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Nous allons voir en détail comment constituer et modifier le capital d’une société, en
quoi le capital social d’une société est-il utile ainsi que les différents types d’apports
de capital social.
Mais cette définition ne dit pas tout sur le capital social, lequel est matérialisé par des
parts sociales notamment pour les SARL et des actions pour les SA et SAS.
Ces parts du capital social d'une entreprise sont attribuées aux associés en fonction
du montant de l’apport qu’ils ont réalisé.
Le capital social a de nombreuses utilités. Il est la somme de tous les apports des
associés ou actionnaires, il permet notamment de répartir les pouvoirs au sein d’une
société selon sa répartition entre les associés.
Plus les parts de capital d’un associé sont importantes, plus il a de pouvoir de
décision au sein de l’entreprise.
En plus de répartir les tâches des associés, le capital social constitue également un
gage de sécurité pour chacun d’entre eux.
A ce niveau, il est important de souligner que plus le capital social d’une société est
élevé, plus les partenaires, à savoir les clients et fournisseurs, sont rassurés.
Cependant, un capital social élevé n’est pas seulement un gage de sécurité pour les
associés, il représente aussi une garantie pour les partenaires puisqu’il constitue
aussi un moyen de financement à long terme.
Toujours dans cet ordre, le capital social joue un rôle important en matière
de financement de l’entreprise : un capital social important peut être un élément
rassurant vis-à-vis des banques et établissements de crédit qui sont reconnus pour
être très regardants sur les apports personnels.
Faible apport rime souvent avec faible financement. Lors de l’élaboration d’un
nouveau projet, nous vous recommandons d’éviter les petits montants. En effet, il est
mieux d’apporter entre 10% et 40% du besoin de financement total de votre projet.
Un entrepreneur capable de s’autofinancer, du moins en partie, est un aventurier
engagé et plus facilement épaulé par les banques.
A cela il faut ajouter les apports en nature qui peut prendre la forme d’un apport en
jouissance ou en propriété.
On ne vous le dira jamais assez. Plus vous accorderez de l’importance à votre projet,
plus vos partenaires vous feront confiance. Et pour ce faire, rien n’est plus efficace
que de disposer d’un capital social conséquent, adapté à la taille et à l’activité de
votre entreprise afin de rassurer les banques, les fournisseurs et les partenaires.
Un capital social élevé est une garantie aussi bien pour les établissements financiers
que pour les fournisseurs.
De plus, en cas de liquidation judiciaire ou si la société fait face à des difficultés, plus
le montant du capital social est élevé, plus les créanciers ont des chances d’être
payés.
Donc, si vous avez déjà démarré votre activité avec un capital social faible, pensez
dès maintenant à l’augmenter ou si vous n'avez pas encore commencé votre activité,
il pourrait être utile de prévoir un capital social élevé.
A noter également qu'au Maroc, en fonction de la forme juridique de votre société, le
montant du capital social peut être soumis à des minimums ou maximums comme
pour la SARL par exemple.
Que ce soit pour renforcer ses fonds propres ou intégrer de nouveaux associés
ou actionnaires, au cours de sa vie, une société a besoin d’augmenter plus ou
moins régulièrement son capital.
Par ailleurs, cette opération peut être motivée par le besoin de faire face à des dettes
accumulées par le passé ou d’honorer de nouveaux investissements soit via un
crédit accordé par une banque soit par le biais d’une utilisation directe des fonds.
Dans tous les cas, elle apporte un nouveau souffle et une plus grande solidité et
crédibilité auprès des tiers lorsque le capital social est plus important.
Démarches administratives
Avant de faire quoi que ce soit, mettez donc tous les associés ou actionnaires
au même niveau d’information de ce que vous projetez de faire. Cela permettra
ainsi aux actionnaires de souscrire aux parts libres.
Au cas où il resterait des parts, elles pourraient être souscrites par des investisseurs
externes à l’entreprise.
