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La Peur D'enseigner
La Peur D'enseigner
P REMIÈRE PARTIE
pédagogie, 15
D EUXIÈME PARTIE
Conclusion.
Si nous voulons en finir avec la peur d’enseigner 151
1. Redonnons un rôle majeur à la culture et au langage 151
2. Ne laissons pas les passéistes agiter les trois malentendus
qui empêchent l’école d’évoluer 152
Premier malentendu : L’expression, l’intérêt, le groupe...
pour expliquer l’absence de rigueur et d’autorité, 152 •
Deuxième malentendu : L’impérialisme du manque pour
expliquer l’échec scolaire, 153 • Troisième malentendu :
La classe hétérogène pour expliquer les
dysfonctionnements du système, 153
3. Valorisons la formation et la réflexion sur la pratique
pédagogique 154
Bibliographie 155
Périodiques 158
Index 159
Avant-propos
Et si la peur d’enseigner
était normal ?
RECONNAÎTRE LE RÔLE
NÉFASTE DE LA PEUR
D’ENSEIGNER DANS
LA TRANSMISSION
DES SAVOIRS
Chapitre 1
Savoir reconnaître
un professeur touché
par la peur d’enseigner
De quoi parlent deux professeurs qui ont peur d’enseigner quand ils
se rencontrent ?
• des élèves impossibles à gérer ;
• des parents qui démissionnent ;
• des moyens insuffisants ;
• des directives de la hiérarchie qui ne prennent pas en compte la
réalité du terrain.
Chapitre 4
D ES PROFESSEURS ENCOURAGÉS
AU CONFORMISME
L’enseignement est plutôt touché depuis une dizaine d’années
par un courant rétrograde qui bloque les initiatives des professeurs
4. L ES CAUSES DE LA PEUR D ’ ENSEIGNER 19
Une formation
indigente
Une équipe
inexistante
Une réflexion
sur la pédagogie
insuffisante
Une pédagogie
qui néglige l’intérêt
des élèves
Des réponses
inappropriées
à la difficulté
d’apprentissage
Un souci
du résultat immédiat
Une dévalorisation
des savoir-faire
pédagogiques
Peur d’enseigner
De qui s’agit-il ?
Des 15 % de jeunes gens qui sortent chaque année de notre
école sans maîtriser les savoirs fondamentaux. Bien que leur
problème devant les apprentissages ait été repéré dès l’âge de
7 ans, bien qu’ils aient eu droit, au fil des années, à des aides
personnalisées et à des soutiens en groupe répétés, leur parcours
scolaire a été un véritable chemin de croix :
Pierre
Je terminerai par un exemple qui selon moi résume assez bien mes
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
propos.
Au début de l’année 2010, j’ai vu arriver à ma consultation privée de
psychopédagogie un jeune garçon de 10 ans, Pierre, accompagné
de sa mère. Il venait me voir pour un trouble majeur de l’écriture.
En effet, Pierre était alors en CM2 et n’écrivait pas ou seulement
quelques mots et uniquement phonétiquement. Il n’appliquait bien
entendu aucune règle de grammaire.
Le passage en 6e ordinaire paraissait impossible pour un garçon par
ailleurs brillant à l’oral, vif d’esprit, sympathique et plein d’humour.
L’arrivée du trouble a été évidente dès le cours préparatoire ; même
si Pierre a pu apprendre à lire comme les autres, jamais il n’a voulu
ou pu écrire.
La mère, qui est elle-même institutrice, en est désolée et inquiète. Elle
me dit que le diagnostic est évident et confirmé par plusieurs grands
spécialistes : c’est une « dyslexie visuo-attentionnelle grave ». J’ai pu
30 R ECONNAÎTRE LE RÔLE NÉFASTE DE LA PEUR D ’ ENSEIGNER
Peur d’apprendre,
peur d’enseigner,
le couple infernal
Pour s’en défendre ils vont monter d’un cran dans leur opposi-
tion et mettre en place des stratégies anti-apprentissages qui vont
les protéger définitivement de ces professeurs qu’ils vivent comme
des persécuteurs.
Nous les voyons alors arriver dans la forme dure de la peur
d’apprendre caractérisée par de « l’empêchement de penser ».
C’est un verrouillage de la pensée pour ne plus avoir à rencontrer
le doute et ne plus être confronté à l’élaboration intellectuelle qui
dérange. Il se caractérise par trois défauts majeurs et graves :
• la phobie du temps de suspension marquée par le refus d’entrer
dans le moment d’incertitude qui va avec l’apprentissage. Les
36 R ECONNAÎTRE LE RÔLE NÉFASTE DE LA PEUR D ’ ENSEIGNER
Même avec
l’entraînement supplé-
mentaire, le message ne
passe toujours paset les
troubles du comporte-
ment s’aggravent. Le professeur sanctionne
les comportements dépla-
cés et continue à courir
derrière les déficits.
