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Équations différentielles linéaires

EL AMDAOUI Mustapha,
Lycée IBN TIMIYA,
site web: www.elamdaoui.com,
email: elamdaoui@gmail.com

Niveau: MP

Table des matières


I Rappels de sup 2
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
I.2 Problème de raccordement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

II Équations linéaires vectorielles d’ordre 1 14


II.1 Équations linéaires vectorielles d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
II.2 Théorème de Cauchy-lipschitz linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
II.3 Wronskien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
II.4 Variation des constantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

III Équations linéaires à coefficients constants 20


III.1 Étude théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
III.2 Utilisation de valeurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
III.3 Utilisation de changement de bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

IV Équations linéaires (scalaires) d’ordre n 28


IV.1 Equations scalaires d’ordre n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
IV.2 Système différentiel d’ordre un associé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
IV.3 Wronskien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
IV.4 Méthode de Lagrange ou méthode d’abaissement du degré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
IV.6 Application classique des séries entières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Rappels de sup 2

Dans ce chapitre
 K désigne R ou C ;
 I est un intervalle de R d’intérieur non vide ;
 E désigne un espace vectoriel normé de dimension finie n Ê 1 ;
 D ( I, E ) désigne l’ensemble des fonctions dérivables sur I à valeurs dans E ;
 L (E ) désigne l’ensemble des endomorphisme de E ;
 B = ( e j )1É jÉn une base de E ;
 Si u ∈ L (E )(et x ∈ E , on note u.x plutôt que u( x) ;
L (E ) × E −→ E
 Comme B : est bilinéaire, si a ∈ D ( I, L (E )) et si ϕ ∈ D ( I, E ), en notant
( u, x) 7−→ u.x
(
I→E
a.ϕ : ,
t 7→ a( t).ϕ( t)

alors a.ϕ ∈ D ( I, E ) et
(a.ϕ)0 = a0 .ϕ + a.ϕ0

I Rappels de sup

I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1

Rappel :

On appelle équation différentielle (scalaire) linéaire d’ordre 1 définie sur I toute équation de la forme

(L) : x0 = a.x + b

d’inconnue x : I → K, où a, b : I −→ K deux fonctions continues.

 l’équation (H ) : x0 = ax est dite homogène ou sans second membre (associée à (L)).


 Résoudre, ou intégrer, une équation différentielle, c’est trouver toutes les fonctions x : I 7−→ K dérivables
telles que ∀ t ∈ I, x0 ( t) = a( t) x( t) + b ( t)

Exemple

Pour a ∈ C, la solution générale de l’équation x0 = ax est x : t 7−→ λ e at où λ ∈ C

Propriété 1: Régularité des solutions

Si ϕ est solution de (L) : x0 = a( t).x + b( t) (où a et b sont continues sur I ), alors ϕ ∈ C 1 ( I, K).

Prolongement : si a et b sont de classe C k alors ϕ sera de classe C k+1 .

Preuve:
Soit x une solution de (L). La fonction x est dérivable, donc elle est continue sur I et on a :

∀ t ∈ I, x0 (t) = a(t)x(t) + b(t)

La fonction x0 est continue sur I et donc x est de classe C 1

Théorème 1: Cauchy-Lipschitz

Soit a, b : I −→ K deux fonctions continues. Le problème de Cauchy :


(
x0 = a.x + b
où t 0 ∈ I et x0 ∈ K
x ( t 0 ) = x0
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 3

admet une et une seule solution. Une telle solution est donnée par
µ Z t ¶
x( t) = e A ( t) x0 + b ( s ) e − A ( s) d s
t0

Où A est la primitive de a sur I qui s’annule en t 0

Preuve:
Introduisons A la primitive s’annulant en t 0 de la fonction continue a : I 7−→ K
 Unicité : Si x est solution alors
³ ´0 ¡
x(t)e− A ( t) = x0 (t) − a(t)x(t) e− A ( t) = b(t)e− A ( t)
¢

donc t 7−→ x(t)e− A ( t) est de classe C 1 et


Z t
x(t)e− A ( t) = x(t 0 ) + b(s)e− A (s) ds
t0

Puis µ Z t ¶
x(t) = e A ( t) x0 + b(s)e− A (s) ds
t0
 Existence : La fonction définie par µ Z t ¶
x : t 7−→ e A ( t) x0 + b(s)e− A (s) ds
t0
est bien solution.

Exemple
Soit a, b : R → R deux fonctions continues avec a impaire et b paire. Montrer que l’équation différentielle

( E ) y0 ( t ) + a ( t ) y( t ) = b ( t )

admet une unique solution impaire.

Il y a deux clés pour résoudre cet exercice :


 toute fonction impaire vaut 0 en 0 ;
 L’équation différentielle (E ) admet une unique solution y0 vérifiant y0 (0) = 0.
Ceci montre déjà l’unicité : s’il y a une fonction y impaire solution de (E ), elle vérifie y(0) = 0 et doit donc
être égale à y0 . Réciproquement, on doit prouver que y0 est impaire. On va poser z( t) = − y0 (− t). z est
solution de (E ). En effet,

z0 ( t) + a( t) z( t) = y00 (− t) − a( t) y0 (− t) = y00 ( t) + a(− t) y0 ( t) = b(− t) = b( t),

car y0 est solution de (E ), a est impaire et b est paire. z est donc solution de (E ), et satisfait de plus z(0) = 0.
Ainsi, par unicité au problème de Cauchy, z est égale à y0 , et donc y0 est impaire.

Propriété 2: Structure de l’ensemble de solution

Notons S L et S H les ensembles de solutions respectifs de (L) et ( H )


1. S H est une droite vectorielle de C 1 ( I, K) engendrée par

t 7−→ e A ( t)

où A désigne une primitive de la fonction continue a.


2. S L est un sous-espace affine de C 1 ( I, K) de direction S H

Preuve:
1. On sait déjà que S H est un espace vectoriel. L’application S H −→ K, ϕ 7−→ ϕ(t 0 ) est visiblement linéaire et le théorème
de Cauchy Lipschitz assure que cette application est bijective (puisque pour tout x0 ∈ K, il existe une unique solution
définie sur I vérifiant ϕ(t 0 ) = y0 ). L’application en question est donc un isomorphisme d’espaces vectoriels et les deux
espaces vectoriels ont donc même dimension.
¡ ¢
2. Par le théorème de Cauchy-Lipchitz linéaire S L 6= ;, et considérons x p ∈ S L Alors x ∈ S L ⇐⇒ x − x p ∈ S H . On a en
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 4

effet : x0p = a(t)x p + b Donc


¡ ¢0 ¡ ¢
x ∈ SL ⇐⇒ x − x p = a. x − x p

Donc S L = x p + S H

Exemple
2
Prouver que toute solution de l’équation différentielle y0 + e x y = 0 admet une limite nulle en +∞.

On sait que toute solution s’écrit sous la forme


Z x 2
A ( x)
y( x) = ke avec A ( x) = − e t dt.
0

t2
Or, pour t Ê 0, on a e Ê 1 d’où l’on déduit que pour x Ê 0,
Z x Z x
2
e t dt Ê 1 = x.
0 0

On en déduit que A ( x) tend vers −∞ quand x tend vers +∞ et donc par composition et produit que y( x)
tend vers 0 lorsque x tend vers +∞.

Exemple: S
it a un réel non nul. Soit f continue sur R et périodique de période T 6= 0. Montrer que l’équation différen-
tielle y0 + a y = f admet une et une seule solution périodique sur R, de période T .

On sait que les solutions sur R de l’équation proposée sont les fonctions de la forme :
Z x
g : x 7→ λ e−ax + e−ax e at f ( t) dt, λ ∈ R.
0
R x+ T
Dans ce cas, pour x ∈ R, g( x + T ) = λ e−a( x+T ) + e−a( x+T ) 0 e at f ( t) dt. Or,

Z x+ T Z x Z x+ T Z x Z T
at at at at
e f ( t) dt = e f ( t) dt + e f ( t) dt = e f ( t) dt + e a(u+T ) f ( u + T ) du
0 0 x 0 0
Z x Z T
= e at f ( t) dt + e aT e au f ( u) du.
0 0

Donc,

Z x Z T
− a( x+ T ) − a( x+ T ) at −ax
g( x + T ) = λ e +e e f ( t) dt + e e au f ( u) du
0 0
Z T
= λ e − a( x+ T ) + e − a( x+ T ) e at f ( t) dt + g( x) − λ e−ax .
0

Par suite,

Z T
g est T -périodique ⇔ ∀ x ∈ R, λ e−a( x+T ) + e−a( x+T ) e at f ( t) dt − λ e−ax = 0
0
T e−aT T
Z Z
⇔ λ(1 − e−aT ) = e−aT e at f ( t) dt ⇔ λ = e at f ( t) dt
0 1 − e−aT 0

( e−aT 6= 1 car a 6= 0 et T 6= 0). D’où l’existence et l’unicité d’une solution T -périodique :

e−aT T x
Z Z
at −ax −ax
∀ x ∈ R, g ( x ) = e f ( t) dte +e e at f ( t) dt.
1 − e−aT 0 0

Propriété 3: Principe de superposition

Soit a : I → K continue et soit ( b i )m


i =1
une famille des applications continues de C ( I, K) et x i une solution
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 5

de l’équation
(L i ) : x0 = a.x + b i
m
X m
X
Alors x i est une solution particulière de x0 = a.x + b avec b = bi
i =1 i =1

Preuve:
m
x i est de C 1 sur I comme somme de fonctions de C 1 sur I et
X
x=
i =1

m m ¡
x0 x0i =
X X ¢
= ax i + b i
k=1 k=1
m
X m
X
= a xi + bi
k=1 k=1
= ax + b

Théorème 2: Variation de la constante

Soit λ ∈ C 1 ( I, K), alors x : t 7−→ λ( t) e A ( t) est une solution de l’équation (L) si, et seulement si,

λ0 ( t) = b( t) e− A ( t)

Preuve:
x : t 7−→ λ(t)e A ( t) est de C 1 sur I et

x0 (t) = λ0 (t)e A ( t) + a(t)λ(t)e A ( t) = a(t)x(t) + λ0 (t)e A ( t)

Donc x est solution de (L) si, et seulement si, λ0 (t)e A ( t) = b(t) si, et seulement si, λ0 (t) = b(t)e− A ( t)

Exemple
Résolvons sur R, l’équation
(L) : (1 + t2 ) y0 + 2 t y = 1

Puisque ∀ t ∈ R, on a 1 + t2 6= 0, alors

2t 1
(L) : (1 + t2 ) y0 + 2 t y = 1 ⇐⇒ y0 = − y+
1 + t2 1 + t2
(L) est équivalente à une équation différentielle linéaire d’ordre 1 définie sur R.
2t
 Solution de l’équation homogène : y0 = − y.
1 + t2
On a
2t
Z
− d t = − ln(1 + t2 ) + cte
1 + t2
Donc les solutions de l’équation homogène sont de la forme

2 λ
y0 : t 7−→ λ e− ln(1+ t ) = , avec λ ∈ R
1 + t2
2 λ
 Solution de l’équation complète : Par la variation de la constante y : t 7−→ λ e− ln(1+ t ) = , avec
1 + t2
λ ∈ C 1 (R), est solution de l’équation complète si, et seulement si,

1 2
λ0 ( t) = .eln(1+ t ) = 1 ⇐⇒ λ( t) = t + α
1 + t2
Donc les solutions de l’équation complète sont de la forme
2 t+α
y : t 7−→ λ e− ln(1+ t ) = , avec α ∈ R
1 + t2

Exemple

Soit f ∈ C 1 (R) telle que : f ( x) + f 0 ( x) −−−−−→ 0. Montrer que f ( x) −−−−−→ 0.


x→+∞ x→+∞
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 6

On pose g = f + f 0 . Alors f est solution de l’équation différentielle f + f 0 = g. On résout cette équation.


L’équation homogène est f 0 + f = 0 dont la solution générale est donnée par λ e− x . On résout l’équation avec
second membre par la méthode de variation de la constante : en posant f ( x) = λ( x) e− x , on trouve

λ0 ( x) e− x = g( x),

et une solution particulière est donnée par


Z x
−x
f 0 ( x) = e g( t) e t dt.
0

0
Finalement, toute fonction f vérifiant f + f = g s’écrit
Z x
−x −x
f ( x) = λ e +e g( t) e t dt.
0
Rx
Pour montrer que f tend vers 0 en +∞, il suffit de prouver que e− x 0 g( t) e t dt tend vers 0 lorsque x tend
vers +∞. Pour cela, on va utiliser que g tend vers 0 en +∞, et on va couper l’intégrale en 2. Soit ε > 0. Il
RA
existe A > 0 tel que, pour t > A , on a | g( t)| É ε. Soit M = 0 | g( t) e− t | dt et soit B Ê A tel que, pour x Ê B, on a
e− x M É ε. Alors, pour tout x Ê b, il vient
x A x
¯ Z ¯ Z Z
¯ −x
g( t) e− t dt¯¯ e− x | g( t) e− t | dt + e− x | g( t)| e− t dt
¯
¯e É
¯
0 0 A
Z x
−x −x
É e M+e ε e− t dt
A
É 2ε.

On a bien prouvé que lim+∞ f = 0.

