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MELANGES D’HISTOIRE DES RELIGIONS offerts 4 Henri-Charles Puech SOUS LE PATRONAGE ET AVEC LE CONCOURS DU COLLEGE DE FRANCE ET DE LA SECTION DES SCIENCES RELIGIEUSES DE L'ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES ae. PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS 1974 Google BL <7 6 A)l+fef it Liga. — 17 édition : 4° trimestre 1974 © 1974, Presses Universitaires de France ‘Tous droits de traduction, de reproduetion et d’adaptation ‘réservés pour tous pays Go gle UNIVERSITY OF V AMULETTES BYZANTINES DU MOYEN AGE par André GRrapar Sur les pages qui vont suivre et que nous dédions & notre vieil ami et collégue Henri-Charles Puech, nous décrivons un certain nombre d’amulettes byzantines du Moyen Age. En commentant les inscriptions et les images qu'on y reléve, nous voudrions attirer l’attention sur l'objet de la démarche superstitieuse & laquelle répondent ces phylactéres et au réle qui y revient & l'image. D’ordinaire on attend d’une amulette qu’elle serve de protection ou de reméde contre tous les maux. Mais il y en a aussi qui sont des somniféres procurant a leurs porteurs le sommeil. Quant au réle des images sur ces objets, il peut relever tantét de l'allo- pathie et tantét de ’homéopathie, car ces figurations évoquent soit des personnes et des choses capables d’exaucer les priéres qu’on leur adresse, soit les bénéficiaires antérieurs de celles-ci. Tandis que les amulettes de la fin de l’Antiquité proviennent des pays riverains de la Méditerranée orientale et ont fait objet de bien des études, parfois approfondies', les phylactéres byzantins médiévaux, plus rares, sont beaucoup moins connus. A en croire un Byzantin célébre qui vivait & Constantinople au x1® siécle, Jean Italos, « les poitrines impériales » portaient. quelquefois un médaillon garni d’une image de Constantin et Héléne qui avait le don de protéger contre la peste’. C’était une amulette suffisamment répandue & Byzance, pour qu’on y ait doté d’un nom les pitces de ce genre, les constantinala. Nous supposons qu’un beau médaillon en or (trouvé & Mersine en Cilicie), qui fut porté comme collier, avait pu remplir 1, Paul Perptzer, Peregrinatio perambulans in tenebris. Eludes de démonologie gréco-orientale, Publication de la Faculté des Lettres de I'Université de Strasbourg, fase. 6, Paris-Strasbourg, 1922 ; Campbell Bonnen, Studies in magical amulets chiefly ‘greco-egyptians, Ann-Arbor, 1966. 2, Texte du x1* siécle, par Jean Italos, qui décrit ces amulettes et indique leur emploi : J. Cremer, Anecdola graeca ¢ codicibus manuscriplis bibliorum Ozenensium, Oxford, 1836, p. 190-191 ; V. Laurent, Numismatique et folklore dans la tradition byzantine, dans Cronica numismatica gi archaeologica, n° 119-120, Bucarest, 1940 ; T. Berrexe, Constantino il Grande e s. Elena in alcune monete bizantine, dans Numis- matica, 6, Perouse, 1948, p. 91-95 avec figures. Google or 532 MELANGES D'HISTOIRE DES RELIGIONS des fonctions prophylactiques analogues’. Les reliefs qui décorent ce médaillon, bien plus ancien (vi®-vi1e s.), figurent non pas Constantin et Heéléne, mais un seul empereur armé d'une lance cruciforme, que pour diverses raisons nous avions proposé d’identifier avec Constantin. Il nous a semblé que cette médaille prophylactique pouvait rentrer dans la catégorie des conslantinala, dans une version plus ancienne. C’est le prestige du premier empereur chrétien et de la croix qu’il tenait dans ses mains qui a pu faire croire en la puissance protectrice de ces objets. Un autre type d’amulette byzantine nous est également attesté, pour le Moyen Age. Il avait la forme d’un cylindre minuscule en or qui abritait un rouleau en parchemin microscopique sur lequel était reproduit le texte de la fameuse lettre (apocryphe) de Jésus au roi Abgar d’Edesse*. Ici ce sont les paroles méme de la lettre du Christ qui passaient pour étre douées d’une puissance prophylactique. En dehors de ces phylacteria de type bien défini, les petits objets en métal qu’on portait au cou en qualité d’apotropées étaient surtout des croix, au sujet desquelles il est souvent difficile de dire ce qui sépare le grand symbole de la religion chrétienne d’un objet chargé d’une fonction prophylactique. D’une de ces croix & l'autre, selon la piéce et le porteur, les mémes petites piéces cruciformes se rangeaient parmi les uns ou les autres (ou étaient les deux a la fois). A ces amulettes signalées par des publications récentes, nous vou- drions joindre un certain nombre d’autres qui, comme les précédentes, étaient portées en collier et servaient a protéger la personne du porteur. Quelques-uns de ces phylactéres sont en or ou en pierre fine, la plupart des autres sont en bronze. Cette fois la fonction superstitieuse n'est jamais mise en doute, quoique 1a aussi (comme pour les croix pectorales) ‘on a eu constamment recours & des symboles et & des images parfaitement orthodoxes*. Ces amulettes se laissent dater difficilement, mais le style et la facture des reliefs et des gravures qui les garnissent permettent d’en attribuer un certain nombre & des époques plus ou moins précises, entre le xi® siécle et le début des Temps modernes. Tous les exemples 1. A. Grasan, Un médaillon en or de Mersine, dans Dumbarton Oaks Papers, 6, 1951, p. 27 et suiv. 2. S. Der Nensesstan, La Iégende d'Abgar d’aprés un rouleau illustré de la Biblio- Uneque P. Morgan & New York, dans Actes du 1V* Congres intern. des études byrantines, Bulletin de l'Institut archéol. bulgare, X, 1936, p. 105. 