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=, BUSINESS ORD eae : Dans les coulisses de Da eo) Rsyeluy aga 4 y AFRICA CEO FORUM 4 Kigali HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL N? 3038 0) + 25° commémoration du génocide CMe) Clare kee elolaye (0) al Oa erro) Oar) sz Opposition Sea) Bo: Gay rights », etc. Xe(eelaa's « Le Rwanda est allé au-dela de I‘imaginable » 1 M 01998-3058: 3,80 € \ vw Béchir Ben Yahmed bby@jeuneafrique.com Qu’attendre du mois d‘avril ? evant nous un mois d’avril chargé. Des événementsdegrande importance sont annoncés sur tous les continentsou presque. Auxquels il me parait prudent d’ajouter'imprévu. Les derniers jours de mars ont été eux-mémes fort chahutés. Mais ce qui nous attend en avril est formidable. Je n’évoquerai ci-dessous que les événements qui nous concernent de prés, risquent avoir sur nous des effets béné- fiques ou néfastes. Diabord, ce fameux Brexit, dont on nous rebat les oreilles depuis plus de deux ans. Le 23 juin 2016, les Britanniques ont en effet voté, & une courte mais indis- cutable majorité ~ inégalement répartie entre les composantes du Royaume-Uni -, en faveur du divorceavec l'Union européenne. Dans les années 1960, ils avaient supplié qu’on les acceptat comme membres decette union. Ce quoi, en 1973, a consenti Georges Pompidou, successeur du général de Gaulle, qui, lui, avait dit et répété: «Non etnon. » Crest en avril que le divorce, qui entre dans sa phase cruciale, risque d’étre prononeé. Attendez- vous a du « bruit et de la fureur » etau départ probable de ’incom- pétente Theresa May, Premiére ministre du Royaume-Uni. Le fameux 10 Downing Street va devoir changer d'occupant. Jerfexclus pas que le Royaume- Uni se ravise et, par le biais d'un. référendum, dans quelques mois, dise que, réflexion faite, il veut rester dans cette Union euro- péenne qu’il a tant vilipendée. Ce serait un remariage aprés un semi-divorce... Quoi qu’il en soit, ce royaume qui, dans les années 1950, « a perdu un empire et n’a pas trouvé de réle », poursuit sa dérive vers le statut d’ex-grande puissance vouse au déclin... Nous avons appris, fin mars, que « l’Etat islamique en Irak et au Levant » avait été vaincu, que ses derniers combatants avaient été tués ou s‘étaient rendus. Ses dirigeants, au premier rang desquels Abou Bakral-Baghdadi, avaient proclamé, le 29 juin 2014, Vinstauration d’un « califat ». Ils ont séduit, ils ont terrorisé, mais ils ont fini par étre défaits aprés avoir fédéré le monde entier contreeux. Leur emprise sur une partie de I'Irak, dont la grande ville de Mossoul, etsurle nord dela Syrie auratout demémedurécingans. Mais oit est passé leur chef, Baghdadi, qui sest fait appeler «le calife Ibrahim »? Oit sont ses, compagnons? La coalition ne les a ni tués ni faits prisonniers. Elle ne sait pas, ou ne dit pas, oit ils ont fui et ce qu’ils sont devenus. On en est donc réduit a spéculer sur ce qu’ils vont faire et sur ce qui leur reste comme pouvoir de nuisance. Gageons qu’ils feront parler d’eux et qu’on en saura plus dés ce mois davril. Trés certainement, Donald Trump, lui, fera parler de lui en avril plus encore qu’en mars. Ia été le premier 4 annoncer que le rapport Mueller, qui vient d’étre remis au ministére de la Justice, Fabsolvait en le lavant de tout soupgon de collusion avec la Russie, et le premier 4 proclamer que lui et ses alliés avaient vaincu Etat islamique. Comme avant lui George W. Bush, iladit, en somme, «nis- sion accomplie », mais il est pro- bable que l'avenir le démentira comme ila démentiG. W. Bush. Jomectique 13038 4131 marseu 0112019 3 Sd La caractéristique principale de Donald Trump est d'oser ce que les autres n’osent pas: dis- cuter d’égal & égal avec le dicta- teur de la petite Corée du Nord, reconnaitre Jérusalem comme la capitale d'Israél et y transférer Tambassade des Etats-Unis, enté- tiner ’'annexion par!'Etat hébreu du Golan. Peu luiimportesicesinitiatives sont bénéfiquesou nuisibles pour les Etats-Unis et le monde. Il lui suffit de croire que lui peut en tirer profit. Tadoneannoneé, fin mars, que leGolan syrien, occupé par Israél depuis 1967, était définitivement acquis 4 Etat hébreu (qui d’ail- leurs lavait annexé dés 1981), Benyamin Netanyahou, Premier ministre d'Israél, s'est déclaré ravi et a remercié Donald Trump dece soutien alui-mémeetason pays, lequel a ainsi « complété sa victoire militaire parune victoire diplomatique ». On verra le 9 avril au soir sile geste de Donald Trump aura permis A son ami Benyamin Netanyahou de remporter les lections législatives anticipées quisetiendront ce jour-1a. Si Netanyahou en sort vain- queur, il rempilera au poste de Premier ministre malgré ses démélés avec les juges, qui veulent le mettre en examen. S'il est battu, la justice israéliennese saisira de son cas. Crest le 28 avril que s‘achéve le quatri¢me mandat d’Abdelaziz Bouteflika, 82ans et président de TAlgérie depuis vingt ans. Ce quatriéme mandat était de trop: tout le monde lesavait ou le nous-mémes, n’avait Les Algériens, eux, sen sont sentis humiliéset, ala perspective 4 eunecttque 3038 431 mers usr 2088 d’un cinquigme mandat, se sont rebiffés: trop cest trop! Tout au long du mois de mars, en manifestant pacifi- quement dans les principales villes du pays, des dizaines de milliers d’Algériens ont dit qu’ils voulaient «le changement maintenant ». Ilsen ont assez. d’un président invisible, diminué parla maladie, usé par vingt ans de pouvoir et dont le nom et le passé couvrent les excés d'un entourage honni par la majorité des Algériens. Ces derniers ont fini par com- prendre, et refusent désormais que cet entourage de quelques personnes exerce pour le pré sident eten son nomla réalitédu pouvoir. Tlreste & peine un mois pour trouver et mettre en place une autre formule de transition, plus acceptable que celle proposée le 1marsau nom de Bouteflika par ses proches. Cecerclede quelques hommes qui gouvernent/’Algérie en sabri- tantderriére Bouteflika avait déja fait la concession de renoncer au cinquiéme mandat de l'actuel président. Le 26 mars, un des membres les plus éminents de ce proche entourage, le général Ahmed Gaid Salah, 79 ans, et qui doit Abdelaziz Bouteflika d'avoir été maintenu a son poste de chef d’état-major de l’armée, en a fait une autre de taille: que I'actuel président soit déclaré, pour cause demaladie, inaptea a fonction et remplacé. Comme on le voit, la formule de sortie de crise s'esquisse. On peut donc espérer que, sauf accident, sera trouvée dans les prochaines semaines la solution qu‘on cherche et qui pourrait conduirea la I' République algé- rienne. HUMOUR, SAILLIES ET SAGESSE Pour vous faire sourire, grincer des dents — ou réfléchir- chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a ét8 dit ou écrit au cours des siecles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou dréles 6 nous dire, B.BY. Laresponsabilité est e prix a payer du succes. Les médias refletent ce que disent les gens, les gens rfletent ce que disent les médias. Ne vo--on jamais se laser de cet obrutissont jeude miroir? Un vieux assis voit plus loin qu‘un jeune debout. Cest quand on commence & payer des pensions alimentaires qu’on se rend compte a quel point un mois ¢a passe vite. Rien ne fit plus souffrir que doimer. Rien. I faudrait ne pos ‘oimer pour ne pas souffrir. Quand tes ala retraite, c'est pas lapeine davoir une montre qui marque toutes les heures, tu mets « matin, midi, soir », a sufi yades femmes que fon nécoute que d'un cel Les mouvements totalitaires sont des organisations massives diindividus atomisés et isolés, Quin’a pas les moyens de ses ambitions a tous les soucis. PROJECTEURS ancien chet de état frongas et Alssane Quattro, &Abidan, en juin 2017, La deuxiéme vie de Sarkozy Loin des affaires judiciaires dans lesquelles il est empétré en France, Nicolas Sarkozy prend pied en Afrique. Parallélement & son activité davocat, Pancien président francais s‘impose comme l'un des hommes du Qatar sur le continent, travaillant en solo et jouant de ses relations person- nelles avec les chefs d’Etat africains. Il est ainsi trés proche d’Alassane Ouattara, qui n’hésite pasa faire part ses homologues de ses qualités. Le président ivoirien lui a confié une partie de ses dossiers qataris, écar- tant ainsi son ex-conseiller spécial ‘Mamadi Diané, désormais ambas- sadeur itinérant, et le Mauritanien ‘Moustapha Chafi, qui avait été le pre- mier Aintroduire les Qatarisa Abidjan. Lorsqu’il se déplace dans cette ville, le Francais est souvent accompagné de Cyrille Bolloré, PDG du groupe Bolloré. jnunetrique n°3038 4131 morscuS orn! 208) Nicolas Sarkozy travaille avec le Qatar, dontilreprésente les intéréts aut sein d’Accor. En 2017, il avait intégré leconseil dadministration dugroupe hotelier francais pour le compte de Katara Hospitality, !'un de ses prin- cipaux actionnaires. Egalement président de son comité « strategie internationale », Sarkozy gérera & ce titre un investissement de 1 milliard de dollars pour la construction, en Afrique subsaharienne, de 40 établis- sements dotés de 9000 chambres. Il a recours aux services de Lionel Zinsow, I'ex-Premier ministre béninois, aujourd'hui associé de la banque Southbridge, pour le conseil- leretl'aider Aadministrercefondsaux cétés de Donald Kaberuka. En Guinée, Sarkozy a déja négocié le retour d'Accor. Son prochain défi: désamorcer la crise qui oppose ce groupe al'Etat togolais. SECRETS DE PALAIS RWANDA-FRANCE MARECHAUX AKIGALL ATinitiative du Quai d'Orsay, Rémi ‘Maréchaux, son directeur Afrique et Océan Indien, essistera aux ‘commémorations du génocide des Tuts le 7 avi @ Kigali. Ise joindra ou député Hervé Bervile, ‘ui, lui, représentera Emmanuel ‘Macron, ce demier ayant décling Fingitation des autortés rwandaises. COTE D'IVOIRE UNE PREMIERE DAME AHEC Enmars, Dominique Ouattora a intégréFintemational Advisory Boord de HEC Pats, chargé de lo stratégie internationale de 'école ‘de monagement. ta premiere dame ivoirienne sidge aux ctés de vingt trois personnolités, dont ‘Muhammad Yunus, Nobel dela Poix 2006, ou Mestata Terrab, OG du groupe marocain OCP. RD CONGO « FATSHI» RECOIT LUMUMBA Le 26 mars, Félix Tshisehedi bridvement recu Jean-Jacques tumumba a hétel Radisson Blu de Kigali, En 2016, ce dernier ‘ovat divulgué des documents interes de BGFIBank RDC, que dirigeatolorsFroncis Selemani, {rere adoptif de Joseph Kabila. En ‘ex en France depuis, Lumumba ne peut rentrer en RD Congo sons risquer de perdre son statut de retugié. Sd Rendez-vous manqué Agnés Monnet a démissionné, le 24 mars, de la branche du FPI que dirige Pascal Affi N’'Guessan, et dont elle était lasecrétaire généraleet la porte-parole. Elletire ainsi les conséquences de I'échec de son initiative visant a rapprocher ce dernier de Laurent Gbagbo. A la demande d’Affi N’Guessan, elle avait solticité Emmanuel Aka, 'ancien ambassadeur de Cote d'Ivoire au Ghana, le 3 mars, afin qu'il joue les intermédiaires. était prévu que l’ex-Premier ministre arrive A Paris le 20 mars et que lediplomate Yaccompagne a Bruxelles poury rencontrer