Exemple: R
soudre les équations différentielles suivantes en trouvant une solution particulière par la méthode de
variation de la constante :
1. y0 − (2 x − 1x ) y = 1 sur ]0; +∞[
2. y0 − y = x k exp( x) sur R, avec k ∈ N
3. x(1 + ln2 ( x)) y0 + 2 ln( x) y = 1 sur ]0; +∞[

1. y0 − (2 x − 1x ) y = 1 sur ]0; +∞[


a) Résolution de l’équation homogène y0 − (2 x − 1x ) y = 0.
Une primitive de a( x) = 2 x − 1x est A ( x) = x2 − ln x, donc les solutions de l’équation homogène sont
les y( x) = λ exp( x2 − ln x) = λ 1x exp( x2 ), pour λ une constante réelle quelconque.
b) Recherche d’une solution particulière.
Nous allons utiliser la méthode de variation de la constante pour trouver une solution particulière
à l’équation y0 − (2 x − 1x ) y = 1. On cherche une telle solution sous la forme y0 ( x) = λ( x) 1x exp( x2 ) où
x 7→ λ( x) est maintenant une fonction.
On calcule d’abord
1 1
µ ¶
y00 ( x) = λ0 ( x) exp( x2 ) + λ( x) − 2 + 2 exp( x2 )
x x
Maintenant :
1
y0 est solution de y0 − (2 x + ) y = 1
x
0 1
⇐⇒ y0 − (2 x − ) y0 = 1
x
1 1 1
µ ¶
⇐⇒ λ ( x) x exp( x2 ) + λ( x) − 2 + 2 exp( x2 ) − (2 x − )λ( x) exp( x2 ) = 1
0
x x x
1
⇐⇒ λ0 ( x) exp( x2 ) = 1 cela doit se simplifier !
x
⇐⇒ λ0 ( x) = x exp(− x2 )
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 7

Ainsi on peut prendre λ( x) = − 12 exp( x2 ), ce qui fournit la solution particulière :


1 1 1 1
y0 ( x) = λ( x) exp( x2 ) = − exp(− x2 ) exp( x2 ) = −
x 2 x 2x
Pour se rassurer, on n’oublie pas de vérifier que c’est bien une solution !
c) Solution générale.
L’ensemble des solutions s’obtient par la somme de la solution particulière avec les solutions de
l’équation homogène. Autrement dit, les solutions sont les :
1 1
y( x ) = − + λ exp( x2 ) (λ ∈ R).
2x x
2. y0 − y = x k exp( x) sur R, avec k ∈ N
a) Résolution de l’équation homogène y0 − y = 0.
Les solutions de l’équation homogène sont les y( x) = λ exp( x), λ ∈ R.
b) Recherche d’une solution particulière.
On cherche une solution particulière sous la forme y0 ( x) = λ( x) exp( x) où x 7→ λ( x) est maintenant
une fonction.
Comme y00 ( x) = λ0 ( x) exp( x) + λ( x) exp( x) alors

y0 est solution de y0 − y = x k exp( x)


⇐⇒ λ0 ( x) exp( x) + λ( x) exp( x) − λ( x) exp( x) = x k exp( x)
⇐⇒ λ0 ( x) exp( x) = x k exp( x)
⇐⇒ λ0 ( x) = x k
x k+1
On fixe λ( x) = k+1 , ce qui conduit à la solution particulière :

x k+1
y0 ( x) = exp( x)
k+1
c) Solution générale.
L’ensemble des solutions est formé des
x k+1
y( x ) = exp( x) + λ exp( x) (λ ∈ R).
k+1
3. x(1 + ln2 ( x)) y0 + 2 ln( x) y = 1 sur ]0; +∞[
Le coefficient de y0 ne s’annule pas sur ]0; +∞[, l’équation peut donc se mettre sous la forme
2 ln x 1
y0 + 2
y=
x(1 + ln ( x)) x(1 + ln2 ( x))
a) Les solutions de l’équation homogène associée sont les y( x) = λ e A ( x) , où A est une primitive de
a( x) = − 2 ln 2x et λ ∈ R. On peut donc choisir A ( x) = − ln( u( x)) avec u( x) = 1 + ln2 ( x). Les solutions
x(1+ln ( x))
2 λ
de l’équation sont les y( x) = λ e− ln(1+ln ( x)) = .
1 + ln2 ( x)
b) Utilisons la méthode de variation de la constante pour trouver une solution particulière de l’équation
avec second membre. On cherche y0 ( x) = λ( x2) , avec λ une fonction dérivable. Or z( x) = 1
est
1+ln ( x) 1+ln2 ( x)
solution de l’équation homogène et y0 ( x) = λ( x) z( x) :

y0 est solution
2 ln x 1
⇐⇒ y00 + 2
y0 =
x(1 + ln ( x)) x(1 + ln2 ( x))
2 ln x 1
· ¸
0 0
⇐⇒ λ ( x) z( x) + λ( x) z ( x) + 2
z ( x) =
x(1 + ln ( x)) x(1 + ln2 ( x))
| {z }
=0
λ0 ( x) 1
⇐⇒ =
1 + ln2 ( x) x(1 + ln2 ( x))
1
⇐⇒ λ0 ( x) =
x
ln x
On peut donc choisir λ( x) = ln x, ce qui donne la solution particulière y0 ( x) = .
1+ln2 ( x)
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 8

c) Les solutions sont obtenues en faisant la somme de cette solution particulière et des solutions de
l’équation homogène : ce sont les

ln x + λ
y( x ) = (λ ∈ R)
1 + ln2 ( x)

Propriété 4: Reste Polynôme-Exponentielle

On se place dans le cas a ∈ K et le second membre est exponentielle-polynôme b : t 7−→ P ( t) eα t où P est une
fonction polynomiale et α ∈ K. Alors l’équation

x0 = ax + P ( t) eα t

admet une solution particulière de la forme x p ( t) = Q ( t) eα t où Q est une fonction polynomiale.


 Si a = α, alors deg Q = deg(P ) + 1 ( Plus précisement Q est une primitive de P )
 Si a 6= α, alors deg Q = deg P

Exemple

Résolvons sur R de l’équation y0 + 2 y = 2 xe x + e−2 x qui s’annule en 0

 Les solutions sur R de l’équation homogène y0 + 2 y = 0 sont toutes les fonctions x 7→ λ e−2 x (λ ∈ R).
 Cherchons une solution particulière de y0 + 2 y = xe x (E 1 ).
Vu que 1 6= −2 est le coefficient de x dans e x , on cherche une solution particulière sous la forme
y1 : x 7→ (ax + b) e x , où a, b ∈ R. On a alors :

y10 + 2 y1 = ((3a − 1) x + (a + 3 b)) e x

1

 a=
( 
3a − 1 = 1 3
Pour que y1 soit solution de (E 1 ), il suffit que : c’est-à-dire 1
a + 3b = 0  b=−

9
3x − 1 x
Ainsi, y1 : x 7→ e est une solution particulière de (E 1 ).
9
 Cherchons une solution particulière de y0 + 2 y = e−2 x (E 2 ).
Vu le coefficient de x dans e−2 x , on cherche une solution particulière sous la forme y2 : x 7→ (ax + b) e−2 x ,
où a, b ∈ R. On a donc :
y20 + 2 y2 = ae−2 x

Pour que y2 soit solution de (E 2 ), il suffit que a = 1.


Ainsi, y2 : x 7→ xe−2 x est une solution particulière de (E 2 ).
Via le principe de superposition, la solution générale de l’équation est

3x − 1 x
x 7→ ( x + λ) e−2 x + e , (λ ∈ R)
9
1
L’unique solution nulle en 0 est obtenue pour λ =
9

Exemple: Équtions de Bernoulli et de Riccati

1. Équation de Bernoulli
a) Montrer que l’équation de Bernoulli

y0 + a ( x ) y + b ( x ) y n = 0 n∈Z n 6= 0, n 6= 1

se raméne à une équation linéaire par le changement de fonction z( x) = 1/ y( x)n−1 .


b) Trouver les solutions de l’équation x y0 + y − x y3 = 0.
2. Équation de Riccati
a) Montrer que si y0 est une solution particuliére de l’équation de Riccati

y0 + a ( x ) y + b ( x ) y2 = c ( x )

alors la fonction définie par u( x) = y( x) − y0 ( x) vérifie une équation de Bernoulli (avec n = 2).
I.1 Équations linéaires scalaires d’ordre 1 9

1
b) Résoudre x2 ( y0 + y2 ) = x y − 1 en vérifiant d’abord que y0 ( x) = x est une solution.

1. Équation de Bernoulli
a) On suppose qu’une solution y ne s’annule pas. On divise l’équation y0 + a( x) y + b( x) yn = 0 par yn , ce
qui donne
y0 1
+ a( x) n−1 + b( x) = 0.
yn y
1 y0
On pose z( x) = yn−1
et donc z0 ( x) = (1 − n) yn . L’équation de Bernoulli devient une équation différen-
tielle linéaire :
1 0
1− n z + a( x) z + b( x) = 0

b) Équation x y0 + y − x y3 = 0.
Cherchons les solutions y qui ne s’annulent pas. On peut alors diviser par y3 pour obtenir :

y0 1
x 3
+ 2 −x=0
y y

1 y0 ( x ) −1
On pose z( x) = y2 ( x)
, et donc z0 ( x) = −2 y( x)3 . L’équation différentielle s’exprime alors 0
2 xz + z − x = 0,
c’est-à-dire :
xz0 − 2 z = −2 x.

Les solutions sur R de cette derniére équation sont les


(
λ+ x2 + 2 x si x Ê 0
z ( x) = , λ+ , λ− ∈ R
λ− x2 + 2 x si x < 0

1
Comme on a posé z( x) = y2 ( x )
, on se retreint à un intervalle I sur lequel z( x) > 0 : nécessairement
0 ∉ I , donc on considére z( x) = λ x2 + 2 x, qui est strictement positif sur I λ où

]0;

 +∞[ si λ = 0
I λ = 0; − λ2 si λ < 0
¤ £

2
si λ > 0

¤ £
−∞; − λ ou ]0; +∞[

On a ( y( x))2 = z(1x) pour tout x ∈ I λ et donc y( x) = ε( x) p 1 , où ε( x) = ±1. Or y est continue sur


z ( x)
l’intervalle I λ , et ne s’annule pas par hypothése : d’aprés le théoréme des valeurs intermédiaires, y
ne peut pas prendre à la fois des valeurs strictement positives et des valeurs strictement négatives,
donc ε( x) est soit constant égal à 1, soit constant égal à −1. Ainsi les solutions cherchées sont les :

1 −1
y( x) = p ou y( x) = p sur I λ (λ ∈ R)
λ x2 + 2 x λ x2 + 2 x

Noter que la solution nulle est aussi solution.


2. Équation de Riccati
a) Soit y0 une solution de y0 + a( x) y + b( x) y2 = c( x). Posons u( x) = y( x) − y0 ( x), donc y = u + y0 . L’équation
devient :
u0 + y00 + a( x)( u + y0 ) + b( x)( u2 + 2 u y0 + y02 ) = c( x)

Comme y0 est une solution particuliére alors

y00 + a( x) y0 + b( x) y02 = c( x)

Et donc l’équation se simplifie en :

u0 + a( x) + 2 y0 ( x) b( x) u + b( x) u2 = 0
¡ ¢

qui est une équation du type Bernoulli.


b) Équation x2 ( y0 + y2 ) = x y − 1.
 Aprés division par x2 c’est bien une équation de Riccati sur I =] − ∞; 0[ ou I =]0; +∞[.
 y0 = 1x est bien une solution particuliére.
I.2 Problème de raccordement 10

 On a u( x) = y( x) − y0 ( x) et donc y = u + 1x . L’équation x2 ( y0 + y2 ) = x y − 1 devient

1 u 1 1
µ ¶ µ ¶
2 0 2
x u − 2 +u +2 + 2 = x u+ −1
x x x x

qui se simplifie en ³ u´
x2 u 0 + u 2 + 2 = xu
x
ce qui correspond à l’équation de Bernoulli :

1
u0 + u + u2 = 0.
x
u0
 Si u ne s’annule pas, en divisant par u2 , cette équation devient + 1x u1 + 1 = 0. On pose z( x) = u1 ,
u2
l’équation devient − z0 + 1x z + 1 = 0. Ses solutions sur I sont les z( x) = λ x + x ln | x|, λ ∈ R. Ainsi
u( x) = z(1x) = λ x+ x1ln | x| mais il y a aussi la solution nulle u( x) = 0.
 Conclusion. Comme y = u + 1x , on obtient alors des solutions de l’équation de départ sur ] − ∞; 0[
et ]0; +∞[ :
1 1 1
y( x ) = ou y( x) = + (λ ∈ R).
x x λ x + x ln | x|

I.2 Problème de raccordement

Propriété 5: Prolongement par dérivabilité

Si f : I −→ R une fonction continue sur I et de classe C 1 sur I \ { t 0 }


 Si lim f 0 ( x) = ` ∈ R, alors f est de classe C 1 sur I et f 0 ( t0 ) = `
t0
 Si lim f 0 ( x) = +∞ ( ou −∞ ), alors f n’est pas dérivable en t0 , mais y présente une tangente verticale
t0

Preuve:
f (t 0 + h) − f (t 0 )
Supposons que lim f 0 (x) = ` ∈ R. On étudie le taux de variation .
t0 h
 Cas t0 est intérieur à I :
• Pour h > 0 tel que t 0 + h ∈ I, en appliquant le théorème des accroissements finis entre t 0 et t 0 + h, il existe c h compris
strictement entre t 0 et t 0 + h tel que
f (t 0 + h) − f (t 0 )
= f 0 (c h )
h
Donc
f (t 0 + h) − f (t 0 )
= f 0 (c h ) −−−−→ `
h h →0
car c h → 0 par encadrement. On en déduit que f d0 (t 0 ) = `
• L’étude est analogue lorsque h < 0.
 Cas t0 est extrémité de I : Une seule des deux études précédentes suffit pour conclure.

Problème de raccordement :
Soit a, b, c : I −→ K continues. On étudie l’équation différentielle

(E ) : ax0 + bx = c

b c
 Si a ne s’annule pas sur I , alors l’équation (E ) équivaut x0 = α x + β où α = − et β =
a a
 Si a s’annule sur I
• On commence par résoudre (E ) sur les plus grands intervalles J ⊂ I sur le quels a ne s’annule pas ;
• on procède ensuite au raccord des solutions aux points où a s’annule
Pour raccorder les solutions en un point t 0 où a s’annule :
• on exprime les solutions à gauche et à droite de t 0 ;
• on étudie s’il est possible de construire une solution prolongeable par continuité en t 0 ;
• on étudie si ce prolongement est dérivable et t 0 ;
• on vérifie que l’équation différentielle est satisfaite en t 0 .
I.2 Problème de raccordement 11

Exemple
Déterminer les solutions sur R de l’équation différentielle suivante :

(1 − t) y0 − y = t

On résout l’équation sur chacun des intervalles ]1, +∞[ et ] − ∞, 1[.


