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COURS 1 INTRO

- Présentation :
Études, travail, études, illustre encore malgré études
- Noms prénoms de la classe
- Plan pour le cours
o But : familiariser avec les courants, pas trop de théorie assommante, plutôt
pour « avoir vu » les œuvres.
o Bagage visuel pour mieux affronter le BA
o Étudier principaux styles et mouvements artistiques
o Début à la renaissance, jusqu’au pop art environ
o Une partie plus « théorique », cours ex-cathedra en gros
o Une partie plus « pratique », lecture d’images
o Le but de la leçon d’aujourd’hui, créer cette grille de lecture, qu’on pourra
compléter au fur et à mesure, et qui nous servira tout au long de l’année

COURS 2 RENAISSANCE
1. Intro
a. Remise en contexte vis-à-vis MÂ

L’idée de “Moyen Âge” est ancienne : au 14e siècle, un mouvement culturel et intellectuel
connu sous le nom d’humanisme émergea dans les villes italiennes avant de se diffuser en
Europe. Ses adhérents cherchaient à redécouvrir et à faire renaître la culture antique gréco-
romaine, qu’ils considéraient comme parfaite et qui, pour eux, avait été perdue lors de la
“chute de Rome” au 5e siècle.
Ils participent à ce qu’on appelle la Renaissance : un mouvement de redécouverte,
d’imitation et de dépassement de l’art et de la culture gréco-romaines, “perdues” au cours du
Moyen Âge.

Le Moyen Âge est alors caractérisé comme période d’entre-deux, “moyen” à la fois parce
qu’il est compris entre l’Antiquité et la Renaissance et aussi de manière péjorative parce qu’il
aurait été médiocre.

b. Qu’est-ce que c’est ?


Mouvement qui s’intéresse à l’Antiquité, aux sciences, on redécouvre les textes, la
perspective linéaire ou géométrique.
Dates de début et de fin : 1330-1630, on commence environ début 14 e siècle jusqu’à environ
1630, au 17e.
Ses débuts se font en Italie (à Rome mais pas seulement), Rome étant le grand centre
névralgique de l’empire romain, c’est là que sont encore beaucoup de monuments antiques,
ainsi que des ouvrages et des connaissances de l’époque.

André Vésale, né Andreas Wytinck dictus van Wesel à Bruxelles le 31 décembre 1514
et mort à Zante le 15 octobre 1564, est un anatomiste et médecin brabançon,
considéré par de nombreux historiens des sciences comme le plus grand anatomiste
de la Renaissance, voire le plus grand de l’histoire de la médecine.

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Attention, on parle bien de mouvement plutôt que de période, en effet il y a beaucoup
d’années de décalage entre les débuts de la renaissance en Italie et son développement
dans nos régions.

2. LA RENAISSANCE EN ITALIE 15 E
- On n’est pas encore au stade où on fait de l’art pour de l’art, ou de l’art de manière
indépendante.
- Le sujets sont religieux, ou d’inspiration antique
- Les artistes sont organisés en ateliers, où le maître dirige les opérations
- Lorsqu’il y avait beaucoup de commandes, ou des commandes très grandes ou
élaborées, c’étaient les peintres de l’atelier qui faisaient le gros du travail, et le maître
venait mettre les touches finales
- Les ateliers dépendaient donc de leurs commanditaires, de leurs mécènes

- Le mécénat désigne le fait d'aider et peut être par la suite de promouvoir des arts et
des lettres par des commandes ou des aides financières privées, que le mécène soit
une personne physique ou une personne morale, comme une entreprise.

Lorenzo de Medici né à Florence le 1er janvier 1449 et mort dans cette même ville le 8
avril 1492, est un homme d'État florentin et le dirigeant de facto de la République florentine
durant la Renaissance.
Notion de mimésis : mimétique, on veut rendre le réel le plus fidèlement possible. On le
verra, c’est une notion qu’ont va voir être centrale dans la pensée artistique, dans la
démarche de la représentation pendant encore longtemps, et on ne s’en est réellement
détaché qu’au 20e siècle.

Masaccio
Tous les principes humanistes de la Renaissance s'expriment ici car tous les personnages
ont la même taille, rejetant les principes du Moyen Âge et de la peinture byzantine qui
représentaient, par une taille différente, l'importance symbolique des personnages.
Da Vinci
Grand fasciné des
▪ sciences,
▪ de l’anatomie,
▪ mathématiques
▪ Philosophie
▪ Physiologie
cf. Schémas de constructions, d’engrenages. Sorte de figure phare de l’homme de la
renaissance.
Son travail anatomique à la base est extérieur, il sert de travail préparatoire pour ses
peintures. Mais il s’intéresse ensuite à l’anatomie intérieure, et travaille sur des cadavres, il
fera des dissections.
Symbole de la renaissance qui veut s’intéresser de plus en plus à la science, pour « sortir
des ténèbres » du moyen age. Entre guillemets

Leonardo da Vinci, La joconde. 1519


Leonardo da Vinci, La vierge aux rochers. 1486
Leonardo da Vinci, Saint Jean-Baptiste. 1516

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— Présence encore très marquee de l’art religieux
Michel-Ange – Michelangelo Buonarroti

Considéré come un génie éminent de la renaissance. Il travaille également sous la protection


de Laurent de Médicis.
- Il peint des sujets bibliques
- Mais s’intéresse aussi à la science, au mathématiques et à l’anatomie.

Il sera sculpteur, il fera des chefs d’œuvre comme sa pietà ou son David. 5m

C’est à lui qu’on doit une des œuvres les plus connues, La peinture murale du toit de La
Chapelle Sixtine :
- Entre 1508 et 1512
- Simule l’architecture, divise les arches déjà présents et y insère :
- Des scènes bibliques, de la Genèse
- De la création et le déluge
- Adam et Ève
- Etc

- La Pietà
- l sculptée entre 1498 et 1499.
- statue en marbre de Michel-Ange de la basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome
- représentant le thème biblique de la « Vierge Marie douloureuse » (Mater dolorosa
en latin ou Pietà),
- tenant sur ses genoux le corps du Christ descendu de la Croix avant sa Mise au
tombeau, sa Résurrection et son Ascension.
- 174 × 195 × 69 cm

Raphaël
Sujets :
- Allégorie religieuse
- Mythologie
- Portraits (commandes
- Inspiration antiqie

située dans la Chambre de la Signature (les Stanze) des musées du Vatican, l'une des
quatre Chambres de Raphaël situées à l'intérieur du palais apostolique. C'est l'une des
œuvres picturales les plus importantes de la Cité du Vatican. Cette fresque
symbolique présente les figures majeures de la pensée antique.

Intérêt pour la composition, pour le mouvement

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3. L’innovation dans la technique
Avant 1400, la structure picturale la + simple et la + utilisée, c’est la superposition des
tons en à plats de couleur, particulièrement utilisée dans les peintures murales, décrite
dans le traité du moine Théophile. Ça donne un effet assez graphique, tous les contours
sont dessinés par un cerne assez marqué.

a. EN ITALIE : LA DÉTREMPE

Structures picturales avant le 15e siècle : 3 techniques

A. La superposition de tons en aplat


- La première structure picturale qui existe est en réalité la plus simple
- Elle existe environ jusqu’au 13e siècle.
- Cette technique est principalement utilisée pour les peintures murales, et en moindre
mesure pour des peintures sur panneaux en bois

(Le support peut être la toile, le bois, ou un mur)

- Superposition de tons, on fonctionne par aplats de couleur


- D’aplat en aplat, on superpose les tons plus clairs et plus foncés pour créer des
modelés
- On a un ton de fond assez uniforme et sur ce ton de fond, on pose en aplat un ton de
lumière et un ton d’ombre aux endroits que l’on souhaite mettre dans la lumière ou
dans l’ombre.
- On va reprendre les contours par un cerne qui sera extrêmement appuyé et qui va
donc donner cet aspect assez graphique aux œuvres réalisées en aplat de
couleur.

B. Le mélange de couleur

- À partir du 14e siècle on a une nouvelle technique qui va se développer, elle


apparaît surtout dans la peinture en Toscane (Sienne et Florence).

- On ne va plus utiliser la superposition de couleurs pour créer des modelés mais bien
le mélange de couleurs. On obtient les modelés par mélange au sein d’une
même couleur, le modelé fondu.

- On sent clairement la trame du pinceau, ça n’est pas purement transparent, modelé


progressif, à la détrempe et donc mélangé, on passe avec le pinceau entre la lumière
et l’ombre et vice versa.

- On verra que ça sera différent chez les primitifs flamands.

Modelé mélange, technique des 3 tons :


1. Ton d’ombre
2. Ton de lumière
3. Ton moyen

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On commence par poser le ton d’ombre pour aller vers la lumière et puis on pose le ton de
lumière pour aller vers l’ombre et ce faisant, en allant de l’ombre vers la lumière et de la
lumière vers l’ombre avec son pinceau, il obtient ce qu’on appelle un modelé fondu et on n’a
plus de superposition.

