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< . "7 $s. * fs = @ = s: 4 a * Sous-thémes Il est possible de décomposer le theme en sous-thémes : cela permet de comprendre plus précisément les différents concepts liés au théme. De plus, les sous-themes peuvent donner un indice sur I'angle & adopter pour un sujet de dissertation, Dans ce document, tu pourras trouver un exemple de sujet et de problématique pour chaque sous-théme. Mais attention : les problématiques présentées sont tres générales, et il ne faut pas les réutiiser telles quelles. Sommaire Croire ou Savoir. Convaincre ou persuader. Vérité, mensonge et véracité...... Crédulité (et inerédulité) La manipulation..... Linterprétation. La perversité (et I'innocence)........ Falce erire- Les bases Croire ou Savoir ae Dansle cadre du théme de cette année. il est intéressant faire la distinction entre « croire » et «savoir», deux termes qui sont souvent liés et opposésen philosophie : © Croire suppose de reconnaitre quelque chose comme vrai par simple « acte de volonté » ou dapprobation, c’est-a-dire sans pouvoir le « prouver », On n’a aucune certitude objective. © Savoir suppose de reconnaitre quelque chose comme vrai parce qu'on peut le « prouver » et qu'on en connait la cause. On a une certitude objective. 4 Le savoir porte done sur une connaissance dont on peut démontrer|a véracité ou existence. Ex: Grace aux Pentagon Papers, Arendt peut sappuyer sur une preuve pour savoirque le gouvernement américain amentia propos de laguerredu Vietnam. Mais il est possible ¢’étre plus peintilleux sur ces définitions. Tout d’abord, la croyence posséde divers degrés d’assentiment, selon que cette croyance est plus ou moins probable et plus ou moins réfutable: © On peut croire en ayant un doute : c'est le cas lorsqu‘on fait une hypothése (on croit qu’elle peut s'avérer vraie, mais il faut la vérifier], une prévision, ou encore lorsqu’on a un soupgon. ‘G Croyance probable mais ouvertement réfutable © On peut croire en étant persuadé, en ayant une « intime conviction » : Cest le cas lorsqu’on pense que notre croyance a un fondement objectif mais qu’on ne connait pas clairement ce fondement. ou quinn ne peut pas le démontrer. 5 Croyance trés probable et peu réfutable Falce erire- Les bases © On peut croire en ayant une certitude absolue : c'est le cas lorsqu’on a « la foi ». Ce cas est particulier parce que cette croyance s'appuie sur le fait que rien ne permet de démontrer quelle est vraie ou fausse : elle échappe totalement au savoir, et cest justement pour cette raison quelle dépend d'un fort degré dacceptation. 5 Croyance peu probable mais irréfutable 45 On pourrait dire que les limites de la croyance sont franchies lorsquion arrive invraisemblable : c'est-a-dire quand on touche a ce qui ne peut pas étre vrai, 8 ce qui nous semble totalement improbable. » Ce nest donc pas parce quion distingue « savoir » et « croire » que la croyance est forcément fausse ou éloignée de la verite: on peut tres bien croire a une vérité sans pouvoir la prouver! Cest meme tres fréquent beaucoup de ce qu'on apprend a l’école ne nous est pas démontré. on Vaccepte comme vrai parce que les connaissances enseignées (et les professeurs qui nous les enseignent) ont pour nous un haut degré de confiance. On pourrait done dire qu’a I’école, on nous fait souvent croire, mais que ces eroyanees sont fiables. Ex: Je suis convaincu que le Soleil est au centre du systéme solaire car on me Ia enseigné camme une vérité. Toutefois, cela reste une croyance pour moi, car incapable de le démontrer mathématiquement, ni méme de le servation. prouver par ll est méme possible de considérer le savoir |ui-méme comme une croyance. En effet, un savoir, méme démontré scientifiquement, reste réfutable : il est souvent impossible d’avoir la preuve définitive quil est « vrs pour démontrer quil est faux. et il suffit d'un contre-exemple \ Le savoir, bien quil soit souvent