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Anthropologie de L'Espace Habite: Dans Les Villes Africaines
Anthropologie de L'Espace Habite: Dans Les Villes Africaines
avec la collaboration de
ADRIEN - GIBBAL - LECARME -POITOU
Rapport de recherche
Financement du Ministère
de la Recherche et de la
Technologie.
Décision d'aide nO :
N. Dif/PVD/80-7-0366.
Paris, octobre 1984.
•
AVANT-PROPOS
A) Historique du projet
B) Objectif de l'étude
C) Inflexions de la problématique initiale
D) Situation du sujet de recherche
E) A propos de la méthode anthropologique
F) Retombées prévisibles
G)Contacts de l'équipe de recherche avec les institutions des
pays concernés.
II - MONOGRAPHIES
E. LE BRIS
A. MARIE
A. OSMONT
A. SINOU
- 1 -
A - HISTORIQUE DU PRO~IET
B- OB~IECTIFS DE II mlDE
•
- 1Il -
•
- v-
•
- VII -
•
- IX -
F - RETOMBEES PREVISIBLES
CENTRAFRIQUE
Bangui
- Direction de l'urbanisme
- Direction des services cadastraux
- Université
- Faculté des Sciences de la Santé FACSS
- Bureau d'étude du Ministère "des "affaires sociales
- MALI :
Bamako :
- Direction de l'urbanisme et de l'habitat
- Ministère de la culture
- Archives du Mali
- NIGER :
Niamey:
- Institut de recherche en Sciences Humaines IRSH
- Ministère des travaux publics et de l'urbanisme
- Service Topographique
- Institut Géographique National
- NIGERIA :
Nigéria :
- Nigerian Institute of Social and Economic Research (N.I.S.LR.)
de l'Université d'Ibadan (Dyo State).
- Département de Sociologie de l'Université de Ilé-Ifé (Dyo
State)
- Département de Géographie de l'Université de Ilé-Ifé (Dyo
State)
- XIV -
- TOGO :
Lomé :
DGUH : Direction générale de l'urbanisme et de l'habitat
AGETU : Agence de gestion des terrains urbains
UB : Université du Bénin - Département de géographie et de
sociologie
SITO : Société immobilière du Togo
EAMAU: Ecole africaine et mauricienne d'architecture et
d'urban isille
Direction de la statistique du Togo
Centre'ORSTOM
- SENEGAL :
Dakar :
Institut de l'environnement (Université de Dakar)
OHLM (Office d'HLM), notamment direction des parcelles assainies
Service régional d'urbanisme du Cap Vert
Centre ORSTOM •
ENDA - Environnement et' développement africains
Ecole d'architecture et d'urbanisme
Direction de l'Urbanisme et de l'Architecture
Direction de l'Habitat et de la Construction
Archives nationales
Saint-Louis :
Direction de l'urbanisme
BAMH : Bureau d'architecture des monuments historiques
Centre culturel français.
- 0 -
II - MONOGRAPHIES
=================
A. OSMONT
M. LECARME
A. SINOU
J.M. GIBBAL
E. LE BRIS
A. MARIE
D. POITOU
M.f. ADRIEN
- 1 -
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- A Dakar :
La maison d'Ousmane, qui succédera à l'actuel chef de
famille, Ibrahima, à la mort de celui-ci.
L'appartement de M'Backé, neveu utérin d'Ibrah-ima, et dont
la réussite matérielle est la plus prometteuse.
(1) Le cas fut fréquent à Rufisque à l'époque. Les Serer seront ainsi
peu à peu assimilés aux Lebou (eux aussi société matrilinéaire), comme
c'est la coutume dans cette ethnie de pêcheurs et de cultivateurs plus
anciennement installés dans le Cap Vert.
- 11 -
La deuxièJlle génération :
La troisièJlle génération :
La quatrième génération :
. Cette génération, celle des enfants et des neveux d'Ego, est
celle de l'Indé·pendance. Marquée par la perte du statut de citoyen
français, elle bénéficie tout de même des acquis familiaux: relations
religieuses, politiques, administratives. Elle est en totalité scola-
risée, filles et garçons, certains garçons ont fait ou font des études
supérieures - dont un en architeèture. Les filles déclarent vouloir
accéder à des emplois salariés. Aucune n'y est encore parvenue de
manière durable, mais plusieurs hommes ont épousé une femme qui exerce
une profess ion sa l ar i ée.
Le processus de segmentation commencé précédemment se poursuit,
en même temps que se multiplient les lieux d'habitation "modernes".
les membres de cette génération, dont beaucoup partagent ou ont parta-
gé leur temps entre la Grande Maison de Rufisque et les différentes
maisons ~i-dessus, sont ainsi confrontés à deux modèles d'organisation
spatiale, dont l'un se réclame de la tradition, l'autre de la moderni-
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- 13 -
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~ EMPLOYES DANS LE -SECTEUR INFORMEL
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- 25 -
UN SYSTEME RESIDENTIEL
Par~i les lieux de résidence de la fa~ille, trois ont retenu
particulière~ent ~on attention car ils sont forte~ent articulés entre
eux etc 0 ns t it uent l' ar ~ at ure es sen t ie l l e d 1 uns ys tè ~ e rés i den t i e l
plus large. Chacun d'entre eux sera étudié dans son environre~ent
urbain, dans son fonctionne~ent pro,pre et dans ses relations avec les
autres lieux de résidence.
La grande ~aison de Rufisque
- Processus d'urbanisation
Jusqu'à la ~ort du chef de fa~ille Is~aîl, fin 1979, elle a été
le pôle ~ajeur de cet ense~ble. Elle est en effet le berceau du
seg~cnt de lignage représenté dans le diagra~~e nOl.
Lorsqu'Is~aîl est venu s'installer dans l'actuelle concession en
1945, il n'a pas payé la pa~celle, car il considérait qu'il avait
toujours dans ce quartier les anciens droits de culture.
Sans aborder en détail l'historique de ce quartier Santhiaba,
traité par ailleurs (1), il convient de souligner qu'il est considéré
par ses habitants, ~ais aussi à l'extérieur par les autorités locales
et les services techniques (urbanis~e) com~e un quartier traditionnel.
Co~~e dans la plupart des autres quartiers, les terrains appartenaient
à une f a~ i 11 e, cons i dérée co~~e ayant l a pre~ iè re défr i ché l a zone.
Elle a ensuite distribué des droits de culture (~oyennant redevances
en nature) à des familles de pêcheurs de Rufisque et à leurs alliés,
parmi lesquels se trouve la famille étudiée. Ces fa~illes sont donc
considérées comme premiers occupants des terrains, qui furent d'abord
des champs puis des concessions où peu à peu ils s'installèrent, à la
suite des déguerpissements de la fin du XIXème siècle et du début du
XX'emc siècle. Cependant, à la différence d'autres secteurs de Rufis-
que, la famille propriétaire de Santhiaba ne fit pas immatriculer son
terrain, et donc ne procéda pas à un morcellement en bonne et due
forme, auquel aurait pu succéder un lotissement assorti de per~is de
construire. Lorsque le descendant des propriétaires a voulu faire
cette opération d'immatriculation, il y eut une telle opposition des
occupants que le juge des domaines, après s'être déplacé sur le ter-
rain, laissa en réquisition toute la portion habitée, pour n'accorder
l'immatriculation qu'à la partie non occupée à l'époque, s'agissant
d' un th a l we gin 0 ndab1e : c' est 1e t it r e f 0 ncie r 8a8 (CF. Fig.6 ). Le
reste est encore maintenant indiqué au cadastre comme "village de
Santhiaba, titre foncier en réquisition".
Ce processus d'urbanisation explique donc largement l'aspect
conservé par ce quartier jusqu'à maintenant (fig. 7). Le chemin cen-
tral n'est autre que l'ancien sentier empruntant la ligne de crête,
utilisé par les pêcheurs pour se rendre à leurs champs. L'espace s'est
organisé en dehors des normes d'urbanismes actuelles. Il est cependant
fortement structuré sur la base d'alliances ou d'exclusions entre
fa~illes.En effet les pêcheurs -agriculteurs, premiers bénéficiaires
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FIG 8 PLAN D'URBANISME DE DETAIL DU QUARTIER SANTHLABA A RUFISQUE 1971
- 28 -
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espace revendi9uê.
il existe une ligne de dêmarçatfon ~-) symbolique et fonctionnelle
entre l'espace de la première ~pouse et celui d~ la deuxième ~pouse.
les enfants de celle-ci revendiquent certains b.stiments (---) •
FIG9 CONCESSION MERE A RUFISQUE GRANDE MAISON
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ceux qui ont des difficultés d'insertion, lTlais il est certain aussi
que le controle social y pèse plus fortelTlent sur ceux qui n'ont pas
réussi dans la vie ou bien qui se sont écartés des norlTles adlTlises :
ont été "assignés" à résidence ici, par exelTlple, un des freres du chef
de falTlille actuel, considéré cOlTllTle un aventurier, et deux jeunes
filles rrères-cél'ibataires. La Grande Maison est un refuge, lTlais c'est
auss i un purgatoi re.
Pour l'enselTlble du groupe, la grande concession est donc sa
lTlélTloire, le sYlTlbole de son unité et de sa cohésion, le télTloin aussi de
son dynalTlislTle et de ses échecs. Elle est le support d'un statut social
dont la notabilité a été reconnue dans le quartier, étape nécessaire
avant sa reconnaissance à une échelle plus large, à Rufisque puis à
Dakar. Pour ces différentes raisons, personne n'envisage la vente de
ce berceau de la falTlille, ni lTlêlTle sa lTlodernisation dont l'idée avait
effleuré le jeune architecte, neveu d'Ego. Refuge pour les uns, sYITl-
bole pour tous, elle delTleure en l'état, cOlTllTle télTloin historique.
la maison Castor
Les deux autres résidences lTlentionnées dans la présente étude,
celle d'Ego et celle de MalTladou, sont désignées par la falTlille cOlTllTle
II lTla isons" alors que celle de Rufisque l'est cOlTllTle IIl a Grande Maison",
ou IIl a grande concession". Pourtant, il s'agit toujours de construc-
tions sur parcelle lTlais - c'est là toute la différence - inspirées du
1Tl0dèle européen. Elles représentent, ou devraient représenter, la
réalité d'une intégration à la ville et au lTlonde lTloderne. En fait, on
va le voir, il n'y a pas de rupture entre les deux types d'habitat
traditionnel et lTloderne, et les deux lTlaisons analysées ci-dessous sont
bicn des élélTlents du systèlTle résidentiel étudié.
Processus d'urbanisation
La Maison Castor a été réalisée en auto-construction par Ego,
l'actuel chef de falTlille. Celui-ci né en 1927, dîplolTlé dessinateur en
1945, était jeune elTlployé à la Direction des Travaux Publics, lorsque
fut lancé en 1954 une expérience de cité coopérative en auto-construc-
tion, pour laquelle il s'enthousiaslTla et dont il fut un des lTlelTlbres
les plus actifs. .
L'expérience fut ilTlpulsée et soutenue par l'adlTlinistration colo-
niale: un terrain viabilisé, découpé en 90 parcelles, fut donné à la
coopérat ive, une ass i stance techn i que fut apportée tout au long du
chantier, et un prêt fut accordé pour l'achat des lTlatériaux et outils
nécessaires. Il s'agissait, dans cette période de décolonisation, de
perlTlettre à une couche défavorisée de la population, qui n'aurait pu
accéder aux 10gcITlents éconolTliques de l'époque, de devenir propriétaire
d'une maison très lTlodeste, lTlais fl\oderne.
- - EAUX POTABLES
_ . -EAUX USAGEES
- 37 -
(1) L' hi s to i re et les modalités de cette expér i ence ont été re l atés
par ailleurs. Cf. A. OSMONT : "une communauté en ville africaine - les
castors de Dakar". PUG 1978.
(2) On a d'ailleurs fait beaucoup de place aux raisons climatiques
pour expliquer ce besoin d'être dehors, dans la cour, ce qui atteste
bien la référence fonctionnnaliste de ce type d'explication.
MAISON CASTOR D'ORIGINE
MAISON TRANSFORMEE
FERMETURE DE LA VERANDA
(1) C'est une des raisons qui ont fait qu'entre 1958 et 1969 j'ai pu
constater que le revenu disponible par tête avait diminué chez les
Castors, en dépit du fait que la situation économique des chefs de
famille s'était entre temps plutôt stabilisée et avait dans beaucoup
de cas progressé.
MAISON CASTOR
neveu archi tecte, en lia i son avec son demi -frè re de Chartres et une
éventuelle collaboration de Mamadou, le frere cadet de Rufisque (Cf.
la maison de Mamadou). Un autre de ses fils s'est lui mis au dessin et
pourrait devenir maquettiste. -
Toute cette stratégie et cette conception de la structure fami-
liale fait que Ibrahima abrite constamment des neveux, nièces, que son
frère Mamadou a établi à une époque le siège social de sa petite
entreprise dans la Maison Castor, dans une pièce construite en prenant
sur la cour, et que son neveu M'Backé a utilisée aussi pour étudier
quelques projets lorsqu'il était encore étudiant architecte.
Tout cela n'empêche pas Ibrahima d'apprécier quelques signes de
la modernité, soutenu en cela par sa première épouse Am-ineta : télévi-
sion, voiture, ameublement moderne, dans l'extension de la maison
récemment achevée,"
Pendant très longtemps également, Ibrahima a opté pour le domi-
cile séparé des différentes épouses, tout en disant qu'il souhaitait
les réunir le plus vite possible. A cet effet, il avait commencé la
construction d'un bâtiment à étage, séparé du bâtiment d'origine, en
bordure de rue, dans l'idée d'y loger ses deux-autres épouses. Mais la
construction, comlTTencée en 1969, nia été terminée qulen 1979, ce qui
atteste -bien d'une longue hésitation ete sa part, -et des réticences
incontestables que nous a confiées la première épouse Amineta. Mais il
est possible que les deux autres épouses, nées à Rufisque et ayant
toujours habité Rufisque, l'une dans la Grande Maison, et l'autre chez
la troisième femme d'lsmaîl, aient également été récalcitrantes.Aminé-
ta en tous cas a essayé de maintenir le plus possible sa position
privilégiée. En effet, elle apprécie beaucoup d'être s€ule dans la
maison; elle profitait le plus des éléments de modernité qui €xis-
taient seulement là : eau courante, télévision, poste de radio avec
cassettes, et sorties en ville (peu fréquentes il est vrai). En outre,
elle régnait sur toute une troupe de jeunes,la chambre des garçons
ayant été de nombreuses années un véritable club de jeunes du quar-
tier.
Lorsqu'Amineta comprit que la situation allait changer, elle
avait exigé d'habiter dans la partie neuve, avec des meubles neufs,
dessinés par son mari diapres des catalogues français et exécutés par
un menuisier. Depuis, son mari l'appelle "1 a Princesse", car elle a
maintenant la partie la plus moderne de la parcelle.
Mais le rassemblement des trois épouses et de leurs enfants pose
de nombreux problèmes de fonctionnement (Cf. le paragraphe sur l'orga-
nisation de l'espace) et économiques: en bonne logique, dit Amineta,
"c haque épouse devrait avoir son frigidaire, sa télévision, sa cui-
sine, et les mêmes meubles", ce qui représente beaucoup d'investisse-
ments,- même pour un cadre dont le salaire est élevé, mais qui a 25
enfants dont ceux qui sont en âge de l'être sont tous scolarisés,
garçons et filles, et qui entretient à peu pres 30 personnes journel-
lement, sans compter les nombreux cadeaux faits aux parents et alliés,
sa part des charges que-représente- la Grande Maison de Rufisque, et la
charge de la maison de la quatrième épouse.
- 45 -
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de lJlarcher sur des dalles sans pour autant lJlarcher sur le gazon ....ce
sont de grandes personnalités très certainelJlent qui viendront avec
leur argent. ... Le gazon est là, c'est en quelque sorte une garantie
pour lJloi parce que lorsqu'ils verront que je suis assez organisé et
que j'ai une lJlaison qui présente proprelJlent çà leur donnera confiance.
AutrelJlent ce sont les affaires qui filent".
Cette lJlise en scène un peu sèche d'un fonctionnalislJle d'inspira-
tion occidentale sera très vite agrélJlentée et cOTJlplétée par la
construction d'une case à toit de chaulJle et sans lJlurs, installée à
droite de l'entrée noble et baptisée "salon de thé". A ce titre, elle
est considérée au début cOlJllJle le signe sYlJlbolique, très en vogue à
Dakar ces dernières années, d'une "identité négro-africaine".
Il était prévu - autre signe de lJlodernité occidentale - que
l'accè s à l a cour d'honneur soit cOlJllJlandé par une sonnette, dont
l'usage est encore peu répandu en ville, surtout dans les quartiers
périphériques ou traditionnels.
- l'autre lJloitié a sa propre entrée de l'extérieur. La cour,
sablée, avec accès direct à la cuisine, est l'élélJlent essentiel,
dOlJlaine des felJllJles et de la vie dOlJlestique africaine. MalJladou lui-lJlêlJle
s'en explique: "je lJle suis arrangé pour l'alJlénagelJlent de la cour à
la diviser en deux, parce que cOlJlpte tenu de lJles activités j'ai à
rencontrer deux catégories d'individus: des gens qui sont plus évo-
lués, qui ont l'habitude justelJlent de voir la grande cour avec son
gazon, ses arbustes, ses fleurs, et j'ai une catégorie d'individus qui
n'ont pas l'habitude de voir çà lJlais qui, ceux que j'appelle conserva-
teurs, se contenteraient d'une silJlple cour sans arbuste, donc du
sable, alors je l'ai justelJlent conservée pour le côté extérieur {près
du puits)". FelJllJles et enfants sont, à l'évidence, parlJli les "non
évolués" : "la deuxièlJle cour ce sera la grande cour falJliliale où je
réserve le sable, çà perlJlettra à lJles enfants de jouer". Il n'est pas
prévu qu'ils viennent dans la prelJlière cour, ils doivent d'abord
"s'adapter, s'organiser", et "quand ils seront grands justelJlent ce
sera le lJlolJlent d'affronter le grand salon". De lJlêlJle les felJllJles pour-
ront se cantonner dans la cour falJliliale, et elles pourront aussi de
cette lJlanïere garder l'usage de la cuisine sénégalaise: "la cuisine
aussi est un peu isolée, pas tout à fait détachée, elle est accolée
lJlais on la sent un peu à l'extérieur. Pourquoi? parce que la felJllJle
sénégalaise ayant l'habitude de cuisiner au dehors, il faut nécessai-
relJlent lui donner cette chance de pouvoir cOlJllJluniquer avec son dehors,
donc de sa cuisine elle aura toute la 9rande cour, elle pourra appeler
chacun de ses enfants, cOlJllJlissionner (envoyer faire les cOlJllJlissions),
faire ce qu'elle voudra dans la cour et avoir aussi sa cuisine à côté.
Mais il ne faut pas trop l'isoler, parce que quand vous la détachez du
bâtilJlent çà suppose que pendant l'hivernage, la cusinière a des
problèlJles parce qu'il pleut. Donc, il faut un couloir avec une petite
véranda qui relie la cuisine au bâtilJlent".
La lJlaison a donc été voulue cOlJllJle une oeuvre effectivelJlent pion-
o nière dans un quartier considéré cOlJllJle traditionnel, cOlJllJle un outil
pédagogique destiné à enseigner aux felJllJles, aux enfants, aux non-
évolués, les usages lJlodernes de l'habiter tout en lJlénageant les tradi-
tions, et cOlJllJle l'expression prolJlotionnelle des capacités du proprié-
taire à réaliser des villas de type européen.
- 62 -
(1) LECOUR - GRANDMAI SON "La natte et la mangui er", Ed. Mercure de
rance, Paris, 1978.
- 63 -
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- 64 -
CONCLUSION
Nous sommes renvoyés alors à une analyse plus large des modes de
vie engendrés par le processus spécifique d'urbanisation de l'Afrique,
dont la brutalité constitue un des faits marquants des indépendances.
Il s'agit donc d'abandonner l'approche culturaliste pour aborder les
problèmes en termes de stratification sociale dans ce contexte urbain.
La séparation des spœres de la production et de la consommation,
la nouvelle division sociale du travail ont profondément bouleversé
les modes de vie. Des individus appartenant à des groupes sociaux
différents se sont installés en ville sans que jamais le rythme de
création d'emplois suive celu5 des arrivées. Pour survivre, ces
groupes 'ont transplanté, en 'les réinterprétant, des règles de solida-
rité villageoise, créé de multiples formes non institutionnelles
çl'"as~uranc.e spcial.e" fondées sur des activi.:tés économiques plus ou
mo ins précaires.