Gbagbo. Mais le premiera refusé les conditions que posait le second (4 commencer parsa démission). Son camp pourrait étre frappé par d'autres départs. Les noms de Konaté Navigué et de Diabaté Beh sont notamment évoqués. lLourent Gbagbo. CONTRE-POUVOIR CAMEROUN CENTRAFRIQUE-CPI UN VISA POUR ZOKOU SERIA LA BARRE DUPOND-MORETTI Yooundé a sommé les autorités consulaires camerounaises en France dexpliquer comment Eric Dupond-Morettic pu arriver au Comeroun le 15 mars. Lovocat ‘rancais de Fopposant emprisonné ‘Maurice Kamto avait déposé une demande de visa en bonne et due forme 6 ambassade du Cameroun ‘Paris. Son identité n'avait pas dlerté le personnel, qui lui a accordé le précieux sésame, alors que la ex ministre ivoirien de la Jeunesse, décsion de Faccueilir vavat pas ‘aujourd'hui en liberté provisoire aux encore été prise en hout leu. Poys-Bas, Transféré en janvier devant la CPL pour crimes de guerre et crimes contre I'humanité le Centrafricain Patrice-Edouard Ngaissona, cncien ‘ministre et ex-chef ant-balaka, afait ‘oppel 4 Yavocat Simplice Zokou Seri (Phoenix Law). te défenseur iwoiro-belge fera équipe avecle Centrafricain Timoléon Kokongo et le Néerlandais Geert-Jan Alexander Knoops. lest aussi, avec ce dernier, leconsel de Charles BIé Goud, TUNISIE-ONU ‘OUEST PASSE EXPERT? Le bureau du coordonnateur résident des Notions ures art u ministre tunsien des Affaires étrangéres pour signaler farrestation de Moncef Kartos, membre du panel d'experts de ONU pour la Libye. II aurait été interpellé & Son arvée 8 Tunis le 26 mars et seat < introuvabe» depuis, Selon nos sources, Kartas, qui a statut de diplomate, est interrogé parla brigade atterorst dora, quile soupconne dspionnage.I deat présenter ‘son rapport sur le trafic d’armes frontalier, le -30.mars, & Foccosion d'une réunion sur la Libye en marge du sornmet de lo Ligue arabe. llymettat en couselatrika gourernemen tole de 2012-2013, comme s‘apprétoit a le foire ‘Saber Logi, ex patron de la brigade ntiteroréte, incorctré depuis 207 TUNISIE IUATELE SE LIBERE DE SES CHAINES Legouvemementasigné un contrat visant, ‘a réformer la télévision nationale, longtemps percue comme un relais du pouvoir. Il assure l‘avoir envoyé @ la Haica (instance chorgée de la régulation des médias), ui oprésréception le validera son tour. Cette réforme este fruit tonnes dde« combat». avis dela Hoicacomptera désormais en cas de limogeage du PDC de la télévision, dont le mand de trois ans sera renowelabe une fos Le dernier dirigeont en poste (le douriéme depuis a révolution) a paraphé ce document. Jemectique 3038 4131 marseuovi12019 CHINE-AFRIQUE ‘Apres une premiere édition en 2017, les autorités chinoises orgoniseront & Pékin, du 25 ou 27 ovtl, un deuxi¢me forum consocré cux Nouvelles Routes dela soie.Cing dirigeants atticains ont été convigs en raison de la participation active de leur poysé cette initiative ‘Abdel Fattoh al-Sissi (Faypte), ‘Abiy Ahmed (Ethiopie), Ismail ‘Omar Guelleh (Djibouti), Uhuru Kenyatta (Kenya) et Filipe Nyusi (Mozambique). Au totol, une trentaine de délégations sont attendues. INDE-AFRIQUE Linde ouvrira so prochaine chancellerie@ Djibouti. ambassadeur Ashok Kumar, jusque-l secrétaire adjoint au rministeve des Affaires étrangeres, devrait y prendre ses fonctions courant avril, Oscar Kerketta 0, quant & lui, pris ses quartiers au Rwanda en décembre 2018. Quatre autres missions (en Guinée équotoriale, cu Burkina, ‘au Congo et en Guinée) verront le jour d'id do fin de 2019. Entre 2020 et 2021, inde espére ‘ouvrir douze nowvelles représen tations en Afrique, FRANCOPHONIE Le Conseil permanent deta froncophonie (CPF), quis‘est réuni le 26 mars, a donné son val OIF pour quelle achéte {état canadien fappartement qu‘occupoit Michaélle Jean. Silo transaction se réalise, it setvira de logement de fonction 6 Louise Mushikiwabo. 10 jeunesrique 13038 du mers oul 2039 CONFIDENTIEL Diplomatie & réseaux Le juge Tournaire entre deux affaires Réfugié politique en France depuis | informations, Kadamy a refusé de dix-huit ans, 'opposant djiboutien | répondre aux questions de Serge Mohamed Kadamy, qui réside | Tournaire. Bagnolet(banlieueparisienne),aété | Le juge francais enquéte par auditionné le 28 février Paris par | ailleurs sur le volet djiboutien de le juge Serge Tournaire (photo). | laffairedu financement libyen pré- Agissant ala suited'une demande | sumé de la campagne de Nicolas de commission Sarkozy en rogatoire émise parlajuged’ins- truction djibou- tiene Lamisse Mohamed Said, Tournaite avait, deux semaines plus 16t, mis en exa- men ce chef 2007. I sest ainsi rendu a Djibouti en février pour y entendre le banquier Wahib Nacer et l'avocat, Mohamed Aref (seul le premier a pu étre audi- tionné), proches 2 : de Ia branche deClaudeGuéant radicale du et d’Alexandre Front pour la ® Djouhri. restauration de La coopération Vunité et de la démocratie (Frud). | judiciaire bilatérale, qui a repris Motif: sa participation indirecte | récemment, fonctionne donc bien. Aune attaque perpétrée, en sep- | Selon nossources, les autorités dji- tembre 2015, contre un convoi de | boutiennes n'ont pas 'intention de véhicules civils 4 Marawleh (dans. | demander|extradition de Kadamy, le nord de Djibouti) - attaque que | quiest parailleurs un cousin d’Ab- T'intéressé avait alors revendi- | doulkader Kamil Mohamed, le quée depuis Geneve. Selon nos | Premierministre.c3 Nubukpo va a LEssentiel ALomé, fin avril, Kako Nubukpo lancera L’Essentiel, un mouvement dela société civile, & occasion d'une conférence-débat intitulée « L’émergence au Togo: mythe ou réalité? » Des médecins, des économistes, des juristes et des patrons togolais s‘activent aux cétés de celui qui est par ailleurs candidat au poste de doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion. Dans la perspective de la présidentielle de 2020, I'ex-ministre de la Prospective de Faure Gnassingbé, qui fut directeur de la Francophonie éco- nomique et numérique de OIF, entend apporter sa contribution au débat public. Son think tank hébergera le comité créé au Togo a 'issue des Etats ‘généraux du franc CFA (organisés & son initiative en février, a Bamako) qui réfléchit A une alternative & cette monnaie. a Sa vie en prison Incarcéré depuis le 6 mars au quar- tier 14 (VIP) de la prison centrale de Kondengui (Yaoundé), Edgar Alain Mebe Ngo’o partage sa cellule avec Gervais Mendo Ze, l’ex-patron de la élévision nationale. Des le lendemain de son arrivée, l’ancien ministre came- -ounais de la Défense, qui a troqué ses stumes pour des djellabas, est allé Juer Ephraim Inoni, |’ex-Premier ninistre, détenu depuis sept ans. I liscute beaucoup avec ses amis Basile \tangana Kouna, I’ex-ministre de *Eau, et Mohammed ya, qui dirigea a Fecafoot. En revanche, Jean-Marie \tangana Mebara, l’ex-secrétaire énéral de la présidence, qui lui attri- sue en partie ses déboires, ne luiatou- ours pas adressé la parole. Avec l’autorisation du régisseur dela irison, Mebe Ngo’oa puparlerle12mars son épouse, Bernadette, détenue u quartier des femmes. Pour se faire ecepter, il offre des bouteilles d'eau ainérale aux prisonniers démunis.' ;an AVC doctobre 20 est rentré au pays le as érale, ilaveit re Conseil des ministres. t famment sur ce der une nouvelle phase jecond septennat BRICE LACCRUCHE ALIHANGA Directeur de cabinet. En fabsence d/ABO, cet ancien directeur de BGFI Gabon a géxé non sans difficulté les affaires courantes & Libreville ‘A38.ans, il tient toujours les rénes du Palais du bord de mer, oux catés de Jean-Yves Teale, le secrétaire général dela présidence. (CYRINQUE ANDJOUA Le « Monsieur Sécurité » du chef de Etat, dont il est le cousin (son pare, Fidéle Andjoua, est le frére de feu Omar Bongo ‘Ondimba}. Il succkde au Sud-Coréen « Monsieur Park », qui vient de prendre sa retraite. GREGOIRE KOUNA Patron dela Garde républicaine depuis ’époque d’Omar Bongo Ondimba. Est le supérieur du saint-cyrien Frédéric Bongo, demi-frére du président et patron des services spéciaux de ladite Garde. JEAN-LUC NDONG ANVAME aide de camp. En véritable garde du corps, ce lieutenant-colonel de la Garde républicaine est un des seuls @ n‘avoir jamais quitté le chef de l'état durant toute sa convalescence en Arabie saoudite et au Maroc. MAROC BARLAMANE SUR LE GRIL Le site d'information barlamane.com, que dirige Mohamed Khabbachi, exdirecteur de l'agence de presse officielle MAP, est dans le collimateur des islamistes du PJD. Trois ministres issus de ce parti: Mustapha Ramid (Droits de homme), Abdelaziz Rebbah (Energie et Mines) et Lahcen Daoudi (Gouvernance) ont intenté des proces & ce média, lequel se plaint par ailleurs d’étre exclu de la liste des bénéficiaires du soutien financer annuel qu‘accorde 6 Ja presse Mohamed Laaraj, le ministre de la Communication. Ces demiéres années, barlamane.com avait révélé plusieurs affaires de moeurs et ‘de mauvais | gestion embarrassantes pour le PID, dont les frasques dela députée Amina ‘Moelainine et le montant exact de la pension de retraite d’Abdelilah Benkirane RUSSIE SPUTNIK ATTERRIT EN AFRIQUE Al approche du premier sommet Russie-Afrique, @ Sotchi en octobre, agence ¢ presse russe Sputnik, considérée comme proche du Kremlin, s‘appréte a créer une « rédaction Afrique » que dirigera Christine Holzbauer, ‘ex-journaliste au Monde diplomatique. Le lancement pourrait avoir lieu avant la tenue a Paris, er | | juin, d'un colloque sur le journalisme en Afrique que coorganise Sputnik. Andre Kemarski, le chef du département Afrique subsaharienne au ministere russe d | Affaires étrangéres, devrait y assister. jeunectrique n* 3038 du 31 marsau6 ovrl 2079 «Je sus enté en prison nu. Yen ressors esprit en paix, Je vais revenir bient6t [et] nous allons continuer le combot, Ne douter pos un seul instant de notre victoire,» ie Charles Blé Goudé, exeader des Jeunes patriotes en Cote d'woire «On marrive pas dice niveau de fonction sans avoir la carapace un peu dure, Quand on tombe, on se reléve et ‘on continue le combat. » Diéné Keita, ministre guinéenne dela Coopération et de Fintégration africaine «Nous devons soutenir [Félix Thisekedi. Molgré le déni de vérité @ Torigine de son accession au pouvoir, ‘nous constatons quand méme quil yo euldes pas qui ont été faits dans a bonne direction. » Mgr Fridotin Ambongo, carchevéque de Kinshasa «tole tun des niveau endett ment es plus ew’ du monde [133% du iB], mais vient designer 28 nowveoux «accords ovecla Chine Cela seratl peu comme une “mauve dette"? » Célestin Monga, vice président dela B40 Junetiquen°3038 4131 morscuor 2019 Azali Assoumani, chronique d’une victoire annoncée Sans surprise, le président sortant a été réélu a la téte de \‘Union des Comores dés le premier tour. Fort de la réforme de la Constitution, il a désormais les coudées franches. ouvner cAsuiN Selon les chiffres provisoires com- muniqués par la Commission électorale nationale indépen- dante (Ceni) au soir du 26 mars, Azali Assoumani a été réélu a la présidence del'Union des Comores des le premier tour, avec 60,77 %des voix. C'est tout sauf une surprise tant le président