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3. Les principales méthodes et leurs techniques de construction des observables 3.1, Ltobservation participante (Philippe Blanchet) Lrobservation participante est une méthode principalement issue du champ de Pethnologie (Cuisenier, 1993 ; Lombard, 1994) of elle est largement pratiquée, no- tamment pour accéder aux pratiques langagiéres au sens large (Copans, 1998). C'est la méthode fondamentale de toute recherche ethnographique, qualitative, de type empi- rico-induetive done (g- partie A chapitre 1. 2). J. Gumperz en fait un préalable & toute recherche sociolinguistique ct éducative (Gumperz, 1989: 112 ct 162). Ce type denquéte consiste a eéaliser des observations en participant soi-méme aux situations authentiques qui les produisent, en contextes spontanés, hors de toute situation expli- cite et formelle d’enquéte. Selon le degré de connaissance du erruin (au sens complexe défini au chapitre 2) et insertion dans la communauté observée, les modalités de observation varient, progressant par palicrs successifs vers une participation accrue et directe aux échanges. On distingue parfois & cet égard obsernution partiipante (avec faible implication participative) et participation observante (avee forte implication participative). Cela peut soulever un probléme éthique (comme toute démarche de recherche), car cela implique une stratégie d’évitement de Pexplicitation trop précise du motif de la participation, quand celui-ci ne va pas de soi. En général, le chercheur est deja, au pri alable, impliqué dans le terrain car est le cas le pl participante et 4 toute recherche ethnographique, tel un enseignant qui fait une cherche sur les choix de manuels dans son institution ou sur les interactions verbales entre apprenants dans les classes de ses collégues. Mais quand ce n’est pas le cas, ill faut évidemment donner une raison & la fois crédible et honnéte de sa présence mais qui ne pas précisément ni la lement observé. favorable 4 Pobservation arche de recherche ni ce qui va étee principa: se présenter con un stagiaire se préparant au métier Penseignant et venant observer Ia pratique effec- tive de cette profession en situation concréte. La plupart des chercheurs étant également ou aspirant également & étre enseignants, Pexplicitation est honnéte. Mais elle ne dit pas que parmi tout ce qui est observable dans cette perspective, Pun des phénoménes qui y est inclus fera Pobjet dune attention privilégiée. Et lorsque Pon. Passe, ensuite, comme c'est presque toujours le cas, A une phase de recherche explicite par entretiens, questionnaires, etc., on doit alors préciser ce qui a retenu Pattention au premier chef. Lexplicitation de la démarche est donc progressive mais réelle et Panonymat garanti aux témoins renforce le respect qui leur est dé. Les témoins sont 1 exemple banal dans notre domaine consiste 74 [Les principales chores et leurs techniques deconstruction des observables des acteurs et pas seulement des « informateurs », ne sont pas des « cobayes » mais de véritables praduitenrs de savoirs Les avantages de ce type d’engueétes sont nombreux et particuligrement efficaces en. termes scientifiques (Blanchet, 2000 ; Juillard, 1999). II permet de réduire au maximum le paradoxe de Pobservateur (la présence de Fobservateur modifi les pratiques qu'il sou- haite observer), puisque le témoin ne se sent pas observé; il permet en outre dintégeer Panalyse ct Passumer les effets produits par le sujet-chercheur dans son interaction avec les témoins, de compares les pratiques par rapport au discours sur les pratiques ; il permet d’enquéter de Pintéricur des situations étudiées(s) et done observer des phénoménes habituellement peu perceptibles pour des regards ex sicurs. En revanche, Pobservation participante présente certaines limites : la difficuleé enregisteement des faits observés par de simples notes a la volée (la présence Wane caméra, ’un micro ou méme dun simple calepin n’étant pas feéquente dans les situ tions de communication usuelles ct les enquétes A apparcil caché étant déontologiquement discutables) ; Vimplication personnelle de Pobservateur, qui peut parfois induire une perception te’s orientée des phénoménes sans recul ni métaposi- tion suffisante ultérieurement (a Panalyse) ; Jes dimensions réduites Pun terrain qui, certes riche de la complexité des paramétres observés finement et en profondeur dans leur contexte, ne permet pas nécessairement une siguficativité voire une représeatativité (si tant est que Pon tienne & cette perspective) suffisante Cest la raison pour laquelle peuvent étre utiles des procédures de distanciation, de comparaison et de contre-vérification par d'autres types denquétes (semi-directives et directives) qui permettent des traitements comparatifs voire quantitatifs. 3.2, Enquétes semi-directives et directives avec ou sans entretien (Philippe Blanchet) Ces deux types Penquéte partagent la caractéristique fondamentale d’étre organisés, prés en tant qu’enguétes explicites. Le chercheur travaille sur la base Pune sume dentrction ow Cun questionnaire pré-tabt, interroge Vinformateur et recueille ouvertement les réponses, par enregistrement ou par écrit, de sa part si Cest un entretien, de celle de Vinformateur si c'est un questionnaire (Br 1999). La différence entre enquéte semdiretive et enquéte directive tient dans la formulation des questions (et souvent dans la fagon de poser ces questions) : Penquéte semi- directive est constituée de questions ouvertes auxquelles Pinformateur peut répondre tout ce quiil souhaite, de préférence lors d’un entretien ou parfois sur questionnaire écrit, Penquéteur se contentant de le suivre dans le dialogue (y compris si Yon s’écarte de la question pendant un certain temps) ; Penquéte directive est constituée de ques- tions fermées dont les réponses sont prédéterminges et entre lesquelles, pour une question, Finformateur n’a qu’un choix limité (ane administration par écrit est souvent suffisante). Les entretiens non directif: celevent plutot d’échanges spontanés en situation observation participante, encore que la non directivité absolue semble impossible intés et réalis 's auprés des informateu Les principales meéthodes et leurs techniques de construction des observables | 75, méme dans ce contexte. Des cas de figure intermédiaires peuvent se répartir sur un continuum fentretien non directif (ouvert) <-> questionnaire directif (fermé)}. Liintérét_majeur de ce mode de construction des observables est la collecte dinformations attendues, estimées nécessaires i la compréhension du cas étudié, selon. un cadre plus ou moins précis qui permet Paddition et le sraitement quantitaif des obser- ables cecucillis aupsés de différents et pasfois informations préalables sur les caractéristiques sociologiques (dans notre domaine, surtout sociolinguistiques) des informateuss (Age, origine, profession, langues, etc.), qui permettront détablir d’éventuelles corrélations avec certaines réponses, ainsi que @établic un éventuel échantillonnage statistique (y compris 4 partir d’un enteetien se- mi-directif, car les informateurs proposent en général des réponses regroupables en types communs par la méthode des classes d’équivalences). On peut choisit ses inform: teurs, si ’on pense qu’il est important @’équilibrer variables et invariants (par exemple, sion fa ige, on garde la méme localisation, etc.), et sachant qu’il est toujours important de ne pas se limiter au type d’informateurs que le chercheur se représente a priori comme symptomatique de ce qu’il recherche (s artificiellement ses idées préconcues). Enfin, Ventretion semi-directif permet également de recueillir du discours, du matériau linguistique plus autonome sinon plus spontané que lors de réponses fermées (en tenant compte de la situation dentretien), nombreux témoins. On recueille des varier la tranche 3 non, il confirme La difficulté principale de ce type denquéte est double: premiérement, le pré établissement du questionnaire induit des réponses, notamment dans le cas de Penquéte directive oti méme les réponses sont préparées (démarche & tendance hypo- thético-déductive) ; on reproche souvent 4 ce genre d’enquéte de refléter davantage les représentations a priori du