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Cours Equ Diff Lineaire
Cours Equ Diff Lineaire
EL AMDAOUI Mustapha,
Lycée IBN TIMIYA,
site web: www.elamdaoui.com,
email: elamdaoui@gmail.com
Niveau: MP
Dans ce chapitre
K désigne R ou C ;
I est un intervalle de R d’intérieur non vide ;
E désigne un espace vectoriel normé de dimension finie n Ê 1 ;
D ( I, E ) désigne l’ensemble des fonctions dérivables sur I à valeurs dans E ;
L (E ) désigne l’ensemble des endomorphisme de E ;
B = ( e j )1É jÉn une base de E ;
Si u ∈ L (E )(et x ∈ E , on note u.x plutôt que u( x) ;
L (E ) × E −→ E
Comme B : est bilinéaire, si a ∈ D ( I, L (E )) et si ϕ ∈ D ( I, E ), en notant
( u, x) 7−→ u.x
(
I→E
a.ϕ : ,
t 7→ a( t).ϕ( t)
alors a.ϕ ∈ D ( I, E ) et
(a.ϕ)0 = a0 .ϕ + a.ϕ0
I Rappels de sup
Rappel :
On appelle équation différentielle (scalaire) linéaire d’ordre 1 définie sur I toute équation de la forme
(L) : x0 = a.x + b
Exemple
Si ϕ est solution de (L) : x0 = a( t).x + b( t) (où a et b sont continues sur I ), alors ϕ ∈ C 1 ( I, K).
Preuve:
Soit x une solution de (L). La fonction x est dérivable, donc elle est continue sur I et on a :
Théorème 1: Cauchy-Lipschitz
admet une et une seule solution. Une telle solution est donnée par
µ Z t ¶
x( t) = e A ( t) x0 + b ( s ) e − A ( s) d s
t0
Preuve:
Introduisons A la primitive s’annulant en t 0 de la fonction continue a : I 7−→ K
Unicité : Si x est solution alors
³ ´0 ¡
x(t)e− A ( t) = x0 (t) − a(t)x(t) e− A ( t) = b(t)e− A ( t)
¢
Puis µ Z t ¶
x(t) = e A ( t) x0 + b(s)e− A (s) ds
t0
Existence : La fonction définie par µ Z t ¶
x : t 7−→ e A ( t) x0 + b(s)e− A (s) ds
t0
est bien solution.
Exemple
Soit a, b : R → R deux fonctions continues avec a impaire et b paire. Montrer que l’équation différentielle
( E ) y0 ( t ) + a ( t ) y( t ) = b ( t )
car y0 est solution de (E ), a est impaire et b est paire. z est donc solution de (E ), et satisfait de plus z(0) = 0.
Ainsi, par unicité au problème de Cauchy, z est égale à y0 , et donc y0 est impaire.
t 7−→ e A ( t)
Preuve:
1. On sait déjà que S H est un espace vectoriel. L’application S H −→ K, ϕ 7−→ ϕ(t 0 ) est visiblement linéaire et le théorème
de Cauchy Lipschitz assure que cette application est bijective (puisque pour tout x0 ∈ K, il existe une unique solution
définie sur I vérifiant ϕ(t 0 ) = y0 ). L’application en question est donc un isomorphisme d’espaces vectoriels et les deux
espaces vectoriels ont donc même dimension.
¡ ¢
2. Par le théorème de Cauchy-Lipchitz linéaire S L 6= ;, et considérons x p ∈ S L Alors x ∈ S L ⇐⇒ x − x p ∈ S H . On a en
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 4
Donc S L = x p + S H
Exemple
2
Prouver que toute solution de l’équation différentielle y0 + e x y = 0 admet une limite nulle en +∞.
t2
Or, pour t Ê 0, on a e Ê 1 d’où l’on déduit que pour x Ê 0,
Z x Z x
2
e t dt Ê 1 = x.
0 0
On en déduit que A ( x) tend vers −∞ quand x tend vers +∞ et donc par composition et produit que y( x)
tend vers 0 lorsque x tend vers +∞.
Exemple: S
it a un réel non nul. Soit f continue sur R et périodique de période T 6= 0. Montrer que l’équation différen-
tielle y0 + a y = f admet une et une seule solution périodique sur R, de période T .
On sait que les solutions sur R de l’équation proposée sont les fonctions de la forme :
Z x
g : x 7→ λ e−ax + e−ax e at f ( t) dt, λ ∈ R.
0
R x+ T
Dans ce cas, pour x ∈ R, g( x + T ) = λ e−a( x+T ) + e−a( x+T ) 0 e at f ( t) dt. Or,
Z x+ T Z x Z x+ T Z x Z T
at at at at
e f ( t) dt = e f ( t) dt + e f ( t) dt = e f ( t) dt + e a(u+T ) f ( u + T ) du
0 0 x 0 0
Z x Z T
= e at f ( t) dt + e aT e au f ( u) du.
0 0
Donc,
Z x Z T
− a( x+ T ) − a( x+ T ) at −ax
g( x + T ) = λ e +e e f ( t) dt + e e au f ( u) du
0 0
Z T
= λ e − a( x+ T ) + e − a( x+ T ) e at f ( t) dt + g( x) − λ e−ax .
0
Par suite,
Z T
g est T -périodique ⇔ ∀ x ∈ R, λ e−a( x+T ) + e−a( x+T ) e at f ( t) dt − λ e−ax = 0
0
T e−aT T
Z Z
⇔ λ(1 − e−aT ) = e−aT e at f ( t) dt ⇔ λ = e at f ( t) dt
0 1 − e−aT 0
e−aT T x
Z Z
at −ax −ax
∀ x ∈ R, g ( x ) = e f ( t) dte +e e at f ( t) dt.
1 − e−aT 0 0
de l’équation
(L i ) : x0 = a.x + b i
m
X m
X
Alors x i est une solution particulière de x0 = a.x + b avec b = bi
i =1 i =1
Preuve:
m
x i est de C 1 sur I comme somme de fonctions de C 1 sur I et
X
x=
i =1
m m ¡
x0 x0i =
X X ¢
= ax i + b i
k=1 k=1
m
X m
X
= a xi + bi
k=1 k=1
= ax + b
Soit λ ∈ C 1 ( I, K), alors x : t 7−→ λ( t) e A ( t) est une solution de l’équation (L) si, et seulement si,
λ0 ( t) = b( t) e− A ( t)
Preuve:
x : t 7−→ λ(t)e A ( t) est de C 1 sur I et
Donc x est solution de (L) si, et seulement si, λ0 (t)e A ( t) = b(t) si, et seulement si, λ0 (t) = b(t)e− A ( t)
Exemple
Résolvons sur R, l’équation
(L) : (1 + t2 ) y0 + 2 t y = 1
Puisque ∀ t ∈ R, on a 1 + t2 6= 0, alors
2t 1
(L) : (1 + t2 ) y0 + 2 t y = 1 ⇐⇒ y0 = − y+
1 + t2 1 + t2
(L) est équivalente à une équation différentielle linéaire d’ordre 1 définie sur R.
2t
Solution de l’équation homogène : y0 = − y.
1 + t2
On a
2t
Z
− d t = − ln(1 + t2 ) + cte
1 + t2
Donc les solutions de l’équation homogène sont de la forme
2 λ
y0 : t 7−→ λ e− ln(1+ t ) = , avec λ ∈ R
1 + t2
2 λ
Solution de l’équation complète : Par la variation de la constante y : t 7−→ λ e− ln(1+ t ) = , avec
1 + t2
λ ∈ C 1 (R), est solution de l’équation complète si, et seulement si,
1 2
λ0 ( t) = .eln(1+ t ) = 1 ⇐⇒ λ( t) = t + α
1 + t2
Donc les solutions de l’équation complète sont de la forme
2 t+α
y : t 7−→ λ e− ln(1+ t ) = , avec α ∈ R
1 + t2
Exemple
λ0 ( x) e− x = g( x),
0
Finalement, toute fonction f vérifiant f + f = g s’écrit
Z x
−x −x
f ( x) = λ e +e g( t) e t dt.
0
Rx
Pour montrer que f tend vers 0 en +∞, il suffit de prouver que e− x 0 g( t) e t dt tend vers 0 lorsque x tend
vers +∞. Pour cela, on va utiliser que g tend vers 0 en +∞, et on va couper l’intégrale en 2. Soit ε > 0. Il
RA
existe A > 0 tel que, pour t > A , on a | g( t)| É ε. Soit M = 0 | g( t) e− t | dt et soit B Ê A tel que, pour x Ê B, on a
e− x M É ε. Alors, pour tout x Ê b, il vient
x A x
¯ Z ¯ Z Z
¯ −x
g( t) e− t dt¯¯ e− x | g( t) e− t | dt + e− x | g( t)| e− t dt
¯
¯e É
¯
0 0 A
Z x
−x −x
É e M+e ε e− t dt
A
É 2ε.
Exemple: R
soudre les équations différentielles suivantes en trouvant une solution particulière par la méthode de
variation de la constante :
1. y0 − (2 x − 1x ) y = 1 sur ]0; +∞[
2. y0 − y = x k exp( x) sur R, avec k ∈ N
3. x(1 + ln2 ( x)) y0 + 2 ln( x) y = 1 sur ]0; +∞[
x k+1
y0 ( x) = exp( x)
k+1
c) Solution générale.
