LA NOUVELLE REVUE 4 OCTOBRE 2003 ANTONIO TABUCCHI LES MORTS A TABLE BERNARD COMMENT CORRECTIONS HEDI KADDOUR WALTENBERG Ill THOMAS A. RAVIER . FRANCOIS VERGNE DANS LE GREIL MARCUS LA TRILOGIE « U S.4. + DE PHILIP ROTH N-PIERRE LE GOFF La LE . ECRIVAINS D'AUSTRALIE i Dossier préparé et préseaté par Xavier Pons et Jean-Paul Delamotte PAR ARCHIE WELLER - SAM WATSON - KIM SCOTT DORIS PILKINGTON - ARTHUR UPFIELD - DONALD HORNE NANCY KEESING - ROBIN WALLACE-CRABBE www. haterz.frTHOMAS A. RAVIER Booba ou le démon des images « Je suis pas né dans I'ghetto / J'suis né a Vhoseo / Loin des:stups et des iclées stupices, purain c'que j’suis devenu, ubseréve-l'oseille et I'shit adoucit I'choc, prosse envie dithéques, un parasite en chute libre sans parachute, ga commence 4 faire long, depuis qu'on est tour petit j'm'enlise et maintenant j'pleure des larmes alcoolisées / On coule, mais y a pas d'bouées pour les babouins, c'est la crise, la Iésion, la légion, dans ma région / Une grain d'café, un gars est croque, y nous en faut peu / Un CAP puis vend dla dope / Faut pas qu'la justice ce foudroie / Hais ton chemin bien, qu'tu choisisses le mauvais ou droit / J'm’en fous moi, cis ga pour nous / Faut viser top av I'fourneau ou lfourgon / On en fait trop, dans n’importe quelle bofte on s’culbute, y a plus qu'des putes, sont toutes quelconques et sucent n‘importe quelle bire / J'avoue, sur les priéres j'étais radin, faut qu'j'me t et qu'j'défonce les portes du Paradis / Parce qt soucis sont fermes, y a pas d'sursis / Les juges onc ces me se vend en cornet. » Voila Booba, moins de trente ans, tv franco-sénéga , vient de Boulogne, moitié du groupe Lunatic, de son vrai nom Fie Yafla, muse Florence Rey. cornes et le ¢ veur clorigine www. haterz.fr38 La Nouvelle Revue Frangaise Directement dans le nerf. La littérature aujourd'hui, les écrivains, leuc livee ? Devenus trop lencs. « Vite s'il vous plait » supplie Céline : « Je n'ai jamais lu Joyce — il va trop lentement pour moi » (lettre a Hi ndus)., Vitesse sans précipitation, et le moment venu, sprint. Ou comment dire un maximum en un minimum, le temps est compté, trois, quatre minuces, une placine, une cassette, la radio. Dire quoi ? Rewind : « Je suis pas né dans I'gherto / J'suis né a I"hosto / Loin des stups et des idées stupides, putain c'que j’suis devenu, un créve-l'oseille et I'’shie adoucit I'choc, grosse envie d'chéques, un parasite en chute libre sans parachute, ¢a commence a faire long, depuis qu’on est tout petic J'm'enlise et maintenant j’pleure des larmes alcoolisées / On coule, mais y a pas d’bouées pour les babouins, c'est la crise, la lésion, la légion, dans ma région / Une grain d'café, un gars est croque, y nous en faut peu / Un CAP puis vend d'la dope / Faut pas qu’la justice te foudroie / Fais ton chemin bien, qu'tu choisisses le mauvais ou Vdroic / J'm'en fous moi, j'dis ga pour nous / Faut viser lop avant I'fourneau ou I'fourgon / On en fait trop, dans wimporte quelle boite on s'culbute, y a plus qu’des putes, sont toutes quelconques et sucent n‘importe quelle bite / J'avoue, sur les pritres j'étais radin, faut qu’j'me rattrape et qu’j'défonce les portes du Paradis / Patce quiici les soucis sont fermes, y a pas d’sursis / Les juges ont des cornes et le crime se vend en cornet, » Et donc : démystification (« j’suis pas né dans I’'ghetto »), itonie, distance (« J'suis né a I'hosto »), assonance, alli- tération, pulsation (ne pas oublier que tout ga va étre tappé), luciclité noire (« on en fait trop »). Pas de morale, cette faiblesse de la cervelle selon Rimbaud, pas www.haterz. fr Thomas A. Ravier 39 de catéchisme (« qu’tu choisisses le mauvais ou V'droit / J'm'en fous moi »). Les présentations sont faites. Ec, plus loin : « J’voulais étre seul mais crop tard j'étais déji né pour tout baiser comme Tidjani... Enfance insalubre, comme un foetus avec un calibre / Et les putains qui crachent leur salive / Mais moi j'ai l'sourire, comme a Venterrement d'un f..., voir ma clique, retour en Afrique sans capatrie- ment / Et pour m'ttaquer sur I'ciment oublient leur jour du Seigneur : ces fils de putains taffenc le dimanche I Mais pas d’blabla — « pas de blabla avec moi » dira Céline —, jchante pas d'ballades je reste dans I’vrai méme si fauc qu’j'graille j'te jure / Et si j'dois canner naturellemeac d'une balle dans I'dos, quand j'partirai faudra qu’j'sois dans I'din. » Pas de blabla. Qui est Booba ? Musicien, chanteur, rap- peur, poéte, gangster, troubadour, sociologue, pamphlé- taire, imprécateur, chroniqueur, journaliste ? Quel est le genre ? Mais celui qui