Ces efforts d'intégration à la ville sont repérables dans les
modalités de distribution des revenus, dans la mise en place de ré-
seaux professionnels, d'une écnomie de débrouillardise, etc....Ils le
sont également dans les usages de l'espace habité: la maison est en
effet au centre des stratégies familiales. Elle en constitue en quel-
que sorte le théâtre, mais aussi la base matérielle. L'habitat est
ainsi organisé, et pensé selon ces stratégies, puis constamment
transformé pour s'adapter aux changements commandés par leur dévelop-
pement dans le temps. Dans cette perspective, la conception fonction-
naliste, attribuant de manière durable une fonction à un espace est
assez unanimement absente des pratiques observées. Au contraire, on
note une grande fluidité dans l'organisation de l'espace habité et
dans l'affectation des habitants et des fonctions aux différentes
pièces de la maison, et aux différents lieux de résidence. Enfin,
seule la multiplicité de lieux de résidence liés les uns aux autres en
un système identifiable peut apporter au mil ieu urbain un début de
solution au problème aigu de densification qu'implique le maintien ou
la constitution de groupes familiaux de grande taille, destinés à
assurer à leurs membres la meilleure place possible dans un processus
nouveau de stratification sociale.
A ce stade de l'étude, l'hypothèse de départ peut être ainsi
reformulée: la structure familiale élargie, lieu privilégié d'une
articulation entre les deux pôles de la réalité urbaine africaine, le
traditionnel et le moderne, constitue de ce fait le lieu central
assurant l'intégration de ses membres à la société urbaine. Dans cette
perspective d'intégration, les stratégies familiales, économiques et
résidentielles ont pour objet la gestion de cette articulation, ou
visent à résoudre les contradictions qu'elle engendre, cela dans des
situations sociales et spatiales concrètes.
Pour éclairer ces différentes stratégies il était donc nécessaire
d'analyser les pratiques sociales et spatiales aussi bien en elles-
mêmes et pour elles-mêmes, que dans leur environnement réciproque. On
a pu voir en effet que le contrôle social global, dont la règlementa-
tion urbaine est un des aspects, ne joue pas avec l a même force dans
les différents secteurs de la ville, et qu'en conséquence, les modali-
tés d'installation et donc l'accès au sol urbain, de même que les
mécanismes de production de l'espace habité, ne permettent pas un
déploiement équivalent des stratégies familiales de développement
économique et social.
- 67 -
. .
- 68 -
BIBLIOGRAPHIE
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Paris - 1983.
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"La fami 11 e contre l a vi 11 e"
Post-face de Ph Ariès.
Encre - Paris - 1980.
lA PRESQU 1 ILE DU CAP VERT
Document nO l
- 71 -
Mireille LECARME
L'étude qui suit voudrait apporter une première réponse à deux
questions simples: comment les femmes vivent-elles l'espace urbain et
péri-urbain. et de quoi vivent-elles dans cette espace 7 - Formulé
autrement. en choisissant de prendre comme centre d'observation privi-
légié la périphérie urbaine et en entrant dans le regard que ses
acteurs portent sur la ville, nous poserons au préalable ces questions
: à travers l'histoire d'un quartier. quelles stratégies mettent en
oeuvre ses habitants pour l'appropration d'un espace d'habitation -
mais aussi quels choix politiques fait le pouvoir d'Etat à travers ses
interventions ponctuelles? Et à quel modèle se réfère cette politique
: modèle importé ? Modèle autochtone ? Sans conteste cette première
partie: stratégies populaires et politique urbaine. s'intéresse à des
acteurs masculins. essentiellement, constructeurs d'un espace partagé
par hommes et femmes. Dans une deuxième partie nous verrons en suivant
un groupe de femmes du quartier choisi quelles stratégies se laissent
lire à travers leurs pratiques dans cet espace périphérique. celui de
la ville? Comment interfèrent en ces différents espaces pratiques
sociales et activités de type économique. autant de signes à décryp-
ter d'autres modalités de la socialité, de l'économique, d'autres
découpages du privé et du public. En bref: appropriation et pratiques
de l'espace seraient si marquées historiquement et culturellement- la
proxémique (cf Hall, 1966) montre que les distances interpersonnelles
publique, sociale, personnelle. intime diffèrent d'une aire culturelle
à une autre entrai nant d'autres rapports à l'espace. par exemp le au
voisinage, à la cohabitation. à la densité humaine - que politique
urbaine comme planification économique ne sauraient se satisfaire de
modèles importés. ignorant tout de la spécificité des acteurs sociaux.
(document 1 - Plan de Dakar)
Notre terrain de travail est un quartier -flottant" de 6000
habitants environ situé à 10 km à l'Est du centre de Dakar. Nous avons
privilégié l'approche ethnologique, c'est-à-dire l'observation active
quotidienne - après un bref essai d'enquête avec questionnaire. Le
discours des acteurs sociaux est venu en complément: entretiens à
bâtons rompus. entretiens dirigés ou semi-dirigés, dialogues entre
femmes du quartier, éléments d'histoires de vie. L'enquête économique
a consisté en un relevé quotidien des pertes et bénéfices du groupe de
femmes choisi. suivi de nombreux discussions avec elles. Dix huit
heures d'échanges entre marchandes et clientes ont été enregistrées et
traduites. Nous avons pu habiter, à proximité du terrain d'enquête à
Hann-Montagne , quartier, illégal lui aussi, mais bâti -en dur- et non
-en baraques·, ce qui a perm i s à l a foi s de préserver notre repos et
de partager le mode de vie de la population observée.
- 72 -
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HISTOIRE DE DALIFORT
Nous considèrerons les lieux non -comme des formes ayant une vie
propre- mais -comme des objets sociaux chargés d'une parcelle du
dynamisme social total- (Santos, 1978 :70)
De février 1984 au début des années 30, ce sont, au microscope,
les mutations de l'espace urbain périphérique dakarois que nous donne
à lire ce Quartier. D'abord, des dunes avec palmiers et cocotiers,
puis des jardins floraux et maraichers progressivement remplacés par
des baraques. Au début, en 1932, un émigré malien, dogon venu des
falaises de Bandiagara, entre comme jardinier au service d'un Italien
: Ernest Crestan i, propr i éta 1 re de jard i ns maraî chers et floraux à
l'emplacement du Centre hospitalier actuel de Fann, puis sous le pont
de Colobane et dans le bas-fond de Dalifort, occupé alors par un
lIarigot. Cet émigré. Demba Diop (Traoré. au Mali) a voyagé d'abord 3
ans avec son marabout Tiekhoro Diawara au sud du Sénégal : Casamance.
Siné-Saloum. En 1942 Demba s'installe près du jardin de Dalifort dans
une baraque; Ernest a contruit plus haut une maison -en dur- d'un
étage pour sa famille. Elle tranche encore sur ce quartier de bara-
ques. ses pièces ouvertes à tous les vents abritant l'atelier d'un
menuisier. En 1943, Altine Sy, femme de Demba, le rejoint à Dalifort.
quittant la baraque de Colobane après la naissance du fils aYné Abdou-
laye, informateur privilégié dans cette histoire. Altiné aurait été la
première fleuriste sénégalaise. elle vendait à Kermel, au centre-
ville. l'histoire de Demba est très m~lée à celle de la culture ma-
:- 73 -
mosquée
JARDINS
- 75 -
LA POPULATION.
Amadou LV Abdou DIOP
Le quotidien au ~icroscope.
Que dire des femmes dans cet espace urbain que l'Etat tolère,
reconnaît partiellement, équipe quelque peu, mais aussi menace de
déguerpi ssement ou promet à des opérations de lotissement, c'est-à-
dire de restructuration spatiale accompagnée d'équipements de base, de
servi ces, par ex. la voi rie permettant le rammassage des ordures ména-
~res.
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Elle met tous les yaboï par lots, les redistribuant tous: gros,
moyens, petits, mêlés équitablement. Elle va perdre, elle ~ sait.
Elle s'active à faire et refaire les lots, guette c ientes, amlE!s
parents; rarement elle les appellera pour les inviter à acheter, elle
les saluera et attendra. liA chacun sa chance. C'est Dieu qui décide
Sa fi 11 e va chercher l es ln gr êcl i en"fS pour 1e repas, e 11 e pa i er a en
Il
fin de marché ou, ayant IIfait crédit" à une marchande légumes improvi-
sera ce jour le troc: poisson contre légumes et ingrédients divers.
Aïssata, sa fille de 14 ans, arrive, le ménage terminé; elle ira
préparer Te repas :3yaboï, 1 kg 500 de riz, 3/4 de litre d'huile,
etc
11h15 Inutile d'attendre midi pour ~ tirage de ~ tontine vu la
rareté des clientes. Soda passe rammasser les cotisations: 50 F, par
part; on peut prendre plus i eurs parts, let i rage a lieu chaque jour
sur le marché. IITu as deux parts; tant que tu ne l es a pas touchées,
tu mets ta paire de chaussure, un enfant tire au hasard une chaussure.
Tu auras 3000 F. Il y aura un tour de plus pour la responsable, ce
sera son bénéfice Marie qui a acheté pour 3 500 et vendu pour 1500
ll
•
17h30 Elle rapporte le ketiakh chez elle; comme toutes les femmes, le
ménage terminé, elle prend sa douche, derrière l'abri de tôles rouil-
lées-un seau de 10 l d'eau. Après elle bavardera avec des voisines et
réchauffera le riz au poisson de midi et la sauce, pour manger vers 20
h après la prière. Se levant tôt elle se couchera peu après 21 h.
- 90 -
Les prix de Hann sont souvent nettement moins élevés que ceux de
Gueule-Tapée, ce qui explique sa fréquentation - mais ceci est absolu-
ment ilJlprévisible. Les jours de vent, de pleine lune, de froid, les
pirogues ne sortent pas ou tard ou rev i ennent peu ch argées. Il faut
alors compter sur ses relations et son intuition du lJlarché pour
évaluer à l'avance ce que sera la pêche et choisir entre aller à la
Plage de Hann ou à Gueule-Tapée. Le réseau familial ou relationnel
incitera telle vendeuse à se fournir à Hann : ses frères-ou des alJlis
pêcheurs lui donnent selon la pêche un seau de poisson ou 3 ou 4
poissons. Beaucoup de femmes vont à Hann simplement à cause de l'éco-
nomie de transport, de la proximité géog~aphique , ~t du peu d'inter-
médiaires entre elles et les pêcheurs, autant de marques d'un
fonctionnement plus artisanal, plus proche de ce qu1elles ont connu au
village, laissant espérer plus de latitude pour marchander les prix.
Tout ceci fait qu'on trouvera en plus des citadines (ménagères et
marchandes), des rurales émigrées depuis peu à Dakar, des femlJles
disposant d1un capital réduit: 500, 1000 F, des filles de 12,14 ans
remplaçant leur mère malade récelJlment acouchée ou désireuses de tenter
leur chance comme marchandes, des parentes de pêcheurs - ceci pour les
marchand~s de Dalifort. La contiguité ilJlmédiate entre producteurs et
commerçants dans un lieu qù l~ cadre naturel ~st préservé: la plage
de sable blanc, la mer, contrjbuent aussi à la fréquentation de ce
marché dakarois de la pêche artisanale. Il conserve sur place un mpde
de commercialisation traditionnel, en continuité avec le passé et
proche des pratiqlJes villageaoises : les hommes pêchent, les femmes
commercialisent.Loin de procurer. à qui le fréql!ente un.supplément de
distinction urbaine, il offre "image d'une continuité du village à la
ville. De plus les esPèces de poissons les plus fréqu~mment proposées
à la vente sont ~ussi les plus consommées en milieu populaire, v~ leur
prix peu élevé, donc les plus accessibles à la populatio~ d~ Dalifort.
L1espace du quartier: une aire de ~arché 1
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lien de parenté, je te mets sur un pied d'égalité avec les autres, car
je sais bien que tu n'as pas une entreprise de poissons; tu l'achètes
comme les autres. 1I Et pourtant•••! persistent des rapports tradition-
nels en conflit avec le rapport marchand et ses contraintes économi-
ques. De fait dans cet exemple, la parente sera gagnante, en défini-
tive, le litige devenant public, et la marchande se lassant: -Je ne
sais pas comment m'en sortir de ces discussions. Il faut tout le temps
discuter!". Sa voisine: IIToi, elles te tombent dessus parce que tu ne
les insultes pas Stratégie du silence- stratégie de la parole - cela
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que lion à déjà reçu le versement de son épargne. Alors comme dit une
femme II s i tu n'as pas d'argent, pour II cotiser ll
tu prends tes
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- 104 -
BIBLIOGRAPHIE
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- 105 -
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_ PARCELLAIRE El ACTIVITES
LES REGLEMENTATIONS
L'analyse des rapports fonciers a été réalisée principale~ent
dans le quartier ancien et lotie: de DarSala~, puis de ~anière plus
rapi de dans un quartier "spontané", Magna~bougou, situé à l a péri phé-
rie de la ville. .
L'espace bâti de Dar Sala~ à travers l'observation de deux rele-
vés,(cf plan 2) en 1968 et en 1978, présente une forte croissance;
celle-ci souligne que la construction de nouveaux bati~ents n'est que
très partielle~ent freinée par les contraintes d'espace que sont les
li~ites des parcelles.Cependant, le sché~a précisant le no~bre de
pièces par parcelle indique que la densification de l'espace bâti
n'est pas systé~atique~ent proportionnelle à la taille des "parcelles:
certaines grandes parcèlles sont peu construites tandis que des
parcelles de taille ~oyenne peuvent atteindre seize ou dix sept
pièces. Nous n'avons pas établi de statistiques précises ~ais ces cas
sug~rent que l'accroisse~ent du "bâti dans une concession ner.envoie
pas si~ple~ent à une "question de surface. S'il est à rapporter à
l'aug~entation de la population dans ce vieux quartier de la ville, sa
population passe de 5200 personnes en 1968 à 7900 en 1978, on ne peut
cependant définir de rapport ~écanique entre la densification du bâti
et l'accroisse~ent de la population: les concessions les plus denses
en constructions ne se caractérisent pas toujours par l'i~portance de
leur population, ~ais plutôt parfois par le fait qu'elles ne sont
occupées que par des 10cataires.Pour saisir la diversité des cas
rencontrés, il est nécessaire de se référer au statut socio-écono~ique
du groupe occupant la parcelle et plus particulière~ent à son statut
foncier.
L'accession au "sol résulte de règle~entations coloniales. Si lors
de la fondation des pre~iers lotisse~ents à Ba~ako, il est aisé d'ob-
tenir une parcelle, cette situation ne signifie pas pour autant une
équivalence de tralte~ents pour tous. L'obtention d'un per~is d'habi-
ter qui sanctionriait l'occupation d'un~ parcélle résultait de la
constation de cette occupation. Celle~ci devait être ~atériëlisée par
la .construction d'au ~oins un bâti~ent d'habitation, condition aisé-
~ent réalisable étant donné le faible coût d'une construction en
- 124 -
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HISTORIQUE
, Cette fréqu~nce des échanges dlenfants soul i gnè comment "les pra-
tiques d'ha,bitation ne peuvent slenvisager en un seul lieu ou simple-
ment par rapport à une fonction de logement. Ces services mutuels
e
peuvent. se développer auss,i entre cette catégori d'habitants et les
notables.: les relations de connaissance existent entre ces deux
groupes: souvent voisins et installés depuis longtemps dans le lotis-
semen~, ils sont aussi les uns et les autres propriétaires~ Le notable
est représenté non pas comme un ennemi de classe mais comme un des
leurs qui a réussi. En 'outre en hébergeant un'fils d'un voisin, un
notable peut asseoir sa renommée et son pouvoir, llhébergé et sa
famillè devenant sesotiligés. '
LES LOCATAIRÉS
EN MILIEU RUF;AL
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INCIDENCES SOCIALES
L'espace bâti de la concession se développe selon une logique de
dist"inction sociale: aux pièces toutes identiques succèdent des
groupements qui se distinguent par leur volume et leurs matériaux et
par leurs occupants. La densification de l'espace bâti n'est qu'un
signe de l'augmentation de la population et n'induit pas en soi un
nouveau mode d'organisation de l'espace de la concession.Ce sont les
rapports entre les habitants, qui sont sans doute stigmatisés par
cette densité de population et par les limites matérielles de la
parcelle qui déterminent son agencement.
8 TEXTURE DES TOITS DANS UN QUARTIER ANCIEN ET DANS UN QUARTIER RECENT
MAGNAMBOUGOU
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- 141 -
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plus pertinents que celui du ménage. Ces associations ne· se fixent pas
dans des lieux précis et inamovibles comme les chambres et anti-cham-
bres qui sont pendant la journée le plus souvent vides ·de leurs habi-
tants, mais se déplacent dans des cours, des lieux de travail des rues
et des places, en fonction des moments de la journée et des modes de
regroupements. Aux systèmes résidentiels des grandes familles composés
de plus i eurs concess ions s' aj outent dl autres systémes rés i dent i el s
plus minuscules, qui nlont plus la matérialité de l'ensemble bâti de
la concession mais qui sont néanmoins composés d'un ensemble de lieux
de réunion: une pièce un hangar, une portion de cour, un coin de rue;
cette sociabilité qui réunit les individus selon des critères moins
définitifs que la parenté ne se marque pas par des espaces bâtis. F.lle
renvoie à un espace social que l'on ne peut définir par de limites
matérielles; elle pose les limites de la notion de résidence que lIon
ne peut circonscrire à un espace bâti.
INCIDENCES URBANISTIQUES
Densification du bâti, réduction des parcelles, dursification de
la construction, etc ... sont des logiques spatiales remarquables en
4: PARCELLAIRE DANS DES QUARTIERS DE BAMAKO
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PAYSAGES DE MAGNAMBOUGOU
- 151 -
des groupes aux -intérêts très divers, par exelllple les chefs proprié-
taires du sol ou les riches cOllllllerçants spéculateurs...toute réponse
urbanistique à un problèllle d'alllénagelllent dans cette ville, qui ne
tiendrait pas cOlllpte de la puissance éconolllique et politique de ces
i nd i vi dus, aboutirait au Illi eux à un non lieu, au pi re à un échec.
Le quartier spontané n'est donc à priori ni plus ni Illoins popu-
laire qu'un lotisselllent dans le Illonde d'accession au sol et ne consti-
tue pas un autre Illoâele d'urbanisation. Au contraire l'absence de
réglelllentation et de controle de l'Etat peut perlllettre des opérations
de spéculation favorisant encore une Illinorité.
Les habitations du quartier de Magnalllbougou et Dar Salalll à Ballla-
ko, et leurs habitants présentent de nOlllbreuses différences: Illaté-
riaux, densité de l'espace de la population, statut de l'occupant ...
Autant de points qui ne perlllettent pas de dire que les quartier spon-
tané est le prelllier Illolllent d'urbanisation devant aboutir à long terllle
à un espace loti et habité cOlllllle par exelllple Dar Salalll. Ce dernier
possède à bien des égards des caractéristiques de quartier privilégié,
elllplacelllent, équipelllent, statut social des habitants, que l'on ne peut
illlaginer transférables à Magnalllbougou. Si des logiques de développe-
Illent dans l'espace sont discernables, elles perlllettent des cOlllbina-
toires et n'aboutissent pas finalelllent à un Illodèle unique d'espace
habité, idéal pour les uns, terrifiant pour les autres.
Cependant une caractéristique cOllllllune à ces deux quartiers est
l'existence d'un espace bâti dont le développelllent spatial est au
Illoins partiellelllent pris en charge par certains de ses occupants. En
outre, la concession n'aboutit jalllais à une forllle définitive et n'est
pas l a reproduction d'un Illoâe le illlporté et illlposé. Le propriétaire
d'une concession a une possibilité d'intervention non négligeable sur .' ,
cet espace. En celà, la concession s'oppose aux Illoâelesd'habitation
développés en Europe à la fin du 19è1lle et au cours du 2~llle siècle, le
logelllent social et plus généralelllent l'habitat standardisé qui n'a été
réalisé à Balllako que pour le logelllent des Européens pendant la période
coloniale.
- 153 -
LA VILLA
Afin de cowp1éter cet~e étude basée sur l'analyse de 1 1 espace
habité dans les villes africaines, nous avons ·observé les pratiques
spatiales des occupants des villas; celles-ci contrairewent aux
concessions, sont une forwe d'habitat d'abord apparue en Europe, puis
exportée dans les colonies.
A son origine, la villa renvoie à l'idée de villégiature et de
1uxe; plu s pré c i s é we nt elle évoque un type d' hab i ta t réservé à des
groupes sociaux privilégiés, dont l'organisation spatiale s'ordonne
autour de certains principes, la recherche d'un confort "bourgeois",
un désir d'ostentation, qui se watéria1isent par des bâtiwents aux
architectures ec1ectiques voire prétentieuses, particu1ièrewent wises
en valeur par les jardins qui les entourent.
Cependant, historiquewent et worpho1ogiquewent, nous distinguons
dans les villes d'Afrique deux types de villa, qui néanwoins restent
destinées toutes deux aux classes privilégiées. Aux séries de villas
toutes identiques conçues lors de la colonisation pour les Européens
et aujourd'hui occupées par des Africains, slajoutent des villas plus
récentes, généra1ewent construites après 1945, au coup par coup, par
des waîtres d'oeuvre ou des architectes pour des Européens et quelques
Africains fortunés et non logés par l'adwinistration. Cette villa de
"luxe" est investie de wan.ière souvent fort différente des villas
wodé1isées. .
