ANICALE DES ANCIENS COMBATTANTS
des 155° — 955° RI et" 155° RIP
RAL BURTAIRE & Ta CERENONIE de L'OUYRAGE #o 1a FERTE
te 1S HAL 1986
ALLOCUTION du Gi
Creat avec Emotion, apres plus de 6 années éconées et un an aprée 1g 14dération du Pays
que Jone retrouve sur ce champ de datatile ob a'tliuetra le 1ssine Régiment d’Infanterie ¢t ou
Stacconplit ce crane immense We 1a consctenca et du devotr qui, ie 19 mal 1940, tows acce dia
plus grande douleur et qui, anfoure*ut, éclatre dun rayonnenent de gloire les castes de ce nex
+ Régiment.
Je miincline avec respect devant celui qui tt &le tte de ces chevaliers au bevoir,
qui préférbrent 1a mort & 1*abandon de ta Place qui lour était confite, devant les 98 héros qv)
exéeutdrent sans détaillance leur mission ¢e saerifice, devant leurs fanities & tous dont 14 fisve
flertf ne peut, fatre tairo 1a ernanté @e leurs rertes.
se Percie, Hensteur Ye Wnistre, d'avotr bien voulu par votre présence - unir
fe mene gloire ceux qui varni les soldate de 1940 se nontrerent ies diges soitiens du pres
rangaise et les héritiers de ses pures verttis et ceur Cala Nésistance dont ceur.i,
dans u
tige ce 1'arnde
st la Destinée ne leur avatt fx at crueite, eussent ét¢ narmi les plus grands ot les plus
Je suis vern ict. comme le Chet et le Conpagnen d'arnes de ces héros. don't *
$1 souvent 1'Ouvrege, avec lesquels te ne suis entretent si sousent. Ces sombres gal
plus de 6 mois, siest dcoulée lour vie sens soleil, Je les nercourrais aujourd ‘hut encore, ies yeux
fernés, st le grand drane ob s'écelenit leur Jeunesse ne les avait douleversées ov antan ties.
suis vent t¢% conne le ‘témoin de'cette cragédie qui, peu & peu, stevéra sans issue; comme un tino!
qui tout procke et cependant si ¢loigné, converse, par téléphone souterre‘a, Jusgu'&-1a-coaeomneticn—
Gu sactttce commun, avec ceux qui eurent 12 lourde responsabilité de cette mission surmimsine
Yous convie, Nessieurs, 2 1a douloureuse méqitation de ces soumces de tristesse, «
Gonne un supréne hommage & ces pures figures de France, b revivra ten lourdes heures a’ angoiase gis
ans une tragtque lenteur, les ont conwiits & leur Destin.
Louvrage de ia Forté était 1e derter bastion soptentrional de le Ligne Haginot & 1*ex-
tren gelche @u S.F.H. Plus au Word, plus rien que des ouvrages’de campagne. Lacouvertare. vétonnte
Ge ia France starrbtalt/18. Cet onvrage dévoraé, fe riot enneni eut déferié de nontnéay 4 Baie,
Prenant 3 revers la lige de betattie’ conrant-d& Gedan’A la ner Gu Lord, cur laquelle 1¢ cormancene
Wrangals avait décidé de se battre avec la tovalité de ses forces si les arnées ailenances - conae
41 Stal vratsenblaple - envahiseatent 1a Belgique. =
Ta Ferté devait donc, ae tute urgence, résister ala preseion au Kora:
Gertes, 14 Ferté oot tonbés et ta Ligne Nagingt n'a pas été tournée. als cveet qua ce
Fonent, plus & l'ousst, nos amées fichissatent et leur débordenent e'anorgait aé14 & grand rayon
d*action.
Eugsent-t1s deviné 1*anpleur que devatent prendre ces évanenents, que le Licutenant
DourgulgrOn @ Ses .COMPamMOns drarnes nen qssent fas noinssexécuté 4 1a Iettre leur mieeton, vant
que colie-cl NiGtalt pas nddtride. "Bt clip ne poutalt 1'€tre ales aémt ae la bariiiio afeterye,
sere cupremi €U le retour inespérd a6 1a Fortune sont susceptibles do modifier le cours d'une
action et changer @ tut au tout une situation conproxise.
be lourde charge de covte miosion était 2 la meatre de 1'énergie a Chef ot de 1*nérotane
Ge see subordonnés. Bourguignon était 1'vn des plus pril*ants Officlers des iquipages a'ouvrages,
et JG Liarste choiei pour ce’ poste: parse que Je: savaizaue s'il my réuasissatt pas = 4ueun cucre
nity ent rdusst.
a, LEquipage ¢e in vert?
Bente.