les regroupe tous, écrivain, bien stir : « J’suis I'birume avec une plume. » Certes, cela va se discuter. Aprés tout, certains en sont encore, un siécle supplémentaire dans les pattes, A se demandet, Rigodon Finnegans Wake, La Recherche, romans, pas tomans ? Alors yotre Booba... Booba, quel nom d'abord, hum, la ban- lieve, d'accord, je vois... et puis écrire sur le beat, est-ce bien littéraire je vous le demande ? Nous verrons, nous jugerons. Au passage, silence sensé de la censure qui sen sort en taisant le mot qui fait mal de cette affaire : Noir. Booba est bien ce « négro », « dangereux Black >) « al- mal galeux du Sénégal » cel qu'il se définic lui-méme. Ea A partic de ce fait divers sanglant, Amadou Diallo, réfugié guinéen exécuté par quatre policiers blancs le 4 février 1999 aux Frats-Unis de quarante et une balles, dans le morceau Indépendant, le rappeur 4 la premiéte personne : www. haterz.frLa Nouvelle Revue Frangaise « Aujourd’ lui j'suis al, hier j'suis mort quaranre et une balles / Trop coloré comme un faux scal-pa, pénération . Mac Max née dans le magma, » Scalpel, métempsycose, sortic du femps, renversemeat des chronola plus prés de Uimage. Un foecus avec un calibre, l'épi- derme un faux billec (soie d'un teint considéré comme en soi illicite), pour prendre deux exemples absolument au hasare, est-il besoin cl'insister ? Demandez aux jeunes écrivains fangais de s‘alipner, les malheureux ; Messieurs, vos métaphores ! Mes meétaphores, quelles métaphores 2 (oh eure, Ia cadence, j'avais oublié, le rythme...). Bcourez Marcel Proust — un autre Frangais pas si frang que ¢a how plus pour certains en 1899 — parler de « la brusque danisance des images », Image brusque, dansée, dans ce « foetus avec un calibre », vous avez tout Booba, Nous patlerons pour notre part de métegore, des rapprochements quitvent pas lieu d’étre et, imméc ement, une appari- Gon, vénéneuse, rétinienne, brusque, brutale, impossible ase recirer de la réte : quelque chose a été vu. Je croyais mercee un disque, j'ai ouvert uo album photo, un livre de chair, de son, verhe en sang, une bofte de Pandore. Vauteur ? Pas dur, il se voir comme Ja fécondation d'un ovile dans un chargeur, Prenons un autre exemple. Dans Sang d'encre, un mor- cea ie meatafe avec son groupe Lunatic, fevtwring Arsenik, Booba, barbare, y parle pour défnir son style de croquer ues: « Nouveau scyle, croque dans les hasries crues, négroa la tage dans les os, » Quel est ce rap- prochement, cet instantané ? (pour Céline, un écrivain doit @tre «un instantanéisce »). Qu'est-ce qu'une hostie crue, et que peut-on imagines de plus apparemment hos- tile a Pidée dhoseie que cette crudité revendiquée, qui fait de Vespéce, espace d'un instant, une donnée www. haterz. fr dins tes hos les c Thomas A. Ravier Al ‘imenacérielle ? Ou bien l'hostie n’est-elle pas au contraite ‘évélée dans son immiatérialicé aigué ? Mais comment, on ecas, y croquer ? Pourquoi une telle invraisemblance ? issez-vous envahir, faites la paix avec vas sensations, stle moment, « Faites-le marcher votre pecic coeur » Jrythme cardiaque des basses vous tend la main, Si jese ite! la langue de Booba a bien avalé son hostie, et avec le.tout ¢ qui s’y était incarné dans son texte : le modéle einos représentations, fa Le frangais, langue marte ? Vieille grammiaire, vicux F grimoires, bibliothéques, gris murs : Assez. Je ferme mon livre, je mets un disque sur ma platine, plirases inserites bul le tissu vivant clu groove, brasier de scratchs, bond hors du strict récit. « En un mot je hais la prose... je suis pocre ‘et musicien raté. » Toujours Céline. . Nouveau motceau, nouvel incident, nouvel homicide. La victime ? Le cours de nos représentations, done. Peur- @tre est-ce cela que Booba nomme « un potme sans poésie » ? Courtes focales, réléabjeccifs, an clan, Sil est tin qualificatif mis en rapport avec ce rappeur, pourgtiat est-ce toujours celui de « crudité » ? Le magazine Radikel : « Un style cru et rentre-cedans.., brut de décollvage. » Cru Booba ? Brut ? Non, évicdemment. Ni discours social, ni—une profession de foi fréquente clans le Rap —, littéra- a la diffe lement, un constat. Car la caméra de Boobs rence des autres, plus encore que sur le ghetto est bran- chée directement sur son cerveau et filme de Vintérieur la sensation chimique (ec méme neurologique) vernant court-circ mise systé- matique en images cle la réalicé ne laisse a l'écri in que Vintérieur direce. » Ou, du groupe de Rap MOP de Brownsville, New York City: «1 perform lyrical heat waves that'll keep your brain warm, » cer la vision directe. Sollers : « L www.haterz.fr42 La Nouvelle Revie Prangaise On connait le coup, ai-je envie de dire ; stabiliser, fixer erivain quel qu'il soit dans une langue présupposée. Le 5 ste, le but avoué : séparer les corps, les isoler erver du méme coup la division des langages dans é. Ainsi du rappeur, préposé a linoffensif et quasi parodique « nique la police ». 