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bl248 003
bl248 003
de l’aléa « éboulement »
sur itinéraire
Alain CALVINO
Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Nice
Présentation
Antonio PEREIRA de COSTA
Chef du service Gestion et études routières
Direction départementale de l’Équipement des Alpes-Maritimes
Le département des Alpes-Maritimes, en raison de son contexte géographique et géologique, possède un réseau
routier, assez dense, exposé à l’aléa « éboulement ». La Direction départementale de l’Équipement (DDE) des
Alpes-Maritimes souhaitait identifier et localiser cet aléa pour mettre très rapidement en œuvre une politique
de prévention sur les routes nationales et engager un programme de mise en place de protections contre les chutes
de blocs. Afin de répondre à ce souhait, une mission d’étude a été confiée au Centre d’études techniques de
l’Équipement (CETE) Méditerranée (Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Nice) sur l’ensemble du
réseau routier national des Alpes-Maritimes.
Grâce à la méthodologie mise en oeuvre par le CETE, l’étude cartographique d’itinéraire a pu être réalisée dans
des délais assez courts, compte tenu du linéaire important de route à traiter. La DDE des Alpes-Maritimes a pu
ainsi enclencher rapidement son programme de prévention, après croisement des données de l’aléa « éboulement »
avec celles concernant les chutes de blocs recensées (avec ou sans accident) et celles concernant le trafic.
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RÉSUMÉ ABSTRACT
La méthode de cartographie linéaire a été développée dans METHODOLOGY FOR CHARACTERIZING THE RISK OF ROCKFALL OVER
le cadre d’une étude de l’aléa « éboulement » auquel est GIVEN ITINERARY
exposé le réseau routier national des Alpes-Maritimes. Cette The linear cartographic method was developed within the
méthode, simple à mettre en œuvre, est fondée sur une scope of a study conducted on the “rockfall” risk on the
méthodologie ébauchée en 1978. Elle a été améliorée et national highway network in the Alpes-Maritimes department
adaptée à l’outil informatique, sa méthode d’analyse le (southeastern France). This easy-to-implement method is
permettant. Il ne s’agit pas ici de rendre compte des résultats based on a methodology first drawn up in 1978. It has since
de cette étude cartographique mais d’exposer, à partir de been improved and adapted for compatibility with computing
l’exemple des Alpes-Maritimes, la méthode mise au point, qui resources, thanks to the capacities of the inherent analytical
peut être utilisée pour d’autres applications linéaires que les method. The focus of the present article is not to report on
itinéraires routiers. results stemming from this cartographic study, but rather to
Cette méthode repose sur la notion de facteurs déterminants display, using the Alpes-Maritimes application as an
(paramètres fondamentaux propices au déclenchement d’un example, the particular method derived. Linear applications
éboulement) ; ils caractérisent la zone source (falaises à other than road network itineraries can also be envisaged.
l’aplomb ou déportées par rapport à la route). Après ajout de
facteurs minorants concernant la zone de propagation des This method relies on the notion of determinant factors (basic
blocs, la méthode permet d’afficher l’aléa résultant au niveau parameters able to of triggering a rockfall); such factors serve
de la plate-forme routière. L’acquisition de ces facteurs est to characterize the source zone (cliff faces aligned or offset
faite à dire d’expert sans moyens d’investigation quantitatifs with respect to the road trajectory). After adding some minors
particuliers. Ces facteurs sont traités numériquement, ce qui factors (linked to block propagation area) the method
permet une exploitation et une expression des données sous provides resulting hazard on the road. These factors are
forme de tableaux analytiques et synthétiques ainsi que sous determined on the field by an expert without any specified
forme de cartographies automatiques. other geotechnical investigation; moreover. This factors are
numerically precessed, which allows the data to be used an
Cette méthode a comme points forts sa facilité et sa rapidité expressed both with analytically and synthetically table and
de mise en œuvre ainsi que sa souplesse pour la mise à jour automatic maps. The method’s advantages consist of its
des données. Elle constitue un outil d’aide à la décision, mais facility and speed of implementation as well as its data-
ne se substitue pas à la réalisation des études d’aléa updating flexibility. The decision-making tool it provides does
« éboulement » détaillées et spécifiques entreprises not however replace the in-depth and specific “rockslide” risk
ultérieurement et dont la programmation peut ainsi être studies to be conducted subsequently and whose scheduling
définie à partir de critères rationnels. may be established from a set of rational criteria.