3. Bibliographie trés riche. Cf. GRAwAR, loc. cif., p. 27-33 ; A. FRoLow, dans Revue des études slaves, XXI, 1944, p. 112 et suiv.; Grapan, dans Cahiers archéologiques, XIX, 1969, p. 112 et suiv. 4. La bibliographie de ces amulettes comprend plusieurs ouvrages trés anciens (Allatius, Ducange, Montfaucon, ete.) qui n’en décrivent généralement que des spécimens isolés, et une série de recherches érudites de 1a seconde moilié du x1x¢ siécle, en langue russe. L'intérat des savants russes pour ces objets s'explique par le nombre élevé d'amu- lettes byzantines ct russes trouvées en Lerritoire russe. Certaines des études sont injus- jées, celles notamment de M. Sokolov, I. I. Tolstoj et A. Veselovsky (v. infra) qui gardent toute leur valeur et ne demanderaient que de légéres retouches pour continuer & scrvir. A. VeseLovsky, dans le Journal du Ministére de U' Instruction publique russe, pour 1883 ct 1886 ; M. SoKotov, dans le méme Journal pour le mois de juin 1889, p. 339-368 ; I. I. Torstos, dans Zapiski de la Société impériale russe d'archéologie, nouv. série, IIT, Saint-Pétersbourg, 1888, p. 363-413. Aprés ees études de base, voici quelques ouvrages plus récents qui, dans l'ensemble, AMULETTES BYZANTINES DU MOYEN AGE 533 que je citerai sont du Moyen Age. Presque tous, ils portent des inscrip- tions, qui peuvent étre grecques, ou grecques et russes réunies, ou exclu- sivement russes. Les piéces sur lesquelles toutes les inscriptions sont grecques sont sirement byzantines, sans qu’on puisse affirmer toujours qu’elles furent confectionnées a l’intérieur de l’Empire. Nous faisons cette derniére réserve parce que la grande majorité de ces amulettes, y compris les pidces du x1®-x11° sigcle et des phylactéres qui ne portent que des inscriptions grecques, ont été trouvées (le plus souvent déterrées) en territoire russe. C’est dans cette partie de I’aire de I'expansion byzantine qu’on semble avoir eu recours le plus souvent aux amulettes en question ; tandis que les phylactéres de I’poque plus ancienne remontent le plus souvent & la Syrie et & I’Egypte. Cette distribution géographique des lieux de découverte des amulettes a certes son intérét, mais elle ne signifie probablement pas que, en Asie Mineure, en Grace et dans le nord des Balkans, on ignorait l’usage d’objets semblables. On ne saurait oublier que, malgré tout, certaines de ces amulettes ont été trouvées dans les pays méditerranéens et que sur ces pices, et sur une partie de celles qui furent déterrées en Russie, toutes les inscriptions sont. grecques. Il n'est done pas douteux qu’une partie des piéces en question, et surtout le genre de phylactéres qu’elles représentent, ont leur origine 4 Byzance. Ce sont en fait des amulettes byzantines (avec parfois des particularités iconographiques russes, qui modifiaient sur tel point les données des modéles grecs). L’origine byzantine initiale de ce genre d’amulettes est. confirmée par la reprise, sur des pidces trouvées (et probablement fabriquées) en Russie, de formules iconographiques (v. les Sept Dormants d’Ephése) et magiques (priéres apocryphes grecques) qui remontent & une époque plus ancienne, antérieure a la conversion russe. Voici quelques exemples de ces amulettes qui, aprés avoir attiré Vattention de plusieurs érudits du xvii®, puis de la fin du xix siécle, ont été un peu oubliées depuis. L’ordre de nos bréves descriptions est arbitraire et pourrait étre remplacé par un autre. Le seul critére qui nous a guidé est celui de l’appartenance des objets décrits au monde proprement byzantin. Les piéces dont le caractére authentiquement byzantin est certain sont citées les premiéres. 1. Onyx gravé, autrefois a Gotha! (Pl. III, 1, v. p. 544). Médaillon ovale dont |’avers est occupé par une priére magique qui figure sur un grand nom- bre de ces amulettes :votepa...’. Au revers, téte en face entourée de serpents. ne font que résumer les recherches antérieures et ajoutent quelques spécimens inédits : N. P. Konpaxoy et I. I. Totstos, Antiquités russes (en russe), Saint-Pétersbourg, V, 1897 ; Catalogues de 1a collection du comte Uvarov (1908) et de celle de B. I. et V. I. Chanenko & Kiev (1899 et 1900) ; A. S. Ontov, dans Supplément (Prilozenie) a V'Oléet du Musée Hist. d’Etat pour 1916-1925, Moscou, 1926 (essai de classement par types iconographiques) ; V. Lesucevsxts, dans Malerialy sur l'art russe, I, édition du Musée russe de Leningrad, 1928 ; N. F. RoMantcenko, méme volume. 1, Kruse, dans Journal du Ministere de Instruction’ publique russe pour 1836, p. 336-354, et dans Dorpaler Jahrbucher der Literatur, V, p. 350 (m’est resté inaccessible) ; Toxsros, loc. cil., p. 391, n° 27; J. ScHLUMBERGER, dans Revue des éludes grecques, 1892, et dans les Mélanges d'archéologie byzantine, Paris, 1895, p. 135-136, 2. Cette priére magique qui figure sur un grand nombre d'amulettes compte bien parmi leurs caractéristiques les plus fréquentes, mais clle y est souvent reproduite Google 534 MELANGES D'HISTOIRE DES RELIGIONS Cette image aussi reviendra sur la plupart de nos amulettes. Iconogra- phiquement, elle procéde probablement de la téte de Méduse antique, mais elle est interprétée comme un monstre formé par une téte et un nid de serpents qui en remplacent le corps (v. infra). Inscription sur le pour- tour : Beoroxe Bonber ™m on Sovdn wapn.L- 2. Second onyx gravé, unilatéral, autrefois 4 Gotha. Sur le méme cate, le monstre aux serpents et autour la pritre magique : votepa...