Piatt be Hormes : 76 de 1
fanterte, 5 ce Ltaruillerte, 16Liouvrage était inttialement composé de 2 Blocs ou Casenates, indépendants 1'un de
ltqutre et converts par Z casenates d'artillerte et par le village de Villy organisé aérensive-
Rent aul conrs de 1'hiven 59-40. Ultérfeurenent ces 2 dlocs furent réunis par une galerie sou- 5
terraine, destinée 2 aseurer 1a Itaison entre les 2 blods dont la dépendence était maniteste.
iheurevsenent cette anlioration avait été faite trop tardivement pour que 1'on eut établ! dats
Ltoavrage te systine de surpresston qui existait dans tous les autres et qui eut permis d'expul—
ser les gaz nocifs que le fonetionnenent des apparetis de tir ou 1"initiative de l'enpemi pour-
ratent accumler dans les cellules et couloirs souterrains.
ue ntexouse, Hessieurs, de ces détalls techniques que J'ai youlu aussi sobres que pos-
sible, nats qui sont indispensables 4 1a conpréhension du drane.
Yotes au surplus que ces 96 honnes n'étatent ras - conme cela est en général cans tes
forn@¥ions de campagne - grounds ~ done réconfortant. leur moral dans un contact permanent. Ils
étalent, au contratre, dispersés - suivant 1a misston qui leur était inpartie - entre les dif-
Térents organes de 1a défense et ne conmuniquatcnt gntre eux que par téléphone. C'est assez dire
Ge quelle naftrise sur eux-nénes {1s durent faire preuye au cours de~ce combat angoissant ob cha~
que ¢quine qui comptait en moyenne 22 5 hommes, avait 1!impression de ne pouvoir conpter que sur
elle-réme ct la lettre de sa nisston, nour prendre sa ddeision et raffermir es confiance.
du contre, dans 1a galerte, vetllait le mattre te 1'£quipsge —aczrocné > ses observa-
tolres, en liaison avec les Ouvrages voisins - renseignant aissi souvent qi'11 le pouvalt par
¥éléphone, ses honmes qu'il sentait st lotgnés de lu! par la distance, s1 proches per 1'identité
de leur résointion et ge comnandatont plus innédiatenent ces adjoints dont les nons doivent inpé-
rissablenent rester unis au sien, tans une égale admiration le Lieutenant Thouenent, 1'Adjudante
her Sormonne et 1'Adjudamt saitiy.
Je Re bornera! maintenant, & vous lire 1'angoissant Jcimal qu'a temu de ces “vénenents,
te chef snnéatet de ces néros, Le colonel Culot, grand et noble soldat, qui sut conmuniquer aux 4
datatlions qu'fl connandelt 1 flame et 1a foi dont 11 était animé 1ui-n@ne et avec qui j*ae 1s
grande douleur.de voir, le 24 Juin, alors que.tes allemands avaient.déJa dépassé Clermont-Ferrand,
pris conme Gans un filet, con glorievt Rfgiment tout prét 4 donner, & 1" image de la garnigon de la
Ferté et de colic ¢e Villy, a'égales preuves de se vaillance et ce son dévouenent au Pay:
Le W Mat, a few l'astaque brasquée cur 1a chamitre-de sedan. Yous savez 1! tesue,
Liennen!, passe, mats att lieu de descendre vers le Sud, gliase vers l'Ouest, vers Charleville. Pen-
Gant ce temps, nos divisions de cavalerte, jetées en combat retardateur vers 1'Sst en avant de la
Ste de nont de. Hontmédy, harcélent 1vs colonnes allewandes qui, elles aussi. glissent vers cedan
ef sulvant les listtres de 1a rorét a'areynnes.
Le temps est plendide. quelques avions ournofent au-dessus'des ouvrages. Mais ceux-ct
ne sont pas attaqués,
Le 14 Wat, devant ltextension a 1'owest ce Sedan ce la progression allenande ct 1a ne-
hace que fait nattre l'avance prucente des éléments de découverte ennemis sur le plateau de Beaumont,
te généra Cat 1a zine armée,conne aux troupes du secteur de le chiers qui continue, vers le Nord,
te trac do 1a ligne fortittée, l'ordre ce se replier sur une bretelle allant d‘inor & Malandry.
Ltennent suit le repli et entre sinsi, en-contact, avec le bastion nord de la Ligne Magi-
not, avec 1'Ouvrage de 1a Ferté. Le crane commence.
Des le 16 au matin, 1'ouvrage ct les casemates “'artillerie sont violennent borbardés.
Le 16 Mat, 1e bonbardenent se poursutt avec une violence accrue. Les Allenands exercent
une forte noussée. sur 1a région Villy-talandry.
Dans 14 soinée, 18 casemate canon ¢tintervalle auest de Villy se trouve en difrieulté:
Ltinterven tion de 1a tourehle ¢tartilterte du Chenots permet de 1a dégager-
La pression enneni se maintien pendant toute la nuit du 16 au 17 Mal.
