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ABRÉVIATIONS UTILISÉES

ACDI : Agence Canadienne de Développement International


ADPN : Agence de Développement des Provinces du Nord
ANHI : AGENCE Nationale de lutte contre l’Habitat Insalubre, actuellement
Holding Omran
ANDRN : Agence Nationale pour le Développement des Régions du Nord.
ARCH : Art Restauration for Cultural Heritage
ASMT : Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis.
ASMS : Association de Sauvegarde de la Médina de Sfax
AUO : Agence Urbaine d’Oujda
BM : Banque Mondiale
CRI : Centre Régional d’Investissement
DGUHC : Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et des Constructions.
DRH : Direction Régionale de l’Habitat.
EPAMSA : Etablissement Public D’Aménagement du Montois Seine Aval
ERAC : Etablissement Régionale d’Aménagement et de Construction.
EPAMSA : Etablissement Publique du Mantois Seine Aval
FADES : Fond Arabe de Développement Economique et Social.
FNAH : Fond National d’Amélioration de l’Habitat.
GPV : Grand Projet de Ville.
IFMOC : Institut de Formation pour la Maîtrise d’Ouvrage et la Communication.
INP : Institut National du Patrimoine.
LPEE : Laboratoire Public des Etudes et des Essais.
MOS : Maîtrise d’Ouvrage Social
MOUS : Maîtrise d’Ouvre Urbaine Sociale.
NTIC : Nouvelle Technologie de l’Information et des Communications.
PA : Plan d’Aménagement.
PME : Petite et Moyenne Entreprise.
PMI : Petite et Moyenne Industrie.
PV : Procès Verbal
RADEEO: Régie Autonome de Distribution d’Eau et d’Eléctricité d’Oujda
SDAU : Schéma Directeur d’Aménagement Urbain.
DSVF: Délégation à la Sauvegarde de la Ville de Fès.
SIG : Système d’Information Géographique.
UNESCO: United Nations Educationnal, Scientific and Cultural Organisation.

1
REMERCIEMENT
J’adresse ici mes remerciements et
mes sincères reconnaissances à toutes les
personnes qui, tout au long de ce travail
m’ont apporté aide et soutien, et plus
particulièrement à mon directeur de
recherche Mohamed EL OUAGARI et
aux membres du jury qui ont accepté de
lire ce travail malgré les contraintes du
temps.

2
INTRODUCTION GENERALE

Aujourd’hui, la ville est conditionnée par le contexte mondial


marqué par la montée des questions urbaines et environnementales, et
l’exacerbation des phénomènes de concurrences. La ville qui se
construit avec ses quartiers et ses solidarités est révélatrice de l’Etat qui
se construit1.
En effet, le développement socio- économique et l’intégration
des villes dans ce contexte est basé sur leurs images et leurs degrés de
compétitivité. Ainsi, la ville millénaire d’Oujda, disposant de plusieurs
atouts non négligeables, est appelée à les mettre en valeur. Le noyau
ancien constitue le premier site urbain répondant à cet appel, et où
l’histoire s’unie harmonieusement avec la modernité, « en produisant
du neuf avec le vieux et du vieux avec le neuf, le système urbain est en
permanence dans un équilibre »2.
De cette façon, apparaît le besoin de non seulement sauvegarder
et conserver le patrimoine de ces tissus anciens ou médina, mais aussi la
nécessité de reconnaître la valeur du contexte où il se trouve, car ils
constituent ensemble en plus de leurs valeurs culturelles et historiques,
un moyen efficace de progrès et de développement. Ainsi, une politique
de réflexion sur les mécanismes qui sont à la base de la réhabilitation et
sur les facteurs dynamisants qu’il faut déclencher et encourager,
s’impose.
Cette politique; de réhabilitation et de mise en valeur du
patrimoine monumental et historique, de protection contre toutes
dégradations et vétustés, et de redressement de l’image de la mémoire
de la médina ; a sans doute des effets d’entraînements positifs sur le
développement socio- économique local, sur la qualité du cadre de vie
des habitants, sur l’image de la ville et demeure parmi les
préoccupations prioritaires à cibler.
Certes, mais atteindre ces objectifs n’est aisé qu’on faisant
adhérer à ces projets de réhabilitation des médinas tous les acteurs de la
ville et d’en faire l’affaire de tous : Etat, collectivités locales,
associations, habitants, entreprises, etc. Afin d’assurer cette adhésion et
participation qui sont les premières conditions de la réussite de cette
opération, il est indispensable de passer par une sensibilisation,
1
Gustave MASSIAH, Jean-François TRIBILON, Villes en développement, éd : La
découverte, Paris, 1987, p : 126.
2
Bernard LEPETIT, « La ville : cadre, objet, sujet » in : La ville des sciences
sociales, éd : Parenthèses, enquête n°4, 1997. P : 30.

3
information, formation de la population et concertation entre tous les
acteurs, avant d’entamer tout projet et dans notre cas toutes actions de
réhabilitation .
La richesse portée par le patrimoine historique et monumental
de la médina, ne peut être sauvegarder sans la mise en place de
modalités d’intervention dans les domaines sociaux et économiques,
dont le but de trouver des solutions aux problèmes des habitations, des
équipements et de l’infrastructure, qui constituent le cadre de vie
quotidien des habitants.
Avant d’entamer la problématique de la médina et les
hypothèses de travail, il est important de rappeler brièvement les
spécificités et les crises des villes musulmanes, ainsi que les données
générales sur la ville d’Oujda et sa médina.

4
I/ SPECIFICITE ET CRISE DES VILLES
MUSULMANES, DU MOYEN ORIENT ET DE
L’AFRIQUE DU NORD.
I-1 - APERCU SUR LES TRAITS SPECIFIQUES DE
CES VILLES.
La ville du proche et du moyen orient islamique ainsi que du
Maghreb est, en générale, caractérisée par trois points fondamentaux (3) :
- Les non ouvertures des maisons vers l’extérieur;
- La structure physique en dédale des quartiers;
- L’existence d’un espace central pour exercer les activités commerciales
(le souk). C’est ce point qui fait l’originalité des villes musulmanes par
rapport aux villes médiévales d’Europe (4).
- Les caractéristiques historiques et techniques ; des anciennes villes
arabes, relevant surtout de l’époque médiévale, expriment des
préoccupations défensives (les murailles), des adaptations au milieu
local et des technologies encore rudimentaires notamment :
 Les édifices de cultes au centre de l’agglomération, la
concentration du commerce et de l’artisanat le long de quelques
rues, et la localisation d’établissements d’enseignement (zawiya,
madrasa) prés du principal lieu de culte.
 Une structure viaire étroites, sinueuses aboutissant aux portes et
déroutant l’étranger. Ce caractère labyrinthique étroit est du au
transport que connaissaient ces villes qui est l’animal de bât par
excellence. Cette étroitesse des rues favorise la constitution de
microclimats appréciables dans les zones à climats très durs.
Dans ces villes on rencontre, toutes les formes d’interactions
sociales. L’habitant y trouve tous les équipements nécessaires à sa vie
quotidienne (mosquée, fondouk, souk, école, hammam,…….), ainsi, il
satisfait aisément ses besoins dans un espace qui représente une logique
spécifique et une identité fonctionnelle bien définie. L’impression
ressentie par les observateurs extérieurs, de désordre urbain né de
l’informalité des réseaux, se révèle plus apparente que réelle car elle
relève rarement du hasard ou d’initiatives anarchiques.
Comme dans les villes arabo-musulmanes, la médina (5), au
Maroc, espace urbain traditionnel, présente une organisation urbaine
3
Eugène WIRTH : « La vie privée en tant que domaine essentiel des villes de l’orient islamique »
in : sciences sociales et phénomènes urbains dans le monde arabe. Fondation du roi Abdel Aziz Al
Saoud pour les études islamiques et les sciences humaines, Casa blanca, 1997, p : 123.
4
Quentin WILAUX, La médina de Marrakech : Formation des espaces urbains d’une ancienne
capitale du Maroc, l’Harmattan, Paris, 2001, p : 65.

5
qui paraît en désordre, mais dans la réalité est un espace idéalisé dans
une société homogène qui ignore la ségrégation urbaine. C’est un
espace ayant une image culturelle, architecturale et sociale spécifique.
L’installation au fil des temps d’un système de production et de
structuration de l’espace, a permis à la médina d’assurer à la fois son
rôle résidentiel, culturel, sociale et économique. En effet, il existait dans
la ville une harmonie sociale entretenue à toutes les échelles du niveau
supérieur qui est la médina, au niveau le plus élémentaire qui est la
ruelle ou « Derb », le quartier ou « houma » forme le niveau
intermédiaire.
Actuellement, la Médina connaît un urbanisme qui ne progresse
que dans le sens opposé aux règles de l’art. En effet, les constructions
non conformes aux règles de l’art et l’introduction de nouveaux
procédés de construction qui ignorent les techniques traditionnelles, ont
causé la perte d’un savoir faire hérité du passé.
Au Maroc comme au Maghreb, les colons par l’installation de
villes nouvelles ont conduit à un dualisme sur le plan urbanistique,
architectural, fonctionnel et social, entre deux espaces du système
urbain (6) (ville nouvelle et médina). Ainsi, la transition de la ville
traditionnelle à la ville moderne a provoqué la dénaturation de la
morphologie traditionnelle de la médina, sa marginalisation et une
dislocation de ses fonctions socioculturelles, qui à travers lesquelles une
ville retrace son histoire et s’identifie.
Cependant, cela n’empêche pas de dire que ces colons ont
parfois investis à l’intérieur des murailles de la médina, puis l’ont
ensuite entourée et engloutie dans la nouvelle ville contemporaine
engendrant ainsi, par des mécanismes complexes, une crise des espaces
traditionnels.
I-2- LA CRISE URBAINE DES MEDINAS
Jadis, comme cité plus haut, les médinas assuraient la gestion
efficace de leurs fonctions sociales et économiques. Actuellement, par
le bouleversement colonial de la situation préexistante et par
l’installation de nouveaux systèmes urbains qui ont déstabilisés le
système traditionnel ; la crise des médinas se manifeste par la perte de
ces fonctions résidentielles, déclin des fonctions sociales, dégradation
du cadre bâti, et passage progressif du mode d’occupation du
propriétaire au locataire (7), rupture avec le reste de la ville à travers une
expression architecturale individuelle, monumentale et extravertis, une
ségrégation fonctionnelle et sociale enfermant les médinas dans leurs
5
Pendant la période coloniale ce concept désignait l’opposition, ou le lieux de concurrence
musulmane, de la ville des colons. En étymologie la médina signifie ville.
6
Claude CHALINE, Les villes du monde Arabe, édit : Armond COLIN/Mason, Paris, 1989, p : 117.
7
Etude de faisabilité effectuée par l’ANHI en 1995.

6
limites primitives. Cette situation d’exclusion a duré plusieurs
décennies.
En l’occurrence, cette longue marginalisation a accentué la
vétusté et la dégradation des médinas, ainsi, elles posent en matière
d’aménagement de graves difficultés. Ces problèmes risquent de
dévaloriser le devenir de leurs patrimoines historiques et culturels et
d’entraver ainsi leurs développements économiques et sociaux.
La détérioration des espaces communs et du logement, laisse
apparaître un cadre de vie fortement dégradé, « en somme la situation
dans certains secteurs des tissus anciens est plus préoccupante que
celle qui caractérise les quartiers clandestins ou les bidonvilles » (8).
Ceci nécessite une réflexion et une intervention efficace afin d’atténuer
les maux dont souffre nos médina, « En médina on ne voit que des
effets destructeurs sur un bâti considéré comme un patrimoine au sens
le plus étroit du terme et, très logiquement, on en appelle à une action
vigoureuse pour arrêter le processus » (9).
La prise de conscience, même tardive par les responsables, de la
richesse du tissu historique vivace, et la volonté de valoriser ce
patrimoine, constituent une grande initiative dans le domaine de la
réhabilitation de ces espaces urbains. Ces actions de réhabilitations des
médinas dépendent de la cohérence des actions de tous les acteurs de la
ville et d’une participation des habitants concernés.
Ainsi, la réussite des opérations de réhabilitation est
subordonnée à l’action participative des populations, lesquelles
nécessitent un encadrement et une préparation par des structures relais
qui constituent l’élément de base de leur organisation.
La crise des tissus anciens nécessite l’urgence d’opérer à
plusieurs niveaux aussi bien sociaux que culturels et économiques d’une
part et pour pouvoir réunir autour de la même table tous les
intervenants, de partager les taches et d’œuvrer dans le même sens afin
de remédier aux dysfonctionnements révélés dans les médinas d’autre
part. Mener une approche curative des médinas -qui révèle des
démarches de développement social et économique (10) - à pour objectif
de restaurer leurs mémoires et d’assurer la revitalisation de toutes leurs
fonctions urbaines.

8
Mounir ZOUITEN : « La réhabilitation et le problème de la densification résidentielle des médinas
Marocaines, projet de gestion institutionnelle et stratégie des habitants » in gestion du
développement urbain et stratégies résidentielles des habitants, édit : l’Harmattan, Paris, 2002, p : 67.
9
Fançoise NAVEZ-BOUCHANINE : Habiter la ville Marocaine, édit : l’Harmattan, Casablanca,
1997, p : 177.
10
Ministère de l’équipement, des transports et du logement, Ministère de la culture et de la
communication, Agence nationale pour l’amélioration de l’Habitat : Intervenir en quartiers anciens,
ed :Le moniteur, Paris, 1999, p : 31.

7
C’est cet objectif que la réhabilitation de la médina d’Oujda vise
atteindre. En effet, elle occupe, à l’intérieur de la ville, une situation
privilégiée qui favorise son rôle économique moteur malgré les
dysfonctionnements qui affectent tous les niveaux de ces tissus, et par
conséquent se reflète négativement sur le développement de la ville.

II- DONNEES GENERALES SUR LA VILLE


D’OUJDA ET ORGANISATION ACTUELLE DE
L’ESPACE TRADITIONNEL
II -1- DONNEES GENERALES SUR LA VILLE
D’OUJDA ET SA MEDINA
A- HISTORIQUE DE LA MEDINA.
Afin de saisir les changements historiques du cadre physique et
de l’évolution des fonctions de la médina, un pas dans le passé s’avère
de grande utilité.
L’histoire de la région d’Oujda débute vers la fin du dixième
siècle. Des légendes apportent que bien avant la conquête arabe, des
groupes sédentaires juifs et chrétiens, habitaient la région dans une
importante ville entourée de jardin et d’une muraille percée de 360
portes. Mais, seuls de nombreux tumuli et des ruines « Berbères »
témoignent de façon certaine, de l’occupation du site avant l’islam (11)
En unanimité, les historiens arabes attribuent la fondation de la
ville d’Oujda à Ziri IBN ATIYA chef des Maghraoua, il voulait en faire
un lieu de retraite en cas de revers et surtout contrôler un carrefour où se
croissaient les caravanes allant de la mer à Sijilmassa et celles unissant
Tlemcen à Fès. Sa situation stratégique de site sous forme de cuvette à
proximité de résurgences abondantes au milieu d’une plaine où les
montagnes du Sud-est lui servirent de repli défensif, attirait l’intention
de plusieurs envahisseurs (12).

11
R. PASKOFF « Oujda, esquisse de géographie urbaine », in Bulletin économique et social du
Maroc, n°73, 1957, Rabat, p : 71.
12
Ibidem

8
N
Situation de la ville d'O ujda au carrefour des flux com m erciaux
W E

Nador
Saiidia

Tlémcen

Oujda
Légende

Villes.
Ou ed m ou lou ya.
La m er mé ditérran éen ne.
Taourirte Frontièr e algér o-m arocan e.
Voie s ferré e.
Ro ute s.
Barrag e.
Forêts.
Mon tagn e.
Agriculture in ten sive .

Source: élaboration personnelle (d'après R.PA SKOFF )

L’histoire affirme que la ville d’Oujda a subit, dans le passé, un


destin fatal engendrant sa destruction en six ruines successives. Elle a
été entièrement détruite une septième fois soit par une crue de l’oued,
soit par une armée assiégeante victorieuse (13).
L’établissement de l’autorité des Maghraouas sur la région ne
dura que 80 ans. Les Almoravides succèdent aux Maghraouas, puis les
Almohades qui, Bâtissent en 1208 autour de la ville une muraille de
fortification.
Suite à un enjeu de luttes, entre les Mérinides de Fès et les
abdelwahabites de Tlemcen, le résultat été la destruction complète de la
ville par le Mérinide Abou yacoub en 1271. Ce n’est qu’en 1297 que
son fils Youssef ben Yacoub Construisit les remparts, une kasbah, un
palais, et une mosquée (jamâa Lakbir) avec une medersa et un
Hammam annexé à la Kasbah. La ville fut ainsi se doter d’une certaine
prospérité. A la fin de 1335 la ville d’Oujda a subi de nouveau une
destruction par le sultan Aboul Hassan qui fit raser ses fortifications (14).
Après 1679, le Sultan Moulay Ismail fit restaurer en partie les
principaux édifices de la ville qui tomba peu après aux mains des turcs
mais pas pour longtemps. En 1880, elle était dépourvue d’enceinte, voir
plan ci-dessous.

13
R. PASKOFF, Op.cit, p : 74
14
Ibidem

9
Oujda en 1880
Ñ
Ñ
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Ñ
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N
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Ñ
W E

# #
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# # #
# # #
# # #

Emplacem ent du futur rem part.


Pistes et chem ins.
Ñ Cimetiere juif.
# Verdure.
constructions existantes.

Source: élaboration personnelle( d'après C. Voinot)

La ville avait la forme d’un polygone irrégulier d’une superficie


de 28 Hectares. Elle est restée sans modification jusqu’au jour de
l’occupation par les troupes Françaises le 29 mars 1907.

Oujda avant 1907 N

# #
# #

# # # #
# # # #

# # # # #

# # # # #
# # # # #
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#
# #

# #

##
# # #
# #
#
Légende
# # #
#
#

Rempart.
# # # # #
## #
#

Verdure.
# #
#
#

Surface bâtie.

Source: élaboration personnelle (d'après C Voinot)

Vers 1907, et juste avant la période coloniale, les neufs quartiers


de la médina comprenaient 718 maisons entourées de jardins (15), le
mellah n’était pas à l’écart.
1- Les fonctions de la médina pendant la période
précoloniale
A l’instar des villes musulmanes traditionnelles, la médina
d’Oujda à l’intérieur de ses remparts à 4 grandes portes, était composée
de plusieurs quartiers, ces derniers été formés d’agglomérations de
15
R. PASKOFF, op. Cit, p : 75.

10
quelques maisons à patios et de ruelles peu larges. Dans le quartier du
centre appelé Mellah, vivait un millier d’Israélites en contiguïté aux
quartiers musulmans (16). Au centre de la médina s’organisaient plusieurs
souks et kissarias dont l’activité couvrait le rayon régional. Parmi les
plus importants souks nous citons :
- Souk El Ghezel : marché de la laine filée, qui se transforme le soir en
bourse de l’eau, les parts de l’eau d’irrigation s’y vendait.
- Souk Zrâa ou marché aux grains, lieu de rencontre entre les paysans et
les citadins.
- Souk El Khodra : marché des légumes.
- Souk El khobz : exclusivement pour la vente du pain.
- Souk El Guezzarine : contenait à la fois les bouchers musulmans et
israélites.
Quand à l’habillement nous citons essentiellement une grande
activité dans des kissarias dont le nombre augmente chaque année, voir
photo ci-dessous.

Kissariat Haddada
récemment
construite.

L’artisanat qui obéissait à un système de corporation s’exerçait


par des musulmans (Tailleurs, brodeurs, menuisiers, armuriers, selliers,
etc.) et des juifs (Teinturiers, cordonniers, bijoutiers). Les professions
étaient groupées par rues et par spécialités, selon le système de
corporation, et placées sous le contrôle du mouhtassib ou caïd essouk.

16
Guitouni, «Activités tertiaires et structures urbaines de la médina d’Oujda», in Présent et avenir
des médina, cahier de l’URBAMA, n° 10-11, institut de géographie Tour 1983 p : 57.

11
Les lieux d’animations étaient formés, essentiellement, par la
grande mosquée construite à la fin du 13éme siècle, le hammam El Bali
construit en 1820 et les fondouks fréquentés par les caravanes de
passage et les voyageurs qui séjournaient à Oujda.

Caravane de chameaux
en repos en face de
Bab Sidi Abdelwahab

Ce n’est qu’après l’installation des forces coloniales que la


médina a commencé à connaître un déséquilibre aux niveaux de toutes
ses fonctions urbaines.
2- Les mutations urbaines et commerciales au cours
de la période coloniale
Dans le domaine urbain, cette période coloniale, en dépit de sa
brièveté, s’est accompagnée d’un véritable bouleversement des
situations existantes. La colonisation a fait de la ville le lieu, par
excellence de confrontation de la société traditionnelle, Submergée et
déstabilisée par tout le déploiement technologique, juridique et culturel
de la modernité. De cette période coloniale, dont les empreintes sont
encore évidentes sur les systèmes urbains actuels, on retiendra les
caractéristiques suivantes17 :
- Un transfert très important de population étrangère européenne qui a
accompagné toute la durée de colonisation.

17
Claude CHALINE, les villes du monde arabe, édit : Armand colin/Masson, Paris 1989, 1996 p.43

12
Présence d’une
importante
population
étrangère dans le
quartier
Européen de la
médina

- Des créations urbaines, appelées à devenir de grandes agglomérations,


ont été assez exceptionnelles, les cas les plus marquants dans le monde
arabe sont situés au Maroc18 sous l’initiative du résident Général
Lyautey.

Le Général
Lyautey
inspectant
les ruelles
de la
médina.

- Une dynamisation sélective qui profite surtout aux villes littorales


existantes, par l’arrivée des Européens et l’intensification de la
migration rurale. Ainsi, se mettent en place des systèmes urbains
nouveaux et de nouvelles organisations de l’espace selon les
découpages coloniaux.
Dans le cas de la ville d’Oujda, le premier quartier européen fut
construit en 1907 au Nord-ouest de la médina. Une trame viaire
octogonale, et un style de constructions élevées rappelant l’architecture
coloniale Oranaise19, caractérise ce quartier.

18
Claude CHALINE. Op. .cite p : 43.
19
Abdelkader GUITOUNI, op. cit, p : 59.

13
N
La ville d'Oujda en 1910
W E

Quartier Européen
S

# #
# #

# # #
#
# # # #

# # # # #
# # # # #
# # # # #
# # # # # # # #

#
# #

# #

Légende
# #
# #
# #
# #
Route principale.
# # # #
Rempart.
#
# #
# #
# # # # Verdure.
#
#
#
#
# Superficie bâtie.

Source: élaboration personnelle (D'après les données de C.Voinot)

Afin de satisfaire au besoin de l’extension de ce quartier


Européen, fut en 1921 la démolition de la moitié du rempart et de deux
portes de la médina : la porte Oulad Amrann et Bab Lakhmiss.
Au milieu de
la photo se
dresse le
rempart avec
des tours aux
coins, détruit
pour laisser
place à
l’actuelle rue
de Marrakech
à vocation
commerciale

Après avoir bâtis tous les espaces vides intra-muros, les


européens commencèrent à édifier sur les terrains libres et les jardins
extra-muros. Les constructions se réalisaient sans tenir compte des
dispositions de l’urbanisme traditionnel. En 1920, les autorités
françaises décidèrent la création d’un marché couvert extra-muros,
quand au marché de la viande et la stalle des poissonniers, autrefois,
prés du Mellah, ils se sont déplacés prés de la koubba de sidi
Abdelouahab.
D’un autre coté, l’installation d’un camp militaire à un kilomètre
au sud de la médina, va déclencher les premières constructions de villas
pour les colons et les riches commerçants d’Algérie.

14
Les premières
villas construites
autour du camp
militaire au
SSW de la
médina

Parallèlement, à un kilomètre au nord, se construisit la gare


ferroviaire point de liaison entre la colonie Française (Algérie) et le
Maroc

Première gare
ferroviaire
actuellement
siège de l’ex
commune
urbaine sidi
Dris El Qadi

Ces deux édifices (gare et camp militaire), reliés par un axe


routier, formaient les éléments urbains de base de la nouvelle ville.
Cette dernière va plus tard engendrer une marginalisation de la médina.

15
Les principaux éléments structurants la ville en 1913

W E

La nouvelle gare férrovière

#
L'ancienne gare férrovière

La médina

Légende
Périmetre urbain actuel.
Oueds.
# # # # #
# # # # # #
# Premières implantations civiles européennes.
# # # # #
# # # # Les principaux éléments urbains coloniaux.
Camp Militaire Chemin de fer.
L'axe de liaison.
La médina.
Source: élaboration personnelle.

La liaison entre la médina est la ville coloniale s’est faite par la


destruction de la muraille et l’ouverture de voie carrossable à l’intérieur
de la médina.
A cause des obstacles naturels qui sont l’oued nachef à l’ouest et
les jardins du côté Est, La ville coloniale va voir son extension selon
l’axe N-S «ancien avenue Foch» et actuellement boulevard Derfoufi.
Afin de contrecarrer l’extension urbaine de la ville selon cet axe, une
cité satellite nommée Lazaret, a été crée à l’Est, donnant ainsi à la ville
une allure bipolaire. C’est également en 1946 que vont apparaître des
noyaux d’habitat insalubre à la périphérie de la cité satellite.
La ville d'Oujda en 1931
N

vers l'Algérie #

Légende
Constructions cladestines.
Nouvelle médina
La médina.
Route.
Oueds.
Voie ferrée.
Constructions.

Source: dessin personnel( d'après R. PASKOFF)

L’apparition des premiers quartiers clandestins (Koulouch,


Toba…) dans la zone N-E de la ville était la conséquence de la création,
par les colons, d’une zone industrielle dans cette zone 20. En effet, la
20
R. PASKOFF . Op, cite. P.77

16
migration de nombreux ruraux vers cette zone s’explique par la
recherche d’emploi et les difficultés rencontrées dans le milieu rural et
notamment la sécheresse.
Sur le plan commercial, de nouvelles formes d’activités
apparaissent (librairies, pharmacie, magasins électroménagers, studio
photos, etc.). Ce commerce, et ces services divers, exclusivement, dans
le quartier européen font contrepoids au quartier des marchés de la
médina dont les activités étaient surtout traditionnelles.
Vers 1936, le marché aux grains, le marché des légumes et celui
du pain furent réinstallés en nouvelle médina à l’extra-muros.
Les activités traditionnelles périclitèrent à cause de la
concurrence par la diffusion d’articles industriels importés. Ainsi, les
cordonniers, maroquiniers, forgerons…, se reconvertissent dans la
réparation au lieu de la fabrication. La crise du secteur artisanal s’est
accompagnée par l’abandon du système de corporation. Par conséquent,
la médina perdit ses fonctions de commandement, les services publics et
administratifs furent crées ou transférés à l’extra-muros, pour accentuer
de l’exclusion et de la marginalisation de l’unité urbaine traditionnelle.
Cette situation de marginalisation continue de persister jusqu’à présent
malgré le rôle primordial qu’elle joue dans l’économie de la ville.
B- LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE
D’OUJDA
La wilaya d’Oujda s’étend sur une superficie de 20 700 Km2 à
l’extrême N-E du royaume (2,9% du territoire national). La situation
géographique stratégique de la ville d’Oujda, capitale de la wilaya, est
d’autant plus importante qu’elle lui permet de jouer un rôle dans la
consolidation des liens inter-maghrebins et de constituer un carrefour
des échanges et de rencontres entre les pays du Maghreb et de l’Europe.
Les potentialités nécessaires pour cette fonction ne manquent
pas, à savoir les moyens de liaisons terrestres, ferroviaires et aériens
avec les villes marocaines, maghrébines et Européennes. Remédier aux
dysfonctionnements de son centre, constitue une capitale action de
revalorisation de ce patrimoine très estimé par les touristes.

17
Infrastructure de la région N
Mer Méditerranée

Mellilia r
# Nador Î# Saidia W E
Province d'Al HOCEIMA AL Aaroui# Ñ
Midar
## #
Zaio # #
Zaio Berkane

Oujda
# S
Ñ
#Taourirt
Province de TAZA # ALGERIE
Jerada

#
Ain Béni Mathar

Province de BOULEMANE

Légende
Réseau routier.
Les limites de la région.
Bouarfa# Frontière.
Î Port de pêche.

Ñ Aéroport.
Figuig # # Ville.
Province d'ERRACHIDIA
r Port polyvalent.

Source: élaboration personnelle(données : débat nationnal sur l'AT 2000)

C- LES MONUMENTS HISTORIQUES ET SITES


TOURISTIQUES.
Les sources historiques et les études récentes sont presque
unanimes sur les origines de la ville d’Oujda qui remontent à 994 (384
HEG). L’exception est l’opinion selon laquelle la ville fut bâtie sur les
ruines d’une ancienne ville antéislamique en un lieu appelé « Lanigare »
selon le géographe Grec Ptolémée. Il ressort de cette considération que
la ville actuelle aurait bien ses mille ans.
Parmi les plus importants monuments historiques de la médina
on cite :
Les murailles : démolies et reconstruites plusieurs fois dans le
passée, ainsi il n’en subsiste que presque 2000m.
Les mausolées et les Zaouïas : actuellement on compte neuf
mausolées et six Zaouïas.
Les écoles : trois écoles bâties, toutes, au début du siècle.
Les mosquées : trois principales mosquées parmi treize. La plus
grande fut construite en 1298 après JC (628 HEG) pendant l’ère
mérinide.
Les Hammams : La médina renferme trois anciens Hammams.
La Kasbah : de construction mérinide.

18
La kasbah vers
les années 1915.
Au milieu
terrain vide où
sera construite la
première école
moderne au
Maroc. Au fond
de la photo Bab
El Gharbi est
visible avec le
rempart.

Les portes : les deux principales sont :


Bab sidi Abdelouahab jadis à caractère social, et bab Al Gharbi,
autrefois a caractère plus officiel que social, servait à l’accès des
troupes Françaises vers la kasbah. La reconstruction de bab Lakhmiss
est envisagée par le projet de réhabilitation.

19
L’entrée principale de Bab Sidi Abdelwahab

D’autres monuments et sites, très intéressants, se trouvent aux


alentour de la cité ancienne. L’un des plus extraordinaires palais, datant
de 1938, est celui de Dar Assabti. Il est destiné à double usage : à la fois
centre d’études et de recherche sur la musique gharnati, et lieu
d’activités culturelles et de festivités diverses. Le deuxième site
important est le parc Lalla Meryem siège du syndicat d’initiative et du
tourisme de l’oriental, il contient un musée dont le rôle socioculturel est
très important. A une centaine de mètres de l’une des portes de la
médina (Bab Ahl Jamal) se trouve l’église st-Louis d’Anjou, bâtie en
1919.

20
L’église St Louis d’Anjou : à gauche photo ancienne 1920, à droite photo récente

Le parc Lalla Aicha, non loin de la médina, s’étend sur une


superficie de 20 Ha, crée en 1935, avec ses piscines, terrains de sports,
clubs de tennis et d’équitation, des aires de loisirs pour enfants et de
détente pour les habitants, il constitue un endroit reposant par ses
espaces verts très agréables.
Parmi les sites touristiques, nous citons le site Sidi Maâfa au
pied de la montagne couverte par la forêt. Il représente un espace de
détente, offrant une vue panoramique sur toute la ville, qui flatte le
visiteur. La source thermale Ben Kachour située à l’intérieur de la ville,
reçoit chaque jour des centaines de visiteurs.
L’oasis de sidi yahya avec son mausolée bien estimé tant chez
les musulmans que chez les juifs, ses palmiers et laurier et son cours
d’eau, constitue le lieu d’un moussem fréquentée annuellement par des
Juifs de l’étrangers et par une société à traditions très diversifiées de la
wilaya.
D- SOCIETE ET TRADITIONS
Actuellement, la population de la Wilaya d’Oujda est
d’environ 1.200.000 habitants, dont la majorité est urbaine et se
concentre dans les plaines irriguées. Dans ce territoire se combinent
aussi des traditions, des danses et des musiques populaires dont les
chants Andalous (Gharnati) constituent l’originalité de la ville.
II-2 L’ORGANISATION ACTUELLE DE L’ESPACE
TRADITIONNEL
La médina d’Oujda née par un acte volontaire, a connu maintes
destructions à travers son histoire. Elle vit actuellement d’aigus
problèmes de dégradations.

21
En face fissuration
des murs porteurs
des habitations.
A gauche une
maison à vendre

Ainsi, une urgente action de réhabilitation lui est indispensable


afin qu’elle puisse retrouver son cachet authentique, assurer sa
fonctionnalité d’origine et retrouver ses valeurs de solidarités
mécaniques traditionnelles21 ayant jouer un rôle important au sein de la
population de la médina.
A- LA POPULATION DE LA MEDINA
La population de la vielle cité comptait d’après le recensement
du RGPH de 1994, 7463 habitants alors que celui de 1982 comptait
9482 habitants. La chute de 2 1,29% correspond à 2019 personnes sur
une durée de 12 ans, soit un équivalent de 168 personnes par an. Le
tableau suivant donne quelques données démographiques de cette
population.
Tableau n° 1 : Données démographiques de la médina.
RGPH : RGPH : 1994
1982
Population Population Nombre de Nombre de
ménage logement
9482 7463 1734 1494
Source : Etude réalisée par l’ANHI 1995.
En 1996 l’enquête menée par le BET au compte de l’ANHI a
compté 7065 habitants. La régression du nombre de la population de la
médina trouve son explication dans trois principaux points :
- La vétuste et la dégradation de la qualité du cadre de vie ont poussés
certains propriétaires à quitter leurs habitations après les avoir fermé ou
vendu.
- Transformation de plusieurs habitations en locaux d’activités
économiques et lieux de stockages de marchandises.
21
Gilles LAMARQUE, L’exclusion, éd : presses universitaires de France, Paris, 1996. p :30

22
- Prolifération du fléau de la prostitution, de la délinquance juvénile et du
trafic des drogues, ignorés autrefois dans la médina, en effet, cette
question d’insécurité constitue la fondamentale explication du départ
des habitants.
Tableau n° 2 : Evolution de la population de la médina et
celle de la communauté d’oujda.
Année 1982 1994 1996
Médina 9482 7463 7065
Communauté < 361000 361000 380000
d’Oujda
Densité de la 339 267 252
médina :
Habitant/Hectare
Source : Etude ANHI 1995

Tableau 3 : Comparaison des densités des populations des


médinas d’Oujda et de Tanger.
Année 1982 1994 1996
Densité de la population 339 267 252
de la médina d’Oujda
Habitant/Ha
Densité de la population 994 1444 ─
de la médina de Tanger
Source : Etude ANHI 1995 (plus collecte personnelle de données)
On remarque, la faible densité de la population de la médina
d’Oujda par rapport à celle de la médina de Tanger. Elle est non
seulement faible à celle de Tanger mais aussi à la moyenne de ce type
de tissus urbain à l’échelle nationale, en effet, c’est parmi les plus
faibles densités au Maroc.
Des études de la composition des ménages de la médina, faites
par l’ANHI, montrent que la moyenne du nombre de personne par
ménage n’est que de 4,1 personnes. Là encore c’est un chiffre faible par
rapport à la moyenne nationale, donc il parait que cette médina, à la
différence de la plus part des grandes médinas du Maroc, ne souffre pas
d’un surpeuplement. Dans ce sens, plusieurs études concernant l’habitat
de la cité traditionnelle ont été réalisées.
B- L’HABITAT DE LA MEDINA
En moyenne, la densité des logements à l’intérieur des remparts
est de 53 logements par hectare. Le nombre de constructions intra-
muros comptait par le BET en 1995 est de 1174 avec une moyenne de
1,3 logements par constructions non uniforme dans tous les secteurs de

23
la médina. Les constructions sont, essentiellement, en rez de chaussée.
La distribution interne des maisons s’inspire du model original de la
maison traditionnelle où les pièces sont disposées autour d’une cour
interne centrale. Ce caractère de retrait 22 reflète l’intimité de la vie de la
famille.
La moitié des habitations sont de types traditionnels, 25% sont
des constructions anciennes mais transformées, le quart restant est
constitué, essentiellement, de constructions récentes totalement
différentes du model original. Ceci montre l’inconscience du conseil
communal envers le respect de l’art de construction traditionnel, et
l’entretien du patrimoine historique et culturel de la médina. La
prolifération du commerce a conduit à la reconversion de l’habitat en
locaux d’activités économiques.
D’après l’étude réalisée par l’ANHI la part des logements
occupés par les propriétaires et celle occupée par les locataires sont
presque en même proportion. Les résidences gratuites et hypothéquées
sont de 15%. La part importante des locataires occupe la zone
traditionnelle de la médina alors que les propriétaires occupent les
logements récemment construits. Cela s’explique par la vétusté avancée
du secteur traditionnel de la médina notamment les constructions
d’habitations qui font avec les vestiges et monuments, l’objet d’étude
avec la participation de la délégation française « PACT-ARIM » qu’on
traitera ultérieurement. Plusieurs habitants autochtones ont quitté leurs
habitations pour les louer dans la majorité des cas à des couches très
pauvres venues de la périphérie de la ville.
Pour préserver le caractère traditionnel de la médina, il est
indispensable que toute intervention sur le cadre bâti de celle-ci, devait
être prise en compte avec rigueur par les services communaux
concernés d’une part et d’atténuer de la prolifération des activités
commerciales au dépend des zones résidentielles d’autre part.
C- LES ACTIVITES ECONOMIQUES.
Mis à part les centres des nouvelles villes, il est important de
s’interroger sur la centralité historique des médinas. Comme les villes
médiévales et du monde arabe, la médina marocaine s’attachait depuis
des siècles à l’activité artisanal et économique. Cette image d’économie
transmettait à la structure urbaine ancienne une spécialisation
particulière23.
Pour le cas de la médina d’Oujda, les activités économiques
donnent une importante vivacité dynamique à la médina. Celle-ci
22
Eugène WIRTH, in cours : outils et pratique d’aménagement (dossier pédagogique)
23
Ahmed RHELLOU : «La centralité urbaine des villes marocaines : réalités et projets d’avenir», in
la problématique urbaine au Maroc : de la permanence au rupture. Collection étude, presse
universitaire de Perpignan. P :39

24
constitue le pôle économique le plus important de l’agglomération
d’Oujda, on y rencontre trois grandes catégories d’activités exercées :
commercial, artisanal et de service.
1 - Activités commerciales.
A l’instar de la majorité des médinas du Maroc, La médina
d’Oujda se présente sous forme d’un grand forum commercial. Le
commerce constitue le secteur le plus important, formé essentiellement
par l’habillement, l’alimentation et le commerce d’équipement. Il se
caractérise non seulement par son dynamisme mais aussi par sa
situation spatiale le long des artères principales de la médina.
Ce commerce est en mutation rapide adaptée aux pratiques et
aux habitudes de consommation des habitants et des visiteurs. Ce
dynamisme commercial a renforcé la centralité de la médina malgré sa
marginalisation en équipements d’infra et de suprastructures.
2 - Les activités artisanales de productions.
Parmi ces activités nous citons : la couture traditionnelle, la
réparation des bijoux et la fabrication des ustensiles domestiques. Ces
activités sont relativement groupées chacune dans un espace spécifique,
mais ne connaissent plus la dynamique d’autrefois, cette problématique
constitue une des préoccupations de l’ONG Italienne « Africa 70 » en
partenariat avec la fondation Moulay Slimane , dont l’action sera traitée
en détaille dans la première partie de ce travail de recherche.
3 - Activités de service.
Elles sont surtout, formées par les services de restauration et
d’hébergement généralement adaptés à des couches sociales pauvres, et
par une diversité de services privés. Le tableau suivant récapitule les
activités dominantes de la médina :
LOCALISATION NB D’UNITÉS ACTIVITÉ DOMINANTE
ASSUJETTIES À
LA PATENTE
Rue Hammam Sabouni 95 Tissus et vêtements
Rue Atia 117 Vêtements confectionnés dans 2 kissarias, chaussures et
bazars articles de ménage.
Rue El khayatine 90 Tissus, vêtements coutures et maroquineries
Souk Knadssa 55 Tissus et vêtements
Rue Chadli 18 Tissus
Place Attarine 32 Tissus et vêtements
Souk Chragua 33 Tissus et vêtements
Kissaria Benhatta 23 Tissus
Kissaria Belhoussine 13 Tissus
Rue oulad Rzine 13 Couture traditionnelle
Souk Zraa 32 Maroquinerie
Souk Lahbous 42 Maroquinerie
Place Sidi Ziane 25 Couturiers traditionnels et divers
Jamaa Lhaddada 14 Vêtement, tissus et mercerie
Rue cherchara 75 Vêtement confectionnés et dinanderie
Rue Ramdan Elgadi 58 Vêtement confectionnés et services de restaurations
Rue Farran Oulad Aissa 21 Couture
Jamaa Lakbir 20 Vêtement et divers
Souk Abdelwahab 218 Alimentation. Boucherie et poissonnerie. Vêtements
confectionnés. Tapissiers. Ferblantiers et ustensiles de

25
cuisine.
Rue Mazouzi 115 Bijouterie
Souk Cherrakin 22 Bijouterie
Rekkabine 37 Bijouterie
Souk lihoud (guezzarin) 12 Réparation et vente de bijoux
Rue EL Wahda 16 Divers
Souk Elma 11 Articles de ménage
Place du Maroc 10 Alimentation générale
Rue marrakech (coté médina) 59 Fruits et légumes
Avenue des marchés 130 Divers
Kissaria Almaghrib Al Arabi 10 Divers dont services des adouls
Place kasbah 45 Restaurations et tailleurs
Rue driss Ben Bouchaib 63 Restaurations et tailleurs
Rue Tafna 23 Restauration
Rue Tarik Bnou Ziad 24 Cafés et bars
Rue Abderrahman Neggai 6 Cafés et restaurants
Place 16 Août 18 Cafés et restaurants
Bvd Mohamed V(coté médina) 10 Cafés et restaurants
Ruelles étroites aux activités éparses 151 Commerce de proximité
Total 1759

Source : étude de faisabilité 1995, ANHI

Après avoir connu des périodes de crises et pour subsister,


certaines activités économiques, notamment artisanales, vont se
reconvertir.
D- RECONVERSION DES ACTIVITES ECONOMIQUES.
En raison de la forte demande et de l’intensité du dynamisme
commercial, il y’a extension et apparition de nouvelles rues à activités
commerciales spécialisées. Ceci a engendré une augmentation des
valeurs des fonds de commerce de façon vertigineuse, notamment, lors
de l’ouverture des frontières Algero-Marocaine.
Valeurs moyennes des fonds de commerce pour 10m2 de superficie (en 1000 Dh). en 2003
N

W E

Légende
1000-1500
800-1000
400-800
200-250
250-350
100-200
40-80
30-40
Rempart.
Biens Habous
Propriétés communales
Voirie
Source: enquête personnelle Domaine Public

26
Valeurs moyennes des fonds de commerce pour 10m2 de superficie (en 1000 Dh) en 1979

W E

Légende
Voirie.
Propriétés privées.
Biens habous.
Domaine public.
Propriétés communale.
80-100.
70-80
40-70.
30-40.
10-30.
Source: élaboration personnelle (données A Guitouni)

La prolifération commerciale a engendré des mutations


d’adaptations, qui sont à la recherche d’activités répondantes aux
besoins des citoyens et des visiteurs, elles apparaissent et s’adaptent
selon les demandes. Ce processus a entraîné une aggravation du déclin
des anciennes activités, jadis déclenché par les colonisateurs. Ainsi, les
commerçants traditionnels aux lieux de fermer se reconvertissent sous
forme d’adaptation à la conjoncture économique et sociale imposée par
les circonstances locales et régionales.
Concernant les équipements nous enregistrons une insuffisance
et un dysfonctionnement que se soit au niveau de l’infrastructure ou de
la superstructure.
E - LES EQUIPEMENTS D’INFRASTRUCTURE ET DE
SUPRASTRUCTURE
La Voirie :
Le problème majeur qui se pose est celui de l’accessibilité. En
effet, la densification du bâti, l’empiétement des activités commerciales
sur l’emprise des voies, et l’état dégradé du réseau, sont à l’origine de
plusieurs dysfonctionnements. Le pourtour de la médina est constitué
d’un réseau de voies à flux très important et ne disposant pas d’aires
spécifiques de stationnements. Ce phénomène provoque une saturation
et un engorgement en véhicules en mouvement ou stationnés dans les
rues contiguës à la médina.
A l’intérieur de la trame de la médina, le réseau est composé de
rues principales, secondaires et tertiaires. Ces dernières contiennent des
impasses d’accès aux maisons appelées Dribas. Le réseau principal
concentre l’essentiel des locaux de commerce, le flux des piétonniers y

27
est saturé presque tous les mois de l’année. Le réseau secondaire à flux
moins important que le premier est surtout résidentiel.
L’état de la voirie était très dégradé et, essentiellement, en état
de piste, des revêtements et pavages ont été réalisés dans le cadre du
projet de réhabilitation. Cette action reste insuffisante d’après les
usagers et d’après nos observations sur terrain.
L’assainissement :
Les conduites dégradées et à faible pente ne permettent pas une
bonne évacuation des eaux usées, ce qui induit parfois le retour de ces
eaux vers les habitations, ainsi, plusieurs habitations répandent de
mauvaises odeurs.

Une conduite des


eaux usées,
endommagée par
les habitants, et
juste au dessus
d’elle se trouve
celle de l’eau
potable

Dans le cadre du projet de réhabilitation, la rénovation a touché


plusieurs tronçons d’égouts, là aussi, les usagers sont insatisfaits.
Le réseau d’eau et d’électricité :
Les fuites dues à la dégradation des conduites du réseau d’eau
portable et des eaux usées sont responsables de l’humidité constatée sur
les murs des maisons.

L’humidité
fréquemment
constatée sur les
murs des
maisons.

28
L’anarchie dans la distribution du réseau d’électricité est due au
manque d’alignement des rues, à la présence de ruines et aux
surélévations clandestines.
Les suprastructures :
Ces équipements quand-ils existent sont très dégradés soit par
manque d’entretien soit par vieillesse des matériaux.

III - PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE


TRAVAIL.
A- LA PROBLEMATIQUE.
La médina d’Oujda millénaire à une histoire très riche et une
localité spatiale centrale privilégiée.

La centralité de la médina
N

W E

La médina

Légende
Périmetre urbain actuel.
Oueds.
Chemin de fer.
voirie
La médina.

Source: enquête personnelle.

Elle a bien résisté et conservé la marocanité de son architecture


et de son urbanisme malgré les vicissitudes qu’elle a connue. Elle forme
une particulière unité urbaine mémorative d’un savoir faire et d’un art
de bâtir marocain traditionnel constituant un patrimoine historique non
négligeable. Malheureusement, ce dernier a subit une rapide
dégradation sous l’effet de plusieurs facteurs, notamment, que la médina
constitue un lieu de refuge pour des populations démunies venant de la
périphérie de la ville et jetant tous leurs poids sur le centre, engendrant
une surexploitation spatio-économique, et par conséquence une
dégradation de la médina à tous les niveaux. Cependant, c’est grâce à
ces tissus traditionnels que l’agglomération d’Oujda joue le rôle de
métropole régionale. Elle est la première ville traditionnelle, qui reflète
le patrimoine culturel et historique du Maroc, rencontrée par les
visiteurs venant surtout des pays du maghreb.

29
L’évolution qu’a connu la médina ces dernières décennies, en
tant que centre ville commercial d’une vaste agglomération de plus de
400 000 habitants, a engendré une prolifération des boutiques, des
kissarias dans les différentes rues résidentielles, une mutation des
activités économiques par la disparition de la plupart des activités et des
souks traditionnels spécialisés, et un mélange inextricable de types de
commerces et de bazars. Elle reflète aussi un état de vétusté très avancé
et à toutes les échelles, générant ainsi la dégradation de la qualité de
l’environnement et un remplacement de la population autochtone par
une autre allochtone non adaptée à ce type de tissus urbain ni à ce mode
de vie. Cet état de dégradation alarmante tant au niveau spatial qu’au
niveau physique et social, revêt de nombreuses formes allant de la
défection de quelques éléments structurels jusqu’à l’écoulement de la
bâtisse.
Par ailleurs, pour que la médina puisse faire face à ces
dysfonctionnements et maîtriser son rôle moteur au sein de la ville -
alors qu’elle s’avère un corps malade - une opération de suppression
d’organes dégénérés et une greffe d’organes adéquats capable de lui
régénérer et lui réactiver ses fonctions primordiales, constitue un
dynamisme préconisé pour sa réhabilitation. Ainsi, retrouvant ses
valeurs traditionnelles (solidarité communautaire, cohésion social et
fonctionnelle…) et son intégration au sein de la ville, laquelle, qui à son
tour en complémentarité avec la médina, doit assurer sa fonction et son
rôle de ville carrefour et frontalière ouverte sur le Maghreb à l’Est et sur
l’Europe vers le nord.
La ville d’Oujda et sa médina doivent, aussi, faire face aux
besoins d’une importante population qui se trouve doublée pendant la
saison estivale et jetant tous son poids sur cette ville, notamment sur la
médina. D’ailleurs toutes les deux sont incapables d’accueillir même la
population locale, se trouvent alors débordées par ses flux venus du
Maghreb et d’Europe. En effet, les Hôtels, restaurants, parkings, et cafés
se sursaturent en été. La circulation piétonne devient très dense et la
circulation carrossable désorganisée.
Ces dysfonctionnements ne favorisent, ni le rôle de la ville dans
la région en tant que capitale de l’oriental capable de stimuler la
croissance économique, ainsi que les échanges avec les voisins du
bassin méditerranéen en entrant en collaboration avec les organismes et
les administrations locales et toute la société civile créant les prémisses
d’une planification de développement concrète en accord avec les
principes fondamentaux pour le développement durable; ni celui de la
médina en tant qu’organe moteur de la ville participant efficacement au
développement économique et social local.
En effet, la problématique se résume ainsi :

30
Pourquoi la médina, malgré qu’elle constitue un espace qui
génère d’importantes recettes financières à la commune, reste pour les
responsables, une entité marginalisée.
Pourquoi depuis des décennies, cette aire bien limitée dans
l’espace et qui renferme la totalité du patrimoine, n’a pas eu le mérite
d’être restaurée.
Pourquoi la population n’entreprend aucune action d’entretenir
son cadre de vie et qu’elle saisie toute occasion pour quitter la médina,
alors qu’elle bénéficie de beaucoup d’avantages de centralité, de
proximité et de localisation.
Or, pour remédier à ces anomalies et assurer l’insertion de la
médina au sein de l’agglomération, il s’avère préjudiciel de procéder à
une réelle opération de réhabilitation stratégique qui vise l’arrêt de la
dégradation et l’inversion de son processus. Ainsi, une réhabilitation a
été menée et dont les objectifs sont les suivants :
- Réhabiliter la fonction résidentielle de la médina.
- Réhabiliter sa mémoire et son image.
- Restaurer son patrimoine architectural.
- Préserver sa centralité.
- Sauvegarder son cachet original.
- Réorganiser ses activités économiques.
- Pousser la promotion de son rôle touristique très sollicité par les
touristes étrangers.
En guise de cette problématique nous nous proposons les
questionnements suivants :
- Ce projet de réhabilitation est-il une recette type de restauration imposé,
Sans faire recours à un choix et une capitalisation des expériences, afin
de ne pas répéter les causes d’échec, mais de repérer et diffuser les
causes de réussite24, ou un model basé sur le contexte culturel, social et
économique local ?
- Comment et par qui se fait l’opération de réhabilitation ? Se fait-elle
pour fixer la population, et répond-elle à leur besoin ? Se fait-elle pour
sauvegarder le patrimoine ; ou pour améliorer la qualité du cadre de
vie ? A-t-elle pour objectif l’arrêt du processus de dégradation et son
inversion ?
- Quel est le degré de coordination entre les différents intervenants, et
rencontrent-ils des obstacles ?

24
Claude BARTOLONE, «Un enjeu de modernisation de l’action publique» in revu Territoire, n°
399, Paris, Sep-Oct 1999, p : 5

31
- Quelle est la place de des habitants et de la société civile dans cette
opération ?
- Dans quelles mesures, l’approche méthodologique de réhabilitation est-
il capable de promouvoir la capacité des habitants en tant qu’acteurs de
développement et non en tant qu’acteurs bénéficiaires des produits de
développement ?
Pour bien cerner les réponses à ces questionnements, des
hypothèses de travail ont été formulées. En effet, nous allons proposer
des suppositions qui, à l’aide de notre outil de travail sur le terrain,
serons vérifiées et nous aiderons à trouver les réponses aux questions
posées dans la problématique.
B- LES HYPOTHESES DE TRAVAIL.
Pour les questionnements cités ci-dessus, on ne peut que
formuler les hypothèses sur la méthode, le but et les objectifs de
l’opération de réhabilitation d’une part et sur le rôle de la population et
des associations dans le changement et l’amélioration de la qualité du
cadre de vie et de l’environnement d’autre part.
Les plus importantes sont :
- H1 : la conception du projet de réhabilitation a été précédée par une
phase de sensibilisation et d’information de tous les acteurs privés et
publics y compris la société civile et la population concernée, afin
d’induire leurs adhésions et leurs participations collectives au projet.
- H2 : Les différents acteurs qui interviennent dans le projet entrent en
coordination et collaborent ensemble pour mener à bien l’opération.
- H3 : la société civile prend part à l’opération de réhabilitation.
- H4 : l’impact socio-économique de la réhabilitation a des effets
d’entraînements positifs sur la vie quotidienne de la population de la
médina.
- H5 : le maître d’ouvrage est en mesure de mener à bien les opérations
du projet.
Ainsi, c’est à travers se travail qu’on escompte atteindre les
objectifs suivants :
C- LES OBJECTIFS
1 - L’objectif général :
C’est dans le cadre du programme d’action national de lutte
contre l’habitat insalubre et de mise en valeur du patrimoine
monumental que s’insère ce travail.

32
2 - Les objectifs spécifiques :
Les principaux objectifs spécifiques se résument en six points :
- Faire apparaître le rôle primordial de sensibiliser et de former la
population, les associations et les élus à l’importance que revêt le
patrimoine culturel et social du tissu ancien, et à l’ampleur de
l’opération de réhabilitation à laquelle les habitants doivent adhérer et
participer.
- Sensibiliser les différents acteurs urbains au rôle de coopérer ensemble
afin de réussir cette action.
- Elaborer une évaluation formative de l’action de réhabilitation,
actuellement, mise en oeuvre.
- Montrer le rôle des élus et des associations dans la promotion de la
solidarité communautaire, la sécurité sociale, la réduction de la pauvreté
et dans le processus de la consultation pour la prise des décisions.
- Sensibiliser et stimuler les représentants sur l’apport du partenariat, de
la protection et de la valorisation du patrimoine culturel, au
développement local et à la promotion des solutions créatives et
innovatrices.
- Identifier des stratégies et des politiques pour une approche plus
participative et durable au développement dans la médina.
D- L’INTERET DU CHOIX DU SUJET
En plus de mon appartenance à la ville d’Oujda et de l’intérêt
que suscite la médina en tant que mémoire d’une civilisation, est
malheureusement en dégradation continue, elle présente les mérites
d’être une aire d’étude, du faite qu’elle est :
- Le pôle économique le plus important de l’agglomération d’Oujda.
- Un centre ancien, champs de plusieurs chercheurs, marginalisé et
irrationnellement exploité.
- Une unité urbaine qui a perdue sa fonction résidentielle et ses activités
culturelles traditionnelles qui faisait preuve d’un savoir faire très estimé.
- L’intervention de plusieurs acteurs dans ce site (ANHI, commune, ONG
Italienne, Agence urbaine, la délégation des PACT-ARIM, Ministère de
la culture, etc.) nous permet de ressortir le rôle et les compétences de
chacun, ainsi que l’action partenariale entre les différents acteurs.
- Le degré de taudification et de paupérisation qui ne cesse de s’accentuer
et l’absence de politique de protection de cet environnement,
engendrent une situation de malaise, et un dépeuplement de la classe
moyenne d’origine (le 1/5 de la population a quitté la médina sur une
durée de 12 ans).

