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Divisé en plusieurs parts sociales à valeurs nominales égales, le capital social

d'une SARL ou d’une SA correspond au montant total des apports de biens et


d’argent réalisés par les associés en contrepartie de droits sociaux.

Indispensable lors de la création de la société, le montant du capital social qui figure


sur toutes les factures et correspondances officielles. Celui-ci peut varier en
fonction de la croissance de l’entreprise.

Nous allons voir en détail comment constituer et modifier le capital d’une société, en
quoi le capital social d’une société est-il utile ainsi que les différents types d’apports
de capital social.

I. Qu’est ce que le capital social ?

Le capital social d’une société correspond au montant des apports de biens et


d’argent mobilisés par des associées et mis à la disposition d’une société en
création, en contrepartie de droits sociaux.

Mais cette définition ne dit pas tout sur le capital social, lequel est matérialisé par des
parts sociales notamment pour les SARL et des actions pour les SA et SAS.

Ces parts du capital social d'une entreprise sont attribuées aux associés en fonction
du montant de l’apport qu’ils ont réalisé.

II. En quoi le capital social d’une société est-il utile ?

Le capital social a de nombreuses utilités. Il est la somme de tous les apports des
associés ou actionnaires, il permet notamment de répartir les pouvoirs au sein d’une
société selon sa répartition entre les associés.

Plus les parts de capital d’un associé sont importantes, plus il a de pouvoir de
décision au sein de l’entreprise.

En effet, le montant du capital détenu par chacun des actionnaires de l’entreprise


définit ses droits et son influence de vote aux assemblées générales notamment
concernant les dividendes qu’il recevra par la suite.

En plus de répartir les tâches des associés, le capital social constitue également un
gage de sécurité pour chacun d’entre eux.

Autrement dit, en cas de faillite de l’entreprise les patrimoines personnels des


associés ne sont pas exposés, sauf mention contraire indiquée dans les statuts de
l'entreprise. Seul leurs apports sont exposés à la faillite de l’entreprise.

En effet, en cas de liquidation judiciaire d’une société (ou de sauvegarde judiciaire),


le montant du capital social de l’entreprise doit en principe être restitué aux associés
à la condition que les créanciers de celle-ci soient désintéressés.

A ce niveau, il est important de souligner que plus le capital social d’une société est
élevé, plus les partenaires, à savoir les clients et fournisseurs, sont rassurés.
Cependant, un capital social élevé n’est pas seulement un gage de sécurité pour les
associés, il représente aussi une garantie pour les partenaires puisqu’il constitue
aussi un moyen de financement à long terme.

Toujours dans cet ordre, le capital social joue un rôle important en matière
de financement de l’entreprise : un capital social important peut être un élément
rassurant vis-à-vis des banques et établissements de crédit qui sont reconnus pour
être très regardants sur les apports personnels.

Faible apport rime souvent avec faible financement. Lors de l’élaboration d’un
nouveau projet, nous vous recommandons d’éviter les petits montants. En effet, il est
mieux d’apporter entre 10% et 40% du besoin de financement total de votre projet.
Un entrepreneur capable de s’autofinancer, du moins en partie, est un aventurier
engagé et plus facilement épaulé par les banques.

III. Quels sont les différents types d’apports de capital social ?

Dans le détail, on distingue les apports en numéraire, en nature, et en industrie.

Pour les apports en industrie, il est considéré comme un savoir-faire et de


connaissances. Il ne contribue pas proprement à la constitution de la formation du
capital de l’entreprise.

A cela il faut ajouter les apports en nature qui peut prendre la forme d’un apport en
jouissance ou en propriété.

Et enfin, il y a les apports en numéraire constitués de sommes d’argent qui doivent


être déposées sur un compte en banque ouvert à cet effet, à ne pas confondre avec
le compte courant d’associé, lequel est souvent un prêt accordé par une tierce
société à la société afin de permettre à celle-ci de financer ses activités.

