UPVDASTL 2020-2021
Licence MAGALI
Droit International des Affaires - résumé du cours n°3
(Evelyne MICOU)
2° classification (suite)
De fagon schématique, les systémes de droit occidentaux se caractérisent par le
fait que le pouvoir tire sa Iégitimité d’une autorité détentrice d’une souveraineté
Populaire (vote démocratique). Ils séparent le droit de la religion, par exemple.
Les systémes de droit orientaux se caractérisent, de fagon générale, par le fait que
le fondement du pouvoir ou de ordre juridique peut étre influencé par une
Philosophie, une religion, une idéologie (pays autoritaire, par exemple).
Les systémes de droit occidentaux recoupent les droits d'origine romano-
germanique et les systémes de « common law ».
Pour les systémes de droit orientaux, nous citerons le cas de certains pays en
particulier, comme la Chine, le Japon, I’Inde.
En Chine, le droit est en partie formel (droit au service du projet politique), il
repose sur la loi (pas de jurisprudence, ni de coutume officiellement) et sur les
regles de conduite secrétées par la société. II est aussi informel dans le sens oi
application de la régle de droit est sélective (par I’équipe dirigeante), ce droit est
opaque par rapport au droit officiel. En Chine, il existe une longue tradition
Juridique, mais jusqu’a la fin du XIXe siécle, le droit chinois est surtout pénal et
les affaires sont jugées par arbitrage, celui-ci est du ressort des juges locaux. A
partir surtout de la fin des années 70/début des années 80, le droit chinois va
évoluer considérablement. En 1979, la Chine signe les premiéres conventions
fiscales, en 1981, elle met en place des régles relatives aux contrats commerciaux
et adopte en 1993 une loi sur les sociétés ; elle prépare ainsi son entrée dans le
commerce international. En 1994, elle adopte une loi relative a arbitrage
international et crée une commission darbitrage: la CIETAC (Chine
international Economie and Trade Arbitration Commission), s’inspirant pour cela
du modéle d’ arbitrage de la CNUDCI. En 1999, elle modifie ces régles en matiére
de contrats d'affaires en s’appuyant sur la convention de Vienne de 1980 sur la
vente internationale de marchandises et intégre ainsi des dispositions proches decelles des pays occidentaux (La Chine a ratifié cette convention en 1986). En
2001, la Chine entre dans lOMC et a partir de la va mettre en place de nouvelles
régles : elle modifie son droit des sociétés en 2005, et instaure la SARL et
VEURL, ete.
Tressort des développements précédents que la Chine a intégré dans son droit des
concepts du Code civil francais, comme la force obligatoire des contrats,
Limportance de la bonne foi et de Péquité, la force majeure. Ceci étant, un contrat
Passé avec des étrangers doit étre approuvé par les autorités chinoises
(administration). Un contrat conclu par une entreprise sino-étrangére sur le
territoire chinois est soumis a la loi chinoise, sinon a la loi de leur choix, La
conciliation, la médiation et Varbitrage restent les mécanismes de base pour
résoudre les litiges (et non la justice). La préférence est donnée a ’éthique de
comportement pour régler les différends car il y a une méfiance vis-d-vis du droit
(les tribunaux servent surtout poursuivre les criminels ou les Strangers). La
résolution des conflits se fait en vertu de régles juridiques gouvernementales mais
grace & des pairs car il s‘agit avant tout de rétablir une « harmonie », un équilibre.
L’arbitrage contractuel est donc privilégié.
Le Japon : son droit présente une grande proximité avec celui des pays
cccidentaux. Il est inspiré de plusieurs systémes juridiques : droit frangais, droit
allemand et droit américain aussi. Le droit frangais a servi de source @inspiration
en droit des obligations (en matiére de contrat et de responsabilité) et en matiére
pénale (Code pénal et Code dinstruction criminelle) tandis que le Code de
Commerce est surtout inspiré du droit allemand, IL existe une proximité avec le
droit américain dans le sens ou il existe une cour supréme qui est investie par la
Constitution de la totalité du Pouvoir judiciaire et un contréle de constitutionnalité
Qui est ouvert tous les juges (appel et premiere instance). Il s’agit d’un droit
largement codifié comme le droit frangais, sauf dans certains domaines comme le
droit de la concurrence, le droit de la propriété intellectuelle, le droit du travail
(régi par le Code civil). La loi est la principale source de droit et la hiérarchie des
normes est proche de celle du droit frangais excepté cette compétence donnée au
tribunaux « ordinaires » de contréler la constitutionnalité des lois ou des textes
réglementaires (comme en droit américain), La jurisprudence est une source
officieuse, comme en droit francais, toutefois, les régles sont inspirées par ordre
Social. La société japonaise est régie par un ensemble de régles différentes,
anciennes secrétées par l’ordre social, ce qui explique le faible nombre de litiges
Portées devant les tribunaux/ Selon les principes du confucianisme, la société estorganisée hiérarchiquement et I’ordre social est immuable comme I’ordre naturel
(comportement juste et raisonnable). La tendance est plutét aux contrats courts
car les lois sont écrites, ils reposent sur des rapports de confiance. Les problémes
peuvent étre réglés par négociation et des régles informelles serviront de référence
aux contractants dans la recherche de solution. Une différence est toutefois faite
entre les contrats nationaux et les contrats internationaux, ces derniers étant plus
étoffés. La résolution des litiges se fera cependant par conciliation plutot que par
recours a la justice classique.
