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lm POURLA SCIENCE Juin 2015 - n° 452 www Pettis en sf aléatoire, ASST leet hi eM m SPECIAL | AGENTS DES SERVICES PUBLICS TITTY LU 2 POUR LES MOINS DE 30 ANS* Votre vocation fait votre fierté, la notre est de vous assurer. En tant qufagent du service public, vous vous engagez pour les autres, alors GMF s‘engage pour vous en vous proposant, par exemple, d'assurer volte véhicule méme lorsque vous Lutilisez pour des déplacements professionels, sans supplément de cotisation. Et pour aller plus loin, GMF propose des garanties spécifiques liges & votre fonction : une garantie perte de revenu (traitement et primes) en cas d'art de travail, des solutions d'épargne sires et disponibles pour commencer préparer votre retraite. Rejoignez GMF - 1” assureur des agents des services publics. Pour en savoir plus rendez-vous sur www.gmf.fr “50 € pour Faseurance Auto Pass 2:80 € pour assurance Sart Pass. Ofte sore aux oures agerts ces senses pubics ce mons de.0 ang la * année, ale souscrbtlon dun contrat d assurance ato, Otfe vale usquu 34/12/2015 LAGARANTIE MUTUELLE DES FONCTIONNAIRES et employés de Eat et des services publics et assiilés - Sockté dass.rance vel Entree rn parle Code des assurarces “RIO Paris 775 08% 140 Sogo soc: 8, te de Prony = 73807 Pars Geen 17 . ot salale GM Assurances. Adresse postal: 45880 Oriéens Cece 9 ASSUREMENT Human mi POURLA SCIENCE www.pourlascience.fr rue Férou- 75270 Paris Cedex 05 Group PUR LASCENCE Dice de rédctone; Cie esis Poul Seince Faapemur one: Mavtice Masha Rednerce en chef amt. Narleige Corsonnier aspen angus Sarat Pippe bess Cpe, Goteue lequenort, Seana Denar ow Sheres Rddheaurenchatadelnt:Loe Mange Developement nameiqe: Price Nbeou espe, Dacre artistique Lape, Secretar erection Macuete:Sve Stetman fa ng Gonactenctsanstaneednisistetre:MoucDrugte Naatng:ieesobecopneie aie Dectanfinarlr et Srecton au persenne!:NarcLaume! Fabceaton-israrne Sopre ttre acon Frere et sommurieatonSrsanVarke Diractee ce lapubleaton trate: Sue aed dncensdrcturs deta redactonFangsePetn, tripe Boulanger Conoaorscerave: Heres Ont alert parle 3 comune: Dei aa vet hry Rane rales ‘SepveGall Sans Pho eandot Nee La Gal Rie Nase, Foran eens, ChitopePcton, 5a Theale uauer Fence Bacau as nani Jean Frage Glin Utguteinepourescenc ‘SERIE ABONNEMENTS et Nada Melaka Te 015542 6404 ‘berwament en lge: p/n pours enue magaaiee: 128 vende din 4041350 Vina Contact osgues:k Juste vs; BerjaninSoutennet Sehoseaisieat Infareton/ediatn de serveefteoon Nogiare dponivecur tet cotocratt (anna Esprenee 585 ere Dene Mente (udsee, Haha Caracas ‘Sie Sevids: rin des i's, 1378..annes-2-Fogs Belgas Lacaraale 208 wee ous Dee 11D orvctes ‘ites payers bela: Sue ns PS27@ Fata eten Ce SCIOTIRCAMEROM Eatorn ch Maeve Utes. Escada Fed Gua. Desh dete al k Eto Rtr Pi em obn oye Morice Sth Fieene Cvisre Camar Mehasbewe orgSic ae ong Fede. 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Les ‘mathématiciens, mais aussiles scientifiques dautres disciplines, utlisenttelouteltypede distance en fonction deabjet,concret ou abstait, quilsétudient et dutypede proprietésquilasimérassent. Lune elles estiadistance ite de graphe qudansunenserble desommets religs par des aétes, correspondau nombre minimal Des travaux motivés, a 'origine, parla quéte d'une théorie quantique de la gravitation. dares quilfavtparcouipourrelir deuxsommets.Commenous TexpiquentNiclas Curie et Jean-Frangcis Le Gal es mathéma- ticiens ontrécemment cong, enutiisantcette distance, unabjet sométrique nom carte brownienne, 03 astance entre deux Bointsqueconquesest unequanttéaléstoire(varpages 268 33]. Cetobjet de géomériealéatoire, dantles propitéscaptivent les rmathématicens, fre un nouveau champ declaration. «Mais quoigaser?» sedemancerontcerans.Onpeutenre autres eurrdponde que, harmisintétinnsbque, ces travaux ont étémotivés pares questions ies élaborationdunethéore cquantiue dela gravitation, tsifautabsolumentquecela «serve» quelque chose spéculonssuruneautreappcation éventuelen consierantestistances énetiques, physiques, cutureles, psy chro ques économiques etc. enteleshurainyiaboutions nous pasa une glométri analogue aba distance moyenne entre deux invdusestune quant satire? inant des ciscous postures identities nenserait que pls fagrante! 7 Esito [3 u Proton et neutron: le défi de la différence de masse Une pompe a médicaments dans le cerveau La dépression chronique marque I'ADN de son empreinte Des membranes cellulaires en|'absence d’eau La structure du ribosome humain &l’échelle atomique 4 16 20 22 24 Point de vue La néoténie humaine, une idée 3 relancer Georges Chapouthier et Alain Policar Entretien Chikungunya: «Les maladies transmises parles moustiques ont un bel avenir > ‘Marie-Claire Paty Lu surSciLogs.fr Polytechnique d’un linceul Alexandre Moatti Homo sapiens informaticus Adaptons nos institutions 3 Pere numérique Gilles Dowek Cabinet de curiosités sociologiques Les cadres de notre énérosité érald Bronner Cenmtocoryresnentie smenirt eeeeeeerst ErSSmerims0Sutincock conte 4) Sommaire ALA UNE PM EUry ec ee UE Tor sur la sphere icolas Curien et Jean-Francois Le Gall eran Pere ree tune quantité alé eet dd Pes eee earn Psi eset 33d, BioLoste animate Les nids et terriers évoluent aussi Rob Dunn La structure des nids construits par les animaux est propre & chaque espéce. Déterminge génétiquement, elleest att, comme les organismes eut-méres, 2 1évolution. ELECTRONIQUE Mémordinateurs : quand Vinformatique s‘inspire du cerveau Massimiliano Di Ventra et Yuriy Pershin ‘Unpeu comme les neurones, de nouveaux composants électroniques taitent {information et la stockent eux-mémes Ts ouvrent a voie 8 une informatique plus efficace et plus rapide (© Pourla Science 452-Juin 2015 4 5 68 PALEONTOLOGIE HUMAINE Dans la téte de Néandertal Kate Wong Lexamen de Vanatomie, des génes et des vestiges culturels des Néandertaliens ouvre de nouvelles perspectives sur la vie mentale de nos cousins européens disparus. BIOLOGIE Cellules: une vie sous pression Stefano Piccolo Etirements pressions, torsions... Les forces que subissent ls cellules dans organise régulent leur activité ot leur fonction, voire les transforment cen cellule cancéreuses FP HISTOIRE DES SCIENCES Bicquilley en quéte d’une théorie mathématique du commerce Pierre Crépel p80 un ancien mile de Loman, atles-Frangos Dieqlley, publi un otra oll marie mathématiquey dassiques,probablités et économie. Pourtant le managene sera consommé Gian mule dix sible. PourlaSience-n'452- Juin 2085 Rendez-vous Comment verifier les longues démonstrations ? Jean-Paul Delahaye En mathématiques, certaines démonstrations font plusieurs centaines de pages, voie plus ‘Comment sassurer qu’elles sont dépourvues de toute erreur? Lordinateur devient dans ce domaine un précieux assistant. 