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CHAPITRE Contrainte budgétaire et préférences du consommateur 1. Introduction : le cadre de décision du consommateur 2. Panier de biens et ensemble de consommation 3. La contrainte budgétaire du consommateur 4. Rationalité et préférences du consommateur 5. Courbe d’indifférence et taux marginal de substitution 6, La fonction d’utilité i Introduction : le cadre de décision du consommateur 1.1, Préférences et contrainte budgétaire : un exemple Maxime est un jeune homme qui vient de recevoir 30 € d/argent de poche afin dese rendre une féte foraine, Une fois sur place, ila la possibilité soit d’acheter des tickets pour un manége a sensation, soit de faire du tir la carabine. Chaque tour de manége coate 6 €, tandis quil doit s'acquitter de 3 € pour chacune des parties de tir. Si Maxime décide de ne pas exercer ses talents de tireuy, il pourra au maximum bénéficier de cing tours de manege (6 € - 5 = 30 €). Inversement, s'il n'achéte pas de ticket de manage, il pourra faire au maximum dix parties de tir 4 la carabine (3 € - 10 = 30 €). Enfin, Maxime a la possibilité de pratiquer ces deuxactivités dans l'aprés-midi, Par exemple, il peut faire trois tours de manéges et quatre parties de tir la carabine (6 € +3 + 3€ «4 = 30 €) Autrement dit, Maxime peut déterminer toutes les combinaisons dactivités qui lui sont accessibles étant donné son budget et compte tenu des prix des biens. Une combinai- son dactivité, aussi appelée panier de biens, désigne un couple composé d’un nombre donné de tickets de manége et de parties de tir a la carabine. Ba 1.2, 1.3. Maxime cherche ensuite a classer tous les paniers de biens entre eux. Par exemple, s'il est un mordu de tir, il préférera le panier (2 tours de manége, 6 parties de tir) au panier (4 tours de manége, 2 parties de tir). De plus, si Maxime est indifférent entre les paniers (4 tours de manége, 2 parties de tir) et (1 tours de manége, 3 par- ties de tir), cela signifie qu'il est disposé a sacrifier trois tours de manége pour effec- tuer une partie de tir supplémentaire tout en maintenant constant son niveau de satisfaction. Enfin, pour un nombre de tours de manége donné, Maxime peut cal- culer son supplément de satisfaction s'ila la possibilité de faire une nouvelle partie de tir a la carabine. Ces différents éléments caractérisent les préférences de Maxime pour ces deux activités foraines. Du cadre de décision a la structure des choix du consommateur Lexemple précédent souligne que le budget d'un consommateur ne dépend que de son revenu et des prix des biens qui sont des variables objectives. En revanche, les dassements des paniers de biens ne dépendent que des préférences des consom- mateurs qui sont subjectives par nature. Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser successivement et de facon disjointe au budget puis aux préférences d'un consommateur représentatif. En revanche, dans le chapitre 2, nous combinerons ces deux dimensions afin de déterminer le panier de biens qui maximise la satisfaction du consommateur compte tenu de son revenu et des prix des biens. Le schéma suivant résume organisation des chapitres 1 et 2: Chapitre 1 Budget du consommateur Revenu Prix des biens Choix du consommateur Préférences du consommateur Organisation du chapitre Ce chapitre est organisé de la facon suivante : = dansla section 2, nous définissons les notions de «panier de biens» et d’ «ensemble de consommation » ; — lasection 3 explicite la contrainte budgétaire d’un consommateur représentatif ainsi que ses propriétés ; Microéconomie ~ lasection 4 expose les axiomes permettant de caractériser les préférences de ce consommateur ; ~ lasection 5 précise la forme et les propriétés des courbes d’indifférence de cet indi- vidu, Mais nous présentons également la notion de taux marginal de substitution ; — enfin, dans la section 6, nous nous intéressons a la fonction d’utilité d'un consom- mateur représentatif. Bg Panier de biens et ensemble de consommation 2.1. Panier de biens On considére une économie dans laquelle différents biens sont susceptibles d’étre consommés. Il peut s'agir de pommes, de chocolat, de farine... Chaque individu suppose que les biens sont disponibles en quantité infinie [il ne se pré- occupe donc pas de la rareté de ces biens pour le moment ; le prix qui s’établira a léquilibre de marché (chapitres 6 et 7) indiquera la rareté relative du bien en fonction de loffre et de la demande]. En outre, ces biens doivent respecter les deux axiomes suivants > Axiome 1.1 (homogénéité) : il existe différents types de biens au sein desquels les biens sont supposés étre identiques, [N.B. : un axiome désigne une vérité évidente mais indémontrable qui doit étre admise, et sur la base de laquelle une autre connaissance peut reposer. ensemble des axiomes constitue I'« axiomatique » d’une théorie. La seule contrainte pour une axiomatique est de ne pas étre contradictoire.] Par exemple, il n'existe qu'un seul type de chocolat, qu'une seule variété de pomme, qu'un seul type de farine... Cela implique aussi que le chocolat noir et le choco. lat au lait par exemple, sont considérés comme deux types de biens différents. En revanche, tous les chocolats noirs sont identiques, et tous les chocolats au lait le sont également. Toutes les unités disponibles de chaque bien sont donc identiques et ne peuvent étre distinguées. > Axiome 1.2 (divisibilité et additivité) : pour chaque type de biens, les quantités disponibles sont divisibles et additives. Les quantités consommées peuvent donc varier de facon continue, Par exemple, il est possible de se rendre dans une minoterie afin d’acquérir 3,450 kilogrammes de farine. De plus, 1,550 kilogramme de cette farine peut étre ajouté a ce panier initial de sorte que lon dispose désormais de 5 kilogrammes de farine. Par commodité, les biens seront numérotés. Nous parlerons ainsi de « bien 1 », de «bien 2», de « bien 3 »... plutot que de chocolat, de pommes ou de farine... En outre, x; désigne la quantité de bien i, avec i € {1,...,n} lorsque n biens différents sont disponibles dans économie, Toute combinaison de quantités de chacun des biens détermine la composition d’un panier de biens. Contrainte budgétaire et préférences du consommateur [_3 2.2. Plus précisément un panier de biens (aussi appelé « vecteur de consommation ») est une liste composée d'une quantité donnée pour tous les biens disponibles dans Téconomie. Un panier j, noté X;, peut donc s’écrire sous la forme d’un vecteur composé des dif- férentes quantités des n biens disponibles dans l'économie Xy = Pap ey tng] avec xj la quantité de bien i dans le panier j. De plus, du fait de !Axiome 1.2 de divisibilité et d'additivité, il est possible de com- biner les paniers de biens entre eux. Par exemple, le panier X3 suivant est composé de paniers X, et de p paniers Xp Xs =X, + Xp avec € Rretp € R*. Combinaison de paniers de biens Considérons deux paniers. Le panier X, est composé de trois unités de bien 1 et de deux unités de bien 2, andis que le panier X, comprend dix unités de bien 1 et cing unités de bien 2. Analytiquement, ces deux paniers scrivent :X, = [43,24] = [3,2] pour le panier 1, et X= [x12,¥22] = [10,5] pour le panier 2. A partir de ces deux paniers, il