L’ensemble des solutions est formé des
x k+1
y( x ) = exp( x) + λ exp( x) (λ ∈ R).
k+1
3. x(1 + ln2 ( x)) y0 + 2 ln( x) y = 1 sur ]0; +∞[
Le coefficient de y0 ne s’annule pas sur ]0; +∞[, l’équation peut donc se mettre sous la forme
2 ln x 1
y0 + 2
y=
x(1 + ln ( x)) x(1 + ln2 ( x))
a) Les solutions de l’équation homogène associée sont les y( x) = λ e A ( x) , où A est une primitive de
a( x) = − 2 ln 2x et λ ∈ R. On peut donc choisir A ( x) = − ln( u( x)) avec u( x) = 1 + ln2 ( x). Les solutions
x(1+ln ( x))
2 λ
de l’équation sont les y( x) = λ e− ln(1+ln ( x)) = .
1 + ln2 ( x)
b) Utilisons la méthode de variation de la constante pour trouver une solution particulière de l’équation
avec second membre. On cherche y0 ( x) = λ( x2) , avec λ une fonction dérivable. Or z( x) = 1
est
1+ln ( x) 1+ln2 ( x)
solution de l’équation homogène et y0 ( x) = λ( x) z( x) :
y0 est solution
2 ln x 1
⇐⇒ y00 + 2
y0 =
x(1 + ln ( x)) x(1 + ln2 ( x))
2 ln x 1
· ¸
0 0
⇐⇒ λ ( x) z( x) + λ( x) z ( x) + 2
z ( x) =
x(1 + ln ( x)) x(1 + ln2 ( x))
| {z }
=0
λ0 ( x) 1
⇐⇒ =
1 + ln2 ( x) x(1 + ln2 ( x))
1
⇐⇒ λ0 ( x) =
x
ln x
On peut donc choisir λ( x) = ln x, ce qui donne la solution particulière y0 ( x) = .
1+ln2 ( x)
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 8
c) Les solutions sont obtenues en faisant la somme de cette solution particulière et des solutions de
l’équation homogène : ce sont les
ln x + λ
y( x ) = (λ ∈ R)
1 + ln2 ( x)
On se place dans le cas a ∈ K et le second membre est exponentielle-polynôme b : t 7−→ P ( t) eα t où P est une
fonction polynomiale et α ∈ K. Alors l’équation
x0 = ax + P ( t) eα t
Exemple
Les solutions sur R de l’équation homogène y0 + 2 y = 0 sont toutes les fonctions x 7→ λ e−2 x (λ ∈ R).
Cherchons une solution particulière de y0 + 2 y = xe x (E 1 ).
Vu que 1 6= −2 est le coefficient de x dans e x , on cherche une solution particulière sous la forme
y1 : x 7→ (ax + b) e x , où a, b ∈ R. On a alors :
1
a=
(
3a − 1 = 1 3
Pour que y1 soit solution de (E 1 ), il suffit que : c’est-à-dire 1
a + 3b = 0 b=−
9
3x − 1 x
Ainsi, y1 : x 7→ e est une solution particulière de (E 1 ).
9
Cherchons une solution particulière de y0 + 2 y = e−2 x (E 2 ).
Vu le coefficient de x dans e−2 x , on cherche une solution particulière sous la forme y2 : x 7→ (ax + b) e−2 x ,
où a, b ∈ R. On a donc :
y20 + 2 y2 = ae−2 x
3x − 1 x
x 7→ ( x + λ) e−2 x + e , (λ ∈ R)
9
1
L’unique solution nulle en 0 est obtenue pour λ =
9
1. Équation de Bernoulli
a) Montrer que l’équation de Bernoulli
y0 + a ( x ) y + b ( x ) y n = 0 n∈Z n 6= 0, n 6= 1
y0 + a ( x ) y + b ( x ) y2 = c ( x )
alors la fonction définie par u( x) = y( x) − y0 ( x) vérifie une équation de Bernoulli (avec n = 2).
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 9
1
b) Résoudre x2 ( y0 + y2 ) = x y − 1 en vérifiant d’abord que y0 ( x) = x est une solution.
1. Équation de Bernoulli
a) On suppose qu’une solution y ne s’annule pas. On divise l’équation y0 + a( x) y + b( x) yn = 0 par yn , ce
qui donne
y0 1
+ a( x) n−1 + b( x) = 0.
yn y
1 y0
On pose z( x) = yn−1
et donc z0 ( x) = (1 − n) yn . L’équation de Bernoulli devient une équation différen-
tielle linéaire :
1 0
1− n z + a( x) z + b( x) = 0
b) Équation x y0 + y − x y3 = 0.
Cherchons les solutions y qui ne s’annulent pas. On peut alors diviser par y3 pour obtenir :
y0 1
x 3
+ 2 −x=0
y y
1 y0 ( x ) −1
On pose z( x) = y2 ( x)
, et donc z0 ( x) = −2 y( x)3 . L’équation différentielle s’exprime alors 0
2 xz + z − x = 0,
c’est-à-dire :
xz0 − 2 z = −2 x.
1
Comme on a posé z( x) = y2 ( x )
, on se retreint à un intervalle I sur lequel z( x) > 0 : nécessairement
0 ∉ I , donc on considére z( x) = λ x2 + 2 x, qui est strictement positif sur I λ où
]0;
+∞[ si λ = 0
I λ = 0; − λ2 si λ < 0
¤ £
2
si λ > 0
¤ £
−∞; − λ ou ]0; +∞[
1 −1
y( x) = p ou y( x) = p sur I λ (λ ∈ R)
λ x2 + 2 x λ x2 + 2 x
y00 + a( x) y0 + b( x) y02 = c( x)
u0 + a( x) + 2 y0 ( x) b( x) u + b( x) u2 = 0
¡ ¢
1 u 1 1
µ ¶ µ ¶
2 0 2
x u − 2 +u +2 + 2 = x u+ −1
x x x x
qui se simplifie en ³ u´
x2 u 0 + u 2 + 2 = xu
x
ce qui correspond à l’équation de Bernoulli :
1
u0 + u + u2 = 0.
x
u0
Si u ne s’annule pas, en divisant par u2 , cette équation devient + 1x u1 + 1 = 0. On pose z( x) = u1 ,
u2
l’équation devient − z0 + 1x z + 1 = 0. Ses solutions sur I sont les z( x) = λ x + x ln | x|, λ ∈ R. Ainsi
u( x) = z(1x) = λ x+ x1ln | x| mais il y a aussi la solution nulle u( x) = 0.
Conclusion. Comme y = u + 1x , on obtient alors des solutions de l’équation de départ sur ] − ∞; 0[
et ]0; +∞[ :
1 1 1
y( x ) = ou y( x) = + (λ ∈ R).
x x λ x + x ln | x|
Preuve:
f (t 0 + h) − f (t 0 )
Supposons que lim f 0 (x) = ` ∈ R. On étudie le taux de variation .
t0 h
Cas t0 est intérieur à I :
• Pour h > 0 tel que t 0 + h ∈ I, en appliquant le théorème des accroissements finis entre t 0 et t 0 + h, il existe c h compris
strictement entre t 0 et t 0 + h tel que
f (t 0 + h) − f (t 0 )
= f 0 (c h )
h
Donc
f (t 0 + h) − f (t 0 )
= f 0 (c h ) −−−−→ `
h h →0
car c h → 0 par encadrement. On en déduit que f d0 (t 0 ) = `
• L’étude est analogue lorsque h < 0.
Cas t0 est extrémité de I : Une seule des deux études précédentes suffit pour conclure.
Problème de raccordement :
Soit a, b, c : I −→ K continues. On étudie l’équation différentielle
(E ) : ax0 + bx = c
b c
Si a ne s’annule pas sur I , alors l’équation (E ) équivaut x0 = α x + β où α = − et β =
a a
Si a s’annule sur I
• On commence par résoudre (E ) sur les plus grands intervalles J ⊂ I sur le quels a ne s’annule pas ;
• on procède ensuite au raccord des solutions aux points où a s’annule
Pour raccorder les solutions en un point t 0 où a s’annule :
• on exprime les solutions à gauche et à droite de t 0 ;
• on étudie s’il est possible de construire une solution prolongeable par continuité en t 0 ;
• on étudie si ce prolongement est dérivable et t 0 ;
• on vérifie que l’équation différentielle est satisfaite en t 0 .
I.2 Problème de raccordement 11
Exemple
Déterminer les solutions sur R de l’équation différentielle suivante :
(1 − t) y0 − y = t
Exemple: R
soudre l’équation différentielle (1 − x2 ) y0 − 2 x y = x2 sur chacun des intervalles I suivants : I =]1, +∞[,
I =] − 1, 1[, I =] − 1, +∞[, I = R.
L’équation différentielle à résoudre dans cet exercice est linéaire du premier ordre. On note (E ) l’équation
différentielle proposée et (E H ) l’équation homogène associée.