84 Science & fiction Louie superfine de Superman Roland Lehoucg et J. Sébastien Steyer 86 Art & science Virus, bactéries et livres en peau humaine Loic Mangin 89 _Idées de physique Amener énergie solaire depuis l'espace Jean-Michel Courly of Edouard Kierii 93 Question aux experts Quelles planétes pourraient abriter la vie? Franck Selsis 95 Science & gastronomie De l’ordre dans les odeurs! Hervé This 96 Alire 98 Bloc-notes, Les chroniques de Didier Nordon Aussi en numérique ! SCIENCES: Archives Application op 1096 smarghone tab = Sateen 3) [6 Sommaire | 5 Actualités *hysique des particules Proton et neutron: le défi de la différence de masse rs parmiles plus puissants au monde, des physiciens ont expliqué se du protan et du neutron a partir du modéle standard de la physique des particules. Enutilisant des la différence der Laaiérence de masse ene le proton et leneutron consttués de quarks, ckconre) 13 été caleusesurle supecalultour UUEEN ds Centred recherche de Jen enillemagre et surle supercacuisteur leu Gee/O TURNG du GraraEqupement oationald call intensif (ENE) installs temple 8 intr du del et des ressoures en informatique scleiique (oR) cu cs fchesus) es masses du proton etdu y Siladifiérenneavaitét6iniésieure ) protonetneutronetd amélionr | entre ewx. Pour calculer cette neutron, constituants du | (05% lesatomesd’hydrogene | la précision des calcul contribution Ie mass, i faut noyau atomique, ne dif- | seseaienttranformésenunneu- | Comment calcule--on la | faire appel a la chromodyna- frent que de(4% d'aprésles | tronetunneutrnoparunproces- masse de ces particules? Le | mique quantique ou QCD) une rmesuresespéimentales Lespiy- | susdecaptureélectronique. Aux | proton et le neutron sont des | théorie propasce au début des siciens ont longtemps cherché& | akntoursde0)5%,beaucnupplss | hadrons descbjets composésde | années 1970, qui décrtinterace cexpliquercettediférence minime | denoyawxcd’helumauraient¢té quarks, des particulesélémen- | ton forteet qui fait aujourd'hui 4 pair de le théoriedécrivant | produitsau cours des premiéres | taies. Er simplifiant, le proton | partiedu mole standard dela lesinteractionsdespartculesé&- | minutesde Univers. Btau-dela_ est composé de deux quarks 1 | physique des partcules, reniaires Lecalculestoependant | de014% lesneutronsseseraient | et d’un quark d, tandis que le |" ” Matsaux échellesd'énergie ditfcleetdemandede prendreen | disinkégréstrésviteen protons: | neutron contient dewx quarks d | pestinentespourun proton ou un compte des effetstrés fins. Cest | syrthised'élémentspiuslourds | etun quark, Le quark d étant | neutron, onnesait pas résoudre maintenant chose faite, grice & | que aydrogine aurait alors été | plus lourd que le quark u, leur | analytquement (“esb-direaver uneéquipecuropéenne dont fat | presque impossible. petite contribution directe la | desexpressionsmathématiques) partie LurentLelloody duCNRS | Pourcalculerthéoriquement | masse totale fait queleneutron | leséuations dele OCD. Les piy- eédel'Univerité Aix Marseille. | Ia différence de masse proton est plus lourd que le proton. | siciens utilsent une approche Ladiférreeantrelamasedu | neutron, les cherchours alent | Cependant, en raison de | numérique développée en 1974 proton 53827 gigadlectronvolts,| confroniés & importants obs- | ’équivalence entre masse et | parKenneth Wilson, alorsa Uni- ou GeY, en unités d'énergje) et | tacles. En 2008, 'équipe euro- énergie, les quarkscontribuent | versitéComel,nommée QCD sur calle di neutron (95957 GeV) | pfenve til pareruedcalculerla | principelement & la masse par | réseau. Lidée est de discrtiser intervientdansdenombrewxpro- | moyennearthmétquedesmases | leur énergie cinétique et leurs | Yespace-temps selon un réseau cess Lemoindreécartsurceiie | duprotonetduneutronavecune | interactions avecles gluons les | hypercubique dont la maille a diférence aurit profondément | priisonde4%.Uenjeuétitdone | particules qui véhiculentYsinte-| une longueur notée a, On peut changéle contenu del Univers. | dindurelesftsquidifrencnt | raction forie» iat les quarks | alors réexprimer la QCD dans 6} actuatités (Purla Science r*482- Juin 2015 tun formalisme de physique sto- tistique tes calculsdeviennent possibles sur ordinateur. Par des rméthodes éprouvées, on fait en- suite tendrea vers ro, afin de se rapprocher du cas physique d'un espace-lemps continu, ature Lellouch et es cole- uesontperfecionnéles méthodes de calcul de QCD sur réseau pour en améliore la précsion. Mais pour calculer la différence demasse neutron-proton ils ont a inclure un autre effet, ig aux interactions électromagnétiques. Comme le proton a une charge ectrique, une énergie yest as50- cige et doncune masse (toujours en vertu de E = me). Ainsi, si Yon ne considérait que Veet de Yinieraction électromagnétique, Jeproton serait plus lourd quele neutron inverse du décompte des masses des quar). Pour caluler pécisément la contribution desinteractions loc tromagnétiques, les physiciens ont tls lathéore qui deritces interactions: lectrodynamique quantique (ox QED), Encombinant Jes contributions de la QCD et celles de la QED, les physiciens cont pu caleuer la diférence de rmasseentreneutronet proionavec tune précision de 00003 GeY, sit moins de03 %,Leur résultat est en accord avec ies données expé- rimentales. Qui pluses, la méme démarche a 6 appliguée avec suects 8 ‘autres hadrons. Cexésultat confirm, une ois de pus apertinence eta présion dela QcDetla QED pour décrire interaction fort et interaction ectromagnétique dans le cadre ddumoddestendard dela physique des particule. Sse, Sco, od ig ts 8 PourlaSience-n'452- Juin 2085 ‘Médecine Actualités Une pompe a médicaments dans le cerveau Une équipe internationale a développé une micropompe implantable dans le cerveau. Les chercheurs souhsitentIutiliser pour livrer des médicaments de fagon citiée et, grace {ale iis onc d6ja réussi stopper des crises dépllepse in vitro. Christophe Bernard, qui adirigé son développement, nous explique lintérétet le fonctionnement du disposi Contre quelies maladies votre micropompe pourratele re utiles ? ‘Christophe Bemard: Nous avons travaillé sur lepsic ot une petite zane du cerveau, ommée foyer pileptique délenche des ‘ses Mais on pourrait Yatlisercontrezimporte quelle pathologie touchant Je cerveau: Alzheimer, Par- Kinson...Dans cele dernigre maladie, par exemple un C.Bu:Tlrésoudrait deux sands typesde problemes pss par ks méthodes a tulle, qui consistent pour 1a plupart avaler des méci- caments Promibroment, ilpermetrat de contour: ner labarriérehémato- ‘eneéphalique, couche de cel- Iles et de protéines qui isole Te culation sanguine du reste du cerveau et blogue de nombreuses substances aves, Deusibmernent, le micropompe limiterit leseffetssecondaizes en vitant que les médicaments se propagent ailleurs dans organise. En quoi consiste votre smicropompe? C.B.:llsagit d'un petit rruban poreux incrusté de charges ngatives, qui atrent des molécules positives La plupart des rmolécales, en Jes méicaments,ont une charge lectrique. On peut done les stocker» sur ce ruban. Quand on veut es ibérer, on fait passer un courant grice une pile (qu'on peut prefer ailleurs, par exemple sousla cavi- uke): ce courant engendire des champs decriques Cen Sree qui Gectent les molécues. "Notons que le ruban, 20 fois plus fin qu’un chevew, est en ‘carbone, un matériau bien accepté par Vorganisme. Lembdteamentnes'épulses pasrapidement, ce qul goat see mervetions chirulcales requertes? .B.:Non, pourdews raisons D’abord, la quantité A elichor ett fable. (Quand on avale wn médica rent lamolécule ative y st peu concentrde et elk se dlls encore dans Yorgo- rise. Ce nest pas le cas de notre disposi qui larpue des moléules actives pares directement sr la cle Ensuite, on envisage dene Lvrerle médicament qu’aux moments précis o3 on en aubesoin, par exemple lors des crises pour Fépilepsie. Des dispositifs sont Fessai chez homme pour antic perle délenchement dees criss. I agit délectrodes ‘implantées dans le oxveauy que on pourrait coupler {notre micropompe Celle durerit toute Ja viedu patent. Ovenétes-vous 4udéveleppement? C.B.: Nous avons obtens