You are on page 1of 27

2022-2023

SEMESTRE 3 – BUT HSE

2022 - 2023
CADRE
R 3.06 - CADRE
JURIDIQUE DESDES
JURIDIQUE
1, Magnier, p. 33) ;
ACTIVITÉÉSS DE
ACTIVIT DE
LL’’ADMINISTRATION
ADMINISTRATION ETET DROIT
DROIT DE
DE
– des clauses et règles dérogeant au droit privé ;
– la création du service et le contrôle de la marche du service par l’administration. Dans un autre arrêt il a estimé
qu'une société d'économie mixte, qui n'est pas dotée de prérogatives de puissance publique et qui a une mission
d'intérêt général en vue d'assurer l'exploitation cinématographique, n'a pas de mission de service public en l'absence

LA RESPONSABILITÉÉ
LA RESPONSABILIT
de toute obligation imposée par la ville et de contrats d'objectifs (CE, 5 oct. 2007, Sté UGC Ciné-Cité, AJDA 2007, p.
2260).

1. Les différente
PARTIE II – COURS 4 A 6
s catégories de services publics

COURS
Il est certain qu'il serait beaucoup DEsimple
plus MME BÉATRICE HAGÈGE
de se référer – RADUTA
au texte qui crée l'établissement ou institue le
service. Ce texte est en effet parfois explicite
FORMATIONS :
INITIALE / ALTERNANCE
Ex : Article L2224-11 du CGCT BUT( 2loiSEMESTRE 3 du 30 décembre COURS
n°2006-1772 2006 )DE: MME
« LesBÉATRICE
services HAGÈGE
publics –d'eau et
RADUTA
d'assainissement sont financièrement gérés comme des services à caractère industriel et commercial
FORMATIONS INITIALE»./ ALTERNANCE
Iut de Saint-Denis Iut de Saint-Denis
BUT 2 SEMESTRE 3
Département HSE Département HSE
La responsabilité juridique peut être défini comme « l’obligation faite à une personne de répondre de ses actes
du fait du rôle, des charges qu'elle doit assumer et d'en supporter toutes les conséquences ». Elle entraîne des
obligations juridiques, contrairement à la responsabilité morale qui traduit la « nécessité pour quelqu'un de répondre
de ses intentions et de ses actes devant sa conscience ».

Selon l'objectif poursuivi par le plaignant et donc selon l’action qui est engagée, trois types de responsabilités peuvent
être recherchées.
- La Responsabilité Civile au sens large, privée ou administrative, qui vise à compenser en termes de
dommages et intérêts les préjudices que l’on a causé à une personne. L'objectif poursuivi par le demandeur
victime est d'obtenir une compensation financière de l’auteur du dommage en raison des préjudices subis.
La RC varie selon que s’applique le droit public ou privé
- La Responsabilité pénale au caractère sanctionnateur. La responsabilité pénale pèse sur l’auteur de
l’infraction qui est prévue par le code pénal. En cas de violation de la loi pénale, la responsabilité pénale de l'auteur
de l'infraction sera engagée devant les tribunaux judiciaires. L'objectif poursuivi par l’Etat est de voir l'auteur de
l'infraction condamné à une peine proportionnelle à l’infraction commise. La responsabilité pénale concerne un
fait volontaire ou non volontaire qui trouble l’ordre public sans causer obligatoirement de préjudice, à la différence
de la responsabilité civile. Cependant, lorsque le délit est mineur, le Procureur pourra décider de ne pas saisir le
Tribunal et proposer une alternative aux poursuites. On parle alors de médiation pénale ou de rappel à la loi. Par
exemple, l’auteur d’un tag sur un mur pourra être contraint à le nettoyer. S’il ne le fait pas, des poursuites pénales
seront alors engagées contre lui.
- La Responsabilité disciplinaire : le conseil de l'Ordre ou le supérieur hiérarchique pouvant sanctionner un
professionnel en cas de manquements.

2
LES PARTICULARITÉS DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

A. CHAMP ET FONCTIONS DU DROIT PĒNAL

Il s’agit de la branche du droit positif ayant pour objet l'étude de la répression par l'État des
comportements de nature à créer un trouble inacceptable à l’ordre public. Le droit pénal est donc l’une des
prérogatives de la puissance publique dont l’objet est de punir. Il est répressif avant d’être préventif.

Rappelons que la recherche de la responsabilité pénale relève des juridictions judiciaires, selon le principe
de l'unité de la justice civile et répressive : les mêmes juges sont chargés à la fois de la justice civile et de la justice
pénale. Selon l’article L211-1 du Code l’organisation judiciaire : « Le tribunal judiciaire statue en première instance
en matière civile et pénale. Lorsqu'il statue en matière pénale, il est dénommé tribunal correctionnel ou tribunal de
police ».

Il a vocation à rappeler que chacun de nous est responsable de ses actes devant la loi et qu’aucune
infraction ne peut rester impunie. Son objectif principal est de sanctionner les comportements des personnes
physiques ou morales ayant commis une infraction. Le fondement de ce droit réside donc dans la définition des
infractions afin de comprendre la nature et l’intensité de la sanction applicable.
La violation de la loi pénale a des conséquences juridiques graves : elle entraîne une peine qui a un caractère
individuel et s'adresse à la personne qui s'est ainsi rendue coupable d'une infraction.
Il peut s’agir :
 D’une peine criminelle prévue à l'art. 131-1 du CP et relevant de la compétence de la Cour d’Assises : réclusion
criminelle à perpétuité et de la réclusion criminelle à temps (qui est de 10 ans à 30 ans).
 D’une peine correctionnelle prévue à l'art. 131-3 du CP et relevant de la compétence du Tribunal correctionnel
: emprisonnement (entre deux mois et 10 ans), amende (dont le montant peut être supérieur ou égal à 3 750 €), jour-
amende (supposons une personne condamnée à 60 jours-amende à 10 euros : Le condamné reçoit ensuite un courrier
du Service des Finances publiques lui indiquant qu'il dispose de 60 jours pour réunir la somme totale, soit 600 euros.),

3
le stage de citoyenneté (a pour objet de lui rappeler les valeurs républicaines de tolérance et de respect de la dignité
humaine sur lesquelles est fondée la société), etc.
 D’une peine contraventionnelle prévue à l'art. 131-13 du CP et relevant de la compétence du Tribunal de police :
amende (dont le montant peut aller jusqu'à 1 500 € pour les contraventions de cinquième classe, porté à 3 000 € en
cas de récidive).

Il existe également des mesures de sûreté qui ont une vocation préventive : elles sont destinées à
prévenir la récidive d’un délinquant ou à neutraliser l’état dangereux pour l'ordre public que présente un individu, sans
avoir à rechercher si cet état est dû ou non à sa faute.
Elles permettent de protéger tout à la fois la société contre les risques de réitération d'infractions et l'individu
qui en fait l'objet, soit en le soignant, soit en lui ôtant les moyens ou en lui évitant les occasions de commettre
de nouvelles infractions.
Exemples - Mesures à l’encontre des alcooliques dangereux : Il est possible de les surveiller et de les obliger à des
soins en les plaçant des établissements de rééducation. Rééducation pour les mineurs : ce sont des mesures
d’assistance, surveillance et éducation.