}. 3. Pierre gravée semblable publiée par Montfaucon*. Avers : votepa...; revers : monstre & serpents. Pas d’inscription (?). 4. Jaspe vert gravé, A la cathédrale de Maestricht. Médaillon connu sous le nom de « sceau de saint Servais », Avers : monstre formé par une tate entourée de sept serpents et de l'inscription de la prigre magique : votepa... Revers : buste d’un saint byzantin et inscription illisible. Reproduction au trait : King, Handbook of engraved gems, p. 112. Froehrer et Schlumberger, articles cités, n. 1 et 2, p. 533. 5. Amulette émaillée acquise en Italie, en 1874, et. dont j'ignore le lieu de conservation actuel. Des deux cdtés, les images et les inscriptions sont en émail cloisonné. Avers : monstre avec téte et sept serpents, Trisagion autour ; revers : priére magique : votepa... et dix-neuf petites croix sur le pourtour. V. Gay, Glossaire archéologique du Moyen Age el de la Renaissance, Paris, 1887, p. 615. Froehrer et Schlumberger, articles cités n. 1 et 2, p. 533. 6. Pierre gravée publiée par Ducange (Pl. III, 2)*. Avers : au milieu, Varchange Michel menagant d’une massue un petit personnage (nu 2) accroupi & ses pieds, 4 cdté d’un autre. Il s’agit probablement de démons terrassés par l'archange, A cété de Michel, un homme barbu et nimbé, saint Sisinios. L’identité de ces personages se laisse établir a l'aide de Vinscription (mutilée) qui les entoure. Il s’agit de deux triomphateurs attitrés des démons qui apparaissent déja dans cette qualité sur les amulettes de la plus haute époque byzantine'. La présence de Sisinios sur cette piéce médiévale établit un lien entre les phylactéres de haute d'une facon incomplate et erronée. En voici le texte complet, dans la version qu’en ont proposée Desrunis (Soxotov, loc. cit., p. 349-350) et FROHRER dans Supplement Band V. de Philologus, V, 1, 1889, p. 42-44 : Gotepa wshavh usdavautyn dg Sei¢ eeca xal ae Bpdxev aupllers xal ce Mwy Bovydoat xat d¢ dovlov (ou : 4ipvos) xouod (ou : xoluerout). Traduction sommaire : « Matrice noire, noircie, qui se tord comme un serpent, et siMe comme un dragon, et rugit comme un lion, et dort (ou dors & 'impérati) comme un agneau. » Destunis pensait que « matrice » figure pour ‘maladie de la matrice », tandis que selon Frohrer la fin de cette pritre voulait dire : «1a matrice... (allait devenir) douce comme l'agneau ». 1, Totstos, loc. cif., n° 28, p. 391 ; Kruse et SCHLUMBERGER, art. cit., n. 1, p. 533. 2. Toxsros, loc. cit., n° 26, p. 389-390 avec dessin. 3. DucanGe, De imperatorum constantinopolitanorum numismatibus dissertatio, Rome, 1755, pl. 111. On apprend p. 54 que cette pidce appartenait au Trésor de I’église Sainte-Geneviéve, a Paris. 4, Penpnizer, loc, cit., p. 13 et suiv., fig. 6, p. 25 et suiv. ; J. CL&pat, Le monaslére et la nécropole de’ Baoutt (« Mémoires de l'Institut francais d'archéologie orientale »), XI, pl. LV, LVI. Google AMULETTES BYZANTINES DU MOYEN AGE 535, époque byzantine et du Moyen Age : il y avait des pratiques superstitieuses médiévales qui avaient débuté a la fin de I’Antiquité. Sur le pourtour de l’avers de la méme amulette figurent sept person- nages assis dans des positions différentes. Aucune inscription ne les identifie, mais le nombre et les attitudes de ces personnages nous per- mettent de reconnattre les Sept Dormants d’Ephése (v. infra, & propos d’un objet semblable, le sens précis de l'invocation des Sept. Dormants d’Ephése)!. Revers : une image de la Vierge. A noter l’absence, sur ce médaillon, du monstre aux serpents, et de la prigre magique. Mais il convient. néanmoins de ranger ce médaillon parmi les objets prophylac- tiques apparentés aux amulettes, A cause de la présence d'images typiques pour celle-ci : Michel, Sisinios, les Sept Dormants. Cet exemple nous rappelle aussi ce que nous disions des croix pectorales : la ligne de démar- cation avec les objets d’un culte chrétien normal est parfois difficile a tracer. Viennent ensuite des amulettes en métal — or et bronze — qui presque toujours présentent au revers l'image du monstre A serpents que nous venons de trouver sur certaines amulettes en pierre fine gravée. Il s'agit d'un démon, probablement d’une diablesse redoutable, que connaissent de nombreux écrits apocryphes. Vaincue et capturée par des saints (Sisinios et d'autres), elle est’ mise au service des chrétiens et notamment de ceux qui portent sur eux le phylactére muni de son image. Sur l'un de ceux-ci on a pu déchiffrer un nom, qui n’est cependant pas le nom que la diablesse en question porte dans les textes*. L’image de ce monstre est une constante sur les amulettes (d’ou le nom que ces objets ont recu en Russie, au x1x® siécle : zmeeviki, « serpentins »), que les inscriptions y soient grecques, grecques et russes juxtaposées, ou uniquement russes. Car, je viens de le rappeler, ce monstre semble avoir été identifié®, et son réle sur les amulettes n’a donc rien de surprenant : 1, Selon moi, les Sept Dormants d’Ephése pouvaient étre représentés sur les facades des églises, dans une intention prophylactique : A. Graar, dans le recueil de mes articles intitulé L’art de la fin de l’Antiquilé ef du Moyen Age, 1, Paris, 1968, p. 325; G. K. Waoner, Légende des Sept Dormants d’Ephése et son reflet dans l'art de Viadimir-Suzdal (en russe) dans Vizantijskij Vremennik, XXIII, 1963, p. 85 et suit préfére