11 faut une intensité déhe Hitive pour, sans changer de sujet (pac exemple MC Solaar), faire librement, a téte reposée, le choix de sa langue, ou, pour reprendre la belle expression proustienne, se faire une langue 2 « Chaque écrivain est obligé de se faire sa Jangue comme chaque violoniste son “son”. » Ici, pas de «nique la police » mais par exemple « jai roté mon poulec riti et recraché deux flotiers », Octobre 61 ? « Jai bu la seine et tou: la soe ces cadavres. » Sur le haschich et sa fonction neutralisartice d'une jeunesse énervée : « Si Jhésite Cest qu'une bouletce bloque lautom ique. » L'échec scolaire: « J’suis MC scolarisé, j'change mon instruc- Hon en polar.» Villicite : « j'fais des sous bétemenc, parce que j'veux voir ¢'pays en sous-vétement. » Sarkosy : « Casquette baissée dans mon auco, parc'qu'y contrélenc, accusent a Cort mon logo, les joueurs d'polo les alliga- rors.» La politique ? Sur le motif, catéporique : « C'est rtonze de chiens errants, » Rien de ce quia été percu par le sujet ne lui a écé diceé par une sol-cdisant céalité objective ; tour a écé passé au crible de sa perception, déréglé, halluciné, métamor- phosé. Dés lors, contrairerment au commun ces fappeurs, In dificulcé d’@tre du ghetto trouve immédiarement son Choneé singulier : qu’ine pa « Né dans une cible on a coupé mon cordon avec une scie, neuf mois dans un bunker, le majeur debour I'daron acraché clans un chargeur # Mon sachet d'beu degrainé pow micux dépainer les pures chez I'kiné les man en Guinée.» www.haterz. fr Thomas A. Reavier 43 yy On peut parier que si la vision retranscrite par Kooba demeure si indivicualisée, méme si inscrite dans le col- “pas envie d'crever sur les Champs! »), c'est en elejue sorte que son rap est en dernier liew le proclnit icé du akivdutre moi que le moi social ou A person ghetea, ce qui est rarement le cas dans le Rap ob différents “SMES communautaires vont interferer sur l'écriture. VWeleriénce intérieure en amont, vie seeréte. D'ou |'écri- SAAN Gui seul pourra devenir ce qu'il est (« moi j'veux devenit e'que j’aurais dfi étre »). O¥, A tout vrai écrivain ses vertus ancithéologales. S'il AMattendu de rappeur frangais des réponses (on a trap: Gil¥ent vu des manoeuvres politiciennes consistant A bayer dobliger le rappeur a assumer une fonction Aique afin ce le neurraliser), celles que va donne: Booba Out contre elles d’éere toujours les mauvaises. La condi- andes femmes d ti dai 1s les cités est pointée du doige, il fau- des démentis, m s j veux pas dire 4 mes gosses que, elles aiment les grosses voitures et les grosses queues.» ‘Tout le monde est accord — ou devrait l'@tre — pour dire que délinquance que avec précarité, et 1a: « G6 OOO balles pour travailler a "LOA varettes innocemment suc ce deenier vers, on voit jifnais choisic le moindre mot au hasac q isse ‘ ui réfuterait probablement violemment cecce hyporbése. Ainsi du choix des Champs flysées opéranc (au-deli de Ia signsficatinn générale «le cette image « ne pas mourit Sur les Champs » qui parait reavoyer an myche du w retenc au pays « parépovn Vécricure du rappeur) une démultiplicacion des sens * powrqual pas une iéfércnce aw Softtat [nc vais égalemer mythique et sanglont braquoge de la ame Presse Gharron ? Plus sirement a axe économique dominant la ville, vaste vitcine par isienise au few de laquelle an risque de succomber, en ce liew qui est aussi une zone etuelle pri- vilégiée des regroupements banlieusards ; enfin, si Von pense que nous sos i chy Viigin-Megastor, colossal monopole mt de ie pas Ete beniyé pas le Mave ted der disque 12, Du werlan de « pétasses + non: « Jaime les tasses 7, ma amy bien Hooba semble oe fewunt clans www.haterz.fr44 La Nowvelle Revne Prancaise tout Fmois, j'm'en bats les couilles, moi. » Ainsi de suite, on peut avoner une fascination pour les marques et néant moins écrire contre le Marché : « Petit t'as les nouvelles, Atcmax fais pas d'garrocs avec les lacets. » Aucun clerpé n'est satisfait, pas méme celut du Rap dont une partie; repwoche au rappeur, je cite, « Une quest pour leur valoir ces critiques, cette géne persistante, et plus, nénéralement le silence, celui de la presse tracitiennell quia antees soucis en téee, la presse branchée de