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Petites Leçons de Diplomatie Ruses Et Stratagèmes Des Grands de Ce Monde À Lusage de Tous Frédéric
Petites Leçons de Diplomatie Ruses Et Stratagèmes Des Grands de Ce Monde À Lusage de Tous Frédéric
Autrement
Tordre le bras de son ami, renier ses promesses sans en avoir l’air,
jouer de la menace pour impressionner, nouer les bonnes alliances,
éviter les quiproquos désastreux… La diplomatie est un art qu’il faut
manier avec habileté pour parvenir à ses fins.
En 13 leçons, Frédéric Encel décrypte les stratégies, souvent
contestables, des grands de ce monde. Celles qui font et défont les
puissances. Il nous dévoile les arcanes du pouvoir et nous permet de
plonger au cœur des relations internationales, aux côtés de Barack
Obama, Vladimir Poutine, François Hollande et Bachar el-Assad. Là
où tout, ou presque, est permis.
Une source d’inspiration universelle !
Du même auteur
Atlas géopolitique d’Israël. Les défis d’une démocratie en guerre, Paris,
Autrement, 3e éd. 2015.
Géopolitique du Printemps arabe, Paris, PUF, 2014.
De quelques idées reçues sur le monde contemporain. Précis de
géopolitique à l’usage de tous, Paris, Autrement, 2013.
Perspectives énergétiques, direction d’ouvrage, Paris, Ellipses, 2013.
Géopolitique d’Israël, avec François Thual, Paris, Points, 2011.
Comprendre la géopolitique, Paris, Points, 2011.
Géopolitique du sionisme. Stratégies d’Israël, Paris, Armand Colin,
2009, 2e éd. 2015.
Horizons géopolitiques, Paris, Seuil, 2009.
L’Art de la guerre par l’exemple. Stratèges et batailles, Paris,
Flammarion, « Champs », 2008, 2e éd. 2015.
Géopolitique de Jérusalem, Paris, Flammarion, « Champs », 2008, 3e
éd. 2015.
Comprendre le Proche-Orient. Une nécessité pour la République, co-
direction d’ouvrage avec Éric Keslassy, Paris, Bréal, 2005.
La Grande Alliance. De la Tchétchénie à l’Irak : un nouvel ordre
mondial, avec Olivier Guez, Paris, Flammarion, « Champs »,
2004.
Géopolitique de l’apocalypse. La démocratie à l’épreuve de l’islamisme,
Paris, Flammarion, « Champs », 2003.
Le Moyen-Orient entre guerre et paix. Une géopolitique du Golan, Paris,
Flammarion, « Champs », 2001.
Petites leçons de diplomatie
Pour Léa
Les chiens aboient, la caravane passe.
Proverbe arabe
Introduction
Si ses rapports avec les proches voisins sont loin d’être simples,
avec l’OTAN dont elle est membre depuis 1949, la Turquie semble
mener un double jeu, à ses risques et périls. En mars 2003, le
Parlement majoritairement AKP vote le refus du passage de troupes
américaines vers l’Irak, cible de la grande coalition réunie par
George W. Bush contre Saddam Hussein. Puis, à plusieurs reprises,
le pouvoir turc interdit à la chasse de l’US Air Force d’utiliser la
gigantesque base – pourtant otanienne – d’Incirlik, dans le sud du
pays. En 2011-2012, le Premier ministre turc rejette la demande de
mise à disposition de matériels militaires pour l’opération anti-
Kadhafi en Libye (et plus tard, anti-djihadiste au Mali) conduite par
la France sous l’égide des Nations unies. À Washington, Paris,
Londres, Rome et Copenhague notamment, ces manquements
répétés à la statutaire solidarité entre alliés finissent par provoquer
une vraie grogne. Si bien que lorsque, au début de l’été 2012, un
missile syrien abattra un avion de guerre turc, les appels d’Erdogan
à ses alliés demeureront vains…
Parallèlement, le pouvoir turc a voulu renforcer ses liens
économiques et commerciaux avec la grande puissance proche, la
Russie, afin de tenir la dragée haute aux Européens et autres
Américains. De fait, le volume des échanges entre les deux pays, si
longtemps rivaux dans le Caucase, s’est envolé à la fin des
années 2000. Toutefois, deux problèmes graves gênent Moscou :
d’abord, l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), mis en service en
2005, évite soigneusement le territoire russe, privilégiant le
géorgien et le turc, d’où un manque à gagner commercial mais
surtout un affront géopolitique ; ensuite et surtout, le
positionnement turc ambigu avec Daesh et ouvertement complaisant
avec les Frères musulmans depuis le début du Printemps arabe
exaspère un Vladimir Poutine extrêmement méfiant quant à
l’évolution identitaire des vingt millions de musulmans – tous
sunnites – vivant en Russie… Cet antagonisme russo-turc trouve
naturellement, à partir de 2011, son point d’orgue en Syrie, Moscou
soutenant à bout de bras et inconditionnellement son allié syrien.
Last but not least, la nouvelle diplomatie turque est sans nul
doute en train d’échouer sur le plus lourd, prometteur et important
de ses dossiers tous horizons confondus : sa candidature à l’Union
européenne (UE). Officiellement, la Turquie demeure candidate, et
tant la direction politique de l’AKP que la haute administration y
sont favorables. Après tout, le dossier avait été déposé pour la
première fois en 1964 ! Pourtant, cette volonté d’intégrer l’Union
heurte de plein fouet, aux yeux des Européens, le positionnement
panislamique et néo-ottoman d’Erdogan, sa dérive anti-droits de
l’homme et son caractère volontiers guerroyeur à ses frontières
méridionales. Si l’on ajoute à cela l’obstination à ne pas reconnaître
le génocide arménien de 1915 et à tergiverser autour des
Protocoles… De fait, l’UE boude Ankara en dépit de la poursuite des
négociations d’adhésion à un rythme très lent. Pour être honnête,
indiquons que du côté européen, depuis la fin des années 1990 et la
montée des partis populistes voire islamophobes, l’intégration
turque fait de moins en moins recette ; défiance accentuée après la
crise des subprimes de 2008 puis de la dette grecque en 2011.
Désargentée, l’UE se voit difficilement s’élargir à de nouveaux
membres. Reste que du côté turc, une fois encore, on court tout et
son contraire, au point que nombre d’observateurs se demandent si,
au fond, la Turquie d’Erdogan n’a pas abandonné l’idée d’intégrer à
terme une Union de toute façon perçue comme déclinante, au profit
du fameux pôle pantouranien et/ou panislamique dont il
souhaiterait prendre la tête. Ne demeurerait qu’une posture
diplomatique destinée à engranger des avantages commerciaux. Or,
on l’a vu, les échecs flagrants de la diplomatie d’Ankara sur les
zones concernées ne lui permettront pas d’opérer un vrai
renversement géopolitique.
À la fin des fins, les diplomaties les plus subtiles demeurent sans
doute celles qui ne font pas appel aux porte-voix, objurgations
définitives et autres injures publiques.
Dissimuler ses intentions
Ou comment faire la guerre pour
obtenir la paix… et inversement
C’est sans doute là l’une des plus grandes et des plus anciennes
leçons de diplomatie depuis les premières cités antiques : pour
réussir, il est nécessaire de s’adapter. S’adapter aux circonstances,
aux idées neuves, aux stratégies de l’adversaire ou encore –
justement – aux nouveaux adversaires. Dans cette perspective, il
faut savoir abandonner les concepts naguère opérants mais devenus
obsolètes au profit des nouvelles réalités.
Introduction
Biographie de l’auteur