2
Soit I l’un des deux intervalles ] − 1, 1[ ou ]1, +∞[. Les fonctions x 7→ 1−−2xx2 et x 7→ 1−x x2 sont continues sur
I et on sait que les solutions de (E ) sur I sont de la forme f 0 + λ f 1 où f 0 est une solution particulière
de (E ) et f 1 est une solution particulière non nulle de (E H ).
Résolution de (E ) sur I . Soit f une fonction dérivable sur I .
f solution de (E ) sur I ⇔ ∀ x ∈ I, (1 − x2 ) f 0 ( x) − 2 x f ( x) = x2
x3
⇔ ∀ x ∈ I, ((1 − x2 ) f )0 ( x) = x2 ⇔ ∃λ ∈ R/ ∀ x ∈ I, (1 − x2 ) f ( x) = +λ
3
x3 + λ
⇔ ∃λ ∈ R/ ∀ x ∈ I, f ( x) = ,
3(1 − x2 )
x3 +λ1
3(1− x2 )
si − 1 < x < 1
∀ x > −1, f ( x) = − 12 si x = 1 .
x3 +λ2
3(1− x2 )
si x > 1
Réciproquement, f ainsi définie, est dérivable sur ] − 1, 1[ et solution de (E ) sur ] − 1, 1[, dérivable sur
]1, +∞[ et solution de (E ) sur ]1, +∞[ et, si f est dérivable en 1, f vérifie encore (E ) pour x = 1. Donc, f
est solution de (E ) sur ] − 1, +∞[ si et seulement si f est dérivable en 1.
Pour −1 < x < 1,
x3 +λ1
f ( x) − f (1) 3(1− x2 )
+ 12 2 x3 + 2λ1 + 3(1 − x2 )
= =
x−1 x−1 6(1 − x2 )( x − 1)
Quand x tend vers 1 par valeurs inférieures, le dénominateur de la fraction tend vers 0 et le numérateur
tend vers 2(1 + λ1 ). Donc, si λ1 6= −1, f n’est pas dérivable à gauche en 1. De même, si λ2 n’est pas −1,
f n’est pas dérivable à droite en −1. Ainsi, si f est solution de (E ) sur I , nécessairement λ1 = λ2 = −1.
Dans ce cas, pour x ∈] − 1, +∞[\{1},
x3 − 1 ( x − 1)( x2 + x + 1) x2 + x + 1
f ( x) = = = − ,
3(1 − x2 ) 3(1 − x)(1 + x) 3( x + 1)
ce qui reste vrai pour x = 1. Ainsi, si f est une solution de (E ) sur ] − 1, +∞[, nécessairement pour
2
x > −1, f ( x) = − x3(+x+x+1)1 . Réciproquement, f ainsi définie est dérivable sur ] − 1, +∞[ et en particulier en
1. f est donc solution de (E ) sur ] − 1, +∞[.
2
Sur ] − 1, +∞[, (E ) admet une et une seule solution à savoir la fonction x 7→ − x3(+x+x+1)1 .
Si I = R, soit f une éventuelle solution de (E ) sur R. La restriction de f à ] − 1, +∞[ est nécessairement
la fonction précédente. Mais cette fonction tend vers −∞ quand x tend vers −1 par valeurs supérieures.
Donc f ne peut être continue sur R et (E ) n’a pas de solution sur R.
Exemple: P
ur les équations différentielles suivantes, trouver les solutions définies sur R tout entier :
1. x2 y0 − y = 0 (E 1 )
2. x y0 + y − 1 = 0 (E 2 )
1. x2 y0 − y = 0 (E 1 )
Pour se ramener à l’étude d’une équation différentielle de la forme y0 + a y = b, on résout d’abord sur
les intervalles où le coefficient de y0 ne s’annule pas : on se place donc sur ] − ∞; 0[ ou ]0; +∞[.
1
y0 − y=0
x2
qui est une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 1 à coefficients non constants. Ses
solutions sont de la forme y( x) = λ e−1/ x (en effet, sur ] − ∞; 0[ ou ]0; +∞[, une primitive de x12 est −x1 ).
b) Recollement en 0.
Une solution y de (E 1 ) sur R doit être solution sur ] − ∞; 0[ et ]0; +∞[, il existe donc λ+ , λ− ∈ R tels
que (
λ+ e−1/ x si x > 0
y( x ) =
λ− e−1/ x si x < 0
Il reste à voir si l’on peut recoller les deux expressions pour obtenir une solution sur R : autrement
dit, pour quels choix de λ+ , λ− la fonction y se prolonge-t-elle en 0 en une fonction dérivable vérifiant
(E 1 ) ?
e−1/ x −−−−→−
+∞ et e−1/ x −−−−→ 0, donc y est prolongeable par continuité en 0 si et seulement si
x→ 0 x→ 0+
λ− = 0 . On peut alors poser y(0) = 0 , quel que soit le choix de λ+ .
I.2 Problème de raccordement 13
Pour voir si la fonction ainsi prolongée est dérivable en 0, on étudie son taux d’accroissement :
y( x)− y(0) λ+ e−1/ x
pour x > 0, x−0 = x = −λ+ ( −x1 ) e−1/ x −−−−→ 0
x→ 0+
y( x)− y(0)
pour x < 0, = 0 −−−−→ 0
x−0 −
x→ 0
2. x y0 + y − 1 = 0 (E 2 )
Pour se ramener à l’étude d’une équation différentielle de la forme y0 + a y = b, on résout d’abord sur
les intervalles où le coefficient de y0 ne s’annule pas : on se place donc sur I =] − ∞; 0[ ou I =]0; +∞[.
a) Résolution sur I .
Sur l’intervalle I , l’équation différentielle se réécrit
1 1
y0 + y=
x x
qui est une équation différentielle linéaire d’ordre 1 à coefficients non constants.
Pour l’équation homogène y0 + 1x y = 0 une primitive de − 1x sur I , est − ln | x|. Les solutions de
l’équation homogène sont donc les λ e− ln | x| = λ |1x| . Quitte à changer λ en −λ si I =] − ∞; 0[, on
peut écrire les solutions de l’équation homogène sous la forme y( x) = λ 1x .
Pour trouver les solutions de l’équation avec second membre, on applique la méthode de variation
de la constante en cherchant y( x) = λ( x) 1x : en remplaçant, on voit que y est solution sur I si
et seulement si λ0 ( x) = 1. En intégrant, on obtient λ( x) = x. Une solution particulière en donc
y0 ( x) = 1.
Sur I les solutions de (E 2 ) sont les y( x) = 1 + λx où λ est un paramètre réel.
b) Recollement en 0.
Une solution y de (E 2 ) sur R doit être solution sur ] − ∞; 0[ et ]0; +∞[, il existe donc λ+ , λ− ∈ R tels
que
1 + λx+ si x > 0
(
y( x ) =
1 + λx− si x < 0
Il reste à voir si l’on peut recoller les deux expressions pour obtenir une solution sur R. On voit tout
de suite que y a une limite (finie) en 0 si et seulement si λ+ = λ− = 0 . Dans ce cas, on peut alors
poser y(0) = 1 et y est la fonction constante égale à 1, qui est bien sûr dérivable sur R. De plus,
(E 2 ) est bien satisfaite au point x = 0.
c) Conclusion.
Finalement, (E 2 ) admet sur R une unique solution, qui est la fonction constante égale à 1.
Équations linéaires vectorielles d’ordre 1 14
On appelle équation différentielle linéaire du premier ordre, définie sur I et à valeurs dans E , toute
équation du type :
(L) : x0 = a.x + b
(H ) : x0 = a.x
Remarque :
Aux applications a et b sont associées les applications A : I 7−→ M n (K) et B : I 7−→ M n,1 (K), où, pour tout
t ∈ I , A ( t) et B( t) sont les matrices de a( t) et b( t) dans la base B .
L’équation (L) équivaut à l’équation matricielle
X0 = AX + B
Remarque :
En pratique, c’est fréquemment sous la forme d’un système différentiel que sont présentés les équations
linéaires vectorielles.
Une solution de l’équation différentielle linéaire (L) est une fonction ϕ ∈ D ( I, E ) telle que :
∀ t ∈ I, ϕ0 ( t) = a( t).ϕ( t) + b( t)
Preuve:
Soit ϕ une solution de (L). La fonction ϕ est dérivable et
ϕ0 = Ψ(a, ϕ) + b,
Notation :
On note respectivement S L et S H l’ensemble des solutions sur I de (L) et ( H ).
Soit ( b i )m
i =1
une famille des applications continues de C ( I, E ) et x i une solution de l’équation
(L i ) : x0 = a.x + b i
m
X m
X
Alors x i est une solution particulière de x0 = a.x + b avec b = bi
i =1 i =1
où a ∈ C I, L (E ) , b ∈ C ( I, E ).