type. Invockuptibles, pive, celui de Skyrock, la radio autopro- clamée média du mouvement Rap en France qui tefuse de passer la plupart cle ses morceaux, et « bip » les autres ? Sans aucun doute la précision, Booba aimerait que son discjue soit interdit aux mains de 18 ans, ile dit, dérégle la boussole de la censure en la prenant A cebours, ne reven- dicjue rien, n'est pas Catherine Breillat ou Virginie Des- pentes. La précision ? Violente, forcémenc : « J'aime les pin-pon, suivis d'explosions et des pompiers, et les his- toires el'fusil A pompe. » Ailleurs : « J'crée l'Emeure, mon feurre imbibé d'sang, pédé j'te descends, du rouge a lévres sur la beut. » Alternative ; « Od on en serait ? Devrait y avoir plus de filles comme Florence Rey, » En profon- deur: «On m'a détruit, déporré de Gorée, pendant que les cruies fone des poreées de pores » (ici, le pivotement au present, lof on attendaic un passé concordant, accrott la sensation). Sur le ring : « des plaques et des plaques si cpore 'C... était black, j'suis obscur, dors d'un ceil comme un missile scud, j'suis pas I'bienvenu mais J'suis Ia, reprencee "qu'on m'a enleyé, j'suis venu manger et message A ceux qui en sont encore a pleurer ners sur leur Merse/aise qu'on martyrise. Ee, mi-temps : « Je serai cachére si je meurs éyorpé. » La violence ? Affaire de style, & quien douterait www.haterz. fr chier lit» dans les Hromieme « la violence de ses propos »., ” on se pose, que se dit-il sur les disques de Booba, #4 Thomas A. Revier As fgoré. Le rappeur donnera sa vision du sien, A maintes eprises « Horrifié par ce que j'récite [illicice, rho! / tirait pu dire auss: clou je veux qu uélérée, Bic et Bite: « on veut ma peau pour c'qui sort Eititon Bic ou fa caille d'ma bite ». Be amen sacranger d'une celle situation vecbale ? Si Bhcore Booba défendait une cause avouable. Mais non. Sa (shimunauté méme est mise 4 mal: « Tu veux du calf Sétasse t'as qu’a étre blonde. » Blasphémacoire : « Les ahégres ont des chattes et des einss. » Ne parlons pas cles ‘autres rappeurs * « ‘Tes royalties ? Cing ou six Royalcheeses ‘c'est cout. » Justement, certains rappeurs exhortent au ighemin des urnes, on imagine la jubilation ce la Gauche ; des droit de vote, Booba ? « Les at dans l'or jusqu’a la ‘porge, j'vote pour emmener les pores & la morgue. » Et la fue; la cue qui nous vauc de la part de nombreux MCs un ‘élan romantique, voire une glorification : « Larue céléve et ite tue » ou, soupir, « la rne ce conseille, la juge ce console ». ‘ierrorisme, bombes, atrentats, Vamalgame menace, Les Vabipeurs calment le jeu ; Booba, lui, n’en a cure et, au grand dam de Libération, ne tait ¢ de son humeur “« ¥ice-versa, j'm'étonne pas <'voir nos fils faire ga / Torses ‘bombés, un peu corses pensent qu’a poser cles bombes » ‘Finfin, a adresse cles maisons de disques, dans unin il est de bon ton de ne jamais citer de nom, histoire de rp wat 1. « Kho «, frése, en arabe www.haterz.frAG La Nowvelle Revue Prengaise fermer aucune porte, cash: « Delabel, Sony ou Virgin, comprene mon style n'a pas besoin de vigile. » Panique, et devant tant de noirceur convocation des spécialistes : on jupeca Booba « hardcore », « fangsta », « pore », « réaliste », « provocateur », on bavardera. Dans « préfére s"inspirer du gangsta-rap ame: ricain, glovifiant les armes et la guerre urbaine ». Pendant ce tenips, Booba, lui, écrit. Il écrit tellement que dans la foulée de Manvais ail, album de son groupe Lunatic avec All, alors que des rappeurs peuvent passer plusicurs années entre deux albums, il enchatne avec un album solo, Temps mort?, Verdict de ta presse spécialisée, « encore plus dur». Diseyue dur? Je dirais disque dire. Er, plus surprenant encore, disque d'or, Plus de 100 000 exem- plaires, Le succes (re fe Monde, je lis! if, rajoucer un zéro pour un album LAn), voili qui devrait faire un peu taire le bonhomme, se réjouit le Spectacle. Réponse sur disque, commentaire cle Vintéressé qui se dit désormais «en biz avec un croque-mort dans le show-business ». Quoi ? Pardon ? On lui envoie des paillettes, du strass, « deVorct deslauriers », on sort nos bijoux pour nous mon- ter Cels que nous ne sommes pas, et lui passe a travers, soullle sur la peudre aux yeux, flashe sur les cadavres ? Eh on, on peut ne pas vouloir « passer I‘hiver en marcel », avouer «une prosse estime pour le bling- bling >, désiret «fave de la maille en baillant » et ne pas se laisser aveugler L. Aingi vevient if soudainement a la mémoire des médias que le Rap ea péné prececutier, existe au eno lex siens, Miss Hct ce probléme jucdiciaire