est possible de constituer un panier X3 composé de trois paniers X; et d'un panier Xp : Xq = 3Xy + Xp = 3+ [3,2] + [10,5] = [3-3 +10,3-2 +5] = [19,11] Par conséquent, le panier Xz comprend 19 unités de bien 1, et 11 unités de bien 2. Ensemble de consommation : Lensemble de consommation désigne ensemble des paniers de biens susceptibles détre consommeés par un agent en dehors de toute contrainte de disponibilité des biens ou de toute contrainte de revenu. Dans une économie qui n'est composée que de deux biens, lensemble de consomma- tion prend la forme d’un repere avec en abscisse la quantité de bien 1, et en ordon- née celle de bien 2. Puisque 'on ne peut consommer des quantités négatives de biens, seules les parties positives de ces axes sont représentées. Chacun des points de ce repére représente un panier de biens. Par exemple, dans Yensemble de consommation du Graphique 1.1, le panier X; comprend xy) unités de bien 1 et xp; unités de bien 2. Microéconomie Eig Graphique 1.1 - Ensemble de consommation Dans [Application 1.2 nous avons représenté les trois paniers de 'Application 1.1. Paniers de biens et ensemble de consommation Reprenonsles paniers X, > et X de lApplication 1.1, Ceux-ci sont composés de lafagon sui- vante : X1 = [x11,%2a] = [3,2] X2 = [x12, x22] = [10,5] et X3 = [43,23] = [19,11] lis peuvent étre représentés dans lensemble de consommation de la fagon suivante Graphique 1.2 - Ensemble de consommation de Application 1.2 Contrainte budgétaire et préférences du consommateur [ 5: 3.1. Contrainte budgét: 3 | La contrainte budgétaire du consommateur e et ensemble de consommation réalisable Chaque consommateur est doté d’un revenu noté R, avec R > 0. (Dans les cha- pitres 1 et 2, le revenu est supposé étre exogéne et constant. Autrement dit, les consommateurs ne choisissent pas le niveau de leurs ressources. Cette hypo- thése sera levée dans le chapitre 3 lorsque nous introduirons un modéle avec arbitrage travail-loisirs.) Ce revenu est utilisé afin d’acquérir une certaine quan- tité de tous les biens disponibles dans l'économie. Comme indiqué précédem- ment, nous noterons x; la quantité consommée de bien . De plus, Pi désigne le prix de ce bien. Chaque agent ne peut dépenser un montant supérieur 4 son revenu, soit analytiquement RZ Pix + Pare + + PaXn Yn {Nous supposons donc qu'il n'y a pas d’emprunt possible pour le moment. Cette hypothese sera levée dans le chapitre 3] Lorsqu’un consommateur dépense tout son revenu nous obtenons: R Y Pix: a Cette équation définit la contrainte budgétaire du consommateur. La contrainte budgétaire définit l'ensemble des paniers de biens qui épuisent le revenu d'un agent pour des prix des biens donnés. Lorsque économie n'est composée que de deux biens (n = 2), l’6quation définissant la contrainte budgétaire du consommateur prend la forme suivante : R= pyX1 t DoX2 Si Yon souhaite représenter cette contrainte dans ensemble de consommation (%1,%2) , ilest nécessaire d’isoler xz dans l'équation précédente : I s'agit d'une droite de pente — p,/pz. Cette pente mesure la quantité de bien 2.8 laquelle il est nécessaire de renoncer si ’on souhaite consommer une unité addition- nelle de bien 1, pour un revenu et des prix donnés. De plus, la valeur absolue de la pente (|~p;/ppl) représente le prix relatif du bien 1 par rapport au bien 2 [Ee] sitcom ~ Lacontrainte budgétaire intersecte 'axe des ordonnées au point de coordonnées (x1,%2) = (0, R/pz). En effet, a partir de la contrainte budgétaire, nous obser- vons que X2 = R/p2 si x; = 0. Le rapport R/p2 représente la quantité maxi- male de bien 2 qui peut étre acquise par un individu s'il consacre la totalité de son revenu ala consommation de ce bien. — Mais cette droite intersecte également l'axe des abscisses puisque x, = R/py six, = 0. Le rapport R/p, représente la quantité maximale de bien 1 qui peut étre acquise par un individu s'il consacre la totalité de son revenu ala consom- mation de ce bien. Le Graphique 1.3 représente la contrainte budgétaire dans lensemble de consomma- tion. Tous les points situés sous cette droite sont des paniers de biens qui peuvent étre acquis par le consommateur compte tenu de son revenu et des prix des biens. Cette zone est appelée « ensemble de consommation réalisable » (ou « ensemble budgétaire »). Graphiique 1.3 —La contrainte budgétaire du consommateur Ripa Contrainte budgstaire de pente —P1/P2- Ensemble de consommation réalisable * Rip Dans Application 1.3 nous proposons un exemple de contrainte budgétaire, [@_ Ensemble de consommation réalisable On considére un individu doté d'un revenu égal 4 30 unités monétaires (il peut sagir deuros, de dollars...). Dans cette économie, seuls deux biens sont disponibles: le bien 7 et le bien 2. Les prix de ces biens sont égaux: p, = py = 2. La contrainte budgétaire du consommateur sécrit R= Dixy + Pore Soit aprés avoir remplacé les prix et le revenu par leurs valeurs 30 = 2x, +.2x, Le Graphique 1.4 représence Féquation de cette contrainte budgétaire: Contrainte budgétaire et préférences du consommateur [ 7. Graphique 1.4 ~ Contrainte budgétaire de PApplicati Contrainte budgétaire Ensemble de consommation véalisable Silfon représente sur le méme graphique la contrainte budgétaire, mais aussi les paniers X, Xz et Xq de lApplication 1.1, nous obtenons: Graphique 1.5 - Ensemble de consommation et paniers de biens % R Sais Pe Contrainte budgétaire uu 5 2 x 0 ‘1 Le panier X, appartienc a lensemble de consommation réalisable mais il n’épuise pas le bud- get de lagent. En revanche, tout le revenu du consommateur est utilisé pour acquérir le Panier X; situé sur la contrainte budgétaire. Enfin, individu ne peut acquérir le panier Xz compte tenu de son revenu et des prix des biens, 8 | Microéconomie 3.2. Analyse d’une modification des prix et du revenu Dans cette section, nous allons étudier successivement impact d'une modification des prix des biens, puis !impact d'une modification du revenu surla contrainte bud- gétaire du consommateur, 3.2.1. Impact d'une modification du prix d’un bien Reprenons le cas d’une économie composée de deux biens (nous poursuivrons ce chapitre en supposant que seuls deux biens sont disponibles dans notre économie) La contrainte budgétaire prend la forme d'une droite d’équation ‘Afin de bien comprendre impact d'une modification des prix des biens, nous allons présenter successivement leffet d'une variation de p,, puis leffet d’une variation de pz. + Effet d'une modification du prix du bien 1 (py) La hausse du prix du bien 1 accroit le prix relatif p;/po. Il est donc nécessaire de sacrifier davantage de bien 2 si l'on souhaite pouvoir acquérir une unité addi- tionnelle de bien 1, a niveau de revenu constant. La valeur absolue de la pente de la contrainte budgétaire est donc plus élevée. En outre, cette hausse de py n'affecte pas le point d’intersection de la contrainte budgétaire avec 'axe des ordonnées (R/p). En revanche, le point d’intersection avec I'axe des abscisses (R/p,) se déplace vers la gauche. Le Graphique 1.6 illustre l'impact d'une hausse du prix du bien 1 Graphique 1.6 ~ Impact dune hausse de Py Rip2| Avec pl > py ® Rip! Ryo Ainsi, suite la hausse du prix du bien 1, ensemble de consommation réalisable est plus restreint, Ceci représente la diminution