Plusieurs formalités seront alors requises à savoir un dépôt d’un dossier au greffe
du tribunal de commerce.
A cela il faut ajouter la publication d’une annonce légale. Et ce n’est pas fini car
l’augmentation de capital est entérinée par une nouvelle assemblée générale
organisée par la direction déléguée à cet effet.
Notons que le procès-verbal de l’AG qui a entériné ladite opération doit être
enregistré auprès des services des impôts dont dépend la société qui fait l’objet
d’une augmentation de capital social.
Il faut souligner que plusieurs options s’offrent à l’entreprise qui souhaite augmenter
son capital.
En plus de l’augmentation des titres constituant son capital, celle-ci peut être faite
également par un recours à de nouvelles liquidités.
Conclusion
Disposer d’un capital social est obligatoire pour chaque société d’autant plus que
celui-ci est une garantie auprès des partenaires et établissements financiers.
Plus un capital social est élevé, plus les créanciers sont rassurés et plus cela est
bénéfique pour l’image de marque de l’entreprise.
Partie 1 : Les modalités et droits liées aux opérations de modification de capital social :
En effet, la modification du capital social, est régi par un certain
nombre de règles qui en définissent les modalités et les techniques
de sa réalisation. C’est l’étape préalable qui concerne l’organisation
et la préparation d’une éventuelle opération de modification de
capital social (chapitre 1). Une fois le cadre général définit, il est
indispensable de traiter l’un des effets juridiques primordiales qui
résultent de la modification du capital social, à savoir le droit
préférentiel de souscription, son exercice et les règles particulières
qui le régissent (chapitre 2).
Chapitre 1 : L’organisation et la préparation de l’opération de
modification du capital social.
Sur le plan de l’organisation et de la préparation de l’opération de
modification du capital social, nous allons relever les modalités de
l’augmentation du capital social (section 1), avant de s’attaquer à la
technique juridique et financière indispensable dans le cadre de
cette opération à savoir la prime d’émission (section 2).
Section 1- Les modalités d’augmentation du capital social :
Comme dans le cadre de la loi marocaine, l’augmentation du capital
dans l’espace Ohada ne peut être décidée que par l’assemblée
générale extraordinaire sur le rapport du conseil d’administration ou
de l’administrateur (le directoire en droit marocain article 186 al2).
Deux modalités d’augmentations sont corrélativement prévues par
l’acte uniforme et le droit marocain :
L’émission d’actions nouvelles (qui peuvent être des actions
ordinaires ou de préférence) ;
Majoration de la valeur nominale des actions existantes.
De même, l’augmentation dans les deux régimes peut se faire par
apport en nature ou en numéraire, incorporation de réserves,
bénéfices, primes démission (Dans l’acte uniforme on trouve
également prime de fusion), ou par compensation avec des créances
certaines liquides et exigibles (le législateur marocain n’utilise pas
le mot certaines). Enfin au lieu de prévoir expressément la modalité
de conversion d’obligations (article 184 de la loi 17.95 marocain), le
législateur de l’Ohada utilise la phrase « augmentation par exercice
des droits attachés à des valeurs mobilières donnant accès au
capital social ».
Section 2 : prime d’émission et rapport :
Le législateur de l’Ohada, a précisé les personnes compétentes pour
fixer le prix d’émission : il s’agit de l’assemblée générale
extraordinaire, qui statue sur un rapport du conseil d’administration,
ou de l’administrateur, et de celui du commissaire aux comptes.
Alors qu’en droit marocain, en vertu de l’article 193 al.2
« le prix d’émission ou les conditions de fixation de ce prix sont
déterminés par l’assemblée générale sur rapport du conseil
d’administration ou du directoire et sur rapport spécial du ou des
commissaires aux comptes ».
