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DU TERRAIN
de l’examen étaient respectées ; par contre, les structures étaient inadaptées et insuffi-
LETTRE
samment équipées, la communication interpersonnelle insuffisante et les prestataires peu
accueillantes. Des recommandations ont été faites pour remédier à ces insuffisances.
Summary: Maternal mortality constitutes a major public health problem in Côte d’Ivoire.
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(1) UFR des Sciences Médicales, Université de Cocody (Abidjan), BPV 14, Abidjan, Côte d’Ivoire.
(2) Institut National d’Hygiène Publique, BP V 14, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Introduction
La consultation prénatale (CPN) est définie comme étant une activité
préventive dirigée vers la population cible des femmes enceintes [12]. En effet,
la grossesse est un événement naturel qui ne se déroule pas toujours
normalement. Son suivi est alors nécessaire afin d’identifier d’éventuels risques
et d’améliorer le pronostic de la grossesse. Les prestations délivrées par les
professionnels des soins à l’occasion des CPN ont une incidence positive sur
l’évolution de la grossesse (santé de la mère et de l’enfant à venir). La CPN
favorise en outre la participation active de la femme enceinte dans le suivi de sa
grossesse, ce qui va contribuer à l’amélioration de sa santé.
Les visites prénatales sont également une occasion pour les prestataires de
permettre à la femme enceinte d’effectuer un bilan de santé, de lui fournir
des soins préventifs et éventuellement un traitement et de lui apprendre des
mesures à observer à domicile pour mieux suivre sa grossesse et améliorer
les chances de survie de son nouveau-né.
Les soins prénatals constituent un deuxième exemple de soins préventifs
après la vaccination sur laquelle les autorités ivoiriennes ont gardé un réel
espoir pour réduire la mortalité maternelle et infantile en conformité avec les
Méthodologie
Cadre de l’étude
Notre étude a été réalisée dans le District Sanitaire de Grand-Bassam, situé
à 15 kilomètres à l’est de la ville d’Abidjan, capitale économique de la Côte
Santé publique 2010, volume 22, n° 2, pp. 221-228
d’Ivoire. L’offre des soins était assurée dans ce district par 13 établissements
sanitaires à savoir : deux hôpitaux généraux à Grand-Bassam et à Bonoua ;
deux Services de Protection Maternelle et Infantile (PMI) dont l’un à Grand
Bassam et l’autre à Bonoua ; un dispensaire urbain à Bassam ; huit Centres
de Santé Ruraux et Dispensaires Ruraux ; les PMI, les Centres de santé et
dispensaires ruraux tenus généralement par des sages-femmes et infirmiers
diplômés d’État, constituent des établissements sanitaires de premier
contact tandis que les Hôpitaux Généraux de Grand Bassam et de Bonoua
sont des hôpitaux de référence.
Type d’étude
Nous avons réalisé une étude transversale à visée descriptive du 26 août
au 30 septembre 2002. Nous avons procédé par une étude des structures et
QUALITÉ DES CONSULTATIONS PRÉNATALES À GRAND BASSAM 223
l’activité :
– « Respect physique et psychique » : salutations conformes aux
convenances sociales en début de la consultation, aide la gestante à
descendre de la table ;
– « Respect de l’intimité » : examen à l’abri des regards, absence de tierce
personne dans la salle d’examen à l’exception du personnel médical ou
paramédical ;
– « Hygiène pendant la CPN » : lavage des mains avant l’examen, port de
gants ;
– « Continuité des soins en CPN » : le praticien informe la femme sur son
prochain rendez-vous et lui communique la date ; le praticien informe la
femme sur les signes d’alerte et sur la conduite à tenir en cas
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Résultats
Description des locaux
Dans tous les services prénatals, il existait une salle de consultation
prénatale, une salle ou un hall d’attente. Seule la maternité de l’Hôpital
général de Grand Bassam disposait d’une salle d’examen clinique et
gynécologique. Les deux autres services utilisaient un box d’examen clinique
et gynécologique installé dans la salle de consultation.
À la maternité de l’Hôpital général de Grand Bassam et à la PMI de Grand
Bassam, la salle de consultation était munie d’une paillasse avec un lavabo
et un robinet, tandis que le lavabo et le robinet d’eau étaient situés à
l’extérieur de la salle de consultation à la PMI de Bonoua.
Équipement et matériels médicaux
Ressources humaines
Tous les services CPN étaient tenus par les sages-femmes, dont le nombre
variaient entre deux et trois. La productivité de ces sages-femmes est
résumée dans le Tableau I.
À la maternité de l’Hôpital général de Grand Bassam, il y avait en plus un
gynécologue qui effectuait les Consultations Prénatales. Chaque service
utilisait deux filles de salle.
Les programmes de consultation variaient en fonction des activités des
services. À la PMI de Grand Bassam et à la PMI de Bonoua, les consultations
prénatales se déroulaient tous les jours ouvrables de la semaine.
À l’Hôpital général de Grand Bassam, la salle de consultation était
également utilisée pour d’autres activités telles que les séances de
QUALITÉ DES CONSULTATIONS PRÉNATALES À GRAND BASSAM 225
Maternité
Centre de CPN PMI Grand Bassam PMI Bonoua
HG Grand Bassam
Nombre de jours de travail par semaine 3 5 5
Nombre de jour de travail par année 156 260 260
Nombre d’actes par année 2 210 4 068 6 200
Nombre de sages-femmes 3 2 3
Actes par jour par personne 5 8 8
avant l’examen des parturientes était pratiqué dans 23,30 % des cas
(49 consultations prénatales). Le port des gants était observé dans 100 %
des cas (210 consultations prénatales).
