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FEMMES PYTHAGORICIENNES DU MEME AUTEUR Pour s asseoir au foyer de la Maison des Diewx, Ed. Veea, Un camp de représailles — F.R.K. It, Berger-Levrault, 1919 cépuise). La légende dorée des Dieux et des Héros, Albin Michel Récits sacrés de |'Ancien et du Nouveau Testaments, Albin Michel, La ligende de Soerate, Allin Michel Apollonius de Tyane, Grasset FRAGMENTS ET LETTRES Mehta pate es be Sagi (pie 1 iss et Our Plwtargue, wahition nowvele avec avant propos { be prolégoménes notes, Guy Trédaniel, Editions de la Maisnie, . _ 79 : é Puthagore — Les Vers Or, Hlerocés, Commentaires es vers THEANO, PERICTIONE, (or des Pyihagorisiens, Guy Tredaniel. Editions dela Maisnie, PHINTYS, MELISSA ET MYIA 1979, a4 La Déesse Syrienne. Lucien de Samosate, Guy Trédanicl, Editions | de la Maisnie, 1980. TRADUCTION NOUVELLE AVEC PROLEGONENES ST NOTES TRADUCTIONS, Sapho, Anacréon et Anacréontiques, Grasset = Platon, Le Banquet ou de l’Amour, Albin Michel Platon, Phédre ow immortalité de U’Ame, Albin Michel Euripide, Les Bacchances, Payot (¢puisé). Aristote, Cléanthe ef Proclus, Hymnes Philosophiques. Aristophane, Les oiseaux, Artisan du Livre (épulse). Salluste le Philosophe, Des Dieux et du monde, Véga Mare-Auréle, Pensées pour mor-meme, Gatnier-Flammarion, Lucien, Dialogue des Dieux, Latfont Sophocle, Trois tragédies : Cdipe-Roi, CEdipe 4 Colone, Antigone, Albin Michel. Synésius de Cyrene, Fiymnes, Albin Michel. Platon, Phedre, Albin Michel. Homere, L’Mliade, Albin Michel Homére, LOdyssée, Albin Michel. MARIO MEUNIER A PARAITRE aux Editions de la Maisnie Nonnos de Pgnnopolis, Les Dionysiaques, traduction, avant-propos et notes par Mario Meunier Luctévce, De Natura rerum. De la Nature. Préface et traduction ‘de Mario Meunier GUY TREDANIEL EDITIONS DE LA MAISNIE 76, rue Claude-Bernard i 75005 Paris {3 loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinges & une utlisation collective. Toute représentation ou reproduction imtégrale ou partielle faire par quelgue provide que ce soll, sane Je_ consentement fe Vautour ou Ge set ayants cause, est ilicte et consttue une conttelacon Snctionnée par les article 425 et soivans du Code Penal © Guy Trédaniel, 1980 Tous droits de traduction, reproduction et adaptation réservés pour tous pays ISBN 2-85-707.061-6 A MADAME LA COMTESSE DE FELS PROLEGOMENES Jamblique, dans sa Vie de Pythagore, apres avoir cité deux cent dix-huit Pythagoriciens, nous a laissé les noms de dix-sept femmes, qui furent, ajoute-il, les plusillustresde celles quicomptérent att nombre heureux des disciples du sage Pytha- gore’, Nous ne sayons pas si toutes ces fameuses Pythagoriciennes écrivirent, ou si elles se conten- térent de mériter d’étre inscrites sur la liste ivwmortelle, en manifestant seulement, par une conduite exemplaire, la divine sagesse qui formu- lait en préceptes pratiques et moraux’enseigne- ment théorétique du Maitre, Quoi qu’ilen soit, des dix-sept Pythagoriciennes que mentionne Jam- blique, il nenous reste guére plus que des noms. 1, Cf. Jaomnravs, Vie de Pythagore, 207. Flamboan sauvour da, bonheur ot de le sapesse, Pythagore passait pour &tre le divin por- tour d'un message de salu. Cf, Isipone Lave, Légude de Pythan gore, 3g-ho. 10 PROLEGOMENES Hormis, en offet, quelques fragments informes et quelques lettres de Théano, femme de Pythagore, et une seule lettre de Myia, fille de Théano et épouse peut-étre de Milon de Crotone, tout a été perdu. Les noms de Périctioné, de Phintys et de Mélissa ne figurent pas dans la nomenclature qu’établit auteur de la Vie de Pythagore. Stobée, en insérant des fragments de leurs ceuvres dans son Florildge, nous a conservé ceux des deux premieres, et une lettre sur Pornement dont il sied que la femme se pare, a propagé jusqu’a nous celui de la troisiéme . D'aussi minces débris sont toutefois suffisants pour se faire une assez claire idée dela conception théorique et pratique quese formaient dela femme les Pythagoriciens. Le hasard a voulu, en effet, que la plupart des fragments et des lettres, qui nous sont restés des Pythagoriciennes, soient 1. Sur Théano, Périctioné, Phintys, Mélissa et Myia, ef. Grites Ménsox, Historia mulicrum philowopharum, p. 620-631, 6dit. G. Husbner, 1833. Ge petit opuscule a é14 ajoulé au t. I des Commentaires sur Diagtne Laeree, da mime auteur. Une traduction francaiso on a été publige a le fin du t. II, p. 37Q~469, de In tra- duction, parue cher Richard, en 1796, de la Vie des plus illustres hilosophes de Uantigaié. Voir aussi: J. Tu. Wour, Matieram greccarun fragmenta, Hambourg, 1735. A la suite du texte grec et latin do coe fragmonts se trouve, par ordre alphabétique, un Cate logue des formes grooques, romaines ot davtres nationalités qui illastrévent par Jear sagesso, leurs arts ou lours éorits. PROLEGOMENES XE relatifs Ala conduite que doit garder la femme pourdeveniret rester la sainte etla digneprétresse de ce temple divin que devait étre, aux yeux de Pythagore, un foyer familial’. Toutefois, hatons- nous de le dire, les devoirs de la mare et de la parfaite épouse ne s’opposaient pas ace que la femme cultivat son esprit ot 'exereAt aux spécu- lations les plus hautes. Bien au contraire; la conscience dudevoir est d’autant plus nette ct plas impérative que Vintelligence en congoit mieux la nécessité souveraine, et quelle on rattache les déterminations aux grandes lois qui régissent l'ordonnance du monde et Y’ordre de Vesprit. Théano nous @ laissé un fragmont sur le Nombre; Périctioné a disserté sur la hiérarchie des Sciences, et Phintys n’a point écarté la femme de l'étude et de la philosophie, mais elle lui a recommandé surtout cette vertu par excellence de Vintelligence appliquée, cette sagesse des Graces, que modération, réserve ¢t retenue savent donner au mérite des femmes. Que les Pythagoriciennes se soient particulié- rement attachées A traiter de tout ce qui peut contribuer & rendre une femme, pour employer une expression d’Aspasie, « la plus accomplie qui soit sur Ia terre*», ce fait n’a rien de surprenant. 1. Gf, Hrénoctis, dans Stobéo, Floriltge, LXXVIL. 4. Gf. Beca ne Fovquriars, Aspasie de Milet, Paris, 1892, p. 234. 12 PROLEGOMENES Das sa premiére aurore, le Pythagorisme, confor- mément & sa doctrine de ’harmonie universelle, sut donner & la compagne de homme, soit au foyer, soit dans l’Etat, une situation appropriée 4 son destin particulier. Ne dit-on pas d’ailleurs que ce fut 4 une prétresse du temple de Delphes, nommée Thémistoclée par Diogene Laerce', Théoclée par Suidas*et Aristoclée par Porphyre*, que Pythagore, comme Socrate par Diotime, fut initié &la doctrine qu'il devait propager? Bien plus, lorsque le sage de Samos eut fondé, & Crotone, la maison-mére des Confréries pythago- riciennes, noussavons queles femmesnetardérent point & y étre affiliées et & s’y maintenir dans un réle important. La femme fut done Vobjet, dans le Pythago~ risme, d’une prédilection généreuse autant que légitime. Mais, pour bien comprendre ce que cette nouvelle régle de vie religieuse et mystique exigeait de ame féminine, il nous apparait nécessaire d’envisager tout d’abord de quelle facon les Pythagoriciens concevaient la famille‘. Comme toute cité, toute famille était par eux 1. Gh. Diociins Lance, VL, a1, 8. 2. Cl, Sumas, sv. xdbe tn cob zplnobo5. 