sortant semble avoir eu pour préoccupation essen tielle, depuis son lection en 2016, de se maintenir au pouvoir au-dela des cing années prévues par la Constitution. Lui-méme n’anti- cipait-il pas son triomphe des la mi-février devant a presse interna- tionale avec une franchise qui met- tait son équipe de campagne dans Yembarras? Et ce ne sont pas les ni violences qui, une fois encore, ont émaillé le scrutin, pas plus que les crisd'orfraie d'une opposition enfin réunie pour dénoncer ce qu'elle appelle un « hold-up électoral », qui vont faire dévier Azali Assoumant du destin qu'il stest lui-méme tracé depuis son retour ala résidence de Beit-Salam. Les dix-huit derniers mois res- semblent en effet la chronique d'une victoire annoncée, entre le renforcement du pouvoir prési- dentiel et la mise a ’écart des prin- cipaux leaders politiques du pays ~ « sans que l'on ne sache jamais sie président agit par machiavé- lisme ou bénéficie d'un incroyable concours de circonstances », observe un diplomate en poste & Moroni. Sd |Assoumani, 60.ans, asu faire preuve de sens tactique pour tirerle ‘meilleur parti des événements qui se présentaient a lui. C'est le cas avec les assises nationales, dont le principe avait été acté sous son prédécesseur, Ikililou Dhoinine, et dont il confirme la tenue quelques mois seulement aprés son élection. Parmi les principales conclusions de ces assises, rendues publiques en février 2018, figure la nécessité de réformer la Constitution héri- tée des accords de Fomboni, La régle d’une présidence tournante entre les trois iles de Varchipel est maintenue, mais pour un mandat de cing ans renouvelable une fois, contreunseul quinquennat autorisé auparavant. Azali Assoumani prend «le risque », comme il 'affirme lui- méme, de remettre en jeu son man- dat plus tot que prévu, la nouvelle Constitution, approu- vée par référendum en juillet 2018 a plus de 92%, lui offrant la pos- Les opposants, parti d'opposition du pays s'est lancé en ordre dispersé dans V’élec- tion. Laffaire a également causé la perte de 'ancien vice-président et ministre des Finances, Mohamed Ali Soilihi, contraint de renoncer, ala suite de sa mise en examen en janvier. En 2016, ce dernier n’avait étébattu que de 4000 voix par Azali Assoumani, quia également vu un autre de ses concurrents potentiels, son propre vice-président, Djaffar Said Ahmed Hassane, obligé de se réfugier en Tanzanie pour échap- per A un mandat d’arrét lancé par la Cour de sfireté de 'Ftat, apres la tentative d'attentat dont aurait fait objet leprésident en début d’annee. Débarrassé de ses principaux adversaires, Azali Assoumani na eu aucune peine & l'empor- ter sur la douzaine d’opposants, incapables de s‘entendre sur une candidature unique et qui, plutét que de mordte sur son électo- rat, se sont affaiblis les sibilitédeconserverson incapables uns les autres. IIs ont fauteuil jusqu’en 2029 bien essayé, au lende- etnon plus 2021. de désigner main du vote, de faire . . uncandidat — descendre 1a popu- Tripatouillages unique, se lation dans les rues Dans le méme temps, fied de Moroni, mais sans la commission d’en- SON affaiblis _succds. Personne n’ose quéte parlementaire les uns aujourd"hui remettre sur les dérives du pro- en question la victoire gramme de citoyen- les autres. d’Azali Assoumani: neté économique a rendu son rapport en avril 2017. Laneé entre 2008 et 2016, pour fournir un passeport como- rien A des populations apatrides du Koweit et des Emirats arabes unis, il aurait induit un manque & gagner de 1 milliard de dollars pour Tes finances comoriennes. Le docu- ‘ment cite comme principaux res- ponsablesles deux anciens chefs de ‘Sambiet Ikililou Dhoinine. Aucun des deux ne pouvait se présenter a ce scrutin réservé aux ressortis- sants de la Grande-Comore, mais la mise en détention provisoire de Sambi a provoqué un tel séisme au sein de Juwa que le principal pas plus les observa- teurs internationaux, cenvoyés par|’'UA et la Comesa~ qui ont quitté le pays sans pouvoir se prononcer « de fagon objective sur la transparence et la crédibilité du scrutin » -, que la France, qui, depuis de nombreux mois, garde un silence assourdissant. Si bien que le chef de I’Etat, également chef du gouvernement, semble disposer d'un boulevard devant li Boulevard qu'il vient encore d’élar- gir en faisant arréter, le 28 mars, le colonel Mohamed Soilihi, dit «Campagnard », parfait inconmu il ya deux mois encore et qui venait tout juste de réussir a fédérer une partie deVopposition derriére lui. (Ex Pe ait PAULKABA THIEBA Deux mois apres avoir quitté ses fonctions @ la tte du ‘gouvernement, le Burkinabe § rebondit et prend la direction de lo toute nouvelle Caisse de dépots et ‘consgnetrs. = gE CKHAUFA HAFTAR temaréchlibyen, en SFRRS consante quete de soutins, SLO csterecu porter scousen, {Solan fon Abela A Sooud, enperionne, cupolas lYarmomoh de Riyad. ‘AU DARASSA ‘Apres facord signé & 2 AAddis-Abeba, le chef de 2a Hnité pour lo paix en £ Centrafrique (UPC), 'un des principaux groupes armés acts du pays, a été nommé conseillerspécial la primature. PIERRE FRAIDENRAICH Lexedirigeant de uibération a ‘démissionné de son poste de 3 DG de BFM Busines. lest |Pentendu comme témoin dans ecadre ® gune enquéte sur un forum organisé par le quotdin francais au Gabon, en 2015, ‘ANDILERAMAPHOSA Le fils du président suc EY ofticain oreconnu avoir regu 1140 000 dollars dela part dune entreprise accusée de corruption, lors méme que son pere sest engagé a {utter contre fopacité Financiere. PATRICK HO CHI PING 2 Wy Loeministre de 'intérieur de EFF Hongkong a été condomné parle tribunal fédéral de ‘Manhattan (états Unis) trois ons de prison ‘pour avoir tenté de soudoyer des dirigeonts africans, dont le Tehadien Iris Déby ino, emechique 3038 du3Imascusaniz09 1B PROJECTEURS LES GENS ee ata ns Ils étaient sur le devant de la scéne. Que sont-ils devenus ? ABBAS EL FASSI On parle encore souvent de son ancien gouvernement, mais rarement de lui. Premier ministre en 2007, Abbas El Fassi n’a finalement accompli qu'un mandat de quatre ans. En 2011, le Printemps arabe est passé par la, entrainant une réforme constitutionnelle et des législatives anticipées qui écour- erent son mandat. Aux affaires lors des manifestations du 20 février, El Fassi acheta la paix sociale au prix fort. Laccord du 26 avril 2011, quill signa avec les syndicats, était si généreux que, huit ans plus tard, ses successeurs ne parviennent toujours pas a'honorer et que cette défaillance de l'exécutif est critiquée 4 chaque nouveau round de négociations, Certains vont jusqu’a mettre la crise actuelle des enseignants contractuels sur le dos de l'ex-chef du ‘gouvernement, rappelant que le recrutement sous contrat dans la fonction publique a été , introduit sous son mandat. «Si Abbas » n’en a cure: 478 ans, il coule des jours tranquilles entre sa \ villa rbatie et Paris. So derniére sortie publique remonte a 2016, le temps d'une prise de bec avec Hamid Chabot, quilui a succédé en 2012 Gla téte de I'istiqlal. Aujourd’hui, il conserve une certaine influence, puisque le parti est dirigé par Nizar Baraka, son gendre. LE DESSIN DE LA SEMAINE_” ce Un chef Etat ayant tout intérét a profiter de la popularité de ses chompions, John Magufuli a offert un terrain batir d chocun des joueurs de Téquipe nationale de football, « en guise de reconnaissance pour le travail accompli » et « pour le grand honneur » quils font a la Tonzanie. Cette prime exceptionnelle se veut a la hauteur de lévénement : cela faisait trente-neuf ans que les Tanzaniens ne sfétaient pas qualifiés pour la phase finole dela CAN. tb Jeunectrique 1° 3038 du 31 mors au 6 ovril 2019 MAIXENT ACCROMBESSI Victime d'un AVC en aotit 2016, Maixent Accrombessi, 54 ans, nest plus le tout puissont directeur de cabinet Ali Bongo Ondimba. Certes, il occupe désormais le poste —largement honorifique —de haut représentant du président gabondis et a conservé son bureau au Palais du bord de mer. Mais, diminué physiquement,ilne sy rend {guéze. Il partage son temps entre Dakar, Ouidah et Londres, et frequente peu Libreville, bien quilly conserve une certaine influence, notamment auprés de Jean Fidéle Otondaut, le ministre du Budget. Ce natif de Cotonou o en revanche fot parler de luile ‘7 mars gu Bénin: ila été intronisé chef des Houndii- Hountondii, une lignée royale de Vancien Dahomey, succédant ainsi a son pére, décédé en 2016. Son avenir pourcitse jouerloin del, & Paris, oUil a été mis en examen fin 2017 dans affaire Marck, du nom de cette société francaise d’équipement de sécurité qui avait signé des contrats ‘avec le Gabon en 2005. Lajuge Claire ‘Thépaut le soupconne avoir touché de argent en change de attribution d’unmarché de7 millions euros i pourrait tre convoqué a Paris dans les prochains mois. 30 UE SUBSAHARIENNE 3 ela faim? Vers la fin Paul Kagame « Nous sommes allés au-deld de I’imaginable » Du génocide des Tutsis aux relations avec la France, du contentieux avec l'Ouganda |’élection présidentielle en RD Congo, le chef de |’Etat n’‘a éludé aucune question (ou ropes ecuilis por FRANCOIS SOUDAN, envoyé special 9 xgai n moins de deux semaines, fin mars et début avril, Paul Kagame et avec lui Je Rwanda seront passés presque sans transition de demain a hier. Lavenir, ce fut, les 25 et 26 mars, la tenue & Kigali du septiéme CEO Forum, la plus importante conférence de ce type que le pays ait jamais accueillie: prés de 2000 parti- cipants de la communauté des affaires venus detoute Afrique, mais aussi d’Europeet d’Asie (voir pp. 20-29). Le passé, ce sera le 7 avril la 25" Kwibuka, commémoration du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis, journée de deuil national pour laquelle une trentaine de chefs’ Etat et de personnalités internationales sontattendus. Ainsise définit,en permanence, Je« Rwandan way of life»: ne rien oublier pour que tout se reconstruise. Lhomme de 61 ans qui regoit Jeune Afrique en ce 23 mars pour un entretien de prés de deux heures vient dese livrer un exercice qu'il affectionne particuliérement. Pendant une réuni ensemble des décideurs du pays - ministres, dirigeants des institutions publiques, PDG, hauts fonctionnaires ~ pour Ia National Leadership Retreat, haut lieu de jnunetriquen°3038 4131 morscuorn! 208) presque). Interview exclusive. critique, d’autocritique et de reddition des comptes oii Fautosatisfaction est bannie, dans Yenceinte d'un campd'entrainement de 'armée. Pourquoi un telliew?