Comment peur
d’apprendre et peur
d’enseigner
s’entretiennent ?
Le conformisme de pensée
L’association immédiate
C’est un autre moyen de plus en plus utilisé par les enfants pour
se défendre de la peur d’apprendre. Il consiste à aller vite et à
7. P EUR D ’ APPRENDRE ET PEUR D ’ ENSEIGNER S ’ ENTRETIENNENT 41
Le besoin de certitude
Cette fois l’apprentissage ne peut se faire que dans la maîtrise
et le contrôle. Le fonctionnement mental se rigidifie. Le fait de
ne pas savoir devient déjà une remise en cause excessive qui se
retourne en contestation plus ou moins violente du cadre.
42 R ECONNAÎTRE LE RÔLE NÉFASTE DE LA PEUR D ’ ENSEIGNER
U N COMPORTEMENT DÉPLORABLE
QUI GÈNE LA CONDUITE DU GROUPE
« Non seulement ils n’apprennent pas, mais en plus ils bougent
et empêchent les autres de travailler. » Voilà ce qui est souvent dit
d’eux. Pourquoi les élèves résistants à l’apprentissage sont-ils si
souvent agités et instables ?
C’est le manque d’intérêt pour ce qu’il leur est proposé diront
ceux qui expliquent ce comportement par la démotivation et la
déception de ne pas être à la hauteur. Les échecs répétés ont laissé
des traces. Comment trouver la motivation nécessaire à l’étude
lorsque l’écart se creuse encore et toujours entre soi et les autres ?
Comment garder une image de soi positive lorsque les échecs et
les vexations s’enchaînent dès que vous mettez le pied à l’école ?
La voie la plus simple et la plus utilisée est encore de rejeter et
de mépriser ce à quoi l’on n’a pas accès et qui vous fait souffrir.
Bouger, s’agiter, ne plus participer est sans doute la première
forme de la contestation.
C’est le manque de concentration diront ceux qui voient dans
cette agitation une maîtrise insuffisante de l’impulsivité, qui
expliquerait cette fuite devant le temps de la réflexion. Les mots
hyperkinésie, hyperactivité, instabilité psycho motrice, laissent
même envisager une cause organique et ouvrent la porte à une
aide médicamenteuse.
L’observation régulière des enfants agités et instables en situa-
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C OMMENT S ’ Y
PRENNENT DES ÉLÈVES
QUI ONT PEUR D ’ APPRENDRE
POUR ALIMENTER LA PEUR D ’ ENSEIGNER
Peur d’enseigner
1. Une pédagogie
qui veut combler 2. Une pédagogie
les lacunes d’emblée qui veut d’abord socialiser
en cultivant en cultivant
mains ou de faire des dessins sur une feuille pendant l’écoute, leur
implication est évidente.
C’est la première bonne surprise, le plaisir réel et l’intérêt
visible d’élèves qui sont dans l’empêchement de penser, pour
ce temps du nourrissage culturel.
Par contre, il arrive que des élèves ayant un comportement
scolaire adapté, qui réussissent plutôt bien dans les apprentissages,
aient du mal à entrer dans un monde de représentations qui
mobilisent leurs affects. Ils vont se protéger en n’écoutant pas.
Pour autant il ne faut surtout pas penser que l’exercice ne leur
convient pas. Ce type de travail est de la plus grande utilité
pour leur réussite intellectuelle future. Il va les aider à enrichir
leur mode de fonctionnement devant les différentes formes de
l’apprentissage et à sortir d’un conformisme de penser qui les
limite même quand les résultats sont honorables. Cette coupure
qu’entretiennent certains enfants entre leurs affects et leur monde
représentatif d’abord, entre leur monde représentatif et les savoirs
proposés en classe ensuite, pour pouvoir réussir, n’est pas de bon
augure pour la suite des études.
Autre indication non négligeable, qui va aussi compter dans
l’évaluation de cette capacité à l’écoute active, c’est la qualité
de la lecture à haute voix du professeur. Ici aussi rien n’est
donné d’emblée, chacun doit repérer ses propres points faibles
et chercher à les améliorer.
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TROIS CHANGEMENTS
PÉDAGOGIQUES
MAJEURS
pour diminuer la peur d’enseigner
et remonter le niveau de l’école
Premier changement
Retrouver l’esprit
d’initiative et de liberté
qui doit inspirer
la pédagogie
1. E N FINIR AVEC LA PEUR DE LA HIÉRARCHIE
Le professeur ne saurait être un simple exécutant
« Le professeur ne saurait être un simple exécutant. Le choix
des méthodes et des démarches relève intégralement de sa res-
ponsabilité. [...] À partir des objectifs nationaux il doit inventer
et mettre en œuvre des situations qui entraînent la réussite de ses
élèves. »
« Il appartient aux enseignants et aux équipes de s’emparer
résolument de cette liberté nouvelle qui est la reconnaissance de la
qualification, du savoir-faire et du professionnalisme que montrent
chaque jour les enseignants et les directeurs d’école. »
Où suis-je aller chercher ces propos qui incitent les professeurs
à prendre des initiatives et à adapter leur enseignement aux élèves
68 R ETROUVER L’ ESPRIT D ’ INITIATIVE ET DE LIBERTÉ
prendre pour faire admettre la règle à celui qui n’a pas été initié
à la frustration dans sa famille ? Comment va-t-il faire attendre
celui qui veut tout, tout de suite ? Comment va-t-il faire réfléchir
celui qui utilise le passage à l’acte pour fuir la pensée, etc.