Si le prewier type se rewarque dans toutes les villes africaines,
la villa wodé1isée est rare à Bawako. Aussi 1 1 avons nous étudié dans
la ville de Saint Louis du Sénégal où de nowbreux bâtiwents de ce
genre ont été édifiés pour le personnel Européen de l'adwinistration
coloniale, ·édifices qui ont été affecté à des Sénégalais "après l'indé-
pendance. Le contexte socio~éconowique de cete ville diffère 1argewent
de· Bawako; aus'si lès comparaisons que noùs serions 'alnenéesà è1éve1op-
per wéritent d'être relativisées. Nénawoins, elles perwettent de
rewarquer un certain nowbre de constantes dans les pratiques d'habiter
en ville, au-delà de la spécificité des lieux et de 11existence ou de
l'absence de woœ1e d'habitat et d'une politique volontariste d'awéna-
gewent de l'espace habité.
"VILLA DE LUXE"
O[[.~ '1L'~Tlour
- 157 -
La villa, habitat lIimporté" mais dans tous ces cas habitat de·
luxe, se révèle être un espace peu déterminant, sur les pratiques
soci al es. La réduct ion du nombre d'habitants, 1a parenté restreinte,
ne résulte pas de contraintes spatiales mais du désir du chef de
famille de manifester son pouvoir et sa suprématie. Telle est peut
être la caractéristique de l'habitat des classes privilégiées quelques
soient les sociétés; cette catégorie sociale a les moyens de n'être
plus soumises à des contraintes de place et investit l'espace selon
d'autres modalités qui témoignent de son souci de représentativité
sociale.
L'incidence de l'espace sur les pratiques sociales est du moins
plus aisé à lire dans des situations critiques où les habitants,
confrontés aux limites physiques d'un espace bâti sont amenés à faire
des choix qui se matérialisent par des formes et des pratiques spéci-
fiques.
L'exemple d'un groupement de villas à Saint Louis nous a permis
d'avancer dans cette direction.
LA VILLA MODELISEE
~ BATIHENT AJOUTE
BATlHENT TRANSFORME
- 159 -
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- 162 -
sur f ace. A l' i nt é rie ur de 1a mai son de no uvell es piè ces ont été t r a-
cées ainsi qu'un couloir permettant leur desserte; de ce fait, les
deux vérandas d'origine ont disparu. Enfin la cour arrière, qui garde
sa fonction de service, s'est encombré de nouveaux locaux conçus pour
améliorer le confort du locataire: une salle de bains et des espaces
de rangement, ces derniers ayant été aujourd'hui transformés par
l'occupant en un 1aboratoire photo.
Cette villa dont l'organisation spatiale et l'aspect ont été
fortement modifiés, témoigne de l'évolution des modes d'habiter des
Européens, interprétrés par un africain qui dans cette perspective, a
agrandi cette maison en conservant l'opposition entre un espace de
service et un espace de maître. Les occupants actuel s ne s'y retrou-
vent cependant gLère, dans cette maison qui n'est pas un F4 moœ1e, où
certaines pièces manquent de cloison ou de lumière, où les toilettes
sont encore au fond de la cour.
La cinquième villa est en ruine; son propriétaire l'a abandonnée
de"puis longtemps; elle n'est plus occupée que par un gardien qui est
peut être un squatter, et qui y campe plutôt qu'il ne l'habite: les
murs s'écroulent, le sol est devenu un mélange de ciment et de terre;
les portes et les fenêtres ont disparu; l'électricité ne fonctionne
pas. Seules quelques nattes et quelques caisses témoignent de la
présence d'habitants. Ce bâtiment à l'abandon n'a jamais subi de
grandes transformations; on remarque encore un bassin-fontaine en
ruine au centre de la cour d'accueil, qui devait orner tous ces lieux
initialement. Cet abandon pose la question de la valeur monétaire d'un
tel bâtiment. Cette situation n'est pas exceptionnelle; nombreuses
sont les maisons en ruine sur l'île de Saint Louis, notamment en
raison de l'absence des propriétaires qui ont émigré en 1960 à Dakar,
lorsque cette ville est devenue la capitale du Sénégal.
La sixième parcelle, occupée par son propriétaire et sa famille
s'est densifiée. Afin d'accueillir tous ses proches, le chef de fami1-
1e a empi été sur 1a cour et 1a véranda pour créer de nouve 11 es cham-
bres; la cuisine a été déplacée à cette occasion.
La dernière parcelle est louée à une famille depuis longtemps. Ni
1e propr i éta ire ni 1es occupants ne se sont 1 i vrés à dl i mport antes
modifications constructives. L'investissement des occupants se lit
dans les modifications d'affectation des lieux: la cour de service où
les habitants se retrouvent, ressemble à une cour de concession par la
diversité des activités qui s'y déroulent; quant à la cour d'accueil,
elle est devenue un potager.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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Les établissements humains au Mali. Ifan Dakar 1968
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LE QUARTIER DE FADJIGUILA ET SES ENVIRONS - BAMAKO IGN 1980
FLEUVE NIGER
- 171 -
Jean-Marie GIBBAL
Bamako est une ville ~ui a connu une très forte croissance au
cours des dix dernières années. A partir de 1973, la sécheresse
persistante qui a sévi sur la partie sahélienne du Mali a précipité un
exode rural déjà très prononcé au cours de la période précédente.
L'ancien site urbain a éclaté de tous les côtés sauf au Nord où le
plateau de Kati se termine par des falaises abruptes constituant une
barrière naturelle. En revanche, de nouveaux quartiers ont surgi sur
la rive gauche du Niger au Sud, sur la route de Guinée, à l'Ouest, et
sur celle de Kouliloro à l'Est. Ces extensions de ville sont quali-
fiées dans le vocabulaire urbanistique de zones IId'habitat spontané",
dans la mesure où elles sont le résultat d'initiatives privées et
n'ont pas encore fait l'objet d'un plan de lotissement. J'ai choisi
d'étudier l'un de ces nouveaux quartiers, celui de F'adjiguila à l'Est
de la ville. Sa croissance particulièrement rapide, telle que j'avais
pu l'appréhender empiriquement lors de précedents séjours, me faisait
m'interroger sur les causes de cet engouement.
Les habitants de Fadjiguila ne détiennent pas de titre de
propriété et vivent dans l'attente d'un plan de lotissement, ce qui
les insécurise quant à leur avenir. L'enquête s'étant déroulée dans ce
contexte, il m'a fallu dissiper,. au préalable, les suspicions engen-
drées par ma présence qui fut d'abord interprétée comme l'annonce .
:
L'arrivée à Fadjiguila :
Les chefs de famille interrogés ont quitté pour la plupart les
anciens quartiers centraux de Bamako (Médina, Koura, Misahira, Bozo1a,
Wuare1 a, Bamako, Koura etc ... ) à 1a suite d'un faisceau concordant de
circonstances qui se résument ainsi :
- les loyers des quartiers centraux sont trop élevés et ne ces-
sent de croître. Les logements sont trop exi gus, 1a promi scuité des
cours surpeuplées est difficile à supporter. Les conditions d'hygiène
sont très mauvaises, l'eau, en particulier est polluée,parce que les
puits sont insuffisamment protégés. Il y a trop de poussière et trop
de bruit en ville.
- A l'inverse, les gens trouvent à Fadjiguila le calme, le
repos,une eau et une atmosphère purifiées. Enfi n, l'argument fi nanci er
est souvent décisif dans le choix de l'installation dans des quartiers
périphériques, les logements y étant bon marché aussi bien à la
location qu'à l'achat.
3- Pratiques spatio-temporelles
le processus d'installation
Jusqu'en 1978/79 il était relativement facile d'acquérir un
terrain et de construire à Fadjiguila. Les nouveaux arrivants pre-
naient une location en attendant de trouver une occasion de bâtir pour
leur compte dans le quartier. Une fois réalisée cette seconde opéra-
tion, les nouveaux propriétaires essayaient d'acquérir un second ter-
rain et d'y bâtir à nouveau soit pour y loger une partie de leur
famille et de leurs descendants soit pour en tirer un revenu locatif.
Au début et jusqu'à une période récente, le nouvel occupant
devenait propriétaire de son terrain soit en échange d'un paiement
symbolique, sous forme de noix de cola remises au chef de la famille
Di ara, soit contre une somme d'argent encore modi que, lorsqu' il
s'agissait d'un terrain déjà bâti. A l'heure actuelle les cessions de
terrain donnent toutes lieu à des transactions financières; l'insé-
curité quant au statut d'occupation du sol en limite cependant le
montant. Les nouveaux acquéreurs ne detiennent aucun titre de proprié-
té et craignent de ce fait les conséquences futures de l'opération
qu'ils viennent d'entreprendre. Les situations locatives se sont aussi
beaucoup développées ces dernières années. Devant l'avenir incertain
des actuels statuts d'occupation, il est difficile de parler de stra-
tégie foncière pour qualifier les décisions des acquéreurs de terrain
à Fadjigui1a. Les motivations principales de l'installation, plus que
l'accession à la propriété avec des visées spéculatives, sont à puiser
dans les avantages de Fadjiguila par rapport aux quartiers centraux.
Cependant, l'installation à Fadjiguila cont-inue à favoriser l'accès à
un habitat de meilleure qualité et de faible coût, à des personnes
disposant de ressources modestes.
- 175 -
et/ou encore, sous un arbre, ou encore à l'ombre d'un des murs d'en- .
ceinte. Il y a, enfin le coin des jeunes gens de la maison et de leurs
amis qui se retrouvent pour bavarder et boire du thé. Les enfants plus
jeunes n'ont pas de lieu attitré et circulent d'un groupe à l'autre
mais sont plus souvent dans la compagnie des femmes avec qui ils
prennent leurs repas. Hommes et femmes suivent à travers la cour des
trajets voisins qui parfois se recoupent mais leur monde est séparé
par des cloisons invisibles. .
Les pièces ne sont pratiquement pas utilisées pendant la journée
sauf parfois à l'heure de la sieste ..• Elles constituent plutôt des
espaces de rangement et de repos que des espaces d'activités, y com-
pris lorsqu'il s'agit de celles d'un type nouveau, tels les exercices
scolaires des enfants. Ceux-ci s'installent plutôt sous un arbre,
devant leurs chambres ou au coin de l a terrasse, et c'est également
dehors que resterons les adultes qui ont éventuellement à écrire ou à
lire. La véranda devient un lieu de repli pendant l'hivernage,
lorsqu'il pleut.
Pratiques de la ville.
Le fait d'habiter à Fadjiguila restructure et déplace l'espace
urbain vécu par les habitants de ce quartier périphérique.
Fadjiguila est éloignée du centre de Bamako, ses habitants ne
disposent pas tous d'un moyen personnel de déplacement et même s'ils
possèdent un vélomoteur, ils n'ont ni le temps ni l'argent pour entre-
tenir un réseau de relations dispersées aux quatre coins de la ville.
Aussi les relations extérieures ùU quartier ont-el les· tendance à
s'espacer, on leur préfère celles de voisinage localisées dans le
quartier. Les déplacements en ville se limitent aux obligations stric-
tement nécessaires: travail, visites familiales, et enfin
l'angoissante poursuite du "prix du condiment" (le nasonge), ainsi
qu'on nomme la somme journalière que le chef de famille est tenu de
donner à l~pouse chargée de préparer les aliments de la maisonnée. La
pauvreté est telle à Bamako que la majorité de la population vit de
crédit ou de l'aide gratuite que les personnes moins défavorisées
peuvent distribuer au jour le jour. Les salaires sont très bas et sont
épuisés bien avant la fin du mois. Les traitements de la fonction
publique arrivent avec retard. Aussi, le chef de famille a-t-il pour
devoir de trouver cet argent nécessaire quotidiennement. Beaucoup
d'hommes qui ont charge de famille perdent un temps considérable à
courir à travers la ville à la recherche de cette hypothétique minimum
journalière Ceux de Fadjiguila sont particulièrement astreints à ces
déplacements puisque ce n'est pas dans leur quartier dépourvu de gens
riches qu'ils trouveront l'aide nécessaire à la survie des leurs.
Les contraintes nées du fonctionnement de la famille étendue
entrainent également des déplacements forcés. Pour la majorité de la
population du quartier, l'installation à Fadjiguila est récente, dix
ans au moins: leur résidence se trouve excentrée par rapport à celle
du détenteur de l'autorité familiale (!=ère ou frère aîné par exemple)
qui habite dans un quartier plus ancien; sa cour et le groupe qui
- 177 -
Emile LE BRIS
INTRODUCTION
Cet essai est le premier volet d'une étude collective sur Lomé
dont l'ambition sera de mettre en corrélation les pratiques de l'es-
pace habité, les discours produits par l'Etat sur la ville et les
politiques urbaines. Mon objectif est ici, conformément aux termes du
contrat, d'appréhender le contexte local selon ses déterminations
propres, de décrire et de tenter d'expliquer les pratiques et les
représentations de l'espace habité saisies à grande et moyenne échel-
le.
L'exercice a ses limites. Même si l'on part de l'hypothèse (au
demeurant très contestable) qu'une capitale comme Lomé n'a jamais été
et n'est toujours pas façonnée par une politique volontaire et qu'elle
se développe par les seules initiatives non coordonnées de ses habi-
tants, il paraît difficile d'ignorer totalement les discours consti-
tués, 1es cadres institutionnel s exi stants et l'appareil normatif. Il
conviendra, en effet, de déterminer si les pratiques décrites sont, ou
non, des pratiques d'adaptation aux normes ou de contournement de
celles-ci. Un autre écueil, dans ce genre d'étude, est de s'en tenir
au point de vue technique, de n'envisager que l'habitat réduit à
l'exécution des fonctions élémentaires (manger, dormir.•• ) et d'igno-
rer la richesse sémantique de 1I1'habiter"(l) avec ses potentialités
d'invention d'un espace quotidien, d'insertion dans un cercle plus
vaste de relations et de paysages familiers.
Le champ géographique de l'analyse a été limité à la périphérie
urbaine, c'est à dire à cette frange mouvante qui, contrairement à une
idée reçue, n'est pas toujours peuplée majoritairement de néo-urbains
en mal d'intégration, mais au contraire de familles qui, après plu-
sieurs années d'attente dans les quartiers centraux et à la suite de
plusieurs esais infructueux, touchent enfin au but: avoir un lichez
-II
SOl •••
Ces acteurs individuels, cherchant à satisfaire à la fois leur
besoin de logement et un certain nombre de fantasmes (voir ce que l'on
a écrit sur l'idéologie pavillonnaire) se trouvent confrontés à
d'autres opérateurs dans une partie complexe et, le plus souvent,
i néga 1e. Ces opérateurs sont très divers : ils' ag it bi en sûr de 1a
puissance publique mais aussi des promoteurs privés (même si ils sont
peu nombreux à Lomé) et des communautés autochtones détentrices des
terrains.
Dans cette partie aux règles du jeu incertaines s'élabore la
dynamique du front d'urbanisation que les modèles spatiaux habituels
sont impuissants à expliquer.
(1) Malté Clavel, "é1éments pour une nouvelle réflexion sur l'habiter"
Cahiers internationaux de sociologie, vo1.LXXI, 1982, 17-32.
190
fig. ]
LES QUARTIERS DE LOMÉ 1981
IL.miII)
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- 196 -
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8 60/119 •
.
supérieur
à250
- 198 -
B- Originalités structurelles
Lomé est, à bien des égards, un cas original dans son environne-
ment ouest-africain.
C'est une ville à prédominance féminine. Le rapport moyen de
masculinité est resté à peu près stable autour de 92 hommes pour 100
femmes. Derrière la sécheresse de la statistique, il y a la marque
profonde qu'imprime à la vie urbaine ce déséquilibre, particulièrement
dans le vieux Centre (environ 75 hommes pour cent femmes) et, plus
généralement, en deça du boulevard circulaire où fleurissent les
activités commerciales.
Même si la ville est, à environ 50% ,composée d'Ewé et de Mina
(l'ensemble des ethnies du sud dépassant même les deux-tiers), les
quartiers mono-ethniques n'existent pas. Plus généralement, on peut
considérer que le caractère héterogène du point de vue ethnique, mais
aussi du point de vue social, se retrouve de façon homogène dans tous
les quartiers de Lomé.
La ville est également homogène en regard de la taille moyenne
des ménages, voisine de 5 personnes et en baisse régulière (5,7 en
1959), sans qu'on puisse inférer à une évolution vers la famille
nucléaire.
Au plan économique, la ville se distingue surtout par son "sec -
teur informel" pléthorique, saturé et marqué, dans certains secteurs,
par de graves phénomènes de sous-emploi ( 1 atelier de tailleur pour
34 ménages, 1 garage pour 30 véhicules, 1 activité de vente - les 2/3
sont alimentaires et féminines- pour 3 ménages).
c- Effets de la crise
C'est peu dire que la situation n'est pas bonne; le Togo, sur
injonction du FMI, est entré depuis 1981 dans une phase déflationniste
très sévère qui contraste avec l'euphorie des années 74 à 76. Cette
crise se traduit en particulier dans le domaine de l'emploi privé et
para-public, mais aussi dans le quasi-blocage des recrutements de
fonctionnaires. Entre 1979 et 1982 (A. SCHWARTZ 7.6) le nombre d'em-
plois dans les entreprises de 20 salariés et plus est passé de 40 446
à 38 016 ..• Cette évolution est conforme aux objectifs, imposés de
l'extérieur, de ralentissement de l'activité économique.
Dans le domaine qui est le nôtre, les conséquences d'une telle
évolution sont immédiates et contredisent ou infléchissent toutes les
prévisions élaborées antérieurement en matière d'habitat et d'aménage-
ment urbain; contentons nous ici de signaler les évolutions les plus
révisibles :
199
• OCT 10
Z3OCTIO
~ le prix du ciment
n'n pas changé
Depul... quelqu.. )oun., da ru.mrun, MkJn
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IncnLe Cu"C'utcn~ d&IU la capU..I,.. ':1 ccrul"'
d.lstnbULrurl UOcJUlIH le: clmcn~ et ~'UlCDl
1
J•
~ d Dft .~ a.n, AlI\.II \Uit pcnune mom.n
(3) Le projet est de regrouper les deux études sur Lomé (Le Bris et
Marie) dans une publication séparée et de restituer, dans cette
publication, l'ensemble des matériaux d'enquête.
(4) Sur la définition de ce concept, cf. actes du colloque de St
Riquier sur les pratiques foncières locales en Afrique Noire (à paraî-
tre aux éditions Karthala)
- 202 -
(5) Il faut croire qu'un tel marché existe puisque, neuf mois après la
fin des travaux, les lots bâtis de Tokoin-Aéroport (300 à 550 m2) ont
presque tous été vendus à des prix variant entre cinq et dix millions
de francs CFA •••
- 206 -
contrad i ctoi res et i nscr i ts dans l'espace . Ces rapports sont très
évolutifs, les alliances entre opérateurs pouvant changer radicalement
en très peu de temps. Tel opérateur individuel, installé sur une zone
mise en défens, recherchera à l a foi s à obten i r l'accord des anc i ens
propriétaires autochtones (qu'en général l'Etat nia pas indemnisé) et
à se ménager les bonnes grâces des services chargés de gérer la réser-
ve foncière publique. Dans une situation où une infime minorité d'opé-
rateurs détiennent un titre régulier, la recherche d'une consolidation
des "droits" est essentielle et passe, le plus souvent, par une multi-
plication des alliances. Elle implique aussi la matérialisation très
rapide de l'occupation (c'est sans doute une des explications de la
multiplication des lots murés non habités à la périphérie de la vil-
le). On peut observer aussi que, dans de nOrllbreaux cas, l'acquisition
dl un lot est suivie très vite par la recherche d'une nouvelle parcelle
un peu plus loin à la périphérie. Il nlest pas toujours facile de
discerner si un tel achat est une mesure de précaution (parade contre
un éventuel "déguerpissement"), l'anticipation d'une évolution de la
situation familiale (fils mariés que lion ne pourra pas héberger sur
le lot initial) ou encore l'amorce d'une spéculation "domestique"
facilitée par le relatif bas prix des terrains.
GBENYEDJI 1972-1974 96
ABLOGAME 1972-1974 97
AKODESSEWA 1974-1976 92
BE KLIKAtJlE 1972-1974 40
AGBALEPEDOGAN 1976-1978 18
HEDZRANAWOE 1978-1980 11
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construction matéri aux main-d'oeuvre TOTAL
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- 220 -
4- DES CONTRE-TYPES?
Dans les deux cas, les groupes résidents sont de taille réduite
(autour de cinq personnes) et de cOJTIposition très déséquilibrée; la
feJTIJTIe chef de JTlénage est la seule personne adulte et elle héberge,
outre ses propres enfants, des enfants de parents proches résidant au
village et de jeunes adolescents intervenant dans ses activités
professionnelles.
Ces feJTIITIes JTlanisfestent une forte JTlobil ité professionnelle et
résidentielle (les recontrer exige une grande patience ..• ) Afiwoa,
divorcée en 1977, est retournée un teJTIps chez son Père avant de faire
construire sa propre JTlaison à Agbalépédogan en 1979. Elle deJTIande
alors un congé à sa banque pour se consacrer au cOJTIJTIerce des pagnes.
Lorsqu'elle reprend son service, en 1982, elle n'abandonne pas pour
autant ce cOJTIJTIerce et, de surcroît, elle loue la JTlaison où je l'ai
rencontrée pour ouvrir un débit de boisson aJTIénagé en salle de bal de
week-end et en petit restaurant de quartier (on n'est pas très loin de
l'Université). Sa propre JTlaison est proche JTlais elle a élu dOJTIicile
dans le local loué, où elle vit relativeJTIent à Pétroit et dans des
conditions de confort toutes relatives.
