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Étude de cas - La Banque mondiale en République Démocratique du Congo (RDC) - Mai 2016

Les parcs agro-industriels, la réponse à tous les maux de la RDC ?

© Jean-Louis Brocart
1. Élements de contexte L’agriculture dans les Dans le DSCRP 2 (2011-2015), le gou-
politiques publiques nationales vernement confirme ces orientations
stratégiques et réaffirme sa vision pour
Selon le rapport de la FAO-UNF- Pour le gouvernement congolais, l'agri- relancer l’agriculture et assurer la sécu-
PA-IIASA sur les potentialités de culture a souvent été nommée comme rité alimentaire. L’État congolais veut
production agricole dans le monde¹, « priorité des priorités » mais n'a jamais redynamiser la structure productive du
la RDC dispose d’un potentiel agricole été sujette à la mise en place concrète monde rural axée sur le développement
suffisant pour nourrir 2,9 milliards de de politiques publiques ou budgétaires. d’une production agroindustrielle mo-
personnes. Entre 2007 et 2013, maximum 3% du derne et sur le renforcement des petits
budget national est alloué à l’agricul- exploitants, tout en assurant la protec-
Pourtant, le pays est incapable de cou- ture alors que la RDC s’était engagée, tion des ressources naturelles du pays.
vrir les besoins alimentaires de toute en signant la déclaration de Maputo
sa population et doit recourir à des en 2003, à consacrer au moins 10% de Fin 2011, la RDC se dote d’une loi por-
importations conséquentes de maïs, son budget national au secteur agri-
tant principes fondamentaux relatifs
blé, riz, sucre, viande… pour près d’$1,5 cole (agriculture, élevage et pêche).
au secteur de l’agriculture qui vient
milliard annuellement². La croissance combler un vide en apportant une
de la production agricole (1,4% par Ce n'est qu'à partir de 2009 qu'une
assise juridique à la politique agricole
an entre 2007 et 2012 selon l’IFPRI) Note de Politique Agricole est publiée,
congolaise⁶. Cette loi crée un cadre
est plus faible que la croissance de la reprenant l'ensemble des projets
pensés depuis 1966. Cette note est propice au développement de l’agricul-
population (2,4% par an), ce qui place ture familiale qui y est reconnue comme
suivie en 2010 par un document de
la RDC dans une situation précaire. la pierre angulaire de l’économie
Stratégie sectorielle de l'agriculture
77% de la population congolaise vit congolaise, mais elle reste succincte et
et du développement rural (SSADR).
sous le seuil de pauvreté (1,90$ par vague sur de nombreux points et, cinq
Cette stratégie propose entre autres
jour)³ et près de 70% des ménages se ans plus tard, sa mise en œuvre se fait
l'attribution de budgets, l'investisse-
trouvent en insécurité alimentaire⁴. encore attendre. Toujours en 2011, le
ment dans la recherche agricole ou
encore la relance du secteur par la pro- gouvernement congolais adopte le Pro-
L’Indice Global de Sécurité Alimentaire motion d'une agriculture familiale et gramme Détaillé de Développement de
place la RDC à la 105ème place sur 109 industrielle. l’Agriculture en Afrique (PDDAA) initié
de son classement en 2015⁵. Le pays se par l’Union africaine. L’objectif est de
trouve aussi en queue de peloton au Ces orientations sont en cohérence avec consacrer au moins 10% du budget na-
niveau de l’indice de développement le Document de Stratégie de Croissance tional au secteur agricole et d’imprimer
humain (176èᵐᵉ sur 188). et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP). un taux de croissance à la production
agricole d’au moins 6% par an sur la Importance du secteur agricole dans 3. Le projet des Parcs agro-
période 2011-2015. Pour y parvenir, le la stratégie industriels (PAI)
gouvernement congolais met en place
un Plan national d’investissement agri- La BM s’est toujours dite prête à accom-
cole (PNIA) pour la période 2013-2020 pagner le gouvernement congolais dans L’initiative des PAI
qui constitue un cadre fédérateur et la mise en œuvre de sa politique agri-
de planification de fonds nationaux et cole, tant financièrement que via l'ap-
Le Plan national d’investissement agri-
extérieurs pour toutes les actions de port d'une expertise scientifique et tech-
cole lancé en septembre 2012 par le
