ll - METHODES EXPERIMENTALES.
Les techniques expérimentales qui permettent 1a détermination des
fonctions thermodynamiques, et l'évaluation du diagramme d'équilibre des phases
d'un systéme binaire et ternaire sont nombreuses. Les méthodes les plus
couramment utilisées sont la potentiométrie, 1a calorimétrie, I'analyse thermique
ou enthalpique et la mesure des tentions de vapeur, analyse par Rayons X des
phases en présence.
Il-1 La Potentiométrie
Principe
Les cellules galvaniques sont utilisées depuis longtemps pour déterminer
des propriétés thermodynamiques d'alliages ; de nombreux auteurs en ont donné
des descriptions détaillées par exemple : Kubaschewski Wagner
jue reste le méme, sa mise en
Si le principe de la méthode potentiomé
oeuvre est lige aux métaux étudiés et aux domaines de température balayés. D'une
fagon générale, la mesure s'effectue grace a une pile de concentration dont le
schéma de principe est le suivant :
() Atmétal pur) | A™* dans Electrolyte | AxBi-x *)
Dans ce schéma, A représente le métal le plus électropositif et constitue le
pole négatif de“la pile, x est Ia fraction molaire de A dans I'alliage AxBy.x, péle
positif de la pile.
Cette méthode permet de mesurer activité du constituant le plus
Electropositif (ici A) dans alliage.
Les montages expérimentaux peuvent étre trés différents : ils dépendent de
la nature de I'électrolyte, celui-ci étant solide ou liquide selon la température ;
Vélectrolyte peut étre a base de glycérol, de mélange de sels fondus, d'oxydes
(verre, céramique) ou encore constitué d'un monocristal d'halogénure dopé.
Dans une pile, la force électromotrice mesurée caractérise la tendance du
métal le plus électropositif & se transformer en ion (A ---> AP* + ne") jusqu’a
Egalité des potentiels chimiques de ce métal dans l'état de référence (métal pur) et
dans alliage.
La méthode potentiométrique, pour étre utilisée, exige que certaines
conditions soient remplies= la pile ne doit étre le siege daucune réaction d'échange (réaction de
déplacement),
= la tension de vapeur des constituants doit rester assez faible dans
Vintervalle de température exploré de manitre & ne pas modifier la composition de
alliage de fagon notable,
- les potentiels de réduction des métaux constitutifs de I'alliage dans
Vélectrolyte choisi doivent étre suffisamment différents.
Dans ces conditions, si on néglige le travail da a la variation de volume, le
travail électrique produit par une transformation réversible - a température et
pression constantes - est égal a la diminution d'enthalpie libre du syst?me. Si la
pile est le sitge d'un transfert de n moles d’électrons, nous pouvons écrire :
NPE
Wetec = Arev.GA,
F = constante de Faraday = 96487,4 C.mol!
+ ¢ £ = fem. de la pile, mesurée en Volts,
Ga = enthalpie libre molaire partielle de A exprimée en Joules par mole.
La condition d'égalité des potentiels chimiques permet d'écrire
ArevGa =-F.E = RTInaa
d'ot la possibilité de calculer I'activité du constituant A: aq =e MFE /RT)
a(AmixGa)
En tenant compte de la relation: - Sr AmixS A
nous atteignons ['entropie molaire partielle de A
\E
AmixS a= nF. CE).
Sachant que pour une transformation isotherme AG ='AH -T.AS, il est possible de
déterminer la variation d'enthalpie molaire particlle de A qui accompagne ce
transfert:
Amix A = AmixGa + T-AmixS A
e128) -£)
Il est donc possible d'obtenir par potentiométrie I'activité, puis avec une
moindre précision, les autres grandeurs partielles de formation du constituant A.Par intégration de équation de Gibbs-Duhem ces valeurs nous permettent en
général de déduire les grandeurs partielles de formations des autres’ constituants
ct, de 1& les grandeurs intégrales. L'intégration de Gibbs-Duhem, aisée pour un
systéme binaire devient beaucoup plus délicate dans le cas od le nombre de
constituants augmente et s'avére vite impossible, si ce n'est dans des conditions
particulitres.