Ayaba, autrefois revendeuse de produits al iJTIentaires iJTIportés
(bonbons, sucre, l ait concentré ... ) se sépare de son JTlari en 1976 et,
pendant ~n an-et-deJTIi, elle apprend à fabriquer le savon local à base
d'huile de palJTIe. Son teJTIps est stricteJTIent partagé entre les tournées
d'approvisionneJTIent sur le JTlarché d'Afagnan dans le sud est du Togo, la
fabrication à dOJTIicile, la vente sur les JTlarchés de LOJTIé et les
livraisons à dOJTIicile. Ayaba est donc rareJTIent présente dans la petite
JTlaison qu'elle s'est faite construire sur une parcelle héritée de son
père peu après son divorce.(fig. 13 ,et planche Cl).
Chez ces ~eux feJTIJTIes, l'espace habité a été délibéreJTIent consacré
aux usages professionnels, la partie propreJTIent résidentielle étant
réduite au JTliniJTIuJTI. On observe cependant deux ITIanières différentes de
concilier stratégie résidentielle et stratégie professionnelle; Afiwoa
a préféré louer JTlaison et terrain pour ouvrir son COJTIJTIerce, se réser-
vant la possiblilité de se replier sur sa propre JTlaison. Ayaba, quant
à elle, a décidé de construire progressiveJTIent sur sa parcelle une
JTlaison d'assez belle allure qu'elle destine à la location et qui
r e pré sen tep rè s de qua t r e foi s las uper fic i e hab it a bl e de l a JTI ais 0 n
qu'elle occupe actuelleJTIent.
A l'évidence, l'idéologie du lichez" est étrangère à ces feJTIJTIes
chefs de JTlénage qui ïnvestissent l'essentiel de leur teJTIps dans les
stratégies professionnelles et subordonnent à celles-ci le rêve d'ap-
propriation d'un espace habité.
MAJ SON .A.YA9A D. A I~ ETE K0 t1 E
AKODESSEWA 1980
fig. 13
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5- SOCIABILITES DE QUARTIERS
Bien que je n'aie guère poussé les investigations dans cette
direction, plusieurs observations méritent d'être rapportées.
Les franges urbaines semblent être un lieu du repli sur des
groupes resteints (famille, tontines souvent à base familiale ou
ethnique). On fréquente plus, semble-t-il, l'association des ressor-
tissants de son village (organisée à l'échelle de la ville) que les
réunions de la cellule de quartier du parti unique. Les femmes ne
trouvant pas de marché dans ces zones éloignées, désertent leur quar-
tier de résidence pour exercer leur micro-commerce. Pour ceux qui ne
di sposent pas de moyens de transport autonome, ra 11 i er son "chez" est
un exercice long et pénible ou fort coûteux et aléatoire (les taxis,
quand ils acceptent de desservir les quartiers périphériques, triplent
ou quadruplent le prix de base de la course); aussi, lorsqu'on est
chez soi, on n'en sort guère. Ici où là, il arrive que les habitants
d'un quartier se mobilisent pour faire venir l'eau, obtenir une halte
du chemin de fer, résister à une mesure des services d'urbanisme jugée
intolérable. Plus rarement se constituent, à l'échelle du quartier,
des regroupements durables du type association de prévoyance en cas de
décès).
A l'origine de ces initiatives, on trouve toujours les mêmes
catégori es dl acteurs; l es chefs de communautés autochtones héritent,
dans les quartiers de fondation très récente, du titre de chef de
quartier mais leurs prérogatives sont fort limitées et leur dynamisme
très inégal (réel à Ablogamé, faible à Bé Klikame, quasi-inexistant à
Agdalépédogan). On voit, en revanche, apparaître une catégorie de
"caciques" urbains. Ce sont souvent des agents de la techno-structure,
arguant d'une proximité réelle ou supposée avec les centres de déci-
sion; ils président volontiers le club de foot-ball de quartier,
prennent l'initiative de regroupements éphémères pour l'amélioration
de la circulation, des conditions sanitaires, etc ••. Certains (11),
ayant bien assis leur cl ientèle interviennent même pour régler des
litiges de voisinage ou intercéder dans certains évènements de la vie
famil i ale comme l es mari ages.
Ces différents canaux par lesquels s'exerce le contrôle social à
l'échelle du quartier n'existent pas (ou très peu) dans certains
quartiers périphériques que les autorités cherchent à assimiler dans
llimaginaire collectif à des quartiers dangereix à l'occasion
d'évènements qui, par ailleurs, passeraient sans doute à peu près
inaperçus.
Commentaire
pour un châtiment
exemplaire!
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en construction quête directe
-Identification de~ lots murés photo.aér.grande échelle
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apparentes
-Evolution des pratiques fon-
cières :
apparition de nouveaux agents Domaines, direction de l·urba-
de la production, foncière nisme
(Etat. •• )
accélération du rythme des Domaines et surtout enquête
mutations foncières directe
apparition de nouvelles stra- Enquête directe
tégies foncières dans les com-
munautés autochtones
-Evolution des pratiques im- Permis de construire
mobil ières Enquête directe, en particulier
auprès des tâcherons
-données démographiques de Recensements
mouvement
- 234 -
Les cartes reproduites i ci (fi g.16 à 20) rendent compte de la mani pu-
lation d'un petit nombre de ces critères et l'on regrettera, en parti-
culier, l'absence de carte des densités démographiques; il n'était
malheureusement pas possible de disposer des documents nominatifs du
recensement de 1981 et ces zones étaient trop peu affectées par l'ur-
banisation en 1970 pour que le recensement précédent soit utilisable.
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PISTE SECONDAIRE
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fig. 17
LOME QUARTIERS NORD OUEST RESEAUX DIVERS-FRONT D'URBANISATION - NOYAUX TRADITIONNELS
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~ NOYAU TRADITIONNEL
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fig. 18
LOME QUARTIERS NORD OUEST LA VILLE EN 1979 DENSITE DES BATIMENTS CONSTRUITS
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LA VILLE EN DEVENIR DENSITE DES CHANTIERS ET DES LOTS MURES NON CONSTRUITS
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QUARTIER ABLOGAME
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CONCESSION Iv. A. 19B1
QUARTIER ABLOGAME
fig. 21 B
exigences d'une des familles spoliées dont les droits ne sont pas
moins inattaquables si l'on se réfère à la coutume. Gravissant les
échelons de's juridictions, ce dossier épineux est aujourd'hui arrivé
au niveau le plus élevé; l'affaire se complique encore du fait que
chaque plaignant a, pour son propre compte, procédé à des aliénations
(dont l es terrains aujourd'hui occupés par l a communauté W.A.).
Les W.A., ont déposé une demande de titre dès 1962 (sans succès
d u fa i t ·d u lit i ge exp 0 s é c i - des sou s ). Un gé 0 mè t r e pr i vé pro c éd a au
morcellement en 20 lots en 1969 ( la famille possède encore 5 lots
dispersés dans le quartier). Au total c'est un peu plus d'1,5 ha qui
est revendiqué par le groupe (dont 80 % regroupés en trois ilots
contigus) (fig.21 A). 3000 m2 n'ont pas été lotis et restent en indi-
vision. Cette opération est-elle une anticipation habile sur l'arrivée
de la ville? Une autre hypothèse est plus vraisemblable: en 1969,
l'âge des six premiers fils de W.A. (j'en ai recensé quinze) avaient
entre 35 et 45 ans et ce lotissement était nécessaire pour empêcher
l'éclatement de la famille. Entre 1973 et 1981, le rythme des
constructions s'est d'ailleurs accéléré sur les différents lots
(fig.21 B).
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Espaces 6 59 11 1 à 13
indivis et 42
lot n01 1 16 4 14 à 16
lot n02 innoccupé
lot n03 1 10 2 18
lot n04 1 4 2 19
lot n05 1 11 3 20 à 22
lot N°6 3 8 2 23 à 26
lot n07 innoccupé 28
lot n08 expulsés de la zone du port occupant 29
des abris précaires
! l ot n09 innoccupé ------- 30
, lot nOlO inoccupé ------ 31
lot non 1 3 1 32
lot n012 inoccupé 33
lot n013 1 10 2 34
lot n014 inoccupe 35
lot
lot
n015
n016
inoccupé
2 25- _.. 5 --, 36 .
37 .
lot n017 5 21 3 38
lot n018 2 12 2 39
lot n019 5 23 9 40
lot n020 2 43 3 41
TOTAL 31 245 49
7,9 personnes / ménages. 5 hab./bâtiment
! 1
Détenteur ori-! affectation procédure superficie (ha)
ginel ou affec!
tataire après , actuelle
lotissement
privé
(16) sept lots non répartis entre frères ont été vendus au profit des
fi l s des soeurs
fia. 22 PRDJET 0 E LDT 155 EMEN T APPAR TENA NT AUX HE RIT 1EF< SA.
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(UNIVERSITt)
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8
L1HITES DU
L01SSEHEHT
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[J] part dl li~ Pk.A
- 249 -
Dès la fin de 1972 t 25 lots sur les 37 délimités sont déjà vendus
et ceux qui ont acheté à cette date sont toujours propriétaires. Il
n'apparaît donc pas t ici t de pratique spéculative.
Ak. A.t le chef de famille dont le cas a été étudié de plus près t
a aliéné une partie du patrimoine t en a rétrocédé une autre à ses
fils et conserve environ 40 % de la superficie en indivis.
TABLEAU 6 : ALIENATION DU PATRIMOINE DE LA FAMILLE AK.A.
!
N° lots Détenteur Vendeur· Date superficie! Prix
actuel vente en m2 en CFA
Ce sont des Ewés Aflao exerçant dans ces parages depuis le XVIIIè
siècle une activité exclusivement agricole. Ces Ewés étaient ,organisés
en clans parfois concurrents mais, la terre étant disponible, les
arbitrages étaient faciles à trouver.
De quelques centaines d'autochtones en 1981, le quartier est
passé à 6700 habitants en 1981. La partie du quartier où réside A.K.
a fait l'objet d'un lotissement général en 1976 mais, dès 1974, la
famille était informée et pouvait préparer son passage du rural à
l'urbain dans le domaine foncier. Il ne semble pas, malgré celà, que
la communauté A.K. ait élaboré, comme celle de Bé Klikamé, une quelcon-
que stratégie. Les stratégies foncières sont restées individuelles
après le partage amorcé en 1974 entre le chef de famille et ses fils.
Ce partage a d'ailleurs déclenché une rupture avec le fils aîné qui
s'estimait lésé. Sur un plan général, le virage ne semble pas avoir
été très bien négocié au double plan de la cohésion familiale et du
maintien d'une structure d'autorité traditionnelle au niveau du cl an.
Sur l'équivalent d'environ cinq lots en indivision, on a quelque
pei ne à i dent i fi er une structure fam il i ale cohérente. 33 rés i dents
présents furent identifiés en 1982; ils n'étaient plus que 25 en 1983.
Les adultes représentent plus de 50 % de l'effectif et, parmi eux, les
femmes sont remarquablement peu nom breuses.Les différentes pi èces
composant le bâti changent fréquemment d'occupants, comme si la vaste
"maison-wagon" (5 pièces) et la minuscule case en banco couverte de
paille qui occupent la concession ne jouaient que comme un des pôles
d'un système résidentiel dépassant de très loin le périmètre urbain.De
fait, A.K. n'est que très rarement présent; il déclare lui même rési-
der à titre principal sur ses plantations de la région de Palimé et
une bonne partie de l'argent des ventes de parcelles (un peu moins de
400 000 F CFA en 1976) a servi à racheter des plantations (cette
stratégie de reconstitution des réserves culturales a été souvent
observée). La plupart ,des femmes et des enfants en bas-âge résident à
Palimé, de même que les fils sans emploi qui le désirent. les seuls
résidents permanents sont les fils mariés ayant un emploi à Lomé;
chacun, cependant, suit son chemin personnel et, à l'instar du fils
aîné broui 11 é avec son père ,songent à acquéri r leur "chez".
- 253 -
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Agblllêpfdogen (Circonllcription de LOME;
2 2 /_ Honllieur AIIIIOU • Cultiveteur. demeurent à Agblll~-
pêd ogen. 1Circ onllcr iption de LOI·F.);
J!/- Monllieur AtendJi...... iI.........
Cultivetllor. demeurllnt
li AgbelEpêdogen;
ENSEMBLE 'D'UNE PART 1
42/_ Monsieur Allsouvi , C.ativeteur. delœurent i!l Agbel~-
p~dogen (Circonscription de LDME); 8g6 de quetro vingtll deux ens;
S~/- Monsieur AzietodJi • Cultiveteur. dSlœurent A
Agbelépêdogen, 8~ê de quetre vingts enll;
6~/- Honllieur Afengbédji _ . Cultivateur. demeurent i!l AgbllH--
pédogen, 8gE de quetre vingtll enll;
7!/- Monllieur Deloho ...... Cultiveteur. demeurllnt • Agbelêp6do-
glln, 8g6 de cinquente cinq enll;
B~/- Monsieur Milonden Cultiveteur. demeurent à Agbe-
llipédogen. 8g6 de qUllrente lIept ens;
9!/- Monllieur AmouzoUllllla. Cultivllteur. demeurent i!l Agbelépé-
dogen. 8gé de querente cinq ens;
ID~/- Monsieur Ayoménou AIIIIa • Cultivetour, demeurent i!l
Agbelépédogen. Agé de querlln~e IInlll
Il!/- Monllieur KOBlli • Cultiveteur. demeurent i!l
Agbelépfdogan. Agé de querllnte trois IInll;
ENSEMBLE ,n'AUTRE PART 1
LESQUELS compllrllntll ensemblo d'une pert. en révoqullnt 111 procu-'
ration qu'ils ont prEcédsmment donnéll • Mon.ieur Komi ~4I"""
Menoeuvre. demeurènt'. Agbel~pêdogen.eVx tllrmes d'un ectB roÇu psr Me
ADJETEY. Notllire il LDME.le qUlltorzll Juillet mil neuf cont 1I0ixante
lIaize. dont lodit Monsieur Komi ~ • no pourre plus fllirll
usage il compter de ce jour et dèll 111 signification dlle prEsentoe. i!l
peine de.nullité des IIctes qui seisient fllits postérieurement et do
tous dommllgDs-intér~ts .'il y' Il lieu. ont pllr CCII présentes. constitué
IIvec le:; comparents ensemble d'lIutrc' port. pour leur mandotoire, 1
Monsieur Kodjo _ _ '. Cultiveteur. delœurant • Agbelé-
pédogan (Circonscription de LO~E);,
A l'effet de 1
En conlléquenc'o,
Louer et IIffurmer per toile forme •• telle personne pour le temps
eux prix. chargee at conditionc que 10 mllndetlliro jugera convenllbles;
~Q~OU Pllrtie des biens meubles et imlœublos IIppartenent è ledite
~
J~ ctivité. pesser. proroger. renouveler ct eccepter.tous bllux. les
.,
résilier. même ceux existllnt IIVOC ou Blins gllrllntie. foire cos bllux ver-
blllllment. per ectllll sous signetures privées ou devent Noteire.
Feire toutes callsions de bllux ct sous-locations;
Fsirs fllire toutes rêpllrlltions. constructions et embellissomon~6
utilos ou nécslIBllircB. pllsller ~ cet effet tous devis et marchés IIvec
. tous entrBpreneurs ct ouvriors,_exig~r des loclltaircs ct fermiers les
rêpllrlltions A leur chllrge.
Réquérir l'immlltriculotion do tous immoubles oppartcnant à IllditL
Collectivité ou dllns lellquellB. elles pourrllit avoir des droits do co-
propriété;
Foire lot~ tOUII t~rrainll. établir. aigner ot déposer toutes ré-
quisitionll d'i~lItricullltion einlli qu~ toute. pièccc à l'appui dllns tous
burellux do la Conservation do la PropriEté Foncièr~ qu'il oppnrticndra.
fairo procêd"r i!l tous' ab'ordements et lev6s de plans., réquérir 111
délivrllnce de tous ,certificats IIdministr~tifs de poososcion coutumière
: et lIutre.' jUlltiâiClltiona.
Alllliatcr A tOUII bornages. foire en conséqu~~c~ on procéder tous
diroll. réquillitions. protslltotion& et r6sarv~lI. S'oppo5~r b toutes
ullurpetionll. former toutes oppositions l toutes demandes d'immatricu-
lotion.
Se fllirc romettro tous titres et pièces, copia de titres fonciars
Dt lIutres pièces do propri6té; pllyor toua droits.
Vondru • talles personnos, eux prik ot moyunnont los chorgos et
conditiona que la mendateiro jugero convonoble. st ~ l'omiabl~ ou aUk
eneh6ros, tout DU partios dos bion. meublos ot immeublos; fixer loe
.poquo. d'entréo on jouissenco et poiemunt doa prix, recovoir losdits
prix eDit comptent, eDit aux époquos convonuus et ~mc p~r anticipation,
on principal, intérGta ut froia en donner quittances, ét~blir l'origine
de propriHé.
Que la validité de chaque vante de terrain droit ~trL conatatée
par l'eppoeition de eon'coch~t auivi do BD signaturL aur chnqu~ plon
avant eon viaa par le Sorvicu Administratif Topogrophiqu~ Comp~tont do
LO/oE ;
fournir toutee juetificatione, foiro procédLr b tous morcellements
remettre toua titres ct pi~ces. En ces dc difficultés qu~lconques ou à .
déf~ut de paiement, ex~rcer toutes poursuites contraintes ct diligenccs
nécesaaires devant tous Tribunaux et cours compétEnts, produire tous
mémoires, y défendre, constituer tous avoc~ts D~f~nsuurs, obt~nir tous
jugements et arrête, lOB faire 'ekécuter por toutes lcs voius du droit
former tous pouvoirs en cassation. En tout état dol cù"~c, trc.it.::r, trûnni-
ger ct compromettre Bur tous droits, conSEntir tous abûndonnumLnts et
moinlevéea d'opposition.
Toucher et rocovoir de ~~nsiuur le Tr~sori~r-Payeur du Togo, ct
9~ tous autres qu'il appartiendra 10 montant du tous mandats qui soraient
••1.~~donnancGs oU nom do lûdite: CollectivittS en raisen des transactions
./:'
... ov~c l'Etat ou tous eutres torvices publics rolotivell\llnt. aux immotri-
cUl~tiens, poureuivies en vertu dos présontes, donnor tous'ecquits en le
forme et selon le mode prescrit per les règlements en metière do
comptebilittS publique,'
. Représonter ledite Coïlectivïté Buprès de toutos adminietretions
publiques, fairo tant en demandant Qu'an ~éfendent, tout ce quo loa cir-
censtances commanderont dane l'intérêts de lodito Collectivité.
De toutea eommes roçues bu payéea, donnor ou retirer quittances
et décharges.
AUk effets ci-deeeue, paeBer ct aignsr teus actes et pi~ces,
élire domicile, eubetituer ot généralémont feire 10 néco'eeeiro.
DONT ACTE
feit et passé à LOME, 25, Rue Joanne d'Arc
En l'Etudo du Notaire eoussigné
L'AN ~IL NEUf CENT SOIXANTE DIX NEUf
Le Treize Juin
En préeence de
Monsieur _ Yeovi, Agent da Police, au Commisseriat Central,
domeurant à LOME;
Et Monsieur Miglasso, Tailleur, demeurant à LOME, . . .
CONCLUSION
Quatre ans après l'enquête préparatoire du Schéma Directeur
d'Aménagement Urbain, il est permis de se demander si l'impressionnant
dynami s mes pat i al de .1 a cap i t ale t 0 g0 lai sen' a pas an nul é ce r t a i ns
facteurs équilibrants, mettant en crise le système urbain avant même
qu'il ait dépassé le stade du demi-million d'habitants. Cette mise en
crise précoce s'alimente non seulement des effets spécifiques ~u
dynamisme urbain mais aussi des conséquences, désormais perceptibles à
l'échelle locale, de la crise économique mondiale.
Compte-tenu de la paralysie du foncier au centre-ville, c'est aux
franges de l'agglomération que le jeu, apparamment désordonné, des
acteurs et la gestion délibérée de la confusion se manifeste de la
manière la plus évidente. L'Etat, en partie faute moyens financiers,
se contente de décider du gel de superficies importantes sans
entreprendre 1a moi ndre réal i sat i on d'envergure; l es rares promoteurs
fonciers et immobiliers n'interviennent que d'une manière accessoire
en direction de la demande solvable. L'urbanisation périphérique se
joue donc entre une .poussière de communautés autochtones plus ou moins
averties des enjeux et des règles et la grande masse des demandeurs,
soc i al ement trè s hétéro~ ne.