chercheur que celles des informateurs : nous avons tous fait Pexpérience de notre insatisfaction lorsque nous avons dii répondre ce genre de questionnaire (dans des sondages notamment) ; deuximement, la situation explicite et plus ou moins formelle de Penquéte développe des attitudes et discours @ajustement di fénoin 3 cette situation méme et & Venquéteur (paradoxe de Pobservateur) ; le témoin, parfois réduit au sdle @informateur, est ainsi conduit & présenter de lui la facette qui lui semble le micux convenir au rdle social quill joue, & proposer des réponses qu’il présuppose attendues par lenquéteur, sollicitant méme souvent de ce représentant institutionnel du « savoir » la confirmation quil a effectivement fourni «la bonne sé ponse ». Ces biais méthodologiques peuvent toutefois étre atténués par des préalables essentiels pour en atténuer les inductions et les lacunes (Blanchet, 2000). La succession des Etapes méthodologiques offre de bonnes possibilités. Le probléme du biais introduit par le pré-établissement des questions peut ainsi étre atténué de deux fagons. Lane, méthodologique, en faisant se saceider les enguétes dans Pordre participante > semi- directive > directive > interprétation comparative. Les questionnaires sont alors fon- ds sur des indices recueillis sur ferain (et non dans les spéculations du chercheur), de facon de plus en plus cadrée. Les enquétes & caractére plus ou moins directif ne viennent alors que contre-vérifier sur des échantillons plus larges d’informateurs la portée plus générale des observations recueillies par interactions participantes. En. outre, Ia comparaison entre les divers résultats recueillis par les différents types 76 | Le principales mithodes eters tecnigues de constrvtion des obeeble denguéte sur un méme terrain ou sur des terrains différents (mais comparables) met en lumiére les éventuels effets d’orientation des réponses induits par le mode observation ainsi que les spéecificités frappantes du cas examiné. Le recours 4 une documentation générale présentant des données globales (historiques, sociologiques, etc.) contribue a cette démarche et fournit des points de repéres essentiels a la contex- tualisation des faits observés *: le chercheur peut alors croiser les informations, les renvoyer en interrogations complémentaires auprés des témoins, dégager une interpré tation, Tenir compte de effet d’interaction ct du contexte, Cest également poser des questions Pabord indirectes : il est plus facile de faire parler les gens sur les autres que sur cux-mémes et de contourner ainsi les accommodations personnelles du témoin 4 Fenquéteur, qui aménent le témoin 4 se présenter au chercheur tel qu’il suppose que le chercheur le souhaite (on lui répond ce qu’on croit qu'il attend pour lui faire plaisir ou ce qu’on croit convenable de dire dans cette situation). C’est surtout ne pas imposer de catégories et de désignations préconcues mais faire émerger celles de Pacteur social pour les réutiliser et éventuellement les confronter ultérieurement & dautres. Des questions se recoupant et se contre vérifiant permettent de déceler les paradoxes, os- tentations et dissimulations dans les réponses. L’utilisation de questionnaires élaborés par d’autres chercheurs, avec ou sans adaptation selon le besoin, permet également de réduire le manque de mise en question critique du chercheur hyper-spécialisé et trop impliqué sur un terrain, Une autre forme eatténuation des biais est possible en considérant que Pessentiel visé est la pratique entre les acteurs sociaux dans sa relativité au contexte spécifique de Péchange langagier. Et ceci qu'il Sagisse des conversations du vécu « ordinaire » ou du dialogue cherchenr/témoin, en ce sens que la rencontre des subjectivités, Fintersubjectivité, est le meilleur garant contre la subjectivité unilatérale (au mauvai sens du terme). Or une enguéte directive laisse une place énorme a la parole du sujet enquéteur et une place minime A celle du sujet informateur, contraint de se fondre dans le cadre précongu par lenquéteur. En fait, toute théorie interprétative (dite aussi herménentique', of, pastie A chapitre 2) est nécessairement fondée sur une démarche interactionnelle (dite aussi dialagique)'. C’est bien par Pexamen prioritaire de la com- plexité de diverses situations contextualisées que Yon tend vers une vision plus générale, laquelle n’a dintérét scientifique et social qu’en tant qu'elle permet de com- prendre, de prendre en compte et de résoudre éventuellement des problémes cflectivement vécus sur le terrain par les acteurs sociaux, dans leurs dimen crétes et situées. ‘ions con- © Voir : Contestualiser les savoirs en dldactique des langues et des cultures (JC. Beaceo). 4 Voir : Les vicissitudes et tribulations de « Comprendee » : un enjeu en didactique des langues er cul- ruses? (D, de Robillard) *© Voir: Liéchange avec les acteurs comme méthode de produetion de données pour la recherche sur enseignement / apprentissage des langues (P. Chardenet). Les principales meéthodes et leurs techniques de construction des observables | 77 3.3 L’échange avec les acteurs comme méthode de production de données [entretiens et groupes de discussion] (Patrick Chardenet)"° Les situations denseignement/apprentissage des langues, contextes dans lesquels elles se supports de cette activité ploient entre la salle de classe et Ia so- ciété qui les oriente et les gére 4 travers des appareils publics ou privés, constituent des terrains de recherche sur lesquels le chercheur pourra faire le choix méthodologique de s‘intéresser aux acteurs comme producteurs de données qu’il soumettra a Panalyse (Derivry-Plard, 2005 ; Gautheron-Boutchatsky, 2005). Cette contribution intégre différents types déchanges entre le chercheur et les acteurs impliqués (apprenants, censeignants, parents, responsables pédagogiques, directeurs d’établissements, cadres de systémes éducatifs...) par les activités directes d’enseignement/apprentissage, ou par les activités dorganisation au sein d'un établissement, d'un réseau, d'un systéme éducatif. 3.3.1. Les fondements de Pentretien dans les recherches du domaine Mis au point et exploité dans divers champs disciplinaires des sciences sc Pentretien appliqui recherche et aux objectifi qu'elle vise. Qu’il soit libse ou dirigé, individuel ou collectif, Pentretien pour la recherche représente un modéle d’échange qui sinscrit dans une perspective épistémologique dialogique (Todorov, 1981; A. Blanchet, 1989; Moscovici et Buschini, 2003; Markowé, 2003). Il entend favoriser Pémergence interactions, qui permettent au sujet de mettre en scene des dialogues multiples et des discours sociaux auxquels il participe en tant qu’interlocuteur. ce domaine, doit étre adapté 4 la spécificité de Pobjet de Faire usage de Pentretien non directif ou du groupe de discussion, Cest choisir entrer en contact direct et personnel avec des sujets pour obtenir des données de recherche. Cest considérer qu'il est aussi pertinent de sfadresser aux individus cux- mémes que @’observer leur comportement ou dobtenir une opinion ou une autoéva- luation a Paide de divers questionnaires. Les conditions de Pentretien et la position de Pinterv (Bourdieu, Chamboredon et Passeron, 1983) mettant en avant le caractére artificiel quill peut avoir, en retrait des situations vécues, et la subjectivité induite par le niveau plus ou moins grand Pintervention*”. Mais elles rencontrent également les analyses de la subjectivité dans le langage impliqué dans les échanges sociaux (Chardenet, 1999). La problématique de Pévitement de la subjectivité en évaluation comme dans Fentretien, ne peut étre assumée par de simples techniques qui alourdissent les condi- tions de fonctionnement sans rien pouvoir changer au fait que toute activité humaine ont fait Pobjet de critiques © Les termes suivants sont définis dans Pindex norionnel et factuel: analyse des données (de recherche), corpus (de recherche), entretien (de recherche) directif, semi-directif, non-dlirecif, groupe focus. © En formation a la recherche, la collecte de données comparables confiée simultanément a plusieurs interviewers permet d’observer des differences individuelles dans leur aptitude a recueillie V'nformation. + peuvent ensuite fare Pobjet