développement agricole et rural. nologique, et a soutenu de nombreux
gouvernement congolais ($5,7 milliards)
projets de développement agricole.
prévoyait pour la période 2013-2020 le
En 2010, la BM accepte de financer à
développement de Zones d’aménage-
2. L’engagement de la BM hauteur de $120 millions le Projet d’ap-
ments agricoles planifiés. Ce plan visait
en RDC pui à la réhabilitation et à la relance du
surtout à inciter les investisseurs tant
secteur agricole (PARRSA), une initia-
nationaux qu’internationaux à se mobili-
tive du gouvernement congolais dont
ser dans la relance d’une agriculture très
Historique et développement actuel l’objectif est d’augmenter la producti-
productive et de précision, fondée sur
vité agricole et d’améliorer la commer-
les nouvelles technologies. Dans ce but,
La RDC compte la Banque mondiale cialisation de la production végétale et
une vingtaine de zones allant de 1.000
(BM) comme partenaire depuis son animale des petits producteurs agri-
à 150.000 hectares ont été identifiées
indépendance en 1960 et ce jusqu’au culteurs. Plus précisément, ce projet se
dans les différentes provinces pour de-
début des années 1990. À cette époque, focalise sur les composantes agricul-
venir des parcs agro-industriels (PAI)¹¹.
sous le régime de Mobutu, la corruption ture, réhabilitation des infrastructures
est endémique, la RDC est incapable de des marchés et des routes de desserte
Une agence congolaise de transforma-
faire face aux échéances de paiement agricole ainsi que sur le renforcement
tion agricole a été créée pour superviser
de la dette et la plupart des interven- des capacités du personnel administra-
le développement des PAI. Le projet tel
tions bilatérales sont arrêtées. La BM tif du Ministère de l’Agriculture, Pêche
et Élevage et du Ministère du dévelop- que voulu par les autorités congolaises
suspend également son aide, dans un vise à soutenir une mixité d’opérateurs
pays où l’insécurité est croissante. Elle pement rural⁹. La durée d’exécution du
PARRSA avait été fixée à cinq ans (2011- agricoles dont des coopératives. Dans
reprend progressivement ses activités les faits, les modalités d’implémenta-
en RDC au début des années 2000 et ini- 2015) et le programme se concentrait
sur trois anciens districts de la Province tion donnent clairement la priorité à
tie une stratégie de « réengagement ra-
de l’Équateur ainsi que sur Kinshasa. l’agrobusiness qui seul pourra mettre
pide » qui met fin à la suspension de son
Satisfaite des résultats atteints, la BM en œuvre de très larges zones de pro-
assistance à ce pays, avec des « prêts
a décidé de prolonger son financement duction. Des déductions fiscales pour
d’urgence » ou des prêts d’ajustement
pour ce projet jusqu’au 31 janvier 2017 l’importation des intrants et les expor-
pour les réformes politiques et l’appui
en accordant un financement addi- tations sont prévues, ouvrant large-
au budget. La BM affirme alors que ses
tionnel dont le montant n’est pas en- ment la porte aux investisseurs tour-
prêts contribuent à la stabilité en RDC
core déterminé¹⁰. Parmi les initiatives nés vers les marchés internationaux.
et à l’accroissement de la capacité du
gouvernement à fournir les services de du PARRSA amenées à se développer Il est prévu que les PAI encadrent et sou-
base à travers tout le pays⁷. dans les années à venir se trouve le tiennent les exploitants agricoles dans
projet de parcs agro-industriels, large- la périphérie des parcs, mais les moda-
Depuis, la BM a participé financiè- ment soutenu et encouragé par la BM. lités restent vagues.
rement ou scientifiquement à des
dizaines de projets en RDC dans des
domaines très variés. La stratégie
d’assistance pays pour la période 2013-
2016 a pour objectif (i) d’accroître l’effi-
cacité de l’État au niveau central et de
décentraliser et d’améliorer la bonne
gouvernance, (ii) de renforcer la com-
pétitivité de l’économie en accélérant
la croissance tirée par le secteur privé
créateur d’emplois, (iii) d’améliorer la
prestation des services sociaux afin de
relever les indicateurs de développe-
ment humain (IDH) et (iv) d’apporter
une réponse aux problèmes de fragilité
et de conflits dans les provinces de l’est
© Agence Ecofin