33
- La sollicitation de cet espace urbain tant par les populations locales que
par les touristes étrangers, ainsi que le rôle que doit jouer la ville entière
en tant que pôle urbain frontalier.
C’est ainsi que, tous ces points expliquent l’intérêt du choix et
de l’élaboration d’un travail de ce genre qui peut aussi servir dans le
cadre de réflexion et de prise de décision pour agir. C’est aussi en lui-
même une action – de sensibilisation des habitants (enquêtes ménages)
et de tous les acteurs de terrains dans cette opération de grande
importance – à travers laquelle la médina d’Oujda retrouvera son
authenticité florissante et pourra s’inscrire comme patrimoine universel.
Bref, c’est un sujet de grande préoccupation d’une part quand à
la manière de réhabiliter et à l’intérêt du contenu culturel et architectural
de ces tissus anciens, et d’autre part quand à la qualité d’insalubrité de
ce site traditionnel reflétant une forme d’exclusion et de marginalisation
ne favorisant guerre la compétitivité de nos villes.

IV - PLAN DE TRAVAIL ET METHODOLOGIE.


A - PLAN DE TRAVAIL
C’est à travers une introduction et deux grandes parties que sera
organisé l’élaboration de cette recherche :
- Une introduction qui traduit les différentes composantes de la médina
(physique, humaine et économique). Ceci en mettant l’accent sur les
mutations socio-économiques qui ont affecté cet espace après la
colonisation ainsi que sur l’évolution urbaine pendant plus d’un siècle.
- Une première partie, dont le premier chapitre sera consacré au stratégies
de réhabilitations aux niveaux : international, national et local. Un
deuxième chapitre qui traitera la méthodologie de réhabilitation.
Comment, par qui, pourquoi et pour qui se fait cette opération ? En
effet, nous allons nous intéresser à la méthode dont chaque action de
réhabilitation s’est réalisée ou sera réalisée, à l’intervention de chaque
acteur (ONG, OST, association, commune, …), leurs interactions et
leurs conséquences. Dans un troisième chapitre, nous procéderons à une
évaluation des différentes actions, faire ressortir les points de
dysfonctionnements et essayer de remédier aux différentes anomalies.
- Dans une deuxième partie -sous forme d’orientations ou de références
capables de faire conduire dans la bonne voie et afin d’atteindre
l’objectif recherché, dans tout projet de réhabilitation- Des propositions
seront formulées dans le cadre de trouver la meilleur et l’adéquate
méthode de réhabiliter, adaptée au contexte de la médina d’Oujda.

34
B - METHODOLOGIE
Dans le but d’accomplir cette mission de recherche, il était
nécessaire de la diviser en deux grandes parties, une théorique et l’autre
pratique. Dans la partie théorique nous avons procédé à une première
phase de collecte de documentation dans différents lieux (documents
écrits, graphiques, sites Internet …), et dépouillement d’archives auprès
des administrations, puis une seconde phase de lecture et de synthèse.
Dans la partie pratique, le travail de terrain, sous forme
d’enquêtes, interviews et rencontre avec des jeunes, a été parfois
accompagné de collecte de documents, quand l’occasion se présentait.
Cette partie complète les lacunes rencontrées dans la partie théorique.
Les enquêtes sont de cinq types :
a - Des enquêtes ménages : dont le but est d’évaluer le degré de
sensibilisation et de participation des habitants ainsi que leur
satisfaction quand à l’opération de réhabilitation. Avoir une idée sur le
mode d’organisation de la population pour aménager leur cadre de vie et
pour défendre leurs intérêts. Faire ressortir l’apport ou les effets des
actions réalisées dans la médina sur la vie quotidienne et les besoins
primordiaux des habitants.
b - Des enquêtes visiteurs : Elles consistent à connaître les
facteurs d’attractivités de la médina ainsi que les raisons de
fréquentation des visiteurs, et les contraintes qui les embarrassent lors
de leurs présence dans la médina. Ces points importants pourront être
pris en considération dans les actions de réhabilitation et de restauration
du patrimoine. L’autre point consiste à avoir une idée générale sur les
catégories socio-économiques qui fréquentent la médina et mesurer
l’apport de la réhabilitation à travers l’avis des visiteurs.
c - Les interviews : Sont réalisés avec dix intervenants
directement et quatre intervenants indirectement dans le projet, afin
d’évaluer le degré d’interférence, de coordination et la façon avec
laquelle ils communiquent, ainsi que les causes de défaillance de
collaboration entre eux. Déduire, aussi, la part d’intervention de chaque
acteur dans cette opération.
d – la rencontre avec des jeunes : Nous avons profité, un après
midi, d’une occasion où se rassemblait quelques jeunes à coté d’un
vendeur en détail des cigarettes, afin d’accéder à leurs opinions
concernant ces travaux de réhabilitation intra-muros. Le débat était
d’une grande vivacité, ces jeunes ont bien exprimé leur marginalisation,
leurs problèmes et leurs espérances.
e- Des questionnaires : Adressés aux différentes associations de
l’ancienne médina, à l’ONG Italienne, et à la fondation Moulay
Slimane qui intervient dans tous les tissus anciens de l’oriental. Ces

35
questionnaires ont pour but de savoir comment ces organisations entre
en partenariat et en cohérence entre elles d’une part, et le type de
relation qui les lient avec les administrations d’autre part. Il est aussi
utile de savoir comment ces organismes opèrent pour encadrer la
population locale et promouvoir le développement socio-économique
local. La seule organisation qui n’a pas été questionnée et qui intervient
dans la médina est la délégation Française PACT-ARIM 25 qui ne se
trouve pas sur les lieux en permanence.
Les enquêtes ménages ont touché un échantillon de 10% des
ménages pris au sein de population homogène de la médina, ceci en
suivant un itinéraire tracé sur le plan et en enquêtant une maison sur dix.
Certaines habitations programmées à enquêter et localisées sur le plan,
se trouvaient fermées, sont remplacées par leurs voisins.

25
Délégation absente durant toute la période de notre travail de recherche.

36
PREMIERE PARTIE :
LA REHABILITATION DE LA MEDINA
D’OUJDA, UNE OPERATION NECESSAIRE
REPONDANT A UNE SITUATION
INQUIETANTE

37
NTRODUCTION
Comme toutes les médinas du Maghreb et particulièrement
celles du Maroc, la médina d’Oujda connaît un dépeuplement de sa
population autochtone en se transformant en un refuge pour une
population de remplacement très pauvre qui contribue à accélérer sa
dégradation.
Vu l’état de dégradation généralisée, la médina doit être
réhabilitée comme un tissu vivant, intégré et inséré dans le processus de
développement économique et social de l’ensemble de l’agglomération
en y jouant pleinement son rôle. En effet, les caractéristiques propres et
spécifiques des médinas, ainsi que la place qu’elles occupent dans les
tissus urbains actuels, montrent non seulement leurs vitalités et leurs
richesses mais aussi leurs difficultés et leurs problèmes en général-
malheureusement- mal pris en considération jusqu’à présent dans la
politique urbaine.
La prise de conscience tardive et l’intérêt de plus en plus
croissant donné aux problèmes des médinas, soulèvent l’idée de
sauvegarde d’un patrimoine culturel et la tentative d’atténuer des
phénomènes de marginalisation et d’exclusion des habitants d’une part
ainsi que le processus d’intégration de ces espaces au sein de
l’agglomération d’autre part.
Notons aussi que les états de dégradations des médinas ne se
présentent pas tous dans les mêmes contextes, chacune se caractérise
par son propre degré et sa nature de dégradation, par conséquent
chacune devra faire appel a une méthode de réhabilitation spécifique,
mais dans les buts sont tous identiques, faire améliorer les conditions de
vie des habitants et promouvoir le développement socioéconomique
local.
Ainsi, la dégradation généralisée de la médina d’Oujda est la
raison principale de la perte de ses valeurs socioculturelles. En effet,
cette situation alarmante et inquiétante, tant au niveau physique qu’au
niveau spatial et l’enchevêtrement des causes et effets englobant le bâti,
le social, l’économique, le juridique et le financier, est en grande partie
le résultat d’une déstabilisation à tous les niveaux durant la période
coloniale.
Actuellement, l’absence d’une vraie et concrète politique de
prise en charge des problèmes de la médina et de son patrimoine
historique a fortement favorisé la dégradation et la désolation constatée,
l’absence d’entretien continu et de restauration, se font nettement
éprouver sur l’ensemble du cadre bâti ancien. Pour éviter d’atteindre
une situation de dégradation irréversible, un projet de réhabilitation
urgente, de la médina d’Oujda, s’avère imposable et préjudiciel.

38
Dans ce cadre, des études ont été entamées par l’ANHI en
collaboration avec les différents acteurs urbain afin de trouver des
solutions aux problèmes posés et de revaloriser la cité traditionnelle,
organe essentiel de la ville. La synthèse des actions en cours, ou
projetées, dans la médina, se regroupe en quatre objectifs : amélioration
du cadre de vie des habitants, mise en valeur et sauvegarde de la
médina, amélioration du fonctionnement général de la médina et enfin
son développement économique.
Nous nous demandons, est ce que se projet de réhabilitation
offre les orientations répondant aux besoins de la population, préconise
t-il des actions susceptibles d’arrêter la dégradation de la médina et
d’enclencher le phénomène inverse ? Cherche t-il de trouver des
solutions aux problèmes posés en matière de développement et
d’aménagement urbain de la ville et de faire des besoins des habitants,
et des quartiers les plus dégradés une priorité? Prend t-il en compte la
question centrale dans toute intervention qui est l’implication de tous les
acteurs publics et privés y compris la société civile, dans le même
espace/temps pour qu’ils s’entendent sur le même scénario décisionnel ?
Faute de quoi, il engagerait davantage la médina sur la voie de la
marginalisation, laquelle marginalisation est relativement réduite-
heureusement- par le dynamisme commercial de la vielle cité qui
renforce sa centralité économique26.
C’est à travers l’analyse des actions de l’opération de
réhabilitation et de leur méthodologie de mise en œuvre que nous allons
pouvoir répondre à ces questions et de faire quelques propositions
d’aménagement de la médina qui nous paraissent, d’après nos enquêtes,
de premières importances.

26
Med.BENLAHCEN :la problématique urbaine au Maroc : de la pertinence aux ruptures. Ed :
presse universitaire de perpignan, perpignan 1998. p : 41.

39
PREMIER CHAPITRE : LES GRANDES
STRATEGIES DE REHABILITATION DES TISSUS
ANCIENS

40
Dans le but de mieux cerner les problèmes qui affectent la
médina, et après avoir diagnostiquer les différents éléments composants
ses bâtisses, il est utile d’analyser rapidement les expériences de
réhabiliter les médina ou les centres anciens à l’échelle nationale ou
internationale afin d’en tirer profit. En effet, la façon de réhabiliter n’est
ni unique ni un model à calquer, mais une solution à des crises et
problèmes urbains de tailles différentes, un apport ou une mise à niveau
des conditions de vie des habitants qui diffèrent d’un cas à l’autre.
A la différence des opérations menées dans les pays du tiers
monde, celles menées en Europe sur les centres anciens ont consisté, en
faite, en une reconquête des centres anciens et en leurs transformations
en centres dominés par le tertiaire et l’habitat de luxe.
Elle se sont soldées par de forte spéculations, à une
revalorisation des biens fonciers et par la disparition des couches
sociales les plus défavorisées qui y habitent et leur remplacement par
d’autres plus aisées. Ses expériences vécues en Europe devons nous
servir comme un moyen de prévention thérapeutique et non comme
action et tracé à imiter. Il est bien compris que toutes stratégie de
réhabilitation doit tenir compte des atouts, des contraintes et des enjeux
que cela comporte.
En outre, il est indispensable de choisir le scénario
d’aménagement le plus pragmatique et dans les objectifs présentent un
maximum de compatibilité avec les aspirations des habitants. Ainsi,
l’inspiration des expériences étrangères est certainement édifiante
notamment en tous ce qui peut servir comme élément d’enrichissement
de la réflexion.
SECTION I : LE CONTEXTE INTERNATONAL DE
REHABILITATION
Si les préoccupations des médinas dans les pays du Maghreb
sont généralement encore au stade de réflexions et de rares expériences,
celles des pays développés sont beaucoup plus avancées et ont
concrétisé de grandes réalisations dans les anciens centres historiques.
§1 - Reconquête des centres anciens dans les pays
d’Europe et aux Etats-Unies d’Amérique.
1-La rénovation urbaine aux Etats-Unies d’Amérique:
Elle constitue l’un des plus énormes programmes urbains qui
n’ait jamais été entrepris. Ce qui est intéressent ici, est le caractère
d’enjeu politique de ces programmes, pour la maison Blanche, qui en a
fait, pour longtemps, l’un des thèmes de sa propagande pseudo
réformatrice27. Le programme s’est excessivement transformé avec le

27
Mannuel CASTELLS, Op. cit, p :356

41
temps donnant par la suite la priorité aux problèmes du cadre urbain :
dont les point suivants sont primordiaux.
- La lutte contre les taudis et la dégradation de l’habitat.
- La reconversion des terrains occupés par les taudis des noirs, à des
usagers plus rentables était située dans une logique des politiques de
discrimination raciale qui était confirmée par le National Committée
Against Discrimination en 1966 28 (NCAD).
L’insertion du phénomène de rénovation dans le processus
politique. En effet, les dépenses des municipalités Américaines
s’accroissaient beaucoup plus que le produit national brut. Ainsi, les
municipalités des villes centrales étaient particulièrement touchées par
ces dépenses et où les impôts locaux constituent l’essentiel des recettes.
C’est dans le sens d’améliorer leur budget déficitaire que se pose le
problème de rénovation. Ainsi, les municipalités des villes-centrales se
sont intéressées à la réalisation de projets qui peuvent, dans le future,
garantir les revenus et améliorer le cadre environnemental des centres-
villes.
2-La notion de reconquête urbaine en Europe :
Plusieurs approches ont été données à la notion de reconquête
des centres anciens. Le terme signifie une lutte contre certaines
résistances ou certaines situations inacceptables dans le but de réaliser
une situation jugée meilleure (modernisation) ou de récupérer un bien
perdu. Selon M. Castel la reconquête peut s’opposer à des rigidités
sociales produites par la permanence de formes cristallisées, héritées
d’autres modes de productions.
Les méthodes appliquées en matière de reconquêtes des centres
anciens peuvent varier suivant les pays, selon leurs contextes culturels
et socio-économique. Ainsi, contrairement à se qui se passe aux USA, le
problème des centres anciens n’a jamais été abordé de fond en Europe.
La richesse des centres villes Européens, exclue une reprise complète de
leur patrimoine immobilier et limite les actions à des opérations
ponctuelles associées à des aménagements de structures limitées pour
l’essentiel aux entreprises publiques.
Généralement, les noyaux historiques et traditionnels des villes
Européennes font l’objet de restructuration et de réhabilitation
d’immeubles anciens pour lesquels, il importe soit de trouver une
nouvelle fonction, soit de réanimer celles qui en possédaient encore. Ce
type particulier de régénération des centres villes est propre à l’Europe
et notamment les pays qui possèdent un important patrimoine culturel
historique ou esthétique.

28
Idem, p : 367

42
Bien souvent, la transformation des centres anciens peut se faire
spontanément par une série d’opérations individuelles de caractère
privé, mais parfois une opération d’ensemble. Il s’avère nécessaire et
s’opère simultanément suivant un plan d’ensemble : il s’agit dans ce cas
d’une manœuvre, d’une reconquête, et c’est le cas le plus courant.
C’est la puissance publique qui se charge de cette reconquête
par le biais de l’urbanisme opérationnel. Ainsi, le programme que la
ville de Paris a baptisé « reconquête urbaine de Paris »29 consistait en une
série d’opérations de conservations, réhabilitation, rénovation.
Cette initiative publique aussi bien sur le plan financier que sur
le plan administratif vise à changer l’occupation de l’espace dans de
nombreux quartiers Parisiens (visites de terrain lors de notre stage en
France). « La reconquête de Paris » qui se voulait une suite historique de
l’œuvre d’ Haussmann est prés de l’être et en partie aussi sur le plan
politique.
La notion de reconquête à soulevé depuis le début du vingtième
siècle plusieurs oppositions, les premières sont entre la thèse libérale où
seul le mécanisme du marché incite le propriétaire à entretenir les
immeubles et la thèse interventionniste où le caractère privé ne peut être
corrigé que par un engagement important de la puissance publique.
L’autre opposition soulevée par la reconquête des centres anciens,
concerne la lutte de deux tendances, dont l’une vise à accroître le
nombre de bâtiments sous protection et l’autre,au contraire, voudrait les
remplacer par des constructions nouvelles. En effet, il s’agit d’un
affrontement idéologique entre deux écoles urbanistiques vis à vis des
centres anciens.
La notion de reconquête, suite à des préoccupations
économiques, puis culturelles et ensuite sociales, a connu une
importante évolution. Cette notion sera analysée à travers des exemples
de cas Français.
3-L’utilisation de la notion de la MOUS en France.
Le terme de : maîtrises d’ouvres urbaines sociales (MOUS)
intéresse la France, autant qu’il préoccupe les autres pays Européens.
En France, sous les feux de l’actualité, la MOUS figure à l’ordre du jour
de la démarche de requalification urbaine depuis déjà une vingtaine
d’années.
La politique nationale de développement social urbain
consacrait beaucoup d’intérêt à la MOUS, tant en ce qui concerne la
revitalisation des quartiers en difficultés que l’accès au logement des
plus démunis. Elle est devenue une préoccupation quasi universelle
comme l’a bien montré le sommet des nations unies sur l’avenir des
29
M. CASTELLS, Op. cit., p : 378

43
villes, tenu à Istanbul en juin 1996, et qui a consacré de nombreuses
recommandations aux renforcements des capacités locales et à la
nécessité d’un dialogue constructif entre les pouvoirs publics aux
différents niveaux, leurs partenaires et les habitants concernés.
La participation des habitants et le moyen, pour les institutions
publiques, de bien connaître les besoins et les attentes des citoyens. Or,
il faut désormais adapter leurs interventions aux spécificités de chaque
site, privilégier la logique de la demande par rapport à celle de l’offre.
Conforter la cohésion sociale en portant attention au parc social de fait,
souvent vieilli et insalubre, où logent les plus pauvres, ainsi qu’aux
quartiers de peuplement informels où sévit la pauvreté majoritaire.
C’est pour ces raisons que les pratiques de réhabilitation du tissu
bâti qu’on désigne actuellement en France sous le vocable
de « renouvellement urbain », se sont rapidement développées dans
tous les pays. Pour être adéquates, ces pratiques doivent impliquer
directement les habitants et en faire de véritables acteurs à part entière.
En réaction à ces pratiques qui privilégiaient la démolition, les
plans de sauvegarde des centres anciens apparus au début des années
soixante en France, ont formé une démarche opposée à cet urbanisme
dévastateur30 .
Cas de Grande- Synthe (au nord de la France) :
Suite aux effets néfastes de la deuxième guerre mondiale, la
commune de Grande-Synthe a bénéficié des programmes destinés à
favoriser la reconstruction de l’habitat. L’évaluation de la politique de
développement social des quartiers, réalisée par l’agence d’urbanisme,
association qui réunit les organismes à vocation publique qui
contribuent à l’aménagement du territoire, a mis en évidence la volonté
des habitants de participer plus directement à l’élaboration, la gestion et
l’évaluation des projets.
Il s’agit en faite d’entrer dans une logique de ville à construire
avec les habitants. Les urbanistes se sont donc référer à l’image du
jardinier qui, pour obtenir de belles plantations, respecte leur
environnement, leurs habitudes. L’implication des Habitants s’est
heurtée d’emblée à des résistances d’élus et de techniciens craignant des
remises en cause de leur légitimité.
De nombreuses initiatives ont alors été organisées par l’agence
d’urbanisme : voyages, projections de diapositives, échanges de vue,
cartes de l’usage quotidien de l’espace qui servira à articuler les projets
urbains à l’étude, etc. L’objectif de ces actions est de créer l’amorce

30
Ministère de l’équipement, des transports et du logement, ministère de la culture et de la
communication, agence nationale pour l’amélioration de l’habitat : intervenir en quartiers anciens,
ed : le moniteur, Paris, 1999, p : 103.

44
d’un dialogue entre habitants, élus et professionnels pour réduire les
zones de tension31.
Des réunions préparées par l’agence, avec un groupe de
pilotage, dans des ateliers urbains regroupent une trentaine de
personnes de chaque quartier. Des élus, dont le maire est régulièrement
présent, des techniciens et des habitants volontaires participent à ces
réunions.
Ainsi, grâce à une culture partagée de la ville, des réalisations
ont modifiées en profondeur les représentations individuelles et
collectives entre tous les acteurs associés à ce travail. La concertation a,
selon ses initiateurs, des vertus pédagogiques : il est noté avec
satisfaction que les réalisations urbaines subissent peu de dégradations
et sont, généralement, respectées par les habitants. Cette participation
reste toujours une notion fragile, pour ne pas parler de procédures
pérennes.
Cas de la ville d’Arles sur la préoccupation des centres
anciens :
Ces préoccupations sont d’ordre économique lié à un problème
foncier des centres anciens qui sont mal exploités et mal rentabilisés,
ainsi, l’idée de rentabiliser ses sol ou espaces anciens. Elles sont, aussi,
d’ordre culturel à travers lequel on vise à sauvegarder et à restaurer la
mémoire de ces centres d’une part et sociale liée directement aux
préoccupations des problèmes posés par les populations des centres
anciens d’autre part.
Ce-ci fait témoigner de la conscience de l’insertion de la
question et de la notion de patrimonialisation subordonnée à l’action de
réhabilitation dans le cadre d’une politique de gestion urbaine
pragmatique et fondamentale à ces réalisations d’une part et de la
société civile envers la sauvegarde et la préservation de sa mémoire
historique d’autre part,
En effet, l’importance du patrimoine monumental (dont les
édifices antiques et l’ensemble Cathédrale sont classés au patrimoine
mondial par l’UNESCO), représente une lourde charge pour une ville
aux ressources limitées32. Parallèlement, le patrimoine urbain et l’habitat
font l’objet d’un effort soutenu de la ville : le plan de sauvegarde et de
mise en valeur à bénéficié de plusieurs opérations d’amélioration de
l’habitat.
Soucieuse de faire de son patrimoine un atout de développement
économique au lieux de le vivre comme une pénalisation, la ville
d’Arles a engagé une réflexion globale sur sept ans (2000-2006), durée
31
Revue Territoire Op. cit. p : 49
32
Bouzid ZABEG : intervention lors du projet urbain et archéologie le 27 et 28 mars 2000 à Paris

45
d’un contrat de plan Etat/région. Les projets qui se développent autour
de cette réflexion sont les suivants33 :
- Dresser un plan du patrimoine antique.
- Pratiquer une politique d’entretien à un niveau important.
- Une restructuration de l’accueil dans les monuments par l’amélioration
et le développement de cette fonction. Pour se faire, la réorganisation du
service de la formation du personnel est indispensable.
- La production d’un mini guide, pour chaque monument, permet
d’approcher des réponses aux attentes des visiteurs. Les circuits
thématiques permettent d’intégrer la visite des monuments dans une
visite plus globale.
- Filière de formation et de développement économique sur le
patrimoine : tous ces projets sont l’occasion pour la ville de revendiquer
la mise en place de formations sur le patrimoine.
Par ailleurs, l’accueil d’entreprises dont l’activité est liée au
patrimoine constitue une priorité pour la ville.
Ainsi, se référer aux expériences étrangères présente du moins
sur le plan méthodologique un intérêt certain. Le cas Français constitue
l’exemple Européen de grandes réalisations dans les centres historiques.
Comme cité dans les exemples ci-dessus, la réhabilitation des
centres anciens consiste non seulement à la transformation,
modernisation et restauration de ces centres, mais aussi a faire des
habitants une partie prenante non négligée dans l’exécution des projets.
A la différence de ces opérations, celles menées dans les pays du
Maghreb, à de rares exceptions, sont encore au stade de réflexion.
Les pays Européens notamment la France, ont de longues
expériences en MOUS avec certainement des applications honorées de
succès mais aussi des initiatives avortées. Ainsi, il faut entamer ces
problèmes complexes avec la plus grande vigilance, en tirant de ces
expériences étrangères les difficultés qu’elles ont pu rencontrer (les
échecs sont souvent plus instructifs que les réussites), essentiellement
en matière de l’implication et de la participation des habitants à la
gestion des projets. Cette politique participative est encore en phase
embryonnaire dans les pays en voie de développement.
§2 - La réhabilitation des médinas dans les pays du
Maghreb et dans le monde arabe.
Croiser les lectures des différentes expériences étrangères
notamment maghrébines est d’un grand intérêt dans l’enrichissement de
la réflexion. Comme déjà cité en introduction, la crise et la
déstabilisation des structures fonctionnelles des médinas au Maghreb et
33
Ibidem.

46
généralement attribuée à la période coloniale. Ainsi, les pertinentes
réhabilitations de ces situations de crise, sont données par des exemples
Tunisiens.
1-Cas Tunisien :
Sur le plan des stratégies de réhabilitation, les exemples
Tunisiens sont très importants. Ainsi, dés les années soixante, Tunis
(Carthage) capitale d’un pays en proie à une urbanisation accélérée, a
été le théâtre d’un débat controversé quant à la sauvegarde de son
espace historique et la préservation des vestiges de la Carthage antique.
Les témoignages de l’histoire et de l’archéologie dans la ville
ont été dénigrés ─ pour certains il fallait faire table rase du passé ─ et
menacés de disparition au profit de projets urbains qui ambitionnaient
d’ouvrir grandes les portes de la modernisation et du développement.
Les discours idéologiques et les attitudes iconoclastes, que les acteurs
professionnels et politiques ont tenus et exprimés, ont eu pour heureuse
conséquence la prise de conscience de la valeur du patrimoine et de son
rôle dans la vie de la cité.
L’association de sauvegarde de la médina de Tunis (A.S.M.T)
et de la « conservation de Carthage » et les institutions ad hoc nées en
marges des technostructures municipales et Etatiques, ont développé un
plaidoyer classique de défense illustré par des actions d’aménagement et
d’urbanisme, qui peut constituer l’une des priorités politiques de la
planification urbaine.
Depuis, l’importance donnée aux médinas s’est concrétisée, en
plus des écrits concernant ces espaces, par l’intérêt particulier qui leurs
a été attribué par les institutions de l’Etat et la société civile. Ces
dernières collaborent ensemble pour agir au plus prés des besoins de
revitalisations des tissus historiques. L’A.S.M.T participe activement à
la réussite de toutes opérations de réhabilitation.
De même, l’association de sauvegarde de la médina de Sfax
« A.S.M.S » à anticipé à la mise en œuvre de plusieurs actions au sien
de l’ancienne médina en collaboration avec les propriétaires des locaux,
les organismes de l’Etat et a même réalisé des études de réhabilitations
urbaines de la médina en parallèle à un ensemble de mesures de
sauvegardes mises en œuvre par une commission de réflexion sur la
médina, constituée par les institutions officielles. L’exemple de
l’Institut National du Patrimoine (I.N.P) témoigne de l’importance
particulière donnée à la vive prise de conscience par ce pays au
patrimoine, qui est pour la Tunisie une condition et un facteur
déterminant du développement.
Le cas de la médina de Tunis est l’un des pertinents exemples de
réhabilitations des médinas dans le monde arabe et dans le Maghreb,

47
nous allons dans ce cas montrer comment à partir d’une étroite
collaboration entre la société civile, les pouvoirs publics et le privé, il a
été enregistré avec satisfaction l’amorce d’un phénomène de retour dans
la ville historique, autrefois abandonnée par tous les acteurs urbains,
puis une inversion du processus de sa dégradation.
La médina de Tunis vielle de treize siècles, avec ses 270
hectares et plus de cent mille habitants, et non seulement un témoignage
du passé, mais aussi un immense quartier en continuelle évolution. Il
représente 10% de la population, 6% de la surface urbanisée de
l’agglomération et partage à ce titre avec celle-ci, dans son ensemble, un
certain nombre de problèmes. Le processus de sauvegarde et de mise en
valeur de la médina, entamé depuis plus de 33 ans avec la naissance de
l’A.S.M.T est, aujourd’hui, largement engagé34.
Dés sa création, l’association s’est dotée d’un bureau d’étude
pluridisciplinaire qui avait établi un diagnostic de la situation dans la
médina et dans les propositions avaient dépassé le cadre des monuments
historiques pour déboucher sur des propositions d’interventions
intégrées, touchant à la fois les conditions d’habitat, les équipements et
les activités. Les études ont porté tant sur l’ordre urbain, le système de
croissance, la typologie des constructions, le fonctionnement interne, le
rôle économique, commercial, culturel et résidentiel que sur la
connaissance des habitants de la médina : origine, structure familiale,
date d’installation, revenus et emploi.
Une banque de donnée s’est constituée avec un relevé en plan de
la médina et ses faubourgs ainsi qu’un inventaire des monuments
répertoriés et repérés par catégories, par thèmes et complété, pour
certains par des relevés. Vers les années soixante les familles rurales
sont venues s’installer dans les maisons traditionnelles abandonnées par
leurs occupants d’origine, ces maisons sont louées à la pièce à la
journée ou à la semaine à des travailleurs célibataires. Ce phénomène a
touché, aussi, les bâtiments destinés ou non à l’habitation : palais,
demeures et édifices religieux. Ce facteur parmi d’autres a contribué à
la détérioration des structures urbaines, à la dégradation du bâti et à la
décadence des fonctions économiques.
Pour affronter ces problèmes, qui vont de la gestion quotidienne
d’un quartier vivant à la sauvegarde d’un patrimoine universel menacé,
des solutions et moyens ont été mis en œuvre :
Partant du principe que la sauvegarde ne consiste ni a
muséographier la médina sous prétexte de conserver la tradition ni a
démolir sous prétexte de moderniser, qu’il est important de rechercher
un processus de protection modulé selon la pertinence des témoignages
historique et les potentialités d’adaptation du milieu urbain traditionnel.
34
Faiika BEKAOUI, paru dans l’économiste n° 1172, 26/11/01.

48
Ainsi, l’association de sauvegarde de la médina avec l’appui de la
municipalité de Tunis a élaboré une politique de sauvegarde visant la
réhabilitation de la médina en tant que patrimoine monumental et en
tant que patrimoine immobilier social. Les actions vont rapidement
dépasser le cadre des monuments historiques pour déboucher sur des
propositions d’interventions intégrées et sur une politique de sauvegarde
définie suivant les deux grands thèmes suivants :
a– La sauvegarde d’un patrimoine monumental :
La médina de Tunis a été classée sur la liste du patrimoine
monumental depuis 1979, pour la diversité de ses monuments, et pour le
fait qu’elle présente l’un des rares témoignages de l’urbanisme
musulman. Des restaurations ont affecté ces monuments suivant des
programmes de réaffectations en équipements capables de s’adapter et
de s’intégrer dans la structure de l’édifice sans le défigurer. Le principe
développé par l’ASM pour la sauvegarde des monuments est la
restauration suivant un programme de réaffectation dans le cas où la
fonction originelle n’existe plus. De grands projets sont réalisés 35, nous
en citons :
- La médersa Moulacirya restaurée et réaffectée en jardin d’enfants.
- La médersa et zaouïa El Bakria qui, abritent en plus du mausolée, un
jardin d’enfants ainsi que le kouttab qui abrite un club d’informatique.
- La réaffectation du palais Khair-eddine et ses annexes en musée de la
ville de Tunis avec le concours du FADES et de l’organisation des
villes arabes.
Toujours dans le cadre de cette stratégie un projet de mise en
valeur de spécificités des éléments architecturaux et urbains des ruelles
de la médina avec la restauration par l’ASM de plus de 200 sabats
(passages couverts, voir photo ci dessus), ainsi que des colonnes
d’angles de la médina centrale et ce grâce à la contribution du FNAH.

Tavaux
d’assainissement à
l’intérieur d’une
Sabat

Les effets d’entraînements, du succès


de cette politique de mise en valeur du
patrimoine monumental, ont touché les
propriétaires privés qui ont pris l’initiative de
35
Faiika BEJAOUI, op cit.

49
restaurer et de réaffecter leurs demeures en galeries d’arts, galeries
artisanales et restaurants de standings. Les promoteurs privés ont
manifesté leurs intérêts pour investir dans la médina, des opérations de
promotions de tourisme culturel sont identifiées et proposées aux privés.
b– La sauvegarde d’un patrimoine immobilier social :
Dans ce cadre de grands investissements ont porté sur les
infrastructures, les équipements et l’habitat :
- Le projet de la kasbah avec la construction d’un grand parking
- Le projet d’assainissement
- Le projet de restauration d’un quartier financé en partie par la banque
mondiale.
Ces projets ont eu un impact, tant sur le plan architectural, social
et économique que sur le plan patrimonial, de la médina. Ils ont permis
de réhabiliter des quartiers entiers et d’amorcer une politique de
réhabilitation du logement social. Ces projets sont conçus comme
actions intégrées faisons intervenir plusieurs composantes à la fois et
ont réussis à revitaliser les activités commerciales du quartier
restructuré, réhabiliter plusieurs habitations et favoriser les échanges
entre habitants de milieux sociaux différents.
- Plus de 1600 ménages ont étés relogés en plusieurs étapes.
- Une ligne de crédit de 15 milliards de dinars est mise à la disposition
des propriétaires pour rénover leurs immeubles avec un taux d’intérêt de
5%, remboursable sur 15 ans et une assistance de l’AMS pour la
constitution des dossiers financiers et techniques ainsi que le suivi des
travaux36.
La stratégie adoptée pour la sauvegarde de ce patrimoine
monumental et du bâti est basée sur l’animation sociale et culturelle.
2-Approche opérationnelle pour la promotion
culturelle de ce patrimoine de Tunis.
La réflexion sur la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie qui
permet d’assurer une continuité de se qui a été réalisé, notamment les
projets de visées sociales, a été le point chaud de tous les acteurs.
Ainsi, cette nouvelle stratégie adoptée repose essentiellement
sur la sauvegarde du patrimoine monumental, ce ci après avoir traiter
l’insalubrité, freiner la dégradation et ajuster la nouvelle politique vers
la réconciliation du patrimoine avec la modernité en encourageant
l’animation culturelle.
D’un autre coté, les orientations proposées du schéma directeur
ont mis l’accent sur une législation adéquate au niveau du classement
36
Faiika BEJAOUI, op cit.

50
des monuments historiques et du plan de sauvegarde d’une part, et sur
une politique de mise en valeur du patrimoine monumental (esthétique
urbaine, promotion culturelle, promotion touristique culturelle,
promotion économique, résolution des stationnements et de la
circulation) d’autre part.
Donc le principe fondamental adopté pour la mise en œuvre de
se patrimoine est la restauration suivant un programme de réaffectation
nouvelle quand la fonction originelle n’existe plus. Des pôles culturels
ont commencés à se former autour de noyaux précurseurs. Pôles
culturels, mais aussi beaux espaces capables d’engendrer de véritables
circuits de visite vers ces monuments restaurés et réaffectés à des
fonctions diverses. Parallèlement à ces actions, il y a un retour des
équipements publics vers le cœur de la médina.
Certes, les investissements réalisés ont eu leurs impacts positifs
sur la revalorisation du patrimoine et la requalification de quartier
qu’avec accompagnement des actions suivantes 37:
- Une législation adéquate.
- Une planification à l’échelle de l’agglomération.
- Un soutien de l’opinion public et d’une politique médiatique spécialisée
dans le domaine.
- Une sensibilisation de tous les acteurs et les habitants aux valeurs de la
conservation de leur patrimoine.
Ainsi, l’ASMT a développé un programme d’éducation à
l’intention notamment des écoliers et des lycéens, par l’intermédiaire
des visites guidées à travers la médina et ces monuments les plus
importants, de projection de diapositives sur les actions de l’ASMT. Ces
activités deviennent de plus en plus sollicités par les établissements
Tunisiennes et étrangères.
Dans ce cadre la presse écrite et audio-visuelle participent
énormément à la mise en œuvre de la sensibilisation du public.
L’organisation de séminaires et de colloques présente l’occasion de
réunir le monde de l’information à coopérer davantage. Cette politique
de sensibilisation et de communication vise à cibler un public d’acteurs
très large. Ainsi, il a été enregistré en premier, un retour au centre ville,
amorcé par des ménages et des personnes seules intéressées par la
centralité et la proximité des lieux de travail, puis en second, l’arrêt du
phénomène de dégradation et le début de l’inversion de ce processus.
Après avoir exposer les préoccupations des centres anciens à
l’échelle internationale et maghrébine, il est aussi important de faire une
lecture sur ces préoccupations à l’échelle nationale.
37
Faiika BEJAOUI, op cit

51
SECTION II : LE CONTEXTE NATIONAL DE LA
REHABILITATION.
On entend par réhabilitation des médina au Maroc, les actions
d’aménagements menées aux services de ces tissus anciens afin de leurs
apporter une revalorisation économique et socio culturelle. Cependant,
au Maroc, la réhabilitation ne dispose pas de textes de crédits
spécifiques alors que le besoin de rénover les médinas se fait de plus en
plus sentir. Il n’existe pas à proprement parler de textes sur la
réhabilitation urbaine, néanmoins la législation actuelle comporte
certains éléments auxquels on se réfère dans de pareils cas, notamment :
Le Dahir portant loi n°22-80 relative à la conservation des
monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’arts et
d’antiquité.
Les dispositions de la loi n°7-81 relative à l’expropriation pour
cause d’utilité publique et l’occupation temporaire, promulguée par le
Dahir n°1-81-254 du 6 mai 1982.
La loi n°12-90 relative à l’urbanisme, dans le titre II, Chap. I,
Sect. 2, articles 4 et 5.
Le Dahir du 30 juillet 1952 relatif à l’urbanisme autorisant la
rénovation (en particulier les articles 3 et 4 du Dahir du 3 Août 1951),
mais ne constituant pas un support juridique adéquat pour mener
rapidement à bien une opération aussi complexe. L’envergure et le
degré de complexité de l’opération nécessitent le recours à une
législation appropriée.
De plus, à l’échelle nationale, la réhabilitation nécessite :
- La connaissance globale de toutes les composantes de ces espaces
urbains (physique, démographique, activité, etc.).
- L’étude de chacune de ces composantes pour mieux cerner les
problèmes que connaît la médina et la définition des remèdes et des
actions à mener.
- La classification des médinas pour pouvoir généraliser ou non, les
stratégies d’interventions en tenant compte des spécificités, notamment
culturelles, de ces entités.
Ainsi, et suite aux besoins de réhabilitation des médinas, le
ministère de l’intérieur, a émis en 1970, une note analysant la situation
en matière d’aménagement d’urbanisme et d’habitat. Les faits suivant
ont été constatés :
« Alors que traditionnellement, elles constituent un milieu social
équilibré, les médinas se délabrent progressivement pour devenir de
véritables ″ghettos″urbains. Le coût des travaux d’infrastructures y est
fort élevé, l’hygiène et la sécurité précaire, l’esthétique de certains
52
monuments historiques menacée. Soucieuse de réanimer la vocation
économique de ces quartiers, de préserver pour certains d’entre eux leur
valeur touristique et d’y apporter les conditions de vie moderne,
diverses municipalités ont déjà débloqué des crédits importants pour
réaliser des études et pour amorcer de grands travaux d’infrastructures.
Les villes de Fès et de Casablanca constituent sur ce point des
exemples que d’autres municipalités manifestent l’intention de suivre.
Toutefois, les municipalités ne peuvent supporter toutes seules les
charges de la rénovation. Elles doivent dans ce domaine obtenir le
concours technique et financier de l’Etat. Ce dernier les aidera à
dégager les principes de rénovation compte tenu des objectifs et des
impératifs généraux de l’urbanisation, fournira l’encadrement technique
nécessaire à la réalisation des plans, dégagera enfin dans la mesure de
ses moyens, les crédits complémentaires.
Il y a dans ce domaine un important effort à fournir dans la plus
part des municipalités et de l’Etat que des particuliers eux-mêmes qui
devrons participer à la restauration de leur cadre de vie »38
D’un autre coté, des réflexions ont étés menées par les pouvoirs
publics, dont le but d’engager des actions visant l’entretien, la
restauration et la protection du bâti historique ainsi que la réduction de
la densité d’occupation des logements, « Il est en effet souvent
économiquement rentable d’investir dans l’entretien et la conservation
du patrimoine existant, plutôt que dans la réalisation de projets
nouveaux. Ainsi, il est devenu indispensable d’intégrer la maintenance
dans le cadre général de l’évaluation des projets »39.
En effet, dans le plan 1973-1977, le gouvernement annonce son
intention de prendre des mesures pour la protection, la sauvegarde et la
mise en valeur du patrimoine culturel : « le recensement, le classement,
la restauration, la mise en valeur et la revitalisation des principaux
sites archéologiques et des monuments historiques seront poursuivis et
intensifiés. »40
Les moyens d’interventions et « les efforts déployés au cours
des dernières années en matière d’animation culturelle, seront
intensifiés et soutenus par la mobilisation des artistes, des
intellectuelles, des créateurs et chercheurs, pour promouvoir les
différents domaines culturels : monuments et sites historiques,
enseignement artistique,théâtre et cinéma, musique, etc. La
bibliothèque, le théâtre et le cinéma, qui sont des moyens efficaces pour
la diffusion de la culture, bénéficiaire d’un intérêt accrû dans l’avenir.
Le développement des activités dans ce domaine nécessite la
38
Ministère de l’intérieur, Rabat.Analyse succincte de la situation actuelle en matière
d’aménagement, d’urbanisme, d’habitat. Note générale 1970 Rabat.
39
Plan d’orientation pour le développement économique et social 88-92, p117
40
Plan de développement économique et social 73-77, vol II, ChpXXIV, pp : 800.

53
participation des collectivités locales qui ont aussi un rôle essentiel
dans la sauvegarde du patrimoine culturel »41
Après une longue période d’insouciance, divers colloques et
séminaires ont vus le jour concrétisant la prise de conscience de la
puissance publique. Parallèlement à ces discours, et à de rares
exceptions, il n’y a pas de véritable détermination nationale ou local de
réhabilitation des espaces traditionnels anciens. Le cas de Fès est un cas
particulier à prendre comme exemple de réhabilitation. Celui d’Assilah
est spécifique au niveau national et du monde arabe.
§-1- Cas de la sauvegarde de la médina de Fès :
Suite à la dégradation accélérée de son cadre urbain, la prise de
conscience de sa valeur culturelle internationale, la diversité de ses
monuments historiques et l’authenticité de son patrimoine qui lui a valu
son classement de " vestige culturel de toute l’humanité", la sauvegarde
globale et urgente de la médina de Fès s’est avérée nécessaire et a
bénéficié de l’appui de personnalités importantes (chef de l’Etat en
personne, directeur général de l’UNESCO…).
En effet, au début des années soixante dix, le ministère de la
culture et l’UNESCO ont envoyé des experts pour aborder le problème
touchant à la préservation du patrimoine culturel.
Ce n’est qu’en 1975 que le ministère de l’habitat et de
l’aménagement du territoire a lancé le projet du schéma directeur de la
ville de Fès. Il est présenté d’emblé comme une expérience unique, tant
par la spécificité de sa problématique urbaine que par les méthodes et
les moyens mis en cause.
Ainsi, fut crée en 1978 une cellule au sein de la délégation du
ministère de l’habitat et de l’aménagement du territoire afin de préparer
le programme de sauvegarde de la médina de Fès.
En 1979, le ministère de l’intérieur a été chargé, par sa Majesté
feu HASSAN II, de la coordination national du projet de sauvegarde de
Fès. En 1980, fut établit le rapport provisoire sur la sauvegarde de la
ville ainsi que son inscription sur la liste du patrimoine mondial. Ce
rapport a insisté sur les interventions qui correspondaient aux opérations
les plus importantes pour la sauvegarde.
Dans la même année, la lettre royal du 21 juillet 1980 relative à
la sauvegarde de Fès, a concrétisé la détermination du Maroc et son
engagement pour la sauvegarde d’une cité historique et culturelle de
valeur international, et à ce titre considère comme préoccupation
prioritaire dans laquelle une attention particulière sera accordée :
- Au programme de l’équipement et de l’habitat.
41
Plan de développement économique et social 73-77, vol II, ChpXXIV, pp : 800.

54
- A la préservation du patrimoine culturel.
- Au développement de l’art, de la culture et de la pensée.
- A la diffusion des enseignements de l’Islam42.
Sur la base des études de la cellule de sauvegarde et des études
du schéma directeur, M. Amadou M M’Bow, directeur général de
l’UNESCO a lancé en présence du gouvernement de sa Majesté, l’appel
international pour la sauvegarde de Fès.
Suite à ces directives, la sauvegarde de la médina de Fès a été
inscrite au plan quinquennal (81-85) qui précise que le programme sera
financé sur un fond spécial du trésor et qui sera alimenté par des dons,
des prêts et des subventions budgétaires43.
Sur instruction de sa Majesté feu HASSAN II, il a été procédé a
la mise en place :
- A l’échelon central : d’un comité interministériel chargé en liaison avec
l’UNESCO, de veiller à la réalisation du programme de sauvegarde.
- A l’échelon local : d’une structure spécialisée “ la Délégation à la
Sauvegarde de la Ville de Fès” (DSVF) crée le mois d’avril 1982.
Durant cette année, il a été crée, sous l’égide de la Fédération
Mondiale des Villes Jumelées-Cités Unies (FMVJ-CU) : l’association
“ Hadara ” a vocation internationale, dont les objectifs sont :
- Favoriser toutes formes de coopérations culturelles, économiques et
techniques.
- Vulgariser les informations permettant l’élaboration d’études
architecturales et socio-économiques de la ville.
- Favoriser les investissements économiques et collecter les fonds afin de
pouvoir participer à la réanimation de la médina de Fès.
En 1983, la journée d’étude nationale qui s’est déroulée en
janvier (devait être suivie par une table ronde organisée en collaboration
par le gouvernement Marocain, l’UNESCO, et le PNUD) 44 avait pour
objectif de permettre aux participants de prendre connaissance du
programme de sauvegarde et de la liste des invités qui comportée les
organismes de coopération bilatérale, les banques, fonds et organismes
de coopération multilatéraux. Ainsi, un document technique présentant
le programme de sauvegarde sous forme de 36 projets a été élaboré.
En outre, une cellule chargée de la coordination générale du
projet a été crée et rattachée directement à la direction des collectivités
locales. Au niveau du ministère de l’Habitat et de l’Aménagement du
42
Extrait de la lettre royale du 21/7/80, (8 Ramadan 1400)
43
Plan de développement économique et social 81-85, Vol II, 3eme partie, P18
44
PNUD : projet MOR/83/004

55
territoire, trois commissions spécialisées ont été constituées en vu de
définir le cadre technique, juridique et financier de l’opération de
sauvegarde. Ainsi, les trois rapports ont servi de base à la
documentation distribuée aux participants à la journée national de la
sauvegarde de Fès organisée le 4/4/83, en vu de sensibiliser l’opinion
national, de préciser son engagement au projet, d’évaluer les étapes
franchies depuis la fin des études du SDUF et de définir les perspectives
d’avenir.
Le 8 avril 1984, la journée d’études organisée par la DSVF a
groupé autour de thèmes de réflexion des techniciens et des spécialistes
d’horizons différents des secteurs publics et privés. Le même mois, s’est
constituée l’Amicale des Amis de Fès formée d’architectes et
d’entrepreneurs exerçant dans la ville de Fès.
De son côté, le conseil municipal a mené diverses actions dans
le cadre de sauvegarde de la médina, des actions de sensibilisation des
citoyens ; tout en conciliant la sauvegarde de la médina et la gestion
urbaine, et des actions de sensibilisation à l’extérieur en agissant,
notamment, auprès de la FMVJ-CU, de l’Organisation des Villes
Arabes (OVA), d’Organisme des Capitales Islamiques, etc.
Cette stratégie d’intervention et de réhabilitation de la médina
pourrait servir de référence à l’échelle nationale, En effet :
L’ADER-FES “l’Agence de Dédensification Et de
Réhabilitation de la médina de Fès” a développé l’expérience la plus
importante menée actuellement dans notre pays. Grâce à cette
expérience, le Maroc a acquis une renommée Mondiale en matière de
sauvegarde des médinas. Elle est le simple fait de la restructuration et
place l’action de sauvegarde dans la prospective du développement
socioéconomique, de la protection de l’environnement, et du
développement culturel. Seulement, les efforts déployés dans les autres
médinas n’ont, généralement, pas encore permis d’éclore d’autres
expériences aussi complètes.
La délégation à la sauvegarde de la ville de Fès (D.S.V.F), de
1980 à 1985, utilisant un compte d’affectation spécial a réalisé les
études nécessaires qui ont permis l’élaboration d’une stratégie globale
comportant différents niveaux d’interventions, allant de l’éviction des
dangers que représentent l’effondrement des structures dégradées et les
pollutions engendrées par les rejets des déchets solides en particulier,
jusqu’à l’élaboration des programmes de sauvegarde en collaboration
avec la population et les usagers par leur adhésion et leur participation.
Dès sa mise en place ADER-FES qui n’est autre que la
continuité de la D.S.V.F lance un programme d’actions prioritaires. Ce
programme a nécessité la réalisation d’études spécialisées, la mise en

56
place d’une base de donnée et la mobilisation de fonds, il constitue la
première concrétisation de la sauvegarde de Fès. Les études de la basse
de données (S.I.G) réalisées par ADER-FES et d’autres instances
locales ou internationales ont été financées par le gouvernement
Marocain, le gouvernement suédois, l’UNESCO, PNUD et le FADES
en particulier. Depuis 1993, plusieurs centaines de personnes (ouvriers
artisans, techniciens et cadres) travaillent directement dans le cadre des
projets de réhabilitation de la médina de Fès. La formation de plusieurs
entreprises et institutions ont en été la conséquence.
Le projet lancé en 1994 par un accord entre le gouvernement
Marocain et la banque Mondiale, dont les composantes ont été arrêtées
en 1996, a été développé conjointement avec ADER-FES. Celle-ci a
procédé à plusieurs études et enquêtes afin de cerner les caractéristiques
socio-économiques de la population, les efforts d’améliorations
d’aménagements des logements et les taux d’activités foncières.
Dans le cadre des conférences et des manifestations, une série de
rencontres nationales et internationales ont étés organisés, notamment :
Le colloque organisé en juin 1986 par la délégation de
sauvegarde et le laboratoire public des études et des essais (LPEE) qui
a fait l’objet d’une publication portant essentiellement sur les modes
d’approches des médinas,sur les techniques, le diagnostic et la
restauration.
Le colloque tenu en juin 1988 sur les arts, métiers et habitat
traditionnel dans les médinas du Maghreb et du moyen orient, organisé
par la municipalité et la faculté des lettres de Fès, en collaboration avec
l’institut de recherche et d’étude sur le monde Arabe et Musulman
(IREMAM).
Le séminaire international tenu en janvier 1995 sous le
thème « Patrimoine et Urbanisme : vers de nouvelles stratégies
opérationnelles », organisé par le ministère des affaires culturelles avec
le concours de l’UNESCO.
Et dernièrement, une rencontre internationale sur le patrimoine
des médinas, a été organisée le mois de décembre 2003 à la ville de Fès.
En fin, la sauvegarde du patrimoine nécessite la mise en place
d’un cadre juridique et institutionnel comprenant un système de crédit à
la réhabilitation, permettant d’intervenir positivement dans de tel
processus. Une telle action demande une rapidité d’exécution et des
moyens financiers importants, pour se faire, les associations ou les
organisations mondiales et/ou nationales pourront jouer un rôle
important dans ce domaine.
Le cas de l’Ader-Fès crée initialement pour réhabiliter la ville de
Fès et à réaliser des projets d’habitat est un exemple à imiter. Les
57
moyens financiers dont elle dispose sont de diverses sources 45 (prêts
bancaires, subventions Etatiques, dons, rémunérations des études
réalisées, paiement pour services rendus, et bénéfices réalisés sur des
opérations de lotissement de péréquation).
Quand à l’agence urbaine et de sauvegarde de Fès, elle a pour
objectif de promouvoir et réaliser des opérations de réhabilitations
urbaines, de rénovations immobilières et de restructurations de
quartiers.
Cette méthode de sauvegarde de la médina de Fès diffère
beaucoup de celle entamée à Assilah où des actions socioculturelles
émanent du bas, elles sont nées au sein des habitants et à travers le
festival de cette ville.
§-2- Cas de la vile d’Assilah :
Dans ce cas exceptionnel dans le monde Arabe, ouvert à toutes
les écoles d’idées, nous allons montrer lors de cette expérience
comment s’est concrétisé un Moussem d’été à partir d’une intervention
par le biais de la culture et des arts pour favoriser le développement
social et économique et d’assurer pour la ville une assise de dialogue et
d’échange entre les cultures du sud et du nord de la méditerranée.
Le site naturel exceptionnel et la belle muraille portugaise du
eme
XV siècle d’Assilah, ville des pécheurs et d’artisans, périclitait dans
l’indifférence générale, quand deux élites savantes décidèrent après
leurs présentations aux élections, de créer une organisation non
gouvernementale : l’Association Culturelle Al Mouhit pour faire de l’art
et de la culture un noyau du développement.
C’est grâce à l’association Al Mouhit que le pavage de toute la
ville intra muros avec des dalles, qui ont apporté en plus de la présence
artistique une propreté remarquable pour la ville, a été réalisé.
Avant d’organiser le premier Moussem en 1978, une action de
« murs peints » de la ville a été organisée par ses intellectuels, à travers
une opération de sensibilisation des habitants. Le rêve de ces
intellectuels et d’offrir aux enfants de leur ancienne ville, un
environnement d’esthétique et d’art.
Ce rêve sera réalisé par l’élection de l’une des deux élites en
député, ainsi elle créa la commission de la culture et de l’information
qui milite pour assembler les principaux artistes plasticiens du Maroc en
une association Marocaine des arts plastiques. Les enfants d’Assilah
sont venus participer avec les peintres dans une première opération de
peinture murale.