L'Inde : c’est un droit plural qui empreinte au systéme de « common law ». L’Inde
est un Etat fédéral composé de 28 Etats fédérés ce qui induit deux niveaux de
prises de décisions (pouvoirs législatif et exécutif) et 17 territoires administrés par
le pouvoir fédéral (dont comptoir de Pondichéry anciennement francais). Les
régles sociales restent présentes (religion hindouiste ou pas selon la confession
des personnes).
Systémes de droit islamiques : la religion y occupe une place particuliére. Elle
peut étre une norme supérieure (comme au Pakistan dont le droit est hérité de la
common law mais avec une importance de la religion sur le plan du statut
Personnel) ou d’application directe (comme en Arabie saoudite) ou bien une
source d’ inspiration pour le Iégislateur. En droit des affaires, des pays comme le
Maroc, la Mauritanie, la Tunisie sont dotés de régles inspirées du droit frangais
(DOC marocain et droit commercial et des sociétés par exemple).
En conclusion, un droit national peut susciter des questions d’interprétation, des
Problémes de compréhension pour une personne rattachée a un pays différent
appliquant des régles différentes. Il y a une inadaptation des droits nationaux a
régler les problémes de droit international car en fonction de la diversité des
systémes juridiques existants, les problémes posés par un contrat peuvent se
résoudre différemment, d’ou l’intérét des conventions internationales quand il y
ena.
Hest préférable que les parties au contrat expriment le choix du systéme juridique
applicable pour éviter les conflits de lois.l-le choix des parties contractantes: les différents systémes juridiques
s’accordent au moins sur ce point : le choix laissé aux parties contractantes
concernant les régles de rattachement pour leur contrat d’affaires a l’international
(on parlera du choix de la « loi d’autonomie »). Le droit des affaires est le domaine
des usages, du pragmatisme done au-dela des disparités juridiques existantes, il
existe des principes universels qui ont été retranscrits par des instituts ou
organismes internationaux comme Unidroit ou la CNUDCI.
Le choix des parties contractantes peut étre le suivant :
Choix du systeme de droit de I’une des parties contractantes : droit national, il
peut s’agir du droit de I’Etat qui signe un partenariat avec une entreprise
privée (par exemple, construction d’un pont, d’une gare, d’un opéra...) ou bien
‘il s’agit d’un contrat d'affaires passé entre deux entreprises privées, du droit de
Pune des parties ou bien de l'autre (en fonction de la négociation, des rapports
économiques...)
Choix d’un systéme de droit tiers : il est possible lorsque ce systéme de droit
présente un lien avec le contrat ou avec I’une des parties (on parle de « forum
shopping »), par exemple le droit sénégalais car le contrat passé entre une
entreprise frangaise et une entreprise marocaine s’exécute au Sénégal, par
exemple.
Choix bien sir de recourir une convention internationale optionnelle : toutes les
conventions internationales existantes ne reposent pas sur les mémes fondements :
les conventions transport doivent étre appliquées entre Etats membres (ayant
signés et ratifiés), parfois leur champ d’ application va dépasser le cadre d’un Etat
signataire pourvu qu’il y ait une escale par exemple dans un Etat membre méme
si l’Etat du lieu de destination finale n'est pas membre lui-méme. I! faut dire que
le transport génére des impératifs en termes de sécurité, de responsabilité et au-
dela des entrepreneurs concernés. Une convention comme la convention de
Vienne de 1980 sur la vente internationale de marchandises est optionnelle, ce qui
signifie qu’elle peut étre écartée par les parties au contrat au profit d’un systéme
de droit identifié ou bien étre complétée par un systéme de droit (cf. application
directement sur la convention).
2-L’absence de choix des parties contractantes : la situation est plus délicate
lorsque les parties contractantes n'ont pas émis de choix. II existe plusieurs cas de
figure :Il existe une convention portant « loi autonome », ¢’est-a-dire une convention qui
Se présente comme un systeme juridique a part entigre avec sa propre logique,
comme la convention de Vienne précitée, dans ce cas, la convention entre en
application lorsque les deux entreprises ou les deux parties contractantes en
général sont rattachées a des Etats membres de la convention en question.
A défaut de convention, et dans tous les cas, si des professionnels du droit doivent
déterminer le systéme juridique applicable au contrat, ils vont chercher si le
contrat contient des éléments qui permettent de déterminer ce que les
entrepreneurs ont souhaité sans I’exprimer directement, c’est-a-dire sil y a des
critéres de rattachement au droit de l’un ou de l'autre (un incoterm est-il prévu ?
Lequel ? comment les phrases sont-elles rédigées, reconnait-on des concepts,
exemple la force majeure...), Ils recherchent la volonté contractante, « esprit du
contrat », sachant qu’en cas de litige il est toujours compliqué de s’en remettre &
la parole de I’un ou de I’autre car chacun va vouloir aller dans le sens qui lui
convient.
En l’absence de convention ou de piste sérieuse, on utilisera une convention de
conflits de lois, c’est-a-dire une convention dont le but est d’aider a résoudre les
conflits de lois. Ces conventions n’offrent pas une solution a un conflit entre deux
Parties contractantes mais permettent de déterminer quel systéme de droit va
s’appliquer au contrat, ce qui permettra de s’appuyer sur les régles appropriées,
Les critéres de rattachement les plus usuels sont les suivants : pour une vente
d’immeuble par exemple entre deux partenaires situés dans des pays différents,
on retiendra la loi du lieu de situation de I'immeuble, pour un probléme
@inexécution d’un contrat, la loi du lieu d’exécution et ainsi de suite. Ces
éléments de solution sont trés importants en cas de carence de la part des parties
contractantes, mais ce processus prendra du temps, ce qui est regrettable.
En résumé, il faut faire la différence entre deux catégories de convention : les
conventions qui sont « autonomes » et les conventions de conflits de lois.