uh premier ucts in iro sur des tranches decer- veaux de sours, Nous rendons certaines zones Inyperactives pour itor tne crise d'épilepsic, puis rows les calmons en ijec- ‘ant un neurtransmetteur inhbitear @u GABA) avec notre micropompe: Nous avons commencé des tests jini che a souris, mais seat if de peévoir «quand nous passorons 2Vhomme ar les auto- *sations son longus a bien I serait intres- sant d aller vite: quelque 30% des épileptiques suit ‘environ 150000 entre eux en France) résstent au ritements actaclset ce dispositif pourrait eur apporter une solution ‘On peut patois rete le foyer épileptique par une operation chinurgeale, mais seulement pour une infime partie de ces patients A. Wiliansoso al, Accened Doel ong eee 2015, Actualités | 7 La dépression chronique marque l'ADN Actualités de son empreinte Certains marqueurs moléculaires seraient oltérés chez les personnes souffrant de dépression chronique. Des indices pour dépister la maladie ? Lalongueurdes télomires cchromosomiques et la quantté FADN mitochondrial seraient altbebes cher les personnes. souffrant de depression chronique, © Gpisodes stressants ) strc darslafunene peuvent conduiradoscas de dépressionsévbre. Lesméca- nismesparlesqulsun 6vénement agit sur la maladie des années plus tard rstent a écaici. Des travauxécents suggbrent quele stress lisserait une empreinte ‘moléculaire. Une équipe inter nationale menée par jonathan Fling de I Université Oxford, semble confrmer cette piste en ddémontrant un lien entre des épisodes de stress et certaines ‘modifications liges & YADN. Dans le cadre d'un pro- ‘gramme international d’épidé miologie génétique, Jonathan Fintetsescoltguesontsuivi prs dde 12000 fernmes présentant ou ron une dépression chronique, ctayant pu subir un événement stressant dans lou jeuness, tl «qv unabussesud. Iss sont fora lisés sur les tloméres (non noncodanies desexirémitésdes chromosomes, connues pour se saecoureis avec ge) et YADN des mitochondries(orgaites qui ournissen 2a calle essentiel ddeson énerpc) Les uns comme lesautresélaient suspeciésd tre influencés parle stress Les chercheurs ont mis en évidence que les femmes ayant souffert d'un sires et présentant tune dépression chronique ont plus d’ADN mitochondrial que Ja moyenne et des tlomtres de Jongucur réduite. En revanche, cellesayantconnu in siessmais ne souffrant pas de dépression cont une concentration d!ADN! mitochondrial et une longueur detéloméresrocales lly adonc Lunlenentrecesmarquesmétabo- liquesetla depression chronique. Li quipe de Jonathan Fint a aussi tudiécelienchezlasours Durant qualresemaines ele acréé des conditions destress chez des souris ea noté une hausse dela uantité d’ADN mitochondrial et une réduction dele ongueur destéloméres.Maisaprés quatre autres semaines sans ste, les ddeuxmarqueursont retrouvédes ‘aleursnormales Cla sgaéreque leprocesusest éversiblee! que, parexemple,lespersonnesayant Connu unstressmaisnesoutfrant pasdedépresionaujourthuiont peut revi esmarqueursrevenir lanormae, es chercheurs ont par ail leurs puprovoquerunepertutba- tionsimisre des deux cendonnantaux sourisdelacort- cxstérone unehormoneprexiite parlesglandes surtnalesencas de stress. Ainsi, un épisode de stressactiveritla production de corticosterone gul imprimerait plus ou moins dureblement la marque du sress sur ls tlo- mresetlesmitochonaries.Ces rmarqueurs consitucront peut fre une aide au diagnostic de Ja depression. Enoutre ies chercheurs ont mont cue Faygmentation dela guanstéd ADN mitochondsal uit Ia production énergie par les mitochondries dans lea caluks dufie Isavaneetiie aque cet effet pourrait étce ila perted'appeti chez es personnes soulfrant de dépression ~ une Iypothose 8 confirmer. IN. Catet eh, Coren Bovey, "eH 5, pp el 2015 (© Pourla Science 452-Juin 2015 eee Chimie Actualités Des membranes cellulaires en l'absence d’eau arecherche de vieextrater reste ses souvent limitée auxplanétesod Feauacisé sousforme liquide. Etpour couse, Javietllequenousaconaisoons sestructurencellules bores de membranes oi eau joueunste crucial OrJamesStoversonctses collegues, Université Comell, cont moddisg ds structures qui présenten Is proprets d'une membrane dansun auteliguide que Feau: ke methane Des phospholipids presents au sein de moiéesles dau, qui ont une polarité leetnque, Sooganisent spontanément en double couche. Pourquoi? Cea rmalécules ont une patie phos- hatéehydrophile tendisqueleur patti lipidiqueest hydrophobe Four minimise les interactions Ihydrophobes, les partes lipidiques seregroupent,elorsqueles les Phosphates assurent Vatinité avee eau, La double couche fendase refermer.cequicréeune vésicule la membrane celulaie Mais sans eau, estil por sible de former des vésicules? La question se pose pour Titan, Jeplus grand satelite deSarume, Physique quia des mers. de méthane Mais dans ee liquide apolar, Yalasticié ot la résistance des ‘membranes formées dans feat esol arate. Apri ks vésicules ne seraient plus assez solides pour permette lave. Leschercheurs se sont inte resefsauxmoléculespolies pré- senies sur Tian ob latempérause est de -179 °C. Des logiciels de simulation moléculaire leur ont permis de passer au crible les ‘candidat la formation poten tele d'une membrane dans le méthane foi. Le ballet des gouttelettes ate Ciraetdeus collegues, IN Stresses Soe se sont intressé au bal let de gouttletes de colorant alimentaire déposées sur une plague de vr: leans repousent se pourchassent,s¢ indy Une gepern guile dia entre évaporation ef tension supertcielle (fasts de la surface d'un liquide, due 2a cohsion de ses moléauls). Lecolorantalimentare utilisé parleschercheursestun mélange liquide de deux composé eau et propyline glycol (utilisé par Findus aggoalimentaze) Des deux, est eau quiala tension supercell la plus lovee PourlaSience-n'452- Juin 2085 Pourune goutiepstesurune plaque de vente, ’évaporationse prouitsuriout ob paisseurde liquide estla plus faible, a savoir surlesboris dela gout: Orleau Sévapore pls faclement que le propyline glycol. Lapropertion dleausera doncintérieuresucles bordsdela goutte 'oixune faible tension de surface & cet endroit. ‘Quand on place par exemple deux gouttes de concentrations voisines & proximité l'une de autre, elles semblent s‘ttirer jusqu’d fusionner. Pourquoi? Les zones d'évaporation quiles tentourent se rencontrent. De ce fit, dans la région frontire, Vhumidits lative augmenteet Cec eee ‘ridimenei Cr des molécules Ces Rarer Terie ones Le choix sfest finalement porté sur des composts présen- {ant unetéte azolée el une courte queue lipidique,quiformeraient dansle methane froid des «az0- tosomes» de mémes sabilitéet souplesse que les membranes classiques dans eau, Laquelle ne gerat done pasindispensable 2 la formation des celules,d’od ddennouvelles perspectives dans larecherchede formes extrater- restres de vie. ono |. Stenson et el, Sco Adore, ol 1 el 4OG7, 2018 Vévaporationdimninue, cod une ‘augmentation de la concentra- tion en eau, done de le tension superficielle. Ausein de chaque {gouttelettesecrée ainsi un dest aguilibre de tension superficille entreles deuxbords opposés qui rmetlagoutieen mouvement vers 2 voisine,jusqu’ala coalescence. Comanen esas de gales se formen-s? Hervé Dol, de Most dastophysiga stl, a Ore, e538 collegues on uli es IWescoes spain Pane Herseelpour en rou des récurous.Oans|es donnes be Pak (vir Figure essai} los asophysics ont recherche une mission deur es longueus Corde carectsisiques do ces ams, oe aux de formation |Feoies