En faisant des va et viens entre les ombres et les lumières, on va avoir des effets
de pinceau visibles.

3 règles à respecter pour la détrempe :


1. Édifices et paysages avant les carnations/les figures
2. Dans les carnations, on utilise d’abord un ton de fond, une terre verte (blanc et du
vert encollés avec du jaune d’œuf).
3. Une fois les carnations finies, pour rendre les ombres on va poser le verdaccio,
mélange de
pigments rouges et bruns et de vert.

Vierge : on remarque bien cet aspect fondu de cette technique. Dans les détails, on voit
qu’on sent fort les coups du pinceau. Ça vient de la tempera mais aussi du fait qu’on est
dans un modelé fondu.

Dans la peinture italienne du trecento, ces couleurs sont mises à la technique de la


détrempe (eau + oeuf + pigment, liants en même proportion que les pigments). L’eau
sèche plus vite que l’oeuf, ce qui influence l’ordre des couches picturales, qui ne sont
jamais épaisses.

b. EN FLANDRE : LA PEINTURE À L’HUILE

Structure picturale du 15è, chez les primitifs flamands :


- plus aucun trait de pinceau, le but est de le cacher.
- La peinture joue sur la profondeur et la superposition des couleurs, des couches
transparentes en glacis
- et la réflexion des couches de couleur sur la couche de préparation blanche.
- La peinture est parfaitement lisse.

A. Superposition de couche translucide, couche de glacis

- La troisième technique de modelé qu’on va étudier est une structure picturale qui va
déjà apparaître avant van Eyck chez les peintres pré-Eyckien.
- Elle va atteindre son apogé avec van Eyck, ça n’est pas lui qui l’invente.
- On superpose les couches translucides, les couches de glacis qui sont des
couches à base d’huile avec beaucoup de liants, beaucoup d’huile et peu de
pigments.
- On va superposer ces couches de couleur translucide sur une couche de préparation
claire, blanche.
- On va avoir une luminosité des modelés obtenue par la réflexion de la lumière à
travers ces couches de couleurs translucides.

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- C’est une technique où il n’y a aucun effet de facture visible en surface
contrairement à la peinture italienne du Trecento.

COURS 2 : LE MÉTIER D’ARTISTE

i. Le métier d’artiste et le milieu artistique

a) Le système des Beaux-Arts (1800-1910)


1. La formation
Principes de l’enseignement
2. La monstration
Le salon
3. La collection

b) Le monde de l’art moderne (1860-1960)

c) Le monde de l’art contemporain (1960- présent)

ii. Le néoclassicisme

Intro
Importance de l’antiquité gréco-romaine
Retour sur le serment des Horaces
L’héritage
La sculpture néoclassique

1. Le système de beaux-arts (1800-1910) : jusqu’à environ le début de WW1.


2. Le monde de l’art moderne (1860-1960) : 2 systèmes coexistent pendant 1 siècle.
3. Le monde de l’art contemporain (1960-2000) : redéfinition des postulats
esthétiques, des pratiques artistiques, bascule dans autre chose, la « naissance de
l’art contemporain ».

Histoire qu’on enseigne est essentiellement une histoire des œuvres. Ça n’est pas un tort,
mais derrière l’œuvre est un artiste, qui s’inscrit dans un milieu particulier, le monde de l’art.
Il doit produire l’œuvre et la montrer, la faire vivre dans le monde, collection privée ou
publique. Il doit faire carrière, faire exister l’art dans le monde de l’art. On ne naît pas
artiste, on le devient.
Cf. Métaphore du footballer, qui, aussi prédisposé soit-il, il n’est rien s’il n’est pas formé,
encadré, soutenu.

Une œuvre n’est pas faite pour rester dans un atelier, elle est faite pour être montrée,
et enfin pour qu’elle soit acquise, pour que l’artiste puisse construire sa carrière.
On devient artiste, mais on ne le devient pas de la même manière en 1800 et en 2022.

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Comment réaliser une carrière lorsqu’on a une ambition, une vocation de devenir artiste ?

1. Le système de beaux-arts (1800-1910) :


Repose sur 3 piliers.
1. La formation : suivie de la production des œuvres, se passe dans les académies des
beaux-arts.
2. La monstration : monter les œuvres. Le salon a cette fonction, de nous jours une
foire, une biennale.
3. La collection : collections privées ou publiques.
Ces 3 fonctions s’articulent et sont le système de l’art moderne. Elles sont prises en charge
par des institutions précises.

La formation à l’académie des beaux-arts


Mettons, personne de 18 ans veut être artiste, comment procéder ? D’abord, les écoles
communales, municipales, niveau primaire-secondaire, basique mais gratuit. Également par
imitation des maîtres anciens.
Autre moyen, ateliers privés, notamment fréquentés par des femmes, qui n’ont pas
accès à l’académie. Les professeurs sont souvent les mêmes qu’à l’académie. Pas gratuit,
encore faut-il se le permettre. Milieu assez aisé.
Beaucoup d’artistes formés dans leurs familles. Au début 19ème, même courant, on voit
des dynasties, on est artistes de père en fils ou de mère en fille.
Autodidacte en copiant les tableaux ou atelier privé ou école municipale, le but est
d’être admis à l’École des Beaux-Arts.

Principes de l’enseignement :
- Mimésis : peindre des tableaux qui donne l’impression de réel.
- Discursivité : image doit tenir un discours, emprunté à la mythologie gréco-
romaine, la bible ou l’histoire. Une gradation des sujets, le paysage est un non-
sujet par exemple au début du 19 ème. La nature morte également.
- Dessin : le dessin c’est la clarté de l’image, expression de la pensée, maitrise de la
forme et la couleur. La ligne doit être claire.
- Inspiration antique : l’horizon qu’on détermine est le monde antique redécouvert via
la renaissance, en parallèle avec les débuts de l’archéologie.

Exemple : 2 tableaux accrochés l’un à côté de l’autre au Musée moderne de Bruxelles 1983

➢ Joseph Stallaert, La mort de Didon, 1872


- Sujet, histoire mythologie romaine
- Réalisme de l’image

- encore le cas maintenant. Sauf La Cambre et l’école de Mons, l’ARTS2.

La monstration

Le salon : passage obligé


Carrière terminée, le peintre cherche à exposer, et c’est à cette fonction de monstration que
répond le Salon. Chaque ville, pays, centre culturel à son salon. Celui qui donne le ton est
celui de Paris, c’est le principal.

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1791 — Assemblée nationale française décide que dorénavant, le salon de Paris sera
ouvert à tout le monde, à tous les artistes, formés, français, ou non. Jusque-là, il fallait
faire partie de l’académie, le parcours était difficile. Ça devient très libre et ça repose sur
l’initiative personnelle.

Pourquoi pas d’autre lieu ? Événement officiel, toute la critique et le publique amateur
y est. Peut-être moment de légitimité via médaille. Option de commande, de se faire
repérer. C’est comme ça que les gens se professionnalisent, se légitimisent. Possible
de vendre tableau.

Fonctionnement du salon
Comment réguler qui expose ?
- Jury de sélection, qui juge sur pièce. Le critère principal est essentiellement
technique, pas esthétique, bien qu’elle joue, surtout avec l’impressionnisme au milieu
du 19ème. Ce qui gêne n’est pas le sujet, c’est la technique qui donnait l’impression
d’une pauvre maîtrise.
Les catalogues sont donc très hétérogènes. En France, c’est très rigide, en Belgique
un peu moins. Le but en Belgique n’était pas de rejeter le gens, mais de protéger les
professionnels, ça n’est pas un événement amateur.
Exemples :
- Jury d’admission du Salon de Gand, 1892
- Le jury du Prix Godecharle, 2019
➔ Pas tant changé finalement.

- Comité de placement. Le tableau étant admis, vient le comité de placement


150-200 tableaux, 2h de visite de nous jours. Au 19ème, 4000 tableaux. Comité qui
gère le placement et l’accrochage.
De nous jours, accrochage horizontal de gauche à droite. À l’époque, du sol vers le
haut, en tapisserie. Les grands formats sont en haut pour mieux les voir. L’espace à
conquérir est celui au niveau des yeux.

- Médailles et récompenses : Charles X distribuant les récompenses aux artistes,


1824. Tableau au niveau du document intéressant. Si on veut se retrouver dans la
situation du peintre établi entouré de l’aristocratie devant le roi, il faut se conformer
aux système. Il faut prendre exemple sur les tableaux qu’on voit accrochés au mur.
Exemple celui de Ingres, Le Vœu de Louis XIII.
Comme chaque ville organise son salon et son éducation artistique, lorsqu’elles ont
un musée, elles exposent les œuvres des artistes qu’elles ont formés. Ça forme un
système triangulaire, plus ou moins pyramidal.

David Teniers le Jeune, Le gouverneur Léopold-Guillaume et sa collection de tableaux


à Bruxelles, ca. 1650

2. Le monde de l’art moderne (1860 – 1960)


Certains artistes pourtant ne se conforment pas aux normes de ce système, qui est fort
normé. Que faire des artistes qui sont antisystème ?