Le droit pénal nous renvoie à deux codes :


- Le Nouveau Code pénal du 22 juill. 1992 qui pose les grands principes généraux découlant de la commission
d’une infraction, les conditions dans lesquelles un individu est susceptible de voir sa responsabilité pénale engagée
et les modalités de fixation des peines qui en découlent
- Le Code de procédure pénale entré en vigueur le 2 mars 1959 qui énonce les conditions de mise en œuvre
du procès pénal, les méthodes de recherche de la preuve, ainsi que les juridictions responsables de la délivrance
d’un jugement qui doit être rendu de manière impartiale, équitable et contradictoire1. Il repose sur le principe de la
présomption d’innocence selon lequel « Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant
que sa culpabilité n'a pas été établie ».
1Rappel : Le principe du contradictoire signifie que chacune des parties a été mise en mesure de discuter l'énoncé des faits et les
moyens juridiques que ses adversaires lui ont opposés.

4
B. L’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

1. L’identification du responsable

Selon l'art. 121-1 du CP : « Nul n'est responsable pénalement que de son propre fait ».
Le nouveau Code pénal, promulgué en 1994, étend la RP qui existait pour les personnes physiques aux personnes
morales. Toutes les personnes morales sont concernées, à l'exclusion de l'État qui a le monopole de la
répression, et des collectivités territoriales, lorsque celles-ci accomplissent des activités qui ne sont pas
susceptibles de faire l'objet de conventions de délégation de service public.

Le principe du cumul de responsabilité est énoncé par l'article 121-2, alinéa 3, qui prévoit : « La
responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas celle des personnes physiques auteurs ou complices des
mêmes faits ». La loi indique qu'une telle responsabilité ne peut être retenue que si l'infraction est commise par un
organe ou représentant de la personne morale. Aussi, la Cour de cassation a considéré que les personnes bénéficiant
d'une délégation de pouvoirs consentie par le chef d'entreprise peuvent être considérées comme les représentants de
la personne morale au sens de l'art. 121-2 du CP.

Certaines causes d’atténuation de la responsabilité pénales peuvent venir amoindrir la lourdeur de


la peine jusqu’à l’exclure totalement dans des cas très précis. Il existe également des causes d’irresponsabilité
pénale où l’engagement de la responsabilité n’est pas possible. La RP ne peut se concevoir que pour les individus
capables de comprendre et de vouloir leurs actes.
Cas 1 - Les causes d’atténuation de la RP.
 Les personnes présentant un trouble psychique au moment des faits (article 122-1 du Code pénal)
L’altération de la capacité de discernement de l’auteur n’entraînera donc pas une abolition de sa responsabilité mais
une atténuation de celle-ci. La sanction pénale devra ainsi prendre en compte l’atténuation de la responsabilité pénale
de l’auteur de l’infraction.

5
 Le cas des mineurs : la condition de discernement vaut également pour les mineurs. Ainsi, les mineurs capables
de discernement sont pénalement responsables, sans limite d’âge même si en principe, les mineurs âgés de moins
de 10 ans sont considérés comme irresponsables. S'agissant des mineurs de moins de 13 ans, la « préférence
éducative » est « absolue » (par exemple, la remise du mineur à sa famille, au tuteur, ou à une personne digne de
confiance, son placement dans un établissement public ou privé d'éducation ou de formation professionnelle habilité,
la mesure d'activité de jour, etc.)
 Cas 2 - Les causes d’irresponsabilité de la RP.
Les causes de la RP. Parmi les causes d’irresponsabilité pénale, certaines sont objectives (l’autorisation de la loi et
ordre de l’autorité légitime, la légitime défense et de l’état de nécessité) et d’autres subjectives (la contrainte, l’erreur
de droit). Concernant les 1ères, l’élément légal de l’infraction sera neutralisé de sorte que la responsabilité pénale de
l’auteur ne pourra être retenue. Les secondes peuvent, s’entendre comme des causes de non-imputabilité de
l’infraction à celui qui l’a commise.
Exemple de la légitime défense - L’art. 122-5 du CP dispose que « N’est pas pénalement responsable la personne
qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé
par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense
employés et la gravité de l’atteinte ».

2. Quel est le lien entre la responsabilité civile et pénale ?

Le prévenu est celui qui a commis un fait volontaire ou involontaire qui trouble l'ordre public mais
qui n'entraîne pas obligatoirement de préjudice. Il s'agit d'une responsabilité personnelle, individuelle, non couverte
par un tiers (l'assurance ne jouera jamais pour les conséquences de délits intentionnels).

Il est possible aussi d’obtenir devant le juge pénal une réparation civile s’il y a constitution de partie civile
de la victime : toute victime d'une infraction pénale peut porter plainte pour que l'auteur des faits soit sanctionné. La
constitution de partie civile permet de prétendre à des dommages et intérêts. Cela veut dire qu'elle demande à
participer au Procès Pénal en qualité de victime pour défendre ses intérêts et obtenir réparation de son préjudice. La
victime peut se constituer de partie civile à tout moment, dès le jour du dépôt de sa plainte, pendant l'enquête (voir

6
l'Article 420-1 du Code de Procédure Pénale), avant le procès en s'adressant au greffe ou pendant le procès. La
victime est celle qui a subi personnellement et directement un préjudice physique, moral ou matériel, du fait
d'une infraction pénale, par opposition à la personne qui le cause (art. 2 CPP).

3. L’identification de l’infraction pénale

Il n’y a pas de responsabilité pénale sans infraction pénale.


Le responsable est celui qui a participé à la réalisation de l’infraction, étant précisé que plusieurs personnes peuvent,
à des degrés divers, y contribuer : elles sont alors dénommées « coauteur ». Cette notion se distingue des complices
qui ont facilité la réalisation de l’infraction par des actes accessoires.
Pour qu'il y ait infraction pénale, il faut la réunion de 3 éléments : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément
moral.

a) L’élément légal

L’élément légal découle du principe de légalité des délits et des peines : "pas de crime ni de peine sans loi".
Nul ne peut être accusé d'avoir commis un acte qui n'est pas interdit. Rappelons que seules les crimes et les
délits relèvent du domaine de la loi, les contraventions faisant partie du domaine règlementaire (art 34/37 de la C°).
En l’absence de texte, le juge ne peut prononcer de sanction. Le droit évolue et crée de nouvelles infractions et
sanctions (ex. piratage et fraude informatique)
La prescription de l'action publique, c'est-à-dire le délai au-delà duquel on ne peut plus poursuivre l'infraction, est en
principe de 20 ans pour les crimes, de 6 ans pour les délits et de 1 an pour les contraventions.

b) L’élément matériel

L'élément matériel d'une infraction peut être un acte positif cad qui a été commis (vol, meurtre, par
exemple) ou un comportement négatif c’est-à-dire une omission ou abstention (non-assistance à personne en péril,
délit de fuite, par exemple).