La course au "Chez" marque sans doute très fortement la vie
loméenne mais l'expression, passée dans cette sorte de sabir propre à
chaque capitale africaine, renvoie à une réalité molle, propre à
justifier les constructions idéologiques les plus contradictoires;
expression de l'idéologie pavillonnaire pour les uns, le "Chez" sera,
pour les autres, la transposition en milieu urbain de moœles cultu-
rels africains prenant leurs racines en milieu rural •
. Si le "chez" exprime l'attachement à certaines valeurs d'intimité
dans des couches à revenus moyens relativement stabilisés, cette
recherche d'intimité ne coïncide pas, pour autant, avec la généralisa-
tion du ménage monogamique. C'est un nouveau type d'organisation
familiale composite et délocalisée qui se développe; les statistiques
sont trompeuses qui traduisent une telle ·évolution par une baisse
régulière de la taille des ménages. Sur un autre plan, accéder au
"chez" c'est incontestablement réaliser un rêve d'appropriation priva-
tive de l'espace mais une telle apppropriation n'est qu'exceptionnel-
lement concrétisée dans ses formes juridiques occidentales. L'accès au
sol urbain reste le domaine par excellence du précaire, des bricolages
de précaution, des. contournements plus ou moins efficaces de la norme.
Pour qual ifier le "chez", le test des usages de l'espace habité n'est
pas plus probant que les précédents. A l'échelle de la concession, et
sauf exceptions (les femmes-chefs de ménages par exemple), il est
difficile de conclure à une stabilisation d'usages spécifiques. Il n'y
a pas de fonctionnalisation de l'espace habité et l'organisation de
cet espace n'apparaît pas productrice de normes, de valeurs, bref d'un
mode de vie. En revanche, le "chez" permet la combinaison souple de
stratégies familiales, professionnelles et immobilières (stratégies
locatives par exemple), réduisant du même coup les incertitudes crois-
santes du marché du travail (en particulier du travail salarié).
- 259 -
5. Construction et bâtiment
5.1 KAUFMANN H. Les prix de la construction à Lomé. Lomé, Centre de
la Construction et du Logement, 1975
5.2 LARSONNEUR B. La situation de l'activité du bâtiment et le rôle
de la construction dans l'économie du Togo. Lomé,
Centre de la Construction et du Logement, 1975,43p.
h Population
6.1. MARGUERAT Y. La population de Lomé en 1981. multigr. Lomé, déc .•
&AMAVI 1984.
6.2 MARGUERAT Y. Lomé et ses quartiers.in : population des villes du
Togo selon le recensement de 1970. 53p multigr.
Lomé, nov 1981.
6.3 MARGUERAT Y. La notion de quartier à Lomé.22p multigr., Lomé,
sept.1983.
7.Activités
7.1 NIHAN G. Le secteur non structuré "moderne" de Lomé. Rapport
d'enquête et analyse des résultats. OIT, program-
me mondial de l'emploi,1978.
7.2 DEMOL E. Analyse des résultats du recensement du secteur non
structuré à Lomé.OIT, Programme mondial de
l'emploi, 1978.
7.3 LERNER J. Résultats de l'enquête socio-économique de la zone
d'aménagement de Bé.AGETU-CCL-DGUH, 1980. ronéo.
7.4 DOTSEY Travail en cours pour la soutenance d'un mémoire
d'urbanisme à l'EAMAU sur les liaisons travail-ré-
sidence à partir de la zone industrielle portuaire.
7.5 SCHWARTZ A. Eléments pour une étude de l'emploi au Togo à
l'horizon du quatrième plan quinquennal (1981-
1985) ORSTOM, Lomé, déc 1980,106p.
7.6 SCHWARTZ A. Evolution de l'emploi dans les entreprises togo-
laises du secteur moderne de 1979 à 1982 ORSTOM,
Lomé, déc,1982,14p.
PLANCHE A - ABLOGAME - CONCESSION W.A.
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• 2- La CO.II' d.J patdard"e, lieu par leq...el passe twte vie faniliale et sociale.
PLANCHE B - CENTRE ET PERIPHERIE
, 2- r-Mscn FEn:Jji.soo à Pblcxpœ : Etag:ls rrmtés sur dalle cE bétm. Stratégie loca-
tive d'l.Jl fa-ctianaire aisé dcns 1.Jl Q-J8rlier pérïp-ériq..e cil le terrain cailla ce
à ca1ter d'er.
PLANCHE C - CONCESSION AYABA A AKODESSEWA
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2- Six a l ) éprès les premières calStrœtims Aycba calStruit paE lo..er à l'ure
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PLANCHE 0 - BE KLIKAME
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1- Les ~ agricoles sent excepticrœls mais ro1 Ebsents dcns les crnm..na..rt:.é
autc:x::f1tmes (greffier à rœïs). A g3l..1:f"'e œrré d:ls féti&es : l'espace cE la œli-
gim n'est pas taJjcurs 8U3Si ~t dcns les q..J8I'tiers pérï.p"'ériq..es .
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2- Les œa...pmts "légitirœs", bien qJ' lillégaJx" vivent la ville sur LIl rro:E villag3<::lis
à proxIDU té œs arçtlitréatres rrais se plaig-ent aréreœ.nt œs d§grations provoq...ées
dcns leurs ClÙtures par les tro...peux cxrd.Jits par les Peuls ...
- 269 -
Alain MARIE
femmes et enfants, attendant leur tour pour remplir le seau aux heures
de débit, les terrains de foot improvisés sur les terrains vagues, les
aires de séchage du linge étendu à même le so l, l es fours en argi l e
pour fumer le poisson, les auvents sur rue où il fait bon converser ou
se reposer en regardant les passants, là un cimetière non fermé tout
près d'un enclos consacré au culte des vodu, à un carrefour la niche
d'autres vodu, dans le voisinage une église catholique et une école de
mission, à proximité le marché de produits vivriers et de petite
quincaillerie, à quelques minutes de marche la forêt sacrée où se
retirent périodiquement les initiés, ici ou là, dépassant d'un mur de
clôture, le fanion blanc signalant la demeure d'un devin ou d'une
clairvoyante, tous ces signes sont autant de marques d'une vie écono-
mique, sociale, religieuse, vivace, qui a su intégrer les éléments de
la modernité urbaine et les conjuguer à ses propres composantes tradi-
tionnelles : permanence de la solidarité parentale, importance cru-
ciale des cérémonies funéraires, omniprésence du culte des ancêtres et
des vodu, notamment. L'observation de la vie quotidienne confirme
cette impression: il fait bon vivre à Bassadji, communauté où presque
tous les services sont assurés, où toutes les exigences de la vie
sociale sont remplies: aussi on en sort peu et, sitôt la journée
finie, les salariés qui travaillent hors du quartier, "à Lomé" disent-
ils, y rentrent, sans s'attarder ailleurs tandis que les autres,
artisans et commerçants sur place, vieux, femmes et enfants, ne le
qu i ttent qu'excepti onnellement.
Cette image composite dont les éléments apparaissent, à l'obser-
vation phénoménologique, articulés entre eux sans contradiction,
demande à être précisée.
A cette fin, on utilisera les données du recensement général de
1970 (1), de manière à compléter les données de la méthode anthropolo-
gique, en l'occurrence l'étude d'un lignage, celui des descendants du
fondateur du quartier: l'analyse d'un groupe social concret, à
travers son histoire, son évolution, son organisation et ses prati-
ques, permet en effet de mieux saisir la congruence des structures et
des pratiques et leur inscription dans un espace socialisé donné.
Manoeuvres ..........•••••.•..••.••••....•........•..•••..... 2 %
Q)
chauffeur
(adm. )
/ ,
écoliers 'écolières
c: - - - - ,! - - - - -
'- maçon 6 cultivateur ecolier ! salarié
Q)
/
'0
'chauffeur , , !d'artisan
0
taxi art. forgeron
E
chauffeur
taxi
- 283 -
Q)
lycéen !dactylo tp!
~
c étudiants!secrétaire!
Q)
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Rrofesseursage femme 1
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chercheur'
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u
Q)
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ex employé CEP 6 apprenti écolières
VI
commerce serveur
c
Itl
+ex secr. art. elec
"0 + devin écoliers
LL..· emp l oyé
u · douanier
effectifs % %cumulés
commerces Eventaires 151 62 % 68 %
Boutiques 14 6%
Production et Ateliers artisanaux 62 25 % 32 %
réparation
Petites entreprises 17 7%
E ECOLE
LIEU DE CULTE VODOU
...... CI~ETIERE
•••
BORNE FONTAINE
LATRINE PUBLI~UE
CANIVEAU
~ENUISERIE
GARAGE AUTO ] ENtREPRiSE
ALIWE.NIATION
AfEL.IEI OE COUTURE
CORDONNERIE
MENUISERIE
StuDIO PHOTO
REPARATION wOtO ARTISANAT
REPARATION RAOIO OU WONfRE
WOULIN
FORGE
PEINTURl
BAR OU RESTAURANT -"1 COWMERCE
i10UTlGUE tipi "rit MchI 4eovuatiJ
P'ATS CUISINES ]
ALI~ENtATION
externe, se sont établ is des rapports organiques que, pour une part,
les salariés du secteur moderne contribuent ~ entretenir en produisant
hors du quartier, mais en faisant leurs dépenses courantes dans le
quartier.
De ce fait, leur insertion dans l'espace économique externe, non
seulement ne menace pas le caractère introverti du quartier, mais en
un sens le renforce. A leur manière, ces salariés expriment parfaite-
ment cette situation lorsque, pour indiquer qu'ils sont employés hors
du quartier, ils disent qu'ils travaillent à IILomé", affirmant impli-
citement par là qu'ils s'y trouvent en quasi position de travailleurs
immigrés.
Bien entendu, ils signifient en même temps que le quartier reste
le centre de leur vie familiale, sociale et religieuse. C'est ce
caractère d'introversion sociologique qu'il convient maintenant d'ob-
server dans ses autres manifestations spatiales.
explique que Bassadji ait pu être considéré par certains comme une
excroissance d'Amoutivé, alors que toutes les traditions d'origine
attestent qu'il est apparenté à Apéyémé. Aujourdlhui en tout cas, du
fait d'un tissu urbain devenu continu, Bassadji touche à l'est Apéyé-
mé, et à l'ouest Byosé; cette coincidence de contiguïtés de différents
niveaux, spatial, historique, sociologique, -trait essentiel des so-
ciétés traditionnelles -, marque donc la genèse de ce qui n'est encore
qu'un hameau familial.
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- 292 -
Mais ce qui est frappant, dans le cas étudié ici, c'est que
l'ensemble de l'édifice généalogique a été entièrement reconstruit sur
la base d'une permutation structurale, puisqu'il ya eu passage d'un
système de filiation matrilinéaire dominante à un système de filiation
patrilinéaire dominante.
Il serait sans doute intéressant de reconstituer le processus
concret de cette inversion. Bornons pour li-instant à faire observer
qulelle est cependant moins radicale qu'il n'y parait à première vue.
On sait, en effet, que dans tout système de filiation unilinéaire, les
liens de parenté non dominants sont également reconnus et codifiés,
car ils n'en remplissent pas moins des fonctions essentielles (schéma-
tiquement, la filiation dominante régit l'organisation des groupes de
parenté, et la transmission en leur sein des fonctions politiques
ainsi que des principaux moyens de production, tandis que la filiation
non dominante régit les rapports d'alliance, tout en intervenant,
concurremment avec l'autre, dans le domaine de la transmission de
certains attributs "mystiques" concourant à la définition de l'identi-
té de la personne et des statuts individuels). Dans cette mesure le
dép lacement de la domi nante change l'ori entati on du système, mais ce
changement reste néanmoins inscrit dans les virtualités du système, ce
qui explique sans doute qu'il ait pu opérer, en l'occurrence, sans
susciter de contradiction majeure•.••
Quoiqu'il en soit, force est bien de constater aujourd'hui que la
structure actuelle du lignage est le produit de l'histoire contempo-
raine, marquée par l'introduction du droit occidental, par l'appari-
tion de la propriété privée, et par l'urbanisation, facteur multipli-
cateur de la valeur foncière. On rencontre là un processus analogue à
celui quia engendré, en milieu rural, dans les sociétés matrili~
néaires, l'introduction de l'économie de plantation: la terre devient
un capi ta l fi xe que l es pères mettent en val eur avec l'aide de leurs
fi l s et qui se transmet à ceux-ci, et non pl us au neveu utérin,
étranger au groupe patrilocal de production. Mais dans ce cas, le
système lignager a tendance à céder la place à des groupes de parenté
cognatiques de très faible profondeur généalogique.
Il n'en est que plus remarquable qulà Bassadji, malgré le rema-
niement de sa structure, - mais on .peut ~ire aussi grâce à ce remanie-
ment-, le principe lignager se soit maintenu. C'est sans doute que,
dans une situation urbaine marquée par l'importance d'un enjeu foncier
accusé par l'afflux, dans les quartiers autochtones, de nouveaux
citadins à la recherche d'une location, parfois d'une propriété, le
principe lignager permet à la fois de légitimer les droits coutumiers
des premiers propriétaires du sol, et de maintenir le pouvoir soli-
daire de leurs descendants face à une population allochtone devenue
numériquement majoritaire, face, aussi, à dléventuelles interventions
de l'appareil d'Etat. Ainsi, le maintien, en milieu urbain, d'une
structure li gnagère, habituell ement conçue comme caractéri st i que des
sociétés rurales "traditionnelles", exprime - t- il en fait le carac-
tère dlactualité de l'une de ses fonctions permanentes: sa capacité à
se manifester comme lobby, comme groupe de pression, constitué sur la
base d'une ascendance et d'une histoire communes, légitimant des
droits et des intérêts collectifs face notamment aux locataires étran-
gers.
- 294 -
Les écarts entre les concessions sont donc extrèmes : dans un cas
limite (concession 3), seul le fils célibataire du propriétaire de la
concession (qui lui même vit le plus souvent au Ghana) réside dans la
concession où il cohabite avec quatre ménages de locataires Ewé et
Mina, regroupant 18 personnes, soit 95 %de la population totale de la
concession; dans six autres cas, les locataires représentent la moitié
ou plus de la population totale; dans deux autres concessions, ils
sont en minorité (13 % et 27 %); enfin dans cinq concessions, on n'en
trouve aucun. Ces derniers cas font problème, car l'examen comparatif
des concessions montre que l'absence de locataires n'est pas liée à un
manque de place, et qu'un seul cas (n07) peut s'expliquer par la
référence explicite au modèle valorisé de l'intimité familiale centrée
sur le couple et ses enfants. Faute d'informations précises à ce
sujet, on peut néanmoins faire remarquer que l'absence de locataires
ne se trouve que dans des familles dont les chefs sont insérés dans le
secteur moderne, et de ce fait, bénéficient de revenus plus élevés et
plus stables que ceux du secteur informel.
Quant aux familles qui associent cet atout à celui que procurent
les revenus d'origine locative, ce sont celles qui se sont engagées
dans un processus de mobilité sociale ascendante, tout en ayant de
forts effectifs, nécessitant de ce fait des dépenses importantes (cas
des n° 5, 6 et 13 notamment). Comme nous l'avons déjà souligné, il
faut donc prendre en considération, à ce sujet également, la diversité
des situations et des stratégies sociales d'une famille à l'autre.
Cependant, pour évaluer l'importance globale du phénomène loca-
tif, il faut aussi prendre en compte l'effectif des quatre concessions
à usage exclusivement locatif (concessions qui sont la propriété de la
famille 13). On constate alors que la majorité s'inverse au profit de
la population locataire.
De manière à permettre la comparaison avec les données du recen-
sement de 1970, le nombre respectif de chefs de ménage autochtones et
locataires est indiqué dans le tableau suivant:
! effectif %des effectif l nombre %des !effectif
! total effectifs conces- de C.M C.M. moyen/
,=P-ar-e-n--;-t-s-
!
!
sion ménage
165 41 % 40 30 % 4,1
!
!-;-Lo-c-a--=t-a--;-i--
Ires sur
!conces- 113 20 59
!sion fa-
Imiliale
1 ! 59 % 70 %
-=------:----:- - - - - -
locatai- !
res sur !
conces- 127! ! 32 ! 34 3,7
sions 10 , !! !
catives ! ! , !
! ! ! !
total - .....4""""05--' 100 % ! !-"""1""""33x--- ----.r1""""OO><'""'"";:'l%r-! --"-3.. . .1,...--
.
! ! ! , !
Tab 1eau 5 -~Pr-o-p-o-r""'t ion de s parents et aes 1oc ata i r-e-s--'_dr-a~n_s---"_1"""4-c-o-n-c-e-s--
sions familiales et 4 concessions locatives
- 297 -
! !Gd! 1 1 1 1 ---r 1
1 Zones géographiques IMerIMèrlep.lsoelfilltotl% par zone 1
1 IIIIII! !
J=ir IBassadji !-3-'T'-5-!T!2!T2lrr.5 -,--T----r- r
! II!. ! ! 1 II! 1 1 1 1
1""" '13IApéyémé '-2-1-1-1-3-1-1-2-181-145.5 1
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Tableau 6 : Aire matrimoniale du lignage
En dépit de son caractère non exhaustif (les informations à ce
sujet étant incomplètes) (1), ce tableau donne cependant un certain
nombre d'indications: on constate d'abord que 57 % des échanges matri-
avec .l'ai de d'un géomètre, à un partage entre tous ses enfants. Der-
nière concession à l'ancien droit utérin, ses filles reçoivent leur
part, mais en dehors du quartier: il leur donne à chacune des champs
de culture qu'il possédait à Hedzranawoe, dans Tokoin-nord, quartier
actuellement en cours d'urbanisation. De même, à la mort de l'ancêtre
de la famille 13, ses filles avaient reçu en part d'héritage des
champs à Tokoin, qu'elles ont vendus par la suite; par contre, son
fils unique (d'où son nom, Didonu, Ille seul espoir ll ) avait hérité de
l'ensemble des parcelles échues en partage à sa lignée dans le quar-
tier. Notons à cet égard que ce qui constituait un désavantage en
situation pré-capitaliste, - une descendance réduite -, a représenté
un atout dans la nouvell e s ituat ion: cet homme s'est retrouvé à la
tête d'un patrimoine foncier important: outre la grande concession
familiale, il a pu construire quatre parcelles voisines en conces-
sions à usage exclusivement locatif, et en mettre d'autres en valeur
dans le quartier deJokoin-St Joseph. Il a été également le premier
dans le quartier, à faire établir des titres de propriété sur ses
parcelles.
Utilisant ses compétences et ses relations de chef-maçon aux
Travaux Publics, il avait donc mené une politique systématique
" d'i nvesti ssement fonci er et "j mmobil i er, qui lui permettait d'assurer
la promotion de sa nombreuse famille (cf. sUPia). Aujourd'hui, par
contre, toutes les parcelles ont été partag es entre ses fils, à
l'exception toutefois de la concession familiale de Bassadji, laquelle
est sous la garde de son fils aîné, qui d'ailleurs n'y réside pas,
mais reste propriété collective de la famille.
Cette solution est fréquemment adoptée dans le quartier (elle est
d'ailleurs fréquemment attestée à Lomé en général) : elle représente
en effet une sorte de compromis syncrétique entre la propriété collec-
tive coutumière, support de la famille étendue (patriarcale ou adel-
phique), et la propriété privée de type occidental, qui consacre
l'autonomie croissante des segments de la famille étendue. Elle per-
met, en outre, de préserver le droit d'habiter des membres de la
famille désormais exclus de l'héritage: veuve (s) du défunt; filles
mariées restées dans la concession; neveux utérins; éventuellement
parent par a11 i ance ou am i hébergé de longue date. Ai ns i, tand i s que
les fils se dispersent sur les parcelles dont ils héritent, dans le
quartier mais aussi hors du quartier, ce qu'on appelle 1I1 a grande
maison familiale~ continue de représenter symboliquement l'unité de la
famille étendue; mieux, elle reste le lieu de ses rassemblements
épisodiques: elle abrite les autels des vodu paternels et maternels,
auxquels il convient parfois de venir sacrifier; elle est aussi, et
surtout, au centre des temps forts de la vie sociale: c'est dans la
II grande maison que les funérailles sont célébrées. A cette occasion,
ll
(1) Remarquons que cette stratégie avait été préfigurée par les achats
de terrains dans la zone de Tokouin, alors encore à peine urbanisée,
et plus au nord, sur l'axe Lomé-Agouenivé, qu'avait effectués lei
patriarche de la troisième génération. Mais il ne s'agissait en l'oc-
curence que de terrains destinés à la culture vivrière, dans le
contexte d'une économie mixte (rurale en voie d'urbanisation). Hérités
par ses descendants, ces terrains sont désormais construits.
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BASSADJI TERRAIN D'ENQUETE
- 308 -
(1)- Que cette crainte soit réelle, les inquiétudes, souvent les
réticences que provoque l'enql:lête, le prouvent à chaque contact. Le
prouve également le souci nouveau que manifestent certains de faire
légaliser leur propriété par un titre foncier. Peu l'ont fait encore,
car cela revient fort cher en salaire du géomètre et redevances.
Pourtant le même chef de famille a dépensé 75 000 CFA (l 500 FF) en
1975 pour faire immatriculer sa concession de Bassadji. "De cette
manière, a-t-il expliqué, je mlassure contre une éventuelle expropria-
tion par les pouvoirs publics; avec mon titre foncier, j'espère qu'on
me rembourserait le prix du terrain et des constructions".
- 309 -
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!con-! Parents résidant dans la concession ! l ocata ires total
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! N° !
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ries ména- !ména ! ména '
ges !ges !
! ,
ges
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!
11 ! 6 16 8
(=CF+ 1 ép.+1 fils) 1 épouse !