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1863 : Salon des Refusés, un one shot. La notion de galerie d’art n’existe pas encore. Il y
avait trop de candidats. On ne pouvait présenter que deux tableaux. Malgré ça, volume
tellement important que pendant le second empire, on se dit de prendre tous les rejets et les
mettre dans le Salon des Refusés. Ainsi ils ont organisé une sorte de salon off en même
temps que l’officiel. Certains artistes comme Courbet ont été pris pour le vrai mais super mal
exposés, mais d’autres comme Manet dans les refusés mais très bien exposés. Le SdesR
est considéré comme le premier salon d’art moderne. Mais ça n’était pas l’intention des
organisateurs, qui ne le faisaient pas dans cette vision sérieuse. Le jury d’admission donne
de la valeur, s’il est pris il devient une œuvre d’art. S’il est refusé, quel statut de l’objet,
simple image à l’huile ?
1825: François Joseph Heim : Charles X distribuant des récompenses à la fin du salon de 1824

L’autonomisation
Certains artistes refusés, le cas de Monet et Manet par exemple, qui ne se borne pas à la
mimésis, ou comme Monet qui pense que la couleur prend le pas sur le dessin. Certains
artistes ont une position anti-discours, comme Cézanne qui fait des natures mortes. Dans la
mentalité du 19ème, ces choses ne sont pas concevables, ils sont jugés comme presque
obscènes. Certains tableaux ne passent pas la rampe.

L'Estaque, vue à travers les pins, cézanne

1855 : Gustave Courbet, L’atelier du peintre. 1852, prise du pouvoir de Napoléon, exposition
universelle à Paris, gros événement de légitimation. Courbet se fait recaler, parce que les
tableaux sont trop grands, pas pour des raisons techniques/esthétiques mais pratiques.
Courbet, qui avait mauvais caractère, décide de planter un chapiteau de cirque en face de
l’expo universelle et d’y montrer ses œuvres (7mx5m). Il obtient l’autorisation, et montre
divers tableaux dont celui-ci. En parallèle, il écrit le Manifeste du réalisme, pour expliquer
son raisonnement. Après l’entrée payante, il y distribue son tract avec le texte. C’est le
premier événement où un artiste organise sa propre exposition, quoi qu’en lien avec l’expo
universelle.

Les artistes s’organisent en collectifs, la Société libre des beaux-arts à Bruxelles par
exemple. 1874, première expo dite impressionniste. La Société qui en réalité était une
association assez hétérogène, organisait des expositions dans des lieux comme des ateliers
de photographie. On voit une volonté de s’associer et investir dans un lieu non-officiel.

Par exemple le groupe des XX. 20 artistes belges, chacun invitant un artiste étranger, pas
limité à 2 tableaux. Bruxelles a été une sorte de caisse de résonance de ce qui était à la
pointe de la peinture à l’époque, pendant la période d’activité des XX.

Il est à tort d’opposer les peintres des salons (méchants) et les impressionnistes qui
exposent au XX (gentils).
À l’époque, le musée qui a racheté les 2 tableaux de Frederic et Stallaert les expose l’un à
côté de l’autre. À leur époque de production, on ne fait pas la différence entre la peinture
d’histoire et une peinture plus moderne. Ils avaient la même dimension environ et la même
valeur.

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Le salon est un événement :
- Légitimant
- Professionnalisant
- Démocratique
On juge par pièce, on trouve des tableaux de femmes au Salon. Chez les XX, on est sur
du 2%.

Pour résumer :
Le monde de l’art moderne s’articule en 3 points :
- Les médiateurs
- Le public
- Les artistes

Caractéristique 1 : le statut de l’artiste


Être moderne : l’artiste n’est plus exclusivement lié au système officiel.

- Modernité = mode + éternité (ici et maintenant, le transitoire et l’éternel, trouver


quelque chose qui transcende le fugace), formés à l’académie des beaux-arts, artiste
actualise les schémas anciens, maillon dans la chaîne de l’histoire.

- Avant-garde = rupture dans la tradition (détournement de l’objet, le collage, nouvelles


techniques. Nouvelles structures, associées à des nouvelles écoles Bauhaus,
Inkhouk, ENSAPV La Cambre)

Caractéristique 2 : la critique d’art et l’aspiration théorique des artistes


Lorsque les artistes exposent ailleurs que le salon, quel statut pour un tableau exposé dans
un atelier photo (qui n’est pas encore un art) ? Critiques faites par les écrivains, Baudelaire,
puis Zola, Mallarmé, vont défendre les tableaux qui sont l’équivalent pictural de leur
recherche à l’écrit. Ils ont un rôle de légitimation, de soutien aux artistes.
Les artistes, à force de vouloir réactualiser, peut-être faudrait-il donner un mode d’emploi, un
manifeste. Les artistes vont théoriser, verbaliser leur pratique. Une catégorie qui va exploser
c’est l’écrit d’artiste.
Le refus de s’inscrire dans une tradition fait qu’on la rompt, ça crée une volonté de justifier ce
choix. Les artistes se sentent les mieux placés pour l’expliquer.
- Manifestes, interviews, textes, etc.

Les peintres d’histoire ne sentent pas le besoin de faire ça, seulement lorsque les peintres
sont refusés et se trouvent dans des lieux marginaux. Pour certains artistes, dans les 70s,
une œuvre est nécessairement conceptualisée, et cela est suffisant sans la réalisation, c’est
l’aboutissement ultime et radical de la théorisation de l’art. « Mon propos, ma pratique c’est
ma théorie ». Il n’y a pas d’artefact créé.

Caractéristique 3 : la nature de l’œuvre d’art


Dans un schéma de création d’artiste moderne, on ne se base pas sur le principe de
mimésis. Le peintre moderne voit la toile comme une projection intérieure. À partir de ce
postulat, la subjectivité devient un critère, et on peut s’autoriser une licence de faire toutes
les modifications possibles. L’image devient autonome par rapport au réel qu’elle représente.
C’est le germe de l’art abstrait qui apparaît dans les années 10.

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Caractéristique 4 : le statut social de l’œuvre d’art
Comment s’inscrire dans un système duquel on s’écarte ?
Bâtiment de le Sécession à Vienne. Premier bâtiment entre l’art contemporain de l’époque et
le cadre architectural dans lequel on le présente. On propose une fusion d’art contemporain
avec un bâtiment contemporain, concept nouveau. On organise la monstration dans des
lieux indépendants de l’état, ceci en est la représentation.

3. Le monde de l’art contemporain 1960-2000


On a vu un système hérité de la renaissance, qui considère que l’art a pour but la mimésis la
plus transparente. Codes d’anatomie, sujets bibliques/historiques, le tout organisé dans les
écoles. Art moderne réagit et réorganise.
Au cours des années 1960, s’opèrent des changements. On ne se forme plus pareil, on
n’expose plus aux mêmes endroits.
Comment les comprendre ?

Caractéristique 1 : grande complexité de la période


Caractéristique 2 : élaboration d’une culture de masse et refus de l’élitisme
Caractéristique 3 : extension du domaine de l’art
Caractéristique 4 : complicité entre l’artiste et l’institution
.

COURS 3 : LE NÉOCLASSICISME

1. Introduction

Une période (1770-1850), deux mouvements


Fin du 18ème, 1750 environ jusqu’au milieu du 19 ème 1840-50. Englobe 2 courants artistiques
majeurs, le néoclassicisme et le romantisme.
Dans un contexte de relecture, redécouverte de l’antiquité, à travers notamment l’essor de
l’archéologie (Pompéi). Antiquité apparaît comme fond de référence, comme modèle pour
repenser la modernité, les états, la démocratie, construire la république, pour les intellectuels
et les politiciens. On considère que la peinture doit représenter ces valeurs.

Pour le romantisme, on se tourne vers le M-Â. Certains considèrent que la peinture n’est pas
donneuse de leçons morales, mais une révélation du sacré, tout autre horizon de référence,
redécouverte du M-â au 19ème.

Événement politique majeur, révolution française redessine la carte de l’Europe.


Conduit à la proclamation de l’empire par Napoléon, puis Napoléon tombe en 1815. À la
chute de l’empire, se déroule le congrès de Vienne, qui redessine les frontières l’Europe
après l’expansion de l’empire nap
oléonien. On rétablit la monarchie en France, c’est la Restauration, mais ça ne correspond
pas au désir du peuple. Cette restauration porte les ferments de nouvelles vagues
révolutionnaires qui éclatent en 1830, aussi en Belgique.
Ça crée un sentiment d’appartenir à une génération sacrifiée (« tout ça pour ça », toutes ces
pertes pour revenir à la case départ, à la monarchie). Ça nourrit le développement du
romantisme.

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Ça s’illustre dans certains tableaux :

- Gustave Wappers, Épisode des journées de septembre 1830, 1835.


- Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple, 1830.
1848, renversement définitif de la monarchie, installation de la 2 nde République. 1852, fin de
cette dernière. Pourtant réforme du salon, abolissement de l’esclavage.
Napoléon prend le pouvoir, conservateur, s’empare de la presse et la contrôle. Baudelaire va
publier en Belgique par exemple.