« N’y voyez rien de spécial, nous tépond Kagame. Un camp militaire estun bien de la République comme les autres. » Il wempéche: voir dans ce choix T'llustration symbolique de la méthode directiveet du culte de la discipline qui sont la marque du « boss » et l'un des ingrédients essentiels du « miracle rwandais »releve de révidence. Ason habitude, Paul Kagame parle «cash ». Desesréussites, qu’aucun observateurdebonne foi ne saurait nier et que beaucoup dAfricains admirent, maisaussi de ses inquiétudes, au pre- miler rang desquelles figurent, en ces premiers mois de 2019, les vivestensionsavecun homme quillconnait sur le bout des doigts: le président ougandais, Yoweri Museveni, aux cdtes de qui il acombattu lorsque ce dernier sest lancé, ily a quarante ans, 4 'assaut du pouvoir. Petit pays enclavé et surpeuplé de 2 millions habitants, le Rwanda est pour 'instant privé, du fait de la crise, de l'une de ses deux artéres fémorales: le corridor nord, qui le relie, via YOuganda, au port kényan de Mombasa, le e23 mars, ‘akal. e avec... 40 Cote d'Ivoire Doumbia met l'armée au pas === ubsaharienne est, travers la Tanzanie jusqu’’a Dar es-Salaam.. Une question de survie, done. Unedeplus. Jeune Afrique:Le Rwanda commémo- rera,le avril, le genocide des Tutsis. ‘Comment expliquez-vous que, vingt- ‘cingans tout usteaprés cedrame,des livres, des documentairesetméme des séries télévisées comme Black Earth Rising, sur Netflix, continuent d'en livrer une version révisionniste, voire négationniste? ‘Paull Kagame: Cela n’a rien de par- ticulirement étonnant. Aujourd’hui encore, ’Holocauste continue de faire objet de ce genre de tentatives néga- tionnistes. Vous trouverez toujours des gens qui, pour échapper & leurs propres responsabilités, nieront la réalité des génocides. Nous, Rwandais, connaissonsnotre histoire etsavonsce qui sest passé, Nous préféronsconsa- crer notre énergie a reconstruire nos vies et notre patrie plutét qu’a écouter ce genred'aberrations. Le Tribunal pénal international pourle Rwanda (TPIR)est désormais clos, tout comme les tribunaux dits ‘gapaga. Justice a-t-elle térendue? En grande partie, oui. Mais nous n'avons pas voulu nous en tenir ala seule justice. Au-dela, il y ala ‘Surnommeé «fe bonguier du genocide », homme afore Flicin Kabuga reste introwvoble. Instolée en France, Agathe Habyarimana, la veuve de ancien président, rest i ‘expusablenirégularisable. fue 1° 3038 du 31 mers ou a 2018 réconciliation. Nous avons voulu voir plusioin pour quece paystrouveenfin son harmonie, sastabilité, et ses habi- tants, leur capacité a vivre ensemble. Sur ce plan, nousavons réuss| au-dela decequenous imaginions. Pourtant, un certain nombre de per- sonnalités suspectées d'avoir joué un réle clé dans le génocide sont tou- jours en liberté. Félicien Kabuga, par exemple, cethomme d'affaires rwan- dais sumommé «lebanquierdugéno- cide». Personnenesait otilsetrouve. Commentest-lparvenuapasserentre lesmailles du filet? Jene crois pas que Kabuga soit aussi libre que vous le dites, puisqu'il est contraint dese terrer en permanence. Ce n'est pas cela, la liberté, et, d’une certaine maniére, il paie pour ce qu'il a fait. Cela dit, le mystére qui entoure son sort, sa disparition et sa fuite per- pétuelle signifie qu’il a sans doute bénéficié de complicités, voire d’une conspiration internationale pour qu'il ne soit pas contraintde révéler ce qu'il sait, Hyaaussilecas ducolonel Serubuga, qui vit en France, et celul d’Agathe Habyarimana, la veuve de l'ancien président, qui est installée en région parisienne. Ni expulsable ni régula- risable,elle est dans une sorte de vide juridique. Pensez-vous obtenir un. jour son extradition? Je V'ignore. Mais méme si notre demande n’est pas, pour une raison ou pour une autre, considérée, pour- quoi cette femme n’a-telle jamais été inquiétée par le TPIR ou par la justice francaise? Pourquoi n’a-t-elle jamais, fait Fobjet d'une enquéte dans le pays oltelle sestréfugiée? Les faits parlent deuxmémes... Peut-on considérer que, depuis que la procédure ouverte par Ia justice frangaise dans le cadre de Vattentat du 6 avril 1994.2 été abandonnée, un nouveau chapitre souvre dans les relations entre Paris et Kigali? Je ne dirais pas cela. Chaque cha- pitre se termine par une conclusion, et il n'appartient pas au Rwanda de Yécrire a la place de la France. Tant que ce ne sera pas fait et tant que des ‘cas comme ceux que vous venez.d’év0- quer seront pendants, il sera difficile de tourner définitivement la page. Pour autant, il est clair que la relation entre nos deux pays est nettement meilleure qurelle ne le fut. Vous avez invité le président Emmanuel Macron A la 28¢ com- mémoration. En retour, I’Elysée enverra une délégation conduite par un député d'origine rwandaise, Hervé Berville. Nest-ce pas un peu... décevant? [Sourire.] Nous avons toujours exigé que nos partenaires, quels qu'lls soient, nous laissent décider de nos actes. Ilest done normal qu’en <échange ils soient eux aussi libres de Jeurs décisions. Venir, ne pas venir, 2.un haut niveau ou & un niveau moindre, en faire beaucoup, en faire peu... Cest & eux de voir. Je n’ai pas pour habitude deme plaindre, ce nest pas ainsi que faborde les problemes. Une visite officielle du chef de'Etat francais au Rwanda est-elle envisa- geable plus tard, au cours de cette année2019? Jen’en ai aucune idée. Mais ilestle bienvenu. Lorsque Louise Mushikiwabo, l'an- clenne ministre rwandaise des Affaires étrangéres, aété élue alatéte de la Francophonie, certains com- ‘mentateurs ont pos¢ la question de son indépendance. Ils ont voulu voir enelleun vecteur de votre soft power, arguant que sa feuille de mission serait dictée par Kigali ct qu'elle ne ‘défendrait pas les droits de "homme. Quiendites-vous? Crest un non-sens absolu. Que je sache, je n'ai jamais entendu dire que Michaélle Jean prenait ses ordres A Ottawa, Abdou Diouf & Dakar ou in fr ctl ra Boutros Boutros-Ghali au Caire. Done parce que Louise Mushikiwabo est rwandaise, ce serait le cas? II n'y a pas d’autre mot pour qualifier ce jugement que celui de racisme. Sifon suit ce raisonnement, les Rwandais, les Africains en général, seraient ata- viguement dépendants et hostiles a des droits de l'homme que seuls les Occidentaux seraient en mesure de respecter! La réalité est que les Africains respectent tout autant les droits de l'homme que les autres, mémes'ils peuvent vivre ces droits de facon différente. Entant que président de P’Union afti- caine en 2018, vous avez connu deux réussites:le Peace Fund et laZone de ibre-échange continentale.Ptes-vous accord? as tout a fait, car il faut en ajouter uune troisiéme: la réforme de I'UA. Maisiil ne faut pas m’accorder plus de ctédit que je n’en mérite. Sans le sou- en des autres dirigeants africains, je nly serais pas parvenu. Des réussites, mais aussi une décep- tion:T'UA est toujoursdépendantedes bailleursdefondsétrangerspourplus dela moitié deson budget... Lautofinancement est un proces- sus. Le fait qu'une bonne vingtaine d’Etats alent souscrit ala taxe sur les importation est déja un vrai progres. Iy acertes des réticences de la part de certains, mais elles ne portent pas sure principe de Fautofinancement, seulement sur ses modalités. ‘Vous avez accusé 'ouganda de cher- cher a déstabiliser le Rwanda. De quelles preuves disposez-vous? Elles sont nombreuses, irréfu- tables, et nous les avons fournies aux autorités ougandaises. Kampala offre son aide et ses facilités logistiques & desindividus venus d'Afrique du Sud, du Burundi, de RD Congo, du Canada ou d'Europe, lesquels se retrouvent dans Ia capitale ougandaise pour comploter contre le Rwanda, sous Voeil bienveillant du gouvernement. Nos informations proviennent de multiples canaux, notamment de dirigeants de la rébellion des DLR. (Forces démocratiques de libération du Rwanda] arrétés fin 2018 au Congo et extradés depuis. Nous avons méme interrogé un individu qui venait d'lran et projetait de commettre des attentats aprés avoir transité par TOuganda, Mais les autorités ougandaises démententtout cela! Pas le président Yoweri Museveni, puisque, dans une lettre qu'il m’a envoyée le 10 mars et quill a rendue publiqueavant méme quejela recoive, ilareconnuavoir«accidentellement » regu une dirigeante du soi-disant Congrés national rwandais [RNC, en anglais). La vérité est que Kampala est le lieu de contact et de coordina- tion entre toutes ces forces négatives, quillsagisse des anciens génocidaires, duRNCde Kayumba Nyamwasa ou du groupuscule de Paul Rusesabagina. LeprésidentMusevenietvous-méme, ‘vous vous connaissez depuis quarante ans. VousI'avez aldé Aaccéder au pou- voir, et il vous a aidé dans la lutte de Ubération. Quesepasse-t-1? Quevous reproche-til? I mest arrivé de lui poser la ques- tionet, en réalité, il n'ya rien de précis ou decohérent, si ce nest peut-étre le vague sentiment que nous lui serions. redevables. Jeaecique 3038 4131 marseu5ovi2019 3B Vous dites que les informations en votre possession recoupent celles deYhistorien Gérard Prunier, selon lesquelles Sendashonga s'apprétait a déstabiliser le Rwanda avec Pappul du général Salim Saleh, le frére du président Musevenl. Pourquoi avoir attendu plus de vingt ans pour dire cela? Crest trés simple. Les personna- lités ougandaises qui hier ont aidé Sendashonga dans son entreprise sont Jes mémes qui, aujourd'hui, appuient lesémulesde Sendashonga. L’histoire se répete. Je vous cite: « Sendashonga est mort parce qu'il avait franchila ligne. Etje ne vais pas m‘excuser pourcela.» Cela signifie-t-il que vous revendiquez la responsabilité decemeurtre? ‘Ne déformez pas mes propos. Etreli- sez le témoignage de Gérard Prunier dans From Genocide to Continental War: il y raconte comment son ami Sendashonga recrutait des centaines | de miliciens avec le soutien des Ougandais, Avant de conclure que le pouvoir de Kigali avait, selon lui, décidé de V'éliminer parce qu'il «avait franchila ligne » ~les motssont delui. Si vous n’étes pas responsable, pour- quoi préciser que vous ne vous excu- serezpas? Tlest clair que je ne regrette pas la mort deSeth Sendashonga, ni d’aucun des ennemis dela nation. C'est peu pré sce que vousavezditau lendemain de 'assassinat de Patrick Karegeya a Johannesburg, le 1" jan- vier2014... Tout a fait. Mais cela ne signifie en rien que nous en soyons coupables. Quand l'un de mes ennemis décéde, de quelque facon que ce soit, n’at- tendez pas de moi beaucoup de compassion. Le Rwanda est un pays enclavé. En quoicettecriseavecl’Ougandaaffecte- tellevos circuits commerciaux? Le corridor nord, qui transite via LOuganda vers le port kényan de Mombasa, est quasi bloqué. Nos exportateurs de produits laitiers et deminéraux rares, tel le coltan rwan- dais, de trés haute qualité, produit ict méme, font l'objet de tracasseries incessantes et interminables. Quant au projet de chemin de fer Mombasa- Kampala-Kigali, les Ougandais ont Gté tres clairs lA-dessus: ce sera Mombasa-Kampala-Djouba, au Soudan du Sud. Hors de question, nous ont-ils dit, que le train des- serve le Rwanda. Cela fait des. années quiils ont cette attitude hostile, sans explication. eS AKampala, en mars 2018. Le président ‘Museveni et lise connaissent depuis longtemps, mais leurs relations sont ‘aujourd'hui glaciales, voisins dela RD Congoautourdel’élec- tion contestée de Félix Tshisekedi. Comment l'expliquez-vous? Leterme «confusion » est effective- mentapproprié. A tous lesniveaux. En RD Congo, I’électiona été confuse et a donné lieu a des appréciations diver- gentes dela part des observateurs, du gouvernement et au sein méme de Vos relations avec Bujumbura sont tout aussi tendues. Considérez-vous le Burundi comme une base