Face à ces problèmes complexes, qui se posent à chaque cours,
il est bien évident que des principes rigides ne vont provoquer que
du rejet, du blocage, de l’opposition ou du décrochage.
Philippe Meirieu dans ses ouvrages nous a montré avec beau-
coup de rigueur et de finesse, le rôle de la relation, de l’énigme,
de l’intérêt, de l’autonomie, du groupe... pour créer des conditions
propices à l’apprentissage et à la pensée, sans brader les savoirs.
Depuis quelques années, sans que l’on comprenne bien pour-
quoi, il est l’objet d’attaques féroces, relayées parfois par les
médias. À tel point que certains parents que je rencontre en font
le champion de la démagogie et de la chute de l’orthographe.
Lorsque je les questionne sur l’origine de ces informations,
ils me disent très simplement avoir lu un article sur l’école paru
dans un journal ou un hebdomadaire au moment de la rentrée des
classes.
C’est sans doute plus simple de caricaturer une pensée, plutôt
que de reprendre et d’analyser des idées dont nous aurions le plus
grand besoin pour donner une vraie formation aux professeurs et
pour réduire les effets néfastes de la peur d’enseigner.
3. N E PAS LAISSER PERVERTIR LA PÉDAGOGIE
PAR LES ÉVALUATIONS
L’évaluation fait partie des processus
de transmission
Soyons clair, il n’y a pas de pédagogie sans évaluations.
J’ai travaillé toute ma carrière avec des élèves en difficulté et il
ne me serait jamais venu à l’idée de me passer de cet outil.
Dès nos premières rencontres, j’ai toujours voulu savoir où
en étaient mes élèves de leur parcours scolaire. J’ai toujours
voulu repérer leurs acquis, leurs lacunes comme leurs stratégies
d’apprentissage. J’ai rapidement compris l’intérêt de séparer dans
cette évaluation, les connaissances acquises et les moyens dont
ces enfants disposent pour les conquérir et les maîtriser. J’ai aussi
76 R ETROUVER L’ ESPRIT D ’ INITIATIVE ET DE LIBERTÉ
L’exemple du Mexique
Le premier livre que j’ai écrit, L’enfant et la peur d’apprendre, fut traduit
en espagnol dès l’année suivante par le fondo de cultura argentin.
À ma grande surprise, dans les mois qui suivirent, 40 000 exem-
plaires furent vendus en quelques semaines au Mexique. En fait,
il était devenu un ouvrage référence, conseillé très fortement aux
professeurs des classes élémentaires, par le Ministère.
Lorsque j’ai été invité à aller faire une série de conférences à
Mexico pour promouvoir l’ouvrage, les responsables du ministère de
l’Éducation m’ont expliqué pourquoi ils avaient fait ce choix. « Vous
conseillez d’appuyer les apprentissages sur l’utilisation de grands
textes, c’est une bonne idée pour faire travailler les enfants et leur
donner envie d’apprendre, mais si nous avons choisi de privilégier
la lecture de votre livre, c’est parce que nous pensons que cette
démarche est encore plus utile pour les adultes qui enseignent. Au
Mexique, nos professeurs ne sont pas tous cultivés et leur enseigne-
ment devient vite ennuyeux et sans âme, pour leurs élèves comme
pour eux-mêmes. L’utilisation de textes fondamentaux, surtout que
nous en avons beaucoup dans notre patrimoine national, devrait les
aider à sortir de ce marasme. »
Je n’avais pas pensé aux professeurs en faisant le choix de ces média-
tions, mais avec le recul que me donnent mon expérience personnelle
et celle d’équipe que je vois s’engager sur ce chemin, il me paraît
de plus en plus évident que l’image d’un adulte passionné et engagé
dans la pensée est le meilleur ressort de l’action pédagogique.
5. P ROFITER DES RECOMMANDATIONS
DU SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES
ET DE COMPÉTENCES
Des objectifs qui ne négligent plus
les compétences et les attitudes
« Développer l’esprit critique, permettre l’accès à la culture,
stimuler la curiosité et la créativité, aidé à exprimer sa pensée au
plus juste de ses intentions, donner la conscience de l’universel,
aider les élèves à devenir des citoyens actifs et responsables... »
Et si les propositions contenues dans le socle annonçaient la
révolution pédagogique que nous sommes nombreux à attendre ?