Cela est justifié dans la mesure où la prime d’émission peut parfois
être consécutive d’un abus de majorité, si elle est motivée
seulement par l’intention frauduleuse des majoritaires de rendre
difficile ou impossible la souscription des minoritaires à
l’augmentation du capital.
Raison pour laquelle, toutes délibérations en l’absence du rapport
susvisé sont nulles selon l’article 590 al.3 de l’acte uniforme.
Le rôle du commissaire aux comptes consiste notamment à certifier
la sincérité des informations tirées des comptes de la société sur
lesquelles il donne avis. Il vérifie aussi la conformité des modalités
de l’opération au regard de l’autorisation donnée du conseil
d’administration ou de l’administrateur. Il apprécie aussi les
éléments de calcul de la prime d’émission et son incidence sur la
situation financière des actionnaires.
Chapitre 2 : Le droit préférentiel de souscription :
Ce droit préférentiel constitue un mécanisme d’organisation
politique et juridique qui permet d’assurer une équité et une stabilité
dans le cadre d’une opération de modification du capital social. Ce
droit est encadré à la fois par des règles générales relatives à son
exercice (section 1), et des règles particulières qui déterminent son
sort dans certains cas d’espèces (section 2).
Section 1- L’exercice du droit préférentiel de souscription :
A l’instar du droit marocain, l’article 573 de l’acte uniforme
reconnaît aux actionnaires un droit de souscrire, par préférence aux
tiers, les actions de numéraires émises lors d’une augmentation du
capital, proportionnellement au nombre d’actions qu’ils détiennent.
Ce droit préférentiel permet selon l’expression d’un auteur
« d’assurer un équilibre politique au sein de l’actionnariat ».
En principe le droit préférentiel est exercé à titre irréductible, du fait
que chaque actionnaire ne peut souscrire des actions nouvelles qu’à
la hauteur de ses actions anciennes. Cependant, si à la clôture de la
souscription, il s’avère que certains actionnaires n’ont pas exercé
leur droit de préférence, les actions nouvelles rendues disponibles
seront attribuées aux actionnaires qui auront souscrit, à titre
réductible, un nombre d’actions supérieur à celui qu’ils pouvaient
souscrire à titre irréductible, dans la limite de leurs demandes et en
proportion à leurs actions nouvelles, et sauf si le conseil
d’administration le décide expressément.
Le droit préférentiel est négociable durant toute la période de
souscription d’actions nouvelles. Si la cession de l’action est
subordonnée à l’agrément de la société, le droit de préférence aura
le même sort.
Le même délai accordé aux actionnaires pour l’exercice de leur droit
de préférence est prévu en droit marocain et dans l’acte uniforme (à
savoir un délai de 20 jours).
Alors que le législateur français prévoit un délai moins court : 5
jours.
Si les souscriptions à titre irréductible, et le cas échéant à titre
réductible, n’ont pas absorbé la totalité de l’augmentation, il est
prévu par l’acte ce qui suit :
1°) le montant de l’augmentation de capital peut être limité au
montant des souscriptions réalisées sous la double condition :
Que ce montant atteigne les 3/4 au moins de l’augmentation
prévue par l’assemblée générale qui a décidé ou autorisé
l’augmentation de capital ;
Que cette faculté ait été prévue expressément par l’assemblée
lors de l’émission (le législateur marocain exige seulement cette
condition dans l’article 195 al.1 de la loi 17.95).
2°) les actions non souscrites peuvent être librement réparties,
totalement ou partiellement, à moins que l’Assemblée en ait décidé
autrement ;
3°) les actions non souscrites peuvent être offertes au public
totalement ou partiellement lorsque l’assemblée a expressément
admis cette possibilité.
Section 2- Les règles particulières relatives au droit de
souscription :
En premier, lieu on traitera l’exercice du droit préférentiel en cas
d’usufruit. Dans ce cas le régime adopté par l’acte uniforme est
similaire au régime marocain, dans la mesure où le droit de
préférence est reconnu au nu-propriétaire. Si ce dernier vend ses
droits de souscriptions, les sommes ou les biens reçus en
contreparties sont soumis à l’usufruit.