arritre pour opposition armée, aVinstarde YOuganda? Oui, et ce n’est pas un fait nouveau, tout comme les connexions entre Bujumbura et Kampala. En réalité, les autorités burundaises font tout ce qu'elles peuvent pour nous provo- quer et elles doivent avoir des raisons de politique intérieure. Mais cest un piége dans lequel nous ne tombons pas. Bujumbura demande la tenue d’un sommet de la Communauté de VAfrique de Est pour débattre de ce probléme. Pourquoilerefusez-vous? IL n’y a pas de problémes entre le Burundi et le Rwanda. Il y a un probléme burundais pour lequel le Rwanda sert en quelque sorte de déri- vatif. Dés lors, un sommet serait sans objet, sauf s'il concernait le Burundi et le Burundi seul. Nous refusons de nous laisser entrainer dans cette diversion et nous ne répondrons pas aux provocations. A moins qu’elles Waillent trop loin et que certains ‘commettent erreur de nous attaquer directement. ‘Myaeu beaucoup de confusion entre Jes membres de I'UA et parmi les Topposition. Cette confusion a déteint sur les pays de la région, en pai culier sur les membres de la SADC [Communauté de développement de l'Afrique australe), qui ont multiplié les messages contradictoires. A partir d'un certain moment, et compte tenu du fait que la situation au Congo aun impact direct sur chacun de ses neuf voisins, vous en revenez aux fonda- mentauxet au principe de réalité. Un: Télection a eu lieu. Deux: la RD Congo est indépendante. Trois: ce rest pasa nous de ui imposer tel ou tel candidat. Avez-vous confiance dans la capacité de Félix Tshisekedi a s'imposer face au camp de Joseph Kabila? Etes-vous prétal’yaider? Ce nest pas mon job. Le fait est qu’il est le président du Congo et que nous ferons le maximum pour coopérer et travailler ensemble. Faut-il féliciter Yex-président Kabila _ pour avoir cédéle pouvoir? Jene répondrai pas cette question. Des FDLR évoluent toujours dans TestdelaRDCongo,etd’autres y tran- sitent entre le Burundi et 'Ouganda. Reprochez-vousencoreauxautorités | congolaises de fermerles yeux? QUAND L'UN DE MES ENNEMIS DECEDE, DE QUELQUE FACON QUE CE SOM, N'ATTENDEZ PAS DE MOI BEAUCOUP DE COMPASSION. | Non. Elles font ce qu’elles peuvent pour les en empécher. Mais lest de la RD Congo est vaste. ‘Vos rapports avec l'Afrique du Sud se sont-ils améliorés depuis que Cyril | Ramaphosaa succédéa Jacob Zuma, ilyaunan? Globalement, oui. Tous les pro- blémes ne sont pas encore résolus, notamment celui des visas, mais la volonté existe. C’est une affaire de | temps. Lex-général Nyamwasa, quelajustice rwandaise accuse detrahison, réside en Afrique du Sud. Pretoria refuse de Vextrader. N’est-ce pas un probleme? Peut-étre ne considérent-ils pas. cette situation comme un probléme. | Mais je pense qu'un jour ou Fautre ils devront y faire face. Nous leur avons transmis son dossier. Nous sommes patients. Lajustice sud-africaine devrait bien- tot rouvrir V'affaire Karegeya sur la | base de « soupgons de complicité » entre les suspects et legouvernement rwandais... Nous verrons. Je n’ai pas de com- mentaire a faire. Au cours de la derniére National Leadership Retreat, qui s’est tenue dans le camp militaire de Gabiro, vous avez évoqué certaines « faiblesses » et certains « échecs » dans 'expé- rience rwandaise, A quol faisiez-vous allusion? Auxlenteursdansla mise en ceuvre de nos politiques et de nos pro- grammes. Nous devons aller plus vite que nous nee faisons. Cela ne sert & rien de se satisfaire de nos progrés et de notre taux de croissance élevé: ceux qui, a tous les niveaux, sont chargés d'appliquer les objectifs doivent savoir quills peuvent et doivent faire beau- ‘coup mieux, Plus de 7 % de croissance en 2018, cest bien. Mais pourquoi pas 8%0u9%en 2019? ‘On vous accuse parfois de gonfler artificlellement, voire de truquer, cer- | taines statistiques afin de maximiser Jeuneotrique n° 3038 du3tmarscu6omi 2019 = 35 ubsaharienne ‘vosrésultats économiqueset sociaux. Quavez-vous arépondre? Rien de particulier, sice n'est ceci: ceux qui assénent et propagent ce genre demensonges|e font pour deux raisons. Soit par ignorance, depuis leurs bureaux de New York, Bruxelles ou Paris. Soit par malveillance, car ils connaissent la réalité mais ne Vadmettent pas. Je sais bien que nos réussites dérangent ceux qui estiment avoir des comptes a régler avec nous. Isuffit de venir ici au Rwanda, d’ou- vrir les yeux, de parler avec les gens, aller dansles hopitaux, sur les mar- chés, dans les écoles, dans les cam- pagnes et d’Stablir des comparaisons sur ces vingt-cing derniéres années. Enfin, pensez-vous réellement que toutes les grandes institutions écono- miques et financiéres internationales, qui necessent de nous féliciter, lefont les yeux fermés, par complaisance ou parce que le petit Rwanda terrorise et intoxique le monde entier? Cest ri cule, mais, contre la mawvaise foi, je ne peux rien. Selon les nouvelles dispositions du code pénal rwandais adopté en sep- tembre 2018, insulter ou diffamerla personne du chef de!'Etat dans les médias est passible de cing a sept ans de prison. Nest-ce pas excessif auregard delajurisprudence admise lors de rentretin, le 23 mors ailleursenmatlérededélitde presse? Posez cette question au ministre de la Justice. En ce qui me concerne, ce ‘type de délitn’a pas beaucoup desens: pourquoi ne pas laisserles gens écrire, insulter, diffamer? Personnellement, cela mest égal. en ai tellement subi queje n'y préte plusattention.Celadit, imagine quau-dela de ma personne le législateur a voulu protéger 'insti- tution présidentielle, qu'il sagisse de ‘moi ou de mon suecesseur ce poste. En accordant votre grace a I'oppo- sante VictoireIngabire, enseptembre dernier, pensiez-vous qu'elle vous serait reconnaissante et cesserait de vouscritiquer -cequimanifestement nrestpaslecas? Victoire Ingabire est 'unedes2000 personnes condamnées que nous avons libérées. Nous procédons a ce type de graces collectives depuis longtemps, et elles ont concerné jusqu’a 30 000 personnes a la fois. Elle est une sur 2000, et je rappelle qu‘elle n’était pas en prison pour délit dopinion, mais pour des crimes et délits précis sur lesquels jene revien- drai pas. Pour le reste, cette personne doit savoir que, si elle recommence, elle retournera derriere les barreaux. En Tanzanie et en Ouganda, la com- munauté homosexuelle fait Pobjet de discriminations et de violences impulsées au plus haut sommet de Mftat. ftes-vousenfaveurd'unelégis- latlonafin de défendreleurs droits? ‘Au Rwanda, 'homosexualité nvest pas un délit, et les membres de la communauté gay ne sont ni arré- tés, ni molestés, ni insultés. Ce n'est donc pas un probleme, ni pour moi ni pour les Rwandais. Par contre, vouloir a tout prix légiférer sur ce sujet est la meilleure maniérede créer un probléme dans une société qui a ses normes, ses valeurs et ses codes depuis des siécles. Les homosexuels existent, nous savons qu'ils existent. Leurliberté ne doit pasinterféreravee celle des autres, et réciproquement. Restons-en a. Peut-on dire que le Rwanda est une démocratie encadrée? Le Rwanda est une démocratie. Une démocratie, encadrée si vous voulez, par des lois et des régles uni- verselles, mais dont lexpression et la mise en ceuvre nous appartiennent en propre. Ladémocraticest-elleselon vous une condition ouune conséquence dela croissance économique? La démocratie est nécessaire a la croissance, et la croissance est importante pour la démocratie. I] n'y a pas de démocratie possible si les conditions socio-économiques ne sont pas réunies et si les inéga- lités sont trop fortes. Et il n'y a pas de croissance pérenne possible sans Etat de droit. 38 ubsaharienne RENCONTRE AVEC. Martin Fayulu Candidat de la coalition Lamuka & la dernire présidentielle « Le systeme Kabila est toujours en place » Il continue de revendiquer la victoire au scrutin du 30 décembre dernier. Et défend une ligne dure face au nouveau chef de I'Etat, au risque de diviser son propre camp. ‘PERRE BOISSELET urses cartes de visite, Martin Fayulu a fait apposer une téte de leopard, embleme de la RD Congo, suivie de cette mention «Président élu ». Cest avec ce ttre quill est présenté ces demniéres semaines a Poris, cu Quai d Orsay, puis @ Bruxelles, au ministre des Affaires étrangéres, dans le cadre d'une tournée qui doit le mener jusqu’oux Etats-Unis. Trois mois apres Vélection présiden- tielle qui asacré Félix Tshisekedi, Martin Fayulu continue de courir de rendez-vous en meetings pour revendiquer savictoite, dans son pays comme & létranger. A 62 ans, Cest un homme physiquement fotigué qui rend donc visite Jeune Afrique, en ce 20 mars. Mais sa détermination est intacte, « Joi été lu avec 62,11% des voix, et tout le monde le sait », continue+til de lamer. En Afrique centrale, il nest pas le premier d se retrouver dans cette inconfortable position, en espérant que le pouvoir finira par lui revenit. yeut Jean Ping au Gabon, Maurice Komto au Cameroun, et méme le pére de son adversaie, Etienne ‘Tshisekedi, aprés les élections de 20M... Quelle quit été la légitimité de leurs revendications, cette stratégie n’a jamais fonctionné. Fayulu se dit pleinement conscient de ces précédents. « Mais jnunetiquen°3038 4131 morscuG orn! 208) la situation actuelle est totalement différente, assure-til, Nous avons des preuves qui viennent directe- iment des serveurs de la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] et de observation rigoureuse dela Conférence épiscopale du Congo [Cenco]. Et dans les autres cs, aucun pays n’a jamais donné ces personnalités vaingueurs, comme Fa fait le ministre francais des Affaires étrangéres Jean-Yves Le Drion pour moi. Ine faut pas sous-estimer cette prise de position, » Accord secret ily a toutefois une différence que Martin Fayulu ne mentionne pas. En RD Congo, est un opposant qui aété proclamé président. Et cette alternance, bien que partielle =Hancien président Joseph Kabila ‘aconservé une trés large mojorité ‘au Parlement -, a placé une grande partie des Congolais dans Vexpecta- tive. A Kinshasa on attend encore de voir si le nouveau chef de l'état parviendra a impulser de réels ‘changements. Lopinion de Fayulu, elle, est déja faite. « Félix Tshisekedi ‘atrohi le peuple et va le payer cher, charge Fopposant, qui ne craint pas dinsulter fovenir Ia signé un ‘accord secret avec Kabila Celui-civa faire des concessions mineures ‘acertoins moments pour donner espoir dla population, Mais son systeme est toujours en place. » __Pourle moment, a France et les Etats-Unis porient pourtont surla capacité de Félix Thisekedi & marginaliser progressivement Kabila Cequiale don d’énerverle bouillant Fayulu. « La communauté internatio- nial dit “Nous rravons pas vu de manifestations de rue @ annonce des résultats”. Mais elle sat bien que Joseph Kobila était encore aux commandes et que toute monifesto- tion aurait été réprimée. Elle voulait un bain de sang? Je trouve cela rmolheureux. » Au sein de fopposition, la ligne dure é laquelle ilsaccroche ne fait pos 'unanimité. A ce jour, Moise Kotumbi s'est ainsi refusé @ condamner clairement