Les lumières. Mouvements révolutionnaires sont poussés par les valeurs des lumières,
notamment la liberté (de presse, d’expression, etc.). Notion de liberté théorisée par les
lumières, qui devient courant politique (libéralisme). Ça croise aussi l’histoire de l’art. Fin
18ème, ordonnance prise qui sépare les arts mécaniques et les arts libéraux, artisanat vs
beaux-arts, l’art devient art à part entière.

1791 — Assemblée nationale française décide que dorénavant, le salon de Paris sera
ouvert à tout le monde, à tous les artistes, formés, français, ou non. Jusque-là, il fallait
faire partie de l’académie, le parcours était difficile. Ça devient très libre et ça repose sur
l’initiative personnelle.

2. Importance de l’antiquité gréco-romaine


Relecture de l’antiquité s’exprime à travers nombreuses publications. 2 ème moitié du 18ème
dans un contexte assez global voit cette relecture de l’antiquité. On invente également à ce
moment-là l’archéologie, la fouille. Pourquoi un tel intérêt ? On considère que les civilisations
antiques gréco-romaines sont un exemple, sur lequel prendre appui pour construire la
société.

Rome, capitale de l’Antiquité.


Beaucoup de pays ont des antennes à Rome, des académies. Concours Prix de Rome,
ouvert à tous les peintres. Prix : résidence à la villa Médicis, tous frais payés, sur place pour
se former à la culture antique. « Le Voyage en Italie », organisé en peinture, sculpture,
gravure.
Belgique aussi a créé une académie, Academia Belgica, qui accueillait des artistes ayant
remporté le Prix de Rome. Ce prix de Rome, auquel on candidate après s’être formé à
l’académie, est un très important pas dans la carrière d’un artiste.
Classicisme = antiquité, comme on le redécouvre, ça devient le néoclassicisme. Retour aux
références antiques qui s’exprime autant en peinture qu’en sculpture. Cette dernière donne
des modèles de posture, de drapés. Exemple de ça :
- David, Les Sabines, 1799

L’architecture va servir des modèles de décor aux artistes pour construire leur propos. Mais
aussi sert d’exemple aux architectes du temps, comme la Glyptothèque de Munich, ou le
Altes Muséum de Berlin.
Idée que le code architectural dans lequel on place une nouvelle institution, le musée, qui va
rassembler les vestiges en chantier de fouille, ou les œuvres conquises par les troupes
napoléoniennes, donne un corps à cette nouvelle institution, et prend la forme d’un temple.
On va le garder jusqu’aux années 1960. On est dans l’idée du temple (50naire), mais en
1960, la lourdeur de ce style ne va plus convenir à l’art contemporain.

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Le Prix de Rome
Prix organisé par l’état français ou belge, partout ailleurs. Le lauréat reçoit une bourse de
voyage, cadrée. Ça nous permet de comprendre quels artistes avaient cette ambition, et
ceux qui étaient retenus montrent ce qui était perçu comme le meilleur du meilleur à
l’époque.
Les lauréats avaient des comptes à rendre sur ce qu’ils faisaient. On a conservé cette
correspondance professionnelle envoyée à ceux qui encadraient les séjours des artistes.

David obtient un prix de Rome avec Antiochus et Stratonice, 1774. Antiochus se meurt
d’amour après une relation impossible érasistrate . Il séjourne à Rome de 1775-80. Il a 26
ans au départ, mais il se voyait plus dans le style rococo, plus en phase avec la philosophie
des lumières. La découverte de Rome est une révélation, et c’est là que commence sa
carrière. De son séjour il extrait plusieurs tableaux, dont :

- David, Saint Roch intercède auprès de la Vierge pour la guérison des


pestiférés, 1780.
Basé sur un fait divers, une épidémie de peste à Marseille, sujet plus ou moins
contemporain (60 ans).
Les figures sont énormes par rapport au format du tableau, pas une approche
néoclassique, plutôt inspiré d’un peintre par Caravaggio, qui fonctionne avec des
éclairages directionnels très forts. En dépit de cette particularité, ce tableau lui vaut du
succès, il se fait repérer et est reçu à l’académie (pour être académicien, il faut avoir
gagné, et pour exposer au salon il faut être académicien).

À la suite de ce tableau il reçoit une commande royale, le serment des Horaces.

3. Le prototype des tableaux néo-classiques : Le Serment des Horaces de David


Il réalise cette commande dans le contexte d’un 2 ème séjour à Rome en 1784-85, qui devient
un prototype du néoclassicisme, au sens où on y retrouve la plupart des caractéristiques des
tableaux néoclassiques.

Caractéristiques :
- Thème issu de l’histoire romaine.
- Sujet : La ville de Rome est en conflit avec la ville d’Albe. Plutôt que de faire la guerre
ravageuse, les dirigeants décident de limiter le règlement à 3 guerriers qui
s’affrontent en combat singulier. On voit les 3 guerriers qui prêtent serment à leur
père. On ne sait pas d’où vient le sujet, certains disent que c’est d’une pièce de
Corneille, Horace. Le thème du serment n’est pas traité dans la pièce. Certains disent
que ça viendrait d’un livre d’histoire de Charles Rollin.

- Le thème exalte les vertus patriotiques. Thème du serment, se retrouve dans un


dessin de David, Le Serment du jeu de paume. Idée c’est de donner à travers le
principe du serment, de la parole donnée, de voir dans la peinture un rôle
moralisateur, qui met en avant des vertus.
Les peintres utilisent des sujets nobles qui sont tout sauf innocents. C’est l’inverse du
déserteur de conscience.

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- Ce sont des tableaux de grand format pour cette raison (3,30m x 5m). La vertu du
patriotisme ne peut s’incarner dans un petit format. On sent la Révolution française
qui arrive.

- La sculpture inspire les poses, les drapés, les épées, l’armement, le décor, science
presque archéologique du détail.

- La couleur est au service du dessin et pas l’inverse. Pas question que l’objet se dilue
dans le dessin. Dessin = expression de l’esprit, de l’intelligence et de la raison.
Le fond est obscur et fermé pour ne pas distraire du sujet, pas question de fenêtres
avec des ouvertures de paysage. C’est très théâtral.

- Composition rigoureuse, en tiers avec les arcades. Tout est cohérent.

- Perspective géométrique : inventée à la renaissance et reprise ici. Ligne d’horizon


avec un point de fuite, qui construisent la scène. Voir damiers du sol, qui fuient vers
le centre de l’image, vers les 3 mains qui font le serment, c’est le cœur du tableau.

- Côté horizontal de la composition, alors que dans le romantisme est dans un axe
vertical (vers dieu).

- Manière occidentale de concevoir l’image. Dans un schéma occidental, ce qui est


important vient devant, et au milieu, à l’avant plan. Ici, le serment avec le poing levé
et les épées.
Milieu 19ème, certains artistes veulent changer de ce schéma, notamment des
peintres américains vont s’inspirer des cultures orientales.

4. Rencontre entre le néo-classicisme et la Révolution française


Le néoclassicisme va prendre une dimension politique, idéologique. Installer un projet
politique sur la relecture de l’Antiquité. David va voir sa carrière croiser la Révolution. David,
un peintre prérévolutionnaire ou non ? Le débat se pose entre les experts. Il n’est pas certain
qu’on puisse voir une apologie de la révolution dans les Horaces. Les valeurs inscrites dans
le tableau vont à un moment coïncider avec la révolution.
Lien se tisse de plus en plus entre l’un et l’autre. Napoléon va voir dans les caractéristiques
du mouvement une approche qui correspond à sa vision de la politique, et se dit qu’elle peut
servir de propagande. Le néoclassicisme devient la peinture officielle du régime
napoléonien.

- David, le serment du jeu de paume, 1791


Moment où les députés se réunissent en Assemblée nationale et vote la constitution
française en 1889. Événement politique majeur.

- David, La mort de Marat, 1793


Jean-Paul Marat, journal l’Ami du Peuple, révolutionnaire, assassiné dans son bain suite
à des réactions contre-révolutionnaires. Sa mort le fait passer pour un martyre de la
révolution.

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- David, Le sacre de Napoléon ,1808 (achevé en 1822)
Commande, 6m x 9,30m. Sujet qui borde la propagande.

5. L'héritage du néo-classicisme
En quoi le courant va marquer le 19 ème ? Ça s’exprime sur 2 points.
A) David va avoir des élèves, qui véhiculent les enseignements de leur maître (Gros,
Ingres)
B) Base sur laquelle se crée le style pompier (Cabanel, Gérôme)

À la fois sur la transmission David→ élèves ; élèves → les leurs, et sur ce style pompier qui
donne les caractéristiques de la peinture de salon.
Dans le contexte de la Restauration, David quitte la France et s’installe à Bruxelles, et
accueille des artistes belges. C’est Antoine-Jean Gros qui reprend son atelier.
- Antoine-Jean Gros, Les pestiférés de Jaffa, 1804.
Coté néoclassique du sujet, Napoléon guérit les pestiférés à son toucher. Mais aspects
de transition, par la forme surtout aspects orientalisants.