En cas de négligence par le nu-propriétaire dans l’exercice de son
droit, l’usufruitier peut en substituer. Les sommes ou les biens reçus
en contrepartie seront soumis à l’usufruit.
Dans les deux régimes juridiques un délai de 8 jours est suffi pour
considérer le nu-propriétaire comme étant négligeant dans
l’exercice de son droit de préférence.
En second, lieu nous allons analyser le cas de suppression du droit
préférentiel. Ainsi l’article 586 de l’acte uniforme prévoit que
« L’assemblée générale qui décide ou autorise une augmentation de
capital peut, en faveur d’un ou de plusieurs bénéficiaires
nommément désignés, supprimer le droit préférentiel de
souscription pour la totalité de l’augmentation de capital ou pour
une ou plusieurs tranches de cette augmentation ».
Toutefois, l’article 587 exige dans ce cas-là, que les bénéficiaires ne
prennent pas part au vote, et que leurs actions ne soient pas
incluses dans le calcul du quorum et de la majorité.
A égard, la cour commune de justice et d’arbitrage de l’Ohada, a
cassé un arrêt d’appel, qui a infirmé un jugement, au motif qu’il n’a
pas constaté si les dispositions susvisées n’ont pas été respectées.
Selon la CCJA dès lors que en incluant le bénéficiaire, la majorité
pour voter pour la suppression est obtenu, l’article 587 est respecté.
En dernier lieu, il est reconnu aux actionnaires un droit de renoncer
à leur droit préférentiel. Néanmoins, La seule indication de cette
possibilité se trouve dans l’alinéa 2 de l’article 189 de la loi 17.95 en
droit marocain. Alors que le législateur de l’Ohada a consacré toute
une section pour la réglementer.
Ainsi dans les deux régimes juridiques, les actionnaires peuvent
renoncer à titre individuelle à leur droit de souscription. Toutefois,
l’acte uniforme prévoit les modalités de cette renonciation, et les
personnes en faveur desquelles elle peut être faite.
Selon l’article 593 la renonciation peut se faire pour le compte de
personnes dénommées ou sans indication de bénéficiaires. Il faut
aviser la société par lettre au porteur ou lettre recommandée avec
accusé de réception, avant que le délai d’ouverture des
souscriptions n’expire.
Lorsque la renonciation se fait pour le compte de personnes
dénommée, leur acceptation est requise. Dans le cas contraire, et si
les actions sont au porteur, il faut une attestation du dépositaire des
titres constatant la renonciation de l’actionnaire.
Conclusion :
A la lumière des analyses et comparaisons entre le régime et les
principes généraux régissant la modification du capital en droit de
l’Ohada et en droit marocain, deux principaux renseignements
peuvent être constatées :
D’une part, le législateur de l’Ohada est plus organisé et structuré
sur le plan de la forme et de l’architecture des dispositions
contenues dans l’acte uniforme relative aux sociétés commerciales
et aux groupements d’intérêt économique. Ainsi, il a essayé de
consacrer à chaque principe régissant la modification du capital un
titre isolé et des règles de fonds et de formes précises et
échelonnées. Contrairement à la loi marocaine qui contient des
dispositions dispersées et non cohérentes.
D’autre part, le législateur de l’Ohada a essayé de renforcer l’arsenal
juridique en matière d’augmentation du capital, en introduisant des
techniques et modalités, qui permettent de protéger à la fois les
actionnaires, et les tiers. Et aussi d’assurer un contrôle sur le
comportement des dirigeants sociaux.
De ce fait, en guise de conclusion on peut dire, qu’une éventuelle
adhésion du Maroc à l’espace de l’Ohada aura un impact positif sur
notre arsenal juridique interne, surtout sur le plan formel et
institutionnel.