¡ ¢
Résoudre le problème de Cauchy, c’est trouver toutes les solutions x : I −→ E de (L) telles que x ( t 0 ) = x0
Z t
2. x est continue et ∀ t ∈ I, x ( t ) = x0 + (a( s) x( s) + b( s)) d s
t0
Preuve:
1 ⇒ 2) Si x est solution de (PC), on a pour tout t ∈ I,
Z t Z t
x(t) = x (t 0 ) + x0 (s) ds = x0 + (a(s)x(s) + b(s)) ds
t0 t0
2 ⇒ 1) Si x est solution continue de l’équation intégrale, alors s 7−→ a(s)x(s) + b(s) est continue. Donc t 7−→
Z t
(a(s)x(s) + b(s)) ds est de classe C 1 . Donc x est de classe C 1 , et en dérivant par rapport à t, on retrouve (L). Finale-
t0
ment en prenant t = t 0 , on aura x (t 0 ) = x0 .
Cauchy : (
x0 = a.x + b
où t 0 ∈ I, x0 ∈ E
x( t 0 ) = x0
admet une et une seule solution.
Preuve:
Admis
II.3 Wronskien 16
Preuve:
est visiblement linéaire et le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire assure que cette application est bijective (puisque
pour tout x0 ∈ E, il existe une unique solution définie sur I vérifiant ϕ(t 0 ) = x0 ). L’application en question est donc un
isomorphisme d’espaces vectoriels et les deux espaces vectoriels ont donc même dimension.
2. Par le théorème de Cauchy-Lipchitz linéaire S L 6= ;, et considérons x p ∈ S L Alors
¡ ¢
x ∈ S L ⇐⇒ x − x p ∈ S H .
Donc S L = x p + S H
II.3 Wronskien
Preuve:
1. Pour t ∈ I, l’application (
SH −→ E
θt :
ϕ 7−→ ϕ(t)
II.3 Wronskien 17
rg ϕ1 , . . . , ϕn = rg ϕ1 (t), . . . , ϕn (t)
¡ ¢ ¡ ¢
Exemple
! Ã Ã !
3 −2 et
Soit X 0 = A X + B, avec A = et B : t 7−→ t .
1 0 e
à ! à !
et 2 e2 t
Montrons que X 1 : t 7−→ t et X 2 : t 7−→ 2 t forment un système fondamental de solution de X 0 = A X
e e
A X 1 ( t) = X 1 ( t) et A X 2 ( t) = 2 X 2 ( t)
X 10 ( t) = X 1 ( t) et X 20 ( t) = 2 X 2 ( t),
à ! à !
1 2
donc X 1 et X 2 sont solutions de l’équation homogène. De plus X 1 (0) = et X 2 (0) = forment une
1 1
famille libre dans l’espace M2,1 (R) qui est de dimension 2, donc ( X 1 , X 2 ) est un système fondamental de
solution de ( H )
Exemple
2. Soit α1 , · · · , αn des solutions de x0 = ax. Déterminer une équation différentielle vérifiée par le wronskien,
puis déduire qu’il existe k ∈ K tel que :
µZ ¶
∀ t ∈ I, w(α1 ,··· ,αn ),B ( t) = k. exp Tr (a( t)) d t
1. Posons
n
ϕ : (v1 , · · · , vn ) ∈ E n 7−→
X ¡ ¢
det v1 , · · · , v i−1 , u(v i ), v j+1 , · · · , vn
i =1 B
n
ϕ est n-linéaire, car detB : E −→ K est n linéaire ;
ϕ est alternée : On suppose que vk = v` pour 1 É k < ` É n. Puisque detB est alternée, il reste
ϕ (v1 , · · · , vn ) = det (v1 , · · · , vk−1 , u(vk ), vk+1 , · · · , vn ) + det (v1 , · · · , v`−1 , u(v` ), v`+1 , · · · , vn ) = 0
B B
n
Mais l’ensemble des formes n-linéaires alternées sur E est un K-espace vectoriel de dimension 1
engendré par detB , donc il existe k ∈ K tel que ϕ = k detB , avec k = ϕ (B ).
n
On note B = ( e 1 , · · · , e n ), et A = Mat ( u). Alors ∀ j ∈ [[1, n]] ,
¡ ¢ X
u ej = a i, j e i et
B i =1
à !
¡ ¢ n
X
det e 1 , · · · , e j−1 , u( e j ), e j+1 , · · · , e n = det e 1 , · · · , e j−1 , a i, j e i , e j+1 , · · · , e n
B B i =1
n
X ¡ ¢
= a i, j det e 1 , · · · , e j−1 , e i , e j+1 , · · · , e n
i =1 B
¡ ¢
= a j, j det e 1 , · · · , e j−1 , e j , e j+1 , · · · , e n
B
= a j, j
Donc
n
X
ϕ (e1, · · · , e n) = a j, j = Tr ( A ) = Tr ( u) ,
j =1
II.4 Variation des constantes 18
Bref
n
X ¡ ¢
det v1 , · · · , v j−1 , u(v j ), v j+1 , · · · , vn = Tr ( u) . det (v1 , · · · , , vn )
j =1 B B
2. Comme les α1 , · · · , αn sont de classe C 1 , w(α1 ,··· ,αn ),B est de classe C 1 et ∀ t ∈ I,
n ³ ´
w(0α1 ,··· ,αn ),B ( t) det α1 , · · · , α j−1 , α0j ( t), α j+1 , · · · , αn ( t)
X
=
j =1 B
n
X
det α1 , · · · , α j−1 , a( t)α j ( t), α j+1 , · · · , αn ( t)
¡ ¢
=
j =1 B
Donc il est solution de l’équation différentielle y0 = Tr (a) .y, d’où son expression.
Lemme 1
Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) un système fondamental de solutions de ( H ) : x0 = a( t).x. Alors :
n
1. Pour tout f ∈ C ( I, E ), il existe une famille (λ i ) i∈[[1,n]] de C ( I, K) telle que f =
X
λi ϕi .
i =1
2. En outre, si f ∈ C 1 ( I, E ), alors ∀ i ∈ [[1, n]] , λ i ∈ C 1 ( I, K).
Preuve:
1. Soit B = (e 1 , · · · , e n ) une base de E et W la wronskienne de l’équation (H) par rapport à B . D’après la propriété II.3,
pour tout t ∈ I, ϕ1 (t), . . . , ϕn (t) est une base de E, et W(t), matrice de passage de B à ϕ1 (t), . . . , ϕn (t) , est inversible.
¡ ¢ ¡ ¢
Pour tout t ∈ I fixé, l’existence et l’unicité de (λ1 (t), · · · , λn (t)) correspond à un changement de coordonnées, dont l’écriture
matricielle est :
λ1 (t)
f 1 (t)
.
. = [W(t)]−1 ..
. .
λn (t) f n (t)
Les applications λ1 , · · · , λn sont continues sur I.
2. Lorsque f est de classe C 1 , alors les fonctions coordonnées f 1 , · · · , f n sont de C 1 sur I et puisque t 7−→ [W(t)]−1 est de
classe C 1 sur I, alors les applications numériques λ1 , · · · , λn sont de classe C 1 sur I
detB (ϕ1 ( t), ...ϕ j−1 ( t), b( t), ϕ j+1 ( t), ...ϕn ( t))
∀t ∈ I ∀ j ∈ [[1, n]] , λ0j ( t) =
w(ϕ1 ,...ϕn ),B ( t)
Équations linéaires à coefficients constants 19
Preuve:
La dérivée de x s’écrit
n n
x0 λ0i .ϕ i + λ i .ϕ0i
X X
=
i =1 i =1
n n
λ0i .ϕ i +
X X
λ i .a.ϕ i ϕ i solution de (H)
¡ ¢
=
i =1 i =1
n n
λ0i .ϕ i + a.
X X
= λi ϕi
i =1 i =1
n
λ0i .ϕ i + a.x
X
=
i =1
Donc
n
x0 = a.x + b ⇐⇒ λ0i .ϕ i = b
X
i =1
Exemple
à ! à !
3 −2 et
Résoudre sur R le système différentiel X = A X + B, avec A =
0
et B : t 7−→ t .
1 0 e
à ! à !
et 2 e2 t
( X 1 , X 2 ) est un système fondamental de solution de H avec X 1 : t 7−→ t et X 2 : t 7−→ 2 t .
e e
Par la méthode de la variation des constantes déterminons les solutions de l’équation complète. Soit
X = λ1 X 1 + λ2 X 2
avec λ1 , λ2 : R −→ R de C 1 . Alors X est solution de l’équation complète si, et seulement si, λ1 et λ2 vérifient
le système
λ01 X 1 + λ02 X 2 = B
Soit (
λ01 ( t) e t + 2λ02 ( t) e2 t = et
∀t ∈ R
λ01 ( t) e t + λ02 ( t) e2 t = et
Rappel :
X xm
Soit A une algèbre normée de dimension finie. Pour x ∈ A, la série converge absolument donc
mÊ0 m!
converge. On pose
+∞
X xm
exp( x) = .
m=0 m!
Pour u, v ∈ A, on a :
1. exp(0A ) = 1A .
2. Si u et v commutent, alors
exp( u + v) = exp( u) × exp(v).
−1
3. exp( u) est inversible et [exp( u)] = exp(− u).
4. Si v est inversible, alors
exp v−1 uv = v−1 exp( u)v.
¡ ¢
Rappel :
exp( A ) = P exp(∆)P −1
Soit a ∈ L (E ).