du pouvoir d’achat du consommateur. Inversement, une diminution du prix du bien 1 accroit ensemble de consommation réalisable comme l'indique le Graphique 1.7. Contrainte budgétaire et préférences du consommateur Graphique 1.7 — Impact dune baisse de Py % Rip, Avec pi Po PLS Pe Rip2! s Ripa a Rip 10 | Microéconomie 3.2.2. Impact d'une modification du revenu du consommateur Lorsque le revenu d'un consommateur varie, cela n’affecte pas la pente dela contrainte budgétaire dont ’équation est la suivante : Autrement dit, une hausse du revenu génare une translation de la contrainte budgé- taive vers le haut. En revanche, lorsque le revenu diminue, on observe une translation dela contrainte budgétaire vers le bas. Sur le Graphique 1.9, nous avons représenté Vimpact d'une modification du revenu du consommateur sur sa contrainte budgétaire. Graphique 1.9 —_Impact d’une modification du revenu (R) Xe % Ribs , Effet d’une baisse de R Rie Effet d’une hausse de R RR R'/pe Rips 0 R'/ps Ribs "0 Rios Rly Dans ’Encadré 1.1 nous proposons d’analyser impact sur la contrainte budgétaire des différents types de taxes ou de subventions mises en place par l’Etat. Encadré 1.1 ~ Fisealité et contrainte budgétaire ‘Afin de bien comprendre incidence dela fiscalitésur la contrainte budgétaire du consom- ‘mateut il est nécessaire de distinguer les impdts et revenus de transferts qui affectent les ressources de lagent, des taxes et subventions portant sur la consommation des biens. * Lorsque la fiscalité porte sur le revenu des consommateurs Tout dabord, Etat peut décider de prélever une partie du revenu des consomma- teurs grace & la mise en place d'un « impot direct ». Cet impét direct peut étre for- faitaire ou proportionnel. = Un impét est cit forfaitaire lorsque le montane prélevé par Etat est indépendant du niveau de revenu des consommateurs. Analytiquement,sifon note 7’ le montant de cet impat, le revenu disponible du consommateur (noté R?) sécrit: R° = R —T ~ Un impat est dit proportionnel lorsque le montant prélevé par Etat correspond une fraction du revenu du consommateur. Analytiquement, si fon note ¢ le taux dimposition, le revenu disponible sécrit: R? = R(1 — t).Ainsi, plusle revenu d’un agent est élevé, plus le montant prélevé par IEtat est important. Contrainte budgétaie et préférences du consommateur Bl u Ba 2 ooo Si état met en place un impét direct, la contrainte budgétaire du consommateur secrit RP nt + Pax, Seul le revenu du consommateur diminue tandis que les prix relatifs des biens ne sont pas affectés. On observe alors une translation de la contrainte budgétaire vers le bas. ensemble de consommation réalisable est donc plus restreint. Graphique 1.10 — Impact d’un impét direct Ea R/pa| Ripa x 0 RID, Rip, Inversement, lorsque I’Etat décide de mettre en place des revenus de transferts, il redistribue une partie des ressources collectives en faveur de certaines catégories de consommateurs. Ces derniers bénéficient alors d'un revenu plus élevé. Ainsi on observe une translation de la contrainte budgetaire vers le haut. * Lorsque la fiscalité porte sur la consommation des biens LEtat peut également décider de mettre en place un « impét indirect », i, une taxe qui dépend de la consommation des agents. II est nécessaire de distinguer deux types diimpéts indirects : les taxes unitaires et les taxes ad valorem = une taxe unitaire, aussi appelée taxe spécifique, est exprimée en unités monétaires. Elle indique le montant que devra payer un agent par unité consommée, Analyti- quement, si fon note ¢ le montant de la taxe par unité consommée de bien i, le prix toute taxe comprise de ce bien sécrit : p; + ¢*; = une taxe ad valorem, notée ¢%”, est une taxe qui dépend de la valeur des biens. Elle est exprimée en pourcentage. Analytiquement, si la taxe ad valorem porte sur le bien i, le prix de ce bien toute taxe comprise sécrit: pj(1 + t%), Les impéts indirects peuvent modifier les prix relatifs des biens. Par exemple, suppo- sons que I’Etat décide de ne taxer que la consommation de bien 1. Le prix relatif de ce bien va done augmenter. Le Graphique 1.11 illustre leffet de la mise en place d'un impét indirect sur la consommation du bien 1. Microconomie ° Graphique 1.11 —_Impact d’une taxe sur le bien 1 Rips maeagie i 8 Ryo Ryo En outre, il est possible de spécifier limpact lié a la mise en place d'une taxe ad valorem (t”) identique pour tous les biens. Dans ce cas la contrainte budgetaire du consommateut sécrit : R=xp (Ltt) + xpp,(1 + 0) Ce qui nous donne : R Th vay =P + Pa Soit encore RP = Dixy + Pax pou ac ey Ainsi, lorsque I'Etat met en place une taxe ad valorem identique pour tous les biens disponibles dans économie, cela ne modifie pas le prix relatif des biens = (2 (+e) 5) p2b +e) pa On observe alors une translation de la contrainte budgétaire vers le bas. Enfin, Etat peut décider de subventionner la consommation de certains biens. Cette subvention peut étre unitaire (s"), mais elle peut aussi dépendre de la valeur du bien (5%). Lorsque cette subvention affecte la consommation du bien i, le prix de ce bien devient:: p; ~ 5 dans le cas d'une subvention unitaire, tandis que ce prix sécritp(1 — 5”) dans le cas d'une subvention qui est fonction de la valeur des biens. Contrainte budgétaire et préférences du consommateur Ba B o Rationalité et préférences du consommateur Dans ce qui précéde nous nous sommes intéressés a la contrainte budgétaire du consommateur. Celle-ci définit un ensemble d’éléments objectifs au sein desquels vont s’inscrire les décisions des agents. La suite de ce chapitre sera quant a elle consa- crée aux préférences des consommateurs. Celles-ci sont subjectives par définition, i.e. propres a chaque individu. Afin de travailler au sein d'un cadre théorique cohérent, il est nécessaire que ces préférences répondent a un ensemble d'axiomes. Ces axiomes nous permettront de circonscrire notre analyse aux comportements rationnels des consommateurs, Ces derniers ont la particularité d'etre modélisables. Cependant, nous prendrons égale- ment soin de préciser les limites de ces axiomes 4.1. Les axiomes de rationalité du consommateur Le comportement rationnel du consommateur repose sur un ensemble d’axiomes que nous allons présenter ici, Dans |a littérature économique, un agent rationnel est souvent qualifié d’« homo-oeconomicus », 4,1.1.L’axiome de comportement Un consommateur rationnel est un agent qui applique un raisonnement structuré hui permettant de sélectionnerle panier de biens qui lui procure la satisfaction la plus élevée. > Axiome 1.3 (comportement) : les consommateurs maximisent leur propre satisfaction’. Cet axiome comporte deux éléments distincts. Tout Pabord, il est supposé que les. agents recherchent le panier de biens qui maximise leur satisfaction. Il est donc pos- sible d’utiliser les techniques d’optimisation pour caractériser le comportement du consommateur. Ces techniques seront présentées dans le chapitre 2. Encadré 1.2 ~ Herbert Simon et la rationalité limitée Selon 'Axiome 1.3 les consommateurs font preuve d'une rationalité parfaite car ils choisissent la solution qui maximise leur satisfaction. En revanche, pour Her- bert Simon (prix d'économie en I'honneur de Nobel en 1978) les consommateurs rladoptent pas un comportement