3. Ch, Ponrurns, Vie de Pythagore, fx. 4, Voir & co sujot A. Dstarrs, Bstoi sur la politique pythagori- cionne, p. x61 sq. 179 9. PROLEGOMENES 3 coasidérée comme un petit univers, image et projection du plus grand onivers. Les mémes loisintransgressibles les régissaient tous les deux, et les rattachaient 4 Pharmonieuse units de le pensée créatrice et organisatrice du Tout. Pytha- gore, en effet, fut le premier 4 donner le nom de Cosmos, ou de bel Ordre, al’univers manifesté', et a le concevoir comme un tout musical, comme une lyre dont les parties composantes, l’accor- dement des cordes et le jeu musical sont comman- dés par un principe immuable et divin. Diew goavernant Ie monde avec un ordre parfait, les hommes pouvaient-ils faire mieux, pour se gou- yerner eux-mémes, administrer leurs lamilles et gérer leurs Etats, que d’étudier les lois selon lesquelles le grand maitre de Ordre et Ie roi de VUnivers régitle monde entier, les appliquer & la bonne conduite des sociétés humaines, et faire de tout gouvernement comme une imitation de la coaduite harmonieuse du Tout? Cette obligation “organiser la constitution de la famille ou de PBtat a Vimage dela divine constitutiondu monde 4. « Los sages (lea Pythagoriciens), Callies, éerit Platon, Gor gins, 608 A, disont que Paffinité, Vamitié, le bel ordre, Ta mesure et la proportion tiennont ensomble le ciel et le terre, les dieux et Jes hommes ; voil& pourquoi, mon cher, ils donnent & eet ensemble fe nom de Cosmos (ou de bel Ordre) ot non celui de désordre on de déxiglement, » Voir aussi: Janauiqur, op. cit., 37, 5g, 162- 4 PROLEGOMENES était un corollaire de ce principe: Suivre Diew', qui est A la base de toute la pensée pythagori- cienne, et qui revient dans tous les écrits de ses adeptes sous les formes suivantes: Imiter Dieu, vivre de compagnie avec Dieu, marcher sux les traces de Dien, faire de Thomme une image de Dieu, etc, Or, dela méme facon que la Divinité ordonne YUnivers, il faut qwun chef gouverne VEtat et qu'un maitre préside & la famille, Ce réle de maitre, au foyer, revient 4 l'homme, par droit naturel et par mandat divin. Mais Pautorité qu'il doit y exercer ne doit point étre 4 Pavantage exclusif du chef, ni en vue du seul bien de ceux sur lesquels il a domination, mais concilier @ la fois, dans le méme accordement, Vintérét de celui qui commande et le profit de ceux qui obéissent. Dieu, en effet, commande & la Nature; mais il commande, écrit Callicratidas’, « non point seulement en vue du bien de la Nature, ni du sien propre, mais pour le bien commun ». En consé- quence, pour Vobtention, au sein de Ia famille, de cetaccordement, générateur infaillible du bien commun, s'il appartenait & Fhomme de comman- 1, Gf A, Detarre, Etudes sur la littérature pythagoricieme, P. 60, 119. a, Cf. Canuicratsvas, dans Stobfo, Florilage, LXXXV, 18, p- 31 du t. IL des Fragmenta phitorophorum de Malach, PROLEGOMENES 6 der avec amour, il était dela mission de lafemme Wobéir avec intelligence, de soumettrea l’intérét familial son intérét particulier, et de ne trouver son bonheur qu’en pourvoyant au bonheur dela communauté‘. Cet accordement du particulier au général, on organisant la famille & l'image de la divine orga~ nisation du monde et en la faisant participer & cette plus ample harmonic d’oit résulte, par la liaison mutuelle de toutes ses parties, Yordon- nance du Tout, assurait la stabilité du foyer, on resserrait l’anité et le maintenait 4 sa place dans Yordre universel. Le méme devoir s'imposait aux membres qui constituaient le corps de la famille. Pour bien jouer leur partie respective dans le concert domestique, il fallait que chacun se tint @abord & sa place, gardat son rang et assurat de son mienx la charge qué, pout le miracle de Yordre particulier et de Vharmonie cosmique, lui imposait le destin de sa vie. « Celui, disait 1, « Lo bonhour ot la qualité de Vimeo, éerit Hippodamos, dans Stobée, Florlige, CII, a6, existent A In fois dans Vindividu et dans le groupe, dans Vr comme dang le Tont. Ti n’xistont dans Vindividu quo pares quile existent dans lo grougo, et dans le groupe, que parce quiils r8gnent dans l'ensemble et dius le Tout. Lordonnanos do la Nature universolfe, en offet, a ordonné chaque individu, et Pordonnance de chaque individu a parfait Vonsemble ct le Tout, » Pour PBiat comme pour la famille, le ples grand bien était Yunion ; Je plus grand mal, Ia division. 16 PROLEGOMENES Pythagore' aux chefs de la cité de Crotone, qui ne se conduit pas équitablement dans la charge qui Inia 6té assignée, parait en méme temps inéquitablement se conduire i ’égard de Vordre du monde tout entier. » Née pour étre épouse et mére de famille, In femme était d’autant plus femme qu'elle accom- plissait, avec plus d’intelligence et plus de dévoue- ment, son rdle nécessaire et sacré. Peut-dtre sera- t-on surpris et étonné de la sévérité des préceptes que les Pythagoriciennes avaient établis pour restreindre la femme son foyer et arriver 4 en faire, pour couronner sa tache, une maitresse de maison accomplice, Nul ne saurait tre insen- sible aux exigences requises pour un si noble buts mais, s'il n'est pas sans grandeur, Vidéal auquel elles ont youlu qu’atteignent et la mére et Vépouse n’en porte pas moins Vempreinte de Vaustérité proverbiale dont farent marquées, dés leur pieuse origine, les Confréries_pythagori- ciennes?, N’exige-t-il point, en effet, sans parler 1, D'aprés Jamblique, Vie de Pythogore, 46, Selon lee Pythago- risions, c'est Vordre divin qui exige que la fommo sit subordonnte, et qui yout que so soumetite soit pour elle la fagon la plus sire do se conformer & Ia volonté divine. 2, Co hint ot par idéal de la forme, quo se fissiont los Pytha- goriciens, nest pax sans faire sooger plos dane fois & Pidéel do épouse chrétienne, que dovaiont wo fhiro les Péres do VEglive. Quon ralis, si Yon vout en juger, admirable Homie eur le chats PROLEGONENES "4 dela réclusion presque monastique au sein d’une demeure, le sacrifice absolu de soi 4 un bonheur commun, Pobéissance respectuense au chef de la communauté et le souci constant de la beauté morele et de Vordre divin? Ce fut, en effet, dans un but de perfectionnement spirituel et de sanctification religieuse que se constituérent les Sociétés pythagoriciennes. Le premier soin de Jeurs fondatenrs fut de réglementer la vie privée, afin d’assurer non seulement le salut particulier de Vhomme et de la femme, mais de préparer aussi, par la concorde au sein de la famille, la commune entente au sein de la . Sil fallait chercher les principes qui ont semblé légitimer une tele sévérité, pout-étre faudrait-il recourir & la conception que les Pythagoriciens se faisaient de la grandeur et de 1a faiblesse naturelle de Thomme ? Us enseignaient que les hommes avaient été créés pour le bonheur’, et toute Vorganisation de ta vie privée et de la commu- nauté politique ne visait, chez eux, qu’ale rendre d'une {pouse, de Saint Tean Chrysestome, pour ne citer quo le plus ‘grand des Pires de I'Bglise groeque. 1. Gh, A. Detarrn, Bssai sur la politique pythagoridenne, p. 84. Pour sristote aussi, Politique, 1280B, 1328 B, 1324 A, le bonheur cat la a de la communauté politique. Sur le plaisir, qu'il ne faut point chossor dels vie, mais rapporter la partie la plas bello ot la plus grave de V'ame, ef. Ponemene, Vie de Pythagore, 39 18 PROLEGONENES plus équitablement accessible et plas durable. Mais ce bonheur, ils Videntifiaient au but supréme de la philosophie, qui était, par son imitation, Wamener Vhomme & ressembler 4 Dieu. « La philosophie, écrivait en effet Hidroclés', a pour but de purifier la vie humaine et de la conduire sa fin. Elie la purifie, en la délivrant du désordre confus de la matiére et des passions du corps périssable; elle la conduit a sa fin, car elle lui faitrecouvrer,en lui donnantderessemblera Dieu, Ia pure félicité dont elle ost susceptible. » Telle était la grandeur du but. Le difficile était de Patteindre, car notre Ame, par son mélange avec le corps, restait toujours susceptible de se laisser aveugler par les passions qu’engendre la matiére, de s’éloigner de Dieu, de se séparer de Vintelligence et de Vordre, et de se perdre enfin dans le labyrinthe obscur de la multiplicité. Un péril aussi grand, les Pythagoviciens ont cru le eonjurer par une asedse rigoureuse et stricte, qui les maintenait chaque jour en contact avee Tunité souveraine de l'intelligence divine et Véquilibre harmonieux de Vordonnance hiérar- chique du monde*. Convaincus que, si on lui 1. Cf, Prrusconz, Ler Vers d'Or, p. 35-86, de notre traduction bu Commentaire sur tes Vere d’Or des Pythagoriviens, d'HiGroclés, a. « Dien, éerit Dacier, Vie de Pythagore, LXVIL, étant Vessence snéme de la honté, et cette honté étant Ia seule cause de la création PROLEGONENES 19 laisse champ libre, Vanimalité de notre étre ne tarde pas a tomber dans le mal et la dépravation', que Vanarehie, dans la vie privée comme dans la vie publique, est le plus grand des maux’, que Vhomme se condamme a périr lorsqu’il ne veut se plier @ aucune autorité’, ils ont établi toute leur rdgle de vie sur la mélancolique réponse que Vexpérience leur avait appris A faire & cetie interrogation : « Que peut-on dire de plus vrai?