45
Paru dans le journal n°141 du 28 octobre 2000.

58
L’octroi d’une subvention de l’ACDI (Agence Canadienne de
Développement International) pour l’achat de deux presses pour un
atelier de gravure, constitue un grand apport pour l’association qui
fonda, les principaux axes du moussem de la médina à savoir :
- Les expositions.
- Les ateliers de peintures, de gravures et les peintures murales.
- Des spectacles pour les habitants d’Assilah.
- Des rencontres et des colloques.
Le moussem a été soutenu et encouragé dés sa création par les
plus hautes autorités du Royaume, et à l’époque, de la présidence
d’honneur de SAR Sidi Mohamed.
Il s’organise chaque année par l’association Almouhit. Il traduit
un attachement aux symboles culturels d’un pays qui veut prouver le
mariage entre la modernité et la tradition. Ainsi, la ville d’Assilah a été
repérée par des organisateurs étrangers des festivals culturels à vocation
commerciale et touristique. Parmi les activités du Moussem nous
citons :
- Les expositions : elles s’organisent chaque année par des artistes
Marocains et étrangers.
- Les spectacles : avec l’inauguration du centre Hassan II de rencontres
internationales en 1986, ces manifestations ont acquis une plate forme
permanente devenue actuellement l’une des mieux équipées du Maroc.
- Les rencontres et colloques pour tous : le Moussem est devenu un
espace de création artistique, un forum de réflexions et de débats entre
les intellectuels, dans le but d’assurer la continuité de l’action de
l’association culturelle Al Mouhit et du Moussem. La création, d’une
grande bibliothèque, d’un institut pour les études globales et d’une
maison Africaine des écrivains, favorisera d’avantage l’action
d’échanges culturels et de rencontres du Moussem.
- Les ateliers de peintures et de gravures pour les enfants d’Assilah et
pour les professionnels du monde entier : chaque année des artistes
graveurs de renommée internationale débarquent à Assilah pour y
échanger leurs expériences et leurs techniques avec les artistes
Marocains.
- Les peintures murales : encadrées par une équipe d’artistes pédagogues,
chaque année le Moussem offre aux enfants Marocains et étrangers
l’occasion de participer eux aussi à la création des fresques murales
embellisantes la médina d’Assilah.
La réussite qu’a connue le Moussem d’Assilah, est en grande
partie due à l’action de participation et d’adhésion des habitants

59
d’Assilah à ce festival. Certains habitants louent leurs maisons aux
touristes, durant une longue période de l’année46.
Après son élection en maire d’Assilah, l’élite militante, pour le
bien de sa ville, va pouvoir enfin réaliser plusieurs actions :
- La restauration des remparts.
- La réhabilitation, la rénovation et le développement de l’habitat et de
l’environnement architecturale et urbanistique de la ville.
- La création de jardins.
- Des fontaines et sculptures érigées dans le grand mémorial Med V.
- La création du centre culturel Hassan II de rencontres internationales
par l’association Al Mouhit avec le concours du Ministère Marocain de
la culture, du sultanat d’Oman et du Canada.
- La restauration et aménagement du palais Raissouni de culture « belle
demeure du début du siècle » grâce à un don du SAR le prince d’Arabie
Saoudite. Ce palais constitue le siège de la fondation du forum
d’Assilah qui accueille des artistes en résidences, des concerts, des
ateliers d’arts plastiques, des conférences et diverses activités
culturelles.
§-3-quelques enseignements à tirer des expériences
étrangères et nationales
L’inspiration des expériences étrangères et nationales présente
un intérêt certain. Ainsi, nous pouvons en tirer les enseignements
suivants :
- La politique de développement sociale des quartiers ne peux connaître
un succès qu’en mettant en évidence la volonté des habitants de
participer plus directement « Démocratie directe et médiatisée »47 à
l’élaboration, la gestion et l’évaluation des projets, ainsi se construit la
logique de ville à construire avec les habitants.
- Création de l’amorce d’un dialogue entre habitants, élus, professionnels
et pouvoirs publics afin de réduire les zones de tension et d’entrer en
réconciliation. Ceci par la mise en place d’équipements socio-collectifs
et culturels indispensables à la vie quotidienne des habitants.
- L’aide, l’encouragement et l’organisation des systèmes associatifs qui
par le biais de leurs activités constituent le noyau du développement
local et un outil non négligeable dans l’encadrement et la formation des
habitants.

46
Visite sur les lieux. Septembre 2003
47
Revue territoire, op. cit, p : 53.

60
- L’encouragement de la nouvelle politique vers la réconciliation du
patrimoine avec la modernité en encourageant l’animation culturelle
afin de promouvoir le développement social.
- La pratique fondamentale de donner un grand intérêt à la politique
d’entretien à un niveau très important.
- La conscience de la société civile et des responsables urbains envers la
sauvegarde et la conservation de leur mémoire historique et l’insertion
de la notion de patrimonialisation liées aux actions de réhabilitation des
tissus anciens dans le contexte d’une politique de gestion urbaine
pragmatique. Ainsi, faire de ce patrimoine un atout de développement
économique au lieu de le vivre comme pénalisation.
- Encouragement et création des outils et des démarches, tels que la
concertation, la consultation, l’information, la sensibilisation et la
formation, favorisant l’adhésion et la participation de la société civile à
l’élaboration des projets.
A travers ces exemples étrangers de réhabilitation, nous
souhaitons introduire une valeur ajoutée à celle en cours dans la médina
d’Oujda.
SECTION III : LE CONTEXTE LOCAL
Les médinas quelque soit leurs tailles, présentent des
caractéristiques qui leurs sont propre. Qu’il s’agit de projet de grande
envergure de dimensions internationales ou d’opération ponctuelle et
d’importance locale et limitée, la réhabilitation des médinas – qui dans
la plupart des cas reste un simple discours sans portée concrète- doit
être placée au centre de la problématique des documents de
planifications urbaines, au niveau des propositions spatiales ou des
programmes d’interventions. Ce-ci dont l’objectif de sauvegarder leur
riche patrimoine historique, culturel et religieux d’une part et de
soutenir leur rôle de centre principal de l’ensemble urbain d’autre part.
C’est aussi, parer au caractère imminent de la décrépitude de la vieille
médina et sauvegarder un patrimoine hautement symbolique pour la
mémoire collective qui est devenue une action de haute voltige, quand
justement, les pouvoirs publics persistent dans leur inertie et la société
civile confine dans l’insouciance.
Pour la médina d’Oujda, l’expectative a durée au moins une
décennie. Ce n’est que jusqu’à la visite de Sa Majesté le Roi
Mohammed VI et M. Mbarki ministre de l’Habitat en 2002, que le volet
réhabilitation du patrimoine historique est évoqué. C’est ainsi que la
médina d’Oujda, rejetée par ces habitants d’origines, négligée par les
planificateurs et les urbanistes, vient enfin d’être exhumée et tirer de
l’oublie pour lui rendre son animation socioculturelle urbaine
d’autrefois.

61
Dans ce sens et à la lumière des nouvelles directives en la
matière, la problématique de la médina d’Oujda avait fait l’objet d’une
étude de faisabilité entamée par l’ANHI depuis 1995 va enfin se
concrétiser. Le rapport de synthèse de cette étude qui a recueilli l’accord
des différents services, à fait ressortir quatorze projets de base portés sur
l’aménagement, la reconstruction, la réfection, la rénovation, la
réaffectation et la réhabilitation.
Parallèlement à ces actions deux organismes
internationaux, l’ONG Italienne Africa 70 et la délégation Française
des Pact-Arim, mettent l’accent, dans leurs interventions,
essentiellement, sur les volets respectivement culturel et social.
La stratégie de réhabilitation de la médina d’Oujda, se conçoit
comme des actions qui se définissent progressivement par un
programme d’intervention nécessaire à réaliser dans le temps, avec des
procédés chaque fois spécifiques et par des projets ponctuels,
concernant les cas qui revêtent une urgence particulière et suivant les
moyens financiers disponibles.
Ainsi, une enveloppe budgétaire d’environ vingt millions de
dirhams, a été destinée par le SEH pour la réhabilitation de la médina.
Cette réhabilitation a pris en charge, dans le cadre de l’amélioration
urbaine, les volets VRD (Voirie et Réseaux Divers) et habitat. Pour le
volet VRD les travaux sont achevés à 100%. Le volet habitat constitue
la phase la plus délicate, du fait qu’elle se prédestine à faire adhérer la
population de la médina à l’aspect préservation et sauvegarde de la
médina et son patrimoine socioculturel, ainsi que l’intégration de ces
tissus anciens à l’ensemble de l’agglomération. Toutefois, la
planification urbaine à travers les documents d’urbanisme n’a pas donné
aux tissus anciens tout l’intérêt qu’ils méritent.
§1- Les documents d’urbanisme
Autrefois, les cités traditionnelles ont été écartées des
orientations d’aménagements urbains, par les colons, en prétendant
vouloir les conserver. Elles ont été considérées comme de vieux
quartiers ne répondant pas aux nouvelles normes de desserte, de confort
et de salubrité. Ainsi, elles ont été séparées des villes nouvelles par de
grandes voies de circulations et isolées des nouvelles extensions
urbaines.
Pour la médina d’Oujda, si le plan d’aménagement de la ville à
négliger le tissu ancien par insouciance des planificateurs, le SDAU
quant à lui a souligné des objectifs et des propositions d’aménagement,
qui restent en tous cas timides. D’autre part le PA sectoriel de la médina
fait, actuellement, l’objet d’une étude centrale, ignorant dans sa
première phase de l’étude les experts techniciens et tous les acteurs
urbains au niveau local.
62
§2- Les orientations du SDAU et du PA
Parmi les objectifs du SDAU est de faire des propositions de
sauvegarde de la médina menacée d’une vétusté irréversible. Pour ne
pas en faire un espace vécu marginalisé, l’entretien et l’aide de ses
habitants à l’intégration adéquate à l’ensemble de la ville sont
nécessaires. Les propositions du SDAU ne sont que des
recommandations qu’il importe d’approfondir par des études
complémentaires et détaillées.
Les propositions d’aménagement de la médina, envisagées par le
SDAU peuvent se résumer par la réalisation parallèle de trois objectifs :
- La recherche d’une intégration spatiale de la médina.
- La sauvegarde des styles architecturaux et du cadre bâti.
- L’amélioration de l’environnement.
1/La recherche d’une intégration spatiale de la médina : elle doit
se faire tout d’abord aux niveau de l’animation et de l’accessibilité aux
axes commerciaux de la médina et de ses environs :
L’aménagement de la voie principale de la médina avec
restauration des kissarias et déplacement des marchés de viande et de
légumes. Cette voie peut être ouvert à la circulation automobile
exceptionnelle.
L’aménagement de la voie secondaire reliant bab El Gharbi à la
mosquée Jamaâ lakbir, avec restauration et réhabilitation des
équipements sociaux avoisinants.
2/ La sauvegarde des styles architecturaux et du cadre bâti : la
concrétisation de ce second objectif devra être opérée dans deux
directions :
Restauration des monuments et sites historiques classés ou à
classer.
Restauration des bâtiments d’habitations. Toute construction
nouvelle doit s’intégrer au paysage traditionnel de la médina.
3/ L’amélioration de l’environnement : en plus de la
réhabilitation du réseau d’assainissement, du revêtement des voiries et
de l’amélioration du service de la collecte des ordures ménagers, il est
nécessaire de donner un intérêt à la zone d’habitat par la création
d’espaces verts, aération et ensoleillement du tissu urbain et par le
contrôle de la circulation automobile dans la médina.
La réalisation et concrétisation de ces trois objectifs ne peuvent
se faire qu’avec la participation de l’Etat conjointement à celle des
habitants.

63
En ce qui concerne le plan d’aménagement de la ville, la médina
n’a pas été prise en compte, néanmoins, elle a été signalée comme
secteur à sauvegarder.
Pour des raisons financières et de choix de l’organisme
élaborateur du plan d’aménagement sectoriel de l’ancienne médina, ce
dernier a connu un grand retard, et n’a pas encore vu le jour. La
conception de ce document fait actuellement, l’objet d’une étude au
niveau central non concertée, dans sa première phase, avec les
intéressés au niveau local.
En effet, il faut trouver les moyens d’assurer une adéquate
réhabilitation afin d’amorcer le retour dans la médina de tous les acteurs
urbains, afin d’induire l’inversion du processus de dégradation. Pour se
faire, plusieurs actions sont à entreprendre de façon sérieuse et à
différents niveaux.

64
DEUXIEME CHAPITRE
LA METHODOLOGIE SUIVIE DANS LA
REHABILITATION DE LA MEDINA D’OUJDA

65
Sur la base de l’analyse et du diagnostic de la situation
alarmante de la médina d’Oujda, un certain nombre de projets ont été
identifiés pour réhabiliter ces tissus traditionnels. Parmi ces projets
certains revêtent un caractère de priorité et d’urgence, d’autres, non
moins indispensables, semblent viser plus au moins à arrêter la
dégradation de cette entité urbaine et à rehausser son niveau au sein de
l’agglomération toute entière.
A travers les expériences citées précédemment on ne peut
qu’affirmer que la réhabilitation des tissus anciens et l’affaire de tous :
Etat, collectivité locale, association, habitant, privé etc. la sensibilisation
de tous les acteurs sur l’opération de réhabilitation est d’une grande
influence sur l’orientation des investissements, des décisions et des
options à prendre en la matière. La consultation publique formelle n’est
pas une nouvelle idée dans la planification et la réhabilitation des
médinas. La participation publique à une valeur importante dans
l’atteinte des résultats escomptés du projet.
Ainsi, ce n’est qu’à travers l’étude de l’expérience vécue dans la
médina d’Oujda que nous pourront dire, ou non, que la méthodologie de
réhabilitation pratiquée pourra arrêter le processus de dégradation et
pourra même l’inverser. Cette question de la façon de réhabiliter fera
l’objet essentiel de ce deuxième chapitre de cette partie.
SECTION I : EMERGENCE DE L’IDEE DE LA
REHABILITATION
Suite à l’état de dégradation alarmante à tous les niveaux de la
médina, une volonté de réhabilitation et de sauvegarde du patrimoine de
cette cité traditionnelle s’est imposée. Plusieurs écrits ont montré que la
dégradation de l’environnement de la médina est l’un des facteurs
fondamentaux du départ d’une part importante de la population, aisée,
autochtone et son remplacement par une autre population déshéritée.
Cette dernière, insoucieuse de son environnement et ayant vécue un
mode de vie différent de celui où elle se trouve, a accentué le
phénomène de dégradation et par conséquent l’accumulation de
problèmes générant d’énormes difficultés aux gestionnaires de la ville.
Ainsi, plusieurs réflexions concernant la médina, ont vu le jour
durant les années quatre vingt dix. En outre, des visites de formations
effectuées par les élus pour d’autres médinas réhabilitées du Royaume,
viennent s’ajouter à la visite de SM le Roi Med VI et à celle du ministre
de l’habitat, à la médina. Ces visites ont eu un grand effet sur l’attitude
de l’élite locale et des responsables urbains, pour prendre et concrétiser
la décision de réhabiliter le noyau ancien de la ville qui ne cesse de se
dégrader voir de disparaître.

66
§1- La dégradation avancée et sous équipement de la
médina.
Comme dans toutes les villes du Maroc, les tissus anciens, pour
des raisons physiques, sociales, historiques et économiques sont encore
plus exposés aux dysfonctionnements et dégradations touchant le cadre
de vie des habitants. Le cadre bâti présente beaucoup de formes de
dégradations et d’insalubrités tant du point de vue état physique des
constructions qu’au niveau des équipements.
Ainsi, s’impose l’urgence d’aménager ces tissus par une
nouvelle gestion de l’espace à partir d’une vision prospective et « une
nouvelle politique de reconstruction urbaine et sociale pour éviter la
dégradation des formes de l’habitat, de l’architecture, des cadres de
vie, la prolifération des bidons villes et des quartiers insalubres, la
« clochardisation » de l’espace, l’urbanisation anarchique et
incontrôlée »48.
En effet, des études plus approfondies ont permis de classer les
constructions de la médina en plusieurs types architecturales.

Tableau n°1 : les types de constructions intramuros.


Type de Effectif Pourcentage
construction (%)
Traditionnel 584 49.7
Transformé 287 24.5
Récent 303 25.8
total 1174 100
Source : étude ANHI, 1995

Ce tableau, montre le nombre important des constructions


transformées et récentes qui dépassent, légèrement, les 50 % du tissu de
la médina. Ces chiffres qui, actuellement, dépassent largement ceux
indiqués dans le tableau vue les chantiers de constructions observées à
l’intra muros lors de nos enquêtes terrains, expliquent l’insouciance des
48
Ali SEDJARI, « le renouveau de l’A .T et les enjeux du débat actuel au Maroc » in : Aménagement
du territoire et développement durable quelles intermédiaires ? ed : L’HARMATTAN-GRET, Rabat,
1999. p : 25.

67
responsables communaux envers le patrimoine traditionnel qui tend vers
la disparition.
D’après les enquêtes ménages effectuées dans les tissus anciens,
il s’est avéré que la médina est en grande partie occupée par une
population qui montre l’absence d’attachement à son cadre de vie, qui a
perdu l’esprit du groupe et qui est dépourvue du sentiment
d’appartenance à une communauté. En effet, la réponse à la question
n° 10 du questionnaire ménage : êtes vous prêt à payer pour améliorer
encore mieux votre cadre de vie ? a enregistré 79% de réponses
négatives. Nous signalons que même certains locataires préfèrent
économiser pour acheter une antenne parabolique que de réparer
l’étanchéité du toit d’une des chambres de leurs logis.
Ce phénomène d’ordre social, qui montre bien l’absence
d’attachement au cadre de vie et de désintéressement de la population,
forme la principale cause de l’accélération du processus de dégradation
d’une part et vient s’ajouter à l’inefficacité des opérations de
réhabilitation menées sans procéder à l’amont à une phase
d’encadrement, de sensibilisation et d’implication de la population
d’autre part.
Les réponses, à la question n°1 du questionnaire : Y’avait-il une
compagne de sensibilisation à l’opération de sauvegarde et de
réhabilitation de la médina ? ont montré que 98% des habitants n’ont
pas été informés sur le projet de réhabilitation. En effet les 2 % restant,
quand nous leur posons la question : par quel moyen et comment se
faisait la sensibilisation, ils nous faisaient référence à la compagne
électorale, de 1997 menée par les parties politiques à l’intérieur de la
médina, ce qui exclu tout lien à l’opération de réhabilitation, ainsi on
peut affirmer que le taux d’information et de sensibilisation des
habitants à l’opération de réhabilitation est nul.
Ainsi, nous déduisons de l’exploitation de ces questions, que les
collectivités locales et les élus n’ont nullement procédés au dialogue
avec la société civile. Cependant le chapitre 28 de l’agenda de Rio
stipule :(Il faudrait que toutes les collectivités locales instaurent un
dialogue avec les habitants, les organisations locales et les entreprises
privés, la concertation et la recherche d’un consensus permettrait aux
collectivités locales d’obtenir l’information nécessaire à l’élaboration
des stratégies les plus appropriées)
Sur le plan physique la défaillance des équipements
d’infrastructures est matérialisée surtout par la vétusté du réseau
d’assainissement, d’eau potable et de voirie. Le manque d’équipements
socioculturels permettant l’encadrement et la formation de la
population, contribue largement à la dégradation de ces tissus urbains
très sensibles et vulnérables. Cette situation alarmante, nécessite une
68
intervention d’urgence afin d’arrêter ce processus qui risque de devenir
irréversible et afin de favoriser la fixation de la population qui ne cesse
de quitter la médina.
§2 - Le départ des habitants autochtones et ses
raisons
D’après les résultats des RGPH de 1982 et de 1994, nous avons
constaté une régression importante du nombre d’habitants de la médina,
ce dernier à chuté de 9432 à 7463, soit une diminution globale de 21%,
le un cinquième de la population de la médina a abandonné celle-ci en
une période de douze ans.
Lors de notre enquête ménage, nous n’avions pas prévus de
questions concernant les raisons du départ des habitants. Ce n’est
qu’après avoir poser la question n°9, qu’il s’est avéré intéressant
d’ajouter au questionnaire la question n°11.
En effet, en plus de la situation avancée de la dégradation
généralisée, il y a l’insalubrité des logements et des constructions, qui
poussent les habitants originaires de la médina à la quitter, pour aller
vers les nouveaux quartiers. Cette mobilité résidentielle, liée autrefois
aux couches aisées, est aujourd’hui généralisée à l’ensemble des
couches sociales ayant les moyens de le faire. Le vide créé par ces
départs successifs et vite remplacé par de nouveaux arrivants en quête
d’emploi et de logement à bas prix. Ainsi, les loyers et les valeurs des
biens qui baissent découragent les acteurs privés d’investir dans ces
espaces49.
Cette grande mobilité est l’une des causes explicatives de la
faible cohésion sociale dans la majorité des quartiers de la médina.
D’autant plus, la prolifération de la fonction commerciale au dépend de
la fonction résidentielle incite certains habitants à quitter leurs
habitations et à les transformer en locaux d’activités.
D’un autre coté, il a été révélé chez plusieurs habitants que le
manque de sécurité à l’intérieur de la médina (agression, vol,
prostitution, trafic de drogue…) est aussi parmi les causes
fondamentales du départ des habitants originaires de la médina vers les
quartiers extra-muros, « La sécurité,élément fortement mis en avant, est
à la fois tout à fait matérialisée, par la négative, lorsque se manifeste
des actes de délinquance ou de dégradations, mais aussi immatérielles
au travers du sentiment de sécurité ou d’insécurité vécu par les
habitants et usagers »50.

49
Jean-paul LACAZE, Les méthodes de l’urbanisme, ed : Presse universitaire de France, Paris
1990. p : 79
50
Marie-Laure BEAUFILS, Yves JANVIER, Josée LANDRIEU : Aménager la ville demain : une
action collective. Ed : l’aube/SECPB, Saint Etienne, 1999, p78.

69
La délinquance, le trafic de drogue et la prostitution ont été bien
remarqués lors de nos enquêtes à l’intérieur de la médina. Parfois, en
frappant à la porte d’une maison, les enfants dans la ruelle, viennent
nous informer que l’occupant n’est pas à la maison et si nous voulons de
la drogue, il faut voir avec monsieur X qui se trouve à l’endroit Y. Ce ci
explique que, par manque de sécurité, le trafic de drogue s’exerce en
pleine audace et sans crainte.
Lors de notre travail de terrain nous avons remarqué que les
quartiers les plus touchés par ce phénomène de départ de la population
autochtone sont notamment : quartier Ahl El Jamal, Ahl Oujda, Oulad
Achakfan et Oulad Amrane.

Dans ces quartiers est écrit sur les portes de plusieurs maisons « à
vendre », et sont décrits par les habitants du quartier de la kasbah
comme « quartiers dangereux ».

70
Une maison à vendre au bout
de la ruelle, dont l’avis est
placardée au dessus de la
fenêtre.

D’après les enquêtes, c’est dans ces quartiers que le statut des
locataires est élevé 62 %, ce dernier regroupe les locataires célibataires
de sexes féminin et/ou masculin et les locataires en familles. En outre,
ce sont les quartiers les plus touchés par les diverses formes
de « pathologies sociales »51.
Tableau n°2 : Proportions des locataires dans les quartiers
de la médina.

Quartiers AhlEl Achakfan Ahl Oujda Moyenne


Jamal
% locataires 70 55 61 62
Source : enquête personnelle
Dans le quartier Ahl Eljamal nous avons rencontré une
habitation à 16 ménages.
Au contraire, le quartier, où nous avons enregistré une part
importante de propriétaires, est celui de la kasbah Mérinide où se
trouve concentrés la majorité des équipements socioculturels de la
médina, d’où le rôle très important que jouent ces derniers dans
l’instruction de la société. La kasbah est pourvue d’une structure sociale
de base qui permet aux habitants de se sentir chez eux. Ce quartier est
apprécié par ses habitants, certains y vivent depuis longtemps et ils se
connaissent bien, ainsi l’espace leur semble proche et familier 52.
La kasbah est le quartier qui se réjouit de plus de sécurité par
rapport aux autres quartiers. Cependant, trois cas -de propriétaires
rencontrés à l’intérieur de la Kasbah- désirent quitter celle-ci, donc la
médina, pour la simple raison qu’ils ne peuvent pas faire entrer leurs
voitures à l’intérieur de la médina, ils louent depuis des années des
placettes dans un parking pour y garer leurs véhicules. Par contre dans
les autres quartiers (la kasbah non comprise), 87% des habitants
souhaitent quitter la médina.

51
Nicole HAUMONT, Bohdan JALO WIECKI, Moira MUNRO, Victoria SZIRMAI, Villes
nouvelles et villes traditionnelles, ed : L’HARMATTAN, Paris 1999, p : 277.
52
Nicole HAUMONT, Bohdan JALOWIECKI, Moira MUNRO, Victoria SZIRMAI, villes nouvelles
et villes traditionnelles, éd : l’Harmattan, paris, 1999,p :276.

71
Toutefois, fixer la population sur les lieux en question, revient à
dire lui offrir le minimum, de sécurité et de service publique, le
minimum d’équipements socioculturels et de l’aider à entretenir les
habitations.
L’équipement est non seulement essentiel pour la vie de la
société mais il est aussi indispensable pour la ville : « l’équipement est
considéré comme l’objet essentiel de l’urbanisme, en même temps que
le squelette même de la ville, sa structure. Le logement en revanche
serait sa chair, et pour l’urbanisme une préoccupation accessoire »53.
Ce ci fait partie de la volonté politique qui reste à se concrétiser et à être
opérationnelle par les responsables.
En l’occurrence, la prise de conscience des responsables, de
remédier aux dysfonctionnements, est soutenue par la volonté du
gouvernement, pour trouver ensemble des solutions et remèdes aux
divers problèmes générés aux seins de la médina.
§3- La prise de conscience des responsables
C’est parce qu’il s’est avéré que le patrimoine de nos anciennes
citées est condamné à disparaître d’une part, et qu’il représente une
grande valeur économique, sociale et politique d’autre part ; qu’un
intérêt spécial commence a être donné aux médinas. Ces tissus anciens
sont des unités urbaines où existaient une harmonie et un équilibre à
l’échelle sociologique et architecturale. Ils représentaient des ensembles
à qualités spécifiques qui en font un model et un point de référence.
Les tissus anciens des médinas ont une valeur affective au sens
où le patrimoine peut s’assimiler à une mémoire des peuples et à un
produit historique d’appartenance et d’identité. Leur grande estimation
par les touristes étrangers pourra en faire des lieux d’investissements
économiques importants.
En effet, des leçons peuvent être tirées de ces villes
traditionnelles où se dessinait, jadis, une absence de ségrégation au sein
de la population, une dignité commune aux plus riches comme aux plus
pauvres. Ce qui leurs confère l’image d’un système solidaire, homogène
et équilibré spatialement, économiquement et sociologiquement.
Ainsi, l’idée de prendre en compte et concrètement la
problématique de la médina, d’en faire un espace attractif et un vecteur
du développement socio-économique local de premier degré.
§4- L’attractivité de la médina D’OUJDA.
Bâti sur un terrain plat, la médina d’Oujda occupe une position
stratégique par rapport aux autres entités urbaines de l’agglomération.

53
Gustave MASSIAH, Jean François TRIBILON, Villes en développement, ed : La découverte, Paris
1987, p : 104.

72
Elle est le centre principal par excellence de cette agglomération, vers
lequel converge l’ensemble des voies de la structure viaire de la ville.
La multiplicité des activités de la médina et ses variations le
long de l’année voir même le long de la journée, attire une population
qui vient de l’intérieur et de l’extérieur de la ville et du Maroc, voir
tableau n°3. Concernant cette variation d’activités le long de la journée,
nous signalons que dans certains axes et place de la médina, il y a, à
partir de 17H, rassemblement d’un grand nombre de marchands
ambulants. En effet, ce sont des personnes qui habitent la médina et qui
de bonheur se dispersent, toute la journée, dans la ville. Ils circulent
dans les différents quartiers de la ville et ne rentrent chez eux que le
soir. Avant de regagner leurs logis, ils se concentrent dans des places et
dans les axes principaux pour vendre la marchandise qui leur reste.
Ainsi, l’activité de la rue se transforme d’un commerce d’habillement,
de couture, de maroquinerie, etc. en un marché informel de légume.
Tableau 3 : Origine des visiteurs pendant les mois d’Août et
Septembre 2003.
Sid Bounwar

Mauritanie

Ile Komor
Béni Drar
Effectif Origine

Berkane

Taourirt

Sénégal
Jerada
Nador
Oujda

Ahfir

RME
Taza

Casa
Salé
273

2
11

14

17

10

12

29
68.25

2.75

3.50

4.25

2.50

3.00

2.00

1.75

2.25

0.25

1.25

0.25

0.25

0.50

7.25
%

73
Source :enquête personnel, Aout-Septembre 2003

L’attractivité et le nombre de la population qui visite la médina


d’Oujda ont augmenté une semaine avant le moi de ramadan. Nous y
avons rencontré de toutes les régions du Maroc, la raison principale de
la présence importante de ces étrangers dans la médina, est la présence
de produits de consommation de qualité et à bas prix importés
informellement de l’Espagne et de la Turquie, les dattes et les produits
d’habillement importés informellement d’Algérie, ainsi que le matériel
électroménager et électronique provenant des pays du sud Asiatique.
Pendant les mois d’Août et septembre, 7.25 % des visiteurs sont
des RME, notamment, en provenance de la France et de la Belgique. Ce
chiffre montre le nombre important de familles Oujdis à l’étranger.
Comme ont dit à Oujda : « il n’y a pas de rue où on ne trouve pas au
moins une famille à l’étranger ». Concernant les visiteurs d’origine
Africaine, nous signalons qu’ils sont tous des étudiants. Pour les
visiteurs venant d’autres villes du Maroc, les chiffres relativement
important de ceux en provenance d’Ahfir, Nador, et Béni Drar (centre
rural) s’expliquent par deux raisons : la première est liée au fait que ces
villes sont frontalières, connues par des réseaux de contre bande à
activités informelles et l’écoulement de leurs marchandises dans la ville
d’Oujda. La deuxième raison est liée au fait que se sont des villes où les
habitants ont tissé, depuis longtemps, des liens et relations familiales et
fonctionnelles avec les habitants de la ville d’Oujda (mariage, travail
etc.). Cette dernière raison s’applique aussi aux visiteurs venant de la
commune rurale de Sidi Bounwar à vocation agricole.
Quand à la population sur place c’est-à-dire Oujdis, le
pourcentage de 68.25 % en été qui est plus bas que celui enregistré en
hiver (87.5 %) s’explique par le fait que 21.25 % (87.5 - 68.25) de la
population se trouve en vacance à l’extérieur de la ville et notamment à
Saidia, ville côtière.
74
Tableau n°4 : Origine des visiteurs pendant les mois de
Décembre et Janvier

Sid Bounwar
Effectif Origine

Iles Komor
Mauritanie
Berkane

Taourirt

Sénégal
Jerada

Taza

Casa
Nador
Oujda

Salé
Ahfir

RME
175

2
%

0.0
87.5

1.5

2.5

2.0

4.0

1.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

1.0
Source : enquête personnel : Décembre2003-Janvier 2004

Quand au résultats du tableau n°4, l’effectif nul de la présence des


étudiants étrangers africains s’explique par la reprise de l’année
universitaire, en effet, ils se trouvent dans la cité universitaire et ne vont
en ville que rarement. La régression des autres effectifs des visiteurs
marocains trouve son explication dans la légère régression des activités
commerciales pendant la saison hivernale.

Le seul pourcentage qui a connu une augmentation de 1% est


celui des visiteurs de la ville de Nador, en effet à Oujda se trouve une
importante population originaire de Nador y compris les étudiants ce ci
d’une part et que le trafic de contre bande entre les villes de, Mellilia,

75
Nador et Oujda connaît une activité durant toute l’année et n’ait pas
influencé par les conditions climatiques hivernales.
Concernant les visiteurs de la médina, en provenance des autres
quartiers de la ville d’Oujda, les raisons se limitent, d’après les
enquêtes, à 71%, pour l’achat et diversité des produits. Les visiteurs se
contentent de satisfaire, tous leurs besoins dans la médina et sans être
obligés de faire des déplacements de long trajet, ils y trouvent toutes
leurs nécessités quotidiennes.

Tableau n°5 : Raisons des visites de la médina.


Source : enquête personnelle

Raison de la Travail Achat Promenade Passage


visite

pourcentage% 14 71 13 2

Tableau n°6 : les visiteurs de la médina à l’échelle infracommunale.


Quartiers de proportions
provenance
Oued ennachef 14%

76
Si Lakhdar 8%
Jouhara 11%
Darb Mbasso 3%
El Hassani 8%
El Mohamadi 16%
Tayret 2%
Q- européen 4%
Al Azhar 2%
Sidi Driss 10%
Ezarktouni 5%
Lamhalla 7%
Assalam 2%
Médina 3%
Hay-fiquig 2%
El Qods 3%
Source: enquête personnelle

En effet, les quartiers Oued nachef, El Mohamadi et Jouhara


sont les mieux desservis en moyens de transport en commun.
Les lieux, les plus fréquentés par les visiteurs sont
essentiellement :
- La place Sidi Abdelwahab.
- L’axe commercial de la rue El Mazouzi.
- kissariat Angad et souk El Fellah54.
- Autres kissarias de la médina.

Tableau n° 7: les lieux les plus fréquentés de la médina.


LIEUX FRQUENTÉS PROPORTIONS
Place Sidi Abdelwahab 37 %
L’axe commercial El Mazouzi 25 %
Source :
Kissariat Angad et souk El Fellah 18 %
enquête
Autres kissariats et souks 11 %
Autres 9%
personnelle

54
Souk El fellah : souk spécialisé dans les transactions portant sur les produits venant d’Algérie ou
destinés à ce pays.

77
La plus part des visiteurs(37 %)se rendent à la place Sidi
Abdelwahab, l’endroit où se trouvent à la fois les poissonniers,les
bouchers, les épiciers, magasins d’habillements et de bazars. En effet,
cette place est reconnue à l’échelle régionale depuis longtemps elle est
aussi un lieu socialement identifié par tous les habitants, cette « place
est une exception importante qui joue dans le tissu urbain un rôle
monumental dû à la dimension symbolique qui lui est collectivement
reconnue »55.
On se demande : est ce que le transfert, envisagé par l’étude de
réhabilitation de la médina, de la stalle des poissonniers, du marché des
bouchers et des boutiques à fruits secs et à épices, de la place Sidi
Abdelwahab vers l’extérieur de la médina, n’aura L’ex-Bab pas d’effets
d’entraînements négatifs sur l’attractivité de la médina, car d’après les
Lakhmiss
 le plus
résultats des enquêtes visiteurs, cette place constitue le point
attractif. On se demande aussi sur l’élimination, envisagée, de la station
terminus des bus qui se trouve près de la place Sidi Abdelwahab, cette
question commence à faire ébullition au sein des habitants de plusieurs
quartiers et notamment des commerçant de la médina. Le principal axe
attractif est celui reliant l’ex-Bâb Lakhmis à Bâb Sidi Abdellouahab.
L’attractivité de
la médina n’est pas
seulement locale
mais régionale et
nationale voir même
continentale. Ce-
ci ne peut que
confirmer et
inciter à l’aménagement
de cet espace
traditionnel dont
le rôle économique et touristique ne peut que se promouvoir avec
l’opération de réhabilitation, bien entendu si cette dernière s’opère de
façon « correcte « c’est-à-dire en faisant du volet social ─ en plus du
volet technique, urbanistique et environnemental ─ une partie prenante
55
David MANGIN, Philippe PANERAI, Projet urbain, éd : parenthèse, collection eupalinos,
Marseille, 1999. p : 76

78
de cette opération afin d’insérer la population et d’intégrer la médina au
sein de l’agglomération entière.
Ainsi, pour induire un développement équitable et durable, les
experts internationaux plaident pour que les planificateurs et leurs
planifications, prennent en considération, en plus des critères
économiques, les facteurs physiques, sociaux et écologiques, et que la
planification régionale établi un lien entre les macro-décisions et les
projets locaux56 .
§5- Des exemples réussis de réhabilitation à suivre.
C’est à travers des séminaires qui avaient, aux yeux des co-
organisateurs, pour ambition de constituer un véritable laboratoire
d’intervention et de recherche-action en tablant sur des études de cas.
C’est aussi à travers des rencontres lors de visites de terrains ou sous
forme d’atelier de travail, que s’est fait montrée, la réussite de plusieurs
opérations de réhabilitations menées dans divers tissus anciens. Ces
études de cas, ont mis en exergue le succès de la politique de mise en
valeur et des effets d’entraînements positifs qu’elle induit dans les
espaces traditionnels.
En réalité, les séminaires et les diverses manifestations
culturelles ont pour objectifs de capitaliser et d’échanger des
expériences et des analyses en matières de réhabilitation et de
sauvegarde d’un riche patrimoine culturel de nos anciennes médinas.
Ce-ci, dans une perspective de recherche-action transdisciplinaire
menée en collaboration avec des réseaux associatifs, des universitaires
et des chercheurs en partenariat avec d’autres acteurs sociaux
concernés.
C’est à travers ces outils (séminaires, expositions, ateliers, etc.)
que le public, à l’échelle international, peut s’informer de ce qu’il
ignore. C’est dans cet objectif que la fondation ARCH (Art Restauration
for Cultural Héritage) à exposé des manuscrits musulmans anciens -
après avoir restaurer ces sublimes ouvrages – à Paris puis au muséum de
New York. Cette occasion a fait montrer la valeur philosophique
scientifique et éducative de tels ouvrages qui proviennent d’une partie
du monde qu’ils méconnaissent trop souvent.
Cela a permis de rétablir l’image de ce monde, d’informer le
public de ces aspects positifs, de montrer son côté sophistiqué et la
culture immense d’une civilisation, hélas, beaucoup ignorée57.
L’exposition de cas, qui ont permis d’arrêter la dégradation et
même d’inverser son processus, a poussé les responsables de faire de la
56
Abdelhadi RAOUNAK, « l’articulation entre l’A.T et la planification économique et sociale », in
l’A.T et développement durable quelles intermédiation. Op cit p 118
57
Mehdi de GRAINCOURT « les monuments doivent être restaurés dans leur intégrité » in revue
médina n°11 sept-oct 2001, p : 87.

79
question de la réhabilitation des médinas et des centres anciens une
place aussi bien dans la recherche urbaine que dans le discours officiel.
Elle les a poussé aussi de faire de la réhabilitation une action inscrite
dans un cadre structuré et réglementaire de la planification spatiale et de
la gestion urbaine.
Ainsi, pour le cas de la médina d’Oujda et après les interviews
réalisés auprès des différents intervenants, l’idée de la réhabilitation est
née, suivant les avis des différents acteurs, à partir de différents
horizons :
Pour le conseil de l’ex-commune Sidi Ziane et d’après les
déclarations du premier vice président, l’idée de réhabilitation de la
médina est née suite à une visite effectuée en 1995 à la médina de Taza,
où les élus ont été touchés et impressionnés par le travail de sauvegarde
du patrimoine monumental et d’amélioration de la qualité du cadre de
vie des habitants de la médina qui sans doute a des répercutions
positives sur le développement local.
Depuis, plusieurs réunions de réflexions sur la stratégie de
réhabilitation de la médina ont été organisées en collaboration avec les
différents acteurs urbains et qui ont aboutis en fin de compte à une étude
de faisabilité, réalisée par un bureau d’étude privé au compte de l’ANHI
dés l’année 1995. Ce travail a été soutenu par les hauts responsables de
l’Etat.
Cette étude a fait l’objet de plusieurs débats qui ont abouti à une
concertation entre les partenaires institutionnels, en amont, pour
déboucher en fin à une décision des responsables sur un programme
d’action touchant surtout les volets techniques et urbanistiques. Le
domaine social a été presque ignoré, c’est le cas de plusieurs études à
l’échelle nationale où l’idée de maîtrise d’ouvrage social et de
l’approche participative ne prenne pas la vraie dimension.
SECTION II : L’EXPERIENCE DE L’APPROCHE
PARTICIPATIVE
C’est dans le but de renforcer l’action des pouvoirs publics en
matière de lutte contre l’habitat insalubre, et d’impliquer la population
cible, les organismes non gouvernementaux et les opérateurs privés
dans la mise en œuvre des projets, afin de pouvoir atteindre les objectifs
sociaux et de mettre en places les outils d’accompagnement social des
projets qui assurent la réussite opérationnelle par l’implication des
citoyens dans toutes les phases des opérations, que la notion d’approche
participatif vient contribuer aux actions citées ci-dessus.
Ainsi, un intérêt particulier est accordé aux populations
concernées, dans les études, les montages et la réalisation des projets.
Les aspirations de ces populations sont des données de base pour

80
l’intervention des pouvoirs publics. Cette demande correspond à la
conviction que la participation, des citoyens dans la gestion locale et la
prise de décision, est primordiale pour la réussite des projets et
l’optimisation de leurs coûts économique et social.
Cette volonté de mise en œuvre de la politique de la maîtrise
sociale des projets, met aussi en relief le processus de démocratisation
participative et assure de plus grandes chances de réussite des
programmes de réhabilitation des tissus anciens et de résorption de
l’habitat insalubre. Cette politique a été expérimentée depuis plusieurs
décennies dans les pays développés, elle a connu beaucoup plus de
réussite et de succès que d’avortement.
§1- Genèse de la politique participative
1- Une expérience exemplaire à Porto Allegré
On peut démarrer la généalogie de la politique participative à
Porto Allegré aux années 70. Tout au long de cette décennie, des
associations de quartiers s’étaient constituées dans cette ville
industrielle au Brésil. Comme dans d’autres pays, ces comités de
quartiers menèrent tout d’abord des luttes locales sur les différents
sujets comme la distribution d’eau, l’assainissement, le transport en
commun, ou encore sur un projet d’équipement.
Au début des années 80 un tournant s’amorça, en effet, les
associations de quartier formèrent des coordinations tout d’abord à
l’échelle des arrondissements puis de l’agglomération. L’objectif était
double : il s’agissait non seulement de structurer le mouvement et de
grouper les forces, mais, aussi, d’un effort qualitatif visant à dépasser le
niveau local du quartier pour se donner les moyens d’intervenir au
niveau de l’agglomération.
Ainsi, des tensions entre mouvement associatif et pouvoir
communal se sont apparues plusieurs fois. Lors de la compagne
électorale, les comités de quartiers firent pression sur le candidat
socialiste pour qu’il s’engage à organiser un grand débat public sur les
questions d’investissements municipaux lorsqu’il serait élu.
La demande des comités est d’ouvrir la « boite noire » du
budget, là où l’argent public est affecté pour tel ou tel projet, là où se
décide les choix qui influeront sur l’organisation et la structuration de la
ville ainsi que sur la vie quotidienne des citoyens. En effet, pour que la
municipalité prenne réellement en considération l’avis des habitants, il
faut que le budget d’investissement et de fonctionnement soit élaboré et
approuvé par les habitants58.
En 1989, le parti des travailleurs (PT) mit en place des structures
permettant une certaine participation des habitants à l’élaboration du
58
Article de Paul BOINO, La démocratie participative, Fédération Anarchiste (Internet).

81
budget municipal. Le PT divisa la commune en 16 arrondissements,
dans chacun d’eux un forum fut institué afin que les habitants puissent
venir y présenter et y débattre de leur priorité en matière d’équipements
et besoins d’infrastructures.
Chaque arrondissement devait ainsi établir une liste de
revendications puis élire des délégués chargés de les porter dans une
instance générale : le conseil du Budget Participatif. Ce dernier ayant en
charge de préparer le budget d’investissement communal conjointement
avec les services techniques municipaux. Etant donné que ces derniers
sont dirigés par le conseil municipal, il s’en suit que c’est toujours le
conseil communal qui décida de l’architecture du budget
d’investissement et de la politique d’aménagement de la ville. D’où des
conflits qui éclatèrent de nouveau59.
Le PT accepta en effet de réformer totalement le processus
participatif et lui donner officiellement le pouvoir d’élaborer et de
décider du budget municipal tant en matière d’investissement que de
fonctionnement. Ainsi, la nouvelle organisation fait que des assemblées
générales doivent se tenir dans les différents quartiers de Porto Allègre
afin de définir une liste hiérarchisée d’investissement à réaliser dans
leur secteur. Elles nomment ensuite les délégués qui siègent dans les
seize forums d’arrondissement. Dans ces derniers les délégués des
différents quartiers ont en charge d’arbitrer entre les projets et définir
les priorités. Une fois la chose faite, ils doivent élire à leurs tours des
délégués qui iront participer au conseil d’agglomération.
Ce conseil a en charge d’harmoniser les différentes propositions,
d’arbitrer entre les projets et de définir les priorités d’investissement. En
théorie, c’est cette instance qui décide en premier et dernier ressort du
budget annuel d’investissement et à celui du fonctionnement de la
municipalité. C’est donc elle qui décide désormais pour la politique
d’aménagement et de gestion de la ville. Ces structures marchent très
bien surtout pour les plus démunis, qui ont trouvé là le moyen de
réorienter en leur faveur des ressources qui allaient traditionnellement
aux quartiers aisés60.
Les démarches et les objectifs de cette approche participative ne
diffèrent pas beaucoup de ceux vécus en France.
2- Cas des exemples Français :
A partir des années quatre vingt et afin de traiter les problèmes
que les quartiers d’habitat social hérités de l’urbanisation intensive et
d’urgence de l’après guerre, les pays d’Europe, notamment la France,
ont mis en place des politiques nationales pour remédier à ces
difficultés.
59
Article de Bernard CASSEN, paru dans Le monde diplomatique, Août, 1998, p : 3.
60
Bernard CASSEN, Op cit. p :3.

82
En effet, les quartiers en difficultés ont, peu à peu, concentré les
populations les plus pauvres et sont devenu les lieux d’exclusion sociale
et spatiale des grandes villes. C’est ainsi et pour relever ce défi, qu’une
politique spécifique dite en France politique de la ville est mise en
place. Elle vise à coordonner les politiques sectorielles notamment dans
le domaine de l’urbanisme, du logement, de l’environnement, du social,
de l’économique et à les adopter aux réalités de ses quartiers. En
collaborant ensemble, les pouvoirs publics nationaux, régionaux et
locaux mettent en œuvre cette politique en faveur des quartiers en
difficultés.
Aujourd’hui, la politique de la ville a pris une autre dimension
pour combattre l’exclusion générée et dispose de moyens renouvelés et
de dispositifs novateurs afin d’inscrire son action à l’échelle de
l’agglomération, et de transformer de manière durable la réalité des
quartiers en difficultés. Le gouvernement affirme sa politique, en ce qui
concerne la politique de la ville, essentiellement sur quatre thèmes :
- Emploi et développement économique.
- Éducation.
- Sécurité et prévention.
- Renouvellement urbain.
Quatre principes de base sont mis en place pour cette politique :
des territoires prioritaires d’interventions, un contrat entre l’Etat et les
collectivités locales, des projets intégrés pour le développement urbain
durable et surtout la participation des habitants au cœur des démarches.
C’est là une bonne expérience à en tirer énormément de profit,
en effet, afin de ne pas refaire « l’erreur » que ce pays, a commis en
construisant en masse des logements sociaux, et qu’il fallait démolir
après quelques décennies. Pour notre pays qui construit, actuellement,
chaque année plusieurs logements d’habitat social avec des normes,
beaucoup plus basses que celles de l’urbanisme intensif Français
d’autrefois, nous nous demandons sur l’ampleur des difficultés,
concernant l’état futur de ces constructions, qu’il aura à confronter dans
quelques décennies. Ainsi, nous incitons les promoteurs publics et
privés des logements sociaux à procéder à des normes de constructions
beaucoup plus élevées que celles mises en vigueur actuellement. Ces
logements sociaux si, actuellement et « heureusement », ils échappent
aux catastrophes naturelles, seront certainement la proie du temps.
a/ Exemple de Roubaix :
Roubaix située au nord de la métropole multipolaire de Lille,
est confrontée à une crise urbaine unique en France : disparition des

83
commerces, friches industrielles héritées de la mono industrie textile qui
prévalait au 19eme siècle et logements vides, notamment en centre ville.
La revalorisation de la ville a pour objectif de reconquérir
l’espace central, contribuer à l’intégration sociale et économique des
populations et développer de nouvelles activités économiques en
faisant intervenir les commerces et les investisseurs. Au plan de
l’urbanisme il s’agit de résorber l’habitat insalubre et les friches
industrielles, de créer des infrastructures d’accès à ces quartiers, de
réaliser des équipements et des services pour les habitants et de
réhabiliter le paysage.
Pour se faire et relever ce défi, l’Etat, la communauté urbaine de
Lille, les municipalités, la caisse de dépôt et consignations et la
compagnie métropolitaine de l’habitat (compagnie semi privé de
logement) lancent ensemble le Grand Projet de Ville. La région et les
grands programmes Européens Objectif 2 et URBAN ont apporté une
contribution financière à ce projet.
L’exécution du projet a entraîné la création d’activités dans une
logique d’économie solidaire et de développement local et participatif,
une intégration sociale et économique des populations qui se traduit par
des projets de quartiers, par un soutien aux initiatives des habitants, à la
vie collective et une meilleure prise en compte de la sécurité.
Les nouvelles activités économiques se sont développées et ont
entraîné la revalorisation générale des plus importants axes de
commerces ainsi que la création de sites d’activités pour les PMI-PME.
Les entreprises ont bénéficié d’une exonération fiscale par la réalisation
de zones franches urbaines, et procèdent à un recrutement prioritaire
parmi la population locale.
Les résultats d’une centaine d’opérations programmées entre
1997 et 2000, sont déjà palpables et le taux de chômage à Roubaix a
baissé. Ce GPV aurait pu être bloqué pour des raisons diverses, si une
méthode plus équilibrée entre l’urbain, le social et l’économique, entre
le long terme et la gestion du quotidien, associant d’avantage les
habitants, ne s’est pas mise en place61.
b/ A Mantes en Yvelines
Nous allons présenter quelques grands projets de villes parmi
plusieurs, pour montrer comment un territoire assure les conditions de
son développement en utilisant ses propres ressources et en faisant
participer les habitants dans le montage des projets sociaux.
Le véritable enjeu se situe, au niveau social. Sur plusieurs
quartiers ciblés par le GPV, nous prenons l’exemple du quartier Val
61
Intervention de M.Michel DAVID, professeur à l’université Marne La Vallée, responsable de
« ville renouvelée et culture » à Roubaix, le 02.05.03 lors de notre stage à Paris.

84
Fourré, qui est occupé à grande majorité par une population à difficultés
économiques et sociales. Le centre commercial « Mantes 2 » du Val
Fourré avait périclité, il a fallu restructurer l’espace au complet. Il a été
nécessaire pour désenclaver et d’ouvrir le centre commercial vers
l’extérieur du Val Fourré.
Les volumes vacants ont été achetés par la ville pour faire les
travaux et recommercialiser les boutiques, construire une mairie annexe,
un gymnase, des bureaux, un poste de police et un marché exotique qui
connaît un grand succès, draine une population venant de toute l’Ile de
France. Donc une opération d’aménagement de l’espace qui prend en
compte les volets : sportif, sécuritaire, économique, etc. Ainsi, il a été
enregistré le réenclenchement d’un processus économique très
dynamique.
Au Val Fourré comme sur les autres quartiers en difficultés, la
méthode de travailler et la même, il s’agit d’établir au départ un plan
guide, avec des perspectives d’ensemble, un schéma à moyen et long
terme avec des éléments structurants. Ensuite, un travail se fait sur
chaque quartier avec la participation des habitants, notamment par le
biais de centre sociaux actuellement mis en place.
Pour désenclaver le centre ville, des voies ont été crées pour le
relier à un autre quartier (Guassicourt). Sur chaque quartier on signale
un axe primaire, d’élargir les dimensions des trottoirs et de faire des
plantations. Les interventions passent ensuite par la réhabilitation du
bâti, la démolition, la reconstruction, la création de parking et la
redéfinition des espaces publics et privés.
D’une façon générale, le relogement constitue une grande
question à résoudre, des centaines de logements vont être démolis sur
une durée allant jusqu’à l’an 2006. Le deuxième enjeu est celui de la
réhabilitation, dont l’entretien constitue l’épine fondamentale. Le
dispositif législatif et le programme gouvernemental « solidarité et
renouvellement urbain » marquent une évolution dans ce sens : d’une
approche curative de réhabilitation à une échelle infra communale, on
passe à une nouvelle phase de remodelage et de recyclage de l’existant.
Ainsi, la création de l’Etablissement Publique d’Aménagement
du Mantois Seine Aval (EPAMSA), est dans l’intention d’encourager la
politique de développement social urbain, de restructuration,
d’aménagement liée au développement économique et urbain et
d’inciter à développer le savoir social.
A travers les quelques exemples cités, on peut dire que
l’ensemble des interventions de réhabilitation mises en oeuvre dans les
quartiers en crises, ont pour objectif l’amélioration du fonctionnement
de ces quartiers et de favoriser leurs insertions dans la ville.

85
En effet, il s’agit de renouveler durablement la physionomie des
quartiers en difficultés, par conséquent changer la vie des habitants en
mettant le projet urbain au service du projet social. Il s’agit également,
au travers des actions de réhabilitation et de revalorisation sociale, de
redonner une valeur économique à ces territoires.
Ainsi, le principe d’organisation de la population et de
l’implication des habitants est organisé par le contrat et les conventions
d’exécution. Le plus important dans le contenu de ces contrats est la
volonté politique d’assurer la participation et les moyens mis en œuvre
pour cela :
- Dialogue ouvert entre les divers acteurs.
- Participation au diagnostic et au débat.
- Participation au suivi, à l’évaluation et à la réalisation des opérations du
projet.
- Intégration autonome des habitants dans le contrat de ville.
Des espaces de débats et de négociations existent dans
différentes institutions locales et ouvertes à tous. Des dispositifs
d’initiations et de formations élémentaires – pour permettre, au citoyen
et élu, un apprentissage des fonctions institutionnelles et des
connaissances diverses pour exécuter une vraie participation et
citoyenneté – sont encouragés62.
Cette démarche de politique de maîtrise d’ouvrage, va connaître
des préoccupations de plusieurs pays en voies de développement,
notamment, le Maroc.
A travers ces exemples de la politique participative et de
maîtrise d’ouvrage social dans les pays développés, le Maroc,
particulièrement le SEH et vu l’insuffisance de la maîtrise
professionnelle dans la conduite des projets, opte pour le choix de cette
démarche correspondant à la conviction profonde de la participation de
la société civile dans la prise de décision et la gestion de ses affaires
locales pour la réussite des projets et pour la promotion du
développement socioéconomique et culturel
3- Cas du Maroc
En dépit des efforts réalisés dans le domaine de la lutte contre
l’habitat insalubre, ce phénomène ne cesse de s’accroître et de rendre
sordide l’aspect de nos villes et handicape leur développement. Ainsi,
sur la base des hautes directives de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, un
intérêt particulier est accordé aux populations concernées, dans toutes
les phases de réalisations des projets. Cette volonté de mise en œuvre de
62
Travaux sur site avec M. Bertrand LASSERRE, professeur à l’université Marne La Vallée, lors de
notre stage à Paris.