doptimisation. En effet, leurs capacités cognitives sont limitées en termes de capacités de calcul, de traitement de linformation, de capacités de mémorisation ou dlattention. Cette rationalité limitée des agents ne leur permet pas de sélectionner la solution optimale. C’est pourquoi il est nécessaire de spécifier le processus de décision. Ainsi, les consommateurs vont examiner les options possibles de fagon séquentielle et choisiront la premiére solution qui leur paraitra satisfaisante (critére du satisficing).. La rationalité décrite par Herbert Simon prend davantage en compte le processus de décision, cst pourquoi elle est aussi qualifige de rationalité procédurale. Inver- sement, puisque dans le cas de la rationalité parfaite on ne s‘intéresse qu’au résultat du processus de décision, on parle de rationalité substantielle pour désigner la subs- tance, le résultat de loptimisation, De plus, cet axiome énonce que les agents ne sont concernés que par la maximisa- tion de leur propre satisfaction. Ceci n’exclut pas les comportements altruistes. En effet, un agent adoptera un comportement altruiste pourvu que le gain qu'il en retire soit supérieur au coat que cela engendre. Encadré 1.3 = Un homo oeconomicus altruiste Khalil (2004) propose de distinguer trois formes de théories de l'altruisme rationnel ~ Fapproche égoiste suppose que les agents font preuve dialtruisme sills espérent pouvoir bénéficier d'un gain ultérieur lié & cet acte. Par exemple, un voisin en aide un autre afin de pouvoir profiter & son tour d'une aide en cas de besoin’; — Vapproche égocentrique suppose qu'un agent fait preuve d'altruisme lorsque sa satisfaction dépend directement de celle des autres agents (Becker 1976). Un agent fournira un don a une autre personne si le bien-étre quil en retire est supérieur celui qu'il aurait obtenu en consommant lui-méme cette ressource, Par exemple, un individu riche donne une somme d'argent 8 un individu pauvre si cela lui fait plaisir de savoir que le plus nécessiteux retirera une satisfaction élevée de pouvoir consommer davantage: ~ approche altercentrique suppose que les agents sont caractérisés par un gene de taltruisme. Ce géne dicterait aux agents de faire preuve d’empathie. Le don est alors associé & une forme de devoir, au méme titre qu'un devoir civique. 4.1.2. L’axiome d’unicité de la relation de préférence Afin que le choix du consommateur soit unique, il est nécessaire que ses préférences Ie soient également. > Axiome 1.4 (unicité dela relation de préférence) : chaque individu est doté d’une relation de préférence unique qui constitue son seul critére de décision. Lunicité de la relation de préférence assure quil existe un classement unique des paniers de biens. Ce classement permettra au consommateur de sélectionner le panier qui maximise sa satisfaction. Cet axiome suppose donc qu'il n'y a pas de chan- gement dans les gotits des consommateurs. Autrement dit, les variables subjectives qui interviennent dans les décisions des agents sont stables. Tout changement de comportement devra donc étre expliqué par les variables objectives qui composent Ja contrainte budgétaire. Encadré 1.4 ~ Multiplicité des relations de préférence Pour Sen (1999) homo oeconomicus est un « demeuré social », un « idiot ration- nel ». En effet, ce dernier est supposé étre caractérisé par une relation de préférence unique et égoiste qui permettrait d'expliquer ensemble de ses décisions. Or, pour Sen, le comportement des agents reléve d'une structure de décision plus complexe qui intégre une dimension sociale, Contrainte budgétaire et prétérences du consommateur [15 16 : - Harsanyi (1955) distingue les préférences « éthiques » et les préférences « subjec- tives ». « Les premiéres (les préférences éthiques) doivent exprimer ce que l'individu préfere (ou, plutot, préférerait) en fonction des seules considérations sociales ou impersonnelles, et les secondes (les préférences subjectives) doivent exprimer ce quill préfere en réalité, que ce soit en fonction de ses intéréts personnels ou de tout autre ritére » (Harsanyi 1955, p. 315). Les préférences éthiques définissent une relation de préférence que l'on considére comme adaptée du point de vue social, En revanche, les préférences subjectives ne répondent qu’a un objectif personnel. Sen (1999) propose non pas seulement un double classement comme Harsanyi, mais un métaclassement, ig. un classement des relations de préférences, Pour Sen il existe une multiplicité des relations de préférences que lon pourrait classer selon des « teres éthiques. 4.1.3. Les axiomes de cohérence du consommateur LAxiome 1.3 et !Axiome 1.4 permettent de supposer que le consommateur est doté dune relation de préférence unique qu'il va utiliser afin deffectuer des choix qui maximisent sa satisfaction. Cependant, ces deux axiomes ne sont pas suffisants pour garantir que les choix des consommateurs sont cohérents. Il est donc néces- saire d’affiner les propriétés que doit respecter la relation de préférence. Plus précisément, lorsqu’un consommateur compare deux paniers de biens (notés Xy et Xp), trois formes de relations binaires sont envisageables ~ Tun des deux paniers est strictement préféré a l'autre. Cette relation de préfé rence stricte est notée >. Par exemple, X; > Xo signifie que le panier X, est stric- tement préféré au panier Xp; ~ le consommateur considére que les deux paniers sont équivalents, i. ils lui pro- curent le méme niveau de satisfaction. Cette relation d’équivalence est notée ~. Par exemple, X, ~ X2_signifie que le consommateur est indifférent entre les paniers X et Xp; ~ Tun des deux paniers est faiblement préféré a l'autre. Cette relation de préfé- rence faible est notée =. Par exemple, X, = Xz signifie que le panier X, est au moins aussi désirable que le panier Xp. Ces relations binaires nous sont utiles afin de caractériser les propriétés que doit respecter la relation de préférence de notre consommateur rationnel > Axiome 1.5 (complétude) : pour tous les paniers X; et X appartenant a len- semble de consommation, nous aurons soit X; = Xp, soit Xp = X;. Cet axiome signifie qu'un consommateur est toujours en mesure de pouvoir com- parer deux paniers de biens. Ainsi, nous supposons qu'il dispose des compétences quilui permettront de discriminer entre les paniers X; et X2. > Axiome 1.6 (réflexivité) : pour tout X; appartenant a l'ensemble de consomma- tion, nous aurons X; = X;. Micraconomie 4.2. Cet axiome signifie qu'un panier est préféré ou équivalent a un autre panier de méme composition. Autrement dit, un agent est capable d'identifier deux paniers de biens sont identiques. > Axiome 1.7 (transitivité) :si X1, Xz et X3 appartiennent a ensemble de consom- mation, et si X, = Xz et X = X3 alors X; = X3. Cet axiome précise que les comparaisons deux a deux de paniers de biens sont cohi rentes entre elles. L'intérét de ceci réside dans la possibilité qu’apparaisse un panier préféré a tous les autres*, Dit autrement, cet axiome évite qu'apparaisse un cycle qui conduirait 4 l'impossibilité de choisir un panier de biens. Par exemple, si nous avi- ons euX; = Xz, Xz = Xz mais Xz X X,, celanous donne: X, =X, = X3 =X,... Il ne serait alors pas possible de choisir parmi ces trois paniers celui que lon