trés fiable et fondé objectivement, peut donc étre considéré comme une croyance.. Ce qui fait du savoir une « croyance spéciale », cest son caractare scientifique : nous accordons au savoir une valeur de vérité (est-a-dire un tres haut degré de fiabilité) dans le mesure 0 il est partagé collectivement et s'eppuie surl'expérience/la démonstration rationnelle. Le savoir nous apparait donc comme la meilleure explication objective du réel ou d'une idée. Falce erire- Les bases :sous-thémé Ainsi, pour certains philosophes, « savoir » et « croire > ne se distinguent pas par une différence de nature, mais seulement par une différence de degrés : © Platon évoque ainsi 3 degrés de connaissance : » Limagination = connaissance spéculative de l'objet, » opinion = connaissance subjective de l'objet par les sens (mais ignorance des causes et de la nature profonde de l'objet), » La science = connaissance objective de lobjet par la raison (compréhension des lois et des rapports de causalité qui déterminent et expliquent la nature de l'objet). © Tandis que Kant évoque 3 degrés de croyance : » Lopinion = croyance douteuse car ne suscite ni 'adhésion subjective ni objective, » Lafoi = croyance qui ne Sappuie que sur une adhésion subjective, sans élément objectif, » La science = croyance qui sappuie sur une adhésion subjective et objective. Enfin, il est intéressant de noter quill est plus difficile de remettre en question une simple croyance qu’un savoir. Car pour faire reconnaitre qu’un savoir est faux ou erroné, il suffit de montrer ol! se situe l'erreur dans le raisonnement ou dans observation. En revanche, pour faire reconnaitre qu'une croyance est fausse, il faut parfois « déconstruire » la persuasion voire la certitude subjective ancrée dans l'esprit de la personne croyante. » Ainsi, en termes desprit critique, il est préférable de savoir que l'on croit (@tre conscient que ce l'on prend pour une vérits est peut-étre qu'une croyance) que de croire que l'on sait (d’étre persuadé de connaitre la vérité, alors que lon est peut-étre dans Illusion d'une croyance : croire que l'on sait nous enferme dans lignorence, parce qu’on se dispense alors de chercher une possible faille dans notre raisonnement), Falce erire- Les bases « Lappétit de savoir nait du doute. Cesse de croire et instruis-toi » (André Gide, Les Nouvelles Nourritures, 1935) « Lignorance n’a jamais fait de mal erreur seule est funeste ; on ne ségare point parce qu’on ne sait pas, mais parce qu'on croit savoir » (Jean-Jacques Rousseau, Discours surles sciences et les arts. 1750) « Notre savoir consiste en grande partie 4 «croire savoir», et 4 croire que d'autres savent » (Paul Valéry, homme et la caquille 1937) Exemples de problématique : Est-il possible de faire savoir sans faire croire ? / Faire savoir et faire croire, est-ce au fond la méme chose ? Convaincre ou persuader Ds e méme que le théme nous invite a distinguer « croire » et « savoir », il nous invite & différencier « faire croire » et « faire savoir ». D'une certaine maniére, cela revient a différencier « convainore » et « persuader » (deux termes que nous employons souvert indistinctement dans le langage courant) Falce erire-Lesb « Convaincre consiste & faire reconnaitre 4 quelqu’un la vérité d'une idée ou d'un fait en s'appuyant sur des preuves et/ou une démonstration rationnelle qui montre que cette idée/ce fait est valide, vrai, exact. ‘ Convaincre nécessite de s'appuyer exclusivement sur des arguments. rigoureux et objectifs et de faire appel la raison de celui quioncherche 4 convaincre. |I s’agit en quelque sorte de « montrer et faire admettre » la vérité de quelque chose. © Persuader consiste & faire adhérer quelqu’un 4 une idée comme si elle 6tait vraie en sappuyant sur ses émotions, son imagination et/ou en utilisant des arguments éventuellement logiques mais sans fondement réel |; Persuader nécessite de s'appuyer sur 6loquence, voire sur une forme