d'une analyse critique. Cette démarche peut également éize utiisée lors Pune pré-enquéte préparatoire dans une équipe “TB | Les principales michodes et leurs techniques de construction des observables reposant sur du langage est foncizrement engagée par Pactivité langagiére et la pré- sence de subjectivemes, terme qui définit les unités linguistiques porteuse de subjectivité (Kerbrat-Orecchioni, 2002 ; Pastor de la Silva, 2000). A partie d’un article ancien de ‘Tzvetan Todorov (Lodorov, 1970), Raluca Balatchi Balatchi, 2005), montre comment le je engendre deux types de discours, personnel / impersonnel, en fonction dune valeur indicielle affectée au pronom. Le discours personnel se caractérise par la présence active de deux interlocuteurs (/e/), ce qui en fait un discours-action ot Pénoneé se confond 4 Pénoneiation, Dans le discours impersonnel, il y a absence d’action, on ne fait généralement que se souvenir, ou raconter ; je est pas le je qui pasle bien qu'il Sagisse d’un seul locuteur et Pénoneé se sonnel pare de Pénonciation. A Ia différence du discouss impersonnel, le discours pes utilise un je A forte valeur indiciclle. Rendre une valeur indicielle égale 4 2ér0, cement du locuteur en parlant de soi comme un i, en remplagant Pagir par un dire, en se détachant de sa subjectivité. Cette distanciation de soi est-elle techniquement réalisable ? On peut en douter dans la mesure ot méme le dire est de Pagir. Chercher a faire disparaitre la subjectivité dans Pactivit de faire disparaitre le langage méme. Or Pentretien de recherche se caractérise selon le modele (de directif & non-directif), par le principe du récit de vie 4 forte implication de je evaluatit (bien/ mal ; juste] injuste ; bean laid ; correct] incorred ; grand/ petit; long) court; _gras/ mince, réussi{échoué...) et Pune participation active ou passive de la personne qui conduit Pentretien (Pinterviewer), qui peut conduire la nécessité utiliser une approche A la fois passive et active (Wichroski, 1990) seviendrait 4 Vel ‘aluative, c'est tenter La problématique de la subjectivité est peut-étre une fausse piste, un débat inutile qui conduit & tenter de se défaire du discours par la technique (décentration de Pinterviewer hors du contexte qui se faisant risque de laisser échapper des indices ; échantillons représentatifs des populations de sujets dont les critéres multiples ne peu vent que conduire & considérer que chaque individu est unique, niant renvoyant ainsi le sujet collectif au sujet psychologique). Lravantage de la recherche dans le domaine social du langage que représente Penseignement/apprentissage des langues, est de pouvoir disposer des outils théo- siques et techniques de la connaissance du langage. Ici, la distanciation s’obtient par la conscience de la subjectivité du langage et par son traitement analytique dans le dis- cours analysé, et dans la compréhension de interaction socio-langagiére dans laquelle Pinterviewer agit. On peut ainsi définir Pentretien comme une interaction verbale avec tun objectif spécialisé préalablement posé par Pinterviewer, & travers le canal direct de la relation de face ou les canaux médiatisés de Ia relation virtuelle, qui le différencie @une discussion courante. 3.3.2. Typologie des entretiens Lientretien peut viser 4 rechercher de information (investigation), & produire des données pour la recherche scientifique, 4 aider ou 4 orienter autrui (orientation, forma- tion, pédagogic), & soigner (thérapie). Il est done nécessaire de bien distinguer ces r6les, particuligrement lorsqu’un professionnel (thérapeute ou enseignant), travaille en position de chercheur sur son propre terrain. Les principles thoes et leurs techniques de constuction des obserenbles | 79 Pour la recherche dans le domaine de Penseignement/apprentissage des langues, la typologie des entretiens est variée selon que on considére les domaines application, les objectifs ou encore les méthodes utilisées par Pinterviewer. Un type d’entretien est fondé sur Ia méthode mise au point dans un cadre thérapeu- tique par le psychologue Carl Ransom Rogers (Rogers, 1968), autour des notions centrales de non dircctivité et d’empathie. Les premiéres expériences non directives ont commencé avec Kurt Lewin et son équipe dans les années 1960 (T-group Theory and Laboratory Method). Mais la notion de non diteetivité revient a Rogers qui Pavait définie dés 1942, Il est centré sur la personae et son rythme ct Vinterviewer montre au sujet quill saisit parfaitement ses références, les composantes émotionnelles de son compor- tement et de son discours au point de sidentifier a lui. La confiance ainsi posée stimule une interaction tres forte qui ne stexprime que par des acquiescements, des reprises sans reformulation interprétative. A Pautre bout, lentretien directi avec un questionnement préalablement structuré me serait le questionnaire avec questions fermées, qui a’implique pas la présence de interviewer. Et entre les deux, Pentretien guidé, ou semi-directif, & partic dont Vest cet traité une liste d’items plus ou moins larges en fonction de la problématique librement par la personne interviewée. Cest aussi la problématique qui guide le choix de Foutil. La recherche sur Vexpérience du sujet (apprenant, enscignant, directeur, parent, client, employé...), fait appel au récit de vie que la non directivité stimule, tandis que celle sur le savoir du sujet peut ren- voyer aux outils sous forme de questionnements, voire de questions si Yon recherche expression dune opinion pour faire émerger des catégories permettant de construire des faisceaux de représentation, La durée de Ventretien non directif qui met en évidence empathic constructive entre le sujet et Vinterviewer est en général d'un strict minimum d’une demi-heure. Le maximum relevant de la qualité de Pobjet d’étude. I seste le type dentretien collectif qui s’applique & un terrain ot le sujet doit étre né- cessairement considéré dans sa relation 4 dautres sujets (le groupe classe, Péquipe censeignante, Pétablissement). Le groupe de discussion est utilisé pour étudier des pro- blématiques impliquant un niveau approche psychosociologique, sociologique ou cethnologique du suj tretien focalisé (focused infervien) a été initia- lement mise au point aux Etats-Unis par Robert Merton (Merton, Fiske et Kendall, [1956] 1990). Tout comme les enquétes opinion par sondages, les enquétes qualita- tives par groupes de discussion bénéficient du développement d a ligne autant pour faciliter Padministration de la mise en oeuvre A des groupes vari nombreux et élojgnés, que pour procéder & un traitement automatique des donné par logiciel®, Dans ce cas, cest la machine qui gére Pensemble des contraintes, ce qui peut conduite 4 imaginer que cela réduit la subjectivit La technique de I eavironnements é de Vinterviewer, Mais un ordi- © Voie Vasile de Michel Lobrot « Diteetvité et non — disectvité», dans Porepin, cmare, divi. (hep: / srw numeit/000034it_michel-lobrotphp, 05/08/09). © Voir par exemple : hip: //ww. greenfield com /content index btn £80 [Les principales mchodes et leurs techniques de construction des obserrbles nateur, des ordinateurs en réseau, un logiciel, ne sont que des outils construits qui as- semblent dans des algorithmes, des savoies et du langage, Cesta-dire, des réalisations de comportements ct de discours. Encore une fois, méme dans Vhybridation de Pinteractivité homme/machine/savoir, la subjectivité est un élément constitutif des liens vistuels et des interactions réclles. De une a deux heures, le déroulement du groupe de discussion animé par un intervie- wer se trouve en général plus réduit en ligne car la lassitude des participants est plus forte 3.3.3. Traitement du corpus, saisie et transcription, production des don- nées pour l'analyse L’analyse et le compte rendu d’analyse sont effectués a partir de Parchivage des pro- ductions selon chaque type (entretien : notes manuscrites, enregistrements sonores, cenregistrement vidéo, archivage électronique, toutes ces fagons de procéder ont demment un impact sur le processus de mise au jour du savoir. Mais Pobjet d'études doit également étre considéré pour choisis ou construire un modéle de transcription Quivy et Campenhoudt, 1995) ~ les travaux visant objet langue