— Que méchants sont les hommes‘, » En conséquence, corprendre la nécessité de Vordre et de Pauto- rité, garder Ia mesure, combattre le désordre, et générensement se soumettre & la Loi qui, dans les petites comme dans les grandes choses, est Vinvariable activité de la puissance de Dieu éternellement appliquée a organiser le monde universel et a garder ala chaine des étres leur impérissable et immuable ordonnance, restaient des sires, avait eréé chaque chose dans I'état qui était le meilleur pow: chacune, » En conséquenco, se conserver dans la subordination docsseire gui nous soumet 4 Vordro, 8 la régolarilé, + la boauté dt monda universe, élait #unir & co lien commun qui accordait tout 4 toat, qui donnait tout de participer & la qualité d» 'ensomble, ‘ot qui n'éinit antre quo la volonté ot ta penséo do Dien méme. 4, Ch, Jasnmsave, op, eit, 208, 2, Ct. Jawmusavx, op. eit, 175. 3. Cf. Jaumave, op. eit, 175, 183. Voir aussi A. Detarrn, Essoi sur ta politique pythagoricienne, p. 2,168, 150, 198 #4 4. Ct. Jamra, op. eit, 82. 20 PROLEGOMENES pour eux les seules fagons de parer avec efficacité au tumulte anarchique des sens et a 1a naturelle méchanceté des hommes. Mais, dira-t-on, jusqu’a quel point les fragments qui nous restent de Theano, de Périctioné et de Phintys nous sontils garants de la pensée de Pythagore? La critique moderne, en offet, a juste titre, considére comme apocryphes la plupart de ces restes. Zeller et Wilhelm’ estiment qu'ils ont été écrits 4 une époque tardive et qu’ils portent l'empreinte du Néo-Pythagorisme. Nous n’avons pas 4 discuter ici Vauthenticité ou anti- quité de ces fragments, ni la qualité ou Je nom véritable de leurs auteurs. Nous youlons montrer simplement que les principaux éléments qu’ils exploitent sont en parfait accord avec ce que nous pouyons savoir des traditions et des idées plus anciennes, qu’avaient consignées ou émises, sur le méme sujet, les premiers adeptes du Pythagorisme. Toutefois, avant d’aborder cette intéressante question, il sied tout d’abord de rappeler qu'il 1. Cf. Znuiee, Philosophie der Gricchen, t.V, vor 5 P, Witweem, Die OEconomica der Neupythagoreer Bryson, Kallieratidas, Perictyone, Phintys, dans lo Rheinisches Museum, t. LXX, 1gt5, p. 161-223, Joan Ithurriague, dans son livre imtitulé Les idées sur les conditions de la femme, p. 90, ostime que c'est & Vonseignement du Pythago- risme quo Tiéano, Périctioné et Phintys durent leur inspiration, PROLEGOMENES at faut établir une distinction fort nette entre le Pythagorisme considéré comme école philoso- phique et le Pythagorisme considére comme mouvement religioux. « Les Pythagoriciens, écrit en effet Georges Méautis', de par le caractere ésotérique de leur enseignement, de par Vimpor- tence qu’ils attribuaient aux problémes moraux, aux relations de l'homme avee I’au dela, consti- tuaient une congrégation religieuse bien plutot quime école philosophique. » En tant qu’école philosophique, le Pythagorisme s’éteignit au début du rv‘ siécle, pour reparaitre aur” siécle avant Jésus-Christ. Posidonius fut artisan prin- cipal de ce magnifique réveil. Mais, en tant que congrégation religicuse, il se continua, d'une facon ininterrompue, durant tout le cours de Pantiquité, Or, comme la plupart des fragments de Théano, de Périctioné et de Phistys sont relatifs des problemes d’ordre religieux et moral, il est permis de les considérer, toutes résexves faites sur leur caractére plus ou moins apoeryphe, comme les témoignages de la survi- vance admise et reconnue de cette vénérable et sainte tradition religieuse qui c relia, sans solu- 1. Gf. Geonoze Mitaures, Recherches sur le Pythogorisme, p. 28. Sor cette question de Ia continuité des Confrévies religiouses aprés {a destruction des Confréries politiques, cf. A. Dexarze, Blades sur 1n lttirature pythagorisienne, p. go-gt. 2a PROLEGOMENES tion de continuité, Pancien Pythagorisme & co que Von est convenu d'appeler le Néo-Pythago- risme!, » Mais la meilleure et la plus convaincante des preuves que Tes fragments de Pythagoriciennes qui nous sont parvenus contiennent des éléments susceptibles de se rattacher aux plus anciennes traditions de la Société pythagoricienne, c'est leur analogie frappante avec les idées que ren- ferment les quatre discours que Pythagore passe pour avoir prononcés & Crotone, peu de temps aprés son arrivée. Vers 530, en effet, pour des raisons qui nous sont mal connues, Pythagore? quitta Samos et vint en Italie, II s*établit dans Crotone, ville riche et puissante, située a Vextré- mité occidentale du golfe de Tarente et dans un lieu célébre alors pour la salubrité de son climat. La, avant d’opérer le groupement ot le choix qui devaient donner naissance 4 Ordre pythagori- cien, le sage parait s’étre, dans sa prédication, advessé tout d'abord & Ia foule. Des quatre dis- cours qu'il anrait prononeés, l'un s’adressait aux Jeunes gens, le second aux membres du Sénat, le 1. Cf. G. Meavsis, op. eit, p. 9, 10. 2. Sur Pythagore en Italic, cf. Bo, Guasonery Pythagore et ta philosophic pythagorivionne, t. I, p. 33-84, 50 sq. Lfox Rosix, La pensée greeque, p. 31 sq. Isiworr Livy, La Légende de Pythagore, P. 46-78. PROLEGOMENES a8 troisibme aux enfants, et le quatriéme aux femmes de Ia cité. Le résumé de ces quatre diseours nous a étéconservé parJamblique. La critique moderne admettant que Vauteur de la Vie de Pythagore tira son abrégé des Histoires de Timée', nous powvons étre 4 peu prés certains que les idées que nous transmet Jamblique faisaient partie, au dire d’A, Delatte: « des théories de l'ancien Pythagorisme, encore vierges de ces infiltrations piatoniciennes ou stoiciennes que l'on observe, bien moins d’ailleurs qu’on ne le dit, dans certains textes néo-pythagoriciens. » Vans le premier fragment de son livre Sur 7har- monie de la femme, Périctioné nous entretient du respect que nous deyons i nos péres. Le theme qu'elle paraphrase parait emprunté, tant au fameux Vers @Or qui nous preserit d’honorer nos parents?, qu’a la prédication que fit Pytha~ gore aux jeunes gens de Crotone. « Pour les amener, dit Jamblique’, a faire beaucoup plus de cas de leurs parents que d’eux-mémes, Pythagore leur disait qu’il fallait qu’ils aient Iéurendroit une reconnaissance aussi grande que F. GE. A, Datarte, Brea’ sur ta politique pythagorisionne, p- 39-44 a, Co quatritme hexamétre des Vers d’Or des Pythagoriciens nous dit: « Honore aussi et ton péro ot ta miro, et tes proches parents, » 8. Gf. Tananiaue, op. eit, 38 ah PROLEGOMENES celle quun mort pourrait porter celui qui aurait le pouvoir de le ramener & Ia vie. Il aflir- mait ensuite-qu’il était juste que nous aimions, de préférence 4 tous, ceux qui les premiers nous ont comblés de bienfaits, et que jamais nous ne les aflfigions. » Quant aux fragments ayant trait 4 1a conduite que doit tenir, 4 Pégard de son époux, de son foyer, de ses enfants, une épouse selon T'esprit de POrdre des Pythagoriciens, et qui nous sont parvenus souslesnomsde Périctioné