préfére* Toute relation binaire qui vérifie les axiomes 1.5, 1.6 et 1.7 est qualifiée de préordre total. Ces propriétés assurent que le choix du consommateur est cohérent. Cette cohérence des choix, au méme titre que l'axiome de comportement (Axiome 1,3) et Yaxiome d’unicité de la relation de préférence (Axiome 1.4) définissent le compor- tement rationnel d'un consommateur. Les axiomes sur la forme des préférences du consommateur Dans cette section nous allons spécifier quelques axiomes complémentaires souvent utilisés afin de restreindre la forme des préférences du consommateur. Ces axiomes sont nécessaires pour déterminer les propriétés de la fonction d’utilité de la section 6, 4.2.1,L’axiome de continuité des préférences > Axiome 1.8 (continuité des préférences®) : si un panier X, est strictement pré- féré a un panier X3 (X1 > X3), et qu'un panier Xp est trés proche du panier X,, alors Xz > X3. Ainsi, si deux paniers de biens sont proches, alors le niveau de satisfaction qui leur est assigné doit également étre proche. Cet axiome assure que les préférences des consommateurs ne présentent pas de dis- continuité, Par exemple, un panier constitué de deux pommes et de deux barres de chocolat, procurera un niveau de satisfaction proche d'un panier constitué de trois pommes et de deux barres de chocolat. Encadré 1.5 ~ Les préférences lexicographiques Dans un article paru en 1984, Georgescu-Roegena a proposé une critique de cet axiome de continuité (aussi appelé axiome d’Archiméde). En effet, selon cet auteur les agents cherchent d'abord a satisfaire leurs besoins élémentaires avant de chercher a répondre & leurs besoins secondaires. Il Sagit du « principe de subordination des besoins ». Par exemple, supposons que le consommateur ait a classer des paniers composés de pain et de livres. Le pain est un bien élémentaire indispensable a la survie de cet individu. En revanche, les livres ne font que satisfaire un besoin secondaire de déve- loppement intellectuel. eve Contrainte budgétaire et préférences du consommateur 7 Bu 18 Ainsi, pour une quantité de pain donnée si fon augmente le volume de livres disponibles, le consommateur r‘aura que faire de cette quantité de livres supplémentaires sil éprouve des difficultés a manger & sa faim. En revanche, si fon accroit la disponibilté de pain, sa satisfaction augmente fortement. Ces preferences sont qualifiges de « préférences lexico- -raphiques ». Ces dernigres présentent des discontinuités, ie. il existe des sauts dans les préférences en fonction du niveau de satisfaction des besoins élémentaires, 4.2.2.L’axiome de non-saturation des préférences > Axiome 1.9 (non-saturation des préférences, aussi appelé axiome d'insatiabilité®) : siun panier X; est composé d'une quantité supérieure ou égale de tous les biens par rapport Aun panier Xp, alors|e panier X; sera préféré au panier X, . Analytiquement, cet axiome implique que pour deux paniers composés de 7 biens : Xy = Peay io Ana] et Xz = Depa, Hig Rah sixy 2 Xz, Vi € {1...n}, alors X; = Xz. Laxiome de non-saturation des préférences signifie qu’un agent préfére toujours consom- merplus de biens. IIn'ya pas de phénomeéne de satiété qui pourrait conduire un individu ane pas apprécier une consommation excessive d'un bien. Par exemple, un agent préfé- rera toujours plus de chocolat, Cet axiome exclut donc la possibilité d'une crise de foie. Sur le Graphique 1.12 nous avons représenté dans Tensemble de consommation un panier X;quelconque composé dex, unités de bien 1, et x2; unités de bien 2. 'axiome de non-saturation des préférences implique que tous les paniers situés au nord-est de X; (zone B) sont préférés a X,. En effet, les quantités de biens contenues dans ces paniers sont supérieures a celles du panier Xj. Inversement, X; est préféré a tous les paniers situés dans la zone A, car Xj comporte plus de quantités de chacun des biens. Graphique 1.12 ~ Axiome de non-saturation des préférences Xe 4 Notons enfin que cet axiome ne permet pas de dire si le panier X; est préféré ou non aux paniers situés dans les zones C et D. En effet, les paniers de la zone C com- portent plus de bien 2 mais moins de bien 1 que X;. Inversement, les paniers de la zone D comportent plus de 1 mais moins de bien 2 que Xj. Microgconomie 5.1. 4.2.3. ’axiome de convexité des préférences > Axiome 1.10 (stricte convexité des préférences’) : si Xy # Xz et X; = Xp, alors VA € (0,1) nous aurons AX; + (1—A)Xpz Xp. Cet axiome signifie qu'une combinaison linéaire de deux paniers de biens sera tou- jours au moins aussi désirable que les paniers de biens originels. Les agents ont une préférence pour les mélanges. Ils préférent disposer de paniers diversifiés plut6t que consommer des paniers composés d’un seul des deux biens. Par exemple, on considére un individu qui apprécie particuliarement le chocolat et un peu moins les pains briochés. $'il doit choisir entre un panier qui nest composé que de chocolat, et un autre qui n'est composé que de pain brioché, sa gourmandise le conduira naturellement a préférer le premier panier. Mais ce méme consommateur préférera un panier composé d'un peu de chocolat (moins que dans le premier panier) et dun peu de pain brioché (moins que dans le second panier) au panier qui n'est com- posé que de pain brioché. Il apprécie donc particuliérement les paniers diversifiés, Courbe d'indifférence et taux marginal de substitution Dans ce qui précéde nous avons défini un ensemble de propriétés qui caractérisent les préférences du consommateur, Nous allons dorénavant représenter ces préf rences dans un ensemble de consommation composé de deux biens. Les courbes d’indifférence Dans la section 4.1.3, nous avons précisé que les relations de préférence pouvaient prendre la forme d'une préférence stricte, d'une préférence faible ou bien d'une rela- tion d’équivalence. Par exemple, X, ~ X» signifie qu'un consommateur est indifférent entre un panier X; et un panier Xp. Une zone d’'indifférence représente lensemble des paniers de biens qui procurent la méme satisfaction au consommateur. Dans la section 5.1.1, nous montrerons que les zones d'indifférence se raménent a des courbes d'indifférence dont nous préciserons la forme. Puis, dans la section 5.1.2, nous présenterons les propriétés des courbes d’indifférence dans la carte d’in- différence du consommateur. 