- Ingres, Les Ambassadeurs d’Agamemnon


Élève de David, aussi lauréat du prix de Rome. Il a une production très néoclassique, le
sujet, le fond bouché, sens horizontal, etc. La forme est devenue presque une formule,
c’est un bon élève. Pourtant en 1827, il entre en concurrence avec un jeune peintre,
Eugène Delacroix. Conflit : quel courant on impose ?
Pourtant, sa production comprend aussi de la peinture bourgeoise. La manière de faire
est la même, mais le sujet est totalement différent, des portraits :

On a aussi de la peinture d’histoire,


- Ingres, Virgile lisant l'Énéide, 1812.
- Ingres, L'Apothéose d'Homère, 1827.

et des odalisques, comme :


- Ingres, La grande odalisque, 1814.
Rien de plus néoclassique que le nu féminin, mais tourné vers la culture orientale. Lorsque la
peinture doit peindre un idéal, on peut modifier le réel, mais on retrouve un sens
extrêmement poussé du détail. Tiraillement entre le regard chirurgical et l’idéalisation de la
réalité.

Le style pompier
Style néoclassique enseigné dans les écoles, il s’est imposé comme la manière de peindre
par défaut, pour pouvoir aspirer au salon. Typiquement le genre de peinture à faire, jusque
très tardivement.

- Alexandre Cabanel, La naissance de Vénus, 1863


- Jean-Léon Gérôme, Pollice verso, 1874.

La forme est devenue formule. C’est à ce genre de peinture que s’opposent les
impressionnistes.
La naissance de vénus, même année que le Salon des Refusés.

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6. La sculpture néo-classique
Canova et Thorvaldsen. Ils s’approprient les canons de beauté de l’Antiquité, on part de
copier les figures antiques, et leur redonner vie. On s’inspire et on refait. La sculpture antique
fournit des sujets, des poses, des textures. On a une actualisation de la figure antique.

- Antonio Canova, Psyché ranimée par le baiser de l’Amour, 1787-1793.


- Berthel Thorvaldsen, La Vénus à la pomme, 1805.

7. Synthèse des caractéristiques


o Inspiration antique tant sur la forme que sur le fond.
o La peinture est une leçon de morale contemporaine (en grand format) derrière une
apparence antique. L'idée est de régénérer la société.
o Sens de la composition marqué par la mesure et l'équilibre.
o Arrière-plan fermé pour concentrer l'attention sur le sujet
o Primauté du dessin car c'est l'expression de l'esprit.
o En France, rencontre entre l'idéal néo-classique et les valeurs de la Révolution
française.

8. Focus : le néo-classicisme en Belgique


Situation compliquée, politique et complexe. Le territoire qui correspond à la Belgique a été
administré par l’Empire autrichien de 1748-92, moins la principauté de Liège. Période de
paix, de prospérité et transformation culturelle. Marie-Thérèse d’Autriche prend cette période
prospère et longue pour transformer le pays.
1773 : Académie des sciences et des lettres est créé.
1789 : révolution Brabançonne contre les Autrichiens.
1792 : armées françaises prennent le contrôle. La zone qui correspond à la Belgique est
divisé en départements, dont la Dylle où était Bruxelles. C’est une occupation faite de
manière frontale, écoles publiques, académies, tout est fermé.
1815 : régime hollandais. Ils vont réformer les cursus artistiques
1830 : révolution.

Période instable, personnes avaient plusieurs nationalités dans leur temps de vie. Ça reste
quand même une période d’essor culturel important, qui dépasse la question des beaux-arts,
dont nous sommes les héritiers.
La petite ceinture était l’ancien emplacement des remparts, démantelés, et qui deviennent
une zone de circulation à la fin du 18ème, ça devient un boulevard entouré de bâtiments.
Guillaume d’Orange crée un bâtiment pour ancrer son pouvoir. Le palais des Académies a
deux façades identiques, bâtiment particulier, sans portique central pour respecter le principe
de double façade.
La place des martyrs également, certains quartiers du centre-ville sont repensés. À Mons les
rues sont pavées, les égouttages sont faits. À tous points de vue, transformation des zones
urbaines.

Création des institutions muséales. À la fin du 18 ème, mouvement qui veut séculariser les
œuvres d’art, prendre l’art des institutions religieuses (fermées par le régime Français), et les

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mettre dans les nouvelles. Un des premiers musées, musée de Gand, d’Anvers, de
Bruxelles, de Mons. Lorsque la Belgique est indépendante, les musées se multiplient.

Dans ce contexte, la production picturale du néoclassicisme prend 2 voies. Les experts


parlent de néoclassicisme romain d’une part, et un néoclassicisme de David.

Néoclassicisme romain
Le premier, peintres qui font des voyages à Rome, tout peintre qui se respecte doit aller à
Rome. La Belgique aussi envoie des artistes à Rome. C’est le cas de :
- André-Corneille Lens, Dalila coupant les cheveux de Samson, sans date
Après son séjour en 1760. Il rentre à Bruxelles et publie en 1811, Du bon goût, il
recommande que la peinture s’inspire de l’Antiquité, plan formel et des sujets. Il découvre
aussi la renaissance, dont Raphaël. Sens de la couleur qui limite de prendre le pas sur la
forme.
On distingue donc le classicisme romain, qui s’inspire ici de Raphaël plutôt que David.

- Joseph Benoît Suvée, Homme nu assis. 1807


Il part se former à Paris puis Rome, remporte le Grand Prix de l’académie royale, et là il
découvre l’Antiquité et la Renaissance, il croise David et Suvée devient directeur de
l’académie de France à Rome. Il est artiste et opérateur culturel, sommet de sa carrière.

- Pierre-Joseph François, Marius assis sur les ruines de Carthage, ca. 1836
Élève de Lens. Lui aussi part à Rome. Retour à Bruxelles, il devient prof de dessin dans
les écoles créées par le régime français et promeut le style néoclassique. Professeur de
peinture à l’académie des beaux-arts d’Anvers.
« J’étais embarrassé du choix, au milieu de toutes ces belles choses, je commence par
étudier l’antique » (Lettre de P.-J. François à A.-C. Lens, 14 avril 1779).

- Antoine Van Ysendyck, Cornélie, mère des Gracques, 1839.


Élève de l’académie d’Anvers en 1819, premier prix de dessin. Voyage à Rome, en
France, se fixe à Mons où il devient directeur de l’école en 40, et remet le cours de
peinture.
Caractéristiques formelles du néoclassicisme. Scène morale. Cornélie est face à une
dame qui fait l’étalage de sa fortune. Face à ça, Cornélie préfère l’amour filial. Le respect
et les droits de l’enfant > l’argent.

Néoclassicisme de David
À Bruxelles, crée une école et forme ses héritiers.

- François-Joseph Navez, Le songe d’Athalie, 1830


Tourné plus vers le dessin que la couleur, toutes les caractéristiques de David.

- Adèle Kindt, la Diseuse de bonne aventure, 1828


Injustement oubliée, élève de David. S’est formée chez David. Artiste précoce, expose
au salon de Bruxelles dès 1818. Sujet pas trop néoclassique, mais le reste dans la
forme. Elle peint à chaud des tableaux sur la révolution belge. Elle a une lecture
politique.

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1829, premier prix de peinture d’histoire, du genre le plus élevé dans la hiérarchie. Ça
gêne qu’elle soit une femme. On crée le prix de peinture pour Dames. Carrière
prodigieuse et exemplaire. Réaction institutionnelle forte. Illustre les déterminants
sociaux, pourquoi pas de grands noms féminins ? Si, mais elles ont été entravées.

COURS 4 : LE ROMANTISME

1. INTRO : qu’est-ce que le romantisme

Charles Baudelaire en donne une définition à l'occasion du Salon de Paris de 1846 :


« Le romantisme n'est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte mais
dans la manière de sentir (...) Qui dit romantisme dit art moderne, c'est-à-dire intimité,
spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini ».
- Comment comprendre ça ?
Il parle d’intimité, on est dans l’idée de l’exploration du moi, romantisme = représentation
d’un état d’âme. Très loin déjà du NC. C’est aussi de la spiritualité, une aspiration à la
spiritualité (devine inspiration MA). La couleur, qui véhicule l’émotion, prend le pas sur le
dessin. Aspiration vers l’infini, l’homme se tourne vers une nature qui le dépasse, nature
violente et se déchaîne, sur laquelle on n’a aucune prise. Nature qui renvoie à l’humain un
écho amplifié de ses limites.
Romantisme = volonté de redéfinir la peinture.

Période qui va du dernier tiers du 18 ème au milieu du 19ème. Courant plus diversifié que le
néoclassicisme. Romantisme n’a pas ce caractère très structuré, ni le côté homogène

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du néoclassicisme. On retrouve le style troubadour (inspiré MA), comme une peinture
inspirée du cauchemar (Goya).

Complexité :
1) certains refusent l’esthétique
2) réalités picturales différentes
L’étiquette romantique a souvent été utilisée pour la littérature, certains artistes la
refusent.