1 famille matricent 1 neveu! !
soeur div.+ pt fils ,
utérin ! !
!
!
2 1 famille élém. !4 agn. 5 1 a ! a 5 1
(=CF+1ép.+3enf.) !lépouse
!
! ,
!
3 1 homme célibataire!l a}nat 1 1 18 4 19 5
(+son père épisodiq!(+l !
-- ! !
! !
4 1 famille élém. 13 agn. ! 5 2 la 4 15 6
(CF + 1ép.+ 2enf.) 1épouse!
1 ami du CF, célib. 1 ami ! ,
5 '1 f ami 11 e él ém . 12 agn. 14 5 15 6 29 11
(=CF+1ép.+5 enf.) 2ép.
1 f ami 11 e él ém .
(=Fils du CF+1ép.+
2 enf.)
3 fils du CF célib.
6 1familleélém.cposée 17 agn. 33 5 5 3 38 8 r
(CF+2ép.+12enf+l11ère 2épouse
CF) 1 mère
1famille matricentr 13utér.
(=lsoeurdu Cf+2enf)
1famillematricentr
(=lsoeur du CF+ccub
de son fils+fils de!
celle-ci) !
1famille matricentr!
(=lcousine croisée!
patri.du CF+son fils
+lép.+2enf.) !
- 312 -
!1 f am i 11 e él ém . !
!(=lcous.crois.patri l
!du CF + 1ép.+ ses 2
!pt neveux utérins)
!2 nièces agnat.duCF
!
!
7 !1 f am i 11 e él ém • 5agn. 9 1 a a 9 1
!(=CF+1ép.+4enf. 1épouse
!2 nièces ut.del'ép. 2alliés
!+ 1apprenti CF 1étr.
!
8 1 famille matricent 1agnat 5 1 8 4 13 5
(= 1femme+4enf.) 4utér.
du Cf veuve) 1 mère
1famille matricentr 1alliée
(=lép.decous.ut.du 1utérin
CF + son fils)
!
12 1famille élém.cposé!2agn. 9 2 28 18 37 20
(=CF + 2ép.) 2ép.
1famille matricentr 5nev.ut
(=fille du CF+5enf)
l 0 catif, mai s au s s id' as sur er' à ses fil s l a po sses s ion de parce 11 es
urba i nes, partout où lion peut en acquéri r, si bi en que les lignées
patrilinéaires tendent aujourd'hui à se disperser en différentes uni-
tés résidentielles disséminées dans la ville, notamment dans la zone
de Tokoin. Mais soulignons à nouveau que cette dispersion ne préfigure
nullement llavènement de la famille conjugale isolée: les fils, à
leur tour, en accueillant ou en gardant chez eux certaines de leurs
soeurs ou de leurs filles, reconstituent autour de leur propre famille
élémentaire, une nouvelle famille élargie.
Bien entendu, l'ensemble de ces processus, et le fontionnement
des structures qu'ils supposent et impliquent à la fois, manifestent
en même temps la très grande capacité de celles-ci à perdurer tout en
s'adaptant. En effet, le vaste réseau que constitue l'entrecroi sement
de la parenté patrilinéaire, de la parenté utér"ine et de la parenté
par all i ance, n'est pas, contrairement à ce que pourraient donner à
croire les apparences de la logique déductive, remis en question par
une évolution qui semble conduire irréversiblement du lignage à la
famille étendue, de celle-ci à la famille élargie, et de cette der-
nière à la famille élémentaire.
Si la famille élémentaire, en effet, n'est qu'un moment vers la
reconstitution d'une nouvelle famille élargie, par l'adjonction de
segments agnatiques, utérins, ou alliés, c'est que, de proche en
proche, l'ensemble du réseau de parenté cont i nue d' intégrer ses él é-
ments, même quand ceux-ci se dispersent à travers l'espace urbain, et,
par suite, s'entreti ent lui -même d'entreten i r un flux perm anent de
personnes entr'eux. Le maintien, à travers leur distension inévitable,
des systèmes résidentiels, n'est, en ce sens, que l'expression maté-
rielle du maintien des liens de la parenté étendue, de même que la
hiérarchisation du système résidentiel, avec la prééminence des "gran-
des maisons"-mères du quartier, est llexpression matérielle -et symbo-
lique- du maintien de la famille étendue, de même, enfin, que la
localisation des funérailles dans ces grandes maisons, et la présence
pérenne, à côté dlelles, du cimetière et des sanctuaires des vodu
ancestraux, est l'expression matérielle -et religieuse- de la pérenni-
té du lignage en dépit de sa segmentation sociale et spatiale.
Certes, la famille étendue et le lignage constitueront de moins
en moins des groupements résidentiels et ne se manifesteront plus
comme groupes-en-corps qu 1épi sod i quement, à 11 occ as i on des ri tue l s
collectifs. Seules la famille élargie, com~e unité de résidence et de
vie quotidienne, et, en son sein, la famille élémentaire, comme lieu
privilégié des stratégies foncières et de mobilité sociale, resteront
des unités permanentes. Mais entre les familles élargies, même de plus
en plus dispersées (ce qui est encore loin d'être le cas), le réseau
de la parenté lignagère et de la parenté par alliance continuera
longtemps encore, pour des raisons idéologiques (la gestion du culte
des vodu, et plus encore, sans doute, celle des grands rassemble-
ments funéraires), mais aussi pour des raisons matérielles (à travers
les pratiques -et la morale- de l'entr'aide, de l'hospitalité, de
l'hébergement, à travers aussi le fonctionnement de multiples associa-
tions du type tontine), de maintenir un courant permanent de communi-
cations de tous ordres, et, notamment, des flux réciproques de person-
nes
Ce caractè re composite d'adaptabil ité, de souplesse, d'extens i bi-
lité comme de rétractabilité, cette aptitude aux réajustements perma-
nents, à l'accueil et à l'intégration, à la dilatation comme à la
segmentation, cette capacité à faire vivre ensemble des individus de
statuts fort divers, quant à leur position dans le système de parenté
(chefs de famille, agnats, utérins" parents directs et classifica-
toires,alliés, étrangers ••• ), quant au sexe et à la génération, quant
à la situation socio-économique (propriétaires, locataires, hébergés;
artisans, employés, ouvriers, commerçantes),. •• sont donc la marque
spécifique des structures de la parenté à Bassadji.
Cet te marque, e 11 es l' i mpri ment à l'organ i s at i on de l'es pace :
dans le quartier, où elles engendrent des systèmes résidentiels conti-
gus, en un continuum spatJal intégrant aussi les sanctuaires des
vodu ancestraux, les cimetières lignagers, et les multiples points
d'activités les plus diverses; hors du quartier, dans son environne-
ment traditionnel, où elles suscitent des va et vient récurrents, à
l'occasion de conjonctures résidentielles, matrimoniales, rituelles,
funéraires, socio-politiques (les réunions du conseil des anciens,
p.ex.); au delà de l'espace traditionnel, enfin, où elles accompagnent
la création de nouvelles unités résidentielles, qu'elles continuent
d'intégrer au sein de systèmes résidentiels distendus mais hiérarchi-
sés sous l'égide des ugrandes maisons" -ITères du quartier.
Mais cette marque, il faut également en lire l'empreinte au
niveau le plus quotidien: celui de la concession familiale. Ici
l'espace apparait clairement sous sa double face: comme la matériali-
té incarnée de structures et de pratiques, dont il favorise en retour
l'adaptabilité fonctionnelle, et par conséquent la reproduction.
C'est ce qu'il convient d'examiner maintenant sur l'exemple de
Bassadji, exemple que l'on confrontera ensuite, à fin de vérification
et de généralisation éventuelle, à celui de deux autres quartiers de
Lomé: un quartier du vieux centre ville, urbain cres sa création par
les commerçants Mina et Anlo arrivés dans le sillage du colonisateur
allemand; un quartier plus récent, qui présente l'originalité d'avoir
été loti à la demande de petits fonctionnaires employés par l'adminis-
tration coloniale française, et, de ce fait, permettra de mettre à
l'épreuve les moœles familiaux et spatiaux plus IItraditionnels ll •
- 319 -
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essentielles de ce type d'habitat: sa conformité aux structures
sociales, -on se trouve ici en présence d'un système résidentiel
contigu, correspondant à la continuité de relations de parenté ligna-
gères-, mais une conformité qui exclut toute rigidité: elle est au
contraire le résultat d'une permanente adaptabil ité à l'état présent
des structures sociales.
Que les relations soient distantes (notamment entre propriétaires
et locataires) ou qu'elles se distendent (du fait de l'autonomie crois-
sante des familles élargies, ou de situations conflictuelles), et les
concessions peuvent se fermer sur elles-mêmes: l'installation d'une
porte, la construction d'un mur ou d'un bâtiment introduira aussitôt
la clôture nécessaire.
2. Un exemple de concession d'une famille étendue
Cette conformité adaptative, remarquée au niveau du système rési-
dent i el correspondant au lignage ou à un fragment de lignage, on la
retrouve évidemment en ce qui concerne la concession, sorte de mini-
système résidentiel correspondant traditionnellement à la famille
étendue, et de plus en plus, comme on lia vu précédemment, à la
famille élargie. Examinons donc d'abord un exemple de concession
(cf.plan infra) correspondant à une famille étendue patriarcale, ac-
cueillant en outre des locataires (cf. la généalogie ), en analysant
la répartition dans l'espace des diverses unités composant l'ensemble.
Cette concession (la n05) abrite 29 résidents, dont 14 sont de la
famille, et 15 sont des locataires, sur une superficie totale de 750
m2, ce qui représente une densité très faible de 25 m2 par individu.
Cependant, si l'on prend uniquement en compte la surface bâtie, on
constate que la densité est nettement plus élevée, puisque la surface
bâtie en pièces d'habitation est de 224 m2 soit un peu moins de 8 m2
par personne (la surface bâtie totale est de 277, soit 37% de la
superficie de la parcelle, le reste représentant la cour, dont on
mesure ainsi l'importance). En outre, l'affectation des espaces est
très inégale et reflète, à ce niveau, la composition sociale et la
hiérarchie de l'ensemble.
La famille étendue patriarcale se compose ici de cinq éléments,
la famille élémentaire du chef de famille, celle de l'un de ses fils,
et trois ménages constitués par trois adultes célibataires. Leur
répartition est la suivante:
- Le chef de famille (n01) dispose pour lui tout seul d'un bâti-
ment de quatre pièces (1 chambre, 1 salon, 1 chambre de passage qui
lui sert de remise, et 1 douchière fermée et couverte) d'une superfi-
cie de 69 m2; sa maison est au fond d'une première cour qui ouvre sur
un passage débouchant d'un côté sur la rue, de l'autre, sur la conces-
sion de l'un de ses frères; de l'autre coté de la cour, lui fait face
un bâtiment de type wagon (composé de pièces juxtaposées, chacune
ouvrant sur la cour, qui sont autant de logements indépendants, réser-
vés à un usage locatif) occupé par trois colporteurs Djerma du Niger
(n027,28,29), chacun louant une pièce de 9 m2.
- 323 -
CONCESSION 5 BASSADJI
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- 326 -
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Les ~ëisors, joirtives ou
re~ ifes par ur !T:ur d'er-
ceinte, tournert le dos ~
:a rue. Aucun effet de
morurrentalitf n'est
recherché, si ce n'est
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portail d'ertrée.
Rerr.arquer à gauchec de
cec:ui-ci le petit fver-
taire de charbor de bois
et à drc'te la porte
d ' une b 0 u t i que. 0 r g a r. i sée
autour de sa Cour inté-
rieure, (souvert o~tra
gée), tourn~e sur eile-
mftr.r, la concessior est
la rratéria:isation de
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due ou é:argie.
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Faut-i l soul igner s une fois encore s qu'une telle propriété est
indissociable du caractère évolutif de l'habitats qui permet une
édification du bâti en concomitance quantitative et qualitative avec
la croissance de la famille et la complexité grandissante de sa struc-
ture? Dans notre exemples la première maisons en briques cuites s a
été construite par le patriarches père de l'actuel chef de famille en
1939; d'autres constructions ultérieures s mais construites de manière
plus précaires en banco et "matériaux végétaux s ont depuis disparus
pour être remplacées par de nouveaux bâtiments en dur: le plus ancien
est aujourd'hui la maison de planches s construite en 1957 s par le
cousin du chef de famille; la maison du chef de famille a été
construite par lui même en 1960 s ainsi que l'ensemble des autres
bltiments en 1961-62. En outres "maintenant que les enfants
grandissent"s comme il le dit lui-mêmes il envisage de faire
construire deux nouveaux bâtiments dans la cour des hornmes s laquelle
se refermerait ainsi sur elle-mêmes mais en conservant un passage vers
les concessions des deux frères (cf. le plan). Enfin s il caresse le
projet à plus long terme de construire une grande villa de rapport de
deux à trois étages avec des commerces au rez-de-chaussée s sur l'em-
placement de la placette dans l'angle sud-ouest de la parcelle.
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milieu desquels, assises sur leur petit tabouret, les femmmes orches-
trent sans hâte la préparation du repas tout en bavardant; auvent de
palmes tressées qui fournit l'ombre prospice à la somnolence d'un
salarié rentré du travail; oriflame multicolore des pagnes qu'une
jeune femme accroche à bras tendus au fi l d'étendage.•.
Qu'on étudie ensuite la composition sociale de la population
résidente, et l'on constate que la plus grande ancienneté de l'instal-
lation en ville et de l'insertion dans l'économie urbaine, non plus
que le poi ds plus grand des i nfl uences occ i denta les, n'ont pas pour
autant fait disparaître les formes d'organisation et de répartition
de l'espace, ni les modes de relations et de regroupements, fondés sur
d'extensives appartenances parentales.
Certes, le lignage, et son expression spatiale, le système rési-
dentiel contigu, ne sont plus ici localisés dans le quartier: les
lignages que constituent ce qu'on appelle plus couramment les "grandes
familles" de cette vieille bourgeoisie côtière, sont depuis longtemps
segmentés en plusieurs branches, plus ou moins dispersées au gré des
fluctuations de l'économie marchande et de l'histoire coloniale, entre
Aného et Lomé, entre le Togo et le Gh an a, et, pour certains de leurs
membres dans d'autres pays d'Afrique (Côte d'Ivoire, Gabon, Congo... ),
où leurs comptétences plus tôt acquise les avait installés dans l'ad-
ministration ou le commerce colonial (rappelons que le Togo avait
alors la réputation d'être le "Quartier Latin de l'Afrique").
Cependant, on rencontre encore dans le vieux centre de grandes
concessions, sur lesquelles la pratïque de l'héritage indivis, liée à
l'ethique, déjà rencontrée à Bassadji, de la "Grande maison fami-
liale ll , autant que leur situation privilégiée au coeur de la ville, a
fixé des segments de lignage: familles étendues ou familles élargies.
1. Unité paradoxale de la famille étendue: llenjeu foncier. Etude de
cas à Agbadahonou (1).
L'exemple dont il est question maintenant est d'autant plus
significatif qu'il s'agit d'un lignage qui s'est constitué et dévelop-
pé dans et en même temps que la ville, et qu'il ne saurait donc être
rapporté à une quelconque transplantation ou survivance d'un groupe
préexistant (mais, bien entendu, sa création et son développement
renvoient à des schèmes sociologiques antérieurs, lesquels prouvent
ainsi leur capacité à s'accomoder fort bien de la ville et de ses
activités).
En effet, les aînés de ce lignage arrêtent leur généalogie ascen-
dante à leur père, qui en est le fondateur, sans pouvoir citer les
noms de leurs grands-parents. L'ancêtre fondateur du lignage est donc
arrivé à Lomé à l'époque où les Allemands, s'y installèrent, à la fin
du XIXe siècle.
(1) L'un des quatre quartiers du centre-ville; les trois autres sont
dawlato, Anagokome et Koketime.
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Par contre le petit neveu (n° 30) qui avait fait partie de la
coalition des utérins, est dans la moitié nord qu'il partage avec
trois fils (n01,3 et 14) du fondateur, dont l'un (n03) est l'époux de
sa soeur (n04), ainsi qu'avec une fille du fondateur (n09) et sa
descendance. L'un des fils du fondateur (le n01), chef de la branche
togolaise, réside en permanence à Atakpamé, oD il est employé de
commerce; l'autre fils (n03) a longtemps été pêcheur au Gabon et n'est
rentré que récemment pour cause de maladie, dont il ne guérit pas; le
troisième fils (n014), ancien électricien, est actuellement chômeur et
malade; quant au petit-neveu (n030), après avoir été absent durant
dix-neuf ans, il n'est rentré au Togo qu'en 1968, y a trouvé un emploi
dans une entreprise d'import-export, mais se trouve au chômage depuis
1981, date de son licenciement sans préavis.
Il est donc vraisemblable que les filles du neveu-gendre, fortes
de l' act i on menée par leur père et de leur présence cont i nue sur les
lieux, aient mis à profit l'absence des autres ayant-droit, ou la
faiblesse de leur santé et, visiblement, de leur caractère, pour
prendre de fait le pouvoir sur une moitié de concession. De toute
évidence, les rapports entre les deux parties sont tendus, et le
visiteur accueilli dans l'une, n'est accompagné dans l'autre qu'avec
une certaine réticence•••, surtout si sa position de chercheur accré-
dité par les pouvoirs publics laisse.craindre quelque action de réno-
vat i on-déguerp i ssement, qu i ob li gera it à remettre en jeu des droits
contestés ou mal assurés •••
Cependant le réel est toujours plus complexe que la présentation,
inévitablement schématique, qu'on en peut faire: en dépit de cette
situation, et d'une jouissance de fait inégalitaire de la propriété,
les différents porte-parole de la concession n'en sont pas moins
solidaires pour affirmer, au moins face aux éventuelles menaces exté-
rieures (de nouvelles emprises de l'Etat sont toujours possibles dans
les quartiers centraux)(l), la réal ité communautaire de leurs droits.
On réaffirme que l'ensemble des descendants togolais du fondateur,
fils et filles agnatiques comme neveux utérins, ont hérité de la
parcelle dans l'indivision, que tous y ont un droit de résidence, que
la concession est la "Grande maison familiale", et, qu'à ce titre,
elle restera propriété indivise de la famille.
On se tromperait en interprétant ceci comme le classique décalage
entre idéologie (officielle) et pratique (réelle), ou comme une con-
tradiction antinomique, alors qu'elle est dialectique: les anthropo-
logues savent bien que la réalité lignagère, - y compris dans les
sociétés les plus traditionnelles-, oscille constamment entre les
indispensables manisfestations d'unité de corps, qui font du lignage
(ou de la famille étendue) un groupe de pression, un collectif de
lutte pour la défense des intérêts communs face aux menaces exté-
rieures, et les inévitables tendances centrifuges, car le lignage est
aussi segmenté en sous-groupes engagés dans des rapports de pouvoir et
de compétition. En bref, l'affirmation d'une solidarité et la coexis-
tence, parfois le devoir d'assistance, que celle-ci implique, ne sont
nullement incompatibles avec les relations conflictuelles plus ou
moins larvées, parfois ouvertes, qu'engendre le jeu des stratégies
particulières des individus et des sous-groupes. Ici la situation est
particulièrement nette, dans son ambivalence constitutive: à l'inté-
rieur du groupe, l'enjeu foncier amplifie et entretient les clivages
structurels, -entre droit matrilinéaire coutumier et droit patrili-
néaire moderne; entre agnats et utérins; entre utérins issus de filles
et utérins issus de soeur-, mais, vis-à-vis de l'extérieur, le même
enjeu foncier est plateforme commune d'une revendication et de straté-
gies solidaires (1). La concession occupe en effet une parcelle de
1800 m2 et cela seul suffit à expliquer l'importance de l'enjeu fon-
cier qu'elle représente, dans un quartier en plein centre-ville, où le
coOt des terrains renchérit chaque jour, et où la densité du bâti fait
constammment planer la menace potentielle d'une expropriation pour
raison d'intérêt public (2). De plus, cette situation au coeur du
centre commercial de Lomé, attire de nombreux locataires prêts à payer
des loyers plus élevés qu'ailleurs: sur les 67 résidents, on compte
32 locataires, dont un bon nombre de commerçants et d'artisans (à lui
seul, un gros commerçant d'art africain y loue deux magasins modernes
avec vitrine sur rue, de 88 et 37 m2, et un entrepôt de 18 m2;
donnant sur l'autre rue, on trouve encore une boutjque de vêtements
européens de 26 m2, un petit entrepôt d'objets d'art africain qui sont
vendus sur éventaire; et deux boutiques de pagnes, de 20 m2 chacune; à
l'intérieur de la concession, trois tailleurs yoruba, avec leur famil-
le et leurs employés ont leur lOQememt et leur atelier). Aussi, sur
une surface bâtie de 792 m2, 34% (269 m2) sont à usage professionnel,
ce qui, conjugué aux 134 m2 de logements occupés par les locataires,
donne un peu plus de 50% du bâti, qui sont de rapport.
(1) Ce phénomene n'est pas sans rappeler la situation de contradiction
interne, qui a caractérérisé la paysannerie française, contrainte aux
restructurations-modernisations à partir des années soixante. A tra-
vers les opérations de remembrement, notamment, la compétition pour la
terre a fait éclater la société paysanne traditionnelle, minée par les
conflits et l'exode rural, mais, en même temps, l'enjeu foncier a
suscité de nouvelles formes d'action collective, syndicales entre
autres, contre les "cumulards" ou contre les pouvoirs publics.
