L'Esprit Scientifique
et la Morale
Dans le cadre des études sur « L’incidence de esprit expérimental sur
la Morale », nous publions ici un exposé traitant de L'ESPRIT SCIENTI-
FIQUE ET LA MORALE,
A aube du troisiéme millénaire de notre tre, les portes qui s'ouvri-
ront pour notre Humanité & la Saint-Jean d’Hiver de 1999 découvriront-
elles les perspectives de la « Grande Espérance » ou bien ferontelles écho
ala « Grande Peur de 'an Mille » ?
Prévoir notre destin de 'an 2000 implique en soi le souci permanent
@Altruisme et d’Espérance ; c'est sous cette double préoccupation dordre
fondamental que nous nous sommes efforeés de traiter des rapports récipro-
ques de Hesprit scientifique et de la morale.
Nl existe incontestablement une complémentarité entre Vesprit scienti-
fique et la morale ; mais alors qu’une certaine opposition était apparue vers
la fin du xix" siecle, on assiste de nos jours & la conception d'une morale
nouvelle, fonction de la mutation de notre société,
Nous sayons qu’au fur et A mesure que nos découvertes avancent,
davantage s’éendent la compréhension ct la notion que nous avons de
notre propre ignorance.
Le mythe de la science « clé » de tout, en purticulier elé de PUnivers,
alors que esprit scientifique expérimental reconnait ses propres limites,
ne saurait mettre en péril Ia permanence de vraies valeurs fondamentales
que la Franc-Magonnerie se veut de préserver dans la perspective d'un
Humanisme nouveau nourri d'une morale des Hommes nouveaux.
DE LA SCIENCE A L'ESPRIT SCIENTIFIQUE EXPERIMENTAL
Au siécle des lumiéres, puis au triomphal xix‘ siécle, Esprit Scienti-
fique permit un instant de penser que l'homme expliquerait tout Univers
et balayerait les grandes inconnues.On affirmait alors que, seule, la Science, Fille de I’Esprit et de la
Curiosité, conduirait 4 la Comnaissance. Une telle attitude d’esprit ne devait
pas manquer de reposer les fondements de la morale traditionnelle élaborée
dans le monde méditerranéen, par la fusion des morales grecque, judaique
et chrétienne. Or, au xx° siécle, 'intervention de la technique dans les rap-
ports de la nature avec homme se traduisent par une telle transformation
qu'il convient de déterminer plus scientifiquement I’aspect de l’Univers.
L’accroissement des connaissances du mécanisme de I’Univers a remis en
cause Jes fondements spirituels de notre société.
Au scientiame et au positivisme, a succédé un état d’esprit plus mo-
deste : l’esprit scientifique expérimental.
L'ESPRIT SCIENTIFIQUE EXPERIMENTAL
Celui-ci peut se définir comme un concept dynamique dont les bases
sont :
— Vexpérience avec ses trois étapes : V’observation des faits, la for-
malatiun, de Phypothése, la vérification par Vexpérience ou Vexpérimen-
tation.
Se substituant 4 la Science proprement dite, ce n’est que dans un
deuxitme temps que esprit scientifique expérimental a découvert ses pro-
pres limites : elle portait en elle les germes de sa propre ignorance. La
substitution aux autres modes de connaissance et de réflexion ne pourra
jamais s’opérer, il n’y aura done pas d’opposition entre la science et la
morale, mais nous verrons que ce seront 1 deux domaines complémentaires,
que l’expérience scientifique s’enrichira au contact de cette premiére,
comme Ja premiere bénéficiera des apports de la seconde.
L'Esprit scientifique expérimental apporte l'aide de sa méthode de
trois fagons :
— en introduisant Ja notion de durée de l’expérience ;
— dans l'étude des actes ;
— dans la définition des principes.
L’expérience scientifique dans le domaine humain est liée 4 la notion
de la durée de Vobservation puisque, ailleurs, impossible 4 reproduire =
la morale traditionnelle, est validée par l’esprit scientifique expérimental,
qui introduit par voie de conséquence Ja valeur de durée dans l’existence
de toute morale qui devient de ce fait la seule source expérimentalement
vérifiée.
DISTORSION ENTRE MORALE TRADITIONNELLE
ET SOCIETE CONTEMPORAINE
Au terme de cette tentative de rénovation que connut le x1x° siécle, le
xx? connut la perte de substance de cette morale traditionnelle. En effet,
les morales judaique, grecque et chrétienne étaient de nature essenticlle.