1. Les solutions de ( H ) sont exactement les applications t ∈ R 7−→ exp( ta).x0 où x0 un vecteur de E
2. L’unique solution au problème de Cauchy
(
x0 = ax
, t 0 ∈ R, x0 ∈ E
x( t 0 ) = x0
est l’application
x : t ∈ R 7−→ exp (( t − t 0 )a) x0
Preuve:
Cette application convient évidemment puisque
d
(exp((t − t 0 )a)x0 )) = a exp((t − t 0 )a)x0
dt
et x(t 0 ) = x0
Exemple
Soit A la matrice
2 0 1
1 −1 −1 .
−1 2 2
1. Calculer le polynôme caractéristique de A .
2. En déduire la valeur de exp( tA ).
3. Résoudre le système différentiel
0
x1 ( t)
= 2 x1 ( t) + x3 ( t)
x20 ( t) = x1 ( t) − x2 ( t) − x3 ( t)
0
x3 ( t) = − x1 ( t) + 2 x2 ( t) + 2 x3 ( t)
X tn N n
+∞ t2 2
exp( tN ) = = I 3 + tN + N .
n=0 n! 2
t2
µ ¶
exp( tA ) = exp( tI 3 ) exp( tN ) = e t I 3 + tN + N 2 .
2
III.2 Utilisation de valeurs propres 21
On en déduit
t2 t2 + t
t+1
exp( tA ) = e t t 2
t − 2t + 1 t2 − t .
−t − t2 + 2 t − t2 + t + 1
3. Soit X ( t) = ( x1 ( t), x2 ( t), x3 ( t)). Alors X ( t) = exp( tA ) X (0). En notant X (0) = (a, b, c), on trouve
x1 ( t )
= a( t + 1) e t + bt2 e t + c( t2 + t) e t
x2 ( t ) = ate t + b( t2 − 2 t + 1) e t + c( t2 − t) e t
= −ate t + b(− t2 + 2 t) e t + c(− t2 + t + 1) e t .
x3 ( t )
Soit a ∈ L (E ) et b : I −→ E continue.
1. Les solutions de (L) : x0 = ax + b sont exactement les applications
Z t
t ∈ I 7−→ exp ( ta).x0 + exp (( t − s)a) b( s) d s où x0 un vecteur de E
t0
Preuve:
x0 = ax + b
(
, t 0 ∈ I, x0 ∈ E
x(t 0 ) = x0
soit Z t
exp(− ta)x(t) = exp(− t 0 a)x(t 0 ) + exp(− sa)b(s) ds.
t0
On compose après par exp(ta) et on remplace x(t 0 ) par x0 , alors
µZ t ¶
x(t) = exp((t − t 0 )a)x0 + exp(ta) exp(− sa)b(s) ds
t0
Z t
= exp((t − t 0 )a)x0 + exp((t − s)a)b(s) ds
t0
Remarque :
Il est conseillé d’avoir une méthode d’obtention de la solution au problème de Cauchy, car il est difficile de se
rappeler de la formule d’une telle solution
On résout ici
L’étude théorique nous invite à calculer l’exponentielle de la matrice tA pour tout t ∈ R, mais on préfère utiliser
des méthodes pratiques et rapides
Propriété 13: Cas où A est diagonalisable
(H ) : X0 = AX
Soit ( u 1 , · · · , u n ) une base de vecteurs propres de A associés aux valeurs propres (λ1 , · · · , λn ). On pose
Preuve:
Pour tout k ∈ [[1, n]] et t ∈ R, ϕ0k (t) = λk eλk t u k = A ϕk (t) car u k est un vecteur propre de A associé à la valeur propre λk .
On considère la base C = (u 1 , . . . , u n ) de Mn,1 (K) et le Wronskien w(t) = det ϕ1 (t), . . . , ϕn (t) .
¡ ¢
B
On a
w(0) = det(u 1 , . . . , u n ) 6= 0
B
Exemple
à !
3 −2
Résoudre l’équation X 0 = A X , avec A = d’inconnue X : R −→ M2,1 (R) dérivable
1 0
à ! à !
2 1 2
χ A = X − 3 X + 2 = ( X − 1) ( X − 2), E 1 ( A ) = Vect et E 2 ( A ) = Vect . Donc
1 1
à ! à !
t1 2t 2
X ( t) = λ1 e + βe où α, β ∈ R
1 1
à ! à !
1
t 2t 2
Donc X 1 : t 7−→ e et X 2 : t 7−→ e forment un système fondamental de solution de H
1 1
Exemple: MINES MP
Résoudre le système différentiel suivant 0
x = y+ z
y0 = x
0
z = x+ y+ z
0 1 1
C’est un système différentiel linéaire d’ordre 1 homogène d’équation matricielle X 0 = A X où A = 1 0 0
1 1 1
x
et X = y. Par les opérations L 1 ← L 1 + L 2 + L 3 , C 2 ← C 2 − C 1 et C 3 ← C 3 − C 1 , on obtient
z
¯ ¯
¯X − 2 0 0 ¯¯
¯
det( X I 3 − A ) = ¯ −1 X +1 1 ¯ = X ( X + 1) ( X − 2)
¯ ¯
¯ ¯
¯ −1 0 X¯
−1 2 0
E −1 ( A ) = Vect 1 , E 2 ( A ) = Vect 1 et E 0 ( A ) = Vect 1
0 3 −1
donc
− e− t 2 e2 t
0
X 0 = A X ⇐⇒ ∃α, β, γ ∈ R, X ( t) = α e− t + β e2 t + γ 1
0 3 e2 t −1
Ainsi les solutions de note système sont
x( t)
= −α e− t + 2β e2 t
y( t) = α e− t + β e2 t + γ , α, β, γ ∈ R.
= 3β e2 t − γ
z ( t)
Exemple: R
soudre les systèmes différentiels suivants :
0 0
x
= x + 2y − z x
= y+ z
0 0
1. y = 2x + 4 y − 2z 2. y = −x + 2 y + z
0
0
z = −x − 2 y + z z = x+z
1. Introduisons la matrice
1 2 −1
A= 2 4 −2 ,
−1 −2 1
x( t)
de sorte que le système s’écrit X 0 = A X avec X ( t) = y( t) . Le polynôme caractéristique de A est
z ( t)
X 2 ( X − 6). 0 est valeur propre double, mais A est de rang 1 et donc Ker( A ) est de dimension 2. Une
base de Ker( A ) est donnée par les vecteurs u 1 = (1, 0, 1) et u 2 = (2, −1, 0). D’autre part, une base de
Ker( A − 6 I ) est donné par u 3 = (1, 2, −1). Les solutions sont donc données par les triplets s’écrivant
X ( t) = λ u 1 + µ u 2 + γ e 6 t u 3 .
1 01
x( t)
de sorte que le système s’écrit X 0 = A X avec X ( t) = y( t) . Son polynôme caractéristique est X ( X −
z ( t)
1)( X − 2), de sorte que ses valeurs propres sont 0, 1, 2, de vecteurs propres respectifs associés u 0 =
(1, 1, −1), u 1 = (0, −1, 1), et u 2 = (1, 1, 1). Ainsi, les solutions sont données par les triplets
X ( t) = λ u 0 + µ e t u 1 + γ e 2 t u 2 .
Propriété 14
Preuve:
⇒) Supposons que X solution de X 0 = A X + B, alors Y = P −1 X est de classe C 1 sur R et
Y 0 = P −1 X 0 = P −1 A X + B−1 = TP −1 X + P −1 B = TY + P −1 B
X 0 = PY 0 = PTY + B = PTP −1 X + B = A X + B
Remarque :
Z = P −1 X ⇐⇒ X = P Z
(L 2 ) : Z 0 = T Z + P −1 B
( H2 ) : Z0 = T Z
¡ ¢
Si on pose T = t i, j 1É i, jÉn , alors l’équation (L 2 ) èquivaut au système
z10
= t 1 z1 + · · · + t 1,n z n + c 1
..
.
z0 = t n−1,n−1 z n−1 + t n−1,n z n + c n−1
n−01
zn = t n,n z n + c n
La dernière ligne de ce système est une équation différentielle linéaire du premier ordre
z0n = λn z n + c n ( t)
Une fois fixée une solution de cette équation, la ligne précédente devient une équation différentielle de
fonction inconnue z n−1 . De proche en proche, chaque ligne apparaît comme une équation différentielle du
premier ordre (une seule fonction inconnue pour chacune). On obtient ainsi la solution générale du système
(L 2 ) (éventuellement l’unique solution au problème de Cauchy en un point arbitraire ( t 0 , z0 ) ∈ I × M n,1 (K).
Remarque :
Exemple
0 2 2
Résoudre l’équation différentielle X 0 = A X où A = −1 2 2 et déduire exp( tA )
−1 1 3
χ A ( X ) = ( X − 1)( X − 2)2
− 2 2
La matrice A − 2 I 3 = −1 2 est du rang 2, donc A n’est pas diagonalisable mais elle est trigona-
0
−1 1 1
lisable.