5.1.1, Zone d’indifférence et courbes d'indifférence Les axiomes que nous avons présentés précédemment vont nous permettre de pré- ciser les propriétés des zones d'indifférence. ~ Supposons tout d’abord que tous les axiomes 1.1 a 1.9 soient vérifiés (tous sauf Yaxiome de convexité des préférences). Les zones d’indifférence prennent alors Ia forme de courbes d’indifférence* Une courbe d’indifférence (aussi appelée « courbe d'iso-utilité ») est définie comme le lieu géométrique de l'ensemble des paniers de biens qui procurent la méme satis- faction au consommateur. Contrainte budgétaire et préférences du consommateur 19 20 Du fait de l’hypothése de non-saturation des préférences, les courbes d’indiffé- rence sont nécessairement décroissantes. En effet, comme nous I'avons montré sur le Graphique 1.12 tous les paniers situés dans la zone B sont préférés aX; car ils contiennent davantage de biens. Inversement, X; est préféré a tous les paniers situés dans la zone A puisqu'il contient plus de biens. Les paniers indifférents a X; sont done nécessairement situés dans les zones C et D. Ainsi, la courbe d'indiffé- rence passant par X; est décroissante (voir Graphique 1.13). Graphique 1.13 — Courbe d’indifférence décroissante Xe Courbe d'indifférence x xy Grace Aun raisonnement par 'absurde, il est aisé de comprendre pourquoi les courbes d'indifférence ne peuvent étre croissantes. Par exemple, sur le Graphique 1.14 nous avons représenté une courbe d’indifférence croissante sur laquelle sont situés les paniers X; et X,. Puisque ces deux paniers sont situés sur la méme courbe d'indiffé- rence, ils doivent procurer une satisfaction identique au consommateur. Cependant, puisque Xx comprend strictement plus de biens que X;, Xy devrait étre strictement préféré A X). La croissance des courbes d'indifférence est donc incompatible avec Taxiome de non-saturation des préférences. Graphique 1.14 ~ Impossibilité dune courbe d’indifférence croissante * ox | Xj - Courbe d’indifférence % 0 mye Microgconomie — Supposons maintenant que tous les axiomes soient vérifiés (les axiomes 1.1 a 1.10). Les courbes d'indifférence prennent alors la forme de courbes décroissantes convexes (les courbes d'indifférence sont strictement convexes sous l'hypothése de stricte convexité des préférences). En effet, la stricte convexité des préférences assure qu'un mélange de deux paniers est toujours préféré au moins bon des deux (voir section L'axiome de convexité des préférences). Sur le Erreur : source de la référence non trouvée, le panier X3 est une combinaison linéaire des paniers X et Xp, Il s’agit donc d’un mélange de ces deux derniers paniers. On observe égale- ment que le consommateur est indifférent entre les paniers X, et X>. Or, d’aprés Taxiome de convexité, un agent préférera le panier X3 aux deux autres paniers. X, est donc situé sur une autre courbe d’indifférence Graphique 1.15 ~Convexité des courbes d’indifférence Les courbes phique 1.16). Graphique 1.16 ~ Une eourbe d'indifférence « standard » % Courbe d'indifférence 4 0 Contrainte budgétare et préférences du consommateur [21 =H 24 * Surle Graphique 1.20, puisque X; et X3 sont situés sur la méme courbe d'in- différence, ces deux paniers procurent la méme satisfaction au consomma- teur: X, ~ Xz. De plus, le consommateur est indifférent entre les paniers Xz et Xz (X2 ~ X3) puisque ces deux paniers sont situés sur la méme courbe d’in- différence. Au final, nous avons X; ~ X3 et Xz ~ Xj. LAxiome 1.7 de tran- sitivité implique que X, ~ X2 , ie. le consommateur est indifférent entre le panier X; et le panier X», * Or le panier X comporte plus de bien 1 et de bien 2 que X;. UAxiome 1.9 de non-saturation des préférences implique que le panier Xz devrait étre stric- tement préféré au panier X,:X, > X,. Nous avons doncici une contradiction avec le résultat précédent. Ainsi, deux courbes d'indifférence ne peuvent se croiser. 5.2. Taux moyen et taux marginal de substitution Chaque courbe d’indifférence relie les paniers de biens qui procurent le méme niveau de satisfaction au consommateur. Lorsque les axiomes 1.1 4 1.10 sont vérifiés ces courbes sont décroissantes et convexes (voir section 5.1.1). La décroissance des courbes d’indifférence signifie que le consommateur est prét renoncer & du bien 2 pourvu que cette perte soit compensée par une hausse de la quantité de bien 1 tout, en maintenant son niveau de satisfaction constant. 5.2.1.Le taux moyen de substitution dans le cas discret Prenons l'exemple de deux paniers (X; et Xz) situés sur la méme courbe d'indiffé- rence (Graphique 1.21). Lorsque Yon passe du panier X; au panier X», la quantité de bien 2 diminue de Ax, (avec Ax, < 0), tandis que la quantité de bien 1 augmente de Ax, (avec Ax, > 0). Autrement dit, cet agent conserve le méme niveau de satis- faction si une diminution de Ax, unités de bien 2 est compensée par une hausse de Ax, unités de bien 1 Le rapport entre la variation de la consommation de bien 2 (Ax2) et la variation de la consommation de bien 1 (Ax,) le long d’une courbe d’indifférence définit le taux moyen de substitution. Plus précisément, le taux moyen de substitution du bien 2 au bien 1 mesure la quantité de bien 2 a laquelle le consommateur est prét 4 renoncer (~Ax2) pour obtenir une quantité Ax, additionnelle de bien 1, son niveau de satisfaction étant constant. ‘Analytiquement, le taux moyen de substitution du bien 2 au bien 1 (noté TMOS;,:) prend la forme suivante : TM0S_p, =~ a Bx Le signe moins devant le rapport des variations est conventionnel. Il permet d’ob- tenir une grandeur positive car Ax, < 0 tandis que Ax, > 0. Géométriquement, le taux moyen de substitution du bien 2 au bien 1 mesure la valeur absolue de la pente de la corde qui relie le panier X; et le panier X, (Gra- phique 1.22). Microéconomie Graphique 1.21 —Taux moyen de substitution dans le cas discret an ax, <0 Xn 5 Courbe d'inditférence ° Xu Xe [Ss By > 0 Graphique 1.22 —Taux moyen de substitution et pente de la corde x Corde dont pent Ax, <0 2 Courbe d’indifférence % ° au ia ———> Ax, >0 Contrainte budgétaire et préférences du consommateur [25 =H 26 LApplication 1.4 propose d'illustrer le calcul du taux moyen de substitution dans le cas discret. Calcul du taux moyen de substitution dans le cas discret Considérons deux paniers de biens (X, et X.) situés sur la méme courbe d'indifférence (Gra- phique 123). Graphique 1.23 ~ Taux moyen de substitution de I’Application 1.4 * Corde dont pente = 2 =~: 6 2 Courbe d'indifférence m ° 2 7 —_—_— ax, = +2 La valeur du taux moyen de substitution entre ces deux paniers est donnée par: dx, -4 ax, 2 TM0S2/1 Le consommateur est disposé a sacrifier 4 unités de biens 2 pour pouvoir consommer 2 uni- tés supplémentaires de bien 1. Ainsi, en moyenne cet agent est préta renoncer a deux unités de bien 2 pour pouvoir obtenir une unité additionnelle de bien 1, tout en maintenant son niveau de satisfaction constant. 5.2.2.Le taux marginal de substitution dans le cas continu Le calcul du taux marginal de substitution dans le cas continu s'effectue en suppo- sant que la variation de la quantité consommée de bien 1 est infinitésimale, ie. ce calcul s'effectue entre deux paniers trés proches l'un de l'autre. Cette infime varia- tion de la quantité de bien 1 est notée dx. Le taux marginal de substitution mesure la quantité de bien 2 a laquelle un consom- mateur est prét 4 renoncer afin de pouvoir consommer une unité additionnelle de bien 1, son niveau de satisfaction étant constant. Lexpression analytique du taux marginal de substitution dans le cas continu (noté TMS2;,) prend alors la forme suivante : dx, TM Say. = — Microconomie Ce taux marginal de substitution posséde deux propriétés géométriques importantes que nous allons expliciter ci-dessous. — Tout d’abord, comme nous I'avons vu dans la section 5.2.1, le taux moyen de substitution correspond ala valeur absolue de la pente de la droite qui relie deux paniers de biens le long d'une courbe d'indifférence. Or, comme I'illustre le Gra- phique 1.24, lorsque les paniers sont de plus en plus proches, cette droite tend progressivement vers la tangente a la courbe d’'indifférence en un point donné. Ainsi, le taux moyen de substitution