expliquer la présence de ces sculptures et d'un certain nombre d'autres reliefs toire locale. Les explications de ce genre sont rarement indiscutables. images des Sept Dormants, je ne saurai citer que L. Massicnon, Les Sept Dormants d'Ephése en Istam et en chrétienté (recueil de brefs articles), Paris, 1955-1960, un essai trés inégal et insuffisamment informé en ce qui concerne I'iconographi Yauteur était principalement préoccupé par son désir de rapprocher chrétiens el musul- mans autour du culte des Sept Dormants. Dans d'autres contextes religieux, l'image des Sept Dormants pouvait évoquer la résurrection de la chair, ainsi dans les psautiers byzantins du rx° siécle : A. Grabar, L'iconoclasme byrantin, Paris, 1957, p. 228. A. Vesetovsky, dans le Journal du Ministére de Instruction publique russe, 1886, P. 288-293, reproduit des pidces magiques grecques qui rapprochent Sisinios et Michel. 2. On lit le nom de « Dan » auprés de la téte du monstre a serpents, sur l'amulette ne 19 de la liste de Totsros, loc. cit., p. 385 (Pl. VIII, 1). 3. D'une facon générale, il s’agit srement d'une diablesse dont Je nom change, qui figure déja sur la fresque de Baoutt et sur certaines amulettes anciennes publiées par Perdrizet, étendue sous les pieds de la monture de saint Sisinios. Mais la diablesse y est une femme a queue de poisson (sur la fresque celle-ci se tient a droite en haut de Google 536 MELANGES D'HISTOIRE DES RELIGIONS il servait A écarter tout Mal du porteur de l'apotropée, conjointement avec d’autres étres, ceux-la parfaitement chrétiens et bénéfiques, figurés sur les mémes médaillons, mais variables. Voici d’abord des piéces sur lesquelles toutes les inscriptions sont grecques. Sur une premiére de ces amulettes (Pl. IV), qui est a VErmitage, Leningrad?, & l'avers, autour d'une Vierge avec I'Enfant, on lit : Beotexe oxene xn Bofy twv exovra ce aum(v). (Mére de Dieu protége et sauve le propriétaire de toi (de ton image) amen.) Au revers, c'est le monstre aux serpents enfermé dans un cadre circulaire, 4 l'intérieur duquel on lit les paroles du Trisagion : aywoc aytog (deux fois) xov (sic) cafao8 o mAnpns oupavos (Saint, saint Seigneur Sabaoth qui remplit le ciel). Une autre amulette en or, également & l'Ermitage* (Pl. V). A Vavers, une Vierge avec l’Enfant entourée de la priére magique : votepa..., et d'une invocation personnelle : Oxe ppovpy pudatre anopaxtispnves ayn (Mére de Dieu gardienne protage... amen), et au revers, le Trisagi L'orfevre ne semble pas avoir compris la phrase qu'il reproduisait ; s’agit-i d’un Russe ? A Vavers d’une autre amulette, on ne retient que la priére magique votepa..., mais on inscrit autour d’elle cette invocation personnelle d’une orthographe correcte : O(e)oroxe BonOer ry oy Sovdy etpyvy (Mere de Dieu, sauve ta servante Iréne). Au revers, le monstre serpents et le Trisagion'. A ces piéces de choix, joignons la plus belle des amulettes, oi inscrip- tions grecques et russes se trouvent juxtaposées. C’est peut-étre aussi Pamulette la plus ancienne du type envisage. Il s’agit d’un grand médaillon cn or (PI. VI) qui, & avers, montre un archange Michel et le Trisagion, ainsi que des ornementations, tandis qu’au revers c’est l'image du monstre & serpents et deux inscriptions, la priére magique grecque vaoepa (sic) pedav.... et une invocation au profit de « Basile ton serviteur », en russe’. En décrivant ci-dessus le phylactére médiéval publié autrefois par Ducange, nous disions que la présence sur cet objet de l'image de saint Sisinios attestait la continuité de 'iconographie des amulettes, depuis la scane). Dans la Vie de saint Sisinios, la diablesse s'adresse ce saint et & ses compa- gnons qui I'avaient eapturée, et déclare : « Je vous prie, saints de Dieu, ne me tour- mentez pas trop, et je n'irai pasla oi sera 7 udaxrhptov tobto » (texte dans SOKOLOV, loc. cit., p. 347). La diablesse Gulou est redoutée parce qu’elle envoie des maladies et tue, notamment, les enfants. Cf. la Vie du patriarche Tarasios qui cite un cas de recours & la diablesse vers I'époque du vit Concile, 787. 1, Totsros, loc. cif., p. 380-381. 2. Le Trisagion figure déja sur les amulettes de haute époque et sur les linteaux des syriennes : GRABAR, dans Cahiers archéologiques, XX, 1960, p. 27; W. K. Pernice, dans Syria. Publications of the Princeton University, Archeol. Exped. to Syria, 111, B, Leyde, 1921, passim; L. Javanent et K, Moutenpe, Inscriptions grecques et lalines de Syrie, 1V, passim ; SoxoLov, loc. cit., p. 355-356 : textes qui expli- quent le succés du Trisagion dans les opérations magiques. On s'en sert comme d'une invocation du nom de Dieu qui est appelée & faire reculer les démons ; vaincus, ceux-ci peuvent étre contraints & l'invoquer eux-mémes, comme une espéce de serment q leur interdirait de faire du mal, dans l'avenir. 3. Torstos, Loc. cit., p. 382. 4. Ibid., p. 389. 