Et si les propositions contenues dans le socle, permettaient enfin
que soit pris en compte dans le travail pédagogique la nécessité
86 R ETROUVER L’ ESPRIT D ’ INITIATIVE ET DE LIBERTÉ
En nous engageant dans cette voie, nous allons constater que ces
besoins qui sont essentiellement au nombre de cinq, deviennent
des ressorts formidables pour dynamiser la pédagogie et relever le
défi de la classe hétérogène.
Quelques semaines suffiront pour vérifier que nous tenons là
le moyen d’éviter la marginalisation des plus faibles, de relancer
l’intérêt des meilleurs. Mais aussi, et c’est sans doute ici que le
changement en profondeur va se réaliser, de donner aux profes-
seurs des outils pour se débarrasser de la peur d’enseigner dans
une classe où se trouvent des élèves qui n’ont pas toujours le
comportement ou le niveau requis pour répondre aux exigences
des programmes.
En quoi consistent les besoins des empêchés de penser pour se
réconcilier avec l’apprentissage ?
Comment peut-on y répondre dans la classe ?
Quels sont les changements à faire ?
Quels sont les impératifs de cette nouvelle pédagogie ?
Comment peut-on évaluer ses effets sur l’ensemble des élèves
de la classe et surtout sur les meilleurs d’entre eux ? Ne seraient-il
pas les sacrifiés de cette pédagogie qui ambitionne de se donner
les moyens de traiter avec les plus démunis ?
C’est ce que nous allons voir maintenant, en commençant par
présenter les cinq besoins fondamentaux des empêchés de penser
pour se remettre à fonctionner dans la classe et en montrant
comment ils peuvent être utilisés pour sortir du conformisme
pédagogique qui entretient l’échec scolaire.
U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE 93
son cours par un message qui rassemble et qui peut être repris par
chacun.
La pédagogie différenciée ne peut être efficace que si elle prend
appui sur ce premier temps. Sinon elle-même deviendra la cause
de beaucoup de désillusions et elle réveillera les idées d’injustice.
Pour le professeur
Encourager sa créativité pédagogique
Lui fournir un outil pour traiter avec les élèves réfractaires
Lui donner un objet de passion pour soutenir sa réflexion
L’aider à résister à la contagion de l’empêchement de penser
Lui faciliter le travail en équipe
Lui donner l’occasion de continuer à se cultiver
U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE 99
C OMMENT SE DÉROULE
CETTE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE ?
Trois temps forts, liés les uns aux autres d’une durée de
quinze à vingt minutes chacun
• Le nourrissage culturel : débutant toujours par de la lecture à
haute voix par le professeur, de textes fondamentaux en lien avec
le programme.
• L’entraînement à parler et à débattre, encadré et guidé par le
professeur et en lien direct avec l’apport culturel.
• L’entraînement à écrire, toujours en lien avec l’apport culturel et
l’entraînement à parler.
Un changement minime
dans l’organisation de la classe
Pour le faire comprendre, voici un exemple d’organisation
mise en place dans les quelques classes de collège que j’ai vu
fonctionner ainsi. L’expérience entraîne six changements notables,
ils peuvent être facilement mis en œuvre à condition d’obtenir
l’adhésion de tous les professeurs et des responsables de l’établis-
sement.
• Quatre fois par semaine, les élèves débutent la journée de classe
par une heure de culture humaniste.
• Deux professeurs se chargent de la lecture à haute voix et de
l’entraînement à l’expression écrite et orale qui suit.
U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE 101
Aucun détournement
ou allégement des programmes
Précisons que cette façon de procéder n’entraîne aucun allége-
ment ni détournement des programmes officiels. Elle ne remet pas
en cause les techniques de transmission des savoirs elles-mêmes.
Être adepte d’une méthode d’apprentissage de la lecture plutôt
syllabique, croire à l’utilité du par cœur, au bienfait des évaluations
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
donner une cohésion groupale, leur proposer des savoirs qui ont
du sens, s’il n’est pas lui aussi nourri et engagé dans une réflexion
sur la pédagogie avec ses collègues.
La médiation de la culture et le travail en équipe sont les deux
leviers qui vont le lui permettre.
Être nourri par la culture et l’échange avec les autres est un
impératif pour continuer à être animé par l’objet de son enseigne-
ment.
Il est impossible de continuer à donner, sans être à son tour
dans la situation de celui qui reçoit. Il est impossible de continuer
à fonctionner intellectuellement, sans être alimenté par un apport
qui renouvelle, qui fait du lien avec les autres, qui donne du sens
à des comportements déroutants.
Communiquer, collaborer, penser, créer sont les quatre compé-
tences fondamentales à travailler et à renforcer chez les élèves.
Elles doivent aussi être celles qui permettent au professeur de
trouver de la passion pour leur métier.