V. Quels sont les avantages d’un capital social élevé ?

On ne vous le dira jamais assez. Plus vous accorderez de l’importance à votre projet,
plus vos partenaires vous feront confiance. Et pour ce faire, rien n’est plus efficace
que de disposer d’un capital social conséquent, adapté à la taille et à l’activité de
votre entreprise afin de rassurer les banques, les fournisseurs et les partenaires.

Un capital social élevé est une garantie aussi bien pour les établissements financiers
que pour les fournisseurs.

De plus, en cas de liquidation judiciaire ou si la société fait face à des difficultés, plus
le montant du capital social est élevé, plus les créanciers ont des chances d’être
payés.

Donc, si vous avez déjà démarré votre activité avec un capital social faible, pensez
dès maintenant à l’augmenter ou si vous n'avez pas encore commencé votre activité,
il pourrait être utile de prévoir un capital social élevé.
A noter également qu'au Maroc, en fonction de la forme juridique de votre société, le
montant du capital social peut être soumis à des minimums ou maximums comme
pour la SARL par exemple.

VI. Augmentation de capital au Maroc : ce qu'il faut savoir

Astuces pour augmenter le capital social de votre entreprise

Que ce soit pour renforcer ses fonds propres ou intégrer de nouveaux associés
ou actionnaires, au cours de sa vie, une société a besoin d’augmenter plus ou
moins régulièrement son capital.

Par ailleurs, cette opération peut être motivée par le besoin de faire face à des dettes
accumulées par le passé ou d’honorer de nouveaux investissements soit via un
crédit accordé par une banque soit par le biais d’une utilisation directe des fonds.

Dans tous les cas, elle apporte un nouveau souffle et une plus grande solidité et
crédibilité auprès des tiers lorsque le capital social est plus important.

Il existe de nombreuses astuces pour utiliser efficacement cet outil de financement


utilisé dans de nombreux cas de figure.

Démarches administratives

Au Maroc, l'opération suit un certain nombre de procédures et de formalités.

La première étape consiste à convoquer une assemblée générale extraordinaire


entre tous les associés ou actionnaires de l’entreprise pour décider des modalités
ainsi que de l’ampleur de l’augmentation de capital social visée.

Avant de faire quoi que ce soit, mettez donc tous les associés ou actionnaires
au même niveau d’information de ce que vous projetez de faire. Cela permettra
ainsi aux actionnaires de souscrire aux parts libres.

Au cas où il resterait des parts, elles pourraient être souscrites par des investisseurs
externes à l’entreprise.

Après la proposition d’augmentation de capital social par le dirigeant de l’entreprise


qui fixe les modalités de réalisation en concertation avec les actionnaires de
l’entreprise, place ensuite à la constatation de la réalisation de l’augmentation de
ladite opération qui respecte un certain formalisme.

Plusieurs formalités seront alors requises à savoir un dépôt d’un dossier au greffe
du tribunal de commerce.

A cela il faut ajouter la publication d’une annonce légale. Et ce n’est pas fini car
l’augmentation de capital est entérinée par une nouvelle assemblée générale
organisée par la direction déléguée à cet effet.
Notons que le procès-verbal de l’AG qui a entériné ladite opération doit être
enregistré auprès des services des impôts dont dépend la société qui fait l’objet
d’une augmentation de capital social.

La procédure est sanctionnée par l’inscription du nouveau montant du capital social


sur les supports de l’entreprise.

Différents types d'augmentation de capital social

Il faut souligner que plusieurs options s’offrent à l’entreprise qui souhaite augmenter
son capital.

En plus de l’augmentation des titres constituant son capital, celle-ci peut être faite
également par un recours à de nouvelles liquidités.

Ce procédé fait partie des apports en numéraire.

Il y a aussi les apports en nature constitués essentiellement de biens immobiliers,


d’engins ou d’autres parts d’une autre société.

A côté de celles-ci, il y a une autre manière d’augmentation de capital.


Appelée incorporation de réserve, comme son nom l’indique, elle se traduit par
l’intégration des bénéfices, d’apport ou de fusion, des réserves ou primes d’émission
du capital de la société.