2 2
Les sous-espaces propres : E 1 ( A ) = Vect (u1 ) et E 2 = Vect (u2 ) avec u1 = 0 et u2 = 1
1 1
III.3 Utilisation de changement de bases 25
1
Complétion en une base : Posons u3 = 0, alors la famille ( u1 , u2 , u3 ) est une base de M3,1 (R) et
0
0
Au 1 = −1 = − u 2 + 2 u 3
−1
2 2 1 1 0 0
Posons P = 0 1 0 et T = 0 2 −1, alors P −1 AP = T
1 1 0 0 0 2
y1
Changement d’inconnue Soit Y = P −1 X , alors X 0 = A X est équivalente à Y 0 = TY . Posons Y = y2 ,
y3
alors
0
y1 = y1
Y 0 = TY ⇐⇒ y20 = 2 y2 − y3
y30
= 2 y3
γ e2 t
X = PY , on obtient alors
αet 2α e t + 2β e2 t − 2γ te2 t + γ e2 t
2 2 1
X ( t) = 0 1 0 β e2 t − γ te2 t = β e2 t − γ te2 t où α, β, γ ∈ R
2t t 2t 2t
1 1 0 γe α e + β e − γ te
2et 2 e2 t (1 − 2 t) e2 t α
X ( t) = 0 e2 t − te2 t β
et e2 t − te2 t γ
2et 2 e2 t (1 − 2 t) e2 t
exp( tA ) = 0 e2 t − te2 t .P −1
et e2 t − te 2t
0 −1 1
−1
Par la méthode de Gauss, on trouve P = 0 1 0 et, par suite,
1 0 −2
(1 − 2 t) e2 t 2 e2 t − 2 e t 2 e t + (4 t − 2) e2 t
Remarque :
Posons à ! à !
2− t t−1 x1 ( t)
A ( t) = et X ( t) = .
2(1 − t) 2t − 1 x2 ( t)
On doit résoudre le système X 0 ( t) = A ( t) X ( t). On va procéder comme pour une matrice à coefficients
constants, en diagonalisant pour chaque t la matrice A ( t). Son polynôme caractéristique est χ A ( t) ( X ) =
X 2 − ( t + 1) X + t, dont les racines sont t et 1. Le miracle est que les vecteurs propres ne dépendent pas de
t. En effet, si on pose u 1 = (1, 1) et u 2 = (1, 2), alors A ( t) u 1 = u 1 tandis que A ( t) u 2 = tu 2 . Autrement dit, en
posant à ! à !
1 1 1 0
P= et D ( t) = ,
1 2 0 t
on a A ( t) = P ( t)DP ( t)−1 . On peut donc résoudre le système exactement comme s’il était à coefficients
constants. Plus précisément, en posant Y ( t) = P −1 X ( t), alors Y est solution de Y 0 ( t) = D ( t)Y ( t), soit
(
y10 = y1
y20 = t y2 .
2
Il vient y1 ( t) = Ce t , et y2 ( t) = D e t /2 , avec C, D ∈ R. On revient à X par la relation Y = P X , et on trouve que
les solutions de l’équation sont les fonctions
2
(
x1 ( t) = Ce t + D e t /2
2 /2
x2 ( t ) = Ce t + 2D e t ,
Remarque :
Si A n’est pas trigonalisable, dans ce cas K = R, alors on résout le système différentiel avec le corps de base
C puis on cherche les solutions réelles
Exemple
(
x0 = x − y
Résolution du système d’équations différentielles H : .
y0 = x + y
Système différentiel
à ! de taille 2 linéaire
¯ homogène¯ à coefficients constants.
1 −1 ¯λ − 1 1 ¯¯ p p
On a A = donc χ A (λ) = ¯ ¯ = (λ − 1)2 + 1 = (λ − i 3)(λ + i 3) d’où A est diagonalisable
¯
1 1 ¯ −1 λ − 1¯
dans C. Ã ! Ã !
1 1
Cas K = C : On a SpC ( A ) = {1 + i, 1 − i }, E A (1 + i ) = Vect et E A (1 − i ) = Vect . Donc X 1 : t 7−→
−i i
à ! à !
1 1
e(1+ i) t et X 2 = X 1 : t 7−→ e(1− i) t forment un système fondamental de solutions
−i i
à !
1
Cas K = R : X 1 : t 7−→ e(1+ i) t est une solution complexe de l’équation X 0 = A X , or la matrice A est
−i
réelle donc à ! à !
t cos( t) t sin( t)
ϕ1 t :7−→ Re ( X 1 ( t)) = e et ϕ2 t :7−→ Im ( X 1 ( t)) = e
sin( t) − cos( t)
sont des solutions réelles de l’équation X 0 = A X . Celles-ci sont clairement indépendantes et donc
forment un système fondamental de solutions.
Solution générale à ! à !
t cos( t) t sin( t)
X : t 7−→ α e + βe α, β ∈ R
sin( t) − cos( t)
Exemple
1 1 0
Résoudre sur R l’équation différentielle X 0 = A X où A = −1 2 1
1 0 1
III.3 Utilisation de changement de bases 27
1 −i i
donc
X 0 = A X ⇐⇒ ∃α, β, γ ∈ C, X ( t) = α e2 t u 1 + β e(1+ i) t u 2 + γ e(1− i) t u 3
Notons v1 : t 7−→ e2 t u 1 , v2 : t 7−→ e(1+ i) t u 2 et v3 = v2 : t 7−→ e(1− i) t u 3 , alors (v1 , v2 , v3 ) est une base de S C .
Une autre base de S C est (ω1 , ω2 , ω3 ) :
cos t − sin t
ω1 = u 1 , ω2 = R e( u 2 ) : t 7−→ e t − sin t et ω3 = ℑ m( u 2 ) : t 7−→ − cos t
sin t cos t
Cherchons les solutions réelles : (ω1 , ω2 , ω3 ) est une base du R-espace vectoriel SR . La solution
générale de l’équation est donc :
1 cos t − sin t
X : t 7−→ α e t 1 + β e t − sin t + γ e t − cos t , α, β, γ ∈ R
1 sin t cos t
Exemple: D
nner les solutions réelles du système différentiel X 0 = A X lorsque
0 1 −1
A = 1 4 −2 .
2 6 −3
1
Les valeurs propres de la matrice sont 1, i et − i . Un vecteur propre associé à 1 est V1 = −3 . Un vecteur
−4
i
propre associé à i est Vi = 1 . Bien entendu, la matrice étant réelle, un vecteur propre associé à − i
2
est Vi . Pour obtenir des solutions réelles, on peut considérer (toujours parce que la matrice A est réelle)
ℜ e( e it Vi ) et ℑ m( e it Vi ). On trouve alors les solutions (indépendantes)
− sin t cos t
cos t et sin t .
2 cos t 2 sin t
λ e t − µ sin t + ν cos t
Définition 6
On appelle équation différentielle scalaire linéaire d’ordre n définie sur I toute équation de la forme
nX
−1
(L n ) : x ( n) + a k x( k ) = b
k=0
Notation :
On note S L n et S H n l’ensemble des solutions sur I de (L n ) et ( H n ) respectivement
Propriété 15
n (K)
I −→ M
I Mn,1 (K)
−→
0 1 0 ··· 0
0
.
. .. .. .. ..
. . .
. .
.
..
A: ..
et B :
t 7−→ .. .. t 7−→
. .
.
0
0
0 0 1
··· ···
b ( t)
− a 0 ( t) ··· ··· ··· −a n−1 ( t)
L’application
S Hn −→ S
H
x
x0
θ:
x 7−→
..
.
x(n−1)
Preuve:
θ est bien définie ?
Soit x ∈ S H n , alors x est de classe C n sur I à valeurs dans K, donc X = θ (x) est de classe C 1 sur I à valeurs dans
Mn,1 (K). Soit t ∈ I, on a
x0
x0 ..
..
.
X0 =
. = x(n−1)
(n−1)
x
nX
−1
( n ) ( k)
x − ak x
k=0
0 1 0 ··· 0 x
.
. .. .. .. .. x0
. . . . .
..
.
= .. .. .. .
. . 0
..
0 ··· ··· 0 1 .
−a 0 ··· ··· ··· −a n−1 x(n−1)
= AX
xn
C 1 . L’équation X 0 = A X équivaut au système
0
∀ i ∈ [[1, n − 1]] , x i+1 = x i
n
0
X
xn = −
a i−1 x i
i =1
Les n − 1 premières équations montrent que x1 est de classe C n et ∀ i ∈ [[1, n]] , x i = x1( i−1) et la dernière équation
dévient
n nX
−1
x1(n) = − a i−1 x1( i−1) = − a i x1( i)
X
i =1 i =0
Ainsi x1 ∈ S H n et X = θ (x1 )
Théorème 6
SLn −→ S
L
x
x0
L’application θ :
est une bijection
x 7−→
..
.
x(n−1)
Preuve:
Conséquence du théroème précédent
Théorème 7: Cauchy-Lipschitz
Preuve:
Le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire assure l’existence d’une solution X de (L) : X ∈ C 1 I, Mn,1 (K) vérifiant X (t 0 ) =
¡ ¢
x0
.
. .