5. Ibid., p. 376-377, pl. XV, 1; ScuLumpencer, art. cit., p. 533, n. 1 (p. 138-139). ‘a Google AMULETTES BYZANTINES DU MOYEN AGE 537 la fin de l’Antiquité jusqu’au Moyen Age, & Byzance. On pourrait en dire autant des phylactéres portant les images des Sept Dormants d’Ephése. Le culte de ces dormeurs a été surtout florissant 4 l’époque pré-iconoclaste, et c'est alors sdrement que fut fixée leur iconographie. Or cette icono- graphie — groupe de personnages qui dorment assis en affectant des poses différentes — se retrouve aussi bien sur le phylactére publié par Ducange que sur des amulettes munies d’inscriptions russes. Celles-ci restent donc fidéles & une tradition byzantine, et la transmission de cette tradition est confirmée par un autre témoin, les reliefs sur une facade de l’église de Juriev (région de Vladimir) en 1230 environ. Le phylactére Ducange prouve que le recours aux images des Sept Dormants sur les phylactéres s’était produit d’abord & Byzance et que les amulettes russes qui en font autant ne font que maintenir un usage byzantin. Le meilleur exemple de ce genre de phylactére en version russe est un médaillon d’exécution trés soignée qui autrefois faisait partie du trésor de la cathédrale de Suzdal (Pl. VII). Son style et sa technique le font dater du xe ou du xi siécle. A l’avers, on y trouve les Sept Dormants, dans leurs attitudes consacrées et avec leurs noms grecs en transcription russe, ainsi qu’une longue priére rédigée en russe dont le contenu est particuliérement intéressant. Cette priére s’adresse au Christ, et elle 'implore d’accorder & un couple déterminé, & Georges et & Christine, le méme sommeil, vivifiant et paisible, etc., qu'il avait assuré aux enfants @’Ephése?, Autrement dit, le phylactére marqué des images de ces enfants était une espéce de somnifére, étant entendu que les images de ces dor- mants y étaient gravées non pas parce qu’on les croyait capables d’envoyer elles-mémes le sommeil & d'autres, mais pour rappeler l’anté- cédent d’une faveur du Christ dont on souhaitait le renovvellement. Il s'agit, on le voit, de la méme démarche que dans les catacombes et sur les sarcophages paléochrétiens : (Christ) sauve-moi comme tu as sauvé Daniel, ou Noé, etc. (dont on figure les images). C’est cette maniére de recourir 4 image que je compare a I’ « homéopathie » en lui opposant la maniére qui se généralise au Moyen Age et qu’on retrouve sur les autres amulettes. Cette autre maniére, « allopathique », se sert de image pour figurer les étres et les objets (Vierge, saints, croix) qui, par leur action, apportent le salut, la guérison, la libération de tous les maux. Ce sont des exemples de cette imagerie « allopathique » que nous verrons main- tenant appliquée aux amulettes. Le monstre aux serpents réapparalt sur beaucoup de ces amulettes ; cest une constante qui ne change d’aspect que dans les détails et qui figure un étre diabolique apprivoisé dont la présence devient bénéfique. Au contraire, les images chrétiennes qui occupent le coté opposé du 1. Torstos, loc. cit. p. 386-387, n° 22 (avec une reproduction d'aprés G. D, Fitimon 2. Les inscriptions ont été déchiffrées a l'exception de quelques mots. L’une de ces lacunes est regrettable, parce qu'elle ne permet pas de décider du sens d’ phrase, 01 +. Ugasi sil(u) (og)n.nie », ce qui pourrait signifier que la de sommeil viviflant et paisible était complétée par celle « d°éteindre la force des flamm« Mais de quelles flammes s'agirait-il ? Je crois de la flévre (qui empéche de dormir) plutot que de Enfer. Google 538 MELANGES D'HISTOIRE DES RELIGIONS phylactére varient sensiblement. En partant de la liste des amulettes établie, en 1888, par I. I. Tolstoj (article cité n. 4, p. 532), on y reléve plusieurs types d’images de la Vierge avec I’Enfant, deux scenes évangé- liques, & savoir le Crucifiement et le Baptéme, l’archange Michel triom- phant'du diable, des saints cavaliers, saint Théodore tuant un serpent, saint Nicétas terrassant le diable, les Sept Dormants. Le choix de ces figurations « allopathiques » s’explique facilement. En partie, ce sont les mémes qu’on trouve sur les sceaux byzantins, autre catégorie de petits objets sur lesquels il était naturel de représenter des personnages divins et saints et des événements capables d’assurer une protection. La Vierge est naturellement la protectrice par excellence. Le Baptéme et le Crucifiement rappellent la consécration chrétienne (baptéme) du propriétaire de objet, et la Rédemption, deux actes qui lui assurent le salut ; en outre ces images montrent chacune une c signe par excellence du salut des chrétiens ; enfin, Michel et les saints militaires sont des triomphateurs célébres du démon. Toutes ces images évoquent de puissants défenseurs, qu’on avait intérét A appeler & son secours. Pour mieux imaginer le contenu exact de la démarche reli- gieuse & supposer, rappelons que les priéres inscrites sur ces phylactéres s'adressent généralement au personnage figuré (p. ex. le Vierge) ; c’est de lui qu’on attend le secours demandé. Il est typique pour la piété byzantine au Moyen Age que beaucoup de saints font Vobjet d’une dévotion particuliére. Aussi leurs images se multiplient, partir du x1® siécle, dans les manuscrits et sur les murs des églises'. Autre conséquence de ce culte des saints : influence gran- dissante de l'iconographie consacrée par les icdnes, dont le nombre et Pautorité ne cessent d’augmenter, aprés la victoire sur liconoclasme, dans la deuxiéme moitié du 1x® siécle. Les petites images des amulettes en témoignent de leur cété, car elles reproduisent toujours des types iconographiques constitués. C’est trés visible pour la Vierge (on reproduit les types de I'Hodigitria et de l'Eléousa), mais aussi pour les saints militaires et les Sept Dormants qui sont autant de reflets des formules consacrées et diffusées par les icdnes. Sans en faire la démonstration, pour tous ces saints, qu'il nous soit, permis de relever avec un peu plus de précision le cas des images de saint Nicétas, Sur les amulettes russes, ce saint apparatt plusieurs fois et toujours de la méme fagon : sur un relief de fagade datée de la fin du x1i® siécle, & Saint-Démétre de Vladimir, et sur plusieurs icdnes des xve-xvie siécles, on le voit assommant un diable qu’il tient d'une main el frappe sur la téte, de l'autre armée d’un marteaut. Ces exemples d'images 1. S. Den Nensesstas, L'illustration des psauliers grecs du Moyen Age, 1: Londres add. 19352, Paris, 1970, p. 89 et suiv. ; L.. Mantés, dans Analecta Bollandiana, LXVIII, 1950, p. 159. 