EN LITTÉRATURE
« Romantique» :
❖ À la base, vient du mot roman : ce qui est comme un roman, qui ressemble à un
roman. Sens péjoratif au 18ème = invraisemblable, imagination exacerbée, en somme
romanesque.

❖ En français, vers 1820, cela définit une nouvelle sensibilité littéraire, esthétique, et
renvoie à un mouvement littéraire, opposé au classicisme.
- Développement du romantisme dans le refus de la tradition de la littérature française,
de la raison, de l’idéal classique gréco-romain.

- Exaltation du sentiment de la nature


- Plus dans l'exaltation d’une nature sauvage, intacte, qui provoque des sentiments
extrêmes dans la perception du spectateur.
- Écrasé par ce paysage.
- L’homme fait l’expérience de ses limites, de sa petitesse.

Ce sont des « paysages états d’âme » :


nature consolatrice, confidente ou qui exalte les sentiments.

VH comme chef de file du romantisme est incontesté : nouvelle vision de la littérature, du


monde que ce soit pour la poésie, le théâtre, les romans. Très critiqué car il balaye
l’esthétique classique et la hiérarchie d’Aristote.

➢ Pour une (r)évolution du Goût : Nouvelle façon de concevoir l’art pour l’écrivain ;
autres revendications : lutte générationnelle, les classiques ont une littérature à leur
image mais les jeunes gens de sa génération sont dans une autre société donc ne
peuvent reproduire les mêmes canons esthétiques. Donc une littérature nouvelle pour
une société nouvelle (celle de la Restauration puis de la monarchie de Juillet).

À partir des années 1820, romantisme = mouvement de libération de l’individu (cf.


philosophie des Lumières) et un début d’innovation dans l’art, modernisation du système des
beaux-arts, par rapport au néoclassicisme. Singulièrement entre Ingres et Delacroix, qui se
disputent l’hégémonie.

2. Le sublime et le romantisme noir

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1770-1800. « Préromantisme », idée française qui estime que le romantisme commence
après le congrès de Vienne. On a pourtant des peintures antérieures qui témoignent d’une
qualité romantique.

Edmond Burke, Recherche philosophique sur les origines de nos idées du Sublime et du
Beau, 1757 (trad. française en 1765).
On préfère utiliser le terme sublime. Le sublime procède d’une nature mystérieuse,
infinie : la mer, la montagne. Une nature qui confronte l’homme à sa finitude. Si on
veut peindre l’homme dans sa relation à l’infini, cette quête d’un ailleurs, du sacré, on
met en scène des paysages puissants.

Alfred de Musset exprime ce sentiment dans La Confession d’un enfant du siècle, 1836 :
"Ne voyez-vous pas l'infini ? Ne sentez-vos pas que le ciel est sans bornes ? Votre
raison ne vous le dit-elle pas ? Cependant concevez-vous l'infini ? Vous faites-vous
quelque idée d'une chose sans fin ? Ce spectacle de l'immensité a, dans tous les pays
du monde, produit les plus grandes démences".

Le peintre romantique est visionnaire, et se donne comme objectif de montrer ces messages
cosmiques, forces qui se déversent violemment vers l’humain sur laquelle on n’a aucune
prise. D’où ce côté effrayant.

William Blake, mise en scène de forces surnaturelles, forces venant d’ailleurs.

Girodet, scène de déluge. Élève de David, thèmes fantastiques, cauchemardesques et


sublimes. On voit des figures qui sont le jouet de forces sublimes.

Francisco Goya, qui mélange le fantastique et le réel, exploration de tout ce qu’il y a


d’effrayant dans l’inconscient.

IMAGES ICI DE GOYA

CASPAR DAVID FRIEDRICH

Friedrich avait écrit : « Le peintre ne doit pas peindreseulement ce qu'il voit en face de
lui, mais aussi ce qu'il voit en lui. S'il ne voit rien en lui, qu'il cesse alors de peindre
ce qu'il voit
devant lui. »
— Romantisme de paysage

➢ Caspar David Friedrich, La mer de glace. 1823-24


➢ Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1813.

Face à l’inexprimable force de la nature, l’homme, dans son exiguïté, n’a d’autre recours que
la méditation. L’œuvre peinte apparaît alors sous forme d’ascèse, chemin exprimé par des
signes plastiques qui cachent les concepts sur l’irréprochable précision extérieure de la
technique picturale.

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CARL GUSTAV CARUS 1789 1869, peintre romantique ami de CDF : in Neuf lettres sur la
peinture de paysage

- L’homme, en contemplant l’écrasante puissance du paysage naturel accomplit :


- non seulement un repérage esthétique,
- mais aussi une quête de caractère mystique
- De telle sorte que, en prenant conscience de ses limites et de sa petitesse, le peintre
éprouve un sentiment proche du pathétisme :
- Toute chose est Dieu,
- et ce dernier se trouve sous forme de reflet dans la complexité du paysage

IMAGES ICI, COMMENTER LES PLANS ET LA NATURE, PUIS PRÉSENCE DE DIEU

Tout est traité comme s’il s’agissait de traduire une présence invisible, comme si elle
s’exprimait dans les phénomènes atmosphériques (lumière, brouillard...).
Montrer une nature toute-puissante, de relier l’humain à une force qui le dépasse

3. La référence au Moyen-Âge
Romantisme puise aussi ses racines dans le MA chrétien, qui est relu et revalorisé. On le
retrouve en peinture comme en littérature.
Châteaubriand, Le génie du Christianisme. Idée centrale que si l’art est une révélation du
sacré, alors c’est une aspiration religieuse, religiosité qui pointe inévitablement vers le MA.

L’aspiration pour le MA serait aussi car l’intérêt des intellectuels et artistes était une
réaction à la mise en place des industries, à son essor à la fin du 18 ème. On peut
opposer le développement des industries une approche bien plus basée sur l’artisanat.
Modèle économique opposé à l’industrie est celui du MA, avec les corporations et les
artisans.

Ce goût pour le MA s’exprime dans le style troubadour. Ce style désigne une peinture
d’histoire qui évoque l’époque médiévale avec un détail presque archéologique.

➢ Henri Leys, artiste belge, une des stars de la peinture belge au 19 ème. Les
Trentains de Berthal de Haze.
Trentains : 30 x la même messe faite de manière consécutive pendant 30 jours,
spécifique à une personne. Remet en scène les figures du passé national.

➢ Paul Delaroche, Jeanne d’Arc malade est interrogée dans sa prison par le
cardinal Winchester. 1824. Remet en scène les figures du passé national
également.

En général l’histoire médiévale mais nationale, voire nationaliste, avec sens de l’illusion, du
détail. En Belgique, peu d’histoire politique car Belgique a 20 ans mais forte identité
culturelle et artistique, volonté de se la réapproprier.

Les Nazaréens, collectif fondé en Allemagne par Friedrich Overbeck. Contre le


néoclassicisme, met en scène un Ma chrétien. Nom fait référence au Christ.

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Les Préraphaélites, groupe d’artistes fondé en Angleterre en 1848, actif jusqu’en 84. On va
revenir à un modèle historiquement avant Raphaël, le grand modèle de la renaissance, donc
retour au MA. C’est une posture, une intention. Collectif fonctionne comme une corporation
d’artisans. Pas de distinction entre la peinture et l’artisanat, pratique inspirée du MA.

- William Morris, papier peint.

Les autres inspirations des Préraphaélites est Shakespeare :


- John Everett Millais, Ophélie, 1852

4. L’ORIENTALISME
Dans la quête d’un ailleurs, d’une nature préservée, les artistes s’inspirent de la nature
orientale.
Pour les romantiques, on peut dire que l’Orient (au sens large, une très grande partie
géographique) remplace Rome. Dans certains cas, les peintres peignent l’Orient mais n’y
iront jamais, alors que d’autres y feront leur « voyage à Rome ». C’est le cas de Delacroix,
qui a accompagné un voyage diplomatique en Algérie et au Maroc.

Antoine-Jean Gros suit Napoléon dans l’Empire ottoman, et a découvert des pays orientaux.
Les artistes séjournent sur place, prennent plein de notes, de dessins, dans des carnets de
croquis. Des notes visuelles prises au vol.

➢ Étude de burnous de Delacroix.


Cependant, les tableaux ne sont pas peints sur place, mais au retour de l’artiste dans l’atelier
pour des raisons pratiques. La couleur = tubes de pigment + liant. Il y a donc un travail de
recul, de mémoire. L’artiste peint avec ses souvenirs, ses fantasmes qui naissent à la
rencontre des croquis et des souvenirs et des ressentis.
L’Orient qui a été vu est dans les croquis, l’Orient des tableaux est fantasmé, rêvé, projeté.

Le brevet d'invention du tube souple compactable, fermé hermétiquement à l'aide


d'une pince et dont l'enveloppe est une feuille d'étain, est déposé à Londres
en 1841 par le peintre américain John Goffe Rand.

La bataille d’Aboukir eut lieu le 25 juillet 1799 entre l'Armée française d'Orient et les Turcs
ottomans en Égypte. Le général Napoléon Bonaparte y remporte une victoire sur l'Empire
ottoman.