Le 17 Net, dbs l'aube, le dombardenent 2 gros caltbres de 1'Ouvrage et des casenates
Tevet une extréne violence.
“ Le Lieutenant sourgignon rend conpte toutefois de ¢e que le tir ennem{ parett nal réeté.
Sur le bloc ouest notamment 1es coups deneurent courts.
seé Bn fait, cette néthode correspond & un tt précis ; ouvrir au moyen d'un chapelet
@tentonnosrs un chentnement d'accbs vers les organes actifs du bloc ouest.
gimultenénent, 1'ennent attaque le village de Villy, opinidtrenent aéfendu, cont les
natsons fortes doivent @tre réduites une & une au canon. Vers 15 heures, le village presque en-
cerelé, brule..Les derniers cétenseurs, les moyens de Cétense éputsés, sont contraints de céder.
Les casenates vont & leur tour Qtre prises A partie par 1'attague.
Vers 20 heures, 1e Lieutenant Bourguimon signaie le repli des occupants des casenates,
Grtatileure le réseau rati et les réseaux de barbelés de 1'0uvrage sont entiérenent aétruits. Un
pen plue tard, 1a communication té14phonique ne fonctionnant plus, 11 venande par radio 1* intensi~
fication des tirs d'artillerie sur les devsus de 1'onvrage.
Yers miwuit, il rend compte : "11s attaqué". 11 ne stagit encore que de matrovities
venant reconnaltre les abords de 1"0uvrage et qui sont dispersés par le tir des cloches a> guet.
dm cours de 1a nuit du 17 au 18 Wai, crace Ale disposition des réseaux enterrés cu
Secteur Fortirsé, le contact’ t¢1éphonique avec !!ouvrage a pu @tre rétabli par 1'internédiaire du
Chenots. i
Le bombardenent, gi! n'a pas cessé depuis le 15 Mal, croit encore en densité. L'ouvrage
Aisparatt “ans 12 funée et 1a pousstére soulevée par les explosions.
Des piéces antichars, prenant succesetvenent 2 partie les créneaur des arnes nixtes
et des cloches du bloc ouest.
Par le Chenois 1'Ouvrage fait connaltre les étapes de leur destruction:
& 17 heures, cnfoncenent d'un créneau d'arme rixte. Les servants sont broyés contre 1a parot
opposé de 1a tourelle.
= 2 48 heures, 1a ceuxidpe tourelie d'arme nixte du bloc auest se trouve coincée; quelques instants
pins tard elle staffaiese. Une & une sont atteintes les cloches de guet.
‘Equipage continue cependant sa résistance obstinée; les reux des arnes encore in-
tactes continuent & {nterdire 4 l’enneni l'approche des organes 1ésés. Les allemands eur-nemes ont
dans leurs relations rendu homage & I'opinigtreté de 1a défense: mésistance désespérée, feu
enragé des mitrailleuses et des canons - fcrivalt le conmentateur D.N.B. le 21 Mai
La tourelle de’75 du Chendis oxécute sans arret des tirs sur les dessus du Bloc Ouest.
Mais l'une aprés l'autre, toureiles et cloches sont mises hors’de conbat. Vers 19 h, le
bloc Ouest s'est tu; rien ne stoppose plus ai cheninement des équipes de pionniers ennenis dans le
champ dventonnoirs uvert sur les supers tructures.
A 19°, 2), le Lieutenant Bon gutgnon communique au Capitaine Aubert, Cat Te Chénots,
que le bloc ovest est-nentralisé, que'l'accumulation groxyde de cartone en rend les fonds intena~
bles, Dens ces conditigns, Les survivante de 1a garnison du bloc ouest sont ranends au bloc est.
Liusine-continuera son ronetionnenen t. :
Yers 20 heures, 1/Adfudant’ sormonne, Cat le Génie de 2'ouvrage; téléphone & son tour: *Le
bt. Bourguignon et le S7Lt. Thowenent organisent 1 "obstruction du=couloir souterrain. La violence
des explosions qui se répereutent dans 1'infrastructure est indescriptivie; 1a fumée dégagée par
lee.explosifs est de plus on plus suffocantet.
Le ¥ Mat, le dombardenent continue: l"ennent s'acharne sur le bloc est, dont les orga—
nes de feu sont neutralisés méthod!quenent.
A i.@ le bt. Bourguignon fatt connatere quia 1!intérteur du-dioc 1a funée devient
tout a fait étourtante. Les hommes, sous le masque, sont aveuglés. Le nobilier se fracasse sous
Le souffle des explosions. Les caisses,de vivres, m1 Darrent le couloir souterrain sont, 2 cha-
qué coup, aéptacées de plusieurs mtres.