Quand alliage binaire ou temaire étudié s'y préte, la potentiométrie est
utilisée au laboratoire complémentairement & 1a calorimétrie. Ainsi nous
obtenons, par deux méthodes expérimentales totalement distinctes, les variations
de enthalpic partielle H®j d'un constituant, ce qui conduit dans certaines
conditions & Venthalpie intégrale de formation de I'alliage formé. De nombreuses
Gtudes ont été publiées sur ce sujet par notre équipe de recherche [26,27,28,29]. Le
montage le plus souvent utilisé est celui congu par Vassiliev [30]. L'électrolyte
623 K).
Pour pallier le probléme de T'interaction électrode-électrolyte, I'écart entre
liquide est le plus souvent le mélange eutectique LiCI-KCL fondu. (Trus
les potentiels normaux dans I'électrolyte formé du mélange LiCI-KCI a Ia
composition eutectique des différents métaux constituant V'alliage doit étre aussi
important que possible.
Pour les alliages qui font l'objet de ce présent travail, nous donnons les
potentiels normaux des métaux dans LiCI-KCI liquide proposés par Laitinen [31] :
Agtlag 0911 V
Bist Bi -0,844 V
- In3+fn -1,352V
sn2+/Sn -1,346 V
Ni2+/Ni -1,104 V
Sb3+/Sb -1,019V
Appareillage et méthode
Méthode de synthdse des alliages
£ Les métaux, de haute pureté, pesés avec une précision de 10-5 g, ont é&é
placés dans des ampoules en quartz, scellées sous pression réduite (0,1 Pa). La
masse totale de chaque alliage est dlenviron 1,6 g et les compositions de Valliage
sont caleulées a partir des masses pesées de chaque élément. Ces alliages sont
synthétisés & 823 K dans un four, pendant 48 h, puis refroidis lentement jusqu’d la
température ambiante.
La masse des lingots différe de moins de 1 mg de la somme des masses des
éléments ce qui correspond a une incertitude de. l'ordre de 0,06% sur lescompositions. Pour les mesures de forces électromotrices nous avons toujours
utilisé les lingots entiers.
Préparation de 'électrolyte (Méthode de V. Vassiliev)
Dans ce travail nous avons utilisé : KCI + LiCl, la composition et 1a
température de fusion de T'eutectique
Eutectique(% en masse ) : 46,0 % LiCl + 54,0 % KCI
1625
est Ia suivante :
Tfas /K
Sa préparation nécessite deux étapes
1- Préparation des sels secs
La déshydratation préalable
le sel est séché sous pression réduite pendant
du chlorure de lithium a été effectuée de la
manigre suivante 30 heures sans
chauffage, ensuite le mélange eutectique est A son tour desséché de la méme fagon,
puis chauffé progressivement sous pression réduite jusqu'd 1a température
d’environ 473 K pendant une semaine.
2- Préparation des lingots salins
Nous introduisons le mélange des sels déja desséchés dans un vase en quartz
placé dans un four a la température de 873 K.
Une fois la fusion atteinte, nous faisons barboter du chlorure d'hydrogéne
sec & travers I'électrolyte fondu. Ce gaz passe par un tube contenant de la zéolyte
qui permet de piéger les traces d'humidité. Apr’s avoir terminé le barbotage de
HCI nous observons a disparition partielle de la coloration jaundtre qui est liée &
L'électrolyte ainsi préparé, parfaitement
la dissolution de HCI dans I'électrolyte.
transparent, est conservé dans une ampoule en Pyrex scellée sous vide.
Cellule électrochimique
‘Au cours de ce travail, pour T'intervalle de température de 583 4 803 K nous
(Figure 1-5) de diamétre 50 mm et de
avons utilisé une cellule électrochimique
Les sorties du courant sont
hauteur 100 mm, od sont soudées les électrodes.
constituées de fils inattaquables, c'est-A-dire inertes chimiquement vis-a-vis des
Electrodes et de 'électrolyte. Nous utilisons le plus souvent des fils de métaux tels
que tungstdne, molybdéne, platine, niobium ou tantale, Le fond de la cellule
comporte des cavités a I'intérieur desquelles sont placées les alliages a étudier et le
métal pur. Ala sortie supérieure de Ja cellule est disposée une cellule annexe qui
est destinge a recevoir I'électrolyte solide sous forme d'un lingot. Pour remplir 1a
cellule avec Mélectrolyte, nous faisons fondre ce lingot sous pression réduite (0,1
bs
le
et
a
+ possible
ympagne
wis aver
constituaPa), nous soudons le col de la cellule ct nous la transférons immédiatement dans le
four .
