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CHAPITRE IV : PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT : GESTION DES DECHETS DU BTP

Au cours des dernières années, la protection de l’environnement est apparue comme une
nécessité qui dépasse les frontières d’un état pour atteindre une dimension planétaire. En effet,
plusieurs catastrophes naturelles et plusieurs maladies sont attribuées au comportement non
responsable de l’être humain envers l’environnement. Ainsi, le monde a connu ces dernières
décennies plusieurs catastrophes qui tirent la sonnette d’alarme et qui ont mis en évidence des
problématiques diverses affectant la planète :
- Le réchauffement climatique lié à l'effet de serre
- Le trou de la couche d'ozone
- La déforestation
- Le problème des ressources en eau
- La régression et dégradation des sols
- La pollution atmosphérique
- Les sécheresses
- Les marées noires
- Les catastrophes industrielles
- Les accidents nucléaires
- Les inondations et ouragans
L’être humain est à l’origine de toutes ces catastrophes. Seul un comportement responsable de
tout le monde et à tous les niveaux permettrait à l’humanité de minimiser les dégâts dans l’avenir.
La gestion des déchets reste l’un des plus grands défis qui se posent sur les chantiers. Ces
déchets sont de trois types : non dangereux inertes, non dangereux non inertes ou dangereux, et
doivent être gérés dans le respect de l’environnement et de la santé humaine.

Réduire leur production et diminuer leur dangerosité, les gérer sans mettre en danger la santé
humaine et sans nuire à l’environnement, mettre en œuvre la hiérarchie de leurs modes de
traitement, les traiter au plus près de leur lieu de production, assurer l’information et la
participation du public : tels sont les objectifs de la politique de prévention et de gestion des
déchets.

I. LES DECHETS DU BTP

Plusieurs millions de tonnes de déchets de chantiers de bâtiment dont les deux tiers sont
inertes et de millions de tonnes de déchets des travaux publics essentiellement inertes
(majoritairement des terres) sont produits annuellement dans le monde.

Les conditions d’élimination des déchets de chantiers sont incertaines du fait de la multiplicité
des intervenants sur chaque chantier, de la nature diverse des déchets et de la variabilité de leurs
lieux de production.

Le rejet incontrôlé dans la nature des déchets de chantier est à l’origine de la constitution de
décharges sauvages et « points noirs » qui par un effet d’entraînement attirent toutes sortes de
déchets dont le caractère non inerte ajoute à la pollution visuelle des sites, une pollution
biologique, voire toxique.

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La figure 1 présente la répartition massique des déchets en fonction des secteurs d’activités.

Les déchets issus de l’activité du BTP ont plusieurs particularités :

 La nature des déchets est très variée pour un chantier donné.


 Les tonnages et volumes produits sont importants.
 Les quantités et qualités des déchets varient entre les chantiers de bâtiment et de travaux
publics :

 les chantiers de TP génèrent de l’ordre de 98 % en poids de déchets non


dangereux inertes. La part de déchets dangereux est de l’ordre de 0,5 % en
poids ;
 les déchets de bâtiment génèrent un ratio plus important de déchets non
dangereux non inertes et de déchets dangereux que les TP.

La gestion des déchets du BTP doit prendre en compte :

 les acteurs du chantier : maître d’ouvrage, maître d’œuvre, coordonnateurs, entreprises


et sous-traitants ;
 les spécificités :

 de la réglementation (par exemple : bois termités, traverses de chemin de fer,


déchets d’amiante) ;
 du chantier (par exemple : taille du chantier, possibilité de tri, type de déchets
générés).

En Côte d’Ivoire, il n’existe pas de statistiques exactes concernant la quantité de déchets de


bâtiments et travaux publics produits. Cependant, on peut estimer à plusieurs tonnes les déchets
produits par l’industrie du BTP en Côte d’Ivoire. Un chiffre énorme vu que jusqu’à présent, aucune
action n’a été prise pour la régulation de ce secteur qui se développe en parallèle avec la
croissance du nombre des chantiers de construction.

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Ces derniers se caractérisent par leur très grande diversité dans la taille, dans la
concentration et dans la fréquence et donc dans la production des déchets dans le temps et dans
l'espace. Ils sont dans leur majorité des déchets inertes, c’est-à-dire qu’ils sont étroitement
associés à la source avec des déchets du second œuvre dans le cas des chantiers de démolition
et de réhabilitation de bâtiments.

Sont-ils dangereux ? En principe non, puisque les déchets du BTP sont composés de
déchets inertes, donc non dangereux. Mais du fait du manque de place sur les chantiers, d'un
défaut d'information ou tout simplement du je-m’en-foutisme de la part des maçons et autres
travailleurs sur le site, il arrive fréquemment que des déchets spéciaux (type peinture, solvant)
soient déposés avec les déchets non dangereux et les polluent.

La multiplicité des intervenants sur un même chantier, maître d'ouvrage, maître d’œuvre,
bureau de contrôle, entreprises générales et sous-traitantes, tous directement ou indirectement
multiplie les difficultés de la gestion des déchets, chaque partenaire ayant une part de
responsabilité.

1. APPROCHE SYSTÉMIQUE DES DÉCHETS

La nécessaire maîtrise des impacts environnementaux est actuellement un objectif capital au


niveau de la gestion des activités industrielles. Il en va d’ailleurs de même au niveau des
collectivités locales qui ont en charge les conséquences environnementales des multiples
activités liées à la vie urbaine.

Cette contrainte résulte pour l’essentiel des évolutions constatées dans les activités de production
et de consommation :

 forte augmentation quantitative de la production ;


 diversification qualitative avec le développement des matériaux synthétiques et de
produits de plus en plus complexes et, de surcroît, à courte durée de vie ;
 prise de conscience, au niveau des populations, des risques écologiques et sanitaires et
des impératifs de l’hygiène et de la sécurité.

Ces impacts peuvent être regroupés en trois catégories :

 l’épuisement progressif des ressources naturelles renouvelables ou non : combustibles


fossiles, métaux, forêt... ;
 les désordres écologiques : les milieux physiques (eau, air, sol) et les milieux vivants
(animaux, végétaux) sont fortement perturbés, ce qui se traduit par de nombreux effets
négatifs qui vont de la perte de la biodiversité au changement climatique, en passant par
la déforestation et les différentes formes de la pollution urbaine et agricole ;
 la dispersion de substances toxiques et/ou écotoxiques : ces substances sont
directement ou indirectement responsables de risques avérés pour la santé des individus.