86
la maîtrise d’ouvrage sociale des projets a pour but d’assurer les plus
grandes chances de réussites et d’atténuer les risques d’effets négatifs
les plus dommageables.
Dans ce contexte le SEH a mis au point plusieurs dispositions et
programmes d’actions de résorption de l’habitat insalubre ainsi que des
projets de lois prévoyant des mesures d’accompagnements et outils qui
portent aussi bien sur le niveau foncier, fiscal, institutionnel et social.
En effet, le Maroc dispose actuellement d’une certaine expérience en la
matière, cependant, l’insuffisance en maîtrise professionnelle dans la
conduite des projets reste une pratique à améliorer davantage.
Ainsi, afin d’apporter un nouveau appui à cette politique, le
SEH est amené à mettre en place une nouvelle démarche qui s’appuie
sur la prise en considération des besoins et attentes des populations
cibles et la maîtrise du volet social. Cette démarche de démocratie
nécessite, pour une meilleure participation des citoyens dans le devenir
de leur ville, la création d’une institution administrative solide qui
définira les objectifs des interventions dans les projets urbains, mettra
en place les équipes de terrains qui accompagneront aussi bien les
opérations des projets que les populations. A son tour cette institution
nécessite des moyens humains qualifiés et des réformes à plusieurs
échelles.
Dans ce contexte de démarche participative une opération pilote
de réhabilitation est actuellement menée à la médina d’Oujda.
§2- le choix de la médina d’Oujda comme opération
pilote.
A ce sujet, nous mettons l’accent précisément sur l’avantage et
le rôle que joue la délégation Française des Pact-Arim en ce domaine de
MOS, l’intérêt qu’elle porte aux activités et démarche d’ingénierie
sociale, d’accompagnement social et d’assistance en amont aux
particuliers, ainsi que la gestion des logements d’insertion.
Dans cette objectif et dans le cadre de la réhabilitation de la
médina d’Oujda, le programme pré-établi par l’ANHI pour la visite de
la délégation Française Pact-Arim qui s’inscrit dans le cadre de la
coopération Franco-marocaine, à prévu une enquête ménage visant à
définir et à accueillir les principales données sociales sur cinq premiers
projets pilotes retenus dans le cadre général du programme de
réhabilitation.
Ce programme envisage la participation effective de la
population civile en tant que facteur essentiel à la réussite de tous projet
de réhabilitation et de lutte contre toutes sortes d’habitat insalubre qui
vise l’amélioration des conditions de vie des couches sociales à faibles

87
revenus et à sauvegarder le patrimoine historique et culturel de la ville
et des tissus anciens.
En effet, plusieurs contacts, dont le but est de tenir une réunion
dite de sensibilisation, ont été établis entre les différents acteurs urbains
en collaboration avec certaines associations culturelles, sportives et
professionnelles.
Lors de cette réunion de sensibilisation, les objectifs attendus de
la participation de tous les intervenants dans ce projet de réhabilitation,
ont été éclaircis. Une large explication de leurs rôles reportant sur la
sensibilisation des habitants ainsi que la proposition de la constitution
d’une association qui regroupe l’ensemble des associations présentes
ont été discutés, acceptés et retenus par l’ensemble des participants à la
réunion.
Suite à des réunions ultérieurs, il à été établi et approuvé le
statut de la dite association portant le nom de l’Association de
Réhabilitation de l’Ancienne Médina d’Oujda (ARAMO).
Malheureusement cette dernière n’a pas durée longtemps pour finir par
être dissoute.
Après avoir entretenu différentes interviews avec différentes
administrations, il s’est avéré que les objectifs des réunions citées ci-
dessus, dont la constitution d’une fédération des associations de la
médina en est un, n’ont pas été déterminés et tracés par les différents
acteurs concernés, ce-ci ne peut s’expliquer que par l’existence encore
du pouvoir hégémonique de certaines institutions et par l’absence de
communications et de collaborations entre les différents intervenants
dans ce projet de réhabilitation de la médina.
Le choix de celle-ci comme opération pilote est justifié par sa
taille et la diversité des problèmes y rencontrés. Les objectifs définit
avec l’ensemble des acteurs sont résumés en quatre points:
- Amélioration du cadre de vie des habitants.
- Mise en valeur et sauvegarde du patrimoine architectural et urbain de la
médina.
- Amélioration du fonctionnement général de la médina notamment la
circulation.
- Encouragement du développement économique.
Pour se faire, la collecte d’une série d’informations concernant
le site, a constitué une sorte de baromètre permettant d’entamer la
meilleure voie de déroulement du projet, « le baromètre doit constituer
un outil de communication attractif pour les acteurs et partenaires
locaux. En participant à un travail commun de pilotage et d’évaluation,

88
ils bénéficieront d’informations d’ensemble dont ils seront sans doute
très demandeurs »63.
Dans ce sens, un groupe de travail opérationnel constitué par :
l’ANHI, AUO, Commune, l’Inspection régional de l’aménagement du
territoire et de l’eau, DRH est mis en place. Ce groupe a procédé à
l’identification de 25 maisons tests (enquêtes techniques et sociales,
estimation globale des enveloppes financières sollicités auprès du SEH),
a précisé les montages financiers (équilibre entre l’apport des ménages
et la subvention du ministère de l’habitat et de l’urbanisme, voir
ultérieurement en détail) et l’articulation du projet habitat de la médina
avec d’autres projets en cours à l’intérieur de la médina.
Ce projet pilote qui envisage la participation effective de la
population à toutes les phases du projet, fera un point positif et une
méthode efficace d’intervenir sur la consolidation et la restauration des
habitations dans les tissus anciens.
SECTION III : METHODE D’INTERVENTION DANS LA
MEDINA
Ce qui est remarqué dans cette opération, est la diversité des
intervenants qui ont et devront ultérieurement, affronter des thèmes
étroitement liés à des objectifs d’aménagement urbain et de
revalorisation des édifices patrimoniaux.
L’analyse de certains problèmes actuels urgents a été abordée,
lors de l’étude de réhabilitation, telle que l’enquête états des habitations
qui constituent l’un des plus graves problèmes auxquels il faut donner
un grand intérêt. Ainsi, après une décision politique essentiellement
influencée par les hauts responsables et par le succès des projets de
réhabilitation des médinas exécutées ailleurs, il a été procédé après
concertation entre les différents acteurs, à la réalisation d’une étude de
faisabilité. Le volet social a été légèrement touché voire négligé.
L’étude a été essentiellement axée sur le volet technique.
Au départ, et suite aux propositions de la délégation Française
Pact-Arim, l’intention des pouvoirs publics et notamment l’ANHI, était
de faire participer la population à toutes les actions de l’opération de
réhabilitation à travers le biais des associations. Malheureusement,
après création de ces dernières, certaines se sont politisées et ont
commencé a entraver le déroulement des opérations de réhabilitation.
La transposition de conflits politiques aux seins des associations, a eu
des effets négatifs non seulement sur leurs activités et sur la cohésion
sociale, mais aussi sur le projet de réhabilitation.

63
Françoise LAOT et Michel ROUAH, Piloter le développement social : guide d’évaluation
dynamique et participative, éd : l’Harmattan, Paris, 1999, P : 54.

89
En effet, plusieurs associations, par manque d’information,
diffusaient des rumeurs que la délégation Française allait financer le
projet de rénovation des habitations et qu’elle allait attribuer par
délégation la gestion financière du projet à la fédération des associations
de la médina qui vient d’être crée, et qui aura une existence éphémère.
Ainsi, elles ont proposé à l’ANHI de déléguer à chacune d’elles une part
de la gestion financière. D’un autre côté, elles ont demandé aux
habitants de ne pas participer financièrement à la rénovation des
maisons, puisque le budget de cette action est à la charge des Pact-
Arim, chose qui n’était absolument pas vraie.
En effet, il appartient à la délégation des Pact-Arim d’organiser
et de mettre en œuvre la démarche et le processus d’élaboration, de
conduite du projet, ainsi que la compagne de sensibilisation et
d’information où elle doit intervenir. Ainsi elle devait organiser la
maîtrise d’ouvrage du projet, définir les modalités de la concertation
avec les habitants et les usagers des quartiers de la médina, pour assurer
une bonne information sur le projet, ouvrir les lieux de débats avec tous
les acteurs urbains afin d’être à l’écoute, et instituer le partenariat qui
implique nécessairement une synergie des intervenants et un travail
collectif.
Ce travail préalable de maîtrise d’ouvrage, d’éducation et de
réconciliation avec le lien social n’a pas été effectué. Ce « Silence
social »64 d’informer, de donner la parole à cette population sans voix,
et de trouver les moyens à mettre en œuvre pour y remédier, constitue le
point essentiel de l’indifférence des habitants vis à vis du projet.
Par la suite, les problèmes n’ont cessés de se créer, d’où le choix
des OST et les pouvoirs publics de laisser tomber l’intervention des
associations et d’abandonner l’idée de la fédération. Cette remarque
d’absence de sérieux pour certaines associations et élus, a été ressentie
lors de notre questionnaire effectué auprès de certaines d’entre elles.
Nous avons enregistré une sorte de conflit et de non collaboration entre
elles d’une part et entre elles et la population d’autre part. En effet, par
manque d’insouciance, aucune association ni élu ne nous ont dit même
pas un mot concernant le sujet de la sécurité qui constitue une véritable
obsession de la majorité des habitants, ce-ci montre bien le manque de
contact et de communication avec la population.
Or, la communication est une forme d’action, c’est le reflet de la
répartition des pouvoirs, des responsabilités politiques et de l’attention
porté aux citoyens. Elle a pour enjeux de transmettre et de faire partager
les valeurs et les objectifs des élus et des décideurs par une population
de plus en plus différenciée et clivée65. Elle sert à diffuser les symboles
64
Revue territoire, op. Cit, p : 16.
65
Maryse SOUCHARD et Stéphane WAHNICH, La communication politique locale, éd : Presses
universitaires de France, Paris 1995, p : 8.

90
qui articulent la vie collective, à favoriser l’émergence de nouvelles
homogénéités sociales, elle permet de mobiliser et d’impliquer
l’ensemble des acteurs - décideurs et citoyens - qui constituent le corps
social agissant sur un territoire collectif, de ce point de vue la
communication politique locale est facteur d’intégration et de
socialisation.
Il est aussi important, de signaler que d’après les enquêtes
effectuées en médina, 98% des ménages questionnés affirment qu’ils
n’ont pas été au courant du projet de réhabilitation. Aucune phase de
sensibilisation n’a été entamée au préalable.
Les habitants affirment aussi qu’ils n’ont pas été informés de la
date prévue pour le commencement des travaux de voirie et
d’assainissement. Cette dernière information aurait pu faire éviter
beaucoup de problèmes pour la population et pour l’entreprise retenue
pour l’exécution des travaux. La non information des habitants,
explique, en plus d’autres causes (locataires ayant d’autres priorités,
insolvabilités, etc.), leurs incapacités et refus, lors de l’enquête, de
participation financière à l’amélioration de leurs conditions de vie, le
refus de participation représente 79%, soit quatre personnes sur cinq.

Tableau n°8 : Les raisons du refus de la participation au projet.


Raisons du refus de proportions
participation
Non propriétaire 42 %
Insolvabilité 29 %
Ignorance du projet 16 %
Autres 13 %
Source : enquête personnelle

Nous pensons que l’ignorance du projet -même en proportion de


16%- est la principale cause de la non participation, c’est bien l’absence
d’information qui est responsable de cette non participation « la non
participation à une action collective peut s’expliquer par d’autres

91
raisons que la logique de l’intérêt qui est censée guider la conduite de
l’individu Olsonien»66.
En effet, les habitants sont l’acteur le mieux placé pour établir
ses priorités et les aménagements souhaitables. D’où le grand intérêt de
les inviter à participer à leur réalisation et de prendre part à l’exercice de
leur citoyenneté et leur responsabilité dans la gestion des deniers
publics.
Ainsi, le processus de consultation de la population concernée à
pour but d’expliquer et d’éclaircir les objectifs du projet aux habitants,
et d’aider les décideurs locaux à prendre la bonne décision. Soumettre le
projet à la consultation, à l’écoute des différents points de vues émis,
afin d’en tirer une synthèse. Ces échanges entre les différents acteurs
définissent la démocratie participative.
Pour tous projet, l’enjeu préjudiciel est de disposer de méthodes
aptes à permettre aux responsables d’accéder aux opinions et aux
représentations des citoyens et de les relier à l’action c’est-à-dire au
projet d’aménagement. Cette première étape de consultation
participative des habitants est très importante mais nécessite un travail
de longue haleine, « la participation des habitants apparaît
aujourd’hui comme l’un des fondements de la politique de la ville. C’est
avec la question des outils de la participation que les difficultés
surgissent. Si chacun admet que la participation est un élément
fondamental du développement, ses conditions restent difficiles à
cerner »67.
Pour garantir la participation des habitants, il fallait avant
d’entamer toute action du projet, procéder à la phase de consultation et
de sensibilisation qui devait faire l’objet d’un travail de formation,
d’information, de dialogue et d’assistance essentiellement celle des
citoyens, condition primordiale et nécessaire pour le succès du projet.
Le dialogue et l’échange d’idées avec les habitants de la médina dans
laquelle s’opère le projet constituent un cadre et un esprit d’animation
qui permet une meilleure compréhension des enjeux existants et des
politiques à engager par les pouvoirs publics en matière de
réhabilitation. Autrement, mettre l’accent sur l’importance, pour tous et
pour chacun, de bien comprendre et connaître le projet à soumettre à la
consultation.
En outre, il faut aussi amplifier les efforts pour que la période
d’information soit le plus efficace possible et que, les habitants seront
largement sensibilisés à l’existence du projet par le biais de différents
outils locaux. En effet, les interrogations et la consultation des
66
Patrice MANN, l’action collective : mobilisation et organisation des minorités actives, éd :
Armond colin, Paris, 1991, p : 119.
67
Laurence DE CARLO, Gestion de la ville et démocratie locale, éd : L’HARMATTAN, Paris,
1996. p : 9.

92
habitants, usagers quotidiens et familiers de ses tissus anciens,
pourraient fournir de nouvelles perspectives de réflexions et d’actions.
Les associer au projet favorise leur mobilisation et leur coopération.
Cette étape capitale négligée par les intervenants et les
responsables du projet de réhabilitation, aura certainement des effets et
retombées négatifs sur la réussite et le maintien durable des opérations
réalisées et à réaliser. Ainsi, et d’après le questionnaire effectué auprès
de la population, nous avons constaté et avec conviction un
désintéressement total de la majorité des habitants envers le projet,
notamment les locataires. Les critiques des habitants partent d’un point
de vue concret : « les habitants du quartier concerné par un projet
déclarent ne pas vouloir admettre que les décisions qui ont une
influence directe sur leur cadre de vie puissent être prises par des
« ils » lointains et inaccessibles, sans que l’on songe à leur demander
leurs avis »68. Ces réactions ne semblent pas favoriser l’arrêt du
phénomène de dégradation de la médina et d’enclencher le processus
inverse.
D’autre part, nous avons enregistré une faible communication
entre les différents acteurs urbains qui agissent dans cette opération.
Ainsi, le devenir de la médina dépend en grande partie et sans doute de
la capacité des habitants à entreprendre des réhabilitations légères qui
peuvent effectivement bénéficier des opérations réalisées par les
organismes publics et de leurs effets d’entraînements. Ce-ci devrait être,
malheureusement, précédé d’une phase de sensibilisation, information
et formation des habitants.
En général, la méthodologie de réhabilitation, se limite au côté
technique et au champ étroit de la préservation du tissu urbain
uniquement dans un souci historique et culturel. La démarche présentée
relève d’une approche curative de la médina et non d’une gestion qui
fait intégrer la population au projet et la citée au sein de
l’agglomération. Elle ne relève pas, au sens large, des démarches de
développement social et économique qui sont à investir localement.
Son action visant en profondeur la sensibilisation, formation,
redynamisation et “ réhabilitation des habitants”, dans le but de garantir
une meilleure cohérence en aménagement, était mal entamée sinon
absente. Nous avons vu à travers l’exploitation des différents outils de
travail, que la participation ascendante émanant du bas en tant que
manières de travailler et de gérer les projets, reste encore sous forme de
discours non concret.
Comment les structures support de cet apprentissage social, ainsi
que les méthodes déployées pour les mettre en place pourront se

68
Jean Paul LACAZE, op cit, p : 55.

93
construire sur un territoire ? Cette question fera une des préoccupations
de la deuxième partie de ce travail.

94
TROISIEME CHAPITRE
LES ACTIONS ET LES ACTEURS DE LA
REHABILITATION

95
En vue d’améliorer la situation de l’environnement de la médina
d’Oujda une étude a été menée en collaboration entre les différents
acteurs de la ville. Elle a touché des aspects en liaison directe avec les
tissus anciens. L’élaboration de cette étude a, en générale, profité de
l’avantage du suivi et de la participation de l’ensemble des partenaires à
ce projet tels que la l’AUO, l’ANHI, la DRH, la commune, la Wilaya,
la fondation moulay Slimane69, l’ONG Africa70 et le privé.
Le projet de réhabilitation regroupe un ensemble d’actions
réparties dans le temps et dans l’espace dont certaines revêtent un
caractère de priorité et qui ont été achevées, c’est le cas du revêtement
des voiries, de la réfection du réseau d’assainissement, du pavage du
principal axe commercial de certains trottoirs et de la place de l’école
Sidi Ziane, parmi les premières écoles moderne au Maroc, construite
par les colons en 1919. Le déblaiement ou aménagement des ruines
n’est pas encore entamé, il est prévu à la charge de la commune.
D’autres actions, revêtent un caractère essentiel, sont
programmées à court et à moyen terme, visent à arrêter la dégradation et
revaloriser les tissus anciens, c’est le cas du désenclavement de la
médina, l’aménagement de places et de complexes commerciaux,
restauration de l’habitat, etc.
Le meilleur processus pour réussir ce projet et celui qui intègre
globalement tous les acteurs et leurs motivations plus que celui qui
garantit le respect des objectifs prédéterminés « la mise en place d’un
dispositif global de conduite du projet est essentielle au bon
déroulement et la bonne fin d’un projet complexe et demande un soin
particulier »70.
Ce-ci est d’autant plus vrai pour la réhabilitation de la médina
d’Oujda où le système d’acteurs impliqués est le support de réseaux
d’intérêt non forcement convergent dont il faut assurer la cohérence. Ce
point fait de la réhabilitation une tache difficile qui exige la
collaboration des différents acteurs et services urbains, le partenariat, le
respect d’une programmation minutieuse, la coordination entre les
différentes opérations et en premier point la définition des parts
revenant aux habitants, aux quartiers, à la commune, à l’Etat et
éventuellement aux privés et aux organismes internationaux.
Signalons que, compte tenu du faible niveau socio-économique
des habitants de la médina d’Oujda, les opérations d’équipements et
d’infrastructures sont relayés à l’Etat, alors que certaines actions sont à
la charge de la commune et, dans le cadre de partenariat, à des
69
La Fondation moulay slimane pour la réhabilitation du patrimoine de la ville d’Oujda et de la
région de l’oriental à but scientifique culturel et social est constituée le 27-12-97.
70
Ministère de l’équipement, des transports et du logement, ministère de la culture et de la
communication, agence nationale pour l’amélioration de l’habitat, op. cit, p : 37.

96
organismes nationaux (ANDRN) ou internationaux (l’ONG Africa70, la
délégation Française des Pact-Arim et la fondation moulay slimane).
Pour mener à bien ce projet, ces acteurs doivent dans leurs interventions
donner priorité à toute action qui tient compte des besoins prioritaires en
équipements de la médina et des besoins de la population.
SECTION I : LES BESOINS DE LA MEDINA.
Partant de la réalité vécue en médina et des constats de
dégradations qui touchent à la fois, l’aspect d’une dégradation physique
que celui d’une dégénérescence fonctionnelle, nous aboutissons à la
prise de conscience d’une nécessité de sa réhabilitation de façon urgente
afin d’éviter l’irréversibilité du processus de détérioration générale.
Ainsi, a cause de cette dégradation et d’après les enquêtes faites
en médina nous avons remarqué que beaucoup d’habitants de la médina
refusent d’y continuer a vivre, ils sont obligés d’y rester par manque de
moyens. Rester ou quitter la médina dépend de leurs situations
pécuniaires, disent la plus part d’entre eux..
La détérioration généralisée de la médina est accompagnée
d’une diminution du degré d’entretien et d’équipement de la part de
l’administration par ses pratiques discriminatoires, envers ces lieux
marginalisés et délaissés, qui ne font qu’amplifier les besoins tant en
infra qu’en suprastructures de la vieille cité.
§1 - les insuffisances en infrastructures
L’équipement en infrastructure de base des quartiers de
l’ancienne médina, fait appel aux différents réseaux qui regroupent : la
voirie, l’assainissement, l’adduction en eau potable, la distribution
d’électricité et l’éclairage public. Ces réseaux étaient en général très
usés, soufraient de déficiences techniques et de manque d’entretien
quand t-ils existent.
Cet état vétuste des réseaux participe énormément à la
dévalorisation du bâti et porte atteinte à l’environnement naturel et à la
qualité du cadre de vie intra-muros.
En effet, la dégradation du réseau d’assainissement cause la
fuites des eaux usées qui se manifestent par l’humidité sur les murs, et
encore plus graves ces fuites contaminent les eaux potables quand les
conduites de ces dernières sont elles aussi dégradées. Ce-ci constitue un
grand risque pour la santé des habitants. Parfois, ce réseau
d’assainissement passe sous les habitations et reste mal connu dans
certaines zones.
Le réseau de voirie était formé de ruelles étroites généralement
en état de pistes, celles revêtues étaient en mauvais état. Pendant la
saison hivernale les boues gênent la circulation d’une part et sont

97
emportées par les eaux de ruissellements dans les égouts d’autre part, ce
qui provoque un colmatage de ces derniers, par conséquent la réputation
de mauvaises odeurs dans certaines habitations.
Quand au réseau d’électricité nous avons remarqué une
disposition des lignes électriques sur toutes les façades des maisons.
Quelques anarchies dues à l’étroitesse des ruelles qui imposent des
contraintes techniques et aux ruines qui portent atteinte à ces lignes.
L’éclairage public est insuffisant et ne couvre pas la totalité de la
médina, les rues sont dotées de lampadaires parfois défectueux.
L’obscurité dans certaines ruelles a été remarquée lors de nos enquêtes
sur terrain.
Les besoins d’équipements en infrastructures de la médina n’ont
fait qu’aggraver la situation en péril de celle-ci. Ainsi, le projet de
réhabilitation de la médina a fait, de la rénovation de quelques tronçons
du réseau d’assainissement et de voirie, une action prioritaire.

Tableau n°9: branchements des ménages aux différents réseaux :

Nombre de ménages en médina 1734


Nombre de clients branchés à 1224
l’eau potable Source :
données collectées
auprès des Nombre de clients branchés au 3299
réseau d’électricité
Nombre de clients branchés aux 326
lignes téléphoniques
administrations concernées

Le nombre élevé de branchement, supérieur à celui des


ménages, au réseau électrique s’explique par le nombre important de
locaux de diverses activités commerciales branchés à se réseau et non
branchés à celui de l’eau potable. Le fait que le nombre de clients
branchés à l’eau potable soit inférieur au nombre de ménages

98
correspond au fait que certains clients sont composés de plusieurs
ménages en cohabitation. De même les 326 branchements au téléphone
sont surtout des locaux de commerce, rare sont les habitations qui sont
branchées aux lignes téléphoniques.
En plus de l’état lamentable des infrastructures, vient s’ajouter
une grande insuffisance en suprastructures.
§2 - Vétustés et insuffisances en SUPRA -
STRUCTURES.
En portant le regard sur les immeubles et les édifices de la
médina, ceux-ci présentent des signes de dégradations manifestés soit
par manque d’entretien soit par vieillesse des matériaux de construction.
Certains édifices ou immeubles forment à l’intérieure de la médina de
véritables taches sombres.
Cependant, la médina renferme un certain nombre d’édifices
historiques de grande importance qui méritent d’être mis en valeur. En
effet, divers lieux de culte et d’équipement sociaux tels que la mosquée
Jamaâ Lakbir, les hammams, les fours, les msids, les zaouïas, musées,
etc. nécessitent une restauration dans le court terme. Les murailles et les
portes de la médina forment sa façade, l’intérêt à leurs porter doit être
particulier et urgent.

Dégradation
presque
irréversible de la
muraille à
l’intérieur du
parc
ethnographique
Lalla Méryem.

D’autre part, nous attirons l’attention des responsables que lors


de notre enquête, la plus part des habitants ont revendiqués, la question
préjudicielle de construire un centre de santé et un poste de police à

99
l’intérieur de la médina, la création d’une maison de jeunes et d’un
foyer féminin sont également tant souhaités par la population.
La création d’un équipement collectif comme réponse à la
demande explicite de la population permettra l’instauration d’un lieu de
socialisation, le renforcement de la valorisation du quartier où
l’équipement est implanté ainsi que son ouverture aux autres quartiers.
Il s’avère qu’il est important que les habitants s’approprient
l’équipement afin qu’il se transforme en un lieu de socialisation, c’est le
cas du complexe culturel construit par la fondation moulay Slimane.
Son intégration est primordiale, si non il devient un lieu isolé dans un
espace qui l’ignore, « Or, parce qu’un équipement induit une pratique,
il exclu d’emblée ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette pratique
et, plutôt que de socialiser, il différencie »71.
Les réponses à la question : avez-vous exprimer vos besoins
auparavant, montrent que la plus part des habitants sont restés inactifs
face aux problèmes rencontrés dans leurs vie quotidienne. Ils subissent
passivement la logique du pouvoir et se sentent impuissants
politiquement. Comme, ils disent : nous sommes “simples”, sous
estimés et nous ne pouvons rien faire.
Ainsi, nous avons enregistré que 18% seulement de la
population ont exprimé leurs besoins auprès des différents services. Sur
les 18 %, 3 % l’ont exprimé individuellement et 97 % collectivement.
Toutes ces expressions sont en général verbales. Concernant celles
exprimés au niveau de l’arrondissement le Qaid les recevait directement
en personne. Alors qu’au niveau de la commune se sont les élus qui
recevaient les citoyens et non pas le président ce dernier a d’autres
préoccupations, cependant, ils ne sont parfois reçus par personne.

Tableau 10 : les différentes échelles d’expressions des besoins des


habitants :
Lieux d’expression du Proportions
besoin
L’arrondissement 58 %
La commune 34 %
L’association 1%
L’élu 5%
Le commissariat de police 2%
Source : enquête personnelle

71
Maryse SOUCHARD et Stéphane WAHNICH, op cit, p : 56.

100
La manière dont les différents services cités dans le tableau 10,
prennent au sérieux et traitent les plaintes et les besoins des habitants,
aussi bien à propos des grands problèmes locaux qu’à propos de petites
questions de la vie quotidienne, n’est pas révélatrice d’un esprit plus
ouvert à la démocratie ni des attentes de la réforme des rapports
administration/administré. Les résultats des expressions des habitants,
envers cette question, sont lisibles dans le tableau suivant :

Tableau n°11 : degré de satisfaction des habitants lors de l’expression


de leurs besoins.
résultat insatisfait Peu satisfait Satisfait

proportion 77 % 21 % 2%

Source : enquête personnelle

Dans se sens, nous citons les réclamations faites par les


habitants de plusieurs quartiers de la villes ainsi que les commerçants de
la médina, concernant le déplacement de la station terminus des
transport en commun qui se situe à la place Bab Sidi Abdelwahab. En
effet, elles ont reçues une bonne écoute de la part de l’autorité locale qui
a promis de rendre les choses à leur état initiales.
Ce qui est à noter, c’est que lors de la réalisation des enquêtes
avec les habitants, au début ils refusaient de répondre en nous
confondant à des gens qui veulent préparer aux élections, ainsi ils nous
confirmaient de boycotter les élections. En effet les élus leurs ont
promis beaucoup, mais la plus part d’entre eux ne se voit plus dans les

101
quartiers. Effectivement, une abstention électorale, le mois de
septembre 2003, a été enregistrée. Ce-ci nécessite une réconciliation de
la politique avec les citoyens afin de réduire de l’augmentation de
l’apolitisme et de l’antipolitisme72, qui ne favorisent guerre l’intérêt
collectif de la société civile.
Lors de notre interview avec le représentant du Kaid du premier
arrondissement urbain, les expressions des besoins des habitants au sein
de cette institution, ont été confirmées par ce représentant. Par contre,
au niveau de la commune le vise président a démenti les aveux des
habitants et a expliqué ceci par le fait que les habitants revendicateurs
sont tellement nombreux que le temps réservé à leur réception est
insuffisant et qu’il était impossible de recevoir tous les revendicateurs.
Concernant toujours la question de la gestion urbaine, et ayant
posé la question de marginalisation de la médina, au premier vice-
président, les réponses se résument en trois points :
- La marginalisation résulte du cumul de tous les conseils précédents.
- Les planificateurs non jamais donnés d’importance à cette entité.
- L’aménagement de la médina est terrible alors que les moyens de la
commune sont limités.
Les aspirations des habitants traduisent aussi le grand manque
en équipements socioculturels aux seins des différents quartiers de la
médina, à l’exception de la kasbah.
§3 - Les aspirations des habitants de la médina.
L’objet de cette question est la mise en œuvre de la perception
en matière d’aménagement de la médina par ces habitants. Cette
perception permettra d’identifier, à travers les besoins de ceux-ci,
l’origine de leurs problèmes et de réfléchir à travers leurs aspirations
aux priorités à entreprendre lors des interventions, et aux solutions
pouvant être réalisées aussi bien par les pouvoirs publics et la commune
que par les opérateurs privés et non institutionnels.
Ainsi, l’aménagement de la médina doit répondre à un besoin
social et faire d’elle un espace capable de remplir des fonctions urbaines
saines, adaptées aux temps nouveaux et aux aspirations des populations
d’aujourd’hui et de demain73. En outre, l’aménagement doit développer
aussi le savoir être et faire social.
Suites aux résultats des enquêtes, nous pouvons classer les
aspirations de la population en deux grandes catégories. Les premières
sont liées aux équipements, les secondes sont relatives à la conception

72
Délégation interministérielle à la ville et association pour la démocratie et l’éducation locale et
sociale, les habitants dans la décision locale, revue territoire, n° 399, Paris, sept_octo, 1999. p : 22
73
Paru dans le journal Libération du : 19/07/02, rubrique Forum, p : 2

102
de la vie, religieuse et traditionnelle des habitants, qui est même liée à
leurs rapports de voisinage.
Concernant les premiers c’est-à-dire les équipements, nous
citons que la plus part des habitants : 31%, réclament un centre de santé
en plein centre de la médina, ce-ci vu l’impossibilité d’accès des
véhicules pour venir au secours des habitants à l’intérieur de la majorité
des quartiers. Nombreuses sont les femmes qui ont eu de graves
problèmes la nuit, pendant leurs accouchements.
En second point vient le souhait de créer un poste de police
également en plein centre de la médina afin de mettre fin aux agressions
portées aux habitants qui sont obligés de rester chez eux très tôt le soir,
et privés d’aller à la mosquée faire la prière matinale, ce-ci d’une part,
et d’atténuer du fléau de trafic de drogue et de la prostitution d’autre
part. Pour certains l’obscurité dans les rues est la source d’insécurité.
En posant cette question de manque d’éclairage public dans
certaines rues de la médina aux responsables de la commune, ils
affirment que les lampadaires sont chaque fois renouvelés par le service
concerné, alors que certains malfaiteurs de la médina les endommagent
exprès. A cette occasion, Les responsables communaux confirment eux
aussi la nécessité de création d’un poste de police à l’intérieur de la
médina.
Les aspirations des jeunes (étudiants ou non) expriment le refus,
non seulement, de l’état de leurs quartiers et par conséquent de leurs
« espaces vécus ou local »74 mais aussi l’état de leurs espaces familiaux.
En effet, du fait des effets pervers de la cohabitation, ils n’arrivent pas à
rester chez eux, par conséquent, ils sont obligés d’aller, pour certains, à
un cybercafé, pour d’autres à un café ou chez un ami possédant une
antenne parabolique pour se songer à un monde virtuel, pour d’autres la
solution c’est la délinquance juvénile.
Concernant toujours les jeunes75 nous signalons la réclamation,
par cette tranche de la population, de maisons de jeunes, où ils peuvent
remplir leur temps libre par des actions instructives, des jeux, des débats
et échanges d’idées. Certains réclament des salles de sports d’autres la
création d’espaces récréatifs et de repos ou des petits projets privés
créateurs d’emplois.

Tableau n°12 reflétant les aspirations des jeunes de la médina :


74
Cours de Géographie économique, 1ere année INAU.
75
Rencontre avec les jeunes plus exploitation des enquêtes ménages concernant uniquement la
tranche d’age [18-30].

103
Aspirations Pourcentage
Projet créateur d’emploi 23
Espace de repos 21
Maison de jeune 28
Salle ou terrain de sport 15
Poste de police 9
*Autres 4
Source : enquête personnelle.
(*Autres = cabine téléphonique publique, cinéma centre de santé, école,
etc.)
Les gens âgés ont, en général, tendance à exprimer leurs
aspirations avec ardeur, et un désir pesant de se libérer de leur mode
d’habiter encombré de problèmes de cohabitation et du bâti dégradé, le
manque de revêtement pour certaines ruelles et surtout la question des
rapports de voisinages déstabilisés par une population allochtone,
notamment les célibataires du sexe masculin et/ou féminin, ainsi que la
question de la santé et de la sécurité. Les seules satisfactions signalées
par tous les habitants sont le bon service de collecte des déchets
ménagers, concédé par la commune à une société privée étrangère, et
l’aménagement de la place et jardin bab El Gharbi.
En abordant la question de l’aptitude des habitants envers leurs
affections et attachements de résidence en médina, nous avons soulignés
que seulement 32% souhaitent vouloir continuer à y résider. Cette
portion est beaucoup plus élevée dans le quartier de la kasbah où
certaines familles propriétaires se sont habitués à un mode de vie et ont
nouées et tissées de bonnes relations de voisinage avec tous les voisins.
Ainsi, elles ne désirent absolument pas quitter ce quartier de la médina.
Le calme, la centralité, l’ambiance de voisinage et de proximité les
flattent beaucoup.
68% des habitants prétendent vouloir quitter les quartiers de la
médina pour des raisons d’insécurité, de la prolifération de la
prostitution qui porte atteinte aux familles surtout conservatrices, de
manque d’équipements socioculturels et des problèmes de dégradations
de tout l’environnement de la médina. Malgré cette diversité de
problèmes, tous les citoyens enquêtés ne sont ni adhérents dans des
associations ni, à quelques exceptions, entretiennent de relations avec
celles-ci. Ils n’ont pas confiance aux associations de la médina. Ils les
accusent même d’assemblement de personnes qui ne cherchent que
leurs intérêts et profits personnels ainsi que ceux de leurs proches
familles.
concernant l’attachement des habitants envers leurs
environnement, nous signalons que 79% sont incapables de payer pour
une amélioration de la qualité de leur cadre de vie, notamment les

104
locataires, et comptent sur les collectivités locales pour faire cet
aménagement.
Tableau n°13 : Les aspirations de la population de la médina.

Maison de jeune et foyer


Terrain ou Salle de

Eclairage public
Centre de santé

Poste de police
Aspirations

Espaces verts
féminin

autres
voirie
sport

total
Masculin % 4 3 2 1 5 6 1 2 1
4 32 27 10 5 6 14 2 100
Féminin % 0 3 3 1 9 1 1 0 1
0 30 33 13 9 14 1 0 100
Moyenne % 2 3 3 1 7 1 7 1 1
2 31 30 11.5 7 10 7.5 1 100

Source : enquête personnelle

Les actions de réhabilitation ont, en générale, un aspect


technique et urbanistique dont le but et de renforcer l’infrastructure et le
cadre bâti, alors que les besoins exprimés par la population ont un
caractère socioculturel et sécuritaire, d’où la non prise en compte des
besoins des habitants. Ainsi se montre la non concertation avec les
habitants et la négligence de son rôle dans l’élaboration des projets. En
effet, les responsables ne disposent pas d’une suffisance en maîtrise
professionnelle dans la conduite des projets, des mesures
d’accompagnements et d’outils qui portent sur le volet social.
En fin, nous souhaitons que ces aspirations seront prise en
compte et programmées comme actions prioritaires et indispensables au
développement socioculturel de la cité ancienne lors de ce projet de
réhabilitation.

105
SECTION II : LES ACTIONS DE LA REHABILITATION ET
LEURS OBJECTIFS.
La réhabilitation de la médina est une tache très complexe pleine
de risques. Elle repose surtout sur l’objectif fondamental tendant à
rendre la médina viable pour ses habitants, dans des conditions des
exigences contemporaine. Cela nécessite des actions permettant en plus
de l’amélioration de la qualité du cadre de vie intra-muros, une
intégration de la médina au sein de la ville, et une adhésion des
habitants au projet.
D’un autre côté, la réhabilitation nécessite des actions de
concertations et de coopérations très étroites entre tous les acteurs
urbains, privés et publics, locaux ou nationaux et une clarification des
taches à assumer par chacun des acteurs concernés par l’opération
d’aménagement, c’est « la voie de l’intelligence collective »76.
§1-L’identification des projets de réhabilitation et
leurs mode de financement.
Après une étude détaillée et exhaustive du tissu ancien de
l’ancienne médina d’Oujda, un ensemble de projet a été identifié et
programmé selon des opérations à exécuter dans le court et le moyen
terme.
Certains projets revêtent un caractère de priorité et d’urgence,
sont déjà exécutés, d’autres seront entamés très prochainement.
A / Projets prioritaires.
• La réfection du réseau d’assainissement.
Vu les effets pervers du mauvais fonctionnement et de l’usure
de ce réseau sur le cadre bâti, la santé des habitants et l’environnement
de la médina, en général, sa réfection revêt une urgence particulière qui
doit précéder toutes les autres actions programmées.
Une étude de diagnostic de l’état des conduites et des bassins
versants a été menée par le bureau d’étude retenu par l’ ANHI
conjointement avec les services concernés de l’ex commune urbaine de
Sidi Ziane et de la RADEEO. Elle a permis de dégager les tronçons qui
doivent être renouvelés, ceux qui nécessitent un simple curage et ceux
qui nécessitent la construction d’ouvrages tels que les regards.
La réalisation de ce projet est confiée à l’ANHI. Actuellement,
les travaux de ce réseau sont achevés, et le montant d’exécution,
subventionné par le SEH, est de 3.071.557,00 Dhs.

76
Marie Laure BEAUFILS, Yves JANVIER et Josée LANDRIEU, op cit, p : 6.

106
PLAN DES TRAVAUX D'ASSAINISSEMENT
N

W E

Légende
Réseau principal.shp
Rénovation
curage
Voirie

Source: élaboration personnelle ( données BET)

A gauche travaux de rénovation des conduites d’assainissement, à droite leurs


curage

• Le Revêtement et pavage des ruelles et des


places.
En ce qui concerne le réseau de voirie, le projet a prévu le
bétonnage de certaines voies résidentielles, le pavage du principal axe
commercial (rue El Mazouzi), de certaines places de l’axe reliant Bab
El Gharbi à la mosquée Jamâa Lakbir. L’exécution et le financement du
projet etaient à la charge de l’ANHI. Ces travaux sont achevés et le
montant de la réalisation est de 2.751.529,00 Dhs.
Le délai d’exécution de ces deux actions complémentaires, de
voirie et d’assainissement, a connu un retard de quatre mois suite à une
résiliation du marché avec le premier bureau d’étude adjudicataire. En
effet, ce dernier ne procédait pas aux suivis des travaux du chantier.

107
Pavage de la rue
El Mazouzi. Photo
prise le Vendredi,
les boutiques sont
fermées et la rue
est dégagée.

Nature des travaux de voirie. N

Légende

Carrelage.shp
LA muraille de la médina
Pavage de la voie
Pavage des trottoirs
Espace vert.
Iilot de constructions.
Source: Dessin personnelle ( collecte de données sur terrain)

- Le déblaiement et aménagement des ruines


Une multitude de ruines constituent de véritables points noirs à
l’intérieur de la médina. Ils se transforment en dépotoirs de toutes sortes
de déchets qui nuisent à la santé des habitants et à l’environnement da la
médina.

108
L’abondance des ruines
porte atteinte à
l’environnement

.
Les espaces à déblayer seront aménagés en placettes et en
jardins. Cette opération était à la charge de l’ex-commune urbaine de
Sidi Ziane, actuellement à la charge de la commune urbaine d’Oujda,
qui se charge aussi de l’assainissement de la situation foncière de ses
ruines ainsi que des litiges qui peuvent résulter de cette opération. La
subvention du SEH pour cette action est de 1.420.000,00 Dhs.
Le coût global, estimé, de ces projets prioritaires est estimé à
13.5 millions de dirhams, la subvention allouées par le budget général
de l’Etat à ces projets prioritaires n’est pas suffisante, ainsi se coût sera
complété par la commune. Cependant, après entretien avec certains
élus (concernant le commencement de cette action), ils affirment que
cette tache n’est, absolument, pas à la portée de la commune.
B / autres projets de réhabilitation de la médina à
court et moyen terme.
Cette tranche du projet a pour but notamment la protection et la
restauration du patrimoine historique, la restauration du cadre bâti, le
développement de l’activité touristique et la mise en valeur de l’espace
traditionnel de la ville.
• L’aménagement de la place Bab El Gharbi intra
muros:
A l’intra-muros et juste derrière Bab El Gharbi se trouvent
plusieurs bâtiments et constructions vétustes, en ruines ou fermées.

L’emplacement,
à gauche de la
photo, de
l’ancien cinéma
à l’intérieur de la
médina

109
Le projet vise une dédensification de cet espace, c’est une action
qui va aérer la trame urbaine de la vielle médina et produira un espace
d’attraction et de repos.
Ainsi, cette opération propose d’acquérir les constructions en
question à l’amiable ou par voie d’expropriation et de démolir toutes les
constructions de ce site afin de l’aménager en parc de la médina.
D’autres placettes seront aménagées en petits espaces verts.
Le coût global de ce projet est estimé à 2.41 millions de
dirhams, la subvention allouée par le budget de l’Etat est de 2.41
millions de dirhams. La réalisation de cet aménagement sera confiée à
l’ANHI.

Place et jardin Bab


El Gharbi aménagée
par la commune

• L’ouverture de nouvelles voies.


Dans un objectif de faciliter l’accès au centre ancien de la ville,
des voies doivent être aménagées, d’autres élargies et des voies
nouvelles doivent être crées, afin d’atténuer de l’isolement de certains
quartiers et les relier à d’autres. Ces actions devront alléger la charge et
le flux de la circulation piétonne importante exercée sur les principaux
axes. Cette opération est à la charge de la commune.
Ce projet d’ouverture des voies constitue une action très
complexe et nécessite une phase de consultation et de concertation de
longue haleine avec la population, notamment, les habitants touchés par
cette action.
• La réhabilitation et constructions de tronçons de
muraille
Cette intervention, de consolidation, construction et restauration
de tronçons de remparts menacés de ruine, a pour effet la mise en valeur
de la perception du tissu ancien. Le projet sera réalisé par l’ANHI avec
la participation du ministère des affaires culturelles. Le montant de se
projet est estimé à 1.640.000,00 Dhs, il est alloué par le SEH.

110
La restauration des maisons vétustes et menaçantes
ruines
Le projet pilote de réhabilitation de l’habitat et des constructions
menaçantes ruines a essentiellement pour but la sauvegarde de se
patrimoine traditionnel menacé de dégradation et de disparition ce-ci
d’une part, et d’améliorer les conditions de vie décentes pour les
habitants d’autre part.
L’intervention de restauration des maisons doit préserver le
cadre bâti traditionnel tout en l’adaptant à un mode de vie moderne.
Cette opération nécessite la participation des habitants. Elle portera sur
quelques maisons qui serviront d’exemple pour déclencher le reste des
opérations de restauration dans les différents quartiers.
L’étude de ce projet a bénéficiée de la participation de plusieurs
acteurs, dont la fédération Française des Pact-Arim est l’acteur le plus
expérimenté en la matière. L’opération est composée d’une stratégie,
d’un montage financier et institutionnel, d’un partenariat et d’outils
juridiques et réglementaires du programme de rénovation des
constructions.
Le volet accompagnement social des ménages et assistance
technique aux propriétaires dans le cadre d’une approche expérimentale,
a été prévu comme partie nécessaire de l’opération. Ainsi, une équipe
technique a été constituée pour la collecte des données, techniques et
sociales sur le site, indispensables à l’intervention.
• L’Aménagement de l’esplanade de Bab Sidi
Abdelwahab
Cette espace extra muros de 1.5 hectares juste en face de la
porte, est une zone où se rencontrent diverses difficultés. Cet espace mal
aménagé crée toutes sortes de problèmes, que se soit de circulation
piétonne ou des véhicules, de stationnement et d’étalement de produits à
vendre sur les trottoirs et les espaces nus.
Ainsi, pour revaloriser cette vaste esplanade, le projet propose
de restaurer la porte est de dégager la muraille en transférant le marché
des légumes qui s’y adosse, faciliter le stationnement des véhicules,
aménager l’esplanade en vue d’une meilleur accessibilité et distraction
des visiteurs, ainsi que d’interdire toutes circulations de transit. L’ex
commune urbaine Sidi Ziane avait proposé l’aménagement suivant :

111
Esplanade Sidi Abdelwahab L’esplande après aménagement
actuellement

Esplanade sidi Abdelwaha Après aménage me nt


actuelle ment

Cette opération vise de redonner à la place la valeur qu’elle a


connue jadis d’une part et de mettre fin aux conflits et problèmes
quotidiennement générés dans ce grand espace. Pour se faire, un
concours d’idée national est lancé, actuellement, par l’ANHI.
• L’Aménagement de la place Bab Sidi Abdelwahab
Ce projet porte sur une superficie de 5000m 2 juste derrière la
porte et à l’intra muros. Cette place est occupée par la stalle des
poissonniers, le marché des bouchers et plusieurs boutiques implantées
contre la muraille. La démolition de toutes ces constructions aboutira à
une esplanade entourée de muraille et aménagée, probablement, suivant
les sollicitations des habitants.

112
La place sidi
Abdelwahab après
aménagement

La même place
avant
aménagement

L’opération nécessite une volonté publique et politique ainsi que


la mise en place d’une procédure juridique spécifique pour les
propriétés privées. L’estimation de l’étude de cette action est de un
million de Dhs et fait l’objet d’un concours d’idées, alors que les
travaux ne sont pas encore estimés. La subvention du concours d’idées
sera allouée par le SEH.

L’activité des femmes de la médina à côté de la porte Sidi


aAbdelwahab 

• L’Aménagement du parc ethnographique Lalla


Meriem
Ce parc qui longe la muraille est occupé par un musée qui
constitue l’un des plus importants équipements culturels de la ville.
113
L’intervention porte sur la restauration du bâti existant, les murs de
clôtures (ces derniers a notre avis ne nécessitent pas de restauration
puisqu’ils sont esthétiques et sont en très bon état), ainsi que des
plantations et des actions de réaménagement de cette espace de grande
valeurs culturelles et instructives.

Une partie du parc


ethnographique Lalla
meryem

L’aménagement de ce parc fait l’objet d’un concours national


d’architecture lancé par l’ANHI en lien avec les acteurs locaux. Les
Pact-Arim qui ont étudié ce dossier, ont émis les remarques suivantes 77 :
Il est important d’introduire dans la partie « objectifs » du
dossier, des références sur les modalités de gestion et d’animation du
parc.
Mettre à la disposition des candidats des indications en matière
de coûts.
Les Pact-Arim ont signalés, aussi, l’intention qu’avait
manifestée la ville d’Aix-en-Provence, dans le cadre d’un travail de
coopération entre cette ville et la ville d’Oujda, pour participer à un
travail de réflexion sur le concept de Musée-parc Lala Meriem, comme
elle pourrait participer, également, au jury du concours.
• L’Aménagement de la kasbah Mérinide
Le projet a pour objectif de redonner à la kasbah sa personnalité
historique et sa fonction publique sociale et culturelle. L’opération
consiste à acquérir les constructions appartenant au domaine privé de
l’Etat et d’aménager à leurs emplacements une aire de détente et
d’animation culturelle à l’échelle régionale.
Par exemple, nous citons la réaffectation de l’ancienne Etat
major en musée régional, la réhabilitation de la mosquée Jamâa Lakbir,
etc. Toutefois la préservation des édifices historiques de la kasbah est
exigée. L’organisme chargé de cette opération est l’ANHI.
77
Source : Rapport de mission du 15 au 23 Avril 2003. Mouvement Pact-Arim. Ministère de
l’équipement et du logement (DGUHC). Projet de réhabilitation de la médina d’oujda. P :10.

114
• L’Aménagement du complexe commercial
Boulouize
Faisant partie du domaine privé d’une superficie de 1500m 2 et
correspondant à un ancien fondouk en ruine. Actuellement il renferme
des activités de ferblanteries et du commerce d’ustensiles ménagers, il
est très mal organisé ayant l’aspect d’un dépôt de ferrailles.

L’occupation du fondouk
Boulouiz par des personnes
âgées qui travaillent, surtout,
le fer-blanc

Le diagnostic a révélé un état de dégradation irréversible, ainsi


l’étude a proposée la construction, à la place de ce fondouk, d’un
complexe commercial moderne dont les effets d’entraînement s’avèrent
certainement rentables. La réalisation de ce projet sera confiée à
l’ANHI.
• La Réhabilitation de la mosquée Jamaâ Lakbir

Accolées à Jamaâ Lakbir


et au bout de la ruelle, se
voient les trois anciennes
fontaines de la médina

Ce projet propose l’acquisition d’une dizaine de constructions


en très mauvais état autour de la mosquée et d’y aménager un projet
culturel abritant une antenne d’enseignement théologique, une
bibliothèque, une salle de conférence et même des chambres pour
étudiants, inspirées de l’idée des medersas anciennes. La réalisation de
se projet vise un effet de rayonnement régional et sera exécuté par
l’ANHI.
• Le marché municipal
A la place des anciens marchés aux grains et d’autres activités
commerciales peu dynamiques, est suggéré la création d’un important

115
marché municipal à plusieurs niveaux et un ou deux sous sol. Il peut
abriter une partie du commerce à transférer de l’intérieur de la médina.
• L’Aménagement de la place Bab El Gharbi extra
muros.
Dans le but de rendre à la place, son rôle fondamental de loisir,
la municipalité et dans le cadre du programme de réhabilitation de la
médina, a procédé au réaménagement de celle-ci.
Les travaux d’aménagement englobent le carrelage de toute la
place, la construction d’une cascade au bord du petit lac du jardin,
l’implantation de bancs et l’équipement de la place par un système
sonore pour animation musicale.

Le carrelage de la place-
jardin Bab El Gharbi

Toutefois, le plus important c’est la création d’un poste de


police juste à coté du jardin. Ce poste a permis d’assurer la sécurité aux
citoyens qui viennent se détendre dans cette place-jardin. Ainsi, cette
place a retrouvée sa fonction ─ perdue il y a longtemps─ sa
revitalisation et a connue plusieurs manifestations et expositions. La
réussite de cette action est due à la collaboration entre la commune, la
sûreté nationale et les autorités locales.

116
• Les rénovations autour de la médina.
Afin d’assurer la complémentarité entre le tissu ancien de la
ville et sa périphérie, un ensemble de projets concernant la circulation et
le stationnement tout autour de la médina, l’implantation d’équipement
structurant et des actions de restaurations s’avère d’une grande
importance. Ces actions visent à assurer essentiellement une meilleure
organisation du trafic de la circulation, actuellement très désorganisée.
En plus de ces projets envisagés par le maître d’ouvrage
délégué, l’AU propose d’autres projets.
C / les projets identifiés par l’agence urbaine d’Oujda.
En plus de ses interventions de participation aux différentes
commissions d’encadrement et d’étude, l’agence urbaine a procédé à
l’aménagement de la place des trois fontaines connue à une échelle
régionale. Elle a proposé plusieurs actions dont les plus importantes
sont les suivantes :
- La réaffectation du Hammam oulad Ramdane en centre de santé.
- La construction d’une agence postale à l’emplacement d’une ruine.
- La construction d’une agence d’emploi à l’emplacement d’une ruine.
- L’Aménagement des places et entrées de la médina.

117
§ 2 - les objectifs de la réhabilitation
En plus de ceux cités dans l’introduction générale et de ceux
cités en identifiant chaque projet, l’approche méthodologique de
réhabilitation vise la redécouverte des potentialités d’une unité urbaine
dont plusieurs fonctions peuvent être revitalisés, au moyen
d’intervention à court et moyen terme, C’est notamment les valeurs
culturelles, le cadre bâti et la fonction résidentielle.
La complexité des problèmes de réhabilitation de la médina
d’Oujda a été entamée en ciblant des objectifs spécifiques. La
restructuration des édifices historiques de l’habitat de l’infrastructure et
de l’environnement de la médina est une condition essentielle et
favorable au développement des activités et à l’amélioration de la
qualité de vie des habitants.
Ainsi, la restauration des édifices tels que la mosquée et autres
structures a pour but la revitalisation de leurs significations et de leurs
fonctions considérées comme fondamentales dans le renforcement de la
solidarité organique78 et le développement socioculturel.
En s’attaquant à un certains nombre de problèmes limités et de
leurs trouver des solutions faisables tout en procédant par des
démarches participatives, on enclenche une dynamique et un processus
d’amélioration du cadre de vie et de l’environnement social endogène.
C’est l’exemple que nous avons proposé à la fondation moulay Slimane
de se rapprocher le plus possible de la population afin de lui faire
expliquer les objectifs du complexe culturel, donc sa fréquentation. En
effet, c’est à travers les expressions des habitants, que les intervenants
peuvent répondre à un certain nombre de besoins, que seule la
population connaît.
La réhabilitation des sites historiques tels que muraille, fondouk,
mosquée, porte et grande demeure, permet de faire redécouvrir l’histoire
de la médina, d’y promouvoir le tourisme et de donner à son visiteur
l’intention de vivre l’ère médiévale.
En outre, les objectifs visés devront associer un autre objectif
essentiel qui est celui d’accompagnement indispensable au projet à deux
niveaux, le premier est d’ordre social, le second est relatif au
développement économique et social et à la formation professionnelle et
de l’apprentissage du savoir faire traditionnel. Ce dernier objectif se
base sur le principe qui consiste à chercher la création d’une dynamique
locale qui fait intervenir au premier plan, en plus des différents acteurs
urbain, les habitants de la médina qui constituent la condition essentielle
pour la viabilité de toutes interventions.