spectaculaire, et Booba, nincemporelle : recumvrirce que la personne a grit, ius Une bigeaphic sociale scandateuse (chacen ta signne) 2. Marve weit, 200000, albuin du groupe Lunatic avec Ali, et Temp mere, 2002, album sitis sons Ie label inléppenclane 4 Seciearifi, label formé par Booba, Als, Jean-Pierre Géiahlo, A Forigine pour sorcir ces albums dont aucune maison de disques ne voulait sous leur firme originake, libel inrégre auquet nous dewons dep (et sans concession ~ Rien 4 perdre, rien A prouves » avril 2003. www. haterz.fr AT Thomas A. Ravier parce qui brille. « J'vois crop d'vieilles putains VIP.» Vron ement du sourcil frangais. Inquiétudes. Le non-repentir, dédiisence de pitié cléclarée, ca change, voila qui n'était pas féyuy.Le merchandising pour album de Booba ? Des ich «Cest la haine que j'enseigne. » La ehiine,june, chose que nous avions oubliée depuis Genet... “éline... de petits provocateurs en bocaux, subver f:¢n. chambre, qui braillent plein de petits-fours clans Ja he, et qu'un prix, une télé, suturent a jamais, oui, tres plaagncor, mais 1a... Voyons, une chance, des remords utrétre 2? « Aucun remords pour mes péchés », fe crne Mais alors, nous somm dela du bien et du mal, tall. vrai, quelle horreur c'est aflreux ! Coup donné, coup f clu Pire, plus accusation se précise — celle récucrenite de uifuen ce néfaste de ses /yrics sur la jeunesse — plus Booba qatecuse. Vargument et détourne sy mnboliquement Taccusa- a Peers a la société la charge négative qu'elle tente ed ourper sur lui: « mon rap remplit pas les prisons c'est anthémes : a ee ». Violent, moi? Mais comme « maitre & qeaye a”, en dl autres mots pas plus qu un dégraisse ment 1 esif dans une entreprise bénéficiaire, Avec en face de soi ate! uge, la loi, le bien, la vercu, vertu, ch out, Drdle He poque. Il ne manque plus que ce bon vieux Pinard revenu ‘phuhit. Faut-il que Ja censure soit affolée pour retomber dans here ses vieux démons, préhistoire, formuler © acrétement lobjer du délit, prévenir de som atraque ? i. Pifonie ese toujours la bienvenue et, chose qui comme pra eRasatd éc happe complétement a ses détracceurs, les texces de 2 Bibba n’en manquent pas. Dans Tudifendant, des louver Pee « j'suis en écoure a la FNAC et chez les RG.» A + ftéipos des maisons cle clisques cémarchées en vain > « On Ae “dit non, c'est trop sombre ga nous cessemble pas, cis nd j'artive y crient tous tout bas: Booba, » Jonissance adversaire, org tout bat bien vu C« Je vous ai vus jouir sur rerourner www_haterz.fr48 La Nouvelle Revue Francaise meat, Jouir de mai» Artaud). Je sauce, je cite + « jsuis venu en paix, un 44 contre les ormac », Puis, pour revenirc aux accusations initiates ; « on ma dic e'changer ces mats pour gules p'tits m'su [ ent, pas price A moi qui pense A ‘Tony! el'vant leurs petits-suisses ». 1A encore, on peut pleurer en secret des larmes alcooli- sées, sortir du ghetto, sa jeunesse « avoir la couleur des trains», @tre « obligé d'acheter sa Liberté», avoir eu «son tréne dans le métro », et pour autant laisser mou chair et Lexomil aux contemporains : « J'ai pas besoin d’vas larmes, » Er 2 final, sur un air de triomphe : « Quon mépargne roure psychologie : un faux départ, une victoire, taisse-moi faire mon apologie. » Un morceau au titre explicite comme Ov m'a dit sur Valbum Temps mort, fait le compte discancié des phénoménes de langage recensés quand on arcive du ghetto ; « Er on m’'a die: “ce soir c'ra pas possible, ici c'est privé, vous éres pas VIP, vous fi (ipper" », donaant aussi es :« Onim'a dit “ok si tu c'aucocen- sures”, nique sa mére ici c'est noiramer comme ut calé sans sucre » quand on sonne a la porte et qu'on s‘appelle Booba «fond en V6, du whisky dans la vessie » Lequel Booba Woublic pas de conclure, la col@re n'écant pas forcément onie : « Excuse ma courtoisie. » d'aussi bon conseil que Voyons, of en sommes-nous. Nous régressons, c'est un fait: « leurs vues baissenr et j'vois des couches dans leurs pouhelles » (fusqu'ict tout va ber). Loreille est distrait et cle plus en plus disteaite, radios, célés, andes, signaux, satellites, SMS, paraboles. Comment parvenir a brouiller ce brouhaha depuis son « trot t» ? Aller plus vite que Vonde elle-méme, ou, pouc détourner une formule 1 Tooy Monran, héros de remake de Sasface, personnage iythalagique de la cité, et cunséeyi nt dlu Tap feanginis www. haterz.fr Thomas A. Ravier 49 se droit devant, ne plus accepter de a loccasion, les raccourcis, sows da sarfece. Voce gmat; encore faut-il en donner des formules verbales Proposition, comme ga, au passage > « Rambo temient que voila