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2. TYPES DE DÉCHETS SOLIDES SUR UN CHANTIER BTP
Plusieurs déchets sont rencontrés sur les chantiers essentiellement liquides et solides. Ces
déchets sont classés en 3 classes :
Classe I : Déchets Inertes (DI) : ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent
aucune réaction chimique, physique ou biologique durant le stockage.
Classe II : Déchets Industriels Banals (DIB) : également classés comme « déchets
ménagers et assimilés » : sont produits par l’industrie, artisanat, le commerce
et les services, ne présentent pas de caractère dangereux ou toxiques et ne
sont pas inertes.
Classe III : Déchets Industriels Spéciaux (DIS) ou Déchets Industriels Dangereux (DID) :
contiennent des substances toxiques et nécessitent des traitements spécifiques
à leur élimination.
Les principaux déchets rencontrés sur les chantiers pour ces 3 classes sont :
Classe III
Classe II
Classe I Déchets Industriels Spéciaux
Déchets Industriels
Déchets Inertes (DI) (DIS) Déchets Industriels
Banals DIB
Dangereux (DID)
- Terre - Plâtre + polystyrène - Produits de protection du bois
- Pierre expansé - Produits de peinture
- Béton - Plâtre + filasse contenants des solvants
- Ciment - Plâtre+ mélange de - Huiles hydrauliques
- Terre cuite carton, bois et acier - Liquides de frein
- Porcelaine - Béton cellulaire - Huiles de moteur
- Faïence - Métaux - Huiles de boites
- Ardoise - Verre - Produits explosifs
- Parpaing - Bois non traité - Accumulateurs au plomb
- Fibrociment - Plastiques - Amiante (friable et lié).
- Céramique - Laine de verre - Produits contenant du
- Matériaux à base de - Quincaillerie goudron,
Gypse - PVC - Lampes à économie d’énergie
- Enrobé bitumeux et - Pots de peinture et - Peintures, vernis, colles,
asphalte coulé vernis à l’eau solvants contenant des
- Autres matériaux sans - Colles et mastics séchés substances dangereuses,
goudron - Emballages de papier, - Pinceaux, chiffons souillés
- Enrobés bitumeux en carton, plastique avec des produits dangereux,
asphalte coulé - Textiles - Produits absorbants pollués
- Autres matériaux sans - Équipements aux hydrocarbures
goudron électroniques - Transformateurs au
- Enrobé bitumeux sans - Piles et accumulateurs pyralène…
goudron (sauf plomb, Ni cd , - DEEE (déchets
- Plâtre mercure ) d’équipements électriques et
- Plâtre + laine minérale électroniques) contenant des
- Plâtre cartonné substances dangereuses,

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Selon les statistiques, les déchets du BTP se répartissent selon les proportions suivantes :

 Déchets Inertes (DI) qui représentent en général 66% de l’ensemble


 Déchets Industriels Banals (DIB) qui représentent 28 %
 Déchets Dangereux (DD) qui représentent 5%

Une catégorie peut être dégagée à part : Les emballages qui représentent 1%.

Environ 50% des déchets non dangereux du BTP sont en mélange et donc non triés sur le
chantier (distinction B et TP non disponible). Ils peuvent donc l’être ultérieurement soit à l’atelier
soit sur une installation spécifique.

 Le tri a un impact important sur les coûts de traitement. Trier les déchets permet une
économie d’environ 50% par rapport au coût de traitement des déchets non triés.
 Le coût de gestion des déchets de chantier représente 3,5% du chiffre d’affaire du secteur
du bâtiment.
 Des fiches signalétiques des déchets de chantier sont élaborées par la FFB pour aider à
mieux trier les déchets. Ces fiches permettent aux acteurs sur les chantiers d’affecter
chaque type de déchet à sa catégorie (DI, DIB, DD).
 Des conseils pratiques sont fournis pour la gestion des déchets de chantier et la réduction
des coûts de leur élimination.

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II. GÉNÉRALITÉS SUR LES DÉCHETS ISSUS DES CHANTIERS DU BTP

1. PROBLÈME DE GESTION DES DÉCHETS DE BTP

Le processus d'urbanisation : L'urbanisation = transformation des formes de la société →


l'augmentation de ceux qui habitent en ville par rapport à l'ensemble de la population.

L'urbanisation présente un caractère exponentiel (nettement avéré depuis les années 1800) qui
semble être vécu comme une fatalité par la plupart des gouvernements et aménageurs. En 1800,
à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50% en l'an 2000, et
au rythme actuel 65% de la population sera urbaine en 2025, et plus de 80 % dans de nombreux
pays.

L'urbanisation apporte à la société un nouveau mode de vie moderne, lui ouvre de nouveaux
horizons, lui procure de nouvelles compétences et l'engage dans un processus d'apprentissage.
Cependant, une urbanisation rapide et incontrôlée pose de graves problèmes de gouvernance.

L'urbanisation rapide et sauvage des pays d'Afrique a causé la détérioration de l'environnement.


Le taux élevé d'urbanisation dans les pays africains entraîne une accumulation rapide de déchets.
Les changements sociaux et économiques qu'ont subi la plupart des pays africains depuis les
années 60 ont également entraîné une hausse de la production de déchets par personne.

Ce n'est pas la quantité de déchets qui pose problème, mais plutôt l'incapacité des
gouvernements et des sociétés d'élimination des déchets de s'en débarrasser.

2. TERMINOLOGIES SELON LE CODE DE L’ENVIRONNEMENT

La gestion des déchets : collecte, transport, valorisation et élimination des déchets et, plus
largement, toute activité participant de l’organisation de la prise en charge des déchets depuis
leur production jusqu’à leur traitement final, y compris les activités de négoce ou de courtage et
la supervision de l’ensemble de ces opérations.

Le producteur de déchets : toute personne dont l’activité produit des déchets (producteur initial
de déchets) ou toute personne qui effectue des opérations de traitement des déchets conduisant
à un changement de la nature ou de la composition de ces déchets (producteur subséquent de
déchets).

Le détenteur de déchets : producteur des déchets ou toute autre personne qui se trouve en
possession des déchets.

La collecte : toute opération de ramassage des déchets en vue de leur transport vers une
installation de traitement des déchets.

Le traitement : toute opération de valorisation ou d’élimination, y compris la préparation qui


précède la valorisation ou l’élimination.

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Au niveau des modes de traitement des déchets, il faut différencier :

La prévention : toutes mesures prises avant qu’une substance, une matière ou un produit ne
devienne un déchet, lorsque ces mesures concourent à la réduction d’au moins un des items
suivants :

 la quantité de déchets générés, y compris par l’intermédiaire du réemploi ou de la


prolongation de la durée d’usage des substances, matières ou produits ;
 les effets nocifs des déchets produits sur l’environnement et la santé humaine ;
 la teneur en substances nocives pour l’environnement et la santé humaine dans les
substances, matières ou produits.

La valorisation : toute opération dont le résultat principal est que des déchets servent à des fins
utiles en substitution à d’autres substances, matières ou produits qui auraient été utilisés à une
fin particulière, ou que des déchets soient préparés pour être utilisés à cette fin, y compris par le
producteur de déchets.