poseront le probléme de la transcription écrite de Poral selon des normes qui permettent la mise au jour a la fois de la plus petite unité de discrimination (phonéme), et de la plus large entre la phonologie, la syntaxe, la prosodic ; ~ les travaux visant Pobjet langagier poseront le probléme de la transcription Ecrite du discours oral avec sa syntaxe, son flux, ses ruptures de débit ; = les travaux visant les comportements (activité, pensée), des sujets poseront le probleme de la transcription écrite du discours oral comme précédemment, mais avec en plus, leur codification en rapport a des catégories sémantiques, Ce qui nous conduit a la problématique suivante de la mise en forme pour Panalyse. Le repérage et la codification des éléments de sens pour Vobjectif de recherche, dans le texte transcrit. Prenons exemple de Pentretien un sujet s’exprimant en créole. On = la transcription linguistique sur la base normalisée de la forme basilectale du eréole mais on prend alors le risque d’évacuer ce qui, dans le continuum linguistique, fait ressortir les variations dans la langue créole révélatrices appartenance sociale ou de désir d’appartenance sociale par exemple ; = une transcription technique capable de révéler des informations de nature sociolinguistique, anthropologique ou édueative. De la méme facon, la transcription du discours @apprenants dans la langue cible (en classe observée dans ses interactions langagiéres avec ses pairs et avec Penseignant, ou hors classe dans un entretien individuel ou collectif), devrait pouvoir constituer un Les principales méthodes et leurs techniques de construction des observables | 81 révélateur desreurs spécifiques du code oral, ou bien la formation de Vinterlangue transitoire si Yon se fonde sur cette approche de Papprentissage® (Corder, 1980), La phase suivante de production des données pour Panalyse est la mise en évidence des éléments de sens en fonetion des objectifs de la recherche. Le probléme posé est alors de réussir & isoler ces éléments pour leur donner une visibilité qui permettra en- suite de les intégrer comme exemples dans le texte de diffusion de la recherche (mémoie, thse, rapport, article). La saisie transerite des données peut étre faite 4 Paide d’un logiciel de base de données, cn saisissant d’un cété Videntification du ou des sujets interviewés et de Pautre : = les réponses aux questions, d’aprés les thémes du guide d’entretien dans le cas des entretiens directifs ou guidés ; - les cat themes, sous-thémes, descripteurs, arguments, contre-arguments), dans le cas des entretiens non directifs et des groupes de discussion, clon une hiérarchie 4 déterminer (ex : hyperthéme, Pour chaque hyperthéme, théme, sous-théme, descripteur, argument, contre argument, un champ numérique est créé pour Pénoneé fourni par le sujet interviewé et dans un champ de type alphabétique, on saisit les exteaits Pentectiens référents. L éments du corpus dont le contenu est jugé identique sont rangés dans la méme caté- gorie, et recoivent ainsi le méme code. Des outils logiciels sont aujourd’hui disponibles, qui permettent de créer des enquétes cn ligne en paramétrant des questionnaires en fonction des besoins (questionnaire is dividuel, panel d’échantillons). Les enquétes peuvent étre envoyées par courticl ou. affichée via un lien sur le web? du Mais PInternet offee également la possibilité pour le chercheur observer directement 4 distance, des situations de formation en ligne sur des plate-formes. Deux postures sont alors possibles : celle de Pobservation (le cherchcur n’intervient pas), et celle qui eléve de Vinteraction (le chercheur intervient en introduisant des facteurs destinés & produire des types de réaction). Deux modalités discursives Softrent 4 lui: se confor- mer aux. thémes, ues du rdle-sujet_quil emprunte (étudiants, caseignant, tutcus) ; introduire la provocation. On est alors 4 Popposé de Penquéte par entretiens non-directifs (Marcotte, 2001 ; Valastro, 2002). © Brat de langue intermédiaire selon SP. Conder. 5 Des logiciels sophistiqués sont disponibles sur le marché et peuvent faire Pobjer investissements pour des équipes de recherche. Mais il existe aussi des solutions simples et rapes hmitées & une centaine de sujets (bup://www.group-surveys.com/asp/common/defaultasp, 15/09/2000), ainsi que des logiciels libres et ouverts en ligne, comme le projet LimeSurvey qui peemet aux utlsateurs de exéer rapidement et de maniére intuitive de poissants questionnaires et enquétes en lignes pouvant recevoir les réponses de dizaines de millers de sujet (btp://does imesurvey-ory/, 15/09/2009). {82 [Les principales nichodes et leurs techniques de construction des obserrbles 3.3.4. Analyse des données L’analyse des données est Pun des éléments de la recherche qui conteibuent a la vérifi- cation des hypothéses ct/ou a Vétablissement de réponses au questionnement de recherche. De Panalyse d’un entretien unique au croisement des données de plusicurs centrctiens avec autres modes de production de données (observation, questionnaire, colligeage de textes), se pose la question de la formation théorique de Poutil analyse, ce in fait, du modéle interprétatif des éléments du corpus sélectionnés Selon la nature épistémologique des hypothéses : sociologique (Bourdieu, 1993) ; psychosociologique (Blanchet et Gotman, 1992) ; psychologique (Beaune et Réveillese, 1996) ; psychanalytique (Freud, 1953) ; sociolinguistique (Bres, 1999 ; Dumont et Calvet, 1999) ; ethnographique (Beaud, 1998) ; didactiques (Zarate ct Cain, 2005), les traits communs et les écarts, se distinguent entre des ca conceptuclles, représentationnelles. Deux instruments sont alors 4 disposition Panalyse de contenus et Panalyse de discours. La premiéze cend compte des relations hyperthémes, thémes, sous-theémes, descripteurs, arguments, contre-arguments en les rangeant dans des catégories interprétatives pré-construites. La seconde cherche 4 mettre en évidence & travers le matériau linguistique, In construction de catégories 4 travers les relations hyperthéme, thémes, sous-thémes, descripteurs, arguments, contre-arguments. factuelles, Tranalyse de contenu focalise sur la notion de théme qui constitue une affirmation sur un sujet, cest-A-dire un énoneé (expression, phrase ou phrase composée), sous lequel un vaste réseau de formulations singuliéres peuvent étre affectées. Le théme est identi- fié par le réseau et noté présent chez un sujet selon une densité, ct absent chez un autre : «Bin fait, le théme est Punité de signification qui se dégage naturcllement Pun texte analysé selon certains critéres relatifs & la théorie qui guide la lecture » (Bardin, 1993). L¥énoncé pris tel quil est n'est pas questionné dans sa forme ou seulement de facon secondaire. En revanche, l'analyse de discours interroge la formation linguistique des énoncés, leur ajustement lexical, syntaxique et testuel en tant que source de signification. On peut ainsi considérer qu’un champ sémantique lexical autour @’un théme sévéle une catégo- sie (analyse de contenu), mais Pinterprétation de Ia hiérarchie des termes dans une progression entre les différentes fagons de désigner un objet (réseau anaphorique de co-référence), ou de la higrarchie des arguments et contre-arguments (réseau argumen- tatif) quia @abord été travaillée par Panalyse propositionnelle* (Ghiglione, 1982), met cen avant des stratégies de discours. ‘Trés souvent, les catégories sémantiques que révéle Panalyse de contenu, semblent se télescoper sans qu’ soit vraiment possible de les distinguer les unes par rapport aux autres, comme le relévent certains chercheurs, ce qui interroge la méthode : © Ltanalyse propositionnelle du discours a été élaborée par Rodolphe Ghighone pour éiminer certains biais des analyses de contenus thématiques comme la définition arbutrure des unités de codage et le choos subjecf des catégories sémantiques @interprétation, Les principles thoes et leurs techniques de constuction des obserenbles | 83 «Nous avons bien entendu établi_ nos catégories dinterprétation de sorte quielles soient distinctes. Celles qui ne le seraient pas nous seraient de peu utilité (..). La question des frontiéres est particuliérement délicate dans une analyse de contenu, notamment dans une