Réalisée par la création de nouvelles parts sociales ou actions, lesquelles


sont attribuées au prorata de la participation des actionnaires, cette opération
qui est ainsi potentiellement bénéfique à tous les associés ou actionnaires, est
décidée par la collectivité des actionnaires à la majorité sauf si les statuts prévoient
une majorité plus importante.

Conclusion

Disposer d’un capital social est obligatoire pour chaque société d’autant plus que
celui-ci est une garantie auprès des partenaires et établissements financiers.

Plus un capital social est élevé, plus les créanciers sont rassurés et plus cela est
bénéfique pour l’image de marque de l’entreprise.

Il est donc recommandé d’opter pour un capital conséquent ou de procéder à


l’augmentation de celui-ci s’il se trouve que ce dernier est faible.

Cette opération peut être motivée par de nombreuses raisons.


Dans tous les cas, elle apporte un nouveau souffle et une plus grande solidité et
crédibilité, car le capital social étant plus important.

Cependant, sa réalisation est délicate et demande une certaine préparation. Il est


donc préférable de recourir à un expert-comptable qui pourra vous donner
les bonnes astuces afin de réussir une telle démarche.

ENTRE LE DROIT MAROCAIN ET LE DROIT DE L’OHADA.


Le droit des sociétés constitue une branche indispensable du droit
des affaires, dans la mesure où il donne un cadre législatif et
institutionnel aux agents principaux de la vie des affaires, à savoir
les sociétés. D’où l’existence, au sein de l’espace Ohada d’un acte
uniforme dédié principalement aux sociétés commerciales et aux
groupements d’intérêt économique.
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Ledit acte uniforme a été rédigé pour la première fois, le 17 avril
1997, avant de subir une révision profonde en 2014. Ladite révision,
était une réponse à un ensemble de critiques qui ont été adressées
à l’acte dans sa première version. Avec comme objectif principal
d’assurer une meilleure gouvernance des entreprises.
Selon un auteur, la révision de 2014, prônait d’assurer plus de
transparence, d’équité et de flexibilité du droit des sociétés et des
groupements d’intérêt économique, dans l’espace Ohada, à travers
l’instauration des règles qui protègent les tiers, les épargnants et
qui encouragent aussi l’investissement.
En effet, l’acte uniforme en matière des sociétés commerciales,
consacre tout un chapitre relatif aux dispositions générales
régissant la modification du capital des sociétés. Ce chapitre révèle
l’importance considérable que le législateur de l’Ohada accorde à ce
concept crucial en droit des sociétés : en l’occurrence le capital
social.
Le capital social est défini par l’article 62 de l’acte uniforme qui
prévoit que :
« Le capital social représente le montant des apports en capital
faits par les associés à la société et augmenté, le cas échéant, des
incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission ».
En principe, le capital social est intangible, dans la mesure où il
constitue un gage exclusif des créanciers sociaux. Cependant, les
aléas et changements de la vie économique, peuvent impliquer une
modification du capital social et de son architecture. Cette
modification, peut prendre soit la forme d’une augmentation, pour
faire face à des difficultés économiques ou financières, ou en raison
d’une expansion de l’activité sociale, soit d’une réduction en raison
de pertes subies par l’entreprise.
Il est dès lors légitime de poser la problématique suivante :
Comment les principes généraux qui régissent l’opération de
modification du capital social, permettent de protéger les
actionnaires de la société et ses créanciers sociaux ?
Pour répondre convenablement à cette problématique, nous allons
suivre une approche comparative en analysant le dispositif juridique
de l’acte uniforme en comparaison avec le dispositif juridique
marocain en la matière.

