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Rationalité, Préference Et Contraintes
Rationalité, Préference Et Contraintes
MICROECONOMIE 1
Dr Ndiack Fall
2014-2015
MICROECONOMIE 1 Ndiack Fall, Phd
COURS DE MICROECONOMIE 1
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MICROECONOMIE 1 Ndiack Fall, Phd
Références bibliographiques ....................................................................................................... 23
L’analyse du consommateur doit commencer par celle de ses préférences et de ses contraintes
budgétaires.
La rationalité implique ensuite la cohérence des moyens utilisés par rapport aux objectifs que
l’individu cherche à atteindre (rationalité des moyens). Cela signifie que l’individu ne doit
chercher à atteindre que les buts qui lui sont accessibles compte tenu de ses moyens.
Pour que le consommateur étudié soit conforme à cette image, nous devons dans une première
étape, énoncer des hypothèses sur ses goûts et ses préférences. Ces préférences portent sur les
biens et services par lesquelles il peut choisir et qu’on appelle « ensemble de consommation ».
I. Ensemble de consommation
Supposons qu’il existe dans l’économie n biens et services, nous appellerons panier de biens
toute combinaison de certaines quantités de chaque bien.
Exemple : le panier A
A = (x1, x2, …., xj, ………., xn) où xj est la quantité de bien j.
Nous appellerons ensemble de consommation du consommateur tous les complexes de biens
concevables. Par souci de simplification, nous supposons désormais qu’il existe deux biens
dans l’économie ; les biens 1 et 2 dont les quantités sont notées par x1 et x2 et le panier par (x1
, x2). Nous pouvons aussi noter un panier par une lettre majuscule : X, Y, Z, etc.
Dans le cas où les paniers sont composés de deux biens, l’ensemble de consommation peut être
représenté graphiquement.
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x2
xx2 .X
xZ2
.Z(xZ1, xZ2)
.Y(xY1, xY2)
.P(xP1, xP2)
.K
0 XX1 XK1 X1
II. Les axiomes sur les préférences du consommateur
Chaque consommateur a ses goûts et ses préférences qui ont été déterminés par son
environnement culturel. Pour que le consommateur soit rationnel, il faut cependant que ses
préférences obéissent à 5 axiomes.
Ceci passe d'abord par les relations de préférences. Notons la relation de préférence stricte et
l'indifférence par . Soient X et Y deux paniers de bien, alors écrire X Y signifie "X est
strictement préféré à Y" et X Y signifie "X est indifférent à Y". Nous pouvons fusionner ces deux
relations par la relation de préférence quelconque notée : écrire X Y signifie que "X est
préféré ou indifférent à Y". Les relations doivent constituer un pré ordre complet c'est-à-dire avoir
les caractéristiques suivantes.
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II.2 Axiome de réflexivité : la relation de préférence est réflexive.
Tout panier est au moins aussi désirable que lui-même : X (x1, x2) ~ X (x1, x2).
L’utilité totale notée UT est la satisfaction tirée de la consommation de toutes les unités d’un bien
pendant une période de temps donnée.
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Par exemple si un consommateur boit 3 tasses de thé par jour, l’utilité totale est donnée par la
satisfaction totale tirée de la consommation de ces trois tasses de thé.
Soit un consommateur dont les achats portent sur plusieurs produits dont nous en retenons deux :
x1 et x2. La satisfaction éprouvée par ce consommateur dépend de la quantité de produits qu’il peut
disposer. En d’autres termes, l’utilité U qu’il obtient est fonction des quantités consommées de ces
différents biens. Soit : U = U(x1, x2), la fonction d’utilité du consommateur ; cette fonction d’utilité
est une représentation numérique des préférences organisées de telle manière que le panier de biens
le plus préféré obtienne la grande plus appréciation et que les paniers différemment préférés
obtiennent des appréciations identiques, mais inférieures à l’utilité attribuée au panier qui est le plus
préféré.
La fonction d’utilité présente trois caractéristiques :
- Elle traduit la satisfaction que le consommateur retire des différentes combinaisons
variables des quantités de biens X1 et X2,
- Elle est définie pour une période de temps unique sans tenir compte de la possibilité
de reporter les dépenses de consommations d’une période à l’autre. On est ici limité à
l’analyse statistique,
- Elle est considérée comme une fonction continue, c'est-à-dire qu’elle peut passer d’une
valeur à une autre sans prendre toutes les valeurs intermédiaires.
