MAP431.

Analyse variationnelle des équations aux dérivées partielles

PC5 : Conditions aux bords

Exercice 1 : Théorème de trace

1. Considérons E un espace vectoriel normé réel et V un sous-espace vectoriel de E tels que V soit
dense dans E. Soit `˜ une application linéaire continue de V dans H espace de Hilbert (en particulier,
˜
il existe une constante C telle que k`(v)k H ≤ C kvkE pour tout v ∈ V ). Montrer que l’on peut
prolonger par continuité de façon unique `˜ en une application ` linéaire et continue de E dans H.
2. Définissons l’ouvert RN N 1 N
+ = {(x1 , . . . , xN ) ∈ R | x1 > 0} et l’espace Cc (R+ ) := {ϕ|RN | ϕ ∈ Cc1 (RN )}.
+
Introduisons l’application trace γ̃ telle que
N −1
γ̃ : Cc1 (RN 2
+ ) → L (R )
u 7→ γ̃(u)

où pour tout y ∈ RN −1 , γ̃(u)(y) = u(0, y). Montrer qu’il existe une constante C > 0 telle que

kγ̃(u)kL2 (RN −1 ) ≤ CkukH 1 (RN ) , ∀u ∈ Cc1 (RN

+ ).
+

En déduire qu’on peut étendre l’application γ̃ en une application linéaire et continue γ : H 1 (RN
+) →
L2 (RN −1 ).
3. (Espace de départ de γ). Peut-on espérer construire une application qui étende la définition de la
trace γ̃ à L2 (RN
+)?
4. (Image de γ). Note : cette question va au-delà des connaissances requises dans le cours.
a) Pour u ∈ L2 (RN ), on note û sa transformée de Fourier définie par
Z
1
û(ξ) = N/2
u(z)e−iξ·z dz.
(2π) RN

Soit m ∈ N, montrer que l’on peut redéfinir les espaces de Sobolev H m (RN ) par
Z
H m (RN ) = {u ∈ L2 (RN ) | (1 + |ξ|2 )m |û(ξ)|2 dξ < ∞},
RN

que l’on munit du produit scalaire

Z
(u, v)H m (RN ) = (1 + |ξ|2 )m û(ξ)v̂(ξ) dξ
RN

(pour cela, on établira que la norme correspondante est équivalente à la norme H m (RN ) usuelle).
b) Montrer que
Z
∃K > 0, ∀φ ∈ Cc1 (RN
+ ), (1 + |ξy |2 )1/2 |γ̃(φ)(ξ
d y )|2 dξy ≤ Kkφk2 1 N .
H (R )
+
RN −1

En particulier, cela prouve que l’image de γ ne peut être L2 (RN −1 ) tout entier. En effet, il existe
des éléments φ ∈ L2 (RN −1 ) pour lesquels |ξ|φ̂(ξ)2 n’est pas intégrable sur RN −1 . Par exemple, pour
N − 1 = 1, on peut prendre φ(x) = 1 sur [−1, 1] et nulle ailleurs. On a alors φ̂(ξ) = 2 sin(ξ)/ξ et
|ξ|φ̂(ξ)2 = 4 sin(ξ)2 /|ξ| qui n’est pas intégrable sur R.
Pour caractériser l’image de γ, on définit les espaces de Sobolev, pour s ∈ R (ici on utilisera s = 1/2)
par :
H s (RN ) = {u ∈ S 0 (RN ) : (1 + |ξ|2 )s/2 |û(ξ)| ∈ L2 (RN )},
où S 0 (RN ) désigne l’espace des distributions tempérées et û la transformée de Fourier de u.

1
 Pour tout s ∈ R, l’espace H s (RN ), muni du produit scalaire
Z
(u, v)H s (RN ) = (1 + |ξ|2 )s û(ξ)v̂(ξ) dξ,
RN
est un Hilbert. Nous venons de prouver que
∀φ ∈ Cc1 (RN ), kγ̌(φ)kH 1/2 (RN −1 ) ≤ CkφkH 1 (RN ) .

Ainsi, l’application γ̌ est continue de Cc1 (RN ) dans H 1/2 (RN −1 ) et peut donc être prolongée par
continuité en une application continue
γ : H 1 (RN ) → H 1/2 (RN −1 ).
On peut montrer que l’image de γ est précisément H 1/2 (RN −1 ) (strictement inclus dans L2 (RN −1 )).

Exercice 2 : Conditions mixtes Dirichlet/Fourier

Soit Ω ⊂ RN un ouvert borné régulier. Introduisons Γ1 , Γ2 deux ouverts non vides tels que ∂Ω = Γ1 ∪Γ2
et Γ1 ∩ Γ2 = ∅. On s’intéresse au problème
−∆u = f, dans Ω,
u = g, sur Γ1 , (1)
∂u
+ αu = h, sur Γ2 ,
∂n
où f ∈ L2 (Ω) et g ∈ L2 (Γ1 ), h ∈ L2 (Γ2 ). Enfin α ∈ R est strictement positif.
1. Considérons d’abord le cas g = 0. Écrire la formulation variationnelle (FV) naturellement associée
au problème (1) dans un espace que l’on précisera. Montrer que si u est une solution de (FV)
appartenant à H 2 (Ω) alors u vérifie (1).
2. Toujours dans le cas g = 0, montrer que (FV) admet une unique solution.
3. Supposons que g admette un relèvement dans H 1 (Ω), autrement dit qu’il existe ug ∈ H 1 (Ω) tel que
ug |Γ1 = g. Écrire la formulation variationnelle (FVg ) correspondante, et montrer qu’elle admet une
unique solution.
4. Soit k : Ω → R une fonction continue positive et A ∈ M2 (R) une matrice définie positive. Que
deviendrait la condition sur Γ2 dans le cas où l’équation que l’on souhaite résoudre est
−div(k∇u) = f dans Ω ou − div(A∇u) = f dans Ω ?

Exercice 3 : Un problème de conduction

Soit Ω ⊂ RN un ouvert borné et K un compact connexe inclus dans Ω. Nous supposons que Ω \ K est
régulier. Dans cet exercice, nous nous intéressons au problème de conduction posé dans Ω dans le cas
où K est une inclusion parfaitement conductrice. Cela nous amène à considérer le système d’équations
−∆u = f, dans Ω \ K,
u = C, sur ∂K,
(2)
Z
∂u
dσ = 0,
∂K ∂n
u = 0, sur ∂Ω.
Ici u désigne la température inconnue supposée constante dans K. Dans ce problème, C est également
une inconnue. Enfin, f désigne un terme source de L2 (Ω \ K).
Trouver une formulation variationnelle pour ce problème et démontrer qu’elle admet une unique solu-
tion (u, C) ∈ H 1 (Ω \ K) × R. Prouver que si u suffisamment régulière est solution de la formulation
variationnelle alors elle vérifie le problème aux limites (2).