2ment transcendantale ; cette morale impliquait la foi en la divinité et en sa
réyélation, Peu conforme aux idées nouvelles, la morale emtame son pro-
cessus d’auto-destruction. Son implication dans des législations désuétes
(celle de Vinterdiction du contréle des naissances en fut Pexemple le plus
criant) révéle sa désuétude. Il ne demeurait qu'un Code de moralité vidé
de sa substance.
L'Esprit scientifique expérimental nous invite & conserver les valeurs
traditionnelles (puisqu'elles ont fait leurs preuves, ne serait-ce que par la
résistance au temps}, mais en les sous-tendant par des concepts nouveaux.
Il y a done urgence 4 trouver une solution pour ceux que le probléme de la
finalité n’affecte pas A l'élage supérieur de la morale et auxquels Vincurie
de V'enseignement actuel n’aura pas permis d’acquérir la cohérente compré-
hension (au sens étymologique du terme) du systéme dans lequel il est
appelé 4 vivre.
La distorsion entre morale traditionnelle et sociale contemporaine
explique la contradiction fondamentale entre l’éthique qui est la nétre et le
monde contemporain : « Les sociétés modernes vivent, affirment, ensei-
gnent encore sans y croire d’aillcurs — des systemes de valeurs dont les
bases sont ruinées » (Jacques Monod).
UN MONDE DE L’ABSURDE
Ces notions expliquent au moins partiellement les contradictions de Ja
morale contemporaine dés qu’elles subsistent sous leurs formes actuelles :
elles ont donné, entre autres, ou mieux, elles ont permis l’apparition des phi-
losophies de Pabsurde ou de la révolte of s’atteint le désespoir fondamen-
tal. La récente contestation du monde étudiant en est la signification cui-
sante.
LA TENDANCE ACTUELLE
La tendance 4 considérer objectivement le réel, 4 lui accorder une
valeur certaine, va de Pavant. On peut ainsi expliquer |’évolution actuelle
des mesurs dans le domaine sexuel ainsi que la tendance de mettre A jour les
discussions des problémes qui sont pendants ; la tendance de Ja morale serait
peut-étre de mettre un terme & une hypocrisic, méme si cette hypecrisie cst
une reconnaissance tacite des régles morales. C’est de la sorte que Yon peut
décrire la crise mocale actuelle comme une solution de continuité entre le
comportement moral traditionnel des générations antérieures avec ce que
nous savons aujourd’hui de l’univers et de Phomme.
EVOLUTION DE LA MORALE
L’évolution de la morale doit son accélération A une modification de
esprit scientifique, bien que toute solution ne demeure pas du domaine
de la science.— Ala loi du déterminisme a succédé la loi des grands nombres et la
théorie du caleul des probabilités.
— A la théorie des quanla a succédé Vévolution linéaire, Elle fut
extrapolée A P’échelon de l’individu et fut un apport 4 explication du com-
portement de Vindividu isolé ou en société.
VIGILANCE : ROLE DE LA SCIENCE
Mais plus avancent les découvertes, moins la science ne peut se consi-
dérer comme Vorigine exclusive de notre savoir.
Au fur et 2 mesure que Jes progrés s’accomplissent, il apparait que les
limites de I'inconnu sont repoussées d’autant. En fait le réle de Ja science
West pas purement instrumental (découverte) mais celui d'une vigilante
caution qu’emploie la nature a l’égard de la démarche des hommes 4 la
recherche de la certitude. L’esprit scientifique apporte 4 la morale essen-
tiellement deux choses ;
— Ilva permettre A Vhomme la prise de conscience des facteurs qui
font évoluer la morale et par conséquent d’en changer les objectifs en fone-
tion de l’amélioration des conditions économiques ;
—— de perfectionner la morale en lui donnant un contenu plus conforme
au réel qu°il découvre.
En bref, Pesprit scientifique apporte la connaissance du réel qui im-
plique trois relations : le déterminé, l'aléatoire, le conditionné et Pexpé-
rience scientifique expérimentale contribue & expliquer Pévolution de la
morale par l'intervention influences économiques, par Y'introduction de
Texpérience morale et par la dimension cosmique de notre champ Waction.