tend vers le taux marginal de substitution lorsqu'll est calculé entre deux paniers proches l'un de l'autre. Dans le cas continu, Ie taux marginal de substitution est égal a la valeur absolue de la pente de la tangente a la courbe d’indifférence pour un panier donné. Plus intuitivement, le taux marginal de substitution est une approximation de pente de la courbe dindifférence (en valeur absolue) en un point donné. — La convexité des courbes d’indifférence a également un impact sur le taux mar- ginal de substitution. En effet, sur le Graphique 1.25 nous constatons que les tangentes 8 la courbe d’indifférence sont de moins en moins pentues (en valeur absolue) & mesure que 'on se déplace en direction du panier X>. Or, le taux mar- ginal de substitution correspond a la valeur absolue de la pente de la tangente & la courbe d’indifférence. Ainsi, la convexité des préférences implique que le taux marginal de substitution est décroissant le long d’une courbe d'indifférence. Cerésultat est intuitif, En effet, le panier X, est composé d’une quantité importante de bien 2 tandis quele bien 1 est peuabondant. Le consommateur est alors disposé a sacri- fier beaucoup de bien 2, quill possédeen grande quantité, contre une unité supplémen- taire de bien 1 tout en maintenant son niveau de satisfaction constant. En revanche, a mesure que l'on se déplace le long de la courbe d’'indifférence (en direction du panier X_), le bien 2 se raréfie tandis que la quantité de bien 1 augmente. Le consommateur est donc moins disposé & sacrifier un bien qu'il consomme déja en faible quantité. Graphiique 1.24 ~ Taux marginal de substitution et tangence courbe d’indifférence Tangente la courbe d'indifférence évaluée au point X, Courbe d’indifférence a Contrainte budgétaire et préférences du consommateur 7 Graphique 1.25 — Décroissance du taux marginal de substitution le long «une courbe d'indifférence Courbe d'indifférence 5A Microconomie La fonction d’utilité 6.1 Dans les sections qui précédent, nous avons montré que le concept de « relation de préférence » permettait d’établir un classement rationnel des paniers de biens lorsque les axiomes 1.1 a 1.7 étaient respectés. De plus, nous avons défini les courbes d'in- différence comme le lieu géométrique de l'ensemble des paniers de biens qui pro- curent la méme satisfaction au consommateur (voir section 5.1). Dans cette section, nous allons nous intéresser au concept de fonction d'utilité, Une fonction d’utilité associe a chaque panier de biens une grandeur numérique. Cette fonction est dela forme U = U(Xj) = U(%ij) ij Xnj)> Les débats théoriques ont alors porté sur le sens qui doit étre donné a ce niveau d’uti- lité. Ainsi nous présenterons tout d’abord la conception cardinale de lutilité avant de présenter la conception ordinale de Iutilité Utilité cardinale et utilité ordinale 6.1.1.La conception cardinale de l'utilité La conception cardinale de I'utilité fut notamment développée par les premiers mar- ginalistes du XIX* siécle que sont WS. Jevons ou C. Menger’. = Dans ce cadre, la fonction d’utilité définit une grandeur numérique qui fournit une mesure exacte du bien-étre du consommateur. Par exemple, si U(X;) = 4, cela signifie qu'un agent retire une utilité de 4 lorsqu’il consomme le panier X,. En outre, si U(X,) = 8, cela implique que le panier X, procure deux fois plus de satisfaction que le panier X, — Enfin, le fait que le niveau d’utilité associé a chaque panier de biens ait un sens précis implique qu'il n’existe qu'une seule fonction U(.) qui représente les pré- férences du consommateur. Cependant, cette conception de T'utilité est bien trop restrictive car elle revient a sup- poser que l'on peut mesurer objectivement un état psychologique qui est par nature subjectif. C’est pourquoi sera développé par la suite le concept d’utilité ordinale. 6.1.2.La conception ordinale de Iutilité V. Pareto puis J.R. Hicks développeront ensuite le concept d'utilité ordinale. Dans ce cadre, le niveau d’utilité associé a un panier de biens ne fait que retranscrire sous la forme d’une grandeur numérique les préférences de agent. En revanche, ce chiffre ne permet pas de quantifier le niveau de satisfaction. Ainsi, lorsque U(X,) = 4 et U(X,) = 8 , et donc que U (Xz) > U(X), cela signifie simplement que le panier Xp est préféré au panier X; (Xp > X;). En revanche, il nest plus possible de dire que X, procure deux fois plus de satisfaction que X;. La fonction d'utilité n'est utilisée que pour représenter un ordre de préférence. - La démonstration formelle de I'existence d’une fonction d’utilité permettant de représenter les préférences des agents est due a G. Debreu (1954). Ce der- nier montre que sila relation de préférence est complate (Axiome 1.5), réflexive (Axiome 1.6), transitive (Axiome 1.7) et continue (Axiome 1.8), alors il existe au moins une fonction d’utilité qui représente les préférences des consommateurs. Contrainte budgétaire et prétérences du consommateur By - Deplus, ilest possible de montrer que toute fonction d’utilité U(.) qui zeprésente les préférences du consommateur est définie a une transformation monotone croissante prés. Autrement dit, toute fonction V(.) telle que V = V(U(.)), avec V'(U(.)) > 0 représente les mémes préférences que la fonction U(.). En effet, supposons que X, > X;. Puisque la fonction U(.) représente les préférences du consommateur nous devons avoir U(X,) > U(X,)_. Or, puisque V(U) est une fonction strictement croissante, nous aurons V(U(%)) > V(U(X)) (voir le Graphique 1.26). La fonction V(U) respecte donc tout autant la relation de préfé- rence du consommateur que la fonction U(.) . La fonction V(.) peut par exemple prendre les formes suivantes uv V(U) = aU + b (aveca > 0), V(U) = U?, ou encore V(U) zr Graphique 1.26 — Transformation monotone croissante d’une fonction d’utilité vuc) VU) v(UCG)) }-- ° vw) YK) Uh) Dans Application 1.5, nous proposons de donner quelques exemples de fonctions d'utilité qui fournissent une méme représentation des préférences dans une concep- tion ordinale de 'utilité. Fonction d'utilité ordinale Supposons que la fonction dutilité suivante permette de représenter les préférences d'un consommateur (les propriétés de cette fonction seront analysées dans les sections sui- vances) : Ue) = a)?» xa) Selon la conception ordinale de I'utilité, toute transformation monotone croissante de U(.) représente les mémes préférences. Il en est ainsi des trois fonctions suivantes YU Gm) = (UGea2))* = Gd? Gaye aveck > 0 Vo(U (1-2) = In(U G4, %2)) = n(x)??? - G2)?/*) Ce qui se réécri Vo(UG x2) = In(Gr)¥?) + In( Gra) In(x,) + jin) Microéconomie Ou bien encore la fonction: Va(U Cer. x2) aveca > 0. a U(4,%2) + b = a(x)? « (x2) +b U().V,C), Vo(.) et Vs (.) représentent donc les mémes préférences du consommateur. 6.2. Le concept d’utilité marginale et ses propriétés Lorsque les économistes marginalistes du XIX' siécle ont développé le concept d’utilité cardinale, ils se sont plus particuliérement intéressés au concept d'utilité marginale. Lutilité marginale d'un bien mesure le supplément d'utilite (de satisfaction) pro- curé parla consommation d'une unité additionnelle de ce bien, les quantités consom- mées des autres biens étant inchangées, Cette utilité marginale peut étre évaluée soit lorsque la variation de la consomma- tion du bien est discréte, soit lorsquelle est continue. 