de la RDC. En juin 2015, le portefeuille


de la BM en RDC comprenait 26 projets
en cours d’exécution représentant un
engagement global de $3,3 milliards⁸.
Le parc de Bukanga Lonzo

Le premier parc mis en place dans le


cadre des PAI est installé à Bukanga
Lonzo (province du Bandundu). Le gou-
vernement explique ce choix par son

« potentiel de production à très


haute valeur ajoutée : terre arable
à fort rendement, disponibilité en
eau et facilité d’irrigation, proximité
avec la ville de Kinshasa qui consti-
tue un marché et un débouché com-
mercial de plus de 10 millions de
personnes »¹². Pour les promoteurs du projet : « La La création des PAI répondrait à une
production de maïs est unique en ce double exigence : la lutte contre la
Inauguré en 2014, le parc de Bukanga qu’elle constitue une base de nourri- malnutrition et l’insécurité alimentaire.
Lonzo va s'étendre sur 80 000 hectares ture pour non seulement les humains, Pour ce faire, le gouvernement congo-
pour assurer la réalisation d’un pro- mais aussi les animaux. La production lais a choisi de « cibler prioritairement
gramme de production étalé en trois de maïs en phase 1 formera, par consé- les productions vivrières par la mise en
phases. La première phase est consa- quent, la base d’une production future place de Pôles d’entreprises agricoles
crée à la production de légumineuses d’aliments pour animaux. Gardant à sous forme de parcs agro-industriels,
(maïs, soja, haricots), la seconde phase l’esprit que l’axe principal est de créer tout en assurant la promotion des
prévoit la production des légumes et non seulement un marché agricole cultures industrielles »¹⁷.
des produits d’élevage (poulet de chair, et de cultures, mais également une
poisson, œufs, viande) tandis que la chaîne de production durable, c’est- Les PAI seraient donc la panacée aux
troisième phase est réservée à l’étape à-dire de la plantation du matériel de maux que connait la RDC en matière
de transformation (huile d’arachide et base (matériel brut sous forme de maïs) alimentaire. « L’initiative dans son en-
de soja, tomates en boite), selon Ida directement au produit final étant un semble repose autour de trois compo-
Naserwa, Directrice générale du Parc morceau de viande sous forme de pou- santes : le développement des fermes
agro-industriel de Bukanga-Lonzo¹³. let sur la table des consommateurs »¹⁴. commerciales, l’appui aux petits fer-
miers vivant dans la périphérie des sites
La gestion du site a été confiée à un La première récolte de maïs a eu lieu sélectionnés, et le développement des
consortium sud-africain, Africom Com- en mars 2015 et aurait atteint, selon le coopératives agricoles à haute intensité
modities, et une société mixte a été gouvernement, les 20 000 tonnes¹⁵. de capital, technologie et main d’œuvre.
créée, la Sopagri, pour fournir services, Concernant le développement des Ces trois composantes permettent de
équipements et intrants au site. Il s’agit infrastructures, à la même période, répondre de manière efficiente et pro-
d’un véritable partenariat public-privé. M. Christo Gobler, CEO d’Africom, a fessionnelle aux problèmes auxquels