LES TROIS STADES DE L'ECONOMIE
Les conditions économiques ont franchi trois stades évolutifs : dans le
premier pré-industriel, homme est I’énergie (d’ott l’esclavage) et la richesse
est la terre. Le deuxiame stade fut la phase de la révolution industrielle avec
Papparition d'autres énergies : charbon, mécanique, vapeur. L’on assiste
an développement des inégalités. Le troisigme stade améne une mutation
ayce élévation du niveau de yie en dehors de la notion méme de propriété
et apparition de nouvelles sources d’énergie et de produits de synthése qui
vont amener 'abondance économique et réduire notre temps de travail. La
diminution progressive des inégalités, aprés satisfaction des besoins maté-
tiels, apparait comme une des aspirations les plus hautes. L’avenement de
la multiplicité des moyens de communications conduit & ressentir une soli-
darité planétaire. Il faudra désormais une morale adaptée 4 ce troisitme
type de société, compte tenu de importance du développement de la science,
en raison des bienfaits sans limite qu’elle est susceptible d’apporter 4 V"hu-
manité. Mais homme saura-t-il conserver sa dignité et son bonheur au
cours de P’évolution de cette troisitme phase de développement de Ihuma-
nité ?
aOBLIGATION DE BUT ET OBLIGATION DE MOYEN
Cela revient 4 définir un objectif que les jusristes appellent une obli-
gation de but, c’est-A-dire un idéal atteindre et une obligation des moyens,
cest-A-dire une moralité & pratiquer, alors que la morale traditionnelle
admettait de passer sous silence les moyens dont le but était considéré
comme juste.
ROLE DE L’ESPRIT SCIENTIFIQUE EXPERIMENTAI,
L%volution actuelle de notre méthode de pensée ne tolére plus une telle
attitude : « Un but qui a besoin de moyens injustes n'est plus un but
juste » (Camus). C’est done le mouvement a imprimer & la dynamique
morale : elle doit tre satisfaisante A la fois sur le plan du but et des
moyens : c’est le réle de Vesprit scientifique expérimental.
Rappelons avec Fourastié qu’un des éléments essentiels de la recherche
est dans la connaissance et la fourniture des éléments de décision lorsqun’un
choix s'impose. Jusqu’alors, seule la simple opinion prévalait pour motiver
ce choix. La enmnaissance assurée par Vesprit scientifique permettra par
conséquent de remplacer ce que Fourastié appelle des décisions-options par
des décisions-solutions. Or, s’il est un domaine oi se rencontrait en parti-
culier la décision-option, c’était bien dans le domaine du moral ; on peut
done espérer par Ki remplacer un choix optionnel par un choix scientifique.
L’implication en est importante, en particulier en Droit ; les exemples
récents nous furent fournis dans l’implication morale des transplantations
dorganes. Une telle législation pourrait également s’étendre 4 la connais-
sance de "homme par les sciences dites humaines (sociologie, caractériolo-
gie, criminologie) . :
RECHERCHE D’UNE DEFINITION DE L'HOMME
Mais, a bien regarder, les progrés apportés par l'esprit scientifique
expérimental n’ont pas permis de refuser les valeurs absolues de la morale
qui composent a elles trois la vérité, c’est-A-dire : la matitre, la vie et Tes-
pit. Si on a pu décrire quelques imbrications de l'une avec l'autre, si cer-
tains des processus permettant l’édification de la matiére ont pu étre mis
& jour en laboratoire, la réalisation de certaines des fonctions qui définis-
sent la vie s’est limitée & quelques protéines.
En réalité, & la lueur de cet esprit scientifique, "homme a pu se trou-
ver une définition nouvelle ; il est ce que nous appelons, en biologie, un
corps étranger dans Vunivers. « IL n’est pas une création faite en nue Pune
fin déterminée, mais le pur produit dune série d’événements fortuits dont
la probabilité @apparition était infinitésimale » (Monod).
Cette conception va d’ailleurs & Vencontre d’autres notions telle que
en particulier celle du teilhardisme, dans lequel la téléonomie (finalité) et
Lémergence (propriété de reproduire et multiplier et d’évolution eréatrice
de structures plus compliquées) sont des propriétés fondamentales, univer-
selles, localisées plus intensément chez les étres vivants.DUNE ETHIQUE NOUVELLE
Nous venons de Vexprimer, Vesprit scientifique expérimental ne
conduit pas & la morale. Il ne cherche ni le bien, ni le mal, mais le vrai.
