You are on page 1of 8

MAT1748-Mathématiques Discrètes et Théorie des graphes

Joseph Khoury
Chapitre 1-La logique propositionnelle
Lecture 1-Introduction-Les cinq connectifs logiques, valuations et
tableau de vérité

1 Introduction et terminologie
Voici trois types de phrases qu’on connait très bien en français:

• La phrase déclarative. C’est une phrase qui donne de l’information, qui confirme
quelquechose.

Example 1.1 2 est un entier pair.

• La phrase impérative. C’est une phrase qui donne un ordre.

Example 1.2 efface le tableau.

• La phrase intérrogative. C’est une phrase qui pose une question.

Example 1.3 Es-tu libre ce soir?

Contrairement à une phrase impérative ou une phrase intérrogative, une phrase déclarative a
une valeur de vérité: elle est soit vraie, soit fausse. Dans le contexte de la logique proposi-
tionelle, une phrase déclarative est appelée une proposition ou une formule logique. Si p est
une proposition qui est vraie (respectivement fausse), on dit que sa valeur de vérité est V
(respectivement F) et on écrit v(p) = V (respectivement v(p) = F).

Remark 1.1 L’expression “23 −1” n’est pas une proposition logique comme elle ne donne pas
de l’information, c’est juste l’entier 7. Par contre l’expression “23 − 1 = 9” est une proposition
dont la valeur de vérité est F.

Trop souvent on utilise les lettres (majuscules ou miniscules) pour étiqueter les propositions
logiques. Par exemple, p: “L’entier 231567 est premier” ou bien A: “Chaque triangle isocèles
admet deux côtés de même longueur”.

Remark 1.2 Quoiqu’une proposition est toujours vraie ou fausse, la question de déterminer
sa valeur de vérité n’est pas toujours facile. Par exemple, considérer la phrase q: “L’entier
141917 est premier”. C’est clairement une proposition logique mais déterminer v(q) (la valeur
de vérité de q) n’est pas évident (Rappel. Un entier positif n est dit premier si les seuls
diviseurs de n sont 1 et n).

1
2 Les connectifs logiques de base
Dans la proposition ”2 est un entier premier et 23 − 1 = −5”, le mot et s’appelle un con-
nectif logique. Le rôle d’un connectif logique est de connecter deux propositions logiques
p et q pour former une troisième proposition h. La valeur de vérité de la proposition h sera
donnée en fonction des valeurs de vérité de chacune de propositions p et q dans un tableau
appelé tableau de vérité.

Il y a cinq connectifs de base en logique.


Le connectif de conjonction, noté par le symbole “ ∧ ”.
Si p et q sont deux propositions logiques, alors l’écriture (p ∧ q) se lit “p et q”.
Tableau de vérité du connectif ∧:

p q (p ∧ q)
V V V
V F F
F V F
F F F
Alors (p ∧ q) est toujours fausse sauf dans le cas où v(p) = V et v(q) = V.
Example 2.1 La proposition “2 est un entier premier et 33 + 2 = 29” est vraie car elle est
de la forme V ∧ V qui donne V.

Example 2.2 La proposition “2 est un entier pair et x = 1 est une racine de l’équation
x2 − 5x + 6 = 0” est fausse car elle est de la forme V ∧ F qui donne F.

Le connectif de disjonction, noté par le symbole “ ∨ ”.


Si p et q sont deux propositions logiques, alors l’écriture (p ∨ q) se lit “p ou q”.

Tableau de vérité du connectif ∨:

p q (p ∨ q)
V V V
V F V
F V V
F F F
Alors (p ∨ q) est toujours vraie sauf dans le cas où v(p) = F et v(q) = F.
Example 2.3 La proposition “2 est un entier premier ou 33 + 2 = 0” est vraie car elle est de
la forme V ∨ F qui donne V.

Example 2.4 La proposition “2 est un entier impair et x = 1 est une racine de l’équation
x2 − 5x + 6 = 0” est fausse car elle est de la forme F ∨ F qui donne F.

2
Le connectif de l’implication, noté par le symbole “ → ”.
Si p et q sont deux propositions logiques, alors l’écriture (p → q) se lit ”p implique q” ou
encore ” Si p, alors q”. La proposition p s’appelle l’hypothèse de l’implication et la propo-
sition q s’appelle la conclusion de l’implication

Tableau de vérité du connectif → est le suivant:

p q (p → q)
V V V
V F F
F V V
F F V

Alors (p → q) est toujours vraie sauf dans le cas où v(p) = V et v(q) = F.

Explication. Imaginons la situation suivante. Le candidat Joe vous dit : “Si je suis élu, il
y aura une réduction d’impôt.” Quand est-ce qu’on peut dire que Joe a menti? Si Joe n’est
pas élu, on ne peut pas l’accuser d’avoir menti. De même, si Joe est élu et s’il y a eu une
réduction d’impôt, alors Joe n’a pas menti. Le seul cas où on peut accuser Joe d’avoir menti
est le cas où il était élu mais il n’ y a pas eu une réduction d’impôt, d’où la forme (V → F).