2, Saint Nicétas tuant le diable : a) icdnes : 1. OxuNEvA, IcOne de saint Nikita frappant le diable (en russe, résumé francais), dans Seminarium Kondakovianum, VII, Prague, 1935, p. 392, p. 205-214, qui cite les sources hagiographiques des iconographes ; b) amulettes : To.stoJ, loc. cit., p. 392-393, ne 32, 33 ; OKUNEVA, p. 211-212 ; Catalogue de la Collection Uvarov, 1X, n° 226-238, p. 114-115 ; Catalogue de la Collection Chanenko, ne 77, 103, 104, 133, 141. Google AMULETTES BYZANTINES DU MOYEN AGE 539 sont toutes russes (PI. VIII, 2), mais la encore un modéle byzantin est d’autant plus probable que la méme iconographie est appliquée par des artistes grecs & certaines figurations médiévales d’une sainte, Marina (v. infra). Le nom de saint Nicétas a fait fixer sa commémoration au 15 sep- tembre, lendemain de la {éte de ’Elévation de la croix (14 septembre). Saint Nicétas n’étant peut-étre que la « victoire de la croix » personnifiée, la formule iconographique que nous venons de rappeler ne serait-elle pas un autre reflet de la méme collusion du nom de ce saint et de sa signification ? Pour figurer un saint dont le nom signifie « victorieux », on le montre en triomphateur. Il vainc et tue un diable — un haut fait qui a son pendant dans la Vie légendaire de Nicétas. Mais, dans ce texte, il ne tient pas la place que lui accorde l'iconographie. Il en est de méme pour sainte Marina que les images représentent, elle aussi, frappant un diable d’un marteau (PI. X), et 1a également certaines Vies de la sainte relatent un épisode de ce genre, sans le relever particuligrement, contrai- rementa l'iconographie qui ne retient que lui (pour sainte Marina, les images de ce type sont des peintures murales)*. Je ne connais aucun phylactére avec cette image de Marina, quoique les prigres apocryphes la citent parmi les saints dont la protection peut étre invoquée utilement et qui, pour la plupart, correspondent aux personnages figurés sur les amulettes. Le parallélisme de l'iconographie de Nicétas et de Marina assommant. le diable est complet. C’est un doublet. Mais tandis que le nom du premier expliquerait facilement le choix d’une image de victoire, cela n’est pas le cas pour Marina. On pourrait donc se demander si les représentations de Marina assommant le diable ne seraient pas des adaptations des images semblables de Nicétas. S'il en était ainsi, cela ferait mieux comprendre Vabsence de cette scéne appliquée & Marina, sur les amulettes (tandis qu’on y trouve celle qui montre Nicétas « Démonoctone »). Il y aurait lieu, cependant, d’examiner un petit objet qui, selon moi, pourrait étre assimilé a un phylactére de sainte Marina. 1, Textes hagiographiques, é¢pisode de Nicétas tuant le diable : V. M. Istmin, Marlyre apocryphe de Nikita (en russe), Odessa, 1899, p. 36 et suiv., 79-80, etc. La vic légendaire du saint déclare qu'il guérit les malades, chasse et tourmente les démons et délivre de tout mal. C’est ce qui explique la place que ‘occupe sur les apotropées. 2. Exemples de peintures murales qui figurent sainte Marina armée d'un marteau avec lequel elle assomme le diable. Je les cite dans l'ordre chronologique approximatif : Corfou, Saint-Mereure (x1* s.), Castoria, Saints-Anargyres (fin x11° s.), Kurbinovo (2) (1191) ; plusieurs exemples du xi siécle en Gréce et un de 1283-1295 & Kirk Dam Alf Kilise en Cappadoce : P. L. Vocatorovtos, dans Cahiers archéologiques, XX1, 1971, p. 161-162. J. LarontatNe-DosocNe, dans Byzantion, XXXII, 1962, p. 2 (1-259 ; on trouvera dans cet article le texte de la Vie de Marina qui fut illustré par les iconographes). En Serbie el en Macédoine yougoslave, en dehors de Kurbinovo, Bela erkva Karanska (vers 1341-1342), Ohrid, Saints-Constantin-et-Héléne (vers 1450), Dolguec prés de Prilep (1454-1455) : M. Ka8anin, dans Starinar, 3¢ série, t. IV (pour 1926-1927), Belgrade, 1928, p. 174; G. Susotié, Saints-Constantin-el-Héléne a Ohrid (en serbe), Belgrade, 1971, p. 54. D'autres exemples de cette iconographic dans les églises postbyzantines, p. ex. en Moldavie : I. D. STEFaNescu, L’évolution de la peinture religieuse en Boucovine et en Moldavie. Nouvelles recherches, Paris, 1929, p. 12, 15, 23, 32 (pl. 24, 2), 63. Je remercie V. Djurié de m'avoir signalé les exemples yougoslaves de’ ces images. Google 540 MELANGES D'HISTOIRE DES RELIGIONS Le Musée Correr & Venise posséde une espéce de botte en argent doré, de forme bizarre (PI. IX). La paroi du fond en est marquée d’un relief au repoussé qui représente sainte Marina — un buste enfermé dans un médaillon'. A en juger d’aprés le style de ce relief, l'objet daterait du x1®-x1° siécle. Mais s’agit-il d’un reliquaire, comme on I’admet toujours, en partant de cette image et de la longue inscription qui l’entoure et qui pourrait lui étre contemporaine ? Cette inscription fait I’éloge de la sainte et de sa main qui frappe le diable (allusion & un épisode