En d’autres termes, les CI indiquent les paniers de biens que le consommateur juge équivalents. Elle
est le lieu géométrique de toutes les combinaisons de biens qui procurent au consommateur le même
niveau de satisfaction. Elle peut ainsi se déduire des fonctions d’utilité.
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x2
X1
Sur ce graphique, à mesure qu’on se déplace dans le sens de la flèche, on rencontre des CI
représentant des niveaux d’utilité de plus en plus élevés, en raison du principe de non – saturation.
U = U (x1, x2)
Une CI correspondra à des paniers auxquels la fonction U attribue le même indice ou niveau. Soit
Uo, un indice quelconque. La CI de niveau Uo aura comme équation :
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A partir de ce tableau on peut construire une courbe d’indifférence qui est le lieu de rencontre des
différentes combinaisons de poisson et de mil procurant au consommateur le même niveau de
satisfaction.
Courbe d'indifférence
25
20
Poisson (y) 15
10
0
0 2 4 6 8 10 12
Mil (x)
x2
∆x2<0
Uo = 20
0 x1
∆x1 > 0
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Les courbes d’indifférence ont toute une forme particulière qui correspond à une hypothèse
sur les préférences du consommateur. L’hypothèse de convexité se réfère à l’hypothèse selon
laquelle le consommateur préfère les mélanges c.à.d il préfère avoir les deux biens.
- Une courbe d’indifférence est convexe si dx2 / dx1 < 0 et d2x2 / dx21 > 0
x2
0 x1
Remarque
x2
0 x1
Courbe d'indifférence
10
9
8
stylo bleu
7
6
5
4
3
2
1
0
1 2 3 4 5 6
stylo noir
x2
0 x1
Sur ce graphique, nous avons deux CI hypothétiques qui se coupent. Cette situation est en réalité
impossible. En raison de la transitivité des choix du consommateur, les paniers X, Y et Z sont jugés
équivalents et doivent se situer sur la même CI. On en déduit que deux CI ne peuvent pas se couper.
Démonstration
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Remarque :
x2
.A
.P
.B
x2
Figure : Courbe d'indifférence pour des biens substituts
Comme nous pouvons le constater, la courbe d’indifférence pour les biens substituts est une droite.
ii. Biens complémentaires
Mais si un consommateur met toujours la même quantité de sucre en morceau dans son café (par
exemple deux morceaux pour chaque tasse), on a affaire à des biens strictement complémentaires,
c’est-à-dire des biens dont la consommation simultanée procure le maximum de satisfaction au
consommateur. Dans ce cas là, les courbes d’inférences ressemblent à des équerres, comme le
montre le graphique suivant :
Sucre
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8
6
4
2
0 Café
1 2 3 4 5
Figure : courbes différences pour les biens complémentaires
iii. Bien indésirable
Le bien x est un bien indésirable (la pollution) et le bien y un bien désirable pour le consommateur
Pour compenser ce désagrément (plus de x), il faut augmenter la quantité de y. La courbe
d’indifférence est alors de pente positive.
y
x
Un bien indésirable est un bien que le consommateur n’aime pas.
iv. Un bien neutre
Un bien est dit neutre si le consommateur ne s’en préoccupe pas du tout. Si un consommateur est
neutre vis-à-vis de x, cela signifie qu’il ne se préoccupe que de la quantité de y dont il dispose et ne
prête aucune attention à la quantité de x. Dans ce cas, les courbes d’indifférence sont des droites
verticales.
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0 x
L’utilité marginale notée Um peut être définie comme l’accroissement de la satisfaction éprouvée
par le consommateur à la suite de la consommation d’une unité supplémentaire du bien.
L’utilité marginale du bien i est l’accroissement d’utilité résultant de la consommation d’une unité
supplémentaire du bien i, les quantités des autres biens restant inchangées.