7
L’infraction peut varier dans la durée : certaines infractions peuvent être instantanées cad se réaliser
en une période de temps très courte, alors que d'autres sont continues cad se prolongent dans le temps par une
réitération constante de la volonté du coupable après l'acte volontaire initial.

On pourra, par ailleurs, distinguer entre les infractions simples et les infractions complexes. Les
premières comportent un seul élément matériel donnant à l'acte sa qualification pénale (par exemple, le meurtre),
tandis que dans les secondes, l'élément matériel est composé de plusieurs actes (par exemple, l'escroquerie).
* Aux distinctions précédentes, on pourra encore ajouter celle entre les infractions matérielles et les infractions
formelles. Il y a infraction matérielle, lorsque le résultat dommageable figure parmi les éléments constitutifs de
l'infraction (par exemple, le meurtre); en revanche, une infraction est formelle, lorsqu'elle est considérée comme
consommée indépendamment du résultat dommageable voulu par son auteur (par exemple, l'empoisonnement).

c) L’élément moral

Culpa, en latin, signifie faute. La culpabilité est ainsi la faute qui est à l'origine de la responsabilité pénale.

Pour qu'il y ait infraction, il faut la volonté de l'auteur, qu'il s'agisse d'une faute intentionnelle (acte commis
volontairement avec volonté du résultat) ou non intentionnelle (acte commis volontairement mais sans volonté du
résultat). L'élément moral n'est pas le même pour toutes les infractions : en matière criminelle, la faute intentionnelle
est obligatoire et doit être démontrée ; en matière délictuelle, la faute peut être intentionnelle ou non-
intentionnelle selon les cas; en matière contraventionnel, l'élément moral n'est généralement pas nécessaire. Cette
graduation se retrouve à l’art. 121-3 du CP que nous allons étudier.

Au sommet de l'échelle se trouve la faute intentionnelle, appelée parfois « intention criminelle » ou « dol ». Ce
principe est exprimé à l’art. 121-3, alinéa 1 du CP : « il n'y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre ».
Il y a faute intentionnelle, lorsque l'auteur de l'acte a voulu pleinement tout à la fois son acte et le résultat
obtenu ou tout au moins recherché. Tous les crimes et la plupart des délits sont des infractions

8
intentionnelles. L'intention criminelle ne doit pas être confondue avec le mobile, c'est-à-dire le motif qui a incité l'agent
à commettre l'infraction.

Au-dessous de la faute intentionnelle, la loi retient, dans certains cas, la faute d'imprudence ou de négligence.
Les alinéas 2 à 5 envisagent les infractions non intentionnelles.

- Nous arrivons à l’alinéa 2 qui concerne la mise en danger délibérée : « Toutefois, lorsque la loi le prévoit, il y a
délit en cas de mise en danger délibérée de la personne d’autrui ». Chaque mot compte ici : « Toutefois » annonce les
exceptions au principe d’intention. Cette expression se retrouve dans plusieurs textes, l’un s’appliquant en l’absence
de tout dommage réalisé (Ex 1 - l’accident n’a pas eu lieu), les autres lorsqu’il y a eu dommage (Ex 2 - ce qui risquait
fort de se produire s’est malheureusement produit).
Exemple 1 – Art 223-1 du CP sanctionnent la mise en danger délibérée n’ayant pas provoqué de dommage.
Exemple 2 – Art. L221-6 du CP concerne la mise en danger délibérée ayant provoqué un dommage.

- Les alinéas 3 et 4 renvoient au délit en cas d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de
sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement.
Art 121-3, alinéa 3 du CP s'applique aux auteurs de délits d'imprudence ayant directement causé le dommage; on
parle, en pareil cas, des auteurs directs ou d'un lien de causalité direct. Dans cette hypothèse, la simple faute
d'imprudence ou de négligence de l'agent est suffisante pour engager sa responsabilité pénale. Toutefois, celle-ci ne
devra être retenue que s'il est établi que l'auteur n'a pas effectué les diligences normales, compte tenu « de la
nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il
disposait ». La faute pénale d'imprudence ou de négligence doit être appréciée in concreto (en fonction des
circonstances de la cause), et non in abstracto.
En outre, l'art. 121-3, alinéa 4, du CP prévoit que les personnes physiques, qui n'ont pas causé directement le
dommage, mais ont créé ou contribué à créer la situation ayant permis la réalisation du dommage, sont
responsables pénalement s'il est établi qu'elles ont commis une faute délibérée ou caractérisée. Il en résulte
donc que, lorsque le lien de causalité est indirect, les fautes (lointaines) commises ne peuvent être retenues que si
elles sont graves ou lourdes.

9
En ce qui concerne la faute délibérée, il s'agit de la violation, en pleine connaissance de cause, d'une obligation
particulière de prudence ou de sécurité imposée par un texte législatif ou réglementaire. La faute délibérée doit être
caractérisée in concreto : il faut avoir la preuve que l’auteur connaissait la règle « qu’il a transgressée en
pleine connaissance de cause » (expression empruntée à la jurisprudence). Dans ce dernier cas, la seule
différence avec l’infraction intentionnelle est que le dommage n’a pas été voulu.
Quant à la faute caractérisée, est encore appréciée in abstracto, c’est-à-dire par rapport à un modèle de
comportement permettant de dire que qu'un professionnel avisé aurait dû connaître la règle transgressée et les
risques qu’il faisait courir à autrui. Elle peut être définie comme une faute lourde d'imprudence ou de négligence
ne commet pas ou comme « une série de négligences et d'imprudences qui entretiennent chacune un lien de
causalité certain avec le dommage, et dont l'accumulation permet d'établir l'existence d'une faute (…) d'une
particulière gravité dont ses auteurs ne pouvaient ignorer les conséquences ».

Remarque – L’art. L222-19 du CP nous renvoie au même contexte sans la mort : « Le fait de causer à autrui,
dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, une
incapacité totale de travail pendant plus de trois mois est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros
d'amende. En cas de violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité
imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à trois ans d'emprisonnement et à 45 000 euros
d'amende ».

LA RESPONSABILITĒ CIVILE ET ADMINISTRATIVE : L’OBJECTIF DE RĒPARATION

Dans ce cas, la responsabilité apparaît comme l'obligation de réparer le dommage qu'une personne a pu
causer soit par sa faute, soit par son activité, soit même encore à raison de sa qualité ou de sa fonction.

La responsabilité des personnes privées sera appréciée par le juge judiciaire et celle des personnes publiques
par le juge administratif. Certaines règles varient selon que le contentieux soit privé ou public. Cependant, qu’elle
soit privée ou publique, la responsabilité d’une personne ne peut être engagée que si certaines conditions sont réunies.

