3,40 € samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO - N° 24 682 - www.lefigaro.

fr - France métropolitaine uniquement Première édition

lefigaro.fr

ENVIRONNEMENT SCIENCES
LE TRI OBLIGATOIRE IA, ESPACE, CLIMAT...
DES BIODÉCHETS MET LES LES SIX ÉVÉNEMENTS
COMMUNES EN DIFFICULTÉ PAGE 8 QUI ONT MARQUÉ 2023 PAGE 9

ÉTATS-UNIS
Le Maine juge,
à son tour, Donald Le dernier
défi
Après une année
difficile, Macron
Trump « inapte »
à la présidence
PAGE 4 de Rafael
Nadal

cherche un cap
RELIGION
Comment François
efface l’héritage
théologique

pour 2024
de Benoît XVI
PAGE 7

LUXE
Dans les
champagnes aussi,
le haut de gamme Le président, affaibli par le chaos de la loi immigration
tire son épingle et les tensions au sein de sa majorité, envisage une
du jeu PAGE 16
« initiative politique » pour relancer son quinquennat.
AÉRONAUTIQUE
Les proches du président ne tenter de remettre à flot son ment est vivace. Mais, au-de-
Airbus consolide promettent pas d’annonces quinquennat, après les vio- là, Emmanuel Macron a fixé
son rang tonitruantes lors des tradi- lentes secousses du vote de la une échéance en janvier : un
de leader mondial tionnels vœux télévisés du loi immigration, en décembre. mystérieux « rendez-vous avec
PAGE 19 chef de l’État, ce dimanche Retiré cette semaine au fort de la nation ». Pour tenter de cas-
31 décembre. Le président Brégançon, dans le Var, Em- ser l’impression d’une pro-
prévoit plutôt d’attendre la manuel Macron a eu le loisir crastination du pouvoir, et
AUDIOVISUEL rentrée, après le Conseil des de repenser son dispositif. demeurer au centre du jeu po-
En 2023, ministres du 3 janvier, pour L’hypothèse d’un remanie- litique.
les cinémas
français ont attiré è 2024, UNE ANNÉE DE « FIERTÉ FRANÇAISE » è NON RÉÉLIGIBLE EN 2027, LE PRÉSIDENT TENTE
DE REPOUSSER LA COURSE À LA SUCCESSION DANS SON PROPRE CAMP PAGES 2, 3 ET L’ÉDITORIAL
près de 180 millions
de spectateurs
PAGE 20
PATRICK HAMILTON/AFP

DANSE
Hannah O’Neill,
La Russie déclenche
danseuse étoile aux un déluge de missiles
multiples planètes
PAGE 25
Après une année quasi blanche en 2023, marquée
sur toute l’Ukraine
par deux opérations de la hanche qui ont failli provoquer Pas de trêve du Nouvel An en dements ont frappé tout le pays
Ukraine. Quelques jours après vendredi matin : 158 missiles et
L’« Alfred
CHAMPS LIBRES

n
l’arrêt de sa carrière, la légende espagnole effectue avoir subi l’humiliation d’un drones ont été lancés contre les
Merlin », son retour dimanche à Brisbane, en Australie. À 37 ans, nouveau navire coulé en Cri- grandes villes ukrainiennes,
le navire le détenteur de 22 titres du Grand Chelem, dont 14 à mée, la Russie a riposté à gran- faisant au moins 18 victimes et
qui perce Roland-Garros, se sait attendu par la planète tennis. PAGE 10 de échelle. D’intenses bombar- plus de 130 blessés. PAGE 6

les mystères
des naufrages
n
La chronique
ÉDITORIAL par Gaëtan de Capèle gdecapele@lefigaro.fr

Entre deux cérémonies

de Mathieu
Bock-Côté

C’
n
La tribune est un programme premium le contrôle des flux migratoires, il reste
de Jean-Michel qui attend Emmanuel désormais à la mettre en œuvre et, sur-
Delacomptée Macron l’an prochain. tout, à démontrer son efficacité. Le re-
PAGES 12 ET 13 Intronisation de Missak dressement d’une Éducation nationale si-
Manouchian au Panthéon, nistrée ne constitue pas un moindre défi.
commémoration du 80e anniversaire du Dé- Les débuts prometteurs du nouveau mi-

@ FIGARO OUI
FIGARO NON
Réponses à la question
barquement, Jeux olympiques à Paris, réou-
verture de Notre-Dame… Qui dit mieux ? Le
chef de l’État disposera, tout au long de l’an-
née, d’une palette exceptionnelle pour com-
nistre ont créé une attente qui appelle une
réponse à la hauteur du désastre. La situa-
tion économique mérite tout autant d’at-
tention. L’objectif
de vendredi : poser autant de tableaux célébrant la fierté Ce ne sont du plein-emploi
Marché unique, euro, française, qu’il voudrait ressusciter. Nul pas les s’éloigne, tandis
Erasmus… Jugez-vous doute qu’il s’y emploiera avec ardeur. Mais, que, malgré des
positif l’héritage européen même dans un monde médiatique où l’ima- chantiers qui prélèvements
de Jacques Delors ? ge prime sur tout, les grands événements ne manquent obligatoires re-
font pas une politique, encore moins un pro- cords, les comptes
OUI NON jet. Et les attrape-nigauds, conçus pour publics n’ont jamais été si dégradés. Leur
49 % 51 % masquer l’absence de majorité, ne peuvent rétablissement relève de l’urgence natio-
TOTAL DE VOTANTS : 133 302 tenir lieu de méthode : la pratique du ma- nale, tant le poids de sa dette coûte, et
cronisme laisse craindre que le « rendez- coûtera, de plus en plus cher à la France.
Votez aujourd’hui vous avec la nation » de janvier sonne aussi Les économies mille fois promises dans les
3’:HIKKLA=]UXYU]:?l@m@d@a@a";

sur lefigaro.fr creux que les « cent jours » de l’été dernier administrations ne peuvent plus attendre,
Êtes-vous favorable ou que « l’initiative politique d’ampleur » de sous peine de sanction des agences de no-
M 00108 - 1230 - F: 3,40 E

à la généralisation du la rentrée de septembre. tation et des marchés financiers.

compost dans les villes ? Ce ne sont pourtant pas les chantiers qui Vaste programme qui, entre deux cérémo-
manquent dans une France fébrile et fra- nies, remplirait amplement la fin du quin-
Jean-Michel Delage / Hans Lucas gile. Après le vote de la loi sur l’immigra- quennat d’Emmanuel Macron… s’il en
via Reuters Connect-ESA/CNES/ tion, censée permettre de reprendre enfin trouvait les moyens politiques. ■
Arianespace-STRINGER/REUTERS
A

AND : 4,30 € - BEL : 3,50 € - CH : 4,40 FS - CZ : 115 CZK - D : 4,00 € - ESP : 4,10 € - GR : 3,60 € - LUX : 3,50 € - MAR : 37 DH - MTQ/GLP : 4,10 € - PORT.CONT : 4,20 € - REU : 4,50 € - TUN : 11,00 TND ISSN 0182.5852
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

2 L'ÉVÉNEMENT
Emmanuel Macron, toujours
pour son quinquennat
Au terme d’une
année difficile,
le président
SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO

prépare une
nouvelle
initiative pour
se relancer.

LOUIS HAUSALTER
Le congrès de £@LouisHausalter
Renaissance L’ENTOURAGE d’Emmanuel Ma-
est prévu en cron ne promet pas d’annonce to-
nitruante lors des traditionnels
novembre 2024, vœux télévisés du chef de l’État,
mais l’enjeu ce dimanche 31 décembre. Le pré-
sident prévoit plutôt d’attendre la
sera la rentrée, après le Conseil des mi-
désignation nistres du 3 janvier, pour tenter de
remettre à flot son quinquennat,
du secrétaire après les violentes secousses du
vote de la loi immigration en dé-
général. cembre. Retiré cette semaine au
La question fort de Brégançon, dans le Var,
Emmanuel Macron a eu le loisir de
du mode repenser son dispositif. « Il est
de désignation dans un moment de reconfiguration
politique », lâche un proche. À
d’un candidat l’Élysée, son directeur de cabinet,
à la présidentielle à ses côtés depuis 2017, est en
cours de remplacement, tout
ne viendra comme son conseiller en commu-
que plus tard »
LOÏC SIGNOR, PORTE-PAROLE
nication. L’incontournable secré-
taire général Alexis Kohler vient
d’accueillir deux adjointes. Côté
DE RENAISSANCE gouvernement, les ministres
n’ont pas passé les fêtes de Noël
dans la plus grande sérénité.
L’hypothèse d’un remaniement
hivernal est vivace, alors qu’Éli- mystérieux « rendez-vous avec la séquence et de se donner des op- Emmanuel Macron rencontre du pays, juste avant que
sabeth Borne et Gérald Darmanin nation » annoncé dans des confi- tions pour la suite. » (ici le 7 décembre le mouvement des « gilets jau-
sont ressortis fragilisés du chaos dences au Monde. Questionné le Au gouvernement, on finit par à l’Élysée) nes » ne lui éclate à la figure. Il a
de la loi immigration, tandis 20 décembre sur France 5 sur ce s’habituer à ces nébuleuses initia- a annoncé alors repris la main grâce au
qu’Aurélien Rousseau a démis- qu’il en était, il a esquivé en cabo- tives présidentielles, consistant à pour janvier « grand débat », avant de décréter
un « rendez-vous
sionné de son poste de ministre de tinant : « Si je vous donne rendez- fixer des échéances en mobilisant rien de moins qu’une « guerre »
avec la nation ».
la Santé en raison de son désac- vous en janvier, je ne vais pas l’ho- une sémantique solennelle… et à LUDOVIC MARIN/AFP
contre le Covid.
cord avec le texte. norer en décembre… » Quelques gagner du temps en mettant Cette propension à la scénarisa-
Mais, au-delà des « décisions jours plus tôt, un ministre souriait l’agenda politique en suspens. tion s’est encore accélérée depuis
d’organisation », comme on les quand on l’interrogeait sur les in- Sous son premier quinquennat, sa réélection et l’échec des élec-
appelle pudiquement dans son tentions du chef de l’État : « Je Emmanuel Macron s’était ainsi tions législatives de 2022, qui ont
entourage, Emmanuel Macron a pense que lui-même n’en a aucune lancé, en 2018, dans une « itiné- abouti à une majorité relative. Le
fixé une échéance en janvier : un idée ! Ça lui permet d’enjamber la rance mémorielle » pour aller à la président convoque alors des ré-

2024, une année de « fierté française » Non rééligible

LUI AUSSI a rendez-vous avec la
nation. En tout cas avec les pres-
tigieux caveaux de « la patrie re-
connaissante ». Le 21 février, Mis-
sak Manouchian fera son entrée
au Panthéon lors d’une cérémo-
nie présidée par Emmanuel Ma-
cron. Devant les cendres du ré-
sistant communiste arménien
fusillé en 1944, le chef de l’État a
l’intention de célébrer « les Fran-
çais de préférence », selon l’ex-
pression d’Aragon dans son poè-
me consacré à l’Affiche rouge de
la propagande allemande, où fi-
gurait Manouchian.
Cette panthéonisation, la qua-
trième depuis qu’Emmanuel Ma-
cron est à l’Élysée, sera l’un des
premiers marqueurs d’une « an-
née de fierté française », dixit un
conseiller élyséen, dont le prési-
dent compte bien tirer un bénéfi-
ce politique. Entre le 80e anni-
mandie. Détail qui n’en est pas
un : les cérémonies se tiendront
juste avant les élections euro-
péennes du 9 juin. Les 70 ans de
l’opération Overlord, en 2014,
avaient donné l’occasion à Fran-
çois Hollande de convoquer un
grand raout diplomatique, réu-
nissant en un même lieu Barack
Obama et Vladimir Poutine,
alors que des combats faisaient
déjà rage dans l’est de l’Ukraine.
Cette fois, si la présence de Joe
Biden est annoncée, le président
russe n’est pas convié. Sur le
“ Notre-Dame,
c’est un pari réussi.
Quand il a annoncé sa
reconstruction en cinq
ans, tout le monde s’est
sécurité, n’y sont pas pour rien.
« La ferveur ne se réveillera que
deux ou trois semaines avant, mais
ce sera un moment de fierté natio-
nale », veut croire un ministre.
L’exécutif attend beaucoup de la
cérémonie d’ouverture sur la Sei-
ne, qui donne pourtant des
sueurs froides aux forces de l’or-
dre. « Le potentiel pour le rayon-
nement du pays est considérable.
Pour les téléspectateurs, ce sera
extraordinaire », s’emballe un
haut gradé de l’Élysée qui a lu le
script de la cérémonie. Mais pour
les performances sportives et leur
écho sur le moral du pays, un
conseiller présidentiel amateur
de ballon rond mise plutôt sur
l’Euro de football, qui se déroule-
ra en Allemagne entre la mi-juin
et la mi-juillet : « Tout le monde
l’oublie, mais l’équipe de France
est favorite, et c’est une compéti-
l’Immaculée conception. Le pré-
sident assistera à la messe solen-
nelle à laquelle il a convié le pape
François, qui n’a pas donné de
réponse pour l’instant. Une ve-
nue à Paris du souverain pontife,
qui n’a accordé qu’un entretien
d’une demi-heure à Emmanuel
Macron lors de son voyage à Mar-
seille en septembre, parachève-
rait en beauté l’année de rayon-
nement dont rêve le président.
L’occasion, alors que l’influence
française ne cesse de décroître,
d’attirer encore un peu de l’at-
tention du monde. ■ L. H.
la course à la
IL A DÉCIDÉ de marquer le coup. Le
5 janvier, Emmanuel Macron prési-
dera aux Invalides une cérémonie
d’hommage à Jacques Delors, mort
Les JO seront mercredi à l’âge de 98 ans. L’occa-
le grand rendez-vous sion de revendiquer l’héritage
international de l’année européen de celui qui a présidé la
(ici, Tony Estanguet,
Commission de Bruxelles, alors que
président du Comité
d’organisation les élections européennes se tien-
des Jeux olympiques dront en juin. Pour ce début d’an-
et paralympiques née, le chef de l’État planche ainsi
de Paris 2024). sur l’articulation entre l’échelon
BERTRAND GUAY/AFP français et l’Union européenne.

versaire du Débarquement du
6 juin 1944, les Jeux olympiques à
Paris fin juillet et début août, et la
réouverture de Notre-Dame pré-
vue le 8 décembre, Emmanuel
Macron a plusieurs occasions de
prendre la lumière au niveau in-
ternational. « C’est une année très
particulière. Les projecteurs vont
être braqués sur la France », se fé-
licite d’avance un interlocuteur
régulier du président.
Emmanuel Macron compte
ainsi mettre en scène plusieurs
jours de commémoration pour
A
”
dit qu’il était fou
UN PROCHE D’EMMANUEL MACRON
plan mémoriel, ce sera l’occa-
sion de rendre hommage à des
vétérans de plus en plus rares,
alors que le dernier survivant des
177 Français ayant débarqué en
1944, Léon Gautier, est mort l’été
dernier.
Le grand rendez-vous interna-
tional de l’année reste toutefois
les JO qui, pour l’instant, ne sou-
lèvent guère d’enthousiasme. Les
querelles incessantes entre l’État
tion fondamentale en termes
d’ambiance. »
Emmanuel Macron compte sur
un autre événement au retentis-
sement positif pour conclure
l’année : la réouverture de Notre-
Dame au public et au culte.
« C’est un pari réussi. Quand il a
annoncé sa reconstruction en cinq
ans, tout le monde s’est dit qu’il
était fou », rappelle un proche.
Même si les esprits taquins re-
marqueront que le calendrier
s’est plutôt étiré à cinq ans et
demi. La date du 8 décembre a été

l’anniversaire du Débarque- et Anne Hidalgo, ainsi que les in- choisie en lien avec le diocèse de
ment, en Bretagne et en Nor- quiétudes pour les transports et la Paris : ce sera la fête mariale de

en quête d’un cap
férences historiques plus ou moins
heureuses. D’abord en lançant son
Conseil national de la refondation,
allusion transparente au Conseil
national de la Résistance (CNR) de
l’après-guerre. Puis, après la dou-
loureuse réforme des retraites, en
donnant le coup d’envoi de « cent
jours » pour apaiser le pays et pas-
ser à autre chose. Ensuite, au
cœur de l’été dernier, il annonce
au Figaro Magazine qu’il prendra
à la rentrée une « initiative politi-
en 2027, le président tente de repousser
succession dans son propre camp
Parmi les scénarios envisagés à
l’Élysée figure une prise de parole
sur la nation à l’occasion du « ren-
dez-vous » donné en janvier (lire
ci-dessus), puis un discours sur
l’Union au Parlement européen en
février, exercice auquel Emmanuel
Macron s’est déjà prêté à plusieurs
reprises. Avec l’espoir de garder la
main dans un jeu politique perturbé
par l’absence de majorité absolue
et, de plus en plus, par le bal des
ambitieux dans le camp présiden-
tiel. D’autant qu’Emmanuel Ma-
cron, contraint par la limite de deux
mandats successifs instaurée en
2008, n’a pas le droit de se repré-
senter.
« Dans un deuxième quinquennat,
le titulaire du poste maigrit de jour en
jour parce que tout l’écosystème po-
litique se projette dans l’après, théo-
rise un ancien conseiller du prési-
dent. D’ailleurs, tout le monde
s’accorde à dire que les deuxièmes
mandats de Mitterrand et Chirac
n’ont pas été très réussis. Et ils ont
très peu pesé sur le choix de leur suc-
cesseur. »
Emmanuel Macron aimerait
conjurer la malédiction. « J’ai en-
core trois ans et demi devant moi. Je
ne compte pas m’arrêter », a-t-il
insisté le 20 décembre sur France 5.
Quitte à s’enfermer dans le déni sur
sa date de péremption politique ?
« Il avait fixé à la mi-mandat une
sorte de switch vers la fin du quin-
que d’ampleur », qui se révélera
être une réunion à huis clos avec
les chefs des partis représentés à
l’Assemblée nationale. Mais ces
Rencontres de Saint-Denis sont
aujourd’hui au point mort, après
la décision des Républicains (LR),
du Parti socialiste et de La France
insoumise de boycotter la deuxiè-
me édition en novembre.
Une illustration supplémentaire
des résultats peu fructueux de
toutes ces trouvailles. « Les cent
quennat, où il acceptait de se pencher
sur la suite. Mais plus l’échéance ap-
proche, plus je sens qu’il veut faire de
2024 une année utile ! », sourit un
élu proche de lui. Tout en préve-
nant : « Si son objectif est de garder
les mains sur le volant jusqu’à la fin
du voyage, il faut qu’il soit imagina-
tif. Un Édouard Philippe ou un Fran-
çois Bayrou essaieront de mettre les
mains dessus. Il faut que tout le mon-
“prétendants,
À la place des
je ne
partirais pas trop tôt.
Les gens se poseront
vraiment la question
du successeur
de Macron après les
municipales de 2026
”
UN PROCHE DU PRÉSIDENT
de reste assis et attaché ! » Sur
France 5, Emmanuel Macron a ré-
servé ses compliments à « l’éner-
gie » et au « courage » d’un ma-
croniste pur jus, Gabriel Attal,
révélation politique de l’automne
dans son costume de ministre de
l’Éducation nationale.
Dans le camp présidentiel, une
règle non écrite mais chuchotée en
coulisses au début de ce second
mandat voulait que les futurs can-
didats à l’élection présidentielle at-
jours d’apaisement se sont terminés
par des émeutes. Et la conclusion
des Rencontres de Saint-Denis,
c’est qu’il est urgent de faire un
congrès sur l’IVG », grince le pré-
sident des députés LR, Olivier
Marleix, en référence à la réforme
programmée en mars pour inscri-
re la liberté d’avorter dans la
Constitution. « Le premier quin-
quennat avait déjà fonctionné avec
beaucoup de marketing et la cam-
pagne présidentielle n’a pas été
l’occasion de refonder un pacte.
Depuis sa réélection, on a le senti-
ment qu’il n’y a plus de carburant.
C’est une succession de discours.
Où est le cap ? »
“on Depuis
sa réélection,
a le sentiment qu’il
n’y a plus de carburant.
C’est une succession
de discours.
Où est le cap ?
”
OLIVIER MARLEIX,
PRÉSIDENT DES DÉPUTÉS LR
Emmanuel Macron parviendra-
t-il enfin à une clarification lors
du « rendez-vous » qui se dessine
pour la mi-janvier ? « Il tente tou-
tes les initiatives pour rassembler le
pays dans un contexte de majorité
relative, plaide l’un de ses anciens
conseillers à l’Élysée. Il essaie de
faire la démonstration par la répé-
tition. Même si ça ne marche pas, il
retente, comme quand il était ban-
quier d’affaires et allait chercher
des deals. » Un autre proche, plus
philosophe, invoque le conatus de
Spinoza, cet effort consistant à
« persévérer dans son être » mal-
gré les désillusions. « On peut cri-
tiquer un gadget de plus, mais aussi
trouver que le président est très
conscient de la crise démocratique
et essaie en permanence de retisser
le lien entre les responsables politi-
ques et les Français, poursuit-il.
La forme précise est encore en ré-
flexion, mais il y aura une action,
pas seulement du discours. » Pour
tenter de casser l’impression
d’une procrastination du pouvoir,
alors que le sablier du quinquen-
nat s’écoule. Et demeurer au cen-
tre du jeu politique, à cinq mois
des élections européennes. ■
tendent la fin des Jeux olympiques
de l’été 2024 pour se mettre à leur
compte. Un accord tacite pas vrai-
ment respecté. Le ministre de l’In-
térieur, Gérald Darmanin a tenté
une échappée en solitaire en orga-
nisant en août une rentrée dans son
fief de Tourcoing. Son collègue de
l’Économie, Bruno Le Maire, s’est
récemment autorisé à donner pu-
bliquement son avis sur ce que de-
vrait être la suite du quinquennat, à
savoir la poursuite des réformes
économiques. Quant à Édouard
Philippe, « loyal » mais surtout
« libre », sa candidature est quasi-
ment déclarée.
Au siège de Renaissance, le parti
présidentiel dirigé par Stéphane Sé-
journé, on ambitionne de perpétuer
le macronisme après 2027… mais
sans se presser de dénicher un suc-
cesseur. Un congrès est prévu en
novembre 2024, mais « l’enjeu sera
la désignation du secrétaire général,
indique Loïc Signor, porte-parole
de Renaissance. La question du
mode de désignation d’un candidat à
la présidentielle ne viendra que plus
tard. » Un proche du président es-
saie de temporiser : « À la place des
prétendants, je ne partirais pas trop
tôt. Les gens se poseront vraiment la
question du successeur de Macron
après les municipales de 2026. »
Mais les ambitieux en embuscade,
eux, tenteront dès cette année
d’imposer leur réponse. ■ L. H.
LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023
L'ÉVÉNEMENT
Ce jour où
SÉRIE
les « députettes »
LES SECRETS
DE L’ASSEMBLÉE
sont arrivées
Tous les mois,
le site du Figaro
plonge dans l’un
des innombrables
à l’Assemblée
secrets
de l’Assemblée
nationale.
Des épisodes
Au lendemain de la Seconde Guerre
souvent méconnus
et pourtant
marquants dans
l’histoire du Palais
mondiale, 33 femmes sont élues députées.
Bourbon. Cet hiver,
votre journal
propose à ses WALLY BORDAS £@wallybordas
lecteurs de revenir
sur les six derniers Le tumulte habituel qui précède
volets de cette série, chaque séance vient subitement de
réservée aux s’éteindre. Dans l’Hémicycle, tous
abonnés numériques les regards se posent sur la fine sil-
depuis un an. houette qui pénètre dans l’enceinte
parlementaire et avance à pas lents
5/6 en direction de la tribune. Longue
robe de soie noire, collier de perles
blanches, Madeleine Braun gravit
une à une les marches de la tribune.
Un large sourire aux lèvres, elle re-
mercie les officiers de la garde répu-
blicaine qui viennent de l’accueillir,
la saluant de leur sabre en annon-
çant son arrivée : « Madame la prési-
dente ! ». Avant, tranquillement, de
s’asseoir, tout là-haut, sur le per-
choir, et de prononcer d’une voix
claire : « La séance est ouverte »,
sous les applaudissements nourris de
l’ensemble des parlementaires.
En ce 30 juillet 1946, pour la toute
première fois de l’histoire de France,
une femme préside les débats à la
Chambre basse. La députée commu-
niste ne cache guère sa fierté. Ni son
émotion. Alors que les discussions se
lancent dans l’Hémicycle, une petite
larme coule le long de sa joue. Du dos
de la main, elle l’essuie délicate-
ment. Les discussions se déroulent
sans accroc. Madeleine Braun vient
d’inaugurer « avec aisance ses fonc-
tions au fauteuil présidentiel », félici-
te Le Figaro dans ses colonnes, le
lendemain matin. Quelques jours
plus tôt, le 14 juin, l’ancienne résis-
tante était nommée vice-présidente
de l’Assemblée. Une révolution. Qui
fait d’ailleurs largement parler. Dans
son édition du 31 juillet, France Soir
évoque une « excellente musicienne »
qui « s’ingénie à faire régner l’har-
monie entre les partis ». « Par un cu-
rieux renversement des rôles, c’est
une femme qui sera chargée d’empê-
cher les bavards de parler », écrit le
quotidien généraliste…
Anciennes résistantes
Les bavards… et les bavardes ! Car
depuis le 21 octobre 1945, des fem-
mes sont désormais députées de la
nation. Plus précisément, 33 sont
élues ce jour-là, soit 5,6 % des par-
lementaires de l’Assemblée consti-
tuante, qui vont donc participer à
écrire la nouvelle Constitution.
Nous sommes au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, la plu-
part sont d’anciennes résistantes,
d’autres sont avocates. En novem-
bre 1946, quand débute la IVe Répu-
blique, la plupart seront réélues et
de nouvelles députées feront même
leur entrée au Palais Bourbon, por-
tant leur nombre à 42. Leurs homo-
logues masculins leur donnent un
surnom affectif, et peut-être un peu
« condescendant », comme le jugera
il y a quelques mois, l’actuelle prési-
dente de l’Assemblée, Yaël Braun-
Pivet : les « députettes ».
Au Palais Bourbon, les 33 femmes
sont accueillies chaleureusement
par leurs collègues masculins. Les
17 communistes, 9 élues du MRP
(Mouvement républicain populaire),
6 socialistes, et la députée du Parti
républicain de la liberté (PRL), arri-
vent, tout sourire, dans la cour
d’honneur de la Chambre basse. El-
3
ADOBE STOCK, TALLANDIER / BRIDGEMAN IMAGES -
ILLUSTRATION CHARLOTTE PAROIELLE / LE FIGARO
les qui n’ont obtenu le droit de vote
que quelques mois plus tôt, par une
ordonnance du 21 avril 1944 préci-
sant qu’elles sont « électrices et éligi-
bles dans les mêmes conditions que les
hommes », sont désormais des élues
de la nation, chargées par le général
de Gaulle, comme leurs 553 autres
collègues, de rédiger un projet de
Constitution destiné à être approuvé
par les Français lors d’un référen-
dum. « Toutes les femmes qui ont été
élues n’étaient pas de tempérament
féministe. Nous arrivions avec le sen-
timent de l’égalité de nos droits et évi-
demment nous nous sommes penchées
sur tous les problèmes, mais pas spé-
cifiquement féminins », racontera
plus tard, la députée MRP Marie-
Madeleine Dienesch à la télévision
(archives de l’INA).
« Réellement coéquipiers »
Une grande partie des députés qui
arrivent au Palais Bourbon ce jour-
là sont nouveaux, ils n’ont pas d’ex-
périence politique. Il n’y a donc pas
de « condescendance » masculine,
jurent plusieurs d’entre elles à l’épo-
que. « Nous sortions tous des mêmes
combats de la Résistance. Nous avi-
ons de l’estime les uns pour les autres,
nous étions réellement coéquipiers »,
décrit en 1951 la députée MRP Ger-
maine Peyroles dans les colonnes du
Figaro. Et de reprendre : « Ils nais-
saient en même temps que nous à la
vie parlementaire. Les problèmes que
nous, femmes, nous posions, nous sa-
vions que nos camarades masculins se
les posaient aussi. »
Il n’est d’ailleurs pas question
pour ces femmes de se constituer en
« groupe ». Il s’agit de travailler en
bonne intelligence. C’est de cette
manière que beaucoup d’entre elles
obtiennent ensuite des postes à res-
ponsabilités. Marie-Madeleine Die-
nesch devient la première présiden-
te de commission, en 1967, en
prenant la tête de celle des affaires
culturelles, familiales et sociales.
Quant à Germaine Peyroles, elle est
- comme sa collègue Madeleine
Braun - élue vice-présidente de
l’Assemblée dès 1946. « Ils sont très
gentils quand je préside. Et discipli-
nés. Ils savent que je n’aime pas qu’on
lise le journal en séance (…). Person-
nellement, je ne peux pas me plaindre.
Parfaite courtoisie pour moi », racon-
te Germaine Peyroles dans Le Figaro
en 1951.
Près d’un siècle plus tard, la part
des femmes députées a largement
augmenté. Surtout, pour la première
fois de l’histoire, une femme occupe
le plus haut poste à responsabilité du
Palais Bourbon : le 28 juin 2022, Yaël
Braun-Pivet est élue présidente de
l’Assemblée. Installée au perchoir,
quelques minutes plus tard, la nou-
velle quatrième personnalité de
l’État prononce notamment ces
mots : « Dans cet Hémicycle, où l’his-
toire s’est tant de fois écrite, nous ve-
nons ensemble d’ouvrir un nouveau
chapitre. Un chapitre du grand livre
de notre vie parlementaire. Un chapi-
tre du grand livre de l’égalité entre les
femmes et les hommes. » ■
A
PROCHAIN ARTICLE :
Le siège des policiers
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
4 INTERNATIONAL
L’État du Maine juge, à son tour,
Donald Trump « inapte » à la présidence
À l’instar
du Colorado,
l’Administration
démocrate
de ce territoire
agricole
entend bloquer
sa candidature.
MAURIN PICARD £@MaurinPicard
NEW YORK
ÉTATS-UNIS En guise de vœux de
Noël, Donald Trump vouait aux
gémonies ses détracteurs, de Joe
Biden au procureur spécial Jack
Smith, leur souhaitant d’« aller
pourrir en enfer ». L’archi-favori
du camp républicain en vue de
l’élection présidentielle de 2024
peut désormais ajouter à sa liste
Shenna Bellows. La secrétaire dé-
mocrate de l’État du Maine l’a offi-
ciellement déclaré inéligible à la
primaire républicaine de cet État
rural de Nouvelle-Angleterre
(nord-est).
Dans une décision de 34 pages
rendue jeudi soir, elle estime que
l’ancien président remplit les
conditions stipulées dans l’arti-
cle 3 du 14e amendement de la
Constitution américaine, selon le-
quel une personne ayant participé
à une insurrection ne doit pas être
autorisée à briguer une fonction
gouvernementale au niveau fédé-
ral. « Il n’est pas apte à la fonction
de président », écrit-elle dans ce
document.
Il y a bientôt quatre ans, des
centaines de partisans Maga (Make
America Great Again, « rendez sa
grandeur à l’Amérique ») et de
membres de groupes paramilitai-
res d’extrême droite avaient don-
né l’assaut à la colline du Capitole,
afin d’empêcher les membres
du Congrès de certifier la victoire
du démocrate Joe Biden, lors de
l’élection présidentielle du 3 no-
vembre 2020. « Les événements du
6 janvier 2021 étaient sans précé-
dent et tragiques », précise Shenna
Bellows, chargée par ses fonctions
Le maire de New York perd patience face à l’afflux de migrants
MAURIN PICARD £@MaurinPicard
NEW YORK
LE MAIRE de New York a frappé du
poing sur la table. Près de deux ans
après l’arrivée des premiers bus de
migrants expédiés depuis le Texas
par le gouverneur républicain Greg
Abbott, Eric Adams a signifié mer-
credi 27 décembre aux compagnies
de transport concernées l’obliga-
tion de notifier leurs déplacements
vers Big Apple trente-deux heures
à l’avance. Les migrants et deman-
deurs d’asile ne pourront en outre
être déposés en ville à n’importe
quelle heure du jour ou de la nuit,
comme cela vient de se produire
après une arrivée massive, à une
heure indue, de quatorze autocars
la semaine passée. Ces arrivées de-
vront avoir lieu au même endroit,
dans le centre de Manhattan, et
dans un créneau horaire spécifique
- entre 8 h 30 et midi les jours de
semaine.
« Nous ne pouvons plus tolérer
cela, a déclaré Adams lors d’une
conférence en vidéo avec ses ho-
mologues de Chicago et Denver.
Pour être très clair, de telles mesures
ne visent pas à interdire aux gens de
venir chez nous, mais à assurer leur
sécurité et à faire en sorte qu’ils ar-
rivent de manière ordonnée et coor-
donnée ». Si elles violent ces règles,
les entreprises de transport s’ex-
A
posent à des poursuites judiciaires
et des amendes conséquentes.
de superviser l’organisation des
scrutins dans sa juridiction. « Ils
constituèrent une attaque non seu-
lement contre le Capitole et les re-
présentants du gouvernement, mais
aussi contre l’État de droit. Les
preuves démontrent qu’ils se sont
produits sur ordre du président sor-
tant, avec sa connaissance et son
soutien. La Constitution des États-
Unis ne tolère pas que l’on s’attaque
aux fondements de notre gouverne-
ment, et (la loi du Maine) m’oblige
à agir en conséquence. »
Le 15 décembre, elle avait reçu
en audition des électeurs du « Pine
Tree State », qui contestaient l’éli-
gibilité du candidat républicain en
vertu d’une loi locale autorisant
tout citoyen à déposer des objec-
tions auprès du secrétaire d’État.
La sanction intervient neuf jours
après une mesure similaire décré-
tée par la cour suprême de l’État
montagneux du Colorado (ouest),
à quatre voix contre trois, et pour
laquelle les avocats de Trump ont
d’ores et déjà interjeté appel
auprès de la Cour suprême fédé-
Depuis la fin du printemps 2022,
170 000 immigrants clandestins
ont ainsi débarqué à New York,
une mégalopole de 8,5 millions
d’âmes. Parmi ces errants princi-
palement originaires du Venezue-
la, de Colombie et d’Équateur,
25 000 ont été expédiés sur ordre
exprès du gouverneur Abbott, qui,
comme son homologue de Floride,
Ron DeSantis, veut faire payer les
édiles démocrates à la tête de cités
dites « sanctuaires », qui promet-
tent hébergement et soins médi-
Donald Trump rale à Washington. Celle-ci a refu-
lors d’un meeting sé toute délibération urgente sur la
de campagne, question, repoussant sa décision
à Waterloo dans l’Iowa, au printemps 2024, lorsque le pro-
le 19 décembre, cessus des primaires sera déjà fort
pour l’investiture avancé.
républicaine La pression s’accentue désor-
à la présidentielle
de 2024. mais sur les neuf sages, sollicités
SCOTT OLSON/GETTY
par les avocats des deux camps
IMAGES VIA AFP afin qu’ils statuent le plus rapide-
ment sur ce dilemme sans précé-
dent dans l’histoire de la républi-
que. « Je suis consciente qu’aucun
secrétaire d’État n’a jamais privé
un candidat présidentiel d’accès
aux bulletins sur la foi de l’article 3
du 14e amendement, écrit Bellows.
Je suis aussi consciente, cependant,
qu’aucun candidat présidentiel n’a
jamais été impliqué auparavant
dans une insurrection. » Le seul
précédent historique concerne
l’ancien président des États confé-
dérés d’Amérique, Jefferson
Davis. Après la guerre de Séces-
sion, celui-ci avait été réélu à son
ancien poste de sénateur du
Mississippi en 1875, mais cette
fonction lui fut refusée en vertu du
caux aux arrivants, en attendant
une hypothétique régularisation
de leur situation administrative. Ils
seraient encore 67 000 en ville à
l’heure actuelle, dont une partie en
cours de déplacement vers un
nouveau centre d’accueil à forte
Le maire de New York,
Eric Adams, capacité, le Floyd Bennett Field à
lors de sa conférence Brooklyn, ancien aéroport de New
de presse York détrôné à partir des années
hebdomadaire, 1940 par celui d’Idlewild dans le
le 14 novembre, Queens (rebaptisé JFK en 1963).
à l’hôtel de ville. Le cynique bras de fer idéologi-
ANGELA WEISS/AFP que entre tenants d’une politique
14e amendement. Ratifié le 9 juillet
1868, celui-ci visait essentielle-
ment à bannir les sécessionnistes
de toute responsabilité politique
au sein de l’Union, qu’ils avaient si
férocement combattue de 1861 à
1865, et qui restait marquée par
l’assassinat du président aboli-
tionniste Abraham Lincoln cinq
jours après la capitulation d’Appo-
mattox.
L’onde de choc déclenchée par
le Maine et le Colorado demeure
insondable. Deux autres États, le
Minnesota et le Michigan (nord),
ont quant à eux pris une décision
opposée, estimant que des officiels
locaux ne sauraient empêcher le
Parti républicain d’inclure le nom
de Donald Trump sur les bulletins
de leurs primaires. Tous les re-
gards se tournent à présent vers
l’Oregon (ouest), dont la cour su-
prême doit statuer à son tour sur
l’éligibilité de l’ex-président après
que l’homologue de Shenna
Bellows, LaVonne Griffin-Valade,
a refusé d’assumer seule une telle
décision. Cinq citoyens avaient
d’intégration raisonnée et parti-
sans d’une posture intransigeante
face à l’afflux de clandestins à la
frontière mexicaine (2 millions
d’interpellations annuelles en
moyenne depuis 2021), a dégénéré
en crise sanitaire aiguë, sous le
coup des vagues incessantes de dé-
placés internes.
Une gestion chaotique
Les centres d’accueil existant au
sein du système d’hébergement
des sans-abri de la ville ploient
sous le nombre, et les bourgs
ruraux sommés d’accepter des
contingents de migrants en
ouvrant leurs motels maugréent
contre une gestion chaotique de
ces flux de population, face à ces
nouveaux pensionnaires souvent
contrariés d’échouer dans un coin
perdu de l’Upstate (nord de l’État
de New York), sans accompagne-
ment administratif ni suivi psy-
chologique.
Le 6 septembre dernier, Eric
Adams, excédé par la crise, avait
lâché : « Je n’ai jamais eu dans ma
vie un problème dont je ne voyais pas
la fin, mais là, je ne vois pas la fin.
Cette affaire va détruire New
York. » Ces paroles, mal perçues,
portaient une signification essen-
tiellement financière : selon
Adams, la prise en compte de la
question migratoire pourrait coû-
ter 12 milliards de dollars sur les
trois prochaines années. Coutu-
mier des propos irréfléchis, l’ex-
porté plainte de cette récusation,
motivée par un avis formel de ses
services juridiques. En Californie,
la secrétaire d’État Shirley Weber
et le gouverneur Gavin Newsom,
tous deux démocrates, se sont
prononcés également contre une
telle mesure. « Il ne fait aucun
doute dans mon esprit que Donald
Trump constitue une menace pour
nos libertés et même envers notre
démocratie, indiquait la semaine
passée Newsom, prétendant vir-
tuel à la Maison-Blanche en 2028.
Mais en Californie, nous battons les
candidats que nous n’aimons pas
dans les urnes. Tout le reste n’est
que distraction politique. »
“ La Constitution
des États-Unis ne tolère
pas que l’on s’attaque
aux fondements de
notre gouvernement
”
SHENNA BELLOWS,
SECRÉTAIRE D’ÉTAT DU MAINE
L’équipe de campagne de
Donald Trump, elle, se frotte les
mains, certaine que cette « persé-
cution » politico-judiciaire renfor-
ce l’assise de son champion au sein
de l’électorat. Elle annonce qu’elle
contestera en justice et pourrait
faire appel, à nouveau, devant la
Cour suprême des États-Unis. Elle
dénonce, via son porte-parole,
Steven Cheung, « une tentative de
vol d’une élection et de privation du
droit de vote des électeurs amé-
ricains ». Cette « attaque contre la
démocratie américaine » serait, à
l’entendre, orchestrée par une
« une gauchiste radicale » et « ar-
dente partisane » de « cet escroc de
Joe Biden ». Shenna Bellows,
48 ans, ancienne sénatrice locale,
se voit ici reprocher d’avoir servi
comme directrice dans le Maine
pour le mouvement des droits ci-
viques Aclu (American Civil Liber-
ties Union) ainsi que pour le Holo-
caust and Human Rights Center.
Tandis que l’actuel président
démocrate fait l’objet d’une en-
quête en destitution parlementaire
pour corruption, Donald Trump,
lui, a été inculpé le 1er août au ni-
veau fédéral puis, le 14 août, par
l’État de Géorgie, pour avoir cher-
ché à inverser les résultats de
l’élection de 2020 et à se maintenir
indûment à la Maison-Blanche. ■
flic du NYPD avait soulevé un es-
clandre en janvier dernier. En dé-
placement à El Paso, Texas, il avait
confié sur la chaîne de télévision
locale Fox 5 : « Nous aidons à inter-
viewer ceux qui cherchent à partir
ailleurs. Certains veulent aller au
Canada, d’autres dans des États
plus chauds, et nous sommes là pour
eux alors qu’ils poursuivent leur
quête de ce rêve. » Le tollé provo-
qué au Canada et au Québec avait
contraint Adams à rectifier le tir
dans la foulée : « Nous ne nous
coordonnons avec personne pour
envoyer des migrants au Canada. La
ville ne joue aucun rôle pour dire aux
migrants d’aller au Canada. »
L’inexpérimenté maire de New
York, auquel on prête des ambi-
tions nationales, a vu sa relation se
dégrader avec l’Administration
Biden, empêtrée dans la réforme
impossible de la lutte contre l’im-
migration clandestine face à l’ab-
sence de compromis bipartisan à
la Chambre des représentants.
Adams reproche à la Maison-Blan-
che de manquer à ses responsabili-
tés et d’ignorer les appels à l’aide
des cités « sanctuaires » débor-
dées et dépourvues d’aide fédérale
suffisante.
« Nous sommes une ville qui fait le
travail du gouvernement fédéral,
s’insurge Ingrid Lewis-Martin,
conseillère d’Eric Adams. Chaque
semaine qui passe, on nous chante la
même chanson (sur le contrôle des
flux), et rien ne change. » ■