.
xn−1
Par la bijection réciproque de θ , on obtient une solution x de (L n ) : x ∈ C n (I, K) vérifiant ∀ i ∈ [[0, n − 1]] , x( i) (t 0 ) = x i
Exemple
2
Démontrer que la fonction définie sur R∗ par f ( t) = e−1/ t et prolongée par f (0) = 0 est de classe C ∞ , mais
n’est solution d’aucune équation différentielle linéaire homogène.
Il est clair que f est de classe C ∞ sur R∗ . On montre aisément par récurrence sur n que ses dérivées sont
de la forme
2
t 7→ P n ( t) e−1/ t ,
où les P n sont des polynômes. Ainsi, pour chaque entier n, f (n) admet une limite en 0 égale à 0. Par le
théorème de prolongement d’une dérivée, f est de classe C ∞ , avec f (n) (0) = 0. Si f était solution d’une
équation différentielle linéaire homogène d’ordre n,
elle vérifierait aussi la condition initiale y(0) = · · · = y(n−1) (0) = 0. Or, d’après le théorème de Cauchy linéaire,
cette équation n’admet qu’une seule solution pour ce problème de Cauchy. Comme 0 est solution et que f
n’est pas identiquement nulle, on obtient une contradiction.
Corollaire 1 (Cas n = 2)
Soit a, b, c ∈ C ( I, K). Le problème de Cauchy
(
x00 + a · x0 + b · x = c
où t 0 ∈ I, x0 , x1 ∈ K
x( t 0 ) = x0 , x0 ( t 0 ) = x1
Exemple
2 00
Résoudre sur I =]0, +∞[ l’équation t x + x = 0
(On pourra chercher du type tα )
p
1± i 3
On trouve α2 − α + 1 = 0, donc α =
2
n o
S HC = t 7−→ α1 e r 1 ln t + α2 e r 2 ln t | α i ∈ C
IV.3 Wronskien
IV.3 Wronskien 31
Définition 7: Wronskien
Soient (ϕ1 , . . . , ϕn ) une famille de fonctions de C n ( I, K). On appelle matrice Wronskienne de la famille
l’application W(ϕ1 ,··· ,ϕn ) : I −→ Mn (K),
ϕ1 ( t) ϕ n ( t)
··· ···
ϕ01 ( t) ··· ··· ϕ0n ( t)
t 7−→ .. ..
. .
··· ···
ϕ(1n−1) ( t) ··· ··· ϕ(nn−1) ( t)
¯ ϕ1 ( t) ϕ n ( t)
¯ ¯
¯ ··· ··· ¯
¯
¯ ϕ0 ( t) ··· ··· ϕ0n ( t) ¯
¯ 1 ¯
t 7−→ ¯¯ .. .. ¯
¯ (n−.1) .
¯
¯ ··· ··· ¯
( n−1) ¯
¯
¯ϕ ( t) ··· ··· ϕn ( t)
1
Remarque :
I −→ ÃM2 (K)
!
Wh1 ,h2 : h 1 ( t) h 2 ( t)
t 7−→
h01 ( t) h02 ( t)
et le Wronskien
¯M2 (K)
I
−→ ¯
wh1 ,h2 : ¯ h ( t ) h ( t )¯
¯ 1 2 ¯
t
7−→
¯ h 1 ( t) h02 ( t)¯
¯ 0 ¯
Preuve:
ϕi
ϕ0i
Pour i ∈ [[1, n]], on pose ψ i = ... Par l’ismorphisme θ la famille (ϕ1 , . . . , ϕn ) est une base de S H n si, et seulement si,
.
( n−1)
ϕi
la famille (ψ1 , . . . , ψn ) est une base de S H
λn
Ou encore
n
λ0i ϕ(ik) = 0
X
∀ k ∈ [[0, n − 2]] ,
i =1
x est solution de (L n ) ⇔ n
0 ( n−1)
X
λi ϕi =b
i =1
IV.3 Wronskien 32
Preuve:
n n n
λ0i ψ i = B
X X X
x= λ i ϕ i est solution de (L n ) si, et seulement si, X = λ i ψ i solution de (L) si, et seulement si,
i =1 i =1 i =1
Corollaire 2 (Cas n = 2)
Soit a, b, c ∈ C ( I, K) et ( h 1 , h 2 ) une base de solutions de l’équation
( H2 ) : x00 + ax0 + bx = 0
Exemple
Résolvons l’équation
et
y00 − 2 y0 + y =
1 + t2
Il s’agit d’une équation différentielle linéaire scalaire d’ordre 2 à coefficients constants, d’équation caracté-
ristique r 2 − 2 r + 1 = 0 de racine double 1.
Solution de l’équation homogène : est de la forme x0 : t 7−→ λ t + β e t , où λ, β ∈ R
¡ ¢
Solution de l’équation complète : Les deux fonctions ϕ1 : t 7−→ e t et ϕ2 : t 7−→ te t forment un système
fondamental de solution de l’équation homogène. Par la variation des constantes, soit y = λϕ1 + βϕ2 ,
avec λ, β ∈ C 1 (R), alors y est solution de l’équation complète si, et seulement si,
λ0 ϕ1 + βϕ2 =0 λ0 e t + β te t =0
e t ⇐⇒ 0 t et
λ0 ϕ0 + βϕ0
1 2 = λ e + β( t + 1) e t =
1 + t2 1 + t2
Par la méthode de Cramer, on trouve
t
1
λ0 ( t) = − = − ln(1 + t2 ) + a
1 + t ⇐⇒ λ( t)
2
1 2 , a, b ∈ R
β0 ( t) =
β( t) = arctan( t) + b
1 + t2
Donc la solution de l’équation complète est
1
µ ¶
y : t 7−→ t arctan( t) − ln(1 + t2 ) + a + bt e t , a, b ∈ R
2
Exemple
1
Résolvons sur ]0, π[ l’équation y00 + y = .
sin3 x
(cos, sin) est un système fondamental de solutions de l’équation homogène, dont le Wronskien
¯ ¯
¯ cos( x) sin( x)¯¯
ω( x ) = ¯ ¯=1
¯
¯− sin( x) cos( x)¯
IV.4 Méthode de Lagrange ou méthode d’abaissement du degré 33
Cette méthode ne présente réellement d’intérêt que pour une équation linéaire d’ordre 2.
x00 + ax0 + bx = c
x
Si ϕ une solution de x00 + ax0 + bx = 0 ne s’annulant pas sur I , on pose z = autrement-dit x = zϕ. On a alors
ϕ
x0 = z0 ϕ + zϕ0
x00 = z00 ϕ + 2 z0 ϕ0 + zϕ00
si bien que
ϕ0 c
µ ¶
y0 + a + 2 y=
ϕ ϕ
Exemple
Résoudre sur R l’équation différentielle
( t2 + 1) y00 − 2 y = t
y2 ( t) = ( t2 + 1) arctan t + t
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 34
Ainsi
S H = t 7−→ λ( t2 + 1) + µ ( t2 + 1) arctan t + t | λ, µ ∈ R
© ¡ ¢ ª
t
On voit y0 : t 7−→ − est une solution particulière, donc
2
S L = t 7−→ λ( t2 + 1) + µ ( t2 + 1) arctan t + t | λ, µ ∈ R
© ¡ ¢ ª
On étudie l’ensemble S des solutions à valeurs complexes de l’équation différentielle linéaire d’ordre n à coeffi-
cients constants
nX
−1
x ( n) + a k x( k ) = 0
k=0
( n)
avec a i ∈ K d’inconnue x ∈ D (R, K).
nX
−1 r
Soit χ = X n + a k X k et χ = ( X − λk )m k sa décomposition primaire
Y
k=0 k=1
Définition 8
nX
−1
Le polynôme χ( X ) = X n + a k X k ∈ K[ X ] est appelé le polynôme caractéristique de l’équation homogène
k=0
nX
−1
( n) ( k)
x + ak x =0
k=0
Remarque :
nX
−1
t 7−→ eλ t est solution de x(n) + a k x(k) = 0 si et seulement si χ(λ) = 0.
k=0
Propriété 18
On suppose que le polynôme caractéristique χ est scindé sur K. Soit λ1 , · · · , λr ses racines distinctes de
multiplicités respectives m 1 , · · · , m r . Alors l’ensemble des solutions de l’équation homogène
( )
r
λk t
S = t ∈ R 7−→ P k ( t) e , avec ∀ k ∈ [[1, r ]] , P k ∈ Km k −1 [ X ]
X
k=1
Preuve:
Considérons l’espace E = C ∞ (R, K) et l’endomorphisme de celui-ci D : x 7−→ x0 . On a
à !
r ¡
Y ¢m
S = Ker χ (D) = Ker D − λk IdE k
¡ ¢
k=1
Donc x ∈ Ker (D − λId)m si, et seulement si, y(m) = 0. Or la solution générale de l’équation y(m) = 0 est
¡ ¢
mX
−1
y= c i ti
i =0
Exemple
Résolvow l’équation
x000 − 3 x00 + 4 x = 0
L’équation caractéristique est X 3 − 3 X 2 + 4 = 0, ce qui s’écrit aussi ( X − 2)2 ( X + 1) = 0. Les racines sont
λ1 = 2 (de multiplicité m 1 = 2 ) et λ2 = −1 (de multiplicité m 2 = 1 ).