 Les solutions de l’équation homogène associée, sur ]1, +∞[, sont les fonctions de la forme
λ
t 7→ , λ ∈ R.
1− t
On résout ensuite l’équation générale par la méthode de variation de la constante. En posant y( t) =
λ( t)
, on trouve
1− t
t2
λ0 ( t) = t ⇐⇒ λ( t) = +α
2
On a donc prouvé qu’une fonction y est solution sur ]1, +∞[ de l’équation si et seulement s’il existe une
λ + t2
constante λ ∈ R telle que y( t) = .
2(1 − t)
 On résout de même l’équation sur ] − ∞, 1[.
Considérons maintenant y une solution sur R de l’équation. Alors il existe deux constantes λ et µ telles
que
λ + t2

si t > 1



y( t) = 2(1 − t)
 µ + t2

 si t < 1.
2(1 − t)
 Pour que y soit continue en 1, puisque 1 − t → 0 lorsque t tend vers 1, il est nécessaire que λ + t2 → 0
lorsque t → 1, soit λ = −1. De même, on doit avoir µ = −1. Ainsi, si y est solution sur R, pour t 6= 1, elle
s’écrit
t2 − 1 1
y( t ) = = − (1 + t).
2(1 − t) 2
Cette fonction se prolonge par continuité en 1, et on vérifie aisément qu’elle est solution de l’équation.
Dans ce cas, l’ensemble des solutions est un espace affine de dimension 0.

Exemple: R

soudre l’équation différentielle (1 − x2 ) y0 − 2 x y = x2 sur chacun des intervalles I suivants : I =]1, +∞[,
I =] − 1, 1[, I =] − 1, +∞[, I = R.

L’équation différentielle à résoudre dans cet exercice est linéaire du premier ordre. On note (E ) l’équation
différentielle proposée et (E H ) l’équation homogène associée.
2
 Soit I l’un des deux intervalles ] − 1, 1[ ou ]1, +∞[. Les fonctions x 7→ 1−−2xx2 et x 7→ 1−x x2 sont continues sur
I et on sait que les solutions de (E ) sur I sont de la forme f 0 + λ f 1 où f 0 est une solution particulière
de (E ) et f 1 est une solution particulière non nulle de (E H ).
Résolution de (E ) sur I . Soit f une fonction dérivable sur I .

f solution de (E ) sur I ⇔ ∀ x ∈ I, (1 − x2 ) f 0 ( x) − 2 x f ( x) = x2
x3
⇔ ∀ x ∈ I, ((1 − x2 ) f )0 ( x) = x2 ⇔ ∃λ ∈ R/ ∀ x ∈ I, (1 − x2 ) f ( x) = +λ
3
x3 + λ
⇔ ∃λ ∈ R/ ∀ x ∈ I, f ( x) = ,
3(1 − x2 )

(en renommant λ la constante 3λ).


 Si I =] − 1, +∞[.
Soit f une éventuelle solution de (E ) sur I . Les restrictions de f à ] − 1, 1[ et ]1, +∞[ sont encore solution
de (E ) et donc de la forme précédente. Par suite, nécessairement, il existe deux constantes λ1 etλ2
x3 +λ1 x3 +λ2
telles que, pour −1 < x < 1, f ( x) = 3(1 − x2 )
et pour x > 1, f ( x) = 3(1 − x2 )
. Enfin, l’équation impose f (1) = − 12 .
En résumé, une éventuelle solution de (E ) sur I est nécessairement de la forme :
I.2 Problème de raccordement 12

x3 +λ1



 3(1− x2 )
si − 1 < x < 1
∀ x > −1, f ( x) = − 12 si x = 1 .
x3 +λ2



3(1− x2 )
si x > 1

Réciproquement, f ainsi définie, est dérivable sur ] − 1, 1[ et solution de (E ) sur ] − 1, 1[, dérivable sur
]1, +∞[ et solution de (E ) sur ]1, +∞[ et, si f est dérivable en 1, f vérifie encore (E ) pour x = 1. Donc, f
est solution de (E ) sur ] − 1, +∞[ si et seulement si f est dérivable en 1.
Pour −1 < x < 1,

x3 +λ1
f ( x) − f (1) 3(1− x2 )
+ 12 2 x3 + 2λ1 + 3(1 − x2 )
= =
x−1 x−1 6(1 − x2 )( x − 1)
Quand x tend vers 1 par valeurs inférieures, le dénominateur de la fraction tend vers 0 et le numérateur
tend vers 2(1 + λ1 ). Donc, si λ1 6= −1, f n’est pas dérivable à gauche en 1. De même, si λ2 n’est pas −1,
f n’est pas dérivable à droite en −1. Ainsi, si f est solution de (E ) sur I , nécessairement λ1 = λ2 = −1.
Dans ce cas, pour x ∈] − 1, +∞[\{1},

x3 − 1 ( x − 1)( x2 + x + 1) x2 + x + 1
f ( x) = = = − ,
3(1 − x2 ) 3(1 − x)(1 + x) 3( x + 1)
ce qui reste vrai pour x = 1. Ainsi, si f est une solution de (E ) sur ] − 1, +∞[, nécessairement pour
2
x > −1, f ( x) = − x3(+x+x+1)1 . Réciproquement, f ainsi définie est dérivable sur ] − 1, +∞[ et en particulier en
1. f est donc solution de (E ) sur ] − 1, +∞[.
2
Sur ] − 1, +∞[, (E ) admet une et une seule solution à savoir la fonction x 7→ − x3(+x+x+1)1 .
 Si I = R, soit f une éventuelle solution de (E ) sur R. La restriction de f à ] − 1, +∞[ est nécessairement
la fonction précédente. Mais cette fonction tend vers −∞ quand x tend vers −1 par valeurs supérieures.
Donc f ne peut être continue sur R et (E ) n’a pas de solution sur R.

Exemple: P
ur les équations différentielles suivantes, trouver les solutions définies sur R tout entier :
1. x2 y0 − y = 0 (E 1 )
2. x y0 + y − 1 = 0 (E 2 )

1. x2 y0 − y = 0 (E 1 )
Pour se ramener à l’étude d’une équation différentielle de la forme y0 + a y = b, on résout d’abord sur
les intervalles où le coefficient de y0 ne s’annule pas : on se place donc sur ] − ∞; 0[ ou ]0; +∞[.

a) Résolution sur ] − ∞; 0[ ou ]0; +∞[.


Sur chacun de ces intervalles, l’équation différentielle se réécrit

1
y0 − y=0
x2
qui est une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 1 à coefficients non constants. Ses
solutions sont de la forme y( x) = λ e−1/ x (en effet, sur ] − ∞; 0[ ou ]0; +∞[, une primitive de x12 est −x1 ).
b) Recollement en 0.
Une solution y de (E 1 ) sur R doit être solution sur ] − ∞; 0[ et ]0; +∞[, il existe donc λ+ , λ− ∈ R tels
que (
λ+ e−1/ x si x > 0
y( x ) =
λ− e−1/ x si x < 0

Il reste à voir si l’on peut recoller les deux expressions pour obtenir une solution sur R : autrement
dit, pour quels choix de λ+ , λ− la fonction y se prolonge-t-elle en 0 en une fonction dérivable vérifiant
(E 1 ) ?
 e−1/ x −−−−→−
+∞ et e−1/ x −−−−→ 0, donc y est prolongeable par continuité en 0 si et seulement si
x→ 0 x→ 0+
λ− = 0 . On peut alors poser y(0) = 0 , quel que soit le choix de λ+ .
I.2 Problème de raccordement 13

 Pour voir si la fonction ainsi prolongée est dérivable en 0, on étudie son taux d’accroissement :

y( x)− y(0) λ+ e−1/ x

 pour x > 0, x−0 = x = −λ+ ( −x1 ) e−1/ x −−−−→ 0
x→ 0+

y( x)− y(0)

 pour x < 0, = 0 −−−−→ 0


x−0 −
x→ 0

Ainsi la fonction y est dérivable en 0 et y0 (0) = 0 .


 Par construction, l’équation différentielle (E 1 ) est satisfaite sur R∗ . Vérifions qu’elle est égale-
ment satisfaite au point x = 0 : 02 · y0 (0) − y(0) = − y(0) = 0.
c) Conclusion.
Finalement, les solutions sur R sont exactement les fonctions suivantes :
(
λ e−1/ x si x > 0
y( x) = (λ ∈ R)
0 si x É 0

2. x y0 + y − 1 = 0 (E 2 )
Pour se ramener à l’étude d’une équation différentielle de la forme y0 + a y = b, on résout d’abord sur
les intervalles où le coefficient de y0 ne s’annule pas : on se place donc sur I =] − ∞; 0[ ou I =]0; +∞[.

a) Résolution sur I .
Sur l’intervalle I , l’équation différentielle se réécrit

1 1
y0 + y=
x x
qui est une équation différentielle linéaire d’ordre 1 à coefficients non constants.
 Pour l’équation homogène y0 + 1x y = 0 une primitive de − 1x sur I , est − ln | x|. Les solutions de
l’équation homogène sont donc les λ e− ln | x| = λ |1x| . Quitte à changer λ en −λ si I =] − ∞; 0[, on
peut écrire les solutions de l’équation homogène sous la forme y( x) = λ 1x .
 Pour trouver les solutions de l’équation avec second membre, on applique la méthode de variation
de la constante en cherchant y( x) = λ( x) 1x : en remplaçant, on voit que y est solution sur I si
et seulement si λ0 ( x) = 1. En intégrant, on obtient λ( x) = x. Une solution particulière en donc
y0 ( x) = 1.
 Sur I les solutions de (E 2 ) sont les y( x) = 1 + λx où λ est un paramètre réel.
b) Recollement en 0.
Une solution y de (E 2 ) sur R doit être solution sur ] − ∞; 0[ et ]0; +∞[, il existe donc λ+ , λ− ∈ R tels
que
1 + λx+ si x > 0
(
y( x ) =
1 + λx− si x < 0
Il reste à voir si l’on peut recoller les deux expressions pour obtenir une solution sur R. On voit tout
de suite que y a une limite (finie) en 0 si et seulement si λ+ = λ− = 0 . Dans ce cas, on peut alors
poser y(0) = 1 et y est la fonction constante égale à 1, qui est bien sûr dérivable sur R. De plus,
(E 2 ) est bien satisfaite au point x = 0.
c) Conclusion.
Finalement, (E 2 ) admet sur R une unique solution, qui est la fonction constante égale à 1.
Équations linéaires vectorielles d’ordre 1 14

II Équations linéaires vectorielles d’ordre 1

II.1 Équations linéaires vectorielles d’ordre 1

Définition 1: Équation différentielle linéaire du premier ordre

On appelle équation différentielle linéaire du premier ordre, définie sur I et à valeurs dans E , toute
équation du type :
(L) : x0 = a.x + b

où a ∈ C I, L (E ) et b ∈ C ( I, E ) d’inconuue x : t ∈ I 7−→ x( t) ∈ E fonction dérivable sur I .


¡ ¢

On appelle équation homogène associée à (L) l’équation différentielle :

(H ) : x0 = a.x

Remarque :

Les endomrophismes de K sont les applications x 7−→ ax ou a ∈ K

Définition 2: Système différentiel linéaire

Aux applications a et b sont associées les applications A : I 7−→ M n (K) et B : I 7−→ M n,1 (K), où, pour tout
t ∈ I , A ( t) et B( t) sont les matrices de a( t) et b( t) dans la base B .
 L’équation (L) équivaut à l’équation matricielle

X0 = AX + B

dont les inconnues X sont à valeurs dans M n,1 (K).


 En notant a i, j ( t) les coefficients de la matrice A ( t), b i ( t) ceux de la colonne B( t) et x i ( t) ceux de la
colonne X ( t), l’équation (L) équivaut au système différentiel
 n
X

 x0 = a 1, j ( t) x j ( t) + · · · + a 1,n ( t) xn + b 1 ( t)
 1


j =1
..



 .
x0n = a n,1 ( t) x1 + · · · + a n,n ( t) xn + b n ( t)

Remarque :

En pratique, c’est fréquemment sous la forme d’un système différentiel que sont présentés les équations
linéaires vectorielles.

Définition 3: Solution de l’équation différentielle linéaire

Une solution de l’équation différentielle linéaire (L) est une fonction ϕ ∈ D ( I, E ) telle que :

∀ t ∈ I, ϕ0 ( t) = a( t).ϕ( t) + b( t)

Propriété 6: Régularité des solutions

Si ϕ est solution de (L) : x0 = a( t).x + b( t) (où a et b sont continues sur I ), alors ϕ ∈ C 1 ( I, E ).

Prolongement : si a et b sont de classe C k alors ϕ sera de classe C k+1 .

Preuve:
Soit ϕ une solution de (L). La fonction ϕ est dérivable et

∀ t ∈ I, ϕ0 (t) = a(t).ϕ(t) + b(t)


(
L (E) × E −→ E
L’application Ψ : est bilinéaire donc continue car dim E est finie. Puisque
(a, x) 7−→ a(x)

ϕ0 = Ψ(a, ϕ) + b,

la fonction ϕ0 est de continue sur I et donc ϕ est de classe C 1 .


II.2 Théorème de Cauchy-lipschitz linéaire 15

Notation :
On note respectivement S L et S H l’ensemble des solutions sur I de (L) et ( H ).

Propriété 7: Principe de superposition

Soit ( b i )m
i =1
une famille des applications continues de C ( I, E ) et x i une solution de l’équation

(L i ) : x0 = a.x + b i
m
X m
X
Alors x i est une solution particulière de x0 = a.x + b avec b = bi
i =1 i =1

II.2 Théorème de Cauchy-lipschitz linéaire

Définition 4: Problème de Cauchy

On appelle problème de Cauchy tout problème du type :


(
x0 = a.x + b
où t 0 ∈ I, x0 ∈ E
x( t 0 ) = x0

où a ∈ C I, L (E ) , b ∈ C ( I, E ).
¡ ¢

Résoudre le problème de Cauchy, c’est trouver toutes les solutions x : I −→ E de (L) telles que x ( t 0 ) = x0

Propriété 8: Équation intégrale associée à un problème de Cauchy

Soit a ∈ C I, L (E ) , b ∈ C ( I, E ) et soit x : I −→ E . Les assertions suivantes sont équivalentes :


¡ ¢

1. x est de classe C 1 et est solution du problème de Cauchy


(
x0 = a.x + b
(PC) où t 0 ∈ I, x0 ∈ E
x ( t 0 ) = x0

Z t
2. x est continue et ∀ t ∈ I, x ( t ) = x0 + (a( s) x( s) + b( s)) d s
t0

Preuve:
1 ⇒ 2) Si x est solution de (PC), on a pour tout t ∈ I,
Z t Z t
x(t) = x (t 0 ) + x0 (s) ds = x0 + (a(s)x(s) + b(s)) ds
t0 t0

2 ⇒ 1) Si x est solution continue de l’équation intégrale, alors s 7−→ a(s)x(s) + b(s) est continue. Donc t 7−→
Z t
(a(s)x(s) + b(s)) ds est de classe C 1 . Donc x est de classe C 1 , et en dérivant par rapport à t, on retrouve (L). Finale-
t0
ment en prenant t = t 0 , on aura x (t 0 ) = x0 .