À Sderot,
des électeurs
de « Bibi » sur
leurs gardes
Les habitants de cette ville martyre
proche de Gaza, fief du Likoud,
refusent d’y retourner tant que
le Hamas n’aura pas été éradiqué.
TANGUY BERTHEMET £@tanguyber
ENVOYÉ SPÉCIAL À SDEROT
PROCHE-ORIENT Le petit terrain
vague, un monticule de terre jau-
nâtre et herbeux, monte en pente
raide. Sur les hauteurs, la vaste
plaine découvre quelques champs
puis au-delà se devine la silhouette
de Beit Hanoun, la ville la plus au
nord de la bande de Gaza. Un gros
panache de fumée en sort. Quel-
ques fois, un nuage de poussières
grises se forme après un gronde-
ment sourd, signe des bombarde-
ments israéliens qui, en ce vendre-
di, semblent redoubler.
Face au vent qui souffle de la
mer, Jonathan Lévy et ses deux fils
regardent la guerre, visiblement
satisfaits. « C’est la seule solution »,
affirme le père de famille, portant
la barbe et le pantalon noir des ul-
traorthodoxes. « On est venu voir si
on pouvait rentrer chez nous, si c’est
assez sûr », continue-t-il en mon-
trant un bâtiment blanc au pied du
monticule. L’immeuble est l’un
des plus proches de Gaza dans la
ville israélienne de Sderot. Depuis
le 7 octobre elle est une cité pres-
que fantôme. Les rues proprettes et
les ronds-points sont silencieux.
La ville a souffert de l’attaque, dé-
plorant 60 morts, dont 22 policiers
dans le commissariat, cible d’un
Le quartier arménien de la Vieille Ville de Jérusalem sous tension
HUGUES MAILLOT £@HuguesMaillot
ENVOYÉ SPÉCIAL À JÉRUSALEM
« ICI, c’est la Cisjordanie ! » Setrag
Balian sourit mais son visage se re-
ferme aussitôt. Le terrain que le
jeune activiste arménien pointe du
doigt n’est pas situé sur une colline
surplombant la vallée du Jourdain
mais au cœur de la Vieille Ville de
Jérusalem, dans le quartier armé-
nien. Encadré par les remparts ot-
tomans, un immense parking est
coupé en deux par des gravats et
d’épais fils barbelés. D’un côté, les
drapeaux rouge, bleu et abricot de
la République d’Arménie claquent
fièrement au vent. De l’autre, un
grand écriteau en hébreu et en an-
glais barre l’entrée : « Parking pri-
vé, pour les membres uniquement. »
Jeudi, des heurts ont éclaté sur
cette parcelle après l’irruption de
« plus de trente provocateurs mas-
qués », qui, selon le patriarcat ar-
ménien, ont attaqué et blessé des
membres du clergé et de la com-
munauté rassemblés sur ce terrain
disputé. Les habitants du quartier
accusent Danny Rothman, un ri-
che entrepreneur juif australien,
d’avoir orchestré cet « assaut »
peu après que le patriarche armé-
nien de Jérusalem, Nourhan Ma-
nougian, a déposé une plainte en
justice pour faire annuler une
transaction controversée.
Depuis 2021, cette parcelle de
terre de quelques centaines de
mètres carrés fait l’objet d’une
guerre de territoires. Danny Roth-
man tente de la racheter au pa-
triarcat arménien pour y ériger un
hôtel de luxe, mais la communauté
s’y oppose. « C’est notre terre de-
puis seize siècles », objecte Setrag,
qui a fondé une association bapti-
sée SaveTheArQ - pour « sauvez le
véritable assaut. « Ce n’était pas un
attentat, c’était la guerre », tran-
che Daniela Zerbib, qui vivait en
face du poste. Les miliciens y sont
restés plusieurs heures et l’armée
israélienne a eu besoin de deux
jours pour entièrement sécuriser la
petite cité. Désormais, comme
presque toute la population, elle vit
loin, dans un hôtel de luxe de Jéru-
salem, au frais du gouvernement.
Selon la mairie, moins de 5 000
personnes sur les 36 000 de Sderot
y demeurent aujourd’hui. « La
peur est encore là », reconnaît Elad
Kalimi, le premier adjoint au
maire.
« On veut une vie
normale »
Du commissariat, il ne reste rien.
Les autorités l’ont rasé et ont éva-
cué les déblais. « Il ne supportait
pas l’image de l’échec que cela
incarnait », veut croire un passant.
Plus loin, rien ne distingue, sinon
des impacts de balles, l’arrêt de bus
où plus d’une dizaine de civils ont
été fauchés. La photo des cadavres,
très vite diffusée sur les réseaux
sociaux, fut l’une des premières à
donner une idée de l’ampleur du
massacre. « C’est maintenant gravé
dans la ville. Quoi qu’il se passe »,
explique Maxime Touboul.
Dans cette matinée, l’homme
achève de réparer son restaurant
quartier arménien ». Elle conteste
la légalité d’un contrat signé en
2021 entre le patriarcat et la société
Xana Garden Ltd, derrière laquelle
se cache Danny Rothman. Celui-ci
englobe non seulement le parking,
qui constitue le plus grand espace
ouvert de la Vieille Ville, mais aus-
si plusieurs résidences et une par-
tie du séminaire arménien.
Menaces, intimidations,
offres mirobolantes
Courant novembre, des bulldozers
sont arrivés en pleine nuit pour
détruire un mur. Puis des colons
ont débarqué armés et accompa-
gnés de chiens sur le site, pour
tenter de chasser, en vain, les
Arméniens qui y avaient installé
un campement de fortune, pour
veiller jour et nuit. Une entrée du
parking a un temps été interdite à
la communauté. « Ce lieu est-il
vraiment destiné à un hôtel », s’in-
terroge Setrag. « N’est-ce pas plu-
tôt le début d’une nouvelle colonie
israélienne ? » Le jeune activiste
assure mener, avec sa commu-
nauté, « un combat pour tous les
chrétiens de la Vieille Ville ».
Ce genre d’appropriation, légale
Des militaires de Kebab dévasté par une roquette
des Forces de défense le 10 octobre. De gros impacts per-
israéliennes (FDI) cent encore l’enseigne, mais le
s’activent reste est neuf. Pour autant, il n’est
dans le secteur pas certain de le rouvrir tout de
de Sderot, mercredi, suite. « À quoi cela servirait-il ? Il
près de la frontière n’y a personne », regrette-t-il.
entre Israël et Gaza.
XINHUA/ABACA
Alors il attend que Sderot reprenne
vie, sans savoir s’il y croit vrai-
ment. « Des gens vendent déjà leurs
appartements, bien décidés à ne plus
revenir ici. Ils ne s’y sentent plus à
l’aise. Mais d’autres reviendront
sans doute. Ce n’est pas cher ici. » Il
avoue toutefois ne pas savoir
quand. « Pour cela, il faut que la sé-
curité soit assurée. » Les roquettes
tirées depuis Gaza, courantes ces
dernières années, sont devenues
rares aujourd’hui alors que la
guerre a réduit les capacités du Ha-
mas. Il n’en tombe plus qu’une par
semaine, assure Maxime.
Pour Elad Kalimi, c’est encore
bien trop. « Nous nous étions habi-
tués à l’insupportable. On vivait en
regardant toujours où était l’abri le
plus proche, avec 15 secondes pour
s’y rendre. Aujourd’hui on ne veut
plus de ça. On veut une vie norma-
le. » Il rappelle les promesses de
Benyamin Netanyahou, maintes
fois répétées, d’exterminer le Ha-
mas et de demander à l’armée de
prendre le contrôle de la sécurité à
Gaza. Il entend bien prendre le
premier ministre au mot. « Je ne
250 m
Ligne d’armistice
de 1949
QUARTIER
CHRÉTIEN
3
VIEILLEVILLE
Porte de Jaffa
QUARTIER ARMÉNIEN
J ÉRUSALEM- Parcelle controversée
OUEST
MONT SION
Source : BBC
Le parking du quartier ou non, n’est pas sans précédent.
arménien, dans la Vieille D’autres maisons et immeubles de
Ville de Jérusalem, la Vieille Ville ont été rachetées
le 13 décembre, coupé par de riches promoteurs juifs. À
en deux par des gravats proximité de la porte de Jaffa,
et des barbelés. l’hôtel Imperial se dresse sur la
AHMAD GHARABLI/AFP
grande rue en pierres polies. Cet
établissement, que loue une même
famille de Palestiniens depuis
1949, a été acquis en 2004 par une
puissante organisation de colons,
Ateret Cohanim. Son objectif re-
vendiqué est de renforcer la pré-
sence juive dans la Vieille Ville.
Les colons souhaitent éjecter le
gérant, Abu Amir Dajani, qui dis-
pose d’un contrat de location avec
l’Église grecque orthodoxe pour
trois générations. Menaces, inti-
midations, offres mirobolantes…
tout est bon pour convaincre le
vieil homme de quitter les lieux.
« Je ne dors plus depuis vingt ans »,
confie-t-il. « Chaque nuit, je fais
des cauchemars. » Mais pas ques-
tion pour lui de négocier. « Ce
serait un aveu de faiblesse », se
défend fièrement le tenancier.
Juste à l’extérieur de la Vieille
Ville, dans le prolongement de
l’unique rue du quartier armé-
nien, le mont Sion est un autre
LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023
INTERNATIONAL
25 km
JORD.
Tel-Aviv
CISJORDANIE
Mer
Méditerranée
ISRAËL Jérusalem
Mer
BANDE Morte
DE GAZA Sderot
ÉG. Infographie
demanderai pas à mes administrés
de rentrer autrement. Pour cela,
j’attends d’avoir l’engagement de
l’armée et du gouvernement que
tout va bien. Un engagement. »
« On n’a plus confiance »
Pour Netanyahou, la menace est
sérieuse. Sderot, une ville de la
classe moyenne largement acquise
à sa cause, un vivier électoral, est
devenu un symbole des errements
de sa politique sécuritaire. Ils sont
ainsi plusieurs dizaines de milliers
en Israël à avoir dû quitter leur
maison sous la menace d’une atta-
que venue de Gaza, mais aussi, et
plus souvent, du nord et de la fron-
tière libanaise.
Daniela Zerbib, 74 ans, et son
époux Raymond demeurent des
supporteurs inconditionnels de
« Bibi ». Elle ne veut pas douter de
1. Esplanade
des Mosquées
QUARTIER 2. Mur des
MUSULMAN Lamentations
3. Saint-Sépulcre
1
J ÉRUSALEM-
2 EST
QUARTIER
JUIF MONT DES
OLIVIERS
Infographie
foyer de tensions. Ses ruelles si-
nueuses en pierres apparentes
abritent un sanctuaire chrétien.
C’est ici que Jésus aurait pris son
dernier repas avant sa mort, dans
le Cénacle. On y trouve un cou-
vent franciscain du XIVe siècle
ainsi que les cimetières arménien,
grec orthodoxe et protestant.
« Nos selations sont
respectueuses »
En déambulant dans le quartier, on
croise de nombreux juifs ultra-
orthodoxes en papillotes et cha-
peau noir. Certains descendent les
marches d’une grande bâtisse, qui
jouxte un cimetière musulman
délabré. « Les Juifs ont chassé les
habitants et s’y sont installés »,
dénonce M. Hani, un entrepreneur
influent du quartier chrétien. Le
principal point de crispation se
situe juste derrière, sur un terrain
vague appartenant au patriarcat
grec orthodoxe.
Depuis plusieurs semaines, des
« colons » s’y sont installés, assure
M. Hani. Quelques tentes ont été
dressées au milieu de ce qui res-
semble plus à un squat qu’à un
campement en bonne et due for-
5
sa parole et donc, de son retour
« chez elle ». Arrivée à Sderot en
1961, elle refuse l’idée de s’installer
ailleurs. « Il a dit qu’il restaurerait
la sécurité pour nous. Il le fera »,
veut-elle croire. Ce que cela re-
couvre, chaque réfugié l’interprète
à sa guise. Comme beaucoup, Ray-
mond et Daniela sont plutôt jus-
qu’au-boutistes. « On n’a plus
confiance, donc il ne faut plus qu’il y
ait aucun arabe à Sderot », dit-elle.
Ce n’est qu’à ce prix qu’elle quit-
tera sa chambre de l’hôtel Vert.
Julie souhaite aussi partir du
Grand Court, un établissement de
Jérusalem, avec ses enfants. Mais
elle a son exigence : que l’on n’en-
tende plus jamais de roquettes. Elle
ne cache pas son engagement au
sein du Likoud, mais reconnaît
qu’elle doute aujourd’hui. Elle re-
garde plus à droite encore. Les ru-
meurs d’un arrêt des subventions
pour payer les hôtels et d’un retour
contraint lui font peur. Dans le
centre de Sderot, devant l’une des
rares boutiques ouvertes, Karina
sourit. D’origine russe comme
beaucoup d’habitants de Sderot,
elle n’a jamais quitté la ville, ni
« écouté les politiques ». « Ils sont
responsables de ce qui s’est passé. Ils
font des promesses mais c’est tout.
Ils savent que les gens reviendront à
Sderot parce que ce n’est pas cher.
Mais ils reviendront en colère. » ■
me, avec ses matelas défoncés et
ses détritus jonchant le sol. À l’en-
trée, une femme à la peau burinée
lance des menaces de mort et mar-
tèle que cette terre « appartient
à Israël ». Un homme coiffé d’une
kippa reproche aux chrétiens
d’organiser des processions dans
le quartier « par provocation ». Im-
possible de savoir s’il s’agit d’un
campement de marginaux ou d’un
avant-poste de colonisation.
Mais la communauté grecque
orthodoxe prend la menace au sé-
rieux. Un gardien a élu domicile
dans un conteneur à une extrémité
du terrain pour surveiller la zone.
Ironie du sort : les occupants israé-
liens ont attaqué l’église en justice,
prétextant qu’il s’agit d’une instal-
lation illégale. Le gardien est fina-
lement parti avant la fin de la pro-
cédure par « mesure de sécurité ».
Un peu plus haut, à l’abri d’une
synagogue, se trouve un tombeau
qu’une tradition juive dit être celui
du roi David. Le lieu fut successi-
vement une église byzantine et
une mosquée. Les communautés
chrétiennes sont persuadées que la
tombe abrite en réalité la dépouille
d’un cheikh nommé Daoud, et non
celle du roi d’Israël. Dans ce com-
plexe intriqué, qui abrite aussi ce
que les chrétiens estiment être le
Cénacle, trois jeunes ultraortho-
doxes étudient la Torah. Ils assu-
rent qu’une saine cohabitation
règne entre les différentes com-
munautés. « Nos relations sont res-
pectueuses », certifie l’un d’eux.
Pour la communauté chrétien-
ne, qui ne représente plus que 2 %
de la population de Jérusalem,
contre 20 % il y a un siècle, le ris-
que est pourtant perçu comme ma-
jeur. Fataliste, M. Hani avertit :
A
« Nous sommes sous la menace
d’une élimination pure et simple. » ■
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

6 INTERNATIONAL
NICOLAS BAROTTE £@NicolasBarotte

EUROPE Les bombardements qui

ont frappé l’Ukraine vendredi ma-
tin ont été d’une intensité inédite.
158 missiles et drones ont été lancés
par la Russie dans une frappe mas-
sive contre les principales villes du
pays : Kiev, Lviv, Dnipropetrovsk,
Kharkiv ou encore Odessa. 87 mis-
siles et 27 drones ont été interceptés
par la défense aérienne ukrainien-
ne, a déclaré le chef d’état-major
Valeri Zaloujny. Au moins dix-huit
personnes sont mortes et plus de
cent trente ont été blessées, selon le
décompte disponible à la mi-jour-
née. Comme l’année dernière à la
même époque, l’armée russe a
choisi de montrer qu’il n’y aurait
pas de trêve en Ukraine, même pas
pour la fin d’année.
Quelques jours après avoir subi
une humiliation en Crimée, où elle a
À Kiev, un pompier
perdu une nouvelle fois un navire, intervient sur le site
la Russie a riposté à grande échelle. d’un entrepôt frappé
Il peut s’agir d’un coup de semonce par un tir de missile
pensé pour impressionner l’adver- russe, vendredi.
saire, d’une volonté d’affaiblir l’ar- VALENTYNE OGIRENKO/
rière alors que des offensives sont REUTERS
engagées sur le front ou d’une stra-
tégie de long terme contre l’archi-

Un déluge de missiles russes

tecture de défense ukrainienne. Un
peu des trois sans doute. « La plani-
fication d’une telle attaque complexe
demande de 7 à 14 jours », a précisé

sature le ciel ukrainien

sur le réseau X l’expert militaire al-
lemand Nico Lange.