de séduction (de jouer avec ce que la personne aimerait croire) et de faire appol a la psychologie de la personne quion cherche a persuader. || sagit finalement de « faire croire » & quelque chose, qu'elle soit vraie ou fausse Bien que le but soit sensiblement le méme (emener quelqu'un consentir 8 une idée), le fait de convaincre semble plus « sain » que le fait de persuader © En effet, pour convainere il faut s‘appuyer sur une vérité, et demancer a son interlocuteur d’employer ses facultés de raisonnement. Le but est de partager une connaissance réelle/universelle/rationnelle : la démarche semble désintéressée © Alors que la persuasion peut s’appuyer sur des erreurs, voire des mensonges, jouer avecles« faiblesses » psychologiques de l'interlocuteur. Le but est de le faire adhérer a une opinion, une croyance, voire une illusion pure et simple : la démarche semble trompeuse. Et de nombreux philasophes. psychologues ou scientifiques ont montré que la persuasion était souvent bien plus efficace que la conviction (= démonstration convaincante). En effet : « II faut un certain courage intellectuel pour admettre comme vrai quelque chose quivaal’encontre de ses propres croyances. Et plus largement. faire appel a sa raison pour comprendre une démonstration nécessite souvent un effort personnel : la conviction nous oblige 4 maitriser un raisonnement plus ou moins complexe. Aucontraire, la persuasion joue sur notre tendance a accepter facilement telle ou telle idée puisquéelle conforte nos opinions, s‘appuie sur nos désirs, nos craintes, ou notre paresse intellectuelle. Elle nous offre une version des choses facile 4 emprunter. > Ilest facile de céder & la persuasion, tandis qu'il faut souvent s‘efforcer de Dioui 'omniprésence du « faire croire » dans tous les comprendre la vé domaines de la vie. « Les puissants sont des hommes qui persuadent. Il est vrai que toutes les affaires humaines supposent consentement » (Emile Chartier, dit Alain, Les. idées et les ages, Les Passions et la Sagesse, 1927) « Le principal usage que nous faisons de notre amour de la vérité est de nous persuader que ce que nous aimons est vrai » (Pierre Nicole, De la Connaissance de sai, 1675) « Limagination, c’est art de donner vie & ce qui n’existe pas, de persuader les autres d'accepter un monde qui n'est pas vraiment Id » (Paul Auster, Moon. Palace, 1989) « On ne persuade aux hommes que ce quills veulent » (Joseph Joubert, Pensées, 1838) Exemple de problématique : Faut-il d’abord faire croire pour réussir 4 convaincre ? tion: i est foram tte problématique tele quelle 4 rail re pas élre total Falce erire- Les bases : sous-thémes Vérité, mensonge et véracité Le théme « faire croire » nous invite évidemment a considérer lopposition entre mensonge et vérité. Dans les oeuvres au programme, il ya de nombreux exemples de mensonges ou de vérités cachées pour mieux faire croire a quelque chose. Rappelons (trés) briévement la définition de ces termes © La vérité désigne l'adéquation entre notre pensée et la réalité (entre ce que naus pensons/percevons et ce qui existe). Le mensonge désigne le fait de tromper son interlocuteur, de linduire en erreur, en énongant volontairement quelque chose de faux (en inadéquation par rapport a la réalité) » Le menteur doit donc préalablement connaitre le vérité pour pouvoir la cacher derriére une fausseté, ou la transformer en un énoncé faux Cependent, il est plus précis de présenter les choses ainsi. le mensonge est une parole qui différe de notre pensée. Le menteur déforme parla parole lidée qu'il se fait de la réalité, c’est- a-dire de ce qu'll croit étre la vérité. Mais le menteur peut se tromper sur ce qui est vrai ou faux : il peut dire la vérité en ayant l'intention de dire le faux. Le mensonge n'est donc pas linverse de la vérité en soi, mais, seulement une parole qui va a lencontre de ce que l'on pense : 45 Le mensonge ne soppose donc pas & la vérité en