analyse de type thématique » (isambert-Jamati, 1970) «Une catégorie est un niveau de généralité variable : elle peut étre a ras du signifié qu’elle nomme, et dans ce cas, elle a perdu sa valeur de catégorie générale. Elle peut étre au contzaire tellement générale qu’elle n’a plus d’intérét pour lexploitation ultéricure du contenu ». (Mucchielli, 1998). La dénomination des eatégories et le schéma de leur réseau dans le corpus représen- tent la démarche essentielle de Panalyse de contenu. Les modalités de co: catégories représentent la démarche essentielle de Panalyse de discours. Le croisement des deux méthodes permet de donner un sens énoneiatif aux données produites et de les comparer, tout en disposant d’un carte des réseaux de catégories sémantiques, elles aussi comparables. truction des Des outils logiciels sont disponibles pour Pune ou Pautre des méthodes, qui sont utiles pour les gros corpus (tris 4 plats, tris croisés, analyse par strate, analyse multi variée). Mais Pexercice préalable de chacune en formation a la recherche, sur des cor- pus restreints, permet de conserver un point de vue critique et consteuctif sur la progression de la recherche, par une observation comparée de Panalyse mécanique et de Panalyse humaine. 3.4, L’analyse de contenu : exemple d’une communication pédagogique médiée par ordinateur [synchrone] (Samira Drissi, Christine Develotte)* Ce chapitee cherche & montrer les différentes étapes qui jalonnent une recherche fon- dée méthodologiquement sur Tanalyse de contenu. Les données pédagogiques qui serviront d'exemple A cette prise en main méthodologique sont issues de Tenseigne- ment en ligne synchrone. Nous entendons par li un enseignement & distance’ réalisé & partir doutils de communication synchrones du type MSN ou Séype. Avant dentamer la description de Tanalyse de contenu dans un contexte de didactique des langues, nous commencerons par un cadrage historique relatif & V'analyse de contenu. Nous © Le logiciel Tropes, par exemple, Sappuie sur une analyse morphosyntaxique, une analyse du lexique et des réseaux sémantiques (avec un éditeur dontologie), pour catégorser les textes gui lui sont soumis. IL peut fournir une extraction terminologique, une arborescence de la référence, une analyse chronologique du récit et les résultats sont présentés sous la forme de sapports ou de représentations graphiques hyper testes hirp://wwwaceti.fr/demo htm, 25/08/09). Une liste de logiciels pouvant servir & Tanalyse du discours et a Fanalyse de contenu est en élaboration sur Wikipédia (http:/ /fewikipedia.ong/wiki/ Analyse_du_discours, 28/08/08). 5+ Les termes suivants sont définis dans Pindex notionnel et factuel: mode ~ multimodalté, intervention, acte de parole, tour de parole 55 Les échanges érudiés iei sont issus du dispositif le « francais en (premiére) ligne », année 2006/2007. Des exteats sont disponibles en ligne : hetp://w3.ugrenoble3/le-L-lie /lyon_berkeleyQ607.php {84 [Les principales mchodes et leurs techniques deconstruction des obserrables poursuivrons avec une description de la méthode et déchanges en ligne synchrone. ‘on application A un corpus 3.4.1. Quelques repéres concernant Panalyse de contenu L’analyse de contenu est une méthodologie apparue aux Etats-Unis dans les anné cinquante 4 partir de travaux en sciences sociales, notamment ceux de Berelson (1952). La définition qu’il en propose a été reprise par de nombreux chercheurs (Bar- din, 1977 ; Rourke ef al, 2001) : « Zanalyse de contenu est une technique de recherche pour la description objeine,stimatigne et quantitative dv conten manifste de la communication ». Cette méthodologie a, depuis, été appliquée a de nombreux domaines des sciences hu- maines, dont celui qui nous s particulirement, a savoir, la didactique des langues D’un point de vue pratique, il s’agit Pune technique reposant sur le principe de la clas- sification de documents en unités qui, une fois regroupées, forment des catégories. Les catégories pouvant étre eréées en amont du protocole de recherche, au moment de la revue de littérature sur le sujet, ou partir un repérage dans le corpus. Lorsqu’elle est appliquée a des corpus d’échanges langagiers, Panalyse de contenu permet Pétude de la communication en tant que processus ou en tant que produit. Pour illustrer les travaux effectués sur la communication en tant que processus, on peut se référer aux travaux du psychologue américain Bales (1950) qui concernent la communication en groupes restreints. Le modéle d’analyse, Pinteraction Process Anabysis (IPA) proposé par ce chercheur met en évidence deux fonctions* de la communica- tion : Tune centrée sur la tiche (‘ask ared) et Vautre sur le relationnel (socioemotional ard), Ce type de modéle est applicable & des corpus de communication pédagogique cn ligne synchrone ou asynehrone (Fahy 2005, Panchoo et Jaillet 2008) dans lobjectif de mettre en évidence la nature des processus de communication. Par exemple, Chou (2002) a utilisé PIPA pour étudier Ia présence sociale dans des forums et des sessions de discussion synchrone. Son étude a montré que les interactions socio-affeetiv plus nombreuses dans la communication synchrone que dans celle asynchrone. DYautres chercheurs ont étudié & la fois Ia communication en tant que produit et pro- cessus. Ainsi, concernant la communication pédagogique, les chercheurs de Péquipe de Birmingham sont parmi les premiers 4 avoir utilisé lanalyse de contenu pour étu- dice le discours enseignant. Partant des travaux sur la pragmatique du discours (Aus 1962 ; Searle, 1969), un de leurs objectifs a consisté a expliciter ce que font les gnants a partir de l'étude de ce qu’ils disent. Flanders (1970) a mi dix catégories Wactes pédagogique: Jon quils soient des initiations ou di réponses™, pouvant avoir une influence sur le cours de Vinteraction. Par la suite, in, ns ainsi en évidence classés % Chacune de ces fonctions comporte deux poles: pour la fonction Task area: attempted answers / ‘questions et pour li fontion Social-emotional : Positive Reactions / Negative Reactions. 5” Les catégories sont chssées selon un crite dinitiative ou de réponse verbale. Les comportements verbaux de Penseignant mis en évidence sont classés en 10 catégories: Initiation : questionne (I), insteuit (2), donne des directives (3) ; Réponse : accepte des sentiments (4), encourage (5), aecepte ow utilise des sdées de Véléve (6), critique ou justifie Pautonté (7). L’éléve répond (8) ou prend la parole pour exprimer Les principales meéthodes et leurs techniques de construction des observables | 85) S‘appuyant sur le modéle de Flanders, Sinclair et Coulthard (1975) ont développé leur propre modéle d’analyse de la communication en classe. Celui-ci est organisé en rangs higrarchisés : la legon, la transaction, Péchange, le mouvement, Pacte. Chaque rang, (excepté le plus élevé élément constitutif du rang de niveau supérieur dans la higrarchic. Le rang « mouvement », par exemple, permet d’étudier de maniéze préeise la structure des échanges. Les trois fonctions principales de ce rang sont : initiation, la réponse et le feedback. Le rang « acte » spécifie chaque acte de parole. Le modéle répertorie les vingt-deux actes pédagogiques les plus courants en classe. Ce type de est un grille d’analyse, initialement appliquée 4 des interactions de classe traditionnelle, est transférable A des interactions en ligne. Avec Papparition de nouveaux systémes de communication, dans les années quatre vingt-dix, les dispositifs d’enseignement 4 distance se sont considé pés. Di menées ct ont abouti a Pémergence de nouveaux modéles permettant Pana communication pédagogique en ligne. Par exemple, Hensi (1992) propose un modéle analyse du contenu de la communication médiée par ordinateur (dorénavant CMO) permettant de comprendre le processus dacquisition du savoir. Il est constitué de cing, catégories : la participation, Pinteraction, la dimension sociale, la dimension cognitive et la dimension métacognitive. Cette deriére catégorie reste, selon certains chercheurs (Gunawardena ¢f al, 1997), difficile 4 explorer a partir Pune analyse de contenu. iblement dévelop- lors, des recherches sur cette nouvelle forme de communication ont se de la Ces grilles analyse du contenu de la communication