etde Phintys, ils ne font aussi que développer les conseils que donna publiquement Pythagore aux habitants de Grotone, pour les engage” a vivre selon les sages préceptes de son nouvel évangile. « A Végard de la femme qui est la compagne de homme, dit-il aux membres du Sénat croto- niate’, il leur recommanda de vivre en se souve- nantque, si les conventions qu’ils font avec autrui sont consignées en des tablettes et des stéles, celles qu’ils passent avec leurs épouses le sont en leurs enfants, Il les invita aussi a faire en sorte de ne jamais connaitre d’autres femmes que la leur. Il engagea les femmes & ne point abatardir leur race, et conseilla aux hommes de penser qu’ils avaient introduit, comme une suppliante en pré- 1. Diapris Jamblique, op. eit, 67-48. PROLEGOMENES 26 sence des dieux, leur femme en leur foyer. » Dans son discours aux femmes! de la méme cité, Pythagore, aprés les avoir exhortées, comme le fera Phintys, 4 la modération et a Vexactitude dans les saerifices 4 faire & la Divinite, recom- manda a ses auditrices « de considérer que leurs pores eux-mémes consentaient a ce que la nature feminine aimat V'époux bien plus que coux auxquels la naissance était due. Voila pourquoi i 6iait Légitime, soit de ne faire aucune opposi- tion aux désirs de leurs maris, soit de s’estimer yictorieuses quand elles cédaient. Ce fut aussi dans cette assemblée qu'il prononea cette sen- tence destinée a étre si souvent répétée, A savoir, qu’une femme qui sort du lit de son époux peut sans impiété durant le méme jour s’approcher des autels, mais que jamais elle ne le peut si elle sort @un lit qui ne lui convient pas. 11 lour enjoi- gnit aussi de ne jamais proférer, durant toute leur vie, que de salutaires paroles, de se rendre compte comment on parlait d’elles et de ne pas seraployer a détruire leur bon renom. » Les themes moraux, qu’amplifient Périctioné 1. Draprés Fambliquo, op. cit., 54-55. A la suite deca discours, sjoute Jamblique, les fommes do Groiono n’ostrent plas eo revétir habits somptueux ; elles déposdrent coux qu’elles possédaient dans Je temple ’Héra, ot renoncbrent ea luse ot & la parare pour 0 consncrer & la sagosse ot le science, a6 PROLEGOMENES et Phintys, appartiennent doneaux plus anciennes traditions que nous puissions atteindre sur la régle de vie des Pythagoriciens. Néanmoins, si Je méme fonds d’idées morales se retrouve chez chacune des trois pythagoriciennes dont nous publions une traduction des fragments, chacune delles pourtant a un tour particulier pour le mettre en valeur. Le fragment philosophique attribué & Théano est trop court pour lui permettre de faire entrevoir autre chose que la netteté d’un esprit qui entend concilier les exigences de la logique avec celles du maintien des disciplines transmises. Le style de Périctioné ne manque ni déclat, ni de vivacité, L’expérience Ini dicte la conduite de son observation et la justesse expres- sive de ses traits immédiats. Plus didactique que celle de Théano, Ja maniére de Phintys est d’un esprit de déduction plus stricte et d’une raison plus austere. C’est Phintys qui ale mieux exposé Ja fagon dont les Pythagoriciennes entendaient la mission de la femme, en fondant ses devoirs sur les facultés qui lui sont naturelles, « A ceux qui, écrit Clarisse Bader & propos de Phintys', suivant son expression, eroient qwil ne convient pas plus a la femme d’étudier Ia philosophic que de monter & cheval, la Pythagoricienne fait une 1, Of, Cuanisse Baven, La femme grecque, t. I, p. fag. PROLEGOMENES 25 réponse qui est le langage de la sagesse méme. Egalement contraire & Péducation masculine de la ferame et a l'ignorance de celle-ci, elle établit ontre ces deux extrémes un sage milieu, Elle laisse &Vhomme la défense de Ia patrie, Padmi- nistration des affaires publiques; 4 la femme, la garde du foyer et le gouvernement de la maison. Mais elle reconnait chez un et chez autre, bien qu’i des degrés divers, la méme notion du vrai et du bien... C’est cette parfaite alliance de la beanté intellectuclle et de la pureté morale, qui permit A nos Pythagoriciennes de comprendre & Ia fois les spéculations philosophiques les plus élevées, et les devoirs les plus minutieux de la vie pratique. La méme voix que nous entendons s’élever pour annoncer, avec une dloquence digne de Platon, que Vhomme est né pour connaitre [a raison de ce qui est, cette méme voix ensoigne a la femme comment naitra en elle par sa vertu, et dans son ménage, par l’amour, cette harmonic que Périctionéadmirait dans univers. » Puis, résumant a grands ot justes traits Pidéal dela femme que préconisaient Théano, Périctioné et Phintys, le méme auteur écrit‘: « La femme, telle que la désirent les Pythagoriciennes, rend @ la Divinité un culte pur comme celle-ci. Elle 1. Gf G. Baven, op. eit., t. IL, p- 430. 28 PROLEGOMENES yénére ses ancétres ; elle obéit @ ses parents avec la plus héroique abnégation. L’épouse partage les idées de son mari; le respectant encore dans Tes fautes qu'il commet, elle les lui pardonne avec cette indulgonce que la vertu nous fait accorder méme & nos ennemis. Blle le subjugue aforce de magnanimité et le conduit au bien par son propre exemple, Elle étend cette influence salutaire, non seulement sur ses enfants qu’elle prépare, par le travail et par le sacrifice, aux luttes de la vie, mais sur ses esclaves qu’elle aime et dans lesquelles elle respecte Ja nature humaine, Elle répand sur toutes ses relations le charme de sa vertu et de son intelligence. Enfin, elle demande sa parure, non 4 l’éclat empranté d'un luxe pernicieux, mais au doux éclat de la pudeur. > Quant aux lettres de Théano, de Mélissa et do Myia, dont Ia traduction suit celle des fragments de Périctioné et de Phintys, la critique moderne les considére généralement comme apocryphes*s mais ces apocryphes, comme le remarque E. Egger®, « sont des apocryphes anciens, tres 1. Silos dorts qai nous sont parvonus sous le nom de Théano, derit GL. Bader, Le femme greeque, te Il, p. 08, « ne sont pas authontiques, ls attestent du moins la haute idée que te Grent de ton earactar les Grecs qui se cruront fonds @ es Iai atiribuer ». ‘t. Dans une lettre & Clarisse Bader. C&C. Baows, op. eit, PROLEGONENES a9 anciens peut-étre », L’anonymat d’ailleurs, dans le Pythagorisme, comme dans toutes les antiques écoles dont l'enseignement se transmettait initia- tiquement, était de tradition. Pythagore ne nous a laissé aucun écrit sous son nom, L’anditeur s’offacait devant la voix impersonnelle du Maitre, et seule importait la transmission la plus fidéle possible de ta doctrine’. Le seul fait que ces Ietires, tout comme les fragments dont nous avons parlé, soient signées d'un nom partieu- (Lp. sevede la préface, Voir aussi Cratower, op. cits, tT, ps 185, 190. 1, « Les Pythagoricions, dit Plutarque, Numa, 12, n'écrivaient jamais leurs précoptes, ot so contontaiont do los ensvigner de vive voix b ceux quis en eroyaient dignes, n’estimant ni besu, ni hon- nde, quo des mysléces si saints fassent divalgaés par dos lettres mortes. » D'apris Jamblique, op. ct, 199, ce fut Philolaos qui, lo promier, divalgua certains dogmes des Pythagoriciens. Jemblique role tussi que les Pythagoriciens ne tiraient aucune gloire person- nelle de leare propres écrts. Ils pouvaiont fort bien, éerit Dacier, Vie de Pythagore, GLXVIL-VIIL, « avoir imité une coutume qui était on Egypte. Quand quelqu'an avait fait un ouvrage, il Sait ‘obligé-de lesoumettre le censure des Préires commis cot examen. 8i Touvrage était approuvé, on I’éerivat sur des coloanes sans nom. autour, et tous cos ouvrages étaient ottribués & Hormés, le Diow qui préside aux aciences. I pout se faire de mmo quo les premiers disciples de Pythagore ne mottaient pes Iour nom & lears écrit, of quils les attriboaient tous & lear Mattre, comme & celui dont is raient tout regu. » Voir aussi Puotanaus, De la Fortune EAtesandee, 38s Desay Vode tage,» 18988, 197 note 17. 