accession de Félix Tshisekedi ala présidence. entourage de fancien gouverneur du Katanga n’exclut pas totalement que le nouveau chef de tat congolais parvienne d s‘appuyer sur opinion publique pour simposer et, accessoirement, qu'il lui permette de revenir dans e jeu. (Or Martin Fayulu en convient : so percée lors de la présidentielle doit beaucoup au soutien de a coalition Lamuka (« Reveillez-vous »), qui comprend, outre Katumbi Jean: Pierre Bemba, Freddy Matungulu ou encore Adolphe Muzito. « Le peuple congolais voulait un candidat commun pour chasser le systeme de Kabila. Mes pairs m’ont choisi. Donc ii bénéficié de cette onction de Lomuka, reconnattl. Mais sima ropularité n’était que circonstan- ‘ielle, ma récente tournée dans le Joys aurait été un échec. Or j'ai réuni Jes foules encore plus grandes que sendant la campagne ! Le peuple congolais s'est dit: “Je m‘attache 41ce candidat parce qu'il représente une idée.” » Pas stir que Katumbi et Bemba, les deux poids lourds dela nouvelle opposition, 'entendent de cette oreille. Puisque Lamuka doit devenir une plateforme politique, la répartition a venir des postes donnera quelques éléments de réponse. Mais la réunion de la coalition a Bruxelles, du 21 gu 23 mars, o déja été riche denseignements, Apres des débats ‘animés, ses leaders ont en effet Fenoncé & condamner I’« accord de Partage de pouvoir » entre Tshisekedi et Kabila et a réclamerle recomptage des voix, contrairement 4 ce que Fayulu souhaitait. « C’était devenu impossible de ‘obtenir, admetil, Les PV des bureaux de vote ont trés certainement disparu. » «Des rencontres et des discussions ‘vec le pouvoir en place peuvent Nous permettre de trouver un Compromis », poursuit-il. Quelle forme prendrait-il? Fayulu écarte toute entrée au gouvernement, pour lui comme pour ses proches, « Si cest une nomination par Tshisekedi, non, Ce serait une trahison. Je suis président élu et je le reste. Et comme Va dit Pierre Lumbi [son directeur de campagne] : “On ne prend pas une main sale.” » Dans certains cercles diploma- tiques, on imagine une nouvelle institution créée sur mesure pour lui permettre de jouer un réle de ‘supervision. Mais lui a autre chose en tate : il souhaite ‘organisation de Nouvelles élections, aprés une période de transition durant laquelle | le pouvoir serait partagé. Vidée ne sera pas facile a défendre, alors que les Congolais ont déja attendu pendant sept ans la derniére élection présidentielle, Pression de la rue | Quelle que soit la formule, il ya peu de chance pour que Tshisekedi consente 4 un compromis 4 moins d'y étre contraint. A ce stade —et c'est Yun des rares sujets qui fait Consensus au sein de Lamuka -, seule une importante pression de la fue pourrait le lui imposer. Fayulu a, il est vrai, le profil pour porter un tel mouvement. En Vabsence de Katumbi et de Bemba, qui estiment aujourd'hui que les Conditions ne sont pas réunies pour leur retour, il est la seule figure d'envergure en mesure de guider la foule. En septembre 2016 déja, il Qvait manifesté face aux forces de Vordre, ce qui lui avait valu un spectaculaire hématome au visage et le surnom de « soldat du peuple », Mais, a 'époque, la mobilisation Prospérait sur un carburant hautement inflammable Vexaspéra- |_ tion face & la volonté de Joseph Kabila de se maintenir au Pouvoir, en dépit de expiration de son ultime Mandat. Rien de commun, donc, ‘avec la situation du nouveau président. C’est en grande partie du succes ou de l’échec de son rival que dépendra l'avenir de Fayulu, Jeuneatrique n= 3038 du 31 mars ou 6 ovr 20% 9 ubsaharienne Doumbia met l'armée Uimportant remaniement 4 la téte des institutions militaires et la mise l'écart d’ex-chefs rebelles portent en partie la marque du nouveau chef d’état-major. Portrait d’un homme @ poigne. Depus trois mois, ies ptron de a grande muette. au pas \INCENT DUHEM, & icin © 6 mars, le général Lassina Doumbia a vu son agenda se remplirbrusquement. Cejour-la, leprésident Alassane Ouattara a procédé & plus d’une centaine de nominations & des postes de commandement au sein de rarmée ivoirienne. Depuis, le chef d’état-major enchaine les cérémonies de passation de charges, répétant les mémes gestes, un jour & la Garde républicaine, autre & la Gendarmerie ow a la Marine nationale. Ces changements sont les plus impor- tants opérés depuis le début du deuxiéme mandat de Ouattara. Un coup de pied dans la fourmiliére auquel Lassina Doumbia n'est pas étranger et quilui ressemblebien. Ce militaire d’expérience de $4 ans, origi- naire de Dabadougou, prés d’Odienné, fue 3038 du 31 mers ou a 2019 danse nord du pays, fait rarement dans la demi-mesure. Ausein de 'univers parfois feutré de la grande muette, lecaractére de cet amateur d'art détonne. A Abidjan, il est décrit comme une « grande gueule », qui n’hésite jamais & dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Apres atten- tat de Grand-Bassam, le 13 mars 2016, lors duguel les Forces spéciales avaient été en premiere ligne, il s’tait ouvertement plaint dela piétre qualité des équipements, fournis ses troupes, particuliérement des gilets pare-balles. «Ila le profil pour reprendre en main Yarmée. Il a de la poigne et dégage plus autorité que son prédécesseur, le général Sékou Touré », estime le cher- cheur ivoirien Arthur Banga. Bien qu'il viene de la méme région, il est un peu Vantithése de Touré, un homme décrit comme effacé, quia consacré une grande partie de sa carriére @ la formation des officiers. « II n’a jamais vraiment com- mandé. Il était plus mondain qu’autre chose. Il ne voulait pas de problémes », tranche un expert militaire. Doumbia est, lui, un homme de terrain qui a gagné le respect de ses hommes sur le théatre des opérations. re préparatoire technique de Bingerville, puis au Prytanée alitaire de Saint-Louis, au Sénégal, et au College royal de lenseignement militaire supérieur de Kenitra, au Maroc, il prendle commandement des groupes tactiques de Varmée au début de la rébellion, en 2002, avant d’officier en tant que préfet militaire de Toulepleu de 2005 & 2009, puis d’étre nommeé la téte du I" bataillon d'infante- rie d’Akouédo par Laurent Gbagbo. Ascension fulgurante Lors de la crise postélectorale de 2010- 2011, «Doumbia demeure loyal au pouvoir, mais sans jouer les jusqu’au-boutistes », explique Arthur Banga. « Lorsqu'll a vu que la communauté internationale recon- naissait Ouattara, il a fait le choix du réa- lisme », poursuit l'un de ses amis. Cette neutralité ne passe pas inapercue, et, au sortirde lacrise, Guillaume Soro, Premier ministre et ministre dela Défense, le choi- sit pour diriger les toutes nouvelles Forces spéciales. Bien qu’ll ne soit pas diplémé d'une école_ de guerre, le Graal des militaires, Doumbia_ connait par la suite une ascension fulgu- rante, passant en quelques années du grade de lieutenant-colonel a celui de général de division. « Son bilan aux Forces spéciales est trés positif, affirme Arthur Banga. Cette unité et son millierd’hommes sont aujourd’huile fleuron de l'armée. » Sa nomination 4 la téte de la grande muette, fin 2018, est intervenue dans une période relativement calme sur le plan sécuritaire, mais alors que les erispations politiques entre le pouvoir et Guillaume Soro nourrissaient un fort climat de defiance, Pragmatique, Doumbia est conscient des limites de son armée. II sait aussi que, aprés les mutineries de 2017, les autorités veulenta tout prix éviter de nouveaux sou- bresauts. Quitte, parfois, a acheter la paix sociale, comme le montre la promotion dont ont bénéficié le 19 février pres de 400 mutins du contingent des 8400. Marquée par la promotion de militaires ayant fait carriére sous Gbagbo au détri ment d’ex-chefs rebelles jusque-la intou- chables, la vague de nominations a, dans ce contexte, alimenté les spéculations. Ainsi, les ex-comzones Chérif Ousmane et Issiaka Ouattara (alias Wattao) quittent vo. latéte du (premier) bataillon des comman- dos parachutistes et de la Garde républi- caine. Ils sont nommés & des maroquins théoriquement plus prestigicux - respecti- ‘vement sous-chef d’état-major de ’armée de terre et commandant des unités ratta- chées a Fétat-major général des armées -, mais se voient coupés des troupes. « Ils sont écartés de 'opérationnel. C’est un signe qu'on ne leur fait pas confiance », analyse une source diplomatique occiclen- tale. D’autres anciens rebelles sont néan- moins renforcés, comme Losseny Fofana, ui remplace le colonel Hervé Touré, alias Vetcho, au commandement du 3 batail- lon d’infanterie de Bouaké, ou comme le colonel Gaossou Kone (alias Jah Gao), qui prend la téte du bataillon de comman- dement et des services (BCS). « Il n'y a aucune mise 4 V’écart. Cela fait partie du cycle classique de larmée. Lesaffectations changent tous les trois ou quatre ans », répond-on au ministére de la Défense. Wattao paie-til sa proximité avec Soro ou son inimitié avec le général Vagondo, le chef d’état-major particulier du pré- sident? Ces derniéres semaines, 'ancien chef rebelle semblait siattendre a devoir quitter son poste et craignait mémed'’étre nommé attaché dedéfense en Angola. Plus amer, Chérif Ousmane, considéré comme trop instable par certains sécurocrates, vitsa nouvelle affectation comme un vrai désaveu, selon 'un de ses proches, qui pré- ise que l'ex-comzone « ne s‘était jamais jen entendu avec le général Doumbia ». «Mon message est celui du rassemble- ment et dela cohésion. Il fut un moment oitlaconfiancea primé sur lacompétence. Ce temps-la est révolu », explique le chef détat-major. Apaiser les rancceurs Le pouvoir, qui cherchait depuis plu: sieurs années a atténuer I’influence des comzones en mettant en place un sys- téme de rotation des postes et en langant des procédures judiciaires contre cer- tains d’entre eux, semble décidé A passer la vitesse supérieure. « Il est nécessaire de rééquilibrer l'armée pour apaiser les rancoeurs qui existent toujours, notam- ment chez les officiers étiquetés pro- Gbagbo. Doumbia fait partie des mieux placés pour leur redonner confiance », estime un haut gradé. Jemectique 3038 4131 marseu evi 2019 a RVIGHREB & MOYEN-ORIENT CD ee Ley ans sa résidence médicalisée de Zeralda, sur le littoral algérois, le président Bouteflika est, en ce mois de mars, tel le général romain Reon ene ea eee eee Pec SIO eto een eae ene eases etd maugrée: « Jai appris aux laches & se sauver et & montrer leur dos mis, quittez-moi; je suis décidé & suivre une voie dans laquelle je Pet eee een eee nas een ‘question de jours, peut-étre dheures. Démission, destitution pour maladie ou expiration du quatriéme mandat le 28 avril, les modalités restent 4 définir. Mais, ee eee tee eee ay juraient fidelitéily aencore un mois. « Abdelaziz Bouteflikaa mis vingt ans batir tunsystéme qui sst écrouléen cing semaines »,résume un homme du sérail qui ete eaeaee cece cs Derniére défection en date: celle d’Ahmed Gai Salah, vice-ministre de la Pees ee ene a Cee ee erence gy Ree a ec mere am Recerca es PE eee nee a ene eee Ot laConstitution, lequel sonnele glas de 'ére Bouteflika (ireencadré). Pastout fait lune surprise. Quatre jours plustét, un autre proche du cercle présidentiel avancait, Pe ee ee ene eC Ree oa cca au a xérerais de demanderlui-méme au Conseil constitutionnel d’appliquer le 102», lisse lavocat Farouk Ksentini, Lancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, lui, tend la main aux militaires dans un entretien & TSA: « Le chef d’état-major Pre eed eee ere en cn ec Pet ne institution républicaine qui va laisser le chef de Etat eee eee ee Ree esc 28avril. « Laissez-le donc terminer ce mois et partir aprés », insiste Saadani La famille Bouteflika était-elle prévenue? Deux versions contradictoires circulent. Selon la premiere, Ahmed Gaid Salah aagi sans en informer le président ee et emu een Arc etenecic te uet tees leur laisser le temps de sécuriser leurs biens et de se ménager une sortie digneet. eee enone te ected nce tesco aN toe Pees ee eee eM ee et en ace ec Pn eet cn ee eta RSet eats « Tout sauf lui » PETE ea Cu cus u erence eee er SEE eS précédent organisées depuis le 13 février? « Post hoc ergo propter hoc », latinise- eee et neta etn etn ns Car, sil'effondrement survient dans la foulée du soulévement populaire, les fissures, elles, taient visibles depuis des mois. Au sein de 'appareil sécuritaire era ee te eta ct etn a coer see eT conduit a une lutte fratricide entre policierset militaires voir JA n’ 3018). Mais, la division n'a pas épargné les autres appendices du pouvoir POOR eco aga e Coed aindre que la pilule du cinquiéme mandat ne passe pas. Les premiers ee ee nee te erent et mente ener etet tr Pree espace eae ethers ns ae Eyres bd Olam desserre létreinte Face a la résistance de la concurrence, le singapourien infléchit sa « stratégie de l’asphyxie ». Pause dans son offensive ou volonté durable de figer les positions? JULIEN WAGNER uCameroun, au Ghana, au Sénégal, Olam (30,5 milliards de dol- lars de chiffre d'affaires en 2018)a discrétement fait passer le message: «Laguerredes prix, cst fini. »Soit. Mais, échaudés par plusieurs années de compétition exacerbée oil leurs marges se sont contractées, ses concurrents sont peu enclins & croire la multinatio- nale singapourienne sur parole et restent méfiants... AuCameroun, par exemple, deux acteurs historiques du secteur, Sali Moussa (Société Moulins qAfrique) et Mohamadou Abbo (SCMCet SCTC), ont da mettre la clé sous la porte. Depuis entrée en pro- duction de son moulin a Douala, en 2015, Olam a provoqué un véritable effondrement des prix, le sacde farine de 50 kg passant de 16100 F CFA (24,50 euros) 813300 F CFA (- 17%) entre 2015 et 2016. Cette « stratégie de rasphyxie », le géant asiatique I'a peu ou prou appliquée partout oi il sest installé depuis qu'il a investi le marché de la farine. D'abord au Nigeria, son pays de naissance (1989), oit la compa- gnie a commencé par racheter en 2010 pour 1076 millions de dollars la filiale locale du libanais Crown Flour Mills (CFM), dotée de deux moulins, Pun a Lagos et l'autre & Warri, équi- valant a une capacité d’écrasement de 1550 tonnes de blé par jour. CEM est alors troisi¢me producteur du pays derrigre Dangote et Flour Mills of Nigeria. « Notre stratégie est de construire un ensemble d'installa- tions de production de farine dans des portsafricains |..]avec le Nigeria comme point d’ancrage, » dévoilait alors Keshav Chandra Suresh, dit KC, présidentd’Olam Grains, branchedu ‘groupe dévolue aux céréales, créée en 2008. La compagnie va alors cibler des pays avec des caractéristiques bien précises: « Des marchés d' portation d’au moins 00000 tde blé, avec une structure oligopolistique et entourés de pays & l'industrie meu- niete fragile. » Un mois apréslerachat de CFM,en février 2010, Olam déroule son plan et annonce un second investissement au Ghana, de 55 millions de dollars, pour la construction d’un moulin & ‘Tema (a 30 km d'Accra) d'une capa- cité de 500 t par jour. Suivra I plantation de deux autres moulins aux caractéristiques identiques au Sénégal et au Cameroun d'une capa- citédeS00 vj chacun, Desusines que la compagnie, dirigée par Sunny 17 3038 4u31 mascusa1 2089 55, 56 ‘Au Ghana, Olam n'a ps réusi la percée ‘espérée et exporte prs de 50 %de so production. Ki, son sine de Tema, aM. 1° 3038 du 31mer oar 2073 Verghese, va construire avec ses propres équipes, en prévoyantde res- pecter les délais comme les budgets. Parallélement, au Nigeria, elle étend ses capacités existantes, mais, sur- tout, rachéte en 2016 Amber Foods, Ja branche farine du nigérian BUA Group, pour 275 millions de dollars et double d'un coup ses capacités totales d’écrasement pour atteindre 6140 t/j. En 2017, elle double égale- ‘ment ses capacités au Ghana, passant de 1000 1/) 86640 t/ De nombreux avantages sur ses rivaux En a peine sept ans, Olam devient ainsi le deuxiéme producteur de farine au Nigeria et probablement le troisi¢me minotier dftique, derriere Vaméricain Seaboard Corporation et le nigérian FMN, avec des capaci- tés équivalant a celle du tanzanien Bakhresa, mais devant le sud-afri- cain Tiger Brands. Et avec le rachat d’Amber Foods, le singapourien a commencé sa diversification ens‘in- troduisant dansle business des pates, un secteur qui connaft actuellement une progression de prés de 8 % par an. En 2017, le groupe a poursuivi cette stratégie en implantant deux usines au Nigeria, dans les Etats de Kaduna et de Kwara, spécialisées dans V'alimentation animale & par- tirde son, un sous:produit issu de la fabrication de la farine. Certes, ces importantes capacités d’écrasement lui conférent des lors une supériorité sur nombre de ses concurrents, mais encore lui faut-il parveniraécouler sa production dans un secteur qui souffre, en Afrique subsaharienne, de surcapacité chro- nique et oi il n'est pas rare de ren- contrer des moulins ne tournant qu’ 50 % de leur capacité. Pour ce faire, la compagnie, dont les équipes diri- geantes sont majoritairement d’ori- gine indienne, va choisir ’épuiser ses concurrents en vendant au prix le plus bas possible. Pour y parvenir, la multinationale va s'appuyer sur sa connaissance des marchés et des circuits de distribution, mais aussi sur son activité de trader en blé. Sa capacité a faire baisser les coats de transport, en gérant au mieux lap- provisionnement de ses moulins ~ Vachat de blé représentant pour un moulin environ 75 % du coat de production -, etson acces facile a des devises lui offrent des avantages de taille sur ses concurrents locaut. Le plan fonctionne, mais pas au point de faire d’Olam un leader incontesté dans les pays oi il est présent, Au Nigeria, FMN reste, par exemple, ultra-dominant, avec prés de 42 % de part de marché en 2018, d'aprés un rapport de Global Credit RatingCo. Aeuxtrois, Olam, Dangote Flour Mills et Honeywell atteignent a peine 40 %. Au Cameroun, Olam. est deuxiéme, avec 25 % du marché, a égalité avec le soudanais Afisa et derriére Somdiaa, la filiale du fran- ais Castel. Au Ghana, Olam n’a pas, v fonds souverains du monde, le fonds singapourien Temasek. » Sollicité & plusieurs reprises, Olam n'a pas sou- haité répondre a nos questions pour défendre ses choix. Conscient que la compagnie ne peut indéfiniment courir apres les parts de marché sans rentabiliser ses investissements, le groupe serait, réussi la percée espérée et exporte prés de 50 % de sa production a | Yétranger, notamment au Bénin, au Burkina Faso et au Togo. Dans ce der- nier pays, Olam avait bien tenté d’ac~ quérir le moulin de Lomé, mais c'est finalement Castel qui I’a acheté en 2014. Quant au Sénégal, d’aprés nos informations, Olam ne fait toujours pas partie du top 3. d’aprés nos informations, en train de revoir sa stratégie et tenterait de Les promesses initiales | s'accorder avec ses concurrents pour pas tout a fait respectées « revenir a des prix normaux », tout particuliérement au Cameroun, au Sénégal et au Ghana. Est-ce une simple pause dans son offensive ou Ja volonté de figer durablement ses positions? Difficile de le dire, mais ce changement de cap alimente les rumeurs. « Ils nous ont habitués a donner des grands coups de volant A gauche et a droite, constate ce spé- cialiste du secteur. Au Gabon, ils ‘étaient lancés danse bois et, in fine, prospérent dans les infrastructures et la logistique. La, ils se sont lancés dans la farine... Mais il n’est pas dit qu’ils y restent... Ce qui est certain, est que c’est loin d’étre leur activité la plus rentable. » Une opportunité pour FMN, qui cherche a sortir du Nigeria, mais aussi pour Seaboard, a Yoffensive depuis plus d’un an. GAGAN GUPTA PREND ENCORE DU GALON Devenu officiellement en mars président d'Arise, filiale des activités infrastruc- tures d’Olam en Afrique, Gagan Gupta était déja directeur « Je ne suis pas convaincu par leur stratégie, nous confie un spécialiste du secteur. Si l’on regarde dans le détail, ils n’ont pas respecté leur pro- messe de départ en construisant des moulins finalement assez éloignés des ports. Que ce soit A Douala, a Dakar ou a Tema, leurs usines sont situées a 15 ou 30 km des quais. C’est anormalement loin dans ce business, car cela augmente les cottts de trans- port. Et au niveau géographique, la non plus, la promesse n’est pas par- faitement respectée, avec une usine & Dakar qui forme avec les autres un ensemble éclaté, sans compter que les deux usines nigérianes de CFM sont trés éloignées l’une de autre. » Un autre bon connaisseur du secteur s'interroge également sur l'importance donnée par Olam a leurs moulins: « Ils donnent parfois l'impression de privilégier leurs acti- vités de trading a celle d’industriel. Au Ghana, par exemple, malgré des capacités de stockage a priori suffi- santes, il leur arrive de louer en plus de leurs propres silos des magasins parce qu’ils importent trop de bié. C’est un signe que les rotations ne sont pas général d’Olam Gabon et maitrisées. » Un troi- « supervisait » les activités siéme enfin, étonnam- du groupe au Tchad et au Cameroun. Toujours ment, ne les trouve pas installé & Libreville, Indien suffisamment offensifs: « Sij’étais eux, avec leurs 7 vacependant se concentrer avantages comparatifs, je F8°” — désormais essentiellement sur serais encore plus agressif les projets de construction d'un nouveau terminal dans le port autonome de Nouakchott (Mauritanie) et d'un terminal vraquier a San Pedro (Cote d'Ivoire). JW et je continuerais d’investir pour asphyxier les concurrents locaux qui n’ont pas leurs capacités financieres. Tne faut jamais oublier qu'ils appar- tiennent 4 'un des plus puissants | A lire dans Jeune Afrique Les exclus que vous avez manquées cette semaine BANQUE UBC! : deux banques qataries également sur les rangs en cas dé départ de BNP Paribas AGROALIMENTAIRE Moctar Diay négocie avec ICBC en vue de relancer le projet sucrie de la Comasud TRANSPORT AERIEN AEROHUB d’Abidjan: « On entre dans une nouvelle phase de solutions multimodales » (Bolloré TOURISME Le futur Club Med d‘Afrique de Ouest sera bien construit au Bénir pour 80 millions d’euros AUTOMOBILE Bientat concurrencé par Dangote, PAN Ltd (ex-Peugeot Automobile Nigeria) cherche