Théorème 3: Théorème de Cauchy-Lipschitz-linéaire

Soit a ∈ C I, L (E ) , b ∈ C ( I, E ) avec E un espace vectoriel normé de dimension finie. Le problème de


¡ ¢

Cauchy : (
x0 = a.x + b
où t 0 ∈ I, x0 ∈ E
x( t 0 ) = x0
admet une et une seule solution.

Preuve:
Admis
II.3 Wronskien 16

Propriété 9: Structure de l’ensemble de solutions

Notons S L et S H les ensembles de solutions respectifs de (L) et ( H )


1. S H est un sous-espace vectoriel de C 1 ( I, E ) isomorphe à E .
En particulier dim S H = dim E = n
2. S L est un sous-espace affine de C 1 ( I, E ) de direction S H

Preuve:

1. On sait déjà que S H est un espace vectoriel. L’application


(
S H −→ E
θ t0 :
ϕ 7−→ ϕ(t 0 )

est visiblement linéaire et le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire assure que cette application est bijective (puisque
pour tout x0 ∈ E, il existe une unique solution définie sur I vérifiant ϕ(t 0 ) = x0 ). L’application en question est donc un
isomorphisme d’espaces vectoriels et les deux espaces vectoriels ont donc même dimension.
2. Par le théorème de Cauchy-Lipchitz linéaire S L 6= ;, et considérons x p ∈ S L Alors
¡ ¢
x ∈ S L ⇐⇒ x − x p ∈ S H .

On a en effet : x0p = a(t)x p + b. Donc


¡ ¢0 ¡ ¢
x ∈ SL ⇐⇒ x − x p = a. x − x p

Donc S L = x p + S H

II.3 Wronskien

Définition 5: Matrice Wronskienne et Wronskien

Soient (ϕ1 , . . . , ϕn ) une famille de fonction de I à valeurs dans E .


1. Pour tout t ∈ I la matrice
W(ϕ1 ,··· ,ϕn ),B ( t) = Mat ϕ1 ( t), . . . , ϕn ( t)
¡ ¢
β

est appelée matrice Wronskienne en t du système (ϕ1 , . . . , ϕn ) par rapport à la base B .


2. Le déterminant w(ϕ1 ,··· ,ϕn ),B ( t) = det (W ( t)) est appelé le Wronskien en t du système (ϕ1 , . . . , ϕn ) par
rapport à la base B

Propriété 10: Base de S H

Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) une famille de S H espace solution de ( H ) où a ∈ C I, L (E ) . Alors


¡ ¢

1. Pour tout t ∈ I , rg ϕ1 , . . . , ϕn = rg ϕ1 ( t), . . . , ϕn ( t)


¡ ¢ ¡ ¢

2. Les trois affirmations suivantes sont équivalentes :


a) (ϕ1 , . . . , ϕn ) est une base de S H ;
b) ∃ t 0 ∈ I tel que (ϕ1 ( t 0 ), . . . , ϕn ( t 0 )) est une base de E ;
c) ∃ t 0 ∈ I tel que W(ϕ1 ,··· ,ϕn ),B ( t 0 ) ∈ GLn (K) ;
d) ∃ t 0 ∈ I tel que w(ϕ1 ,··· ,ϕn ),B ( t 0 ) 6= 0 ;
e) ∀ t ∈ I, (ϕ1 ( t), . . . , ϕn ( t)) est une base de E ;
f) ∀ t ∈ I, W(ϕ1 ,··· ,ϕn ),B ( t) ∈ GLn (K) ;
g) ∀ t ∈ I, w(ϕ1 ,··· ,ϕn ),B ( t) 6= 0.

Une base de S H est appelée aussi un système fondamental de l’équation ( H )

Preuve:
1. Pour t ∈ I, l’application (
SH −→ E
θt :
ϕ 7−→ ϕ(t)
II.3 Wronskien 17

est un isomorphisme d’espaces vectoriels, donc il conserve le rang, ainsi

rg ϕ1 , . . . , ϕn = rg ϕ1 (t), . . . , ϕn (t)
¡ ¢ ¡ ¢

2. Les équivalences sont triviales vu l’isomorphisme θ

Exemple
! Ã Ã !
3 −2 et
Soit X 0 = A X + B, avec A = et B : t 7−→ t .
1 0 e
à ! à !
et 2 e2 t
Montrons que X 1 : t 7−→ t et X 2 : t 7−→ 2 t forment un système fondamental de solution de X 0 = A X
e e

X 1 et X 2 sont dérivables sur R et par un calcul matriciel, on trouve

A X 1 ( t) = X 1 ( t) et A X 2 ( t) = 2 X 2 ( t)

En outre, par un calcul des dérivées, on a

X 10 ( t) = X 1 ( t) et X 20 ( t) = 2 X 2 ( t),
à ! à !
1 2
donc X 1 et X 2 sont solutions de l’équation homogène. De plus X 1 (0) = et X 2 (0) = forment une
1 1
famille libre dans l’espace M2,1 (R) qui est de dimension 2, donc ( X 1 , X 2 ) est un système fondamental de
solution de ( H )

Exemple

1. Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n, et u ∈ L (E ), (v1 , · · · , vn ) ∈ E n et B une base de E .


Montrer que
Xn ¡ ¢
det v1 , · · · , v j−1 , u(v j ), v j+1 , · · · , vn = Tr ( u) . det (v1 , · · · , , vn )
j =1 B B

2. Soit α1 , · · · , αn des solutions de x0 = ax. Déterminer une équation différentielle vérifiée par le wronskien,
puis déduire qu’il existe k ∈ K tel que :
µZ ¶
∀ t ∈ I, w(α1 ,··· ,αn ),B ( t) = k. exp Tr (a( t)) d t

1. Posons
n
ϕ : (v1 , · · · , vn ) ∈ E n 7−→
X ¡ ¢
det v1 , · · · , v i−1 , u(v i ), v j+1 , · · · , vn
i =1 B
n
 ϕ est n-linéaire, car detB : E −→ K est n linéaire ;
 ϕ est alternée : On suppose que vk = v` pour 1 É k < ` É n. Puisque detB est alternée, il reste

ϕ (v1 , · · · , vn ) = det (v1 , · · · , vk−1 , u(vk ), vk+1 , · · · , vn ) + det (v1 , · · · , v`−1 , u(v` ), v`+1 , · · · , vn ) = 0
B B
n
Mais l’ensemble des formes n-linéaires alternées sur E est un K-espace vectoriel de dimension 1
engendré par detB , donc il existe k ∈ K tel que ϕ = k detB , avec k = ϕ (B ).

n
On note B = ( e 1 , · · · , e n ), et A = Mat ( u). Alors ∀ j ∈ [[1, n]] ,
¡ ¢ X
u ej = a i, j e i et
B i =1
à !
¡ ¢ n
X
det e 1 , · · · , e j−1 , u( e j ), e j+1 , · · · , e n = det e 1 , · · · , e j−1 , a i, j e i , e j+1 , · · · , e n
B B i =1
n
X ¡ ¢
= a i, j det e 1 , · · · , e j−1 , e i , e j+1 , · · · , e n
i =1 B
¡ ¢
= a j, j det e 1 , · · · , e j−1 , e j , e j+1 , · · · , e n
B
= a j, j

Donc
n
X
ϕ (e1, · · · , e n) = a j, j = Tr ( A ) = Tr ( u) ,
j =1
II.4 Variation des constantes 18

Bref
n
X ¡ ¢
det v1 , · · · , v j−1 , u(v j ), v j+1 , · · · , vn = Tr ( u) . det (v1 , · · · , , vn )
j =1 B B

2. Comme les α1 , · · · , αn sont de classe C 1 , w(α1 ,··· ,αn ),B est de classe C 1 et ∀ t ∈ I,
n ³ ´
w(0α1 ,··· ,αn ),B ( t) det α1 , · · · , α j−1 , α0j ( t), α j+1 , · · · , αn ( t)
X
=
j =1 B
n
X
det α1 , · · · , α j−1 , a( t)α j ( t), α j+1 , · · · , αn ( t)
¡ ¢
=
j =1 B

Tr (a( t)) .det α1 , · · · , α j−1 , α j ( t), α j+1 , · · · , αn ( t)


¡ ¢
=
B
= Tr (a( t)) .w(α1 ,··· ,αn ),B ( t)

Donc il est solution de l’équation différentielle y0 = Tr (a) .y, d’où son expression.

II.4 Variation des constantes

Lemme 1
Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) un système fondamental de solutions de ( H ) : x0 = a( t).x. Alors :
n
1. Pour tout f ∈ C ( I, E ), il existe une famille (λ i ) i∈[[1,n]] de C ( I, K) telle que f =
X
λi ϕi .
i =1
2. En outre, si f ∈ C 1 ( I, E ), alors ∀ i ∈ [[1, n]] , λ i ∈ C 1 ( I, K).

Preuve:

1. Soit B = (e 1 , · · · , e n ) une base de E et W la wronskienne de l’équation (H) par rapport à B . D’après la propriété II.3,
pour tout t ∈ I, ϕ1 (t), . . . , ϕn (t) est une base de E, et W(t), matrice de passage de B à ϕ1 (t), . . . , ϕn (t) , est inversible.
¡ ¢ ¡ ¢

On dispose ainsi d’applications de classe C 1 de I dans GLn (K) :

W : t 7−→ W(t) et W : t 7−→ [W(t)]−1

Introduisons les applications coordonnées f 1 , · · · , f n de E dans la base B :


n
où ∀ j ∈ [[1, n]] , f j ∈ C (I, K)
X
∀ t ∈ I, f (t) = f j (t)e j
j =1

Pour tout t ∈ I fixé, l’existence et l’unicité de (λ1 (t), · · · , λn (t)) correspond à un changement de coordonnées, dont l’écriture
matricielle est :
λ1 (t)
   
f 1 (t)
 . 
 .  = [W(t)]−1  .. 
 
 .   . 
λn (t) f n (t)
Les applications λ1 , · · · , λn sont continues sur I.
2. Lorsque f est de classe C 1 , alors les fonctions coordonnées f 1 , · · · , f n sont de C 1 sur I et puisque t 7−→ [W(t)]−1 est de
classe C 1 sur I, alors les applications numériques λ1 , · · · , λn sont de classe C 1 sur I

Théorème 4: Variation des constantes

Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) un système fondamental de solutions de ( H ) , x ∈ C 1 ( I, E ) et λ1 , . . . , λn ∈ C 1 ( I, K) telles que


Xn
x= λ i ϕ i . Alors
i =1
n
λ0i ϕ i = b
X
x est solution de (L) ⇔
i =1

C’est-à-dire si, et seulement si,

detB (ϕ1 ( t), ...ϕ j−1 ( t), b( t), ϕ j+1 ( t), ...ϕn ( t))
∀t ∈ I ∀ j ∈ [[1, n]] , λ0j ( t) =
w(ϕ1 ,...ϕn ),B ( t)
Équations linéaires à coefficients constants 19

Preuve:
La dérivée de x s’écrit
n n
x0 λ0i .ϕ i + λ i .ϕ0i
X X
=
i =1 i =1
n n
λ0i .ϕ i +
X X
λ i .a.ϕ i ϕ i solution de (H)
¡ ¢
=
i =1 i =1
n n
λ0i .ϕ i + a.
X X
= λi ϕi
i =1 i =1
n
λ0i .ϕ i + a.x
X
=
i =1

Donc
n
x0 = a.x + b ⇐⇒ λ0i .ϕ i = b
X

i =1

Exemple
à ! à !
3 −2 et
Résoudre sur R le système différentiel X = A X + B, avec A =
0
et B : t 7−→ t .
1 0 e

à ! à !
et 2 e2 t
( X 1 , X 2 ) est un système fondamental de solution de H avec X 1 : t 7−→ t et X 2 : t 7−→ 2 t .
e e
Par la méthode de la variation des constantes déterminons les solutions de l’équation complète. Soit

X = λ1 X 1 + λ2 X 2

avec λ1 , λ2 : R −→ R de C 1 . Alors X est solution de l’équation complète si, et seulement si, λ1 et λ2 vérifient
le système
λ01 X 1 + λ02 X 2 = B

Soit (
λ01 ( t) e t + 2λ02 ( t) e2 t = et
∀t ∈ R
λ01 ( t) e t + λ02 ( t) e2 t = et

La résolution donne λ01 = 1 et λ02 = 0, puis λ1 = t + α et λ2 = β où α, β ∈ R. Puis les solutions de l’équation


complète sont
X : t 7−→ ( t + α) X 1 ( t) + β X 2 ( t) où α, β ∈ R

III Équations linéaires à coefficients constants

Rappel :

X xm
Soit A une algèbre normée de dimension finie. Pour x ∈ A, la série converge absolument donc
mÊ0 m!
converge. On pose
+∞
X xm
exp( x) = .
m=0 m!
Pour u, v ∈ A, on a :
1. exp(0A ) = 1A .
2. Si u et v commutent, alors
exp( u + v) = exp( u) × exp(v).
−1
3. exp( u) est inversible et [exp( u)] = exp(− u).
4. Si v est inversible, alors
exp v−1 uv = v−1 exp( u)v.
¡ ¢

5. u et exp( tu) commutent pour tout t ∈ R.


6. L’application ϕu : t 7−→ exp ( t.u) est de classe C ∞ sur R et de dérivée

∀ t ∈ R, ϕ0u ( t) = exp( tu) u = u exp( tu)


III.1 Étude théorique 20

Rappel :

 Si ∆ = diag(λ1 , . . . , λn ), exp(∆) = diag( eλ1 , . . . , eλn ).


 Si A ∈ Mn (K) est diagonalisable, ∃P ∈ GLn (K) telle que A = P · ∆ · P −1 avec ∆ diagonale. Alors

exp( A ) = P exp(∆)P −1

 Si A ∈ Mn (K) est nilpotente, alors


nX
−1 Ak
exp( A ) =
k=0 k!