Partie 1 : Les modalités et droits liées aux opérations de modification de capital social :
En effet, la modification du capital social, est régi par un certain
nombre de règles qui en définissent les modalités et les techniques
de sa réalisation. C’est l’étape préalable qui concerne l’organisation
et la préparation d’une éventuelle opération de modification de
capital social (chapitre 1). Une fois le cadre général définit, il est
indispensable de traiter l’un des effets juridiques primordiales qui
résultent de la modification du capital social, à savoir le droit
préférentiel de souscription, son exercice et les règles particulières
qui le régissent (chapitre 2).
Chapitre 1 : L’organisation et la préparation de l’opération de
modification du capital social.
Sur le plan de l’organisation et de la préparation de l’opération de
modification du capital social, nous allons relever les modalités de
l’augmentation du capital social (section 1), avant de s’attaquer à la
technique juridique et financière indispensable dans le cadre de
cette opération à savoir la prime d’émission (section 2).
Section 1- Les modalités d’augmentation du capital social :
Comme dans le cadre de la loi marocaine, l’augmentation du capital
dans l’espace Ohada ne peut être décidée que par l’assemblée
générale extraordinaire sur le rapport du conseil d’administration ou
de l’administrateur (le directoire en droit marocain article 186 al2).
Deux modalités d’augmentations sont corrélativement prévues par
l’acte uniforme et le droit marocain :
L’émission d’actions nouvelles (qui peuvent être des actions
ordinaires ou de préférence) ;
Majoration de la valeur nominale des actions existantes.
De même, l’augmentation dans les deux régimes peut se faire par
apport en nature ou en numéraire, incorporation de réserves,
bénéfices, primes démission (Dans l’acte uniforme on trouve
également prime de fusion), ou par compensation avec des créances
certaines liquides et exigibles (le législateur marocain n’utilise pas
le mot certaines). Enfin au lieu de prévoir expressément la modalité
de conversion d’obligations (article 184 de la loi 17.95 marocain), le
législateur de l’Ohada utilise la phrase « augmentation par exercice
des droits attachés à des valeurs mobilières donnant accès au
capital social ».
Section 2 : prime d’émission et rapport :
Le législateur de l’Ohada, a précisé les personnes compétentes pour
fixer le prix d’émission : il s’agit de l’assemblée générale
extraordinaire, qui statue sur un rapport du conseil d’administration,
ou de l’administrateur, et de celui du commissaire aux comptes.
Alors qu’en droit marocain, en vertu de l’article 193 al.2
« le prix d’émission ou les conditions de fixation de ce prix sont
déterminés par l’assemblée générale sur rapport du conseil
d’administration ou du directoire et sur rapport spécial du ou des
commissaires aux comptes ».
Cela est justifié dans la mesure où la prime d’émission peut parfois
être consécutive d’un abus de majorité, si elle est motivée
seulement par l’intention frauduleuse des majoritaires de rendre
difficile ou impossible la souscription des minoritaires à
l’augmentation du capital.
Raison pour laquelle, toutes délibérations en l’absence du rapport
susvisé sont nulles selon l’article 590 al.3 de l’acte uniforme.
Le rôle du commissaire aux comptes consiste notamment à certifier
la sincérité des informations tirées des comptes de la société sur
lesquelles il donne avis. Il vérifie aussi la conformité des modalités
de l’opération au regard de l’autorisation donnée du conseil
d’administration ou de l’administrateur. Il apprécie aussi les
éléments de calcul de la prime d’émission et son incidence sur la
situation financière des actionnaires.
Chapitre 2 : Le droit préférentiel de souscription :
Ce droit préférentiel constitue un mécanisme d’organisation
politique et juridique qui permet d’assurer une équité et une stabilité
dans le cadre d’une opération de modification du capital social. Ce
droit est encadré à la fois par des règles générales relatives à son
exercice (section 1), et des règles particulières qui déterminent son
sort dans certains cas d’espèces (section 2).
Section 1- L’exercice du droit préférentiel de souscription :
A l’instar du droit marocain, l’article 573 de l’acte uniforme
reconnaît aux actionnaires un droit de souscrire, par préférence aux
tiers, les actions de numéraires émises lors d’une augmentation du
capital, proportionnellement au nombre d’actions qu’ils détiennent.
Ce droit préférentiel permet selon l’expression d’un auteur
« d’assurer un équilibre politique au sein de l’actionnariat ».
En principe le droit préférentiel est exercé à titre irréductible, du fait
que chaque actionnaire ne peut souscrire des actions nouvelles qu’à