et 500 fis supeur celle a Vote, Evo 2000 candies ont ‘eecenss dans une vgion couvant 26% du il. La sen Shiite scion agulae le Heston ensue pris de confimer que 200 de ces bjs ort da graces chancss Feces aes dans et ime jauesse, de quot mia carpe eur rissance Plus généralement, lescher- cheurs ont étabi les rogles qui régissent le comportement des gouattelettesen fonction de leurs ‘ompositionseneau eten propy- lene plyeol. Un manige fluidique avec deux liquides simples! Nate ek 59, yp $4645, 2015 - a Les deux guttes sonticide compositions tre différentes, Cole qui onion plus au en orange) semble acer Faure. Actualités | 9 Les théopaces, le gcupe augue ancatinnet is tran rosa, ont es grands daw du Mésazcaue (/ Yyannte 252266 millions ans). is escent spears carnivores pus ancennes ets hiopades ha vores ne serait appa que tacveert Ola dbcauret (to Féquip de Farendo Novas, du Musée argent dos sienes ratwoles do Buenos Ares, sugge que nous en savas encare pou sur Féin dos Airosares, ls ort cécaver, au Chl, un téopode primi, Onlesauns degasuae, ui aural rerthre, ‘Aucozur de lamas Abel 3827 se chen! quate galas qui son ens en ollsion Sans pon de fusornes Maid Jaw, do FUnivesié Duran, es colques contmonté que dns Fue ces ais eteloce rele nore sera decal (48000 anées-uribe par rapport la distribution de ses tls, Cot observation suggte ave arate noire du hao, ui se dla iil ren le mre vlesse que es tls, 2 ner avec a mabibre re eames adremert que parla fore gravaionnalle&e "aor par rapport oles Dans a malate 'Aleheimer, les rons tue arya sagtgent,utn as neurones, Les travaux de Melissa Murty, ce a Mayo Cnc, aux Eiats-Unis ot ses coligues élarent a quastion tis datue de leurs ies respeais. Les chereheus ont effect une analyse post m= {em des cewveux de pusiews miles ce pati dos results obenus pat ceux des ts cogitfs vent aur bas, Is ont concu que cast Fccurulation det prttine tau qui semble dct a pro- cession cela maadie 10 Actualités Fermi-Pasta-Ulam, un probléme encore vibrant Ly 2.60 ans, les physiciens Enrico Femi, John Pasta et Stanislaw Ulam réalisaent a promiéresimulationnumérique Gos chercheurs ont étudié une OS Pour ka Science. SST dia: pre lerement sil est prgucomme SE socaux EI EI Sa armour, ul ciminu ses chances do sucei. PourlaSience-n'452- Juin 2085 Actualités [13 mms Réflexions & débatS 7m ™ POINT DE VUE Georges CHAPOUTHIER et Alain POLICAR 1 biologie, Je mot néorénie designe la capacité, pour une ‘espece animale, desereproduire ‘a fétat latvaire. Par extension, la néoténie humaine est lidée que tre shumainprésente,toutaulongde savie, des caractéresjuvéniles. Cette these presque contenairereste op souvent négligée par labiologie moderne. Lascience gagnerait cequonlaprennedavantage ausériewgne serait-ce que parce qu'ellerend comptede traits essemiels denotre comportement. Lathesedelanéarénie humainea été proposée par Lou's Bolk en 1926, los du 2ow* congres de Ia Société d'anatomie de Fribourg, Ce biologiste néeriandais cher chaituntrait unique dans lequelrésiderait Tessencede Thomme, etcetraitétaitselon uilecaractoejuvériledes humains adutes UMN ete Ceara: eM Meni a des caractéres hysiques juveniles A rappui de son hypothese, Bolk citait plusieurs caractéres corporels des humains, notamment le retraitrelatifdela ‘mchoireinférieure parrapportauvisage, absence de pelage, le poids proportion- nellement élevé du cerveau par rapport ‘au corps, la persistance de la fontanelle, ‘orientation ventrale de Varifice génital chez la fernme, des variations de la den: ture et des sutures créniennes... Tous ces caractéres étaient, selon Bolk, des 14} Point de vue tats feotoux dovonus permanent. Le biologistesoulignat également quaucun autre mammiferenemetaussilongtemps quethommea deveniraduite [méme sl oubiaitdescontre-exemples possibles, tals les éléphantsquilatteignent a maturté soxualie qu’ 45 ans]. Depuis Bok, la these de la néoténie hhumainea ééroprise,beaveoup plus série ssement, par de nombreux biologistes, tel Tethologisteang/ais Desmond Morris dans son ive Le Singe nu, ou des philasophes tels que le Francais Franck Tinlad dans Lo Différence anthropologique. ‘One peutgubtecontesterquethomme ades caractbresphusiques|uvéniles:avec nos grands yeux notregrosse téteetnoxce pilositéréduite,les« singesrus» quenous sommes avons cairement aspect de gros ferusde primate. Mais uncaractére encore plusimporant pour notre espace est ox: uémeplasticitéitelactuelletcomporte- mentale delindividu:selonles situations auxquelles lest soumis, Fadulte hurain développedescompétencesintelectueles partcuiiresetadapte son comportement De ait les humains ont une exception- nellecapacité adaptation, Cette deri¢re ne résulte pas seulementd'une puissance suptrieureducerveau parrappor aucautees espicesanimales:elleestengrandeparte due au caractére plastique d'un cerveau juvenile otles neurones et ies connexions quiles client peuvent se modifertoutau longde lavie bien plus que cenvestle cas cher les animaux Le expique tun bon nombre de facettes de notre La néoténie humaine, une idée a relancer La persistance chez ladulte de caractéres juvéniles permet d’expliquer certains comportements humains. La biologie moderne I'ignore trop. ‘comportement, Montrons-leBtraverslvers exemples. Que! est le comportement le plus ccaractéristique d'un jeune ? Lejeu. Chez la plupart des rammiferes, le jeu reste une activité juvenile destinge Amettreau point les comportements ultérieurs parsuite,ildisparaft chez/adulte. ’@tre hhumain, lu,jouetoutesa vie, Qu’on enjuge par les foules considérables qu’attirent les jeux sportifs les jeux télévisés, les jeuxde hasard. Deuxdes activités les plus caractéris- tiques des sociétés hurnaines,larecherche Scientifique et activité artistique, com. portent une importante part ludique, Ft méme Factivité sexuelle, qui pour des © Pourla Science 452 Juin 2015 Réflexions « débats raisons imperatives de reproduction garde dans son mécanisme un earactere assez automatique, trouve chezleshumains une dliversiteludique eansirable Malerésesapttudesd larationalité ot ausavoir, Homo sapiens prend beaucoup de decisions — dans ses choix de vie, en finance,enpottique—quireleventdavantage du jou que ce la raison, De par sa piast cit6 cérébrale,fadulte humain a aussi un comportement moins riide que coll de fa plupart dos especes. Le plus souvent es animaux adultes ontpoursoulas fonctions.dosereproduire et clever les jounes, et, en liaison avec c2sobjectfs,dedéfendreletrrtireoula troupe Soule espece huraineglisse une plosticté ludique, fontemert émail lee de créatvité artistique, dans ces comportement qui, chez les autres spices, sont stéréotypés. ‘ors que chez laplupartdes espéces animales, Tagressivté et la violence sont canalisées et rtualisées, elles trouvent chez Homo sepiens une dangereuseliberté et une exécution parfois catastrophique Toute Phistoiredelhumanitéestainsipone- tude de guerres, de crimes ou d'atrocités, Les outils que homme a créés ont peut tre amplifié ce comportement, mais le raffinement, Finventivté, la ruse mis en PouclaSience-n'452- Juin 2085 = LES AUTEURS eS ‘Georges CHAPOUTHIER, ‘neutoblologiste ot philacophe, ‘2st airectour do recherche ‘rmsrite auCNRS. Ain POLEAR,piesophe socaloper st cheer Soci a pot Cone Serecherchenpoltques ae Scancee Pol hPa LE COTE JOUEUR DES HUMAINS ADULTES estan caractére néoténique, qui se ‘manifeste notamment dans le suects ddes matehs sportfs, auxquels assistent des foules nombreuses. ceuvrepourtorturer,commettredes cies ‘oumener des guerres s'expliquent aise ment entermesde plasticité néoténique. La grande malléabilité néoténique de notre cerveau, parce quiellepeutmenerau ‘meilleur comme aupire, expliquerait aussi importance des questions morales dans levécu de notre espece. Parailleurs, étude du comportement social dos animaux montre que los traits cutturelstendentaprolongerdestendances naturllesinnées.Ansi.les outs prolongent lesaptitudesdesmainsoud'auresorganes action surle monde: ainsi, les communi- cations vocalesprolongentlasinteractions. pparvoiechimiqueentreorganismesvivants, De meme, nous aecentuons nos traits néctériques. Les outiscomplexesdéveloppes parnos culturesnous permertentdeprolonger \olontairement!apparence juvénile denos corps. Nousnaissons, par nature, comme des singesnus,Maisnousenrajoutons volontiors, parculture, enaimantpanticulirementnous. raserlesjoues ou les jambes! Pas de recherches sur la transition néoténique chez les primates Pourquoi importe--il de reconnaitre ces aspects de la néoténie humaine? Parce que celaaurait deux grandesconséquences positives. Une conséquence socialed'abord: donnerauxétres humains une vision lus exactedecequilssont,asavoirdesprimates Joueurs plus que des Homo sapiens; en prendre conscience permettraitdanticioer oudamélorercertains compartements.Une cconséquence scientifique ensuite:amener des recherches, inexistantes denosjours, Sur les raisons de cette transition néoté- nique chez les primates. Lesmystérieusesdfférences génétiques, situées dansles 1 32% de gbnes quinous dlistinguent de nos cousins chimpanzés, conduisentsansdauted unplisgrandnambre decennesonssynaptiquescérébralesjmais, elles sont peut-dtre aussi a lerigine dune plastcité juvénile persistante, Lesanalyser dans cette optique nous ferait miewe com- prendrethomme et son évolution, Point de vue | 15 Réflexions & débats ENTRETIEN Chikungunya: «Les maladies transmises par les moustiques ont un bel avenir. » En France métropolitaine, le moustique tigre, vecteur du chikungunya et de la dengue, progresse vers l'ouest et le nord. La lutte antivectorielle est primordiale contre ‘igurmtins tearm ces maladies, explique I'épidémiologiste Marie-Claire Paty. ‘rind devo conake int nombredecasimporés dus 3despgdres de moustque en métropole. E sere cmc Laugmentatondurombredecasimperésde De quo dépendierisque de transmission augmeneé on métrepee,soloniedamier chikunguryaestforteparrapportauxannées —autochtone ? rapporcéerinstiutdevele canals}, préctdertes:surlaptiode2006-2013 onavat pubiéfinavel Cece augmentation état —_compiédouncasen2008jusqu3 3€en2006, N.C.P.Delaprésence dumoustiqueymaisaussi tne conséquencedirecte de épidémie _—_—lrsde pidémivdlaRéunian Pamiceuximgor. dunonbredevogegoursivectésquirenencen qulastvidansiesdéparamemsfrangie ts en 2014,prbs dela moté aaient ayogé étage enpaicule danseesdlpatemeso ‘Taméique (Guadeloupe, Marniue,Ssint- en Guadeoupe, un tes en Natnigue et un _emoustigeestorésert Pou quiyatansmis- Nari SaincBarhélému, Guyane francaise] diiémeen mé:quecertalecuauxCarsibes. siofasqlurepe'sonneponauseduvinssok depuis décembre 2013 et qui aculming pigués parunmoustique, quile passerad quelguun a printems 2014. vecaride det, asreeleiqant3soriou utatelepideric lasaison des moustiques revient. chaque __Quelles sont es prévisions pour 2015? dans les départements frangais ¢ Amérique, on années mouriquosqutrenemettent _Cralntonuneépdémie nmétrpole? ——_=sttendaten2014bienpusdevoyageus infec leehiungurae ae aula dng tis deretursuretatoremérpofaingueles sttlqentdenowesucdéparemente. CP. Depus2014Jemousiqueveceurdy _sandespricéenesetdoncune augmentation Dok-on raindre ne recrudescence chikargangaetdeladegieen opal Aedes du iaquece tansmissicn de cos maladies enmécopee? alps etimpanté dans 18 départements. Isétendpev3 peu depuis son premiesigno- EES lemeren2004 Dufatde laprésencecuvec- _ AucAnties, on pate defn pire Tout année deriv, combion de parsomnes —_teriacicuistionduchianguryaestdeverue leq extil donc arth de cecité? attentes duchikangurya odeladengue —_possble,raislenarbredecasautocHtonesest yatdl even métropole? ‘top faible pour paler dépidémie,Celaétant, le M-C.P.:Lpidémie dela Guadeloupe et dela risque detransmissian autochtoneexistetau Martinique est terminée, a conclu un com MARIE-CLARE PATY:En2014,489casdechikun- —joursetpersiseratouslestésveni.Cetété, «experts réunissant des spécialistes de santé gunya et 204 cas de dengue ont été déclarés, le moustiqueseraprésent dansdeuxdéparte- publique, épitémiviogie dentorologeet des a plupart étaient importés la maladie avait ments suppiémentaies,laSavcie etlaSaéne- _clntiens EnGuadelaure afin de icémie até 6 contractée irs dun voyage ors duconti-etLcire, Sa période Zactvité va de début mai dédlarte en novernbre2014,eten Martnique,en rent -, mais 11 cas de chikungunya et &cas_afinnoverre, avecun isquedetransmission _janvier2015.Toutefcis,celanesigriiepas quil de dengue étaient autochtones, cestcire maximal finde rlyaplusaucuncas url tenitore Lenombre 16] Entretien Co PearlaScince 452-2015 Réflexions & débats le caspar semaine estassezpetit pour quion —interactindumoustique.cuviusetceshumsins: _ chkungunyeouune dengue. Les ASinforment consierelaransmission sporadque quelemoustiqueeneanveles humans, quele éesopeateursée démoustcaton qutont Pourlavenestdffcledetaredespréde- virus se mulipie tion dars le mousique.Or i enguete autour de eur domi peu voi se tions. Noislesfacteursimporartssontlecimet —existpisoursmoustiquesvacteurs-lespin- moustiqueyestpresent.Sicestlecas,onprond scisonir(soisondesphieselapublatondes cipauxsontAedesacgyptetée. obopictus et desmesuresdeluteantivectorl Ce protacale moustquesquifaccompagne}et surtout état pUsiewssoucheswics:uneafreane uneaute, etsystématqued1*rraiu3Dnaverore dans irvrunitédelopopulstion Quandonaeucete nommée CSA parte cuKenyo on 2004)usque teslesdépartemensoiAeabopetusesipser. malas, on estimmunis. En 2013, le vius se dansfocéanindien ete sous-coinert ion, Paalement,unmessaged sare publique ‘wancmetatabisircarlesgensriaaientpasde responcabledefépdemiede2006al6Réurion, estdusepewinfrmerlesvoyzgourscursque éfonsoinmunitare.Apésencunebornerarde tenn unesouche asiatique. lnpopustioncesantitsactéinfectée(endron —-Unearaksogéretiqueduvinscr: [RNa Weds Urns 170000casdéclarts surB00 000habitants), ce culantdansles Caraibesamnontré quil + auifeheaprpestonduvins Dncoprocie segreelscaueressstn tone EUCHRE ee ent tous les étés a venir sora beauco.p monsimporcnt. ‘Ae. cogypti Ala Réunion, a souche ECSAavaitsubiune mutation quiTavatadaptée — dechikungun.actdodenguopondartleurveuag, a5 au moustique local Ae. obopictus, alors que misaussieurretcur,afiquisnesoientpasa ‘Ale Réunion, épidémie est rie dopuis 2006, 2 souche non mutée est mieuxtrensiise par_orignecunedfusionsilsreviennentinects. ‘Yvoit-on encore des cas sporadiques ? ‘Ae. cegypt.EnmétroplelemoustiqueprésentOnleurderande ainsi de consulterstls ont des estée.clbopictus,etcestune scucheaficaine symptémes, defaconquelemédecinsignaleles -C.P:Pasactuelementymaiscelapeutsepro: adaptée ce vecteurquisest ransmise, _cassuspects,etdese pratégerdesrroustiques dure foccaiondelarénroducionduvis, du Ceméme,onsensbiselesmédacns nto- faitdelaprésence dumoustiquevecteur, Cest polains, stout Boule movstiqueest présent.sur cequisestpasséen2009,odilyaeuScaset Lefoyerde Montpelier aétérapidement _lefscqueladengueculechikungunyoatieigent en2010,avecunfoyerde180caservon. Mais? jugulé. Comment? susie persarnesquifontpasvaungé E2007, la Réunion iastatinclimaiqueest ferent, ental une épidémie de chikungunvaafappé carlessaisons sont lusmarquées, Pendant M.C.P.:Depuis2006;leministbredelaSantéaris présde300personnes autochtones, partirdun ‘hiver austral, activité des moustiques dimi- enplaceunPlanartidisséminationduchikungunya seul voyageurrevenu dtsie avec la maladie. ‘nue, ce qui est peu propice la transmission, etde a dengue enmétropoe, avec surveillance Etdepuis 'épidémie de2005-2006,unepartie entomologiqueethumaine,lateanivectriaieet dela population est immunisée contrelevirus, —prévention.Linvsetdescellulesinterrégionales En quoi consiste la lute antivectorielle? <épidémiologe sonten charge dela survallance humaine avec les Agences régionales de santé M-C.P.:Elle omprend plusieurs actions :lutter Connat-onla source des 11 cas autochtones (AR): médecis et biologists signalent aux _conreksmoustiquesenpulvisantdesinsect- sétectés on métropole en 2014? ‘AxSlesvoyageurspourlesquelsonsuspecteun —cidesttleratinautourdu dice des personnes M.