un maréciel métaphorique bien tri- BAliss et aprés ? Proust utilise bien les capis roulants pour ét.des phrases de Flaubert ! pRinnw-de plus facile que de bouleverser au cinéma, elfrayer visucllement quelqu'un, mais avec des mors... { Jnifoerus avec un calibre, une féconcarion clans un chat- durp.neuf mois dans un bunker, l'argent illicite qui se fbtire a la machette, ete., faites l'expérience, pensez aux tangs fois ces derniéres années of une phrase vous a fait ffec d'une décharge en 3, 5, 7 mots, pas un de plus, ygechindes de musique effective. Juxtapositian, frisson. gages verbales ? Phrases picturales ? Lincroyable en qlfpe:avec les images créées de Booba est qu'une fois ) Ttinage installée chez auditeur / lecteur, il n'y a plus de wen d'en donner une équivalence autre que ce revenir ‘| ila. formule verbale d'origine, elles ne s'explicirent pas, "fgs¢ cacontent pas, ne se déformenc pas, ne se projectent le se montrent pas, ne se transférent pas, ne se Coptent pas : elles s'éerivent fen : 4 Gagner du temps sur les modes narcatifs en cours prendre le Spectacle @ son propre jeu de cotations. Lxer- ice, camper un décor, vite: « soirée de bantieue, un joint, Cie erepe, un tapin », Mieux : « c'ese barillers Sille » Le contexte ? « Trop ale tr oo au reésine, bas as, olfensive, c'est le www haterz. fr50 La Nouvelle Revue Hrangaise chance des civiéres, du 18 carats sur les gencives. » Catmosphére ? « Ici on serre la main a des canons sciés. » La nuic ? « Quand j‘entends les sirénes j'me rappelle que jsuis la cible, j'repense au thon, dans ma cage, au film de la Six. » Laurore : « Mes fréres y s‘lévent le matin mais juste pour er. » Le jour: « Pour taffer pour dealer par- four ya la queue. » nit «La folie, le sang, la inélancolic. » D'un céré du périph, milieu, début, fin, thése, synthése, antithése, dilatation, lenceur, pose, formol ; de l'autre, une seule formule « un puzzle de mot ct de pensées » (Repose en paix). Une seconde, Jean Genet : « Avant de dire des choses si singuliéres, si particuligres, je ne pouvais les dire que dans un langage connu de la classe dominance, il fallait que ceux que jappelle “mes cortionnaires” m'encendent. Done il fallaie les agresser dans leur langue, En argot ils he mauraicat pas écouté. » troduic lim- parfait du subjonceif dans ses morceaux, « que vouli Les agresser dans leur langue ? NTM £-¥YOUS: que je hsse sinon da hardcore » ou, sonmant comme un sonmet romantique de Musset : « Ou sont nos repéres ? Qui sont nas modéles ? De toute une jeunesse, vous avez bralé Jes ailes, brisé les réves, tari Ia séve de l'espérance ; oh ! que ceux qu’ils appellent « les hls de pute » (plicée que tortionnaires, question d'époque) les entendent, c'est-A-dire abandonner en masse aux Gui- guolt de finfa ec A La Haine le verlan' d'une langue cryptée Quand j'y pense. » Il fall | Renilons per ailicurs gedice au verlan ale provoquer notamment le déplacement de Mircent fonique, repositionné providenticlement suc la premitre syllabe, au débuc du (ainsi compltrement Vangle d'acraque de le phase (en f Vaccen- ext Its presque toujours sur la finda mot, hcontvetemps, voir Fanaceouse de le comps, il offre & wine} fin peimettant de se ceplacer provisoisement Bla Tangue fongaise Ire un peu mieux en quor le Rap esc un é lans notre Epoque, www.haterz. fr Thomas A. Ravier ot fiédiacement vouée a la parodie, argot inaudible inof- sifeOxymore, assonance, allitération, subjanctif, aphe- hotope, pourquoi se priver ? Quitce a écrire dans « La ui m‘a condamné », comme le dira Jean Genet. is $a’'réponse pourtant, Genet omet, ou fait semblanc igue, prés Pétre la langue des tortionnaires, ese surtout une singuliére, qui n'a cien A voir avec une langue tnst i- GAnelle quelconque. Singuliére, et surtout musicale, i a ee Notre-Dame-des-Flenrs. .. La ant Ou ont les critiques, la musique dans les lectres consiste en elit a petite musique. Ou un certain bercement, une 4 ronronner, une mélodie identi- oire agréable. Pour les autres, les écrivains, on peut les noms, Proust, Céline, Flaubert, Mallarmé, Baucle- ik ai la musique ee to rout autre f boo Vinvention du langage, dans lac communication ames, hid ons ‘sppee Proust, an au-dela magique- ions hei I a parole sion se issances cle reves Rie lors qu'on est James Joyce, construire un livee qui ne iRbiose que sur le style avec Gustave Flaubert, s‘adapcer aux PStidulacions de la réverie quand on a nom Baudelaire. Bo Abode cas s‘adcesser au lecteur sur un autre repistre, sextravre Bins la Communication, changer d de fréquence, passer par des ri: -Botre Employee Musique dans