➢ Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834.


Delacroix séjourne au Maroc pendant 6 mois, et rentre avec une énorme quantité de croquis.

➢ Eugène Fromentin, La Chasse au héron (Algérie)


Le sujet est oriental mais le décor semble un peu plus français (paysage et lumière plutôt
nord de la France que soleil écrasant algérien).
Il y avait tout un marché pour ces œuvres.

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5. La situation particulière de la France
D’abord, les peintres suivent les campagnes de Napoléon, et relatent les grands
événements liés à Napoléon durant le Consulat. La figure de Napoléon servira de sujet pour
de nombreux peintres, en donnant une dimension dramatique et une touche romantique. On
voit ça chez :

➢ Antoine-Jean Gros, Bataille d’Eylau


Scène de carnage, de violence qui se déverse sur la peinture. Met en évidence le
côté apocalyptique de la guerre plutôt que la gloire de Napoléon. Pas de la peinture
de propagande, pas le sacre de Napoléon.

Après le congrès de Vienne, Napoléon chute, arrive la Restauration. Ce retour à la case


départ crée le sentiment d’appartenir à la génération sacrifiée. Toutes ces pertes, ce sang,
cette violence pour revenir à la monarchie.
- Alfred de Musset, Confessions d’un enfant du siècle.

Équivalent en peinture c’est


- Delacroix, Liberté guidant le peuple

Entre 1815 et 1830 (nouvelle révolution), qu’est-ce qui se passe ?


Émergence de 2 peintres d’exception, Géricault et Delacroix.

- Géricault, Scène de naufrage ou Le Radeau de la Méduse, 1819.


Cet envoi bouscule les habitudes. Liberté de l’artiste s’exprime dans un très grand format.
Tableau dans lequel l’artiste exprime toute sa maitrise de la peinture.
Il prend un risque. Au moment des croquis, des recherches, il crée une maquette pour la
position des corps, cherche autorité spéciale pour aller à la morgue. Ça lui prend des
plombes, sans garantie qu’il soit accepté au Salon. Ça n’est pas une commande. L’artiste est
libre de proposer un tableau et de le soumettre au jugement du jury.

Le radeau de la Méduse
1819. Huile sur toile,
191 x 716 cm
Paris, musée du Louvre.
Au début du xixe siècle, le thème du naufrage maritime, dans lequel Géricault va si
magistralement s'illustrer, n'est pas totalement nouveau en Europe. Turner avait déjà
approché cette iconographie particulière avec son Naufrage de 1805. Plus tard,le peintre
anglais reprendra ce sujet, qu'il développera tout au long de sa carrière.
Un nom incarnera cependant, à partir de 1819, la rupture romantique : celui de « La
Méduse».

Le bateau qui cingle en juin 1816 vers les côtes du Sénégal porte, en guise de prémoni-
tion, le nom d'une des trois terribles Gorgones, sœurs monstrueuses de la mythologie
grecque.

La frégate « La Méduse ». La flotille transporte le gouverneur du Sénégal et des


responsables de l'administration coloniale. « La Méduse » a embarqué quatre cents

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passagers et membres d'équipage. Elle est commandée par un noble émigré, Hugues Duroy
du Chaumareys, officier de marine inexpérimenté qui n'avait pas navigué depuis vingt-cinq
ans.

Le 2 juillet, en début d'après-midi, le navire s'échoue à cent vingt kilomètres des côtes
sénégalaises, au large du cap Blanc. Des canots sont mis à la mer et l'on construit un
grand radeau de fortune, sur lequel s'entassent cent cinquante personnes, en majorité des
militaires. Le radeau aurait dû être remorqué par les canots, mais on coupe les cables et la
précaire embarcation se perd dans l'immensité de la mer.

La nature se mue alors en piège mortel, les instincts les plus bas émergent, comme dans
un drame romantique, gravé par le fait divers.

C'est le début d'une tragédie féroce dans sa banalité, se déroulant sur treize jours à
l'intérieur d'un exigu théâtre de vingt mètres sur sept. Presque aussitôt les affrontements
commencent, aiguisés par la faim, la soif et l'alcool. En quelques jours, la moitié des cent
cinquante passagers sont déjà morts, les autres périssent lentement, dans une
déchéance physique et morale, et sont dévorés par leurs camarades que les privations ont
rendus fous.

Vers le 11 juillet, il ne reste que quinze morts-vivants, spectres hagards. Les différences
d'âge, de classe s'estompent dans la douleur, la nudité, la saleté, la maladie et le meurtre.
C'est l'égalité totale; seuls les gens possédant une foi profonde ou une culture solide
réagissent dignement, s'accrochant à un reste d'espoir.

Le 17 juillet, alors que cette invraisemblable morgue flottante se trouve au plus bas d'une
dérive qui ne cesse d'empirer, une voile pointe à l'horizon, pour disparaître et réapparaître.
«L'Argus » est finalement venu à la recherche des naufragés; il embarquera quinze
hommes, dans
un état inimaginable de déchéance.

En 1817 le commandant de « La Méduse » est jugé et condamné à trois ans de forteresse et


à la dégradation militaire par un tribunal de Rochefort. Le procès tourne rapidement à
l'accusa-
tion d'incompétence monarchique, naufrage partiel de la Francelégitimiste, le drame de « La
Méduse » ralliant toute l'oppositionlibérale. L'ingénieur Corréard et le chirurgien Savigny,
deux survi vants, publient la même année leur relation des faits.
De ce récit s'inspirera Théodore Géricault, un jeune peintre, à peine connu, de
vingt-sept ans fraîchement rentré d'un séjour en Italie et à Rome. De sept ans l'aîné de
Delacroix, ancien élève de Guérin, Géricault sent passer dans l'horrible fait divers le vent
d'une épopée
nouvelle.
Toile de fond historique pour une grande « machine » picturale qui mettrait en scène la
dimension dynamique et contrastée de la mort, l'ailleurs inhumain, les réactions qui, de la
folie au
stoïcisme, qualifient l'être confronté au piège du destin et de la nature conjugués.

Quel moment choisir dans cette saga de l'avilissement?

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Le peintre, comme le montrent ses dessins, hésite longuement
entre la scène du sauvetage, jugée trop descriptive, celle de la
mutinerie des soldats, perçue comme trop féroce, et le canniba-
lisme qui aurait souligné le sordide animal de la situation.
Très documenté, il fait construire une maquette du radeau
et interroge Corréard, Savigny et d'autres rescapés. En automne
1818, il ressent le besoin de s'isoler de la capitale et s'enferme dans
une maison du faubourg du Roule. Il pense que la solitude, la
réclusion quasi monacale peuvent créer un climat moral en symbiose avec
l'événement, apte à déclencher l'étincelle d'une nou-
velle esthétique de l'horreur froide.
Progressivement, le peintre mettra en place dans son immense toile, vaste comme l'océan,
les acteurs de cette tragédie moderne.

Insatisfait, Géricault exécute aussi de surprenantes natures mortes,


composées de fragments humains provenant de l'hôpital Baujeon.
Il donne la pose à des cadavres, qu'il regroupe dans son atelier à
titre de réalisme intégral.

La composition est à la fois néo-classique dans la facture et moderne dans la dimension


morale. Elle montre, au premier plan, le losange du radeau, conglomérat provisoire de
poutres et planches mal jointes. Une diagonale imaginaire traverse l'espace de gauche à
droite, et nous fait remonter de la zone de l'abattement vers celle de l'espérance.

Apparaissent ainsi deux pyramides humaines avec, au sommet de celle qui est à l'extrême
droite, un Noir agitant un tissu blanc et rouge. Thème de l'espoir lié, dans les projets de
Géricault, au thème de la lutte contre l'esclavage. La mer est démontée, les vagues
menacent sur le fond d'un ciel chargé de nuages en guise de prémonition mortifère.
Sur l'embarcation dix-neuf personnes, des morts, des mourants. Moralement, la
pyramide de droite représente le projet de vie, l'élan vital absolu, renforcé par la vue du
navire qui se dessine au loin : «L'Argus » est, en effet, de très petite taille. Près
du mât, Corréard, les bras tendus, montre l'horizon au chirurgien Savigny. À l'extrême
gauche domine la mort : parmi les cadavres, un homme âgé incarne le stoïcisme
philosophique, celui du célèbre Marcus Sextus, tableau de Guérin, le maître de Géricault.
Les postures, les musculatures se rattachent encore à l'enseignement des Beaux-Arts, le
clair obscur reste proche de la leçon du Caravage. Pourtant le peintre réussit un pari
étonnant :

hisser un fait divers atroce au niveau des grandes compositions historiques de Gros qui
célèbrent l'épopée napoléonienne.

Cette fois, dans la bataille il n'y a pas d'antagonistes, elle est déclenchée contre le
fatum, contre la nature hostile. Le peintre confère à la détresse une empreinte
émotionnelle, une dimension épique, presque abstraite, malgré le réalisme des détails.
L'obsession de la mort se trouve ainsi transfigurée, devenant la paraphrase du destin, lutte
nécessaire au retour de la dignité.