la hauteur de ses actions anciennes. Cependant, si à la clôture de la
souscription, il s’avère que certains actionnaires n’ont pas exercé
leur droit de préférence, les actions nouvelles rendues disponibles
seront attribuées aux actionnaires qui auront souscrit, à titre
réductible, un nombre d’actions supérieur à celui qu’ils pouvaient
souscrire à titre irréductible, dans la limite de leurs demandes et en
proportion à leurs actions nouvelles, et sauf si le conseil
d’administration le décide expressément.
Le droit préférentiel est négociable durant toute la période de
souscription d’actions nouvelles. Si la cession de l’action est
subordonnée à l’agrément de la société, le droit de préférence aura
le même sort.
Le même délai accordé aux actionnaires pour l’exercice de leur droit
de préférence est prévu en droit marocain et dans l’acte uniforme (à
savoir un délai de 20 jours).
Alors que le législateur français prévoit un délai moins court : 5
jours.
Si les souscriptions à titre irréductible, et le cas échéant à titre
réductible, n’ont pas absorbé la totalité de l’augmentation, il est
prévu par l’acte ce qui suit :
1°) le montant de l’augmentation de capital peut être limité au
montant des souscriptions réalisées sous la double condition :
Que ce montant atteigne les 3/4 au moins de l’augmentation
prévue par l’assemblée générale qui a décidé ou autorisé
l’augmentation de capital ;
Que cette faculté ait été prévue expressément par l’assemblée
lors de l’émission (le législateur marocain exige seulement cette
condition dans l’article 195 al.1 de la loi 17.95).
2°) les actions non souscrites peuvent être librement réparties,
totalement ou partiellement, à moins que l’Assemblée en ait décidé
autrement ;
3°) les actions non souscrites peuvent être offertes au public
totalement ou partiellement lorsque l’assemblée a expressément
admis cette possibilité.
Section 2- Les règles particulières relatives au droit de
souscription :
En premier, lieu on traitera l’exercice du droit préférentiel en cas
d’usufruit. Dans ce cas le régime adopté par l’acte uniforme est
similaire au régime marocain, dans la mesure où le droit de
préférence est reconnu au nu-propriétaire. Si ce dernier vend ses
droits de souscriptions, les sommes ou les biens reçus en
contreparties sont soumis à l’usufruit.
En cas de négligence par le nu-propriétaire dans l’exercice de son
droit, l’usufruitier peut en substituer. Les sommes ou les biens reçus
en contrepartie seront soumis à l’usufruit.
Dans les deux régimes juridiques un délai de 8 jours est suffi pour
considérer le nu-propriétaire comme étant négligeant dans
l’exercice de son droit de préférence.
En second, lieu nous allons analyser le cas de suppression du droit
préférentiel. Ainsi l’article 586 de l’acte uniforme prévoit que
« L’assemblée générale qui décide ou autorise une augmentation de
capital peut, en faveur d’un ou de plusieurs bénéficiaires
nommément désignés, supprimer le droit préférentiel de
souscription pour la totalité de l’augmentation de capital ou pour
une ou plusieurs tranches de cette augmentation ».
Toutefois, l’article 587 exige dans ce cas-là, que les bénéficiaires ne
prennent pas part au vote, et que leurs actions ne soient pas
incluses dans le calcul du quorum et de la majorité.
A égard, la cour commune de justice et d’arbitrage de l’Ohada, a
cassé un arrêt d’appel, qui a infirmé un jugement, au motif qu’il n’a
pas constaté si les dispositions susvisées n’ont pas été respectées.
Selon la CCJA dès lors que en incluant le bénéficiaire, la majorité
pour voter pour la suppression est obtenu, l’article 587 est respecté.
En dernier lieu, il est reconnu aux actionnaires un droit de renoncer
à leur droit préférentiel. Néanmoins, La seule indication de cette
possibilité se trouve dans l’alinéa 2 de l’article 189 de la loi 17.95 en
droit marocain. Alors que le législateur de l’Ohada a consacré toute
une section pour la réglementer.
Ainsi dans les deux régimes juridiques, les actionnaires peuvent
renoncer à titre individuelle à leur droit de souscription. Toutefois,
l’acte uniforme prévoit les modalités de cette renonciation, et les
personnes en faveur desquelles elle peut être faite.
Selon l’article 593 la renonciation peut se faire pour le compte de
personnes dénommées ou sans indication de bénéficiaires. Il faut
aviser la société par lettre au porteur ou lettre recommandée avec
accusé de réception, avant que le délai d’ouverture des
souscriptions n’expire.
Lorsque la renonciation se fait pour le compte de personnes
dénommée, leur acceptation est requise. Dans le cas contraire, et si
les actions sont au porteur, il faut une attestation du dépositaire des
titres constatant la renonciation de l’actionnaire.