3. O SER ABORDER LES ACTIVITÉS LES PLUS
DÉLAISSÉES PAR LA PÉDAGOGIE
Nous allons voir maintenant que pour répondre aux cinq besoins
fondamentaux des empêchés de penser pour se réconcilier avec
l’apprentissage, il ne faut plus hésiter à se lancer dans cinq
changements pédagogiques qui ont toutes les raisons de faire peur
aux professeurs car ils ne sont pas balisés comme peuvent l’être les
techniques de transmission des savoirs disciplinaires. Par contre,
ils pourront vite se rassurer en vérifiant qu’ils deviennent des
ressorts formidables pour améliorer les capacités à apprendre de
tous et pour apaiser les élèves les plus rétifs.
Citons d’abord ces cinq changements forts avant de voir ce que
chacun peut produire de positif dans la dynamique de la classe :
• Oser traiter avec la curiosité primaire pour intéresser.
106 U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE
La forme
Les textes qui remplissent bien cette fonction ont quatre points
communs dans leur forme :
• Dans une histoire organisée, ils réussissent à mettre du mot sur
les peurs, les inquiétudes, les questions, qui préoccupent depuis
toujours l’esprit humain et qui agitent tout particulièrement ceux
qui n’arrivent pas à penser.
• Ils nous replacent dans un espace et un temps différent du nôtre.
Cette distance est une nécessité pour aborder des préoccupations
parfois intimes, dans un lieu dédié à l’apprentissage.
• À travers le héros ou les personnages de l’histoire, ils donnent la
possibilité d’utiliser le ressort de l’identification. Ce mécanisme est
connu de longue date par tous ceux qui veulent capter l’attention
des touts petits ou de ceux qui ont des difficultés d’écoute.
• Une loi, une règle, une morale se dégage du récit. Elle n’a pas
besoin d’être énoncée. Le déroulement de l’action, les intentions
des personnages, les résultats obtenus sont souvent suffisants
pour la comprendre. Le débat entre enfants nous montre que
l’implicite contient plus de force persuasive que l’explicite.
Le fond
Les textes qui conviennent au nourrissage culturel tournent autour
de cinq thèmes. Les grands thèmes abordés par ces histoires ne
sont pas infinis, nous allons les voir revenir régulièrement dans
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
des récits qui peuvent prendre des formes diverses, pour tenter
de répondre aux mêmes questions et pour décrire les mêmes
préoccupations.
C’est ainsi que grâce à ce nourrissage culturel, nous allons aider les
enfants à mettre du mot et du scénario sur cinq points importants
pour la construction ou la consolidation de leur monde interne.
• Les représentations sur l’origine. Un thème incontournable
avec tous ceux qui évitent la pensée. Qu’il s’agisse de l’origine
du monde ou de la terre, de la mise en place du groupe social ou
de l’écriture, des conditions de la naissance d’un héros ou de la
découverte d’une loi mathématique. L’apport d’hypothèses ou de
scénario sur l’avant, sur le commencement est très stimulant pour
amorcer cette relance des capacités réflexives.
• Les peurs archaïques. L’abandon, la disparition, la dévoration, la
perte d’unité sont abordées par les contes sous des formes très
☞
110 U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE
☞
oniriques ou artistiques. Les enfants qui n’arrivent pas à entrer
dans les savoirs fondamentaux (lecture et sens de l’opération)
en ont souvent un besoin essentiel pour réamorcer leur capacité
à faire de l’image avec d’autres sources que l’actualité ou leur
histoire personnelle.
• Les lois et les interdits qui organisent les groupes humains.
Les récits sur la création du monde, sur les relations entre les
hommes et les dieux, sur les conflits à l’intérieur des familles tout
autant que les périodes de transition de notre histoire, sont très
riches en métaphores sur ce sujet.
• Le passage du principe de plaisir au principe de réalité. On
ne fera jamais mieux que l’histoire des trois petits cochons sur
le sujet. Mais les fables, les romans initiatiques comme ceux des
Chevaliers de la table ronde ou de Jules Verne, peuvent remplir la
même fonction auprès des plus grands.
• Les sentiments qui accompagnent le passage des grandes
étapes de la vie. Pouvoir mettre des mots sur la richesse ou la
force des émotions qui sont entraînées par l’accès à l’autonomie,
par la séparation d’avec ceux que l’on aime, par la rencontre
avec l’apprentissage, avec l’amour, avec la mort... sont des
apports incontournables pour tous ceux qui n’arrivent pas à mettre
de l’ordre dans leurs tendances contradictoires. La poésie, la
littérature jeunesse, les romans initiatiques vont être des sources
de références infinies sur ces sujets.
que l’on doit sacrifier l’activité la plus porteuse d’espoir pour faire
progresser notre école ?
L’entraînement à l’expression écrite s’inscrit tout à fait norma-
lement quand nous en faisons le prolongement de l’expression
orale.
Ce troisième temps de l’heure de culture humaniste doit être
présenté comme un moyen de communiquer aux autres une idée
ou une information.