en ligne ont été établies & partir de corpus asynchrones (des forums pour la plapart). En synchronic, les chercheurs ayant appliqué Panalyse de contenu se sont plutot tourné: classes. « traditionnelles » et les ont adaptées. Peuvent étre cités les travaux. de Pilkington (2004, 1999) qui a adapté la grille analyse de Sinclair et Coulthard pour Pétude de la CMO. Puis, dans le cadre de sa thése, Ling (2006) applique le modéle de Pilkington & un coxpus d’échanges par cluf afin d’étudier Pimpact de la CMO synchrone sur le processus d’apprentissage. Le modéle peut-étre appliqué afin Pétudier & la fois le processus et le produit de la communication, Les travaux évogués jusquiici sont représentatifs de Panalyse de contenu en tant que technique de recherche descriptive. Mais 4 partic des années quatre vingt dix, Ahern, Peck, and Laycock (1992) ont eu recours a Panalyse de contenu dans le cadre de re- cherches expérimentales. IIs ont évalué Fimpact du discours pédagogique de Penseignant en ligne en contrélant la variable « discours de Penseignant ». De méme, Quintin (2008) a mené une recherche expérimentale appliquant analyse de contenu & des interventions d’enseignants en ligne en contrdlant les variables compostementales de ces enseignants (socio-affectif, pédagogique et organisationnelle). Nous venons dexposer les principales recherches ayant utilisé Panalyse de contenu selon qu’elle sintéresse au produit ou au processus de la communication et selon qu’elles soient de type descriptif ou expérimental. Dans la suite de ce chapitre, nous nous concentrerons sur Panalyse de contenu en tant qu’outil méthodologique ses propres idées (9). Eni, les silences (10) sont des moments également pris en compre dans ce modéle analyse {86 [Les principales mchodes et leurs techniques de construction des obserrbles siintégrant dans une démarche que nous qualificrons de type a la fois deseriptif et naturaliste de la communication pédagogique en ligne. Par naturaliste, nous voulons dire que nous nous appuyons sur des données issues de situations Venseignement/ appreatissage authentiques (c'est-a-dire déterminées par les objectifs pédagogiques de la formation et aon par les recherches susceptibles d’étre conduites en aval). 3.4.2. Méthode et application Ona coutume de dénombrer quatre étapes pour la réalisation d'une analyse de contenu : la préanalyse, la catégorisation, le codage (incluant le décompte), Vinterprétation (Bardin, 1977 ; Robert et Bouillaguet, 1997). Dans cette partic, nous allons décrire et appliquer chacune de ces étapes i un corpus de communication pédagogique en synchronic. 3.4.2.1. La préanalyse Elle concerne l’organisation de la mise en ceuvre de l'analyse de contenu lige a la for- mulation Phypothéses et Pobjectifs de recherche. Nous incluons dans cette premigre phase, le recueil de données et leur transcription. Les questions de recherche vont ai- der & choisir la quantité et la qualité des données dont le recueil est soubaitable. Ainsi, dans le domaine de Penseignement-apprentissage des langues en ligne, nous pouvons prendre comme exemple la question de recherche suivante : comment s‘opérent les Echanges pédagogiques entre quatre locuteurs (2 enseignants et 2 apprenants) dans un. environnement vidéographique synchrone ? Selon Bardin, les principales régles & respecter au cours de la pré-analyse pour la cons- titution du corpus sont les suivantes : ~ régle de Pexhaustivité des catégories choisies : elle est 4 apprécier, & chaque fois, en fonction des questions de recherche que Pon pose. ~ _ régle de représentativité : le chercheur peut avoir recours & un échantillonnage (plus manipulable) pour chercher 4 rendre compte de Pensemble des données. Les analyses effectuées partir d'un échantillon représentatif doivent étre .généralisables & ensemble du corpus; = regle d’homogénéité: le cherchenr doit chercher a obtenir des données comparables entre elles (& partir par exemple de application dune grille de cxitéres) ; - régle de pertinence: les données recueillies doivent correspondre aux objectits de Panalyse et pouvoir répondre & la question posée. 3.4.2.2. Le reeneil des données Dans les situations de communication en ligne synchrone, le recueil de données peut Seffectuer in extenso. Dans le cadre d'une recherche visant & respecter I'écologie de la situation de communication, lobjectif est de garder des traces de la communication telle quielle s'est déroulée. Ces traces renvoient 4 des données hétérogénes telles que les clics enregistrés, 'envoi d’émoticons, l'ouverture/fermeture de fenétres pour les environnements audio-graphiques, ou les éléments gestuels pour les environnements Les principales meéthodes et leurs techniques de construction des observables | 87 vidéographiques. En fonction du type de question de recherche que Yon a choisi, il conviendra de privilépier les outils de recueil les plus pertinents : des logiciels permet- tant d’enregisteer ce qui se déroule a l’écean ct/ou des eaméras sur pied. Nous allons apporter, ci-dessous, quelques précisions concernant ces deux outils de recueil de données : Capture d'écran dynamique Un logiciel de capture d'écran dynamique (de type Camtasia ou Sereen Vio Recorder) permet de recueillir toutes les données sur la communication telle qu'elle s'est déroulée sur écran des participants. S'agissant d’enscignement-apprentissage des langues, on pourrait, par exemple, penser nécessaire de disposer de lenregistrement de Péeran de Penseignant et de celui des apprenants. Cependant cela nest pas toujours facile & réali- ser pour des raisons techniques (liées 4 la capacité du matériel informatique 4 disposition) et matérielle (Ie chercheur se situant dans un seul des deus licus impliqui dans la recherche) Caméra sur pied Une caméra sur pied peut étre placée de % face par rapport aux participants de fagon 4 disposer d’un point de vue extérieur a Vinteraction et & enregistrer les activités non verbales qui a'apparaissent pas dans le champ de la webcam. Cet enregistrement sera ensuite numérisé. Selon les analyses souhaitées, les deux enregistrements obtenus, celui des captures décean dynamiques et des films pour obtenir un seul film. Le recueil d'un corpus en ligne synchrone avec pour objectif une analyse de contenu ‘te done un dispositif technique spécifique pour le recueil de données. II faut réfléchir, au moment de la pré-analyse a la quantité de données que on sera suscep- tible de traiter (lige également au, nombre de participants dans une classe que l'on peut enregistret). Cette réilexion sur T'interdépendance entre dispositif technique, positio nement théorique et objectifs analytiques est nécessaire 4 chaque étape de la recherche. Crest ce que nous continuerons a voir dans les étapes suivantes. Considérations éthiques La constitution de corpus audio et vidé inévitablement a se poser des que tions Pordre éthique. Baude (2007) propose un ensemble de bonnes pratiques en se séférant a la CNIL et la loi « informatique ct libertés »°*. Il s’agit pour le chercheur, de respecter le droit & la vie privée des personnes observées. Conerétement, les donaé caregistrées doivent étre rendues anonymes immédiatement aprés la collecte de facon. i supprimer toute trace permettant identification d'un participant. Si le chercheur ne souhaite pas anonymiser les données, il devra effectuer une demande de consent: ment® auprés des personnes observées ou de leurs responsables légaux lorsqu’elles sont mincures). 