III.1 Étude théorique

Propriété 11: Étude de ( H ) : x0 = a.x

Soit a ∈ L (E ).
1. Les solutions de ( H ) sont exactement les applications t ∈ R 7−→ exp( ta).x0 où x0 un vecteur de E
2. L’unique solution au problème de Cauchy
(
x0 = ax
, t 0 ∈ R, x0 ∈ E
x( t 0 ) = x0

est l’application
x : t ∈ R 7−→ exp (( t − t 0 )a) x0

Preuve:
Cette application convient évidemment puisque

d
(exp((t − t 0 )a)x0 )) = a exp((t − t 0 )a)x0
dt
et x(t 0 ) = x0

Exemple
Soit A la matrice  
2 0 1
 1 −1 −1  .
 

−1 2 2
1. Calculer le polynôme caractéristique de A .
2. En déduire la valeur de exp( tA ).
3. Résoudre le système différentiel

0
 x1 ( t)
 = 2 x1 ( t) + x3 ( t)
x20 ( t) = x1 ( t) − x2 ( t) − x3 ( t)
 0

x3 ( t) = − x1 ( t) + 2 x2 ( t) + 2 x3 ( t)

1. Un calcul sans difficultés montre que χ A ( X ) = ( X − 1)3 .


2. Posons N = A − I 3 . Alors, d’après le théorème de Cayley-Hamilton, on a N 3 = 0, et donc N est nilpotent
d’indice 3. Ceci facilite grandement le calcul de l’exponentielle de N . En effet, on a

X tn N n
+∞ t2 2
exp( tN ) = = I 3 + tN + N .
n=0 n! 2

D’autre part, puisque tA = tI 3 + tN et que tI 3 et tN commutent, on a

t2
µ ¶
exp( tA ) = exp( tI 3 ) exp( tN ) = e t I 3 + tN + N 2 .
2
III.2 Utilisation de valeurs propres 21

On en déduit
t2 t2 + t
 
t+1
exp( tA ) = e t  t 2
t − 2t + 1 t2 − t .
 

−t − t2 + 2 t − t2 + t + 1

3. Soit X ( t) = ( x1 ( t), x2 ( t), x3 ( t)). Alors X ( t) = exp( tA ) X (0). En notant X (0) = (a, b, c), on trouve

 x1 ( t )

 = a( t + 1) e t + bt2 e t + c( t2 + t) e t
x2 ( t ) = ate t + b( t2 − 2 t + 1) e t + c( t2 − t) e t

= −ate t + b(− t2 + 2 t) e t + c(− t2 + t + 1) e t .

x3 ( t )

Propriété 12: Expression intégrale de la solution

Soit a ∈ L (E ) et b : I −→ E continue.
1. Les solutions de (L) : x0 = ax + b sont exactement les applications
Z t
t ∈ I 7−→ exp ( ta).x0 + exp (( t − s)a) b( s) d s où x0 un vecteur de E
t0

2. Pour tout ( t 0 , x0 ) ∈ I × E , l’unique solution au problème de Cauchy en ce point est


Z t
t 7−→ exp(( t − t 0 )a).x0 + exp(( t − s)a) b( s) d s
t0

Preuve:

2. Soit x la solution au problème de Cauchy :

x0 = ax + b
(
, t 0 ∈ I, x0 ∈ E
x(t 0 ) = x0

Soit t ∈ I, pat composition par exp(− sa), alors

exp(− sa)x0 (s) − a exp(− sa).x(s) = exp(− sa).b(s)

Mais (exp(− sa)x(s))0 = exp(− sa)x0 (s) − a exp(− sa).x(s), donc

(exp(− sa)x(s))0 = exp(− sa).b(s).

Par intégration entre t 0 et t, on obtient


Z t
exp(− ta)x(t) − exp(− t 0 a)x(t 0 ) = exp(− sa)b(s) ds,
t0

soit Z t
exp(− ta)x(t) = exp(− t 0 a)x(t 0 ) + exp(− sa)b(s) ds.
t0
On compose après par exp(ta) et on remplace x(t 0 ) par x0 , alors
µZ t ¶
x(t) = exp((t − t 0 )a)x0 + exp(ta) exp(− sa)b(s) ds
t0
Z t
= exp((t − t 0 )a)x0 + exp((t − s)a)b(s) ds
t0

Remarque :

Il est conseillé d’avoir une méthode d’obtention de la solution au problème de Cauchy, car il est difficile de se
rappeler de la formule d’une telle solution

III.2 Utilisation de valeurs propres

On résout ici

X 0 = A · X + B où A ∈ Mn (K) , B ∈ C ( I, Mn,1 (K))


III.2 Utilisation de valeurs propres 22

L’étude théorique nous invite à calculer l’exponentielle de la matrice tA pour tout t ∈ R, mais on préfère utiliser
des méthodes pratiques et rapides
Propriété 13: Cas où A est diagonalisable

Soit A ∈ M n (K) diagonalisable et on considère sur R l’équation différentielle homogène

(H ) : X0 = AX

Soit ( u 1 , · · · , u n ) une base de vecteurs propres de A associés aux valeurs propres (λ1 , · · · , λn ). On pose

∀ k ∈ [[1, n]] , ϕk : t 7−→ eλk t u k

Le système d’applications (ϕ1 , · · · , ϕn ) forme un système fondamental de solutions de ( H ). Ainsi


( )
n
λi t
S H = t ∈ R 7−→ α i e u i où α1 , . . . , αn ∈ K.
X
k=1

Preuve:
Pour tout k ∈ [[1, n]] et t ∈ R, ϕ0k (t) = λk eλk t u k = A ϕk (t) car u k est un vecteur propre de A associé à la valeur propre λk .
On considère la base C = (u 1 , . . . , u n ) de Mn,1 (K) et le Wronskien w(t) = det ϕ1 (t), . . . , ϕn (t) .
¡ ¢
B
On a

w(0) = det(u 1 , . . . , u n ) 6= 0
B

donc le système d’applications (ϕ1 , . . . , ϕn ) est un système fondamental de solutions de (H).

Exemple
à !
3 −2
Résoudre l’équation X 0 = A X , avec A = d’inconnue X : R −→ M2,1 (R) dérivable
1 0

à ! à !
2 1 2
χ A = X − 3 X + 2 = ( X − 1) ( X − 2), E 1 ( A ) = Vect et E 2 ( A ) = Vect . Donc
1 1
à ! à !
t1 2t 2
X ( t) = λ1 e + βe où α, β ∈ R
1 1
à ! à !
1
t 2t 2
Donc X 1 : t 7−→ e et X 2 : t 7−→ e forment un système fondamental de solution de H
1 1

Exemple: MINES MP
Résoudre le système différentiel suivant  0

 x = y+ z

y0 = x

 0

z = x+ y+ z

 
0 1 1
C’est un système différentiel linéaire d’ordre 1 homogène d’équation matricielle X 0 = A X où A = 1 0 0
 

1 1 1
 
x
et X =  y. Par les opérations L 1 ← L 1 + L 2 + L 3 , C 2 ← C 2 − C 1 et C 3 ← C 3 − C 1 , on obtient
 

z
¯ ¯
¯X − 2 0 0 ¯¯
¯
det( X I 3 − A ) = ¯ −1 X +1 1 ¯ = X ( X + 1) ( X − 2)
¯ ¯
¯ ¯
¯ −1 0 X¯

Donc A est diagonalisable, avec


III.3 Utilisation de changement de bases 23

     
−1 2 0
E −1 ( A ) = Vect  1 , E 2 ( A ) = Vect 1 et E 0 ( A ) = Vect  1 
     

0 3 −1

donc
− e− t 2 e2 t
    
0
X 0 = A X ⇐⇒ ∃α, β, γ ∈ R, X ( t) = α  e− t  + β  e2 t  + γ  1 
     

0 3 e2 t −1
Ainsi les solutions de note système sont

 x( t)

 = −α e− t + 2β e2 t
y( t) = α e− t + β e2 t + γ , α, β, γ ∈ R.

= 3β e2 t − γ

z ( t)

Exemple: R
soudre les systèmes différentiels suivants :
 
0 0
 x
 = x + 2y − z  x
 = y+ z
0 0
1. y = 2x + 4 y − 2z 2. y = −x + 2 y + z
 0
  0

z = −x − 2 y + z z = x+z

1. Introduisons la matrice  
1 2 −1
A= 2 4 −2  ,
 

−1 −2 1
 
x( t)
de sorte que le système s’écrit X 0 = A X avec X ( t) =  y( t) . Le polynôme caractéristique de A est
 

z ( t)
X 2 ( X − 6). 0 est valeur propre double, mais A est de rang 1 et donc Ker( A ) est de dimension 2. Une
base de Ker( A ) est donnée par les vecteurs u 1 = (1, 0, 1) et u 2 = (2, −1, 0). D’autre part, une base de
Ker( A − 6 I ) est donné par u 3 = (1, 2, −1). Les solutions sont donc données par les triplets s’écrivant

X ( t) = λ u 1 + µ u 2 + γ e 6 t u 3 .

2. Introduisons cette fois la matrice  


0 11
A =  −1 21 ,
 

1 01
 
x( t)
de sorte que le système s’écrit X 0 = A X avec X ( t) =  y( t) . Son polynôme caractéristique est X ( X −
 

z ( t)
1)( X − 2), de sorte que ses valeurs propres sont 0, 1, 2, de vecteurs propres respectifs associés u 0 =
(1, 1, −1), u 1 = (0, −1, 1), et u 2 = (1, 1, 1). Ainsi, les solutions sont données par les triplets

X ( t) = λ u 0 + µ e t u 1 + γ e 2 t u 2 .

III.3 Utilisation de changement de bases

Propriété 14

Soit A ∈ Mn (K), P ∈ GLn (K) et T = P −1 AP . Alors

X est solution de X 0 = A X + B ⇐⇒ Y = P −1 X solution de Y 0 = TY + P −1 B


¡ ¢
III.3 Utilisation de changement de bases 24

Preuve:
⇒) Supposons que X solution de X 0 = A X + B, alors Y = P −1 X est de classe C 1 sur R et

Y 0 = P −1 X 0 = P −1 A X + B−1 = TP −1 X + P −1 B = TY + P −1 B

⇐) Supposons que Y solution de Y 0 = TY + P −1 B, alors X = PY est de classe C 1 sur R et

X 0 = PY 0 = PTY + B = PTP −1 X + B = A X + B
Remarque :

Ce résultat permet la résolution d’un système au cas ou A est trigonalisable

Méthode: A est trigonalisable


i le polynôme caractéristique de la matrice A est scindé (ce qui est le cas en considérant A dans Mn (K),
il existe P ∈ GLn (K) telle que P −1 AP = T où T matrice triangulaire supérieure. On effectue alors le
changement de fonction inconnue définie par :

Z = P −1 X ⇐⇒ X = P Z

qui aboutit aux nouvelles équations différentielles matricielles :

(L 2 ) : Z 0 = T Z + P −1 B
( H2 ) : Z0 = T Z
¡ ¢
Si on pose T = t i, j 1É i, jÉn , alors l’équation (L 2 ) èquivaut au système

z10


 = t 1 z1 + · · · + t 1,n z n + c 1
..



.
 z0 = t n−1,n−1 z n−1 + t n−1,n z n + c n−1
 n−01



zn = t n,n z n + c n
La dernière ligne de ce système est une équation différentielle linéaire du premier ordre

z0n = λn z n + c n ( t)

Une fois fixée une solution de cette équation, la ligne précédente devient une équation différentielle de
fonction inconnue z n−1 . De proche en proche, chaque ligne apparaît comme une équation différentielle du
premier ordre (une seule fonction inconnue pour chacune). On obtient ainsi la solution générale du système
(L 2 ) (éventuellement l’unique solution au problème de Cauchy en un point arbitraire ( t 0 , z0 ) ∈ I × M n,1 (K).

Remarque :

Dans le cas d’une équation homogène, il est inutile de calculer P −1

Exemple
 
0 2 2
Résoudre l’équation différentielle X 0 = A X où A = −1 2 2 et déduire exp( tA )
 

−1 1 3

 Le ploynôme caractéristique : Par les opérations C2 ← C2 + C3 , et L 3 ← L 3 − L 2 , on trouve

χ A ( X ) = ( X − 1)( X − 2)2
 
− 2 2
La matrice A − 2 I 3 = −1 2 est du rang 2, donc A n’est pas diagonalisable mais elle est trigona-
0
 

−1 1 1
lisable.    
2 2
 Les sous-espaces propres : E 1 ( A ) = Vect (u1 ) et E 2 = Vect (u2 ) avec u1 = 0 et u2 = 1
   

1 1
III.3 Utilisation de changement de bases 25

 
1
 Complétion en une base : Posons u3 = 0, alors la famille ( u1 , u2 , u3 ) est une base de M3,1 (R) et
 

0
 
0
Au 1 = −1 = − u 2 + 2 u 3
 

−1
   
2 2 1 1 0 0
 Posons P = 0 1 0 et T = 0 2 −1, alors P −1 AP = T
   

1 1 0 0 0 2
 
y1
 Changement d’inconnue Soit Y = P −1 X , alors X 0 = A X est équivalente à Y 0 = TY . Posons Y =  y2 ,
 

y3
alors 
0
 y1 = y1


Y 0 = TY ⇐⇒ y20 = 2 y2 − y3

y30

= 2 y3

La troisième équation donne y3 ( t) = γ e2 t . On la remplace dans la seconde, on obtient y20 = 2 y2 − γ e2 t


qui est une équation linéaire scalaire d’ordre 1 avec reste polynôme exponentiel,  y2 ( t) =
on trouve
αet

β e2 t − γ te2 t . Finalement la première équation donne y1 ( t) = α e t . Soit Y ( t) = β e2 t − γ te2 t , puis de


 

γ e2 t
X = PY , on obtient alors

αet 2α e t + 2β e2 t − 2γ te2 t + γ e2 t
    
2 2 1
X ( t) = 0 1 0 β e2 t − γ te2 t  =  β e2 t − γ te2 t  où α, β, γ ∈ R
    
2t t 2t 2t
1 1 0 γe α e + β e − γ te

 Calcul de exp( tA ) : D’une part, on a

2et 2 e2 t (1 − 2 t) e2 t α
  

X ( t) =  0 e2 t − te2 t  β
  

et e2 t − te2 t γ

D’autre part X ( t) = exp( tA ) X (0) = exp( tA )P t α, β, γ , où α, β et γ sont quelconques, donc


¡ ¢

2et 2 e2 t (1 − 2 t) e2 t
 

exp( tA ) =  0 e2 t − te2 t  .P −1
 

et e2 t − te 2t

 
0 −1 1
−1
Par la méthode de Gauss, on trouve P = 0 1 0  et, par suite,
 

1 0 −2

(1 − 2 t) e2 t 2 e2 t − 2 e t 2 e t + (4 t − 2) e2 t
 

exp( tA ) =  − te2 t e2 t 2 te2 t


 

− te2 t e2 t − e t e t + 2 te2 t

Remarque :

On peut utiliser le changement d’inconnue lorsque A n’est pas constante

Exemple: Coefficients on constants


Résoudre le système différentiel suivant :
(
x10 = (2 − t) x1 + ( t − 1) x2
x20 = 2(1 − t) x1 + (2 t − 1) x2 .
III.3 Utilisation de changement de bases 26

Posons à ! à !
2− t t−1 x1 ( t)
A ( t) = et X ( t) = .
2(1 − t) 2t − 1 x2 ( t)

On doit résoudre le système X 0 ( t) = A ( t) X ( t). On va procéder comme pour une matrice à coefficients
constants, en diagonalisant pour chaque t la matrice A ( t). Son polynôme caractéristique est χ A ( t) ( X ) =
X 2 − ( t + 1) X + t, dont les racines sont t et 1. Le miracle est que les vecteurs propres ne dépendent pas de
t. En effet, si on pose u 1 = (1, 1) et u 2 = (1, 2), alors A ( t) u 1 = u 1 tandis que A ( t) u 2 = tu 2 . Autrement dit, en
posant à ! à !
1 1 1 0
P= et D ( t) = ,
1 2 0 t

on a A ( t) = P ( t)DP ( t)−1 . On peut donc résoudre le système exactement comme s’il était à coefficients
constants. Plus précisément, en posant Y ( t) = P −1 X ( t), alors Y est solution de Y 0 ( t) = D ( t)Y ( t), soit
(
y10 = y1
y20 = t y2 .