Tous les professeurs le disent pouvoir transcrire sa pensée avec
l’écrit est encore plus délicat qu’avec la parole. C’est pourquoi
cet exercice avec les plus démunis demande parfois du temps, de
la bienveillance et de l’encouragement pour être accepté et pour
commencer à être efficace.
114 U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE
L’entraînement à parler
se déroule en deux temps bien distincts
Le premier est celui du temps narratif au cours duquel il faut
raconter, résumer, décrire, remettre en forme ce qui a été entendu
par tous.
Cette restitution collective doit être rigoureuse, toujours comparée
et remise en perspective avec l’original. Elle est importante car elle
entraîne à la prise de parole dans un groupe et prépare le temps
suivant, plus délicat à manier pour le professeur.
Le second temps est celui du débat, il va être question cette fois
de confronter les points de vue, de faire part d’opinions ou de
sentiments personnels.
☞
Savoir associer l’expression écrite à l’expression orale
C’est lorsque les enfants ont quelque chose à dire, à raconter ou
à démontrer aux autres qu’ils sont dans les meilleures conditions
pour l’écrire. C’est lorsque les enfants ont écrit ce qu’ils avaient à
dire qu’ils sont dans les meilleures conditions pour le parler. Ces
principes qui valent pour tous les élèves, sont particulièrement vrais
pour les réfractaires à l’écrit ou à la prise de parole. Ils devraient
figurer en lettre d’or dans tous les ouvrages destinés à la formation
des professeurs.
La préparation d’une réponse écrite lue à haute voix, la prolongation
du débat par une réponse personnelle écrite, les hypothèses écrites
comparées sur la suite d’un texte, la fabrication d’une bande dessi-
née dialoguée sont des moyens faciles à utiliser et très stimulants
pour les élèves dès qu’ils en prennent l’habitude.
Trop souvent les professeurs ont l’impression qu’une fois passé leur
temps de formation, ils se doivent d’être au meilleur niveau et qu’ils
n’ont plus à apprendre et à se perfectionner. Ce réflexe contribue à
rigidifier les attitudes et à attiser la peur d’enseigner.
L’exemple de Germain
qui n’arrivait pas à imager les opérations...
Germain a 10 ans, il est en classe de CM1 ; ses résultats scolaires
sont plutôt satisfaisants, hormis en mathématiques. Ce garçon intel-
ligent qui comprend parfaitement ce qu’il lit, se montre incapable de
donner sens au moindre problème. Dès qu’il doit enchaîner deux
opérations pour donner une réponse à la question posée, il est
complètement perdu.
On le voit alors se saisir des chiffres sans aucune logique, pour faire
n’importe quelle opération. Les résultats aberrants qu’il trouve parfois,
comme avoir plus d’argent après en avoir dépensé, ne l’affolent pas.
Le plus surprenant est qu’il maîtrise parfaitement la technique des
opérations, y compris celle de la division.
118 U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE
Lors de nos dix premières rencontres, je vais lui lire trois contes :
L’homme de fer : où il est question d’un géant en fer, qui enlève un
petit prince qui a désobéi à son père.
La gardeuse d’oie : dans lequel une jeune princesse voit sa place
usurpée par la servante au moment où elle quitte sa mère pour aller
se marier.
L’eau de la vie, où trois frères s’affrontent dans une épreuve pour
ramener le médicament qui va sauver leur père de la mort.
Je suis surpris par la capacité de Germain à mettre en chiffre avec
beaucoup de bon sens et de justesse, les temps de déplacement, les
distances parcourues, les partages. Il me propose des calculs sur
la différence des âges, sur la valeur de l’or ou d’un château, sur la
vitesse des chevaux, etc., tout est logique et rationnel. Rien à voir
avec les réponses aberrantes qu’il propose à certains problèmes.
Toutefois je vais quand même voir apparaître deux limites qui me
montrent encore une fois qu’il n’y a jamais de résolutions magiques à
ce type de difficulté :
• La première d’entre elles touche à l’enchaînement des opérations.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
tissage sévères. C’est lui qui va les soutenir devant les exigences
et parfois même les frustrations qu’impose le travail intellectuel à
ceux qui sont au-dessous du niveau des autres.
Ce n’est pas un hasard si les élèves en difficulté se signalent
toujours par un comportement qui les place à la marge du groupe :
agitation, violence, endormissement, contestation... Sans oublier
le fameux décrochage qui préoccupe tant depuis quelques années.
Dès l’école maternelle et ceci jusqu’à la fin des études, trouver
sa place parmi les autres, quand on ne suit pas le rythme des
apprentissages, quand on n’est pas dans le coup pour faire les
exercices demandés, quand on n’est pas intéressé par la parole du
professeur, devient une gageure.
