p. 181.
312. «quinze dies» (Ramon Muntaner, 230 : p. 844).
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 81
d'Asie Mineure en octobre 1304, ne dut pas se faire avant l'été 1307,
puisque, comme on vient de le voir, le siège d'Ainos durait encore en
juillet. Mais le plan de repli n'apparaît pas clairement. Il est probable
que les troupes qui assiégeaient Ainos (et peut-être Mégarision) ne
regagnèrent pas leur base de Kallioupolis, mais qu'elles attendirent
l'arrivée des détachements qui quittèrent les derniers la forteresse de
Kallioupolis et qu'elles s'adjoignirent à eux au passage. Mais peu de
temps après, alors que la Compagnie poursuivait sa marche vers
l'ouest, les factions catalanes s'affrontèrent : Berenguer d'Entença fut
tué et Ferran Ximenis se rallia à Andronic II. Dès lors, la Compagnie
avait perdu tous ses chefs historiques, à l'exception de Berenguer de
Rocafort. On devait être au milieu de l'été313. Les Catalans durent
arriver à Kassandreia (située à une quarantaine de kilomètres au sud
de Thessalonique, en Chalcidique) au plus tard au mois d'août314,
peut-être dès le mois précédent.
Là s'arrête le récit de Georges Pachymérès, qui dut terminer la
rédaction de son livre XIII peu après le déroulement des derniers
événements rapportés. Les renseignements que contient le dernier
chapitre de l'Histoire sont inexacts en partie et contradictoires sur
certains points : l'historien croit que la dissension entre les chefs
catalans a éclaté à Kassandreia315, alors que le témoignage de Ramon
Muntaner, selon qui le combat se déroula peu avant l'arrivée à
Christopolis (à deux journées de cette ville), est sûr316. Dans le
paragraphe 2 du chapitre, l'auteur nous apprend que, selon la
rumeur, les Catalans sont en train de traverser la Marica soit pour
gagner leur patrie, soit pour attaquer le Mont Athos317. Le
les différences entre les deux textes. Les incursions des Catalans sur l'Athos sont
confirmés par Danilo, le biographe des souverains et des archevêques serbes ; voir
Dj. DANièic, Éiuoli kraljeva i arhiepiskopa srpskih, réimpr. Londres 1972, p. 341-356 :
«Katalani i Mogovari» (p. 3542223). Au moment des attaques catalanes, Danilo était
hipoumène de Chilandar, le monastère qui fut sans doute le plus maltraité. Ces attaques
eurent lieu au cours de l'été 1307 et de l'année 1308.
318. Bonn, II, p. 65211β. La version abrégée contient deux précisions absentes du
texte original, tel du moins qu'il figure dans le manuscrit Β : Ferran Ximenis se réfugia
dans la forteresse byzantine de Xantheia («auprès d'un dignitaire impérial», selon le
manuscrit B), les troupes catalanes gagnèrent la Thessalie (Thèbes selon le manusc
rit B) en quittant Kassandreia. Mais ceci ne prouve pas que la version abrégée enrichit
son modèle, mais suggère plutôt que, conformément à ses caractéristiques habituelles,
le manuscrit B omet des passages de l'original.
319. Mais là encore on peut s'interroger sur la valeur des textes conservés, car une
autre précision du récit suggère que l'auteur connaissait le lieu de l'épisode final et que
la mention de Kassandreia cache une confusion entre le lieu de la lutte fratricide
(Christopolis) et le lieu d'arrivée (Kassandreia). Selon la version abrégée de l'Histoire,
en effet, Ferran Ximenis se réfugia «auprès du domestique à Xantheia» (αυτομολεί τω
δομεστίκω προς Ξάνθειαν : Bonn, II, p. 6521112). Or Xantheia est précisément proche de
Christopolis, mais très éloignée de Kassandreia. Mais la leçon du Paris, gr. 1723, qui,
malgré ses défauts, est plus proche de l'original que la version abrégée, est ici plus
vague et moins satisfaisante : Ferran Ximenis «rallie un dignitaire de l'empereur»
(αυτομολεί τινι των μεγιστάνων του βασιλέως). On peut se demander si le bon texte, qui est à
la base du Parisinus et de la version brève, n'est pas perdu et si la version brève n'a pas
conservé, fût-ce dans une autre teneur, certains passages de l'original que le
manuscrit B a perdus.
320. Bonn, II, p. 6521"19. Les quarante-neuf années qu'embrasse l'Histoire ne
peuvent se compter que de l'été 1258 (mort de Théodore II Laskaris, nomination de
Michel Palaiologos à la dignité de despote et bientôt d'empereur, naissance d'Andronic
CHRONOLOGIE ET COMPOSITION DANS L'HISTOIRE DE PACHYMÉRÈS 83
Tableau chronologique
Les Catalans dans l'empire byzantin (1303-1307)
Palaiologos le futur empereur) à l'été 1307 (départ des Catalans de Thrace et arrivée à
Kassandreia). P. Poussines, dont la chronologie accuse une avance de deux ans (voir les
deux chapitres précédents de cet article) à partir de la campagne catalane en Asie
(placée en 1306 au lieu de 1304) et de l'assassinat de Roger de Flor (placé en 1307 au
lieu de 1305), considère l'été 1308 comme le terme de l'Histoire. Dans son Tableau
chronologique (Bonn, II, p. 866-870), il range sous l'année 1308 l'ensemble des faits qui
sont relatés dans le livre XIII et qui s'échelonnent en réalité de l'été 1305 à l'été 1307.
Comme il ne justifie pas cette chronologie dans ses Notes, on ignore pourquoi il a opéré
une telle contraction des faits. On peut supposer que l'année 1308 s'est imposée à lui
comme terme ultime de l'Histoire, dès lors qu'il avait placé l'arrivée de Michel VIII au
pouvoir au 1" janvier 1260 et accepté que l'ouvrage, conformément à la dernière phrase
du texte, couvrait quarante-neuf années (début 1260-fin 1308) ; et le calcul est cette fois
correct, puisqu'il fallait inclure dans ce chiffre les deux années extrêmes (1260 et 1308).
321. Les dates et les durées que fournit le chroniqueur catalan sont reportées sur le
Tableau qui suit; on les appréciera avec les nuances qui s'imposent, comme on l'a noté
plus haut ; voir ci-dessus, p. 55 n. 189.
84 A. FAILLER
Albert Failler
C.N.R.S. - LIRA 186
et Institut français d'Études byzantines