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UNIVERSITE DES SCIEN Bande Universitaire 1978-79 TRCHNIQUES DU. LANGE BATHEMATTOUSS EN GUISE DE PROGRAMME pour le cours de C4 de A, Grothendieck “Introduction & a recherche" 1976/79 Quand ine curicsité. intense anine nne reckerchs, nous avangons, comme portés par des ailes inpatientes. Ne goumossnous alors ténéraire esquif cux votles tendues qui aiidenent taboure 1’Jnépuisable océan 7 Oui, de toutes pavts sommes-nous entorés. de brunes souvantes, Sans cesse prenant corpa et siéclairant sous les yeux qui les fouillent, sané cesse se dérobant pour niewe nous’ provoquer & les pénétrer | Bt nous exultong.en le mystére de toute nou- elle énigne entrevue, par notre regard pressant dépouillée de sas voiles’ de bruine/ “pour Gtre connue féconde-en mystbres nowvoaux Ltardente curicaité seule est créatrice, elle nous gorte groit eu cocur méne de 1'Inconnu. Nrest~ce pas Blle notre seui et véritable héritdse, désoséen chatun de nous de avant que nous fussions enfantés ? Graine imper— ceptible, dont pourtent nait 1a Fleur aux mille pétales comme 1'Arbve A le rasmbe imoubrable... Il nty a rien qui ne neiase a’Blle. Zt pour peu qué nous la laissions s'épancair en nous, i2 n'y a rien que ne guisse enfenter notre seule Soif de connaftze. Elle seule nous donne des,ailes, Zile seule anime 2¥é1en qui nous porte au coeur des choses. O8 elle nest, il nty a Création, ni. Amour. Quand cette soif est absonte, quel sens rostertmil & notre vie ? Quel sens a wn travail ofvil'n'y a création, ni amour. ? Que reste-t~il donc, gnand il ne semble plus y avoir ‘trace de l'enfant en novs qui joue et qui interroge ? Qiel es l'avenir atin monde qui laisse périr son unique hévitage ? tes trois dernidres années, j'ai enseignd comme vn aveugle paindrait. Je parlais de choses que je aécouvrais & mesure, & des personnes venues, m'écou~ ter par queiques étrange obligation. Certes, les choses vues et dites étaient si tangibles et si simples qu'un enfant curieux les pouvait découvrir avec moi comme conpagnon de jen ~ et je parlais comne j'aurais parlé & cet enfant, ou & moiwmue. Et porté par ce Aialogue imaginaire, je vestais aveugle au fait que je noncloguais, devant des écoliers appliqués & prendre les notes d'un cours @ui ne les concernait pas. Seul l'examen les concernait. Les choses dites avaient beau @tre enfantines et vivantes ~ clest come autent d'objets hété~ roclites et morts que péle-ule clles s'entassaiont pesamment en des esprits inertes - frasnés de paralysie. Ltindigééxence est 4 jamais impuissente & étreindre, fit-ce i'évi- dence que l'enfant reconnait en jouant. Oui, par quelque effort quiclie s'éver~ tue pour parvenir A ses fins, 1'indifférence reste impuissante. Quand il n'est mG pax la jole, l'effort souvent certes dgbouche sur ltangoisse, jamais sur une comprdéhension. ob 41 n'y a comprénension, peut-il y avoir mattrise ? ”® mon insu, prisonnier inconscient des charmes d‘un soliteire voyage de aécouvertes, je nfai fait que perndtuer en des éeoliers sans voix les vieilles angoisses, les vieilles impuissances. Quelques notes de Fin Gtannée, grigfoniées d'une main lasse sur des conies é'exanen écrites sans geal on conviction @t lues sans plaisir ; up ou @eux laiesds pour compte aécidément: "trrécupézables" - yoilk A quoi se réduit presque le dérisoire bilan de trois années Glactivité enseignante. Bt mainkenant ? Que ferons nous, nous ies nouveaux protagonietes, en cette nouvelle anaée, hélas acadénigque qui commence, pour répondre aux desiderata d'un cours officiel, sans pour autant nous borner & reproduire le scénario immuable du mattre atécole pérorant devant ses écoliers 7 Tout enseignement est cas- ¢rateur, tout discours vain, gui ne s'aéresse & des.8tres dont la curiosité aéq4 ne soit en éveily Quand ia curiosité est absente, et effacé peut-Stre jusqu'an souvenir des tenps reoulés ob elle était encore vivante en nous ~ que faire alors pour lui redonner vie ? Ceci est notre prenitre, notre prin- gipale question, celle qui doit précéder toute autre. Tant qu'elle reste en suspens, tant que ne s'est éveillé en chaoun le désir da Jeu ~ toute: incitar tion & un voyage de Gécouverte qui sexait fait en commun reste entibranent vide de sens. _ Notre principal proves done sera de provoquer au jeu ltenfant qui gommeille dens 1'fcolier figd sur son bac, tout come, dans le Haltre. Mais @st-ce bitn au Naftre d'école de. provoquer ainsi ~ n’est-ce pas platét le réle de chacun Ge nous de provoquer tous les autres, & comencer pax luieméme 7 pour nous y ineiter, ne faudvait-il, & aégeut d'un intérét préalable pour une Mpati’re" dont au fond un écoller n'a que £....., un sursaut de saine nausde devant lal perspective ae xenrenére encore et toujours le sempiternel ballet nécanique, figurants falote dans le rite infiniment zessassé de. notre propre gastzation | Ou alors, le rite aurait-il fini per agit, et bel et bien chatré en nous E*hoine et In ferme libres ct crdateurs ~ serions-nous réduits vraiment sans espoir au triste état a'teuenewius Studiensis'? un place alors, "Nattre" et Micoliers", pour exécuter, soumis, votre tour de danse ! ® nows de voir si nous Yerona l'enfant aBsorbé dans un’ jeu fasci~ nant - ou goutillantes itrionnettes...

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