10
§ I. LES CONDITIONS COMMUNES D’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITĒ CIVILE ET ADMINISTRATIVE

Pour que la responsabilité d’une personne soit mise en œuvre, le juge s’attache à analyser plusieurs éléments
qui permettent de comprendre les faits. En droit privé comme en droit public, la responsabilité suppose
d’identifier le fait générateur, le dommage et le préjudice réunis par un lien de causalité et d’imputabilité.

A. L’IDENTIFICATION DE LA CHAINE FAIT DOMMAGEABLE – DOMMAGE - PRÉJUDICE

Le juge cherchera à identifier dans un premier temps les éléments qui nous permettent d’en arriver au préjudice. Il
s’agit de la chaîne « fait dommageable-dommage-préjudice ».

1. Le fait dommageable

C’est l’élément essentiel de l’affaire. Il s’agit de(s) l’événement(s) qui a causé le dommage. Le juge recherchera donc
la « vérité » sur les causes à l’origine du dommage. Elles peuvent être bien sûr multiples. C’est ici que se joue
l’appréciation de l’idée de faute. Dans les systèmes de responsabilité fondée sur la faute, le juge doit rechercher
si la faute du défendeur est à l’origine du dommage. Il existe un degré dans la faute exigée : soit simple, soit lourde…
Si aucune faute n’est trouvée, l’établissement de la responsabilité se révèlera impossible. Dans les cas de
responsabilité sans faute, le juge cherchera uniquement à établir que le fait générateur relève du comportement du
défendeur sans se poser la question de savoir s’il est ou non fautif.
Le système de responsabilité applicable au cas d’espèce est donc essentiel. Comment le savoir distingue? En
prenant connaissance de la jurisprudence (droit administratif) ou du code civil (droit privé). La responsabilité
sans faute est fondée sur le risque (droit privé et public) mais aussi en droit administratif sur la rupture de l'égalité
devant les charges publiques. La responsabilité pour faute constitue le principe, la responsabilité sans faute,
naturellement, l'exception. En droit administratif, les systèmes varient selon la qualité de la victime (usager,
tiers, collaborateur bénévole, participant). Ex - Le régime de responsabilité du fait des travaux et ouvrages publics
a été dégagé par la jurisprudence. Un accident sur une voie publique subi par un usager peut engager la responsabilité
d’une collectivité au titre d’un défaut d’entretien normal de l’ouvrage public. Il s’agit d’un régime de responsabilité

11
pour faute présumée dans lequel la victime n’a pas à apporter la preuve de la faute administrative. Pour le
collaborateur bénévole, il s’agit d’une responsabilité sans faute.

2. Le dommage

LE DOMMAGE EST DE L’ORDRE DES FAITS. C’est le fait matériel, réel, qui est survenu : une chute, un incendie,
l’exposition à des substances toxiques…C’est de lui que découlent les préjudices. Il est donc apprécié de manière
objective sans prendre en compte les particularités de la victime. Il ne faut pas confondre le dommage qui est la lésion
subie et le préjudice, qui est la conséquence de la lésion.

3. Le préjudice

LE PRÉJUDICE EST DE L’ORDRE DU DROIT. C’est sur lui que s’évalue la demande en dommages et intérêts.
Dans tous les systèmes de responsabilité, le juge exige que le préjudice subi par la victime soit personnel2, direct,
certain, évaluable en argent et qu’il porte atteinte à une situation juridiquement protégée.
Si l'action en responsabilité se situe sur le terrain de la responsabilité sans faute, le juge exige en plus que le préjudice
soit anormal et spécial.
Le droit à indemnisation est gouverné par deux principes : Le droit à réparation intégrale des préjudices subis et
un juge souverain dans l'appréciation de ces préjudices et de leur évaluation financière. Pour le préjudice
corporel, ce n'est qu'à la date de consolidation (état stabilisé) des blessures que tous les postes de préjudice peuvent
être déterminés et indemnisés. Ils sont déterminés à la suite d'un examen médical pratiqué soit à l'amiable entre le
médecin conseil de l'assureur du responsable et le médecin conseil de la victime (expertise amiable) soit judiciairement
par un médecin inscrit sur les listes judiciaires, désigné par le juge dans le cadre d'une procédure judiciaire (expertise
judiciaire). Les dommages aux biens s'évaluent au jour où leur cause ayant pris fin, il est possible de procéder à leur
réparation. Le juge ne doit pas aller au-delà de la réparation.

2
Cependant, il existe une action des ayants droit du défunt. Ayant une vocation successorale universelle, les
héritiers sont en droit de demander tout ce que leur auteur aurait pu faire valoir s'il avait survécu. En outre, ils
peuvent obtenir l'indemnisation du préjudice qu'ils ont vécu personnellement : c'est le préjudice « par ricochet ».

12
Quels sont les préjudices indemnisables ?

La jurisprudence admet la séparabilité des préjudices les plus divers :


- Il est fait une place particulière au préjudice corporel qui concerne l’atteinte portée à la santé ou à l'intégrité
physique ou mentale d'une personne, ex : blessure, infirmité. Il a une composante matérielle (frais médicaux, incidence
économique et professionnelle, taux d’incapacité) et une composante morale (pretium doloris apprécié par un expert
sur une échelle de 1 à 10, souffrance, prix de la douleur, préjudice esthétique).
- Préjudice d'agrément : Dommage résultant (généralement à la suite d'un accident corporel) de la privation de
certaines satisfactions de la vie courante, comme un sport ou une activité.
- Les préjudices matériels/pécuniaires : Ils portent atteinte au patrimoine et sont directement évaluable en argent.
Il peut s’agir d’une atteinte aux biens (matériel) ou d’une véritable perte (appauvrissement de la victime : pécuniaire)
ou d’un manque à gagner (victime privée d’un enrichissement sur lequel elle pouvait légitimement compter).
- Les préjudices moraux, c’est-à-dire dommage d'ordre psychologique. On retrouve : le préjudice esthétique, la
douleur morale (autrement dit la souffrance due à la perte d’un être proche), l’atteinte à la réputation, le préjudice
d’anxiété.
B. DEUXIÈME CONDITION : L’IMPUTABILITĒ

L’imputabilité peut être définie comme l’opération qui consiste à attribuer à un sujet de droit l’obligation de
répondre de ses actes et de leurs conséquences ou de ceux d’un tiers auquel il s’est substitué. La fonction de
l’imputabilité est donc de désigner le responsable.
On se pose donc la question suivante : qui peut être désigné et reconnu responsable ?

En droit civil, l’imputabilité résulte de l’application des textes (1240 à 1244).