30 PROLEGOMENES lier indique qu’elles faisaiont partie de la doctrine exotérique ou publique del’Ordre. Elles n’en sont pas moins d’un précieux intérét. Avec Vaccent que sait donner aux mots la vie secréte d'une Ame illuminée, une gracefamiliére, ane tendresse active et bénéfique et une ironie parfois douce ou mordante, elles ne contiennent, le plus souvent, que dutiles conseils aux méres de famille sur leurs devoirs @’épouses, sur Péducation de leurs enfants, sur la fagon de diriger leurs maisons et de traiter leurs servantes’, Denx lettres de Théano, l'une i Nicostrate ot ’autre a ’admirable Eurydice, sont de spirituelles et d@’émouvantes exhortations 4 surmonter la jalousie qui dévorait le cour de deux femmes trompées. Nous avons dit, au début de ces Prolégoménes, ce que nous pouvions savoir de Mélissa et de Myia, de Périctioné et de Phintys. Nous sommes tontefois un peu micux renseignés sur ce que fut Théano, la plus célébredes Pythagoriciennes*. Malheureusement, il ne nous reste de son ceuvre 1. Los lettres I, I, Il, de Théano, peuvent, hla rigueur, passor pour fire authentiques. La lettre IV semble un double de Ie lettre TL Quant aux lettres V, VI, VU, leur coractire apocryphe est do tonte évidenco. 2. Sur Théano, of. Gries Méxace, op. cit., p. Gar-3 ; J. C. Worr, op. ite, p. 6-450 5 A. Moztactr, Fragmenta, t. 11, p. uri avn; Luciex, Amours, 30, Portraits, «8. PROLEGONENES 3 que des grains de poussiére, et nous en sommes réduits 4 accepter de confiance ce que les histo- riens de Vantiquité nous ont rapports de la grandeur d’ame de cette femme qui eut la vertu et le don divin de donner tout sa proportion convenable, Fille spirituelle de Pythagore, ‘Théano passe pour avoir été la sage épouse de son initiateur. Porphyre' la fait naitre, en Crete, d’un pére qui se nommait Pythanax. Diogene Laerce et Suidas* la disent fille de Brontin de Crotone, Sil faut en croire Hermésianax, cité par Athénée’, Pythagore aurait bralé pour ‘Théano d'un amour frénétique. Aux deux fils, Télauges et Mnésarque, qu’elle eut de son éponx, les anciens ajoutaient trois filles: Damo, Myia et Arignota. Télaugés, dit-on,. fut le maitre d@Empédocle', Arignota écrivit des vers sur les 1. CE Ponrnme, Vie de Pythagore, 4. 2. Cf. Suipas, 5. v. Théano. Diogtne Lacreo, VIII, 2, apres avoir dit que Théano fut la femme de Pythagoro, sjoute que quelquos-unalla font épouse de Brontin ot disciple de Pythagore, Lautour ineertain de la vie de Pythagore que nous conserva Pho- tius, Biblio., CGLIX, appelle Théano fille et disciple de Pytha- gore, Hs’agit sans doate d'une fliation toute spiritueli, Sur les renseignements contradictoires qui nous sont parvenus su: Ia femille de Pyliayore, of. A. Dutarre, Vie de Pythagore, p. a4t-ahg. 3. GE. Amuse, Banguet des savants, liv. XUIT, p. 162, troduc- tion Thiorry Sandre, 4, Cf. Diootne Laznce, VIII, 43. Ba PROLEGOMENES Mystéres de Déméteret sur l’enfance de Dionysos". Damo commenta Homere et hérita des Mémoires seerdtes de son pere*, et Télauges et Mnésarque’, aprasla mort de Pythagore, prirent, sous la direc- tion de leur mére qui s'était remariée & Aristée de Crotone, la direction de son école. Théano avait beaucoup écrit. Stobée nous a conservé un fragment de son livre Sur da piéié. Clément d’Alexandrie‘ affirme qu'elle laissa des podsies, et Suidas®, des commentaires philosophiques, des sentences et des poémes épiques. On raconte aussi, au sujet de Théano, une anecdote que Jamblique® rapporte 4 Timycha. « Théano Pytha- 1. Cl, Gutnznr p’Anuxanpait, I, 16, 80, 6d, Dindort, Voir aussi Suimas, sv. Arignota, qui mentionne un Dissours saoré de cette postoss. a. Gf. Diooine Lannox, VIM, 42; Jammuiaue, op. elt. 146. Voir aussi Lysis, Lettre & Hippargue, dans les Bpistolographi graeet de R. Horcher, p. Gor-802, ot Ie commontaire que fait de cette lettre A. Delatie, dans aes Biades sur ta littérature pythagorictenne, p- 83-106. 3. GE, Tukovoner, De Grace. affect. eurat., HE, 783. 4, Gt, Guisenr o'Aurxannnie, Stromates, liv. I, 16, 80. 5. Gt. Suipas,s. v. Théano. Snidas distingue deux Théano, Pytha- goriciennos ot auteurs, La premibre oat la compagne de Pythagore. La seconde, postériouro, aurait derit des ouvrages sar Pythagore, sor Ia vorta, des apophtogmes ot dos exhortations anx fommos, $i falait Aédoubler le personnage de Théano, peut-ttre faudrait-il rapporter Jes letites qui nous restons & Pautour des Exhortations aus femmes ? 6. Cf. Fanouioun, op, cilsy 192-195. Voir aussi Sarr Anonorst, PROLEGOMENES 33 goricienne, ayant été garrottée par l'crdre d’un tyran pour obliger a révéler les secrets de sa patrie, elle se coupa la langue et la jete au tyran Elle étaitbien résolue a ne point parler, mais elle sentait que la nécessité l'y obligerait. S’étant donc 6té Yorgane de la parole pour étoutfer sa voix, cette violence la mit en état d’exécuter le dessein quelle avait formé de ne point découvrir les secrets de sa patrie, » C’est aux exemples et aux éerits de Théano surtout que Plutarque pensait, Jorsqu’il écrivait, 4 la fin du petit traité intitulé PrSceptes conjugaux:', qwil adressa & une femme nouvyellement mariée : « Et vous, Eurydice, tachez de vous nourrir principalement des maximes émanées des femmes les plus célébres par leur sagesse ot leur vertu, Ayez toujours 4 la bouche les principes que vous receviez de nous quand vous étiez jeune fille, de maniére 4 faire les délices de votre mari et l’admiration des autres ferames, grace & une si noble, & une si honorable parure qui n’aura coité aucune dépense, Les perles de telle dame opulente, les tissus de soie de telle étrangére, vous ne pourriez ni vous les procurer ni vous en vétir sans les acheter fort De virginitate, I, 4. Sux cotte histoire de Timycha attribuée & ‘Théano, of. Grurss Mésace, op. cit., p. 627 1, Gt, Puutanque, Préceptes canjagauz, (8, p. 34-346, du t. I de ses Oftwvres completes, par Victor Bétolaud. 3a PROLEGOMENES cher. Mais les parures d'une Théano, d'une Cléobuline, d’une Gorgo la femme de Léonidas, @une Timoclée la seur de Timagéne, d'une Claudia cette vestale del'antiquité, d'une Cornélie Pépouse de Scipion, de toutes celles enfin qui se sont rendues dignes d’admiration et de célé- brité, ces parures, dis-je, on peut les porter sans quill en coitte enrien et en rehausser sa personne de maniére & mener une existence & la fois forta- née et glorieuse. En effet, si Sapho se montra fire de son talent poétique au point d’écrire & une femme opulente les vers que voiei 1, Pour la traduction en prose eb compléte de ces beaux vers de Soppho, ef. notre traduction de Sappho, Anaoréon et Anaeréontique, - 74 Sappho, quo tote Pantiquité 0 plut & Aénommer : Diziime Muse, mervelleas prodige, Homtre féminin, honneur dea Lesbiennes aur belles chevelares, avait fonds @ Lesbos, une Maison des Muses, cit elle appronait anx jeunes filles qu'elle éduquait & se soucier de Ja heauté du corps et des biens de V'esprit, & se préparer & devenir dos épouses accomplies et & cucilir, sur Jes sommots ob dantent les Pigrides, les roses qui rendent les Ames immortelles. Les vers quo citont Plutarque, furent adrossés & uno fomme qui n’bonorait pas Tos Muses. Les voici dans une traduction que nous croyons plus Gaile que celle quien donna Y. Bétoleud + Morte, ta aeras un jour étendue, ot de Auean souvenir alors et d jamais ne restera, Car tu ne cueilles pas tes roses de Pitrie. Mais, inconnwe, ta erreras dans lee maisons D'Hadds, volant parmi tes ombres Indistinetes des morte PROLEGOMENES 35 Te voile descendue aus ombres éternelles Sans laisser aucun souvenir: Car tu nas pas cucilti les roses immertelles Que te Parnasse voit fleurins combien n’aurez-vous pas, mieux encore, le droit Wétre fiére et gloricuse de yous-méme, lorsque vous aurez cueilli non pas les roses, mais les fruits que les Muses produisent, ot dont elles gratifient ceux qui se passionnent pour la philo- sophie et Vinstruction ? » Mario Meunrer Paris, 1932 1 ' FRAGMENTS DIVERS i DE PYTHAGORICIENNES DE THEANO 1. — Sai oui dire qu’un grand nombre de Grees pensaient que Pythagore avait dit que tout naissait du Nombre. Mais cette assertion nous met dans Vembarras ; comment imaginer des choses qui ne sont pas et qui puissent engen- drer? Ia dit, non pas que tout naissait du Nombre, mais que tout, conformément au Nom- bre, était formé, puisque dans le Nombre réside Pordre essentiel, et que ce n'est qu’en participant & cet ordre que les choses mémes qui peuvent étre nombrées sont placées premitres, secondes, et ainsi dé snite'. 