You are on page 1of 8

Microéconomie — Poly n° 4 33

Comparaison du panier de dotations initiales et du panier optimal


Si l’on reprend l’exemple de l’agent A dans le cas où le commissaire-priseur affiche les prix p1 = 1
et p2 = 4, ses demandes concurrentielles de bien (1) et (2) sont alors, on l’a vu :
5
d1A(1 , 4) = 5 et d2A(1 , 4) = 2.

Cela signifie que, à ces prix, A désire échanger son panier de dotations initiales Q0 = (3 , 3) contre
5
le panier Q* = (5 , 2). Or, lorsqu’il cède Q0 contre Q*, la quantité de bien (1) qu’il possède augmente
5 1
de ∆𝑞1 = 5 – 3 = 2 et la quantité de bien (2) qu’il possède diminue de ∆𝑞2 = 3 − = . On voit ici
2 2

que l’on a bien :


1
∆𝑞2 1 𝑝
∆𝑞1
= 2
2
= 4 = 𝑝1.
2

𝑝1 1
Ceci est normal puisque, lorsque = , chaque unité de bien (2) s’échange contre 4 unités de bien
𝑝2 4

(1).

Attention – le panier qui maximise la satisfaction de l’agent A vérifie TMS(q1 , q2) = p1/p2
uniquement parce que les courbes d’indifférence sont de type hyperbolique (préférences
strictement convexes). Si ce n’était pas le cas, si les courbes d’indifférences étaient concaves ou
affines, par exemple, ce ne serait pas le cas. On aurait ce que l’on appelle des « solutions en coin ».
Vous étudierez cela grâce au programme de mathématiques du second semestre. Pour l’instant,
on se contentera donc du cas usuel.

La question à laquelle répond le modèle de concurrence parfaite est moins celle des quantités
offertes et demandées par les agents, que celle de la compatibilité de ces quantités offertes et
demandées, et ce, pour toutes les marchandises.
Dire que les quantités offertes et demandées sont compatibles, c’est simplement dire qu’elles sont
égales. Lorsque ces quantités sont égales pour tous les biens, on dit que l’on a un équilibre général.
« Equilibre » car quantité offerte = quantité demandée, « général » car cette égalité est vérifiée
pour l’ensemble des biens.
Microéconomie — Poly n° 4 34

IV. Equilibre général de concurrence parfaite dans une économie d’échange pur

La théorie économique s’est construite sur l’idée qu’une coordination des décisions individuelles
était possible, et ce, même si les agents étaient motivés par leur intérêt personnel. Le modèle de
concurrence parfaite répond, du moins en partie, à cette question. Le but de ce modèle est
d’identifier un ensemble de conditions auxquelles cette affirmation est juste, un ensemble de
conditions auxquelles il existe une coordination des décisions individuelles, alors que chacun
poursuit son seul intérêt personnel et que, en conséquence, ce qui devrait advenir selon Arrow et
Hahn (1971) est plutôt le chaos.

EQUILIBRE GENERAL-EQUILIBRE PARTIEL

Les microéconomistes raisonnent parfois en ne considérant qu’un seul bien indépendamment des
autres (ce sera, par exemple, le cas lorsque vous, étudierez, au second semestre, les modèles de
concurrence imparfaite). On dit alors que l’on raisonne dans un cadre d’équilibre partiel.
Equilibre « partiel » parce que l’on fait comme si les autres biens n’existaient pas. Plus
précisément, pour ce qui nous intéresse, on raisonne comme si les prix des autres biens ne
variaient pas. On dit alors que l’on raisonne « toutes choses égales par ailleurs » ou ceteris paribus.

Par exemple, quand on étudie l’offre et la demande d’un bien, on fait comme si cette demande et
cette offre ne dépendaient que du prix de ce bien. Ce qui est faux, y compris dans le modèle de
concurrence parfaite (voir les demandes de A dans l’exemple étudié précédemment). Cette façon
de raisonner tait toutes les interdépendances dans l’économie. Elle conduit donc à des conclusions
très partielles.

Elle est cependant souvent utilisée, par exemple, à des fins pédagogiques, ou quand on ne peut pas
faire autrement (parce que ce serait trop compliqué en équilibre général), donc, finalement, dans
beaucoup d’applications. Elle donne alors une idée de ce qu’il se passe « toutes choses égales par
ailleurs ».

Dans le modèle Arrow-Debreu, au contraire, tout est interdépendant, c’est ce que l’on va voir
maintenant.

Et cette interdépendance n’existe pas seulement dans le modèle !