A 8.40, Lu cesenats.de Margut comunique quiune épaisse funfe noire s'élgve au-dessus
de 1ouvrage de 1a Ferté.
AGH -40, 1a voix ce la Ferté parvient pour 1a dernitre tots au Clenois. Le voix étout-
tée de adjudant Gatliy, chargé des: transmissions dé 1'Ouvrage, hache pénttlenent le dernier
Ressage de 1'Ouvrage, dont La fin approche: Ils stasphyxtent sous le masque et vont tenter de
renonter s'il le peuvent.
Liouvrage de 1a Ferté a rempli sa mission Juaquay bout. Les observateurs signaleront
quelques instants. pius tard 1a présence de soldats allemands sur les dessus du bloc est.
“eeBt voted autant que notre mémoire soit fidble, la dernibre cormunication adresse *
Par le Lt. Bourguignon au Lt. Colonel Henry, au P.c, du Régiment, alors que le Colonel: cmlot
se trouvait personnelienent ble cacenate de Margit.
Le Lt. Bourguignon denande au t41dphone 1e Colonel cat te 155°
Henry qui se trouve
mencent 2 suffoquer
Is? Le Lt Colone?
an P.C, Int répond. Bourguignon lu! rend conpte de ce que 2es-nonnes: con-
sous le masque et denande ces instructions. Henry répond que le Colorel se
trouve A Margit, Bt 11 afoute : "Vous connaissez votre nission, le Colonel ne pourra!t que
confirners, "Je le sais, répond fovrgutgnon, Adseu mon Colonel#
eestenrs, tout commentaire ne pourrait qu'affadir-ie caracthre poignant de ce
rane 2 la glotre tun croune héro¥que de loyaux frangats et “du Réginent auquel 115 appartenatent.
ve vous latsse 2 sm donlonrense néditation.
Détenseurs ce la Tertt, le Pays n'oublie pas ce & quoi vous aver consent! pour 1ut.
‘Yos camarades vous entourent dans un fidéle et pieux souvenir. Tout ce coin de Lorraine a affiné
Yers vous en cet anniversaire ce votre sacrif’ce. Gloire & votre nénoire !
Mes camarades, = S -
ue 19 Mai dernier, aux lieux ménes of s'est consommé le Sacrifice, le général
SURTAIRE évoquait. avec la ferveur du Soldat et du Chef, 1a poignante tragédie des derniers jours
Ge l'ouvrage de 1a Ferté, page héroique si chargée:de glotre de notre France’ +
Pon témotgnage 4 évei11¢ des résonances profondes dans les coeurs ¢e tous ceux
gui ont porté 1'écusson du Réginent de 1a Neuse’.... que notre ancfen Chef veutlle bien trou-
ver ici l'expression unanine de leir vive gratitude, Ge leur flerté-d'avoir servi sous see or-
éres et de leur affection «
A vous voir nonbreux autour de notre général, votre ex-Colonel de Guerre a pu
Resnrer ls force de 1'union qui soud dans la volonté dv souvenir: les menbres de la grande fa-
mille du 165°. 12 tient pour un fnsigne honneur "avoir été a votre tote «..
Fernettez-lut ¢tassenbler dans une:néme pieuse pensée nos norts de 1a Ferté,
nos frires d'armes tondés autour ce Villy et ceux dont les corps ont jalonné la dure route de la
retraite
A-vous les survivants un devoir s!inpose pine que jemais : demeurer fiddies
2 leur némolre, transmettre & nos enfants, avec le message de coux qui ne sont pius, l'amour
passionné de no.re pays ....
FRANCE D*ABORD.~
La Ferté, le 19 Nai 1946LISTE DES 85 CANARADES MORTS A LEUR POSTE
LE 19 MAE 1940 A L'OUVRAGE DE LA PER!
Les 72 dont les nons sutvent ont pu @tre t¢entiriés.
Stabtentenant THOURMETT Henri Aegecant atoms désiré
Nardchal togts FERRIER de 1'arttlierte Sergt.Chet CASANOVA
Sergt.chef DEGOUT.—sHenrt Sergent ESTIMIOUZE
Sergent ROUSSEL EMflten Soldat CKAFELLE Lonts
Soldat SALIOU Jean - VILLEVAL = Fréay oie Frawivdrnener
2 AICEAUE ~ lie = RAYHOND Yves
- CHAMPENOIS André die brameraicide - MOTTE Marcel
B DUVAL Adrien = vx chariee
3 our - SERIS charles
es Raoul = BOREL Raymond
a Anvert = SABEL Charles
= REBRESET —ifarcel - HOESTERO Joseph
= canon Fernand = DAMBASCH Alphonse
= WEBER Mofase = aRie christian
S DARCY Henri > GADICHET Marcel
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