5 Commission Nationale de P'aformatique et des Libertés. Loi n® 2004-801 du 6 aodit 2004, © Cette demande de consentement est un document écrit, soumis i la signature des personnes observées, faisant mention des finalités de la recherche et des conséquences liges il participation 4 cette recherche 88 | Les principales méthodes et urs techniques deconstruction des observables 5.4.2.3, La transcription des données: La transcription de données est définie en fonction des objectifs de recherche analyse. Ea vue d'une analyse du contenu de la communication pédagogique, opter pour une transcription en partition permet une lisibilité de interaction et de chaque ément constitutif de celle-ci, Des logiciels existent pour faciliter cette opération de « déconstruction » du corpus. La transcription ci-dessous est réalisée 4 Paide d’un logi- ciel d’annotations linguistiques : ELAN®. Il permet au chercheur de synchroniser les différentes activités qui se sont déroulées simultanément. En revanche, il ne permet pas, par lui-méme, la visualisation de la communication telle qu’elle est représentée ci- dessous : ce sont les réponses auxquelles le chercheur soubaitait parvenir qui ont con- ditionné cette décomposition de la communication en fonction des. différents locuteurs et des modes utilisés dans ce type environnement. La transcription ci-dessous (Figure 1: transcription multimodale) met en évidence, horizontalement, Palternance des tours de parole produits par les différents locuteurs ct, verticalement, le mode (voix, texte/clavier, geste) 4 travers lequel le tour de parole est produit. To Taw AUDIO WisUeL peste | n_|boree! VOoAL FENETRE | Wepcam |ACTIVIE | ACTIVI cay. | ‘7 224| 3 244|O0DplotPauine sia SiValnin > Tal 724) 3255| 37269) 37263 3729p] 00023|Valentin ‘37288 3731 2[00014| '37312| 3732p] 00.00] eres) 37313] 37329[00016) est bon 31 5|_3732| 0001 pi(iresy B3ui 75 00a ono, P (00.08 3euh nous dovons part 9 | 00.00, pauce love ‘0014 (res) OEODB\sK 0000,40% ora? is Salsa Figure | : Transcription multimodale (diffusion, ete). Outre les informations liges la recherche, le document pourra contenie des informa- tions sur les personnes ayant aceés aus données, sur la maniére dont elles seront anonymisées etc. © Eudico Linguistic Annotaior Les principles méthode et leurs techniques de constuction des obserenbles | 89 Le souci de lisibilité du tableau conduit opérer des choix dans les données réperto- riées : ici, par exemple, seuls deux plans image ont été sélectionnés, & savoir ceux qui montrent les gestes « quasi-linguistiques » (Cosnier, 1989) considérés comme équiva- lents & des tours de parole verbaux dans la recherche menée. A partic d'un tel décompte des opérations discursives, le chercheur pourra, par exemple, quantifier chaque type Pacte réalisé par Penscignant afin dé découle la communication ct obtenie ainsi des indications sur la maniére dont le cours de langue en ligne est orchestré. (if! partie C Le codage). alucr la maniéze selon laquelle se La représentation sous forme de tableau facilite Pétape de codage du coxpus. On peut conseiller ici intégrer la transcription dans un tableur si Pon se destine a effectuer une analyse de contenu car le décompte des occurrences en sera plus aisé 3.4.3. La catégorisation et le codage Bardin (1977) définie la catégorisation comme «une opération de classification déléments constieutifs d’un ensemble par différenciation puis regroupement par genre (analogie) Paprés des critéres préalablement définis » (Bardin, 1977 : 118). Il s’agit done de classer des éléments du corpus dans des catégories thématiques qui sont éta- blics en relation directe avec Vobjectif de recherche. II peut également s’avérer nécessaire de créer des sous-catégories. Une bonne categorisation doit répondre aux critéres dar iivants = exclusion mutuelle : les éléments catégorisés ne doivent pas appartenir 4 plusieurs catégories. Ce critére n’est pas toujours facile a respecter. La encore nous avons repris les termes de Laurence Badin, Il sagit bien entendu de théorie ensuite il y a un décalage avec Papplication que l'on en fait... Selon les catégories choisies il peut arriver quil y ait des chevauchements (qu'un lément soit classé dans plusieurs catégories) ; sible = la recherche Whomogénéité : les éléments retenus doivent le plus po: obéir A des critéres qui auront été précisés ; = la pertinence : elle s’apprécie en fonction de Padéquation entre Pobjectif de recherche, la mise en valeur du corpus et utilisation du cadre théorique ; = le consensus: elle est vérifige par la similitude des catégories choisies par différents codeurs ; = la produetivité: elle est avérée si Vensemble des catégories apporte de nombreux indices et des résultats riches, Une fois Ia grille de catégories obtenue, il convient d’appliquer ces categories & des unités. Celles-ci correspondent a des segments délimités. Lorganisation du codage consiste done & choisir des unités, & les dénombrer et & les classer dans des catégories. Le codage aboutit «4 une représentation du contenu, ou de son expression, suscep- tible d’éclairer Panalyste sur des caractéristiques du texte qui peuvent servir indices ». (Bardin, 1977 : 102) 90 | Les principales méthodes et urs techniques de construction des observables Les unités peuvent étre délimitées selon des critéres stylistiques/syntaxiques, ou sé- mantiques. Les unités stylistiques (le mot, la phrase, la proposition, le paragraphe etc.) permettent de délimiter le texte de maniéte formelle. Coneernant la CMO asynchrone, Ie message est Punité stylistique la plus souvent employée (Ahern ef al, 1992). Lrunité age permet notamment @étudier aisément la structure de Vinteraction. Henri (1992) propose daborder cette forme de communication en utilisant une unité de sens ou unité thématique. Mais choisir pour unité, Punité de sens uniquement ne permet pas de sépondre au eritére Pobjectivité. En effet, le choix du seul erit Ie risque dune subjectivité trop forte voire inconsciente. Rourke ef al. (2001), propose quant 4 eux, de fusionner unité thématique et unité stylistique en fonction des objec- tifs de recherche et de la granulasité des analyses envisagées. Quintin (2008) a effectué tun tel codage en choisissant Punité « paragraphe » pour unité formelle et «Pacte de parole » comme unité thématique, dans Vobjectif de refléter au mieux les intentions communicatives des interlocuteurs mes ére de sens court Concernant la communication en ligne synchrone, et afin de répondee a la question de recherche proposée dans ce chapitze 4 savoir : comment Sopérent les échanges péda- gogiques entre quatre locuteurs (2 enseignants et 2 apprenants) dans un environnement vidéographique synchrone ? Opter pour la combinaison des formes Gunités stylistiques et thématiques semble également pertinent. L’unité formelle serait alors le tour de parole et Punité thématique serait «Pacte de parole» ou «intervention » (Kerbrat-Oreechioni, 1996) La figure ci-dessous montre une maniére de coder un corpus de communication péda- gogique vidéographique synchrone. Tas bing] n25| orp au Nd cea SEA wr] muslcons 7) 0:25) compe ord Tae ou en Aguero (17) 0) (3.3}est.ce que vous vous scuvnez la semaine dion ate Mace la Tunsi un Agee fot pare cor27| 0513] o0185 des pays qn apa es ays ou Sea eH] wed 00155 ‘agi oer Vooa. Figure 2 : Codage de la transcription Dans cet exemple, chaque tour de parole est étiqueté a partir de la grille de Sinclair et Coulthard (1975). Le tour de parole 41, par exemple, est composé de deux mouv ments (le premier est une réaction a la séponse de Papprenant SAR (Feedback), le second est une initiation). Ce tour de parole est composé de trois actes : acceptation «oui en Afrique du nord oui», puis une évaluation «oui» suivie Pune sollicitation est-ce que vous vous souvenez la semaine derniére on a dit le Maroc, la Tunisie et cuh Algérie font partie des pays qu’on appelle les pays du ». Ce type analyse permet de séponde a la question de recherche concernant la manire dont se déroulent des Les principales méthodes et leurs techniques de construction des observables | 91 échanges en lipne. L’étude des mouvements permet une analyse de la communication cen tant que processus et offre une premiére indication quant 4 la direction de Vinteraction. En effet, quantifier chaque mouvement cn fonction de Finterlocuteur permet avoir des informations sur les profils participatifs des locuteurs et de r¢- pondre a des questions telles que : qui domine la communication ? A Vinitiative de qui se déroule la communication ? Quant Pétiquetage des interventions en actes de pa- role, il permet une étude de Ia communication en tant que produit. Cela améne a définir de manidee précise les conduites des interlocuteurs au cours de Tinteraction pédagogique en ligne 4 partir des actes de parole réalisés. Le chercheur pourra, par exemple, se concentrer de maniére successive sur Penseignant ou sur Papprenant pour déterminer des attitudes typiques des échanges en ligne. Il pourra également s’attacher davantage aux interactions afin de