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Alain Mabanckou - Lumieres de Pointe-Noire
Alain Mabanckou - Lumieres de Pointe-Noire
ROMANS
Bleu Blanc Rouge
Présence africaine, 1998
Présence africaine (poche) 2010
Grand Prix littéraire de l’Afrique noire
African psycho
Le Serpent à plumes, 2003
Points Seuil, 2006
Verre Cassé
Seuil, 2005
Points Seuil, 2006
Prix Ouest-France/Étonnants Voyageurs
Prix des Cinq Continents de la Francophonie
Prix RFO du livre
Mémoires de porc-épic
Seuil, 2006
Points Seuil, 2007
Prix Renaudot 2006
Prix de la rentrée littéraire 2006
Prix Aliénor d’Aquitaine 2006
Prix Artistes du Monde du ministère français des Affaires étrangères
Black Bazar
Seuil, 2009
Points Seuil, 2010
Tais-toi et meurs
Éd. de la Branche, roman policier, 2012
RÉCITS
L’Enterrement de ma mère
Kaléidoscope, Danemark, 2000
POÉSIE
Tant que les arbres s’enracineront dans la terre
Œuvre poétique complète de 1995 à 2004
Points Seuil, 2007
ESSAIS
Lettre à Jimmy
Fayard, 2007
Points Seuil, 2009
L’Europe depuis l’Afrique
Naïve, 2010
LIVRES AUDIO
Black Bazar
lu par le comédien Paul Borne
Éd. Audiolib, 2009
© Caroline Blache, pour les photographies des pages 57, 77, 96,
107, 129, 153, 166, 177, 203, 218, 233, 253, 264, 279.
© Archives privées d’Alain Mabanckou,
pour les photographies des pages 22, 40, 47, 83.
ISBN 978-2-02-110421-9
www.seuil.com
www.fictionetcie.com
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Table des matières
Couverture
Copyright
Collection
Première semaine
Mademoiselle ma mère
Le château de ma mère
Les dragueurs
Mon oncle
Dernière semaine
Cinéma Paradiso
Guerre et paix
Le tableau
Adieu ma concubine
Post-scriptum
maintenant les heures mûrissent
sur l’arbre du retour
pendant que l’assoupissement
convoite les paupières
accablées par la poussière des regrets
*
Gilbert et ma compagne sont de retour. Pendant plus
d’une demi-heure ils ont pris des images de l’ancien cinéma
Rex et les montrent à Koblavi dont le sourire illumine un
visage jusqu’ici marqué par la nostalgie. Il se laisse prendre
en photo lui-même, exhibant son plus large sourire :
– Il ne faut jamais être triste sur une photo, on ne sait
pas qui la verra dans dix, vingt, trente, quarante ou
cinquante ans !
Il nous raccompagne jusqu’à la sortie de la parcelle et
nous regarde nous éloigner.
Nous repassons devant la salle où les deux fidèles
montent toujours la garde tels des cerbères. Cette fois-ci ils
n’osent plus nous fixer droit dans les yeux. Il y a même une
ombre derrière eux : c’est le pasteur qui nous guette alors
que nous traversons l’avenue de l’Indépendance…
Les nuits fauves
1. Abacost : Abréviation de « À bas le costume ». La veste occidentale était perçue comme symbolisant la culture coloniale. Mobutu,
obnubilé par la « zaïrianisation », imposa alors l’abacost, veston porté à même la peau entre 1972 et 1990.
Guerre et paix
*
J’ai eu de nouveau Gilbert au téléphone. Sa sœur
jumelle Bienvenüe est sortie de l’hôpital Adolphe-Sicé juste
le lendemain de l’enterrement de grand-mère Hélène. Il
avait l’air de celui qui vient de gagner une victoire :
– Parce que, cousin, tu vois, quand elle était hospitalisée
là-bas, c’était un peu moi qui y étais aussi ! On a partagé le
même ventre, on a pataugé dans le même liquide
amniotique ! Et puis, dis-moi la vérité : toi aussi tu avais un
peu peur, non ? C’est pour ça que tu ne lui as pas rendu
visite alors que tu habitais en face ! Moi je te comprends,
est-ce que tu te rends compte que c’est la première fois
qu’un membre de notre famille a été hospitalisé dans cette
chambre 1 et en est sorti vivant, hein ? Mon père, ton oncle,
n’est-il pas mort dans cette pièce ? J’avais peur, je priais
tous les jours, j’étais même sur le point d’aller prier dans
l’église pentecôtiste La Nouvelle Jérusalem, c’est te dire !