(2) Le déguerpissement brutal du longo, quartier haoussa du vieux
Lomé, en 1977, plus récemment celui d'Akodessewa, zone d'habitat
spontané de la périphérie sud-est de la ville, en 1983, sont, parmi
d'autres moins massifs, mais tout aussi expéditifs, des précédents qui
hantent la mémoire collective des citadins de Lomé. Le longo était
dans une zone où un décret de 1971 avait fixé le prix du m2 à 600 FCFA
(l2FF). Or en 1978, l'Etat a vendu à l a Banque Togo lai se pour le
Commerce et l'Industrie, sur l'emplacement de l'ancien longo, un
terrain de plus d'un hectare à 8 000 FCFA le m2 (160 FF). On conçoit,
dans ces conditions, les inquiétudes que peuvent nourrir solidairement
cette fois, les propriétaires coutumiers d'une parcelle de 1 800 m2,
dans un quartier encore plus central !
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(1) Ce lignage fait lui-même partie de l'une des deux branches d'un
lignage maximal remontant à Lawson 1er, "roi" d'Aného de 1820 à 1859.
Ce Lawson, en réalité Akouété Zank1i, avait été désigné par le roi des
Guin de G1idji pour accom'pagner en Angleterre un certain capitaine
Law. A son retour, il avait pris le nom de son protecteur anglais, et,
ayant appris à lire et à écrire durant son séjour en Europe, il avait
été nommé par le roi de G1idji, chef d'Aného, alors centre du commerce
vec les Européens.
- 359 -
quart i er, cette nom i nat i on es t fausse et provi ent d'une mauva i se
prononciation du toponyme. En fait, le premier habitant des lieux, un
Ewé originaire de Notsé, venu s'installer là sur ~es terres vacantes,
et y ayant eu plusieurs. enfants décédés en bas âge, avait enfin pu
garder un fils qu'il avait appelé Hanu, grou in de porc", nom dépré-
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(1) Leur coût total, fosse septique comprise, a été de 198000 F CFA
(3960 FF). Ceci explique que de telles installations soient encore
très rares à Lomé.
- 369 -
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comprendre qu'elles ont des "besoins spatiaux" qualitatifs et quanti-
tatifs, historiquement et culturellement spécifiques. ". . .
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que face aux allochtones affluant dans leurs quartiers comme loca-
taires et comme candidats à la propriété. Dans.1es anciens villages
comme Bassadji, le fait que les différentes familles d'un même lignage
habitent encore largement dans des concessions mitoyennes ou voisines,
et constituent ainsi des systèmes résidentiels contigus, transposition
urbai ne de l'espace vi 11 ageoi s, renforce évi demment cette sol i darité
1ignagère.
Dans les autres quartiers, peuplés dès l'origine de citadins
venus d'ailleurs, le lignage s'est trouvé pre~que d'emblée soumis à un
processus de dispersion résidentielle (ses membres se répartissant
entre les villes côtières du Bénin, du Togo et du Ghana, au gré de
leurs migrations successives). Toutefois, le liens de la parenté au
sens large, parenté dans le lignage et la famille étendue, parenté par
alliance, n'y sont pas détruits pour autant. Ici, comme dans les
quartiers autochtones, des liens se maintiennent entre les différentes
concessions habitées par les membres de la parentèle. Des unes aux
autres des transferts sont toujours possibles. En particulier, la
"grande maison" du fondateur, maintenue dans l'indivision le plus
souvent, fait fonction de centre d'accueil pour les veuves ou les
divorcées qui y font retour, ainsi que pour des parents de passage, ou
pour des petits enfants ou des neveux qui y sont hébergés pour des
raisons pratiques (proximité de l'école ou du lieu d'apprentissage,
notamment). La "grande maison" se trouve ainsi à la tête d'un système
résidentiel certes distendu et plus lâche, mais qui n'en manifeste pas
moins la persistance de réseaux de solidarité qui,s'i1s ne colncident
pas avec la totalité du champ de la parenté 1ignagère et par alliance,
en recouvrent du moins une large partie et continuent en tout cas de
s'y inscrire (surtout dans les quartiers autochtones, où le réseau
social d'un individu inclut rarement des personnes qui ne soient pas
déjà comprises dans l'espace de parenté et de voisinage, si bien que
la notion d'ami, qui ne serait pas parent d'une manière ou d'une
autre, n'y a guère de sens).
Le maintien de telles solidarités, qui sont indissociab1ement
d'ordre pratique et idéologique, fonctionnel et symbo1 ique, s'exp1 i-
que, au moins dans leur dimension pratique et fonctionnelle, par
l'effet d'une détermination négative de l'urbanisation dépendante: en
l'absence de tout système de sécurité sociale (à l'exception des
caisses de retraite pour une petite minorité de salariés qui n'en
tirent de toute manière que des revenus très faibles, il n'existe pas
d'assurance chomage, maladie ou vieillesse, ni caisse d'allocations
familiales), c'est la famille étendue surtout, mais aussi la parenté
plus large, qui continuent d'assurer une certaine redistribution des
revenus et, en tout cas, la protection sociale qu'elles assument
depuis toujours, et, dans cette permanence fonctionnelle transposée en
milieu urbain, trouvent une raison d'être ininterrompue.
L'urbanisation et l'insertion dans le système capitaliste (qu'il
soit "moderne" ou "informe"') ont certes engendré un changement
notable, dans la mesure où la parenté 1ignagère et par alliance, et
même la famille étendue, y constituent de moins en moins des groupe-
ments localisés. Cependant, en dépit de leur dispersion dans l'espace
- 382 -
par
Daniè le POITOU
Analyse FOrphologique
UHIVIIlSlTl'
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d'après P. Ozanne, a new archeological 5Ur\e~ of lfé
ODU, .... 5. nOl a\ril 1969
Ce plan montre la structure ra~onnante de 1 'orgar.lsation
urbaine traditlonnelle centrée sur le palals rc~al (sfln:,
entouré d'une encElnte d'Où partent les hUlt route~ qUl
déllTnitent les qU<lrtlers. On rell'arque ·la succeSSlon des
murs concentrlques édlflés au moyen age ~U1S au XIXo s~ècle.
- 395 -
Ic:hlU .-
Quand un nouveau Logun est dés igné, tous les JTIeJTIbres qui sont
plus âgés que lui rejoignent l~s ancieris de la concession. Le nouveau
Logun choisit et cOJTIJTIence à entrainer un hOJTIJTIe plus jeune cOJTIJTIe son
propre successeur. Il choisit un jeune hOJTIJTIe qulil considère apte à
cette responsabilité en raison de son intelligence et de sa capacité à
JTIaintenir son autorité particul ièreJTIent sur ses cadets, et à obtenir
d'eux respect et obéi ssance. Llâge du successeur n'est pas i JTIportant,
à condition qulil jouisse de son indépendance éconoJTIique et qulil soit
ainsi JTIeJTIbre du "groupe que le Logun dirige. Il peut nè pa~ avoir plus
de vingt ans si clest lui le plus intelligent et le plus capable.
L'entraineJTIent du successeur continue jusqu'à ce que le Logun se sente
trop âgé pour reJTIplir son service et qulil donne sa déJTIission. Le
Logun préside les réunions des hOJTIJTIes qui peuvent 'se tenir dans ses
locaux personnels si la place y est suffisante. Les adultes et les
anciens peuvent aussi serétinir pour prendre un repas et discuter des
affaires de la concession, telles que la prévision des sacrifices, les
travaux à effeètuer dans la concession, la répartition des terres du
clan, et la collecte des iJTIpôts. Quand une question iJTIportante doit
être débattue, les JTIeJTIbres du clan se réunissent dans la chaJTIbre du
Sale de la concession-rrère sous la présidence du Sale le plus âgé.
Les épouses des JTIeJTIbres JTIasculins du clan de la concession tien-
nent égaleJTIent des réunions biJTIensuelles dans la chaJTIbre principale de
la concession, et llune 'de leurs principales fonctions est le
nettoyage de cette chaJTIbre et la pose d'un enduit aniJTIal sur ses JTIurs.
Ce groupe est dirigé par 'la "rrèrede maison" ou Iyale (iya ile) terJTIe
qui est aussi appliqué à la preJTIière épouse dans une faJTIille polygyne.
Elle'nla pas besoin d'être llépouse la plus âgée; sa seniorité est
basée sur le fait qu'elle a été wariée dans la concession depuis plus
l on gt eJTI pS qli· aucune des autres. L•i ya l e rè gl e l es que rel l es qui
surgissent entre lès épouses, les conseille dans le soin de leurs
enfants, et organise la préparation des repas quand une fête est
prévue pour toute la concession.
Les JTIeJTIbres féJTIinins du sous-clan tiennent des réunions
biJTIensuelles dan's les locaux privés de l'une dlentre elles qui les y
reçoit cOJTIJTIe hôtesse. Une feJTIJTIe JTIariée peut retourner dans le JTIénage
où elle est née à cette intention, ou bien elle peut inviter le groupe
à se réunir dans la concession de son JTIari. Ces réunions sont prési-
dées par le JTIeJTIbre féJTIinin du clan le plus âgé dan~ la concession".
SascoJTI ajoute enfin que les clans et les sous clans sont des
éléJTIents fondaJTIentaux dans la structure du gouverneJTIent de la cité.
Les concessions dirigées 'par le Sale sort regroupées en ilôts dirigés
par des chefs d'ilôts; les ilôts eux-JTIêJTIes sont réunis dans les cinq
quartiers dllfé, chacun dieux étant dirigé par un chef de quartier qui
prend cOJTIJTIe conseillers les chefs d'ilôts, les quartiers à leur tour
forJTIent la ville d'Ifé dirigée par l'Ooni, qui prend lui-JTIêJTIe les
chefs de quartiers plus trois autres chefs pour adJTIinistrer la ville.
403 -
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IL{-IFE 1950 SITUATION DU QUARTIER SABO
ln the Journal of tropical gtography n"Z7 1968
- 406 -
ciales ou de service.
L'évolution vers une diversification des activités et une hétero-
généisation de la population se fera sentir surtout après 1967, avec
l'implantation de l'université qui va entrainer pour la ville une
phase d'expansion spatiale et démographique accélérée; car outre la
population universitaire qui a très rapidement augmenté, de nombreux
emplois administratifs ont été créés, aussi bien que des services
techniques, attirant également les familles de ces nouveaux employés.
L'installation de l'université, en dehors des limites de la ville
ancienne a engendré sur des terrains non viabilisés, une grande exten-
- 407 -
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05 1 km
DI après H.A. Sidikou, Atlas Niger, ed. Jeune Afrique page 35, 1980
- 418 -
les quartiers africains". Bien que très vite et très largement dépas-
sé, ce plan reste encore une référence pour les services de l'urbanis-
me car un plan directeur pour la ville de Niamey existe depuis quel-
ques années mais n'était pas encore entré en app1 ication en 1981, en
raison de remaniements successifs.
Il faut noter également que l'évolution de la ville ne siest pas
faite dans la direction prévue initialement, vers l'ouest, mais
plutôt, jusqu'en 1965 vers le nord-est pour la ville africaine; par
ailleurs les deux quartiers, européen et africain ont tendance à se
rejoindre, et S.Bernus souligne aussi que le clivage résidentiel entre
les deux communautés n'est plus aussi absolu qulauparavant, un certain
nombre de fonctionnaires nigériens habitant désormais des logements de
fonction autrefois occupés par des européens. Actuellement, la ville
de Niamey s'étend dans toutes les directions, à un rythme accéléré,
particulièrement sur la rive droite du fleuve où a été notamment
implantée l'Université après la mise en service du Pont Kennedy en
décembre 1970, et où pro1i~rent des zones d'habitat spontané sur des
terrains non urbanisés. C'est là également qu'a été reconstruit le
quartier de Nouveau Gaweye sur des parcelles non viabilisées, Gaweye
ayant été déguerpi et démoli après 1979 pour faire place à un ensemble
architectural de prestige comportant un hôtel de classe internatio-
nale, un Palais des Congrès et un bâtiment ultra-moderne abritant les
bureaux de 1 O.N.A.R.LM. pour 1a recherche minière. Hormis ce quar-
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- 424 -
marié à une Songhay; ils sont arrivés avec un bébé dans la concession
depuis environ la mois, et deux petites soeurs de la femme vivent avec
eux; l'une d'elle est en classe de CM2. La femme, qui ne travaille pas
à beaucoup de famille à Niamey. Lui est chauffeur à l'ambassade des
Etats Unis. Ce ménage a succédé à une famille polygame depuis huit ans
dans la concession et qui avait d'abord habité le logement de Haoua la
Béninoise, puis celui de Presse, avant de déménager dans un autre
quartier du centre, vers le cinéma Sonni Ali Ber. Le mari, mécanicien
à la SNTN (Société Nationale des Transports Nigériens) vivait avec ses
deux épouses qui avaient chacune une chambre. La première employée
dans une librairie-papeterie avait trois enfants, le ~euxiè~e un seul.
Au moment où ont été effectuées ces observations, la concession
abritait donc trente deux personnes, pour la plupart attachées à 1e~r
habitation, et ayant du fait de leur stabilité de résidence noué entre
elles des relations personnalisées, parfois très chargées de valeur
affective, car les considérations ethniques au bout d'un certain temps
de vie commune finissent par s'effacer. .
Le dernier1ogement,formé de deux chambres,est habité pardeux
Yoroubas, originaires du Nigé.ri a, âgés d'environ 25 ans. Le premier
Fataî, est un tailleur qui coud parfois chez lui, parfois au marché.
Il habite la concession depuis un an, mais il est sans doute à Niamey
depuis longtemps car il parle bien djerma et il a beaucoup d'amis.
L'autre, probablement un parent ou un ami, n'est arrivé que depuis
quatre mois dans la concession. .
Dans l'ensemQ1e, les relations entre les occupants de la conces-
sion sont plutôt bonnes, et lorsque les querelles surviennent, c'est
en général à propos des enfants qui sont contrôlés par tout le monde;
les travaux domestiques,ménage, cuisine, pilage du mil, sont répartis
dès l'âge de ~-8 ans entre les différents enfants de la maisôn. Avant,
par bloc d'habitation, on faisait une cuisine commune sur les foyers
en plein air, dans la cour. Maintenant chaque famille prépare sa
nourriture. Les repas se prennent de façon séparée, hommes, femmes et
enfants ayant ch~cuns leur plat à part. Les deux repas quotidiens
comportent en généra 1 du ri z ou de 1a pâte préparée à base de mil ou
- 428 -
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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tion ethnique (1). Toute autre est donc l'optique des occupants, qui
la précisent clairement quand ils répondent aux questions sur leur
lieu de résidence "am ~ ré Gbafio" en gbaya, ou en sango "mbi lango
na Kodro ti Gbafio, j'habite au village de Gbafio. On est dans un
registre oV"ce n'est pas le site qui domine la position, mais bien le
groupe socio-ethnique de référence. Toutefois faudrait-il éviter de
penser que celui-ci se confond avec l'un des principaux personnages
qui le symbolise en zone urbaine : ~ makondji, le chef. Ses domaines
d'autorité sont éminemmement reconnus, mais ses limites aussi. Sa
fonction n'est pas assimilable à celle des chefs de ré dans l'Ouham,
ni à celle des des Sokai,anciens des lignages. A Bangu~ il constitue
un maillon irremplaçable permettant à chacun des deux systèmes de
coexister et de maintenir, dans un équilibre parfois précaire, un
dipositif de pouvoir: une espérance de survie et de relative
autonomie pour les lignages, une maîtrise sur des rapports sociaux
délicats à contrôler pour le système politico-administratif.
Telle est par exemple la nature contradictoire des éléments qui
font de lui un "chef de terre"; cette fonction est génératrice de
tiraillements fréquents entre les détenteurs lignagers de ce pouvoir,
et lui-même que l'administration considère dans une autre logique
comme "chef du droi t coutum i er", référence en vertu de laquelle elle
lui reconnait et lui concède ce rôle et ses attributs. Il est impor-
tant de noter qu'il est, par le fait même l'émanation de l'administra-
tion dans un quartier où l'établissement se fait surtout en dehors des
services officiels de l'urbanisme et du cadastre. Mais plus que sur le
caractère conflictuel inhérent à cette position de responsable de la
terre et de l'occupation humaine du kodro, c'est sur sa place dans
l'ensemble des mécanismes de gestion urbaine que l'on voudrait insis-
ter. L'une des i 11 ustrat i ons en est donnée par l es forma lités
d'installation sur ce territoire où il détient ce que l'on pourrait
(1) - Bangui presente les divisions administratives suivantes:
- le quartier, où le regroupement autour du chef de quartier, le
"makondji", sur une base largement ethnique, est l'une des
principales causes de l'installation.
- Le groupe, qui rassemble plusieurs quartiers sous l'autorité
d'un "chef de groupe". A Boy Rabe, par exemple se trouvent
associés administrativement les quartiers Issa (occupants à
dominante mandjia), Mandaba (majoritairement Ngbaka-Mandji a),
Gbafio (ressortissants Gbaya pour la plupart) Dobia et Kaimba
(populations des groupes ethniques précédemment cités, instal-
lées dans ces deux quartiers d'extension). A chacun de ces
groupes correspondent un établissement scolaire, un dispensaire
et un marché.
- l'arrondissement au nombre de quatre, qui renvoie essentielle-
ment à l'organisation du système de police
- 449 -
plusieurs fonctions qui ont trouvé, comme pour ses frères, leur paral-
lèle dans cette entreprise nouvelle qu'est la réalisation de la villa.
Là, il est à la fois maître d'ouvrage et responsable direct des dépen-
ses financières. De plus, il se charge de l'approvisionnement des
matières premières nécessaires au chantier, et de l'achat des marchan-
dises. Mais la plus grande partie de son activité consiste à essayer
de faire fructifier les ressources salariales d' A1bert, tant sur le
plan des bénéfices que sur celui de leur utilisation dans le temps.
C'est dans ce but qu i1 a fait, en l'espace de trois années, plusieurs
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'1' " une case de deux pièces,en briques
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de terre et toit de chaume. Il vit
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1 \ .1\- 1à, en co mpa gnie. d' un Re na (l),
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qu'une dizaine d'années plus tard.
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A cet effet, il retournera dans
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._- .,-.-- ............_-- --- ,"'-- ------' En 1972, il prendra comme seconde
épouse une veuve gbaya d'un "petit
1950 groupe situé du côté de Batangafo",
pré ci se - t - il, mon t ra nt/a i ns i que
cette alliance n'a rien de compara-
ble à la valeur sociale dont est in-
vestie la première.
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- 456 -
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l, :
, 1 ajoutant deux chambres. Il remplace
le chaume par des tôles, ce qui sera
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j fai t auss i chez Feï ssou un an plus
tard.
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1963
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1969 : Les frères entreprennent de
détruire la case de Feïssou et com-
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en semi-dur (1), de plus grande su-
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perficie et recouverte de tôles. On
remarque l'aménagement d'une pièce
d'accueil réservée aux visiteurs de
la concession. Parallèlement, le
~ ( poids social de Feissou s'est accen-
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de briques et terre séchée, toit de
chaume qui sera couvert de tôle en
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On remarque que le salon de Feïssou
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servant de terrasse.
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- 459 -
1983 : Il n'est pas ini ntéressant de noter que cette concess i on vi ent
de faire l'objet d'une demande d'immatriculation à la direction du
cadastre (1); le délégué chargé par les frères de cette procédure en
est Nagaï. Celui-ci occupe un emploi salarié, comme secrétaire au
Ministère des Anciens Combattants, qui le rend selon les aînés plus à
même que d'autres de répondre aux exigences des divers personnages
administratifs chargés de leur affaire et de limiter les gratifi-
cations inséparables de ces démarches.
Malgré la densification de l'habitat, cette concesssion reste
remarquablement aérée et disponible spatialement, ce qui n'est pas
partout le cas, y compris dans ce quartier (2). Les quatre unités
familiales y offrent une capacité interne de mouvement, autour de
leurs feux spécifiques et des cuisines de chacune des épouses. Mais
elles ont aussi leurs lieux d'interpénétration et de collaboration
dont certains sont fixes et d'autres liés à la nature des activités,
au moment de la journée et à l'identité généalogique et sexuelle des
personnes présentes. Il est trois axes qui permettent de cerner plus
particulièrement ce fonctionnement spatial des rapports familiaux, au
sein d'une concession de ce type: l'intensité qualitative, mais aussi
quantitative des échanges verbaux et tout ce qui entoure la pratique
de la parole; les usages alimentaires et l'organisation de la prise
des repas; la façon dont s'aménagent les associations de travail,
qu'elles soient domestiques, agricoles, commerciales ou artisanales.
Or, on constate que pour ces troi s temps de vi e, il y a un recoupe-
ment, la latitude d'être et de se mouvoir d'un individu dans une
concession étant sous-tendue par l'organisation des rapports sociaux,
en l'occurence la situation généalogique, l'âge et le sexe.