L’élimination : toute opération qui n’est pas de la valorisation même lorsque la dite opération a
comme conséquence secondaire la récupération de substances, matières ou produits ou
d’énergie.

Le réemploi : toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas
des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été
conçus.

La réutilisation : toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont
devenus des déchets sont utilisés de nouveau.

La préparation en vue de la réutilisation : toute opération de contrôle, de nettoyage ou de


réparation en vue de la valorisation par laquelle des substances, matières ou produits qui sont
devenus des déchets sont préparés de manière à être réutilisés sans autre opération de
prétraitement.

Le recyclage : toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets
organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou
à d’autres fins. Les opérations de valorisation énergétique des déchets, celles relatives à la
conversion des déchets en combustible et les opérations de remblaiement ne peuvent pas être
qualifiées d’opérations de recyclage.

Le remblayage : opération de valorisation par laquelle des déchets appropriés sont utilisés, en
remplacement de matières qui ne sont pas des déchets, à des fins de remise en état pour combler
des trous d’excavation ou pour des travaux d’aménagement paysager.

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3. RESPONSABILITÉS DES ACTEURS SUR LES CHANTIERS DU BTP

Selon le code de l’environnement qui détermine les responsabilités des producteurs et des
détenteurs de déchets :

« Tout producteur ou détenteur de déchets est tenu d’en assurer ou d’en faire assurer la gestion
[…]. »

« Tout producteur ou détenteur de déchets est responsable de la gestion de ces déchets jusqu’à
leur élimination ou valorisation finale, même lorsque le déchet est transféré à des fins de
traitement à un tiers. »

« Tout producteur ou détenteur de déchets s’assure que la personne à qui il les remet est
autorisée à les prendre en charge ».

La responsabilité commence dès que le déchet est produit et ne cesse qu’une fois le déchet
complétement et correctement éliminé. La responsabilité du producteur ne cesse pas une fois le
déchet remis à un tiers.

4. ACTIVITÉS SUSCEPTIBLES DE GÉNÉRER DES DÉCHETS DU BTP

De nombreuses entreprises sont susceptibles de générer, lors de leur chantier, des déchets du
BTP. Les activités faites en régie par l’administration, les collectivités territoriales ou les chantiers
des particuliers génèrent des déchets du BTP qui doivent également être pris en compte.

Construction de bâtiments

 Construction de maisons individuelles


 Construction d’autres bâtiments

Génie civil

 Construction de routes et autoroutes


 Construction de voies ferrées de surface et souterraines
 Construction d’ouvrages d’art
 Construction et entretien de tunnels
 Construction de réseaux pour fluides
 Construction de réseaux électriques et de télécommunications
 Construction d’ouvrages maritimes et fluviaux
 Construction d’autres ouvrages de génie civil non classés ailleurs

Travaux de construction spécialisés

 Travaux de démolition
 Travaux de terrassement courants et travaux préparatoires
 Travaux de terrassement spécialisés ou de grande masse

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 Forages et sondages
 Travaux d’installation électrique dans tous locaux
 Travaux d’installation électrique sur la voie publique
 Travaux d’installation d’eau et de gaz en tous locaux
 Travaux d’installation d’équipements thermiques et de climatisation
 Travaux d’isolation
 Travaux de plâtrerie
 Travaux de menuiserie bois et PVC
 Travaux de menuiserie métallique et serrurerie
 Agencement de lieux de vente
 Travaux de revêtement des sols et des murs
 Travaux de peinture et vitrerie
 Autres travaux de finition
 Travaux de charpente
 Travaux de couverture par éléments
 Travaux d’étanchéification
 Travaux de montage de structures métalliques
 Travaux de maçonnerie générale et gros œuvre de bâtiment
 Autres travaux spécialisés de construction

5. CARACTÉRISTIQUES DES DÉCHETS PAR TYPE DE CHANTIER

Les paragraphes suivants présentent une liste non exhaustive des déchets produits avec leur
classification, selon le type de chantier.

À noter que les chantiers de bâtiment peuvent générer des déchets du TP (par exemple :
construction d’une infrastructure d’accès à un lotissement) et vice-versa (par exemple : présence
de bâtiments dans l’emprise d’une future infrastructure).

Bâtiment

Les trois grandes activités du bâtiment sont les chantiers de construction, de démolition et de
réhabilitation. Les déchets sont générés en fonction de la taille du chantier, de sa localisation, de
son accessibilité et des corps de métiers intervenant.

a) Déchets issus de chantiers de constructions neuves

Exemples : maisons individuelles, logements collectifs, commerces, locaux industriels, bureaux,


hôtels, écoles.

Les déchets sont générés en fonction de l’avancement des travaux et du corps de métier présent
sur le chantier. Ils sont rarement souillés ce qui permet un tri à la source plus aisé.

Les déchets inertes représentent 84 % du tonnage total des déchets générés.

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Tableau : exemples de déchets générés lors de travaux en construction neuve

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b) Déchets issus de chantiers de déconstruction

La nature des déchets générés lors de la déconstruction de bâtiments est similaire à celle de la
construction. Quelques déchets supplémentaires peuvent toutefois être retrouvés en fonction des
matériaux utilisés à la date de construction du bâtiment.

Les déchets non dangereux inertes représentent 94 % du tonnage total des déchets générés.

Les déchets non dangereux non inertes produits sont pour 60 % des déchets en mélange
(matériaux inertes avec du plâtre, moquette avec des colles, etc.).

Les déchets dangereux générés sont en majorité des déchets minéraux pollués.

Tableau : quelques exemples d’autres déchets générés lors des travaux de déconstruction

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c) Déchets issus de chantiers de réhabilitation

Les déchets de chantier de réhabilitation sont de même type que les chantiers de construction
neuve et de déconstruction, avec :

 des déchets non dangereux inertes (déchets en mélange, béton, briques, etc.) générés
en quantité moins importante qu’en construction neuve : 64 % du tonnage global,
 des déchets non dangereux non inertes constitués à 90 % de déchets en mélange,
 des déchets dangereux constitués par exemple de bois traités en profondeur par
imprégnation.

Travaux publics

Les déchets non dangereux inertes constituent 99 % en poids, des déchets générés. Les travaux
peuvent être entrepris au niveau :

 des routes : réalisation de nouvelles routes (terrassement, chaussées, assainissement,


aménagements paysagers, ouvrages d’art, bordures, etc.) ou réfection de voies
existantes (fraisage d’enrobé, etc.),
 de l’assainissement (mise en place de canalisations d’eau potable ou de réseaux, etc.),
 des abords de routes (mise en place de poteaux électriques, etc.),
 des tunnels et autres ouvrages souterrains,
 des voies ferrées,
 des fleuves, des ports (réalisation de digues, chenaux, etc.),
 des travaux d’espaces verts, des aménagements de loisirs, des équipements sportifs.