78
Gilles LAMARQUE : L’EXCLUSION, éd : Presses universitaires de France, Paris, 1995, p : 30.

118
En fin, ces objectifs visés ne peuvent être atteint que par une
adéquate coopération, coordination, communication entre tous les
acteurs concernés dans ce projet, vision collective des objectifs et une
cohérence de leurs actions.
§3 - les différents acteurs de la réhabilitation et leurs
enjeux.
La complexité du projet de réhabilitation de la médina d’Oujda
regroupe plusieurs acteurs locaux, nationaux et internationaux. Ainsi, la
concertation et la collaboration entre ces différents acteurs d’une part et
avec la population d’autre part ainsi que les enjeux mis en place,
méritent d’être clarifiés. Il est également important de définir les
responsabilités et les taches respectives de chacun des intervenants
dans ce projet.
A/ Les organismes déconcentrés
L’ANHI.
Soucieuse de préserver les espaces historiques, d’améliorer les
conditions de vie des habitants de la médina et en réponse à l’appel de
la politique nationale de lutte contre l’habitat insalubre, l’ANHI joue un
rôle primordial dans ce cadre et particulièrement dans la construction de
l’avenir de la médina.
Avec tous ses moyens l’ANHI fait partie à toutes les actions de
réhabilitation, en partenariat avec d’autres acteurs publics ou privé par
le biais de conventions. Elle est responsable des études réalisées par les
bureaux d’études, assure la coordination entre tous les intervenants ainsi
que le contrôle et le suivi des opérations de réhabilitation à l’intérieur de
la médina.
Toutefois, l’ANHI était toujours obligée de demander
l’autorisation et d’informer la commune sur toutes les actions à
entreprendre, sans recevoir de réponse, même quand la commune est
convoquée à assister où à participer à des réunions tenues au siège de
l’ANHI. Ceci reflète l’intention de l’indifférence et de non collaboration
de la part de la commune et un sentiment de dépendance de la part de
l’ANHI. Cette remarque de non communication est faite même par
l’AUO où elle signale l’absence de la commune lors des réunions
concernant le PA de la médina. Ce- ci reflète l’inconscience et la
mauvaise gestion d’une part et la logique des intérêts d’autre part.
L’agence urbaine.
Cette institution intervient en tant qu’encadreur, mais cela
n’empêche pas qu’elle fasse des études dans le cadre de la réhabilitation
et l’assistance technique.

119
La participation de cet organisme dans certaines opérations de
rénovation de l’espace ancien est nécessaire vu l’importance des
moyens dont-elle dispose. Par le biais de ses cadres techniques et
administratifs, l’agence urbaine apporte un soutien d’assistance
technique, d’encadrement et de suivi en collaboration avec d’autres
intervenants. Ainsi, le chef du projet pilote de rénovation des maisons
menaçants ruines du tissu ancien de la ville est un architecte de l’agence
urbaine. Elle a aussi participé et a réalisé plusieurs études de diagnostic
qui entrent dans le cadre du programme de réhabilitation, en effet elle
prépare le document d’aménagement et de sauvegarde de la médina.
Dans ce sens, Pour faire face aux problèmes des autorisations de
construire à l’intérieur de la médina, l’AU à procédé à l’élaboration
d’un document d’aménagement architectural comme document de
références architecturales. Malheureusement, ce document demeure un
travail théorique non opérationnel sur le terrain, du fait que le conseil
communal procède, parfois, à la délivrance des permis d’occuper à des
citoyens qui ont construit sans respecter les règles de l’art, donc sans
faire recours au dit document d’aménagement architectural. L’action de
L’AUO s’inscrit dans le cadre de partenariat, d’encadrement et de lutte
contre l’habitat insalubre.
La direction régionale de l’habitat (DRH)
En générale, son rôle ne diffère pas beaucoup de celui de l’AU
et de l’ANHI. Son appui à l’indentification des îlots et immeubles tests
à rénover, ainsi que sa participation à l’élaboration des méthodes de
travail en collaboration avec différentes commissions techniques locales
et au diagnostic technique et social, n’est pas négligeable. Ces activités
constituent une grande initiative à la cohésion et coordination des
actions de l’opération de réhabilitation.
Le ministère des affaires culturelles
Ce ministère participe en offrant, à travers les divers
expériences acquises dans le domaine de sauvegarde, des techniques de
restauration et de préservation des édifices historiques, un savoir très
avantageux pour des fins culturelles et touristiques.
L’ERAC
La participation de cette établissement, non concernée de façon
direct par l’opération de réhabilitation, a beaucoup apporté sur le plan
de réflexion aux solutions à trouver aux problèmes et
dysfonctionnement relevés aux seins des différents quartiers de la
médina.

120
L’inspection de l’aménagement du territoire et de l’eau
Les activités de cette institution, concernant l’urbanisme, sont
attribuées à l’agence urbaine. Actuellement, l’intervention de
l’inspection de l’aménagement du territoire et de l’eau –dans le cadre du
projet de réhabilitation de la médina- se limite à sa participation aux
commissions locales, notamment la réflexion au sujet de
l’environnement de la cité traditionnelle.
D’un autre coté elle procède au suivi de l’application des textes
législatifs, ainsi elle procède à des enquêtes et dresse des procès
verbaux dans ce cadre afin d’informer les autorités locales sur les
anomalies constatées et pour que celles-ci puissent remédier aux
irrégularités soulevées.
Le ministère du tourisme.
En agissant au niveau des commissions des travaux du projet de
la station balnéaire de Saidia, il incite l’aménageur développeur à faire
intégrer la médina d’Oujda dans les micros projets d’aménagement de
l’arrière pays de cette station. Cette médina sera envisagée comme un
futur site touristique dont il faudra, améliorer et renforcer les capacités
hôtelières et de restaurations ainsi qu’aménager un circuit touristique à
la hauteur des visiteurs.
B / Les collectivités locales
La commune
Etant donné qu’elle est directement concernée par les problèmes
de l’espace urbain traditionnel et sa périphérie, elle est appelée à
prendre les dispositions nécessaires dans le but de garantir à cette zone
ses caractéristiques architecturales et protéger les édifices historiques
contre les phénomènes de dégradation. En effet, nous avons révélé le
contraire, la commune était presque absente concernant les opérations
qui se déroulaient à l’intérieur de la médina. L’absence de la commune
du champ de réhabilitation découle d’une logique purement à intérêt
politique d’une part et de l’incompétence de l’élément intermédiaire mis
par la commune pour le suivi des travaux et du manque de contrôle de
cet élément par la commune. Ce qui marque toujours l’indifférence de
la commune vis à vis du projet.
Ceci n’empêche pas de dire que la commune a, parfois, participé
aux réunions entreprises par les intervenants dans le tissu ancien de la
ville et à l’aménagement de la place et jardin Bab El Gharbi, ceci, même
avant que l’ANHI entame les travaux de réhabilitation. Cette action a
connues un grand succès. C’est l’action à laquelle faisait référence et la
prenait comme exemple, les habitant de la médina lors de nos enquêtes.
Cette action de réaménagement, qui a émanée de la décision de
l’ex président de l’ex commune Sidi Ziane, a transformée cette place,
121
d’un point noir de la ville où se sont exercées plusieurs agressions, en
un lieu de repos et de détente. Les citoyens de la ville avaient pris
l’habitude de ne pas prendre cette aire comme passage pour accéder à la
médina ou d’y sortir pour retourner chez eux, notamment après le
coucher du soleil, le moment à partir du quel se rassemblaient quelques
malfaiteurs pour guetter les personnes qui traversent cette place.
Actuellement, elle est transformée en une place où les familles
et les enfants de la médina, voire de la ville, se rencontrent
quotidiennement, ils y reposent en écoutant la musique, les enfants
éprouvent un grand plaisir de regarder les canards nager dans le lac du
jardin.

122
L’aménagement et l’entretien de la
place-jardin Bab El Gharbi par la
commune et l’autorité locale

Cette place est équipée d’un kiosque et plusieurs bancs pour


permettre aux passagers et visiteurs de se reposer. Le lac avec sa petite
cascade et ses palmipèdes constitue le point d’attraction des enfants de
la ville entière. Juste sous l’entrée de la porte Bab El Gharbi se trouve
un poste de police. L’entretien de la place est assuré volontairement par
une personne (ex RME) avec l’aide de l’autorité locale et la commune.
123
La régie autonome de distribution d’eau et
d’électricité d’Oujda.
La RADEEO a pris part dans le diagnostic de l’état du réseau
d’assainissement. Elle a, aussi, parfois, participé au déroulement et au
suivi de l’exécution et de la rénovation des conduites des eaux usées.
D’autre part, elle a procédé au renouvellement de quelques conduites
dégradées du réseau d’eau potable qui est l’un des principaux facteurs
de l’humidité remarquée sur les murs de plusieurs constructions.
L’intervention de la RADEEO s’inscrit dans le cadre d’une gestion plus
économique que rationnelle de cette ressource rare qui est l’eau.
C / La wilaya
La plupart des réunions des commissions de suivi du projet,
rassemblant les différents acteurs urbains, se tenaient au siège de la
wilaya sous la présidence du wali. La division d’urbanisme de la wilaya
s’est chargée du dossier de réhabilitation, tout en assurant, parfois, une
assistance technique aux diverses actions menées dans la médina. Le
rôle fondamental des services de la Wilaya est essentiellement de
coordination, en parallèle avec l’ANHI, entre tous les services
intervenant dans l’opération de réhabilitation.
D / Le secteur privé.
Le projet de réhabilitation de la médina d’Oujda constitue un
grand chantier pour la promotion de la petite et moyenne entreprise
d’une part et un terrain de concurrence pour différents bureaux d’études.
Cependant, la petite entreprise est influencée par un défaut de structures
existantes. En effet, les taux d’intérêts élevés que les systèmes de crédits
existants requièrent, outre les garanties bancaires nécessaires, font
obstacles à tous investissements destinés à mettre en œuvre ou à
améliorer les productions.
D’un autre coté, l’accès à l’information, et la formation dans le
domaine administratif en faveur des différentes activités fait défaut. En
contrepartie, pour le soutien du secteur commercial, il faut remarquer
que les potentialités d’échange à Oujda sont bonnes, étant donné que les
axes de communications avec le reste du pays (routes,chemin de fer,
aéroport, port, etc.) existent déjà.
Néanmoins, mis à part le CRI, les petits artisans, n’ont pas de
structures de références vers qui se tourner pour obtenir les informations
pour l’administration et le développement de leurs activités. L’habileté
des artisans pourrait facilement être ravivée grâce à un appui adapté.
En effet, ce secteur peut être potentiellement relancé si lui sont
accordées les aides et les facilités de financement et si lui sont associés
les canaux de commercialisation capables de garantir des acheteurs,
ainsi qu’un réseau de distribution et de publicité adaptés. Les réseaux
124
d’informatiques et les nouvelles technologies de l’information et de la
communication pourraient être d’une grande aide en ce sens.
Une telle entreprise permettrait en plus de la promotion de
l’emploi et du tourisme culturel d’optimiser et de relancer, par exemple,
les techniques du plâtre, des mosaïques traditionnelles et plusieurs
autres activités en voie de disparition. Ainsi, les effets d’entraînements
de la réhabilitation toucheront les propriétaires et les promoteurs privés
qui manifesteront leurs intérêts pour investir dans la médina.
En ce qui concerne l’environnement de la médina, une partie des
édifices est délabrée. L’insuffisance des services a contribué à
déprécier la valeur immobilière et les faibles revenus des habitants ne
permettant pas, dans la plus part des cas, d’investir dans la restauration
des habitations. Cependant, la restauration de quelques édifices d’une
valeur certaine revaloriserait globalement la médina.
C’est dans ce sens qu’opère la fondation Moulay Slimane pour
relancer l’activité du secteur artisanal ainsi que de la formation et de
l’apprentissage du savoir faire traditionnel, par la création d’un
complexe culturel qui hébergera des écoles d’artisanats traditionnelles
et de formation pour des petites entreprises. En effet, la réalisation du
complexe culturel a permit d’engager une dizaine d’emploi.
Si chacun des acteurs y compris la population contribue à
sauvegarder la valeur patrimoniale de la médina, leurs effets cumulés,
bien exploités se manifesteront par une hausse potentielle des valeurs et
une revalorisation de cet espace d’une façon générale, qui encouragera
le secteur privé d’investir et d’entreprendre de nouvelles constructions.
Ainsi, faire bénéficier la population de la médina, dans son
ensemble, de ces améliorations est le but de la stratégie d’intervention
qui devra reposer, essentiellement, sur la collaboration du secteur privé,
de la société civile et l’exploitation des potentialités existantes, « la
capacité à mobiliser et à combiner les ressources existantes dans une
organisation sociale donnée, en vu d’un objectif de développement,
constituera un facteur important de la construction des projets
d’actions, dans une stratégie de développement articulant mode de
production économique et mode de formation sociale »79.
E / La société civile
La fondation Moulay Slimane et l’ONG Africa 70
La collaboration des ONG avec les organismes et les
administrations communales locales et toute la société civile, en créant
les prémisses d’une planification de développement concrète et en
accord avec les principes fondamentaux pour le développement durable,
79 Annie NAJIM et
François VEDELAGO, l’agent de développement local, éd : La Lauze, Bordeaux,
Janvier 2001, p : 29.

125
constitue l’un des projet dont l’objectif est de réduire la fracture
économique et sociale qui sépare notre pays des pays du bassin
méditerranéen économiquement plus avancés.
Le choix du Maroc de s’ouvrir de façon continue aux
transformations démocratiques et aux grands échanges commerciaux,
semble relever de la volonté de faire sortir cette aire d’une condition
d’isolement qui a pesé jusqu’à présent sur son développement
économique et social.
L’intervention de cette ONG s’insère dans la politique nationale
qui prévoit une stratégie de développement économique et social pour
les provinces et les préfectures du nord du Maroc, grâce à la valorisation
des ressources humaines, y compris celle des femmes, ainsi que la
valorisation de l’environnement. Ce projet de partenariat, ONG/public,
comme approche novatrice est en concordance avec les volontés et les
orientations politiques et gouvernementales du pays.
L’action de l’ONG Italienne Africa 70 se fait en collaboration
avec deux partenaires locaux : un partenaire opérationnel qui est la
Fondation Moulay Slimane et un partenaire institutionnel qui est
l’Agence de Développement des Régions du Nord. Le projet vise
l’amélioration des conditions de vie de la population de la médina
d’Oujda et, plus généralement, la région de l’oriental par le biais de la
revalorisation du patrimoine culturel et des ressources artisanales
traditionnelles.
La démarche de partenariat pratiquée par la fondation Moulay
Slimane et l’ONG Africa 70 vise aussi une mise à niveau des
compétences des habitants, l’amélioration de leurs revenus et leurs
fixation sur les lieux et « manifeste le souci de réhabiliter l’acteur
social, et de rendre visible des compétences qui jusque-là étaient de
l’anarchie »80.
En effet, l’intervention à pour but de restaurer quelques édifices
dans la médina, de réaliser un complexe culturel et scientifique
comprenant une salle d’exposition, une bibliothèque, un centre de
référence et un centre de manuscrits anciens, de porter un soutien au
activités artisanales et d’accès au micro crédits.

80
Isabelle BERRY-CHIKHAOUI et Agnès DEBOULET, les compétences des citadins dans le
monde Arabe, édit :Karthala, Paris,2000, p : 60.

126
A gauche une partie de la maquette du complexe culturel, à droite
restauration des arcs sur la cour.
A gauche, cours
de formation en
couture pour les
femmes. A droite,
maquette du
projet des locaux
de l’artisanat.

Ce projet vise aussi de sensibiliser la population et les


intervenants publics et privés par la réalisation de projets démonstratifs
et de développer des compétences techniques nécessaire à la sauvegarde
du patrimoine physique et culturel et scientifique. L’intervention dans
son ensemble consiste en la revalorisation d’un quartier de la médina,
destiné à devenir un complexe culturel, au moyen d’interventions
mixtes : restauration, restructuration et nouvelles constructions sur une
superficie de 1300m2.
Ces actions ont pour but non seulement de bonifier la médina
mais aussi de revitaliser les aptitudes et les activités artisanales en voie
de disparition (expositions, conférences, débats, foires etc.) pour
héberger les écoles d’artisanat traditionnelle et de formation pour de
petites entreprises.
L’opération est considérée comme pilote pour sa dimension
exemplaire par rapport aux thèmes de la valorisation culturelle, sociale
et économique des centres historiques et leurs contributions
incontestables au développement de nos cités, Ch. Delfaute parle même
de la « dynamique des fonctions sociales considées comme un élément
moteur essentiel dans le développement des villes »81.
Le projet actuel de soutien à la sauvegarde du patrimoine
culturel de la région orientale, vient d’appuyer l’action de la fondation
Moulay Slimane à l’intérieur de la médina et à la périphérie de la ville
telle que la promotion de l’oasis de Sidi Yahya et la formation des
81
Thèse de Paul Boury, La rénovation urbaine dans l’aménagement du territoire (ses origines, ses
objectifs, sa technique, ses résultats, ses perspectives), Bibliothèque INAU, cote : M3-49. p : 19.

127
artisans. Le montant du projet s’élève à 19millions de Dirhams elles y
participent : l’ANDRN à 40 %, l’ONG Africa 70 à 50 % et la fondation
Moulay Slimane à 10 %.
Les premiers contacts pour l’élaboration du programme d’action
en coopération avec divers organismes internationaux et étrangers ont
été initiés par le président de la fondation Moulay Slimane dés la
création de cette dernière en 1998. Des spécialistes et experts de
l’UNESCO, du ministère Italien des affaires étrangères ainsi que des
hauts fonctionnaires du ministère des Habous et des affaires religieuses,
ont effectué plusieurs visites et missions du terrain et du quartier ciblé
par l’opération.
La fondation qui a déjà construit une bibliothèque, non encore
équipée, dans la médina, souhaiterait engager une dynamique dans le
quartier notamment à travers le rachat de maisons avoisinantes la
bibliothèque et l’appui aux ménages, désirant vendre leurs maisons,
pour trouver une autre maison équivalente soit en médina soit à
l’extérieur. Une fois les maisons réhabilitées ou rénovées l’objectif de la
fondation et d’attirer de nouveaux ménages dans la médina, notamment
des chercheurs et des enseignants qui utilisent la bibliothèque.
Ainsi, l’intervention de cette ONG en partenariat avec la
fondation Moulay Slimane, en tenant compte du volet social porte un
grand espoir de faire adhérer la population aux différentes opérations
qu’elle a l’intention de réaliser, pour assurer une vraie réhabilitation de
la fonction culturelle et sociale de la médina.
L’action de la fondation moulay Slimane et de l’ONG Africa 70,
manque comme nous l’avons expliqué aux responsables, de
collaboration et de communication, avec d’autres institutions de la ville.
En effet, l’ONG et la fondation peuvent entrer en action avec tous les
acteurs urbains pour bien élargir leur champ de partenariat et d’échange
du savoir faire et d’expérience.
Lors de sa session extraordinaire du moi de janvier 2004, le
conseil de la commune urbaine d’Oujda a signé une convention de
partenariat et de coopération avec la fondation Moulay Slimane. Cette
convention met l’accent sur la collaboration ensemble pour la
sauvegarde du patrimoine culturel de la région de l’oriental et
particulièrement mener à bien le projet de réhabilitation de la médina
d’oujda.
Lors de cette session nous avons remarqué l’absence du
ministère des affaires culturelles, organisme ayant une grande
expérience en matière du patrimoine culturel. Ce-ci montre toujours la
faible communication et concertation entre les différents acteurs
urbains. En effet, la commune n’a pas convoqué le dit ministère ce-ci

128
traduit aussi l’incompétence et le sous encadrement de la plus part du
personnel communal et des élus.
La délégation Française des Pact-Arim.
Suite à une coopération entre la Fédération Nationale des
Centres (FNC) Pact-Arim et l’ANHI en 1992 sur le thème de la
réhabilitation des médinas, une signature d’un protocole entre l’institut
de formation pour la maîtrise d’ouvrage et la communication (IFMOC)
et la FNC des Pact-Arim en 2001 sur le thème « maîtrise d’ouvrage
social » a été effectuée.
Dans ce cadre, un projet de réhabilitation de la médina d’Oujda
a été proposé par le secrétariat d’Etat à l’habitat et l’ANHI. Ainsi, une
mission Pact-Arim, financée par la direction générale de l’urbanisme, de
l’habitat et des constructions (DGUHC), du ministère Français de
l’équipement et du logement, a eu lieu du 8 au 15 février 2002 à Oujda
et à Rabat82.
Parmi les objectifs de la mission est de permettre un échange
d’expérience sur le montage de programme de réhabilitation à partir
d’expériences Françaises et du cas d’Oujda (stratégie d’intervention
globale, objectifs spécifiques, montage institutionnel et partenariat,
montage financier prévisionnel, outils juridiques et réglementaires etc.),
puis d’identifier les sites et constructions tests ainsi que la démarche
opérationnelle et le programme de coopération de ce projet pilote.
Cette mission dirigée par L’ANHI a permis de rencontrer et
d’associer aux travaux, différents acteurs locaux. Une démarche et des
hypothèses de travail, concernant l’opération de restauration des
maisons menaçantes ruines, ont été mises en œuvre.
Concernant la démarche adoptée pour ce volet habitat, elle
consiste à faire de :
- L’ANHI l’opérateur du projet.
- Des 540 maisons qui nécessitent une intervention, une action concernée
par le projet habitat.
- Impliquer tous les acteurs locaux dans le projet.
- Création d’un groupe opérationnel pour assurer le suivi du montage du
projet.
- Définition d’une démarche habitat, formée de quatre points, sur la base
d’un échantillon représentatif :

82
Source Rapport de mission du 8 au 15 Février. Ministère de l’équipement et du logement
(DGUHC). Projet de réhabilitation de la médina d’Oujda. P :3.

129
- Méthode d’enquête, testée sur 5 cas de maisons tests à rénover (données
techniques et sociales, descriptifs des travaux, estimations des coûts des
travaux).
- Elargissement de l’échantillon de 5 à 20 cas pris à l’échelle de toute la
médina.
- Mise au point avec l’équipe opérationnelle de scénarios de financement
à négocier avec les partenaires.
- Choix de 10 maisons tests (propriétaires occupants, propriétaires
bailleurs, cachet architectural, niveau de dégradation et montant des
travaux) pour vérifier les scénarios, l’adhésion des propriétaires au
projet et leurs capacités contributives.
Les hypothèses de travail consistent a :
1 / Mettre en place un système de financement pérenne.
*Des constats :
- Aucun système de financement n’existe aujourd’hui pour la
réhabilitation des maisons privées
- Les ménages à priori intéressés et motivés.
- Une partie de subvention de (50%) et une partie apport personnel de
(50%) sous la forme de crédit à faible taux sur une durée de 5 ans
maximum.
*Des pistes de réflexion :
- La mise en place d’un fond de garantie ?où ? Géré par qui ? Selon
quelles modalités ? Quelle implication du réseau bancaire ? Quel rôle
possible pour les associations de micro crédits ?
2 / Aborder les questions de réhabilitation de la médina dans
leur globalité
*Des constats :
- Un manque de connaissances exactes des dynamiques en œuvre dans la
médina.
- Des phénomènes de spéculations qui peuvent démarrer très rapidement.
- L’absence d’outils de contrôle efficace dans la médina (rénovation où
dénaturation des maisons à cachet architectural, surélévation anarchique
etc.).
*Des pistes de réflexion :
- Un plan d’aménagement et un règlement d’aménagement pour la
médina d’Oujda s’avèrent urgent avec la mise en place de dispositif de
contrôle.

130
- Un observatoire des dynamiques en médina (construction, rénovation,
vente, prix etc.) afin de les encadrer, contrôler où accompagner.
3 / organiser la mise en œuvre opérationnelle des projets dans la
médina.
*Des constats :
- Une mobilisation de tous les acteurs et des autorités locales.
- Une équipe de suivi dynamique, motivée par la démarche de
réhabilitation.
- Le manque de suivi du projet après les missions de coopération, par
manque de temps.
*Des pistes de réflexion :
- Mettre en place une équipe de projet placée dans la médina (perçue
comme neutre par les habitants).
- Maintenir le suivi du projet par l’équipe opérationnelle.
- Mettre en place un comité de pilotage placé sous l’autorité de M. le
wali.
- Responsabiliser les propriétaires, maître d’ouvrage de leur projet habitat
et les accompagner dans la mise en œuvre par l’équipe de projet.
La méthodologie d’approche des propriétaires a pour but, non
seulement d’informer mais aussi et surtout d’inciter. Les modalités
d’enquêtes auprès des propriétaires et occupants de la médina se sont
déroulés en trois phases :
a / premier contact avec le bâtiment et ses occupants (enquête
sociale et enquête technique).
b / phase intermédiaire de travail du dossier technique (plans,
descriptif des travaux, métré, estimation des travaux).
c / contact avec le propriétaire et/ou les occupants.
Cette étape est importante puisqu’elle doit essayer d’obtenir
l’adhésion du propriétaire au projet et à sa réalisation.
Esquisse du montage financier.
Le ministère de l’habitat avait réservé en 2002 une enveloppe
budgétaire de 3.5 millions de Dirhams pour conduire le projet pilote 83.
En accord avec l’ensemble des acteurs locaux, l’enjeu principal du
projet était de pouvoir utiliser cette enveloppe dans le but de mettre en
place et de tester un système de financement pérenne qui au-delà de la
réhabilitation des 20 cas–tests prévus permettrait à moyens termes
d’intervenir sur l’ensemble de la médina.
83
Source : Rapport de mission du 8 au 15 Février. Op. Cit, P : 5.

131
Après plusieurs scénarios, l’hypothèse de travail retenue
consistait à envisager :
Une subvention du ministère de l’habitat de 50% et un apport
des ménages de 50%. Cet apport pourrait se situer autour de 600
DH/mois et pourrait s’étaler sur 5 ans, ce qui pourrait représenter hors
intérêt une épargne de 36 000 DH. Pour vérifier la capacité d’épargne, il
serait prévu d’inciter les propriétaires à épargner 3 à 6 mois de façon à
vérifier leur capacité d’épargne et constituer un apport préalable.
L’estimation moyenne de réhabilitation par maison est de
70 000 DH, (36000 + 36000 = 72000 ≈ 70000)
Soit pour 20 maison-tests : 70 000 DH × 20 maisons =1 400 000
DH (soit 700 000 DH de subvention et 700 000 DH d’apport des
ménages sous forme de crédits).
Soit pour 540 maisons identifiées dans la médina : 70 000 DH ×
540 maisons = 37 800 000 DH (soit 18 900 000 DH de subvention et
18900 000 DH d’apport des ménages).
La deuxième hypothèse de travail reposait sur le constat que la
majorité des ménages vivant en médina n’a pas les moyens d’accéder à
un crédit classique auprès d’une banque, donc les taux d’intérêt sont
relativement élevés (jusqu’à 12 %). Par ailleurs à ce jour, il n’existe pas
de crédit spécifique pour réhabiliter les logements. Sur ces bases, deux
pistes ont été envisagées :
- Tester le réseau bancaire local sur la possibilité d’étudier la mise en
place d’un fonds de garanti (alimenté par une partie de l’enveloppe de
l’Etat).
- Identifier les possibilités d’une association de micro-crédits d’octroyer
des crédits (à travers la mise en place d’un fonds auprès d’une de ces
structures).
Le résultat de ces pistes est peu satisfaisant. Si tous
reconnaissent à la fois le manque de système des crédits aux logements
adaptés aux populations à faible revenu et à la réalité d’une forte
demande dans ce domaine, personne n’ose aborder directement ces
questions car elles manquent de référence. Seule une décision politique
au plus haut niveau permettrait d’engager une réelle réflexion sur ce
sujet.
Parmi les acteurs de cette action on signale l’engagement, par
l’ANHI, d’un sociologue, qui malheureusement, dont la mission n’a pas
duré longtemps.
La contribution de ce sociologue consistait, notamment, à la
participation au changement organisationnel de la société civile qui
connaît des actions collectives et de solidarités rudimentaires, la

132
désorganisation sociale qui s’explique par la violence, la fragilité de
l’action collective ou des initiatives associatives, et la dégradation des
formes de solidarités84.
Jusqu’à présent les actions de Pact-Arim envers la société civile
portent sur :
- Le dialogue avec les propriétaires ou occupants des 10 cas de maisons-
tests afin de les responsabiliser sur leur projet habitat.
- L’incitation des autorités locales et des acteurs urbains locaux à
encourager la création d’une fédération des associations de l’ancienne
médina.
- La nécessité d’une sensibilisation par la mise en place de panneaux
publicitaires aux entrées de la médina.
Le secteur associatif
La vie associative est le principal vecteur de la médiation entre
les pouvoirs publics et la population (médiation descendante) et entre
les habitants et les pouvoirs publics (médiation ascendante) d’une part
et une meilleure organisation, favorable à l’encadrement de la
population d’autre part.
En réalité, la vie associative constitue t-elle dans la médina des
relais ou des écrans à la participation des habitants ? Confisque t-elle à
leur profit l’offre de la participation offerte par les pouvoirs ?
Représente t-elle vraiment la réalité sociale dans sa totalité ? Joue t-elle
le jeu de la démocratie interne et participative par ses adhérents ? C’est
ce nous allons entamer, après réalisation d’interviews avec les
associations qui interviennent dans la médina.
Ces associations sont, en général, récemment crées. Leurs
membres ne sont souvent ni résidents ni natifs de la médina. C’est ainsi
que les raisons de création de certaines associations sont principalement
pour contrarier certaines volontés et intentions des autorités publiques.
En effet, il a été déduit des interviews que leurs rôle
d’encadrement des habitants est ignoré, mis à part le rôle qu’escompte
atteindre la Fondation Moulay Slimane à travers la réalisation du projet
du complexe culturel et scientifique en phase finale de construction, qui
est principalement celui d’insertion et de fixation de la population de la
médina.
A l’exception de l’Association de l’Environnement et de
Développement de l’Originalité de l’Ancienne Médina (qui recevait une
aide de 2500Dh/an de la part de l’ex commune de Sidi Ziane),
l’AFAMO (Association des Familles de l’Ancienne Médina d’Oujda) et
84
Cyprien AVENEL : Rapports sociaux et « quartiers sensibles » in : Enjeux de la sociologie
urbaine, éd : Presse polytechnique et universitaire, Lausanne, 2001, p : 137

133
la fondation Moulay Slimane, toutes les associations se plainent du
manque des moyens financiers et de l’absence de l’aide des collectivités
locales. Elles prennent ce prétexte pour expliquer la faiblesse de leurs
activités, alors qu’elles ne cherchent pas à s’impliquer dans les systèmes
partenariales afin de développer leurs savoir faire en la matière.
Afin d’assurer l’adhésion et la participation effective de la
population civile en tant que facteur nécessaire à la réalisation du projet
de réhabilitation, il a été proposé, par les différents acteurs, la
constitution d’une fédération, pour la sauvegarde et la réhabilitation de
l’ancienne médina d’Oujda, qui regroupe l’ensemble des associations
existantes au sein de la médina. Le bureau de cette association a été
constitué, d’après les responsables de l’ANHI et de l’AUO, le mois de
mars 2002.
Cependant, d’après l’interview effectuée avec les responsables
de l’agence urbaine cette fédération d’associations s’est dissoute suite à
une rencontre organisée par les responsables de Pact-Arim, de l’ANHI,
de l’AU et des autorités locales avec la future fédération, dans le but de
discuter les taches escomptés de cette association ainsi que
l’élaboration d’un programme d’intervention. Cette rencontre allait se
tenir au siège attribué à cette nouvelle fédération qui se situe à la
bibliothèque Achcharif Al Idrissi de l’ancienne médina.
Les organisateurs de cette rencontre étaient surpris le jour de la
rencontre par la présence des autres associations et même certaines qui
viennent d’être créés dans un bref temps, qui n’exercent et qui n’ont
exercé aucune activité liée à la médina. Leur présence devant la
bibliothèque, le jour de la rencontre du bureau de la fédération et des
responsables de Pact-Arim, faisait suite aux rumeurs de certaines
associations qui avançaient que l’Etat et les Pact-Arim allaient attribués
une somme de 12 millions de DH à la fédération pour que cette dernière
puisse gérer financièrement le projet de rénovation des maisons
menaçantes ruines.
Ainsi, elles étaient présentes ce jour, dans l’espoir de recevoir
leur part budgétaire. Leur nombre, d’après les responsables de l’agence
urbaine était très important, ce qui a nécessité la présence et
l’intervention des forces de l’ordre et de la sécurité.
Suite à ce désordre et aux problèmes crées par la politisation de
plusieurs associations, les créateurs de la fédération été obligés
d’annuler la rencontre et de faire dissoudre cette fédération
d’associations. Ce-ci n’exclut pas qu’il y a deux associations de
l’ancienne médina relativement dynamique dans le domaine socio
culturelle.
Sur un autre plan, certains élus locaux, manifestent certaines
méfiances à l’égard de la vie associative, qui est aussi, pour eux, une
134
menace de contre pouvoir, une pépinière de formation de futurs élus
pour les prochaines élections. Ces rapports confus et crispés des
associations avec les élus et les pouvoirs publics ont étés exprimés par
plusieurs associations.
De plus, lors de notre interview avec les associations, aucune
intervention de la part de ces dernières dans le projet de réhabilitation
n’a été soulevée par les responsables des associations. Leur négligence
implique leur élimination ainsi que celle du citoyen du champ de la
participation à la gestion locale, pourtant il est prouvé ailleurs que le
rôle des associations et l’action caritative conduites par ces
organisations constituent un important appui à la réussite des projets. En
effet, l’attitude de réticence de l’Etat, est de voir ces mouvements
associatifs s’immiscer dans la gestion de la ville.
Parmi les activités de certaines associations, qui, dont la
majorité sont récemment crées (2002), nous citons : quelques aides
pendant le mois de ramadan au familles démunies et personnes en
situations de détresses, l’attribution de lunettes à des écoliers,
circoncisions, compagne d’assainissement de l’environnement, aides
sociales et diverses activités socioculturelles et sportives.
Les remarques importantes, c’est que nous avons déduis, en
premier, lors de nos discutions avec les associations, que ces dernières
sont antipathiques les unes aux autres et qu’une sorte de conflits froids
existent entre elles. Chacune prétend que les autres associations ne vont
pas pouvoir continuer d’exister et tôt ou tard vont disparaître. En effet,
les conflits résultent soit de la différences des couleurs politiques soit du
postulat de l’homo économicus où chaque organisation est censée être
rationnelle tout en cherchant le maximum de ses gains85.
Mis à part la Fondation Moulay Slimane,l’Association Famille
de l’Ancienne Médina d’Oujda qui entretient des relations de partenariat
avec d’autres associations telles que l’ Association Angad d’Oujda et
ainsi que l’Association d’Environnement de Développement et
d’Originalité de l’Ancienne Médina qui est très active, les autres
associations qui « opèrent » dans la médina n’entretiennent pas de
relations entre elles, permettant d’échanger leurs expériences, de
débattre de leur difficultés et de coordonner leurs efforts pour faire
connaître et acquérir leurs revendications.
En outre, nous avons déduit que les acteurs responsables de
l’opération de réhabilitation, au lieu de laisser à part le secteur associatif
vu les contraintes que celui-ci exerce sur le déroulement des opérations
de réhabilitation, ils auraient pu discuter et expliquer à la société civile
tous ce qui concerne le projet de réhabilitation (sa conception, son
85 Erhard FREIDBERG, Le pouvoir et la règle : dynamique de l’action organisée, éd du seuil, Avril 1993 et Février 1997,
Paris, p : 44.

135
financement, sa réalisation, ses objectifs,etc.) afin de faire impliquer ce
secteur et de bénéficier de son rôle dans la réussite du projet et à
l’évolution socioculturelle de la société car « se sont donc les évolutions
sociales,économiques et culturelles qu’il nous faut aujourd’hui
comprendre si nous voulons esquisser les contours de ce que pourrait
être l’aménagement urbain de demain »86.
Ces évolutions socioculturelles ne font pas uniquement partie du
champ du secteur associatif mais aussi de celui et de l’interaction de
tous les autres acteurs urbains.
§3-1 Les interférences entre les différents acteurs de
la réhabilitation
La complexité du projet de réhabilitation qui se fait sur un
terrain qui ne l’est pas moins, exige la collaboration entre les différents
services et acteurs et la nécessité d’un acteur apte à maîtriser et à piloter
le projet. La coordination entre les différents intervenants et les
différentes actions, et surtout une culture d’écoute, notamment, des
habitants de la zone où se déroule l’opération est essentielle pour
atténuer des problèmes, « on pourrait admettre l’idée que la question
urbaine ne se réduit pas uniquement à une accumulation de problèmes
économiques et sociaux mais aussi à l’enjeu d’un rapport de
domination qui lie et oppose les acteurs »87.
Assurer la cohérence entre les différents intervenants d’une part
et entre ces derniers et la population d’autre part, constitue une nécessité
préjudicielle pour la réussite du projet et sa viabilité. Ainsi, les
interviews effectuées auprès des administrations montrent que le
système d’acteurs impliqués directement ou indirectement dans ce
projet n’est, en général, pas celui souhaité lors des réunions de
concertations.
En effet, nous avons remarqués, à travers les réponses exprimées
par les responsables interviewés, le manque du respect minutieux des
programmes d’actions tracés par les intervenants, le manque d’une
communication assurant une collaboration efficace et une cohérence des
opérations d’interventions. Toutefois, nous avons remarqué la non
continuité du suivi des chantiers et des réunions par les mêmes équipes
concernées. Les actes de collaborations et de cohérence ne vont pas
dans le bon sens de coopération concrète, dans la mesure où ils se
limitent à la signature de simples protocoles, de procès verbaux et
d’accords sur des démarches et des décisions omises juste à la fin des
réunions.
Citons, à propos, le cas de l’affectation par le secrétariat d’Etat à
l’Habitat, d’un sociologue pour étude de l’organisation de la société
86
Marie-Laure BEAUFILS, Y.JANVIER, J.LANDRIEU, op cit, p : 15.
87
Michel BASSAND, Vincent KAUFMANN, Dominique JOYE, op cit, p : 138.

136
civile intra muros, et avant de terminer sa mission, qui n’a pas durée
plus d’un mois, il a été réaffecté à Tanger pour des raisons que, même,
les responsables de l’ANHI ignorent.
Nous citons également le cas de la constitution fictive de le
fédération nommée Association de réhabilitation de l’Ancienne Médina
d’Oujda (A.R.A.M.O) dont le statut approuvé le : 26/02/2002 et la
constitution du bureau le : 01/03/2002, restent uniquement du noir sur
blanc.
C’est aussi le cas de la sensibilisation des habitants qu’a bien
souligné le secrétaire d’Etat à l’habitat, lors de la tenue du premier
forum national sur les médinas à Oujda, laquelle sensibilisation est
nécessaire à l’opération de réhabilitation 88. Le cas du projet pilote de
rénovation des habitations semble, lui aussi, être oublié notamment
l’absence inexpliquée des Pact-Arim.
Le manque de suivi et de concrétisation des décisions et des
travaux de réflexion, handicape en quelque sorte le bon déroulement de
l’opération de réhabilitation et l’atteinte des objectifs escomptés. Ce-ci
est le résultat d’une médiocrité en matière de communication qui
constitue la pierre de fondation à tous les niveaux pour toutes les
actions.
En effet, chaque acteur travaille dans l’anonymat. Ainsi, nous
signalons aussi que lors de notre interview avec le président de la
chambre de l’artisanat en ce qui concerne la formation des artisans par
la fondation Moulay Slimane et l’ONG Africa 70, celui-ci n’était au
courant de rien.
Malgré les défaillances citées ci-dessus, la collectivité locale
peut être le lieu qui favorise l’existence d’un maillage local des acteurs
et constitue l’espace d’échanges et de confrontations 89. Dans ces
espaces, doit se gérer à plusieurs (collectivités locales, représentants des
services publics, représentant associatifs, acteurs privés, etc.) les
questions de la ville, de la médina et d’être ensemble réactifs face à des
problèmes, à des évolutions, d’être innovateurs et prospectifs.
Le devenir de la médina dépend de la volonté de chacun des
acteurs de remplir sa mission, et de travailler dans le sens de
coopération partenariale afin de faire disparaître toutes sortes de
frontières entre eux et de faire du domaine de partenariat public/ société
civile une approche novatrice.
§3-2 le cadre partenarial
La recherche des actions partenariales de nature culturelles et
scientifiques, partira de la constitution d’un réseau de contacts
88
Le journal LE MATIN du 18/06/2002, rubrique : région, p : 9.
89
Marie-Laure Beaufils, Y.JANVIER, J.LANDRIEU, op. cit, p : 78.

137
nationaux et internationaux (collaboration avec les universités, les
instituts de recherches, des laboratoires, des institutions, etc.) dont le but
est d’échanger les expériences et les savoirs faire.
Ainsi, la réalisation du projet a fait l’objet d’une convention de
partenariat établie entre divers partenaires et signée le 25/4/2001.

LES RELATIONS ENTRE LES DIFFERENTS INTERVENANTS


(élaboration personnelle)

PACT-
PACT-
ARIM
ARIM
L’ONG
L’ONG
AFRICA A.U
70
AFRICA A.U
70

FONDAT-
FONDAT-
ION.
ION.
MOULAY B.E.T
MOULAY
SLIMAN- B.E.T
SLIMAN-
E
E

COMMU
COMMU Ministere
NE Ministere
du tourisme
NE ANHI
ANHI du tourisme

Ministère
des Ministère
des
.Affaires
ERAC .Affaires
ERAC culturelles
culturelles

RAEEO Inspection
RAEEO Inspection
ONE de l’AT et
ONE de l’AT et
de l’eau
ONPT de l’eau
ONPT
WILAYA
WILAYA

Les partenaires se sont engagés à travailler sur la formalisation


d’un cadre de travail qui permettrait le bon déroulement des opérations
de réhabilitation ainsi que la participation de chacun des membres du
groupe constitué par tous les partenaires du projet. Cette mise à
disposition permettra de poursuivre le travail engagé et de construire un
espace de travail et de capitalisation des actions.

138
La formalisation de ce cadre devrait par ailleurs permettre une
meilleur coordination et une plus grande lisibilité des actions très
diverses engagées dans la médina. A partir de la formalisation de ce
cadre partenarial, les différents acteurs ont définit leurs modalités de
travail et d’échange avec l’ensemble du groupe opérationnel.
Cependant, et malheureusement, aucun des partenaires n’a respecté les
engagements de ce cadre de travail.
En effet, les responsables au lieu de procéder au raisonnement
synoptique postulé par le modèle de la rationalité omnisciente, ils
interviennent par un raisonnement séquentiel. Ainsi la rationalité
humaine est limitée par deux grandes contraintes : l’information du
décideur est toujours incomplète, et aucun décideur n’est capable
d’optimiser ses solutions90.
Néanmoins, la réalisation, au niveau local, de différents projets
avec la coopération d’organismes internationaux et nationaux,
notamment le SEH, est le fruit de la politique nationale, de
renforcement des capacités partenariales et de leur rôle dans le
développement économique et social de la ville toute entière. Ces
actions de partenariat restent, toutefois, marquées par une faible
communication.
§3-3 La communication
La communication est le principal outil d’articulation et de
coordination entre les divers acteurs du projet et la cohérence de leurs
interventions.
En outre, après avoir réalisés nos enquêtes avec les ménages,
nous nous sommes posés la question suivante : pourquoi ce
désintéressement de la population envers les transformations et
amélioration de leur cadre de vie à travers le projet de réhabilitation ?
Parmi les raisons nous entamons celle relatives à la communication.
En effet les moyens de faire connaître, de faire comprendre les
actions apportées par le projet de réhabilitation et les effets escomptés
de ce projet, n’ont pas été donnés et expliqués ni communiqués à la
population.
D’autre part il a été enregistré lors de nos interviews avec les
différents acteurs de la réhabilitation, une médiocrité de communication
entre ces derniers, alors que les potentialités et leurs moyens de
communications actuelles et dont ils disposent, sont en mesure de
garantir des contacts rapides et efficaces à toutes échelle, que se soit
local, national ou international.
Actuellement, et vu les exigences de la mondialisation et la
compétitivité du marché international, il est imposé d’améliorer
90
Erhard FREIDBERG, op cit, p: 55.

139
beaucoup mieux nos méthodes de travail, et d’entrer en communication
et en partenariat dans un processus de co-expertise scientifique et
participative où l’on peut apprendre à savoir faire et à savoir penser à la
citoyenneté, économie, recherche et culture, territoire, gestion, et surtout
communication, « cet ″art de convaincre ″91 est aujourd’hui nécessaire
à l’explication des enjeux et à l’adhésion aux projets publics : ″les
collectivités locales ont découvert, récemment, mais pleinement, que la
communication est une forme de l’action, qu’elle est de l’action sur le
registre symbolique, non moins efficace,parfois, pour la gestion des
services collectifs,que le financement, les travaux,les décisions″ 92 »93.
Ainsi, pour une meilleur et adéquate réhabilitation de la médina,
il faut que cette action soit comprise par l’ensemble des acteurs qui y
intervient, par les citoyens qui l’occupent, qui la fréquentent et même
qui la traversent. Installer des codes nécessaires à compréhension
constitue un enjeu majeur.
L’objectif de la communication dans notre cas et de transformer
tous les intervenants et tous les habitants en un seul acteur efficace de la
scène où les citoyens sachent qu’ils peuvent être acteurs et porteurs de
projets et qu’ils ne se contentent plus de la position d’observateurs,
usagers et consommateurs.
Le contact et la communication sont une nécessité pour le
concepteur afin d’assurer la participation des habitants. Or, ni
information ni consultation de la population n’ont été faites dans le but
d’obtenir une véritable expression de la demande sociale et de stimuler
l’intégration et l’initiative locale. Ainsi, le désintéressement des
habitants récalcitrant à l’opération à été enregistré.
D’autre part, le faible courant de communication entre les
intervenants a été ressenti auprès des responsables interviewés. Le
manque de communication, de sensibilisation et de concertation
constitue l’une des grandes difficultés du projet. Voir tableau suivant,

Tableau n°14 : reflétant l’absence de dialogue avec la population.


Les Sensibilisation Concertation Participation
actions de la avec la des habitants
population société civile au projet
Les 0% (*) 0% 0%
taux
Source : enquête personnelle

91
L.Hisall, l’art de convaincre, in :la communication politique locale, op cit, p :4
92
L.SFEZ (dir), Dictionnaire critique de la communication, in : la communication politique locale,
Op. cit, p :4
93
Maryse SOUCHARD et Stéphane WAHNICH, Op.cit, p : 4

140
(*) : Le contact de sensibilisation pris par les Pact-Arim a touché
uniquement les propriétaires des 10 cas de maisons tests à rénover.
C’est dans ce sens que nous avons organisé une réunion avec
deux architectes stagiaires de l’ONG Africa70, au siège du complexe
culturel, afin de leurs expliquer les liens et les relations entre les
habitants de la médina d’une part et entre ceux-ci et leur espace d’autre
part, et d’inciter les dirigeants de la fondation à prendre contact et à
communiquer avec les habitants et les associations pour leurs expliquer
les objectifs du complexe. Pour cette action la nécessité de moyens
humains spécialisés est incontestable.
§4- Les moyens humains et les difficultés rencontrées
lors de l’exécution du projet.
1°/ Les moyens humains
Le relâchement de la structure sociale et physique de la médina
a généré une qualité de vie intolérable et ne répondant plus,
actuellement, aux besoins de ses habitants et des citoyens de la ville de
façon générale.
L’introduction de nouveaux procédés de constructions ont
causés la perte d’un savoir faire hérité du passé. Ainsi, pour pouvoir
mener la réflexion autour des formules à mettre en œuvre, il est
important de disposer de moyens humains qualifiés. Ils sont
indispensables pour l’amélioration des interactions entre les différents
acteurs et les opérations à entreprendre. Pourtant, il est noté que
l’insuffisance de l’effectif en moyens humains, notamment, pour
l’ANHI, constitue une contrainte à cette institution, en effet trois cadres
techniques font le suivi de plus d’une dizaine de projets. Les moyens
humains intervenant dans le projet de réhabilitation, et de façon
permanente, sont indiqués dans le tableau n°15
Tableau 15 : les moyens Humains utilisés :
INSTITUTIONS MOYENS HUMAINS
Architecte Ingénieur Technicien
ANHI 1 : (directeur 1 1
de l’ANHI)
Commune - - 1
Wilaya - 1 -
AU 1 - -
DRH - 1 -
Source : collecte des données auprès des administrations concernées.

2°/ Les difficultés rencontrées lors de l’exécution des


travaux de la réhabilitation.
Aux problèmes financiers, socio-économique et spatiaux de la
réhabilitation, s’additionnent les carences dans les domaines juridique et
141
organisationnel, qui avec les premiers amputent l’opération de
réhabilitation. Ceux-ci sans oublier les difficultés que représente le
terrain par ses diverses contraintes et complexités ainsi que
l’indifférence des habitants envers le projet. Parmi ces difficultés nous
citons :
- Sur le plan financier nous avons constaté que l’ANHI, est le principal
intervenant dans ce projet de réhabilitation nécessitant des moyens et
subventions de l’Etat. L’ex-commune de Sidi Ziane dont la médina fait
partie importante de son territoire, manque de moyens financiers
(d’après le premier vice président) pour l’exécution de toutes les
opérations, notamment, la rénovation de l’infrastructure de base et
l’expropriation. Cependant, le nouveau conseil de la commune urbaine
d’Oujda, montre son intention de s’attaquer sérieusement au
dysfonctionnement de l’ancienne médina.
- Quand aux problèmes de l’espace nous citons principalement l’arrière
pays de la ville qui échappe au domaine d’action du SDAU. Or,
l’absence de planification équilibrant les complémentarités et les
relations ville compagne ne fait qu’accentuer le facteur exode rural qui
joue pleinement dans le processus de dégradation de la médina.
- La situation socio-économique des habitants de la médina handicape
elle aussi l’opération de réhabilitation. En effet, la majorité des
habitants sont pauvres, leurs contributions sont à exclure. D’autre part,
le fait que le statut d’occupation est à majorité locataire, ne contribue
pas à l’entretien et la sauvegarde de la médina.
Tableau n°16 : Statuts d’occupations.
Statut d’occupation Proportion
Propriétaire 41.30 %
Locataire 50.94 %
Usufruitier 4.33 %
Copropriétaire 3.43 %
Source : étude de faisabilité ANH 1995.
- Dans le domaine juridique nous enregistrons essentiellement les limites
des compétences du schéma directeur d’aménagement urbain,
principalement le manque de force juridique et sa non opposabilité aux
tiers. D’autre part, l’absence de moyens financiers, juridiques, fonciers
et humains qualifiés, condamne le SDAU à demeurer un simple
document théorique. En absence de base juridique, le SDAU fait appel
au PA qui est le seul outil à faire appliquer juridiquement les principes
d’organisation et d’orientation spatiale recommandés par le SDAU.
Malheureusement, ces deux documents n’ont pas entamé la
question de réhabilitation de l’ancienne médina d’une manière claire et

142
détaillée. Le PA d’Oujda signale, tout court, la nécessité de
sauvegarder la médina, alors que le SDAU propose et envisage des
objectifs cités antérieurement. De son côté le plan d’aménagement et de
sauvegarde de la médina n’a pas encore vu le jour.
En plus de ces difficultés, dues aux insuffisances de la
planification urbaine, d’autres sont perceptibles sur le terrain, à la
morphologie et au parcellaire de la médina. En effet, l’étroitesse des
ruelles et le mauvais état du bâti ont posés, lors de l’exécution des
travaux de rénovation du réseau d’assainissement - ouverture de
tranchées pour pose ou dépose des conduites- énormément de
problèmes à l’entreprise et à la circulation des habitants d’une part et à
l’approvisionnement des chantiers en matériaux de constructions à
l’intérieur des quartiers, d’autre part.

L’un des problèmes du à


l’étroitesse des ruelles

Enfin, parmi les principales entraves de réhabilitation nous


citons l’absence de concertation du niveau central avec le niveau local,
notamment, l’élaboration du plan d’aménagement et de sauvegarde des
tissus anciens, et la faible cohérence entre les intervenants et surtout
l’indifférence d’une population très peu instruite qui manque d’apport
même significatif à ce projet. Lequel projet qui doit intégrer dans une
conception unifiée l’ensemble des acteurs publics et privés locaux et
centraux, ainsi qu’une action d’entretien quotidienne et continue de la
part de la population, dont l’impact sera certainement positif.
§5 - impacts socio-économiques et
environnementales des actions réalisées.
Jusqu’à ce jour, les seules actions achevées sont celles relatives
à l’assainissement liquide et à la voirie. Les enquêtes ont montré la
satisfaction des habitants et les effets positifs de ces deux actions sur
143
leurs vies quotidiennes. Seulement, la plupart considèrent que c’est de
leur droit d’avoir ces équipements et de vivre dans des conditions de
vie digne.
Malgré les effets de ces deux actions, leurs exécutions restent
souvent critiquées par les habitants. Ces derniers rejettent la qualité de
réalisation du projet de voirie et d’assainissement, mais l’acceptent en
tant que solution provisoire à divers problèmes vécus. Ce-ci se
manifeste par leurs expressions d’insatisfaction « c’est mieux que
rien ».
En effet, le revêtement de certaines rues n’a pas été accompagné
par la réalisation d’avaloirs d’orages, de bouches d’égouts et de pentes
afin d’éviter la stagnation des eaux pluviales dans les rues, ce qui à été
effectivement remarqué par les habitants lorsqu’il pleuvait. Parfois,
certaines rues sont très mal revêtus et ne présentent aucun aspect
d’esthétique, elles sont construites par une mosaïque de différents types
de matériaux : des tronçons de béton, des tronçons de bitume et des
parties non revêtues. En général, les travaux ne sont pas finement
réalisés et de toutes façons ni les bitumes ni le béton ne sont
compatibles avec les ruelles de la médina.
D’un autre coté, les habitants du quartier de la kasbah ont
exprimé l’effet visuel et esthétique des travaux de pavage de quelques
trottoirs et de la place sidi Ziane et notamment autour de l’immeuble de
l’ancien Etat major. Quand au travaux de rénovation et surtout de
curage du réseau d’assainissement, les habitants affirment que le
dysfonctionnement de se réseau persiste encore. La réalisation de ces
deux actions n’a induit aucun effet socioéconomique dans la vie des
habitants.
Tableau n°17 : satisfactions des habitants vis-à-vis des actions
réalisées.
Sexes satisfait Peu Insatisfait
satisfait
Masculin 17 % 29 % 54 %
féminin 35 % 42 % 23 %
Source : enquête personnelle
Les projets, que nous espérons vont faire adhérer la population,
sont ceux à réaliser par l’ONG Italienne en collaboration avec la
fondation Moulay Slimane, qui par leurs intérêts donnés aux côtés
culturels, visent à sensibiliser la population de la médina de la nécessité
de revitaliser les activités artisanales, de la revalorisation du patrimoine
culturel en développant les méthodes du savoir faire traditionnel. Le
véritable impact espéré atteindre par l’action de la fondation en
collaboration avec l’ONG Africa 70 se résume en trois points :

144
- Développement des compétences techniques nécessaires à la sauvegarde
et à la valorisation du patrimoine culturel et à la reprise des métiers de
l’artisanat local.
- Sensibilisation de la population et des acteurs, publics et privés, grâce à
la réalisation de projets pilotes de démonstration et de formation à
l’intérieur de la médina d’Oujda.
- Renforcement de la capacité de la fondation Moulay Slimane en matière
de sauvegarde et de gestion du patrimoine culturel et artisanal, et
amendement de son rôle de sensibilisation, d’incitation et de dialogue
auprès des institutions centrales et locales, pour le bien de la population.
Le mouvement et le rôle prévus par l’ONG Africa70 dans la
structuration de la société civile, auront un impact, incontestablement,
porteur d’espoirs, de dynamiques et de changements. Ce mouvement
peut avoir un effet incubateur d’où pourraient émerger de nouvelles
forces sociales issues de groupes économiquement défavorisés. En effet,
la rue abritant le complexe culturel commence a connaître une activité
et une dynamique de visiteurs se rendant à cet équipement.
L’action ayant connu un grand succès et un effet positif palpable
dans la vie de la population, non seulement à l’échelle de la médina
mais aussi à l’échelle de la ville entière, est le réaménagement de la
place et jardin Bab El Gharbi en un lieu où toutes les familles se
dirigent pour se détendre (musique, verdure, lac à canards, bancs pour
se reposer, kiosque pour prendre des boissons fraîches où chaudes,
petite cascade d’eaux, etc.), alors qu’auparavant elle représentait un vrai
point noir de la ville. Ce succès est du, essentiellement à la coordination
des actions entre la commune, la sûreté nationale et les autorités locales.
C’est du aussi au maintien et à l’entretien quotidien de cet espace par un
ex-RME soutenu par des autorités locales.
Le projet concernant le volet habitat (rénovation des maisons en
collaboration avec Pact-Arim), a lui aussi l’intention de faire impliquer
les occupants des maisons tests le long de ses phases de réalisation. Les
responsables des Pact-Arim considèrent que cette implication constitue
une obligation pour la réussite du projet. Ainsi, l’implication des
habitants dont les maisons sont concernées par la rénovation ne doit pas
être seulement physique mais aussi financière.
A part ces deux actions, celle de l’ONG et des Pact-Arim, qui
estiment tenir compte du volet social, la méthodologie menée
actuellement dans la réhabilitation de la médina d’Oujda, en ignorant le
volet social qui reste au cœur de l’opération, ne peut produire les fruits
escomptés. Réfléchir la médina et la ville de demain revient à dire
donner de l’espérance à ceux qui vivent dans ces quartiers. Améliorer
l’image de ces derniers et faciliter la vie sociale de la médina, veut dire
amener concrètement les habitants vers l’expression d’une citoyenneté
145
et rendre possible leur participation à tous accès au débat ou à l’action
collective.
L’une des contraintes majeures à cette démarche, d’après les
enquêtes effectuées, réside dans la forte mobilité résidentielle des
habitants ainsi que leur niveau d’instruction très bas, d’où la nécessité
de procéder à une formation instructive des habitants avant leur
mobilisation dans le cadre de la participation ou de mouvements
collectifs et associatifs. La création de maisons de jeunes et de foyers
féminins ainsi que la sensibilisation des enfants dans les écoles envers le
patrimoine constitue une des cultures indispensables pour la sauvegarde
de la médina.
Tableau n° 18 : Les niveaux d’instruction de la population de la
médina.
néant coranique primaire secondaire supérieur Total

Masculin 27 % 19 % 34 % 18 % 2% 100%

Féminin 72% 5% 21 % 2% 0% 100%

Moyenne 49 % 12 % 28 % 10 % 1% 100%

Source : enquête personnelle.