elle-méme. Cest 18 ou le terme « véracité » entre en jeu La véracité désigne la qualité morale d'une personne qui l'intention de dire la vérité, qui veut étre sinc&re et ne pas tromper son interiocuteur. C’est donc la véracité (et non la vérité) qui s’oppose au mensonge (= intention de dire le faux). Encore une fois, la veracité d'une personne ne signifie pas quelle dit la vérité (comme le menteur, elle peut se tromper sur ce qui est vrai ou faux) mais refiéte son intention, En résumé Le mensonge s‘oppose a la véracité car. que le propos soit vrai ou faux. Cest intention de tromper (ou de ne pas tromper) son interlocuteur qui compte. © La vérité s’oppose quant 2 elle » @ erreur et a Illusion : une inadéquation entre ce quion pense et la réalité parce qu'on a mal interprété ce qui est, on sest trompé involontairement. » afignorance : le fait de ne pas savoir. » @ opinion : un jugement subjectit qui n’a pas vocation a étre vrai ou faux. Notons enfin qu’ona I'habitude de dire « plus cest gros, plus ge passe...» propos d'un mensonge. Mais peut-on faire croire tout et niimporte quoi ou y a-t-il des limites a la crédulité 2 Par ailleurs, une accumulation de petits mensonges peut aussi bien conduire a une tromperie massive. Falce ercire- Le « Que soit vrai tout ce que Ion dit, tant aux autres qu’é soi-méme, cest ce quil est impossible de garantir dans tous les cas, parce quion peut se tromper ; mais que ce soit sincére, cest ce que on peut et doit toujours garantir » (Kant, La métaphysique des maaurs, 1795) « En fait le verbe croire se référe @ deux attitudes fort différentes : admettre Ia sincérité de celu! qui sexprime, ou admettre la véracité a’un fait [...] Je peux croire en la sincérité d'un témoin et ne pas croire le contenu de son témoignage » (Albert Jacquard) « On voit parfois plus clair dans celui qui ment que dans celui qui dit vrai. La vérité comme Ia lumiére aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule qui met chaque objet en valeur » (Albert Camus, La chute, 1956) « Jaime la vérité. Je crois que humarité en a besoin. Mais elle a bien plus grand besoin encore du mensonge qui la flatte, la console et lui donne des espérances infinies. Sans le mensonge, !a vérité périrait de désespoir et drennui » (Anatole France, La vie en fleur, 1922) Exemples de problématique : Peut-on faire croire en la vérité ?/ Faire croire, est-ce nécessairement mentir ? Falce erire- Les bases Crédulité (et incrédulité) = La crédulité est un attribut qui est lié & « |'agent » de l'action « faire craire », Cest-a-dire a celui 8 qui lon fait croire quelque chose. En effet, la crédulité d'une personne désigne sa facilité excessive a croire (ce qui induit quill est facile de faire croire quelque chose a celle-ci). On dit alors quelle est erédule. La crédulité peut étre liée a une forme de naiveté, & un excés de confiance ou a un manque de connaissances et d’esprit critique. En cela, la crédulité est associée & une faiblesse. Notons qu’a l'inverse, I'inerédulité désigne la faculté & ne pas croire facilement. La crédulité est le résultat d'un mécanisme psychologique. Nous adoptons une croyence plus ou moins facilement en fonction de 2 filtres mentaux © Le filtre cognitif (~ sens critique) : ce fittre est en quelque sorte celui de la raison. Lorsque notre esprit regoit une information, il juge sa crédibilité en cherchanta'expliquerrationnellement. Plusnousaurons de connaissances et d'expériences. et plus nous aurons la possibilité de cerner le niveau de fiabilité de information recue. C’est le filtre qui nous rend incrédule. © Le filtre émotionnel : ce fitre est celui de la sensibilité. Ce fittre ne « laisse passer » que les informations désirables, et met de coté celles qui nous dérangent. En effet, son role est de préserver notre santé psychique car une information désagréable peut étre difficile a digérer, voire traumatisante. » Filtres émotionnel et cognitif peuvent entrer en