surprenant décrit dans certaines de ses Vies) et en appelle 4 la puissance protectrice de Marina. Ce texte désigne par « ceci » (roto) l'objet sur lequel il est gravé et ne parle ni d’une relique de la main thaumaturge de Marina, ni de la fonction de reliquaire de cet objet qui la contiendrait. Cette absence de toute indication de ce genre est peut-tre négligeable, et Vobjet en question ne serait malgré tout qu’un reliquaire de la main de Marina. Mais on pourrait aussi penser & autre chose. Pourquoi, en effet, 'inscription ne parle-t-elle ni de relique ni de reliquaire ? Pourquoi la botte n’a-t-elle pas les dimensions (elle n’a que 10 cm de longueur) ni la forme d’une main ? La profondeur de la botte est médiocre (3 cm au maximum). Est-elle suffisante pour abriter une relique ? et quelles dimensions minuscules celle-ci devait-elle avoir, pour ne pas masquer Vimage de la sainte fixée sur sa paroi de fond (cette image n’était visible qu’A travers le couvercle transparent, aujourd'hui disparu, de la botte). Mest peut-étre préférable, selon moi, de ne pas penser 4 un reliquaire de la main de Marina, mais & un objet comparable aux phylactéres que nous avons examinés plus haut. La forme bizarre qu'on lui a donnée et qui n’évoque pas une main reproduirait plutdt la forme d’une téte de marteau. N’est-ce pas avec un marteau que Marina assomma le diable*, marteau qu’on n’oublie jamais de mettre entre ses mains, sur les images peintes de Marina (Pl. X)? Il ne s’agirait d’ailleurs pas d'un étui pour le marteau de la sainte ou d’un fragment de celui-ci, mais d’un objet qui, en réduction, en imiterait la forme, et qui aurait servi d’apotropée. Je Pimagine accroché par l’anneau qu’on y voit encore et porté en collier, c'est-A-dire comme tous les phylactéres que nous avons examinés et les croix de toutes formes et dimensions. Il ne s’agirait certes pas d’une véritable amulette, mais d’un objet sur lequel la piété transportait une 1, Dimensions de objet du Musée Correr : longueur 10 em, hauteur maximale, 3 cm. Publication de cet objet, plusieurs pholographies (pas de descriptions systéma- tiques ni de dimensions), inscription lue et traduite en anglais, par : M. C. Ross et G. Dawney, A reliquary of St-Marina, dans Byzantino-slavica, XXIII, 1, Prague, 1962, p. 41-44. Réimprimé dans Bolletino dei Muszi civici venesiani, VII, 1962, p. 23-28. L’objet est mentionné par J. Larontatne-Dosoone, loc. cit., qui, par erreur, y voit deux images de la sainte, tandis qu'il n'y en a qu'une seule, dont les photographies montrent I’avers et le revers. Cet auteur a eu le mérite de mettre en rapport In botte de Venise et le miracle du diable assommé avec un marteau. Mais je ne la suis pas lorsqu’elle dit que les peintures qui montrent la sainte tuant le diable ont « un caractére narratif » (v. & ce sujet nos comparaisons avec des images analogues de saint Nicétas). Tl s‘agit bien, dans les deux cas, d'une action suggestive et énergique, mais aussi d'une démonstration exceptionnelle de la puissance des deux saints qu’on ne manque pas de mettre & profit. 2. ‘Ayla Mapiva... elBev apipav yadxhy : + sainte Marina vit un maillet en cuivre... » Google AMULETTES BYZANTINES DU MOYEN AGE 541 part de la présence de la sainte triomphatrice du diable. L'inscription sur l'objet de Venise le suggére directement : « Sauve-moi de la tempéte des mauvais esprits et assure-moi le pouvoir de les vaincre. » La fonction de la botte du Musée Correr serait comparable & celle des petites bottes, rectilignes et carrées, décorées d’une image de saint Démétre, qu’on portait également en collier, mais qui — contrairement a la botte de Venise — contenaient quelques gouttes d’une huile sanctifiée par le contact avec le corps du grand martyr de Thessalonique. Il est possible que V’objet de Venise ne remontait sainte Marina que par sa forme qui rappelait sommairement l’arme dont elle se servit pour terrasser le diable. Les quelques groupes d’amulettes et apotropées byzantins du Moyen Age que nous avons pu réunir, dans cet article, ne comprennent sdrement pas toutes les catégories d’apotropées confectionnées & Byzance au Moyen Age, et encore moins toutes les piéces de ce genre. Il y en a certai- nement d'autres, qu'il aurait été intéressant de joindre & celles que nous avons relevées, et qui nous ont échappé. Notre essai contribuera peut-étre & les faire connattre et rendre plus compléte notre information sur un aspect particulier de la piété byzantine. Google TABLE DES MATIERES Avant-Propos par Paul Lévy et Etienne Wourr ...............--+6+ André Bangav. Le bouddhisme antique et le martyre Paul Demtévitie. L’iconoclasme anti-bouddhique en Chine. Daniel Annaup. Assurbanipal et le dieu Naba : un nouveau témoignage Jean Kanic. L’origine ezilique de la synagogue ... Jean de Menasce. Vieuz-perse « artdvan » et pehlevi « ahrav ».. Philippe Gionoux. La signification du ooyage extra-errestre dans l'escha- tologie mazdéenne . Marie-Louise Cuauaonr. A propos d'un édit de pais religieuse d'époque sassanide . Henry Coain. Une liturgie shi'ite du Graal : Jean-Pierre Vernant. L’union avec Métis et la royauté du Ciel ....... Marie Detcourt. Utrumque-neutrum .. Pierre CuantnAine. Hermés Géndiolds. Apropos de Callimague, tr. 199 (Peiffer) . Ugo Brancur. L’orphisme a existé Pierre Bovanct. Le Dieu trés haut chez Philon . Madeleine Petit. Les songes dans l'euvre de Philon d’Alezandrie . . André Caquot. Les enfants aux cheveux blancs. Réflezions sur un motif. Ernest-M. Larennousaz. La Mére du Messie et la Mere de U'Aspic dans les Hymnes de Qumrdn. Quelques remarques sur la structure de 1QH, HI, 1-18 Jean Dantévou. Le File de Perdition (Joh., 19, 12). : Mare Purtonenxo. Une tradition essénienne dans rEvangile de Bamabas Jean Mace. Klasma, sperma, poimnion. Le veu pour le rassemblement de Didache 1X, 4. Robert M. Grant. Papias in Eusebius’ Church History. ..... Binar Moutanp. Encore une fois Omnis Ecclesia Petri propinqua. Edit de Calliste ou édit d’Agrippinus ?.. 