En réalité, les effets d’impact et d’entraînement des actions de la
réhabilitation doivent toucher les propriétaires privés à prendre
l’initiative de restaurer leurs demeures et les réaffecter si c’est
nécessaire en d’autres activités plus bénéfiques et dans l’intérêt de la
médina telles que les galeries d’arts, restaurants, hôtels, etc. Des
opérations, de tourismes culturels et d’activités économiques, doivent
également être identifiées et proposées aux privés.
Ce n’est qu’en procédant à une réhabilitation globale qui fait
intervenir la société civile, les opérateurs publics et privés que nous
pourrons mettre fin aux phénomènes de dégradations et inverser leurs
processus. Toute action sur l’espace en question doit tenir compte des
avis de ces occupants afin de ne pas bouleverser leurs habitudes de vie
acquises avec le temps car, « tous projet de transformation de l’espace
du quartier va remettre en cause les trames invisibles de ces micro-
ritualisation »94.

94
Jean-Paul LACAZE, op.cit. p : 56.

146
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

147
La médina, espace urbain traditionnel, a connue un exode rural
très important et un départ des populations aisées d’origine, dans un
laps de temps très court. Ces faits avaient pour conséquences une
accélération de la dégradation du cadre bâti et de l’environnement de la
médina d’une part et l’intensification de la crise déclenchée durant la
période coloniale d’autre part.
Ce processus de crise s’est manifesté par plusieurs aspects
socio-économiques, spatiaux et par les sous équipements qui concernent
aussi bien l’habitat que les équipements de base. Cet héritage urbain est
difficile à appréhender et reste le site de très diverses problématiques.
Ainsi, les aspects sordides, les quartiers miséreux, le manque de
confort minimum, l’absence de sécurité et l’absence des formes
d’hygiène sont omniprésents dans la médina et y rendent la vie très
difficile. En effet, la marginalisation de la médina est essentiellement
due à l’absence d’élites et d’organisation de la population en structures
capables de défendre ses intérêts.
Pourtant, malgré ces aspects de crise, la médina garde toujours
son attractivité et dynamisme, notamment la prolifération de son activité
commerciale. De ce fait, elle subventionne le reste de l’agglomération.
Ce dynamisme est liée aussi à ses activités non structurées et
informelles, elles aussi dominées par le commerce alimentaire et
vestimentaire.
Cette dynamique économique a empiété sur la fonction
résidentielle de la médina. La conversion des habitations le long des
grands axes en locaux à activités commerciales se fait, surtout, par des
ouvertures et des transformations des façades.
Les surinvestissements en petits commerces au détriment
d’autres fonctions urbaines notamment la fonction résidentielle et la
dégénérescence des activités socioculturelles et des formes de
solidarités, dues au départ d’une population autochtone et son
remplacement par une autre population étrangère qui méconnaît ces
lieux anciens et leur mode de vie, constituent également un malaise à la
médina. Cette dernière, par la diversité des conditions d’accueils et de
logements à prix bas qu’elle offre, par la diversité et la mixité des
fonctions qui s’y trouvent, reste un lieu privilégié et un refuge pour les
populations défavorisées.
Certes, après avoir longtemps méprisé et marginalisé les tissus
anciens, on choisit finalement de les restructurer. Ainsi, le projet de
réhabilitation constitue une urgente réponse à une nécessité préjudicielle
et de premier ordre.
Ce projet de grande envergure doit inévitablement intégrer les
habitants qui doivent être au préalable sensibilisés aux risques qui
148
menacent leur environnement et à l’intérêt que porte le projet envisagé
au profit et en faveur de leur cité.
La concertation, avec la société civile pourrait apporter
beaucoup au projet et aux décideurs, « la concertation avec les
habitants, les associations locales, est rendue obligatoire avant tous
projet d’aménagement ou d’action d’aménagement, qui par sa nature
ou son ampleur modifie substantiellement les conditions de vie des
habitants dans les quartiers »95.
Les opérations menées jusqu’à présent, au sein de la médina, ont
montré le contraire et la politique appliquée n’a accordé aucun intérêt ni
importance à la population et aux associations concernées d’une part et
restent sous forme d’actions ponctuelles d’autre part. Le volet social qui
consiste à faire émerger les besoins des ménages, à construire avec eux
un projet et les aider à l’accomplir, n’a pas reçu l’intérêt qu’il méritait.
Vouloir réhabiliter et porter une grande fonction culturelle et
commerciale dans la médina, à travers le projet de réhabilitation,
demande l’ouverture de cette dernière sur toute la ville, voire sur
l’agglomération entière. La médina et ses quartiers ne peuvent être
pensés et aménagés de façon isolée du reste de l’agglomération et de
son contenue. C’est grâce à une approche globale que l’on peut aborder
plus particulièrement la médina et ses quartiers.
D’autre part, il ne suffit pas de restaurer, uniquement, les
édifices et les formes physiques de la médina, mais il faut réfléchir aux
outils et méthodes et faire mobiliser tous les facteurs qui leurs
permettent de perdurer et d’évoluer dans le contexte urbain où ils se
trouvent.
Ainsi, les décideurs et les planificateurs sont appelés à revoir
leur méthode de réhabilitation afin de mener cette dernière dans le bon
sens et d’éviter ou d’atténuer du risque d’échec de l’opération. Surtout,
ils ne devrons pas omettre de tenir compte de deux paramètres
importants : la sensibilisation et l’implication des habitants puis de
définir les outils et les réflexions perspectives sur la durabilité et
l’entretien de tous les édifices à rénover et à restaurer.
De leur coté les habitants, et faute de leurs médiocres situations
économique ainsi que leurs niveaux d’instructions très bas, ne portent
aucun intérêt au maintien ni aux actions quotidiennes pour améliorer
leur cadre de vie. Ces habitudes et phénomènes s’aggravent par le
manque d’encadrement et de formation des habitants ainsi que leur
sentiment de catégorie exclue socialement.

95
Ministère de l’équipement, des transports et du logement, ministère de la culture et de la
communication, agence nationale pour l’amélioration de l’habitat, op cit, P : 401.

149
Il convient aussi de mentionner que les différents acteurs qui
interviennent dans cette opération manquent de coordination et de
collaboration à cause de la faible communication entre eux, que se soit
au niveau local ou entre celui-ci et le niveau central. Cette faible
communication entrave la pertinence du projet et conduit à une analyse
des stratégies des différents acteurs, et à la recherche de la meilleure
manière de construire leur complémentarité et la cohérence de leurs
actions dans la co-responsabilité et le co-financement négociés. En
outre, les interventions ne portent ni sur les quartiers prioritaires ni sur
les besoins prioritaires des habitants.
Un autre point pas moins important que ceux cités ci-dessus
s’avère essentiel pour cette opération de réhabilitation et nécessite une
réflexion et une concertation de tous les acteurs urbains, aussi bien
publics que privés, au niveau local, en effet, il s’agit de la création d’un
organisme ayant les aptitudes de gérer et de coiffer toutes les opération
de réhabilitation.
Enfin, en ce qui concerne les effets des actions réalisées sur la
vie quotidienne des habitants, seul le réaménagement de la place-jardin
Bâb El Gharbi mérite d’être diffusée à l’échelle de toute la ville. Cet
espace a contribué à améliorer la qualité de l’espace urbain et à servir de
lieu de détente et de loisir aux habitants. Le revêtement de certaines
ruelles a engendré une forme de propreté par localité. Le réseau
d’assainissement commence déjà à manifester des signes de
dysfonctionnement ce-ci par manque d’entretien qui doit procéder par
un revêtement de toutes les ruelles.
L’entretien des édifices physiques et, en général, de
l’environnement de la médina, doit faire l’objet des cultures de la
population et même des collectivités locales et de leurs gestions
quotidiennes notamment tous ce qui concerne le patrimoine qui grave
les empreintes et les traces de notre passé.
La médina d’Oujda par sa position au centre de la ville, joue le
rôle de son organe moteur. Ainsi, sa « correcte » réanimation aura des
répercutions, notamment, socioéconomiques très positives non
seulement au niveau local mais aussi au niveau régional. Elle fera,
également, une excellente niche touristique pour les estivants que la
région de l’oriental espère recevoir dans les années avenir avec
l’achèvement du projet d’aménagement de la station balnéaire de la
ville de Saidia, actuellement en cours de réalisation.

150
DEUXIEME PARTIE
METHODOLOGIE DE REHABILITATION
ADAPTEE AU CONTEXTE DE LA MEDINA
D’OUJDA.

151
INTRODUCTION
Constituant les parties les plus vielles des villes, les médinas se
présentent comme des unités urbaines gravant l’art traditionnel de bâtir
Marocain, elles sont, ainsi une mémoire des civilisations passées et un
patrimoine monumental et historique à conserver.
La médina d’Oujda connaît un accroissement de la population à
revenu faible et à l’intérieur d’un espace inélastique, ce qui ne peut
qu’entraîner une aggravation de la dégradation de ces tissus
traditionnels d’une part et une prolifération des activités commerciales
au dépend des logements d’habitation d’autre part.
Ainsi, la réhabilitation et la sauvegarde, envisagées, de la
médina doivent être menées dans l’esprit d’un équilibre vital entre les
zones d’activités commerciales très attractives d’une part et l’espace
résidentiel rejeté par ses habitants autochtones, ainsi que les
équipements très dégradés d’autre part. La réalisation d’un tel équilibre
aidera à la fixation et à la stabilisation des populations locales, et à
l’amélioration des conditions de leurs vies.
La vraie et adéquate réhabilitation nécessite une prise en compte
du contexte socioéconomique et culturel local (taux d’analphabétisme,
taux de chômage, pauvreté urbaine, marginalisation sociale,…) qui
constitue un facteur essentiel dans la lutte contre la dégradation des
médinas et leurs insalubrité. La mise en œuvre du processus de
développement socioéconomique intra-muros basé sur l’éducation,
l’alphabétisation, la formation professionnelle, l’accès à l’emploi et
l’appui aux activités génératrices de revenus, contribuera à l’intégration
socioéconomique de la population concernée.
La conduite de ces actions nécessite des compagnes de
sensibilisations et la mise en place des structures d’accompagnement
sociale permanentes permettant d’assurer un encadrement de la société
civile et de jouer le rôle de médiateur entre celle-ci et les pouvoirs
publics.
Autrement dit, la réhabilitation des tissus anciens ne veut pas
dire se limiter au côté technique et opérer entre organismes publics,
collectivités locales et acteurs privés, mais faire intégrer le volet social
et faire participer les habitants à toutes les phases du projet de
réhabilitation.
La réhabilitation c’est aussi l’amélioration de la communication
entre les collectivités locales les pouvoirs publics et la société civile
ainsi que le renforcement des moyens d’informations sur les méthodes
et démarches à respecter en matière d’actions associatives et
l’encouragement des initiatives privés. Ces actions contribueront a

152
l’amélioration des espaces urbains et de certains édifices d’intérêt
architectural ou historique.
Cette stratégie de réhabilitation des tissus anciens ne peut se
concevoir comme un ensemble d’actions qui ignorent le rôle des
habitants et par conséquent ne prend pas en compte leur intégration
comme réel acteur du projet. Les habitants constituent un acteur
partenarial et une composante indispensable à la réussite des projets de
réhabilitations et de territoires en général.
En outre, faire participer et intégrer tous les acteurs pour la
réussite des projets n’a de sens que si on dote chacun, et notamment les
habitants, des moyens nécessaire afin d’être reconnu comme de vrai
acteur, «Dotons les habitants de moyens pédagogiques pour se former,
de moyens techniques pour enquêter et de moyens financiers pour agir.
Missionnons des médiateurs pour valoriser le savoir populaire,
redéfinissant l’utilité sociale des associations pour transformer l’acquis
des habitants en expertise »96.
En réalité, la contradiction c’est de parler de la participation de
la population alors que celle-ci est non instruite et insolvable, n’ayant
aucune culture de sauvegarde de son patrimoine ni d’entretien de son
environnement. Ainsi, pour lever cette contradiction et parler vraiment
de participation, il est préjudiciel de procéder en premier à une
« réhabilitation » de la population, c’est-à-dire, à l’amélioration de son
niveau d’instruction, de sa culture et essentiellement de son niveau
socioéconomique. Cette « réhabilitation » culturelle et économique de la
population est possible à l’aide de méthodes et de divers outils efficaces
qui seront exploités ultérieurement.
Dans notre cas, la participation des habitants aux opérations de
réhabilitations devient une exigence particulière dans la stratégie de
réhabilitation de la médina. Dès lors que cette stratégie implique
l’intervention de plusieurs autorités condamnées à travailler en
partenariat : Etat, collectivité locale, commune, privé, société civile et
organisme internationaux, elle doit requérir un travail interinstitutionnel
qui conduit à une analyse des positions des différents acteurs et à la
recherche de la meilleure manière de reconstruire leur complémentarité
dans la co-responsabilité et à une vision prospective et collective lors de
l’élaboration des programmes d’actions des différents acteurs.
Ainsi, la recherche d’un organisme « chef d’orchestre » qui
devra coiffer tous les intervenants mérite une profonde réflexion. De
cette façon, et avec un travail pluridisciplinaire concerté entre le local
et le central, nous pouvons aboutir à l’élaboration et concrétisation de
plusieurs projets dont le plan d’aménagement et de sauvegarde de la
médina constitue une priorité. C’est un document d’urbanisme
96
Revue Territoire, op cit., P :6

153
préjudiciel pour l’identification d’une stratégie de sauvegarde des tissus
traditionnels, notamment, le patrimoine.
En tous, une chose est certaine c’est que tous le monde est
convaincue qu’à long terme, le succès d’une stratégie de réhabilitation
et de sauvegarde dépendra de la volonté et des capacités des habitants
des médinas à entretenir et à veiller sur leur patrimoine et leur
environnement de vie. Cependant, il est nécessaire que l’Etat
intervienne avec plus de vigueur afin d’assurer une harmonie équilibrée
des actions, un arbitrage entre les différents intervenants et d’empêcher
l’apparition d’une situation de dégradation irréversible.
En effet, du fait que la réhabilitation ne sera pas une action
définitive, mais une des interventions en permanence sur la cité
traditionnelle, la création d’une institution chargée des opérations de
réhabilitations et de restaurations s’avère nécessaire.
La poursuite de ses objectifs demande une série d’actions à
différents niveaux et dans un ordre de priorité dont l’accompagnement
social en amont et le long du projet est de grande importance.

154
PREMIER CHAPITRE :
L’INTEGRATION DE L’ACCOMPAGNEMENT
SOCIAL DANS LES PROJETS DE
REHABILITATIONS.

155
Chaque projet porte des avantages socioéconomiques,
considérés comme intérêts pour les citoyens bénéficiaires. Mais l’intérêt
qui n’est pas compris par les citoyens eux même, n’en n’est pas un.
Ainsi, se pose le problème de la maîtrise d’ouvrage social lors des
interventions de réalisation des projets.
Ces interventions manquent d’une vision globale et intégrée et
souffre d’une insuffisance dans la prise en charge des aspects sociaux
des populations concernées. A la maîtrise de la dimension technique
doit s’associer la maîtrise du volet social afin de pouvoir augmenter la
probabilité de réussite des projets d’atteindre leurs objectifs.
Bref, l’astus c’est comment agir pour renforcer les performances
et l’adhésion des habitants, améliorer leurs revenus et maîtriser les
composantes techniques et financières des projets, c’est-à-dire,
comment procéder afin de créer des emplois et par conséquent des
revenus qui permettrons à la population de la médina de rembourser
et/ou d’accéder à des crédits leurs permettant la restaurations de leurs
logements, et l’amélioration de leur niveau de vie « comment prendre
en compte, encadrer et suivre la population dans le cadre d’une
synergie positive entre les approches techniques et les attentes
sociales »97.
L’une des solutions les plus efficaces c’est le traitement et la
recherche de remèdes à la situation socioéconomique des habitants, le
renforcement des moyens d’action des associations ainsi que la
réalisation d’équipements socio-collectifs et culturels dont le rôle est
très important dans l’instauration de la socialisation et des pivots de
l’évolution des relations sociales pour les groupes qui occupent ces
équipements. Leur rôle et aussi très estimé comme vecteur de la
communication.
Or, ces réalisations sont énormes et les moyens sont
extrêmement réduits. En plus, opérer au sein d’une population qui
ignore l’importance des actions à réaliser en sa faveur ainsi que la
valeur des édifices réhabilités, ne peut qu’engendrer la complexité du
projet et des difficultés de sa réalisation.
SECTION I : LA PREPARATION CULTURELLE ET LA
LUTTE CONTRE L’EXCLUSION DE LA POPULATION.
Comme nous l’avons déjà vu dans la première partie, la
majorité de la population de la médina connaît un taux élevé
d’analphabétisation, de pauvreté et de toutes sortes d’exclusions. Cette
caractéristique fait d’elle un acteur qui ne connaît pas ses droits et ses

97
Revue Aourach, bulletin d’information du secrétariat d’Etat à l’habitat, spécial MOS, juillet 2001,
p:1

156
devoirs, un partenaire qui ignore son patrimoine et un acteur qui n’est
guerre favorable à la consolidation des liens sociaux dont le but de
construire une action collective.
La formation socioculturelle de cette population est primordiale.
Ainsi, la dimension sociale doit être privilégiée par les études dans le
champ de la gestion et la planification urbaine. Cette dimension devra
être considérée comme mécanisme de régulation des rapports sociaux
urbains, et comme système de contrôle de la population.
Dans ce sens, les programmes pilotes de luttes contre la pauvreté
et l’exclusion, qui visent le renforcement des capacités locales, devront
mettre en œuvre et concrétiser des plans d’actions intégrés de luttes
contre toutes sortes de marginalisation et de pauvreté urbaine.
Ces actions permettront, en plus des actions de mobilisations
financières en faveur des populations démunies, de faire naître des
pratiques basées sur la construction de partenariat, la création dans les
institutions locales d’espaces de dialogues et de concertations entre les
différents acteurs et intervenants, le renforcement du tissus associatif et
la réalisation de projets démonstratifs où la population intervient, tels
que les équipements socioéducatifs socioéconomiques et culturels.
D’autre part, la formation d’un personnel qualifié, pouvant jouer
le rôle d’intermédiaire entre les différents acteurs urbains y compris la
société civile pour mener à bien tous projet sociétal, est une nécessité,
voire une urgence contemporaine.
§1 : La préparation des habitants a adhérer au projet
de réhabilitation et de sauvegarde de la médina.
Si les pouvoirs souhaitent mener à bien la réalisation de tous
projets, ils devront mettre en œuvre des processus qui dérivent de
certaines pratiques spécifiques telles que : information, sensibilisation,
consultation, et concertation.
A la base, les mécanismes de l’information et de la
sensibilisation locale constituent un premier degré de la pédagogie
participative. La concertation et la consultation constituent le second
degrés à travers lequel le pouvoir recueille un avis dont-il tient compte
ou pas, mais qui l’aide à prendre sa décision.
La participation n’est importante que lorsque la consultation a
été entourée de mécanismes importants de communications et
d’animations sociales. Parmi les intérêts des pouvoirs publics et de tous
les intéressés par le projet et de faire expliquer aux habitants comment
en sauvegardant et entretenant le patrimoine, il pourra contribuer à les
aider à améliorer leur cadre de vie.

157
Il faut également réfléchir aux outils et moyens par lesquels
faire apprendre aux habitants à participer efficacement à la gestion des
affaires qui concernent leurs quartiers et leurs environnements de vie.
Ceci leur fera acquérir les habitudes de gestion de leurs affaires locales
et par la suite l’habitude à l’auto réhabilitation de leurs quartiers.
a / : L’information, la sensibilisation et le dialogue sociale
Le projet de réhabilitation de la médina constitue en lui-même
une opportunité de dialogue et d’échange avec les habitants concernés
par le projet. Une démarche d’information et de sensibilisation par des
activités et esprit d’animation, auprès de la population locale, devra être
entreprise.
Ainsi, une meilleure compréhension des enjeux existants et des
politiques engagées en matière de réhabilitation sera facilitée d’une part
et les interrogations et propositions, des habitants usagers quotidiens et
familiers de la médina, fourniront de nouvelles perspectives de
réflexions et d’actions d’autre part.
Nous envisageons quelques suggestions de sensibilisation de
l’opinion locale et nationale dont-il faudra nécessairement approfondir
les méthodes :
- En premier, une compagne de sensibilisation et d’information à travers
les mass média par émissions sous formes de « Flash » entre les
différents programmes, aux meilleures heures d’écoutes sur les ondes de
la station radio régionale d’Oujda. Les petites pièces théâtrales,
illustrant les situations concrètes de familles confrontées aux problèmes
sociaux, culturels, économiques et à la dégradation de la médina, ne
sont pas moins importantes que la première.
- La sensibilisation en milieu scolaire est une forme de sensibilisation qui
présente l’avantage de toucher des publics divers : enseignants et
administratifs, membres de l’association des parents d’élèves qui sont
de bon relais d’opinions, et les élèves qui seront demain les acteurs de la
réhabilitation entamée actuellement. Par ailleurs, les programmes
d’enseignements peuvent incorporer l’étude des problèmes de
l’environnement et du patrimoine, et la responsabilisation des jeunes par
des cours sur ces thèmes à intégrer au cours d’instructions civiques
dispensées dans les programmes actuels.
- La sensibilisation dans les mosquées : profitant du rassemblement des
fidèles particulièrement accru le vendredi, le « Khatib » avant ou après
la prière pourra donner une leçon ayant pour sujet la réhabilitation, la
sauvegarde, le patrimoine, etc.
- La sensibilisation et l’information à travers les plaquettes et les
panneaux d’affichages dans des places stratégiques, constituent
également un des moyens publicitaires les plus efficaces.
158
Le dialogue social et l’animation dont des animateurs chargés de
sensibiliser la population aux problèmes de son patrimoine et de son
environnement, en vue de la faire participer à leurs sauvegarde, ont
essentiellement deux missions à accomplir : la première est de faire
naître l’esprit de travailler collectivement et ensemble, la seconde est de
jouer le rôle d’intermédiaire créant l’échange et la liaison sociale.
La fonction de l’animateur est une fonction d’éveil, de prise de
conscience d’une population à un problème donné. Il devra s’attacher à
connaître ses interlocuteurs pour ajuster efficacement ses méthodes
d’actions et de discours. Ce-ci en raison que la population à laquelle il a
affaire se divise en catégories de différents âges, sexes, statuts sociaux
et activités professionnelles etc.
C’est aussi le rôle de l’urbaniste qui doit utiliser largement les
techniques d’animation socioculturelle, c’est-à-dire, faire parler qui est
plus important qu’expliquer. Ceci devra se faire, surtout, lors des
premières phases de prise de contacts avec les habitants, puis lorsque les
débats se cristallisent en mettant en évidence des conflits ou des
concurrences entre différents groupes de la société civile.
b / La concertation.
Il s’agit d’informer le plus, en amont, possible les habitants et
les acteurs concernés par le projet de réhabilitation qui devra affecter
leurs conditions et cadre de vie. Ce-ci afin de recueillir les observations
et répondre aux questions soulevées par la réalisation du projet. Cette
phase de préparation et de concertation doit se faire au court de
l’élaboration du projet.
La concertation devra associer, pendant toute la durée de
l’élaboration du projet : la société civile, les pouvoirs publics, le secteur
privé et toutes les personnes morales concernées. Elle implique
l’intervention des parties non décideurs (les habitants et/ou leurs
représentants), elle devra considérer les habitants comme des personnes
ressources pleines de créativités et de dynamisme social et de savoir
faire.
Bref, il s’agit, d’informer et d’éclairer les habitants sur les
motifs du projet et les modalités de sa réalisation, d’une part, de
permettre l’établissement d’un dialogue entre la population et
l’administration par l’intermédiaire de médiateur ou d’outils
spécifiques d’autre part. Les moyens utilisés, pour les modalités de
concertation, sont variés :
- Organisation de rencontres publiques,
- Enquêtes,
- Réalisation de plaquettes d’informations,

159
- Organisation de réunions publiques et/ou privées
- Insertion dans les journaux d’informations,
- Mas médias,
- Expositions,
- Séminaires et colloques, etc.
Dans le but d’atteindre ce terme de concertation il est plus
intéressant de le rendre obligatoire lors de la conception de tous projets.
Elle est d’autant plus importante dans les tissus anciens et doit d’autant
mieux être organisée que ses sites connaissent de multiples activités qui
s’y exercent dans une ambiance désorganisée.
Les nombreuses procédures et opérations ayant pour objectifs la
restauration, la rénovation et la mise en valeur des quartiers de la
médina en modifiant substantiellement les conditions de vie des
habitants, nécessitent cette condition préjudicielle pour la réussite de ces
actions qui est la concertation. Cette dernière devrait être organisée par
les principaux intervenants dans cette opération de réhabilitation à
savoir l’ANHI, la commune, l’AUO, la fondation Moulay Slimane et
l’autorité locale.
Durant cette phase de concertation le savoir faire ensemble est
essentiel. Toutefois, il faut prendre tous le temps nécessaire pour
expliquer et éclairer les habitants sur les raisons du projet et les
circonstance de sa réalisation. « La gestion du temps prend une
importance toute particulière, parce que la démarche ne prend son sens
que si elle débouche effectivement sur une volonté de « faire
ensemble ». Tantôt, il faut savoir perdre du temps parce que les choses
ne sont pas mûres, que certains participants n’ont pas encore été en
mesure de faire savoir ou de faire valoir ce qui est important pour eux.
Tantôt, il faut éviter que les débats ne s’inclinent dans des répétition qui
risquent d’aggraver des tentions latentes »98.
Cette démarche de concertation, ignorée par certains acteurs
(commune) et sous estimée par d’autres (ANHI, AUO), stimule à
l’amont l’adhésion des habitants aux opérations de réhabilitation.
L’expérience a montré que lorsque les décisions sont élaborées dans un
cadre de concertation et de consultation, les populations s’engagent
activement dans la mise en œuvre du projet.
Parmi les outils et moyens favorisants la participation des
habitants à la gestion du quotidien, nous citons, aussi, la formation.

c / la formation.
98
Jean Paul LACAZE, les méthodes de l’urbanisme, éd : presse universitaire de France, Paris, 1990.
p : 65

160
L’exercice de la citoyenneté suppose un apprentissage des
fonctionnements institutionnels et des connaissances diverses acquises à
travers une pédagogie appropriée. Pour les populations les plus en
difficultés, pour se faire et participer aux débats locaux, des dispositifs
d’initiations et de formations élémentaires sont à encourager. Pour ceux
qui sont déjà engagés dans l’action, des appuis et renforcements aux
besoins de formation sont indispensables.
De même il faudra ouvrir des possibilités de formations
communes aux élus, services administratifs et professionnels de terrain,
pour favoriser le décloisonnement, le travail collectif et bâtir ensemble
une pédagogie de participation.
§2 / construire une pédagogie participative pour la
réussite des projets.
L’analyse de la situation actuelle des rapports sociaux entre les
habitants de la médina montre une évolution de l’individualisme et de
replis familiaux. Ces replis ne favorisent pas l’encouragement du travail
collectif des habitants.
L’engagement éducatif, en amont de la participation proprement
dite, considéré comme un pont de passage obligé, doit être étudié au
même titre que les actions participatives elles-mêmes pour faciliter
l’implication de la population.
Les travaux relatifs aux moyens à mettre en œuvre pour
impliquer les habitants à prendre leurs parts dans la réalisation des
projets de développements et pour remédier aux dysfonctionnements
sociaux, constituent des apports très utiles à cette action pédagogique
de la participation.
La culture de la pratique de la participation s’apprend et
s’éduque. Elle s’exerce et se travaille dans les organisations
d’éducations populaires. Ces initiatives émanantes de la base doivent
trouver un accueil et une aide de la part des pouvoirs locaux en leurs
proposant des actions d’informations, de formations et des occasions
d’apprentissage de la responsabilité qui incitent le maximum de
citoyens à s’impliquer dans le processus participatif.
D’après les enquêtes réalisées, la population de la médina (âgée
de plus de 40 ans) n’a guerre l’intention de s’impliquer dans de telles
organisations d’éducation. Quant aux jeunes, ils sont très motivés pour
s’impliquer dans des espaces d’échanges d’idées et d’animations qui ne
sont pas associatifs. Cette culture des jeunes qui nous parait refuser
d’entrer dans des cadres préétablis, institutionnalisées et réglementés,
préfèrent des rassemblements et organisations « libres ».
Ce comportement et cette conduite des jeunes s’explique par la
non satisfaction de leurs appartenances au milieu où ils se trouvent, « A
161
l’enrôlement s’oppose ici le dégagement, car l’individu ne se sent pas
identifié par ses relations au cadre bâti ou à ceux qu’ils croisent sur son
lieu d’habitation ; peu engagé dans la vie sociale locale, il se sent sur
une autre planète, absorbé qu’il est dans des univers qui maintiennent
des distances abyssales avec ce qui concerne le voisinage et
l’environnement »99.
En face de ce type de population qui a beaucoup de mal a entrer
dans les champs des structures participatives, on ne peut qu’affirmer et
prévoir une dislocation des liens sociaux, ce qui se répercute
négativement sur la conduite du projet de réhabilitation et sur le
développement socioéconomique local. Les actions et travaux à mettre
en œuvre pour remédier à ces fractures constituent des apports précieux
à la pédagogie de la pratique participative.
Ainsi, nous voyons primordial, le rôle des pouvoirs publics et
des associations existantes, dans l’orientation et l’encadrement des
habitants. Il faut identifier les obstacles, les surmonter pour faire
ensemble du local le lieu privilégié de l’apprentissage de la
participation, dont les bénéfices se diffuses ensuite dans l’ensemble de
la société, et dans toutes les formes de relations sociales.
D’un autre coté, la médiocre coordination et collaboration entre
les différents acteurs urbains, nécessite l’existence d’une structure
solide en mesure d’être écoutée par tous les intervenants. Elle devra
coordonner, arbitrer, faire participer ensemble et faire le suivi de toutes
les opérations du projet le long de toutes ses phases.
Elle devra informer tous les acteurs urbains, publics et privés,
informer toutes les composantes de la société civile d’une part et
assurer une vraie concertation entre le niveau central et le niveau local
et équilibrer entre la responsabilité de la population et l’arbitrage de
l’Etat d’autre part.
Cette structure devra, aussi, servir de lieu d’encadrement et
d’apprentissage des méthodes participatives. Sans cette organisation au
niveau local qui mettra du projet une affaire de tous, sans coordination
ni décentralisation et déconcentration, l’opération de réhabilitation,
comme beaucoup d’autres opérations, aura moins de chances pour
réussir et atteindre ses objectifs, « … il est essentiel de noter que les
méthodes participatives supposent une très large décentralisation des
pouvoirs, au minimum au niveau de la commune et même, le plus
souvent, au-delà »100.
Dans se sens, nous avons inciter la plus part des intervenants
dans le projet de réhabilitation a faire le maximum d’effort pour mieux
99
André SAUVAGE, Les habitants de nouveaux acteurs sociaux, édit l’Harmattan, Paris, 1992,
p :10.
100
J.P LACAZE, op cite, p : 66.

162
collaborer et communiquer avec tous les acteurs publics, privés et
civiles afin de constituer un système d’action cohérent et prospectif.
Cette incitation a eu le mérite d’être écoutée, et a eu des effets
palpables au niveau de la commune qui a fait de la visite de la
délégation des fonctionnaires cadres de la commune de Molenbeek
Saint-Jean de Bruxelles du 26/06/04 au 02/07/04 une rencontre entre
tous les acteurs urbains publics, privés et civiles. Ces différentes parties
ont identifié différentes problématiques de la ville et sont arrivées à
délimiter, en collaboration avec les cadres techniques Belges, le site
d’intervention et de coopération qui est la médina d’Oujda.
Cette démarche de travail collectif afin de bien analyser les
situations, cerner les problématiques et de pouvoir prendre la meilleure
décision, pourra constituer l’amorce d’une planification stratégique
participative, notamment, au niveau des collectivités locales qui forment
les premières structures responsables du développement économique,
sociale et culturel local, et dont la rationalisation de leurs ressources
financières et humaines constitue un des points préjudiciels de cette
démarche participative.
§3- Les actions a entreprendre.
Les médinas Marocaines et particulièrement celle d’Oujda,
connaissent un processus de dégradation avancé, alors que les actions de
sauvegarde sont souvent partielles, voire rares.
Le contexte urbain accéléré, l’extrême disette des moyens
financiers ainsi que la complexité et l’interdépendance des situations
rencontrées dans les médinas, sont parmi les causes de leurs
dégradations. Toutefois, il est temps d’élaborer, d’appliquer des
stratégies d’actions innovantes et opérationnelles visant à mettre en
valeur le patrimoine bâti d’une part et d’encourager la société civile,
notamment, les nombreux RME à investir dans la médina d’autre part.
ces actions permettent d’assurer une revitalisation durable et mieux
intégrer la médina dans le contexte urbain général, sachant que le but
escompté est le développement socio-économique fondé sur des bases
culturelles et environnementales.
La réflexion doit porter sur les d’actions portant sur le plan
institutionnel, financier, technique et humain de manière à assurer une
exploitation rationnelle et optimale de tous les moyens existants d’une
part et de définir les éléments complémentaires nécessaires et de mener
des actions de sensibilisations à l’extérieur auprès des organisations
Internationales afin de trouver des partenaires capables de prendre part
dans le projet d’autre part.
Outre ces actions il est certes indispensable d’améliorer
l’efficience des dispositifs d’insertions des habitants, notamment,

163
économiques et sociaux qui ont permis ces dernières années à plusieurs
de leurs bénéficiaires de redevenir des acteurs de leur vie et de retisser
des liens sociaux indispensables au développement socioéconomique et
culturel. Ainsi, pour faire de ses activités une action génératrice des
liens sociaux et d’amélioration du niveau de vie, il est nécessaire de
faire recours à une collaboration économico politique, « le social n’est
pas autre chose qu’une articulation entre la sphère économique et la
sphère politique. Ces deux dernières décennies, la sphère économique
s’est mise à ignorer la sphère politique qui, elle-même, n’a pas réagi et
a laisser faire cet éloignement »101
En effet, suite aux résultats de nos enquêtes à travers lesquels la
population a exprimé ses besoins et ses attentes, et suite à l’analyse du
programme du projet de réhabilitation, nous allons formuler des actions
à entreprendre sous forme de propositions, dans le but de trouver un
équilibre et une réponse pour les aspirations des habitants.
SECTION II : LA NECESSITE D’UNE DEMARCHE
PARTICIPATIVE DANS LA REHABILITATION DE LA
MEDINA D’OUJDA.
La réhabilitation de la médina doit répondre aux exigences de la
compétitivité et de la concurrence. Ainsi, la nécessité d’un travail
organisé et collectif qui permettra de capitaliser les interventions de tous
les acteurs de la ville, « Dans le contexte économique actuelle, la
compétitivité d’un tissu local peut reposer sur sa spécialisation, mais
elle résulte surtout de sa qualité d’organisation et de sa capacité a
favoriser les apprentissages collectifs. »102
Il s’agit, sur le plan méthodologique, par un travail permanent
de négociation, de tenir ensemble toutes les composantes à toutes les
échelles et à toutes les dimensions, et de les articuler sur un mode inter
ou transdisciplinaire, en n’oubliant aucune composante (population,
collectivité locale, pouvoir public, site, recherche, formation, référence
au politique, à l’économique, etc.) et ce dés le départ de l’étude ou de
n’importe quel rapport à n’importe quelle action.
Il s’agit d’une action qui se base sur une logique d’association et
de partage de la prise de décision et d’élaboration des choix avec tous
les acteurs urbains, y compris la sphère civile.
§1 - interactions entre population, pouvoirs publics et
milieu associatif.
De plus en plus, il s’agit d’entretenir une action, de gérer à
plusieurs les questions urbaines et d’être ensemble réactifs et même
101
Jean Pierre HARDY, guide de l’action sociale contre les exclusion, éd :Dunot, Paris, 1999 , cité à
la fin de sa conclusion.
102
Pierre VELTZ, Des lieux et des liens, edt : l’aube, Gemnos, France, 2002. p : 66.

164
prospectifs à leurs évolutions. Les rencontres entre les pouvoirs publics,
les populations et leurs représentants, dans le but de définir des objectifs
et des modes d’interventions sont à innover et à multiplier.
Créer des espaces qui abritent ces rencontres qui animeront et
participeront au développement local et à l’interdépendance de plusieurs
acteurs à des échelles différentes et où toutes les initiations serons les
bienvenues, constituent une démarche de mobiliser les ressources
locales et engager une dynamique collective de développement local
durable, solidaire et participatif.
L’interaction entre les différents acteurs sera le produit d’une
contingence réciproque qui nécessitera une certaine vigilance de la part
de tous les partenaires dans la conduite de la consolidation de
l’interaction. Elle ne doit pas être seulement une certaine quantité
d’informations que s’échangent les acteurs pour arriver à coordonner
leurs actions, mais aussi des significations et des sens.
L’incapacité constatée, dans laquelle se trouvent les acteurs pour
bien entrer en contact avec leurs partenaires, est un sérieux obstacle à
l’ajustement mutuel des lignes d’action et à la palpation de leurs
interactions. La condition indispensable à la mise au point d’une action
commune, à laquelle prendra part tous les intervenants, seront : la
rencontre des acteurs, en question, autour de la même table pour
débattre ensemble de la question, afin de s’assurer du consensus à
propos de l’opportunité des actions collectives et de sa construction par
ces acteurs eux même.
Ainsi, tous les acteurs s’organiseront pour se répartir les taches
collectives et sauront mettre à profit les capacités relationnelles de
chacun des membres de la communauté. D’autre part, une principale
condition qui doit être présente pour que les individus de la population
parviennent à agir collectivement c’est que les individus puissent
compter sur des réseaux sociaux aux travers desquels s’expriment les
solidarités collectives et les modalités de leurs actions.
Les associations constituent l’un des meilleurs exemples de cette
condition. Seulement, le manque de confiance, entre la population et les
dirigeants des mouvements associatifs, constitue un handicap majeur
pour la coopération entre les deux sphères d’une part et l’ambiguïté
institutionnelle, le rapport confus des associations avec les pouvoirs
publics et le manque de contrôle ont été exploités par certains
responsables associatifs pour servir de stratégies individuelles et
détourner à leurs profit des fonds de la communauté d’autre part.
Ces malversations ont un impact négatif sur l’adhésion des
habitants devenus méfiants à l’égard de toutes initiatives collectives.
Pour vaincre ces réticences et assainir l’image de ces structures, les
dirigeants doivent faire preuve d’une grande rigueur et de transparence
165
dans la gestion adéquate des ressources publiques et de mettre, de
préférence, en place des comités de contrôle et de suivi.
Mettre fin aux pratiques louches qui émanent des dirigeants de
certaines associations sera un anneau de liaison entre les deux sphères :
population et association et changera l’image négative des expériences
de gestions défaillantes de ces dernières.
Ainsi, les raisons qui expliquent la faible adhésion des habitants
aux organisations associatives sont, à notre avis et par ordre
d’importance décroissant, aux nombre de quatre : la mauvaise gestion et
réputation non honnête pour certaines associations, la destruction de
l’organisation sociale traditionnelle, le rapport important
locataire/propriétaire et la grande mobilité de la population.
D’un autre côté, le comportement des autorités locales face aux
associations, doit bénéficier, aujourd’hui, d’une certaine souplesse et
compréhension qui doit se traduire par des encouragements qui ne vont
pas sans avoir des effets positifs sur le développement. Les autorités
locales et les pouvoirs publics doivent apporter leur soutien en matière
d’encadrement, d’orientation, de renforcement des moyens d’action et
doivent éviter la mise en place descendante d’associations ou les
tentatives d’interventions dans leurs gestions.
Pour renforcer les liens entre associations d’une part et
collectivités locales et pouvoir public d’autre part, trois points
importants sont à développer et à prendre en compte :
- Développer la formation des élus, du personnel des collectivités locales,
pouvoirs public et du personnel associatif, pour mettre en valeur
l’intérêt de la gestion participative de la ville d’une part, et pour
délimiter les compétences et éviter les empiètements générateurs des
conflits d’autre part. Les élus doivent être initiés aux procédures et aux
techniques pour susciter et développer la participation des habitants et
des travailleurs associatifs aux méthodes d’encadrements et
d’orientations.
- Développer les relations de collaboration et de partenariat entre
collectivités locales et associations.
- Développer l’information et la communication bidirectionnelle, c’est-à-
dire, dans deux sens, ce qui peut avoir des résultats positifs sur la qualité
des liens des uns envers les autres, de la gestion des services locaux et la
stabilité sociale. Les pouvoirs publics et les collectivités locales doivent
être dotées de structures d’appui et de soutien aux mouvements
associatifs qui opèrent dans le domaine relatif à la gestion de la ville.
Pour cela il faut du temps et un changement des comportements et de
partage de pouvoir.

166
Dans se sens, la mise par la commune, au niveau du premier
arrondissement urbain qui se situe dans la kasbah, d’un technicien à la
disposition des habitants voulant déposer des réclamations concernant
les travaux de voirie et d’assainissement du projet de réhabilitation,
reflète l’intention de la commune d’écouter les problèmes des habitants
mais sans essayer de les résoudre.
En effet, ce technicien n’est pas apte à prendre des décisions ni à
résoudre les problèmes soulevés par la population lors des travaux. Il se
contente d’adresser les quelques habitants voulant trouver des solutions
à certains problèmes, aux institutions responsables de l’action en
question. A leurs tours ces institutions les renvoient au technicien mis à
leur disposition par la commune.
Ainsi, les quelques habitants, par manque de discussion et
d’écoute de la part des responsables, se sentent harcelés moralement et
se trouvent enfin découragés. Cet abattement moral fait de cette
minorité d’habitants qui cherchent à améliorer l’état de leur quartier et
de la médina, des gens qui s’ajoutent au reste de la majorité écrasante
de la population qui ne s’intéressent plus aux problèmes de leur
environnement.
Ce comportement administratif découle de la logique
discriminatoire qui ne voit dans cette population pauvre aucun intérêt,
des gens habitués à une vie non aisée, une population créatrice de
problèmes, et exploitable uniquement par les élus au cours des périodes
électorales. Ce comportement « spéculatif » qui ne cherche que ses
intérêts et ignore le rôle du côté social dans le développement local, ne
favorise guère une vraie action de réhabilitation.
De son côté la commission créée spécialement pour assurer une
meilleure coordination et déroulement de l’opération de réhabilitation,
n’est pas elle aussi habilitée à résoudre les problèmes sur place et d’agir
vite. Elle ne prend ses décisions qu’après une lente procédure de
convocations puis de réunions avec les différents services urbains qui
interviennent dans le projet, alors que certaines situations ne peuvent
pas attendre plus d’une journée pour leurs trouver une solution.
Concernant les associations, aucune intervention de leur part,
touchant le projet de réhabilitation n’a été enregistrée, elles n’occupent
aucune place dans ce projet. De même aucune réclamation, concernant
les actions de réhabilitation, ne leurs a été formulée de la part des
habitants. Ce-ci constitue, d’après les associations, une absence de
coopération de la part de la population et constitue, d’après la
population, un manque de confiance envers les associations.
Concernant les différents intervenants, nous avons constaté lors
de nos interviews, qu’il y a une carence dans le volet communication et
par conséquent l’absence d’une vraie coordination et collaboration
167
entres eux. Ces faibles interactions ne contribuent pas à la réussite du
projet et à l’atteinte des objectifs tracés. Cette situation fait apparaître, la
nécessité de créer une institution « chef d’orchestre » spécialement pour
intervenir dans la cité traditionnelle et assurer la communication et la
coordination entre tous les intervenants.
Elle doit intervenir en collaboration avec tous les acteurs de la
ville, pour gérer les problèmes quotidiens des habitants en coordination
avec ces derniers. Elle pourra faire le suivi et le contrôle de toutes les
actions futur du projet de réhabilitation. Cette institution aura, aussi,
parmi ses objectifs de mener un accompagnement social et économique
de la population de la médina dans le but d’induire un développement
socioéconomique local et d’améliorer le niveau de vie des habitants à
travers une vraie action de réhabilitation.
§2 - les facteurs dynamisant une vraie action de
réhabilitation.
En faisant une analyse succincte du cadre général de la
méthodologie de réhabilitation et des moyens humains et financiers mis
à la disposition de cette opération de grande envergure, nous en
concluons que ce projet ne pourra pas être achevé. En effet, malgré le
budget relativement important alloué par le SEH à ce projet, il reste
toujours dérisoire par rapport à l’ampleur des opérations à réaliser.
D’ou, la responsabilité de la commune de trouver et de chercher des
partenaires prenant part à ce projet.
Ainsi, le comportement de marginalisation et de mise à l’écart
d’une population peu prospère qui procure peu de revenu pour subsister
et peu de connaissances intellectuelle et culturelle pour gérer ses
affaires quotidiennes, ne peut qu’aggraver la situation
socioéconomique, actuellement, en crise des habitants de la médina.
Par conséquent, cette conduite inhibe le paramètre essentiel
dynamisant la réelle réhabilitation des tissus anciens. Donc, pour
remédier à cette situation il faut d’abord mettre le savoir à la portée de
ces habitants incultes et ignorants, qui constituent presque la totalité de
la population de la médina d’une part et procéder à la réconciliation
entre la société et l’administration.
S’attaquer et s’intéresser à la dimension sociale avant d’entamer
le cadre physique de la médina est de grande importance et constitue un
des points stratégiques de la réhabilitation car l’action sur le contenu est
beaucoup plus importante que celle sur le contenant.
De cette façon, on arrive à injecter dans la population la culture
d’une auto réhabilitation et d’entretien de son cadre de vie. Cette
hypothèse d’auto réhabilitation, qui donne aux habitants, à la

168
communauté de quartier et à la collectivité locale un rôle moteur, est à
encourager par tous les outils et moyens nécessaires.
D’un autre côté il ne faut pas que les pouvoirs publics et les
communes se trouvent dessaisies des problèmes qui les concernent en
premier, pour des motifs de complexités administratives techniques ou
financières. Cela suppose au préalable une volonté politique de
participation, ensuite de définition d’une politique de la communication
et de la mise en œuvre de différents moyens pour l’information,
l’animation et la participation collective.
Cela nécessite en plus de la dimension sociale, des moyens
humains et techniques, de mener la réflexion autour des formules et des
moyens à mettre en œuvre pour promouvoir essentiellement les
techniques et procédés ayant traditionnellement fait preuve. Cette
action devrait être menée à deux niveaux, un premier niveau global
d’équipement de base, de consolidation des constructions et de mise à
niveau du tissu urbain très dégradé, un deuxième niveau plus important
que le premier, est celui de la maintenance et de perfectionnement qui
devrait assurer la pérennité des actions de premier niveau.
Les intervenants dans la médina sont obligés à exploiter tous les
moyens appropriés, notamment la formation, la sensibilisation et
l’action collective, et ce dans le contexte de rationaliser, d’optimiser et
de capitaliser leurs interventions.
Parmi les facteurs dynamisant nous citons :
- La nécessité de création de niveaux d’interventions aussi proches que
possible de la population concerné. Ce sera en plus de la représentation
des habitants par les élus locaux, la recherche de statuts sociétaires ou
copropriétaires nouveaux, tels que l’organisation des associations des
propriétaires ou de locataires, de résidents et la communauté d’habitants
d’un quartier ou d’un derb, la création de coopératives, etc. ces
organisations devront travailler dans le but de l’intérêt collectif qui
assure l’amélioration de la situation de la médina et des conditions de
vie des habitants.
- Penser à utiliser les potentialités et la dynamique interne de la
population pour créer et orienter le mouvement de rénovation spontané
en médina. En effet, les habitants peuvent constituer le meilleur agent
de réhabilitation et de sauvegarde.
- Faire des volets, économique, social, et sanitaire une priorité de
l’opération de réhabilitation.
- Chercher le meilleur et le bon processus qui intègre tous les acteurs
urbains y compris les habitants et dont il faut assurer la cohérence.