124 U NE HEURE DE CULTURE HUMANISTE JOURNALIÈRE
compte que cette idée va être nocive pour deux tiers de ceux
qui rencontrent des difficultés à apprendre. La modélisation du
cours particulier, considéré par certains comme la botte secrète
contre l’échec scolaire, n’est valable que pour les enfants qui
ont besoin d’entraînement supplémentaire ou de répétition. Les
autres, comme ceux qui souffrent d’empêchement de penser,
vont trouver dans ces actions seulement de quoi améliorer leurs
stratégies anti-apprentissages.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le rôle que font jouer cer-
tains professeurs à la compétition, aux évaluations, aux sanctions,
à la note pour casser la cohésion du groupe.
Souvent, dans un souci de bien faire et de répondre à l’hété-
rogénéité, ils utilisent ces supports apparemment objectifs, pour
individualiser, classer, séparer, différencier, il est bien dommage
qu’ils fassent cela avant d’avoir permis à chacun de trouver dans
le patrimoine commun et le projet du groupe, la force qui va lui
permettre de supporter ses faiblesses.
☞
y compris pour les meilleurs d’entre eux. La meilleure façon
d’améliorer ces quatre attitudes qui sont autant fondamentales
que transversales, repose sur de l’entraînement à parler et à
débattre, sur de l’entraînement à la communication écrite, sur
de l’entraînement aux activités artistiques et sportives, sur de
l’entraînement à expérimenter. Tout cela venant après un travail
de nourrissage qui a stimulé la curiosité, le désir d’apprendre et
enrichit les représentations de tous, dans le même temps et le
même lieu.
• Des savoirs qui prennent du sens et des racines avec un
apport culturel qui a été le même pour tous. Cette étape est
primordiale, pour en arriver dans un second temps à la pédagogie
différenciée, qui elle aussi est nécessaire pour faire fonctionner la
classe hétérogène.
– Aborder les mathématiques avec un problème qui s’est posé
au héros d’un récit ou qui a surgi durant le débat ;
– Mener une expérience scientifique ou apprendre la géographie
en s’appuyant sur la lecture d’un roman qui a intéressé tous
les élèves ;
– Apprendre l’orthographe à partir des quelques lignes que
chacun a écrites pour communiquer ses idées après un débat ;
– Apprendre la conjugaison ou une langue étrangère en partant
de phrases, de dialogues, tirés de la lecture en cours, donnent
une force et un intérêt à la démarche pour apprendre, qui
soudent les élèves entre eux en leur donnant des représen-
tations communes que chacun va pouvoir greffer aux siennes.
Dès le premier mois, cet effet est visible. Nous allons le vérifier
d’abord dans les activités reposant sur l’expression (parler, écrire
et dessiner).
Les savoirs mobilisant davantage les capacités réflexives
demandent plus de temps pour pouvoir s’inscrire, mais lorsqu’ils
sont bien soutenus par les images du récit, nous assistons parfois
à des avancées spectaculaires.
Pour une fois la hiérarchie, les syndicats, les parents, les ensei-
gnants eux-mêmes, sur ce point sont d’accord : « la constitution
d’une équipe pédagogique est une nécessité ». Cette unanimité est
suffisamment rare pour être mentionnée.
Il faut dire que les arguments en faveur d’une cohésion du
groupe des adultes qui exercent dans la même école, souvent
avec les mêmes élèves, sont nombreux. Entre les enfants en
échec dans les apprentissages, les comportements qui rendent
l’enseignement chaotique, le cadre difficile à maintenir, parfois
même les incivilités, les violences, le décrochage, sans oublier les
professeurs qui ne tiennent pas le coup... il y a de quoi faire. Les
sujets pour alimenter une réflexion et des actions communes ne
manquent pas.
L EVINE J., Je est un autre, ESF, 2000. P ETIT M., L’art de lire, comment
L EVINE J., L’enfant philosophe : ave- resister à l’adversité, Belin, 2008.
nir de l’humanité, ESF, 2008. P IERRELEE M.D. et BAUMIER A.,
L OUIS J.-M. et R AMOND F., Scolari- Pourquoi vos enfants s’ennuient en
ser l’enfant intellectuellement pré- classe, Syros, 1999.
coce, Dunod, 2007. P OLONY N., Le pire est de plus en
M ARCELLI D., Les yeux dans les plus sûr : enquête sur l’école de
yeux, l’énigme du regard, Albin demain, Mille et une nuit, 2011.
Michel, 2006. P RIVAT P. et Q UELLIN D., Travailler
M ARCELLI D., Il est permis d’obéir, avec les groups d’enfants, Dunod,
Albin Michel, 2009. 2005.
M EIRIEU P., Faire l’école, faire la R ICHOZ J.-C., Gestion de classe et
classe, ESF, 2006. d’élèves difficiles, Favre, 2009.
M EIRIEU P., Lettre à un jeune profes- S TEINER R., Comment acquérir des
seur, ESF, 2005. connaissances sur les mondes
M EIRIEU P., Apprendre... oui mais supérieurs, Triades, 1989.
comment, ESF, 1987. S TRAUSS R AFFY C., Le saisissement
M EIRIEU P., Pédagogie : le devoir de de l’écriture, L’harmattan, 2004.
résister, ESF, 2008.