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Tableau : exemples de déchets générés lors de chantiers de travaux publics

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6. CARACTÉRISTIQUES DU SECTEUR DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX
PUBLICS

 Une très grande diversité dans la taille, dans la concentration et dans la fréquence des
chantiers et donc dans la production des déchets dans le temps et dans l'espace, qui
nécessitent une organisation de la collecte adaptée à la fluctuation de la production ainsi que
des structures de regroupement et de tri (plates-formes).
 Une multitude d'intervenants sur un même chantier : maître d'ouvrage, maître d'œuvre,
coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé (CSPS), bureau de contrôle,
entreprises et sous-traitants, tous directement ou indirectement concernés par la gestion des
déchets (NB : en fonction de la taille de chantier, tous ces intervenants ne sont pas présents).
Cette multitude augmente les difficultés de gestion, chaque partenaire ayant une part de
responsabilité.
 Une très grande diversité dans les professions et la taille des entreprises (du major du
Bâtiment et des Travaux Publics à la petite entreprise) qui pose d'importantes difficultés pour
ce qui concerne l'information, la sensibilisation et la formation.
 Une majorité de déchets qui ne peuvent pas suivre les filières traditionnelles de collecte et de
traitement des déchets ménagers et des déchets des autres entreprises, de par leur nature,
leur taille et le caractère pondéreux d’une majorité d'entre eux.
 Une majorité de déchets inertes, parfois étroitement associés à la source avec des déchets
non dangereux (déchets du second œuvre) dans le cas des chantiers de réhabilitation de
bâtiments ou de routes, ponts, etc.

III. GESTION DES DECHETS DU BTP

Aujourd’hui, plus du tiers des déchets générés sont des déchets de construction – démolition, ce
chiffre n’est pas négligeable. Afin de le réduire, les organismes ont prévu dans un Plan de
Prévention et de Gestion des déchets rentré en application, les dispositions suivantes :

 Objectif de recyclage de déchets de construction et de démolition hors terres de 90% ;


 Encourager via divers mécanismes l’écoconstruction (une construction plus durable
contenant moins de substances dangereuses, utilisant des techniques et matériaux qui
facilitent le démontage ou la réutilisation, contenant plus de matériaux recyclés et
recyclables mais moins de matériaux composites qui compliquent ultérieurement le tri…) ;
 Intensifier les contrôles sur le respect de l’obligation de recyclage en vigueur ;
 Organiser des campagnes de sensibilisation sur l’élimination correcte des déchets
dangereux, dont les PCB1 et l’amiante
 Promouvoir le tri et le recyclage sur les petits chantiers ainsi que de mettre en place une
solution acceptable pour la collecte des déchets de construction contenant de l’amiante ;

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 De réelles potentialités de recyclage de nombreux matériaux contenus dans les déchets
du bâtiment, s’ils ne sont pas mélangés entre eux.

1. LES STRATÉGIES DE GESTION DES DÉCHETS

En se plaçant sur un plan prospectif, la réflexion sur la gestion d’un déchet ne doit pas se
limiter à la seule recherche d’une solution immédiate au problème posé par son existence. Sa
production n’est pas toujours une fatalité et des voies stratégiques sont à explorer qui peuvent
conduire à modifier profondément la nature du déchet et les quantités produites pour un procédé
donné. Il s’agit là d’une attitude qui peut entraîner des modifications importantes tant au niveau
du procédé que du produit. Cela explique que ces évolutions relèvent de la stratégie de
l’entreprise au-delà de la seule préoccupation déchet.

Globalement, face à la nécessité de résoudre le problème de la gestion d’un déchet, les


choix stratégiques sont au nombre de cinq (figure 3).

Stratégie 1 : arrêt de la production ou de la diffusion du produit à l’origine du déchet

Le choix de cette stratégie est généralement imposé par les impacts écologiques ou toxiques liés
à l’usage de certains produits.

Exemple : interdiction des pyralènes (PCB), des CFC, du DDT et des insecticides organochlorés.

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Stratégie 2 : optimisation des procédés et innovation technologique

Cette stratégie est le champ privilégié de ce qu’il est convenu d’appeler les technologies propres,
sobres et économes. Le recours à l’automatisation et à des techniques de séparation
performantes (membranes, résines échangeuses…) permet souvent de substantielles
économies de fluides et de matières (réduction à la source), tout en évitant la production de
déchets dangereux (solvants, complexants…).

Exemple : développement de technologies innovantes dans la chimie de synthèse, l‘élaboration


des métaux, la fabrication du papier...

Stratégie 3 : valorisation des déchets

En fonction de leur nature chimique, de leurs propriétés mécaniques, physico-chimiques ou


thermiques, presque tous les déchets sont potentiellement valorisables. C’est cette stratégie qui
se décline à travers toutes les filières de valorisation.

Exemple : développement des filières de valorisation de certains déchets : verre, plastiques,


papier, métaux...

Stratégie 4 : rejet éco compatible dans le milieu naturel

Il est possible, dans certains cas, de permettre le retour des déchets dans le milieu naturel sans
pour autant perturber ce milieu et poser des problèmes de type écologique, écotoxique ou
toxique. C’est en général le cas pour les déchets inertes mais aussi pour les sous-produits de la
décomposition thermique de molécules organiques en composés simples comme l’eau et le gaz
carbonique.

Stratégie 5 : stockage et confinement dans le milieu naturel

Il s’agit dans ce cas de l’enfouissement des déchets. C’est la traditionnelle mise en décharge
dans un contexte technique et réglementaire qui doit garantir l’innocuité du système au regard du
milieu environnant.

L’expérience montre que, pour la plupart des déchets, plusieurs stratégies peuvent être a
priori utilisées.

La première, la plus radicale, a été parfois utilisée ces dernières décennies, ce qui a permis de
stopper les effets négatifs de quelques substances particulièrement néfastes.

La seconde, la stratégie des technologies propres et des produits propres, constitue une source
permanente d’amélioration. On a en effet tendance, actuellement, à associer la recherche d’un
produit propre à une technologie propre.

Les trois dernières stratégies sont, en fait, celles qui relèvent directement de la gestion des
déchets, à travers les deux objectifs principaux de valorisation et d’élimination.

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En fait, la gestion optimale du problème des déchets conduit le plus souvent à utiliser plusieurs
stratégies successivement.

En conclusion, les deux premières stratégies appartiennent à ce qu’il est convenu d’appeler les
technologies propres, économes et écoproduits. Elles représentent une voie d’avenir
prometteuse en matière de développement durable, notamment par application de principes
relatifs au concept d’écologie industrielle.

Les trois dernières stratégies (valorisation – rejet éco compatible – stockage) constituent le
secteur proprement dit du traitement des déchets pour un couple procédé-produit donné.