le sens grec, au fond signi fant sesso rychme entre des rapports », écrit Mallarmé mund oe du 10 janvet 1893. seorphiatorn fF52 La Nowvelle Reone Frangaive revoild ooba, son « argot sous un parrot» (Repose en ax), Sa langue qui ese hélas ici isolée de son contexte sonore, elle a éré pensée précisément pour « s'adaprer » — pour reprendre le terme baucelairien — au beat, multi- pliée, sensibilisée, intensifiée encore par I’électriciré du son. Elle a été pensée précisément pour étre ce message direct cru systéme nervenx. Intervient ce que les rappeurs désignent sous le terme de flow, manitre de poser et Warticuler sa voix sur l'insttumentale, de toucher au nerf du moe, sylahe en fusion, rendu émotif, Une voix humaine dans tous ses états, timbre, vibration des cordes vocales, cris, « coup de surin en pleine poitrine ». Un écrivain qui ne saurait conserver quelque chose de Voralité, qui naurait pas fait en sorte que ses phrases fussent l'em- preinte véritable, le souvenir mouvane de la voix humaine, est-ce qu'il mériterait vraiment d'étre appelé écrivain, et son ceuvre livre ? Dans A La Recherche ae temps perdu, on se souvient ces émois du narraceur pour la déclamation des comédiens : « Toutes Wins avec mes camaraces portaient rt, bien qu'il me ffit encore inconnu, était la premmére forme, entre coures celles qu'il revét, sous laquelle se laissait pressentic par moi, l'Art. Entre la maniére que lun ou autre avait de débirer, de nuancer une tiracle, les différences les plus minimes me semblaient avoir une importance incalculable. Er, d'aprés ce que l'on m'avaic dit d’eux, je les classais par orclre de talent, dans des Listes que je me récitais toute la journée, et qui avaient fini par durcir dans mon cerveau et par le géner de leur inamovibilité. » Maniére de débiter les mots (« mon combat c'est le débir » N'TM), déja. Qui n'a jamais, audi- teut de Rap, tel que ce jeune homme, classé par ordre de talent capolopique, selon des ruances subtiles du flowy, non www.haterz.fr ies Conver sur ces acteurs dont | Thomas A. Ravier ay, ou Coquelin, mais Zoxea (pour son Fe¥:fluccuations), Lino (pour l'acidicé de son timbre), Shien (pout sa précision), Akhenaten (pour son usage ir aissique, de la technique multisyllabique), AuSal(pour son grain de voix), Lim (pour son sens du ta mage Yael contrélé), Rohff (pour ces performances S bith placé sur le riddin, toujours bien calé sur lins- fate" eri rythme — liste des meilleurs MCs qui clurcis- i tivement, inamovible et pénante. 2 witye s i iidn ésprit, effe ,comment la décrire, ott trouver les mots pour FU ‘eppant, peuplant tout espace, et qui facilite La ante entre les mots, un grand bain physique ?Ce res, umals. core ? Peut-@tre que pour ce faire jaurais dt icO fer comment ma perite sceur adorée Loum, ce jour de a FAue nous sortions « ouf » du concert de Lunatic 4 Bs lygee- MM dk entenclions se ruer sais appeur que nous -Montmartre, fit cette comparaison, disant de la y iére civilisée avec une joie colé- enisauvagée, spasmodique, presque hauraine : « elle fon mute, penc- vering: Ruin-K), . myedous sommes dacconl, « Se ccomper sur le cemypo cl ne ‘est se tromper sur son sens » (Nietzsclie). Je nat ud. Booba souvene se Wormper. « J'm'en bats les Erance bitters X, cher Columbia, 200%, premier alloim solu de Dacon clans lesyuel se Pele an flow nouveau, inédix ev fe, quasimenc cibal www hater: fr54 La Nowvelle Reewe Frangaise tempo!» Aprés des années d'existence, le Rap frangais rat- trape son retarcl sur le Rap américain dans le domaine du flow. Diflérence de la langue anglaise ec de notre bonne vieille lingue frange ¢, PHuvre instrument peut-étre, cher James Joyce en jouons bien, Pour jouer de ceete langue pas besoin de bac, , 5 ne sommes pas , urbic, un micro, ct surtout un corps, not Honellebece. Sur le beet, beat lépareillé de Groupe sanguin avec Linatic, ou, dans HILAL le seratch venu lacérer, trae verser, mutiler les phrases. Comment ? Ces sons disloqués furenc jacis des mots ? Beat, barbarie, babel de langage (frangais, anglais, franglais, arabe, pitan...). Renaissance, langue couvelle, Une langue? Gifle des baffles, groove. Grammaire en rut, downce. Voltage du son, courant. Il y aurait une hypotheése, inouie, que le sens fic contenu dans le rytime mérme, la pensée dans le mouvement, la connais- sarice dang un son, justifiane la phrase de Nietzsche, une erreur de tempo égale a une erreur de sens, Et il ya plus d'un grand livee au xx* siécle dont les auteurs ont prévena que pout bien les comprendre nous ferions mieux de commencer par les fire « @ haute voix », Allons