S ZAC M., Le feuilleton de Thésée,
M AURIN E., La nouvelle question Bayard Jeunesse, 2011.
scolaire. Les bénéfices de la démo-
cratisation, Le Seuil, 2009. S ZAC M., Le feuilleton d’Hermès,
Bayard Jeunesse, 2006.
M AURIN E., La tête bien faite. Repen-
ser la réforme, reformer la pensée, T ISSERON S., L’empathie au cœur du
Le Seuil, 1999. jeu social, Albin Michel, 2010.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
P ENNAC D., Comme un roman, Galli- T ISSERON S., Le jeu des trois figures
mard, 1992. en classes maternelles, Yapaka,
2011.
P ENNAC D., Chagrin d’école, Galli-
mard, 2007. VASQUEZ A. et O URY F., De la classe
P RAIRAT E., La sanction en éduca- coopérative à la pédagogie institu-
tion, PEF, 2003. tionnelle, Vigneux, 2001.
J EAMMET P., Pour nos ados soyons V ERBA D., Échec scolaire : travailler
adultes, Odile Jacob, 2008. avec les familles, Dunod, 2006.
P ERRON R., L’intelligence de l’enfant V INCENT E., Les émotions, Milan,
et ses troubles, Dunod, 2004. 2010.
158 B IBLIOGRAPHIE
P ÉRIODIQUES
Fenêtre sur cour, Actes de l’université Sciences Humaine, hors série n° 5,
d’automne, nov. 2011 : L’école L’école en question, oct.-nov.
enjeu de société. 2006.
Actes du colloque organisé par Écoles et Collège : tout ce que nos
le SNES, le SNEP, le Snuden, enfants doivent savoir, Éditions
avril 2011 : Redonner un avenir XO, 2009.
au collège.
Capacités Transversales, Le plan
Revue française de pédagogie, n° 175, d’études Romand 2011, www.
2011, Penser les choix scolaires. plandetudesromand.ch
Le café pédagogique, les dos-
siers mensuels, http//www.
cafepedagogique.net
Index
C
capacité transversale 76 E
classement international 4, 18, 72, élaboration intellectuelle 35
87
émotion parasite 36
cohésion groupale 96, 98, 103, 106,
empêchement de penser XIII, 5, 10,
123, 132, 152
35, 40, 49, 50, 54, 59–62, 77,
compétence psychique 34, 35, 107, 81, 96, 98, 108, 117, 119, 125,
108, 130, 151 139
conformisme de penser 59, 88 ennui 27, 28, 59, 76, 94, 124, 126,
coréflexion 9, 10 132, 133, 138
culture humaniste 86, 98, 99, 101, équipe pédagogique 144, 149
132, 152 évaluation 4, 14, 26, 54, 59, 60, 68,
heure de – 97, 100, 106, 113 75–79, 129, 130, 133
160 I NDEX
expérimentation XIII, 68, 77, 79, peur d’apprendre 5, 10, 24, 30,
82–84, 116, 117, 146, 150 33–35, 37, 39, 40, 47, 50, 51,
expression personnelle 86, 98, 106, 54–56, 58, 60, 98, 101, 102,
112, 151 133, 153
peurs archaïques 109
phobie du temps de suspension 35,
F 39, 55, 114, 118, 120, 135
fonction imageante 39
formation 4, 10, 51, 59, 68, 73, 74, R
115, 145, 149, 154 représentations 43, 54, 58, 60, 61,
88, 94, 95, 106, 108, 117, 120,
123, 126, 133, 134
H – communes 126
hyperactivité 28, 29, 43 – personnelles 36, 59, 61
– sur l’origine 109
rigidité autoritaire 8, 12
L
langage argumentaire 57, 77, 112, S
134
savoirs 14, 18, 28, 44, 50, 59, 73, 74,
lecture silencieuse 51, 52, 54–57, 60
76, 81, 82, 86, 87, 91, 93, 96,
98, 103, 116, 117, 123, 129,
131, 138
M
– disciplinaires 17, 82, 87, 88,
machine à penser 10, 13, 34, 50, 102 105, 149, 152, 154
manque de base 24, 40, 49–51 – fondamentaux 24, 43, 51, 87,
médiation culturelle 101, 126 95, 99, 110, 112
méthode globale 41 transmission des – 100
monde interne 43, 50, 107–109, 117 séduction démagogique 12
sens de l’opération 61, 99, 110, 116
socialisation 18, 72
N socle commun XIV, 129
stratégie anti-apprentissage 13, 24,
nourrissage culturel 24, 59, 72, 94, 35, 50, 125, 153
98, 99, 107, 109, 114, sublimation 45
130–132, 134, 151
T
P
texte fondamental 84, 96, 99, 101,
patrimoine commun 93, 125, 132, 125, 151
138, 152, 154 toute-puissance 42
I NDEX 161