Pour lancer le parc, le gouvernement in- indiqué que « 200 km de routes et le pays fait face, à savoir l’offre d’une
dique avoir mobilisé $83 millions. La BM une piste d’aviation sont déjà amé- gamme variée de produits alimentaires
soutient l’opérationnalisation du PAI, à nagés à l’intérieur du parc, qui aligne sur le marché »¹⁸. Outre des emplois,
travers un financement des infrastruc- aujourd’hui plus de 250 tracteurs, un l'amélioration générale des conditions
tures. Ce financement de la BM pour le système d’irrigation couvrant 1.000 de vies de la population environnante
parc rentre dans le cadre du PARRSA et hectares, une usine de bois opération- découlerait également des PAI via de
d’un projet plus large « Western Growth nel, d’une usine de caillasse et d’un nombreux nouveaux services de santé,
Poles project » de $110 millions dans la système interne de purification d’eau ». d'éducation, de transport, etc.
région. Il s’agit d’un prêt d’investisse-
ment spécifique (IDA) au Ministère des Pour cela, le gouvernement a besoin
La position du gouvernement
Finances congolais. Le montant exact d’investisseurs étrangers. En créant ces
congolais et de la BM sur les PAI
alloué au parc n’est pas connu mais on pôles agricoles, il met en place un envi-
sait que 57% des $110 millions vont être Pour les autorités congolaises, les PAI ronnement plus ouvert au commerce et
consacrés aux services d’infrastructure ont le potentiel de créer des milliers promet aux investisseurs une situation
pour le développement du secteur pri- d'emplois, de services et de devenir des win-win avec des opportunités d’accès à
vé dans la zone. La BM financerait es- greniers pour la population congolaise : la terre, d’accès à des fonds complémen-
sentiellement l’électrification du parc. taires (banques de développement),
des services variés et exemptés de taxes
« Le concept de parcs agro-indus-
La première phase d’activité agri- et de la transparence. Il promet aussi
triels est la réponse idéale à la vo-
cole du parc s’est concentrée sur la une sécurité juridique aux investisseurs
lonté du Gouvernement de trans-
production de cultures de base sur en adoptant en 2014 une loi fixant le ré-
former l’agriculture congolaise d’un
5000 ha. Les premières plantations de gime des zones économiques spéciales
secteur de subsistance en un véri-
maïs ont eu lieu en septembre 2014. (espace bénéficiant d’un régime juri-
table moteur de développement de
Tout a été mis en place pour assurer dique particulier qui le rend plus attrac-
l’ensemble de l’économie congo-
une productivité : graines hybrides, tif pour les investissements nationaux
laise »¹⁶.
intrants chimiques et technologies. et étrangers, avantages fiscaux, etc.),
qui sont les zones où les PAI seront dé-
veloppés. À travers la création des PAI,
le gouvernement congolais croit « libé-
rer la croissance et faire face à l’insé-
curité alimentaire », conformément au
cadre stratégique qu’il s’est fixé.

La BM, quant à elle, soutient que les PAI


sont une stratégie très prometteuse
pour relancer les investissements,
améliorer la sécurité alimentaire et