La racine λ1 = 2 conduit aux solutions (a + bt) e2 t avec a, b ∈ R
La racine λ2 = −1 conduit aux solutions ce− t avec c ∈ R
L’ensemble des solutions est donc
Remarque :
Quand les coefficients a 0 , · · · , a n−1 sont réels, on s’interésse en général qu’aux solutions à valeurs dans réelles
de l’équation.
m −1
Si λ est racine réelle de χ, cela donne des solutions réelles de la forme t 7−→ eλ t c i t i avec c 0 , · · · , c m−1 ∈
X
i =0
R
Si par contre λ = µ + i ω, où µ et ω sont réels avec ω non nul, alors son conjugué λ = µ − i ω est racine de
χ de même ordre, on obtient les solutions de la forme
m −1 m −1
t 7−→ eµ t cos(ω t) α i t i + eµ t sin(ω t) βi ti
X X
i =0 i =0
Exemple
Cherchons les solutions réelles de l’équation
x000 − 2 x00 − 2 x0 − 3 x = 0
Corollaire 3
Soit a, b, c ∈ K tel que a 6= 0 et soit
ax00 + bx0 + cx = 0 (H)
1. Si l’équation ar 2 + br + c = 0 possède des racines distinctes r 1 6= r 2 et les solutions de (H) sont les
x( t) = λ e r 1 t + µ e r 2 t où λ, µ ∈ K.
2. Si l’équation ar 2 + br + c = 0 possède une racine double r 0 et les solutions de (H) sont les
x( t) = (λ t + µ) e r 0 t où λ, µ ∈ K.
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 36
x( t) = eα t λ cos(β t) + µ sin(β t) où λ, µ ∈ R.
¡ ¢
Propriété 19
nX
−1
L’équation x(n) + a k x(k) = eα t P ( t), où P ∈ K[ X ] et α ∈ K, admet une solution particulière de la forme
k=0
x p : t 7−→ t m Q ( t) eα t où Q est une fonction polynomiale de même degré que P et m est l’ordre de multiplicité
de α vu comme racine de χ
Preuve:
Soit d = deg P, posons a n = 1 et e α : t 7−→ eα t .
Pour Q ∈ Kd +m [X ], on a :
n n k
a k D k (Q e α ) = C ki Q ( i) e(αk− i)
X X X
χ (D) (Q e α ) = ak
k=0 k=0 i =0
n k n Q ( i) Xn k!
C ki Q ( i) α(k− i) e α = α(k− i) e α
X X X
= ak ak
k=0 i =0 i =0 i! k= i (k − i)!
Xn Q ( i ) χ( i ) (α) n Q ( i ) χ( i ) (α)
X
= eα = eα
i =0 i! i=m i!
On pose
n 1
χ( p) (λ)Q ( p) .
X
θ (Q) =
p= m p!
n 1
χ( p) (λ)Q ( p)
X
θ (Q) =
p= m p!
Mais Km−1 [X ] ⊂ Ker (θ ), alors on pose Q le quotient de la division euclidienne de R par X m , on obtient θ X m Q =
¡ ¢
θ (R) = P.
Remarque :
Remarque :
Exemple
Résoudre y00 + y = x + cos 3 x sur I = R.
Equation homogène : L’équation caractéristique est r 2 + 1 = 0. La solution générale de (E.H.) est donc
y = A cos x + B sin x.
Solution particulière à y00 + y = x : y = x convient.
Solution particulière à y00 + y = cos 3 x : En remplaçant y = A cos 3 x + B sin 3 x dans l’équation, on trouve
( A − 9 A ) cos 3 x + (B − 9B) sin 3 x = cos 3 x, donc A = − 81 et B = 0.
1
Conclusion : la solution générale est y = x − cos 3 x + A cos x + B sin x.
8
Exemple
Résoudre les équations différentielles :
2. Équation (E 1 ).
a) On cherche une solution particulière à (E 1 ) sous la forme y0 ( x) = (ax + b) e x . Lorsque l’on injecte y0
dans l’équation (E 1 ), on obtient :
Donc y0 ( x) = (2 x + 3) e x .
b) L’ensemble des solutions de (E 1 ) est (2 x + 3) e x + λ e2 x + µ e3 x | λ, µ ∈ R .
© ª
t2 f 00 ( t) + 3 t f 0 ( t) + 4 f ( t) = t log t.
Donc yp est solution si et seulement si 7ax + 7a + 4 b = x. On trouve après identification des coefficients :
1 −4
a= et b= .
7 49
p p 1 4
y( x) = e− x (a cos 3 x + b sin 3 x) + ( x − ) e x ; a, b ∈ R.
7 7
g00 ( x) + 2 g0 ( x) + 4 g( x) = e2 x f 00 ( e x ) + 2 e x f 0 ( e x ) + 4 f ( e x ) = e x log e x = xe x
1 p p t 4
(a cos ( 3 log t) + b sin ( 3 log t)) + (log t − ) ; a, b ∈ R.
t 7 7
Exemple: R
soudre les équations différentielles suivantes à l’aide du changement de variable suggéré.
1. x2 y00 + x y0 + y = 0, sur ]0; +∞[, en posant x = e t ;
2. (1 + x2 )2 y00 + 2 x(1 + x2 ) y0 + m y = 0, sur R, en posant x = tan t (en fonction de m ∈ R).
1. Puisqu’on cherche y fonction de x ∈]0; +∞[, et que l’application t 7→ e t est bijective de R sur ]0; +∞[, on
peut poser x = e t et z( t) = y( e t ). On a alors t = ln x et y( x) = z(ln x). Ce qui donne :
y( x) = z(ln x) = z( t)
1 0
y0 ( x) = z (ln x) = e− t z0 ( t)
x
1 1
y00 ( x) = − 2 z0 (ln x) + 2 z00 (ln x) = − e−2 t z0 ( t) + e−2 t z00 ( t)
x x
En remplaçant, on obtient donc que
autrement dit, z( t) = λ cos t + µ sin t où λ, µ ∈ R. Finalement, les solutions de l’équation de départ sont
de la forme
y( x) = z(ln x) = λ cos(ln x) + µ sin(ln x)
où λ, µ ∈ R.
2. L’application t 7→ tan t étant bijective de ] − π2 ; π2 [ sur R, on peut poser x = tan t et z( t) = y(tan t). On a
alors t = arctan x et ainsi :
y( x ) = z(arctan x) = z( t)
1
y0 ( x ) = z0 (arctan x)
1 + x2
1
y00 ( x)
¡ 00
z (arctan x) − 2 xz0 (arctan x)
¢
=
(1 + x2 )2
IV.6 Application classique des séries entières 39
En remplaçant, on obtient que z est solution de l’équation différentielle z00 + mz = 0. Pour résoudre
cette équation, on doit distinguer
p
trois
p
cas :
m < 0 : alors z( t) = λ e −mt + µ e− −mt et donc
p p
− m arctan x − m arctan x
y( x ) = λ e + µ e− ,
où λ, µ ∈ R.
Exemple
On cherche des solutions de l’équation
(E ) : x2 y00 + 4 x y0 + (2 − x2 ) y − 1 = 0
On cherche f dérivable en séries entières solution de E de rayon de convergence R non nul, disons f ( x) =
+∞
a n x n Alors f est de classe C ∞ , dérivable terme à terme sur ]−R, R [. Donc :
P
n=0
+∞ +∞ +∞ +∞
n( n − 1)a n x n + 4 na n x n + 2a n x n − a n x n+2 = 1
X X X X
n=2 n=1 n=0 n=0
Exemple
On considère l’équation différentielle y00 + x y0 + y = 1. Chercher l’unique solution de cette équation vérifiant
y(0) = y0 (0) = 0.
Indication : Chercher les solutions développables en séries entières
a n xn
X
f ( x) =
nÊ0
+∞ +∞
x f 0 ( x) na n x n−1 = na n x n
X X
= x
n=1 n=0
+∞ +∞
f 00 ( x) n( n − 1)a n x n−2 = ( n + 2)( n + 1)a n+2 x n .
X X
=
n=2 n=0
IV.6 Application classique des séries entières 40
avec
b n = ( n + 2)( n + 1)a n+2 + ( n + 1)a n .
On sait en outre que a 0 = y(0) = 0 et que a 1 = y0 (0) = 0. On en déduit que tous les termes impairs a 2n+1
sont nuls, puis que, pour les termes pairs
−1 −1 −1
µ ¶ µ ¶ µ ¶
a 2n = × ×···× a2
2n 2n − 2 4
(−1)n+1
= .
2 × 4 × · · · × 2n
On factorise tous les termes qui sont pairs au dénominateur, et on trouve
(−1)n+1
a 2n =
2 n n!
valable pour n Ê 1. Réciproquement, posons
X (−1)n+1 2n
f ( x) = n
x .
nÊ1 2 n!
La série entière qui apparait est de rayon de convergence égal à +∞, la fonction f ainsi définie est
donc de classe C ∞ et, remontant les calculs, elle est solution de l’équation différentielle initiale.
De plus, on peut l’identifier à une fonction classique. En effet,
X 1 − x2 n
µ ¶
f ( x) = − = 1 − exp(− x2 /2).
nÊ1 n ! 2