Un projectile traverse
l’espace aérien polonais
Des infrastructures critiques, com-
me des sites industriels et militaires,
ont été ciblées. Des cibles civiles ont
aussi été touchées, comme des ma-
ternités, des écoles et des centres
commerciaux, a souligné le prési-
dent Volodymyr Zelensky. Les ré-
gions d’Odessa, Dnipropetrovsk et
Kiev ont subi des coupures d’élec-
tricité. Un objet, probablement un
missile, est aussi entré quelques mi-
nutes dans le ciel polonais, a confir-
mé Varsovie. En raison de l’inci-
dent, le président polonais Andrzej
Duda a convoqué un conseil de
sécurité en urgence. Le secrétaire
général de l’Otan, Jens Stoltenberg,
a assuré suivre de près la situation.
Pour mener son attaque, la Russie
a multiplié les vecteurs : 36 drones
Shahed, 8 missiles antinavires
Kh22, 90 missiles de croisière aé-
rien Kh101 et Kh555, 14 missiles ba-
listiques S300, S400 ainsi que des
Iskander, 4 missiles antiradars
Kh31P, un missile air-sol Kh-59 et
aussi cinq missiles hypersoniques
Kh46 Kinjal, a détaillé l’état-major
ukrainien. La salve a commencé
dans la nuit par les tirs de drones.
Puis l’aviation russe a été mobili-
sée : des bombardiers Tu-95, Tu-22
et des MiG-31K, tous capables de
tirs à longue distance, hors de por-
Après la perte d’un nouveau navire en Crimée, Moscou a riposté massivement par des tirs
coordonnés sur toutes les villes d’Ukraine, tuant au moins 18 personnes.
tée des défenses ukrainiennes. Les mites de son arsenal qu’une capacité sanctions économiques obligent plusieurs cibles. Les tirs de Kinjal et
attaques sont venues de la région de à mener une opération complexe : l’industrie de défense russe à trou- de missiles antiradars Kh-31P et des
Koursk, de Crimée, de Belgorod ou après presque deux ans de guerre, ver des dérivés ou des moyens dé- missiles de précision Kh-59 sont
d’Astrakhan. En donnant ces dé- Moscou doit gérer au plus juste son tournés pour produire son arme- intervenus en fin d’attaque, vers
tails, Kiev signale à Moscou sa capa- stock de projectiles. Selon l’institut ment. L’attaque de vendredi est sans 6 h 30, au moment où les défenses
cité à identifier les opérations de ISW, la Russie aurait tiré 7 400 missi- doute le résultat de mois « d’écono- étaient probablement épuisées. Les
son adversaire. les (dont 2 470 S-300/400, 900 Is- mies » pour régénérer ces capacités. Kh22 ainsi que les Kinjal ont sem-
La diversité des missiles employés kander et 48 Kinzhal) et 3 900 dro- La Russie est aussi contrainte d’utili- ble-t-il échappé aux défenses
par la Russie montre aussi bien les li- nes depuis le début de la guerre. Les ser pour des frappes à terre des mis- ukrainiennes. On ignore si des ra-
siles qui ne sont pas conçus pour, dars ukrainiens ont été endomma-
comme les S300. Mais l’impact de gés ou détruits. Ces infrastructures
destruction est sans doute suffisant sont cruciales pour la défense de
Londres va envoyer 200 missiles antiaériens à Kiev pour l’objectif recherché : aussi bien l’Ukraine et constituent des objec-
la pression psychologique que la dé- tifs prioritaires.
Le Royaume-Uni a annoncé de la Défense Grant Shapps, « immédiatement » sorganisation des infrastructures Avec les munitions, la défense
vendredi l’envoi d’environ qui affirme vouloir « envoyer à ces attaques. La France a, ukrainiennes. aérienne est l’autre point critique
200 missiles antiaériens un message irréfutable selon pour sa part, condamné « avec la de l’arsenal ukrainien. Même si le
à l’Ukraine pour renforcer lequel, face à la barbarie russe, le plus grande fermeté » vendredi Un taux d’interception élevé taux d’interception des systèmes
ses défenses, appelant ses alliés Royaume-Uni reste absolument la « stratégie de terreur visant Ces missiles ont surtout pour but de fournis par les Occidentaux est par-
à « redoubler d’efforts » déterminé à soutenir l’Ukraine ». à détruire les infrastructures saturer les défenses antiaériennes ticulièrement élevé, les stocks d’in-
pour soutenir KIev militairement. Le haut-commissaire de l’ONU civiles ukrainiennes ». Paris ukrainiennes, pour permettre aux tercepteurs sont limités. Les systè-
Le président russe Vladimir aux droits de l’homme, Volker « continuera à soutenir l’Ukraine autres d’atteindre certaines cibles mes doivent aussi être positionnés
Poutine « teste les défenses Türk, s’est déclaré « choqué » et à lui fournir l’aide nécessaire prioritaires. Si les drones Shahed pour protéger les régions sensibles,
ukrainiennes et la détermination par la nouvelle vague meurtrière pour lui permettre d’exercer sont relativement faciles à inter- en laissant d’autres avec moins de
de l’Occident », a déclaré de frappes russes en Ukraine, sa légitime défense », cepter, compte tenu de leur lenteur, protection. Vendredi, les autorités
le ministre britannique sommant Moscou de mettre fin ajoute-t-on à Paris. (AFP) leur nombre oblige les opérateurs et ukrainiennes ont rappelé l’urgence
les systèmes à être mobilisés sur à recevoir de nouveaux matériels. ■

EN BREF
L’arrivée d’indépendantistes basques Neuf ans de prison pour

à la mairie de Pampelune fait rugir la droite

une alliée de Navalny
Ksenia Fadeïeva, une alliée
de l’opposant russe
emprisonné Alexeï Navalny,
accusée d’avoir « créé une
Le Parti populaire dénonce une nouvelle compromission de Pedro Sanchez, après la désignation d’un maire organisation extrémiste », a été
condamnée vendredi à 9 ans
affilié à une formation qui cultive l’ambiguïté vis-à-vis de l’ancienne organisation terroriste ETA. de prison à Tomsk en Sibérie,
ont annoncé ses soutiens, dans
de pousser ces projets, la tentation pas pu prendre possession de son siè- prochement avec la formation qui un contexte de répression sans
MATHIEU DE TAILLAC £@mdetaillac est forte de relier ce cadeau fait aux ge à temps. Une fois devant la mairie, apparaît comme un allié toxique à précédent en Russie.
THAIER AL-SUDANI/REUTERS

MADRID
ESPAGNE « Vous signez la trahison
de Pampelune ! », a lancé la maire
sortante, Cristina Ibarrola (Union
du peuple navarrais, UPN, droite
régionale) aux soutiens de la motion
de censure qui l’expulse de son fau-
teuil. Nous votons par « responsabi-
lité », ont répondu les représentants
du Parti socialiste (PSN en Navarre,
PSOE au niveau national) au cours
d’un conseil municipal marqué par
une grande tension. Les socialistes
ont voté, ce jeudi, la motion qui
chasse la maire de droite et la rem-
place par le représentant de la gau-
che indépendantiste radicale (EH
Bildu), Joseba Asiron. Ce choix
déchire la classe politique bien au-
delà des élus de la capitale régionale
et de ses 200 000 habitants.
Les porte-flingues de Pedro San-
chez, président du gouvernement et
secrétaire général du PSOE, ont beau
affirmer qu’il s’agit de débloquer la
A
indépendantistes de Pampelune au
soutien parlementaire de Bildu au
gouvernement dirigé par PSOE et
Sumar (gauche radicale) à Madrid.
Quand les uns plaident la normalisa-
tion des relations avec un parti « dé-
mocratique et progressiste », les
autres dénoncent une insupportable
compromission avec les héritiers des
vitrines politiques de l’organisation
terroriste basque ETA.
Premier signe de l’anomalie de la
situation, les conseillers municipaux
ont rejoint l’hôtel de ville escortés
par la police, qui les protégeait des
militants de l’UPN et du Parti popu-
laire (PP, le grand parti de la droite
espagnole). Second élément trou-
blant, seuls quatre des cinq élus
socialistes ont pu mêler leurs votes
à ceux des huit élus de Bildu, des
deux de Geroa Bai (nationalistes mo-
dérés) et de celui du représentant de
Contigo-Zurekin (gauche radicale).
Deux suppléants se sont désistés pour
remplacer la cinquième conseillère,
une autre manifestation attendait les
élus, convoquée par EH Bildu.
« Héritage ambigu »
La droite situe Bildu en dehors du
cercle démocratique parce que le
parti, qui condamne la violence de
manière générale, maintient des
relations ambiguës avec l’histoire
La position du terrorisme et l’héritage d’ETA,
du Parti responsable de plus de 800 homici-
des. La formation, qui accueille en
socialiste est son sein les héritiers purs et durs
de ne passer des vitrines politiques successives
aucun accord d’ETA, a même inclus des anciens
avec Bildu
PEDRO SANCHEZ,,
» membres de l’organisation armée
dans ses listes électorales, et parti-
cipe aux « ongi etorri » (« bienve-
EN 2019
nue », en basque), les cérémonies
d’accueil des militants d’ETA à leur
sortie de prison. Mais elle s’appuie
aussi sur des indépendantistes qui
condamnaient déjà les attentats
d’ETA lors des années de plomb,
bien avant l’adieu aux armes en
2011 et la dissolution en 2018.
gauche, comme peut l’être Vox
pour le PP. La promesse la plus
affirmée remonte à 2015, quand il
annonçait à TVE : « Nous ne passe-
rons pas d’accord avec Bildu, si
vous voulez je vous le dis 20 fois. »
En 2019, désormais président du
gouvernement, Sanchez réitérait :
« La position du Parti socialiste est
de ne passer aucun accord avec
Bildu. » La droite et ses relais
médiatiques ressortent régulière-
ment les promesses oubliées par
Sánchez. Ils les rapprochent
d’autres renoncements, principa-
lement l’amnistie des indépendan-
tistes catalans, qu’il rejetait expli-
citement et qu’il défend désormais
comme le prix de sa reconduite à la
tête de l’exécutif. Le PP et Vox
taxent ces revirements de men-
songes. L’écrivain Javier Cercas,
compagnon de route des socialistes
jusqu’aux élections de juillet der-
nier, qualifie l’amnistie de « trom-
perie colossale ». Pedro Sanchez,
La Minusma restitue
sa base à Tombouctou
La mission de l’ONU au Mali
(Minusma) a remis aux
autorités nationales un
de ses derniers camps dans une
grande ville du nord du pays,
Tombouctou, avant la fin de
son retrait définitif, a indiqué
la télévision publique ORTM.
Pékin nomme un nouveau
ministre de la Défense
La Chine a désigné vendredi
Dong Jun, jusque-là chef
de la marine, comme nouveau
ministre de la Défense, mettant
fin à une vacance de deux mois
à ce poste stratégique après
le limogeage inexpliqué de
son prédécesseur. Li Shangfu,
fraîchement nommé en mars,
n’a plus été vu en public depuis
le 29 août. Il s’était rendu
quelques semaines plus tôt,

politique municipale aux mains nommée le mois dernier ministre de Ces ambiguïtés ont longtemps pour sa part, préfère évoquer des à la mi-août, en Russie
d’une maire en minorité et incapable la Sécurité sociale, et le troisième n’a amené Sanchez à exclure tout rap- « changements d’opinion ». ■ et en Biélorussie.
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

SOCIÉTÉ 7

Comment François efface l’héritage

théologique de Benoît XVI
Depuis la mort un certain Joseph Ratzinger, de venir à
Rome pour occuper ce même poste straté-
du pape émérite gique de préfet de la Congrégation pour la
Doctrine de la foi (devenu « dicastère » en
il y a un an, son 2022) qu’il occupa jusqu’à la mort du pape
polonais en 2005. C’est un poste clé. Le
successeur impose plus important après la fonction papale.
En plaçant là son ami Victor Manuel
sa vision de l’Église Fernandez, François a accompli un acte
décisif qui était impossible à réaliser
sans prendre avant la mort de Benoît XVI, puisque à la
place de Ratzinger, qui a marqué la théo-
de gants. logie catholique dans cette fonction
- notamment avec l’encyclique « La
splendeur de la vérité » - il place un
proche considéré comme « anti-Raztin-
ger » sur le plan théologique. Le 1er juillet
JEAN-MARIE GUÉNOIS £@jmguenois dernier, François a d’ailleurs assigné à
Fernandez une mission explicite par
RELIGION Le 13 mars 2013, jour de lettre « non de poursuivre d’éventuelles
l’élection de François, la succession de erreurs doctrinales » par une « théologie
Benoît XVI était actée. Le 31 décembre de bureau » qui travaille selon une

2022, jour de la mort du pape émérite, sa
succession était totalement accomplie.
Non que l’épanouissement du pontificat
de François ait été empêché par la coha-
bitation entre les « deux papes » mais
une série de décisions drastiques prises
par François depuis l’enterrement de son
prédécesseur, donnent l’impression que
le pontife argentin, aujourd’hui âgé de
87 ans, presse le pas pour imprimer en-
core plus profondément sa marque.
Comme si la mort de Benoît XVI avait l-
ibéré son successeur d’un poids qui
l’empêchait d’aller jusqu’au bout de ses
réformes dont la plus durable serait une
nouvelle approche de la doctrine
catholique.
Dieu sait que le pontificat de
Benoît XVI (2005-2013) fut précisément
caractérisé par la clarté de la doctrine.
Dans le quotidien Il Giornale de ce ven-
dredi, un important cardinal italien, an-
cien numéro trois du pape allemand,
souhaite à ce titre que ce théologien de-
vienne un « docteur de l’Église ». Ils sont
seulement trente-sept depuis deux mille
ans à siéger dans ce cénacle où ils sont
reconnus pour leur apport décisif pour le
christianisme. Le cardinal Fernando Fi-
loni, actuellement grand maître de l’Or-
dre du Saint-Sépulcre, justifie sa requête
pour Benoît XVI : « Sa doctrine, sa scien-
ce, sa vie ont été vraiment à la lumière d’un
enseignement qu’il disait être un “don de
Dieu”. Il nous a transmis tout cela et cela a
fait un grand bien à l’Église. » Il conclut :
« Tous les docteurs de l’Église ont été
préalablement proclamés saints, mais je
crois que la sainteté de vie de cet homme
fut claire pour tous. »
Le pape François (à gauche) et le pape émérite Benoît XVI lors d’une rencontre, en juin 2017, dans la basilique Saint-Pierre au Vatican.
que la vérité - où il révélait les difficultés
de la cohabitation entre les deux papes.
En particulier sur le dossier de la liturgie,
une question capitale pour Benoît XVI.
François, selon Gänswein, n’aurait pas
pris la peine d’avertir son prédécesseur
quand il annula, en juillet 2021, sa réfor-
me liturgique majeure. À savoir la possi-
bilité ouverte en 2007 pour les prêtres qui
le désiraient, de dire la messe à titre
« extraordinaire » selon l’ancien rituel
catholique latin. Mgr Gänswein, qui ac-
compagnait au jour le jour Benoît XVI
dans sa retraite, affirme que ce dernier
aurait appris la décision de François en
lisant L’Osservatore Romano, le quoti-
dien du Saint-Siège. Donc après coup. Le
pape émérite, écrivait alors Gänswein,
considéra le coup de frein liturgique
donné par François comme une « er-
reur » parce que cette libéralité avait
contribué à « pacifier » l’Église. François
n’a pas du tout apprécié.
Même type de règlement de comptes
mené avec détermination en 2023 par le
pape François : le fait de couper, arbitrai-
rement et contre toutes règles établies,
vivres et logement au cardinal américain
Raymond Leo Burke, 75 ans. Ce spécia-
liste du droit canonique qui a occupé de
au poste de préfet pour la doctrine de la foi.
L’Argentin n’est pas qualifié pour cette tâ-
che importante, sauf pour une chose : il est
le protégé du pape argentin. Jusqu’à pré-
sent, l’aptitude était le principal critère
pour ces nominations, mais sous
Bergoglio, il semble que ce soit la loyauté à
la ligne qui compte. »
Qui est ce cardinal Fernandez qui dé-
fraye la chronique depuis son arrivée à
Rome le 11 septembre 2023 ? Il est
d’abord une fonction. Le préfet du dicas-
tère pour la Doctrine de la foi est en réali-
té le vrai numéro deux du pape sous l’an-
gle d’une Église qui revendique être
L’histoire n’a plus de secrets
pour Jean-Christian Petitils
HO/OSSERVATORE ROMANO/AFP
l’Église évangélisatrice voulue par le
Christ à travers ses apôtres, dont le pre-
mier, saint Pierre. Autrement dit le car-
dinal Fernandez est le gardien de l’ensei-
gnement de l’Église, du dogme. C’est lui
qui, derrière le pape, dit ce qui est « ca-
tholique » et ce qui ne l’est pas. Si le car-
dinal Parolin est le secrétaire d’État du
Saint-Siège, le premier ministre en char-
ge de faire tourner cette imposante ma-
chine administrative à portée mondiale,
le cardinal Fernandez, en est le premier
ministre de la théologie catholique.
Rien d’étonnant à ce que Jean-Paul II,
en 1981, supplia l’archevêque de Munich,
« logique froide et dure qui cherche à tout
dominer » mais de « montrer un Dieu qui
aime, qui pardonne », sans imposer « une
seule manière » d’exprimer la théologie
et de créer une harmonie « avec les
différentes lignes de pensée ».
Depuis son arrivée, le nouveau préfet a
pris quasiment seul - ou avec François -
des décisions spectaculaires, sans s’em-
barrasser des consultations pourtant
prévues par le règlement avec des théo-
logiens. Ces derniers jugeaient collecti-
vement les nouvelles normes avant de les
publier. Fernandez a dit non à l’apparte-
nance maçonnique pour un catholique. Il
a confirmé l’admission des personnes di-
vorcées-remariées à la communion mais
en suivant les règles établies par la
conférence épiscopale argentine. Il a dit
oui à la possibilité pour un transgenre ou
une personne homosexuelle d’être bap-
tisé et d’être parrain ou témoin de ma-
riage. Il a autorisé l’accès à la commu-
nion pour les mères célibataires. Il a
lancé, avec l’aval du pape, la possibilité
de bénir des « couples » homosexuels.
Benoît XVI est définitivement enterré. ■

“François
Tout est possible avec
mais les signaux
hautes fonctions au Vatican, était déjà
sur la touche parce qu’il est l’un des rares
cardinaux à oser émettre publiquement
qu’il émet depuis des avis critiques sur le pontificat. Ce qui
la mort de Benoît XVI aurait poussé François à déclarer devant
ne vont pas dans le sens plusieurs cardinaux lors d’une réunion
officielle, le 21 novembre dernier : « Le
d’une glorification cardinal Burke est mon ennemi, c’est

”
de ce dernier
Comment François va-t-il recevoir
cette idée ? Ce dimanche 31 décembre à
8 heures, il célébrera une messe dans la
basilique Saint-Pierre en hommage à son
prédécesseur qu’il qualifia en 2016
« d’homme droit ». Tout est possible avec
ce pape mais les signaux qu’il émet de-
puis la mort de Benoît XVI ne vont pas
dans le sens d’une glorification de ce
dernier.
Dès le 28 février 2023, le pape François
a commencé par éloigner les personnali-
tés qu’il jugeait trop proches du pontifi-
cat précédent. À commencer par
Mgr Georg Gänswein, 67 ans, ancien se-
crétaire personnel de Benoît XVI. Sa
fonction officielle de préfet de la Maison
pontificale, une sorte de plaque tournan-
te de l’organisation de la vie du pape, a
été suspendue. Ce limogeage sans merci
du plus proche collaborateur du pape
émérite pendant vingt ans est passé par
un communiqué de trois lignes, publié
par le service de presse du Vatican, une
méthode inhabituelle : « Le 28 février
2023, S. Exc. Mgr Georg Gänswein a ter-
miné sa mission de préfet de la Maison
pontificale. Le Saint-Père a ordonné que
Mgr Gänswein revienne à partir du
1er juillet, pour le moment, dans son diocè-
se d’origine de Fribourg » en Allemagne.
Mgr Gänswein, déjà en disgrâce, avait
commis un crime de lèse-majesté. Il
avait publié en janvier 2023 un livre de
pourquoi je lui retire l’appartement et son
salaire. » Une citation reprise par la
presse italienne qui ne fut pas démentie
sur le fond, d’autant que la mesure se
confirme : elle sera effective en février
2024. Par une voie détournée et non offi-
cielle, le pape François aurait simple-
ment démenti, non pas la sanction, mais
le fait qu’il aurait qualifié Burke « d’en-
nemi ». Il l’a d’ailleurs reçu ce vendredi
29 décembre. En sortant, le cardinal
américain qui aime l’humour, a sim-
plement déclaré : « Vous voyez, je suis
toujours vivant ! »
Ennemi ou pas, une autre tête est éga-
lement tombée sur décret papal, le 11 no-
vembre 2023. Mgr Joseph Strickland,
65 ans, évêque de Tyler au Texas se trou-
vait être un « ami » proche de
Benoît XVI. C’est Peter Seewald, un laïc
allemand, biographe du pape émérite qui
l’a révélé dans une interview accordée le
27 décembre au site italien La Nuova
Bussola Quotidiana disponible en fran-
çais sur le site Benoît et moi. Seewald va
jusqu’à parler de « purge » qui touche-
rait le « lignage de Benoît XVI ». Le bio-
graphe qui a rédigé quatre livres inter- L’édition collector
views avec Benoît XVI, relate en le citant
l’inquiétude du pape en retraite confiée à
plusieurs visiteurs sur « le danger d’un
glissement de terrain doctrinal ». Et
l’écrivain de conclure : « Immédiatement
après la mort de Benoît XVI, les considéra-
tions qui étaient encore valables de son
vivant ont été abandonnées. Il est devenu
normal qu’un homme comme Victor Ma-
A

mémoire en plusieurs langues - en fran- nuel Fernandez, à qui l’on a rapidement

çais chez Artège, sous le titre Rien d’autre donné un chapeau de cardinal, soit nommé
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

8 SOCIÉTÉ

Biodéchets :
faux départ
pour le tri
obligatoire
Épluchures, feuilles mortes…
À partir du 1er janvier, les collectivités
doivent mettre des composteurs
à disposition des Français.
Mais beaucoup ne sont pas prêtes.
STÉPHANE KOVACS £@KovacsSt
ENVIRONNEMENT On s’habituait
doucement à l’impression du
ticket de caisse à la demande, la
suppression des emballages plas-
tiques, la fin de la vaisselle jetable
dans les fast-foods… Voici venu
le temps du compostage ! À partir
du 1er janvier, conformément au
droit européen et à la loi antigas-
pillage de 2020, le tri à la source
des biodéchets sera généralisé : il
concernera à la fois les profes-
sionnels et les particuliers. Cha-
que collectivité est libre de défi-
nir l’organisation qui lui convient
le mieux : composteurs indivi-
duels pour ceux qui le souhaitent,
France chaque année, profes-
sionnels et ménages confondus,
rappelle l’Agence de la transition
écologique (Ademe). Pour un
ménage, les déchets alimentaires
représentent aujourd’hui un tiers
de la poubelle grise. » Alors qu’en
2020, 34 % de la population
déclarait pratiquer un compostage
de proximité de leurs biodéchets
alimentaires, selon un sondage
mené par l’Ademe, l’agence
estime aujourd’hui le nombre
d’habitants desservis par une
solution de tri à la source à
« environ 20 millions ». L’objectif
étant de « couvrir 27 millions de
Français en 2024, soit 40 % de la
population ».
Un fonds vert, mis en place par
l’État, accompagnera l’orga-
La ville d’Angers poubelles. Et le règlement est clair,
a installé, en novembre, il est interdit de déposer quoi que
ses premiers ce soit dans les parties communes.
composteurs. Dans la cour intérieure ? Mais ça
Conformément va puer et attirer les rats. La seule
au droit européen
solution, c’est que ceux qui le veu-
et à la loi antigaspillage
de 2020, le tri à la lent trient leurs épluchures chez
source des biodéchets eux. Mais après, on les met où ?
concernera à la fois Avant que la mairie nous mette un
les professionnels composteur au coin de la rue… »
et les particuliers. En 2019, Jeanne avait tenté
HANS LUCAS VIA AFP l’expérience du lombricompos-
teur. Sur son balcon, exposé plein
sud. « Sauf que le lombric est fra-
gile !, avertit cette habitante de la
banlieue nord. Ils sont tous morts
l’été, avec la canicule. On a ensuite
mis le composteur dans le salon.
Mais mon compagnon persistait à
y glisser des épluchures de fruits.
Or cela attire les moucherons ! Et
Dans la métropole de Lyon, les
bornes à biodéchets commencent
à se mettre en place. « À Bron,
elles arriveront en janvier, indique
Marion Carrier, adjointe au
maire, déléguée à la transition
environnementale. On va en
avoir une bonne cinquantaine pour
notre ville de 43 000 habitants,
réparties principalement dans les
rues à habitat collectif. Des
camions de la métropole viendront
les vider deux fois par semaine,
plus fréquemment en période de
canicule. Dans les rues pavil-
lonnaires, les résidents peuvent
recevoir gratuitement des com-
posteurs : il suffit de prouver que
l’on a un jardin suffisamment
dépôts sauvages, et des gens qui
jettent leurs déchets par la fenêtre,
poursuit Marion Carrier. On est
obligés de prendre des emplois
aidés pour faire du piquetage deux
fois par semaine, aux frais de la
ville. »
Si la loi ne pèse pour l’instant
que sur les collectivités, les
ménages n’échapperont pas à
terme à ce nouveau geste de tri
de leurs déchets alimentaires.
Concrètement, cela signifie que
chaque ménage devra avoir, dans
sa cuisine, un petit récipient
dédié aux matières organiques.
Une troisième poubelle ? « Pas
question !, s’exclame Laure, qui
vit dans un petit appartement à
Saint-Malo. Moi, c’est mon
cochon d’Inde qui fera office de

“ Pour un ménage,
les déchets alimentaires
nisation du tri par les collec-
tivités. Un avis du ministère de
l’Écologie vient d’ailleurs d’être
puis on ne pouvait pas les laisser
sans manger pendant un mois
l’été… On a finalement arrêté là.
“poubelle
Une troisième
?
composteur ! »
Un citoyen qui ne respecte pas
les consignes de tri en général

28,4
publié pour les aider. Pour la Puis nous avons eu un seau que l’on Pas question ! - pas seulement des biodéchets -
représentent collecte en porte-à-porte, les descendait dans la rue, pour le ver- Moi, c’est mon cochon s’expose à une amende forfaitaire
aujourd’hui un tiers ménages devront être équipés ser dans un grand composteur à d’Inde qui fera office de 35 euros. Et en ce qui concerne
d’une petite poubelle dédiée biodéchets. Mais au bout de quel- les collectivités ? « Pour l’instant,

”
de la poubelle grise
AGENCE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
installation de composteurs de
quartier ou en pied d’immeuble,
collecte en porte-à-porte ou en
point d’apport volontaire. « Une
nouvelle obligation, de nombreuses
solutions ! », s’exclame le minis-
tère la Transition écologique de
sur son site. Mais il y a un problè-
me : sur les 35 000 communes
françaises, très peu sont prêtes.
Les biodéchets ? Ils regroupent
principalement les déchets
alimentaires (restes de cuisine et
de repas, produits périmés non
consommés…) et les déchets dits
« verts » (feuilles mortes, pelouse
tondue…). « 28,4 millions de ton-
nes de biodéchets sont produites en
devant être ramassée au moins
une fois par semaine. Pour la
collecte en apport volontaire, les
communes rurales devront
disposer d’un point de collecte
pouvant être utilisés par 250 ha-
bitants au maximum. Dans les
milieux urbains, ce bac devra être
situé à une distance maximale de
150 mètres de tout domicile.
Responsable d’une copropriété
de 700 personnes dans l’Ouest
parisien, Patrick a tourné et
retourné la question devant le
conseil syndical. « Je leur ai dit
que je ne serai pas le président du
compost !, raconte-t-il. Mais
d’ailleurs, chez nous, personne
n’est demandeur. Tous les soirs, le
gardien sort déjà 20 poubelles. Il
n’y a plus de place dans les locaux
millions ques jours, le contenu de notre
seau, tout moisi, empestait… » Pas
de tonnes rebutés pour autant, Jeanne et
de biodéchets son compagnon ont demandé,
sont produites pour Noël, un « très beau lombri-
chaque année composteur, en terre cuite, dans
en France, lequel poussent un petit citronnier
selon l’Ademe et des herbes aromatiques ».
À Paris, plus de 70 marchés sont
équipés de bornes fixes accessi-
bles 7 jours sur 7. Près de 400 sta-
tions Trilib’ sont d’ores et déjà
installées et 100 supplémentaires
le seront l’an prochain. « Au cours
de l’année 2024, précise la mairie,
toutes les stations seront équipées
d’un nouveau module spéci-
fiquement conçu pour accueillir les
déchets alimentaires ; vous pourrez
les déposer à moins de 3 minutes à
pied de votre domicile. »
”
de composteur !
LAURE, HABITANTE À SAINT-MALO
grand. En 2023, nous avons eu
250 demandes ; on doit donc être à
quelque 600 foyers équipés depuis
le début de cette offre. »
Cinq composteurs de rue ont
également été installés, qui sont
tenus par des riverains. « Il y a un
côté “lien social”, ajoute celle qui
est aussi conseillère de la métro-
pole de Lyon. Ils sont une soixan-
taine à se réunir de temps en temps
pour remuer le compost ou le
transvaser d’un bac à l’autre. »
Reste maintenant, pour la muni-
cipalité, à « beaucoup travailler
sur la communication ». « Nous
allons surtout cibler les quartiers
prioritaires, où on a beaucoup de
il n’y a pas de sanction prévue,
indique l’Association des maires
de France sur son site. Il n’y a pas
non plus d’objectifs de perfor-
mances. Toutefois, la valorisation
des biodéchets est une obligation
européenne et il ne sera plus
possible de mettre en décharge ou
en centre de valorisation éner-
gétique des résidus contenant des
biodéchets à partir de 2025. »
D’après l’Ademe, le coût de la
mise en place du tri des bio-
déchets est compris, selon les
secteurs et le mode de tri choisi,
entre 7 et 20 euros par habitant
et par an. Une augmentation des
taxes d’ordures ménagères des
Français, déjà indexées sur l’in-
flation, est donc à prévoir dans
les prochaines années. ■