électrolyte
thermocouple
a
q
fi] en tungsténe
BS
vase en
pyrex ou
en quartz
alia: ee électrode réference
Fig. 1-5 : Cellule électrochimique réalisée par Vassiliev [32]
Le_four
Il comprend un tube en céramique sur lequel est bobiné une résistance en
Kanthal qui fournit un chauffage continu commandé par une régulation assurée
par un systéme électronique .
Dans le four se trouve un conteneur cylindrique en acier inoxydable qui
joue un double réle := meilleur conducteur thermique, il homogénise la température et amortit les
variations de cette dernitre dues a la régulation
~ protdge le four dans le cas d'un incident de Ia pile en Pyrex .
Utilisation de la pile
La cellule expérimentale contenant les alliages métalliques, I'électrolyte, les
€lectrodes et le thermocouple central est glissée dans la gaine préalablement
placée dans le four et portée 4 523 K environ afin d'éviter tout choc thermique ; les
électrodes et le thermocouple sont reliés 'unité de mesure.
La pile est chauffée a une température supérieure a celle de la fusion des
références et des alliages. L'homogénéisation de ceux-ci est facilitée en agitant
Tegérement les fils de contact.
Précision
La mesure des f, e. m. est réalisée a température constante toutes les 30
minutes A'aide d'un voltmétre & haute impédance qui ne laisse donc passer q'un
courant trés faible, ce qui permet de conserver a la pile sa réversibilité. Cette
dernigre est contrélée lors d'un certain nombre de mesures qui opposent a la force
Electromotrice de Ia pile une force électromotrice égale et de signe contraire
délivrée par une batterie et un pont potentiométrique utilisant une pile étalon, Les
valeurs de la f. €. m. ne sont acceptées que lorsque la différence entre deux valeurs
est tres inférieur & 0,01 mV a température constante.
W-2La éalorimétrie
Principe
La détermination de la fonction enthalpic de mélange d'un systéme
nécessite la synthése, dans Ie calorimatre, de-nombreux alliages de composition
différente. Ce travail serait fastidieux si nous ne faisions pas appel A une méthode
qui, d'une part, diminue le temps de mesure et d'autre part, tient compte des
conditions matérielles (atmosphére, volume utile, nature des _creusets...) La
complexité du probléme ne fait que croftre avec le nombre de constituants de
Yalliage & étudier.
Dans la plupart des cas, les mesures calorimétriques sont effectuées a
pression constante que nous assimilerons a la pression de référence (P° =105 Pa),
approximation acceptable pour I'état liquide : 1a quantité de chaleur mise en jeu
correspond alors & une variation d'enthalpie de référence (Qp = Smix # *m).La formation d'un alliage binaire [A+B] liquide a température expérimentale
et A pression constante, a partir des corps simples A ct B liquides & cette méme
température - état pris comme état de référence - est symbolisée par :
NAA () + npB (1) > AnaBng (1)
od nA et mB sont les quantités de matitre exprimées en moles de chaque corps
simple.
L'accroissement d'enthalpie AmixH %m lors de cette réaction de formation du
systme binaire est défini par :
AmixH °m =04.(H a -H a") + 0p. B- HB")
Ha,H 8, sont les enthalpies molaires partielles de A et B dans le binaire tandis que
Ha*, Hp", sont celles de l'état de référence.
La formation d'un alliage An costituants, a pression constante, partir des
corps simples liquides & la température expérimentale est représentée par :
naA @) + npB (@) + ncC 0) + + aM > AngBagCnc™ May ()
L'accroissement enthalpique créé par la formation de J'alliage pluraire & partir
des corps simples est :
AmixH °m= 2] mi (Hi - Hi")
L'enthalpie étant une fonction d'état, sa variation est indépendante du
chemin suivi pour passer de M'état initial (corps simples) 2 W'état final (métaux
alliés).
Liaccroissement d'enthalpie qui accompagne la formation de alliage & 0
constituants peut done s‘obtenir par d'autres chemins, par exemple, celui qui passe
par la formation successive des alliages binaire, ternaire, .. (n-1) constitués, a
constitués.
Les accroissements d’enthalpic AmixH ; . caractérisant Ia formation des
systtmes inférieurs peuvent étre d&terminés, puis celui correspondant & 1a
formation du sysi8me plursire (AmixH? ) sera la somme des AmixH ; » mesurés
précédemment.