169
- Pour bien exploiter les potentialités locales, il est nécessaire de procéder
à une bonne conduite de l’opération qui engendrera de bons résultats en
prévoyant des moyens institutionnels, juridiques et financiers intégrant
la participation de la population dans un cadre d’information et
d’incitation permettant de rallier plusieurs savoirs et savoirs faire.
- Trouver les moyens d’intensifier suffisamment tous les efforts que se
soit à l’échelle locale ou centrale.
- Trouver les moyens efficaces qui permettent d’agir rapidement et sur
plusieurs fronts.
- Penser à enrichir la réserve foncière de la commune, car cette
composante foncière et immobilière joue un rôle de base dans le projet
- Surtout assurer l’entretien des projets réalisés afin de garantir leurs
pérennités.
- Inciter le privé et, notamment, les RME de la ville à investir dans la
médina.
Les objectifs à poursuivre, pour dynamiser l’action de
réhabilitation, et qui sont d’ordre : patrimonial, urbanistique, social et
économique doivent être intégrés dans une politique d’ensemble où la
commune les pouvoirs publics et les collectivités locales jouent un rôle
de première importance.
§3 - Le rôle des collectivités locales, des pouvoirs
publics, et de l’Etat.
Le rejet et la dépréciation des espaces traditionnels par la plupart
de leurs habitants, donne à ces lieux un destin inéluctable, celui de la
destruction pure et simple par une population pauvre et étrangère à ces
espaces. Une population transitoire et très mobile qui ne cherche qu’a
s’accrocher à la vie sans penser à améliorer ses conditions de vie. La
succession de ces couches sociales constitue une sorte d’agressivité
latente à la vieille cité.
Ainsi, nous pensons qu’il est très important que les collectivités
locales procèdent à une réhabilitation du contenu avant celle du
contenant, c’est-à-dire, élaborent une stratégie qui tient compte, en
priorité, du volet social, de fixer la population sur les lieux, de lui faire
apprendre la culture de maintenir son cadre de vie dans les meilleurs
ambiances et de réglementer les conditions de son habitation.
L’engagement des pouvoirs publics et des collectivités locales
pour la formation des habitants et des associations, par des personnes
qualifiées, et leurs initiations aux méthodes de la gestion participative
sont également nécessaires.
Parmi le rôle de ces acteurs urbains, il est important de procéder
à l’intégration sociale et économique par le développement d’activités
170
génératrices de revenus, de micros crédits, la promotion de l’auto
emploi et des micros entreprises, l’accès aux services sanitaires et
sociaux de base et l’appui en faveur de certaines catégories sociales,
notamment, la femme, l’enfant et les jeunes qui constituent la ressource
humaine de demain.
1 - le rôle des collectivités locales.
L’article 94 (titre X relatif aux collectivités locales) de la
constitution révisée de 1992 stipule que « les collectivités locales du
Royaume sont : les régions, les préfectures, les provinces et les
communes. Toutes autres collectivités est crée par la loi ».
Le pouvoir donné aux collectivités locales d’élaborer et de gérer
leurs politiques urbaines, doit leurs faire associer la société civile
comme acteur entier. Ce-ci implique que les collectivités locales soient
dotées de moyens financier, techniques, humains de niveaux de
compétences suffisants et qu’elles puissent acquérir la maîtrise foncière
qui constitue la composante essentielle dans la gestion et la planification
urbaine.
Pour l’instant, la wilaya est le lieu où se tiennent les réunions
entre tous les acteurs urbains sous le commandement de M. le wali. La
commission de suivi et de contrôle, des acteurs de l’opération de
réhabilitation, s’y tenait le plus souvent. Les membres de cette
commission ne se sont pas réunis depuis l’achèvement des travaux de
voirie et d’assainissement, c’est-à-dire depuis le 04.08.03. Son rôle
principal est presque unique, c’est celui de coordination entre les
différents opérateurs urbains dans le projet.
La contradiction constatée c’est que cette commission ne se
déplace pas sur le terrain, ne fréquente pas les habitants et ne
communique pas avec tous les intervenants. Ainsi, elle n’est pas au
courant de tous les obstacles et problèmes rencontrés par la population
et l’entreprise exécutrice des travaux.
En plus, le technicien mis en place par la commune à cet effet,
ne joue pas son rôle avec professionnalisme, c’est à dire, ne procède
pas à l’enregistrement des réclamations des habitants sur un registre tout
en spécifiant leurs natures. Il n’expose pas ces réclamations avec des
solutions envisageables à la commission de suivi pour qu’elle puisse
intervenir et donner son avis, même si elle est caractérisée par la lenteur
de son action.
Ce technicien au lieu d’exercer sa mission avec
professionnalisme, il se contentait d’adresser les habitants aux
institutions qui peuvent avoir une relation avec la réclamation et à la
rigueur après avoir informer le caïd et avoir fait un tour à l’endroit du
problème d’où émane la réclamation. Cette inefficacité d’agir et de

171
gérer vient s’additionner à la complexité du projet, aux limites des
ressources publiques et à l’ampleur des enjeux qui interviennent, pour
rendre la tache encore plus complexe.
Cette complexité du projet, ainsi que la limite des ressources
publiques et l’ampleur des besoins rendent inéluctable la participation
active des habitants et l’encadrement des initiatives qui émanent de la
base. Cela passerait par la mise en place, par les collectivités locales, de
relais susceptible d’assurer l’intermédiation efficace entre la population
et les responsables du projet. La faible action de ces relais (association,
élus,…) voir leurs absence sur le terrain renforce le sentiment
d’exclusion et de marginalisation au sein de la population et prive les
décideurs d’un appui réel est très utile.
Il est nécessaire pour les collectivités locales, et essentiellement
la commune, d’intégrer dans l’opération de réhabilitation la stabilité et
la fixation de la population sur les lieux et de revenir sur la décision des
pouvoirs publics dans la constitution d’un cadre associatif qui fédère
toutes les association de la médina, susceptible de mobiliser les
habitants pour la gestion de leurs affaires quotidiennes, la défense de
leurs intérêts collectifs et l’amélioration de leur environnement de vie.
Ainsi, la crise urbaine qui a envahie les différents domaines de
la vie à l’intérieure des tissus anciens et qui a révélée l’incapacité des
collectivités locales et des pouvoirs publics a maîtriser, seuls, la
problématique du développement social durable des villes a, en
générale, montré que les collectivités locales doivent trouver les voies et
les moyens pour susciter une participation des citoyens à la gestion de
leur ville d’une part et de promouvoir le secteur partenarial d’autre part.
L’implication de la société civile (habitant, association, ONG,
privé) dans la gestion urbaine et la prise de décision peut jouer un rôle
indéniable dans le soulagement de l’Etat et des collectivités locales du
fardeau qu’elles supportent.
D’un autre côté, les collectivités locales, doivent établir la
réconciliation entre la société civile et les pouvoirs publics, ce-ci en
faisant un pas vers le partage du pouvoir de gérer les problèmes urbains
et d’apporter un grand soutien au système associatif. L’incitation des
conseils communaux, comme devra aussi le faire la direction générale
des collectivités locales, à prendre davantage part dans la réhabilitation
des médinas et une action à accorder de préférence.
1-1 - le rôle de la commune :
L’espace urbain de la médina fait partie de celui de la commune.
Elle est la première institution à prendre les mesures nécessaires pour
réhabiliter, revaloriser et faire intégrer ces espaces au sein de

172
l’agglomération toute entière. Ce-ci constituera un grand avantage pour
le développement socioéconomique local et régional.
Afin d’atteindre ces résultats, la commune doit apporter le plus
grand intérêt à l’un des plus graves problèmes à savoir celui de
l’habitation et du foncier, ainsi elle doit élaborer un règlement de
l’habitation à l’intérieur de la médina. Il aura pour but d’empêcher le
partage de certaines petites maisons entre plusieurs familles, les
modifications dans les constructions existantes, la construction souvent
remarquée dans les cours et de mettre, généralement, en ordre le volet
habitat.
La commune pourra ainsi définir les normes minimales
d’habitabilité auxquelles devrons se conformer les propriétaires et les
entrepreneurs. Elle doit également assurer, par la disposition de moyens
juridiques, la disponibilité et la propriété des parcelles en ruines après
leurs déblaiements afin d’empêcher leurs reconstructions et d’en faire
une réserve foncière. D’après nos enquêtes, l’avis du conseil communal
est flou envers cette dernière question.
Nous signalons que lors de nos enquêtes sur le terrain, nous
avons remarqué le début de l’occupation d’une grande parcelle par une
dizaine de petites baraques habitées. Cette parcelle peut se transformer
en un petit bidon ville à l’intérieur de la médina si les collectivités
locales ne prennent pas les mesures nécessaires afin de remédier à ce
sérieux problème.
En effet, le responsable du service communal d’urbanisme,
déclare que la commune est handicapée par le vide juridique de
l’absence d’un plan d’aménagement et de sauvegarde des tissus anciens.
Ainsi, la commune n’ose pas s’engager dans des opérations dont les
conséquences pourraient être pervers envers elle.
En effet, les responsables de la commune accusent les
administrations déconcentrées d’être en possession du privilège de
l’élaboration des décisions d’aménagements urbains, notamment, les
documents d’urbanisme. Cette pratique les exclue du champ des
décisions comme elle écarte toute action de proximité et de
gouvernance, ainsi cette pratique défavorise toutes tentatives de
participations des populations.
Néanmoins ces pratiques ne devront pas empêcher les
responsables de la commune de faire des efforts concernant la
réalisation du projet de réhabilitation des tissus anciens, surtout pour la
réalisation du plan de sauvegarde, dont les premiers bénéficiaires seront
la commune et les habitants, notamment, de la médina.
Parallèlement aux efforts à faire pour la réalisation du plan de
sauvegarde, la réflexion sur la création d’une cellule spéciale, au sein de

173
la commune, qui participera au suivi de tous les dossiers relatifs à
l’ancienne médina (réhabilitation, construction, activités
socioéconomiques…) n’est pas à exclure, cette idée à fait l’objet d’un
entretien que nous avons entamé avec le vis président de la commune
qui s’est montré très convaincu de l’idée.
Elle a, aussi, été proposée par la délégation des fonctionnaires
de la commune Belge de Molenbeck Saint-Jean, lors de leur visite du
26/11/03/ au 11/12/03 qui entre dans le cadre du jumelage et de
partenariat entre cette commune et la commune urbaine d’Oujda.
Sur un autre plan, la commune devra organiser toutes les
activités commerciales à fin de fluidifier la circulation des piétons et
dans un cadre esthétique, devra également faire unifier la couleur des
habitations de la médina. L’administration communale devra veiller lors
de la délivrance des autorisations de construire et de réparations à ce
qu’il y ait respect de l’aspect architectural traditionnel et qu’il n’y aura
pas davantage de surélévations des constructions qui caractérisent tous
les quartiers de la médina.
Il est aussi important que le conseil communal consacre encore
plus de temps pour écouter les problèmes et les aspirations ainsi que les
propositions du savoir faire de la population d’une part et d’inciter le
privé et les RME à investir dans les tissus traditionnels d’autre part.
1-2 La province et la préfecture.
Ces collectivités locales assez particulières du fait qu’elles sont
placées sous un double régime, elles sont déconcentrées et
décentralisées. Leurs rôles dans le cadre local de réhabilitation, et vue
leurs attributions, n’est pas très important.
Ainsi le quatrième colloque des collectivités locales de 1989
s’est achevé par un ensemble de recommandations ayant pour objectif le
renforcement des attributions des assemblées provinciales, notamment,
les pouvoirs du président et doter l’assemblée de moyens humains et
matériels leurs permettons de jouer un rôle primordial en matière de
développement économique et social de la collectivité. Cependant ces
institutions procèdent à l’exercice et la pratique d’une logique de
commandement et de maintien de l’ordre qui l’emporte sur la logique de
l’aménagement.
D’un autre coté la région peut engager des actions en vue de
promouvoir et de soutenir toute action de solidarité sociale et toutes
mesure à caractères caritatifs à l’échelle régionale et plus
particulièrement au niveau de la médina.

174
2 - Le rôle des pouvoirs publics et de l’Etat.
2-1 rôle des pouvoirs publics.
Afin d’assurer la réussite du projet, les pouvoirs publics et la
régie communale de distribution d’eau et d’électricité ainsi que tous les
autres services extérieurs, sont appelés à gérer ce projet d’une extrême
importance et sensibilité, pour l’intérêt de la ville entière et
particulièrement la population de la médina.
Le rôle le plus important, de ces pouvoirs publics, est celui joué
par l’ANHI en tant que maître d’ouvrage par délégation et gestionnaire
du projet. Il en est de même pour celui joué par l’agence urbaine par ses
interventions de suivi, d’assistance technique et d’encadrement.
Seulement nous savons que ni l’une ni l’autre ne se trouve en situation
d’une gestion totalement déconcentrée.
Elles ne constituent pas, notamment l’ANHI en tant que maître
d’ouvrage délégué, des organismes solides et aptes à trancher dans leur
décision au niveau local. Elles devront intervenir localement en
collaboration avec les collectivités locales à identifier les méthodes et
outils d’encadrement de la société civile et à participer à cette activité
de formation de premier degré.
Les pouvoirs publics doivent remédier aux problèmes de la
faible communication entre eux d’une part et avec les collectivités
locales et les services extérieurs d’autre part. la contradiction soulevée
au niveau de la gestion des pouvoirs publics locaux c’est qu’ils ne sont,
parfois, pas toujours informés par les décisions, concernant le projet de
réhabilitation, prises au niveau central.
D’après les interviews que nous avons effectué, Les pouvoirs
publics manifestent leurs intentions et leurs disponibilités à l’aide, à
l’assistance technique, à réaliser des études et à coopérer avec la
commune qui reste toujours le premier acteur urbain responsable de la
réussite de l’opération de réhabilitation de la médina.
Enfin, que se soit le maître d’ouvrage, le maître d’ouvrage par
délégation, ou le maître d’ouvre ils ressentent tous le réel besoin de la
présence et l’aide de la sphère civile dans l’exécution du projet.
2-2 Le rôle de l’Etat :
La généralisation de la crise dans la médina, la baisse de la
capacité redistributive de l’Etat d’attribuer les biens à des fin de
meilleur équité sociale et le développement d’une demande sociale forte
et diversifiée, ont tendance à contraindre l’Etat à desserrer l’étau et à
assouplir ces positions vis-à-vis d’un mouvement associatif susceptible
d’aider à la compensation de son désengagement dans les domaines des
services et des équipements urbain.

175
Dans de nombreux cas, les méfiances, qui ont longtemps marqué
le comportement des services de l’Etat face aux initiatives populaires, se
sont traduit par un refus catégorique de reconnaître l’existence officielle
de ces associations et d’autoriser leurs activités sur le terrain. La seule
raison se trouve dans la crainte d’un mouvement de base qui risque
d’élargir le champ de ces revendications.
Aujourd’hui, un certain consensus sur la participation est entrain
d’émerger entre la société civile et les services de l’Etat mais il reste
latent. Ce consensus reste aussi fragile en raison de la complexité des
enjeux autour des associations et de l’ambiguïté qui caractérise les
relations entre les multiples acteurs du développement urbain. Bref,
accepter l’implication des associations dans la gestion de la ville exige
un changement de comportements et de mentalités ainsi qu’un partage
de pouvoir.
L’Etat représenté par ses services locaux, doit agir afin de :
- Respecter les dispositions de l’arrêté visiriel du 3 septembre 1949 et
prendre des mesures législatives qui réglementent l’action de
sauvegarde du cachet traditionnel de la médina à travers les opérations
de rénovations, de restauration et de réhabilitation des anciens
bâtiments.
- Expropriation par l’Etat, parallèlement à la commune, et la constitution
d’une réserve foncière de toutes parcelles de bâtiments en ruine et
présentant un intérêt stratégique pour l’application du programme
d’aménagement proposé.
- Déclarer « l’état d’urgence » pour la sauvegarde de la médina et
intervenir efficacement dans l’initiative opérationnelle de cette
sauvegarde en vue de sensibiliser la population envers les futures
réalisations de restauration et de réhabilitation.
- Etablir, en coopération avec la commune, des programmes de
réalisation d’habitat social en cas de recasement des expropriés de la
médina, pour l’ouverture de nouvelles voies et accès d’une part et la
démolition du petit bidonville du quartier Achakfan.
- Inciter les collectivités à accompagner et à aider les associations dans la
gestion et la réalisation de leurs activités.
L’union de l’action de l’Etat et ses services locaux,
conjointement à celle des collectivités locales et de la société civile sera
certainement une énergie vitale à l’impulsion du développement du
champ économique et social local.
En fin, l’Etat doit assurer l’arbitrage entre les différents acteurs
du milieu urbain, le pilotage dans la maîtrise d’ouvrage et doit avoir

176
comme partenaires, outre les associations les collectivités locales et les
ONG.
§4 - Le rôle de la société civile et des ONG.
1 - le rôle de la population :
Tous les acteurs sont convaincus qu’à long terme, le succès
d’une stratégie de réhabilitation et de sauvegarde de la médina dépendra
de la volonté et de la capacité des habitants de la médina à entretenir et
à veiller sur leur patrimoine ainsi que leur environnement et cadre de
vie.
Cependant, vu les moyens financiers de la plus part des
habitants de la médina, leur contribution financière pour la sauvegarde
est à écarter. Ce-ci n’empêche pas de les sensibiliser à l’importance de
leur contribution physique et/ou financière, selon les capacités de
chacun.
Sur un autre plan, vu la plus value qui sera apportée par
l’opération de réhabilitation, notamment dans les grands axes
commerciaux, il faut prévoir une participation sous forme de taxe de la
part des commerçants et des artisans de la médina selon le type
d’activité et le revenu. Un compte spécial devra être créé pour collecter
ces participations et contribuera ainsi aux efforts de l’Etat dans
l’opération de réhabilitation.
Comme exposé dans la première partie, les interactions entre la
population et les pouvoirs publics sont fragiles et marqués par une
méfiance. Une population qui voit dans les pouvoirs publics une
institution qui ne reconnaît pas leurs droits et qui les marginalise par ses
méthodes discriminatoires, et un pouvoir public qui voit dans cette
population non instruite, un désintéressement et une absence de pratique
d’entretien de son environnement, une population sources de plusieurs
problèmes. Les actions d’atténuer de ce rapport d’antipathie sont à
entamer et à encourager afin de permettre un rapprochement et une
réconciliation entre les citoyens et les pouvoirs publics.
D’un autre côté, les rapports entre les techniciens et les
habitants posent la question de la culture des techniciens. Le savoir faire
des techniciens n’est pas remis en cause, mais il s’agit d’accroître leur
capacité à communiquer avec les habitants et donc de changer de niveau
de langage, d’instruction pédagogique d’exposition, d’instructions et
d’explication des dossiers, et de reconnaître, en général, le temps des
habitants, « La première règle méthodologique consiste à prendre les
dispositions nécessaires pour surmonter le décalage des discours. Au
départ, spécialiste et habitants ne parle pas le même langage, ils ne
donnent pas le même sens au mots.......... Se sont les spécialistes qui
doivent faire l’effort nécessaire, et apprendre pour cela, en utilisant les

177
méthodes des sciences humaines, à décrypter ce qui fait sens dans les
discours des habitants »103.
Il faut aussi que les techniciens reconnaissent la compétence des
habitants. Ces derniers sont aussi ceux qui peuvent exposer leurs
expériences et attentes d’usages des politiques qui leurs sont destinées.
L’habitant peut constituer l’échelon de base d’un système d’alerte dans
le corps social vis-à-vis des autorités. Ce qui n’est pas à confondre c’est
de ne pas parler d’interventions des habitants face au pouvoir
d’expertise des techniciens, ou de parler du contre pouvoir des habitants
face au pouvoir des élus.
Comme pour les techniciens, se pose le problème de formation
des habitants à la communication de leur expertise et à l’exercice de
leur citoyenneté. Dans ce sens, les bénévoles des associations locales,
l’encadrement et l’aide des pouvoirs publics, des OST et des
collectivités locales, constituent une cible privilégiée. A chacune des
parties de la société une fonction a exercer : aux politiques la maîtrise
d’ouvrage, aux techniciens la maîtrise d’œuvre et aux habitants la
maîtrise d’usage qu’ils sont les seuls à posséder.
Le rôle primordial des habitants est celui de s’organiser afin de
pouvoir mieux gérer et défendre leurs intérêts collectifs et d’assainir
l’environnement de leur cadre de vie d’une part, et d’apprendre la
culture d’entretenir leurs quartiers et leur patrimoine culturel et
historique d’autre part.
2 - Le rôle des associations.
La majorité des associations de la médina sont récemment
créées. Leurs membres ne sont pas, pour la grande proportion voire
tous, des anciens ou actuellement résidents de la médina.
L’initiative de la constitution de l’association émane, parfois,
d’anciens résidents des quartiers de la médina soutenus par des jeunes
diplômés qui vivent mal l’état de désorganisation de la population et qui
sont stimulés par le travail accompli par d’autres associations opérant
dans la ville, et même parfois comblant le temps vide qui ronge,
journellement et en permanence, leur vie. Le plus souvent, se sont les
intellectuels de la ville qui sont à l’origine de la création des
associations.
L’exercice des associations n’est permis qu’après autorisation
des autorités locales. L’attitude de ces derniers à l’égard de ces
organisations est ambiguë. En général, il existe une tendance de la part
des autorités locales à circonvenir et cerner ces mouvements associatifs
et à contrôler leurs activités. Cette volonté d’hégémonie varie en
fonction des rapports de force publique au niveau local. Toutefois, le
103
Jean Paul LACAZE, op cite, p : 64.

178
mouvement associatif peut constituer un prolongement de l’action
public en matière de prise en charge de l’équipement et des services et,
d’une manière générale, contribuera efficacement à une meilleure
gestion urbaine.
Les associations ne peuvent être efficaces dans leurs actions que
si elles pratiqueront la sensibilisation ouverte, c’est-à-dire, en servant
de relais locaux dans les deux sens : transmettre l’information
descendante (du haut vers le bas) et mettre en œuvre des actions qui la
font retourner, donc non seulement faire descendre la parole qui promet
mais faire remonter les besoins prioritaires de la population et les vraies
préoccupations du terrain.
Ainsi, dans la médina nous incitons l’élite locale et intellectuelle
originaire de la ville à prendre l’initiative prise par les dirigeant de la
fondation Moulay Slimane comme exemple, et à prendre conscience des
problèmes de leur cité pour organiser des associations de sauvegarde
aptes à mettre tout leur poids dans le but d’attirer l’attention des
responsables sur les différents problèmes que connaît la médina et ses
environs. Ces associations pourront regrouper toutes les personnes
physiques ou morales décidées à agir pour le développement et la
sauvegarde de la médina.
Cependant, d’après notre interview association, les questions
inhérentes à la participation ne constituent pas une priorité pour la
plupart des associations. L’information et la concertation ne sont pas
appréciées comme moyens de valoriser les résultats des projets, et
d’intégrer les attentes pour éviter la déception et pour assurer l’adhésion
des habitants. Ce-ci s’explique par l’absence d’une culture participative
qui met en valeur l’intérêt de la participation/concertation pour faciliter
l’exécution des projets, maîtriser les attentes et mieux répondre aux
besoins et aux priorités des habitants.
Nous notons aussi que les trois associations les plus actives dans
la médina (AFAMO, AEDOAMO, fondation Moulay Slimane) agissent
dans uns cadre presque politique. En effet, elles tentent toutes,
d’informer, négocier, revendiquer ou d’exercer une activité de pression
pour défendre les intérêt de l’organisation ou collectifs ainsi que la
fonction de représentation des citoyens, selon les positions de chaque
association.
D’un autre coté, les associations, mis a part la fondation Moulay
Slimane, ne sont pas à l’écoute des besoins des habitants, à
l’identification et la recherche à mettre en place les réponses adaptées à
ces besoins et à en informer les pouvoirs publics.
Concernant les activités de la plupart des associations elles se
résument, en générale, en quelques activités socioculturelles et
environnementales. Les trois associations citées ci-dessus exercent des
179
activités très intéressantes telle que l’organisation des séminaires, des
conférences sur des thématiques de l’actualité et expositions artistiques
très bien organisées.
Ainsi, on peu dire que, tant que la société civile, à travers ses
associations, ses élus, ses leaders sociaux et politiques, ne s’impliquent
pas dans le processus de réhabilitation, on ne peut pas espérer grand
chose des actions menées actuellement, mis à part celles concernant le
complexe culturel et scientifique réalisé par la fondation Moulay
Slimane en collaboration avec l’ONG Africa 70, et l’ADPN, bien sûr à
condition que les dirigeants de cette fondation poursuivront leurs efforts
dans le but d’atteindre les objectifs tracés et d’assurer la pérennité des
fonctions de cet équipement d’importance irréfutable.
Ce complexe sera probablement le noyau précurseur
d’orientations, d’informations et de formations des habitants de la
médina notamment les jeunes et, en générale, de tous les citoyens de la
ville. Il faut dés maintenant travailler à ce que cet équipement soit
fréquenté par les habitants de la ville et de la médina et, notamment, les
jeunes.
De même, le projet de ce complexe scientifique et culturel, sera
comme une expérience pilote, qui en cas de sa réussite et d’atteinte de
ses objectifs, devra être appliquée aux autres quartiers de la médina. Les
prémices de sa réussite sont déjà palpables au niveau de la ruelle
contenant cet équipement (activités commerciales et visites fréquentes
par des personnes d’autres quartiers de la ville (étudiants, chercheurs,
professionnels, artisans,…)) alors que ce projet n’est pas encore
achevée.
Ignorer l’ordre, formé de trois pôles, sous lequel fonctionnait
autrefois la médina (pôle socioculturel, pôle productif et pôle
d’échanges) et qui été essentiellement animé par la société civile de la
vieille cité, veut dire ne pas donner à la réhabilitation sa véritable
dimension. Ainsi, le complexe culturel et scientifique de la médina
envisage de faire de la sphère civile l’acteur et l’animateur principal de
cet édifice tant souhaité par les jeunes.
Dans la sphère associative, mis à part la fondation Moulay
Slimane qui est très satisfaite de ses activités, le reste des associations
ne le sont pas, leurs ambitions dépassent largement leurs activités. La
satisfaction de la fondation Moulay Slimane se concrétise par les efforts
réalisés jusqu’à présent pour atteindre son principal objectif de faire
adhérer la population au projet du complexe culturel, de la fixer sur les
lieux et d’aider à offrir l’emploi aux habitants à travers la construction
de cet édifice culturel.
Le facteur financier est le principal obstacle rencontré par les
associations pour améliorer leurs activités : rares sont les associations
180
qui bénéficient du soutien immatériel de quelques habitants (manque de
confiance) ou matériel des pouvoirs publics.
Le fonctionnement des associations dépend totalement de la
contribution des adhérents membres de leurs bureaux, sous forme de
cotisations individuelles mensuelles. Les très rares habitants adhérents,
qui sont des proches aux familles des membres du bureau, ne versent
pas régulièrement leurs cotisations d’une part et le mouvement des
associations ne bénéficie,en général, d’aucun appui de la part des
pouvoirs publics ou des collectivités locales d’autre part.
La création et la gestion de la plus part des associations est une
affaire interne de leurs dirigeants, rare sont les initiations et la
participation des habitants. Ce-ci constitue une des difficultés dont
souffrent les associations. Les aides des communes, quand elles
existent, sont réservées uniquement aux associations culturelles et
sportives et sont toujours minimes et dérisoires par rapport à leurs
ambitions.
Parmi les difficultés des associations nous citerons aussi leur
confrontation à des problèmes inhérents à la gestion quotidienne qui
exige un potentiel humain important et un effort permanent. Elles ne
possèdent pas les moyens nécessaires pour engager des salariés en
mesure d’assurer une présence permanente et une gestion administrative
adéquate.
Donc l’insuffisance des moyens d’encadrements et financiers,
des limites du bénévolat et le manque de formation du personnel,
constituent la majeure contrainte de l’activité du système associatif.
Que se soit les activités ou la coopération avec d’autres
associations ou autres organismes, elles restent timides et médiocres,
cette médiocrité résulte de la faible connaissance des associations en
matières de coopération et de partenariat, de leurs faibles encadrements,
et de l’absence d’effort de rechercher les procédures d’aides et de
collaborations notamment Européennes.
Ce qui nous intéresse en plus c’est le rôle de ces associations,
leurs relations avec la population, dans l’encadrement, la sensibilisation
et la formation des habitants de la médina, notamment en ce qui
concerne l’opération de réhabilitation.
Comme nous l’avons vu dans la première partie, cette activité en
particulier est absente pour toutes les associations, à l’exception de la
fondation Moulay Slimane qui a l’intention de jouer ce rôle avec
vivacité lorsque le complexe culturel entamera ces fonctions. Ainsi,
nous les incitons à :

181
- Créer une sphère de collaboration et de partenariat entre elles et avec les
autres associations de la ville voire même celles d’autres villes du pays
ou du monde.
En effet, les différentes associations qui opèrent dans la médina
n’entretiennent pas de relations formelles entre elles, permettant
d’échanger leurs expériences, de débattre de leurs difficultés et de
coordonner leurs efforts pour faire connaître leurs revendications et
acquérir leurs droits. Ce besoin de coordination a été exprimé lors de
nos entretiens avec, absolument, toutes les associations.
Certaines ont pris l’initiative d’exprimer la réticence des
pouvoirs publics de collaborer avec elles craignant ainsi la structuration
de leurs mouvements. Le comportement du pouvoir communal face aux
associations n’est pas aussi clair est demeure prisonnier des
considérations électorales.
- Développer la culture participative et de solidarité.
Le développement d’une culture participative à travers les
associations ainsi que la participation des habitants dans la gestion de
leurs affaires, sont actuellement reconnu comme un gage de sécurité, de
stabilité sociale et de développement. Les associations en jouant un rôle
majeur d’éducation à la base, consolident le corps social et renforcent
les mécanismes de solidarité et d’entraide. Pour se faire, elles doivent
multiplier les réunions publiques qui sont utiles pour impliquer et
convaincre les habitants à adhérer dans la vie associative et dissiper les
suspicions éventuelles.
Les associations sont de véritables écoles d’apprentissage de la
culture de la vie collective, de la citoyenneté et de la démocratie. Elles
doivent, aussi, faire preuve de la bonne et honnête image à véhiculer par
les responsables, d’une gestion transparente et d’une concertation
élargie dans le cadre d’une stratégie d’aplanir les difficultés. Sans
changement dans leurs comportements les associations ne réussiront pas
à avoir un encrage social et demeureront des structures maintenues sous
perfusions. Elles n’ont pas pu franchir les limites qui les empêchent de
sortir vers la société.
De même, le mouvement associatif ne peut prendre sa
signification réelle que par son autonomie à l’égard des pouvoirs
publics. Il ne peut devenir efficace et « représentatif » de la société
civile que s’il a pour finalité de travailler avec et non pas pour les
pouvoirs publics. Il s’agit, aussi, de transférer aux collectivités non
publics telles les association, fondations, et ONG des tâches de services
publics.
Les relations entre le secteur associatif, les pouvoirs publics,
collectivités locales et habitants sont presque inexistants ce qui rend

182
inévitable l’entrave du développement de la notion de démocratie
participative. Il est nécessaire que le secteur associatif et les pouvoirs
publics deviennent complémentaires104 l’un à l’autre dans le domaine de
la solidarité, des échanges d’expériences et de partenariat pour la
concrétisation de l’intérêt collectif de la médina.
Néanmoins, les militants politiques jouent un rôle important
dans le développement des associations, quand ils bénéficient de la
protection que leur offrent les parties politiques. En même temps, cette
politisation induit des conflits entre les habitants et les associations et
entre association et association. Ces conflits qui résultent de la
différence des couleurs des parties ne devaient pas exister, tant que
l’intérêt collectif pourra exister et aboutira à des résultats palpables.
3 - Le rôle de l’élu.
L’élu pourrait être un intermédiaire efficace et un facilitateur
entre la société civile et les pouvoirs publics. Son soutien renforce la
légitimité des revendications et facilite leur aboutissement. Cependant,
suite à nos enquêtes, il s’est avéré que le travail sur le terrain avec les
organisations de base et l’encadrement des initiatives des habitants ne
font pas parties des préoccupations « prioritaire »de la majorité des élus
communaux.
En même temps, le comportement de certains élus ne favorise
pas le développement d’un climat de compréhension et d’entente avec
les habitants et les associations. En effet, au lieu d’accomplir leurs
missions de représentants et d’intermédiaires des différentes parties de
la société civile, ils les font contrecarrer comme ils font contrecarrer le
projet.
L’élu devra assurer la complémentarité avec les associations et
mettre l’accent sur la vertu des structures intermédiaires dans la
promotion d’un développement participatif, car tous les deux (élu et
association) ont des objectifs communs face aux pouvoirs publics pour
faire aboutir leurs revendications.
Il devra aussi remédier et atténuer des rapports conflictuels au
sein de la société civile, qui ont pour causes deux principales raisons (la
défaillance de l’élu, les conflits politiques à l’intérieur des quartiers).
L’élu, au lieu d’abandonner son quartier, devra s’occuper des problèmes
y rencontrés, essayera de leurs trouver des solutions au sein du conseil
communal et participera de manière efficiente à l’élaboration des
programmes de développement local.
Afin de créer des liens plus solides, affectifs et dynamiques
entre les collectivités et les citoyens à travers leurs représentants et
organisations de base, il est nécessaire de renforcer les capacités en
104
Serge PAUGAM, L’exclusion : l’état des savoirs, éd : La découverte, Paris, 1996, p : 439.

183
matière de communication tant des associations que des collectivités,
car ce manque de lien et ce divorce est du essentiellement au manque de
communications entre la population et ces organisations d’une part et
les collectivités locales d’autre part.
En fin, nous résumons que la vraie démarche de réhabilitation
est celle qui tient compte de deux points essentiels, à savoir en premier,
l’intégration de la dimension sociale et économique dans l’opération de
réhabilitation ainsi que l’entretien et la pérennité de celle-ci, puis
l’amendement et l’application d’un nouveau cadre juridique,
institutionnel, et technique ; conforme au contexte de la médina en
question ; que nous allons traiter dans le chapitre suivant.

184
DEUXIEME CHAPITRE
PROPOSITION DE MISE EN PLACE D’UN CADRE
ET D’UNE STRATEGIE ADAPTEE AU CONTEXTE
LOCAL.

185
Actuellement, la situation de la médina à tous les niveaux se
trouve dans un état critique. Elle est confrontée à tant de problèmes
causés par la disparition de certaines activités, notamment, son
dynamisme culturel et social et par le démantèlement de son
organisation traditionnelle et la dilapidation des éléments historiques de
sa structure urbaine.
Son problème le plus crucial est celui du relâchement de ses
activités culturelles et sociales ainsi que les niveaux d’instruction et
socioéconomique très bas de sa population très mobile sur le plan
résidentiel. Les conditions de vie et d’habitat insalubre sont influencées
et expliquées surtout par cette grande mobilité résidentielle.
Remédier à l’ensemble de ces dysfonctionnements ne peut être
réalisé qu’avec le support d’un ensemble de règlements et moyens
juridiques nouveaux. Il faudra donc prévoir un arsenal de règlements
capables de permettre une action efficace de tous les intervenants et
acteurs locaux et nationaux sur la trame historique.
Heureusement, la situation de celle-ci n’est pas encore arrivée à
un stade de dégradation irréversible, sauf, pour quelques constructions
où la démolition s’avère inéluctable. La situation économique et sociale
de ses habitants est telle qu’on ne peut imaginer facilement l’inversion
des tendances et le changement de la situation.
La proposition d’aménagement et de sauvegarde de la médina
d’Oujda devra mettre l’accent sur la réflexion d’amendement du
fonctionnement de quelques systèmes, notamment institutionnel,
juridique et technique. Ce-ci en intervenant à ce que la médina et ses
environs traditionnels resterons un pôle économique et social actif au
coeur de la ville. Ce pôle constitue un complément indispensable et
diversifié dans les fonctions centrales de la ville d’Oujda.
Aussi, des efforts sont à faire, à ce que le type de structure
urbaine de la médina doit être conservé, non seulement, en tant que
patrimoine historique, mais aussi en tant qu’espace vécu par des
occupants permanents et passagers, qu’il faudra fixer sur les lieux en
encourageant l’accès à la propriété.
Jusqu’à nos jours, la planification urbaine telle qu’elle a été
conçue par les différents responsables ne s’est pas réellement
préoccupée des problèmes de réhabilitations des tissus anciens, non
seulement, dans notre cas mais à l’échelle nationale. Ainsi, nous
pouvons dire qu’il est temps que les documents d’urbanisme tiennent
absolument compte de l’intérêt que peut susciter les médinas dans
toutes opérations de planifications.
L’idée de réhabilitation doit œuvrer dans le même sens d’un
développement urbain équilibré de la médina avec toutes ses
186
composantes actuelles (humaine, physique et économique) au sein de
l’ensemble de l’agglomération.
Enfin, le processus de réhabilitation et de mise en œuvre d’un
plan d’action spécifique pour la médina pourra englober des actions
concrètes telles que la proposition d’une stratégie d’intervention bien
définie dans le temps et dans l’espace. Cette stratégie d’intervention
devra se baser, essentiellement, sur l’élaboration d’un document
juridique d’aménagement et de sauvegarde et sur l’amélioration du
cadre institutionnel et technique.
SECTION I : CADRE INSTITUTIONNEL, JURIDIQUE
TECHNIQUE ET FINANCIER.
Il est temps d’élaborer et d’appliquer des stratégies d’actions
innovantes et opérationnelles visant à mettre en valeur le patrimoine
bâti. Ces actions permettront d’assurer une revitalisation durable et de
mieux intégrer la médina dans le contexte urbain général, sachant que le
but escompté est un développement socioéconomique fondé sur des
bases économique, culturelles et environnementales. La réflexion doit
porter sur les stratégies d’actions sur le plan institutionnel et juridique
de manière à assurer une exploitation rationnelle et optimale de tous les
moyens existants d’une part, et de définir les éléments complémentaires
nécessaires d’autre part.
§1 - Sur le plan institutionnel et juridique.
1 - sur le plan institutionnel.
Le cadre institutionnel qui intervient dans le domaine de
réhabilitation du patrimoine architectural et urbain de la médina,
regroupe :
- L’Etat et les pouvoirs publics locaux : ils interviennent au niveau de la
législation, de l’élaboration du document d’aménagement, du
financement et de la réalisation des équipements socioéducatifs, des
équipements publics et de l’infrastructure de base.
- Les collectivités locales : elles interviennent, notamment la commune,
au niveau de la gestion urbaine, de la réalisation de l’infrastructure, des
équipements publics, des espaces verts, etc.
- L’ONG Italienne en partenariat avec la fondation régionale Moulay
Slimane, intervient au niveau de la mobilisation des fonds pour la
réalisation d’équipements socioculturels, et dans le future, à la
sensibilisation et à la formation des habitants à travers les animations
culturelles.
Ces différents intervenants ne travaillent pas de façon
coordonnée et cohérente, ils ne communiquent pas suffisamment entre

187
eux. En général, ils manquent d’encadrement et de formation en la
matière et surtout la maîtrise d’ouvrage social.
Ainsi, un cadre institutionnel doit être défini afin d’assurer la
coordination entre les différents intervenants à l’intérieur de la médina
et renforcer les structures existantes, notamment, en moyens humains et
financiers pour mener à bien leurs missions. Ce-ci dans l’attente de
trouver une institution locale qui s’occupera de l’aménagement et de la
sauvegarde de la médina et qui se chargera de la coordination entre les
différents acteurs.
Plusieurs facteurs poussent à choisir la commune comme
institution qui devra jouer ce rôle. Ainsi, la nécessité de mettre l’accent,
par cette institution, sur les nouveaux outils de gestion et de
planification participative dont le but d’élaborer des programmes
prospectifs réussis.
A cet effet, il est nécessaire d’instaurer un cadre de
communication, de concertation, de coopération et de décision,
regroupant les différents partenaires. La participation et la collaboration
de la population concernée sont bien entendu indispensables à la
réussite de cette institution et à celle du projet.
Les relations entre les différents partenaires ainsi que leurs
taches doivent être bien définies dans le temps et dans l’espace afin de
réussir le pilotage technique et social de l’opération et d’assurer la
cohérence des actions de tous les intervenants dans les tissus
traditionnels de façon claire et nette.
La recherche d’autres partenaires, notamment, la coopération
bilatérale avec les pays Européens du sud, la coopération multilatérale
avec les organismes internationaux tels que : FADES UNESCO, BM,
les ONG internationaux est très estimée. Cette recherche de partenariat
est, essentiellement, à entreprendre par la commune urbaine.
Les solutions institutionnelles doivent comprendre :
- Des mécanismes institutionnels financiers pour la gestion l’animation et
la direction des opérations d’amélioration des conditions de vie et de
l’environnement de la population de la médina.
- Des moyens organisationnels pour mettre à contribution les énergies
potentielles, non seulement financières mais aussi physiques, des
habitants.
- Création d’une nouvelle institution qui coiffera tous les acteurs urbains.
2 - Sur le plan juridique.
La législation en vigueur ayant fait preuve à travers le constat,
de ses carences, de son inefficacité, appelle certaines innovations plus
que jamais indispensables. Ainsi, l’intervention dans ce domaine par la
188
mise en place de moyens juridiques plus adéquats permettant
d’intervenir, soit par ajustement, soit par modification ou par création,
permettra d’améliorer la qualité des interventions.
C’est essentiellement, la nécessité de l’élaboration du plan
d’aménagement et de sauvegarde de la médina. Ce dernier, facilitera
énormément l’intervention des différents acteurs, notamment de la
commune, et surtout les interventions sur le volet foncier.
Les thèmes autour desquels s’articule ce cadre juridique
concernent :
- Les opérations de réhabilitation avec des instruments souples à créer
réglant les procédures et les rapports entre les différents intervenants
éventuels, comme les contributions d’aides aux propriétaires et aux
associations.
- La maîtrise des éléments fonciers par la puissance publique.
Pour le premier thème envisager, par exemple, des procédures
ou un régime d’exécution d’office des travaux de restauration des
anciennes maisons, soit à la suite de mauvaise volonté manifestée ou à
la suite de l’impossibilité pour les propriétaires impécunieux de réaliser
des travaux précis (soit à la suite de statut juridique bloqué ou d’une
propriété par exemple à la suite d’un héritage ou dans l’indivision).
Dans ces cas, l’action de la puissance publique peut aller jusqu’à
l’expropriation par déclaration d’utilité publique. Ces procédures,
souples, à créer, peuvent obliger les propriétaires absents à participer
aux financements des opérations d’une part, et permettre de mettre
d’accord les copropriétaires sur les types des travaux en cas de
différence d’opinions d’autre part.
Pour les associations il est intéressant de les faire assujettir à un
règlement intérieur qui comprendra des clauses de nature à contribuer à
la réhabilitation, participer à la coordination entre les habitants et
l’administration, assurer la constitution des dossiers pour l’attribution de
prêt de crédits ou d’aides etc.
En outre, il est très important d’introduire dans les textes
juridiques le principe d’une obligation de concertation, ainsi que les
modalités et les moyens à mettre en œuvre par la personne publique
concernée par cette action.
Concernant les actions d’inscription et de classement les
interventions doivent porter sur :
a- Le classement :
Dans ce domaine, il faut accélérer la procédure de classement
qui est lourde. Revoir les dispositions juridiques qui permettent aux
administrations des Habous et domaniaux de s’opposer aux actions de
189
classement du patrimoine national. Le propriétaire ne doit pas avoir
uniquement les obligations d’entretien mais doit avoir, aussi, des aides
pour restaurer.
b- L’inscription :
Elle représente un intérêt historique et architectural est une
procédure à privilégier dans le cadre des actions de réhabilitation,
d’autant plus qu’il existe plusieurs immeubles, tels fondouks, zaouïas
mosquées, etc. qui nécessitent une protection.
Cette procédure, de classement et d’inscription, doit être
accompagnée d’actions de contrôle et de suivi, actions qui doivent être
soutenues par de nouvelles dispositions juridiques concernant :
Le pouvoir d’obliger le propriétaire d’un immeuble classé à
l’entretenir convenablement ou à le céder s’il ne peut pas le faire.
L’interdiction d’abandon des immeubles inscrits ou classés et le
pouvoir d’expropriation en cas d’abandon confirmé.
§2 - Sur le plan technique, financier et foncier.
Les problèmes que les opérations de réhabilitation devront
résoudre, en conformité avec les objectifs du projet, demandent des
solutions non seulement institutionnelles et juridiques mais aussi,
techniques, financières et foncières.
A ce titre, le projet de réhabilitation des tissus anciens de la ville
d’Oujda et notamment l’action de restauration et de consolidation des
maisons traditionnelles menaçant ruines, nécessite une grande technicité
et des moyens financiers importants. A cet effet, nous proposons les
recommandations suivantes :
1 - Recommandations sur le plan technique :
Elles consistent à prévoir, en plus des actions prévues par les
opérations du projet de réhabilitation citées dans la première partie :
- Les solutions techniques les plus simples et les plus économiques aux
problèmes les plus courant de dégradations physiques des habitations
(étanchéité des terrasses, restauration et conservation des structures en
bois, assèchement des murs, étanchéités des structures par l’installation
de nouveaux équipements sanitaires, aération et ensoleillement, etc.)
- L’utilisation pour la restauration, des techniques et des matériaux
traditionnels et l’adaptation de la technologie moderne au savoir faire
traditionnel pour lui rendre une meilleure efficacité et un nouvel élan
évolutif. Il importe aussi de veiller à ce que les matériaux de
construction traditionnels restent disponibles, et que les arts et
techniques traditionnelles survivent.

190
Dans ce sens, il serait intéressant de créer un groupement
d’artisans spécialisés sous forme d’ateliers au sein de la médina, qui
possédera des outils et des matériaux nécessaires à l’entreprise des
travaux dans les demeures individuelles. C’est une façon d’impliquer
les habitants directement dans les opérations de rénovation et de
consolidation de leurs maisons.
En outre, il faut mener la réflexion autour des formules et des
moyens à mettre en œuvre pour promouvoir essentiellement les
techniques et procédés ayant traditionnellement fait leurs preuves. Cette
action devrait être menée à deux niveaux :
Un niveau global d’équipement de base, de consolidation des
constructions et de mise à niveau du tissu urbain très dégradé
Un niveau plus important que le premier qui est celui de la
maintenance et de perfectionnement qui devrait assurer la pérennité des
actions de base.
- Unifier dans un cadre esthétique les couleurs des murs des constructions
ainsi que celles de leurs portes et fenêtres
- L’organisation de chantiers et des moyens techniques dans le cas où
certains travaux rendent temporairement inhabitable les maisons
entières, des lieux d’accueil situés à proximités des chantiers où les
occupants pourraient être provisoirement hébergés.
- Création d’une cellule technique communale concernant la médina,
celle-ci peut fournir une assistance technique, notamment, au niveau de
la restauration. Pour sa création, il faut former des cadres spécialisés
dans le domaine de la restauration et de la réhabilitation.
L’échange international des expériences est un point
indispensable à la formation des cadres. Il est intéressant de créer dans
le cadre de l’enseignement supérieur un programme un peu plus poussé
en matière de conservation du patrimoine historique, de restauration et
de réhabilitation. Cette cellule pourra jouer un rôle de coordination avec
le centre d’étude ou observatoire qui sera créé au sein du complexe
culturel et évidement avec tous les acteurs de la ville.
- Création d’un chantier pilote pour la formation des maâlems spécialisés
dans le domaine de la restauration du bâti ancien et traditionnel.
- Aménagement en zones vertes et illumination des abords des remparts,
tout en modifiant tous les lampadaires modernes existants ainsi que les
tubes à néon des locaux commerciaux, par d’autres lampes fabriquées
de façons artisanales.
- La création d’espaces verts presque inexistants à l’intérieur de la
médina.

191
- Organisation et réglementation de la circulation, actuellement,
caractérisée par un encombrement interne constitué par les piétons, les
véhicules privés, de transports, de charrues, de motocyclettes et autres.
Sur un autre plan technique, c’est en matière d’urbanisme et
pour une efficacité des documents appropriés aux médinas, que la
planification urbaine rationnelle et volontariste, vise, essentiellement, le
contrôle et la maîtrise du processus d’urbanisme d’une part, et tend à
assurer un développement harmonieux et équilibré des agglomérations
dans le but d’être à la hauteur des aspirations des citoyens d’autre part.
En effet, si le patrimoine naturel et historique constitue l’une
des préoccupations majeurs des documents d’urbanismes, la réalité sur
le terrain nous montre le contraire (dégradation du patrimoine, non
respect des constructions traditionnelles, autorisation de construire et
permis d’occuper non réglementaire, etc.).
A cet effet, il est nécessaire de donner une valeur et une
importance à tous les biens culturels en les mentionnant dans le plan de
sauvegarde et de réhabilitation de la médina, de manière à constituer un
repère graphique de toutes les richesses existantes à protéger.
Cependant, Les documents d’urbanismes, essentiellement le
plan d’aménagement ont un rôle non négligeable en matière de
sauvegarde des médinas, ainsi :
- La législation et la réglementation en vigueur permettent le respect des
diverses servitudes par, la loi n°22-80 du 25-12-80 relative à la
conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions
des objets d’art et d’antiquité telles qu’elles sont prévues.
- Dans l’alinéa 3 de l’article 4 de la loi 12-90 relative à l’urbanisme,
promulguée en 1992, il est stipulé que le SDAU à pour objectif de fixer
la destination générale des sols en déterminant la localisation :
 Des zones grevées de servitudes telles que les servitudes non
aedificandi, non altius tollendi et les servitudes de protections des
ressources en eau.
 Des sites naturels, historiques ou archéologiques à protéger et/ou à
mettre en valeur.
 Des zones dont l’aménagement fait l’objet d’un régime juridique
particulier.
 De déterminer les secteurs à restructurer et/ou à rénover.
 D’arrêter la programmation des différentes phases de sa mise en
œuvre et de préciser les actions prioritaires à mener, en particulier
d’ordre technique, juridiques et institutionnelles.
- L’article 5 de cette loi précise que la SDAU comprend, en plus du
rapport justificatif explicitant la partie d’aménagement, des documents

192
graphiques constitués notamment par des cartes d’utilisations des sols
dont celles définissant les zones agricoles et forestières et
éventuellement un plan de sauvegarde et de mise en valeur du
patrimoine historique.
- L’article 19 de la même loi stipule que le PA à pour objectifs de définir
également les quartiers, monuments, sites archéologiques ou
historiques, sites et zones naturelles telles que les zones vertes publiques
ou privées à protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d’ordre
esthétiques, historiques culturels et éventuellement les règles qui leurs
sont applicables.
Ainsi, l’élaboration et la définition, des objectifs et du champ
d’action d’un document spécifique et adapté à la médina, sont
indispensables et efficaces. L’élaboration de ce document serait même
une prémisse de revaloriser et de dynamiser les tissus anciens, de les
intégrer au sein de l’armature urbaine, d’y améliorer les conditions de
vie et d’habitabilité tout en préservant leur identité architecturale. Ce
document spécifique aux problèmes de la médina, pris dans un contexte,
juridique et institutionnel approprié, assurera une cohérence avec les
différents plans et schémas d’aménagements.
2 - Recommandations sur le plan financier :
La disponibilité des ressources publiques est limitée quelle que
soit son appropriation, ainsi il s’avère nécessaire de rechercher des
moyens de financement qui permettront d’initier et d’assurer les
programmes budgétaires des travaux. Pour se faire, il serait souhaitable
de solliciter différentes sources budgétaires spécialisées dans la collecte
des fonds tout en assurant une utilisation optimale des instruments
financiers déjà disponibles. Par ailleurs, il serait judicieux d’étudier :
- La mise en œuvre de moyens financiers appropriés pour prendre en
charge les occupants actuels, par exemple, pour les propriétaires une
incitation aux prêts et subventions, les conduisant par le jeu des loyers à
un investissement rentable.
- La façon de valoriser toutes les manifestations de la médina, à savoir, la
culture et l’artisanat, la production etc.
- Le financement que l’Etat doit apporter à toutes actions sur les tissus
anciens et pour lesquels il importe de trouver des recettes, demande une
recherche de ces dernières pour le financement Etatique. Ces recettes
peuvent être constituées, par exemple, par la participation financière des
agences de tourisme et de voyage, des hôtels, des restaurateurs,
organisations de festivals et de soirées, contributions des zaouïas (les
familles bénéficiaires, offrandes, cadeaux des visiteurs des zaouïas) à la
restauration des édifices, participations des commerçants et artisans, etc.

193
- Par ailleurs, il faudrait encourager les occupants actuels à la propriété,
ils seraient de ce fait plus motivés pour améliorer à la fois leurs
conditions d’habitats et valoriser leur patrimoine.
3 - Recommandation foncière :
Lors de nos interviews avec les différents intervenants, nous
avons décelé combien l’élément foncier risquerait de compromettre la
réalisation des actions projetées, notamment, la restauration et
consolidation des maisons, création d’espaces verts et d’équipements
collectifs, comme il présente, aussi, des résistances à la mise en œuvre
de la réhabilitation à l’intérieur de la médina c’est le cas de l’ouverture
des voies.
Ainsi, nous envisagerons :
- Une action visant à dégager des réserves par démolitions d’îlots
insalubres, ayant atteint un degré de dégradation irréversible, et leur
acquisition immédiate par la commune, ce-ci en prescrivant ces actions
dans le futur plan d’aménagement et de sauvegarde de la médina.
- Procéder à l’acquisition, par expropriation, des parcelles où se trouvent
les ruines, toujours après leurs prescriptions dans le plan
d’aménagement et de sauvegarde.
- Agir tout en inhibant les paramètres favorisant la spéculation foncière
dont les prémisses commences a se manifester dans la rue Essania
abritant le complexe culturel.
- Des inspections régulières à effectuer par les services communaux
concernés par la construction, l’hygiène et la salubrité publique, assortis
de moyens coercitifs et de sanctions, pénalisants les habitants
indisciplinés ne respectant pas les règles fixées, par conséquent inhiber
une probable spéculation sur les terrains.
Vu l’absence d’un chef d’orchestre, capable de diriger et de
coordonner toutes les opérations qui se déroulent au sein de la cité
traditionnelle, l’existence d’une institution de sauvegarde s’avère
nécessaire.
§3 - la création d’une institution de sauvegarde de la
médina : une nécessité indiscutable.
Pour atteindre les objectifs et les attentes cités ci dessus, la
création d’une institution de sauvegarde, ou l’attribution de cette
fonction à l’une des institutions existantes, capable d’assurer
efficacement ce rôle qui sera animé par un dispositif multi partenarial
(collectivités locales, Etat, entreprises, syndicats, associations, banques,
etc.) est une œuvre préjudicielle.
Elle sera à la fois un lieu collectif d’accompagnement local des
projets d’activités et un espace de gestion, de pilotage et de
194
mobilisation des ressources locales en vu d’engager une dynamique de
développement local, durable, solidaire et participatif. Cette institution
favorisera l’émergence de nouvelles formes d’intégrations économiques
tout en renforçant le lien social et en assurant la communication et la
collaboration entre les acteurs de la ville.
Toutes les initiations locales y trouverons la bienvenue :
individus, personnes regroupées, associations, etc. Elle aura, aussi, pour
objectif de travailler aussi bien en amont qu’en aval des problèmes que
rencontre la médina, afin, d’atténuer de sa dégradation et d’y permettre
l’amélioration des conditions de vie des habitants qui sont souvent
victimes d’une politique discriminatoire.
Cette démarche de collaboration des habitants avec cette
structure d’organisation est essentielle pour l’élaboration des projets,
leurs réalisations et leurs maintiens ainsi que l’amélioration et le
développement des capacités des habitants. La création de cette
institution nécessite, aussi, l’appui d’une vraie politique de
réhabilitation.
C’est aussi et compte tenue de la crise de la démocratie
représentative dans la médina, qu’il est essentiel de créer cette
institution pour faire émerger la démocratie participative.
SECTION II : LES OUTILS DE MISE EN PLACE D’UNE
STRATEGIE PARTICIPATIVE.
Compte tenu du statu quo des tissus anciens et du diagnostic
effectué lors des différentes études réalisées au sein de cet espace, ainsi
que des résultats de l’exploitation des enquêtes que nous avons mené
avec les ménages, les institutions, les visiteurs et les associations, il
s’avère que chacun des acteurs urbains travail à l’anonymat et que la
société civile se trouve hors du champ d’action.
Ainsi, pour faire aboutir ce projet et promouvoir le
développement socio-économique et culturel local, il est indispensable
de rassembler tous les intervenants à collaborer ensemble afin de
transformer leurs intérêts divergents en intérêts convergents.
Cette stratégie participative qui se base, en plus des moyens de
réalisations, sur l’engagement collectif de tous acteurs dans le but de
permettre aux collectivités locales d’élaborer des plans de
développements économiques et sociaux qui émane d’une volonté
politique et d’une vision collective de l’avenir pour un avenir collectif.
Les outils de mise en place d’une stratégie participative se
résume en la nécessité d’un staff humain capable de mobiliser les
énergies et canaliser les efforts afin de réaliser les objectifs projetés
dans le futur. Cette stratégie participative, et pour ne pas être des vœux
non concrétisés nécessite ainsi une maîtrise des ressources et la
195
recherche des pistes de financements des projets. (Partenariat, gestion
rationnelle des moyens financiers existants, emprunts…). La stratégie
participative demeurera inerte si un cadre institutionnel ne se met pas en
place pour définir les modalités d’exercice de chaque intervenant ainsi
que les mécanismes de participation des habitants.
§1 - quelle politique pour sauver la cité traditionnelle?
Jusqu’à présent, les interventions qui ont déjà eu lieu, montrent
que les acteurs publics ont souvent privilégié des actions ponctuelles
visant à la fois une stabilité politique et sociale et une lutte contre la
vétusté de l’habitat.
Il n’a pas été question d’une planification globale de la médina
permettant d’assurer l’amélioration des conditions socio-économiques
de la population cible en développant les activités génératrices de
revenus substantiels pour, notamment, les femmes qui sont
quotidiennement très actives ni d’une meilleure planification associant
tous les intervenants de la communauté pour se rendre compte des
besoins et attentes qui préoccupent les habitants de la médina.
L’amélioration des situations socioéconomiques des habitants et
de leurs niveaux d’instructions, l’attribution des aides et facilités pour
réaliser des travaux d’entretiens et de reconstructions de leurs logements
d’une part et la prise en compte des méthodes et outils à mettre en
œuvre pour l’implication de la société civile et la collaboration de tous
les intervenants en un système cohérent pour la réussite du projet
d’autre part, n’ont pas fait l’objet de la politique actuellement menée
pour réhabiliter et sauvegarder la médina d’Oujda.
Ainsi, il est très important de tracer les grandes lignes de la
politique d’aménagement et de sauvegarde qui s’inscrivent dans la
logique globale de la réhabilitation de la médina. Cette politique reste
des suggestions qui nécessitent d’être débattues à plusieurs niveaux
pour une bonne prise de décision, sans éliminer aucun acteur y compris
la sphère civile avec toutes ses composantes.
Elle suppose des actions dans différents domaines, si bien au
niveau local qu’au niveau central, se basant éventuellement sur, la
coordination horizontale des administrations centrales, la
déconcentration et décentralisation, coordination au niveau local, et la
participation de la société civile faisant ainsi preuve de la notion de la
démocratie. Les interventions doivent porter, aussi, sur le cadre
juridique, technique, socioéconomique et institutionnel.
Cette politique, qui tiendra compte d’une meilleure efficacité
dans la prise et exécution des décisions des collectivités locales,
constitue par ses plans locaux de développement économico-social non
seulement une gestion nationale des ressources et des potentialités

196
locales mais aussi une banque de données susceptibles d’enrichir
l’alimentation et de renforcer l’élaboration des plans de développement
à l’échelle nationale.
La réalisation et la concrétisation de cette politique participative
nécessitent un organisme spécialisé, écoutant et écouté par tous les
opérateurs urbains, qui devra remédier à tous ce que les autres
intervenants ont omis de faire. Ainsi, il élaborera un programme
d’action d’une compagne d’information et de sensibilisation en
concertation avec tous les acteurs de la ville pour mieux aplanir le
terrain à la communication.
Il oeuvra dans la recherche de partenariat et dans la recherche de
cofinancement des projets à réaliser au sein de la trame urbaine de la
médina. Il incitera, aussi, la population à protéger son environnement et
son patrimoine en tant que patrimoine d’une civilisation et en tant que
cadre de vie collective et d’en faire un environnement et un espace
attractif et accueillant.
Bref, vu l’ensemble des données politiques et spatiales,
l’organisme susceptible d’accomplir cette fonction ne peut être que la
commune, elle constitue le cadre où pourront s’épanouir les initiations
et les savoirs faire de habitants. Etant donné que c’est cette institution
qui est chargée de l’aménagement de la ville, et dans ce contexte nous
pouvons dessiner ou proposer les grandes lignes de la politique
susceptible de sauvegarder la médina, à savoir :
a - Sur le plan institutionnel et juridique.
Sur ce plan quatre points s’avèrent de grande importance :
- La conception d’un document d’urbanisme spécifique à la trame de la
médina, en concertation avec tous les acteurs urbains, sera un outil
juridique, de cadrage et d’orientation pour les décideurs.
- La réglementation des conditions d’habitation, essentiellement, de
location et de vente à l’intérieur de la médina.
- L’obligation de la concertation, comme un des principes de la
planification participative, avant tout projet.
- La création d’une institution (de préférence la commune) qui se
chargera de toutes les opérations de la réhabilitation.
b - Sur le plan financier.
Afin de faciliter la concrétisation des actions du projet et la
participation des habitants, il faut tenir compte des points suivant :
- Rechercher les cofinancements qui permettent d’initier des travaux qui
sont eux-mêmes de nature à générer des recettes.