Partie 2 : Des formalités contraignantes en cas de modification du capital social :


Il ne suffit pas de prévoir des dispositions juridiques pour assurer
une meilleure sécurité juridique et efficacité dans le cadre d’une
opération de modification du capital social. Mais il faut assortir ces
règles par des formalités contraignantes qui permettent de lutter
contre les risques financiers et juridiques sui résultent de
l’opération de modification du capital social, en particulier la
corruption. A cet égard, on distingue entre les formalités liées à la
réalisation et au processus de modification du capital social
(chapitre 1), et les formalités liées au retrait des fonds après la
terminaison de l’opération intégrale et des souscriptions (chapitre
2).
Chapitre 1 : Les formalités liées à l’opération de modification du
capital social :
Les formalités liées à l’opération de modification du capital, se
traduisent par une publicité préalable et une information suffisante
des actionnaires et des tiers (section 1), et aussi des formalités
liées à la libération des actions qui constitue une condition sin qua
non pour le succès du processus de modification du capital social
(section 2).
Section 1 : Les règles de publicités et d’information :
L’article 599 de l’acte uniforme ainsi que l’article 196 de la loi 17.95
du droit marocain prévoient que les actionnaires sont informés par
un avis, porté à leur connaissance 6 jours avant l’ouverture du délai
de souscription. Cependant, si le législateur de l’Ohada exige que
l’avis soit envoyé par lettre au porteur ou lettre recommandée
contre récépissé aux actionnaires, le législateur marocain s’est
contenté d’affirmer que l’avis doit être publié. Sauf en droit marocain
si toutes les actions sont nominatives, l’avis est remplacé par une
lettre recommandée expédiée aux actionnaires 15 jours avant la
date d’ouverture de la souscription (l’article 196 al.3 de la loi 17.95).
Parmi les indications qui doivent être mentionnées dans l’avis et qui
ne figurent pas en droit marocain, on trouve :
L’indication de la banque ou du notaire chargé de recevoir les
fonds,
La description sommaire, l’évaluation et le mode de rémunération
des apports en nature compris dans l’augmentation de capital, avec
l’indication du caractère provisoire de cette évaluation et de ce
mode de rémunération.
Une autre formalité d’information, en cas de modification du capital
social, est intéressante, à savoir l’établissement d’un bulletin de
souscription. En effet, l’article 601 utilise la notion du contrat de
souscription. Ce dernier est constaté par un bulletin de souscription
qui doit être établi en deux exemplaires. Un exemplaire est remis à
la société, et l’autre pour le notaire qui va dresser la déclaration de
souscription et de versement.
Le législateur de l’Ohada en le qualifiant d’un contrat, lui donne une
valeur juridique importante, et en fait un acte juridique qui fait naître
des engagements contractuels à l’égard des deux parties : la
société et le souscripteur.
De même, ledit acte doit comprendre, sous peine de nullité
certaines mentions prévues à l’article 603 de l’acte uniforme qui
concerne les renseignements de la société, et les informations
relatives aux actions souscrites et du souscripteur.
Section 2 : Libération des actions :
Si le législateur marocain exige la libération intégrale et totale du
montant de l’augmentation, à peine de nullité de la souscription
(article 188 al.2 de la loi 17.95), le législateur de l’Ohada autorise
dans l’article 604 de l’acte uniforme, lorsque les actions nouvelles
sont des actions en numéraire, la libération d’un quart au moins de
leur valeur nominale. Toutefois, si les actions sont assorties d’une
prime d’émission, il faut la libération totale de la prime d’émission.
Dans les trois ans qui suivent la réalisation de l’augmentation, et sur
appel du conseil d’administration et de l’administrateur général, les