2. FILIÈRES DE TRAITEMENT DES DÉCHETS DU BTP

Les principaux exutoires des déchets inertes sont les installations de regroupement, les centres
de tri, les plateformes de recyclage ou de concassage, les installations de stockage, les
entreposages et les utilisations à des fins d’aménagement. Certaines installations ne gèrent
qu’une activité mais dans un nombre non négligeable de cas, plusieurs activités co-existent sur
un même site.

Installation de regroupement : il faut distinguer les déchetteries communales (ou


intercommunales), professionnelles et les installations de regroupement ou de transit.

 Déchetterie : point d’apport volontaire pour les déchets produits occasionnellement par
les particuliers. Certaines déchetteries acceptent les déchets du BTP des professionnels
sous conditions (volume, tarif, etc.). D’autres sont exclusivement dédiées aux
professionnels du BTP.
 Centre de regroupement ou de transit : installation réservée aux professionnels du
BTP : artisans et entreprises. Les déchets, initialement triés sur chantier, sont regroupés
et transportés vers une autre installation (plateforme de recyclage, de tri ou d’élimination).

Centre de tri : il s’agit d’installation sur laquelle s’opère le tri (manuel ou mécanique) des déchets.
En général, le tri est effectué sur des mélanges constitués en majorité d’inerte. A l’issue du tri, les
déchets sont évacués en fonction de leur nature, vers des installations de recyclage ou de
stockage.

Plateforme de valorisation, recyclage, concassage : ces installations sont destinées à la


transformation de matériaux minéraux, notamment de déchets non dangereux inertes issus du
chantier du BTP en graves réutilisables dans les chantiers de génie civil. Des opérations de
concassage, criblage ont lieu pour réduire les déchets en fragments plus ou moins grossiers selon
leur usage futur. Un tri à l’amont peut être réalisé pour enlever les matériaux indésirables, par
exemple : les ferrailles, bois, métaux, plâtre, plastiques, qui nuisent à la qualité des granulats de
recyclage produits.

Les installations de recyclage peuvent être fixes - les déchets arrivent sur l’installation pour y être
traités - ou mobiles - un concasseur est mis en place directement sur le chantier.

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Installation de stockage des déchets (ISD) : cette installation est destinée au stockage des
déchets. On distingue trois types d’installation de stockage en fonction de la nature des déchets
stockés :

a. Les installations de stockage des déchets dangereux (ISDD) : installation


d’élimination de déchets dangereux par dépôt ou enfouissement sur ou dans la terre, y
compris un site utilisé pour stocker temporairement des déchets dangereux dans les cas
de stockage des déchets avant élimination pour une durée supérieure à un an, ou de
stockage des déchets avant valorisation ou traitement pour une durée supérieure à trois
ans ; à l’exclusion des installations où les déchets sont déchargés afin de permettre leur
préparation à un transport ultérieur en vue d’une valorisation, d’un traitement ou d’une
élimination en un endroit différent et des bassins de décantation ou de lagunage.
b. Les installations de stockage des déchets non-dangereux (ISDND) : installation
d’élimination de déchets non dangereux par dépôt ou enfouissement sur ou dans la terre,
y compris un site permanent (c’est-à-dire pour une durée supérieure à un an) utilisé pour
stocker temporairement des déchets non dangereux, dans les cas de stockage des
déchets avant élimination pour une durée supérieure à un an ou de stockage des déchets
avant valorisation ou traitement pour une durée supérieure à trois ans en règle générale
; à l’exclusion du stockage dans des cavités naturelles ou artificielles dans le sous-sol des
installations où les déchets sont déchargés afin de permettre leur préparation à un
transport ultérieur en vue d’une valorisation, d’un traitement ou d’une élimination en un
endroit différent.
c. Les installations de stockage des déchets inertes (ISDI) : installation d’élimination de
déchets inertes par dépôt ou enfouissement sur ou dans la terre, y compris un site utilisé
pour stocker temporairement des déchets inertes, à l’exclusion de ceux où les déchets
sont entreposés pour une durée inférieure à trois ans afin de permettre leur préparation
à un transport en vue d’une valorisation dans un endroit différent, ou entreposés pour une
durée inférieure à un an avant leur transport sur un lieu de stockage définitif.

Carrière : les déchets non dangereux inertes peuvent être valorisés pour la remise en état du
site. La loi prescrit les obligations de l’exploitant concernant les critères d’admission, de stockage,
les contrôles, la traçabilité des déchets et la remise en état du site.

Installation d’incinération : c’est une installation destinée spécifiquement au traitement


thermique de déchets, avec ou sans récupération de la chaleur produite par la combustion.

3. RÈGLES DE BASES POUR LA GESTION DES DÉCHETS SOLIDES

Chaque entreprise est responsable de la gestion et de l’élimination des déchets qu’elle produit.
Ainsi, il est conseillé de :
 proposer l’utilisation de matériaux moins polluants, recyclés et recyclables
 veiller à la réduction des déchets à la source (emballages consignés, limiter les chutes…)
 réaliser un tri sur le chantier en séparant au minimum les 3 catégories de déchets
 orienter les déchets vers les filières conformes à la réglementation
 assurer la traçabilité des déchets (bordereaux de suivi des déchets)

19
Ce sont les travaux de démolition qui engendrent le plus de déchets. On estime que les
travaux de démolition engendrent la majorité des déchets des chantiers (65%) beaucoup plus
que la réhabilitation (28%) ou encore les travaux neufs (7%).
Les premiers acteurs de la construction/démolition/ réhabilitation sont les ouvriers présents
sur le chantier et doivent être sensibilisés pour avoir une attitude responsable.
Des comportements simples et quotidiens de la part des ouvriers d’un chantier,
contribueraient certainement à la préservation et à la protection de la nature.
Parmi, les comportements à adopter sur un chantier :
- Interdiction de brûler les déchets sur le chantier
- Ne pas enfouir des déchets autres qu’inertes sur le chantier
- Utiliser les bennes de chantier
- Respecter le tri des déchets dans les bennes
- Réaliser un nettoyage du chantier régulièrement
- Ne pas mettre de déchets dangereux dans les bennes à ordures ménagères
- Évacuer les bennes pleines.

Cas de l’Amiante

L’amiante est sans aucun doute, le matériau rencontré sur les chantiers qui a fait beaucoup
parler de lui, ces dernières années. Il s’agit d’un matériau qui a été largement utilisé dans le
bâtiment pendant des longues années pour ses qualités naturelles de résistance aux hautes
températures, ses propriétés physiques, chimiques et son faible coût. On le trouve encore dans
des tresses, des flocages, des faux plafonds, des enduits, des joints ou des tuyaux.
Le danger de l’amiante réside dans sa poussière et essentiellement dans ses
microparticules (inférieures à 3 microns).
Dans certains pays, la production et l'utilisation de l'amiante ont été interdites et des
campagnes de désamiantages ont été organisées à cause des maladies graves qu’elle engendre
tels que les cancers. Ces maladies peuvent se déclarées parfois plusieurs dizaines d'années
après la contamination.
Ainsi, l’usage de masques anti-poussières et de vêtements ad hoc est obligatoire dans les
zones à risques. L’émission des particules peut être également limitée en humidifiant le matériau
et en protégeant la zone d’intervention.