2
Il vient y1 ( t) = Ce t , et y2 ( t) = D e t /2 , avec C, D ∈ R. On revient à X par la relation Y = P X , et on trouve que
les solutions de l’équation sont les fonctions
2
(
x1 ( t) = Ce t + D e t /2
2 /2
x2 ( t ) = Ce t + 2D e t ,

Remarque :

Si A n’est pas trigonalisable, dans ce cas K = R, alors on résout le système différentiel avec le corps de base
C puis on cherche les solutions réelles

Exemple
(
x0 = x − y
Résolution du système d’équations différentielles H : .
y0 = x + y

Système différentiel
à ! de taille 2 linéaire
¯ homogène¯ à coefficients constants.
1 −1 ¯λ − 1 1 ¯¯ p p
On a A = donc χ A (λ) = ¯ ¯ = (λ − 1)2 + 1 = (λ − i 3)(λ + i 3) d’où A est diagonalisable
¯
1 1 ¯ −1 λ − 1¯
dans C. Ã ! Ã !
1 1
 Cas K = C : On a SpC ( A ) = {1 + i, 1 − i }, E A (1 + i ) = Vect et E A (1 − i ) = Vect . Donc X 1 : t 7−→
−i i
à ! à !
1 1
e(1+ i) t et X 2 = X 1 : t 7−→ e(1− i) t forment un système fondamental de solutions
−i i
à !
1
 Cas K = R : X 1 : t 7−→ e(1+ i) t est une solution complexe de l’équation X 0 = A X , or la matrice A est
−i
réelle donc à ! à !
t cos( t) t sin( t)
ϕ1 t :7−→ Re ( X 1 ( t)) = e et ϕ2 t :7−→ Im ( X 1 ( t)) = e
sin( t) − cos( t)

sont des solutions réelles de l’équation X 0 = A X . Celles-ci sont clairement indépendantes et donc
forment un système fondamental de solutions.
Solution générale à ! à !
t cos( t) t sin( t)
X : t 7−→ α e + βe α, β ∈ R
sin( t) − cos( t)

Exemple
 
1 1 0
Résoudre sur R l’équation différentielle X 0 = A X où A = −1 2 1
 

1 0 1
III.3 Utilisation de changement de bases 27

 Le ploynôme caractéristique : Par les opérations C1 ← C1 + C2 + C3 , L 2 ← L 2 − L 1 et L 3 ← L 3 − L 1 ,


on trouve ¯ ¯
¯X − 2 −1 0 ¯¯
¯
χA (X ) = ¯ 0 −1 ¯ = ( X − 2) ( X − 1)2 + 1
¡ ¢
X −1
¯ ¯
¯ ¯
¯ 0 1 X − 1¯
n’est pas scindé dans R [ X ], donc A n’est pas trigonalisable
 Cherchons les solutions complexes: On C ( A
 a Sp  i, 1 − i } et E 2 ( A ) = Vect ( u 1 ), E (1+ i) =
 ) = {2, 1 +
1 1 1
Vect ( u 2 ) et E (1− i) = Vect ( u 3 ) avec u 1 = 1, u 2 =  i  et u 2 = − i . A est diagonalisable dans Mn (C),
     

1 −i i
donc
X 0 = A X ⇐⇒ ∃α, β, γ ∈ C, X ( t) = α e2 t u 1 + β e(1+ i) t u 2 + γ e(1− i) t u 3

Notons v1 : t 7−→ e2 t u 1 , v2 : t 7−→ e(1+ i) t u 2 et v3 = v2 : t 7−→ e(1− i) t u 3 , alors (v1 , v2 , v3 ) est une base de S C .
Une autre base de S C est (ω1 , ω2 , ω3 ) :    
cos t − sin t
ω1 = u 1 , ω2 = R e( u 2 ) : t 7−→ e t − sin t et ω3 = ℑ m( u 2 ) : t 7−→ − cos t
   

sin t cos t
 Cherchons les solutions réelles : (ω1 , ω2 , ω3 ) est une base du R-espace vectoriel SR . La solution
générale de l’équation est donc :
     
1 cos t − sin t
X : t 7−→ α e t 1 + β e t − sin t + γ e t − cos t , α, β, γ ∈ R
     

1 sin t cos t

Exemple: D
nner les solutions réelles du système différentiel X 0 = A X lorsque
 
0 1 −1
A =  1 4 −2  .
 

2 6 −3

 
1
Les valeurs propres de la matrice sont 1, i et − i . Un vecteur propre associé à 1 est V1 =  −3 . Un vecteur
 

−4
 
i
propre associé à i est Vi =  1 . Bien entendu, la matrice étant réelle, un vecteur propre associé à − i
 

2
est Vi . Pour obtenir des solutions réelles, on peut considérer (toujours parce que la matrice A est réelle)
ℜ e( e it Vi ) et ℑ m( e it Vi ). On trouve alors les solutions (indépendantes)
   
− sin t cos t
 cos t  et  sin t  .
   

2 cos t 2 sin t

La solution générale du système dans R est donc

λ e t − µ sin t + ν cos t
 

 −3λ e t + µ cos t + ν sin t  .


 
t
−4λ e + 2µ cos t + 2ν sin t
Équations linéaires (scalaires) d’ordre n 28

IV Équations linéaires (scalaires) d’ordre n

IV.1 Equations scalaires d’ordre n

Définition 6

 On appelle équation différentielle scalaire linéaire d’ordre n définie sur I toute équation de la forme
nX
−1
(L n ) : x ( n) + a k x( k ) = b
k=0

avec a 0 , · · · , a n−1 : I −→ K et b : I −→ K continues, et d’inconnue x : I −→ K fonction n-fois dérivable.

 L’équation homogène associée est


nX
−1
(H n ) : x ( n) + a k x( k ) = 0
k=0

 On appelle solution de (L n ) toute application n-fois dérivable x : I 7−→ K telle que


nX
−1
∀ t ∈ I, x ( n) ( t) + a k ( t) x( k ) ( t) = b ( t)
k=0

Notation :
On note S L n et S H n l’ensemble des solutions sur I de (L n ) et ( H n ) respectivement

Propriété 15

1. Les solutions d’une telle équation sont de classe C n ( I, K).


2. S H n est un sous-espace vectoriel de C n ( I, K)

IV.2 Système différentiel d’ordre un associé

Soit a 0 , · · · , a n−1 : I −→ K et b : I −→ K continues. On considère les deux applications

 n (K)

 I −→ M 
I Mn,1 (K)

−→
 
0 1 0 ··· 0

 

   
0
  . 

  . .. .. .. ..  

. . .
 
 . .

   . 
 .. 

A:  ..
  et B :
t 7−→ .. ..  t 7−→  
. .
  . 



  0 






 0 

 0 0 1

··· ···
   



   b ( t)
− a 0 ( t) ··· ··· ··· −a n−1 ( t)

et les deux équations


(L) : X 0 = A X + B et (H ) : X 0 = A X

d’inconnue X : I −→ Mn,1 (K) de classe C 1


Théorème 5

L’application 
S Hn −→ S
H


 
x




x0

θ:
 
 

 x 7−→ 
 .. 

.

  


x(n−1)

est un isomorphisme d’espace vectoriel


IV.2 Système différentiel d’ordre un associé 29

Preuve:
 θ est bien définie ?
Soit x ∈ S H n , alors x est de classe C n sur I à valeurs dans K, donc X = θ (x) est de classe C 1 sur I à valeurs dans
Mn,1 (K). Soit t ∈ I, on a

x0
 
 
x0  ..

 ..  
 

 .
X0 =

 .  =  x(n−1) 
  
 (n−1)  
x

  nX
 −1

( n ) ( k) 
x − ak x
k=0
  
0 1 0 ··· 0 x
 .
 . .. .. .. ..  x0 
 . . . . .
 
..
 
 .
  
=  .. .. ..  . 
. . 0  



 .. 

 0 ··· ··· 0 1  . 
−a 0 ··· ··· ··· −a n−1 x(n−1)
= AX

 θ est linéaire ? Évident.


 θ est injective ? Si x ∈ Kerθ , alors x = 0, ainsi l’injectivité de θ .
 θ est surjective ?
 
x1
 .  1
 .. une solution de H, alors elle est de classe C , donc ses fonctions coordonnées x i : I −→ K sont de classe
Soit X =  

xn
C 1 . L’équation X 0 = A X équivaut au système

0
∀ i ∈ [[1, n − 1]] , x i+1 = x i

n
0
X
 xn = −
 a i−1 x i
i =1

Les n − 1 premières équations montrent que x1 est de classe C n et ∀ i ∈ [[1, n]] , x i = x1( i−1) et la dernière équation
dévient
n nX
−1
x1(n) = − a i−1 x1( i−1) = − a i x1( i)
X

i =1 i =0
Ainsi x1 ∈ S H n et X = θ (x1 )

Théorème 6

SLn −→ S
L


 
x




x0

L’application θ :
 
  est une bijection

 x 7−→ 
 .. 

.

  


x(n−1)

Propriété 16: Structure des solutions de S L n et de S H n

1. L’ensemble S H n des solutions de ( H n ) est un sous-espace vectoriel de dimension n du K-espace vectoriel


C n ( I, K)
2. L’ensemble S L n des solutions de (L n ) est un sous-espace affine de C n ( I, K) de direction S H n .

Preuve:
Conséquence du théroème précédent

Théorème 7: Cauchy-Lipschitz

Soit a 0 , · · · , a n−1 : I −→ K et b : I −→ K continues. Le problème de Cauchy



n−1
 x ( n) + X a x ( k ) = b

k
k=0 où t 0 ∈ I, x0 , x1 , · · · , xn−1 ∈ K
( i)

∀ i ∈ [[0, n − 1]] , x ( t 0 ) = x i

IV.3 Wronskien 30

d’inconnue x ∈ C n ( I, K), admet une et une seule solution.

Preuve:
Le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire assure l’existence d’une solution X de (L) : X ∈ C 1 I, Mn,1 (K) vérifiant X (t 0 ) =
¡ ¢
 
x0
 . 
 . .
 . 
xn−1
Par la bijection réciproque de θ , on obtient une solution x de (L n ) : x ∈ C n (I, K) vérifiant ∀ i ∈ [[0, n − 1]] , x( i) (t 0 ) = x i

Exemple
2
Démontrer que la fonction définie sur R∗ par f ( t) = e−1/ t et prolongée par f (0) = 0 est de classe C ∞ , mais
n’est solution d’aucune équation différentielle linéaire homogène.

Il est clair que f est de classe C ∞ sur R∗ . On montre aisément par récurrence sur n que ses dérivées sont
de la forme
2
t 7→ P n ( t) e−1/ t ,

où les P n sont des polynômes. Ainsi, pour chaque entier n, f (n) admet une limite en 0 égale à 0. Par le
théorème de prolongement d’une dérivée, f est de classe C ∞ , avec f (n) (0) = 0. Si f était solution d’une
équation différentielle linéaire homogène d’ordre n,

y(n) ( t) + a n−1 ( t) y(n−1) ( t) + · · · + a 0 y( t) = 0,

elle vérifierait aussi la condition initiale y(0) = · · · = y(n−1) (0) = 0. Or, d’après le théorème de Cauchy linéaire,
cette équation n’admet qu’une seule solution pour ce problème de Cauchy. Comme 0 est solution et que f
n’est pas identiquement nulle, on obtient une contradiction.

Corollaire 1 (Cas n = 2)
Soit a, b, c ∈ C ( I, K). Le problème de Cauchy
(
x00 + a · x0 + b · x = c
où t 0 ∈ I, x0 , x1 ∈ K
x( t 0 ) = x0 , x0 ( t 0 ) = x1

d’inconnue x ∈ C 2 ( I, K) admet une et une seule solution.

Exemple
2 00
Résoudre sur I =]0, +∞[ l’équation t x + x = 0
(On pourra chercher du type tα )

p
1± i 3
On trouve α2 − α + 1 = 0, donc α =
2
n o
S HC = t 7−→ α1 e r 1 ln t + α2 e r 2 ln t | α i ∈ C

Puis Vect ( h 1 , h 2 ) = Vect (ℜ e( h 1 ), Im( h 1 )), donc


( Ã p p ! )
1 3 3
S HR = t 7−→ e 2t α1 cos ln t + α2 sin ln t | α i ∈ C
2 2

IV.3 Wronskien
IV.3 Wronskien 31

Définition 7: Wronskien

Soient (ϕ1 , . . . , ϕn ) une famille de fonctions de C n ( I, K). On appelle matrice Wronskienne de la famille
l’application W(ϕ1 ,··· ,ϕn ) : I −→ Mn (K),

ϕ1 ( t) ϕ n ( t)
 
··· ···

 ϕ01 ( t) ··· ··· ϕ0n ( t) 

t 7−→  .. .. 
. .
 