© Jean-Louis Brocart
plus généralement assurer le déve-
loppement économique. La directrice
générale du Groupe de la BM, Mme Sri
Mulyani, en visite à Kinshasa en mai
2015, a réaffirmé le rôle crucial que
l’agriculture peut jouer dans la réduc-
tion de la pauvreté et l’amélioration
du bien être des populations : « Si vous teurs, des coopératives, des groupe- crée le flou sur certaines questions
regardez dans le potentiel du pays, vous ments de producteurs dans la crois- importantes, particulièrement en lien
remarquerez qu’il y a d’énormes possi- sance économique et agricole »²¹ Pour avec le foncier. Sur quoi sont basés
bilités pour que ce pays se développe. Séverin Kodderitzsch, « il n’y a pas in- les critères de localisation des PAI ?
Mais le projet de parc agro-industriel compatibilité entre gros producteurs et Qu’en est-il de l’indemnisation et la
représente un immense potentiel parce petits producteurs, les deux sont plutôt relocalisation des paysans déplacés ?
qu’il aborde un autre secteur : l’agricul- complémentaires ». Quel sort est réservé au statut foncier des
ture dont dépend la grande majorité de parcelles octroyées aux investisseurs ?
la population ». Après une présentation
des PAI par le Premier Ministre, Mme 4. La position des organisa- Dans le cas de Bukanga Lonzo, l’essen-
Sri Mulyani a annoncé que « la Banque tions paysannes congolaises²² tiel de l’information provient du gouver-
mondiale et la SFI (Société Financière nement, peu loquace sur ces questions.
International) sont prêtes à apporter Les OP estiment que 11 000 villages
leur appui en fonction des besoins du vont être déplacés lorsque les 80 000ha
Même s’il est encore trop tôt pour dres-
gouvernement et apporter l’expertise du parc seront exploités. Que vont
ser un bilan objectif du parc de Bukanga
nécessaire pour développer ce sec- devenir les paysans qui vont perdre
Lonzo, le développement de PAI sou-
teur important ». Elle a, par ailleurs, leurs terres, leurs élevages, leur accès
lève de nombreuses questions dans le
invité le secteur privé à participer à cet à l’eau ? Il y a, aujourd’hui, un manque
chef des organisations paysannes (OP).
effort du développement agricole¹⁹. de transparence total sur le projet.
Le parc est fermé et la visite à laquelle
Tel que conçu actuellement, le projet les OP ont été conviées était très en-
Le directeur sectoriel de la BM chargé des PAI favorise nettement les grands
de l’agriculture en Afrique Centrale et cadrée. Une personne présente lors
exploitants agricoles et la production de cette visite en 2015 nous a relaté
Australe, Séverin Kodderitzsch, estime de cultures destinées à l’exportation,
que le projet des PAI est une approche que les premières récoltes auraient
ce qui alimente les craintes des OP de été très mauvaises : le champ visité
intéressante qui amène des collabora- voir l’agriculture familiale marginali-
tions entre des investisseurs publics et n’aurait rien donné sur 70% de sa
sée, voire même disparaitre au sein de superficie, le maïs était si petit (25
privés. ces espaces. Selon les OP, la coexis- cm) qu’il ne pouvait même pas être
tence entre l’agriculture familiale et arraché par les tracteurs et il était,
Même s’il affirme que son institu- l’agrobusiness est possible ; celles-ci par ailleurs, bouffé par les insectes.
tion ne privilégie pas un modèle peuvent même s’enrichir l’une l’autre
agricole précis, l’approche préconi- et se développer de façon complé- Depuis un an et demi, le parc emploie
sée par la BM avantage clairement mentaire. Mais cette ouverture et cette des ouvriers agricoles dans des condi-
une agriculture « de nature privée, tolérance par rapport à l’agrobusi- tions précaires, avec un statut de jour-
qui aspire à être beaucoup plus ness supposent la réunion d’un cer- nalier : « Nous avons une année et six
productive en prenant en compte tain nombre de conditions qui, dans mois depuis la coupure du ruban sym-
des éléments nouveaux comme le cadre du premier PAI, n’ont pas été bolique, ils n’ont engagé personne, alors
la mécanisation, l’utilisation des réunies. La principale condition réside que nous faisons des lourds travaux.
semences performantes et de nou- dans la concertation franche et directe Il y a même des gens qui manipulent
velles techniques agricoles »²¹. avec les OP ; ce qui n’a pas du tout été les produits chimiques sans aucune
le cas dans le cadre de la mise en place protection. Nous sommes payés régu-
des PAI. Les OP soulignent le manque lièrement, mais ce salaire ne nous
Il ajoute cependant que « le défi est de de clarté et de transparence du projet permet pas de nouer les deux bouts
veiller à ce que cette approche qui a le ainsi que le manque de consultation des du mois », a indiqué l’un d’eux à Radio
potentiel s’inclut dans une croissance coopératives et populations locales. Okapi²³. De plus, ils n’auraient pas accès
inclusive, elle inclut les petits agricul- Or, le manque de dialogue et d’échange à l’eau potable, réservée aux expatriés.
À l’avenir, les emplois dans le parc béné- portées par les paysans et leurs orga-
ficieront très peu aux petits agriculteurs nisations et qui visent également à La reconnaissance des exploi-
locaux car il s’agira d’emplois spécia- transformer et relancer l’agriculture²⁵. tants et des organisations pay-
lisés. Sur les 300 personnes engagées, sannes en tant que acteurs socio-
140 ont d’ailleurs été licenciées mi- Pour les OP, au lieu de se concentrer professionnels du métier agricole ;
février car elles ne sont plus compéti- sur les PAI, le gouvernement congo- L’implication de toutes les parties
tives pour la seconde phase du projet²⁴. lais devrait plutôt mettre en place une prenantes ;
Les OP soulignent également qu’au- politique agricole favorable à toutes les La mise en œuvre des politiques
cune étude d’impact environnemental, catégories de producteurs agricoles, actives dynamiques innovantes en
sociétal, ni foncier n’a été réalisée avant petits et grands, et qui devra tenir faveur de l’agriculture familiale.
la mise en œuvre du projet. compte des éléments suivants :