4. LE DEVENIR DES DÉCHETS DU BÂTIMENT

Le devenir des déchets inertes du bâtiment et des travaux publics

Les déchets inertes peuvent facilement être recyclés sous forme de matériaux, alternatifs aux
granulats de carrières, pour une utilisation en technique routière.
Ce type d’utilisation bénéficie notamment d’un encadrement technique et environnemental
complet. On distingue principalement :
 Les granulats de béton,

20
 Les matériaux « tout venant » (mélange de béton, terre cuite, verre, céramique),
 Les déblais de terrassement préalable à la construction.
 Le recyclage des déchets inertes du BTP est principalement réalisé sur des installations
dédiées, soumises à la réglementation sur les Installations Classées pour le Protection
de l’Environnement. Il consiste en une succession de scalpage/criblage (tri par taille) et
de concassage (réduction de taille), avec un retrait éventuel d’éléments préjudiciables au
recyclage (bois, plastiques, plâtre, métaux, etc.).
À défaut de possibilité d’usage technique, permettant une économie de ressources
naturelles, ces déchets sont soit :
 Utilisés en réaménagement de carrières,
 Éliminés en installations de stockage.

Le devenir des déchets non dangereux du bâtiment et des travaux publics


Les déchets du BTP en général sont souvent restreints à une problématique « déchets
inertes ». Or les déchets non dangereux du Bâtiment représentent des enjeux importants :
 Un gisement de l’ordre de 10 Mt (source : Ministère de l’écologie),
 Une très forte proportion de déchets mélangés sur les chantiers (~50%) notamment avec
des déchets inertes dans le cas des chantiers de réhabilitation / rénovation,
 Une très faible proportion de déchets recyclés à l’issue d’opérations de tri / préparation
au recyclage sur les installations dédiées, du fait du degré d’imbrication et/ou de
contamination des matériaux contenus dans ces déchets en mélange.
Si beaucoup d’acteurs se sont mobilisés autour de la problématique des déchets issus de la
construction et de la démolition des bâtiments, de loin les plus visibles, peu ont travaillé sur celle
des déchets de second œuvre qui constituent la majorité de ces déchets non dangereux.
Or dans un contexte où les acteurs de terrain doivent faire face à une pression technico-
économique grandissante, une gestion responsable des déchets de second œuvre peut se
développer dans une logique de création de valeur pour les entreprises du bâtiment sans surcoût
pour la maîtrise d’ouvrage.

IV. L’ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE

Le plan de prévention et de gestion des déchets issus de chantiers du bâtiment et des travaux
publics fait l’objet d’une évaluation environnementale (code de l’environnement).

Cette évaluation consiste à intégrer les enjeux environnementaux et sanitaires tout au long de la
préparation du plan. Elle prend en compte les effets prévisibles et permet d’analyser et de justifier
les choix retenus au regard des enjeux identifiés.

L’évaluation doit appréhender l’environnement dans sa globalité (ressources, biodiversité,


risques naturels ou technologiques, énergie, patrimoine, aménagement, gestion du territoire, etc.)
et permet d’apporter une transparence des choix décisionnels notamment par l’information et la
participation du public.

21
Les étapes de l’évaluation environnementale sont prévues par le code de l’environnement.

L’évaluation environnementale répond à trois objectifs principaux :


 Aider à la décision : l’environnement est un argument qui doit être pris en considération
pour l’élaboration du plan.
 Intégrer les préoccupations environnementales d’un territoire donné au sein d’un projet
de planification.
 Transmettre au public : le plan et le rapport environnemental sont accessibles à tous.

Pour atteindre ces objectifs, l’évaluation environnementale doit notamment :


 Être intégrée en amont de l’élaboration du plan.
 Permettre les réflexions sur l’élaboration et le choix de la planification.
 Accompagner la structure de suivi du plan.

Pour sa mise en œuvre, la démarche passe par plusieurs étapes :

a. Définition de l’état initial de l’environnement de la zone concernée en prenant en compte


- le contexte réglementaire (international, européen, national),
- les données environnementales du territoire,
- l’articulation avec les autres documents existants (plans, schémas).
b. Hiérarchisation des enjeux environnementaux à l’échelle du territoire.
c. Analyse de la gestion des déchets sur le territoire et des incidences sur l’environnement.
d. Choix et justification de la planification avec l’analyse et les réductions des impacts.
e. Mise en place d’objectifs et d’indicateurs de suivi.

Le rapport environnemental doit présenter le processus qui a abouti au choix d’un scénario.
L’ampleur et le degré de précision des informations contenues dans le rapport environnemental
peuvent être demandés auprès de l’autorité environnementale en amont de l’élaboration du
projet. Ils portent sur :
 une première hiérarchisation des enjeux environnementaux,
 l’identification des pressions exercées sur les ressources et les milieux naturels,
 l’identification des conflits d’usages dans certains secteurs du territoire considéré.

22
V. LE SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL

À l’heure où tous les scientifiques s’entendent pour reconnaître l’impact de l’homme et de ses
activités sur le réchauffement climatique, certaines entreprises et administrations tentent de
réduire leur empreinte sur la planète. Les acteurs économiques et services publics qui se soucient
de leur impact énergétique peuvent mettre en place au sein de leur organisation un Système de
Management Environnemental (SME).

1. DÉFINITION DU SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL

Un Système de Management Environnemental (SME) est un outil à disposition des entreprises


et des institutions, qui a pour objectif d’améliorer la gestion et les performances
environnementales. Il s’agit d’une démarche volontaire. Chaque entreprise est libre de décider si
elle veut construire un SME ou non.
Le système de management environnemental a pour vocation d’améliorer de façon progressive
et continue les performances environnementales de l’organisme. Mais, concrètement, comment
se traduit le SME ? Toutes les composantes de l’entreprise sont concernées par ce travail en
faveur de l’environnement. Du processus de production jusqu’à la communication, aucune étape
du process n’est oubliée. Organisation, planification, pratiques, ressources… Autant de points sur
lesquels une vigilance est portée en vue de maîtriser globalement la politique environnementale.

Qui peut construire un SME ? Les usines, les entreprises grandes, moyennes et petites, bien sûr,
mais aussi les restaurants, les hôpitaux, des communes, les administrations publiques, les
écoles, etc.