Détritus concernés, intérêt à les trier… Ce qu’il faut savoir

donner de l’ail, des peaux d’agru-
ANNE-LAURE FRÉMONT mes, du poisson ou de la viande.
£@alaurefremont
Mais, dans un compost classique,
on peut tout mettre, à condition
les propriétés du sol pour le rendre
par exemple plus résistant à la
sécheresse et à l’érosion. Cela
permet de réduire le recours aux
EN BREF
31 décembre :
Quelle est l’option la plus efficace ? plus de 90 000 policiers
« La meilleure des solutions, c’est la et gendarmes mobilisés
complémentarité des solutions, es- Plus de 90 000 policiers
time Muriel Bruschet. Il faut bien et gendarmes, ainsi que

uDe
quels déchets
parle-t-on ?
Chaque Français génère 83 kg de
biodéchets par an, et ces derniers
représentent environ un tiers de
d’avoir les bonnes pratiques :
couper les restes en petits bouts,
bien remuer, s’assurer que le tout
soit suffisamment humide… » Le
marc de café et les coquilles
d’œufs sont également concernés.
engrais chimiques. L’autre voie de
valorisation, c’est la métha-
nisation : « Le méthane produit par
la fermentation de la matière orga-
nique va être récupéré puis réinjecté
dans les réseaux de gaz pour créer
étudier les besoins de son territoi-
re » qui ne seront pas les mêmes
s’il s’agit de zones pavillonnaires
ou de zones urbaines très denses.
Précision importante : pour le
moment, la loi ne s’applique pas
5 000 militaires de l’opération
Sentinelle, seront mobilisés
Les épluchures dimanche pour sécuriser
de légumes le passage à la nouvelle année,
et les coquilles d’œufs
dont 6 000 forces de l’ordre
font partie
à Paris. Le ministre de

uLes
des biodéchets
nos déchets non triés. Il s’agit à la de la chaleur ou de l’électricité », aux ménages mais aux collectivités. alimentaires qui n’auront l’Intérieur, Gérald Darmanin,
fois des déchets verts issus du trier, explique Muriel Bruschet. Et contrairement aux rumeurs, a précisé que « dans un contexte

jardinage, comme la tonte de
pelouse, les brindilles ou les
feuilles mortes, mais aussi des
déchets alimentaires comme les
épluchures de fruits et de légumes,
les os de poulet, les arêtes de
poissons ou même les bonbons.
Tous les restes de repas ou les
produits de cuisine périmés, donc,
insiste Muriel Bruschet, référente
nationale biodéchets de l’Agence
de la transition écologique
(Ademe) : « De fausses infor-
mations circulent concernant
certains aliments qui ne devraient
soi-disant pas finir au compost ;
elles viennent sans doute du fait que
les gens confondent le lombri-
compostage et le compostage
classique. Quand on parle de lom-
bricompostage, on parle de boîtes à
plusieurs couches accueillant des
A
pour quoi faire ?
« L’enjeu premier est de sortir les
biodéchets de la décharge ou de
l’incinérateur, car ils contiennent
beaucoup d’eau, et les brûler n’a
pas de sens », indique Vincent
Coissard, responsable de la sous-
direction déchets et économie
circulaire au ministère de la
Transition écologique. Le tasse-
ment des déchets comme leur
incinération provoque en effet des
émissions de gaz à effet de serre,
responsables du réchauffement
climatique.
L’objectif du tri est donc d’en-
voyer ces biodéchets sur des
plateformes de compostage ou en
méthaniseur pour en faire du bio-
gaz. Pour ce qui est du compos-
tage, les micro-organismes vont
dégrader les biodéchets pour en
uQuelles
sont les différentes
solutions de tri ?
Les collectivités doivent choisir les
solutions qu’elles vont mettre à
disposition de leurs administrés et
les en informer (ce n’est donc
a priori pas à ces derniers d’ache-
ter eux-mêmes leur composteur).
Elles peuvent opter pour une ges-
tion de proximité, avec distribu-
tion de composteurs individuels
ou de quartier, en pied d’immeu-
ble, par exemple. Les particuliers
gèrent alors le compost et l’utili-
sent pour leur jardin, leur balcon
ou leurs plantes d’intérieur. Elles
peuvent aussi choisir la collecte
séparée, en porte à porte ou avec
mise à disposition de bacs spéci-
fiques sur la voie publique, qu’un
camion va ensuite acheminer vers
« aucune poubelle ne sera prélevée
en vue de sanction à destination des
particuliers », assure l’Ademe. ■
plus leur place
dans les sacs poubelles.
MARINA LOHRBACH -
STOCK.ADOBE.COM
de menace terroriste très élevée
du fait du conflit en Israël
et en Palestine (…) 73 unités de
forces mobiles dont quatre unités
de la nouvelle CRS8 » faisaient
partie du dispositif, ainsi que
des hélicoptères.
Prisons : nouveau record
de détenus en décembre
Le nombre de détenus en France
a atteint un nouveau record
au 1er décembre, avec
75 677 personnes incarcérées
contre 75 130 le mois précédent.
C’est le chiffre de détenus
le plus élevé jamais enregistré,
selon les statistiques de
l’administration pénitentiaire.
Au 1er décembre, les prisons
françaises comptaient
61 359 places opérationnelles.

vers qui ont un régime particulier et faire un amendement, autrement les plateformes de compostage La densité carcérale globale
auxquels il faut en effet éviter de dit une substance qui va améliorer industriel ou de méthanisation. s’établit à 123,3 %.
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

SCIENCES 9

4
CLIMAT :
Un mammifère se délecte d’un petit dinosaure UN ACCORD

1
LE MOUVEMENT des doigts qui se resserrent sur
HISTORIQUE
Vue d’artiste d’une scène de
une proie condamnée, tout comme celui de la chasse vieille de 100 millions ET UNE ANNÉE
mâchoire qui se ferme, est presque perceptible.
C’est une scène de chasse vieille de 100 millions
d’années (à gauche)
et le fossile correspondant, RECORD
d’années figées dans le temps par les éruptions de découvert en Chine.
GANG HAN/AFP
En même temps que
la région de Liujitun en Chine. Une sorte de Pom-
la Conférence des parties (COP)
péi du Crétacé, qui nous rappelle qu’a l’époque
des dinosaures, les mammifères, aussi, pouvaient de l’ONU signait un accord
avoir leur mot à dire. Car, les deux protagonistes historique à Dubaï, on apprenait
piégés ainsi dans la pierre, sont, d’un côté un Re- que, conformément aux
penomamus robustus, sorte de raton laveur pré- prévisions, l’année 2023 était la
historique, d’environ 5 kg, et de l’autre, dans le plus chaude jamais enregistrée.
rôle de repas, un Psittacosaurus. Plus gros que Le mercure n’a eu de cesse
son prédateur, le dinosaure mesurait la taille de battre de records sur
d’un gros chien. Accaparé par son butin, le
les deux hémisphères.
mammifère prédateur n’a sans doute pas vu l’ex-
plosion volcanique, en tout cas n’en aura pas saisi Sur les onze premiers mois
le danger, et aura été figé en plein repas. de l’année, la température
De très nombreux détails sont préservés sur ce moyenne a été plus élevée de
fossile incroyable, à tel point que ces décou- 1,46 °C au-dessus de la moyenne
vreurs ont été obligés d’apporter de nombreuses de la période 1850-1900.
preuves dans leur publication dans la revue Le phénomène climatique
Scientific Reports pour montrer qu’il ne s’agit pas cyclique El Niño, qui réchauffe
d’un faux. ■ V. B.
les eaux du Pacifique, explique,
en partie, ce phénomène. Mais,
cette année record s’inscrit
avant tout dans un changement
climatique rapide lié aux
activités humaines et aux gaz

3
à effet de serre. Les neuf
dernières années furent
les neuf plus chaudes jamais
mesurées.
En inscrivant pour la première
fois dans un texte de l’ONU
un objectif de sortie progressive
des énergies fossiles d’ici à 2050,
les acteurs de la COP28 ont,
peut-être, fait un pas important
pour limiter le réchauffement
mondial à +1,5 °C d’ici à la fin
du siècle.

2
V. B.

LE CHROMOSOME Y
DÉVOILE SES SECRETS
MICHAEL W. SKREPNICK/AFP ; GANG HAN/AFP ; ALAMY STOCK PHOTO / ABACA ; SA/CNES/ARIANESPACE/DDP IMAGES/ABACA ; CLIMATE REANALYSER ORG ; NEW AFRICA - STOCK.ADOBE.COM ; MARUTSTUDIO - STOCK.ADOBE.COM

Des chercheurs ont enfin levé la zone d’ombre sur

le chromosome Y en déchiffrant l’intégralité
de sa séquence d’ADN. Dernière pièce au puzzle, il était
le seul parmi nos 23 paires de chromosomes à n’avoir
pas entièrement été séquencé. Pourtant deux fois plus
petit que son homologue X, le défi était de taille. Car,
pour des raisons encore mal comprises, Y a évolué
en accumulant une succession de séquences d’ADN
répétées, difficiles à reconstituer avec les outils
de séquençage du génome. Grâce à l’effort de plus
de 100 chercheurs, son séquençage est bouclé. On sait
désormais que ce chromosome abrite 106 gènes
codant pour diverses protéines. Mais surtout qu’il
aurait perdu 90 % de ses gènes depuis son apparition
il y a 170 millions d’années ! Une évolution qui laisse
penser qu’il finira un jour par disparaître
complètement. E. D.
ARIANE 5 TIRE
SA RÉVÉRENCE
Le mercredi 5 juillet, la mythique
fusée lourde européenne
Ariane 5 a parfaitement réussi
son dernier vol, emportant deux
satellites militaires, un allemand

Sciences :
et un français. Ce succès,
le dernier d’une longue série
au cours de 117 missions
en 27 années, laisse toutefois
une impression amère. Car

les six
le lanceur qui doit lui succéder,
Ariane 6, a beaucoup de retard,
et la petite fusée européenne
Vega C a connu un échec cuisant

temps forts
fin 2022 et tarde à revenir en vol.
L’Europe se retrouve sans moyen
d’envoyer des satellites dans

5
l’espace pendant plus d’un an.
UN PREMIER « VACCIN »
de l’année 2023
Ariane 6 a heureusement réussi
CONTRE LA BRONCHIOLITE tous ses essais au sol, en Europe
comme en Guyane, et son très
Pour la première fois, une protection a été proposée attendu vol inaugural est prévu
dans les maternités et chez les médecins de ville à tous à partir de la mi-juin 2024.
les bébés contre le VRS, virus responsable de la plupart Pendant sa dernière année
des bronchiolites. Il ne s’agit pas d’un vaccin, mais de service, Ariane 5
d’une injection d’anticorps. Victime de son succès a heureusement réussi
et de commandes insuffisantes par les autorités, L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE le lancement de l’une
le Beyfortus aura finalement été réservé aux maternités
afin de protéger les plus à risque. En tout 200 000 doses S’IMPOSE EN MÉTÉO des missions les plus ambitieuses
de cette décennie, la sonde Juice.

6
ont été distribuées en France. Il faudra un peu de recul En novembre, dans la prestigieuse revue Science, des chercheurs Ce satellite de l’Agence spatiale
pour savoir quel a été l’impact de ce traitement préventif de Google Deepmind ont fait une démonstration stupéfiante. européenne a décollé en avril
sur la trajectoire épidémique de la maladie cet hiver. Leur modèle de prévision météorologique développé avec une IA pour un voyage de huit ans,
Les bronchiolites auront causé cette année moins a surpassé le meilleur modèle existant au monde, celui du laboratoire et part étudier les lunes glacées
d’hospitalisations et amené moins de nourrissons européen ECMWF. Le programme de « deep learning » ne tente pas de Jupiter, des mondes
en réanimation qu’en 2022 (année record). Mais, la vague de modéliser la très complexe physique de l’atmosphère, il a « juste » où existent des océans liquides,
de cette année n’aura pas été anodine. Le gros été nourri de très nombreux enregistrements météo passés, dont des environnements
de l’épidémie semble derrière nous, mais le pic atteint il a tiré des règles par apprentissage. Le système a l’avantage crucial potentiellement favorables
A

en termes d’hospitalisations reste le deuxième plus haut de ne pas nécessiter des heures de calcul avec de coûteux à l’émergence de formes de vie
des cinq dernières années, juste après 2022. V. B. supercalculateurs pour prévoir l’évolution du temps. C.V. extraterrestres. C.V.
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

10 SPORT
Rafael Nadal, EN BREF
Top 14 : un choc

le retour
La Rochelle-Toulouse
En panne de résultats et 9e au
classement, le Stade Rochelais
tentera de finir l’année, samedi,

tant attendu
sur une bonne note, dans
un remake de la dernière finale
du championnat face au Stade
Toulousain (21 h 05, Canal+),
lors de la 11e journée de Top 14.

de la légende
Le double champion d’Europe
sera renforcé par son capitaine
et international Grégory
Alldritt. Dans l’autre match
phare du week-end (18 heures,
Canal+), le RC Toulon (5e)
Après une année quasi-blanche, voudra reprendre
sa marche en avant face
le Majorquin réapparaît en Australie au Stade Français (3e).

où toute la planète tennis le scrutera. Ski alpin : pas de doublé

ROMAIN SCHNEIDER
rschneider@lefigaro.fr
TENNIS Le modeste ATP 250 de
Brisbane sera ces jours prochains le
centre du monde du tennis et du
sport. Après presque un an sans
jouer et une opération en juin
consécutive à une blessure au
psoas-iliaque de la jambe gauche,
l’homme aux 22 titres du Grand
Chelem redevient un joueur de
tennis. On n’a plus revu le Major-
quin de 37 ans en compétition… de-
puis le 18 janvier 2023 et un deuxiè-
me tour à Melbourne. Une éternité.
Ses premiers pas seront scrutés,
avant l’Open d’Australie (14 au
28 janvier). Retombé à la 672e place
mondiale, l’Espagnol a annoncé
son grand retour début décembre.
Et depuis son arrivée en Australie
jeudi, il est scruté pour chacun de
ses gestes. « Je me sens bien, souf-
fle-t-il, sourire aux lèvres, acclamé
par ses fans lors d’un événement
avec un sponsor. Je ne vais pas me
plaindre, je me sens bien mieux que
je n’aurais pu l’espérer il y a un mois,
mais selon moi, il est impossible de
penser à remporter de tournois
aujourd’hui. »
Conscient de faire l’actualité, le
Majorquin tente gentiment de cal-
mer les ardeurs. « Je n’attends pas
grand-chose, mais j’espère pouvoir
aller sur le court, me sentir compé-
titif et donner le meilleur de moi-
même. » Relancé sur ses ambitions
pour l’entame de saison, Nadal,
qui débutera en double dimanche
et en simple mardi, temporise :
« Rien n’est impossible, mais pour
moi, rien que le fait d’être ici est une
victoire. » Début octobre, pour la
première fois depuis plus de quatre
mois, il apparaissait frappant la
balle sur un court de tennis. Puis
les séances se sont intensifiées.
« Il sera compétitif »
Sur les réseaux sociaux, on l’a vu
s’entraîner avec le grand espoir
tricolore Arthur Fils au Koweït et
chez lui à Majorque dans son aca-
démie avec un vieux complice,
Richard Gasquet. Ce dernier, vic-
time préférée de l’Espagnol, l’as-
sure : « Il sera compétitif, je n’ai
aucun doute. Après, je ne sais pas si
ça sera en Australie, en mars, en
avril… c’est compliqué de savoir s’il
va gagner Roland-Garros à nou-
veau. Je n’en ai aucune idée. Ce que
je sais, moi, c’est qu’il se donne la
chance de pouvoir rejouer au plus
haut niveau. »
Depuis cette annonce officielle, la
perspective du retour du gaucher
fait parler. Son grand rival Novak
Djokovic, n’y a pas coupé mercredi
après un match exhibition en Arabie
saoudite. « Il n’est pas du genre à re-
venir sur le circuit juste pour jouer,
disons, à un niveau moyen, pour dis-
puter quelques matchs, avance
l’homme aux 24 trophées majeurs.
Il veut gagner des titres, il veut être le
meilleur, c’est pourquoi il est ce qu’il
est : une légende de notre sport. Je
suis sûr que son entraînement et sa
préparation sont faits avec l’intention
de gagner un Grand Chelem. »
Nadal, qui a déclaré que 2024
« pourrait être sa dernière année »,
ne voit pas si loin. L’Espagnol esti-
me ne pas « avoir d’objectifs à très
Rafael Nadal long terme » à ce stade de sa carriè-
à l’entraînement, re. « Je ne me vois pas jouer pendant
le 29 décembre, très longtemps », a-t-il ajouté com-
avant son retour me pour réduire les immenses at-
à la compétition pour tentes sur sa personne.
le tournoi de Brisbane,
« Je n’aspire à rien d’autre, juste à
dimanche, en Australie.
BRADLEY KANARIS/GETTY
être compétitif », a-t-il déclaré,
IMAGES VIA AFP dans une vidéo postée sur ses ré-
seaux sociaux début décembre où
son humilité légendaire a semblé
sonner plus juste que jamais. Son
coach, Carlos Moya, n’a pas caché
une certaine inquiétude. « Jouer au
meilleur des cinq sets, gagner, se re-
poser, revenir sur le court deux jours
plus tard… C’est le doute que j’ai
maintenant, surtout en Grand Che-
lem. » Quid de son état de santé ?
Quid de sa capacité à répéter les ef-
forts ? Quid d’un corps malmené
pendant toute une carrière ? Les
questions demeurent. Les doutes
sont nombreux.
Une certitude : les retours toni-
truants, le champion aux 22 titres
du Grand Chelem en a réussi tout
au long de sa fabuleuse carrière.
En 2018, il mettait un terme à sa
saison à l’US Open en raison d’une
blessure au genou. L’année sui-
vante, il remportait deux titres du
Grand Chelem et s’inclinait en fi-
nale de l’Open d’Australie. En
2021, blessé au pied, il mettait un
terme à sa saison à Washington.
L’année suivante, il empochait
deux titres du Grand Chelem dont
l’Open d’Australie, alors qu’il
marchait avec des béquilles quatre
mois plus tôt… Après une demi-
pour Sarrazin
Le skieur français Cyprien
Sarrazin, qui a remporté jeudi
la première victoire de sa
carrière en descente à Bormio,
a raté une porte et est sorti du
tracé vendredi sur le Super-G
comptant pour la Coupe
du monde de ski alpin.
Le Suisse Marco Odermatt a
dominé la course pour signer sa
28e victoire en Coupe du monde
et caracole désormais seul
en tête du classement général.
11E JOURNÉE TOP 14
OYONNAX (11) ven. PAU (2)
CLERMONT (8) - BORDEAUX (4)
14 h MONTPELLIER
LYON (12)
C+ (14)
BAYONNE (10) 16 h RACING 92 (1)
TOULON (5) 18 h ST. FRANÇAIS (3)
LA ROCHELLE (9) 21 h 05 TOULOUSE (7)
CASTRES (6)
dim. PERPIGNAN (13)
14 h
saison blanche en 2016, en raison
d’une blessure au genou, un cer-
tain Roger Federer avait en 2017
triomphé à l’Open d’Australie et
Wimbledon 2017. Federer avait
36 ans en 2017, Nadal en a 37 en
2023. Le parallèle est tentant…
Mais ce qui compte surtout pour
le Majorquin, c’est de monter en
puissance pour Roland-Garros
(26 mai au 9 juin) afin d’être le plus
compétitif possible sur sa terre
chérie. Sans oublier l’horizon
olympique dans son royaume de la
Porte d’Auteuil (27 juillet au
4 août). La planète tennis retient
son souffle. Le défi est immense. À
la hauteur de la légende. Et cette
(peut-être) dernière danse, débute
en Australie. ■

Marie-Amélie Le Fur, lame de championne

pionne du monde, une triple championne Mais aucun poster n’orne sa chambre
La jeunesse des grands champions 5/5 d’Europe et une briseuse de records, d’ado. Elle n’est pas du genre collec-
Victime d’un accident de scooter à 15 ans, avant tout cela donc, Marie-Amélie
Le Fur est une sœur cadette âgée de
tionneuse. Surtout, ses différents titres
départementaux, régionaux et nationaux
la triple médaillée d’or aux Jeux a dû réapprendre 6 ans. L’aînée, Anne-Flore, souhaite ne lui soufflent jamais des rêves de gloire
pratiquer l’athlétisme, mais pas toute olympique. « En athlétisme, j’avais de
à courir avec une prothèse. seule. Traînée de force, Marie-Amélie n’y l’ambition sans vouloir en faire mon
trouve pas son compte. « Je ne compre- métier. » Sa véritable passion, c’est
l’actuelle présidente du Comité paralym- nais pas le sens. Je ne savais pas pourquoi pompier. « Je suis quelqu’un d’empathique
ADRIEN BEZ £@bez_Adrien pique et sportif français les mêmes traits je m’entraînais. Je m’entraînais, je m’en- et j’aime les journées imprévues », se
de caractère qu’autrefois. Les mêmes traînais et je m’entraînais encore… pour justifie-t-elle. À 10 ans, elle intègre les
ATHLÉTISME HANDISPORT Il y a des cheveux châtains, attachés derrière la rien. » Arrivent les premières compé- jeunes sapeurs-pompiers de Vendôme.
accidents dont on ne se relève pas. nuque. Le même sourire. La petite fille au titions. C’est le déclic. « Elles m’ont donné Après l’accident, la hiérarchie s’in-
D’autres dont en ressort marqué à jamais. « profil de bonne élève, relativement sage, un but. Je n’étais pas seulement en concur- verse. Pompier ? Un métier à oublier.
Et puis il y a ceux qui font simplement du genre à appliquer les consignes » mais rence avec les autres, c’était aussi vis-à- Le sport ? Le moyen de « recréer un
partie d’un même tout, et « pipelette » et « un peu vis de moi-même. » La fillette montre avenir ». Quatre mois plus tard, jour
dont on dit plus tard « voilà, têtue » est encore là, derrière rapidement des prédispositions pour le pour jour, l’adolescente court à nouveau,
cela s’est passé comme ça, on
fait avec. On avance. » Pour
Marie-Amélie Le Fur, c’est
Bio
EXPRESS
la femme de 35 ans généreu-
se et déterminée.
Qu’est-ce qui change,
cross et le demi-fond. Elle trouve du
plaisir et de la motivation, malgré la
pression du résultat. « J’étais une petite
soutenue par sa famille et ses amis.
« On a marché d’abord, pour tester.
Et finalement on a couru. » En octobre,
un accident de scooter dans finalement, entre l’avant fille très stressée, j’avais mes rituels. Je c’est la première course. Elle a lieu
le centre-ville de Vendôme 1988 31 mars 2004 et l’après ? La mangeais toujours la même chose au petit dans le bois de l’Oratoire, chez elle, à
(Loir-et-Cher) à l’âge de Naissance à Vendôme. foulée. Le fameux « appui au déjeuner et je gardais toujours les mêmes Vendôme. « Un pas en avant pour ma
15 ans. L’amputation sous le 2004 sol » qui vous propulse, celui boucles d’oreilles. Aujourd’hui, je gère nouvelle histoire. J’étais ravie de pouvoir
genou de sa jambe gauche Accident de scooter que nomme infailliblement autrement. » partager ce moment, de matérialiser la
est un « soulagement » : et amputation Marie-Amélie Le Fur au mo- reconstruction. »
« Les blessures créent de l’in- de la jambe gauche. ment d’évoquer le bonheur « Recréer un avenir » Une reconstruction main dans la main
certitude. Amputer, c’était 2012 de la course. Celui qu’il faut La confiance vient aussi d’une entraî- avec l’entourage. La famille bien sûr,
arrêter la douleur, avancer et Championne réinventer quand le pied neuse marquante, Betty. « Nous avions mais aussi les pompiers professionnels
faire son deuil », confie paralympique gauche n’est plus là et qu’à la Marie-Amélie Le Fur, une relation de proximité. Il y avait de l’exi- Emmanuel Janus et Cyrille Nivault.
l’athlète au Figaro près de du 100 m. place, il y a cette curieuse lors d’une compétition disputée gence, du challenge, mais jamais un mot Ce dernier devient son entraîneur
vingt ans plus tard. 2016 prothèse aux allures de ski avant son accident, le 31 mars 2004, plus haut que l’autre. Elle a su créer une pendant douze ans et l’accompagne
Les tragédies auraient leur Double-championne courbé. Une fois la lame de à Vendôme (Loir-et-Cher). unité dans notre groupe de filles. » L’année pour ses premiers pas avec une prothèse.
« avant » et leur « après ». paralympique sport ventousée sur le moi- COLLECTION PERSONNELLE dernière, la championne paralympique a Accueillie par la Fédération française
« Je ne suis pas certaine que (saut en longueur gnon, « il faut apprendre à la participé à un concours de saut en lon- handisport, la Vendômoise partage
l’accident m’ait beaucoup et 400 m). dompter pour s’en servir. Elle des 800 m, 1 000 m et 1 500 m pour gueur interclubs en duo avec… la fille de des « instants de proximité absolument
changée, rétorque la Vendô- 2018 ne réagit pas de la même se concentrer sur les 100 m, 200 m et Betty, qui devait avoir des étoiles dans les uniques » avec ses aînés. C’est pour resti-
moise. Ça m’a endurcie pour Élue présidente du manière qu’une prothèse nor- 400 m, ainsi que sur le saut en longueur. yeux. Les mêmes étoiles que Marie-Amé- tuer un peu de toute cette énergie
les épreuves de la vie, mais ça Comité paralympique male. On a l’impression de « C’était nécessaire pour participer lie Le Fur le jour de sa première rencontre reçue que Marie-Amélie Le Fur est
ne m’a pas enlevé mes dé- et sportif français. marcher dans la semoule. » aux Jeux paralympiques et ne pas se avec Marie-José Pérec, son idole, dont aujourd’hui très engagée pour
fauts, ni fait de moi une per- 2021 Ce qui change aussi, c’est la contenter des championnats nationaux. » elle admirait « le palmarès et la beauté du promouvoir le handisport. Avec,
sonne parfaite. » Ses institu- Record du monde distance. Adieu les grands Nécessaire, et réussi. geste ». « MALF » garde aussi un souvenir en toile de fond, les Jeux paralympiques
A

teurs de Naveil seraient de saut en longueur tours de piste. La spécialiste Avant d’être une triple médaillée d’or ému du coureur éthiopien Haile Gebrse- de Paris l’été prochain (28 août-
surpris de retrouver chez (6,14 m). du demi-fond fait le deuil paralympique, une quadruple cham- lassie (huit titres mondiaux). 8 septembre). ■