Microéconomie — Poly n° 4 35

1. Présentation de l’équilibre général de concurrence parfaite (éco d’échange pur)


Rappel : les agents se caractérisent par leurs dotations initiales et leurs préférences.
Le commissaire-priseur affiche le vecteur de prix. A ces prix, les agents expriment les offres et
demandes de chacun des biens qui maximisent leur satisfaction aux prix donnés. Si, à ces prix, la
quantité offerte de chaque bien est égale à la quantité qui en est demandée, alors on est à l’équilibre
concurrentiel. On dit même qu’il y a équilibre général de concurrence parfaite car :
1. l’offre est égale à la demande pour chacun des biens, et
2. les offres et demandes des différents biens sont interdépendantes.

Pour voir tout ceci, on va à nouveau concrétiser un peu les choses en supposant que l’économie
dont il est ici question se compose de deux agents, A et B (les mêmes que dans les cours
précédents), et de deux biens, (1) et (2).
Supposons que les demandes de A sont respectivement :
𝑝2 𝑝1
d1A(p1 , p2) = 1 + et d2A(p1 , p2) = 2 +2 ;
𝑝1 𝑝2

sa dotation initiale étant (3 , 3) et que les demandes de B sont respectivement :


𝑝 𝑝
d1B(p1 , p2) = 4 + 𝑝2 et d2B(p1 , p2) = 4𝑝1 + 1
1 2

sa dotation initiale étant (8 , 2).

Le concept de demande nette


On appelle demande nette de bien (i), la demande excédentaire de bien (i), autrement dit la
différence entre la demande et l’offre de bien (i).

La demande nette de bien (1) de l’agent A, notée e1A(∙), est donc égale à d1A(∙) – o1A(∙). D’où :
𝑝 𝑝
e1A(p1 , p2) = d1A(p1 , p2) – 3 = 1 + 𝑝2 – 3 = 𝑝2 − 2.
1 1

Le demande nette de bien (2) de l’individu A, notée e2A(∙), est égale à d2A(∙) – o2A(∙). D’où :
𝑝 𝑝
e2A(p1 , p2) = d2A(p1 , p2) – 3 = 2 𝑝1 + 2 − 3 = 2 𝑝1 − 1.
2 2

Les demandes nettes de bien (1) et de bien (2) de B sont respectivement :


𝑝2 𝑝1
e1B(p1 , p2) = −4 et e2B(p1 , p2) = 4 − 1. (Vérifiez-le !)
𝑝1 𝑝2

La demande nette globale de bien (1) est donc :


𝑝2 𝑝 𝑝
e1(p1 , p2) = e1A(p1 , p2) + e1B(p1 , p2) = 𝑝1
– 2 + 𝑝2 − 4 = 2 𝑝2 − 6,
1 1

et celle de bien (2) :


Microéconomie — Poly n° 4 36

𝑝 𝑝 𝑝
e2(p1 , p2) = e2A(p1 , p2) + e2B(p1 , p2) = 2 𝑝1 − 1 + 4 𝑝1 − 1 = 6 𝑝1 − 2.
2 2 2

On peut constater que les fonctions de demande nette sont homogènes de degré 0 : les demandes
nettes ne dépendent que du prix relatif.

Demande nette et contrainte budgétaire d’un agent (exemple)


Si donc le commissaire-priseur affiche p1 = 1 et p2 = 2, alors la demande nette de bien (1) de A est :
2
e1A(1 , 2) = 1 − 2 = 0,

et sa demande nette de bien (2) est :


1
e2A(1 , 2) = 2 2 − 1 = 0.

L’agent A ne veut donc pas faire d’échange. Ce qui est normal. Rappelons-nous, à son panier de
1 𝑝1 1
dotations initiales, son TMS était égal à ; or lorsque p1 = 1 et p2 = 2, alors = : à ces prix, A
2 𝑝2 2

aspire donc au statu quo.

Si, en revanche, le commissaire-priseur affiche p1 = 2 et p2 = 1, alors la demande nette de bien (1)


de A est :
1 3
e1A(2 , 1) = − 2 =− ,
2 2

et sa demande nette de bien (2) est :


2
e2A(2 , 1) = 2 − 1 = 3.
1

Au total, par rapport à son panier de dotations initiales, l’agent A veut céder 1,5 biens (1) pour
obtenir 3 biens (2) supplémentaires.

L’excès de demande de bien (2) de A est donc deux fois supérieur à son excès d’offre de bien (1).
Pourquoi ? Parce que p1/p2 = 2 et en raison de la contrainte budgétaire de A.