Umi = ∆U/∆ xi = δU / δ xi
Nous pouvons calculer les utilités marginales des biens comme les dérivées partielles de la fonction
U par rapport aux quantités de bien
Remarque :
Si δ2U / δ xi2 > 0 est positive alors on dit que l’utilité marginale est croissante
Formalisation
Le taux marginal de substitution du bien y au bien x noté TMSy/x se définit comme la
quantité de biens y que le consommateur est prêt à céder (soit donc –Δy) pour augmenter d’une
unité sa consommation de bien x (soit + Δx) tout en gardant le même niveau de satisfaction ; c'est-
à-dire en restant sur la même courbe d’indifférence.
y y var iation du bien y
TMS y / x
x x var iation du bien x
y
y1 A
Δy
TMSy/x
y2 C
Δx
B x1 x2 x
Figure : La mesure du taux marginal de substitution
Géométriquement, le TMS est donné par la pente (négative) de la droite qui joint le point A
BA
et le point C sur la même courbe d’indifférence. C’est le rapport :
BC
Si dU est la variation de l’utilité totale U, dx la variation de la quantité consommée du bien
x et dy la variation de la quantité consommée du bien y, alors la variation de l’utilité totale
provoquée par les variations des différentes quantités de x et de y peut s’écrire :
U U
dU dx dy
x y
U
Avec : la variation de l’utilité qui résulte de la variation d’une unité de bien X,
x
c'est-à-dire utilité marginale du bien x
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U
la variation de l’utilité qui résulte de la variation d’une unité de bien Y;
y
c'est-à-dire utilité marginale du bien y.
Si le consommateur envisage de substituer à la consommation d’une quantité de bien x la
consommation d’une quantité de bien y (il souhaite se débarrasser du bien x) alors la quantité
U
consommé de x diminue (c’est-à-dire dx<0) ; ce qui va entraîner une perte d’utilité dx . En
x
U
revanche la quantité consommées de y augmente, ce qui va entraîner un gain d’utilité dy .
y
Comme par définition, l’utilité est constante le long d’une même courbe d’indifférence, la
modification de l’utilité totale est nulle ; c'est-à-dire dU = 0. Par conséquent, le gain et la pente
doivent tendre à se compenser.
Soit donc : dU = 0
U U
dx dy 0
x y
U U
dx dy
x y
U / x dy
U / y dx
de sorte que le taux marginal de substitution de y à x est donné par :
U m x dy
TMS y / x
U m y dx
U m y dx
De même, TMSx / y
U m x dy
dy dy
Remarque : le taux marginal de substitution de y à x ( ) est positif car représente une
dx dx
pente décroissante (donc négative) en descendant le long de la courbe d’indifférence ( TMSy / x est
dx dx
une fonction décroissante). En revanche, le TMS x / y est négatif car représente une
dy dy
pente croissante donc positive.
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. Exemple
Nous appellerons TMS du bien 1 au bien 2, la quantité de bien 2 que le consommateur est prêt à
céder contre une unité supplémentaire de bien 1 tout en laissant inchangé son indice de satisfaction.
Exemple : Si le TMS = 2 ; cela signifie qu’une augmentation d’une unité du bien 1 nécessite une
diminution de 2 unités des quantités consommées du bien 2 pour maintenir l’utilité totale constante.
x2
∆x2<0
Uo = 20
0 x1
∆x1 > 0
En partant de la fonction U = f(x1 , x2) , supposons qu’il y ait des variations infiniment petites des
quantités des deux biens : d x1 et dx2
dU = δU / δ x1 * dx1 + δU / δ x2 * dx2
Economiquement, cette égalité signifie que la variation totale de l’indice d’utilité est la somme des
variations dues aux modifications des quantités de chaque bien.
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Le TMS du bien 1 au bien 2 est donc égal au rapport de l’utilité marginale du bien 1 sur l’utilité
marginale du bien 2.
Dans le cas de deux biens, la contrainte de ressources pesant sur le choix du consommateur sera
matérialisée par une droite appelée droite de budget.
Supposons que les prix des biens soient p1 et p2, les quantités acquises par le consommateur étant
x1 et x2.
p1x1 + p2x2 ≤ R
Cette inégalité signifie que les dépenses totales du consommateur ne peuvent être supérieures à son
revenu.
p1x1 : désigne les dépenses du consommateur en bien 1.
p2x2 : désigne ses dépenses en bien 2.
Le coté gauche de l’inégalité représente ainsi ses dépenses totales.
La droite de budget du consommateur représente les paniers de biens qui lui sont accessibles s’il
dépense tout son revenu. Ces paniers sont tels que l’égalité suivante est vérifiée : p1x1 + p2x2 = R
En exprimant x2 en fonction de x1, nous obtenons l’équation de la droite de budget que l’on peut
représenter dans le plan (x1 , x2.)