-C. P.:llsconstituaient un foyer unique de transmission, 8 Montpellier. Son orgie état ‘une personne revenue infectée Cun séourau Cameroun Usralsegénétiqueduirusaconfiré quils.agissaitdlune soucheafficaine adapiée aumoustiquede,albopicts,Kinsimalgrétous lescasimportésdes Antilles, aucun r'saprior caus de foyer autochtone,Cest une question E, toujours, le eitmotiv dune science quisedoitdedouter—cestmémesamarque de fabrique -, utilisé od nauseam parle conférencier qui, pourtant animé dune foi du charbonnier, applique ce leitmo- tiv son profit: le doute ne saurait bien évidemment porter que sur les preuves de non-authenticité (comme ta datation radioactive], etpassurses al Dans les dix deriéres minutes, le conférencier semblait faire marche aribre ~techniquecassique—,quttantledomaine ‘scientifique » pour passer au domaine théologique,et concluantpar:< Jene sis si lelinceulde Turinestvea, mais sonexistence meconfortedansmati.» Sot. Comme un placebo, serait-on tenté de dire Je ne suis pas spécialiste du sujet du linceul, mais ces multiples conférences @ traversla France (comme, dansle domaine deristom, les conférences créationnistes de Harun Yahyo, ou les expositions «La science dans le Coran » dans des hotels parisiens) me parsissent eleverd un phé- rnoménede socité a suvreattentivement, Oue cetteconférencea prétentionscien- tifiquesetienne éansunembiématiqu lieu dusavorquestlEcoiepolytechnique(méme sicesttaumnerie quit organisait)renforce ‘une certaing impression desidérationet de ‘malaise. Unetelleconférencenasaseraitpas tenue 8 Polytechniqueilya30ans. Cest,a ‘monavis tout fait personnel, un signe de dérangementassez profonddenossociétés: lassujtsdesiérationysonsufisamment fortsetnombreuxsansquilsoitnécessaire enajouter autres ainsi . Alexandre MOATT! fest historien des sciences {7Univereeé Paris Vl et auteur du blog > Mersaence (wrnsclogsf/ aterscience, Twiter@A Moot NG) Retrouver tous nos bogueurs sur Be www.scilogs.fr WiC] 8 GEER ecsutestes sr lonrfseauxsociou, (@Pourla Science 452-Juin2015 sciENcE | |. PRIX Le Monde DE LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE Pour sa dix-huitiéme édition, le Prix Le Monde de la recherche universitaire est ouvert aux : édition Doctorats de sciences humaines et sociales (toutes di soutenus entre le 31 octobre 2013 et le 31 décembre 2014 Les inscriptions seront enregistrées jusqu'au 29 mai 2015 inclus. que dar chnol € soutenus entre le 31 ‘octobre 2013 et le 31 décembre 2014. Les inscriptions seront enregistrées jusqu’au 29 mai 2015 inclus. RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES ET INSCRIPTIONS TCT Cae a ua ia Le a er ou ae x « SeMonde a (Gree Réflexions & débats m HOMO SAPIENS INFORMATICUS chronique de Gilles Dowek Adaptons nos institutions a ére numérique Un bulletin de vote est un message trop compressé. Avec les canaux de communication actuels, on peut faire mieux. maginonsque,touslescingans,pour _considérablemantrécuite.Comprossorains! moitiédunxsidcle,avecla notable excop- Glrelechefdetétar,chaquecitoyen le messageexprimantsessouhaitsestpré- tiondes partis féministes. Invest alleurs lisse dans une utne un bulletin de cisémentcequefonfaitquand on lisse un pas urprenant queces panisaient 1éles voteindiquantlenordtuncandidat bulletin devote dans uneurne. premiers utiliser le Web. parmi32,Ceteélectionconstitueuncanal _lrvestpasdificiedecomprendre pour- ‘augmentation dudébit des canauxde dde communication, par lequel ce citoyen quoinosinstiutioss'sppuientsurdescanaux communication endobsolétesnosinstitu- transmet la collectvité de information de communication au débit aussi faible, et tions bicertenaires et devraitnousinciter& surses souhaits. Comme 32 25,ledébit_ doncsurunecompressiondesmessagesqui_enconceveirdautes. Sila démocratiedrecte de ce canal est de cing bits tous les cing lesappausritautant:ellesont &técongues, —parfaite—od chaque ctoyenestconsultésur ans, soitun bit paran, chaque décision deta collectivté—excede Sitonajouteles dlectionsiégistatives, nas capacités, nondetransmission, maisde locales, fensembledes lectionsconst: traitement de information de nombreuses ‘ueuncanalde communication dontledsbit formesinteréiaires entre la démocratie par électeur est de cing ou sixbits par an, directeetnotre démocratiereprésentative soit pouremployer une untépluscourante, sontimaginabies defordrede 10-bit par seconde, Parcom: Par exernple, Etat everce al fois des paraison,le bit montant une connexion fonctions régalennes (armée, justice, police, internet domestique,de fordre de 10° bits tc Jetdes fonctions administration [éccle, parseconde,est quelque dixmilleriliards santé, éconorie,etc).Nouspourtions imag de fois supérieur! ner ire douxchefs Etat, lunen charge des Quandondisposedundébicaussifaible FPR SIMIMRBIE fonctionsrégaionnes ettautredesfonctions pourtransmettreun message un tant sot POPSUTMICOMETEEREME cadmiistation,cequiconsttueratunepou- peucomplexe,ondoitutiiserunaigcrtime SCR sutedelaséoarationdespowvcirsthéorisée decompression avec pertes,telsmp3,ipeg, par Locke et Montesquieu. Nous pourions mpeg, etc, quiéuit a tale du message, dansleur principe, au début du XV’ siécle, aussiallerplusloinet ire sixousept chefs souvent en lappauwrissant ou enle défor. époque a laquelle organiser des élections dEtatenchargerespectivernentdefarmée, ‘mant un peu. générales environ une fois par an état le dela justice, de la police, de léducation, de Résumerses souhaitseatifslaciplo- _ mavimum que on pouvat Fie. la santé, de économie, et. rmatie, 3 Tarmée,3 la justice, a police, 3 Mais, depuis les derniéres décennies Mais ce ne sont [A que quelques Teécole3lasanté,aFagicutue,&Findustre, du» siécle, augmentation dudebit des exemples de formes démocratiques ren- ATéconomie,etc.parla phrase «Surtoutes _canauxdecommunicationaperrisde moins duespossibles parT augmentation du debit cesquestions,jesuisc'accordavectelcan- compresseretdemoins appauvrirlesmes- des canaux de Communication. Car, dans didat» est un exemple paradigmatique de sages politiques. Ontainsipuémergerdes ce domaine, toutreste a inventer. | i compression dun message avec pertes. partis politiques focalsés surdes questions Le message est en général appauvi caril _particuléres:leckcitaulogement,lesdicits ‘gues poweXestenereneur rata estpeuprobable quelfon soitentizrement desmigrants, lesdroits des malades,etc, ‘ctmembre duconsed acentfique daccordaveccecandidat,mais satalleest partis