1, Ce fragment nous a été conservé par Stobée, Belog. Physio., 1, 10, 13. Le compilateur prétend Pevoir tiS'un live que. Théano Gerivit Sur la pidté. Selon Aristote, Métaph., I, 5-6, les Pythago= fo FEMMES PYTHAGORIGIENNES 1. — Car Théano la Pythagoricienne éerit: « La vie en effet serait véritablement un festin pour les méchants qui meurent aprés s’étre iniquement conduits, si ame n’était pas im- mortelle'. » felons faissient des aombros los éléments des choses ils les consi- Asraiont comme la cause, Vessence et Ia substance des choses. A ‘etie conception s'en ajoutait une autre, calle que défend Théano, (que los nombres, antérieurs & tout étre naturel de Vordre du deve~ ni, Glaient es modtles quiimitent Jee choses, ct que les tres n'existaiont qu’en tant qu'ils participaiont & Fordonnance détermi- rnante du Nombre. Cf. Guatoxer, Pythagore et ta philocophie py ha- goricienne, t. 1, p. 2-83; L. Ronix, La pensée grecque, p. 68-70 5 J. Bunsen, L’aurore de la philosophia grecque, p. 339-339, Syrianus, In Metaplys., XII, 6, appolle le Nombre ¢ 1a mesure et Ta raison ‘qui ditige Part de Dicu dans la formetion dx monde ». Simplicias, In Phgs., 104, Vappelle «instrument critique da Dieu formatear »- Le Nombre, derit de son ebté Asclépiedo, Sehot. Aris, 40, « n'ex- prime pas la matiére ; car comment concevoir qu'on compose avec des nombres, des étres physiques? Ce que les Pythagoricions ésignont par les nombres, ce sont lee formes physiques, qui d&fi- sent et déterminent la matiére, comme los nombres définissent ot détermineat les choses nombrées », C’ost sous ce rapport, comme Yo romarque Aristote, que la théorie des nombres pythagoriciens est analogue & celle des idées platoniciennes. Le texte grec, que nous avons suivi pour la reduction de ce fragment et de tous coux qai nous restent de Théano, est celui qu’en dita Aug. Mullach, dans ses Pragmenta philosophorum grecorum, t. Il, p. 115-118, Paris, Didot, 1865. 1. Co fragment est extrait des Stromates, LY, 7, de Clément ‘a’Mloxandrie. FRAGMENTS DIVERS A If, — Théano dit: « Il est des choses dont il est beau de parler; il en est d'autres qu'il est honteux de taire. I] est aussi des choses dont il est honteux de parler; il en est d'autres qu'il oot préférable de taire!. » TV. — Théano, en s’entourant de son manteau, fiteatrevoirson avant-bras. Et, comme quelqu'un lui disait: « Quel beau coude! » elle répondit « Mais il nest pas public. » Il convient d’ail- leurs que non seulement le coude, mais que la parole méme d’une femme retenue ne soit point A tout le monde, et qu’elle redoute ot se garde, comme de se mettre nue en face des étrangers, de faire & tous entendre sa voix. Dans la voix, en affet, transparaissent lo sentiment, le carac- tare et la disposition de celle qui parle* 1. Ge fragmont ost tiné du Florlegium Monacense, 26g, qu’édita Aug. Moiaoke, & lala du tome IV de son édition do Siobée, Toub- nner, 1856. « Il fant, conseillait Pythagore, @aprés Sioble, Flori lige, XXXIV, 7, 04 se faire, ou dire dos choses qui villent mieux aque le silence. » 2. Ge fragment eat ties de Plutargue, Préceptes eonjugaux, 31 Stobie, Florlége, LXXIY, Gg, To cite & peu pris on termes sem- blables. CKmont d’Alexandrie, Stromates, IV, 19 et Théodoret, 42 FEMMES PYTHAGORICIENNES YV. — Théano, la Pythagoricienne, ayant été interrogée sur la facon dont elle s’était rendue célebre, répondit: « En tissant la toile et partageant ma couche!. » ‘VI. — Théano, ayant été interrogée en combien de jours, aprés s’@tre unie & un homme, une femme redevient pure, répondit: « Si c'est avec le sion, surle-champ ; si c'est avec un autre, jamais". » De grace. affect. car., XU, Te rappellent pour proposer en exemple aux femmes chrétiennes Ia pudeur de cortsines femmes patennes. Clément @Alexandrie, dans eon Pédagogue, Il, 10, rapporte encore co fait, mais sans citer Ie nom de Théano. Et il ajoate + « A quol- qu’an qui lui dit: Ta as do bellos jamabes, elle régontit : Mais elles sont Amon ceut mari. Bt i un autre qui lai disat : Tom vitago ost beau — Oni, réponditelle, mais il est au seul homme qui me prit pour épone. » 1. Gotte réponse de Théano nous a été conservée par Stobée. Florittge, LXXIV, 32. Crest un vers d'Homére, tiré de 1'Riade, I, 31. Le contexte donno iei & partager lo sons de garder avec fidlité, ‘2, Co fragment ost extrait de Stobée, Florilage, LXXIV, 58 Clément a’Alexandrie, Stromates, IV, g, et Théodoret, op. cit., XII, Ie eitont avec une Légtre varionte, on faisant domander & ‘Théono combien de jours, apris s'étre unie 4 un homene, la feramne poutelle s'assecir aux Thesmophories? Jamblique, Vie de Pythe- gore, 11, nous dit que ce fat & Passemblée des femmes de Croton FRAGMENTS DIVERS 43 VII. — Théano, la Pythagoricienne, ayant 66 interrogée sur le devoir gui incombait & une femme mariée, répondit: « Plaire & son propre mari!, » ‘que Pythagore « prononga colte sentence destinge & aire si souvent rép6tde, 3 savoir qu'une femme qui sort du Kit de som épox peut, sans itapiété ot dans le méme jour, sapprocher des antels; m: ‘que, s: olle sort danprés dan homme qui ne soit pas Io sion, elle ne le pent jamais. » Diogéne Lacree, Vies des Philescphes, VIM, 43, aprés avoir rapporté comeme le foit Stobée, Hinterrogation et la réponse do Théano, ajoute ceci: e Théano consellait une femme qui doit s'unir avec son mari de so dépouiller de sa réserve on mime tomps que de ses habits, mais de la roprendre, ds qu'elle se live, on méme temps qu'elle Phabille, Qaelqu'wn Ini ayant demandé dde quelle réserve elle parlait. Do colle, répondit-elle, qui fait que je suis dite dire femme. » Montaigne, Bssais, T, 20, fait état do cette réponse de Théano, qu'il considére, & tort, comme la belle- fille do Pythagore, « La bra de Pythagoras dissit quo 1s femme qui se couche aveeques un homme, doibt, aver sa'cotte, lasser quand et quand la honte, et la reprendre aveoques sa cotta.» Le bon Plax tarque n'est point ici do Vavis de Théano. « Crest & tort, éoritil, qullérodote, I, 8, adit: ela femme, ensedépouillent de sa tuniqne, s0 dépouile aussi de sa résorve, » Car, au contraire, Is femme hhounéte te fait alors un v8tement de eotte réserve méme; et plus doux époux s'siment tendrement, plus ils professent @ légerd un, de autre un respoct qui est lo gage do colts tendresse, » 1, Cotte réponse do In Pythagoricionne nous a été conservée par Stobse, Florilige, LXXIV, 55. Melissa, dans sa lottre & Cléaréte, nous cit que « la ferme doit plaice & son mari, on exéealant toutes ses Yolontés, car los volontés de V’époux doivent ire considérées, par une femme éprise de heauté morale, comme une Joi nom écrite colon laquelle il faut qu’eile conforao sa vies » 44 PEMMES PYTHAGORIGIENNES VIL — Théano dit: « TH vaut mieux s'en remettre 4 un cheval sans frein qu’a une femme invéfléchie*. » IX, — Interrogée sur co qu’était V'amour, ‘Théano répondit: © L’inclination d'une Ame inoccupge*. » 1. Ges deux derniors fragments de Théano soot extesits du Flo- rilegiun Monacense, édit. Meineke, 258, 270. 