LE CARNET DU JOUR
LE CARNET DU JOUR
Les annonces sont reçues
avec justiication d’identité
du lundi au vendredi
de 9h à 13h et de 14h à 18h
(excepté les jours fériés)
et tous les dimanches
de 9h à 13h.
Courriel
carnetdujour@media.figaro.fr
Téléphone
01 56 52 27 27
fiançailles
M. Nicolas BRETEAU
et Mme, née Malcy Delacour,
M. Niklaus HAEUSGEN
et Mme, née Vera von Stumm,
ont la joie de vous annoncer
les fiançailles de leurs enfants
Auguste et Florentine
Londres. Munich.
naissances
Frédéric et Anne-Dominique
GUINOT
ses grands-parents,
ont la joie d'annoncer
la naissance de
Maxime
le 16 août 2023,
à Singapour, chez
Charles-Antoine et Natacha
GUINOT-BERNSTEIN
frère de
Louis
né le 26 août 2020, à Paris,
cousin de
Alexandre
né le 9 avril 2022, à Paris, chez
Marc et Morgane
BERBERIAN-GUINOT
Jean-Benoît PATRICOT
et Francesca POLLOCK
sont heureux de vous annoncer
la naissance de
Simon
le 24 décembre 2023, chez
Victoria PATRICOT
et Youri GORODINE
communications
Ordre de Malte France
délégation
auprès de l'Institution
nationale des Invalides.
Un concert sera organisé
le dimanche 21 janvier 2024,
à 16 h 30, en la cathédrale
Saint-Louis des Invalides,
Paris (7e),
Programme :
œuvres de Jacques Offenbach
puis grandes musiques ayant
ponctué les Jeux Olympiques,
avec la cantatrice
Tatiana Probst
Orchestre d'harmonie
de la Musique de l'air
direction :
colonel Claude Kesmaecker.
Participation à prévoir :
concert et cocktail.
Réservation par mail à
delegation.invalides@
ordredemaltefrance.org
ou billetterie en ligne
www billetweb.fr
hommages
Le président
et les administrateurs de la
Société des Amis
de Versailles
remercient très
chaleureusement les membres
et donateurs de l'association
qui, grâce à leur soutien,
rendent possibles de nombreux
projets de restauration
ou d'acquisition en faveur
du château de Versailles.
Ils ont une pensée pour tous
les Amis disparus en 2023
et rendent hommage
à celles et ceux qui, par un legs
ou une assurance-vie,
contribuent à transmettre
ce patrimoine hors du commun
aux générations futures.
Société des Amis de Versailles,
Château de Versailles,
référence postale 834,
78008 Versailles Cedex.
Téléphone : 01 30 83 75 63
www.amisdeversailles.com
chroniques.amisdeversailles.com
deuils
Mme Mireille Athlan,
son épouse,
Olivier et Florence,
ses enfants, et leurs conjoints,
Camille, Anne-Laure,
Charles-Henri, Baptiste
et Benjamin,
ses petits-enfants,
Mme Régine Tubiana,
sa sœur,
et ses neveux et nièces
ont la tristesse
de faire part du décès de
Stéphane ATHLAN
docteur-vétérinaire, Alfort 63,
survenu le 22 décembre 2023,
à l'âge de 85 ans, à Rouen.
Les obsèques auront lieu
au crématorium
de Petit-Quevilly
(Seine-Maritime),
le mardi 2 janvier 2024,
à 10 heures.
Sèvres.
M. et Mme
Jean-Philippe Autier,
M. Vincent Autier,
ses enfants,
Mathilde, Nicolas, Louis,
Elisabeth, Guillaume, Isaure
et Clélia,
ses petits-enfants,
Aurèle, Lorenzo et Lia,
ses arrière-petits-enfants,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Monique AUTIER
née Bouvier,
survenu le 26 décembre 2023,
dans sa 92e année,
à Saint-Cloud.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Sainte-Thérèse,
62, rue de l'Ancienne-Mairie,
à Boulogne-Billancourt,
le mercredi 3 janvier 2024,
à 10 h 30.
12, rue de la Lune,
94700 Maisons-Alfort.
5, rue du 6 Juin 1944,
92100 Boulogne-Billancourt.
Elizabeth Morgand-Barrand,
son épouse,
Marie-Anne, Capucine
et Louis,
ses enfants,
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
M. Henry BARRAND
le 25 décembre 2023,
à l'âge de 68 ans.
La célébration aura lieu
le mardi 2 janvier 2024,
à 10 h 30, en l'église
Notre-Dame-de-la-Couture
du Mans.
L'inhumation se fera
au cimetière de Damvillers
(Meuse).
Merci de privilégier des dons
en faveur de l'Association
France Alzheimer.
Emmanuelle
Quoniam de Schompré,
sa compagne,
Michel et Anne Bataille,
Jean-Paul (†) et Annick Bataille,
Yves et Claudine Bataille,
François et Joëlle Bataille,
ses frères et belles-sœurs,
Alexandre et Nicolas,
Frédéric et Charlotte,
Guillaume, Blandine
et Vincent,
ses neveux et nièces,
toute sa famille et ses amis
ont la tristesse
de faire part du décès de
Pierre BATAILLE
le 25 décembre 2023,
à l'âge de 86 ans.
La cérémonie religieuse
aura lieu
le mercredi 3 janvier 2024,
à 10 h 30, en l'église
Saint-Pierre-de-Montrouge,
à Paris (14e).
La crémation aura lieu
dans l'intimité familiale.
Cet avis tient lieu de faire-part.
71, rue Didot,
75014 Paris.
5, avenue de Villiers,
75017 Paris.
Voiron (Isère). Bourg-la-Reine
(Hauts-de-Seine).
Hervé, Olivier et Christian,
ses fils,
et leurs épouses,
ses petits-enfants,
Monique, sa sœur,
et toute la famille
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
M. André BAUJARD
survenu à l'âge de 94 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mercredi 3 janvier 2024,
à 15 heures, en l'église
Saint-Pierre de Voiron.
L'inhumation aura lieu
le jeudi 4 janvier 2024,
à 15 heures, au cimetière
de Bourg-la-Reine.
La famille remercie
toutes les personnes
qui ont accompagné André
dans ses dernières années.
Dans la Foi et l'Espérance,
en union avec
M. Roger Bernier (†),
le docteur et Mme
Philippe Arnaud,
le lieutenant-colonel (e.r.)
et Mme Rémi Bernier,
Laurence Bernier,
ses enfants,
ses 9 petits-enfants
et leurs conjoints,
ses 12 arrière-petits-enfants
et toute la famille
vous font part
du rappel à Dieu de
Mme Roger BERNIER
née Anne Mercier,
chevalier
de l'ordre national du Mérite,
le 27 décembre 2023,
dans sa 98e année, munie
des sacrements de l'Église.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Notre-Dame de Versailles,
le vendredi 5 janvier 2024,
à 10 h 30.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Paris.
Jean Berthon,
son époux,
Patrick et Martine Charlon,
son frère et sa belle-sœur,
André (†) et Ursula Berthon,
son beau-frère et sa belle-sœur,
Guillaume et Cécile Charlon,
François et Isabel Lemaitre,
Christian-Frédéric et Blanche
Berthon,
Stuart et Béatrice Walker,
ses neveux et nièces,
ont l'immense tristesse
de faire part du décès de
Dominique BERTHON
née Charlon,
enseignante,
survenu le 25 décembre 2023,
à l'âge de 80 ans, à Paris.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Saint-Pierre,
à Montfort-l'Amaury (Yvelines),
le mardi 2 janvier 2024,
à 10 h 30, suivie
de l'inhumation au cimetière
de Montfort-l'Amaury.
19, quai aux Fleurs, 75004 Paris.
Le vice-amiral d'escadre
et la comtesse
de Bourdoncle de Saint Salvy,
Mme Elisabeth
de Bourdoncle de Saint Salvy,
le général de corps d'armée
et la comtesse Bruno
de Bourdoncle de Saint Salvy,
Mme Myriam Maistre,
le comte et la comtesse
Ludovic
de Bourdoncle de Saint Salvy,
ses enfants,
ses dix-huit petits-enfants,
ses vingt-quatre
arrière-petits-enfants
ont la tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de la
comtesse Jacques
de BOURDONCLE
de SAINT SALVY
née Jeanne
de Cardevac d'Havrincourt,
le 27 décembre 2023,
à l'âge de 93 ans, munie
des sacrements de l'Église.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Saint-Martin
de Bonnée (Loiret),
le vendredi 5 janvier 2024,
à 14 heures,
suivie de l'inhumation
au cimetière de Bonnée.
La comtesse
Patrick de La Bourdonnaye,
née Servane
Guérin du Grandlaunay,
son épouse,
M. Eric de La Bourdonnaye
et Mme, née Béatrix Vuatrin,
le lieutenant-colonel (e.r.)
Etienne de La Bourdonnaye
et Mme, née
Emmanuelle Gazeau,
M. Arnaud de La Bourdonnaye,
M. Christophe Bonnasse
et Mme, née
Valence de La Bourdonnaye,
ses enfants, belles-filles
et gendre,
ses 21 petits-enfants,
ses 10 arrière-petits-enfants,
ses sœurs, beaux-frères
et belles-sœurs,
ses neveux et nièces
vous font part, dans
l'espérance de la Résurrection,
du rappel à Dieu du
comte Patrick
de LA BOURDONNAYE
le jeudi 28 décembre 2023,
dans sa 95e année, muni
des sacrements de l'Église.
La messe des funérailles
sera célébrée en l'église
Saint-Pierre-et-Saint-Paul
d'Erquy (Côtes-d'Armor),
le mercredi 3 janvier 2024,
à 14 h 30,
suivie de l'inhumation
au cimetière d'Erquy.
La famille tient à remercier
toutes les personnes qui l'ont
accompagné jusqu'à la fin
avec dévouement
et une extrême gentillesse.
5, Basse-Rue,
22430 Erquy.
En union avec son épouse,
Marie-Luce de Brettes (†),
Benoît et Alexis,
Florence et Yves,
Xavier et Camilla,
ses enfants et leurs conjoints,
Julie, Vincent, Fosca et Luna,
ses petits-enfants,
vous font part
dans la tristesse et l'espérance
du retour à Dieu du
docteur Henri de BRETTES
le 23 décembre 2023.
La messe d'action de grâce
sera célébrée
le mercredi 10 janvier 2024,
à 10 h 30, en l'église
Saint-Pierre-de-Montrouge,
à Paris (14e).
Patrick BUISSON
est parti rejoindre
ses parents
Georges et Madeleine Buisson
et ses frères
dans la Maison du Père.
Requiescat in pace.
Une messe de requiem
sera célébrée
le mercredi 3 janvier 2024,
à 14 h 30, en l'église
Saint-Ferdinand-des-Ternes,
Paris (17e).
Eric Desforges,
Vincent et Emmanuelle
Desforges,
Delphine et Antoine Descorps,
Marie et Luc Viellard,
Hélène Desforges,
Louis et Florence Desforges,
Jean Baptiste et Carolina
Desforges,
ses enfants,
gendres et belles-filles,
Camille, Lorraine, Pétronille,
Grégoire, Gaspard, Arthur,
Clémence, Marin, Côme, Paul,
Oscar, Felix, Valentine,
Suzanne, Mattia, Agata
ses petits-enfants,
en union de prières
avec son époux,
Michel Desforges (†),
ont la profonde tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
Nelly DESFORGES
née de Gerault de Langalerie,
le 27 décembre 2023,
dans sa 86e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Saint-Honoré-d'Eylau,
à Paris (16e),
le jeudi 4 janvier 2024,
à 10 h 30.
Paris (17e).
Mme Claude Fonteneau,
née Huguette
Bourel de La Roncière,
en union avec
M. Claude Fonteneau (†),
ses parents,
Pascal et Magali Fonteneau,
Sabine Fonteneau (†),
Cyrille et Elisabeth Fonteneau,
ses frères, sœur, belles-sœurs,
Anna et Flavien,
Bréa,
Alexandre,
Marin et Maud,
ses neveux et nièces,
font part du rappel à Dieu de
M. Thierry FONTENEAU
le 24 décembre 2023,
à l'âge de 69 ans, à Paris.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Saint-Ferdinand-des-Ternes,
à Paris (17e),
le vendredi 5 janvier 2024,
à 10 h 30.
Un registre à signatures
tiendra lieu de condoléances.
Mme Claude Fonteneau,
Fondation Lucas,
26, boulevard Maillot,
92200 Neuilly-sur-Seine.
Paris.
En union avec son épouse,
Louise Four (†2020),
née Nédelec,
Pierre et Valérie Four,
son fils et sa belle-fille,
Raphaële et Rudy,
Maxime et Alexis, Cécile,
ses petits-enfants,
Madeleine et Gabrielle,
ses arrière-petites-filles,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Michel FOUR
chevalier
des Palmes académiques,
survenu le 19 décembre 2023,
à l'âge de 95 ans, à Paris.
La cérémonie religieuse
a été célébrée en l'église
du Saint-Esprit, à Paris (12e),
dans l'intimité familiale.
Angoulême.
Olivier Fournier,
son fils,
Jérôme Lemblin,
son gendre,
Erica Mayoux,
sa petite-nièce,
les familles Bechade,
Bechade-Pailly, Pousse, Peraud
et Luen
ont la douleur
de vous faire part du décès de
M. Michel FOURNIER
officier
des Palmes académiques,
survenu le jeudi
28 décembre 2023,
à l'âge de 91 ans.
La cérémonie civile sera
célébrée le jeudi 4 janvier 2024,
à 11 h 30, au crématorium
des Trois-Chênes,
à Angoulême.
Ni fleurs, ni plaques,
ni couronnes, une boîte à dons
sera mise à disposition au profit
de la Ligue de l'Enseignement.
Michel Fournier repose à la
chambre funéraire 556, route
de Bordeaux, à Angoulême.
En apprenant vous enseignerez,
en enseignant vous apprendrez.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Paris (5e).
Maurice Eisenchteter,
commandeur
de l'ordre national du Mérite,
et Alison Eisenchteter,
ses parents,
Hugo, Kristina
et Nora de Gérauvilliers,
son fils, sa belle-fille
et sa petite-fille,
Marc Eisenchteter
et Olivia Barbet Massin,
Patrick et Cécile Eisenchteter,
Alexandre et Isabelle
Eisenchteter,
ses frères et belles-sœurs,
Tom, Jules, Noémie, Anna,
Daphné et Ulysse Eisenchteter,
ses neveux et nièces,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Isabelle de GÉRAUVILLIERS
née Eisenchteter,
survenu le 15 décembre 2023,
à l'âge de 61 ans, à Paris.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Saint-Séverin, à Paris (5e),
le jeudi 4 janvier 2024, à 10 h 30.
L'inhumation aura lieu
le vendredi 5 janvier 2024,
à 11 heures, au cimetière
de Fontaine-lès-Dijon
(Côte-d'Or).
le figaro SameDi 30 - Dimanche 31 Décembre 2023
Armelle Grenon,
née Blanc, son épouse,
Alexis et Soizic Grenon,
son fils et sa belle-fille,
Corentin, Baptiste, Victor
et Amandine,
ses petits-enfants,
en union avec son frère,
Jean-Paul Grenon,
décédé le 12 octobre 2023
en Australie,
ont la tristesse de vous
faire part du décès subit de
Patrice GRENON
survenu le 24 décembre 2023,
à l'âge de 78 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mardi 2 janvier 2024,
à 10 heures, en l'église
Saint-François-Xavier,
à Paris (7e).
Versailles.
Laure, Patrice et Olivier,
ses enfants,
François et Michel,
ses frères,
Eléonore, Marine et Aurélien,
Clémence, Paul et Baptiste,
Camille, Gaspard et Margot,
ses petits-enfants,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Catherine GROLÉE
survenu le 27 décembre 2023,
dans sa 79e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en l'église
Sainte-Jeanne-d'Arc,
à Versailles,
le mardi 2 janvier 2024,
à 10 h 30.
Saint-Maurice
(Haute-Marne).
Sa fille Cécile,
et son fils Didier,
ont la tristesse
de faire part du décès de
M. Claude HALBIQUE
École d'arts et métiers,
Lyon 1965,
survenu le 20 décembre 2023,
à l'âge de 81 ans, à Créteil.
Ses obsèques civiles
auront lieu au crématorium
de Champigny-sur-Marne
(Val-de-Marne),
le vendredi 5 janvier 2024,
à 10 heures.
Des dons à la SNSM,
aux Petits Frères des Pauvres
ou aux Apprentis d'Auteuil
sont possibles.
Cet avis tient lieu de faire-part.
didier.halbique@gmail.com
Edith et Pierre Fragnier,
Agnès et Thierry Vallois,
ses enfants,
Aliénor, Jean-Baptiste,
Adélaïde, Victoire, Xavier,
Constance,
ses petits-enfants,
toute sa famille et ses amis
ont la douleur
de vous faire part du décès de
Mme Raymond HUET
née
Françoise-Xavière Lecornu,
survenu le 25 décembre 2023,
à l'âge de 94 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le vendredi 5 janvier 2024,
à 10 heures, en l'église
Saint-François-Xavier,
à Paris (7e),
suivie de l'inhumation
au cimetière du Montparnasse.
Cet avis tient lieu de faire-part.
M. et Mme Pierre Fragnier,
3, rue Mademoiselle,
78000 Versailles.
Caroline d'Izarny-Gargas,
Simon et Marie-Judith
d'Izarny-Gargas,
ses enfants et sa belle-fille,
Paul, Louise, Clémence,
Gabrielle, Madeleine,
ses petits-enfants,
Marie Aubert,
sa sœur,
ont la grande tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
Mme Pierre
d'IZARNY-GARGAS
née Isabelle Aubert,
le 28 décembre 2023, munie
des sacrements de l'Église.
La messe d'obsèques
sera célébrée
le mardi 2 janvier 2024,
à 10 h 30,
en l'église Saint-Michel,
à Coudoux
(Bouches-du-Rhône).
11
Saâcy-sur-Marne
(Seine-et-Marne).
Odile Charrier,
sa cousine,
Marie-Hélène Charrier
et Manfred Preissendörfer,
ses cousins,
sa famille et ses proches
ont la tristesse
de faire part du décès de
Mme Jacqueline MEIGNEN
née Jullion,
dans sa centième année,
le 27 décembre 2023.
La cérémonie sera célébrée
en l'église
de Saâcy-sur-Marne,
le jeudi 4 janvier 2024,
à 10 h 30, suivie
de l'inhumation au cimetière
de Saâcy-sur-Marne.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Le baron et la baronne
Auguste d'Aligny,
M. et Mme Hugues
Parrical de Chammard,
M. et Mme Pascal Van Coillie,
ses enfants,
ses petits-enfants
et ses arrière-petits-enfants
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Mme Jean VIOLLET
née Hélène Vissière,
survenu le 28 décembre 2023,
à l'âge de 94 ans.
La messe d'obsèques sera
célébrée le jeudi 4 janvier 2024,
à 14 h 30, en l'église
Saint-Lambert de Vaugirard,
à Paris (15e).
L'inhumation aura lieu
le vendredi 5 janvier 2024,
à 10 h 30, au cimetière
de Veulettes-sur-Mer
(Seine-Maritime).
remerciements
Ses enfants,
Bénédicte et Jean-Marc
Talonneau,
Eric et Véronique Vatar,
Emmanuel et Muriel Vatar,
ses petits-enfants
ainsi que toute la famille,
très touchés des marques
de sympathie qui leur ont été
témoignées lors du décès de
Ghislaine VATAR
vous prient de trouver ici,
leurs sincères remerciements.
messes
La messe solennelle
de l'Épiphanie
pour les bienfaiteurs
de l'Église catholique à Paris
sera célébrée
par Mgr Philippe Marsset,
évêque auxiliaire,
le dimanche 7 janvier 2024,
à 18 h 30, en l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois,
2, place du Louvre, Paris (1er).
Messe célébrée à l'intention
et à la mémoire
de tous les bienfaiteurs
de l'Église catholique à Paris
et de
la Fondation Notre Dame,
retransmise en direct
sur KTO et Radio Notre Dame.
Archevêché de Paris,
le chanoine
Jean-Jacques Launay.
Contact : M. Hubert Gossot,
10, rue du
Cloître-Notre-Dame,
Paris (4e).
Téléphone : 01 78 91 93 37.
souvenirs
Pour le trentième anniversaire
du décès de
Pierre ALEXANDRE
que ceux qui l'ont connu aient
une douce pensée pour lui.
De la part
de son frère affectionné.
Marilou POINSOT
neuf ans et demi,
tuée par un délinquant routier
le 1er janvier 2002.
Philippe POINSOT
57 ans,
mort de chagrin.
Mes amours,
vous me manquez tant.
www.association-marilou.fr
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
12 CHAMPS LIBRES
ENQUÊTE
Le navire du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines inspecte la zone de l’épave baptisée « Cap Sicié 4 », immergée depuis près de deux siècles dans les eaux méditerranéennes.
L’« Alfred Merlin », le navire qui
perce les mystères des naufrages
Vincent-Xavier Morvan
£@vincentxavierm
La Seyne-sur-Mer
out à coup, le visage de Florence
T archéologiques
Richez s’illumine. Son camarade
Emmanuel Berry, un scaphandrier
occupé à passer au tamis les restes
trouvés dans une jarre remontée du
fond, vient de dénicher un morceau
d’assiette. Il s’agit sans doute de la do-
tation du bord, c’est-à-dire de la vaisselle utilisée par
l’équipage. Indubitablement, ce fragment, selon la
plongeuse, provient d’Albisola, en Italie. « Cette loca-
lité située en Ligurie a inondé le marché de ses produits
au XVIIIe siècle, c’est un bon marqueur de datation »,
relève celle qui, après trente-cinq ans de carrière, est
devenue experte dans le domaine de la céramique
moderne. « L’épave est-elle de la fin du XVIIIe ou de la
première moitié du XIXe ? Pour l’instant, on ne sait pas.
En archéologie, on apprend à être prudent », tempère
l’archéologue sous-marine Marine Sadania, venue
jeter un œil par-dessus l’épaule de sa collègue.
C’est justement pour tenter de démêler le mystère
de cette épave baptisée « Cap Sicié 4 », du nom du
lieu où elle a été trouvée, au large de Toulon, qu’une
mission a été menée, du 11 au 15 décembre, par le
Département des recherches archéologiques suba-
quatiques et sous-marines (Drassm). Créé en 1966
par André Malraux, alors ministre des Affaires
culturelles, le Drassm dépend du ministère de la
Culture et a ses quartiers à Marseille, où il dispose
d’un navire dernier cri, l’Alfred Merlin, mis à l’eau
en 2021.
Jarres et céramiques
Ce 13 décembre, les scientifiques ont dû renoncer à
leur sortie en mer, à cause du mauvais temps. « Ce
n’est pas grave, car en deux jours de plongée, nous
avons déjà réussi à atteindre la moitié de nos objec-
tifs », se console Marine Sadania, responsable de
l’opération. Alors, même si l’Alfred Merlin reste
aujourd’hui à quai dans le port de Brégaillon, à La
Seyne-sur-Mer, son équipage continue de s’activer.
Près de l’échelle de coupée, les spécialistes ont ins-
tallé une colonne de tamis qui permet de filtrer les
échantillons remontés la veille du fond. Là, c’est le
contenu de la jarre no 6 qui est passé au peigne fin.
Restée ouverte pendant deux cents ans, elle est rem-
plie de vase et de coquillages, mais recèle aussi un
petit trésor en céramique, le fameux morceau d’as-
siette, preuve qu’il ne faut rien négliger. Moins de
chances avec la no 2, elle aussi une jarre originaire de
Biot, mais qui ne contient plus rien d’autre que de la
vase et des restes de fibres servant sans doute à caler
la vaisselle de Vallauris autrefois transportée par voie
maritime. « Avec ces échantillons, nous aurons peut-
être une idée plus précise de la datation, explique
Marine Sadania. Si nous réussissons à affiner la
chronologie, par exemple sur une période de trente ans,
les archivistes pourraient parvenir à déterminer les
A
circonstances du naufrage. Mais peut-être qu’on ne
saura jamais quel était ce navire… »
Mis à l’eau en 2021, Il pourrait s’agir d’une tartane, un bateau à voile
typique de la Méditerranée, qui faisait commerce de
le bateau ultramoderne jarres de Biot entre Antibes et Marseille. Ces jarres
étaient alors utilisées comme contenants pour l’huile
du Département
ou la farine. Afin d’optimiser les coûts et éviter un
transport à vide, elles étaient parfois remplies
des recherches
d’autres ustensiles culinaires. Découverte en 2005
par le plongeur Éric Alberola, l’épave « Cap Sicié 4 »,
longue de 13 m, n’avait jamais été explorée. Jusqu’à
un premier repérage du Drassm l’an dernier, qui a
comptabilisé alors une centaine de jarres dans la
subaquatiques coque située à 75 m de profondeur. « On a trouvé des
et sous-marines a mené
fragments de bois et, grâce à des prélèvements xylo-
logiques, on pourra connaître l’essence. Est-ce du pin
une mission inédite
pignon ? Du pin d’Alep ? Du hêtre ou du chêne ? S’il
s’agit d’une essence méditerranéenne, ça pourra
orienter les recherches », anticipe Marine Sadania. Il
sur une épave échouée faudra aussi confirmer si ces fragments très légers
exposés sous les yeux du préfet maritime de la Médi-
au large de Toulon. terranée, le vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi
venu s’enquérir de la bonne marche des opérations,
Ses scaphandriers, sont bien du charbon. Comprendre aussi pourquoi
des morceaux d’ardoise ont également été retrouvés.
accompagnés de robots Et ces fibres, est-ce de la paille ou une autre matière ?
Les analyses en laboratoire le diront peut-être.
et de plongeurs- « Nous avons très peu d’épaves liées à ce type de com-
merce. Il en existe bien, mais elles sont en eaux moins
démineurs de la marine profondes et la cargaison avait pu être remontée après
le naufrage », précise Marine Sadania.
nationale, sont descendus Pour le plongeur Emmanuel Berry et ses collègues
- ils sont quatre scaphandriers à embarquer sur
à plus de 70 mètres l’Alfred Merlin -, cette mission est aussi une
première. Depuis la formation qu’ils ont suivie au
pour tenter de lever printemps dernier, ils sont désormais habilités à
descendre jusqu’à 90 m de profondeur, contre 50 m
le voile sur une vieille auparavant. « On utilise un mélange d’oxygène, d’hé-
lium et d’azote qui nous permet de lutter contre l’ivres-
fortune de mer. se des profondeurs », explique celui que ses collègues
surnomment « Manu ». Pour ne pas mettre leur santé
en danger, ils ne doivent plonger qu’une fois par jour.
Surtout, ils doivent veiller à bien respecter les paliers
de décompression. « Pour dix minutes passées au fond
à poser des mires pour les mesures de photogram-
métrie, j’ai eu trente-huit minutes de remontée. Pour
certains, restés plus longtemps, c’est une heure ou une
heure et demie avant de regagner la surface », dé-
taille-t-il. Un caisson hyperbare a aussi été réquisi-
tionné le temps de l’opération, en cas d’accident de
décompression. Pour cette mission, les plongeurs du
Drassm ont été aidés par des militaires de la marine
nationale, ceux du Centre expert dans la plongée hu-
maine et l’intervention sous la mer (Cephismer) et
ceux du Groupe de plongeurs-démineurs (GPD).
« Nous avons apporté notre expertise du transport de
Si nous réussissons à affiner la chronologie,
les archivistes pourraient parvenir à déterminer
les circonstances du naufrage. Mais peut-être
»
qu’on ne saura jamais quel était ce navire
MARINE SADANIA, RESPONSABLE DE L’OPÉRATION
TEDDY SEGUIN
charges lourdes par grande profondeur », explique le
jeune lieutenant de vaisseau Vianney, chef des
opérations du GPD Méditerranée.
Les hommes n’étaient pas seuls au fond de l’eau.
L’Alfred Merlin, et c’est l’une de ses particularités,
embarque aussi trois robots sous-marins conçus au
Lirmm, un laboratoire universitaire basé à Mont-
pellier. « Ce sont des robots téléopérés, c’est-à-dire
qu’ils ne sont pas autonomes, ils sont reliés au navire par
un câble », précise Denis Degez, le spécialiste roboti-
que du navire, pas peu fier d’emmener le visiteur dé-
couvrir, dans la cale « Arthur », un engin capable de
descendre jusqu’à 2 500 m de profondeur et de re-
monter, grâce à une griffe de prélèvement, du mobi-
lier trouvé sous l’eau. Avec leur caméra frontale et
leurs puissantes lampes, ces robots éclairent parfaite-
ment l’épave et fournissent des images vidéo de bonne
facture. L’été dernier, Arthur a été utilisé pour inspec-
ter une épave antique, chargée de verre brut, immer-
gée à plusieurs centaines de mètres de profondeur près
des côtes corses. Le navire est aussi équipé d’outils de
pointe qui permettent, pour chaque objet retiré des
épaves, de créer en quelques secondes un « jumeau
numérique » au moyen d’un scanner à main.
Exposition itinérante
« Conçu par des archéologues pour des archéologues »,
comme le note Marine Sadania, l’Alfred Merlin, long
de 46 m et pouvant embarquer 45 personnes, fait la
fierté de son capitaine, le commandant Thibault
Testud. « Le navire est spécialement conçu pour la
plongée et la robotique. Il a en cela une particularité,
c’est qu’il a une propulsion auxiliaire avec deux hydro-
jets à l’arrière et deux propulseurs d’étrave à l’avant,
explique-t-il. Il n’y a rien qui tourne, ce sont juste des
flux d’eau qui maintiennent le bateau en position. C’est
hypersécurisant pour les plongeurs et les robots qui ne
peuvent pas se prendre dans une hélice. » Équipé du
positionnement dynamique, le bateau peut ainsi te-
nir sa position à 50 cm près, en restant juste au-des-
sus des épaves sur lesquelles les plongeurs travaillent.
Mais, au-delà de 1,50 m de creux et 20 nœuds à
25 nœuds de vent, comme ce mercredi de décembre,
la dérive est trop forte et la réussite de l’opération
n’est plus garantie. Cantonné pour l’instant à la
Méditerranée, l’Alfred Merlin est en mesure de tra-
verser l’Atlantique. Son capitaine espère d’ailleurs
explorer les Antilles « le plus tôt possible ». Avec un
domaine maritime de 11 millions de kilomètres car-
rés, le second au monde après les États-Unis, il y a de
quoi faire dans les eaux françaises. Au total, plus de
6 500 sites archéologiques y ont été répertoriés.
Reste à faire connaître au grand public les
découvertes de la mission « Cap Sicié 4 ». Le Drassm
compte bien s’y employer. « On espère monter une
exposition itinérante sur cette épave, car notre objectif
est de restituer au grand public toutes ces infor-
mations », note Marine Sadania. Plusieurs musées de
la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont été
accueillis à bord pour les sensibiliser à cette
découverte. Pour le Drassm, ce type de collaboration
est essentiel dans la mesure où il manque de moyens
financiers pour stocker les pièces remontées des
profondeurs. Seuls des échantillons sont d’ailleurs
prélevés sur les cargaisons englouties, en recouvrant
parfois de sable le reste pour éviter les pillages. ■

