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Licence 2 Economie Gestion - Université Paris-Sud - Année 2018-2019

Macroéconomie 2 : l’économie ouverte


Corrigé de l’examen de session 1

Durée : 2 heures. Vos réponses doivent être précises et concises. Le barème est donné à titre indicatif.
Calculatrices et documents ne sont pas autorisés.

Questions (5,5 points)


1. Pourquoi le taux de change réel entre l’Italie et la France varie-t-il alors que les deux pays partagent
la même monnaie ? (1 point)
Le taux de change réel entre l’Italie et la France est le prix des biens italiens en biens français ; il dé-
pend du taux de change nominal et des indices de prix dans chaque pays. Le taux de change nominal
est constant, égal à 1, car l’Italie et la France partagent la même monnaie. Le taux de change réel
peut varier si les indices de prix n’évoluent pas dans les mêmes proportions, reflétant la variation de
la compétitivité prix relative des produits des deux pays.

2. Le solde du compte des transactions courantes du quatrième semestre 2018 de chaque pays de la zone
euro est présenté sur le graphique suivant (en millions d’euros) :

Qu’enregistre ce compte ? En les séparant en deux catégories, renseignez sur le graphique la position
financière des pays de la zone euro en 2018 vis-à-vis du reste du monde. N’oubliez pas de rendre cette
feuille ! (1,5 point)
Le compte des transactions courantes enregistre l’ensemble des échanges non financiers d’un pays avec
le reste du monde (biens, services, revenus primaires et secondaires). Les pays dont le solde de ce
compte est positif (à gauche de la droite verticale) ont une capacité de financement vis-à-vis du reste
du monde (ils sont prêteurs nets), tandis que les pays dont le solde de ce compte est négatif (à droite
de la droite verticale) ont un besoin de financement vis-à-vis du reste du monde (ils sont emprunteurs
nets).

3. En régime de change fixe, la masse monétaire en circulation doit être constante. Vrai ou faux ? Expli-
quez votre réponse. (1 point)
Faux. En régime de change fixe, la masse monétaire en circulation doit s’adapter pour maintenir la
parité du taux de change. Elle se contracte en cas de dépréciation de la monnaie nationale, et augmente
en cas d’appréciation de cette monnaie.

4. Décrivez le triangle d’incompatibilité de Mundell (sans le représenter). (2 points)


Le triangle d’incompatibilité de Mundell a trois sommets représentant des situations qui ne peuvent
être vérifiées que deux par deux : un régime de change fixe, une mobilité parfaite des capitaux et une
politique monétaire indépendante.

Problème 1 (3,5 points)


En 2014, le taux d’intérêt était 2,49% en Hongrie et 0,21% en France.
5. D’après la parité des taux d’intérêt, dont vous donnerez la définition et la formule, qu’implique cette
différence sur l’évolution du forint (la monnaie hongroise) vis-à-vis de l’euro ? (2,5 points)
La parité des taux d’intérêt est la condition d’équilibre sur les marchés financiers internationaux : les
rendements des titres doivent être égaux, toutes les opportunités d’arbitrage ayant été épuisées. Elle
s’écrit ici :
E e − Et
it = i∗t + t+1
Et
avec it le taux d’intérêt en France, i∗t le taux d’intérêt en Hongrie, Et le taux de change nominal
e
courant du forint en euro (1 forint = E euros) et Et+1 le taux de change nominal anticipé du forint en

euro. Comme it < it , la parité des taux d’intérêt implique que Et+1e < Et : anticipation d’une baisse
du taux de change nominal, soit une appréciation de l’euro et une dépréciation du forint.

6. Si le forint avait été en change fixe par rapport à l’euro, et que les investisseurs avaient été convain-
cus que le cours de change entre les deux monnaies serait resté constant, la parité des taux d’intérêt
aurait-elle nécessairement été violée ? Expliquez votre réponse. (1 point)
Si le forint avait été en change fixe par rapport à l’euro, et que les investisseurs avaient été convaincus
que le cours de change entre les deux monnaies serait resté constant, alors on aurait eu Et+1 e = Et , et le
rendement des titres français aurait été inférieur au rendement des titres hongrois. La parité des taux
d’intérêt n’aurait pas pour autant été forcément violée, car investir à l’étranger implique des coûts
de transaction liés au change qui n’apparaissent pas dans l’équation précédente et viennent réduire le
rendement des titres hongrois pour les investisseurs français.

Problème 2 (5,5 points)


Une petite économie ouverte avec parfaite mobilité des capitaux est en régime de change fixe. Elle décide
de dévaluer sa monnaie.
7. Si les marchés financiers ont confiance dans le maintien de la nouvelle parité, quelles sont les consé-
quences de la dévaluation sur la production d’équilibre macroéconomique ? Vous expliquerez toutes
les étapes de votre raisonnement dans le cadre du modèle Mundell-Fleming, et les représenterez sur le
graphique suivant (l’équilibre macroéconomique initial est en A). N’oubliez pas de rendre cette feuille !