 ··· ··· 
ϕ(1n−1) ( t) ··· ··· ϕ(nn−1) ( t)

On appelle Wronskien de la famille l’application w(ϕ1 ,··· ,ϕn ) : I −→ K,

¯ ϕ1 ( t) ϕ n ( t)
¯ ¯
¯ ··· ··· ¯
¯
¯ ϕ0 ( t) ··· ··· ϕ0n ( t) ¯
¯ 1 ¯
t 7−→ ¯¯ .. .. ¯
¯ (n−.1) .
¯
¯ ··· ··· ¯
( n−1) ¯
¯
¯ϕ ( t) ··· ··· ϕn ( t)
1

Remarque :

Soit h 1 , h 2 deux fonctions de C 2 ( I, K), alors la matrice Wronskienne

 I −→ ÃM2 (K)

 !
Wh1 ,h2 : h 1 ( t) h 2 ( t)
 t 7−→
h01 ( t) h02 ( t)

et le Wronskien
¯M2 (K)

 I
 −→ ¯
wh1 ,h2 : ¯ h ( t ) h ( t )¯
¯ 1 2 ¯
 t
 7−→
¯ h 1 ( t) h02 ( t)¯
¯ 0 ¯

Propriété 17: Base de S H n

Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) une famille de S H n espace solution de ( H n ).


Alors les affirmations suivantes sont équivalentes :
1. (ϕ1 , . . . , ϕn ) est une base de S H n ;
2. ∃ t 0 ∈ I tel que wϕ1 ,··· ,ϕn ( t 0 ) 6= 0 ;
3. ∀ t ∈ I, wϕ1 ,··· ,ϕn ( t) 6= 0.

Preuve:
 
ϕi
ϕ0i
 
 
Pour i ∈ [[1, n]], on pose ψ i =  ... Par l’ismorphisme θ la famille (ϕ1 , . . . , ϕn ) est une base de S H n si, et seulement si,
 

 .

( n−1)
ϕi
la famille (ψ1 , . . . , ψn ) est une base de S H

Théorème 8: Variation des constantes


n
Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) une base de solutions de ( H n ) , x ∈ C n ( I, K) et λ1 , . . . , λn ∈ C 1 ( I, K) telles que x =
X
λi ϕi .
i =1
Alors 
λ1
 . 
x est solution de (L n ) ⇔ W(ϕ1 ,··· ,ϕn ) λ0 = B, avec λ = 
 .. .

λn
Ou encore
n

λ0i ϕ(ik) = 0
X
∀ k ∈ [[0, n − 2]] ,



i =1
x est solution de (L n ) ⇔ n
0 ( n−1)
X
 λi ϕi =b



i =1
IV.3 Wronskien 32

Preuve:
n n n
λ0i ψ i = B
X X X
x= λ i ϕ i est solution de (L n ) si, et seulement si, X = λ i ψ i solution de (L) si, et seulement si,
i =1 i =1 i =1

Corollaire 2 (Cas n = 2)
Soit a, b, c ∈ C ( I, K) et ( h 1 , h 2 ) une base de solutions de l’équation

( H2 ) : x00 + ax0 + bx = 0

Pour tout couple (λ1 , λ2 ) d’applications de C 1 ( I, K)


(
00 0 λ01 .h 1 + λ02 h 2 =0
x = λ1 h 1 + λ2 h 2 est solution de x + ax + bx = c ⇐⇒
λ01 h01 + λ02 h02 =c

Exemple
Résolvons l’équation
et
y00 − 2 y0 + y =
1 + t2

Il s’agit d’une équation différentielle linéaire scalaire d’ordre 2 à coefficients constants, d’équation caracté-
ristique r 2 − 2 r + 1 = 0 de racine double 1.
 Solution de l’équation homogène : est de la forme x0 : t 7−→ λ t + β e t , où λ, β ∈ R
¡ ¢

 Solution de l’équation complète : Les deux fonctions ϕ1 : t 7−→ e t et ϕ2 : t 7−→ te t forment un système
fondamental de solution de l’équation homogène. Par la variation des constantes, soit y = λϕ1 + βϕ2 ,
avec λ, β ∈ C 1 (R), alors y est solution de l’équation complète si, et seulement si,
 
λ0 ϕ1 + βϕ2 =0 λ0 e t + β te t =0
e t ⇐⇒  0 t et
λ0 ϕ0 + βϕ0
1 2 = λ e + β( t + 1) e t =
1 + t2 1 + t2
Par la méthode de Cramer, on trouve
t

1

λ0 ( t) = − = − ln(1 + t2 ) + a
1 + t ⇐⇒ λ( t)
 
2
1 2 , a, b ∈ R
β0 ( t) =
 
β( t) = arctan( t) + b
1 + t2
Donc la solution de l’équation complète est

1
µ ¶
y : t 7−→ t arctan( t) − ln(1 + t2 ) + a + bt e t , a, b ∈ R
2

Exemple
1
Résolvons sur ]0, π[ l’équation y00 + y = .
sin3 x

(cos, sin) est un système fondamental de solutions de l’équation homogène, dont le Wronskien
¯ ¯
¯ cos( x) sin( x)¯¯
ω( x ) = ¯ ¯=1
¯
¯− sin( x) cos( x)¯
IV.4 Méthode de Lagrange ou méthode d’abaissement du degré 33

Soit λ1 , λ2 ∈ C 1 (]0, π[ , R) et soit y = λ1 cos +λ2 sin, alors


(
00 1 λ01 sin x + λ02 cos x = 0
y +y= ⇐⇒
sin3 x λ01 cos x − λ02 sin x = 13
sin x
 ¯ ¯
¯ 0 cos x ¯

λ0 = ¯ ¯ cos x
¯= 3
 ¯
1 ¯ 1

− sin x¯ sin x


3
⇐⇒ ¯ sin x ¯
 ¯sin x 0 ¯
0
λ2 = ¯¯ ¯ = −12

 ¯ ¯

1 ¯ sin x

cos x
sin3 x
−1
(
λ1 ( x) = +α
⇐⇒ 2 sin2 x α, β ∈ R
cos x
λ2 ( x) = sin x + β

Les solutions de l’équation complète sont de la forme


cos x
y : x 7−→ α cos x + β sin x + cos x − , avec α, β ∈ R
2 sin2 x

IV.4 Méthode de Lagrange ou méthode d’abaissement du degré

Cette méthode ne présente réellement d’intérêt que pour une équation linéaire d’ordre 2.

x00 + ax0 + bx = c
x
Si ϕ une solution de x00 + ax0 + bx = 0 ne s’annulant pas sur I , on pose z = autrement-dit x = zϕ. On a alors
ϕ

x0 = z0 ϕ + zϕ0
x00 = z00 ϕ + 2 z0 ϕ0 + zϕ00

si bien que

x00 + ax0 + bx z00 ϕ + 2ϕ0 − ϕ z0 + ϕ00 + aϕ0 + bϕ z


¡ ¢ ¡ ¢
=
| {z }
=0
z00 ϕ + 2ϕ0 + aϕ z0
¡ ¢
=

x est solution de (L) si, et seulement, si y = z0 est solution sur I de :

ϕ0 c
µ ¶
y0 + a + 2 y=
ϕ ϕ

Exemple
Résoudre sur R l’équation différentielle
( t2 + 1) y00 − 2 y = t

en commençant par rechercher les polynômes solutions.

L’équation ( t2 + 1) y00 − 2 y = 0 admet y1 = t2 + 1 est une solution polynômiale de ( H ) sur R.


Méthode de Lagrange : Cherchons une solution y2 ( t) = λ( t) y1 ( t).
On obtient
4t
λ00 ( t) + 2 =0
t +1
c
qui donne λ0 ( t) = 2 . Or
( t + 1)2
1 1 1 t
Z
d t = arctan t + 2 + cte
( t2 + 1)2 2 2 t +1
t
et λ( t) = arctan t + convient ce qui donne
t2 + 1

y2 ( t) = ( t2 + 1) arctan t + t
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 34

Ainsi
S H = t 7−→ λ( t2 + 1) + µ ( t2 + 1) arctan t + t | λ, µ ∈ R
© ¡ ¢ ª

t
On voit y0 : t 7−→ − est une solution particulière, donc
2

S L = t 7−→ λ( t2 + 1) + µ ( t2 + 1) arctan t + t | λ, µ ∈ R
© ¡ ¢ ª

IV.5 Équations différentielles linéaires constantes

On étudie l’ensemble S des solutions à valeurs complexes de l’équation différentielle linéaire d’ordre n à coeffi-
cients constants
nX
−1
x ( n) + a k x( k ) = 0
k=0
( n)
avec a i ∈ K d’inconnue x ∈ D (R, K).
nX
−1 r
Soit χ = X n + a k X k et χ = ( X − λk )m k sa décomposition primaire
Y
k=0 k=1

Définition 8

nX
−1
Le polynôme χ( X ) = X n + a k X k ∈ K[ X ] est appelé le polynôme caractéristique de l’équation homogène
k=0
nX
−1
( n) ( k)
x + ak x =0
k=0

Remarque :
nX
−1
t 7−→ eλ t est solution de x(n) + a k x(k) = 0 si et seulement si χ(λ) = 0.
k=0

Propriété 18

On suppose que le polynôme caractéristique χ est scindé sur K. Soit λ1 , · · · , λr ses racines distinctes de
multiplicités respectives m 1 , · · · , m r . Alors l’ensemble des solutions de l’équation homogène
( )
r
λk t
S = t ∈ R 7−→ P k ( t) e , avec ∀ k ∈ [[1, r ]] , P k ∈ Km k −1 [ X ]
X
k=1

Preuve:
Considérons l’espace E = C ∞ (R, K) et l’endomorphisme de celui-ci D : x 7−→ x0 . On a
à !
r ¡
Y ¢m
S = Ker χ (D) = Ker D − λk IdE k
¡ ¢
k=1

Par le lemme des noyaux


r ¢m ¢
S = ⊕ Ker D − λk k
¡¡
k=1
Reste à déterminer Ker (D − λ)m avec λ ∈ K et m ∈ N∗ .
¡ ¢

Introduisons l’application e λ : t 7−→ eλ t et pour x ∈ E, on pose y = e −λ x. Par la formule de Liebniz


¢m
y(m) = e −λ D − λIdE (x)
¡

Donc x ∈ Ker (D − λId)m si, et seulement si, y(m) = 0. Or la solution générale de l’équation y(m) = 0 est
¡ ¢

mX
−1
y= c i ti
i =0

avec c 0 , · · · , c m−1 ∈ K. Ainsi


( )
mX
−1
m¢ λt i
Ker (D − λId) = t 7−→ e c i t avec c 0 , · · · , c m−1 ∈ K
¡
i =0
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 35

Exemple
Résolvow l’équation
x000 − 3 x00 + 4 x = 0

 L’équation caractéristique est X 3 − 3 X 2 + 4 = 0, ce qui s’écrit aussi ( X − 2)2 ( X + 1) = 0. Les racines sont
λ1 = 2 (de multiplicité m 1 = 2 ) et λ2 = −1 (de multiplicité m 2 = 1 ).
 La racine λ1 = 2 conduit aux solutions (a + bt) e2 t avec a, b ∈ R
 La racine λ2 = −1 conduit aux solutions ce− t avec c ∈ R
L’ensemble des solutions est donc

t 7→ (a + bt) e2 t + ce− t |a, b, c ∈ R


© ª

Remarque :

Quand les coefficients a 0 , · · · , a n−1 sont réels, on s’interésse en général qu’aux solutions à valeurs dans réelles
de l’équation.
m −1
 Si λ est racine réelle de χ, cela donne des solutions réelles de la forme t 7−→ eλ t c i t i avec c 0 , · · · , c m−1 ∈
X
i =0
R
 Si par contre λ = µ + i ω, où µ et ω sont réels avec ω non nul, alors son conjugué λ = µ − i ω est racine de
χ de même ordre, on obtient les solutions de la forme

m −1 m −1
t 7−→ eµ t cos(ω t) α i t i + eµ t sin(ω t) βi ti
X X
i =0 i =0

avec α0 , · · · , αm−1 , β0 , · · · , βm−1 ∈ R

Exemple
Cherchons les solutions réelles de l’équation

x000 − 2 x00 − 2 x0 − 3 x = 0

 L’équation caractéristique est X 3 − 2 X 2 − 2 X − 3 = 0, ce qui s’écrit aussi ( X − 3) X 2 + X + 1 = 0 Une


¡ ¢

valeur propre est donc λ1 = 3. p p


 Les solutions de X 2 + X + 1 = 0 sont λ2 = − 12 + 23 i et λ3 = − 12 − 23 i
 La valeur propre λ1 = 3 conduit à la solution t 7→ e3 t
 Les valeurs propres λ2 et λ3 conduisent aux solutions complexes eλ2 t et eλ3 t . Comme on s’intéresse
aux solutions réelles, alors on considère les deux fonctions définies par la partie réelle et la partie

imaginaire de e−1 t e 2 it : Ãp ! Ãp !
− 12 t 3 − 21 t 3
t 7→ e cos t et t 7→ e sin t
2 2
 L’ensemble des solutions est donc
( Ã Ãp ! Ã p !! )
3t − 12 t 3 3
t 7→ ae + e b cos t + c sin t |a, b, c ∈ R
2 2

Corollaire 3
Soit a, b, c ∈ K tel que a 6= 0 et soit
ax00 + bx0 + cx = 0 (H)

1. Si l’équation ar 2 + br + c = 0 possède des racines distinctes r 1 6= r 2 et les solutions de (H) sont les

x( t) = λ e r 1 t + µ e r 2 t où λ, µ ∈ K.