Lorsque plusieurs personnes sont auteurs de faits causant un dommage unique à la victime, elles sont
conjointement responsables à l'égard de cette dernière, au terme d'une obligation in solidum (du latin au tout)
créée par la jurisprudence : la condamnation in solidum qui résulte d’une décision de justice permet à la victime de
demander réparation de l'intégralité de son préjudice à n'importe lequel d'entre eux. Si la victime est indemnisée
par un seul des responsables, celui-ci, subrogé dans ses droits (on parle d’action subrogatoire), peut exercer
un recours contre les autres, pour demander remboursement d'une partie des sommes versées. Le juge doit

13
alors répartir le poids de la dette entre les différents auteurs du fait dommageable, en tenant compte de la part
imputable à chacun d'entre eux. Quelques règles ont été définies par la jurisprudence. Dans l'hypothèse d'une pluralité
de faute, le juge répartit la dette au regard de la gravité des fautes respectives.
Exemple : Une condamnation in solidum peut être une condamnation en matière de droit civil dans un conflit avec
des constructeurs par exemple (malfaçons), ou lorsqu’un mineur insolvable est l’auteur d’un préjudice, ce sont
généralement ses parents qui paye suite à une condamnation in solidum.

En droit administratif, il faut bien identifier la personne morale responsable. Si la victime se trompe de personne
publique, sa demande sera considérée comme mal dirigée et sera rejetée.

La jurisprudence a établi deux critères permettant d’identifier la personne publique responsable :


Le critère de la nature du service. C’est le critère principal. La collectivité responsable est, en principe, la personne
publique qui a la charge du service à l’origine du dommage, ou la personne publique au nom de laquelle le service a
fonctionné. Lorsqu’il y a délégation de service public, c’est le délégataire qui répond, à titre principal, des dommages
causés par l’activité concernée. La responsabilité incombe, à titre subsidiaire, à la personne publique
délégante, en cas d’insolvabilité du délégataire.
 Le critère du maître de l’ouvrage. En cas de dommages de travaux publics, la personne publique responsable
sera le maître d’ouvrage, le plus souvent, le propriétaire. Dans les faits, la victime pourra également s’adresser soit à
l’entrepreneur qui a effectué les travaux, soit à une autre collectivité responsable de l’entretien de l’ouvrage.

Certains mécanismes procéduraux permettent de corriger les erreurs commises par le requérant :

Lorsqu'un requérant demande la condamnation pécuniaire d'une personne publique, celle-ci peut renvoyer
une partie de sa responsabilité sur un tiers dans le cadre de l’appel en garantie : Le garant peut être appelé
dans l'instance principale. On parle alors d'intervention forcée. Mais il peut aussi voir sa garantie mise en œuvre
dans un procès distinct et ultérieur formé par l’administration qui a indemnisé la victime : dans ce cas, on parle d'action
récursoire.
Exemple - Un piéton fait une chute sur la place publique dans une excavation non signalée, pratiquée en vue de
procéder à la plantation d'arbres. Il demande des dommages et intérêts à la commune : celle-ci qui n'était que le maître

14
d’ouvrage peut demander à être garantie par l'entrepreneur, maître d’œuvre qui exécute les travaux et qui avait omis
de signaler l'excavation. En réalité, c’est une compagnie d’assurance qui paiera, car les collectivités locales souscrivent
de plus en plus souvent des polices d’assurance.

C. TROISIÈME CONDITION : LE LIEN DE CAUSALITÉ DIRECT

Le lien de causalité unit le fait générateur, le dommage et le préjudice. Ce n’est pas le résultat d’un constat
matériel mais d’une qualification juridique : il permet d’établir non pas ce qui a effectivement causé le
dommage, mais ce qui en est juridiquement la cause.
Le comportement imputé au défendeur doit être la cause ou l’une des causes directes du dommage à l’origine du
préjudice. Sans reconnaissance de ce lien de causalité, il ne peut avoir de responsabilité.

L’appréciation du lien de causalité directe sera effectuée par le juge qui fonde son raisonnement sur l’une des théories
suivantes :
1 - la théorie de l’équivalence des conditions : on considère que tout fait sans lequel le dommage ne serait pas
produit est la cause de ce dommage (peu utilisée) ;
2 - la théorie de la proximité de la cause : on estime que seul le dernier des faits qui ont rendu possible un
dommage peut être retenu comme cause de ce dommage. L’idée de proximité spatiale ou temporelle est
importante dans la reconnaissance du lien de causalité direct.
3 - la théorie de la causalité adéquate : parmi les faits qui ont concouru à la réalisation d’un dommage, on ne retient
comme cause que celui qui était particulièrement et raisonnablement propre à entraîner ce dommage. L’idée de
normalité est importante dans le raisonnement du juge.

D. LES CAS D’EXONERATION DU DEFENDEUR

Les causes exonératoires constituent un moyen de défense permettant au défendeur de se dégager en tout
ou partie de sa responsabilité à l’occasion du procès.
Elles trouvent leur fondement dans la rupture du lien de causalité ou d’imputabilité : le défendeur va démontrer
qu’il existe d’autres faits qui ont causé le dommage ou qu’il ne peut être juridiquement rattaché au dommage.

15
Il va donc essayer de prouver soit qu’il a été accusé à tort (le FD qui lui est imputé n’est pas à l’origine du dommage),
soit qu’il existe d’autres FD ayant participé à la genèse du dommage. Notons que seules la force majeure et la faute
de la victime s’appliquent dans tous les systèmes de responsabilité.

Une fois admise par le juge, une cause exonératoire a pour effet :
- soit de décharger le défendeur de toute responsabilité - exonération totale - si elle est l’unique cause du dommage.
Ceci est valable en matière de responsabilité civile et administrative.
- soit d’atténuer sa responsabilité - exonération partielle - si elle a concouru avec le fait de l’administration à la
réalisation du dommage. Ceci est valable en matière de responsabilité administrative. Cependant, le juge judiciaire
reconnait le caractère exonératoire partiel de la faute de la victime

Quelles sont ces causes exonératoires ? Il s’agit de la faute de la victime, de la force majeure (imprévisible,
irrésistible et extérieur au défendeur), du fait du tiers (personne étrangère au procès) et du cas fortuit en droit
administratif (cause inconnue).

§ II. LES PARTICULARITÉS DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE ET ADMINISTRATIVE

A. LA RESPONSABILITÉ CIVILE (RÉGIME DE DROIT PRIVÉ)

1. Les différents cas de responsabilité

La responsabilité civile permet d’engager la responsabilité des personnes qui causent un dommage à autrui avec pour
obligation la réparation du préjudice subi par la victime. Le droit de la responsabilité civile français est fortement
marqué par l’interprétation faite par le juge des articles du code civil, ce qui explique sa constante évolution. Il repose
sur la distinction entre la responsabilité contractuelle et la responsabilité délictuelle.

16
La responsabilité contractuelle (article 1231-1 du C. civ.) sanctionne entre les parties l'inexécution d'une
obligation née d'un contrat. Il s'agit de l'inexécution ou de la mauvaise exécution d'obligations résultant d'actes
juridiques où les engagements sont nés volontairement.
Dans tous les autres cas, il s’agit d’une responsabilité extracontractuelle qui est soit délictuelle (c'est la faute
intentionnelle, supposant une volonté d'agir doublée d'une intention de causer le dommage, soit l'intention de nuire à
autrui.), soit quasi-délictuelle (c'est la faute non intentionnelle qui peut être une faute de négligence ou d'imprudence,
donc une simple faute, supposant que la personne a voulu agir, mais n'a pas voulu le résultat dommageable.).
L'obligation de réparer est subie : elle ne naît pas de la volonté, mais de la simple survenance d'un événement (le
sinistre). Elle ne nait pas d’un acte juridique (manifestation d’une volonté qui permet de créer une relation juridique)
mais d’un fait juridique (l’événement qui conduit, en vertu de la loi, à la naissance d’une obligation sans que cette
obligation ait été voulue). Le fait juridique est très souvent une faute. Il existe deux types de responsabilité civile : La
responsabilité pour faute où la faute est exigée et la responsabilité sans faute où l’obligation de réparer est
indifférente à l’idée de faute.