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En quoi ce tableau bouscule ? D’abord, cette prise de risque.
Ensuite, le sujet. Pas l’Histoire officielle de France, ni sujet biblique ou mythologique. C’est
un fait historique récent. La Méduse était un bateau militaire qui a fait naufrage, où il n’y avait
pas assez de canaux de sauvetage. Certains ont improvisé un radeau, une partie de
l’équipage a péri.
Sur la ligne d’horizon, un bateau à qui l’équipage fait signe. Ce naufrage est apparu comme
une métaphore d’une société qui coule, parce que la flotte française était confiée à des
militaires de l’ancien régime. À quoi bon faire une révolution si on met aux commandes des
militaires qui coulent le bateau. « On ne peut inventer un nouveau monde en mettant au
pouvoir des personnes de l’ancien monde ».

Premier aspect, dimension engagée, critique politique du régime de la Restauration. Le sujet


n’est pas innocent. Double courbe de mouvement, courbe descendante de désespoir vers
les corps morts, et courbe ascendante d’espoir, au sommet de la pyramide de morts, la
personne noire porte l’espoir (esclavage pas encore aboli). On fait porter l’espoir à ceux à
qui on a tout pris.

Deuxième élément, c’est un tableau qui est une démarche personnelle, pas une commande.
Important car il était rare que les artistes prennent un tel risque, surtout pour 4,91 m x 7,16 m
de tableau. Autre risque, qui va acheter un tel tableau, avec un tel sujet et d’une telle
envergure ?
Quand il fait ce tableau, il ne vise pas le public privé, c’est un tableau de salon pour
être acquis par l’état, et c’est ce qui va se passer.

Construction savante, des 2 obliques croisés d’espoir et désespoir. Le radeau donne


l’impression qu’il va se retourner, les figures sont de dos et non de face. Composition
triangulaire, idée très classique, très néoclassique, sauf que la base est faite de corps morts,
donc instable. Relativement osé.

Côté très réaliste et très cru dans la représentation des corps. Dérangeant pas de peindre la
mort mais de la peindre ainsi. Choquant pour l’époque. Pour aller au bout du bout, Géricault
a pu se rendre dans une morgue pour rendre les détails les plus morbides.
C’est l’inverse du néoclassicisme. Ingres va se dire que pour atteindre l’idéal de beauté, on
peut modifier le réel (odalisque aux côtes en plus pour l’allonger). Ici on ne corrige rien, on
montre les plaies béantes, le côté morbide autant que possible.

À tout point de vue, ce tableau est une manifestation de liberté de l’artiste, au niveau de la
technique, du sujet, vis-à-vis l’institution.
- Banksy s’est réapproprié le tableau et l’a actualisé.

Delacroix arrive en 1822 comme parfait inconnu, et sort en 27 en tant que chef de file du
romantisme.
- La Barque de Dante,1822.
- Scènes des massacres de Scio, 1824.
- La Mort de Sardanapale, 1827

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S’oppose à Ingres, dans le même salon. Envois assez rythmés, il passe par la porte ouverte
de Géricault. Il arrive avec la Barque de Dante, sachant qu’elle va faire écho à la barque de
Géricault.

Paradoxe, même que Géricault, tableaux qui ne sont pas en phase avec le néoclassicisme,
ils sont en tout point décalés. Ces tableaux sont pourtant faits avec l’idée qu’ils soient
achetés par l’état et mis en musée et de recevoir des commandes à terme. Il réussit.
Lorsque Delacroix arrive, Girodet est jury au salon. Le démarrage de la carrière de Delacroix
repose sur cette présence.
Les 3 tableaux :
- Sont des grands formats
- Le sujet un peu provoc, sont conçus pour faire le buzz
- Le sujet est littéraire, la barque (enfer de Dante, semblerait être le premier), le
2ème de Byron, le 3ème est un fait politique, fait référence au massacre d’une
population grecque par l’empire ottoman.
- Comme Géricault, les tableaux reposent sur l’initiative personnelle de l’artiste,
en dehors de toute commande.

Delacroix a le sens de la stratégie. Quand on dépouille les catalogues, il expose ses


tableaux provoc mais en parallèle il expose des paysages, des portraits bourgeois, des
choses plus acceptables pour le privé. Son envoi est à chaque fois bien préparé.

La barque de Dante. Base de la composition triangulaire est faite de cadavres. Même chose
pour la bataille de Scio. Le dernier est entre l’orgie et la scène de meurtre. Sujet assez
brutal, avec chaque fois l’idée de revoir les valeurs classiques.
Dans Sardanapale, l’oblique du bas vers le haut et de la droite vers la gauche. Le regard
n’est pas naturel, composition dans le sens contraire de la lecture. Multiples petites scènes
sans une composition structurée et cohérente.

Façon de fonctionner
- Stratégie, artiste complet
- Réf à la barque de Géricault
- Sens de la construction, vision de ce qu’il va faire
Façon de peindre
- Dissocie
La peinture est « La libre manifestation de ses impressions personnelles »
Publié dans le journal de Delacroix. Source intéressante, au cœur de la peinture. Approche
très romantique.

Comment s’exprime cette impression personnelle ?


1. La touche = contact entre outil et support. Dans le NC, on ne peut voir les traces du
pinceau, ça gêne la lecture. Ici, touche vigoureuse, effets de matière. Tranche avec
aspect lisse des tableaux NC.
2. La couleur va alors progressivement prendre le pas sur le dessin. Le massacre de
Scio a été dit le massacre de la peinture pour cette raison.
3. Prise de liberté dans le choix des couleurs. « Choix du noir, très osé, comment oser
mettre du bleu dans les carnations ? » usage irréaliste de la palette.
4. Réalisme très cru, direct, frontal.

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5. Composition chaotique. Critiques de l’époque sont choqués de cette composition
« illisible ». C’est un choix intentionnel et assumé.

6. Focus : le romantisme en Belgique


David s’est installé à Bruxelles, la génération des peintres romantiques a été en partie
formée par David. Artistes sont romantiques par le sujet (chute, désespoir, révolution) mais
NC par la forme. C’est ce côté hybride qui fait qu’on n’a jamais trop su quoi faire avec cette
génération. Peu de travaux universitaires sur ces artistes. Ils sont sur ≠s terrains.
- Côté sublime, noir et visionnaire dans les tableaux. Goût pour le ténébreux voir
démoniaque.
- Idée de la chute, ange déchu, Adam et Ève flop du paradis.

- Jozef Geefs, Le Génie du mal ou L’Ange du mal, 1842.


La foi en réponse au mal, incarné comme le serpent. Ça a été compris comme l’ange
faisant corps avec le serpent. Une forme d’idéalisation du mal.

- Antoine Wiertz, La Révolte des Enfers contre le Ciel, 1842.


Il est quelqu’un qui se perçoit comme la synthèse parfaite entre Rubens et Michel-
Ange. Retourne le mal, il se révolte contre le bien.

- Antoine Bourlard, Les Anges déchus 1851.


Chute du paradis. Renvoie au versant sublime du romantisme.

Style troubadour très présent en Belgique.


- Louis Gallait, Les derniers honneurs rendus aux contes d'Egmont et de Hornes,
1851.
Sens presque archéologique du detail. Les Hornes ont résisté à l’occupation
espagnole, figures historiques de l’indépendance, au moment où la Belgique a 20
ans, on cherche un côté nationaliste.

- Jean-François Portaels, Le Simoun, ou Souvenir de Syrie, 1847.


Idée de la nature qui menace l’homme. On sent que la forme est NC.

Lien entre révolution belge et le romantisme.


- Adèle Kindt, La révolution de 1830, 1830.
- Gustave Wappers, Épisode des Journées de septembre 1830, sur la place de l'Hôtel
de Ville, 1835
Tableau de Kindt, tableau à chaud vs celui de Wappers, commande pour l’état, sans prise de
risque. Il met en scène le mouvement insurrectionnel en 1830. Le sujet qui met en scène la
révolution belge, ont pour inspiration Rubens pour Wappers.

7. Synthèse : les caractéristiques du romantisme

1. Inspirations diverses où l’Antiquité et la mythologie n’apparaissent pas : historique


(MA), géographique (Orient), littéraire (Dante, Byron), actuels (drames humains).
2. La peinture est une leçon de spiritualité dans le sens où elle met l'homme en relation
avec une réalité qui le dépasse (Friedrich) et, parfois aussi, le dévore (Goya). Il s'agit
d'exprimer un état d'âme.

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3. Composition marquée par le déséquilibre et le mouvement, le rejet d'un point central,
l'absence de lien entre les parties d'un même tableau. Le romantisme apparaît en
cela comme une première modernisation du cadre académique de la représentation
mimétique.
4. Arrière-plan ouvert sur un infini auquel l’homme n’a pas accès.
5. Primauté de la couleur sur le dessin car elle incarne l'émotion.
6. En France, rencontre désenchantée entre l'idéal perdu de la Révolution française et
le Romantisme.

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