CHRONIQUE
Mathieu Bock-Côté
DESSIN FABIEN CLAIREFOND
JEAN-MICHEL DELACOMPTÉE
La moquerie est omniprésente dans la France
contemporaine. Quand est-elle légitime ou
devient-elle insultante ? Chacun à leur manière,
Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère
et La Fontaine ont proposé des pistes de réflexion, à vous révolter,
analyse l’essayiste et écrivain*.
Dassault Médias
(actionnaire à plus de 95 %)
23-25, rue de Provence
75009 Paris
Président-directeur général
Charles Edelstenne
Administrateurs
Thierry Dassault,
Olivier Costa de Beauregard,
Benoît Habert,
Rudi Roussillon
Patrick Buisson, historien de la décadence
a mesquinerie de la presse
L
de gauche au moment de la
mort de Patrick Buisson
n’aura surpris que ceux qui
n’ont pas encore compris
qu’elle carbure à la haine
idéologique : l’homme fut présenté
de la plus vile manière pour qu’on
en garde le plus mauvais souvenir,
en s’assurant que, jusqu’à la tombe,
on l’associe à « l’extrême droite »,
dont il n’aurait seulement été qu’un
militant plus doué que les autres.
Patrick Buisson lui faisait peur : on
lui prêtait le pouvoir d’hypnotiser les
puissants et de libérer les plus basses
passions des masses, à la manière d’un
théoricien méphistophélique. Deux
commissaires politiques qui avaient
voulu l’exécuter médiatiquement
n’avaient-elles pas intitulé leur
ouvrage Le Mauvais Génie ? La gauche
idéologique ne s’imagine pas
d’adversaires légitimes, seulement
des ennemis à éradiquer. Et cela,
Patrick Buisson le savait : il ne se
faisait aucune illusion à son endroit.
La référence fondatrice de la gauche
n’est pas 1789, mais 1793 - il n’est
pas certain qu’il aurait dissocié
les deux dates.
Si j’ai pris la peine de rappeler cela,
alors que je tiens surtout à rendre
hommage à Patrick Buisson, c’est
qu’il est nécessaire de démonter sa
légende médiatique et de s’affranchir
du fantasme qui le précédait pour
retrouver l’authentique penseur qu’il
était - on pourrait parler d’un penseur
Entre moquerie et susceptibilité,
notre époque est tiraillée
I
l est toujours utile de revenir
aux auteurs classiques pour
appréhender le temps présent.
Aux moralistes en particulier,
Montaigne, Pascal,
La Rochefoucauld, La Bruyère,
voire La Fontaine, avec ses fables bien
plus profondes qu’il n’y paraît. Les
moralistes ont l’avantage sur les
psychologues modernes de s’exprimer
avec une économie verbale qui exclut
les longs développements. Pour
sonder les âmes et les cœurs, ils usent
d’un style qui, par sa densité,
condense en peu de mots l’essentiel
des remarques que leur inspirent leurs
expériences et observations. Ils ont
l’œil vif et le jugement pointu.
En quelques lignes, tout est dit.
Et ce qu’ils disent à leur époque vaut
pour toutes les époques, donc pour
notre actualité la plus immédiate.
Ainsi La Bruyère, dans ses
Caractères, souligne ce qu’a
d’extrêmement cruel le fait
de se moquer. Ce que ce petit jeu a de
pervers, d’implacable, et finalement
d’odieux. La moquerie, dit-il, « est de
toutes les injures celle qui se pardonne
le moins ; elle est le langage du mépris,
et l’une des manières dont il se fait le
mieux entendre ; elle attaque l’homme
dans son dernier retranchement, qui est
l’opinion qu’il a de lui-même ; elle veut
le rendre ridicule à ses propres yeux, et
ainsi elle le convainc de la plus mauvaise
disposition où l’on puisse être pour lui,
et le rend irréconciliable ». Même
légère, la moquerie
blesse, moins par le
choix des mots que
par l’irrespect
qu’elle traduit. C’est
pourquoi elle ne se
pardonne pas.
Une fois touché,
vous coulez, sauf
mais sous réserve
SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions
(société éditrice) Alexis Brézet
23-25, rue de Provence Directeur délégué de la rédaction
75009 Paris
Vincent Trémolet de Villers
Président
Charles Edelstenne
Directeurs adjoints de la rédaction
Gaëtan de Capèle (Économie),
Directeur général, Laurence de Charette
directeur de la publication
(pôle audiovisuel), Anne-Sophie
Marc Feuillée
von Claer (Style, Art de vivre, F),
Philippe Gélie (International),
OPINIONS CHAMPS LIBRES
intégral, dans la mesure où il fut
tout à la fois historien, philosophe,
politologue, éditorialiste, journaliste
et conseiller politique, chacun
de ces engagements renvoyant aux
autres, et à la vision du monde qu’il
élaborait et explorait tout à la fois.
Patrick Buisson était étranger au
contractualisme moderne, il ne voyait
pas la société comme une série
d’atomes autodéterminés, mais dans
la longue durée, et croyait qu’on
ne pouvait, en excellent lecteur
de Philippe Ariès qu’il était, qu’on ne
peut comprendre un peuple
qu’en explorant sa mentalité, et les
différentes couches de sens à travers
lesquelles elle s’était sédimentée pour
former une culture. Patrick Buisson
était à sa manière un héritier de
l’école des Annales, sans toutefois
partager son dédain pour le politique.
Car Buisson était aussi, et peut-être
d’abord, un disciple de Raoul
Girardet, à qui nous devons la
redécouverte de l’étude des mythes
politiques, en lesquels il voyait tout
le contraire d’une matière inerte.
Buisson croyait les mythes agissants,
car il voyait l’homme non seulement
comme un animal politique, mais
comme un animal symbolique,
cherchant toujours dans la cité une
transcendance que la modernité tend
à vouloir neutraliser. Surtout, il
croyait possible d’agir sur les hommes
en activant les mythes, en libérant
les énergies qu’ils contiennent.
C’est seulement en ayant cela
de le pouvoir.
Voyez la nouvelle miss France, Ève
Gilles, violemment brocardée pour ses
cheveux courts
et, selon ses détracteurs, son allure
androgyne. Gardant son sourire,
elle a refusé de céder aux piques
haineuses. Vrai courage d’une
« guerrière », s’étant décrite ainsi.
Donc armée pour faire face.
Mais qu’on juge des ravages causés
par le harcèlement scolaire,
qui touche de jeunes élèves. Le plus
souvent, comme dans le cas d’Ève
Gilles, il tourne en dérision des
particularités physiques. Comment
« L’égalitarisme universel
entre individus comme entre
cultures, croyances et nations
se trouve au fondement
du caractère pathologique
de cette susceptibilité généralisée
surmonter la honte qui en résulte ?
Pour reprendre la formule
de La Bruyère, les jeunes victimes
sont attaquées dans leur dernier
retranchement, sans autre issue que
leur défaite. Le retranchement, terme
militaire, est à saisir dans son aspect commencé quand un jeune participant
concret : la victime ne dispose
d’aucune protection. Elle est
absolument nue face aux railleries qui
l’agressent. Dès lors, il arrive qu’une bande de voyous. On notera que les
seule solution se présente, le suicide. susceptibilités se froissent aujourd’hui
Il ne s’agit pas seulement d’une
blessure narcissique, c’est autre chose, mais aussi collectif. Ce qu’attestent
une destruction de l’image de soi,
un anéantissement. Parmi les actuels
humoristes, certains, à la radio
en particulier, s’autorisent des
attaques ad hominem sans que leurs
victimes aient la possibilité de
se défendre. Ils jouissent d’un droit
de nuire que la société leur accorde
au motif que l’objet de leurs
Anne Huet-Wuillème (Édition, Directeur artistique
Photo, Révision, DA), Pierre Bayle
Rédacteur en chef
Jacques-Olivier Martin (directeur Frédéric Picard (Web)
de la rédaction du Figaro.fr),
Directeur délégué
Étienne de Montety (Figaro du pôle news
Littéraire), Bertrand de Saint- Bertrand Gié
Vincent (Culture, Télévision), Éditeurs
Robert Mergui
Yves Thréard (Enquêtes,
Anne Pican
Opérations spéciales, Sports,
Sciences).
LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023
13
à l’esprit qu’on comprendra son constitution mentale d’un peuple.
rapport aux sondages. Il ne s’agissait Sans quoi il est condamné à
pas pour lui d’explorer la surface de l’aplatissement historique. N’était-ce
l’opinion, et les humeurs changeantes pas aussi la conviction du général
des masses, mais d’explorer les de Gaulle ?
structures profondes de l’imaginaire Dans ses derniers livres, il s’est
des peuples, et leurs attentes voulu l’historien de la décadence
informulées, car souvent de l’Occident, qu’il assimilait presque
informulables dans les paramètres de à une nouvelle chute métaphysique.
la modernité progressiste. Le politique Buisson racontait le déracinement
avait dès lors la mission de traduire d’une civilisation s’étant rendue
coupable
« Car Buisson croyait l’homme
moderne fondamentalement
carencé, arraché aux structures
d’interruption
volontaire de
transmission
culturelle par
profondes qui lui permettraient névrose hédoniste.
traditionnellement d’accéder Il n’était toutefois pas
à la plénitude de l’existence terrestre
loin de croire qu’une
minorité créatrice,
en rupture avec
»
ces aspirations, dans une perspective l’hubris moderne, portait en elle
étrangère à la rationalité les éléments d’une prochaine
technocratique. Buisson pouvait alors renaissance, pour peu qu’elle
se faire conseiller du prince et vrai s’affranchisse des abstractions
stratège. désincarnantes.
C’est dans La Cause du peuple qu’il a Le temps ne lui a pas été accordé
exprimé sa philosophie politique. d’aller au bout de son œuvre, mais à
Car Buisson croyait l’homme moderne qui ce temps est-il vraiment accordé ?
fondamentalement carencé, arraché Buisson le savait, l’homme n’est que
aux structures profondes qui lui de passage sur terre, et lui s’était
permettraient traditionnellement donné pour mission, pendant son bref
d’accéder à la plénitude de l’existence séjour en ce monde, de renouer le fil
terrestre. Il n’était pas sans raison de la transmission française. Fidèle
fasciné par Gustave Thibon. S’il était à jusqu’au bout à sa vision, à ses
sa manière monarchiste, c’était moins convictions intimes, il est en droit,
par coquetterie réactionnaire que où qu’il se trouve aujourd’hui,
parce qu’il pensait qu’une autorité de se dire mission accomplie.
verticale est constitutive de la D’autres prendront la suite.
sarcasmes, généralement des russe. Pour cette raison, Emmanuel
personnalités politiques, a le cuir assez Macron a, au début de la guerre,
épais pour résister aux chocs. déclaré vouloir éviter d’humilier
Ce qui est vrai, les politiques ont cette la Russie. Il est probable que
capacité. Il n’empêche que ricaner l’égalitarisme universel entre
des talonnettes du président Sarkozy, individus comme entre cultures,
moqué en raison de sa taille, visait croyances et nations se trouve au
à blesser pour détruire. fondement du caractère pathologique
Le caractère détestable de ce genre de cette susceptibilité généralisée.
d’humour a récemment trouvé À quoi s’ajoute, naturellement, le rôle
un parfait exemple dans le sketch joué par les réseaux sociaux, où
de Guillaume Meurice comparant chacun s’autorise de soi-même pour
Benyamin Netanyahou à un « nazi sans juger de n’importe qui et de n’importe
prépuce ». Dans ce cas, on se situe bien quel événement avec la certitude
au-delà de la moquerie, même si absolue de détenir la vérité.
Netanyahou a d’autres chats à fouetter Nombre de moqueries n’ont bien sûr
que s’en formaliser. rien d’offensant. De simples
Outre le soupçon
d’antisémitisme,
la violence haineuse
et vulgaire de cette
plaisanteries. Par ailleurs, il est bon
de savoir se moquer de soi-même.
Mais, allant au fond des choses, faire
de la moquerie le noyau des
ironie s’est affichée ressentiments confère à cette dernière
en pleine lumière. une importance que La Bruyère
« Les Guignols de a repérée avec une lucidité
»
l’info » se moquaient
de personnalités
extraordinaire. C’est qu’il savait
de quoi il parlait. Il a terriblement
en vue, dont ils faisaient souffert des railleries, et par
des caricatures, sans chercher conséquent du mépris, dont
à les insulter ni à les avilir. C’est toute l’accablaient les grands au service
la différence entre la blague bouffonne desquels, lui, homme d’excellent
et la volonté de mortifier. mérite ravalé au rang de domestique,
Le drame de Crépol a, semble-t-il, mettait son talent de plume. Le
sentiment d’humiliation qu’il a conçu
à la fête s’est moqué des cheveux longs de sa position injustement subalterne
d’un des agresseurs, origine d’une rixe résonne d’un bout à l’autre des
qui s’est aggravée avec l’arrivée de la Caractères. Ce sentiment lui a sans
doute insufflé le génie vindicatif qui
donne à son livre - le seul qu’il ait
pour des vétilles, à titre individuel écrit - cette puissance capable
de traverser trois siècles pour nous
les délires du mouvement woke,
réaction épidémique à un sentiment
éclairer sur nous-mêmes.
* Il a notamment publié « Notre langue
d’infériorité reçu comme intolérable française » (Fayard, 2018), grand prix
par un nombre croissant de minorités Hervé-Deluen de l’Académie française.
de toutes espèces. Il est aussi l’auteur de nombreux portraits
Pour justifier son agression littéraires et de « Cabale à la cour »
contre l’Ukraine, Poutine a allégué (Robert Laffont, 2020). Dernier ouvrage
l’humiliation dont l’Occident se serait paru : « Jean de La Fontaine. Portrait d’un
rendu coupable envers lui et le peuple pommier en fleur » (Le Cherche midi, 2023).
FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy FR
23-25, rue de Provence, 75009 Paris 93290 Tremblay-en-France
Tél. : 01 56 52 20 00 Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Ce journal
ISSN 0182-5852 se compose de :
Fax : 01 56 52 23 07 Édition nationale
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Tél. : 01 57 08 50 00 Supplément 5 Madame
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Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal
est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous 92 pages
direction.redaction@lefigaro.fr
le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.
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Napoléon, l’histoire et la légende

Deux siècles après sa mort, Napoléon n’a rien perdu de
son pouvoir de fascination, comme le montre le nouveau
film de Ridley Scott. A quoi attribuer ce phénomène ? Aux
qualités hors du commun de l’homme ou à un mythe distillé
par Napoléon de son vivant et amplifié après sa mort par
le succès jamais démenti du Mémorial de Sainte-Hélène,
paru il y a deux cents ans cette année ? Aidé des meilleurs
spécialistes, de Jean Tulard à Thierry Lentz, Le Figaro Histoire
a mené l’enquête. Dans un dossier exceptionnel, ils montrent
comment s’est élaborée la légende napoléonienne, entre
authentiques épisodes glorieux, sens génial de la propagande
et imagination collective. Plongeant dans les grands faits de
son règne, de son exil et de sa mort, ils expliquent la façon dont
Napoléon sut transformer à son avantage les événements
défavorables et quels relais permirent à sa gloire de survivre
outre-tombe jusqu’aujourd’hui avec une puissance intacte.
Au cœur de l’actualité, marquée par le traumatisme du
7 octobre dernier, Le Figaro Histoire consacre un grand
récit à l’histoire bouleversée de Gaza, de la terre des
Philistins décrite dans la Bible aux affrontements entre
Israël et le Hamas. Côté reportages, il vous emmène en
voyage au musée de la Marine, qui vient de rouvrir ses
portes au Trocadéro dans une scénographie entièrement
renouvelée, vous fait découvrir la Maison Carrée de Nîmes,
tout juste inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, et
mène l’enquête sur le sort du patrimoine arménien du
Haut-Karabakh, que les 120 000 Arméniens qui ont dû
quitter leur terre à la suite de l’offensive azérie s’efforcent
de sauvegarder de leur mieux.
Le Figaro Histoire, 132 pages.

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> FOCUS
lefigaro.fr/economie CONTRÔLE
RENFORCÉ DES
INVESTISSEMENTS
ALLEMAGNE CINÉMA ÉTRANGERS
LA PANNE DE CROISSANCE LA BONNE ANNÉE 2023 Bercy muscle le contrôle des inves-
INQUIÈTE LES CHEFS DES SALLES FRANÇAISES tissements étrangers en France
D’ENTREPRISE PAGE 17 PAGE 20 (IEF), à compter du 1er janvier 2024.
Désormais, le contrôle sera auto-
Barbie, de Greta Gerwig.
matique quand un investisseur non
européen, « seul ou de concert »
avec d’autres, dépassera les 10 % du

Airbus clôt une année

capital d’une société française
« dont les actions sont admises aux
négociations sur un marché régle-
menté » et opérant dans un secteur
stratégique, selon un décret publié

record et distance Boeing vendredi au Journal officiel. Le seuil

Le géant européen a engrangé 500 commandes sur le seul mois de décembre, et
1 880 au total en 2023. Un succès lié à sa domination sur les avions moyen-courriers.
Cette année, Airbus a pulvérisé son
précédent record de commandes,
datant de 2013. Il conserve sa cou-
ronne de numéro 1 mondial pour la
sixième année consécutive. Le
contraste est saisissant avec son
rival américain Boeing, empêtré
dans les difficultés industrielles. Le
737 Max en particulier connaît des
déboires en série liés à des malfa-
çons et à un défaut de contrôle
qualité. L’avionneur européen tire
notamment sa force de sa domina-
tion dans le moyen-courrier, un
segment qui représente 70 % de la
demande mondiale d’avions. Dans
ce domaine, la famille des A320neo
répond parfaitement à la demande
des compagnies, à la recherche
d’appareils consommant moins de
carburant.
Alors que le transport aérien est
reparti de plus belle après la pan-
démie, les compagnies comman-
Pourquoi
dent à tour de bras. Désormais, le
principal défi d’Airbus est plus de
produire que de vendre. L’enjeu
est de stabiliser le système de
production, sous-traitants com-
pris, tout en augmentant les ca-
dences et en réduisant les délais
de livraison. PAGE 19
de déclenchement du contrôle pour
les sociétés non cotées reste quant
à lui fixé à 25 % du capital.
Concrètement, les activités d’ex-
traction, de transformation et de
recyclage de matières premières
critiques, « qui sont essentielles
pour la protection de nos intérêts
nationaux », seront désormais éligi-
bles au contrôle IEF, détaille un
communiqué du ministère des Fi-
nances. « Les activités essentielles
à la sécurité des établissements pé-
nitentiaires » seront également
couvertes par la réglementation, de
même que la recherche et dévelop-
pement dans la photonique et les
technologies de production d’éner-
gie bas carbone. Ces secteurs vien-
nent ainsi s’ajouter à ceux qui

le champagne étaient déjà concernés comme la

défense, la cybersécurité, les semi-
HEYDAY FILMS/MATTEL FILMS ; NEW AFRICA - STOCK.ADOBE.COM ; THE WALT DISNEY COMPANY

conducteurs ou l’intelligence artifi-

monte cielle.
Les contrôles sont par ailleurs éten-
en gamme dus aux prises de participation dans
des succursales françaises d’entre-
prises étrangères immatriculées au
Les ventes du plus registre du commerce et des socié-
tés. « Dans un contexte économi-
célèbre vin pétillant que international marqué par une
sont en baisse cette compétition exacerbée, je suis dé-
terminé à continuer de protéger no-
année. Mais les maisons tre souveraineté et nos intérêts
les plus prestigieuses fondamentaux dans les domaines
industriel et technologique », dé-
ont pu augmenter fend le ministre de l’Économie,
leurs prix, ce qui Bruno Le Maire. En 2022, 325 in-
a protégé leur chiffre vestissements étrangers ont été
contrôlés par la France, selon la Di-
d’affaires. Une stratégie rection générale du Trésor. Parmi
payante que de plus ces opérations, 194 ont été interdi-
tes, 70 autorisées sous conditions
en plus d’acteurs et 61 validées sans restriction.
de la filière adoptent. J. R. P.

PAGE 16

le PLUS du L'HISTOIRE Pôle emploi devient

FIGARO ÉCO
La toute première version de Mickey France Travail
RETRAITE
Cette revalorisation entre ce lundi dans le domaine public Adieu Pôle emploi et bonjour L’autre objectif de France Tra-
au 1er janvier France Travail. Tel est le nou- vail est d’améliorer la com-
ickey s’apprête à souffler ratissé pour réimaginer les contes des frères

M
veau nom de l’opérateur na- munication entre les acteurs
qui crée la polémique des bougies d’anniversaire Grimm ou de Charles Perrault. Après avoir tional de l’emploi, qui voit of- qui accompagnent les chô-
PAGE 17 bien particulières. À partir repoussé de nombreuses fois cette échéance, ficiellement le jour ce meurs. L’ex-Pôle emploi, les
du 1er janvier, il sera possible Disney doit baisser les armes… mais s’apprête 1er janvier. Ce changement de missions locales ou encore Cap
de reproduire la célèbre déjà à les relever. Dans un communiqué, le patronyme, auquel le gouver- emploi, l’opérateur en charge
LA SÉANCE mascotte de Disney sans être poursuivi groupe a assuré qu’il « continue(rait) de nement tenait particulière- des travailleurs handicapés,
DU VENDREDI 29 DÉCEMBRE 2023 pour violation de droits d’auteur. Et ce, protéger (ses) droits sur les versions plus ment, doit symboliser une accusés par certains d’œuvrer
CAC 40 en vertu du droit américain, qui protège récentes de Mickey et sur d’autres œuvres évolution dans l’accompagne- « en silo » auront dorénavant
7543,18 +0,11% les œuvres jusqu’à restant protégées ». ment des chômeurs. des outils numériques com-
95 ans après leur sortie. Par ailleurs, Disney a ajouté Parmi les objectifs de la nou- muns pour faciliter l’échange
DOW JONES Enfin, en théorie. Car les une scène particulière du velle entité, un accompagne- d’informations et le suivi des
37587,57 -0,32% conditions restent très court-métrage en ouverture ment renforcé des personnes individus accompagnés.
strictes : seule la version de tous les films d’animation les plus éloignées de l’emploi, Toutefois, ces changements ne
ONCE D’OR de 1928 de la souris, produits par ses studios. comme les jeunes, les person- se feront pas du jour au lende-
présentée dans le dessin «Très futés, ils ont réalisé nes en situation de handicap et main au 31 décembre. Plu-
2037,85(2037,85)
les bénéficiaires du revenu de sieurs expérimentations ont
animé Steamboat Willie, que la meilleure chose
PÉTROLE (Brent) solidarité active (RSA). Ces déjà lieu depuis le premier tri-
entre dans le domaine à faire était de transformer
derniers seront dorénavant mestre 2023. La mise en place
77,530 (78,380) public. Pas question, cette scène emblématique automatiquement inscrits sur va continuer à se poursuivre
EUROSTOXX 50 donc, d’exploiter la tenue en marque déposée », les listes des demandeurs progressivement tout au long
4518,28 +0,09% d’apprenti sorcier ou les explique Justin Hughes, d’emploi et bénéficieront d’un de l’année 2024 et même au-
gants si caractéristiques professeur de droit à soutien renforcé. Le but est de delà. Seul changement visible,
FOOTSIE de la création de Walt l’université de Loyola. Toute permettre à ceux qui le peu- le logo de Pôle emploi, recon-
7733,24 +0,14% Disney. Le groupe personne qui utiliserait cette vent de réintégrer rapidement naissable à son « e » blanc sur
américain couve image de Mickey à la barre le marché du travail. Quant aux fond bleu, devrait laisser la
NASDAQ son enfant, d’autant du navire à des fins autres, ils bénéficieront d’un place à un flocon composé de
16792,45 -0,63% qu’il connaît bien les commerciales doit se suivi régulier. En contrepartie, cercles de différentes cou-
avantages du domaine préparer à une belle bataille les allocataires du RSA s’enga- leurs, nouveau symbole de
NIKKEI public. Il l’a lui-même judiciaire… ■ CARLA PLOMB gent à réaliser 15 à 20 heures France Travail.
A

33464,17 -0,22% d’activités par semaine. T. E.

 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
16 L'ÉVÉNEMENT
Les maisons
les plus prestigieuses
augmentent leurs prix,
ce qui les protège
de la baisse du marché
en volume. Un exercice
plus délicat pour
les indépendants.
Dans les champagnes aussi, le haut
de gamme tire son épingle du jeu
OLIVIA DETROYAT £@Oliviader
LUXE Si les bulles devraient être à
l’honneur sur les tables de réveillon
ce week-end, celles de champagne
seront nettement moins nombreu-
ses. Selon les premières estimations
du Comité Champagne (l’associa-
tion regroupant les vignerons, les
coopératives et les maisons de
champagne), le nombre de bou-
teilles expédiées par les vignerons
et les négociants dans le monde de-
vrait osciller entre 300 et 305 mil-
lions cette année. Après un millési-
me 2022 historique, qui avait vu la
filière expédier plus de 325 millions
de bouteilles en France et à l’étran-
ger (le deuxième plus haut niveau
jamais enregistré), c’est un net dé-
crochage, de 7 % en volume, pour la
prestigieuse appellation. Hors pé-
riode du Covid, il faut remonter à la
crise des subprimes de 2008-2009
pour trouver une telle chute : les
sorties de chais champenoises
avaient alors reculé de 9 %
(293 millions de cols).
Après deux ans de folle croissan-
ce, marqués par la reprise
post-Covid et des prix dopés par
des problèmes de disponibilité,
2023 ramènera donc les niveaux de
commandes mondiales à leur ni-
veau pré-Covid (2018-2019). Soit
autour de 300 millions de cols. « Ce
retour à la normale n’est pas vrai-
ment surprenant, nous savions que
nous ne pouvions pas continuer sur
ces niveaux de croissance, tente de
rassurer David Chatillon, président
de l’Union des maisons de champa-
gne (UMC). L’an dernier, la peur de
manquer de produits après des récol-
tes mitigées en 2019, 2020 et 2021
avaient incité nos clients et distribu-
teurs à surstocker. Les clients ont été
d’autant plus prudents dans leurs
commandes cette année que les taux
d’intérêt ont augmenté, ce qui ren-
chérit le coût des stocks. »
À-coups du Covid
Pour maintenir la désirabilité des
prestigieuses bulles, l’interprofes-
sion pilote en effet l’offre de bou-
teilles, en fixant chaque année les
rendements commercialisables de
ses vendanges. Le reste est mis en
réserve en prévision d’années
moins généreuses dans les vignes.
Une pratique propre au champa-
gne, même si elle commence à se
développer en Alsace, dans le Rhô-
ne ou le Bordelais.
En 2020, la filière champenoise
avait été un peu trop prudente et
avait réduit drastiquement le ren-
dement à 8 000 kg de raisin par
hectare, de crainte de déséquilibrer
le marché et de dévaloriser son
produit, alors que le Covid avait
entraîné la fermeture des restau-
rants et de nombreux débouchés à
l’export. Mais à cause d’une reprise
post-Covid plus rigoureuse que
prévu en 2021, cette décision s’est
1
traduite par des tensions sur la dis-
ponibilité des volumes, incitant
donc les distributeurs à comman-
der plus que de raison en 2021 et
A
2022. D’où l’effet de déstockage
constaté cette année.
Néanmoins, la baisse des volu-
mes est aussi liée à la crise du pou-
voir d’achat. Dans les hypermar-
chés et supermarchés tricolores, où
le prestigieux vignoble écoule un
peu plus de 11 % de ses bouteilles,
les ventes de champagne en volume
ont décroché d’environ 20 % cette
année selon les panélistes, après
déjà une baisse de 11 % l’an dernier.
Ce recul touche particulièrement
les références d’entrée de gamme
(moins de 12 euros la bouteille). Les
consommateurs se sont reportés
vers des vins pétillants moins chers.
Sur les marchés étrangers qui ab-
sorbent près de 60 % des volumes et
où les cuvées sont vendues à des
prix plus élevés, la demande se tient
mieux. « Mais cela reste timide par
rapport à ce que l’on a connu »,
confessait début décembre le res-
ponsable marketing d’une marque
d’un grand groupe français des vins
et spiritueux. « Sur certains mar-
chés, l’horizon est préoccupant »,
résume Christophe Juarez, direc-
teur général de Terroirs et vigne-
rons de Champagne (TVC), connu
pour son champagne Nicolas
Feuillatte, très présent en grandes
surfaces.
Cependant, les acteurs de la filiè-
re se refusent à céder à la panique.
Ils sont habitués à ce que le marché
varie selon les soubresauts de l’éco-
nomie mondiale - on boit davanta-
ge de champagne lors des périodes
de croissance. Surtout, leur capaci-
té à augmenter les prix ces derniè-
res années est un précieux amortis-
seur : bon an mal an, ils réussiront le
tour de force de maintenir en 2023
Les volumes expédiés décrochent
en 2023, pas le chiffre d’affaires
Évolution annuelle des ventes de champagne
Nombre de bouteilles
en millions
3 5 0 2022
325,5
312
3 0 0
300
2 5 0
244
2 0 0
2015 2020 2023
Répartition des ventes de champagne en volumes
Pour la France
2010 58 %
2023 41 %
Source : Comité Champagne
Les cuvées de prestige, leur chiffre d’affaires autour de
qui ne représentaient 6 milliards d’euros. Soit peu ou prou
en 2022 que 5,4 % le record de 2022 (6,3 milliards) et
des volumes expédiés ce malgré la chute des expéditions.
à l’étranger, participaient Par ailleurs, les bonnes vendanges
à près de 20 %
de 2022 les aident actuellement à
au chiffre d’affaires
de la filière champagne reconstituer peu à peu leurs stocks,
à l’exportation.
NATALIA BRATSLAVSKY/
STOCK.ADOBE.COM
avec des cuvées de qualité.
Cependant, face à cette nouvelle
donne, les acteurs ne restent pas
les bras croisés. L’essoufflement de
la demande mondiale les pousse à
accélérer leur stratégie de montée
en gamme lancée ces dernières
années. Ce qui leur permet à la fois
de continuer à hausser le prix
moyen de leurs bouteilles, tout en
réduisant leur exposition aux mar-
chés les plus vulnérables aux va-
riations de pouvoir d’achat. Cette
premiumisation passe par des in-
vestissements dans les vignobles,
le marketing - design des bou-
teilles, campagne de communica-
tion… - et le réseau commercial.
Une Champagne
à deux vitesses
C’est la stratégie choisie par Ter-
roirs & vignerons de Champagne.
Après avoir déjà racheté le presti-
gieux Abélé en 2019, le groupement
issu de la fusion en 2021 du CVC Ni-
colas Feuillatte et de la CRVC (Coo-
pérative régionale des vins de
Champagne) vient de s’offrir les
champagnes Henriot, acquis à Ar-
témis Domaines, la société viticole
de la famille Pinault. Un moyen de
continuer à monter en gamme, et
de doper la profitabilité de TVC,
avec une marque deux fois plus
rentable que l’ensemble du porte-
feuille du groupe. « Il faut se pre-
miumiser, insiste Christophe Juarez.
Les champagnes Henriot nous per-
mettent à la fois de gagner cinq ans
grâce à la compétence de ses équipes
techniques et commerciales à
l’étranger (Japon, États-Unis,
Royaume-Uni…), mais aussi de nous
Chiffre d’affaires placer dans le trio de tête de tête du
en milliards d’euros secteur. » Avec un peu plus de
2022
316 millions d’euros de chiffre d’af-
6,3 faires, TVC reste certes très loin
derrière le poids lourd LVMH, lea-
6 der du marché avec Moët & Chan-
don, Krug, Dom Pérignon, Veuve
6
Clicquot ou Ruinart… Mais il rejoint
ou dépasse les emblématiques Lau-
rent-Perrier (301 millions d’euros
de chiffre d’affaires en 2022) ou
Louis Roederer (218 millions).
5 Cette stratégie de montée en
gamme a été initiée il y a plusieurs
années déjà par les grands acteurs
4,7 internationaux du secteur. Ils déve-
loppent notamment des cuvées
4,2 millésimées (datées d’une année, ce
4 qui n’était pas l’usage en champa-
2015 2020 2023 gne) ou spéciales, prisées des mar-
chés export, donc vendues plus
cher. Selon l’interprofession, les
cuvées de prestige ne représen-
taient ainsi en 2022 que 5,4 % des
Pour l’exportation volumes expédiés à l’étranger, mais
42 %
près de 20 % du chiffre d’affaires à
l’export. Une stratégie payante.
Lors de son dernier exercice, clos le
31 août, Pernod Ricard a ainsi réussi
à plus que compenser le recul de 7 %
59 %
des volumes de sa marque Perrier-
Jouët, grâce à des bouteilles plus
Infographie haut de gamme et plus onéreuses.
Depuis plusieurs années, la marque
a misé sur les millésimés pour sa cu-
vée de prestige Belle Époque. Cette
année à l’occasion des fêtes, elle
aussi lancé des éditions limitées
pour plusieurs de ses champagnes
avec le designer mexicain Fernando
Laposse.
De son côté, LVMH, expert incon-
testé dans l’art de faire monter en
1 620
gamme ses marques, confirmait à
l’automne profiter de la stratégie de
vignerons
premiumisation, pour contrer « une pour le champagne
demande plus modérée au troisième
trimestre » pour ses marques cham-
penoises. Avec, par exemple, au sein
de sa mythique maison Moët
& Chandon, le lancement en début
d’année d’une cuvée millésimée
Grand Vintage 2015. L’inlassable vo-
130
coopératives
lonté du leader mondial de toujours
renforcer la désirabilité de ses mar-
ques se mesure dans nombre d’occa-
sions : pour ses 280 ans cette année,
Moët & Chandon a lancé en octobre
la Collection Impériale Création N° 1,
hommage au négociant à l’origine de
son nom, Claude Moët.
30 000
Chez Laurent-Perrier enfin (Lau-
rent-Perrier, Salon, Delamotte,
emplois
Champagne de Castellane…), la directs
montée en gamme joue aussi : le
recul du chiffre d’affaires semestriel
enregistré au 30 septembre se limi-
tait à 3,7 %, malgré des volumes en
baisse de 12,8 %.
Dans ce contexte, une nouvelle
ligne de partage pourrait voir le jour
au sein dans l’AOC qui fait vivre
plus de 1 620 vignerons et 370 mai-
sons de champagne. Et mener à
l’apparition d’une Champagne à
deux vitesses, avec d’un côté les
grandes maisons ou grands groupes
habitués à gérer la montée en gam-
me et dont la puissance de frappe à
l’export est forte. Cette large cou-
verture géographique leur permet
NICOLAS FEUILLATTE
d’ajuster leur distribution et de
changer les allocations de volumes
d’un marché à l’autre, selon les dy-
namiques de tel ou tel pays. De
l’autre, des petits vignerons indé-
pendants ou des coopératives, par-
fois plus dépendants de quelques
marchés et qui sont potentielle- Les
ment plus vulnérables. Alors que
ceux-ci ont souvent construit leur
perspectives
succès en grandes surfaces en Fran- de croissance
ce ou sur des offres au bon rapport
qualité-prix, ils sont souvent en du luxe dans
première ligne des arbitrages de le monde sont
consommation. « La part de marché
des viticulteurs qui travaillent en di- extraordinaires.
rect avec les clients a aussi tendance Il faut accélérer
à s’éroder », explique d’ailleurs
Christophe Juarez, chez Terroirs et la montée
vignerons de Champagne. en gamme et
D’autres groupes pourraient aussi
se retrouver distancés du peloton de se premiumiser
tête, pour avoir négocié moins rapi- pour devenir
dement ces tournants de marché.
Parmi les trois « pure-players » co- un acteur
tés en Bourse, Laurent-Perrier a
réussi à faire progresser à 37,4 % sa
de premier
marge opérationnelle lors du se- plan en
mestre clos au 30 septembre. Et a
ainsi affiché des marges trois fois
champagne »
supérieures à celles de son concur- CHRISTOPHE JUAREZ,
rent Lanson-BCC, et quatre fois su- DG DE TERROIRS
périeures à celles de Vranken-Pom- & VIGNERONS
DE CHAMPAGNE
mery Monopole. De quoi créer,
aussi en Bourse, une performance (NICOLAS FEUILLATTE)
champenoise à deux vitesses. ■
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