Example 2.5 La proposition “2 est un entier impair implique que 33 + 2 = 0” est vraie car
elle est de la forme F → F qui donne V.

Example 2.6 La proposition “Si 2 est un entier pair, alors x = 1 est une racine de l’équation
x2 − 5x + 6 = 0” est fausse car elle est de la forme V → F qui donne F.

Le connectif biconditionnel, noté par le symbole “ ↔ ”.


Si p et q sont deux propositions logiques, alors l’écriture (p ↔ q) se lit “p si et seulement si q”.

Tableau de vérité du connectif ↔:

p q (p ↔ q)
V V V
V F F
F V F
F F V

Alors (p ↔ q) est vraie si p et q ont la même valeur de vérité, et fausse si elles sont de
valeurs de vérités différentes.

Example 2.7 La proposition “2 est un entier impair si et seulement si 33 + 2 = 0” est vraie


car elle est de la forme F ↔ F qui donne V.

3
Example 2.8 La proposition “2 est un entier impair si et seulement si x = 1 est une racine
de l’équation x2 − 5x + 4 = 0” est fausse car elle est de la forme F ↔ V qui donne F.

Le connectif de négation, noté par le symbole “¬”.


Si p est une proposition logique, alors l’écriture ¬p se lit “ non p” ou bien “ il est faux que p”.

Tableau de vérité de ¬:

p ¬p
V F
F V
Résumé-Tableaux de vérité des cinq connectifs logique de base:

p q (p ∧ q) (p ∨ q) (p → q) (p ↔ q) ¬p ¬q
V V V V V V F F
V F F V F F F V
F V F V V F V F
F F F F V V V V

Definition 2.1 Une proposition logique qui ne contient pas de connectifs logiques s’appelle
une formule atomique ou tout simplement un atome. Une proposition logique qui contient un
ou plusieurs connectifs logiques s’appelle une formule complexe.

Example 2.9 La proposition “2 est un entier impair” est atomique, tandisque la proposition
“x ≤ −1 implique x2 ≥ 1” est une formule complexe.

Si p est une formule complexe ayant n atomes, alors la valeur de vérité de p dépend sur
les valeurs de vérité de ses n atomes. Chaque liste de valeurs de vérité des atomes de p
s’appelle une valuation de p. Par exemple, si p est la formule complexe ((A ∨ B) ∧ C) con-
tenant les trois atomes A, B et C, alors (V, V, F) est une valuation de p qui représente le
cas v(A) = V, v(B) = V et v(C) = F pour laquelle la formule est fausse (v(p) = F). La
liste complète des valuations de p est: (V, V, V), (V, V, F), (V, F, V), (V, F, F), (F, V, V),
(F, V, F), (F, F, V), (F, F, F). Chacune de ces valuations représente une ligne dans le tableau
de vérité de p.

Fait. Une formule contenant n atomes admet 2n valuations possibles.

Le tableau de vérité d’une formule p est le tableau qui donne les valeurs de vérité possibles
de p en fonction de toutes ses valuations possibles. En particulier, si p est une formule
logique complexe contenant n atomes, alors le tableau de vérité de p contient 2n
lignes, une ligne pour chaque valuation possible de p. On dit qu’une valuation A de p satisfait
p si vA (p) = V, c’est-à-dire, la valeur de vérité de p est V dans la ligne du tableau de vérité
de p qui correspond à A.

4
Example 2.10 Donner le tableau de vérité de la formule p : ((A ∨ B) → C). Donner toutes
les valuations qui satasifont p.

Solution.

A B C (A ∨ B) ((A ∨ B) → C)
V V V V V
V V F V F
V F V V V
V F F V F
F V V V V
F V F V F
F F V F V
F F F F V

Alors les valuations qui satasifont p correspondent aux lignes dans le tableau de vérité de p
où v(p) = V: (V, V, V), (V, F, V), (F, V, V), (F, F, V) et (F, F, F).

Example 2.11 Donner le tableau de vérité de la formule p : ((X ↔ Y ) → ¬(Z → (X ∨ Y ))).


Donner toutes les valuations qui satasifont p.

Solution.

X Y Z (X ↔ Y ) (X ∨ Y ) (Z → (X ∨ Y )) ¬(Z → (X ∨ Y )) p
V V V V V V F F
V V F V V V F F
V F V F V V F V
V F F F V V F V
F V V F V V F V
F V F F V V F V
F F V V F F V V
F F F V F V F F

Le tableau suivant donne les valuations qui satasifont p:

X Y Z
V F V
V F F
F V V
F V F
F F V

5
L’ı̂le des chevaliers et des coquins (exercices)
Il existe une ı̂le fort peu connue, appelée l’ı̂le des chevaliers et des coquins, dont les habitants
se comportent de la manière suivante :

• chaque habitant de l’ı̂le est soit un chevalier, soit un coquin;

• un chevalier dit toujours la vérité;

• un coquin ne dit jamais la vérité.