done, cetce folie | Nous pourrions nous passer des mots, il y aurait micux ? Artaud : « Car je pose en principe que les mots ne veulent pas cout dire et que par nature et A cause de leur caractére déterminé, hxé une fors pour toutes, ils arrérent et paralysent la pensée an liewclen permeccre, et dl'en favoriser le développement. » Des lors, on danger dans |'élocution, risque d'électrocution, une raniére de dire, une sonorité, un plirasé, pourrait étre moins pardonnable du point de vue social non seulement eqpvuracte, mais, pire, qu'une parole ? § Fonte bien: « Tévolution dans Pélocution oit, sur le morceau yaencore de la place dans mon casier. » Une conclusion, une seule, cans Homies cle Fombre + « Va te faire nicer voi et tes livres. » www.haterz. fr A quoi vous ooubliez pas dajouter que nous ; Thomas A. Ravier 55 dans la Genése, Nucdicé, lis, Varbre de la connais es froies ; faim de la ferme, tentation, péché. ‘Tout idécsait que ‘homme et la femme serout chassés du isms quelle est la nature du fruit consommé, du HM Eaycif ule des hypotheses fourmies, autre que la hépelesraisins ou des higues (Midrach Rebbe), serait uh@oprenade. Une grenade, tiens donc, Wome plaic fitter'que, fruit défendu, c'est dans une pr d a croqué, faisant exploser son icliome maternel, la ‘ofnmunautaire, les impératifs de la représentacion, dans ses écrits se voit dire justement « rampe » par i ‘OrHidnnaires, com cr e, un serpent, le Pa wcle equ ne le serpent pour avoir indiqué le mince larbre de la connaissance ; lui qui parle de @etun jour « les portes du Paradis », comme s'il en Pete’ Chassé. fl n'en faut pas plus pour s‘attirer les gis), se voir accuser de péchés qui sont en réalité les treks Nos foudres, notre colére ? Toujours. Comune a {fois qu'un écrivain, en crogquant dans le fruit de la iiss nee, chacun a sa maniére, prose ou versification, ne page ou un son, un livre ou un disque, de cout Ssirfious ouvrira les yeux, naus existed Ine. autre langue que celle dans laquelle nous par- ; gi Tae celle qu’on nous a enseipnée, Ou, une derniere tations: morces pportant le savoir qu'il 1 Sani vatures, featuring Nessbil, lisez i lans la peau, c'est comme s'il avait croqueé deux ‘depuis que j'ai le mic dans la paume / Mou QG pntydéme de la boucherie, du coup j'ai beaticoup chime dans la bouche rho Juste au micro y'te fais ba aera a qu'pour pointer qu’j'me léve a dix heures ec tis sont restés coincés / Hatre le ceeveau et Mindex sur www.haterz.fr56 La Nouvelle Revue Frangatse la péichetce, alors achéte mon skeud que j'm‘arrache, retire mes billets Ala macherte / [la beaucoup neigé, décembre un, neuf, sepe, six / Des flocons d'coke sur leurs duffle- coats, écoute celle-ci. » Voila, Booba, Des flocons d’coke surua duffle-coac ', une dace quia tout lair d’étre le jour de sa naissance, cles mots qui se cencontrent pour la premiére fois mais se retrouvent comme s’ils se connaissaient depuis toujours, des images, non celles de vos polacoids, fortes, ntes, vénéneuses, insolites, presque mysréricuses. dansa THOMAS A. RAVIER Thonias A. Ravier, néen 1969, originaire de Paris 13, a publié en 2002 san trojstéme roman : Finma Jordan, aux éditions Julliard, 1 Méme si acidier fe domaine de cette sirmple image parait diflicile, ill y a cout Liew de penser que nous sommes ici em pemsence d'une Naciwité, Mimage ea question pesentant Pusicars niveaux oinrerpeétation : soit que, associé a sa naissance, cette sorte de déluge suriéaliste faut d'une chute acide de cocame annonce le chitiment qui attend ceux géniale- at vestimentaire « duffle-coat » (on pense 2 une sorte de 2 venir peomis et donné finalement, Mais il y a cet enneige- inal et le jeu implicite que con ment objectivés vis te sign ple i ces villes de la Bible, biensét enridee- fn drogue renvoyant au t2goe matheux ¢¢ & De fait, nous pouvons aussi comprendie 3 partie de cette association eer edussie de la cocare et du culfle-coar — a jeur cde lacquelle, fine, common aver be sywréme des poupées russes une autie image emiboitée, celle de la papite de Vatpe He por sa proper careuption nner le Pexclusinn canctéee dece monde, récit strobocopique dune expe ee mais formattice Limpassibilité d'opter po encore Waurces hyputhéses & formeler, exhibe Io conplexité Hoole, Poaiéme coefficient plastique (et proserlique : flocons de coke, au surplus quan seny aigu de ce quiest fe Raps, Lenteaice a poetir ce La langive sue quelques seco revinises, de poids expérience vestitude, de 6 bis, comune iti, porté par un fot de violence convulsive, jusqu'd tap pce herve Hussy Pérrange. ou, ps ba beanie www.haterz.fr