ÉCONOMIE 17

L’économie allemande à reculons en 2024

Les milieux d’affaires s’alarment de la panne de croissance et appellent à un sursaut d’investissement.
PIERRE AVRIL
CORRESPONDANT À BERLIN
ALLEMAGNE Les nuages s’accu-
mulent, au fil des semaines, augu-
rant d’une année 2024 en demi-
teinte pour l’économie allemande,
sans perspective de réel rebond. À
quelques jours de la Saint-Sylves-
tre, les principaux dirigeants éco-
nomiques du pays multiplient les
commentaires négatifs sur l’état de
la croissance à venir. « L’industrie
se trouve dans une situation criti-
que », s’alarme auprès de l’agence
DPA le président de la Fédération
des industries allemandes (BDI),
Siegfried Russwurm, qui prévoit
des licenciements. « Nous sommes
dans une crise économique sérieu-
se », abonde son homologue du
patronat (BDA), Rainer Dulger,
d’ordinaire plus discret. « L’écono-
mie nage en eaux difficiles », tente
de relativiser le chef de la Chambre
de commerce et d’industrie
(DIHK), Peter Adrian.
Publiées mi-décembre, les pré-
visions des trois principaux insti-
tuts de conjoncture contredisent à
la baisse celles établies par le gou-
vernement et censées fonder sa
politique budgétaire. Selon IFO,
IW et DIW, la hausse du PIB
s’échelonnera de 0,5 % à 0,9 %,
contre 1,3 % selon les calculs du
ministère de l’Économie. « Les in-
certitudes retardent la reprise, car
elles accroissent la propension des
consommateurs à épargner et ren-
dent les entreprises et les ménages
moins disposés à investir », a résu-
mé Timo Wollmershäuser, prési-
dent de l’IFO.
Le moral des entrepreneurs a
plongé en décembre ; 23 des
47 branches interrogées par l’Ins-
titut de l’économie (IW) s’atten-
dent à une baisse de la production.
Seulement 9 d’entre elles tablent
sur une augmentation. Particuliè-
rement touchés, la chimie, la sidé-
rurgie, le papier, la céramique et le
La Fédération des verre consomment environ 80 %
industries allemandes de l’énergie à finalité industrielle.
(ici, la fonderie Or, ces branches ne représentent
Thyssenkrupp Steel que 15 % de la valeur ajoutée du
Europe à Duisbourg) secteur secondaire. Pour leur part,
estime que leur secteur
les commerçants se plaignent d’un
se trouve dans une
« situation critique » mauvais mois de décembre, mal-
et prévoit des gré l’approche des fêtes.
licenciements en 2024.
INA FASSBENDER/AFP
Faiblesses structurelles
Les faiblesses conjoncturelles sont
connues de longue date : hausse des
taux d’intérêt et des coûts de
l’énergie, amputations de pouvoir
d’achat et bouleversements géopo-
litiques fragilisent particulièrement
une industrie largement exporta-
trice. Mais ces arguments sont dé-
sormais insuffisants, entend-on
dans le débat public. « Les prix de
l’énergie et les taux d’intérêt sont
élevés pour tout le monde. Le problè-
me est que les autres se développent
tandis que, nous, nous rétrécis-
sons », s’inquiétait lors d’un récent
débat public, à Munich, le chef éco-
nomiste de l’IFO, Clemens Fuest.
L’attractivité du site de produc-
tion allemand est régulièrement
remise en cause, renvoyant aux
faiblesses structurelles du « made
in Deutschland ». « En comparai-
son européenne, nos coûts énergéti-
ques, nos impôts, nos taxes, nos sa-
laires sont les plus lourds, et nos
infrastructures sont en plus mauvais
état. Les autres économies euro-
péennes sont en croissance - pas
nous. Cela n’est pas acceptable »,
renchérit Rainer Dulger (BDA).
Selon le dernier panel annuel
établi par la Banque de crédit à la
construction (KfW), les commu-
nes allemandes – traditionnelle-
ment à l’origine de la moitié des
investissements publics totaux –
souffrent d’un retard d’investis-
sement de 160 milliards d’euros.
Pour leur part, les investisse-
ments nets de l’État sont négatifs
depuis 2002. « La plus grande
menace qui pèse aujourd’hui sur le
pays est le fait que l’État vit sur
l’os depuis vingt ans », cingle
Marcel Fratzscher, président de
l’Institut DIW. Ce dernier évalue
à 100 milliards le montant des
besoins d’investissements sup-
plémentaires, tant publics que
privés.
L’arrêt retentissant de la Cour
constitutionnelle sur le budget al-
lemand, imposant la comptabili-
sation a posteriori des engage-
ments de crédit, semble avoir
tétanisé une classe politique déjà
obsédée de longue date par le fan-
tôme de la dette. À la recherche de
17 milliards d’euros d’économies
pour 2024, la coalition a commen-
cé à tailler, timidement, dans le
maquis des subventions aux éner-
gies fossiles - quelque 60 milliards
d’euros annuels –, conformément
à son contrat de gouvernement.
Grogne sociale
Dans la foulée, soutenues majori-
tairement par l’opinion publique,
des démonstrations d’agriculteurs
éclatent pour protester contre la
baisse des subventions au carbu-
rant diesel. Sur fond de grogne sa-
lariale, le mouvement risque de
faire tache d’huile. Une nouvelle
mobilisation est programmée
dans la deuxième semaine de jan-
vier. La fraction FDP au Bundestag
– parti dont est issu le ministre des
Finances, Christian Lindner – a
apposé son veto à tout alourdisse-
ment de la facture des paysans.
Les économistes voient dans ces
manifestations un réveil des lob-
bys particuliers.
« Il n’y a pas beaucoup de pays
en Europe qui, comme l’Allema-
gne, ont distribué autant d’argent
à ses citoyens et à ses entreprises,
mais tout ça se limite depuis des
décennies à de l’arrosage », dé-
nonce Marcel Fratzscher (DIW).
La remise en cause de ces multi-
ples avantages, programmée
dans le projet de budget 2024,
risque d’écorner le portefeuille
des consommateurs. Au moment
où la zone euro reprend son souf-
fle après la publication des chif-
fres de l’inflation, faisant état
d’un net ralentissement, son chef
de file doute, pour sa part, d’en
avoir fini avec son éternel
épouvantail. ■

Retraites : cette revalorisation qui fait polémique

Les retraites de base augmentent de 5,3 % le 1er janvier. Une hausse critiquée par certains économistes,
qui préféreraient privilégier les actifs.
MARIE-CÉCILE RENAULT
£@Firenault
SOCIAL Bonne nouvelle pour les
retraités. À partir du 1er janvier,
leur pension de base - celle versée
par la Sécu pour les salariés ou par
le service des retraites de l’État et
la Caisse nationale de retraites des
agents des collectivités locales
(CNRACL) pour les anciens fonc-
tionnaires et agents publics - va
être revalorisée de 5,3 %, a indi-
qué l’assurance-retraite sur son
site internet le 18 décembre. C’est
un peu plus que la revalorisation
de 5,2 % annoncée en septembre
dernier par Bruno Le Maire.
« L’objectif est de protéger tous les
retraités contre l’inflation », avait
alors expliqué le ministre de
l’Économie.
Ce faisant, le gouvernement ne
fait que se conformer à la règle : le
principe d’indexation des pen-
sions sur l’inflation est inscrit au
code de la sécurité sociale. La for-
mule de calcul réglementaire re-
pose sur la moyenne des prix à la
consommation, hors tabac, calcu-
lée sur les douze derniers indices
mensuels par l’Insee. Si l’inflation
est négative, en revanche, les
pensions sont maintenues au
même niveau : on ne les diminue
pas. Certes, le gouvernement a
plusieurs fois fait des entorses à la
règle, à titre « exceptionnel ».
Ainsi, en 2019, la hausse des pen-
sions avait été limitée à 0,3 % (au
lieu de 1,6 % avec le mode de cal-
cul normal). Le gouvernement
avait réitéré en 2020 pour un
quart des retraités - les plus ri-
traites selon les revenus. Il avait
limité la revalorisation à 0,3 %
pour les pensions supérieures à
2 000 euros, tandis que celles infé-
rieures à ce montant augmen-
taient selon l’inflation (1,3 %). Le
Conseil constitutionnel n’avait
pas censuré la mesure, mais les
Sages avaient vertement critiqué
cette revalorisation différentielle,
« dont l’effet se répercute d’année
en année, modifie durablement les
niveaux relatifs des prestations
versées à chaque assuré », affec-
tant, selon eux, « le caractère
contributif des régimes d’assuran-
ce-vieillesse ».
Les syndicats refusent d’y voir
un coup de pouce du gouverne-
ment aux retraités. « Ce n’est pas
le gouvernement qui décide puisque
c’est écrit dans le code de la sécuri-
té sociale », souligne la CFDT. « On
est encore loin du compte au regard
des pertes de pouvoir d’achat su-
bies par les retraités depuis des an-
nées », souligne Force ouvrière,
pour qui la revalorisation de 5,3 %
au 1er janvier sera « loin de couvrir
l’envolée du coût de l’énergie et des
carburants, la hausse programmée
des complémentaires santé, l’aug-
mentation des franchises sur les
médicaments ».
« Inégalités
intergénérationnelles »
Pourtant, l’annonce de l’indexa-
tion des pensions sur l’inflation a
soulevé les critiques de plusieurs
économistes. « Cette mesure coû-
tera 14 milliards euros par an et
sera exclusivement financée par les
actifs. Pour rappel, le revenu des
retraités est déjà de 5 % supérieur à
celui du reste de la population. Le
gouvernement continue donc allè-
grement son injuste politique gé-
rontocratique », fustige Erwann
Tison, directeur des études de
l’Institut Sapiens. Pendant ce
temps, « les actifs voient leurs sa-
laires rognés par l’inflation et am-
putés d’un tiers pour payer les re-
traites d’une génération qui n’a pas
assez cotisé. Quand l’électoralisme
bafoue la valeur travail et l’équité
intergénérationnelle », abonde
« L’objectif Maxime Sbaihi, directeur des étu-
est de protéger des à l’Institut Montaigne. Pour
tous les retraités Guillaume Bazot, maître de con-
contre l’inflation », férences à l’université Paris 8,
avait expliqué
« cette décision montre qu’on ad-
Bruno Le Maire,
en septembre, ministre les inégalités intergénéra-
alors qu’il annonçait tionnelles en France, et ce, depuis
une future quarante ans ».
revalorisation « En termes de revenus nomi-
des retraites. naux, les retraités sont vraiment les
LUDOVIC MARIN/AFP grands gagnants de cet épisode in-
flationniste. Leurs revenus auront
progressé bien plus vite que ceux
des salariés du privé et encore da-
vantage que ceux du public. C’est
un choix politique, mais il paraît
discutable », conforte François
Geerolf, économiste à l’OFCE. Sur
1 000 euros d’argent public dé-
pensés en 2022, 247 euros sont al-
lés au financement des retraites,
première dépense devant la santé
(209 euros), rappelle François
Ecalle, ancien magistrat à la Cour
des comptes et président du site
spécialisé dans la gestion des fi-
nances publiques Fipeco. « La ré-
partition des dépenses publiques
s’est déformée de 1995 à 2022 en
faveur des retraites, de la santé, de
l’environnement… en défaveur de
l’enseignement, de la défense, des
familles », explique-t-il.
l’Agirc-Arrco - le régime de re-
traite complémentaire des salariés
du privé - d’avoir suivi son exem-
ple. Les partenaires sociaux, ges-
tionnaires de l’Agirc-Arrco, ont
en effet décidé de revaloriser les
retraites complémentaires de
4,9 %. Une mesure, appliquée de-
puis le 1er novembre dernier, qui
coûte au régime près de 5 mil-
liards d’euros par an, mais permi-
se par ses excédents et ses confor-
tables réserves. Une décision
toutefois jugée « irresponsable »
par l’exécutif, qui espérait ponc-
tionner les caisses du régime à son
profit, pour financer sa promesse
d’augmenter les petites retraites à
1 200 euros.
Érosion du pouvoir d’achat
Il n’en demeure pas moins que le
pouvoir d’achat des retraités ne
cesse de s’éroder au fil des années,
alors que la durée de vie moyenne
en retraite atteint désormais
25 ans. De fin 2011 à fin 2021, la
pension nette moyenne de l’en-
semble des retraités a baissé de
0,2 % en euros constants, souligne
la Dress, alors que dans le même
temps le revenu d’activité net
moyen a augmenté de 2,2 %. Et au
sein des retraites, les anciens ca-
dres font figure de grands per-
dants. Entre décembre 1997 et dé-
cembre 2022, un cadre retraité
aura vu sa pension nette baisser de
10,7 % contre un recul de 6,8 %
pour un non-cadre, souligne la
Drees. Cela s’explique par le poids
plus important des retraites com-
plémentaires dans la pension des
cadres que dans celle des non-ca-
dres. Or ces dernières ont été
A

ches -, en instaurant une « reva- Comble du paradoxe, le gou- moins revalorisées que les retrai-
lorisation différenciée » des re- vernement a lui-même reproché à tes du régime général. ■
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

18 ÉCONOMIE

Après le trou
noir du Covid,
les traiteurs
en pleine
renaissance
Particuliers et professionnels
plébiscitent leur savoir-faire et leur
demandent toujours plus d’innovation.
MATHILDE VISSEYRIAS
£@MVisseyrias
RESTAURATION Langouste, ho-
mard, foie gras, chapon… Comme
chaque année, Claire Pennarun a
mis les petits plats dans les grands
pour la Saint-Sylvestre. « Le
31 décembre est traditionnellement
une grosse soirée, raconte la diri-
geante du traiteur événementiel
La Maison Pennarun, également
coprésidente de l’association Les
Traiteurs de France. Une fois de
plus, les gens veulent se faire
plaisir. » La Maison Pennarun a
vendu 800 repas complets, à des
prix compris entre 35 et 55 euros
par personne. Et contrairement à
une idée reçue, le menu le moins
cher n’est pas le plus demandé.
Minés par le Covid, qui les avait
mis à terre, les traiteurs vivent
une nouvelle jeunesse. « Nous ne
nous attendions pas à ce que l’acti-
vité reprenne aussi vite », recon-
naît Claire Pennarun. Avec l’essor
des visioconférences, la forte in-
flation qui mine le budget des
Français comme celui des entre-
prises, on disait la profession du-
rablement fragilisée. Elle a au
contraire retrouvé, dès 2022, son
niveau d’activité d’avant pandé-
mie. Le millésime 2023 est encore
meilleur. Les Traiteurs de France
(37 adhérents dans toute la Fran-
ce) s’attendent à réaliser 240 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires
annuel, contre 208 millions l’an
passé. Le marché se porte globa-
lement bien, même si la santé des
entreprises qui allaient mal avant
le Covid ne s’est pas arrangée.
« Congrès, séminaires et événe-
ments professionnels ont repris »,
se félicite Bernard Cabiron, co-
président de Traiteur de France
avec Claire Pennarun. Le télétra-
vail est une aubaine, car il ren-
force le besoin des entreprises de
réunir leurs collaborateurs. Du
côté des particuliers, il y a encore
un effet rattrapage, notamment
pour les mariages.
Rentrée dans le giron d’Accor
cette année, Momense (Potel et
Chabot, Saint Clair) a vécu une
« excellente » année. « L’activité
comme la rentabilité progressent
sur le marché français », assure
Alain Postic, son président. Posi-
tionné depuis ses débuts sur les ré-
ceptions de prestige, le traiteur
monte encore en gamme. Il tra-
vaille beaucoup pour le comité
Colbert, qui regroupe des dizaines
de maisons de luxe. « Nous avons Malgré l’essor De plus en plus exigeants, les des vœux n’ont plus la même im-
par exemple collaboré au dîner don- des visioconférences clients ne demandent pas seu- portance qu’avant. La plupart des
né en l’honneur de Charles III au et la forte inflation, lement à être agréablement sur- entreprises se satisfont de quelques
château de Versailles, en septem- la profession pris. Ils veulent aussi « consom- pièces de petits-fours et de cré-
bre », confie le dirigeant. Début a retrouvé, dès 2022, mer responsable ». « Nous avons mant. Les budgets ont été ré-
son niveau d’activité
janvier, Potel et Chabot organisera la certification ISO 20121. Nous ne duits. »
d’avant pandémie.
un dîner « expérientiel » réunis- Et un millésime 2023 travaillons que des produits de sai- 2024 s’annonce dans la même
sant plus d’une centaine de convi- encore meilleur. son », insiste Nicolas Bret. Dans la veine que 2023. Seuls les grands
ves place Vendôme, afin d’illustrer ALEXQ/STOCK.ADOBE même veine, Potel et Chabot traiteurs parisiens profiteront des
son savoir-faire. La soirée mêlera cherche systématiquement à ré- Jeux olympiques. Les autres
gastronomie et poésie, sur le thè- duire son empreinte carbone. En s’adapteront à une demande de
me de la planète et son futur. « Nos travaillant avec des producteurs moins en moins prévisible. « Il ar-
clients sont à la recherche de l’inat- locaux et en remplaçant des pro- rive qu’on nous demande d’organi-
tendu, assure Alain Postic. Nous téines animales par des végétaux, ser un dîner pour un millier de per-
devons en permanence innover. » comme le konjac qui permet de sonnes seulement trois semaines à
faire un excellent risotto. l’avance, raconte Nicolas Bret. Il
Moins de faste Tradition oblige, les cérémonies n’y a aucune visibilité, et on nous
pour les vœux de vœux s’enchaîneront en jan- demande toujours plus de flexibi-
« Nous travaillons l’ambiance, no- vier. Mais elles ont perdu le faste lité. » Quant aux marges, elles
tamment avec des chefs et des res- d’antan. « Le grand rendez-vous sont toujours sous pression. Les
taurateurs partenaires proposant de début 2024, ce ne sont plus les traiteurs ont déjà plus ou moins
des animations culinaires », ajoute vœux mais la Fashion Week, note répercuté l’augmentation des
Nicolas Bret, fondateur de Tos- Alain Postic. Nos clients privilé- coûts (denrées alimentaires,
events, un traiteur organisateur gient le printemps et l’été pour énergie et main-d’œuvre) dans
de réceptions (31 millions d’euros leurs événements, plus la fin de leurs prix. Mais, selon Claire Pen-
de chiffre d’affaires), à Paris, l’année. » Claire Pennarun fait le narun, « d’une manière générale,
Lyon, Grenoble et Marseille. même constat : « Les cérémonies la rentabilité s’est affaissée ». ■

Logements neufs : l’effondrement se poursuit
La délivrance des permis de construire s’écroule de 25,5 % sur les douze derniers mois.
EMMANUEL EGLOFF £@eegloff
IMMOBILIER Rien ne semble de-
voir arrêter la chute de la
construction neuve en France en
cette fin d’année. En novembre,
30 400 autorisations de construire
ont été délivrées, selon les don-
nées publiées vendredi par le mi-
nistère de la Transition écologi-
que. Par rapport au mois
d’octobre, ce volume marque un
recul de 1 %. Mais les comparai-
sons de plus long terme sont très
inquiétantes. Sur douze mois (en-
tre décembre 2022 et novembre
2023), 372 500 permis de construi-
re ont été accordés. Lors des dou-
ze mois précédents, il y en avait
127 300 de plus. La chute dépasse
donc 25 %. Tous les types de loge-
ment sont affectés par cette crise.
Les maisons individuelles, qu’elles
soient situées en lotissement
(- 25,1 %) ou en diffus (- 31,7 %),
aussi bien que les logements col-
lectifs (- 24,8 %). Les logements en
résidence (étudiants, seniors…)
font à peine mieux, avec une bais-
se de 11,8 %.
L’avenir des promoteurs im-
mobiliers comme des construc-
teurs s’annonce bien sombre,
puisque les permis de construire
donnent une idée précise de leur
activité future. Et ce, alors que la
aux douze mois précédents. Iné- neuve, comme les notaires ou les
vitablement, l’emploi dans le architectes. Les promoteurs im-
secteur en pâtit. La Fédération mobiliers se sont également tous
française du bâtiment (FFB) a engagés dans une stratégie de ré-
calculé que les entreprises du bâ- duction des coûts. Nexity, le pre-
timent vont perdre mécanique- mier promoteur en France, a
294 700 logements
ment 90 000 postes l’année pro- même annoncé la semaine der-
ont été mis en chantier
entre décembre 2022 chaine. Estimant que la crise se nière l’ouverture de négociations
et novembre 2023, prolongera au-delà de 2024, l’or- avec le fonds d’investissement
ce qui représente ganisation estime même que Bridgepoint pour lui vendre l’en-
une chute de 19,6 % 150 000 emplois sont menacés au semble de ses activités de service
par rapport à l’année total. Sans compter les métiers (syndic, administrations de
précédente. qui sont liés à la construction biens…) pour 440 millions
d’euros. Cette branche était un
élément important de la stratégie
du promoteur, mais la priorité
aujourd’hui est à la gestion du
cash et au désendettement pour
traverser la crise actuelle.
Des Français mal logés
Seule lueur – ténue – dans ce pay-
sage désolé, la baisse légère des
taux d’intérêt, qui commence à se
répercuter dans le crédit bancaire.
Certains acheteurs peuvent à
nouveau emprunter à moins de
4 %. Or, c’est bien l’envolée des
taux de crédit qui a déclenché la
crise, même si les raisons sous-
jacentes (coût de construction en
hausse, raréfaction du foncier, ré-
ticence des maires à accorder des
permis de construire…) préexis-
taient. Associé à la légère baisse
des prix dans le neuf, ce mouve-
ment pourrait permettre d’envi-
FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO
aides, avec une révision à la baisse
de l’ampleur du prêt à taux zéro et
une disparition du Pinel, ce dispo-
sitif d’incitation fiscale à l’inves-
tissement locatif.
Le seul véritable soutien pro-
vient des 50 000 achats d’appar-
tements effectués en 2023 par CDC
Habitat (filiale de la Caisse des dé-
pôts) et Action Logement auprès
des promoteurs. Pas sûr, cepen-
dant, que ces organismes puissent
répéter les mêmes efforts finan-
ciers en 2024. Et les chiffres des
mises en chantier comme des per-
mis de construire montrent bien
que le redressement n’est pas
pour tout de suite.
En attendant, les Français sont
de plus en plus mal logés. Un sujet
crucial, tant le logement est un
élément fondamental dans la qua-
lité de vie. Le déficit d’apparte-
ments, maisons et autres résiden-
ces ne cesse de s’aggraver. La
croissance démographique, le sol-
de migratoire positif et les évolu-
tions sociétales, notamment l’es-
sor de la décohabitation, poussent
les besoins de logements à la
hausse. Les seuls logements vides
sont très largement insuffisants
pour résoudre l’équation.
D’autant qu’ils sont souvent situés
là où les Français n’habitent pas,
c’est-à-dire en milieu rural ou
dans des régions qui se dépeu-
EN BREF
UN NOUVEAU MINISTRE
DE L’ÉCONOMIE
ESPAGNOL
£ Le premier ministre
socialiste espagnol Pedro
Sanchez a nommé le secrétaire
général au Trésor, Carlos
Cuerpo, au ministère de
l’Économie. Il remplace Nadia
Calviño, qui prend le 1er janvier
la tête de la Banque européenne
d’investissement.
L’INFLATION BAISSE
EN ESPAGNE
ET AU PORTUGAL
£ L’inflation a très légèrement
reculé en Espagne en décembre
à 3,1 % sur un an, notamment
grâce à un ralentissement de la
hausse des prix de l’électricité.
Au Portugal, elle a continué
de reculer pour s’établir
à 1,4 % sur un an, grâce
à un ralentissement des prix
des produits alimentaires.
BONNE TENUE
DE L’ASSURANCE-VIE
£ Les épargnants ont garni
en novembre leurs contrats
d’assurance-vie de 437 millions
d’euros nets, et de 3,4 milliards
depuis le début de l’année,
selon la Fédération France
assureurs. Les unités
de compte (UC), plus risquées
mais potentiellement plus

rémunératrices, continuent
situation actuelle est déjà très dif- sager une amélioration. plent. Une étude réalisée par d’être des placements
ficile. Les mises en chantier, éga- C’est bien le pari du gouverne- l’ESCP pour le compte de la FPI privilégiés pour les assurés.
lement publiées ce vendredi, affi- ment. S’il a multiplié les commis- (Fédération des promoteurs im-
chent en effet une tendance sions et les consultations dans le mobiliers) en début d’année chif-
» Inflation :
baissière. Seuls 294 700 loge-
ments ont été commencés entre
domaine du logement, les mesu-
res de soutien prises relèvent plus
frait le besoin de logements neufs
à 450 000 par an. Avec moins de
+@ le gouvernement compte
demander à la grande
décembre 2022 et novembre de l’homéopathie que du remède 300 000 logements mis en chan- distribution de lutter
A

2023, ce qui représente une dé- de cheval. Il a même profité de la tier sur les douze derniers mois, contre la « shrinkflation »
gringolade de 19,6 % par rapport situation pour couper dans les nous sommes loin du compte. ■ www.lefigaro.fr/economie
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

ENTREPRISES 19

Airbus consolide son rang de leader mondial

Le géant européen signe, en 2023, un record commercial historique avec plus de 1 880 commandes engrangées.