Dans chaque exercice, vous vous promenez sur l’ı̂le des chevaliers et des coquins et vous
rencontrez des habitants. En écoutant ce qu’ils disent, vous pouvez peut-être déterminer le
type de ces habitants (le type est soit chevalier, soit coquin) ou tirer d’autres conséquences.
Les solutions des deux premiers problèmes sont fournies. Remarque: Les livres de Raymond
Smullyan contiennent beaucoup de problèmes de ce type.

Exemple 3 Vous rencontrez deux habitants, A et B. L’habitant A dit: Je suis coquin, ou


mon ami est chevalier. Pouvez-vous déterminer les types de A et B?

Solution.La phrase prononcée par A est X ∨ Y , où:

X = “A est coquin”, Y = “B est chevalier”.

Nous allons d’abord prouver que A est chevalier :


Supposons que A est coquin.
Alors la phrase X est vraie, donc X ∨ Y est aussi vraie, donc le coquin A a
prononcé une phrase vraie, ce qui est impossible.
L’argument encadré montre que l’hypothèse “A est coquin” a une conséquence impossible. Il
est donc impossible que A soit coquin.
On a prouvé que A est chevalier.
La phrase X ∨Y doit donc être vraie, puisqu’elle a été prononcée par un chevalier. Puisque
X est F et X ∨ Y est V, la table de vérité de ∨ nous indique que Y doit être vraie, donc B
est chevalier.
Ainsi, A et B sont deux chevaliers.

4 Exercises
1. Dans chaque cas, déterminer si l’expression est une proposition logique. Si vous dites que
l’expression est une proposition, déterminer sa valeur de vérité (V ou F). (Remarque :
Vous avez pas besoin de savoir si 17231 + 2 est un nombre premier.)

(a) 22 + 32 + 42 .
(b) 23 = 8 et 5 × 6 = 40.

6
(c) 2 + 3 = 6 ou 2 + 7 = 9.
(d) Si 2 + 7 = 9 alors 2 + 3 = 9.
(e) 2 + 7 = 5 si et seulement si 2 + 3 = 9.
(f) Donne moi un nombre premier.
(g) Si 1027 est un entier positif alors 1 + 1 = 2.
(h) Si 17231 + 2 est un nombre premier alors 3 + 4 = 7.
(i) Si 3 + 4 = 13 alors 17231 + 2 est un nombre premier.
(j) 234567 est-il un nombre premier?
(k) Si 17231 + 2 est un nombre premier ou 3 + 4 = 7, alors 25 = 8.
(l) La somme de deux nombres premiers.
(m) x2 − 5x + 4 = 0.
(n) Si 17231 + 2 est un nombre premier alors 17231 + 2 est un nombre premier.
(o) Si (17231 + 2 est un nombre premier si et seulement si 1 + 1 = 2), alors 17231 + 2
est un nombre premier.

2. Si X = V, Y = V et Z = F, quelle est la valeur de vérité de la formule ((X ∧ Z) →


¬(X ∧ Y )) ?

3. Construire la table de vérité de chacune des formules suivantes. Dans chaque cas, donner
toutes les valuations qui satisfont la formule.

(a) ((X → Y ) ∧ (Y → ¬ X))


(b) ((X ∨ Y ) → (X ∧ Y ))
(c) ((X → Y ) → Z)
(d) ((X ∧ ¬(Z → Y )) → (Y → Z))

4. Vous rencontrez deux habitants de l’ı̂le, A et B, et A dit: Au moins un de nous deux


est un coquin. Quels sont les types de A et B?

5. Vous rencontrez deux habitants de l’ı̂le, A et B, et A dit: Si je suis chevalier, alors mon
ami aussi est chevalier. Quels sont les types de A et B?

6. Un habitant A de l’ı̂le vous dit: Si je suis chevalier, alors je mangerai mon chapeau!
Pouvez-vous déterminer si A mangera son chapeau? Pouvez-vous déterminer le type de
A?

7. Sur l’ı̂le des chevaliers et des coquins, un procès a lieu. Voici les témoignages de l’accusé
B et de son avocat A:

A: Mon client est un coquin mais il est innocent.


B: Mon avocat est un chevalier.

7
Pouvez-vous déterminer les types de A et B? Pouvez-vous décider si B est innocent
ou coupable? (Remarque : dans la phrase prononcée par A, le mot “mais” peut être
remplacé par “et”.)

You might also like