2. Les différents fondements de la responsabilité extracontractuelle

La responsabilité civile délictuelle et quasi-délictuelle nous renvoie aux articles 1240 à 1244 du C. civ.
Chaque article énonce une responsabilité particulière qui s’adapte au comportement de l’individu. La responsabilité
peut naître soit du fait personnel, soit du fait d’autrui, soit du fait des choses ou des animaux. Elle est mise en
jeu dès l’apparition d’un dommage, c’est à dire d’un fait portant atteinte à l’intégrité de ce qui est ou de ce qui devrait
être. Le responsable de ce dommage a donc l’obligation civile de réparer.

La responsabilité pour faute

17
Responsabilité
Responsabilité
civile quasi
civile délictuelle
délictuelle

1240 du C. civ.: " Tout fait 1241 du C. civ. : " Chacun est
quelconque de l’homme, qui cause responsable du dommage qu’il a
à autrui un dommage, oblige celui causé non seulement par son fait,
par la faute duquel il est arrivé, à le mais encore par sa négligence ou
réparer. " par son imprudence. "

La notion de faute n’est pas définie par le Code civil. Pour que la faute soit caractérisée, la victime doit établir que le
responsable a eu une attitude contraire à une norme de conduite résultant d’une faute de commission ou
d’abstention/d’omission. Pour définir plus concrètement la faute, il faut rechercher quels sont les devoirs ou les
obligations, que tout un chacun doit respecter. On parle de responsabilité subjective.

La responsabilité sans faute fondée sur le risque, l’idée de contrôle ou de surveillance

La responsabilité civile prend alors un fondement objectif, ne reposant plus uniquement sur la faute. On
retrouve la responsabilité du fait des choses (idée de contrôle ou de surveillance) et celle du fait d’autrui. Ce type de
responsabilité n'était prévu, dans le Code civil de 1804, que dans des hypothèses spéciales : parents du fait des
enfants, commettant du fait des préposés, artisan du fait de l'apprenti, instituteur du fait de ses élèves. La responsabilité
ne pèse pas directement sur l'auteur du dommage, mais sur quelqu'un d'autre ; il s'agit d'une responsabilité élaborée.

18
Art. 1242 al 2 Article 1242 al 4
Responsabilité du fait des choses Responsabilité des
parents du fait de leurs
La chose
enfants
Tout meuble ou immeuble, peu importe son
caractère dangereux ou pas
Sont exclus les animaux et batimants en ruine qui
relèvent des articles 1243 et 1244 du C. civ. Mais le Le père et la mère, en tant qu'ils exercent l'autorité parentale, sont
raisonnement dans ce cas reste le même. solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux . Lorsqu'un dommage est causé par un
enfant, la victime dispose donc d'un choix dans son action : agir
contre le mineur, sur le fondement des articles 1240 ou 1241 du Code
civil, en lui opposant son fait personnel ; agir contre ses parents,
Le rôle de la chose responsables du fait de l'enfant sur le fondement de l'article 1242
La chose agit indépendamment ou dépendamment de alinéa 4 du Code civil.
l’action humaine. Le fait de la chose peut être retenu pour
une chose en mouvement ou inerte, en contact ou sans
- Présomption de causalité pour le fait de la chose en mouvement
et entrée en contact. La première condition d'application de ce texte est donc la minorité
- Dans les autres cas, il appartient à la victime de prouver le rôle de l'auteur du dommage
actif de la chose La seconde est relative à la cohabitation familliale : il s'agit de la
résidence habituelle de l'enfant au domicile des parents

la notion de gardien
C’est celui qui a la maitrise indépendante de la chose, l’usage, la La responsabilité de plein droit encourue par les père et mère du
direction et le contrôle. Ainsi, le transfert à un tiers de la chose fait des dommages causés par leur enfant mineur habitant avec
emporte transfert de la garde de celle-ci. Néanmoins, ce transfert eux n'est pas subordonnée à l'existence d'une faute de l'enfant”.
de la garde doit être prouvé, ce qui peut s’avérer difficile en cas
de prêt de la chose. Le gardien n’a pas la possibilité de prouver
qu’il n’a pas commis de faute, afin de s'exonérer : il s'agit donc
d'une véritable responsabilité sans faute. En revanche, le gardien
peut se défendre en cherchant à montrer que la chose dont il
avait la garde n'est pas la cause de l’accident.

3. Les particularités de l’action en responsabilité

19
Quel est le droit de la victime ?

La victime a un droit à indemnisation, qui peut être mis en œuvre de deux manières:
– soit elle conclut avec l'auteur du dommage, ou fréquemment son assureur, un contrat qui détermine la responsabilité
et fixe le montant de la réparation : c'est une transaction ; l'art. 2044 du Code civil définit la transaction comme « un
contrat par lequel les parties terminent une contestation née, ou préviennent une contestation à naître ».
Avantages : elle est fréquemment utilisée en matière délictuelle : une partie reconnaît au moins partiellement sa
responsabilité et les contractants fixent le montant de la réparation. Les règles générales sur la formation et les effets
des contrats lui sont applicables. Ex : dans un accident corporel, c’est l’assureur qui propose la transaction.
– soit, à défaut d'accord sur la responsabilité ou sur le montant de la réparation, elle doit engager une action en
justice.
Dans tous les cas l'objectif de la victime est l'indemnisation de son dommage.

Quel est le tribunal ?

Compétence matérielle - Lorsque le fait n’engage que la responsabilité civile de son auteur, l’action est intentée
devant le tribunal judiciaire.
Compétence territoriale - La victime a le choix d'agir devant l'un ou l'autre des tribunaux suivants : celui du lieu où
réside le défendeur ; celui dans le ressort duquel le dommage a été subi (donc, en cas d'accident, le tribunal du lieu
où il s'est produit).

Quel est le délai de prescription ?

La loi du 17 juin 2008 relative à la prescription instaure des délais de prescription plus courts qu'auparavant. L'art.
2224 prévoit que : « les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire
d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer ». Pour les préjudices de nature corporelle,
l'article 2226 al. 1er aménage un délai de 10 ans à compter de la date de la consolidation du dommage initial ou
aggravé.