quin'esistaiert pasdanslapremiére ela Soc informotique de France 22. Homo sapiens informaticus © Pourla Science 452 Juin 2015 FINALE NATIONALE "nce MT = CPULCNRS | Réflexions & débats ™ CABINET DE CURIOSITES SOCIOLOGIQUES par Gérald Bronner comment jorsqueles dépurés frangais ont débattu du projet deloiSamté, et notamment de lnquestionsensibledu consen- tement au don dorganes, on sest rappalé ‘quelenombredepersonnesenattente d'une sgreffe en France augmente plus vite que le ‘nombre de donneurs. Parti es curiosités quicaractérisentlaviesociale,/lenestune quia paricultrement atiré mon attention lors dece débat parlementaire:80%denos concitayens se déciarent préts & faire un don dorganes, mais on observe en méme temps des tauxcde refus de ordre de 40, Pourcomprendrecetesituation,culobs- curcirunpeuplus dans un premier temps, rappelons qu’au début des années 2000, Eric Johnson et Gane! Goldstein, de Uni: versité Columbia fisaient une constatation tonnante: lorsquil s'agit de faire don de ses organes, la générosité s'exprime wes différemment selon les pays. Ainsi, le cconsentement au donest proche de 00% en Autrche, tandis quil est seulement de 12%enAllemagne, ctiarteine 86 enSuede, contre 4% au Danemark.. Faceadetelles ifférences,nous avons tendance’ chercher une explication dans lesspécifcités nationales:icion cultverait plutet tel type de mentalité fa tel autre ‘Chaque paysabien entendu ses spe ‘tés,maison comprendintuitivement, étant donné letheme impliqué etladifférence de résultats, que la réponse & cette énigme se situe ailleurs Elle se loge au cceur de notre cerveau, sous forme dece queen rnomme un effet de cadrage, 24) Cabinet de curiosités sociologi Pourmieux comprencre, considéronsle petitprobleme suivant, imaginépardeuxcs- lebres psychologues, isadlienAmos Tversky cett®mércane IsraéienDanielKahneman, Une pidémie s'est répanduedans un grouped 600personnesetvousdever déciderdune poltiquede santé publique. Dewxoptions vous sontproposées: 1] Voussauvez coupsor 200personnes {maisles autres meurent). eee 2\Vousaver33%de chancesde sawvertout le onde (et 65 %de ne sawver personne]. Face ceclemme cruel,72 Xdesindividus choisissent Foption (1) En revanche, lorsqu’on présente les choix de fa fagon suivante: 1) Vous lais- sez mourir400 personnes [mais vous en sauvez 8coupstir200)ou2)llya66Xde chances que tout le monde meure (mais 33 % que tous survivent), 8X des sujets de Fexpérience prét@rent Foption (2)! Cerésultatestiréssurprenantear dans lesquatrecas,Tesperancemathératique Les cadres de notre générosité Le consentement au don d'organes differe énarmément selon les pays, carla facon dont la question est posée aux citoyens a une influence cruciale sur leurs réponses estlaméme,Laciférence de cholrmassive estdue dla presentation des données. En autres termes, soln fa fagon de poser lune question, on détermine un cadre qui vainfluencernotablement Ia réponse. Ce n'est pas autrement quil convent A éclirr le mystore du don dorganes ot des ferences spectaculaires entre pays qulonenregistre.Enefet pourcomprendre les cars de résultats dans ce domaine centrefAutriche etfAlemagne,[aSubde ou leDanerarkinefautpastantsintéresser aux différences de culture nationale qu’ lafacondontlaqueston dudon doganes ya see posée. Dans les pays «fort tauxde don or ‘anes, laspersonnesquineveient ps aie Lundondoiventlementionnerexpictement; le don est donc consenti par défaut. Dans les autres, 2ucontraire, a volonté de don doitétremantionnée, Cette deuxirne fagon 4e poser e probleme fat, un peu partout, seffondrere nombre de dons dorganes. Cenfestdoncpasquecertainspayssont plusgénéreuquedautres, maisqu’on ne sly adresse pas dela méme manitre aux concitoyens. Et lorsque, dans les débats patlementaies, certains députés ont fait valoifenvain)quilconvenaitdedemander unconsentementexpicte audon dorganes duvivant es individus,jsnese sort sans doute pas rendu compte du tort quilsris- quaient de fare aux 19000 eoncitoyens enattente dune gree. . Gérld ROANER est professeur de sociloge Université Paris Oiterot. © Pourla Science 452 Juin 2015 te magazine mensuel la Science (12 n°) Le hors-série trimestriel eae) ores z a ot a A 1 AN - 16n* “door repa nn bce oe cera oeaucnert BULLETIN eee OUI, je m’abonne a Pour la Science (12 n*/an) + Dossier Pour la Science (4 nan) : 1 an: 16 numéros -76€ os jou do sae Tait itl urigarnnt en Fane msipotainn stores Poet ange, part auraisd a8Eumpe 1B as pays 35 2 ans- 32 numéros:143€ av leu do 220° Tat ais unigerorten Fann mszgettane et asco mar Po erage prepaton au fas dep psa Eumpe 3 —curaspys 726 J mes coor hoisis mon mode de réglement trim Nom: ‘Par enbun ated Pour la Scienes Prénom Par carte banceire Adresse Numérodocarte| 1 1 1 Lavi tisitiiid spration Signature eee L cp. Ville: Tien oe deve Pays mail peur reso trowel: Poul Seo a err on auscue) Le PISAS2 ce tener nrc trtctieninocsea Molatsiedel a= une géomeétrie aléatoire sur | la sphere Fa] Crore Se ese SS See See Pera a eee creer [27 t+ 3 4 a8 aera cn ee ey Pert ciety Te ee ag oer ented ee erred Seer Pee et eaten aera Poetic Perey Pres = LES AUTEURS, Nicolas CURIEN st Jean-Frangoie LE GALL sont professeurs de mathématques Université Paris Sua, & Orsay. 28] matnématiques cs situations faisant intervenir duu hasard de nature géométrique ne ‘manquent pas. len est ainsi pour le réseau de pores d'un matérau perméable, la carte des connexions Internet, les orientations des aimants atomiques dans tun matériau magnétique, etc De fait afin analyser de tells situations, les scien- tifiques font souvent appel ala théorie des probablités et des statistiques, sans compter les mathématiciens qui étudient «ces questions pour leur propre intérét. ‘Lune des voies de recherche, apparue dans les années 1980 sous impulsion de physiciensthéorciens, portesu es surfaces aléatoires, Cest--dire des surfaces choi- sies au hasard. Mais comment choisit-on tune surface au hasard? I existe diverses approches pour répondre de fagon pésise& celle question. une dlles, quiconsiste& define une géoméiealéatoie surla sphere enconsidérant des graphes tracts sur celte surface, arécermment conduita des déve- Joppementsintéessantset prometteurs ‘Comment définir une notion de géo- étrie aléatoire sur la sphére? Il agit associer toute pair de points de cette surface une quantitéaléatoire qui sera la distance entre les deux points. feu bien eentendu que' inégalitétiangulaie la pro- priété fondamentale d'une distance, soit satiate: sit'on considere trois points A, B e¢G la distance AC doit tre inférieure & Je somme AB-+ BC des deux autres. idee df pour construire cete distance aléatoire est de partir d’un nombre fini de points, puis daugmenterindéfiniment ce ‘ome. imaginons quenotre phir soit une plantte dépourvue d’ooéans, surlaquelle se trouvent un grand nombre de villes religes par des routes, Phus précisément, chaque ville est reliée aun petit nombre autres ville par des routes directes. On demande que deux routes ne se croisent pas, et on suppose que on peut toujours allerd’une villequeleongue3 une autre en pessant par des vies intermeédiaires—hew- reusement, sinon certaines is seraient isolées du reste du monde! On défni lors Jadistance entre deux villesAetB comme Je plus petitnombred’ apes sur un trajet reliant AetB (oar figure page 29,en ha). Cette céfiition n’est pas absurde si fon considre que parcourir une route est trés rapide, mais que la traversée dune ville prend beaucoup de temps, Dans la limite oti le nombre des villes est