7 Jean Gacé. Le Sollemne Urbis du 21 april au III® siécle ap. J.-C. : Rites positifs et spéculations séculaires Marguerite Hart. Cadeauz de fiangailles et contrat de mariage pour Pepoue du Cantique des cantiques selon quelques commentateurs grece Google na 84 101 117 125 129 139 154 161 173 187 191 197 209 25 225 243 654 MELANGES D'HISTOIRE DES RELIGIONS Marie-Jostphe Ronveav. D'ot vient la technique exégétique utilisée par Grégoire de Nysse dans son traité Sur les titres des Psaumes?..... Jean Gaupemer. Histoire d’un texte. Les chapitres 4 et 27 de la décrétale du pape Gélase du 11 mars 494 .. Marcel Simon. Apulée et le christianisme . Robert Turcan. Une allusion de Plotin aux idoles cultuelles . Jan H. Waszink. La rapport de Calcidius sur la doctrine platonicienne de la métempsycose Jean Pépin. Merikéteron- -epopiikiteron (Proctus, Wi In Tim, 1, 204, 24. 7. Deuz attitudes exégétiques dans le néoplatonisme .... Pierre Courcente. L’dme au tombeau Les enseignements de Silvanos et Philon d’Alezandrie Jan Zanp: Annie Jaupent. Jean 17, 25 et Vinterprétation gnostique Antonio Onse. Sophia Soror. Apuntes para la teologia del Esptritu Santo André Méuat. ATIOKATAETAEIZ. chez Basilide Gilles Quisrex. Saint Augustin et ’Evangile selon Thomas . James M. Rosinson. Interim Collations in Codex II and The Gospel of Thomas ... Pierre Nautin. Les fragments de Basilide sur ta souffrance et leur inter- prétation par Clément d'Alezandrie et Origéne ........ Gershom Scnotem. Jaldabaoth Reconsidered. R. McL. Wuson. From Gnosis to Gnosticism Rodolphe Kasse. ¥ a-t-il une généalogie des dialectes coptes ?. Jules Leroy. Un feuillet du manuscrit copte 13 de la Bibliotheque Nationale de Paris égaré 4 Washington Roné-G. Goguin. Ler Vertus (APETAS) de I'Esprit en Egypte. Hang J. W. Dausvens, Mani und Bardaigan. Ein Beitrag sur Vorgetehishie des Manichdismus . Kurt Rupowen. Die Bedeutung des Kélner Mani-Codezx fiir die Manichdis- musforachung. Vorlaufige Anmerkungen ... Frangois Decret. Le Globus horribilis dans Pesca manichéenne, apres les traités de saint Augustin .... Paul Lévy. A propos de la Pentade et du dualisme manichéens Geo Wiencren. La Sagesse dans le manichéisme Antoine Guiutaumonr. Le bapiéme de feu ches les Messaliens André Vatant. Les « chrétiens » bosniagues André Grasan. Amuleties byzantines du Moyen Age Jean Mevenvonrr. L’hésychasme : problémes de sémantique . Paul Vicnaux. La philosophie médiévale dans « le temps de l'Eglise » . André Pézanp. Béatrice et les soupes d'Habacuc .. Georges Vasa. « Le pari de Pascal » dans un texte judéo-arabe du 1X® sidele Charles Touts. Hasday Crescas et ses paradoxes sur la liberté .........++ Jean-Paul Roux. Le jestin de fécondité chez les Tures .........c00000+ Google 263 289 299 307 315 323 331 337 347 355 365 375 379 4a 487 493 501 547 525 531 543 549 557 569 573 579 TABLE DES MATIERES Roger Bastipe. Une secte dahoméenne @ Porto-Novo : le Yehovisme .... Carl-Martin Epswan. « Le buisson ardent ». Contribution nordique @ la mystique de la lumizre C. Jouco Baska. Chance-Fate-Providence. Some religio-phenomenological reflections - Mircea Extape. Adam, le Christ et la ‘Manidvagore Michel Mestin. Pour une théorie du symbolisme religieux _ R. J. Zwi Wersrowsxy. The Authority of Religion...............--+ Bibliographie de Henri-Charles Puech, établie par Suzanne Lassier ... 1974, — Imprimerie des Presses Universitaires de France. — Vendéme (France) EDIT. Ne 33.072 peranct Rx FRANCE IMP, Ne 24 237 Google ITY OF V 585 591 601 614 617 625 631 Portrait de M. Henri-Charles Purcn I IL, I Iv. v. VI VIL. VU. TABLE DES ILLUSTRATIONS . Paris. Copte 13. Le Christ ... . Washington. Les Quatre Evangélistes .........000.00065 . 4, Amulette autrefois a Gotha .................55 2. Amulette publiée par Ducange Amulette au Musée de 'Ermitage Amulette au Musée de I’Ermitage (Vierge et monstre) . Amulette au Musée de ’Ermitage Amulette autrefois au Trésor de la cathédrale de Suzdal (Les Sept Dormants d’Ephése) 4. Amulette avec le nom du démon 2. Amulette avec saint Nicétas Botte de Santa Marina. Musée Correr & Venise Santa Marina. Fresque & Parhanti en Moldavie Google IVERSITY OF Face pages 440 4a Entre pages 544 et 545 1, — Amulette autrefois & Got (C1. Keole des és une gravure ancienne 2, — Amulette publiée par Ducange (Cl. aprin Ducange) » Google UNIVERSITY OF VIRGINIA PL. IV Amule! Google AIBA ‘io BEINGS ee usée de 'Ermitage | monstre) Original from UNIVERSITY OF VIRGINIA PL. VI Pus Vil Amulette autrefois au Trésor de la cathédrale de Suzdal Les Sept Dormants d’Ephése) (Cl. Beole dex Hautes Bludes) viatzes by Google UNIVERSITY OF V Pr. VIII 5 Amulette ai UNIVERSITY OF VIRC Google PL. IX 1. — Musée Correr a Venii Intérieur de la boite de Santa Marina (Cl. Csvatdo. Bohm) a Venise. Vue latérale de la (Cl. Cxvaldo. Rohm) Google UNIVERSITY OF VIRGINIA Google

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