partenaire BTP & INFRASTRUCTURES Le Fonds souverain d’Oman éclipse CMA CGM sur le projet de nouveat terminal 4 Doraleh www.jeuneafriquebusinessplus.com euneatrique n° 3038 du 31 mors ou 6 owl 2019, RICHARD DEITZ 7? a batalleenteTenepise Litt reas arte apeneee iat lle de ian, pi di pr Md Dee ea capil de PID avec l'objectif de contraindre Abuja a régler une ardoise de Slade fae emont 210 ocd signe un accord d’approvisionnement et de traitement du principe, construire deux plateformes pétroliéres offshore, Soot piconet etaleparune fines ep pre Tos espatcomesontanaisr lejour, et le projet a été abandonné par Abuja dans la foulée dacs du pesten ar Aa, ma 200 PD peer vee aeoneacreaig asd ih, MUHAMMADU BUHARI 5 de 2010 n‘est pas valide, le ministére du Pétrole n’ayant pas le pouvoir de conclure un tel agrément. Abuja a perdu dans la procédure arbitrale ee 4 Londres par PAID, qui a obtenu une indemnisation de. miliards de dollars, avec des pénalités de retard qui ont désormaisatteint 3 milliards de dollars. En rachetant 25 % de P&ID, VR Capital etle fonds partenaire Lismore Capital Ltd espérent faire pression sur Abuja pour trouver un accord. Cela en pas sant parle Congrésaméricain. Des cabinets de lobbying ont é16engagés pour convaincre les parlementaires et'adminis- tration Trump d’intervenir en faveur de P&ID dans celitige, pourcontraindre e Nigeria &revenira la table des négocia tions, sous peinede voir lesactifs du pays aux Etats-Unis et en Angleterre saisis par 'entreprise pétroliére. Ces méthodes ontdéji fonctionné parle passé, notamment contre FArgen tine, cont un navire avait été saisi par ses créanciers, menés parle« fonds vautour » américain Elliott Management 108 TELESSIAASSOKO African Bank 48 ans, ce Sud-africain, diplomé de Tuniversité de Cape Town et de Harvard, a passé treiz ans au sein du groupe Old Mutual ltd. Aprés avoir dirigé Liberty Holdings pendant trois ans et cofondé son holding dinvestisse ment Sithega Holdings, il est nommé directeur non exécutif et président du conseil d'administration d'African Bank. 58 jeunes 2 wh TheDow Chemical Company Diplomé du Chartered Financial Analyst Institute, de la London South Bank University et de la Clark atlanta University, ce Nigérian devient DG pour thfrique de Ouest aprés trois ans de direction financiére en Inde. integre Koch Industries en 2005, aprés un premier passage de trois ans au sein de Dow Chemical, qu'il retrouve en 2073 ye BMCE Capital Asset Management Ce Tunisien formé ala faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis et & 'IGRAAE de Rennes débute chez Amen Invest. I rejoint Cofib Capital Finances et enseigne en paralléle a Time University. Passé chez Mena Capital Partners de 2012 & 2015, il integre BMCE Capital Asset Management en 2018. JCDecaux affiche ses ambitions africaines Le leader mondial de la communication extérieure profite de la forte croissance du trafic aérien et des projets de construction de terminaux pour déployer son offre clé en main. REMY DARRAS, envoyéspécioléLourar our nombrededirigeantsdu secteur aéroportuaire réu- nis a Louxor début mars, le marché de la publicité, aV'instar des recettes issues des commerces, duty free et parkings, représente une part encore faible des revenus des aéro- portsafricains, « Maisilatn fort poten- Uiel », commente Philippe Villard, chef du service politiques écono- miques du Conseil international des aéroports (ACI). Entre 2016 et 2017, sa croissance était de 76 %, soit plus duu triple de la moyenne mondiale (2,2%). Ce chiffre, les dirigeants du groupe francais JCDecaux, leader mondial - et africain — de la commu- nication extérieure (chiffre d'affaires de 3,6 milliards d’euros en 2018), le connaissentassurément. Depuis 2015, le francais a profité de son rachat du sud-africain Continental Outdoor Media pour étendre sa toile sur le continent, ycompris dans ledomaine aérien. Test aujourd'hui présent dans une vingtaine d’aéroports sure conti- nent notamment en Afrique du Sud, ‘Tanzanie, Angola, uganda, Zambie, au Mozambique, Malawi, Swaziland, Alors queletraficaérien doit doubler dans les vingt prochaines années en Afrique et que les projets de construc- tionou de modemisation determinaux se multiplient, de nombreux appels offresseront prochainement publiés, en Ethiopie, au Congo, au Togo, au Kenya, au Nigeria, au Rwanda... Loccasion pour entreprise, dont le secteur aéroportuaire repré- sente moins de 30 % de activité en Afrique (40 % dans le monde), de se positionner. D’autant plus que, face a la concurrence d'indépendants et de grands acteurs sud-africains comme Global Outdoor, Primedia et Provantage et le zimbabwéen Alliance Media, il bénéficie d'une plus grande force de frappe grace & sa présence internationale (un tiers des grands aéroports du monde, dont Dubai) et a ses liens avec les grands annonceurs. D’aprés nos informa- tions, fentreprise, dirigée en Afrique par Jean-Sébastien Decaux, fils cadet du fondateur, a signé il y a quelques jours un contrat pour l'actuel et pour le nouvel aéroport de Libreville (qui sera ouvert en 2022), gérés par GSEZ, filiale du singapourien Olam. Durée de la concession: plus d'une dizaine dannées, car c'est sur du long terme que travaille JCDecaux. Un temps nécessaire pour recouvrir de lourds investissementsen équipements (wif, bornes de rechargement, horloges, salons, grands panneaux lumineux), qu'il fournit gratuitement en échange de $0 % des revenus publicitaires. Et il étudie aussi les consultations des aéroports Abidjan (marché actuelle- ment détenu par Global Outdoor), oit ila remporté en juillet le marché des abribus pour vingt ans, de Lagos, ol ila obtenu les panneaux de trafic en novembre, et du Cameroun, oit il est éja actif dans le mobilier urbain. Les capitales du continent, théatre dune implacable guerre des prix Les aéroports constituent pour le groupe francais une bonne porte entrée dans les pays. lls touchent, ‘un public dedécisionnaires, une cible plus intéressante pour de gros annon- ceurs. II lui est surtout plus facile d'y implanter son modéle clé en main qu’en ville. Si certaines villes comme Abidjan commencent a réguler et & assainir leurs espaces publicitaires, les capitales du continent restent souvent des foréts saturées et anarchiques de 4m 3m, lieud’une implacable guerre des prix. Mais, a l'heure ou les aéro- ports africains cherchent & accroitre la part de leurs recettes extra-aéro- jues (seulement 26,7 % de leurs revenus en 2017) et a améliorer leurs prestations, le géant de la commu- nication extérieure, qui promet une augmentation des revenus a ses par- tenaires, doit encore les convaincre de lui confier I’exclusivité du marché. Ce quiest le cas pour lui au Malawi, au Swaziland et au Gabon. Mais pas encore en Afrique du Sud, oii jusqu’a une vingtaine d'affichistes gérent des spaces publicitaires dans un méme aéroport, alimentant une concurrence quite les prix vers le bas. 17 3038¢u31 mascusave! 2079 59 Ammar Kanaan, directeur général rei 3, «Nous comptons doubler notre nombre de terminaux avant année prochaine » Nomméilyaun an alatéte dela filiale de MSC, le dirigeant établit un bilan d’étape, présente ses objectifs et livre son analyse de ’évolution du secteur sur le continent. ropes ecveils par OUVIER CASLNT Vévidence, Diego Aponte, | A areata Shipping Company (MSC). a fait venir une pointure a la téte de Terminal Investment Limited (TIL), la filiale portuaire de la compagnie maritime italo-suisse. Avant de prendre son poste, Ammar Kanaan a eu une longue et fructueuse carriére auxcommandesd International Port Management (IPM), opérateur de terminaux ou parfois simple presta- taire de services, en méme temps que laboratoire des meilleures pratiques portuaires. Du développement du port de Beyrouth a celui du termi- nal saoudien King Abdullah, pour le compte de MSC déja, cet ancien du MIT a passé plus de trente ans dans le secteur. Le Lloyd's List I'a rangé parmi les dix personnalités les plus importantes du monde maritime en 2018. Le profil idéal pour faire défi- nitivement de TIL davantage que le manutentionnaire de MSC. Jeune Afrique: Les volumes récep- tionnés jusqu’a présent sur le Lomé Container Terminal (LCT) paraissent etre assez éloignés de vos prévisions de trafic, au point semble-t il de pro- ‘voquer des tensions avec vos parte- naires de China Merchants Group (CMG). Leconfirmez-vous? Ammar Kanaan: Je n’ai aucun commentaire & faire sur une 1° 3038 du mers ou6al 2079 information dont je n'ai pas connais- sance. A Lomé, nous avons investi prés d'un demi-milliard d’euros pour construire et développer ce terminal, selon une vision & long terme, sur vingt ans, voire quarante, comme & chaque fois qu'il s‘agit d’infrastruc- tures de ce gente. Bien str, il peut y avoir des années moins fastes que dautres, mais je peux vous affirmer que la tendance générale, sur le LCT, respecte notre plan de marche, et nous n'avons aucune raison de revoir nos prévisions la baisse. AU contraire. Le port fonctionne trés bien, notre productivité sur les quais progresse chaque année, pour faire aujourd'hui de Lomé 'un de nos ter- minaux les plus performants. Nous avons traité 1,2 million d’équivalents vingt pieds (EVP) en 2018 et nous sommes partis pour faire encore mieux cette année. ‘Vous n'avez done pas prévude revolr ‘vosinvestissements labaisse surun terminal déjadimenstonné pourtral- ter2,2miltions @’EVP paran? Non, nous prévoyons toujours dinvestir 500 millions d’euros sup- plémentaires dans les dix ans. Nous avons pour objectif de porter les capacités du LCT a plus de 4 millions d’EVP par an. Nous avons déja com- mencé allivrerde nouveaux portiques pour pouvoir rapidement réaliser 400000 mouvements de conteneurs supplémentaires chaque année, Avec la confirmation de Lomé comme plateforme de transborde- ‘ment, notamment spécialisée dans a réception des lignes maritimes en Provenance directe d’Asie, quel role éservez-vous 4 vos installations por- tuaires de San Pedro? Le projet initial de construire un hub a vocation sous-régionale reste pertinent, mais nous souhaitons aussi servir le marché ivoirien depuis San Pedro. Il suffit de constater les problémes de congestion a Abidjan et la difficulté quont les opérateurs sortir les marchandises du port pour comprendre que la Céte d'Ivoire a besoin impérativement d'un deu- xigme point d'entrée pour les conte- neurs destinés son propre marché. Et avec le projet de ligne ferroviaire élaboré par le gouvernement pour relier les deux agglomerations, San Pedro deviendra un terminal sup- plémentaire d’Abidjan. Est-ce justifié pour une compagnie maritime de disposer de deux plate- formes dans ia sous-région? Tout & fait. La situation est iden- tique a celle de Europe du Nord. Pourquolinvestir des montants consi- ddérables dans des ports aussi proches les uns des autres que Le Havre, Anvers et Rotterdam, tous voués & servirle méme marché? Nous voyons. les choses différemment. Chacun sert son propre « sous-marché », tout en nous apportant une plus grande

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