4. Sur la fagon dont Pythagore considérait Yamour, qa'll tolé- raiten hiver et proverivait en été, ef. Diockne Lame, VIM, 9 Voir aussi: Fasmrrqu, op. ei, 209 ; Diovowe ox Sicits, X, 9s 3. n DE PERICTIONE 1. = De la sagesse' L’homme est né et composé pour contempler le principe de la nature universelle, et la fone~ 1. Ge fragment du livre Sur de sagesse qu'éerivit Péristions nous a été conservé par Stobse, Florliye, I, 62, 68. La traduction fran- ‘aise que nous donnons des fragmonts qui nous restent de Périon fioné ot de Phintys a dt faite sur les dene textes grecs snivants : ‘A. Mullach, op. cit, p. 33-38; C. Orelli, Opascula Grascoram ‘eteran, t Th p. 346-304, Leipig, 1861. Comme Péritioné était To nora de fa mise de Platon, Bonlley dans ses Dissrictions upon the Bpistles of Phalaris, p. 381 sq. supposa que los livns de Péric- ong, dont Stobée nous couserva des fragments, étaient Peruvre aon fausssire qui, pour lear donner da crédit, aurait mis sex fourrages sous le nom de la mire da fondeteur de Académie, Per contre, dans tne étude récente ietitulée Die OBconomicc der Neupy- 46 FEMMES PYTHAGORIGIENNES tion de la sagesse est précisément de posséder et de contempler V'intelligence manifestée dans les réalités. La géométrie, Varithmétique et les autres dis- ciplines spéculatives et d’ordre scientifique ne s'ocoupent que de certaines réalités. La sagesse, par contre, s‘occupe de toutes les modalités du réel. La sagesse, en effet, ne se comporte-telle point, &'égard de toutes les réalités, comme Ja vue se comporte & I’égard de tout ce qui est visible, et Vouie a légard de tont co qui peut étre entendu? Des accidents qui affectent le réel, les uns surviennent universellement A toutes les réalités ; les autres, a 1a plupart d’entre elles, et autres, singulidrement & chacune. Il appartient ala sagesse d’avoir conscience des accidents qui thagoreer Bryson, Galliratites, Periztyone, Phintys, parae dans lo Rhcinisches Museum, tome LXX, 1915, p. 167-185, auteur, Friew Wilholm, fait ressortir les analogies qui existent ontro ces ivers traitis et Tos idéos douvrages plus anciens ayant trait & V'QBeoromiqae. Mais il pense qu'il faut metire en rapport la compo~ sition de ces tratés, indiseutabloment issus des théories pythago- ricionnes, avecla réapperition, dans la littérature, du dialecte dorien aqui suivit la résurrection de Vattique aw n* sidcle de notre bre. A Tein thy p. Goptad, do son cuvrage intitalé Le femme greeque, Clarisse Bader nous donna la premiére traduotion frangaise ‘que nous connsissions des fragments de Théano, do Périctioné et de Phintys FRAGMENTS DIVERS a surviennent universellement & toutes les réalités, et de les contempler; aux sciences naturelles, de connaitre ceux qui arrivent a la plupart d'entre elles, et enfin, & une science déterminée, de juger cenx qui sont Ie propre dune chose particuliare'. Voila pourquoila sagesse recherche 1, Co fragment do Périctiond Sur ta sagesse, nous eat parvenu ‘en dialoots dorion; le saivant, Sur Uharmonie dé ta forme, en. dia- Jote ionien, R. Bentley, dans ses Dissertations pon the Epistles of Phalaris, p. 382-383, édit. W. Wagnor, Berlin, 1884, n’admettant pas qu’uns femine puisse écrire on devs dialectes différents, rojette, comme apocryphe, le fragment Sur Pharmonie de ta femme, écrit ‘on ionioa, et restitue & Archytas de ‘Tarente le fragmest Sur la sagesse, éerit en dorion, Pour nous, nous ne Yoyons aucune reiton do ne pes Isisser & Pétictioné la paternité du fragment Sur Uhar= rmonis de ta femme. Nous ne savons rien de cette forme, quil faut distinguor de colle du méme nom, qui passe pour avoir &é a mire do Platon. Bin effet, si V'on en excepte Stobéo, aucun auteur ancien, ne fait rnontion de cette philosophe, et Jamblique, Vit. Pyth., 36, ne la cite pas dans son Saurération dos femmes. pythagoricionnes. Quant aa fragment Sur la sagesse, que Stobée altribue & Périctions, Jamblique dans son Adhoriatio ad phit., IV, 3g, nous en s conservé ‘une version qu'il attribue & Archytas de Tarente. Sous lo méme titre, lo fragment do la Pythagoricieane reproduit souvent To toxte ‘mémo d’Archytas, hion que le tour ot Vordre des idées ensoient ua pou différents, Nous donnons ici !a traduction que fit, do ee fragment aArchy'as, Edmond Chaignet dans Pythagare et le philosphie pythagorieienne, t- 1, p, 272-278. « Lihomine est ni, il « 6t6 orb pour connattre Fessonce de Ia nature univertelle; at Ia fenction de la sagesse ost précisément de posséder ot do conteropler Mintelligenco qui se manifeste dans les Stres. — La sagosse n'a pas pour objet ua 48 FENMES PYTHAGORIGIENNES les principes de toutes les choses réelles; les sciences naturelles, de celles qui sont produites par la nature, La géomeétrie, Varithmétiqne et la musique découvrent les principes de la quantité et de la consonance. Celuila done qui est capable d’analyser toutes les modalités du réel en fonction d'un seul et méme principe, et de nouveau, en partant du méme principe, de les recomposer ot de bien les ordonner, celuila parait dtre le plus sage et le plus prés du vrai. Il parait fire queleonque déterminé, mais absohment fous los étres, ot il me faat pas qu’elle commence & chercher les principos d'un étro indi- viduel, mois bien les prineipes communs & tous les dts. La sagesso 4 pour objet tous les étzes, comme la vue a pour okjot toutes les choses visbles. Voir dans lear ensomblo at connaftre les atteibiats taniversels de tous les res, cast le propre de le sageste, et voill comment la sagere décowvre les principes de tous Tes étres, Colut ‘go est capable d'analyser tous les genres, et de Jos rameoner et de Tes réunir, par une opération inverse, en un seul et meme principe, celui-ld mo paraitdtre le plus tago, le plus proche de la vérité : il Somble avoir trouvé cet observatoire sublime du haut daquel il pourra voir Dieu, of tontes les choses qui appartiennent& la série ot & Pordre du divin. Mattre de cette route royale, son exprit pourra lancer tout droit en avant, et arriver au bout do Is cariéze, en Viant les principes aux Gns des choses, et en connaissant_ quo Diew cate princ'po, le milieu, la in do toutes les choses faites daprés Jes régles de fa justice ot do la droite raison. » Le texte gree de ce fragmont @Archytae a été Gdité par Mallach, Frogmenia philos., U1, p. 558-559, Didot. FRAGMENTS DIVERS 4g de plas avoir trouvé un beau sommet d’observa- tion, d’oui il sera capable d’élever vers Dien son regard et d'embrasser toutes les choses qui, en série et en ordre, ont été mises on place par Lui. IL. —- De Charmonie de ta Femme’ Tl ne faut pas dire du mal de nos parents, ni leur on faire ; mais obéir, dans les petites comme les grandes choses, & nos générateurs®. En tout état dame et de corps, en toute circonstance intime ou extérieure, dans la paix et la guerre, dans la santé et la maladie, dans Ia richesse ot éorivit Sur Uharmonie de la femme, onenne cxtats fae la grant esd eos pena tio eee te part Sr mde quan dvrs Per geese ofa Pyare pf oe toe duties Te dee ice fin ycommsrs ts Ya Ur in Pgeaten Hee bo FEMMES PYTHAGORIGIENNES Vindigence, dans la célébrité et Pobseurité, qu'ils soient simples particuliers ou investis de charges publiques, il faut toujours rester auprés de nos parents, ne jamais tes abandonner, et leur obéir presque dans la folie. Une telle conduite, en effet, passe pour étre salutaire et sage aux yeux des hommes picux. Mais si une femme méprise ses parents lorsqu’ils sont en butte @ quelque espéce de mal que ce soit, sa faute en sera, dans sa vie et dans la mort, poursuivie par les dieux. Elle sera ici-bas détestée par les hommes; et, gous terre, avec les impies et dans le méme lieu, elle séjournera durant T'éternité parmi les méchants, saisie par la Justice et par les dieux infernaux qui ont été investis du pouvoir d’étre Jes gardiens de ces obligations’. Car divine et pelle est la vue de nos parents, et leur contact et Jeur culte ont un éclat tel