Sans jugement de valeur, Lesprit scientifique expérimental tresse des chat-
nes de causalités, avec un langage qui lui est propre et dans un but éloigné
de toute démarche morale. L’univers ainsi dévoilé est vide de toute éthique.
Mais attitude d’esprit qui permet cette démarche, cette recherche, elle est
une éthique. La recherche par la science est une éthique et pas dans son
application, Elle participera de toute évidence a V’élaboration dune éthique
en tenant compte du phénoméne social : le phénomine social (Monod) trans-
cendera lI’éthique nouvelle mais non la science.
CRITERES DU PHENOMENE SOCIAL
La morale moderne devra concilier Ja sauvegarde des individus avec
les exigences de la vie en commun ; et c'est IA qu’intervient la possibilité
Wun échec si Von n’enseigne pas la primauté de Ia Tolérance. En effet,
@ane part, va inlervenir le nombre (« le nombre et Ia bombe ») catactéris.
tique de Ia société de demain oft la promiscuité due & Paccroissement démo-
graphique va entamer fortement le confort inhérent a la vie moderne.
D’autre part, la spécialisation intense qui se développera dans la vie
professionnelle va permettre, A ceux quien ont les aptitudes, acquisition 4
cadence accélérée des connaissances techniques Ainsi se trouvera creusé un
fossé entre ceux qui savent et détiennent et entre ceux qui suivent, qui
dépendent. Ces centres d’intéréts différents risquent de déclencher un clivage
entre les hommes. L’enseignement de la tolérance peut seul faire échec A
ceux qui ne seront pas forcément portés 4 admettre pour autrui la condi-
tion qui est la leur. A cet égard, le maintien de Pindividualité sera le seul
facteur anti-collectiviste : « Cette individualité de chaque personne humaine
est une valeur dont il faut tenir compte dans Pétablissement des régles de la
société future » (Professeur Jean Bernard).
Mais la valeur d'une forme de société n'est objectivement appréciable
qu’a partir de Ia vie et de Vintensité de vie quelle permet. En définitive,
juger une société, c'est savoir si elle augmente la vie de Phomme, le champ
de ses expériences, l'ampleur de ses choix, Vintensité de sa conscience du
monde. Or, quelle image nous donne aujourd’hui la société : elle se confond
avec un mouvement brownien, une agitation dans laquelle le travail n'est
plus devenu qu’un gagne-loisir (Guehet). La rationalité instrumentale erois-
sante de la vie conduit & une dissolution des buts. En réalité, au lieu de
posséder bonheur et richesse, "homme ne posséde que des instruments qui
en sont le symbole. Ces objets prennent alors la place du but auquel ils sont
censés conduire. Ce dont manquent le plus les hommes. c’est de JUSTICE et
@aMouR mais plus encore de signtFicaTion. Comment alors redonner, dans
une société technique, A ensemble des actes humains, une signification qui
lui fait si eruelement défaut ? Selon Max Weber, deux éthiques directrices
mais différentes sont possibles : V'éthique de la conviction et V'éthique de
6la responsabilité. Pour ce qui nous préoccupe, la premiére doit étre aban-
donnée pour la seconde. Cette éthique de Ja responsabilité sera dominée par
deux projets appliqués l'un 4 Phumanité, autre 4 la personne. N’est-il pas
& craindre qu'une aversion pour toute idéologie qui viendrait bouleverser
Pétat des choses, finirait par indisposer une population qui finirait par
mépriser l’exploration intellectuelle dont la qualité aventureuse lui répu-
gne alors qu’elle serait en voie de se satisfaire d’une dre d’abondance ? Pour
que cette évolution progresse valablement, il faudra que l'homme ne perde
pas de vue |’impératif moral, ¢’est-A-dire le passage de la morale de Vindi-
vidu & la morale de la société. Tl conviendra de V'amener 4 une compréhen-
sion de sa destinge : « Comprendre, c'est pouvoir » (Jean Ulmo) ou avec
Pascal : « Travailler a bien. penser, voila le principe de la morale ».