En effet, la contrainte budgétaire de A est :


p1d1A + p2d2A = p1o1A + p2o2A,
où d1A, d2A, o1A et o2A sont des fonctions des prix p1 et p2, ce qui donne :
p1(d1A – o1A) + p2(d2A – o2A) = 0
à savoir :
p1e1A + p2e2A = 0 [1]
(la somme des valeurs des demandes nettes de A est nulle : ce qui sort de la poche de A (offre
excédentaire) est en valeur égal à ce qui y entre (demande excédentaire)).
Microéconomie — Poly n° 4 37

Comme d1A, d2A, o1A et o2A sont des fonctions des prix p1 et p2, alors e1A et e2A le sont aussi (comme
on l’a vu plus haut dans l’exemple) de sorte que l’égalité [1] doit plutôt s’écrire :
p1e1A(p1 , p2) + p2e2A(p1 , p2) = 0 [1bis]

Lorsque p1/p2 = 2, comme dans notre exemple, chaque bien (1) s’échange contre deux biens (2) et
chaque bien (2) s’échange contre ½ bien (1) : pour chaque bien (2) que A demande, il doit offrir
½ bien (1) en échange. Et c’est ce que dit sa contrainte budgétaire.

De :
p1e1A(p1 , p2) + p2e2A(p1 , p2) = 0 [1bis],
on déduit, en effet :
𝒑𝟐
𝒆𝟏𝑨 (𝒑𝟏 , 𝒑𝟐 ) = − 𝒆𝟐𝑨 (𝒑𝟏 , 𝒑𝟐 ).
𝒑𝟏

On a donc bien, en remplaçant p1/p2 par 2, et donc p2/p1 par ½ :


1
𝑒1𝐴 (𝑝1 , 𝑝2 ) = − 2 𝑒2𝐴 (𝑝1 , 𝑝2 ).

On voit bien ici que les demandes nettes de bien (1) et de bien (2) de A sont interdépendantes.
Mais, ça, on le savait en écrivant sa contrainte budgétaire.
En fait, l’équation [1] ou [1bis] est une identité comptable.

La loi de Walras
Cette identité comptable est valable au niveau de l’économie dans son ensemble. Elle a alors pour
nom la loi de Walras.
Selon la loi de Walras : la somme des valeurs des demandes nettes est nulle.

Attention : il s’agit ici des demandes nettes en valeur ; on parle donc de la somme des demandes
nettes pondérées par les prix.

Dans une économie à n biens, la loi de Walras est donc l’identité suivante :
p1e1(P) + … + pnen(P) = 0 [3]
où pi sont la demande nette et le prix du bien i, et où ei(∙), la demande nette de bien i est une
fonction de P = (p1 , … , pn) le vecteurs des prix des n biens,

Dans une économie à 2 biens, la loi de Walras s’écrit :


p1e1(p1 , p2) + p2e2(p1 , p2) = 0 [4].
Microéconomie — Poly n° 4 38

Malgré son nom, la « loi de Walras » est plus une identité comptable qu’une loi. Elle découle, en
effet, des contraintes budgétaires des individus.
Supposons une économie à deux individus, A et B, les contraintes budgétaires de A et de B sont
respectivement (j’ai enlevé les variables des fonctions pour simplifier les notations) :
p1e1A + p2e2A = 0 [1] et p1e1B + p2e2B = 0 [2].
Si l’on fait la somme des deux, cela donne :
p1(e1A + e1B) + p2(e2A + e2B) = 0,
autrement dit, s’il n’y a que deux individus dans l’économie :
p1e1 + p2e2 = 0 ;
à savoir, en spécifiant les variables :
p1e1(p1 , p2) + p2e2(p1 , p2) = 0 [4].
On voit bien ici que les demandes nettes de bien (1) et de bien (2) sont interdépendantes. De
l’équation [4], on peut en effet déduire :
𝑝
𝑒2 (𝑝1 , 𝑝2 ) = − 𝑝1 𝑒1 (𝑝1 , 𝑝2 ).
2

Attention – le modèle walrassien étant un modèle d’équilibre général, souvent les étudiant.es
pensent que cela implique que la loi de walras n’est valable qu’à l’équilibre général. La loi de
Walras, rappelons-le, est une identité comptable. Elle est vraie tout le temps dans une société où
on échange des équivalents en valeur (pas de vol). Elle est la somme des contraintes budgétaires
de l’ensemble des agents de l’économie. Elle est donc vérifiée, quels que soient les prix.

L’équilibre général
On est à l’équilibre général si et seulement si la demande nette de chaque bien est nulle 1. Le
vecteur de prix d’équilibre général est donc celui qui annule la demande nette de chacun des
biens.