DOMAINE : Géotechnique et risques naturels. FIELD: Geotechnical engineering and natural hazards.
Fig. 1
Réseau des routes nationales
des Alpes-Maritimes.
Niveaux d’aléa
On caractérise l’aléa par quatre niveaux de possibilité d’apparition [1]. Au-delà, la décomposition en
un plus grand nombre de niveaux peut créer l’illusion d’une grande finesse de connaissance des
mécanismes et de leur analyse :
n aléa très élevé ;
o aléa élevé ;
p aléa moyen ;
q aléa faible (ou mal connu).
Falaise déportée
Falaise
déportée
Trajectoire
Talus,
Talus, falaise falaise
à l'aplomb Trajectoire à l'aplomb
RN RN RN
Fig. 2
Schéma des différentes configurations.
Fig. 4
Exemple de falaise, de 400 m de haut,
à l’aplomb de la route.
Fig. 5
Tableau de détermination de l’aléa.
Remarque : il faut souligner que l’aléa, défini à partir des différents critères exposés plus haut, est
apprécié et que cette méthode reste en partie subjective. Elle permet à l’observateur de rationaliser la
saisie des paramètres et d’effectuer la synthèse plus facilement, sans oublier de prendre en compte
des paramètres importants.
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Fig. 6
Exemple de détermination du niveau d’aléa.
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Fig. 7
Exemple de tableau de niveau d’aléa par section d’itinéraire (+ indication des chutes de blocs) par PR croissant.
Fig. 8
Exemple de tableau de niveau d’aléa par section d’itinéraire (niveau d’aléa croissant : falaise à l’aplomb).
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Outils numériques
On utilise ici des logiciels de traitement des données et de représentation cartographique (cf. Fig. 9).
En cartographie surfacique, le traitement des données (données d’archives et données acquises pour
la réalisation de la carte) et l’expression cartographique pourront être réalisés à l’aide d’un outil SIG.
En cartographie linéaire, la saisie et l’exploitation des données pourront être effectuées avec un
tableur de type Excel qui permet l’exportation dans la plupart des logiciels (cf. Fig. 11). La saisie des
données peut être effectuée numériquement sur le terrain à l’aide d’un ordinateur portable. La repré-
sentation cartographique peut être réalisée à l’aide d’un outil SIG en utilisant des outils intermédiai-
res tels que VS Map ou MERIU et la représentation selon un « schéma itinéraire » peut être réalisée
par exemple avec SILLAGE.
Fig. 10
Exemple de fiche de suivi sur le terrain (manuelle ou numérique).
Fig. 12
Aléa « éboulement » sur route. Exemple de traitement et de représentation synthétique des données (niveaux d’aléa sur l’ensemble
des routes nationales).
Fig. 13
Aléa « éboulement » sur route. Exemple de traitement et de représentation synthétique des données (linéaire et pourcentage de
routes nationales exposées à l’aléa « éboulement »).
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Fig. 14
Exemple de base de données connectée à un SIG (B.D. Mvt BRGM – LCPC – RTM).
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CONCLUSION
La méthodologie mise en œuvre offre l’avantage essentiel de pouvoir caractériser l’aléa sur de grandes
longueurs d’itinéraire dans un laps de temps assez court. Elle constitue un outil simple, qui permet
de réactualiser facilement les résultats, et apporte une aide à la décision pour le gestionnaire de la
route. Elle peut être appliquée par des opérateurs différents, après étalonnage, tout en minimisant
les risques de dérive d’évaluation de l’aléa. Elle peut être également qualifiée pour d’autres types de
réseau d’infrastructure de transport. Elle ne se substitue pas aux études d’aléa « éboulement » spéci-
fiques mais permet, sur des critères les plus objectifs possibles (aléa, chutes de blocs effectives, acci-
dents, trafic), d’effectuer une programmation rationnelle des études et des travaux de protection.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] LCPC, Groupe d’études des falaises, Éboulements et chutes de pierres sur les routes. Méthode de cartographie,
Rapport LCPC 80, 1978, 68 pages.