Il existe un droit sur les espaces qui est parfaitement défini dans le
système des relations socio-familiales, au niveau des occupants de
chacun des Toua (indépendance de l'intimité et de la sexualité, lieux
de toilette~ repos et de soins; endroit privilégié pour la prépara-
tion des repas .•.), de même qu'au niveau de leurs rapports en tant que
participant ~ une même dynamique ,patiale, celle du nugara (cour oD la
boule de mil et de manioc et le 'plat de "sauce" sont partagés, jardin
que cultivent femmes, fillettes et éventuellement des garçonnets,
manguier oD se réunissent longuement les hommes ••. ).
Regardons maintenant vivre l'un des personnages de cette conces-
sion. Il s'agit de Fio, fille de Feïssou, qui a 17 ans, et pour
laque 11 e aucune dém arche matri moni ale si gnifi cative ne paraît avoir
été effectuée pour l'instant. Le point charnière de sa vie est consti-
tué par ce Nugara paternel, oD elle assume une grande partie de sa vie
économique et sociale. En effet, bien qu'elle continue, après quel-
ques années de scolarisation, à fréquenter un établissement technique
de façon épisodique, ses occupations principales consistent plutôt à
aider sa mère à la maison,au jardin et au champ, ainsi qu'~ faire du
commerce. Comme la majorité des Massika de Bangui (1), elle a une
certaine autonomie pour mener ses opérations commerciales
personnelles:fabrication et vente de beignets. Mais cette réelle
faculté d'autonomie qui fait qu'elle organise cette activité et en
conserve le bénéfice n'est indépendante pour elle ni de l'espace ni
des relations qu'elle entraîne. Elle est tenue de l'effectuer au sein
de la concession paternelle si elle est seule, et n'est autorisée à se
déplacer pour vendre qu'à condition qu'elle le fasse en compagnie des
parents, e~ dans le quartier. Cette limite géographique nintra-
urbaine" correspond au côté de la route de Ndress qui vient limiter le
quartier Gbafio. Pour éviter tout problème, Fio mène ses affaires
selon les règles, en association avec deux filles de son âge, enfants
de sa tante paternelle, elle-même jumelle de son propre père, qui
résident dans un nugara très p.foche de celui de Fio. Son utilisation
de la ville est donc de bien nette, et l'espace prioritaire pour elle
est bien la concession. Elle y vit beaucoup plus que ce qui est
nécessaire ~ sa stricte reproduction quotidienne, élément d'un univers
humain qui ne se partage pas ce même lieu en même temps. On constate
par exemple que les endroits dont Fio peut avoir une continuelle
jouissance quel que soit l'état des présences dans la concession sont
principalement: l'un des coins les plus retranchés de la terrasse, son
lit, une place sous l'un des arbres fruitiers plantés derrière la
maison, à proximité de la cuisine attribuée ~ la femme de son oncle.
Les autres lieux ne sont occupés par elle qu'inhabituellement, et leur
usage éventuel reste soumis aux lois gérant pour elle le droit social
à l'espace.
ANNEXE
PRESIDENT DU GOUVERNEMENT
LE PRESIDENT A VIE DE LA REPUBLIQUE
Vus les actes constitutionnels N° 1 et 2 des 4 et 8 janvier 1966 ;
Vu le décret n° 76186 du 4-4-76 fixant la composition du Gouvernement
et portant désignation de ses Membres;
Et le conseil des Ministres entendu,
ORDONNE
Article premier.- Pour compter de la date d'ouverture de la présente
ordonnance, l'édification de nouvelles constructions à usage d'habita-
tion de type traditionnel est formellement interdite dans le péri-
urbain de la Commune de Bangui.
Art. 2.- Les constructions à caractère semi-définitif dont les
toitures sont recouvertes de tôles, tuiles ou de tous autres matériaux
à l'exception de chaume, de tuiles de bambou etc... sont autorisées.
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- 465 -
CONCLUSION :
BILANS THEORIQUES ET PERSPECTIVES
E. LE BRIS
A. MARIE
A. OSMONT
A. SINOU
- 469 -
(1) Cela n'exclut pas que, d'un point de vue méthodologique, l'espace
puisse être considéré comme une surface finie, mesurable et codifiable
(en particulier par la carte). Une telle démarche, située à un stade
intermédiaire de l'analyse, ne peut que contribuer à enrichir le
corpus d'hypothèses explicatives des processus de production
spatiale.
- 470 -
A - PRATIQUES D'APPROPRIATION.
Elles sont chronologiquement premières, même si, dans de
nombreux cas, la production immobilière précède une longue phase de
consolidation de l'appropriation. Ces pratiques d'appropriation condi-
tionnent les autres pratiques de l'espace habité,mais aussi (A. Os-
mont) les représentations de l'urbain. La plupart des études de cas
réservent d'ailleurs une large place à cette catégorie de pratiques et
les auteurs s'accordent pour reconnaître que, au-delà de la dimension
juridique, largement valorisée par la doctrine et la pratique étati-
ques, le foncier est, avant tout, un rapport social. La terre d'une
manière générale, mais aussi le sol urbain, constituent en tant que
condition de la reproduction biologique et sociale un enjeu capital
des pratiques et des stratégies; son contrôle, sa répartition, ses
usages, son transfert, impliquent l'existence d'une régulation plus ou
moins contraignante. On retrouvera certes au fil des études "une
conception de la nature appropriée qui, combinée avec une certaine
conception de la vie sociale fondée sur l'individualisme, se traduit,
dans le Code Civi l, par un type donné de projection au sol des rap-
ports sociaux, une organisation particulière de l'espace, objet valo-
risé et reflets d'un système de valeur" O, Pourtant, d'autres inter-
prétations, pourtant, survivent à l'échelle locale, générant, par leur
confrontation avec la conception civiliste des conflits parfois très
vifs. Observons, par ailleurs, que la conception étatique du foncier
comme objet autonomisé, justiciable des seules interventions techni-
ques et réglementaires, diffère profondémment d'autres acceptions du
terme "appropriation" associant les pratiques réelles, les processus
cognitifs et les processus affectifs.
( ) E. Le Roy, in: Enjeux fonciers en Afrique Noire, Paris, Orstom,
Karthala, 1982.
- 472 -
pourtant observer que les rapports d'alliance sont très instables, tel
chef de terre influent pouvant se retourner contre un Etat trop
entreprenant dans le secteur urbain.
Les pratiques de répartition interne du sol ne sont pas moins
complexes. La logique du morcellement selon une trame géométrique
paraît llemporter sur toute autre logique mais la plupart des auteurs
constatent que les pratiques de répartition sont aussi fonction de
rapports familiaux complexes et de relations de clientèle. Les prati-
ques d'appropriation dans le cadre du nuwei sont considérées à Bangui
comme un moyen de sauver le patrimoine familial; à Lomé, sauver l'in-
tégrité du patrimoine familial reste le moyen par excellence de garan-
tir la cohésion du groupe contre des forces centrifuges de plus en
plus pressantes. Lorsqulil est devenu impossible de résister, on
s'arrange presque toujours pour conserver en indivis une partie du
patrimoine: maintenir la "grande maison familiale" est ainsi un
compromis syncrétique entre propriété coutumière, support de la famil-
le étendue, et propriété privée (Marie).
En matière de transfert des droits,le passage du statut de terre
rurale à celui de sol urbain slaccompagne de conflits parfois aigUs
entre les principes de filiation matrilinéaire et patrilinéaire. Au
Sénégal, la religion musulmane renforce ce type de conflit en intro-
duisant le droit au partage et en privilégiant la filiation paternelle
(Os mont). Même en dehors de toute interférence re li gi euse, la
transmission patrilinéaire tend à devenir prééminente en ville et
r env 0 i e les l i gnée sutér i ne s dan sun st atut ·S econ d san s pou r au tan t
les éliminer complètement. Marie voit là un compromis entre llancienne
logique pré-capatiliste dlaccumulation de dépendants (compatible avec
une combinaison filiation matri-linéaire/patrilocalité) ,et une logi-
que dlaccumulation capitaliste. Dans la plupart des cas étudiés,
l'enjeu foncier et immobilier entretient et amplifie les clivages
structurels entre agnats et utérins mais aussi entre utérins issus de
filles et utérins issus de soeurs.
l'accueil; non moins étonnante est cette capacité à vivre ensemble que
manifestent des individus de statuts fort différents aussi bien dans
les hiérarchies lignagères que dans les stratifications socio-
professionnelles.
L1espace de la cour, s'il permet et signifie le rassemblement,
peut aussi se découper de manière invisible par un jeu dialectique de
llunion et de la désunion à l'intérieur même du groupe familial. Il
eut été intéressant, dans le même ordre d'idées, d'étudier plus
systématiquement la population des locataires. Plusieurs monographies
évoquent les rapports difficiles entre propriétaires et locataires
(Gibbal, Sinou, Poitou) mais, à Lomé, Le Bris et Marie n'observent pas
de rapports conflictuels, même si apparaissent les signes d'une réelle
ségrégation dans les usages de l'espace au détriment des locataires et
d'un entassement plus important de ceux-ci.
b) Paradigmes dominants
Les cinq oppositions paradigmatiques que nous avons relevées
pour caractériser les villes étudiées ne sont en aucun cas l'illustra-
tion d1une approche dualiste. Au contraire, ces oppositions sont
exemplaires en ce qu1elles disqualifient les binômes figés du type
traditionnel-moderne.
La dialectique du clos et de l'ouvert joue de manière particuliè-
rement déconcertante.~spacE!de la concession se présente bien
(contrairement aux espaces habités européens) comme un espace ouvert
oD "tout se déroule dans le champ du regard et de la parole des
autres" (Marie) mais des espaces semi-privatisés sly trouvent
circonscrits sans délimitations matérielles autres que la disposition
des bâtiments. Cette semi-privatisation se lit également dans les
phénomènes de circulation à l'intérieur des concessions et entre
concess ions mitoyennes;pour passer d'une pièce à l'autre, on doit, le
plus souvent, passer par "l'extérieur" (dont on finit par se demander
s'il mérite bien son nom) (Le Bris). La dialectique du clos et de
l'ouvert recouvre en partie l'opposition intérieur-extérieur illustrée
par Gnassounou (cité par Le Bris) à propos de certaines concessions à
deux cours: l'une tournée vers l'extérieur, donnant sur l'entrée
principale est à usage semi-public (réception, parade, cérémonie),
tandis que l'autre (intérieure) plus intime, est quotidiennement ani-
mée par les femmes et les jeunes enfants.
Cette opposition du clos et de l'ouvert renvoie donc également à
l'opposition privé-public, vécue dans les villes africaines d'une
toute autre manière qu'en Europe. La compréhension de cette différence
passe évidemment par l'analyse des pratiques d'appropriation (cf.in-
fra). Sinou constate que les limites de la parcelle ne sont pas une
contrainte pour le bâti ni, a fortiori, pour la vie familiale et
sociale. Marie éclaire le propos en décrivant llenvahissement périodi-
que des rues et des places de Lomé par les cérémonies de funérailles
(tout au plus doit-on aujourd'hui solliciter l'accord des autorités
municipales). Osmont, à Dakar et Rufisque, évoque également cet "es-
pace de la fête" qui transgresse régulièrement les limites du domaine
privé.
- 476 -
A) DETERMINANTS PHYSIQUES
C) DETERMINANTS ECONOMIQUES
D) DETERMINANTS POLITICO-JURIDIQUES
( ) Cf Le Bris, p. 201.
- 484 -
le quartier
Le petit Robert propose plusieurs définitions du quartier :
"1° division administrative d'une ville; parie d'une ville ayant sa
physionomie propre et une certaine unité.
- 486 -
le quartier -ancien-
le terme ancien est généralement utilisé pour qualifier les lieux
où la population urbaine s'est installée sans avoir à respecter les
réglementations coloniales d'occupation du sol du fait par exemple de
l'ancienneté de l'implantation des habitants dans le site. les allian-
ces contractées entre les premières administrations coloniales et
cette population afin d'occuper les lieux et la reconnaissance en
vertu du droit français de l'occupation effective de ce sol par les
autochtones ont permis à ces communautés de conserver partiellement ou
totalement leurs droits fonciers et de produire un espace dans la
ville en fonction de leurs us et coutumes, qui diffère radicalement de
celui produit par les édiles coloniaux. Ces lieux sont ceux ou cer-
tains lignages, certaines ethnies, voire certains groupes sociaux
particuliers, des commerçants par exemple, conservent la maitrîse du
sol et de ce fait, de son peuplement.
Ces quartiers posent problème aux édiles aujourd'hui, dans la
mesure où ils ne s'accordent guère avec les réglementations urbanisti-
ques : les rues sont étroites et ne permettent pas le passage de
véhicules; la trame qui ne respecte pas les régularités géométriques
rend difficile ou plus coûteuse l'installation de réseaux d'assainis-
sement, d'adduction d'eau ou d'électricité. La puissance des notables
locaux font que les droits fonciers ne sont pas définis en fonction du
droit officiel mais se réfèrent à d'autres pratiques (droit musulman,
droit "coutumier"); les travaux des chercheurs dans le domaine foncier
urbain ont montré comment les usages en cette matière constituent des
systèmes complexes qui se réfèrent tantôt à un type de droit tantôt à
un autre, sans qu'il soit possible de définir de manière générale
lequel prédomine.
Enfin, les rapports fonciers et les pratiques spatiales de ces
habitants qui ne sont pas soumis de manière aussi contraignante que
les habitants des lotissements aux réglementations urbanistiques,
produisent des paysages urbains eux aussi peu conformes à l'esthétique
hygiéniste et géométrique occidentale. leur description fait souvent
appel à des figures de discours,Dl es ruelles étroites et tortueuses",
la densité "incroyable" des constructions et de la population - qui
rappellent les descriptions de l'habitat villageois africain par les
premiers explorateurs européens.Les densités élevées, l'absence de
réseaux d'assainissement qui peuvent poser parfois de réels problèmes,
sont sys témat i quement dén i grés par l es uns, tand i s que l es autres,
plus romantiques s'extasent devant ces formes spatiales originales,
signes d'une primitivité merveilleuse, alors que ces lieux se sont
développés le plus souvent pendant plusieurs dizaines d'années dans le
contexte colonial et ne sont pas des isolats ruraux dans la ville.
la référence villageoise qui se fonde dans des paysages où peu-
vent encore apparaître des huttes de paille et dans les relations
étroites (alliances religieuses, économiques) qui unissent les habi-
tants ne saurait suffire pour rendre compte de quartiers qui consti-
tuent souvent les plus anciens noyaux d'urbanisation et dont l'écono-
mie de la population appartient à part entière à l'économie urbaine
(A. Marie). Quant à la structuration de l'espace, si elle est marquée
- 489 -
Le quartier loti
Comme son nom l'indique, ce lieu résulte d'une opération de
lotissement, qui constitue dans les villes africaines francophones, le
principal outil opérationnel des politiques urbanistiques. L'origine
de ces quartiers donc liée à une décision de l'appareil d'Etat qui
généralement lotit une portion de l'espace urbain afin d'accueillir
les nouveaux citadins et d'éviter qu'ils n'occupent le sol selon
d'autres modalités. Cette procédure instaurée avec la colonisation
reste en vigueur aujourd'hui et est une des raisons de la monotonie
des paysages urbains ou du moins des plans d'urbanisme composés essen-
tiellement de grilles orthogonales de rues enserrant des carrés
regroupant lors de la fondation du lotissement, généralement quatre
parcelles.
- 490 -
Le quartier spontané.
Si les quartiers traditionnels et les quartiers lotis constituent
des figures déjà anciennes de l'urbanisme des villes africaines, le
quartier spontané est une création relativement récente, lié à l'aug-
mentation du taux.d'accroissement de la population en Afrique, qui se
manifeste à partir des années 1945 et qui prend particulièrement
d'ampleur après 1960. Les populations rurales émigrantes de plus en
plus nombreuses n'ont pas les moyens d'acquérir des parcelles loties,
rares et coûteuses, et après un séjour dans l es centres vi 11 es chez
des parents ou comme locataires, émigrent dans les périphéries ur-
ba i nes, à l a recherche d'une port i on de so l accordée à leurs moyens
financiers. Tel est le mode principal de peuplement des quartiers
périphériques où résident aussi des citadins installés dans la ville
depuis plus longtemps et qui se sont déplacés du centre vers ces
périphéries où ils occupent des parcelles de plus grande taille. De
fait ces lieux accueillent majoritairement voire exclusivement des
couches peu fortunées, néanmoins les populations urbaines les plus
défavorisées économiquement n'y résident pas nécessairement mais pré-
fèrent demeurer à proximité des zones économiques généralement situées
en centre ville, en étant locataires dans des concessions.
La population des quartiers spontanés, si elle se caractérise par
une certaine homogénéité de revenus économiques ne présente générale-
ment pas d'autres traits sociaux communs comme l'appartenance à une
même ethnie où le fait de provenir d'une même région.
L'espace de ces quartiers diffère fondamentalement de ceux préce-
demment étudiés, que ce soit dans son statut foncier où dans son
paysage. Ce type d'urbani sati on n'est pas menée par l'apparei l d'Etat,
comme le lotissement, d'où sa qualification abusive de "spontanée". Si
elle est effectivement l'oeuvre des habitants, elle se déroule selon
certaines règles où interviennent des acteurs bien précis et dont
profitent certains groupes sociaux particuliers, "chefs traditionnels"
s'arrogeant la gestion et la distribution du sol, mais aussi
- 492 -
La gestion du sol.
opérati ons, la pui ssance des lignages ou des groupes parti cul i ers qui
contrôlent ces lieux sera sans doute réduite mais ne pourra pas être
dissoute. Leur clientèle ira progressivement en s'amenuisant dans la
mesure où les habitants n'auront pu à bénéficier de la protection
des notables locaux pour y résider. Cependant ceux-ci pourront encore
marquer leur puissance dans d'autres domaines (trouver un travail etc)
dont ils peuvent faire profiter leurs dépendants. Enfin, si ces noyaux
anciens, souvent situés aujourd'hui en centre ville sont amenés à
disparaître, ils sont remplacés par d'autres noyaux villageois situés
dans les périphéries qui sont peu à peu englobés dans la ville du fait
de son extension et où les propriétaires coutumiers du sol et les
anciens habitants peuvent faire valoir leurs droits fonciers et béné-
ficier de l'urbanisation si les institutions étatiques ne sont pas
assez organisés pour produire des lotissements.
Quant aux quartiers lotis qui sont les "modèles" d'urbanisation,
ils constituent une part de moins en moins importante de l'espace
urbain. L'administration n'a souvent pas les moyens financiers et
parfois pas l'intention de produire ce type d'opération, coûteuse,
destiné à des couches sociales dont elle se désinterresse, et ne
pouvant, étant donné le taux d'accroissement de la population urbaine,
ne concerner qu'une infime minorité des citadins. Aussi les quartiers
lotis bénéficiant d'équipements et d'une voirie de qualité, seront de
moins en moins nombreux dans l'ensemble de l'espace urbain, et seront
concentrés dans les centres des villes, quand ils ne le sont pas déjà.
Les quartiers spontanés représentent contrairement aux deux
autres types, l'élément le plus dynamique de l'urbanisation aujour-
d'hui; leur originalité est à la fois dans leur statut, leur aspect et
leur rapidité de croissance. Aucune instance politique quelque soit le
pays n'a pu freiner leur développement et ils constitueront de plus en
plus le principal mode de développement de la ville: ces banlieues
dortoirs se distinguent et se distingueront en deux catégories:
celles qui sont laissées à la libre initiative des habitants et des
spéculateurs risquent de devenir des bidonvilles et peuvent être à
long terme détruites; en revanche les quartiers "restructurés" où un
minimum de voirie et quelques équipements sont créés, où les habitants
acquièrent un lot foncier seront tôt ou tard légalisés. La restructu-
ration devient une opération de lotissement à bas prix, une institu-
tionnalisation de la pauvreté, mais se traduit généralement aussi par
le départ vers des quartiers encore plus éloignés des groupes sociaux
les plus défavorisés.
Conclusion.
Oe la notion de quartier qui évoque en France, une sociabilité
aimable, nous avons évolué en étudiant ces villes africaines vers une
approche des modes d'urbanisation et des modes de gestion du sol. La
nouveauté de ces villes et leur extension si rapide ne permet sans
- 497 -
(1) Cf. Comhaire : "1 a famille étendue demeure une institution néces-
saire pour des motifs de sécurité et d'éducation". (Cité par Gutkind
"African family l ife", Cahi ers d'études africaines, vol. Il 1 1962).
- 501 -
(1) D'un usage en vigueur qui, selon les villes et les pays,
s'établissait à un minimum de 400 m2 par parcelle pour aller jusqu'à 1
000 m2, parfois plus, on est arrivé assez vite à une "norme" officiel-
le de l'administration, établie à plus ou moins 200 m2.
(2) Dans une enquête réalisée auprès d'un échantillon de 104 proprié-
taires occupants de parcelles assainies dans l'opération de la Banque
Mondiale à Dakar, A. Osmont a relevé (enquête 1983) un nombre moyen de
12,5 habitants par parcelle, plus élevé que les 10 prévus dans le
projet. Les maisons ayant à l'époque en moyenne 3, 7 pièces, le taux
d'occupation par pièce est de 3,38 personnes ce qui représente un taux
d'occupation élevé.
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