conflit En effet, une information peut étrecrédible (le filtre cognitif nous « autorise » a y croire] mais dérangeante (le fitre émotionnel la rejette) (1). A inverse, une information peut étre désirable mais vraisemblablement fausse (2) Ex: (1) Mon filtre cognitif valide linformation « les hommes sont mortels » car {ai toutes les raisons de penser que cela est vrai. Mais mon filtre émotionnel information car ma propre mortolité est une idée pourrait rejeter dérangeante pour \esprit. (2) Mon filtre émotionnel considére lidée « je suis immortel » comme hautement désirable. Mais mon fitre cognitif ne peut évidemment pas valider cette idée. 10 Falce erire- Les bases 4 IInest pas rare que pour résoudre ce confiit, notre esprit cherche des moyens détournés pour tromper notre filtre cognitif. Ainsi, lorsque que nous avons la certitude quune information dérangeante est vraie (ou inversement. qu'une information désirable est fausse), nous cherchons (inconsciemment) 4 ébranler cette certitude. Autrement dit, face 4 une information valide mais indésirable (ou invalide mais désirable), nous cherchons a retourner notre filtre cognitif dansle sens qui nous arrange (qui arrange notre filtre émotionnel). Par exemple, en nous appuyant sur un contre-exemple rationnel. EX: lorsque ma voyante me prédit un bel avenir, mon fitre émotionnel valide cette information désirable. Mais mon fitre cognitif me met en garde sur la flabilité de cette information. Toutefois, je peux contourner mon fi supposant que le don de voyance a peut-étre un fondement rationnel encore tabli, ou du moins que rien ne prouve formelle pas. Je peux done croire Ia voyante. cognitif en non it que ce don n’existe ‘5 Ce processus consiste en quelque sorte & se mentira soi-méme. Enfin, notons quill existe le phénoméne de « suspension volontaire d'incrédulité » :il Sagit d'une faculté mentale qui nous permet, face a une ceuvre de fiction (un film d'action peu réaliste par exemple), de mettre de cété notre « refus d’y croire », de mettre en pause notre scepticisme et de faire commesi tout était possible, vrai ou réel. On peut se demander si ce phénoméne survient & d'autres moments de notre vie, peut-&tre involontairement : nous arrive-t-il de vouloir croire au point de suspendre notre incrédulité ? QUest-ce qui nous rend suspicieux et méfiants 7 n « Crédulité. Plus dificile & dissuader qué persuader, et plus facile 4 tromper qu’a détromper » / « Lo crédulité se forge plus de miracles que limposture ne peut en inventer » (Joseph Joubert. Pensées, 1838) « La crédulité des hommes dépasse ce quon imagine. Leur désir de ne pas voir lévidence, leur envie d'un spectacle plus réjouissant, méme sil reléve de la plus absolue des fictions, leur volonté d’aveuglement ne connait pas de limite » (Michel Onfray, Traité d’athéalogie, 2005) « homme est un animal crédule qui a besoin de croire. En ‘absence de raisons valables de croire, il se satisfait de mauvaises » (Bertrand Russell, De. la fumisterie intellectuelle, 1943) « Cest bien connu : dans les périodes d‘inquiétude générale, ‘animal humain perd les pédoles, rejette - plus encore qu’ 'accoutumée - les arguments de sa raison et plonge a corps perdu dans les tentations de lirrationnelrassurant et exaltant. La crédulité s‘engraisse sur le désarroi comme fa mouche verte sur ia charogne » (Frangois Cavanne, Lettre ouverte aux culs-bénits, 1994) Exemple de problématique : Sommes-nous tous disposés 6 accepter ce que Fon nous donne 4 croire ? Altention i est for déconsellé de rétilser celle ique tele quelle dans tes dissertations. sdortse, Falce ercire- Le 12 La manipulation Dans les 3 ceuvres au programme, celui qui fait croire tient bien souvent le réle du manipulateur. Le manipulation désigne l'emprise ou I'influence exercée par une personne sur une autre dans un but précis : contréler ses actes, ses sentil pensées. Elie consiste a employer diverses méthodes de ruse pour « faire faire » ou « faire croire » quelque chose & quelquiun : il sagit de le conduire dans la direction souhaitée mais sans utiliser la force ni chercher directement le convaincre ents ou ses Elle @ plutot une connotation négative car on pense demolée a son application sournoise, perverse, dans le but de tromper. Mais tout le monde peut se révéler manipulateur, parfois pour de petites choses, pour charmer queiqu'un par exemple. Elle existe par ailleurs dans tous les domaines de la société : © Dans le domaine politique, par exemple au travers des discours démagogiques. © Dans le domaine de la religion, par lintermnédiaire des dogmes des Eglises, de la sacralisation d'un texte religieux ou de la vénération pour un gourou dans le cas des sectes. © Dans le cadre du travail, au travers du rapport dominant/dominé qui existe souvent dans le salariat. « Dans l'économie etla finance, notamment parla publicité et le marketing. © Dans le champ intellectuel, par influence de nos « maitres-penseurs ». © Dans la sphere privée, au travers des emprises affectives parentales. conjugales, amicales... B Par ailleurs, on peut distinguer 2 grandes formes de manipulation © La manipulation dordre social, qui consiste traiter information de maniére a contourner notre sens critique (= jltve cognit*). Il peut s’agir par exemple de désinformer, cest-3-dire de cacher la vérité, de répandre de fausses informations. ou de ne diffuser que les informations « utiles » pour le manipulateur. Le but est que la personne manipulée croie a ce que l'on souhaite, et quelle ne puisse plus distinguer le vrai du faux pour se forger une juste idée des choses. A inverse, il est possible de surinformer pour créer dela confusion, brouiller la cohérence et détourner attention. © La manipulation d'ordre psychologique, qui s'ppuie sur les émotions. Le manipulateur peut notamment jouer sur la peur ou sur les désirs de la personne. Ii sagit del'enfermer dans le tumulte des émotions pour !'empécher d'user librement de son esprit critique. : Etil existe de nombreuses méthodes pour manipuler. On peut par exemple citer : La propagande, cest-a-dire des campagnes de diffusion massives diinformations déformées et partiales. © La rhétorique (art du discours) et notamment Ia persuasion, qui consiste & jouer sur le langage pour utiliser les émotions de lauditeur 4 son avantage. ou donner une apparence logique a des arguments sans fondement. © La séduction, qui consiste & fatter une personne oua faire en sorte quielle soit attirée, quelle admire voire quelle tombe amoureuse du manipulateur. © La menace, qui consiste 2 effrayer une personne et jouer sur ses instincts primaires. © Le mensonge, qui vise a induire une personne en erreur en lui faisant crore quelque chose de faux. © La suggestion, qui consiste a sous-entendre des choses pour que la personne croie adhérer d’elle-méme a l'idée suggérée, « Et bien d'autres encore... Faire erire- Les bases :sous-them: 14 Falce ercire- Le « Est fanatique celui qui est sr de posséder la vérité. 1! est définitivement entermé dans cette certitude : il ne peut donc plus participer aux échanges : il perd l'essentiel de sa personne. |I nest plus qu’un objet prét a étre manipulé » (Albert Jacquard, Petite philosaphie 4 'usage des non-philosophes. 1997) « Polémiques, faits divers, images-choc, voyeurisme, micro-trottoir, téléréalité. A lére du multimédia, nous assistons au triomphe de 'émotion. Le pouvoir médiatique simpose en faisant vibrer la sensibilité au rythme haletant de stimulations sonores et visuelles qui produisent une veritable addiction collective aux émotions. Le pouvoir politique joue sur les memes ressorts. Sill est vrai que rémotion est le cheval de Troie de la manipulation, cette débauche d'excitations sensorielles souléve des enjeux éthiques majeurs. Quand nos émotions sont dévoyées, ce sont nos jugements de valeur qui se trouvent pervertis » (Pierre Le Coz, Le gouvernement des émotions