197
- Attribuer une aide à la population non solvable par la mise en place de
crédits à des taux bonifiés et étalés sur une assez longue période de
remboursement.
c- Sur le plan technique.
Dans ce cadre les mesures suivantes sont préjudicielles :
- Faciliter les procédures administratives pour les petits entrepreneurs
afin de leurs permettre d’investir et de s’engager dans ce circuit de
réhabilitation des tissus traditionnels. Les promoteurs immobiliers
seront incités par exemple à acquérir des logements anciens et à les
restaurer pour des fins diverses.
- La réflexion sur un style architectural qui harmonise entre le
traditionnel et le moderne afin d’assurer le minimum de confort pour les
occupants.
d - Sur le plan économique et social.
La réhabilitation nécessite une série de mesures et de processus
qui permettent d’améliorer le niveau socioéconomique de la population
par :
- La mise en place d’équipements socio-collectifs et culturels,
indispensables à la vie quotidienne dans les différents quartiers de la
médina.
- L’insertion des activités artisanales et commerciales susceptibles
d’améliorer la qualité de l’emploi sur place. Dans ce sens la création
d’associations et de coopératives mérite un intérêt particulier. Celles-ci
pourraient se charger de la réalisation de petits projets dans des
domaines productifs.
En effet, un très grand nombre de femmes, très actives, exerce
des activités individuelles dans la médina, leur regroupement sous
forme de coopérative aura certainement des retombés positives sur la
vie de leurs familles. Ici, nous signalons que nous avons rencontrés lors
de nos enquêtes des femmes qui vivent en cohabitation et qui
s’associent pour préparer des pastilles, pain traditionnel et autres
activités sur commandes à des personnes à l’extra-muros. Ces activités
contribuent certainement à améliorer les revenus des familles de la
médina.
Organisation d’un festival de la médina, après avoir aménagé
des espaces capables d’engendrer de véritables circuits touristiques de
visites vers les monuments restaurés ou réaffectés à des fonctions
diverses.
Ainsi, cette politique fera du développement de la médina et de
la ville un facteur d’attraction des touristes. A cet effet, l’installation
d’une infrastructure touristique adaptée à la future demande exigée par
198
l’aménagement de la station balnéaire de Saidia est, absolument,
essentielle.
Sous cette angle touristique, la médina devra constituer le
meilleur site d’attraction des investissements, à condition qu’il soit
procédé à la mise en place de structures d’accueilles à la hauteur des
visiteurs et à la vraie revalorisation de cet espace. La combinaison et la
création d’un lien entre le tourisme balnéaire de Saidia, le tourisme de la
cité traditionnelle d’Oujda et le tourisme des oasis du sud de la région,
constitue une importante potentialité pour le développement
économique et social à l’échelle régionale.
Le retour effectif des élites dans ces espaces traditionnels afin
de réanimer l’activité culturelle et intellectuelle, encourager l’activité
économique, en conjuguant leurs efforts avec tous les autres acteurs
urbains, est à encourager. Afin de développer cette approche
pluridisciplinaire, il s’agit de concevoir le projet de réhabilitation
comme une action intégrée, menée en concertation avec les différents
intervenants de la ville, cette approche permettra d’introduire une
nouvelle dynamique intra et exta-muros.
Dans le but de gérer et de planifier efficacement la sauvegarde
de la médina, la création d’un système d’information géographique
(SIG) sera de grande importance, ce système devra rassembler toutes les
données fiables concernant la population, le cadre bâti ainsi que
l’infrastructure. D’autre part, la réglementation des conditions de
location et de vente à l’intérieur de la médina en définissant la capacité
d’accueil de chaque habitation ainsi que le seuil minimum d’habitabilité
constitue une urgence.
Ces opérations nécessite une politique cohérente, une vision
collective du futur, la création et valorisation des synergies entre les
différentes parties d’interventions et, surtout l’implication et la
participation de la société civile. A cet effet, nous avons proposés au
conseil communal d’œuvrer à ce que chacun des quartiers de la médina
soit administré par une association de quartier chargée de représenter les
habitants, d’harmoniser leurs actions et leurs initiatives.
Dans ce sens de politique participative dans les quartiers, et pour
en assurer la naissance et la pérennité, la commune doit déconcentrer
des enveloppes d’encouragement en faveur de ses associations, c’est-à-
dire de permettre à ces organisations de s’impliquer dans la gestion
quotidienne de leurs quartiers, puisqu’il est irréfutable que les habitants
d’un quartier sont les mieux placés pour établir leurs priorités, donc il
est incontestable de les inviter à choisir, eux-mêmes, les aménagements
souhaitables dans leur quartier et à participer à leur réalisation.
Ainsi, cette expérience va permettre d’atteindre deux buts:
primo : être un outil de proximité qui facilitera à la population de
199
canaliser ses propositions et d’exercer sa citoyenneté. En second :
développer la démocratie locale par la responsabilisation et la
contribution des habitants à l’amélioration de leur vie quotidienne, la
gestion des deniers publics 105 et au control social106 d’une part et à faire
de la planification des différentes institutions urbaines une opération
cohérente qui met en complémentarité leurs synergies.
§2 – principe de la planification stratégique
participative.
La planification, selon le petit Robert, consiste à déterminer des
objectifs précis et à mettre en œuvre les moyens propres a les atteindre
dans des délais prévus par une organisation administrative, technique,
etc.
Le plan communal de développement est le principal instrument
d’intervention qui permet à la collectivité locale de hiérarchiser ses
priorités en fonction des besoins stratégiques et de créer des pôles
accélérateurs du développement socio-économique. Les collectivités
locales ont aussi pour mission de déterminer les besoins des populations
et de recenser les potentialités humaines et matérielles susceptibles
d’être dégagées au niveau local d’une part, et d’identifier les projets à
réaliser et les actions à entreprendre d’autre part.
A cet effet, les collectivités locales sont, les premières, invitées à
faire collaborer les organisations non gouvernementales, cette attitude
marque une tentative de rééquilibrage des influences des secteurs privés
et publics.
Actuellement, les outils de planification stratégique participative
des actions de développement, et la diffusion des méthodes de
concertations ont beaucoup aidé à promouvoir le développement
participatif qui se base sur une pédagogie de mobilisation sociale et une
harmonie entre les différentes actions de planification des tous les
acteurs urbains. Ce développement participatif donne lieu à de
nouvelles approches qui ont pour prérogatives, le partenariat, la
coopération et la complémentarité des actions entre les différents
intervenants du développement.
Ces outils de planification participative, ont montré leur rôle
incontestable dans l’instruction d’une politique cohérente entre
l’ensemble des actions urbaines et leur influence sur la transformation
sociale des populations en acteurs urbains à part entière, voire même en
principaux éléments, qui assument leurs responsabilités à gérer les
affaires locales en synergie avec toutes autres actions urbaines,
notamment, celle de leurs collectivité locale.
105
: Revue territoire p : 52
106
Jean-Daniel REYNAUD, Les règles du jeux : l’action collective et la régulation sociale, éd :
Armand Colin, Paris, 1997, p : 19.

200
Ainsi, les méthodes et les planifications participatives
permettent de produire une ville de gouvernance qui gère de façon
concertée et coordonnée les transactions économiques, sociales et
politiques qu’elle renferme. Cette méthode se base sur des équipes
multidisciplinaires qui manipulent les outils et les techniques d’analyses
afin de comprendre les situations en combinant l’expertise scientifique
et technique au savoir des populations tout en saisissant les
comportements et les attitudes des populations ciblées.
Dans le cadre de cette politique, nous avons fait communiquer, à
certains élus du bureau du conseil communal et certains présidents
d’associations dynamiques, l’importance de la planification stratégique
participative dans la formulation des stratégies de développement et
dans la constitution, non seulement, de système d’information pertinent
et fiable et d’engagement collectif de tous les acteurs mais aussi dans la
meilleur utilisation, par la collectivité locale, des ressources à l’aide de
la programmation rationnelle pluriannuelle des investissements en
fonction des priorités.
Cette nouvelle planification stratégique permet aux collectivités
locales de maîtriser leur devenir à travers la planification
contemporaine. A cet effet, cette dernière appelle un changement de
vision et de culture pour l’ensemble des acteurs et des partenaires de la
vie locale. Ainsi, nous avons remarqué que les effets de cet
éclaircissement que nous avons tenu avec les élus, concernant la
planification stratégique participative, commence déjà à avoir,
effectivement, des effets palpables au niveau de la gestion du projet de
réhabilitation de la médina.
Pour ne pas faire contre courant à cette démarche participative,
le projet de réhabilitation de la médina d’Oujda, qui a prévu quatorze
actions visant à atteindre des objectifs cités dans la première partie de ce
travail, doit absolument faire l’objet d’interventions de toutes les
structures et organisations agissant dans cette aire afin d’unifier la
vision futur de leurs actions.
Les propositions que nous allons formuler en collaboration avec
la société civile, la commune, l’ANHI et l’AUO, ont pour objectif de
contribuer à faire évoluer positivement la démarche de réhabilitation, à
améliorer encore mieux la situation dans la médina, d’assurer la
conservation du patrimoine et du cadre bâti, et de permettre à ses
habitants d’acquérir une culture de solidarité et d’entretien de leur
environnement qui pourra induire le phénomène de l’autoréhabilitation.
Le but est de fixer la population de la médina sur les lieux et de
rechercher l’intégration spatiale de la cité traditionnelle au sein de toute
l’agglomération. Ainsi, ces propositions restent inscrites dans le cadre

201
des objectifs tracés par le projet de réhabilitation, tous en lui apportant
une valeur ajoutée fondée sur les aspirations de la sphère civile.
En effet, le principe de réhabilitation peut se concrétiser, en
général, par la réalisation parallèle de trois objectifs cités ci-dessous, qui
ne peuvent être atteint qu’en intégrant, absolument, la vision de tous les
acteurs urbains à la recherche de l’intérêt général:
- La recherche d’une intégration spatiale de la médina, qui ne peut être
définie que par rapport à ses voisinages modernes et son tissu urbain
n’aura une signification en tant que milieu culturel et traditionnel que
par rapport à son environnement immédiat. Cette intégration veillera à
ce que la médina conserve ses fonctions commerciales et artisanales.
L’ensemble du centre ville constituera un élément attractif tant pour les
activités et loisirs des citadins que pour le tourisme. L’intégration doit
se faire tout d’abord au niveau de l’animation et de l’accessibilité aux
axes commerciaux réaménagés de la médina et ses environs.
- La stratégie de sauvegarde des styles architecturaux, et du cadre bâti,
doit être menée dans deux directions :
Restaurer les monuments historiques classés ou à classer
(rempart, bab el Gharbi et Sidi Abdelwahab, Jamaâ lakbir et sa
medersa)
Restauration et réhabilitation des bâtiments d’habitations tout en
prenant garde à ce que l’aspect traditionnel soit respecté d’une part et
que toute construction nouvelle doit s’intégrer au paysage traditionnel
de la médina d’autre part.
- La réhabilitation devra tenir compte également, de l’amélioration de
l’environnement. Outre les mesures à prendre concernant l’amélioration
de l’assainissement, de la santé, …, il importe d’assainir la zone
d’habitat par la création d’espaces verts récréatifs par l’aération et
l’ensoleillement du tissu et par le contrôle de la circulation automobile
dans la médina.
Ces objectifs pourront être atteint avec aisance si toutes les
parties prenantes du développement local y participent en cherchant la
concertation, le consensus et l’intérêt collectif.
Dans le cadre d’initiation de la planification stratégique
participative au projet de réhabilitation de la médina, nous avons
organisé des réunions avec les quelques acteurs urbains intervenant dans
ce projet, afin de leur montrer l’importance de la planification
stratégique participative lors de l’établissement des programmes de
développement socioéconomiques locaux à travers une vision partagée
et son importance dans la maîtrise de l’avenir par une gestion
rationnelle du présent.

202
A ce sujet, nous nous sommes rendu compte, d’après les
déclarations des membres du conseil communal, que la commune
procède à cette méthode de planification, pour l’élaboration de ses
programmes de développements sociaux et économiques, depuis
quelques années. Elle a toujours fait appel, lors de ses différentes
planifications, aux services extérieurs, aux pouvoirs publics, au secteur
associatif et au privé pour une cohérence des actions.
Ces déclarations n’ont pas été toujours confirmées lors de
plusieurs occasions. Ainsi, nous avons enregistré, en général, la
persistance du comportement hégémonique et des pratiques
contradictoires, souvent, ressenties chez les collectivités locales, envers
le nouveau processus de planification participative.
Lors d’une autre rencontre, sur le thème de partenariat, tenue
avec les responsables de l’ONG Afica 70, de la commune et de la
fondation moulay slimane, l’accord de l’ONG concernant la
concrétisation et réalisation du pavage de la rue Essania qui abrite le
complexe culturel réalisé par la fondation moulay slimane constitue une
palpation de cette politique participative.

Aménagement de la rue Essania N

Légende N

Le complexe culturel.shp
Pavage à réaliser.shp

<Empty Legend>

Source: élaboration personnelle.

D’un autre coté, nous nous sommes mis d’accord avec l’AUO, la
commune, la fondation moulay slimane et l’ONG Africa 70 sur
l’élaboration de propositions concernant le plan d’aménagement et de
sauvegarde de la médina. Ces propositions seront remises à l’AUO pour
qu’elle puisse les soumettre au bureau d’étude afin qu’il puisse, à son
203
tour, les étudier et les intégrer au futur document d’urbanisme des tissus
traditionnels.
Nous avons également saisi l’occasion, pour profiter de la
présence de la délégation des fonctionnaires de la commune de
Molenbeek Saint-Jean de Bruxelles du 25 Juin au 02 Juillet 2004, qui
entre dans le cadre d’un jumelage avec la commune urbaine d’Oujda,
pour attirer l’attention des élus sur le rôle du partenariat dans la
réalisation du projet de réhabilitation et de la participation de la
commune de Molenbeek à trouver des financements pour la réalisation
de petits projets à l’intérieur de la médina.
A cet effet, nous avons défini, en collaboration avec tous les
acteurs urbains civil, public et privé, à nos homologues Bruxellois la
problématique de la vieille citée. Effectivement, la délégation de la
commune de Bruxelles était intéressée et d’accord sur l’importance de
l’idée et sur le choix de l’espace où elle peut intervenir en collaboration
avec la commune d’oujda. En effet, elle a trouvé la problématique de la
médina totalement similaire à la problématique de leurs anciens
quartiers en difficultés où nos homologues de Molenbeek ont beaucoup
travaillé et ont acquis une grande expérience dont nous espérons tirer
profit.
Ainsi, la commune devra établir dans les mois de Juillet et
d’Août prochains un programme d’actions à l’intérieur de la médina. Ce
programme fera l’objet d’une participation très large entre les secteurs
public, privé et civil. Une fois le programme d’action identifié et défini,
un dossier bien ficelé et bien construit sera soumis à la délégation des
fonctionnaires de la commune urbaine de Molenbeek le mois de
septembre prochain pour qu’elle puisse aider la commune à trouver les
financements nécessaires.
Notre logique en tant que chercheur s’inscrit dans la sphère de la
synthèse dialectique dans la finalité de construire le raisonnement de
l’intervention de chaque acteur dans sa totalité c’est-à-dire la
« phénoménologie existentielle »107. A cet effet, nous avons essayé de
s’approcher le plus possible des acteurs afin d’identifier et d’analyser
les méthodes, comportement et leurs dynamiques ainsi que le degré de
leurs autonomies d’interventions.
Nous nous sommes aussi intéressés de donner la place non
seulement des aspects manifestes mais aussi à ceux non apparents des
différents acteurs. Notre intervention s’inscrit aussi dans le cadre de
sensibilisation et de l’échange d’informations et des expériences au sein
d’un champ où s’interférent différent acteurs.

107
Laurence DE CARLO, Gestion de la ville et démocratie locale, éd : l’Harmattan, Paris, 1996,
p :43.

204
Ainsi, nous avons remarqué la volonté et la conviction de la
plus part des élus communaux de s’engager dans le processus qui met
l’accent sur la nécessité d’une démarche globale, progressive et
différenciée pour réussir l’expérience de la planification stratégique
participative dans le développement socioéconomique et culturel.
En se basant sur les aspirations prioritaires des habitants et de
quelques associations, relevées lors de notre enquête terrain. Nous
allons proposer quelques actions dans le cadre de la gestion des affaires
du court terme et de réhabilitation prospective de la médina.
§3 - Esquisse d’un plan traduisant les priorités da la
population.
La médina d’Oujda à connue, dans le passé, des mutations
socioéconomiques et des dégradations physiques qui continuent,
actuellement, à accentuer sa destruction. Les plus importantes causes de
dégradation sont :
- Le relâchement et la déstabilisation de la fonction et des activités
socioculturelles de la médina.
- Une importante instabilité résidentielle pour les habitants qui prennent
la médina comme espace de transit. Cette instabilité se traduit par le
manque d’entretien et la dégradation de leur cadre de vie.
- La marginalisation de la médina et de sa population par les responsables
et par conséquent le désintéressement de cette population à toutes
actions d’entretien et de sauvegarde de son environnement.
- La surexploitation spacio-commerciale, non organisée, à l’intérieur du
tissu traditionnel et au dépend des zones résidentielles.
- La désorganisation de la circulation et du développement des activités
commerciales.
- L’abandon de maisons délabrées et non entretenues par leurs
propriétaires. Ces derniers ne cherchent qu’à s’accrocher à la vie.
- Absence de personne morale ou physique, capable de défendre l’intérêt
collectif de la médina et d’œuvrer dans le but de détecter les besoins
prioritaires des habitants, ensuite de faire impliquer ces derniers à leurs
réalisations.
Ainsi, et afin que cette trame urbaine traditionnelle retrouve son
image et son dynamisme culturel, que l’élaboration du plan
d’aménagement et de sauvegarde de ces tissus anciens se pose comme
une grande nécessité. Ce plan permettra et facilitera aux responsables
l’action de sauvegarder le patrimoine traditionnel et d’améliorer les
conditions de vie des habitants.

205
Toutefois, ce document d’urbanisme, qui permet l’identification
d’une stratégie de réhabilitation de la médina, à lui seul, restera un
document inefficace s’il ne prendra pas en compte l’implication et
l’adhésion de la société civile à ce projet qui la concerne elle même en
premier plan.
La nécessité de ce plan d’aménagement et de sauvegarde est
primordiale en vu de combler le vide juridique dans la gestion des tissus
anciens et traditionnels. Cette stratégie permettra, certainement, avec la
participation de la société civile, de maîtriser l’arrêt du processus de
dégradation voire même son inversion. Concernant l’opération de
réhabilitation, elle sera adéquate par :
- L’élaboration d’un plan d’aménagement et de sauvegarde de la médina
avec la volonté, surtout, politique de concrétisation de ses objectifs.
- L’instauration d’une politique, à l’échelle locale et centrale, qui fait de
la population un vrai acteur à part entière dans le projet de
réhabilitation.
- La création d’un organisme de réhabilitation doté de statuts appropriés,
chargé de diriger les opérations de réhabilitation, leur réalisation et leur
maintien après exécution.
- La création et restauration des places à l’intérieur de la médina avec la
réorganisation de l’activité commerciale.
- La création d’une fédération qui regroupe toutes les associations qui
opèrent dans la médina ainsi que leurs soutiens et renforcement de leurs
moyens d’actions.
- L’amélioration du niveau socioéconomique et d’instruction des
habitants ainsi que leur encadrement.
- La revitalisation des activités de production, notamment, artisanales.
- La réglementation des conditions de location et de vente à l’intérieur de
la médina et le respect des règles de l’art de construction intra-muros
(interdire les habitants de réparer eux-mêmes, par exemple, les
conduites d’assainissement ou autres actions à porter sur le cadre bâti).
- L’élaboration d’une brochure et d’un plan touristique de la ville
intégrant la médina.
- La réflexion à la création de crédits en faveur des occupants des
maisons délabrées, pour le financement des activités de restauration.
- La réflexion sur le développement d’un model d’architecture et
d’urbanisme en continuité avec les valeurs de nos traditions et en
conformité avec les exigences de la vie contemporaine.
- La création d’une cellule communale chargée, en permanence, de la
médina et comprenant un bureau ou un service de prévention.

206
- La réanimation des fonctions culturelles et religieuses.
La réhabilitation de la médina, actuellement, menée par
l’application d’un ensemble de projets en éliminant la société civile de
ce champs, reste une opération inefficace et loin d’atteindre ces
objectifs. Ainsi, la réconciliation entre l’administration et la société
civile par l’implication de celle-ci dans la gestion des affaires de la ville
et de la médina et l’encouragement de la coopération entre les divers
acteurs urbains ainsi que l’élaboration du plan d’aménagement et de
sauvegarde en concertation avec tous les acteurs locaux sont des
actions à entreprendre sérieusement et dans les meilleurs délais.
IDENTIFICATION DE PROJETS :
Suite au travail effectué sur le terrain et suite aux aspirations de
la population et de quelques associations de la médina, nous citons en
complément des projets conçus par l’opération de réhabilitation,
quelques projets absolument nécessaires, qui devront répondre aux
besoins des habitants et qui peuvent être considérés comme des actions
créatrices d’emplois. Parmi ces projets, nous signalons :
- La création d’un poste de police à l’emplacement d’une ruine.
- La construction d’un centre de santé à l’emplacement d’une ruine, ou
d’une maison à réaffecter à ce but.
- La construction d’un foyer féminin et d’une maison de jeune à
l’emplacement des ruines.
- La création de cabines téléphoniques.
- La création d’espaces verts.
- L’aménagement des maisons abandonnées et surtout non entretenues,
tout comme les ruines, qui présentent une source de dégradation pour le
bâti traditionnel et une source de nuisance à la santé des habitants. Leurs
aménagements ou du moins leurs entretiens sont nécessaires pour
enrayer ces problèmes qui sapent les structures de la médina.
- L’aménagement des principaux axes commerciaux et l’organisation des
activités commerciales et de la circulation, qui s’y exercent.
Ces quelques actions qui émanent des vœux des habitants et de
quelques associations actives de la médina, se résument dans le plan ci-
dessous :

207
Propositions de projets à aménager
N

Légende:
Voirie.shp
Rmpart.shp
Espaces bâtis.shp
Aménagement des pricipaux axes commeciaux
Cabines téléphoniques.shp
Verdure à créer.shp
Maison de jeunes.shp
Foyer féminin.shp
Poste de police.shp
Centre de santé.shp
Verdure existante
Source: enquête personnelle

Parallèlement à l’intervention sur ce paramètre physique il faut


intervenir sur d’autres facteurs, non pas moins important, pour assurer
la cohérence de l’opération de réhabilitation et de sauvegarde, « il ne
suffit pas de préserver la forme physique de la médina pour que celle-ci
soit sauvée ou conservera un sens, mais il faut en même temps travailler
sur tout les paramètres pour leurs permettre de perdurer et d’évoluer
dans la structure urbaine où ils se trouvent ─ paramètres relevants
aussi bien de l’habitat que du commerce, de l’artisanat, des
équipements, de la circulation, de la valeur du patrimoine, etc. ─ le tout
étant à penser avec des allers et retours nombreux entres les différentes
échelles du projet urbain » 108.

108
Ministère de l’équipement, des transports et du logement, Ministère de la culture et de la communication, Agence nationale
pour l’amélioration de l’habitat, op cite, p : 17.

208
CONCLUSION
Personne ne contrarie la vertigineuse dégradation des médinas à
l’échelle nationale et particulièrement celle de la ville d’Oujda. Cette
dégradation est bien accentuée dans les quartiers où la proportion des
locataires est importante et où les conditions de vie sont extrêmement
lamentables.
La Kasbah est le quartier le moins dégradé de la médina, ce-ci
est du essentiellement au fait que le statut d’occupation dans ce quartier
est dominé par les propriétaires d’une part et au fait que presque tous les
équipements collectifs et socioculturels de la médina se concentrent
dans la Kasbah, ancienne résidence de l’Amel 109. Les habitants de ce
quartier lui sont très attachés.
Le sous équipement des quartiers de la médina se caractérise
essentiellement par l’absence des édifices socio culturels. Les besoins
prioritaires de la population se résument en deux grandes aspirations :
la santé et la sécurité, à savoir le besoin de la création d’un centre de
santé, d’un poste de police et l’amélioration du service d’éclairage
public.
Ainsi, les interventions doivent porter sur les besoins prioritaires
des habitants et sur les quartiers présentants des dégradations très
avancées, afin d’atténuer le maximum du degré d’insalubrité,
d’équilibrer les actions d’interventions pour ne pas approfondir,
malheureusement, les dysfonctionnements existants mais de les
atténuer, d’améliorer les conditions de vie des habitants et d’assurer une
équitable répartition des services aux niveaux de tous les quartiers de la
médina.
Les interventions doivent aussi cibler, et essentiellement, la
femme car elle constitue un élément très active à l’intérieur et à
l’extérieur de son foyer et constitue toujours le pivot de la famille. Les
associations devront également faire l’objet des interventions vu leurs
rôles dans l’encadrement et la sensibilisation de la population, ainsi le
renforcement de leurs actions est de grand intérêt.
D’autre part, la population doit avoir tout l’intérêt qu’elle mérite
à être impliquée comme acteur à part entière dans l’opération de
réhabilitation. En effet, le processus de marginalisation déclenché par la
colonisation, n’a pas pu être freiné après l’indépendance. Les
opérations, exécutées ponctuellement sont certes nécessaires mais
inefficaces et insuffisantes, elles doivent s’inscrire dans un projet global
et être l’affaire de tous les acteurs de la ville.
Afin que ses acteurs jouent pleinement leurs rôles, il est
obligatoire qu’ils donnent une grande importance à la communication
109
: Traduction du mot gouverneur en arabe.

209
entre eux. En effet, pas mal d’entre eux ne sont pas au courant de ce qui
se passe dans ce projet social de grande envergure, c’est le cas de la
chambre du commerce et de l’artisanat, le ministère de l’enseignement,
le ministère du tourisme, la délégation régionale de l’artisanat, etc.
pourtant ce projet de réhabilitation de l’espace traditionnel les intéresse
tous et peut leurs être très bénéfique.
Cette médiocrité de communication induit une mauvaise
collaboration entre les intervenants et handicape l’esprit et le processus
de la planification participative qu’entame, notamment, la commune
pour l’élaboration des programmes socioéconomiques et culturels.
Ainsi, cette faible communication aura des répercutions pervers sur
toutes les opérations du projet.
Dans le souci de remédier à cette situation, il est important de
penser à la création d’une institution qui se chargera des tissus anciens,
de leurs réhabilitations et de leurs maintenances comme patrimoine à
valeur très estimée dans le développement socioéconomique local et
régional, sinon à l’attribution de cette fonction à une des institutions
déjà existante.
Cette institution exige avant tous une réhabilitation du cadre
juridique, institutionnel, technique et humain, compatible avec les
exigences de la compétitivité des villes et avec les exigences
contemporaines de la gouvernance urbaine, afin de mener à bien cette
opération de taille.
La réalisation des objectifs du projet ne sera réussit qu’on
veillant à la maîtrise des interactions entre les différents champs. Le rôle
de l’institution de pilotage est essentiel pour veiller à cette fonction et à
la conduite des différentes actions d’une part et à la cohérence du projet
global d’autre part. toutefois, nous avons montré que le dispositif mis en
place n’assure ni la transversalité des actions ni la conduite
opérationnelle des actions de réhabilitation.
A cet effet, l’institution de sauvegarde et de réhabilitation de la
médina sera comme garant de la mise en œuvre quantitative et
qualitative du projet, elle devra articuler la maîtrise des ouvrages et
l’ajustement des objectifs stratégiques d’une part, l’avancement du
projet et la coordination des missions des opérateurs d’autre part. En
effet, jusqu’à présent les différents acteurs se trouvent dans l’incapacité
de créer des synergies entre les différents secteurs d’intervention et de
capitaliser leurs actions.
Dans le souci de faciliter la mise en œuvre des synergies, il est
de grande utilité et urgent de procéder à la mise en place d’une
planification stratégique participative et à l’élaboration d’un document
juridique régissant la gestion urbaine des tissus anciens, dans les
meilleurs délais.
210
Ce document contribuera premièrement à la maîtrise de l’arrêt
du processus de dégradation qui ne cesse de s’accentuer, et
deuxièmement à la protection du patrimoine bâti par le déclenchement
d’une nouvelle dynamique entre l’administration et les citoyens en vue
de réhabiliter ce patrimoine.
La participation des citoyens dans la formulation des
orientations et les prises de décisions d’une part et l’engagement
collectif de tous les acteurs urbains dans ce processus de développement
économique et social d’autre part sont parmi les nécessités à
entreprendre.
Finalement, nous pouvons confirmer que les conducteurs du
projet se sont lancés à l’aveuglette dans le projet, en négligeant la
dimension sociale qui nécessite le grand privilège et en négligeant
d’assurer la cohérence des synergies ainsi que la communication entre
les acteurs du projet. En effet, le meilleur accompagnement c’est d’aider
la société civile à améliorer son niveau socioéconomique et à
entreprendre elle-même le processus de l’auto réhabilitation.

211
CONCLUSION GENERALE

212
Les mutations socioéconomiques, qu’a connue la médina depuis
l’ère de la colonisation, ont toujours continué à manifester leurs effets
pervers même après l’indépendance. Ces transformations ont accentué
la crise des tissus anciens, par conséquent la disparition de plusieurs
activités artisanales et culturelles et la prolifération des activités non
structurées exercées par une main d’œuvre non qualifiée en provenance,
notamment, du milieu rural et de la périphérie de la ville.
Cette population ayant un niveau d’instruction bas et un profil
socioéconomique très faible trouve la médina comme refuge par
excellence. Malheureusement, cette catégorie sociale, qui ne cherche
qu’à s’accrocher à la vie, n’est pas en mesure d’améliorer son niveau de
vie ni de participer financièrement à l’opération de réhabilitation.
En outre, le départ de la population solvable aggrave encore plus
la situation. Ces indices ne font qu’accentuer la dégradation de la cité et
ses fonctions socioculturelles. Le manque d’entretien de la médina par
ses habitants fait d’elle des lieux délabrés à faibles valeurs locatives,
attractifs des populations déshéritées et constituant ainsi une zone où le
statut d’occupation commence à être dominé par les locataires.
Ce phénomène induit une perte de motivation, un relâchement
de la cohésion sociale et une insalubrité de l’espace en question. Cette
insalubrité et marginalisation ne sont pas avantageuses et vont contre
l’intérêt du développement socioéconomique local et par conséquent ne
favorisent guerre la compétitivité de la ville.
En effet, la conjugaison de tous ces paramètres à travers le
temps a conduit à l’apparition de quartiers qui souffrent de plusieurs
dysfonctionnements et de sous équipements, faisant de la médina une
entité vraiment marginalisée. D’autant plus, les services profitent peu
au tissus de la cité traditionnelle : infrastructure, centre de santé,
éclairage public etc. les composantes physiques, humaines,
économiques et culturelles sont toutes en interdépendance, toutes
modifications affectant l’une entraînent la transformation automatique
des autres pour intensifier la désharmonie de tout le corps traditionnel
indissociable.
Ainsi, réhabiliter la médina ne peut se limiter au cadre physique
mais comprendre des actions qui tiendront compte des fonctions
touristiques, culturelles, sociales et économiques.
Comme analysée dans la première partie de cette recherche, la
méthode de réhabilitation menée jusqu’à présent se concrétise en des
actions ponctuelles qui se font à l’anonymat et en une politique qui ne
favorise pas l’horizontalité de la collaboration ni la verticalité de la
communication. Cette intervention d’indifférence vis-à-vis de la
coordination entre les différents acteurs à l’échelle locale et la

213
collaboration entre le central et le local entrave l’opération de
réhabilitation et ne permet pas d’atteindre les objectifs escomptés du
projet.
D’un autre côté, ne pas faire de la société civile un acteur à part
entière dans l’opération de réhabilitation est considéré comme un
handicape majeur pour le projet. En effet, la réhabilitation de la médina
est une affaire de tous (les pouvoirs publics, la société civile, le privé,
les ONG, la commune etc.) qui par la cohérence des synergies, favorise
la compétitivité et le développement de la ville.
En générale, les tissus insalubres que se soit à l’intérieur des
médina ou dans les quartiers irréguliers, n’est pas l’affaire du
gouvernement seul, des collectivités locales seules, des pouvoirs publics
seuls ou de la société civile seule, mais c’est l’affaire et la synergie de
tous les acteurs qui forment le système urbain.
La commune n’a pas jouée avec efficience son rôle de gestion
urbaine de la médina. Les prétextes les plus avancés par les
responsables de cette collectivité locale sont toujours d’ordre financiers,
alors que beaucoup de communes pauvres ont pu améliorer leurs
situations socioéconomiques en faisant recourt aux systèmes de
partenariats et de planification participative.
En général, les interventions restent toujours inefficaces et
nécessitent la restauration des cadres : institutionnel, juridique financier,
technique et humain, une articulation des programmes à un niveau tels
que l’ensemble puisse satisfaire l’ensemble des besoins. C’est dans ce
volet que la nouvelle politique et la nouvelle démarche de planification
participative vient changer les méthodes de programmation et de
planification des collectivités locales.
La réhabilitation et l’amélioration des conditions de vie des
habitants nécessite avant tous une politique d’emploi pour résorber le
chômage. En effet, le bien être de la population ne se réalise pas par le
seul fait de garantir un logement salubre et des services annexes mais
aussi par une politique de résorption du chômage, une cohérence et une
symbiose correcte entre les plans d’habitats et ceux du développement
économique et social.
C’est pour cela que nous avons optés, dans la deuxième partie,
pour une prise des mesures d’ordre juridique, institutionnelles et
techniques pour améliorer la qualité des interventions et satisfaire les
aspirations locales de la population.
La complexité des tissus traditionnels et la multiplicité des
enjeux et des acteurs impliqués dans sa dynamique, fait que la stratégie
de réhabilitation ne peut se mener de façon dispersée, mais plus tôt en
vertu d’une coordination minutieuse et réaliste et d’une programmation

214
bien établie dans le temps et dans l’espace, qui réuni toutes les
compétences et les moyens disponibles.
En effet, la vraie politique de réhabilitation ne peut se lancer à
l’aveuglette dans des opérations au risque de se trouver dans des
difficultés inextricables du fait de la naissance d’un projet
insuffisamment et mal préparé, ou peut être même élaboré à l’urgence.
Ainsi, des dysfonctionnements ont été révélés lors de cette
recherche, dont le travail de sensibilisation et d’information de la
population faisait la première anomalie. D’un autre côté l’inertie de
l’activité des élus, des associations des collectivités locales et des
pouvoirs publics dans la promotion de la solidarité communautaire et
dans le processus de la consultation pour la prise de décision, comme,
l’absence d’une politique de protection de l’environnement de la médina
ont été, également, relevés comme points de dysfonctionnements. Ces
derniers ne font qu’accumuler les difficultés pour compliquer davantage
l’opération de réhabilitation.
Ce-ci constitue une vérification de la première hypothèse
concernant la conception du projet qui n’a pas été accompagnée par une
phase de sensibilisation et d’information de la population et, en
générale, de la sphère civile, afin d’induire son adhésion et sa
participation au projet.
Ce-ci montre, aussi, que les différents acteurs qui entrent en
action dans le projet manquent de coordination et de collaboration que
se soit entre eux ou entre eux et le niveau central. D’où, la nécessité
pour les différents acteurs urbains d’entrer en communication et en
partenariat et d’investir dans la formation des ressources humaines et la
cohérence des synergies afin de mieux capitaliser leurs interventions.
La médina d’Oujda se caractérise par une population très pauvre
et faiblement instruite. Ainsi, il est préjudiciel de s’occuper des
dimensions sociale et économique. L’amélioration de ces deux
dimensions constitue, à notre avis, une tache aussi importante que
l’opération de réhabilitation. Tant que la population reste déshéritée et
instable résidentiellement, la réhabilitation n’aura pas de sens.
Dans ce sens, les efforts devront cibler, essentiellement, la
femme qui forme l’organe capital de la famille. Dans la médina la
femme joue un rôle très important à l’intérieur et à l’extérieur de son
foyer. Elle est le premier responsable de l’éducation des futures
générations.
Nous insistons sur le fait que, la réhabilitation des tissus anciens
de la ville d’Oujda nécessite en plus des études détaillées, qui prennent
en compte toutes les composantes de la cité traditionnelle, et des
montages technico-financiers, la mise en place d’un système de control,

215
de gestion et de coordination efficace à toutes les échelles ainsi qu’une
culture d’entretien de l’espace physique. En effet, cette dernière
constitue l’épine fondamentale de la réhabilitation.
Les interventions sur les tissus anciens doivent tenir compte de
plusieurs dimensions qui vont de la restauration du cadre bâti,
l’amélioration de la circulation, la création de nouveau services publics
à, surtout, l’implantation de micro entreprises, l’accompagnement social
des habitants et la collaboration de tous les acteurs privés, publics et non
institutionnels au sein d’un même système. Ces interventions devront
être entamées par des visions collectives pour un avenir collectif.
En fin, nous concluons que la dégradation des tissus anciens,
n’est pas due à une seule cause prépondérante, mais à un ensemble de
causes fortement imbriquées entre elles. Pour remédier à cette faille il
est nécessaire de mettre en œuvre un système d’action bien articulé,
entre tous les acteurs urbain, dont les effets se complètent
réciproquement et mutuellement.
En effet, le partenariat entre organismes de sorte que l’on
s’attaque aux problèmes de façons intégrées et que les activités d’une
organisation, quelle qu’elle soit, soient complétées en synergie par
celles des autres instances dans une vision cohérente et prospective de
l’avenir.
Il s’agit, aussi, d’améliorer les conditions de vie pour inverser la
tendance à la taudification de la médina et créer les conditions pour
inciter les propriétaires à investir pour améliorer leurs habitations, ainsi
s’orienter vers l’objectif de créer une tendance à l’auto-réhabilitation,
meilleure méthode de sauvegarde des tissus anciens.

216
ANNEXES

217
QUESTIONNAIRE DE L’ETUDE DE REHABILITATION DE LA
MEDINA D’OUJDA :
Date de l’enquête :…………………….
Données concernant Le chef de ménage :
ADRESSE
Age
Sexe
Profession
Niveau d’instruction

1/ Y’avait-il une compagne de sensibilisation à l’opération de


sauvegarde et de réhabilitation de la médina ?
Oui Non
1 2

Si oui, qui en est responsable et comment se faisait-elle ?


2/ Y’avait-il une concertation avec vos représentants? Oui Non
Si oui, votre avis a été pris en considération ? 1 2

3/ Etes vous adhérent dans une ONG……………………………


Association de quartier (amicale ou syndicat…)……..
Association culturelle………………………………….
Coopérative (a préciser)……………………………….

4/ Etes vous satisfait des actions de réhabilitation ? Oui Non


1 2
Si non, justifier : ………………………………….
Si oui, degrés de satisfaction : Faible Moyen Bon
a b c

Si a ou b, quel est d’après vous le besoin non satisfait ?


…………………………………………………………………
5/ Avez vous exprimé ce besoin auparavant ?
Oui Non
Si oui : 1 2
a) où ?
b) comment ? Par écrit, par entretien 

218
c) par quelle démarche ? Individuelle  collective 
d) quels résultats ? Nul, moyen, bon 

6/ Avez vous participé aux exécutions ou aux suivis des


opérations?
Oui Non
1 2

Si oui comment ?
…………………………………………………………………...
7/ Avez vous ressentis des changements, en comparaison avec la
situation précédente ?
Oui Non
1 2
Si oui lesquels ?
8/ Quels sont les effets des actions réalisées sur votre vie
quotidienne ?
9/ Etes vous prêt a payer pour améliorer votre cadre de vie ? Si
non pourquoi ?
10/ connaissez vous une association, ou autre organisme au
service de votre quartier ?
11/ Avez-vous toujours l’intension de quitter la médina même
dans le cas d’une amélioration du cadre de vie par les responsables ? Si
oui, pourquoi ?

219
INTERVIEW VISITEURS :
Date de l’interview :…………………………….
Lieu de rencontre :………………………………
1/ Quelle est votre provenance ? Quartier :……………….
Ville : ………………….
Pays : ………………….

2/ Quelles sont les raisons de votre visite, et qu’est ce qui vous


attire le plus dans la médina ?
3/ Combien de fois fréquentez vous la médina ?
Nombre de fois/jour……….
Nombre de fois/semaine………..
Nombre de fois/mois………..
Nombre de fois/an……….
4/ Combien vous coûte chaque visite ? (Frais)
5/ Quelle porte d’entrée avez vous utilisé pour accéder à la
médina ?
6/ Avez vous remarqué des changements ou améliorations à
l’intérieur de la médina ? Lesquels ?

220
GUIDE D’INTERVIEW :
(Avec les différents intervenants dans le projet de la réhabilitation.)

1/ Comment est née l’idée de la réhabilitation (du bas, du haut,


ou due à un événement local déclencheur) ?
2/ Comment s’est déroulée la phase de conception du projet ?
3/ Quelle est votre méthodologie de réalisation du projet ?
4/ Cette méthodologie, est-elle le résultat d’un consensus entre
les différents intervenants ?
5/ Comment avez vous conçu l’approche participatif des
habitants, ou, de leurs représentants ?
6/ Quels sont les moyens humains et matériels mis en œuvre ?
7/ Comment percevez-vous l’intervention des autres acteurs ?
Est-elle nécessaire ?
8/ Quel est le degré de cohérence de vos actions avec celles des
autres acteurs ? Et quels sont les dispositifs mis en place entre les
différents intervenants (type de relations et de convention…).
9/ Dans quelle mesure vos actions sont elles compatible avec les
règles de l’art ?
10/ Comment s’est construit le diagnostic des maisons a
rénover ?
11/ Quels sont les obstacles rencontrés avant et au cours de
l’opération de réhabilitation ?
12/ Quel rôle jouent les bailleurs de fonds dans cette opération et
dans le développement économique et social local ?
13/ Y a t-il une cellule communale chargée de l’ancienne
médina ?
14/ comment vous percevez l’action de la délégation Française
des Pact-Arim et celle de l’ONG Africa 70 ?
15(*) / Pourquoi d’après vous la médina n’a pas eu, depuis des
décennies, l’importance qu’elle méritait ?
(*) : Question réservée à la commune.

221
BIBLIOGRAPHIE
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226
227
228
229
230
231
232
233
234
235
236
237
238
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE...................................................................................3
I/ SPECIFICITE ET CRISE DES VILLES MUSULMANES, DU MOYEN ORIENT
ET DE L’AFRIQUE DU NORD..................................................................................5
I-1 - APERCU SUR LES TRAITS SPECIFIQUES DE CES VILLES........................5
I-2- LA CRISE URBAINE DES MEDINAS...................................................................6
II- DONNEES GENERALES SUR LA VILLE D’OUJDA ET ORGANISATION
ACTUELLE DE L’ESPACE TRADITIONNEL..........................................................8
II -1- DONNEES GENERALES SUR LA VILLE D’OUJDA ET SA MEDINA........8
A- HISTODIQUE DE LA MEDINA...........................................................................................8
1- Les fonctions de la médina pendant la période précoloniale.............................................10
2- Les mutations urbaines et commerciales au cours de la période coloniale.......................12
B- LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE D’OUJDA........................................17
C- LES MONUMENTS HISTORIQUES ET SITES TOURISTIQUES...................................18
D- SOCIETE ET TRADITIONS................................................................................................21
II-2 L’ORGANISATION ACTUELLE DE L’ESPACE TRADITIONNEL...........21
A- LA POPULATION DE LA MEDINA..................................................................................22
B- L’HABITAT DE LA MEDINA............................................................................................23
C- LES ACTIVITES ECONOMIQUES....................................................................................24
1 - Activités commerciales.....................................................................................................24
2 - Les activités artisanales de productions............................................................................25
3 - Activités de service...........................................................................................................25
D- RECONVERSION DES ACTIVITES ECONOMIQUES....................................................26
E - LES EQUIPEMENTS D’INFRASTRUCTURE ET DE SUPRASTRUCTURE.................27
La Voirie :..............................................................................................................................27
L’assainissement :..................................................................................................................27
Le réseau d’eau et d’électricité :............................................................................................28
Les suprastructures :..............................................................................................................28
III - PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL.....................................29
A- LA PROBLEMATIQUE...........................................................................................29
B- LES HYPOTHESES DE TRAVAIL........................................................................32
C- LES OBJECTIFS.......................................................................................................32
1 - L’objectif général :................................................................................................................32
2 - Les objectifs spécifiques :.....................................................................................................32
D- L’INTERET DU CHOIX DU SUJET......................................................................33
IV - PLAN DE TRAVAIL ET METHODOLOGIE.....................................................34
A - PLAN DE TRAVAIL................................................................................................34
B - METHODOLOGIE..................................................................................................34
PREMIERE PARTIE :...............................................................................................37
LA REHABILITATION DE LA MEDINA D’OUJDA, UNE OPERATION
NECESSAIRE REPONDANT A UNE SITUATION INQUIETANTE........................37
NTRODUCTION............................................................................................................38
PREMIER CHAPITRE : LES GRANDES STRATEGIES DE REHABILITATION
DES TISSUS ANCIENS.................................................................................................40
SECTION I : LE CONTEXTE INTERNATONAL DE REHABILITATION..........................41

239
§1 - Reconquête des centres anciens dans les pays d’Europe et aux Etats-Unies d’Amérique.
...............................................................................................................................................41
1-La rénovation urbaine aux Etats-Unies d’Amérique:....................................................41
2-La notion de reconquête urbaine en Europe :................................................................42
3-L’utilisation de la notion de la MOUS en France..........................................................43
§2 - La réhabilitation des médinas dans les pays du Maghreb et dans le monde arabe.........46
1-Cas Tunisien :................................................................................................................47
a– La sauvegarde d’un patrimoine monumental :..................................................................49
b– La sauvegarde d’un patrimoine immobilier social :.........................................................50
2-Approche opérationnelle pour la promotion culturelle de ce patrimoine de Tunis.......50
SECTION II : LE CONTEXTE NATIONAL DE LA REHABILITATION.............................52
§-1- Cas de la sauvegarde de la médina de Fès :...................................................................54
§-2- Cas de la vile d’Assilah :................................................................................................58
SECTION III : LE CONTEXTE LOCAL..................................................................................61
§1- Les documents d’urbanisme............................................................................................62
§2- Les orientations du SDAU et du PA................................................................................63
DEUXIEME CHAPITRE...............................................................................................65
LA METHODOLOGIE SUIVIE DANS LA REHABILITATION DE LA MEDINA
D’OUJDA.........................................................................................................................65
SECTION I : EMERGENCE DE L’IDEE DE LA REHABILITATION..................................66
§1- La dégradation avancée et sous équipement de la médina..............................................67
§2 - Le départ des habitants autochtones et ses raisons.........................................................69
§3- La prise de conscience des responsables.........................................................................72
§4- L’attractivité de la médina D’OUJDA.............................................................................73
§5- Des exemples réussis de réhabilitation à suivre..............................................................79
SECTION II : L’EXPERIENCE DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE..................................80
§1- Genèse de la politique participative.................................................................................81
1- Une expérience exemplaire à Porto Allegré............................................................81
2- Cas des exemples Français :....................................................................................83
a/ Exemple de Roubaix :..............................................................................................84
b/ A Mantes en Yvelines..............................................................................................85
3- Cas du Maroc................................................................................................................87
§2- le choix de la médina d’Oujda comme opération pilote..................................................87
SECTION III : METHODE D’INTERVENTION DANS LA MEDINA..................................89
TROISIEME CHAPITRE..............................................................................................95
LES ACTIONS ET LES ACTEURS DE LA REHABILITATION...........................95
SECTION I : LES BESOINS DE LA MEDINA........................................................................97
§1 - les insuffisances en infrastructures.................................................................................97
§2 - Vétustés et insuffisances en SUPRA -STRUCTURES..................................................99
§3 - Les aspirations des habitants de la médina...................................................................102
SECTION II : LES ACTIONS DE LA REHABILITATION ET LEURS OBJECTIFS.........106
§1-L’identification des projets de réhabilitation et leurs mode de financement..................106
A / Projets prioritaires.....................................................................................................106
• La réfection du réseau d’assainissement...........................................................106
• Le Revêtement et pavage des ruelles et des places...........................................107
B / autres projets de réhabilitation de la médina à court et moyen terme......................109
• L’aménagement de la place Bab El Gharbi intra muros:..................................109
• L’ouverture de nouvelles voies.........................................................................110
• La réhabilitation et constructions de tronçons de muraille...............................110
La restauration des maisons vétustes et menaçantes ruines.......................................111
• L’Aménagement de l’esplanade de Bab Sidi Abdelwahab..............................111
• L’Aménagement de la place Bab Sidi Abdelwahab.........................................112
• L’Aménagement du parc ethnographique Lalla Meriem..................................113
• L’Aménagement de la kasbah Mérinide...........................................................114
• L’Aménagement du complexe commercial Boulouize....................................115
• La Réhabilitation de la mosquée Jamaâ Lakbir................................................115
• Le marché municipal........................................................................................115
• L’Aménagement de la place Bab El Gharbi extra muros.................................116
§ 2 - les objectifs de la réhabilitation...................................................................................118
§3 - les différents acteurs de la réhabilitation et leurs enjeux..............................................119

240
A/ Les organismes déconcentrés.....................................................................................119
L’ANHI......................................................................................................................119
L’agence urbaine........................................................................................................119
La direction régionale de l’habitat (DRH).................................................................120
Le ministère des affaires culturelles...........................................................................120
L’ERAC.....................................................................................................................120
L’inspection de l’aménagement du territoire et de l’eau............................................120
Le ministère du tourisme............................................................................................121
B / Les collectivités locales.............................................................................................121
La commune...............................................................................................................121
La régie autonome de distribution d’eau et d’electricité d’Oujda..............................122
C / La wilaya...................................................................................................................123
D / Le secteur privé.........................................................................................................123
E / La société civile.........................................................................................................124
La fondation moulay slimane et l’ONG africa 70......................................................124
La délégation Française des Pact-Arim......................................................................127
Le secteur associatif...................................................................................................132
§3-1 Les interférences entre les différents acteurs de la réhabilitation...........................135
§3-2 le cadre partenarial..................................................................................................136
§3-3 La communication..................................................................................................138
1°/ Les moyens humains.................................................................................................140
2°/ Les difficultés rencontrées lors de l’exécution des travaux de la réhabilitation.......140
§5 - impact socio-économique et environnementales des actions réalisées........................143
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE..........................................................147
DEUXIEME PARTIE..............................................................................................151
METHODOLOGIE DE REHABILITATION ADAPTEE AU CONTEXTE DE LA
MEDINA D’OUJDA................................................................................................151
INTRODUCTION.........................................................................................................152
PREMIER CHAPITRE................................................................................................155
L’INTEGRATION DE L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL DANS LES PROJETS
DE REHABILITATIONS............................................................................................155
SECTION I : LA PREPARATION CULTURELLE ET LA LUTTE CONTRE
L’EXCLUSION DE LA POPULATION.................................................................................156
§1 : La préparation des habitants a adhérer au projet de réhabilitation et de sauvegarde de la
médina..................................................................................................................................157
§2 / construire une pédagogie participative pour la réussite des projets..............................161
§3- Les actions a entreprendre.............................................................................................163
SECTION II : LA NECESSITE D’UNE DEMARCHE PARTICIPATIVE DANS LA
REHABILITATION DE LA MEDINA D’OUJDA.................................................................164
§1 - interactions entre population, pouvoirs publics et milieu associatif.............................165
§2 - les facteurs dynamisant une vraie action de réhabilitation..........................................168
§3 - Le rôle des collectivités locales, des pouvoirs publics, et de l’Etat.............................170
1 - le rôle des collectivités locales.................................................................................171
1-1 - le rôle de la commune :......................................................................................172
1-2 La province et la préfecture.................................................................................174
2 - Le rôle des pouvoirs publics et de l’Etat...................................................................175
2-1 rôle des pouvoirs publics.....................................................................................175
2-2 Le rôle de l’Etat :.................................................................................................175
§4 - Le rôle de la société civile et des ONG.......................................................................177
1 - le rôle de la population :...........................................................................................177
2 - Le rôle des associations............................................................................................178
3 - Le rôle de l’élu..........................................................................................................183
DEUXIEME CHAPITRE.............................................................................................185
PROPOSITION DE MISE EN PLACE D’UN CADRE ET D’UNE STRATEGIE
ADAPTEE AU CONTEXTE LOCAL........................................................................185
SECTION I : CADRE INSTITUTIONNEL, JURIDIQUE TECHNIQUE ET FINANCIER.187
§1 - Sur le plan institutionnel et juridique...........................................................................187

241
1 - sur le plan institutionnel.............................................................................................187
2 - Sur le plan juridique...................................................................................................188
§2 - Sur le plan technique, financier et foncier...................................................................190
1 - Recommandations sur le plan technique :.................................................................190
2 - Recommandations sur le plan financier :...................................................................193
3 - Recommandation foncière :.......................................................................................194
§3 - la création d’une institution de sauvegarde de la médina : une nécessité indiscutable.
.............................................................................................................................................194
SECTION II : LES OUTILS DE MISE EN PLACE D’UNE STRATEGIE PARTICIPATIVE.
..................................................................................................................................................195
§1 - quelle politique pour sauver la cité traditionnelle?.......................................................196
§2 – principe de la planification stratégique participative...................................................200
§3 - Esquisse d’un plan traduisant les priorités da la population.........................................205
CONCLUSION..............................................................................................................209
CONCLUSION GENERALE...................................................................................212
ANNEXES................................................................................................................217
BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................222
TABLE DES MATIERES......................................................................................239

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