Revendications

Les trois grandes forces paysannes du


pays (COPACO, CONAPAC et UNAGRICO) 1 : FAO-UNFPA-IIASA, Potential Population 14 : S.E. du parc agroindustriel de Bukanga
ne rejettent pas totalement l’initiative Supporting Capacities of Lands in the Develo- Lonzo, http://www.parcagro.com/index.php/
ping World, Rome, Project INT/75/813, 1984. fr/à-propos-de-nous
de création de PAI mais, pour qu’ils
puissent réellement contribuer à sou- 2 : http://www.lepotentielonline.com/index. 15 : Le Potentiel Online, http://www.lepoten-
php?option=com_content&view=article&id=1 tielonline.com/index.php?option=com_co
tenir les petits producteurs, elles récla- 2085:rdc-le-parc-agro-industriel-de-bukanga- ntent&view=article&id=12085:r
ment une clarification du rôle des PAI lonzo-produit-20-000-tonnes-de-mais-pour-la- dc-le-parc-agro-industriel-de-bukanga-lon-
premiere-recolte&catid=90:online-depeches zo-produit-20-000-tonnes-de-mais-pour-la-pre-
par rapport aux exploitants agricoles sur miere-recolte&catid=90:online-depeches
3 : http://povertydata.worldbank.org/poverty/
les terres concernées et en périphérie country/ZAR 16 : Ullimwengu John, La transformation de
et, d’une façon globale, une protection l’agriculture congolaise par le développement
4 : http://caritasdev.cd/fr/
des intérêts des petits paysans par un index.php?option=com_ des parcs agro-industriels, disponible sur
content&view=article&id=2666:la-securite- https://www.primature.cd/public/bh5-xsq-2gls/
cadre règlementaire négocié avec eux. alimentaire-un-sujet-toujours-actuel-en- uploads/2014/05/La-Transformation-de-lagricul-
rdc&catid=25&Itemid=100053 ture-congolaise-par-le-d%C3%A9veloppement-
des-parcs-agro-industriels.pdf
Les OP demandent à ce qu’elles-mêmes, 5 : http://foodsecurityindex.eiu.com
(les coopératives) et plus généralement 17 : Ibid.
6 : Loi n°11/022 du 24 décembre 2011 portant
la population soient consultées de principes fondamentaux relatifs à l’agriculture, 18 : Ibid.
manière régulière, tant lors des phrases disponible sur http://leganet.cd/Legislation/
Droit%20economique/Agriculture/RDC%20-%20 19 : Radio Okapi, http://www.radiookapi.net/
d’identification et d’implantation que Loi%20agriculture%20principes%20fondamen- economie/2015/05/12/rdc-la-banque-mondiale-
taux-%2024%2012%202011.pdf promet-daccompagner-le-gouvernement-dans-
de mise en œuvre des PAI. À la fois pour le-secteur-agricole
prendre en compte leurs revendications 7 : Gilfenbaum E. et Lawrence S., Environmental
Defense, La Banque mondiale en RDC, juillet 20 : MediaCongo, http://www.mediacongo.net/
mais aussi pour apporter des clarifica- 2005. article-actualite-7761.html
tions sur les tenants et aboutissants 8 : Banque mondiale, http://www.banquemon- 21 : Radio Okapi, http://www.radiookapi.net/