et ‘art de déjouer les manipulations, 2014) « En raison de son explosion, de sa multiplication. de sa surabondance. information se trouve littéralement conteminée, empoisonnée par toutes sortes de mensonges, polluée par des rumeurs, par des déformations, les distorsions, les manipulations » (Ignacio Ramonet, Lexplasion dujournalisme, 2011) « Qui dit superstition dit crédulité. Qui dit crédulité dit manipulation et qui git manipulation dit calamité. C’est ia plaie de 'humanite, elle a fait plus de morts que toutes les pestes entassées » (Fred Vargas, Pais vite et reviens_ tard, 2007) irement manipuler ? Exemple de problématique : Faire croire, est-ce néc rat ne pas tre 15 Linterprétation aS Pour approfondir les mécanismes du « croire », il faut s'interroger sur la maniére dont on interprate les choses. De méme, pour « faire croire », il faut jouer sur la fagon dont notre interlocuteur interpréte notre message. Interpréter, c'est rechercher, traduire ou attribuer du sens a quelque chose (un fait, un ciscours, un texte, etc.). Carle sensne va pas toujours de sci. Il peut étre obscur, multiple ou plus compliqué qu’ ne semble en apparence. Interpréter, cest vouloir révéler ce qui est sous-entendu, implicite, dissimulé. Ainsi © Nous interprétons le langage (verbal et non verbal) des autres étres humains (méme si nous parlons la méme langue) : nous recherchons la cohérence d'un discours, les liens entre la parole et les gestes, tous les signes qui donnent un sens bien plus riche et profond que le simple contenu d’un message. © Nous interprétons les faits qui nous entourent:: 'homme est une machine & attribuer du sensa des faits qui en sont peut-étre dépourvus ou insondables. Nous cherchons des liens et une finalité aux événements de notre vie quotidienne, ou plus largement de histoire, comme pour rendre notre monde moins chaotique, davantage compréhensible. » Nous passons beaucoup de temps a interpréter, clest-a-dire & traduire les choses dont le sens ne va pas de soi pour les rendre compréhensibles par nous-mémes. Notons qu’interpréter et expliquer sont 2 choses trés différentes = Expliquer consiste 4 identifer et déterminerla cause oula nature objective d'un phénoméne, c’en construire une description exacte afin de parvenir & une pure connaissance. © Interpréter consiste @ y trouver une cohérence mais qui reste liée a notre subjectivité : le sens n'est jamais déterminé avec certitude, il a pas vocation établir un savoir objectif. 16 Ls Linterprétation induit une marge de liberté et de subjectivité. Das lors, donner du sens c'est potentiellement déformer le réel. On risque de se tromper soi-méme. voire autrui...0n risque de faire dire aux choses ce quelles ne disent pas, de leur donner un sens qu‘lles rvont pas. Ou encore. de leur donner un sens qui correspond davantage & notre propre désir qua la chose elle-méme : de (faire) croire au sens et a la finalité que 'ona envie d'y voir... En outre, les différentes interprétations ne s‘excluent pas mutuellement:: ce n'est pas parce qu'un fait a été interprété d'une certaine fagon qu'il devient impossible de linterpréter autrement & l'avenir... et méme simultanément. Ce qui ne signifie pas non plus que toutes les interprétations se valent, car certaines sont sans doute meilleures que dautres « Ce ne sont pas les événements qui perturbent 'homme mais so fagon de les interpréter » (Epictate, début du lleme siécle) « Derriére un roman ou un poéme, derriére la richesse d'un sens a interpréter, il ny a pas de sens secret 4 chercher. Le secret d'un personnage r'existe pas, il n’a aucune épaisseur en dehors du phénomene iittéraire » (Jacques Derrida, entretien dans Le monde de léducation, 2000) « Interprétation, non explication. Il n'y a aucun état de fait, tout est fluctuant, insaisissable, évanescent : ce quill y a de plus durable ce sont encore nos opinions. Projeter un sens - dans /o plupart des cas une nouvelle interprétation