Le SME ne se substitue pas à la législation en matière d’environnement, il la complète. Il intègre


de nouvelles procédures à la gestion des activités quotidiennes de l’entreprise et instaure une
approche systématique et formalisée.

Un SME favorise l’intégration de l’environnement dans la gestion de l’entreprise. Il poursuit les


objectifs suivants :
 identifier, évaluer et prévenir les risques environnementaux ;
 repérer les lacunes dans les processus de production ou de management ;
 définir les alternatives possibles qui permettent d’améliorer les performances
environnementales.

Au-delà du Système de Management Environnemental, le management environnemental peut


aussi viser la norme ISO 14001 ou le Système de management environnemental et d’audit de
l’Union européenne (EMAS), mais en plusieurs étapes. Les entreprises doivent en effet faire
d’importants efforts tant en termes financiers qu’en termes de ressources humaines pour espérer
se voir certifier ISO 14001. Cependant, les entreprises, avec le dispositif 1.2.3 Environnement,
peuvent choisir de passer par des niveaux intermédiaires afin de concrétiser et valoriser leur
politique environnementale.

Il existe différents outils de gestion environnementale, les plus connus sont ISO 14001 et EMAS.

23
ISO 14001 : C’est une norme internationale créée par les entreprises au travers de l’«
International Organization for Standardization » basée à Genève. Ce modèle a été conçu
pour être applicable partout dans le monde, quels que soient le type et la taille de l’organisation
et surtout quel que soit le niveau d’exigence de la législation en vigueur. Il ne formule pas
d’exigences en matière de performance environnementale. Il suffit que les organisations qui se
sont impliquées dans la mise en œuvre d’ISO 14001 s’engagent à se conformer à la législation
et à suivre le principe d’amélioration continue de leurs résultats en matière d’environnement.

EMAS (« Eco-Management and Audit Scheme ») : C’est un règlement européen plus


contraignant que le système ISO 14001. Les organisations, qui se sont engagées dans la mise
en œuvre d’EMAS, doivent se conformer à toutes les exigences du règlement (notamment la
conformité à la législation environnementale) et doivent montrer des résultats. Ce système
accorde une grande importance au contrôle des pouvoirs publics, à la participation des
travailleurs et à la communication vers le grand public (à travers une déclaration
environnementale annuelle).

Un Système de management environnemental vise par définition la norme ISO 14001. Celle-ci
représente la norme de toutes les entreprises ou administrations qui intègrent un SME. Outre le
fait d’accompagner les organismes dans la réduction de leur impact environnemental, cette
norme permet de démontrer l’efficacité du dispositif. Si les organismes ne sont pas tenus
d’appliquer cette norme, elle est pourtant la parfaite représentation du SME. La norme ISO 14001
engage en effet l’entreprise ou l’administration dans un cercle vertueux consistant à améliorer
progressivement sa gestion pour limiter ses impacts sur l’environnement. Elle assure aussi à
l’organisme le respect des réglementations environnementales.

2. AVANTAGES DE LA MISE EN PLACE DU SYSTÈME DE MANAGEMENT


ENVIRONNEMENTAL

L’engagement des organisations à réduire les impacts de leur activité sur l’environnement est
encore limité. Les organisations s’engagent uniquement dans le but de se mettre en conformité
avec les règlements. Mais depuis l’apparition de la norme ISO 14001, beaucoup d’organisations
complètent leur management de la qualité avec un volet environnemental. En effet, la mise en
place du système de management environnemental ISO 14001 permet aux organisations de
bénéficier d’une meilleure notoriété et ainsi de séduire de nouveaux clients et d’en tirer un
avantage.

Si cette démarche est contraignante, la mise en place du Système de Management


Environnemental présente tout de même des avantages non négligeables : à commencer par la
maîtrise des coûts. En réalisant des économies d’énergie, l’entreprise réduit également sa facture
en termes financiers. Le dispositif permet aussi d’intégrer les contraintes réglementaires plus
aisément. Il facilite la satisfaction des clients concernés par le développement durable. Il assure
une meilleure mobilisation des collaborateurs autour d’un objectif commun. Et, finalement, il
améliore de façon significative l’image de l’entreprise. Un message qu’elle pourra, à souhait,
développer et qui pourra se répercuter sur les entreprises de son réseau.

24
Fortes de ces efforts continuels pour préserver l’environnement, ces sociétés sont, sur le long
terme, généralement plus performantes économiquement.

La démarche de certification à la norme ISO 14001 présente plusieurs avantages dont la maîtrise
des questions environnementales qui peuvent aboutir à une meilleure gestion des charges de
l’entreprise. En effet, cela aide à la prise de décision importante dans l’entreprise et à anticiper
les problèmes liés aux impacts environnementaux de ses activités.
Une entreprise qui a mis en place un système de management environnemental ISO 14001 jouit
également de certains avantages concurrentiels dont la reconnaissance sur les marchés. Les
consommateurs sont de plus en plus attirés par les entreprises qui prennent des engagements
en faveur de l’environnement. Étant la preuve objective de l’engagement de l’entreprise à
respecter l’environnement, la certification à la norme ISO 14001 rassure les clients, les
collaborateurs et les partenaires de l’entreprise.

3. LA NORME ISO 14001

La norme ISO 14001 est une norme appliquée aux systèmes de management environnemental
pour répondre aux préoccupations environnementales des consommateurs. Elle a été créée par
l’International Organization for Standardization (ISO) ou l’Organisation Internationale de
Normalisation. La norme ISO 14001 fait partie des normes d’organisation.

La norme ISO 14001 spécifie les exigences relatives à un système de management


environnemental pouvant être utilisé par un organisme pour améliorer sa performance
environnementale. La Norme internationale est destinée à être utilisée par les organismes
souhaitant gérer leurs responsabilités environnementales d’une manière systématique qui
contribue au pilier environnemental du développement durable.

L’ISO 14001 permet d’aider un organisme à obtenir les résultats escomptés de son système de
management environnemental, lesquels constituent une valeur ajoutée pour l’environnement,
pour l’organisme lui-même et pour les parties intéressées. En cohérence avec la politique
environnementale de l’organisme, les résultats escomptés d’un système de management
environnemental incluent:
 L’amélioration de la performance environnementale;
 Le respect des obligations de conformité;
 La réalisation des objectifs environnementaux.

La Norme ISO14001 regroupe 18 exigences réparties en 6 chapitres dont :

 Les exigences générales qui traduisent les intentions de l’entreprise en termes


d’environnement
 La politique environnementale qui définit les objectifs de l’entreprise
 La planification qui recadre le plan d’action de l’entreprise pour satisfaire sa politique
environnementale
 La mise en œuvre qui regroupe les actions réalisées pour atteindre les objectifs et
satisfaire la politique environnementale de l’entreprise.