20
Quelle sont les règles de la réparation du dommage ?

Caractère intégral de la réparation : lorsque le défendeur est déclaré responsable, il est condamné à réparer l'entier
préjudice de la victime (sauf hypothèse d'un partage). En cas de dommage matériel, – si la destruction du bien est
totale, l'indemnité est en principe égale à la valeur de remplacement de la chose, sans abattement pour vétusté ; – si
la chose a été simplement détériorée, l'indemnité doit être égale aux frais de remise en état.
Modalités de la réparation La réparation s'effectue si possible en nature (suppression d'un écrit injurieux, démolition
d'un mur), mais plus fréquemment par l'allocation de dommages et intérêts. En cas de dommage corporel, l'indemnité
est allouée sous forme de capital ou de rente (cette dernière modalité s'impose en cas d'accident du travail).
Date d'évaluation du dommage Le dommage doit être évalué au jour du jugement définitif, non à la date de sa
réalisation (avantage pour la victime qui évite les effets de l'érosion monétaire).

B. LA RESPONSABILITÉ ADMINISTRATIVE

1. La particularité de la responsabilité administrative

La responsabilité administrative se définit comme l'obligation faîte à l'administration de réparer le dommage


qu'elle cause à autrui. La responsabilité administrative est donc une responsabilité civile au sens de la réparation.
Elle suit des règles spécifiques et permet aux victimes à qui les personnes publiques ont causé un préjudice d'obtenir
une indemnisation.

Si une personne publique cause un dommage, elle doit réparer les préjudices qui en découlent. Lorsque l'on dit que
l'administration a causé un dommage, il ne faut jamais perdre de vue que c'est, en réalité, un individu agissant au nom
de l'administration qui a causé le dommage. En effet, l'administration ne peut agir que par l'intermédiaire des individus
habilités à agir en son nom : autorités administratives, fonctionnaires, etc.

Même en l’absence de texte, l’Administration est tenue de réparer - par équivalence - les conséquences
dommageables de son activité. Seul le juge administratif est compétent : cette responsabilité n’est donc pas

21
soumise aux règles du droit privé même si les conditions d’engagement de la responsabilité sont
similaires. Ce principe affirmé dans l’arrêt TC, 8 février 1873, Blanco : “ La responsabilité qui peut incomber à l’État
pour les dommages causés aux particuliers par le fait des personnes qu’il emploie dans le service public ne peut être
régie par les principes qui sont établis dans le code civil, pour les rapports de particulier à particulier ... elle a ses règles
spéciales qui varient suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l’État avec les droits
privés.”
Espèce : Agnès Blanco, âgée de cinq ans, est renversée et grièvement blessée par un wagonnet poussé par quatre
ouvriers. Le wagonnet appartient à la manufacture des tabacs de Bordeaux, exploitée en régie par l'État. Le père de
l'enfant saisit la juridiction judiciaire d'une action en dommages-intérêts contre l'État, estimé civilement responsable de
la faute commise par les quatre ouvriers. Un conflit s'élève entre les juridictions judiciaire et administrative et le Tribunal
des conflits est chargé de trancher. La question est de savoir « quelle est, des deux autorités administrative et
judiciaire, celle qui a compétence générale pour connaître des actions en dommages-intérêts contre l'État ».Le Conseil
d'État, déclaré compétent par l'arrêt Blanco, rendra un arrêt le 19 mai 1874, octroyant une rente viagère à la victime.
Ce principe a été par la suite étendu aux collectivités locales : T.C., 29 février 1908, Feutry.
Pour l’essentiel, les règles relatives à la responsabilité administrative ont été élaborées par le juge administratif : le
droit de la responsabilité est un droit jurisprudentiel.

Attention - Devant le juge administratif, l'action en responsabilité relève du contentieux de pleine juridiction (ou
plein contentieux) et non du contentieux de l'excès de pouvoir. Dans ce type de contentieux, le juge administratif
peut annuler, déclarer illégal, octroyer une réparation, allouer une somme d'argent, ordonner une démolition
ou une reconstruction.

La règle de la décision administrative préalable

Rappelons que les requêtes portées devant une juridiction administrative doivent être dirigées contre une décision
administrative préalable, sous peine d'irrecevabilité. Selon l’art. R. 421-1 du CJA : « La juridiction ne peut être saisie
que par voie de recours formé contre une décision, et ce, dans les deux mois à partir de la notification ou de la
publication de la décision attaquée. Lorsque la requête tend au paiement d'une somme d'argent, elle n'est recevable
qu'après l'intervention de la décision prise par l'administration sur une demande préalablement formée devant elle ».

22
La règle de la décision préalable oblige le requérant à se tourner d'abord vers la personne qu'il estime responsable
pour lui demander réparation, avant de saisir le juge administratif du refus exprès ou implicite qui lui aura été opposé.
L'exigence de décision préalable permet ainsi de lier le contentieux et de marquer le point de départ du délai de recours
contentieux.

Les règles de la prescription quadriennale sont applicables aux demandes de réparation

Mise en place par la loi du 31 décembre 1968 relative à la prescription des créances sur l’Etat, les départements, les
communes et les établissements publics, la prescription quadriennale, c’est-à-dire de quatre ans, fixe un délai pour
lequel tout justiciable est en droit de réclamer à une personne publique les sommes d’argent que cette dernière lui
doit. Cela s’applique à la responsabilité d’une personne publique.

Lorsque des dommages-corporels imputables à l’administration ouvrent droit à indemnisation, le point de


départ est quant à lui fixé au 1er janvier de l’année suivant celle au cours de laquelle les dommages se sont consolidés
(CE, 5 décembre 2014, n°354211). La consolidation est une notion médicale qui correspond à la stabilisation de l’état
de santé du patient. Elle correspond à la date à partir de laquelle l’état de la victime n’est plus susceptible d’amélioration
sensible, et à laquelle le taux d’incapacité permanente peut être fixé. Les dommages aux biens s'évaluent au jour où
leur cause ayant pris fin, il est possible de procéder à leur réparation.

La prescription quadriennale est interrompue par toute demande de paiement ou toute réclamation écrite adressée
par un créancier à l'autorité administrative et par tout recours en justice relatif à la créance.

2. La détermination de la personne responsable devant la victime : l’administration ou l’agent ?

L’activité d’une personne publique a causé un dommage à l’origine d’un préjudice. Qui est responsable :
l’administration ou l’agent ? Se pose ici la question de l’imputabilité du dommage.

La réponse dépend de la nature du fait accompli par cet agent. Notons qu'il importe peu que ce fait soit une action ou
une omission. Ce qui compte, c'est la réponse à la question suivante: ce fait est-il une faute personnelle ou une faute

23
de service ? On considère que les dommages qu'il cause sont en principe imputables à l'administration. La
responsabilité de l'administration peut donc être présentée comme une responsabilité pour le fait d'autrui.
Par exception, les dommages causés par les agents de l'administration engagent parfois la responsabilité personnelle
de ces agents. Il en est ainsi lorsque les dommages résultent de fautes personnelles commises par lesdits agents.

Enfin, il arrive qu’un dommage résulte à la fois d’une faute de service et d’une faute personnelle. La
responsabilité de l’administration, comme celle de l’agent, se trouve alors engagée. Il y a cumul des
responsabilités.

a) Comment distinguer la faute personnelle et la faute de service ?