que ni celui du soleil, 1 La mime idfe se trouve dans Platon: « Il font, sent Les Lot WV. y1y, que pendant toute avi on parle & sos parents avec cn repost religious, ree qu'une peine ts Touro ext attache aie pevole, colle chose lige ; ot Némésis, gardieamo de Is Tustin, se creamise pour veller i ove vortes de manquements. » Daprét Jamblique, Vite Pyth., 175, let Pylhagoriziensrecommandsicot do sc mte tonjoucs ebservés ck menacés par les dioux. La nature de sie menace Suit Ia rainte quingpiait le jugement que les mes semoat a subir dane los Enfers. Cf. daomoiagUr, op. cit #985 179 5 Zaevcos, Préambules, dans Stobéo, Floritige, IV, 128. FRAGMENTS DIVERS br ni celui de tous [es astres que le ciel suspend et fait danser en cheur, ne sauraient dépasser, méme si quelqu’un pensait qu'il puisse exister quelque autre merveille plus grande que celles gui font Tobjet de notre contemplation’. Je miimagine que les dieux aussi doivent eprouver un seatiment pareil, lorqu'ils voient le spectacle que donne le respect des parents. Aussi doit-on, vivants et morts, les honorer, et ne jamais débla- terer contre eux. Mais gi, par le fait de la mala- die ou de V'illusion, ils tombent dans Verreur, il faut alors les exhorter et les enseigner, mais ne Jamais en ennemis les traiter. II ne saurait y avoir = effet pour les hommes plus grande faute et bla grane injutcn que d'etre impies vis-a-vis 1 Dabs un tits ioc nt rss ints Conmet on ie a spice re, doa Sie Fn, RVI, nts ss nen, 0 ago priagorisin fei Lascatetsdene scsi neon ar pe a me sone ts ample ls Nar ow lacy edo al ea ey prétres et les ministres, afin qu’ils vaquent continuellement: fale de ces divinités qui leur ont donné le jour » meskes cele 5a FEMMES PYTHAGORIGIENNES TI, — De Charmonie de la Femme’. 11 faut avoir compris que la femme pleine de mesure et de circonspection est harmonie* Il importe; en effet, que fortement son ame aspire ala vertu, afin qu’elie puisse devenir juste, cou- rageuse, mesurée, ornée de qualités conformes & sa nature, et hostile & toute vaine gloire. De ces vertus, en effet, résulte pour la femme une noble dont, ce fageent do Portion’ nous a 66 lonige, LXNIV, 19 Het enteit do ivee Teri Sur Carmen de te fone, Diaps Fae i guocpty ee bens fragt aor tpi Cea ten dovtn, at rigs nmi on let oon par vic Ga appt quslse formes grammatiaas erat commas dane In réaction qui noo ok reruns ds ides de Psion’ te Phiokys ; ef. F. Wremeust, 1. Commo le prée consorvé per Stabe, aque la Pythagerieienne coulgue Soriennes parvone, Sor veri deus pimples do ets ci. pao. oe prmmanyus A:Datle, Rei arto poise pth i ‘i faut prendre harmonie non dans Je eens erkizme, p88, ny Paecord oe de congonance, mais dans celui daccordement dans tel, tou tol mode musical. Un mode, éorit Gevaert, Histoire de le Mee que, U1, p: 108 6t 429, cesttedire une fagon spésale dordonner tes intervalles de Voctave, sappelait karmonie. FRAGMENTS DIVERS 53 conduite vis-a-vis d’etle-méme, de son mari, de ses enfants, de sa maison, et parfois aussi vis-A- vis des cités, si les cités et les nations sont gou- vernées par une telle femme, comme nous le voyons sous le régime royal'. Ainsi donc, si elle en arrive & Vemporter sur le désir et la passion, la fomme deviendra harmonieuse et divine. De la sorte, les amours illégitimes ne Ia poursui- vront point, mais elle saura garder son amitié & son époux, ses enfants et toute sa maison. Toutes celles, en effet, qui viennent & étre amoureuses des lits étrangers, prennenten inimitié tous ceux qui, dans leur train de maison, sont de condition libre et de condition domestique. Une femme de cette sorte combine des ruses contre son mari, inyente sur Ini des mensonges sur tout, afin @arriver & paraitre étre fa seule a se distinguer par la bienveillance et a gouverner son foyer, bien qu'elle ne prise que Voisiveté. Une telle inconduite, en effet, améne la destruction de tout ceque la femme et le mari possédent en commun’, Ma x. Birictions pone fi ax grandos reines, Artéonse, qui Grent Yadmiration do V'nliquit 2. Pythagore, rit Diogéne Lactee, n'appronvait pas qu'on pos: séditrion on particulier. 1 fat lo premier, ajouto le mim historion, VAML, 10, qui avanga que les aris doivent avoir tautes choses fen ai dit assez sur ce sujet. ‘miamis, Tomyris, 54 FEMMES PYTHAGORIGIENNES Quant au corps, il faut le régler sur la mesure quindique la nature, que ce soit au sujet de la nourriture, des vétements, des bains, des onc- tions, de Varrangement des cheveux, et de tout communes, et qui définit Vamitié comme une égalité, Conformé- ment aux principes du philosophe, ses disciples se dépouillaient de 2a propriété de leurs biens, mettaient leurs facultés en masse et s'on faissiont une fortune & laquelle chacun avait part avec autant de droit un que Vautro, Sur la coneoption do catte dgalité do répar tition proportionnelle qu’est Vamitié, ef. A. Dutarty, op. cit.. p. 101. « Platon, écrit Plutargue, Préceptes conjugauz, 20, dit qu'une villo ost heurouse et fortunde quand on n'y enfond pas dire + w Ceci est & moi, cola n'ost point & moi », parce que les citoyens y jouissent, en commun et dans toute l’étendue possible, des choses ‘qui ont quelque importance. Mais cfest du mariage, encore bien plus scropuleusement, qu'il faut bannir do semblables manidres de parler. Da resto, comme les médecins disent que les coups reeus aux parties gauches du corps répondent dans celles qui sont’ droite, dle méme le femme doit par sympathie ressentir los alfections do son époux, et plus encore I’épou, calles de sa femme, afin que, & image des neads qui prennent une force mutuelle do lear entro- Incement, Ia tondresse réciproque des deux Spoax garantisse de part et d’aatre la solidité de leur union. Pourquoi la nature nous méle- ‘-ollo par nos corps ? (lest pour que, prenant une part & un sexe, ‘une part & Pautre, et les ayant confondaes, elle rende commun & tous deur le résullat ; de telle sorte qu’on ne puisse déterminer ni distinguer ce qui est 8 un de ce qui est & autre, Gette commn- nauté de biens est exsentiellement convenable entre époux. Ayant confondu et mélé en une seule fortune la totaité de ce qu'lls ont, is doivent penser non pas qu’ane partapparticane en propre un, une part on propre 4 Pautre, mais étre convaineus que tout leur est ‘commun, que rien ne lear est étranger. » FRAGMENTS DIVERS 55 co qui, pour Pagrément de la parure, nous vient de Vor et des pierres précieuses. Toutes celles dos femmes, en effet, qui mangent, qui boivent, ot qui, pour se vétir ot les porter sur elles, usent do toutes sortes de choses trop coitouses, sont prétes & tomber dans l’égarement d’une perver- sion totale, et a mal se conduire a I'égard de leurs lits et de bien d’autres choses', Pour la faim et la soif, il convient done de ne viser qu’ leur apaisement et encore par des moyens fru- gaux; et, quant au froid, il suffira pours’en garer d'une toison ou d’un sayon de poil. Kcarter de Valimentation tout ce qui ne se vend qu’a grand prix, tout ce qui est réputé, est couper court & ua vice qui n’est pas insignifiant. De méme, se vétir de vétements trop ténus et de couleurs pro- 1. Sar les conseils que donne, pour se nourrir et se vétir selon les traditions pytbagoricionnes, le plus eflébre coramontatour des Vers d'Or, ef. Hutnoenis, op. cit, p» 198 89-, ot 208 sq., de notre troduction. Sur la fragalité de Pythagore, qui ne vivait que de miel, do légames et de pain ; sures conseils qu'il domnait de s0 coatenter de vivres commodes et dValiments sans apptét, of. Dro- ina Lannce, VIUL, 19, 13. Sur les eritiques que les comiquos @\thones faisaiont de la frugalitS de vie ot de Ix simplicité du vblement dos Pythagoricions, of. G. Miavrts, Retherehes sur le pythagorisme, p. 10-13. Voir aussi JawasiqUe, op. cit, 97 3 Pon- Payne, Vie de Pythayore, 34,

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