taux d’intérêt (i) LM LM ′

B
A C
MFI

IS ′
IS
production (Y )
Une dévaluation de la monnaie domestique augmente les exportations nettes si la condition Marshall-
Lerner est vérifiée : la demande agrégée de biens augmente, et donc la production d’équilibre sur le marché
des biens augmente, à taux d’intérêt donné. Graphiquement, la courbe IS se déplace vers la droite. (2 points)
L’augmentation du revenu accroît la demande de monnaie pour motif de transaction ; à offre de monnaie
inchangée, le taux d’intérêt domestique augmente pour réduire la demande de monnaie pour motif de spé-
culation. Graphiquement, l’économie est au point B. (1 point)
En B, le taux d’intérêt domestique est supérieur au taux d’intérêt étranger, donné par l’ordonnée de la
droite MFI. Avec une mobilité des capitaux parfaite, ceux-ci vont avoir tendance à affluer dans le pays, et
donc la monnaie domestique à s’apprécier. La Banque Centrale, afin de maintenir la nouvelle parité annon-
cée, intervient sur le marché des changes en vendant de la monnaie domestique et/ou achetant des devises
étrangères. Graphiquement, la courbe LM se déplace vers le bas. (2 points)
L’expansion monétaire et le déplacement de LM vers le bas continuent jusqu’à ce que l’entrée de capitaux
s’arrête, donc que le taux d’intérêt domestique retrouve le niveau du reste du monde. La baisse du taux
d’intérêt augmente l’investissement, donc la demande agrégée et la production d’équilibre. Graphiquement,
l’économie atteint un nouvel équilibre macroéconomique au point C. (1 point)

Problème 3 (5,5 points)


Considérons une économie dans laquelle
 les
 comportements sont donnés par les équations suivantes :
– la consommation (C) : C = c × Y − T , avec Y le revenu domestique et T les impôts domestiques
– l’investissement (I) : I = b1 × Y − b2 × i, avec i le taux d’intérêt domestique
– les importations (M ) : M = d1 × Y − d2 × ǫ, avec ǫ le taux de change réel de la monnaie domestique
– les exportations (X) : X = x1 × Y ∗ + x2 × ǫ, avec Y ∗ le revenu étranger
Toutes les autres notations désignent des paramètres constants strictement positifs. Les dépenses publiques
domestiques sont notées G, et le taux d’intérêt étranger i∗ .

L’équation de la courbe IS dans cette économie est :


1 c x1
Y = ×G− ×T + ×Y∗
1 − c − b1 + ǫd1 1 − c − b1 + ǫd1 1 − c − b1 + ǫd1
x2 + d2 ǫ b2
+ ×ǫ− ×i
1 − c − b1 + ǫd1 1 − c − b1 + ǫd1
avec 1 − c − b1 + ǫd1 > 0.

On étudie la mise en place d’une politique budgétaire prenant la forme d’une variation des impôts.
8. Quelle est l’équation du multiplicateur fiscal naïf, c’est-à-dire le rapport ∆Y /∆T donné par l’équation
de la courbe IS, en considérant inchangées toutes les autres variables ? Aucune justification n’est
demandée. (1 point)
Le multiplicateur fiscal naïf, c’est-à-dire le rapport ∆Y /∆T donné par l’équation de la courbe IS, en
considérant ∆G = ∆Y ∗ = ∆ǫ = ∆i = 0, est :
c
∆Y /∆T = −
1 − c − b1 + ǫd1

9. Quel est le signe de ce multiplicateur ? Que signifie ce signe ? (1 point)


Compte-tenu de l’énoncé, le multiplicateur fiscal naïf est négatif. Cela signifie qu’une baisse des impôts
se traduit par une augmentation du revenu d’équilibre sur le marché des biens (et que, réciproque-
ment, une hausse des impôts se traduit par une réduction du revenu d’équilibre sur le marché des biens).

L’économie est une petite économie ouverte, avec parfaite mobilité des capitaux, en change fixe. Aucune
représentation graphique n’est demandée pour répondre aux trois questions suivantes.
10. Pourquoi ce multiplicateur représente-t-il aussi le multiplicateur fiscal à court terme (c’est-à-dire le
rapport de la variation du revenu d’équilibre macroéconomique générée par une variation des impôts) ?
(1,5 point)
En change fixe, le taux d’intérêt nominal est constant ; à court terme, les indices de prix sont constants.
En conséquence, le taux de change réel est constant (∆ǫ = 0). Avec parfaite mobilité des capitaux et en
change fixe, le taux d’intérêt est constant, déterminé par le taux d’intérêt étranger (∆i = 0). En l’ab-
sence de chox exogène sur les dépenses publiques domestiques et le revenu étranger (∆G = ∆Y ∗ = 0),
le multiplicateur fiscal naïf représente donc également le multiplicateur fiscal, aucune variable autre
que T déterminant le revenu d’équilibre sur le marché des biens ne variant.

11. Pourquoi l’effet d’une baisse des impôts sur le revenu d’équilibre macroéconomique pourrait-il être ici
plus élevé qu’en économie fermée ? (1 point)
L’effet positif d’une baisse des impôts sur le revenu d’équilibre macroéconomique pourrait être plus
élevé ici qu’en économie fermée car la dépendance à l’égard du taux d’intérêt étranger empêche la
hausse de celui-ci, responsable, en économie fermée, d’un effet d’éviction réduisant l’investissement, la
demande agrégée, et donc l’impact positif initial de la baisse des impôts.

12. Pourquoi l’effet d’une baisse des impôts sur le revenu d’équilibre macroéconomique pourrait-il être ici
moins élevé qu’en économie fermée ? Quel est le paramètre du multiplicateur en cause ? (1 point)
L’effet positif d’une baisse des impôts sur le revenu d’équilibre macroéconomique pourrait être moins
élevé ici qu’en économie fermée car une partie de la demande supplémentaire créée par cette réduction
d’impôts va s’adresser à des biens étrangers. Cela est d’autant plus vrai que d1 , la propension marginale
à importer, est élevée.

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