nouveaux souscripteurs doivent libérer le surplus qui reste.
Néanmoins, une libération intégrale est exigée, lorsque les actions
en numéraire résultent pour une part d’émission d’espèce, et pour
une autre part d’une incorporation de réserves.
Toujours, dans un souci de traçabilité et de transparence, l’acte
uniforme a prévu également les modalités de dépôt des fonds reçu
par la société dans le cadre d’une opération d’augmentation du
capital. A cet effet, les dirigeant sociaux sont tenus de déposer les
fonds en numéraires, dans un établissement de crédit ou un
organisme de microfinance agrée, se trouvant dans l’Etat où le siège
social est installé. Ou bien entre les mains d’un notaire. Et ce contre
un certificat attestant le dépôt des fonds délivré par le dépositaire.
Dans ce cas-là, la société remet au dépositaire, une liste des
souscripteurs, et des montants qu’ils ont souscrits. Le dépositaire
est tenu de communiquer à tout souscripteur, sur sa demande et ses
frais, la liste susmentionnée.
Lorsque l’opération d’augmentation est effectuée, par compensation
des créances certaines liquides et exigibles, ces créances font
l’objet d’un arrêté établi par le conseil d’administration ou
l’administrateur général, et certifié par le commissaire aux comptes.
Cela permet d’assurer un double contrôle sur la véracité des
créances déclarées, pour éviter toute dissimulation ou
augmentation frauduleuse.
Chapitre 2 : Les formalités concernant les fonds résultant de la
modification du capital social :
L’intérêt crucial de toute l’opération de modification du capital
social, se résume dans les fonds résultant de ladite modification.
Pour responsabiliser les dirigeants sociaux, et pour assurer un
contrôle efficace sur le retrait des fonds, le législateur de l’Ohada a
prévu deux formalités à savoir : la déclaration notariée de
souscription et de versement (section 1), et a fixé les conditions
préalables pour l’autorisation du retrait des fonds (section 2)
Section 1 : La déclaration notariée de souscription et de
versement :
Cette déclaration est un moyen pour sécuriser l’opération, et pour
assurer une responsabilité effective des dirigeants sociaux. En effet,
cette déclaration est faite par le notaire qui effectue une
comparaison entre les montants qui figurent sur le bulletin de
souscription et ceux qui sont véritablement versés par les dirigeants
sociaux au dépositaire, et qui sont insérés dans le certificat
attestant la déposition des fonds.
Malheureusement, cet outil juridique est absente du droit marocain.
Alors qu’il s’avère très utile pour lutter contre la fraude et la
corruption, surtout dans des opérations très sensibles et
financièrement dangereuses. Ladite déclaration traduit également
un moyen pour encourager la politique de rendre les comptes au
sein des sociétés.
Si l’augmentation a été réalisée moyennant une compensation des
créances certaines liquides et exigibles, le notaire dresse la
déclaration de souscription et de versement à travers la
comparaison des montants du bulletin de souscription et de l’arrêté
des comptes certifié par le commissaire aux comptes (l’article 611
de l’acte uniforme). L’arrêté doit être annexé à ladite déclaration.
Section 2 : Le retrait des fonds :
Deux conditions préalables doivent être réunies, avant d’autoriser le
retrait des fonds : D’une part il faut la réalisation effective de
l’opération d’augmentation du capital. D’autre part il faut présenter
au dépositaire la déclaration notariée de souscription et de
versement. La société doit désigner à cet égard, un mandataire pour
le retrait des fonds.
Lorsqu’il s’agit d’une augmentation par action en numéraire à
libérer, l’augmentation est considérée comme étant réalisé dès la
rédaction de la déclaration notarié de souscription et de versement.
Cela témoigne toujours le rôle important de cette déclaration, car
elle constitue le seul moyen pour retirer les fonds.