ts grand, et oi leurs positions «cremplisent» approximativerent toute la surface de la sphere, on aboutit 2 une situation oitYon peut définir une distance centre dewx points quelconques dela sphere, cette distance prenantune valeuraléatoire puisqu’elle dépend de la disposition des routes, elle méme choisie au hasard. ‘Ce gui précede décrit, de manitr tres simplifice, un programme de recherches rmathématiques ts actif au cours des dix demigces années, et quiestIoind’@tre artivé son terme. Ces recherches ont été large- ‘ment motivées par des questions de phy- sigue théorique, dans le cadre dela gravité quantique en dimension deux. Iagit de construire une théorie marian celle de la relatvité générale, qui est une théorie de 1a gravitation, avec la physique quantique. Leas de la dimension deux nest certes pps le plus pertinent dans exe perspec- five, maisil conduit déj & des problémes rmathématiques passionnantset dificiles! Afin dexpliquer comment nous construisons une géométrie aéatoie, il nous faut d’abord introduite la notion de carte planaire, qui permet de formal- ser les configurations de routes que nous avons évoquées. Ces graphes appelés cartes planaires Siquelqu'un vousdemandede dessiner un raphe, vousalle placer quelques points (les sommes) sur une feuille de papier, reli certaines paires de sommets par des chemins lesarétes) et saufsi vous teneza compliquels choses, vous vousarrangerez pour que les arétes ne se croisent pas et pour qu’on puisse passer d'un sommet a ‘wimporte quel autre par un chemin com- pposé d'arétes (en termes mathématiques, Te graphe est connexe). Vous aurez alors dessiné une carte planaire! ‘Une carte planaire est donc simple- ‘ment un graphe connexe tracésurle plan ou la sphere, et tel que les arétes ne se la face en question voi ls igures page 29), ct lorsque cela se produit, cette aréte doit tre comptée deux fois: il faut imaginer qu‘on fait le tour dea frontidre de la face depuis Vintérieur, et une telle aréte sera effectivement parcourue deux fois. Des bijections pour compter les cartes Un résultat un peu surprenant, mais facile a démontrer est que le nombre de quadrangulations enracinées & n faces est égal au nombre de cartes planaires enracinées an arétes, Cette égalitésigni- fie que l'on dispose dune construction permettant d’associer& chaque carte pla- naire enracinée & n aréies une unique quadrangulation enracinée &n faces, et inversement. Aulremeat dit, on définit jection entre les deux ensembles, parfois nommée bijection de Tutte. Laconstruetionest simplesur un dessin (coirtajigurec-contre). Notons Cune carte (© Pourla Science 452-Juin 2015 Dénombrer ies quacrangulations an faces revert dénombrer des arbres éiquetés nares, ‘cou est plus fac ext on oft une blecion, rrormée lection C¥S, entre les quadrangulstons ‘onacindes os arbres convanablementélquents (ie sommet racine portelenombre et ou ies riquones de deux sonnets eis pr unearéwe ne aferent que par 1,0. 041). un des iquetsoes possible de arbre sant artes chconte (a) est représeneéenb. La consrtion de la quadrangule- ‘von corespondant arbre éiqueténécess a ‘notion ce «coin», un secteur angulaie entre deux _arbues successives autour dun sommet Lalgarkhme esl suivant. On suit de bas on haut at de gauche & doe le contour de arte 0). ‘Acheque coin recortré, on trace unearéte verte Jolgnart ce coin au dernier enn reneonté précé- dommonteétiquetestrctoment plus petite. Dans locas diuncoin €6tquene on race une artco varie entre ce coin un sommet supplémmentaro a jours au préalabe et portant éiqueti (2. let possible de tracer toutes ces ares vers sans quis se cots, et lerésutat es: une quadran- {gulaton! Par convertion, cete quadrangultion est cenracinde al premiere arbtedessinée (ents le sommet ae: Tancétre de arbre) crlertée de fagn que. sot esommet rina, Réciproquement on peu construire partir une quaclarigulaion enracinse donnée Faroe ‘iquatscomespondant. Dod la bijection planaire ensacinée 8 naréteset marquons ses sommets en blane. Plagons ensuite & Tintérieur de chaque face de Cun sommet soir, que 'onrelie par de nouvelles ates Atouslessommetsblancsappartenant’ la frontiére dela face. Une subtilité technique concernelecasoiiun sommet dela frontiére a plusieurs «coins» dans Ia face (“est&- dire que quand on longe la frontire de la face parTinterieur,onrencontre ce sommet plusieurs fois — ce cas ne se produit pas dans exemple de la page précédente): dans cette éventualit, on rele le sommet noira chacun des coins (intérieurs la face) du sommet lane considéré. Aprbsavoireffacé ls arétes dea carte initiale, on obtient, avec les nouvelles arétes, une quadrangulation Qn faces (en fait, chaque face de Q correspond 2 ‘une aréte de la carte initiale). On choisit la racine de la quadrangulation Q par ‘une convention approprige en fonction dela racine de. Laconstruction inverse est également simple, mais nous ne la Aécritons pasic. En quoi cette bijection aidet-elle 8 compter les cartes planaires? La raison tient au fait que Yon peut coder r'importe quelle quadrangulation (enracinée) par un arbre, et qu'il est plus facile de compter Jes arbres, qui sont des objets combina- toires simples. I sgit ici ces arbres dits planaires, dui peuvent décrre la généalogie d'une population d'individus. Cette popula- fion part d’un ancétre unique, qui a un certain nombre éenfants, qui leur tour PourlaSience-n'452- Juin 2085 vont avoir des enfants et ainsi de suite. On suppose que la population ¥éteint au bout d’un nombre fini de générations, et son évotation est alors décrite parun arbre sénéalogique (oir Vencadré c-dessus, a), 0 Ton représente les enfants d'un ind Yiu donné de gauche & droite en suivant ordre chronologique (Y2iné ‘abo, puis le cadet, ete) En 1981, Robert Cori et Bernard Vou- quelin, & Université de Bordeaux, ont remarqué qu'il existe une bijection entre Jes quadrangulation enracinées 8 faces et les arbres planairesa anttes ot chaque sommet porte une tiquetteindiquant un entirstrictement posit cos entiers obis- santaunxdewxtbglssuvantes:tétiquettede Yanoétre est 1; deux sommets sont reliés parunearét, la diftérence deleurséiqueties peut prendre rune des trois valeurs -1, 0 0 1 uniquement (vir Iencndréc-dessus, 2). Cesta bijection dite de Cor-Vauque- «Schaefer ou bijection CVS. Sacombinaisonaveclabjecton de Tutte (entre cartes planaires et quadrangulations) foumit une méthode pour retrouver la formule de Ey en dénombrant les arbres Géiquetés (un comptage passi facile, mais plus simple que le probléme inital. La bijection CVS a dautres applica- tions remarquables sur lesquelles nous reviendrons, Bien que nous nous soyons limités au cas des quadrangulations, on saitaujourd’hui qu'lexiste des bijections analogues pour beaucoup d’autres classes de cares planaites et notamment pour les triangulations, quisontles cartes planaires 1 toutes les faces sont de degeé 3. $i la bijection CVS apparait au premier abord. ‘comme uneastuce combinatoire ele corres pond dtm prinapemathématiqueprofond, selon lequel toute carte a une structure d arbre sousjacente, Géométrie aléatoire pour gravité quantique ‘Ala in du XX* sige les physiciensthéo- riciens ont proposé dutiliser les cartes planaires comme modeles de géométrie aléatoire. Leur object ait dintroduire dos surfaces aléatoires qui rendent compte de la géométrie fluctuante d’un univers bidimensionnel, dela méme manibre que la position d’une particule en physique

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