superposée @ une vieille interprétation devenue incompréhensible et qui maintenant n'est plus elle-méme que signe » (Nietzsche. Fragments_ Posthumes, 1901) Exemple de probl matique : Si I'interprétation est inaissociable de notre rapport aux autres et au monde, sommes-nous condamnés d croire etd faire croire ? Falce erire- Les bases 7 La perversité (et innocence) Dans les ceuvres de Laclos et Musset, ia perversité est souvent le propre de celui qui fait croire. Arendt est aussi liée & ce sous-theme car elle a beaucoup réfiéchi au sujet du mal inhérent a létre humain, clest--dire de son penchant pour le vice. Pour mener cette réflexion, Arendt s‘est notamment appuyée sur Kant qui pense que I'homme nest pas fondamentalement mauvais, ni vraiment méchant, mais toujours susceptible de céder aux vices. Cette faiblesse qui le conduit vers la « perversité » s‘expliquerait ainsi © Létre humain ne faitjamais spontanément lemal pourle mal. Raisonnable par nature, il respecte la morale... tant que celle-ci rventre pas en contradiction avec ses désirs. Das que ses désirs entrent en jeu, il est prét a sacrifier les ragles morales. Dans ces circonstances, il est done capable du mal et devient pervers. © Mais 'homme est rattrapé par sa conscience et veut croire en sa moralité, ll cherche toujours a justifier moralement sa conduite, méme quand il agit mal, pour maintenir son estime de soi. Quasiment incapable de reconnaitre sa perversité, i! doit donc s'aveugler sur lui-méme. Et cot « aveuglement » est possible par sa eapaeité & mentir : de mentir a s méme et autres sur ses actes. De eroire et de faire croire a sa bonne foi » Ainsi, I'innocence véritable est-elle possible ou n’est-elle que feinte ? Linnocence consiste a croire en les autres, & avoir une confiance totale en la bonté humaine et la beauté du monde. C'est une sorte de pureté qui exclut toute mauv: tention, car on ne pense méme pas au mal. Mais l'innocence véritable n'est peut-étre qu'une illusion. innocent peut mal agir, seulement il n’en a pas conscience (car il est ignorant, ou niais). En effet. la conscience du bien et le mal n'est pas innée : faut nous linculquer. Finalement, est innocent celui qui ne peut pas étre reconnu coupable car il n’a pas mal agi intentionnellement. Pourtant. cet innocent aura pu éprouver du plaisir & faire le mal (méme s'il ne sait pas que c'est mal) : Innocent peut étre pervers.. Et il peut étre pervers sans avoir 4 se mentir, puisqu’il manque de lucidité morale et continue 4 croire en l'absence de (sa) corruption... 18 Falce erire- Les bases « [Lobsence de luciaité sur soi-méme :] De ia vient la sérénité de lo conscience chez beaucoup a'hommes (qui se croient consciencieux) [.] cette malhonnéteté [.] se développe 4 Iextérieur en fausseté et duperie envers autrui ; chose qui, si on ne veut pas l'appeler méchanceté, mérite d’étre tout au moins nommée bassesse ; elle réside dans le mal radical de la nature humaine qui (..] constitue la souillure de notre espéce » (Emmanuel Kant, La. religion dans les limites de la simple raison, 1893) « Personne ne veut étre méchant, et ceux qui n’en agissent pas moins de fagon méchante tombent [..] dans labsurdité morale. Celui qui fait cela est en réalité en contradiction avec lui-méme et avec sa raison. [Kant] ¢ done estimé que “la vraie souiliure de notre espéce” était la fausseté, la faculté de mentir [..] Dostoievski semble avoir partagé opinion de Kant. Dans Les fréres Karamazov, Dimitri K demande au Starov : "Que faire pour étre sauvé 2" Et le Starov répond : “Par-dessus tout, ne jamais se mentir 4 soi-méme" » (Hannah Arendt, Responsabilité et jugement, 2003) Exemple de problématique : Peut-on vraiment faire croire quelque chose en ayant de bonnes intentions ? i est forlement déconseilé de réutiiser celle probidmatique tele quel etretotalement issertation il Faut oblémstique adartée 19;

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