Dans deux services, les gants d’examen gynécologique étaient directement
jetés dans la poubelle après utilisation.
Après les prestations, dans tous les services, les poubelles étaient vidées
dans une fosse prévue à cet effet. Aucun centre ne possédait un incinérateur.
Discussion
Les résultats obtenus nous permettent d’analyser la qualité des
consultations prénatales dans le district sanitaire de Grand Bassam.
Cependant, les limites méthodologiques existent : en effet, nous n’avons pas
pris en compte dans ce travail un volet essentiel de la qualité des prestations
à savoir la satisfaction des patientes. Par ailleurs, nous n’avons pas pris en
compte les consultations prénatales effectuées au niveau des autres
établissements sanitaires du district notamment les centres de santé ruraux.
Malgré ces limites, des résultats intéressants ont été trouvés. En effet,
l’inexistence de points d’eau dans l’enceinte de la salle d’examen rend
difficile voire impossible le lavage des mains lors de l’examen clinique et
obstétrical de la gestante. Cette situation s’est présentée dans un seul centre
226 I. TIEMBRÉ et al.
Centres
Maternité
Procédures PMI Grand PMI
HG Grand
Bassam Bonoua Total
Bassam
(n = 49) (n = 103)
(n = 58)
Salutations conformes entre prestataire et gestante 49 58 103 210
(100 %) (100 %) (100 %) (100 %)
Prestataire aide la gestante à descendre de la table 6 13 0 19
d’examen (12,2) (22,4 %) (0 %) (9,05 %)
Explication du déroulement de la consultation 0 (0 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 0 (0 %)
Présence d’une tierce personne pendant la consultation 13 0 0 13
(26,5 %) (0 %) (0 %) (6,19 %)
Demande d’examen de laboratoire et d’échographie 27 18 67 112
(55,1 %) (31 %) (65 %) (53,3 %)
Prescription d’une ordonnance 49 55 102 206
(100 %) (94,8 %) (99 %) (98 %)
Conclusion de la CPN 49 58 103 210
(100 %) (100 %) (100 %) (100 %)
Femme informée sur prochain RDV 49 58 103 210
Lieu de l’accouchement 19 24 42 85
(38,8 %) (41,4 %) (40,8 %) (40,5 %)
Explication de l’ordonnance 47 51 98 1096
(95,9 %) (87,9 %) (95,1 %) (93,33 %)
Demande du carnet de la grossesse précédente 30 37 92 159
(61,2 %) (63,8 %) (89,3 %) (75,7 %)
Dire à la femme comment évolue sa grossesse 42 53 71 166
(85,7 %) (91,4 %) (68,9 %) (79 %)
Expliquer signes d’alerte et CAT en cas de survenue 49 58 103 210
(100 %) (100 %) (100 %) (100 %)
Praticien donne conseils sur alimentation 42 46 65 153
(87,7 %) (79,3 %) (63,1 %) (72,8 %)
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CPN. En effet, le refus de la CPN faite par un prestataire homme a été retrouvé
par Ndiaye [9] au Sénégal.
L’organisation des CPN était faite de telle sorte que les prestataires
puissent donner le meilleur d’elles-mêmes. La productivité des sages-
femmes variait d’un service à un autre. Le nombre de CPN par jour et par
personne est compris entre cinq et huit actes. Ané [2] avait retrouvé une
charge moyenne de neuf actes par jour ouvrable par sage-femme affectée en
CPN.
Nous avons constaté dans les centres visités une insuffisance
d’équipement. Cette remarque porte surtout sur le matériel de stérilisation
qui n’était pas souvent fonctionnel. De ce fait, le matériel utilisé dans les
salles de soins n’était pas toujours stérilisé. Le risque d’infections
nosocomiales reste toujours majeur compte tenu de la pénurie de matériel
médico-chirurgical, de la défaillance de la stérilisation et aussi de
l’inexistence d’incinérateur. Ce fait a été constaté par Yéo [12] dans une étude
réalisée en 2002 à Abidjan.
Le manque d’ambulance dans un centre entraîne un grand problème
d’évacuations sanitaires qui étaient souvent effectuées par des véhicules de
transport en commun. Ce constat est corroboré par une étude réalisée par
par Aké-Tano [11] a retrouvé des résultats contraires. Dans les centres
enquêtés, elle a noté qu’il y avait souvent la présence d’une tierce personne
dans la salle pendant l’interrogatoire. Dans un tel cas, il ne pouvait pas y
avoir un tête-à-tête entre le prestataire et la patiente.
Dans notre étude, les prestataires avaient le souci de donner les
informations à toutes les gestantes sur la date du prochain rendez-vous, sur
les signes d’alerte et la conduite à tenir en cas de survenue de ces signes. Par
contre, elles n’avaient pas accordé une grande importance aux informations
portant sur la date probable de l’accouchement et le lieu de l’accouchement.
Ce qui explique souvent que plusieurs femmes étaient surprises par
l’accouchement. Ce constat a été fait par d’autres auteurs : Barennes [3] a
trouvé qu’après la CPN, 89 % des femmes ne connaissaient pas la date
prévue de leur accouchement. Kouassi [8] a noté que 97 % des gestantes en
fin de grossesse n’avaient reçu aucune information sur le mode de
l’accouchement et sur le lieu de l’accouchement. Sangho [10] a noté que seul
3,5 % des praticiens ont expliqué les signes d’alerte et la conduite à tenir à
leurs patientes.
Conclusion
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