6.2.1. Utilité marginale dans le cas discret Considérons un individu qui a la possibilité de consommer deux biens (le bien 1 et le bien 2). Nous cherchons alors a évaluer le supplément de satisfaction procuré par une hausse significative (non infinitésimale) de la consommation d'un bien, la quantité consommée de autre bien étant constante. Supposons par exemple qu'un agent consomme Ax, unités additionnelles de bien 1 (avec Ax, > 0) tandis que sa consommation de bien 2 reste la méme, Lutilité marginale du bien 1 (notée Un; ) est alors mesurée comme suit UG + Ary x2) ax, UGH x2) Ima Puisque l'on rapporte la variation de I'utilité sur la variation de la consommation de Dien 1, nous obtenons bien la modification du bien-étre pour chaque unité supplé- mentaire de bien 1, la quantité consommée de bien 2 étant constante. De méme, I'ntilité marginale du bien 2 est définie par : py, — U@erXa + Ben) ~ UC 2) me Ax, Dans Application 1.6 nous proposons une illustration numérique du calcul de uti- lité marginale dans le cas discret. Calcul de Futilité marginale dans le cas discret Soie un consommateur dont le niveau d’utilité est donné dans le tableau suivant: Quantité de bien 1 Quantité de bien 2 Niveau dutilité 1 - 2 3 2 a 2 0 3 2 15 4 2 19 5 2 22 Contrainte budgétaire et préférences du consommateur [31 Be i Quantité de bien 1 Quantité de bien 2 Niveau d’utilité 6 — 1 2 | 7 2 [3s La quanticé de bien 2 reste la méme lors du calcul des différents niveaux d'utlité. Seule la quantité de bien 1 varie. Plus précisément, la quantité de bien 1 augmente d'une unité entre chaque ligne (Ax, = 1). Ainsi, lutilité marginale peut étre mesurée comme la variation de lucilité puisque le dénominateur du calcul de I'utlité marginale est égal 41 | Quantité Quantité | Niveaud'uti- | Utilité marginale debien 1 debien 2 lite du bien 1 [a 2 3 2 10 2 15 2 19 2 22 2 2 [24 elie 5, s Par exemple, utilité marginale du bien 1 de la premiére ligne du tableau mesure le supplé- ment de satisfaction obtenu par le consommateur lorsque celui-ci peut disposer d'une unité additionnelle de ce bien. Or, son niveau d'utilité est de 3 pour une unité de bien 1, tandi ‘que sa satisfaction est égale & 10 lorsquil consomme deux unités de ce bien. Ainsi le niveau utilicé augmente de 7 unités (10-3) s'il consomme une unité additionnelle de bien 1. 6.2.2. Utilité marginale dans le cas continu Nous allons maintenant chercher a évaluer le supplément de satisfaction du consom- mateur lorsque 'on accroit de facon infinitésimale la consommation d’un bien, la quantité consommée des autres biens étant maintenue constante. Par exemple, luti- lité marginale du bien 1 prend la forme de la dérivée partielle de la fonction d'uti- lité par rapport a la quantité de bien 1°: UG@s + Ax x2) — UG x2) _ UC, x2) x, Ox, De la méme facon, l'utilité marginale du bien 2 est obtenue de la fagon suivante : Ue = tim Una + Axe) = Ua x2) _ Wr x2) im, meena Bead iesauea) _ OU csi) me x0 Bx2 Ox, Dans Application 1.7, nous proposons de déterminer analytiquement I'utilité mar- ginale d'un consommateur. Calcul de Mutilité marginale dans le cas continu ___ Sit un individu done les prétérences peuvent etre représentées para fonction dutité suivante: a UG) = Ga)? + Gea) “| Cette fonction d'utilité appartient a la famille des fonctions dites « Cobb-Douglas >" Microéconomie ~ Lutilté marginale du bien 1 est obtenue en calculant la dérivée partielle de la fonction utilité par rapport a x, OU (x4,%2) 1 mm Ox, 2 1 1,4 (x)27 + (ag) = 7G Ge) Nous rappellerons simplement, et avec un manque évident de rigueur, qu'une dérivée par- tielle est obtenue en appliquant les régles usuelles des dérivées par rapport 4 la variable considérée, Dans notre exemple, nous avons applique la régle suivante: (x)! = nx", = De laméme facon,l'utilté marginale du bien 2 correspond a la dérivée partielle de la fonc- tion d'utilité par rapport a x, : OU (xy, x; 1 2 Ua = OG) = 2 t 1 =F"? aay 6.3. Les propriétés de l’utilité Nous allons maintenant expliciter quelques propriétés de 'utilité et de P'utilité mar- ginale des consommateurs. > Propriété 1.1 : 'axiome de non-saturation des préférences (Axiome 1.9) implique que le consommateur préfére toujours les paniers contenant davantage de biens. Ainsi, lutilité des consommateurs est une fonction croissante en chacun de ses arguments. Autrement dit, 'utilité marginale est toujours positive. > Propriété 1.2 :la convexité des préférences implique que la fonction d’utilité est strictement quasi-concave. [N.B. cette propriété est indispensable pour montrer que léquilibre du consomma- teur (voir le chapitre 2) correspond bien & Vallocation qui maximise sa satisfaction.] Ainsi, une fonction d'utilité de la forme U = U(x, x2) et qui respecte les proprié- tés 1.1 et 1.2 peut étre représentée dans un graphique a trois dimension comme une surface croissante et strictement quasi-concave (Graphique 1.27). Graphique 1.27 ~ Fonetion du u UG) x Contrainte budgétaie et préférences du consommateur [33 A ces deux premiéres propriétés liées aux axiomes, on ajoute souvent une troi- siéme propriété qui reléve davantage de la psychologie des consommateurs. En effet, Gossen (1854) observe que la satisfaction d'un agent augmente toujours avec le niveau de consommation. En revanche, le supplément d’utilité procuré par chaque unité additionnelle est de plus en plus faible. Autrement dit, I'utilité mar- ginale est décroissante. » Propriété 1.3 ; lutilité marginale d'un bien est décroissante avec la quanti consommeée de ce bien. Analytiquement, cela signifie que la dérivée seconde la fonction d’utilité par rapport a la quantité d’un bien est négative : aU, 2) ae Cette propriété est aussi appelée « premiere loi de Gossen ». Prenons un exemple simple afin de comprendre la signification de ce résultat. Sup- posons que vous soyez dans le désert et que vous veniez d'effectuer une longue marche, Ilest trés probable que le premier verre d'eau augmente substantiellement votre satisfaction. Le second l'augmentera aussi mais la sensation de fraicheur sera moindre, Ainsi, chaque verre d’eau additionnel augmente votre bien-étre, mais le supplément de satisfaction est de plus en plus faible. Notons que la propriété 1.3 ne découle pas de la convexité des préférences. Ainsi, il est possible d'avoir une fonction d'utilité dont 'utilité marginale est croissante et qui respecte pourtant 'axiome de convexité des préférences. Dans Application 1.8, nous représentons I'utilité totale et l'utilité marginale d'un consommateur dans le cas discret. Représentation de l'utilité marginale dans le cas discret Reprenons le tableau de !Application 1.6: Quantite | Quantité | Niveaud’uti- | Utilité marginale debien 1 de bien2 lite dubien 1 2 3 10 5 | R a 25 - sfolalalolyle Le Graphique 1.28 représente I'utilté totale du consommateur Un graphique a trois dimen- sions nest ici pas nécessaire car la quantité de bien 2 ne varie pas. Enfin, sur le Graphique 1.29 nous représentons lutilité marginale du consommateur. Nous constatons que I'utlité marginale est décroissante, ce qui respecte bien la premiere loi de Gossen. Microéconomie

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