Dans notre exemple :


𝑝 𝑝
e1(𝑝1 , 𝑝2 ) = 2 𝑝2 − 6 et e2(𝑝1 , 𝑝2 ) = 6 𝑝1 − 2.
1 2

D’où :
𝑝 𝑝 1
e1(𝑝1 , 𝑝2 ) = 0  2 𝑝2 − 6 = 0  𝑝1 = 3
1 2

et :

1
Ici, on parle bien de demandes nettes en quantité.
Microéconomie — Poly n° 4 39

𝑝 𝑝 1
e2(𝑝1 , 𝑝2 ) = 0  6 𝑝1 − 2 = 0  𝑝1 = 3.
2 2

𝑝 ∗ 1
Ainsi le rapport de prix d’équilibre général de l’économie de notre exemple est : (𝑝1) = 3.
2

On constate que les deux demandes nettes s’annulent pour le même rapport de prix d’équilibre.
Ceci est une conséquence de la loi de Walras. En effet, de :
p1e1(𝑝1 , 𝑝2 ) + p2e2(𝑝1 , 𝑝2 ) = 0 [4],
on déduit que si e1(𝑝1 , 𝑝2 ) = 0, alors, en remplaçant dans [4], on a :
p1× 0 + p2e2(𝑝1 , 𝑝2 ) = 0,
et donc (les prix étant des réels strictement positifs) :
0
e2(𝑝1 , 𝑝2 ) = − 𝑝 = 0.
2

Plus généralement, dans une économie à n biens, comme (loi de Walras) :


p1e1(P) + … + pnen(P) = 0 [3]
si :
e1(P) = e2(P) = … = en – 1(P) = 0,
alors on a :
en(P) = 0.
D’où le corollaire de la loi de Walras :
COROLLAIRE DE LA LOI DE WALRAS
Dans une économie à n biens, une conséquence de la loi de Walras est que, si les demandes nettes
de n – 1 biens sont nulles, alors la demande nette du nième bien l’est aussi.

L’allocation d’équilibre général se déduit très simplement des prix d’équilibre général. Dans
une économie à deux biens, (1) et (2) et deux agents, A et B, cette allocation est :
E* = {(𝑑1𝐴 (𝑃 ∗ ), 𝑑2𝐴 (𝑃 ∗ )), (𝑑1𝐵 (𝑃 ∗ ), 𝑑2𝐵 (𝑃 ∗ ))}
Où 𝑃 ∗ est un vecteur de prix d’équilibre général.

Dans l’exemple développé plus haut, le rapport de prix d’équilibre général de concurrence parfaite
était :
𝑝 ∗ 1
( 1) = ;
𝑝2 3

et les demandes de biens (1) et (2) de A et de B étaient respectivement :


𝑝2 𝑝1 𝑝2 𝑝1
d1A(p1 , p2) = 1 + , d2A(p1 , p2) = 2 + 2, d1B(p1 , p2) = 4 + et d2B(p1 , p2) = 4 + 1.
𝑝1 𝑝2 𝑝1 𝑝2

Au rapport des prix d’équilibre général de concurrence parfaite, l’agent A a donc :


Microéconomie — Poly n° 4 40

3 𝑝 2 8
d1A(P*) = 1 + 1 = 4 biens (1) et d2A(P*) = 2 𝑝1 + 2 = 3 + 2 = 3 bien (2)
2

𝑝 1
où P* est un vecteur (p1 , p2) tel que 𝑝1 = 3, et l’agent B a :
2

1 7
d1B(P*) = 4 + 3 = 7 et d2B(P*) = 43 + 1 = 3.

L’allocation des ressources d’équilibre général de concurrence parfaite est donc ici :
8 7
𝐸 ∗ = {(4 , ) , (7 , )}
3 3

On peut représenter cette situation dans une boîte d’Edgeworth (ayant le même format que celle
du cours n°2 car c’est la même économie). Pour voir ce qu’il se passe on a effectué (ci-dessous) un
zoom sur la zone de la boîte d’Edgeworth qui nous intéresse ici. On y a tracé :
8 7
• E*= {(4, 3) , (7, 3)}, l’allocation d’équilibre de concurrence parfaite ;

• les courbes d’indifférence de A (en vert) et de B (en orange) passant par l’allocation d’équilibre
de concurrence parfaite E*. On peut remarquer qu’elles sont tangentes en ce point ;
• E0, l’état initial. On a donc E0 = {Q0A , Q0B} = {(3 , 3) , (8 , 2)} ;
8 1
• Le passage de E0 à E* s’effectue quand A cède 3 − = de bien (2) à A (flèche verte vers le
3 3

bas) en échange de 4 − 3 = 1 bien (1) (flèche verte vers la droite). Et cet échange s’effectue au
∗ 1
𝑝 1
prix (𝑝1) = 3
1
= 3. (pente du segment [E0E*] en pointillés noirs).
2

You might also like