Il y a faute de service si l’acte dommageable est impersonnel, s’il révèle un administrateur plus ou moins sujet à
erreur. Il y a faute de service lorsque la faute n’est pas détachable de l’exercice des fonctions.
La faute personnelle révèle l’homme avec ses faiblesses, ses passions, ses imprudences : c’est une faute signée,
propre à la personnalité de l’agent qui l’a commise : violence, injures, addictions, malveillance…. Selon le juge, une
infraction pénale n’est pas nécessairement une faute personnelle : appréciation au cas par cas.

De la jurisprudence, on retient qu’il existe trois types de fautes personnelles.

 Les fautes commises en dehors de l’exercice des fonctions et dépourvues de lien avec ces fonctions :
pas de cumul possible

Il s’agit de fautes détachables matériellement et juridiquement des fonctions. Elles ne sont commises ni dans
l’exécution du service ni à l’occasion dudit service.
Exemple : C.E., 13 juillet 1962, Dame veuve Roustan. Le 13 mai 1956, vers 21h, le militaire Rolland décide de se
rendre au poste de garde qui lui a été assigné. Au cours du trajet, il entre, sans motif de service, dans son débit de
boissons préféré, celui du sieur Roustan. En pénétrant dans le débit de boissons, il salue Roustan en brandissant un
revolver chargé (arme personnelle pour laquelle il n’a pas d’autorisation de port). Il avait l’habitude d’accomplir ce salut
martial auquel Roustan répondait en brandissant également son revolver. Mais cette fois, le coup part et Roustan est

24
mortellement blessé. Pour le Conseil d’État, les agissements de Rolland ont été constitutifs d’une faute
personnelle dépourvue de tout lien avec le service.

 Les fautes commises en dehors de l’exercice des fonctions mais non dépourvues de lien avec lesdites
fonctions : cumul possible

Il s’agit de fautes détachables des fonctions, matériellement mais non juridiquement.

Exemple : C.E., Ass., 26 octobre 1973, Sadoudi. Deux policiers, Afir Mohand et Amar Sadoudi, discutent dans leur
chambre commune. Le premier manipule son arme de service et tue accidentellement le second. Le Conseil d’État
constate qu’ils n’étaient pas en service. Mais il estime que l’accident n’est pas dépourvu de tout lien avec le service
compte tenu de l’obligation faite aux policiers de conserver une arme à feu en dehors du service et du danger que cela
représente pour les tiers.

 Les fautes commises dans l’exercice même des fonctions mais jugées détachables desdites fonctions :
cumul possible

Il s’agit de fautes détachables des fonctions, juridiquement mais non matériellement.

Exemple : CAA Bordeaux, 8 juillet 2002, Dame Ghanem c/ Centre hospitalier Sud-Réunion, n° 00BX00013 à propos
d’un agent hospitalier à l’origine d’une agression : « Il résulte de l’instruction que si les agissements de l’agresseur de
Mme G… ont été constitutifs d’une faute personnelle, détachable de l’exécution du service, ils n’en n’ont pas moins
été commis alors que l’intéressé était de service à l’hôpital; que cette faute personnelle n’étant donc pas dépourvue
de lien avec le service, les agissements de cet agent hospitalier engagent (…) la responsabilité du centre hospitalier
Sud-Réunion à l’égard de Mme G…». Le lien entre l’agression et le service est, en l’espèce, plus que discutable car
l’agent a agi dans l’intention de nuire au patient. Mais les juges considèrent que si cette faute est bien personnelle, elle
est toutefois rattachable au service.

b) Les conséquences de la distinction : quel tribunal saisir et contre qui ?

25
Principe de base

 La faute personnelle du cas 1 commise par un agent engage la responsabilité de cet agent. La victime devra
porter son action devant le juge judiciaire. Le dommage résulte donc de cette faute.
 En cas de faute de service, la responsabilité de l’administration sera engagée devant le juge administratif.
Le dommage résulte donc de cette faute.

- Cas spécifiques : le cumul des responsabilités

On appelle - improprement d'ailleurs - cumul des responsabilités l'option ainsi offerte à la victime d’engager son
action soit contre l’administration, soit contre l’agent.
Il faut distinguer ici, d'une part, les règles régissant l'obligation à la dette, qui déterminent la ou les personnes tenues
de verser à la victime une réparation si elle leur est demandée, d'autre part, celles relatives à la contribution à la dette,
qui désignent la ou les personnes devant supporter en définitive la charge indemnitaire. Les premières tendent à
protéger prioritairement la victime en étendant fréquemment à toute collectivité publique susceptible d'être concernée
l'obligation de réparer, alors que les secondes permettent à cette dernière de se retourner le cas échéant contre les
auteurs véritables du dommage, pour obtenir qu'ils supportent finalement le poids de la réparation.

 Cas 1 - Le cumul de responsabilités en cas de pluralité de fautes

Le dommage résulte à la fois d’une faute de service et d’une faute personnelle.


Exemple : C.E., 3 février 1911, Anguet. Au bureau de poste de la rue des Filles-du-Calvaire, la porte affectée au
passage du public a été fermée avant l’heure réglementaire. Sur l’invitation d’un employé, M. Anguet sort par la partie
du bureau réservée au personnel. Deux employés occupés à trier des valeurs postales le poussent dans la rue avec
une telle violence qu’il se casse la jambe. Cette espèce met en exergue deux
fautes :
- une faute de service : la fermeture prématurée du bureau,
- une faute personnelle : le geste violent des deux employés.

26
 Le cumul des responsabilités en cas de faute unique

Sont concernées les fautes personnelles des cas 2 et 3 : les fautes commises en dehors de l’exercice des fonctions
mais non dépourvues de lien avec lesdites fonctions ; la faute personnelle commise dans l’exercice même des
fonctions mais jugée détachable desdites fonctions.

Dans tous ces cas de figure, la victime peut agir pour le tout

- soit contre la personne publique devant le juge administratif,


- soit contre l’agent auteur de la faute personnelle devant le juge judiciaire.

Néanmoins, la procédure ne s’arrête pas là : si la victime a déjà été indemnisée (devant le juge administratif ou
judiciaire), le défendeur (administration ou agent) pourra engager une action récursoire devant le juge administratif
afin d’obtenir le remboursement total ou partiel des DI versés à la victime.

Remarque : cas où une faute personnelle a, dans la réalisation du dommage, conjugué ses effets avec ceux d'une
faute de service distincte. L'administration qui a indemnisé la victime ne pourra réclamer qu’un remboursement partiel
à l’agent. La contribution finale de l’agent et de l'administration à la charge des réparations sera réglée par le juge
administratif compte tenu de l'existence et de la gravité des fautes respectives de l’un et de l’autre, et non en fonction
du rapport de causalité entre les fautes respectives et le dommage : C.E. Ass. 28 juillet 1951, Delville, et C.E, Ass., 12
avril 2002, M. Papon.

27

You might also like