Autres références :
Parades contre les instabilités rocheuses, Guide technique, Collection Environnement, Les risques naturels, LCPC,
mai 2001, 144 pages.
Caractérisation et cartographie de l’aléa dû aux mouvements de terrain, Guide technique, Collection Environnement,
Les risques naturels, LCPC, 2000, 92 pages.
COMMENTAIRES
La définition générale de l’aléa précise qu’il « s’agit d’un événement incertain soumis au hasard, c’est-à-dire à une interfé-
rence accidentelle et généralement imprévisible entre deux ou plusieurs séries causales dont les relations réciproques
sont, à chaque instant, rigoureusement déterminées, mais dont l’indépendance relative n’est imputable qu’à notre
ignorance ».
Dans ces conditions, il est souvent très difficile de définir une probabilité chiffrée d’occurrence d’un événement dans une
période donnée. Cette détermination suppose en effet la stabilité du mécanisme caractérisant le phénomène, I’observation
directe d’un grand nombre d’événements permettant de traiter des séries statistiques ou la connaissance des lois de com-
portement du phénomène et des probabilités d’occurrence des variables de commande et, donc, indirectement de celle du
phénomène.
La plupart du temps, cette probabilité sera appréciée qualitativement à dire d’expert, sur la base d’un certain nombre
d’observations, dont certaines sont quantifiables. Par extension, le terme est utilisé ici pour désigner la probabilité d’occur-
rence de l’événement (aléa faible, moyen, élevé, très élevé).
Lorsque c’est possible, on rattachera les niveaux d’aléa aux périodes de référence habituellement retenues pour des phé- 17
nomènes abordables par des séries statistiques (inondations), soit 10, 25, 50 et 100 ans.
Les événements visés peuvent être naturels (par ex. éboulements) ou anthropiques, internes ou externes à un ouvrage ou
à un site.
– Discontinuité : Terme générique désignant toute séparation, surface ou couche mince, située à l’intérieur d’un milieu
continu ou entre deux milieux continus différents, en général assimilable à un plan sur une certaine étendue, affectant un
massif rocheux (joint de stratification, schistosité, diaclase, fracture, faille).
Une discontinuité constitue souvent une surface de rupture préférentielle dans un massif rocheux.
– Éboulement : Phénomène discontinu qui affecte des roches cohérentes, impliquant qu’une portion de roche, de volume
quelconque, parvienne à se détacher de la masse rocheuse. La cinématique du phénomène est rapide à très rapide.
Les éboulements constituent l’un des phénomènes géodynamiques de la classification des mouvements de terrain. Ils se
subdivisent eux-mêmes en quatre catégories selon des critères volumétriques (cf. la norme NF P 95-307 « Équipements
de protection contre les éboulements rocheux – Terminologie ».
– Éléments à risque : Il s’agit des personnes, constructions, infrastructures, services publics, activités économiques, etc.,
soumis à risque dans une zone donnée.
Cet ensemble qui peut être très simple ou très complexe peut trouver une expression commune en unités monétaires si
l’on est capable de donner des équivalents pour les pertes de vies humaines, les blessés, les destructions des biens mobi-
liers et immobiliers, et d’estimer les pertes résultant de l’interruption de l’activité économique et des services publics.
– Enjeu : Conséquences directes ou indirectes résultant de l’occurrence d’un aléa, sur les éléments à risque, susceptibles
d’être évitées par une mesure de prévention : confortement, exploitation, surveillance
Il s’agit donc de ce que l’on peut gagner ou perdre par un choix d’action ou d’inaction. L’enjeu peut éventuellement s’expri-
mer comme le risque sous une forme probabiliste : on parlera alors d’espérance de gain.
– Facteur (déterminant) : Il s’agit des paramètres fondamentaux propices au déclenchement d’un phénomène.
C’est l’analyse des mécanismes de chaque phénomène qui permet de dégager les facteurs déterminants et les seuils
critiques propres à chaque système. Pour les massifs rocheux, ces facteurs sont : la lithologie, la structure, la pente, la
morphologie, l’hydrogéologie, etc.
Par exemple, pour les glissements dans le flysch, les facteurs déterminants seront : alternance de marne et de grès (litho-
logie), pente supérieure à 30°, éventuel pendage défavorable (structure), indice de glissement (morphologie), eau en