A cet effet, dans une affaire , une société X à Abidjan rencontrait
des difficultés financières et décidait de réaliser une opération
d’augmentation du capital social. A cet égard, il ouvert un compte
auprès d’une banque Y pour y réaliser l’opération convenue.
Cependant, la société X a fait faillite, et l’opération n’a pas abouti. A
cet égard, deux actionnaires, qui ont déjà versées plus de 329 720
francs CFA, réclamait à la banque la restitution des sommes dues.
La banque refusait au motif, que les sommes versées ont été
utilisées aux fins de la souscription sur instruction des dirigeants
sociaux. Ainsi, les deux actionnaires ont saisi le tribunal de
première instance qui a condamné la société X et la banque Y a
payé solidairement aux actionnaires les sommes dues. La banque Y
a interjeté appel.
Cependant la Cour d’appel a affirmé le jugement de la première
instance. Elle a donc décidé de saisir la CCJA. La CCJA a rappelé
qu’en vertu de l’article 615 de l’acte uniforme relatif aux sociétés
commerciales et au groupement d’intérêt économique, le retrait des
fonds souscrit en numéraire ne peut avoir lieu qu’une fois
l’augmentation réalisée. Et que conformément à l’article 616 de
l’acte uniforme, en cas d’augmentation en numéraire, celle-ci est
réputée réalisée à la date de l’établissement de la déclaration
notariée de souscription et de versement.
La CCJA a conclu que les fonds résultant d’une souscription en
numéraires, dans le cadre d’une opération d’augmentation du capital
social ne peuvent être utilisés qu’après la réalisation de
l’augmentation. Et que, en l’espèce, aucune déclaration notariée n’a
été établit ou présenté à la banque Y. Pour que celle-ci puisse
transférer les fonds au compte courant de la société X. La CCJA a
ainsi affirmé la condamnation de la Cour d’appel, qui a justifié son
arrêt légalement. Et elle a rejeté le pourvoi de la banque Y.
Si l’augmentation n’ait pas lieu dans un délai de 6 mois, tout
souscripteur a le droit de demande en référé la désignation d’un
mandataire pour récupérer et restituer les sommes qu’il a souscrit
au titre de l’opération en cause.
Enfin, le législateur de l’Ohada affirme que les délibérations qui
violent les dispositions relatives à l’avis de souscription, en
l’occurrence les articles 588 et 589 de l’acte uniforme, peuvent être
annulées, On en déduit, qu’elles peuvent être annulées par les
actionnaires qui n’ont pas reçu l’avis de souscription.
Enfin, sous peine de nullité de l’opération d’augmentation, le capital
social doit être intégralement libéré avant toute émission d’actions
nouvelles à libérer en numéraire.

Conclusion :
A la lumière des analyses et comparaisons entre le régime et les
principes généraux régissant la modification du capital en droit de
l’Ohada et en droit marocain, deux principaux renseignements
peuvent être constatées :
D’une part, le législateur de l’Ohada est plus organisé et structuré
sur le plan de la forme et de l’architecture des dispositions
contenues dans l’acte uniforme relative aux sociétés commerciales
et aux groupements d’intérêt économique. Ainsi, il a essayé de
consacrer à chaque principe régissant la modification du capital un
titre isolé et des règles de fonds et de formes précises et
échelonnées. Contrairement à la loi marocaine qui contient des
dispositions dispersées et non cohérentes.
D’autre part, le législateur de l’Ohada a essayé de renforcer l’arsenal
juridique en matière d’augmentation du capital, en introduisant des
techniques et modalités, qui permettent de protéger à la fois les
actionnaires, et les tiers. Et aussi d’assurer un contrôle sur le
comportement des dirigeants sociaux.
De ce fait, en guise de conclusion on peut dire, qu’une éventuelle
adhésion du Maroc à l’espace de l’Ohada aura un impact positif sur
notre arsenal juridique interne, surtout sur le plan formel et
institutionnel.

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