25
 Les contrôles et les actions correctives qui consistent à faire un suivi systématique du
planning de l’entreprise pour mesurer la réalisation des actions planifiées et le bon
fonctionnement du système de Management environnemental
 La revue de direction qui vérifie l’efficacité de la politique environnementale et la
conformité des actions planifiées à la législation et aux réglementations applicables.

La norme ISO 14001 est applicable aux organismes de toutes tailles, de tous types et de toutes
natures, et s’applique aux aspects environnementaux de ses activités, produits et services que
l’organisme détermine et qu’il a les moyens soit de maîtriser, soit d’influencer en prenant en
considération une perspective de cycle de vie. La présente Norme internationale n’établit pas de
critères spécifiques de performance environnementale.

4. MISE EN ŒUVRE DU SYSTÈME MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL

Plusieurs étapes sont nécessaires pour implémenter un SME :

Le principe fondamental est basé sur le modèle de « la roue de Deming », du nom du théoricien
de la qualité qui l’inventa. Il est également appelé modèle Plan – Do – Check – Act (PDCA), ce
qui peut se traduire en français par : Planifier – Agir – Vérifier – Réagir.

LES 5 ÉTAPES D’UN SME :

Étape préalable : Observation


Avant de se lancer dans la création d’un SME, l’entreprise réalise une analyse environnementale
préliminaire. C’est-à-dire qu’elle réalise un état des lieux qui lui permet de se faire une idée de sa
situation actuelle (qui sera la situation de départ) et des éventuelles améliorations à apporter.
Pour réaliser une analyse environnementale préliminaire, on commence par identifier les
ressources qui sont consommées par l’entreprise (énergie, eau, matières premières) et les
déchets qui sont générés.

26
Une fois cet inventaire réalisé, on complète les données en estimant les quantités mises en jeu
(consommation d’eau et d’énergie, quantité de matières premières consommées, quantité de
déchets produits, etc.).
À ce stade, on peut, généralement, identifier certains problèmes et dégager des pistes
d’amélioration pour les résoudre ou les réduire.

Première étape : Planification


Lors de cette étape, l’entreprise établit une politique environnementale, qui fixe les objectifs
d’amélioration que l’on veut atteindre à court, moyen et long terme.

Ensuite, elle définit les priorités d’action et rédige un plan d’actions, qui consiste à planifier la mise
en œuvre des améliorations. Pour cela, elle identifie les pistes d’amélioration à apporter et définit
des priorités ; elle identifie les personnes qui vont faire le travail et détermine les moyens
nécessaires ainsi que les délais de travail.

Un plan d’actions répond, pour chaque tâche d’amélioration identifiée, aux questions suivantes :
qui fait quoi, avec qui, comment et dans quels délais ?

Qui ? Quoi ? Avec qui ? Comment ? Quand ?


Tâche 1
Tâche 2
Tâche 3

Deuxième étape : Mise en œuvre


L’entreprise met en œuvre son programme d’actions. Pour cela, l’ensemble des acteurs
concernés doit être impliqué. Elle organise régulièrement des réunions qui permettent de suivre
l’avancement du plan d’actions, d’identifier des problèmes éventuels et d’apporter rapidement
des solutions à ces problèmes.

Troisième étape : Contrôle


Après avoir réalisé le programme d’actions, il faut évaluer le travail accompli et vérifier si les
objectifs fixés initialement ont bien été atteints. À cela sert l’audit. Il permet d’évaluer
collectivement la mise en œuvre du programme d’actions, de voir ce qui a bien fonctionné, ce qui
a moins bien fonctionné et pourquoi. Il permet d’établir un nouveau programme d’actions pour
apporter de nouvelles améliorations plus exigeantes.

En entreprise, cette vérification se fait d’abord à travers un audit interne (réalisé par les membres
du personnel) et ensuite via un audit externe (réalisé par l’auditeur d’un organisme agréé). À la
suite de l’audit externe, si toutes les conditions définies auparavant ont été remplies, l’entreprise
reçoit un certificat qui est valable 1 ans (dans le cas de l’EMAS) ou 3 ans (dans le cas de l’ISO).

Quatrième étape : Réagir/Améliorer (revue de direction)


En fonction des résultats des évaluations et des conclusions des audits interne et externe, l’écart
entre les objectifs fixés (ce qui devait être fait) et les objectifs atteints (ce qui a été fait) est mesuré.
Si les résultats ne sont pas satisfaisants, des actions d’amélioration sont décidées.

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Un SME est un processus d’amélioration continue. Donc, lorsque les objectifs définis
initialement sont atteints, on s’en fixe de nouveaux plus ambitieux. Ces objectifs sont définis dans
un nouveau plan d’actions qui sera mis en œuvre et ainsi la roue de Deming ne s’arrête jamais.

Schéma d’un SME

La mise en œuvre d’un Système de Management Environnemental concerne l’ensemble de


l’organisme et exige l’engagement à tous les échelons de l’entreprise.
Dans la série ISO 14000, les normes ISO 14001 et ISO 14004 relatives aux systèmes de
management environnemental ont une importance capitale. Elles permettent à un organisme
d’adopter une approche systématique pour évaluer comment ses activités, produits et services
interagissent avec l’environnement.

Les systèmes de management environnemental ne sont pas les seuls outils disponibles pour
intégrer le développement durable dans la gestion d’une entreprise. D’autres alternatives, moins
coûteuses existent. Elles permettent souvent de s’adapter plus facilement à la nature, à la taille
et aux types d’activités ainsi qu’aux moyens financiers de l’entreprise concernée.

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NORMES DU ISO : Systèmes de management environnemental

ISO 14001:2015 : Systèmes de management environnemental — Exigences et lignes directrices


pour son utilisation

ISO 14002-1:2019 : Systèmes de management environnemental — Lignes directrices pour


l'utilisation de l'ISO 14001 afin de prendre en compte les situations et aspects
environnementaux dans le cadre d'une thématique environnementale donnée
— Partie 1: Généralités
ISO 14004:2016 : Systèmes de management environnemental — Lignes directrices générales
pour la mise en application

ISO 14005:2019 : Systèmes de management environnemental — Lignes directrices pour une


approche souple de la mise en oeuvre par phases

ISO 14006:2020 Systèmes de management environnemental — Lignes directrices pour intégrer


l'éco-conception

ISO 14007:2019 : Management environnemental — Lignes directrices pour la détermination des


coûts et des bénéfices environnementaux

ISO 14008:2019 : Évaluation monétaire des impacts environnementaux et des aspects


environnementaux associés

ISO 14009:2020 : Systèmes de management environnemental — Lignes directrices pour intégrer


la circularité des matériaux dans la conception et le développement

ISO 14053:2021 : Management environnemental — Comptabilité des flux matières —


Recommandations pour la mise en application par phases dans les
organisations

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