caractériser les modalités apparition de tel ou tel acte pédagogique dans le cours de la communication. Nous avons cherché dans ce chapitre 4 mettre au jour la logique de la démarche d’une analyse de contenu appliquée a des données issues de la communication pédagogique en ligne synchrone. Les dimensions de ce chapitre ne nous permettant pas d’aborder tous les aspects de la recherche notamment le passage du recueil des données & celui de la constitution du corpus, le lecteur pourra se reporter au chapitre 3.5, ci-dessous (Celik-Develotte) relatif a la communication pédagogique en ligne asynchrone déve- loppant ce point qui s’applique également & des données synchrones. Par ailleurs, si se place dans une optique analyse compréhensive de la formation en ligne, le cher- cheur devra aussi sfappuyer sur Popinion des acteurs au travers Pentretiens et/ou de questionnaires qui viendront illustrer ou compléter ses analyses du contenu des pro- ductions pédagogiques en ligne. La encore, le lecteur pourra se reporter sur ces points précis aux chapitres qui y s nt consacrés**, Logiciels cités Camuasia, Site de l'éditeur du logiciel : hetp://www.techsmith. fr/camtasia.asp?CMP=Kgooglet S59CEQUUzAodIVb7yQ ELAN, Site de l'éditeur du logiciel : http://www lat-mpiceu/tools/ Screen Video Recorder, (2004), Site de léditeur du logiciel Aitp://www.wordaddin.com/screenver/INDEX.html. Windows Live Messenger, Site de "éditeur du logiciel : http://www. windowslive.fr/messenger/. © Voir : Enguétes semi-directives et directives avec ou sans entretien (chap. 3. 3. 2, méme partie). ; Lléchange aver les acteurs comme méthode de production de données (entretiens et groupes de discus: sion) (chap.. 3. 3. 3).; De Panalyse du discours 4 analyse des discours en situation comme outil de recherche et dintervention (chap.-3.3. 6). 92 [Les principales mchodes et leurs techniques de construction des obserrbles 3.5. L’analyse de discours : exemple d’une communication pédagogique médiée par ordinateur [asynchrone] (Christelle Celik et Christine Develotte)"? Nous allons, dans ce chapitre, chercher a expliciter de quelle maniére Panalyse de dis- cours (au sens large) peut étee utilement convoquée pour étudier des formations en ligne asynchrones. Nous commencerons par présenter le contexte général des forma- tions en ligne de fagon a voir sur quels types de problématiques de recherche elles peuvent déboucher dans le domaine de la didactique des langues. 3.5.1. Définition des objectifs et questions de recherche La formation en ligne reavoie la plupast du temps a la possibilité d’étudier en dépit de circonstances spatiales (loigacment) ou temporelles (manque de disponibilité) peu propices. La distance constitue done une dimension inhérente A la formation en ligne distance spatiale, qui sépare Papprenant des formateurs et de ses pairs, distance tem- porelle entre Pacte pédagogique ct Pacte d’apprentissage, et enfin distance transactionnelle (Jézégou, 2007, a la suite de Moore, 1993). Papprenant génére une démotivation pouvant conduite 4 un abandon de la formation, Lun des enjeux de la formation en ligne est done de maintenit la motivation et Passiduité de Papprenant, et dans ect objectif, de susciter des interactio férents membres de la formation, ces interactions créant, 4 distance, de la présence sociale, de la présence cognitive et de la présence éducative (Jézégou, 2007, 4 la suite de Garrison, Anderson et Archer, 2000 et Vidéologie communautaire et le fonctionnement collectif sont des fondements histo- riques du cyberespace (Peraya, 2000) et les chercheurs, s’appuyant notamment sur travaux de Vygotski (1934) et sur Papproche socioconstructiviste, ont montré que dans le processus dapprentissage, les activités collectives telles que collaborer, coopé- rer sont des actions fondamentales car Papprenant s‘enrichit des échanges et des confrontations avec autrui - pairs et tuteurs (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001). Susciter de Pinteractivité (terme sur lequel nous reviendrons) entre apprenants sera donc un des objectifs pédagogiques 4 retenir dans une formation en ligne ouvent, Visolement de s entre les dif- rison et Anderson, 2003). Par ailleurs, A partir de cette situation techno-pédagogique et des recherches sur lesquelles on peut s’appuyer, on peut établir une question générale de recherche qui pourrait étre formu- Ie ainsi : compte tenu des contraintes inhérentes 4 la formation en ligne, comment jouer avec les différents types de distance (spatiale, temporelle, transactionnelle) afin de donner les moyens & Pétudiant de mener a bien son objectif @’apprentissage ? Partant de ce questionnement, le chercheur pourra alors définir ses objectifs de cherche en fonction de ce qui Pintéresse le plus et poser les questions plus spécifiques de sa recherche. Nous proposons ici quelques exemples de questions et donnerons par la suite un exemple de traitement pour Pune Centre elles. Un angle particulier peut tre choisi © Les termes suivants sont définis dans Vindex notionnel et factuel: distance trinsactionnelle, interactivi- té, analyse de discours médiée par ordinateur (ADMO), corpus. Les principales méthode e leurs techniques de constriction des observables | 93 - Tangle du tutorat: Comment se manifeste le lien social entre tuteur/apprenants ct apprenants/apprenants ? - Pangle des apprenants : Quelles compétences langagiéres sont développées dans un dispositif particulier ? (question pertinente notamment dans le cadre de Papprentissage Pune langue étrangére) ; = angle plus général du genre discursif: Quelles spécificités en terme de consigne ou de message réactif détiennent les interactions pédagogiques asynchrones Selon les objectifs et les questions de recherche choisies, les références théoriques qui ‘eront convoquées seront en partie différentes. Dans la suite de ce chapitre, nous re- tiendrons Vangle du tutorat et illustrerons plus précisément la question du lien social avec et entre les apprenants, 3.5.2. Cadre théorique et méthodologique Le cadre théorique et méthodologique que nous proposons pour Panalyse de corpus asynchrones médiés par ordinateur est hétérogene, du fait méme des statuts différents qui peuvent étre attribués aux interactions en ligne asynchrones : tout 4 la fois dis- cours, interactions et interface numérique : en effet, en tant que discours situé dans un contexte de production spécifique, ces corpus peuvent étre étudiés 4 partir des outils, méthodologiques de Panalyse du discouss (Charaudeau et Maingueneau, 2002). Le chercheur pourra ainsi étudier les marques énonciatives ou encore Péthos des diffé- rents acteurs et notamment Péthos tutoral (Cest-A-dire la fagon dont le tuteur choisit de se mettre en scéne 4 travers ses productions discursives). En tant qu’ensemble structuré de séries C'interactions, un forum pédagogique peut également étre analysé sous Pangle des entrées développées par Panalyse du discours en interaction (Kerbeat- Orecchioni, 2004). Le chercheur pourra ainsi étudier la structure des interactions ou encore la politesse dans le discours en interaction. Toutefois, les outils traditionnels de Panalyse de discours textuels et d fisants dans la mesure of ils ne prennent pas en charge Ia dimension « médiée par ordinateur » de la communication. Develotte (2006 : 90) considérant qu'un forum péda- gogique en ligne détent potentiellement les mimes spécfcités que les supports multimédias numérisés classiques, en particulier la multicanalté et Ubypertextualité, propose une série entrées adap- tées 4 Vanalyse des forums pédagogiques en ligne : s conversations « naturelles » peuvent Savérer insul- = lamise en éeran : le nombre ’écrans et leur structure en pages déroulables ou non ; le chercheur pourra par exemple observer limpact de la mise en éeran sur les apprenants 5 = la mise en média : les différents canaux utilises (le texte, Pimage, le son, la vidéo...) ; le chercheur pourra par exemple s‘interroger sur utilisation des différents canaus et le pourquoi de la prédominance d’un canal ou pas ; = lamise en rubriques : Pexistence de rubriques dans lesquelles il est possible de Sexprimer (les différents cours ou autres rubriques (expression plus libre ou

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