2. Si l’équation ar 2 + br + c = 0 possède une racine double r 0 et les solutions de (H) sont les

x( t) = (λ t + µ) e r 0 t où λ, µ ∈ K.
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 36

3. Si l’équation ar 2 + br + c = 0 ne possède pas de racines, alors K = R et l’équation caractéristique admet


deux racines complexes distinctes et conjuguées r 1 = α + iβ, r 2 = α − iβ et les solutions de (H) sont les

x( t) = eα t λ cos(β t) + µ sin(β t) où λ, µ ∈ R.
¡ ¢

Propriété 19

nX
−1
L’équation x(n) + a k x(k) = eα t P ( t), où P ∈ K[ X ] et α ∈ K, admet une solution particulière de la forme
k=0
x p : t 7−→ t m Q ( t) eα t où Q est une fonction polynomiale de même degré que P et m est l’ordre de multiplicité
de α vu comme racine de χ

Preuve:
Soit d = deg P, posons a n = 1 et e α : t 7−→ eα t .
 Pour Q ∈ Kd +m [X ], on a :
n n k
a k D k (Q e α ) = C ki Q ( i) e(αk− i)
X X X
χ (D) (Q e α ) = ak
k=0 k=0 i =0
n k n Q ( i) Xn k!
C ki Q ( i) α(k− i) e α = α(k− i) e α
X X X
= ak ak
k=0 i =0 i =0 i! k= i (k − i)!
Xn Q ( i ) χ( i ) (α) n Q ( i ) χ( i ) (α)
X
= eα = eα
i =0 i! i=m i!

On pose
n 1
χ( p) (λ)Q ( p) .
X
θ (Q) =
p= m p!

³θ est une application ´ linéaire


³ de K´d +m [X ] à valeurs dans Kd [X ], sa matrice, dans les bases canoniques B =
1, X , · · · , X d +m et C = 1, X , · · · , X d ,
 
0 ··· ··· 0 ∗ ? ··· ?
 .. .. .. ..

.
 
. . 0 ∗ .
Mat (θ ) = 
 

B ,C
 .. .. .. .. .. 

 . . . . . ? 

0 ··· ··· 0 0 ··· 0 ∗

est échelonnée dont les m premières colonnes sont nulles et de d + 1 pivots.

n 1
χ( p) (λ)Q ( p)
X
θ (Q) =
p= m p!

Donc rg (() θ ) = d + 1 = dim Kd [X ] et, par suite, elle est surjective.


 Pour R ∈ Kd +m [X ], l’application t 7−→ eλ t R(t) est une solution particulière de l’équation (L) si, et seulement si,

e λ .θ (R) = χ(D) e λ .R = e λ P ⇐⇒ θ (R) = P


¡ ¢

Par la surjection de θ il existe un polynôme R de degré d + m tel que


n 1
χ( p) (λ)R ( p) = P
X
θ (R) =
p= m p!

Mais Km−1 [X ] ⊂ Ker (θ ), alors on pose Q le quotient de la division euclidienne de R par X m , on obtient θ X m Q =
¡ ¢

θ (R) = P.
Remarque :

Cette méthode s’applique notamment pour α = 0

Remarque :

Si d ( t) = eω1 t ( M cos ω2 t + N sin ω2 t) où ω1 , ω2 ∈ R et M, N ∈ Rn [ X ].


On cherche une solution sous la forme

x p = t m eω1 t ( A cos ω2 t + B sin ω2 t)


IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 37

où A, B ∈ Rn [ X ] et m l’ordre de multiplicité de ω1 + i ω2 dans l’équation caractéristique

Exemple
Résoudre y00 + y = x + cos 3 x sur I = R.

 Equation homogène : L’équation caractéristique est r 2 + 1 = 0. La solution générale de (E.H.) est donc
y = A cos x + B sin x.
 Solution particulière à y00 + y = x : y = x convient.
 Solution particulière à y00 + y = cos 3 x : En remplaçant y = A cos 3 x + B sin 3 x dans l’équation, on trouve
( A − 9 A ) cos 3 x + (B − 9B) sin 3 x = cos 3 x, donc A = − 81 et B = 0.
1
 Conclusion : la solution générale est y = x − cos 3 x + A cos x + B sin x.
8

Exemple
Résoudre les équations différentielles :

(E 0 ) y00 − 5 y0 + 6 y = 0 (E 1 ) y00 − 5 y0 + 6 y = 4 xe x (E 2 ) y00 − 5 y0 + 6 y = 4 xe2 x

Trouver la solution de (E 1 ) vérifiant y(0) = 1 et y0 (0) = 0.

1. Équation (E 0 ). L’équation caractéristique est r 2 − 5 r + 6 = ( r − 2)( r − 3) = 0, avec deux racines distinctes


r 1 = 2, r 2 = 3. Donc l’ensemble des solutions de (E 0 ) est λ e2 x + µ e3 x | λ, µ ∈ R .
© ª

2. Équation (E 1 ).
a) On cherche une solution particulière à (E 1 ) sous la forme y0 ( x) = (ax + b) e x . Lorsque l’on injecte y0
dans l’équation (E 1 ), on obtient :

(ax + 2a + b) e x − 5(ax + a + b) e x + 6(ax + b) e x = 4 xe x


⇐⇒ (a − 5a + 6a) x + 2a + b − 5(a + b) + 6 b = 4 x
⇐⇒ 2a = 4 et − 3a + 2 b = 0
⇐⇒ a = 2 et b = 3

Donc y0 ( x) = (2 x + 3) e x .
b) L’ensemble des solutions de (E 1 ) est (2 x + 3) e x + λ e2 x + µ e3 x | λ, µ ∈ R .
© ª

c) On a y( x) = (2 x + 3) e x + λ e2 x + µ e3 x . On cherche λ, µ tels que y(0) = 1, y0 (0) = 0. C’est-à-dire que


3 + λ + µ = 1, 5 + 2λ + 3µ = 0. Donc λ = −1, µ = −1, c’est-à-dire que y( x) = (2 x + 3) e x − e2 x − e3 x .
3. Équation (E 2 ). Comme 2 est une racine de l’équation caractéristique, on cherche une solution parti-
culière sous la forme y0 ( x) = x(ax + b) e2 x . On obtient y0 ( x) = x(−2 x − 4) e2 x .

Exemple: Équation d’Euler


On considère l’équation :
y00 + 2 y0 + 4 y = xe x (E )

1. Résoudre l’équation différentielle homogène associée à (E ).


2. Trouver une solution particulière de (E ) (expliquer votre démarche), puis donner l’ensemble de toutes
les solutions de (E ).
3. Soit f :]0, ∞[−→ R une fonction deux fois dérivable sur ]0, ∞[ et qui vérifie :

t2 f 00 ( t) + 3 t f 0 ( t) + 4 f ( t) = t log t.

a) On pose g( x) = f ( e x ), vérifier que g est solution de (E ).


b) En déduire une expression de f .

1. Le polynôme caractéristique associé à E est : p( x) = x2 + 2 x + 4 ; son discriminant est ∆ = −12 et il a


p p
pour racines les 2 nombres complexes −1 + i 3 et −1 − i 3. Les solutions de l’équation homogène sont
IV.5 Équations différentielles linéaires constantes 38

donc toutes fonctions :


p p
y( x) = e− x (a cos 3 x + b sin 3 x)

obtenues lorsque a, b décrivent R.


2. Le second membre est de la forme eλ x Q ( x) avec λ = 1 et Q ( x) = x. On cherchera une solution de
l’équation sous la forme : yp ( x) = R ( x) e x avec R polynôme de degré égal à celui de Q puisque p(1) 6= 0.
On pose donc R ( x) = ax + b. On a

y00p ( x) + 2 y0p ( x) + 4 yp ( x) = (7ax + 7 b + 4a) e x .

Donc yp est solution si et seulement si 7ax + 7a + 4 b = x. On trouve après identification des coefficients :

1 −4
a= et b= .
7 49

La fonction yp ( x) = 71 ( x − 47 ) e x est donc solution de E et la forme générale des solutions de E est :

p p 1 4
y( x) = e− x (a cos 3 x + b sin 3 x) + ( x − ) e x ; a, b ∈ R.
7 7

3. a) On a : g0 ( x) = e x f 0 ( e x ) et g00 ( x) = e x f 0 ( e x ) + e2 x f 00 ( e x ) d’où pour tout x ∈ R :

g00 ( x) + 2 g0 ( x) + 4 g( x) = e2 x f 00 ( e x ) + 2 e x f 0 ( e x ) + 4 f ( e x ) = e x log e x = xe x

donc g est solution de E .


b) Réciproquement pour f ( t) = g(log t) où g est une solution de E on montre que f est 2 fois dérivable
et vérifie l’équation donnée en 4. Donc les fonctions f recherchées sont de la forme :

1 p p t 4
(a cos ( 3 log t) + b sin ( 3 log t)) + (log t − ) ; a, b ∈ R.
t 7 7

Exemple: R
soudre les équations différentielles suivantes à l’aide du changement de variable suggéré.
1. x2 y00 + x y0 + y = 0, sur ]0; +∞[, en posant x = e t ;
2. (1 + x2 )2 y00 + 2 x(1 + x2 ) y0 + m y = 0, sur R, en posant x = tan t (en fonction de m ∈ R).

1. Puisqu’on cherche y fonction de x ∈]0; +∞[, et que l’application t 7→ e t est bijective de R sur ]0; +∞[, on
peut poser x = e t et z( t) = y( e t ). On a alors t = ln x et y( x) = z(ln x). Ce qui donne :

y( x) = z(ln x) = z( t)
1 0
y0 ( x) = z (ln x) = e− t z0 ( t)
x
1 1
y00 ( x) = − 2 z0 (ln x) + 2 z00 (ln x) = − e−2 t z0 ( t) + e−2 t z00 ( t)
x x
En remplaçant, on obtient donc que

∀ x ∈]0; +∞[, x2 y00 + x y0 + y = 0 ⇐⇒ ∀ t ∈ R, z00 ( t) + z( t) = 0

autrement dit, z( t) = λ cos t + µ sin t où λ, µ ∈ R. Finalement, les solutions de l’équation de départ sont
de la forme
y( x) = z(ln x) = λ cos(ln x) + µ sin(ln x)

où λ, µ ∈ R.
2. L’application t 7→ tan t étant bijective de ] − π2 ; π2 [ sur R, on peut poser x = tan t et z( t) = y(tan t). On a
alors t = arctan x et ainsi :

y( x ) = z(arctan x) = z( t)
1
y0 ( x ) = z0 (arctan x)
1 + x2
1
y00 ( x)
¡ 00
z (arctan x) − 2 xz0 (arctan x)
¢
=
(1 + x2 )2
IV.6 Application classique des séries entières 39

En remplaçant, on obtient que z est solution de l’équation différentielle z00 + mz = 0. Pour résoudre
cette équation, on doit distinguer
p
trois
p
cas :
 m < 0 : alors z( t) = λ e −mt + µ e− −mt et donc
p p
− m arctan x − m arctan x
y( x ) = λ e + µ e− ,

 m = 0 : z00 = 0 et donc z( t) = λ t + µ et y( x) = λ arctan x + µ,


p p
 m > 0 : alors z( t) = λ cos( mt) + µ sin( mt) et donc
p p
y( x) = λ cos( m arctan x) + µ sin( m arctan x)

où λ, µ ∈ R.

IV.6 Application classique des séries entières

Exemple
On cherche des solutions de l’équation

(E ) : x2 y00 + 4 x y0 + (2 − x2 ) y − 1 = 0

On cherche f dérivable en séries entières solution de E de rayon de convergence R non nul, disons f ( x) =
+∞
a n x n Alors f est de classe C ∞ , dérivable terme à terme sur ]−R, R [. Donc :
P
n=0

+∞ +∞ +∞ +∞
n( n − 1)a n x n + 4 na n x n + 2a n x n − a n x n+2 = 1
X X X X
n=2 n=1 n=0 n=0

Par unicité du développement en séries entières de rayon de convergence non nul, on a :


 Pour n = 0 : 2a 0 = 1, soit a 0 = 12 .
 Pour n = 1 : 4a 1 + 2a 1 = 0, soit a 1 = 0
 Pour n Ê 2 :
n( n − 1)a n + 4 na n + 2a n − a n−2 = 0

soit : a n ( n2 + 3 n + 2) = a n ( n + 1)( n + 2) = a n−2


 Si n est impair, a n = 0
1
 Si n est pair, a 2 p =
(2 p + 2)!
Donc (
1
+∞
X x2 n 2 (ch( x) − 1) si x 6= 0
f ( x) = = x
n=0 (2 n + 2)! 1/2 si x = 0
+∞
P x2 n
Réciproquement, soit f défini par f ( x) = ; alors f a un rayon de convergence infini (critère de
n=0 (2 n + 2)!
d’Alembert), donc f est de classe C ∞ sur R, et on vérifie que f est solution sur R de (E ). (soit directement,
soit avec les coefficients)

Exemple
On considère l’équation différentielle y00 + x y0 + y = 1. Chercher l’unique solution de cette équation vérifiant
y(0) = y0 (0) = 0.
Indication : Chercher les solutions développables en séries entières

 Soit r > 0 le rayon de convergence de f . On a, pour tout x ∈] − r, r [,

a n xn
X
f ( x) =
nÊ0
+∞ +∞
x f 0 ( x) na n x n−1 = na n x n
X X
= x
n=1 n=0
+∞ +∞
f 00 ( x) n( n − 1)a n x n−2 = ( n + 2)( n + 1)a n+2 x n .
X X
=
n=2 n=0
IV.6 Application classique des séries entières 40

On en déduit que, pour tout x ∈] − r, r [, on a


+∞
f 00 ( x) + x f 0 ( x) + f ( x) = b n xn
X
n=0

avec
b n = ( n + 2)( n + 1)a n+2 + ( n + 1)a n .

Or, f 00 + x f 0 + f = 1. Par unicité du développement en série entière, on obtient b 0 = 1 et b n = 0 pour tout


n Ê 1. Ceci nous donne les relations
1 an
a 2 = (1 − a 0 ) et a n+2 = − pour n Ê 1.
2 n+2

 On sait en outre que a 0 = y(0) = 0 et que a 1 = y0 (0) = 0. On en déduit que tous les termes impairs a 2n+1
sont nuls, puis que, pour les termes pairs

−1 −1 −1
µ ¶ µ ¶ µ ¶
a 2n = × ×···× a2
2n 2n − 2 4
(−1)n+1
= .
2 × 4 × · · · × 2n
On factorise tous les termes qui sont pairs au dénominateur, et on trouve

(−1)n+1
a 2n =
2 n n!
valable pour n Ê 1. Réciproquement, posons

X (−1)n+1 2n
f ( x) = n
x .
nÊ1 2 n!

La série entière qui apparait est de rayon de convergence égal à +∞, la fonction f ainsi définie est
donc de classe C ∞ et, remontant les calculs, elle est solution de l’équation différentielle initiale.
 De plus, on peut l’identifier à une fonction classique. En effet,

X 1 − x2 n
µ ¶
f ( x) = − = 1 − exp(− x2 /2).
nÊ1 n ! 2

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