Si x1 = 0; x2 = R / p2 ; A (0, R / p2)
Si x2 = 0; x1 = R / p1 ; B (R / p1 ; 0)
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Représentation graphique
x2
D
P N droite de budget
0 B x1
Le triangle OAB est appelé domaine des consommations réalisables. Il s’agit des paniers que le
consommateur peut acquérir qu’il épuise ou non son revenu.
Le panier P appartient au domaine mais la dépense totale correspondant à ce panier est inférieure au
revenu. Au panier P, on a p1x1 + p2x2 < R
Le panier N situé sur la droite de budget fait partie des paniers dont l’achat oblige le
consommateur à dépenser tout son revenu. Au panier N, on a p1x1 + p2x2 = R
Les paniers comme le panier D situé à droite du triangle OAB sont au dessus des moyens du
consommateur. Ils font partie du domaine de consommation inaccessible.
P R
L’équation de la droite du budget s’écrit : x2 1 x1 . Sur un graphique nous
P2 P2
avons les configurations suivantes :
La droite de budget possède les deux caractéristiques suivantes :
la pente de la droite de budget Px , représente le prix relatif d’un bien par rapport à
Py
l’autre bien.
Chaque point de la droite de budget représente un panier de biens qui épuisent
complètement le budget du consommateur. En d’autres termes, la droite montre
l’ensemble des combinaisons possibles des biens x1 et x2 qu’un consommateur peut se
procurer au niveau donné du budget disponible et du prix des biens.
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Exemple :
Soient Px = 50 le prix du bien x, Py = 250 le prix du bien y et R = 5000 le revenu du consommateur.
Pour x = 0, y R 5000 20
Py 250
Représentation graphique :
y
20
15 A
10
5
25 100 x
Graphique : La de droite du budget
Le point A sur la droite de budget correspondre à 15 unités sur l’axe des ordonnées et à 25 unités
sur l’axe des abscisses.
Si le prix d’un des biens augmente, la droite de budget pivote vers l’intérieur, changeant
l’intersection de l’axe du bien concerné.
Si le prix l’un des biens diminue, la droite de budget pivote vers l’extérieur, changeant l’intersection
de l’axe du bien concerné.
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Si le prix des deux biens augmente, mais le rapport de leur prix reste inchangé, alors la pente de la
droite de budget ne change pas. Elle se déplace toutefois parallèlement vers la gauche.
x2
0 B B’ x1
Si l’on fait donc varier le prix du bien 1, la droite de budget pivote autour du point A. La
droite de budget peut se déplacer par pivotement autour d’une de ses extrémités si le prix d’un de
ses biens se modifie alors que le prix de l’autre bien ainsi que le budget du consommateur restent
inchangés. La variation du prix de l’un des biens a pour conséquence d’accroître le pouvoir d’achat
du consommateur en dépit du fait qu’il conserve exactement le même revenu.
R
Py
Si Px' Px
si Px" Px
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x
R R R
Px'' Px Px'
Graphique : Cas d’une baisse de Px
R
Py"
R
Py
Si Py'' Py
R
Py '
Si Py' Py
x
R
Px
Graphique : Cas d’une hausse de Py
Si le prix du bien x diminue de Px à Px' , toute chose restant égale par ailleurs, la constante
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x2
R’/p2
R/ p2
0 R/ p1 R’/ p1 x1
La droite du budget peut se déplacer parallèlement par rapport à elle-même, ce déplacement a lieu
si la valeur du budget se modifie alors que les prix des biens x et y restent inchangés (voir le
graphique ci-dessous).
R''
Py
R R' R R"
Py
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R'
Py
x
R' R R"
Px Px Px
Graphique : modification du budget du consommateur
Commentaire : Lorsque le budget augment, la droite se déplace vers le haut à droite. Cette
augmentation signifie une augmentation des opportunités de consommation ; les pentes des droites
restant inchangées. On observe l’inverse, c’est-à-dire le mouvement vers le bas et à gauche en cas
d’une baisse du budget.
Références bibliographiques
Tirole, J. (1988), The Theory of Industrial Organization, The MIT Press, Cambridge,
Massachusetts.
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