DEFINITION DE LA MORALE DE DEMAIN
Ainsi apparatt, dans le cadre de cette question, la naissance dans la
noosphére de Vidée de la « connaissance objective », fille de la logique et
de Vesprit scientifique expérimental. Elle suppose une désaliénation de
Vhomme contemporain Végard de la culture scientifique. C’est une véri-
table ascése que d’accepter ensuite sa condition d’homme, fruit du hasard
dans univers, of nous ne pesons rien. L’ascése est moindre dans le recours
A une quelconque transcendance. La conception probabiliste du monde
moderne nous rend notre vérité pratiquement insupportable. La connais
sance objective, qui plus est, si elle a pu « déiruire les fondements tradi-
tionnels des éthiques religicuses, ne peut par essence en proposer aucune >.
L’aliénation moderne réside donc dans le fait que nous vivons dans des sys-
tames de base ruinés alors que notre société doit son émergence 4 un petit
nombre @’hommes pratiquant cétte éthique, et qu’elle Pignore.
L’éthique de la connaissance est radicalement opposée anx systémes
utilitaristes (religions), qui voient dans la connaissance le moyen de parve-
nir & Jeur but et non le but Iui-méme.
« Le seul but, la valeur supréme, le « souverain bien » dans Péthique de
la connaissance, ce n'est pas, avouons-le, le bonheur de Vhumanité, moins
encore sa puissance temporelle ou son confort, ni méme le « connais-toi toi-
méme » socratique, c'est la connaissance objective elle-méme. »
Ainsi la science implique une éhigue nouvelle du seul fait qu'elle
détruit les éthiques traditionnelles (Monod). Mais elle ne peut en couvrir
qu'un aspect ; elle ne peut assumer Paffectivité humaine, Inserite dans le
cycle de 'Amour, principe premier de notre Ordre, elle définit exactement
la morale contemporaine.
Cette atmosphére d’Amour de la morale contemporaine semble particu-
ligrement propice & la promotion de cette éthique qu’il faut répandre et
enseigner, car ¢ créatrice du monde moderne, elle est seule compatible avec
lui».
En vue de Ja réalisation du grand réve du xm’ siecle, batir une société
non sur "homme mais pour "homme, la mobilisation des esprits est d’ores
7et déja en cours, Preuve en est Je regain d’intérét pour histoire de la philo-
sophie, pour la sociologie historique, bref pour une révolution culturelle
dont la Franc-Maconnerie est la bénéficiaire quand elle peut mettre en
place le dispositif et les hommes adéquats. La menant a bien, nous renoue-
rions avec nos plus hautes traditions de lutte pour la promotion d’une huma-
nité libre, consciente, créatrice et fraternelle. Révolution culturelle, non pas
au sens chinois du terme, mais au sens étymologique, c’est-a-dire retourne-
ment et choix d’une culture, cest-a-dire un syst?me de valeur auquel les indi-
vidus et les groupes puissent se référer non seulement en vue d’effectuer au
mieux les choix que leur impose la vie, mais encore en vue de rester maitre
des évolutions techniques, économiques et sociales en cours. Aprés homme
révolté (Camus), sur quoi fonder le cheminement de ’homme, l'homme sup-
port de la connaissance ? C’est en raison de son Hien ayee la transcendance
que Vhomme apparait comme une fin en soi, la transcendance disparue,
Phomme n’est plus relié & rien. Tl ne convient point de rechercher une trans-
cendance dans l’horizontalité de histoire, incompatible avec la connaissance
objective, mais il convient au contraire que ’homme trace cette histoire. Bien
que la technique soit indissociable de histoire, la technique ne sera pas la
valeur supréme, elle sera la coordonnée sur laquelle l'homme trace son his-
toire. L’esprit scientifique expérimental marque le changement d’un des
systémes d’axe : le passage de l’absolu. divin, 4 une morale du xxt* siécle
(éthique de la connaissance), fagonnée par l’esprit scientifique expérimental.
La Franc-Magonnerie Universelle se présente comme le seul catalyseur de
cette conversion, polarisée par le progrés scientifique.
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En tout état de cause, l’évolution de la morale est directement fonction
de celle de V’esprit scientifique au sein d’une société moderne en prise directe
avec le progrés technique.
Toutefois il nous apparait comme essentiel de préserver les vraies
valeurs intangibles qui permettent 4 homme de garder gon intégrité et de
garantir 4 la fois sa dignité et sa vie morale.
C'est Ja vocation de Ia FranceMagomnerie, qui parait pouvoir rassem-
bler les forces morales disponibles, A une époque od les religions perdent
leurs croyants et oi! les partis politiques connaissent la désaffection d’idéa-
listes dégus.