du projet des PAI, précisément sur les diale.org/fr/country/drc/overview#2
economie/2015/02/18/la-banque-mondiale-
enjeux fonciers (dédommagement, 9 : Blog du Bureau de la BM en RDC, encourage-le-projet-du-parc-agro-industriel-
https://banquemondialerdc.wordpress. en-rdc
relocalisation, statut). Elles préconisent
com/2009/12/12/271109-lavenir-un-autre-don-
que le développement de nouveaux de-la-banque-mondiale-120-millions-usd-pour- 22 : Parcs agro-industriels : les paysans
la-rehabilitation-et-la-relance-du-secteur-agri- revendiquent leur compte pour soutenir
PAI fasse l’objet d’un moratoire, en cole-congolais-3 l’agriculture familiale. Position des organisations
attendant l’évaluation des résultats du paysannes face à la politique du gouvernement
10 : Le Secrétariat général à la Primature- de la RDC autour de l’implantation des parcs
premier site pilote de Bukanga Lonzo. RDC, https://www.primature.cd/public/ agro-industriels. Kinshasa. Février 2015.
Les OP exigent que les bénéficiaires la-banque-mondiale-prolonge-le-projet-parrsa-
jusquen-2017 23 : Radio Okapi, http://www.radiookapi.
exploitant des PAI mettent en place des net/2016/02/12/actualite/societe/rdc-les-tra-
services d’accompagnement technique 11 : S.E. du parc agroindustriel de Bukanga vailleurs-de-bukanga-longo-revendiquent-un-
Lonzo, http://www.parcagro.com/index.php/fr contrat-stable
des petits paysans. Elles demandent à
12 : Le Potentiel Online, http://www.lepoten- 24 : Radio Okapi, http://www.radiookapi.
leur gouvernement d’instaurer un mé- tielonline.com/index.php?option=com_co net/2016/02/15/actualite/societe/le-projet-
canisme efficace de contrôle et de suivi ntent&view=article&id=12085:r bukanga-lonzo-licenie-140-travailleurs-non-
dc-le-parc-agro-industriel-de-bukanga-lon- competitifs
des politiques sociales de développe- zo-produit-20-000-tonnes-de-mais-pour-la-pre-
ment en faveur des travailleurs locaux miere-recolte&catid=90:online-depeches
25 : Les Parcs agro-industriels en RD Congo :
et de favoriser en priorité les commu- 13 : Le Secrétariat général à la Primature-RDC, Positions des organisations paysannes congo-
https://www.primature.cd/public/intensifica- laises et de l’Alliance AgriCongo, disponible sur
nautés locales dans le recrutement de tion-des-points-de-vente-des-produits-bukan- https://www.sosfaim.be/wp-content/uploads/
ga-lonzo-a-kinshasa sites/3/2014/09/plaidoyer-AgriCongo-pai.pdf
la mise en œuvre des activités des PAI.

Enfin, les OP réclament par ailleurs


qu’un budget au moins équivalent à
celui qui est consacré aux PAI soit dis-
ponible pour le soutien à l’agriculture
familiale, en appuyant les initiatives Auteur : Annabel Maisin
Mise en page : Fanny Gosset

Étude de cas - La Banque mondiale en RDC - Mai 2016

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