à produire (représentant plus de Le 27 décembre, propose pas d’alternative. Il Désormais, Airbus est en quelque velle ligne d’assemblage finale
VÉRONIQUE GUILLERMARD onze ans d’activité) tandis que celui le premier modèle compte sur le 737 Max7, le plus petit sorte victime de son succès. Son (FAL) de Toulouse a été livré à la
£@vguillermard de l’A321neo sorti
de Boeing est, avec 5 914 appareils, modèle de gamme, pour réagir. défi n’est plus tant de vendre que de compagnie turque Pegasus. Cette
de 35 % inférieur. De même, sur le de la toute nouvelle Mais la certification de l’avion produire. Et de produire beaucoup ligne atteindra sa pleine capacité en
AÉRONAUTIQUE Airbus termine terrain industriel, l’écart entre les ligne d’assemblage prend beaucoup de temps. « Nous plus. Or, ses capacités industrielles 2025. Le groupe sera alors à la tête
finale (FAL) ne sont pas alignées sur son activité
l’année à une vitesse supersonique. deux avionneurs ne peut plus être certifierons ce modèle lorsque nous de dix FAL installées sur trois conti-
de Toulouse a été livré
Le géant européen a engrangé plus comblé : fin novembre, Airbus avait à la compagnie turque aurons toutes les données dont nous commerciale. Cette année, Airbus nents – Europe (Hambourg et Tou-
de 500 commandes sur le seul mois livré 623 appareils, Boeing, 461. Pegasus. avons besoin et qu’elles seront vise 720 livraisons, objectif déjà fixé louse), États-Unis (Mobile en Ala-
de décembre. Le 15, Turkish Air- AIRBUS sûres (…) ; nous n’avons pas de ca- mais raté en 2022 (661 avions remis bama) et Chine (Tianjin) -, ce qui lui
lines a acheté 220 avions, dont Carton plein pour l’A321 lendrier précis », a déclaré Michael aux compagnies). Fin novembre, le donnera plus d’agilité industrielle.
150 appareils de la famille A321neo Le succès commercial insolent Whitaker, l’administrateur de groupe avait livré 623 appareils. Il Car les compagnies commandent
et 70 long-courriers A350. Le 19, la d’Airbus s’explique par l’adéqua- l’Agence américaine de la sécurité lui reste donc 97 livraisons à effec- à tour de bras, afin de répondre à
Lufthansa a signé pour 40 A220, le tion de sa gamme à la demande. En aérienne (FAA), le 19 décembre. tuer d’ici au 31 décembre. Ce qui est l’envolée de la demande de trans-
plus petit modèle de la gamme, et particulier dans les moyen-cour- Boeing espérait obtenir ce feu vert difficile mais pas impossible. Dé- port aérien depuis deux ans. Mais
la low cost easyJet a confirmé une riers, où la famille A320neo est la fin 2023… cembre est souvent le mois le plus aussi afin de renouveler leur flotte
commande portant sur 157 A320- plus récente et la plus diversifiée, Dans ce contexte, Airbus domine actif de l’année. En 2022, Airbus avec des appareils modernes, moins
neo. Une semaine plus tôt, le loueur tout en offrant une réduction de le segment des avions moyen- avait livré 98 appareils en décembre gourmands en kérosène et moins
irlandais Avolon avait signé un consommation de carburant et courriers (65 % du marché), qui est contre 93 en 2021 et 89 en 2020. polluants, dans le cadre de leur plan
contrat portant sur 100 A321neo. donc d’émissions de CO2 de 20 % en le plus important en volume (plus de décarbonation. À cela s’ajoutent,
Soit, au total, quelque 80 milliards moyenne. De son côté, Boeing se de 70 % de la demande mondiale). Réduire les délais et cela est nouveau, des achats de
de dollars, au tarif catalogue. bat avec la quatrième version du Tandis que Boeing pâtit encore de la de livraison précaution. « En temps normal, nous
Ce mois de décembre survitaminé 737, le Max, un programme qui crise du 737 Max, qui a entaché son L’enjeu pour Airbus est de stabiliser ne passerions pas commande autant
clôt une année historique qui voit connaît des déboires en série image. Les deux crashs meurtriers son système de production tout en en avance », avait expliqué United
Airbus conserver sa couronne de nu- (malfaçons, défaut de contrôle d’octobre 2018 et de mars 2019, qui augmentant les cadences, afin Airlines, en marge de l’acquisition
méro un mondial de l’aéronautique qualité…). Sa gamme comporte un ont entraîné une interdiction de vol d’éviter les à-coups industriels. Et de de 110 Airbus et Boeing, en octobre
commerciale. Et cela pour la sixième trou béant : il n’a aucun avion à ali- de l’avion pendant près de deux ans réduire les délais de livraison deve- 2023. Mais « les lignes de production
année consécutive. Airbus bat son gner, depuis l’arrêt de la pro- et un grand déballage sur les nus bien trop longs (huit à dix ans). sont désormais régulièrement per-
concurrent américain Boeing, quel duction du 757, en 2004, face aux errements de Boeing, ont laissé des Cela en entraînant son écosystème turbées par des problèmes dans la
que soit le critère retenu. A321neo, dont les versions LR traces. de sous-traitants qui peine à suivre le chaîne d’approvisionnement et les
Sur le terrain commercial, avec et XLR « font le job » d’un long- La donne est plus équilibrée sur le rythme. L’avionneur veut en effet retards de livraison augmentent ré-
1 883 commandes nettes engran- courrier pour des coûts d’exploita- marché des long-courriers où passer de 40 A320neo produits par gulièrement, ce qui pourrait perdurer
gées en 2023, Airbus a pulvérisé son tion d’un moyen-courrier. Acheté Boeing domine (52 %), grâce aux mois en 2020 à 75 par mois en 2026, jusqu’à la fin de la décennie. » Les
précédent record, établi en 2013 à plus de 5 600 exemplaires par versions cargo (transport de mar- contre 50 en moyenne en 2023. compagnies et les loueurs ont inté-
(1 503 contrats). Boeing est distancé 100 compagnies dans le monde, chandises, colis…) de ses 777, 747 et Aussi Airbus a-t-il musclé son gré cette donnée dans la construc-
avec 945 commandes nettes à fin l’A321neo représente 65 % du 787, un segment qu’Airbus avait réseau d’usines d’assemblage de tion de leur plan de croissance.
novembre, loin de son record de carnet de commandes de la famille abandonné. Mais qu’il réinvestit l’A320neo afin que toutes soient ca- D’où une frénésie de commandes
2014 (1 432 contrats). Le carnet de d’A320neo. De même, face à avec l’A350F, la version cargo de pables de produire l’A321neo. Le visant avant tout à sécuriser leur
commandes d’Airbus est plein à l’A220, un petit appareil moderne son long-courrier, dont la première 27 décembre, le premier modèle de place dans la longue file d’attente
craquer avec plus de 8 500 appareils et sobre en carburant, Boeing ne livraison est prévue en 2026. ce type assemblé dans la toute nou- des livraisons. ■

LA SÉANCE DU VENDREDI 29 DÉCEMBRE LA VALEUR DU JOUR mvisseyrias@lefigaro.fr

LE CAC JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

AIR LIQUIDE ........................... 176,12

AIRBUS ..............................................139,78
-0,05 177,08
+0,07 140,42
176,02
139,46
0,057
0,055
+33,02
+25,91
LVMH ..............................................733,6
MICHELIN ..............................................
32,46
+0,36
+0,31
738,3
32,55
732,2
32,33
0,028
0,091
+7,9
+24,92
Une fin d’année déprimée
ALSTOM ..............................................12,18
ARCELORMITTAL SA ........................... 25,675
AXA .............................................. 29,49
+0,37
-0,85 26
+0,2
12,275

29,605
12,11
25,62
29,44
0,283
0,159
0,066
-46,63
+4,48
+13,18
ORANGE ..............................................10,304
PERNOD RICARD ...........................
PUBLICIS GROUPE SA .....................
159,75
84
-0,06
-0,34
0
10,356
160,75
84,44
10,282
159,2
83,86
0,103
0,077
0,055
+11,02
-13,06
+41,37
pour le pétrole et le gaz
BNP PARIBAS ACT.A ........................... 62,59 +0,22 62,85 62,42 0,062 +17,54 RENAULT ..............................................36,905 -0,65 37,235 36,89 0,151 +18
BOUYGUES ..............................................
34,12 -0,29 34,4 34,06 0,112 +21,68 SAFRAN ..............................................159,46 -0,1 160,1 159,06 0,053 +36,38 Malgré l’apaisement des craintes de rup- contrôlent qu’à peine plus de la moitié de
CAPGEMINI ..............................................
188,75 -0,55 190,6 188,75 0,102 +21,03 SAINT GOBAIN ........................... 66,66 +0,41 66,99 66,33 0,1 +46,02
ture d’approvisionnement par la mer la production mondiale de brut (50 mil-
CARREFOUR ..............................................
16,565 -0,03 16,635 16,51 0,091 +5,91 SANOFI ..............................................89,76 +0,56 89,89 89,24 0,067 -0,09
CREDIT AGRICOLE ...........................12,852 -0,05 12,902 12,83 0,077 +30,73 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 181,78 +0,23 182,66 181,18 0,06 +39,06 Rouge, les prix du pétrole évoluaient en lions de barils par jour), selon l’Agence in-
DANONE ..............................................58,68 +0,29 58,79 58,5 0,073 +19,2 SOCIETE GENERALE ........................... 24,025 -0,04 24,145 23,93 0,224 +2,32 très légère hausse vendredi. Quant au ternationale de l’énergie (AIE). Côté gaz
DASSAULT SYSTEMES ........................... 44,235 -0,06 44,415 44,17 0,037 +32,06 STELLANTIS NV ........................... 21,145 -0,17 21,285 21,11 0,029 +59,34 gaz naturel, il s’apprêtait à finir 2023 en naturel européen, le contrat à terme du
EDENRED ..............................................54,14 +0,15 54,24 53,98 0,076 +6,41 STMICROELECTRONICS ..................... 45,245 -0,58 45,61 45,125 0,072 +37,13 CLÔTURE pleine déprime. TTF néerlandais, considéré comme la ré-
ENGIE .............................................. 15,918
ESSILORLUXOTTICA ........................... 181,6
-0,26 16,012
+0,35 182,62
15,89
181,2
0,085
0,04
+18,9
+7,33
TELEPERFORMANCE ...........................
THALES ..............................................
132,05
133,95
-1,53
-0,11
134,8
134,65
126,45
133,8
0,365
0,048
-40,7
+12,28 DU CAC 40 « La menace persistante d’une exten- férence européenne, évoluait vendredi à

+ 0,11 %
EUROFINS SCIENT. ...........................58,98 -0,3 59,6 58,98 0,094 -12,05 TOTALENERGIES ...........................61,6 +0,31 61,93 61,16 0,088 +5,03 sion du conflit au Moyen-Orient oblige 32,535 euros le mégawattheure (MWh),
HERMES INTL ........................... 1918,8 +0,42 1932 1914 0,023 +32,79 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 66,92 -0,51 67,56 66,78 0,184 +37,61 les marchés pétroliers à rester vigi- en recul de 1,7 %.
KERING ..............................................399 +0,19 402,55 398,35 0,073 -16,09 VEOLIA ENVIRON. ........................... 28,56 -0,31 28,76 28,56 0,144 +18,1 lants », explique Han Tan, analyste d’Exi- Après l’attaque du Hamas contre
L'OREAL ..............................................
450,65 -0,14 453,5 450,05 0,026 +35,09 VINCI .............................................. 113,7 +0,12 114,08 113,48 0,074 +21,88 à 7 543,18 points nity. Les deux références mondiales du Israël, les prix du gaz avaient momenta-
LEGRAND ..............................................94,1 -0,11 94,4 93,86 0,075 +25,77 VIVENDI SE ........................... 9,676 +0,19 9,724 9,65 0,073 +8,55
pétrole (le West Texas Intermediate et le nément bondi. Des grèves et menaces
brent de la mer du Nord), ont perdu envi- de grèves dans d’importantes installa-
LES DEVISES MONNAIE 1 EURO=
LʼOR VEILLE 31/12 ron 10 % depuis janvier. Depuis des mois,
l’Opep+ (Organisation des pays exporta-
tions de gaz naturel liquéfié en Australie
avaient aussi soutenu les cours à la fin de
AUSTRALIE ................................................................................
DOLLAR AUSTRALIEN 1,6263 AUD
Cotation quotidienne assurée par Or en Cash
CANADA ................................................................................
DOLLAR CANADIEN 1,4642 CAD https://www.orencash.fr/investissement/ teurs de pétrole et leurs alliés) réduit sa l’été. Sans inverser une tendance qui
GDE BRETAGNE ................................................................................
LIVRE STERLING 0,8691 GBP production d’or noir, sans parvenir à re- reste en forte baisse : le gaz naturel
Lingot 1KG ................................. 60 128,2€ +9,68 %
HONG KONG ................................................................................
DOLLAR DE HONG KONG 8,6314 HKD Lingot 100g ................................. 6 024,82€ +4,02 %
JAPON ................................................................................
YEN 156,33 JPY Lingot 50g ................................. 3 018,91€ +2,86 %
dresser durablement les prix. Le baril de européen étant en passe de terminer
SUISSE ................................................................................
FRANC SUISSE 0,926 CHF 1 881,29€
Lingot ONCE (31,10g) ................................. +2,8 % brent avait frôlé les 100 dollars fin sep- l’année, sur une chute de plus de 57 %.
ETATS-UNIS ................................................................................
DOLLAR 1,105 USD Lingot 10g ................................. 611,48€ +2,43 %
TUNISIE ................................................................................
DINAR TUNISIEN 3,381 TND Lingot 2,5g ................................. 160,05€ -0,59 %
tembre avant de dévisser, les désac- « Jusqu’à présent, l’hiver a été en
MAROC ................................................................................
DIHRAM 11,103 MAD 2OFr NAPOLÉON .................................374,31€ +9,45 % cords entre les membres de l’organisa- moyenne plus chaud que la normale, et
TURQUIE ................................................................................
NOUVELLE LIVRE TURQUE 32,6531 TRY 20Fr SUISSE ................................. 370,12€ +9,5 % tion laissant les investisseurs sceptiques. les niveaux de stockage de l’Europe sont
EGYPTE ................................................................................
LIVRE EGYPTIENNE 33,76 EGP SOUVERAIN ................................. 468,23€ +10,17 %
KRUGGERAND .................................2 000,89€ +7,12 % Le retrait, le 21 décembre, de l’Angola de élevés, même par rapport à l’année der-
A

CHINE ................................................................................
YUAN 7,8509 CNY
50 PESOS ................................. 2 389,9€ +9,53 %
INDE ................................................................................
ROUPIE 91,9045 INR 10 DOLLARS ................................. 977,84€ +9,14 % l’alliance a exposé les tensions au grand nière », justifie Lu Ming Pang, analyste
ALGERIE ................................................................................
DINAR ALGERIEN 146,76 DZD 20 DOLLARS ................................. 1 954,67€ +9,27 % jour. L’Opep et ses partenaires ne de Rystad Energy. ■
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
20 MÉDIAS et TECH
En 2023, les cinémas français ont attiré
près de 180 millions de spectateurs
40 films ont dépassé le million d’entrées. La grève à Hollywood
risque d’impacter la saison 2024.
CAROLINE SALLÉ csalle@lefigaro.fr
CINÉMA La concurrence des plate-
formes et du Mondial de rugby, la
« flemme culturelle », les punaises
de lit… Pour les cinémas hexago-
naux, 2023, qui s’annonçait comme
une année test après la crise du Co-
vid, aura été riche en suspense, voi-
re parfois en mauvaises surprises.
Et pourtant, l’industrie a su faire
preuve de résilience. Grâce notam-
ment à Barbie, Super Mario ou en-
core Astérix et Obélix, il y aura bien
un happy end inscrit au générique
de fin.
Les chiffres officiels du Centre
national du cinéma et de l’image
animée (CNC) ne sont pas encore
connus mais selon plusieurs sources
de marché, les salles obscures tota-
liseront près de 180 millions d’en-
trées en 2023. Un chiffre en hausse
de 18 % comparé à 2022. Avec un
prix d’entrée moyen à environ
7,20 euros, les recettes devraient
atteindre un peu moins de 1,3 mil-
liard d’euros. Certes, ce score est
toujours loin d’égaler les 213 mil-
lions d’entrées enregistrées en
2019, avant la crise sanitaire. Ou
même la moyenne de 208 millions
d’entrées pour les exercices 2017 à
2019. N’empêche, cette dynamique
est encourageante. Les salles ont
fait la preuve qu’elles restaient dé-
sirables lorsque l’offre de films re-
devenait abondante et diversifiée.
Après avoir vécu plusieurs sai-
sons en enfer, les cinémas ont vu
déferler les blockbusters. Mais les
super-héros du box-office ne sont
En Australie, l’avenir incertain des accords entre presse et Gafa
Les accords financiers arrachés en 2021 arrivent à expiration. Les renégociations s’annoncent complexes.
GRÉGORY PLESSE
À SYDNEY
PRESSE Merci de revenir à la ta-
ble des négociations et de discu-
ter de bonne foi avec les médias.
Telle est l’invitation ferme adres-
sée mi-décembre par le gouver-
nement australien à Google et
Meta. L’heure tourne : la plupart
des accords financiers conclus en
2021 entre ces géants de la tech et
les grands groupes médias du
pays, estimés à environ 200 mil-
lions de dollars australiens (soit
130 millions d’euros), arrivent à
échéance en 2024.
Le gouvernement australien
avait fait figure de pionnier. Afin
de rétablir l’équilibre entre les
médias, en difficulté financière,
et Meta et Google, qui à eux seuls
s’arrogent en Australie plus de
80 % des recettes publicitaires
sur internet, il avait créé en 2021
un « code de conduite ». En vertu
de celui-ci, les géants du web
doivent se mettre d’accord avec
A
les médias et leur reverser une
partie de leurs recettes. En cas de
pas forcément ceux que l’on croit.
« On a pu constater une certaine las-
situde vis-à-vis des grandes fran-
chises de super-héros comme Marvel
ou DC comics, qui ont quasiment
toutes contre-performé », indique
un distributeur. Dernier exemple
en date : Aquaman et le royaume
perdu, dont le démarrage s’avère
poussif.
En 2023, c’est un petit plombier
moustachu, une poupée blonde et
deux icônes de la bande dessi-
née qui se sont révélées être les
vraies stars du grand écran.
Tout en haut de l’affiche, Su-
per Mario Bros, l’adaptation
du célèbre jeu vi-
déo, cumule
7,4 millions
d’entrées.
L’ovni Bar-
bie, porté par
Margot Robbie
et Ryan Gosling, a
fait vendre plus de
5,8 millions de
billets. Astérix et
Obélix, l’empire du
Milieu de Guillau-
me Canet atterrit
sur la troisième
marche du podium,
avec 4,6 millions de
spectateurs. Un semi-
succès puisqu’il en es-
pérait plutôt 6 millions.
Astérix est l’un des
trois films français à avoir
intégré le top 10 cette an-
née. « Il n’y en avait aucun
en 2022, alors même que leur
refus, les récalcitrants pourront
être désignés nommément et
contraints de négocier dans le ca-
dre d’une procédure d’arbitrage.
La réponse des deux géants
avait été brutale. Google avait
menacé de rendre inaccessible
son moteur de recherche en Aus-
tralie. Meta, lui, avait bloqué du-
rant plusieurs jours le partage
d’articles de presse sur Facebook
et Instagram, mais aussi coupé le
sifflet de certains services pu-
blics, diffusant pourtant des in-
formations vitales à l’attention du
public : les pompiers, les services
météorologiques, essentiels dans
un pays régulièrement frappé par
des feux de forêt et des inonda-
tions, mais aussi des autorités sa-
nitaires, en pleine pandémie de
Covid-19…
Des médias snobés
Face à cette action spectaculaire,
le gouvernement australien avait
consenti à quelque peu édenter
son dispositif. Un amendement
dispose ainsi que le code de
conduite ne s’applique pas si les
Gafa ont « contribué significative-
çait celle des films américains », rap-
En 2023, un petit pelle un acteur du secteur. Le pre-
plombier moustachu, mier volet des Trois Mousquetaires,
une poupée blonde et dont le budget global s’élève à
deux icônes de la BD ont 60 millions d’euros, peut aussi être
été les vraies stars du considéré comme un semi-succès,
grand écran. Tout en
avec 3,4 millions d’entrées. Le vrai
haut de l’affiche, Super
Mario Bros, l’adaptation
du célèbre jeu vidéo
cumule 7,4 millions
d’entrées.
ment à la soutenabilité de la presse
australienne », par le biais d’ac-
cords de rémunération.
C’est donc la menace de faire
appliquer la loi, et non la loi elle-
même, qui a poussé dans les mois
suivants Google et Meta à signer
une trentaine d’accords avec cer-
« nement
tains groupes de presse austra-
liens, pour un total estimé à envi-
ron 200 millions de dollars
australiens. C’est moitié moins
que ce qu’espérait l’Autorité aus-
tralienne de la concurrence
(ACCC) mais cela reste, selon un
rapport du ministère du Trésor
publié un an après l’entrée en vi-
gueur de la loi, « un succès, puis-
que ces accords n’auraient jamais
vu le jour sans le code ».
Selon des chercheurs qui se
sont également penchés sur l’im-
pact de cette loi, cette manne a
permis à la radio-télévision pu-
blique ABC d’embaucher 57 jour-
nalistes et d’ouvrir cinq nou-
veaux bureaux régionaux, au
Guardian de recruter 40 journa-
listes supplémentaires.
Mais d’autres médias, aux
audiences plus modestes, ont été
carton du ci-
néma tricolore est en réalité
signé par la comédie Alibi.com 2,
part de marché devan- portée par Philippe Lachaux et qui a
séduit 4,2 millions de spectateurs.
Craintes pour 2024
Parmi les autres films français, cer-
tains ont été de belles surprises, à
l’instar d’Anatomie d’une chute, la
palme d’or cannoise, qui a séduit
1,3 million de personnes ou encore
des Tirailleurs avec Omar Sy
(1,2 million d’entrées). À l’inverse,
Une année difficile du duo Toledano
et Nakache a déçu avec moins de
900 000 entrées. Tout comme le
biopic événement de Fré-
déric Tellier L’Abbé
Pierre (770 000
entrées).
L’été a constitué
l’un des points culmi-
nants de cette année dans
les salles, avec près de
34 millions de spectateurs
entre juillet et août. À eux
trois, Barbie, Oppenheimer et
Mission Impossible 7 ont séduit
TOP 10 des films les plus vus en 2023 (en spectateurs)
1. Super Mario Bros : 7,4 millions
2. Barbie : 5,8 millions
3. Astérix et Obélix, l’empire du Milieu : 4,6 millions
4. Oppenheimer : 4,4 millions
5. Alibi.com 2 : 4,2 millions
6. Les Gardiens de la galaxie, vol. 3 : 3,6 millions
7. Les Trois Mousquetaires - D’Artagnan : 3,4 millions
8. Élémentaire : 3,3 millions
9. Indiana Jones et le cadran de la destinée : 3 millions
10. Mission impossible Dead Reckoning : 2,6 millions
snobés par Facebook. C’est le cas
du site The Conversation, qui pu-
blie des tribunes d’universitaires,
mais aussi du média public SBS.
Stratégie délibérée
Le gouver- « Le gouvernement avait assuré
qu’il veillerait à ce que les plate-
formes négocient de bonne foi et,
avait assuré pourtant, il n’a pas contraint
qu’il veillerait Facebook à négocier avec ces mé-
à ce que les dias, c’est un peu décevant », in-
dique Belinda Barnet (Swinburne
plateformes University), un des coauteurs de
négocient de ce rapport. C’est la raison pour
bonne foi et, laquelle elle estime que l’invita-
tion ferme adressée aux Gafa à
pourtant, il n’a revenir à la table des négocia-
pas contraint tions « sonne comme une menace
Facebook à un peu creuse ».
Le gouvernement a indiqué en
négocier avec décembre qu’il comptait renfor-
ces médias, cer ce code et l’appliquer à
c’est un peu d’autres acteurs, tels que Chat
décevant
BELINDA BARNET,
» GPT mais aussi X (ex-Twitter) ou
encore TikTok. Cette prise de pa-
role intervient alors que plu-
COAUTEUR DU RAPPORT
sieurs groupes de presse ont fait
part de leur crainte que Meta re-
fuse de renouveler ses accords.
Le groupe tech a un argument :
HEYDAY FILMS/MATTEL FILMS ; LEGENDARY PICTURES/VILLENEUVE FI ; PARAMOUNT PICTURES ; ILLUMINATION ENTERTAINEMENT/NITE ; ILLUMINATION ENTERTAINEMENT/NITE
près de
13 millions de Français. Au
global, la part de marché des films
américains devrait tourner autour
de 44 %, contre environ 39 % pour
celle des films hexagonaux.
Si, en 2023, 40 films ont franchi
la barre du million d’entrées,
contre 28 un an plus tôt, la sai-
son 2024 ne s’annonce pas sous les
meilleurs auspices. La grève qui a
paralysé Hollywood durant de
longs mois a eu pour effet de retar-
der la sortie de nombreux block-
busters.
Or, ces locomotives sont indis-
pensables pour attirer les specta-
teurs vers d’autres œuvres. Les
spectateurs pourront découvrir en
février le biopic de Bob Marley et
Dune 2. Mais il faudra attendre la fin
de l’année pour découvrir Gladiator
2, Sonic 3 ou encore Mufasa : le Roi
Lion… « Les prévisions sur le nombre
d’entrées des films américains en
2024 sont de l’ordre de - 30 % », in-
dique un distributeur. L’Euro de
football et surtout les Jeux olympi-
ques pourraient aussi détourner une
partie du public. « Personne n’est
serein », confie-t-on au sein d’une
grande major américaine. ■
sur les sites d’actualité, le trafic
en provenance de Facebook a
chuté de plus de 50 % en un an en
Australie.
Pour les médias australiens, il
s’agit du résultat d’une stratégie
délibérée de la part de Meta de ré-
duire la place accordée au journa-
lisme sur ses différents supports.
Le groupe californien a refusé
d’indiquer s’il avait modifié en ce
sens son algorithme. Mais ailleurs
dans le monde, il a cessé de ré-
munérer la presse américaine et
annoncé en septembre dernier la
disparition de son onglet Face-
book Actualités en France, en Al-
lemagne et au Royaume-Uni, on-
glet qui donnait lieu à une
compensation financière pour les
médias partenaires. Reste à savoir
si le gouvernement australien
saura faire plier Meta. Le groupe
californien reste insensible aux
coups de menton du Canada, pays
qui a adopté cette année une loi
similaire à l’Australie. En rétor-
sion, cela fait six mois que les in-
ternautes canadiens ne peuvent
plus lire ou partager d’articles de
presse sur Facebook. ■
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO - N° 24 682 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
ASIFE/STOCK.ADOBE ; LRND/STOCK.ADOBE ; NICOLAS LOBBESTAËL ; THOMAS DHELLEMMES ; PAULINE GOUABLIN ; AGATHE POUPENEY/ONP
LES PLATS COUPS DE CŒUR
DES CRITIQUES DU « FIGARO » EN 2023
Alléno Paris (Paris 8e)
VERSAILLES RESSUSCITE ALEXANDRE-JEAN DUBOIS-DRAHONET
CE PORTRAITISTE OUBLIÉ DES COURS EUROPÉENNES SOUS LA RESTAURATION A DRESSÉ L’INVENTAIRE PEINT DES UNIFORMES DE L’ÉPOQUE.
UN CHARME SURANNÉ À DÉCOUVRIR AU MUSÉE LAMBINET.
ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE
ebietry-rivierre@lefigaro.fr
ous aimez les soldats de
V plomb, les enfants sages,
les dames en robe et les
hommes fiers ? Découvrez
Alexandre-Jean Dubois-
Drahonet (1790-1834). Un peintre
oublié que le Musée Lambinet de
Versailles met à l’honneur grâce à l’his-
torien Ronald Pawly.
En 4 salles et 69 prêts émanant large-
ment de fonds privés, voici l’œuvre et la
carrière d’un artiste que l’antinobilisme
républicain avait jeté aux oubliettes de
CHAMPAGNE
LES CUVÉES STARS DE LA NUIT
DE LA SAINT-SYLVESTRE
PAGE 23
PARMI LES CENTAINES D’ASSIETTES DÉGUSTÉES
PARTOUT EN FRANCE CETTE ANNÉE,
NOUS EN AVONS RETENU QUINZE. PAGE 22
l’histoire. Cet élève de l’Académie im-
périale, formé au style de la peinture
porcelainée néoclassique du moment,
sans guère d’imagination mais non dé-
nué de talent ni de métier, fut pourtant
un proche de Géricault.
Engagé dans la garde impériale
En sa compagnie il esquissait les che-
vaux dans les écuries et croquait les mi-
litaires alentours. Comme lui, il a eu une
carrière internationale. Et même
mieux : il a eu ses entrées dans les
maisons royales de France, des Pays-
Bas et de Grande-Bretagne.
En 1813, il s’était engagé dans la garde
impériale, au 2e régiment de chevau-
Hémicycle (Paris 7e)
légers lanciers, qui avait ses quartiers à
Versailles. L’uniforme de rouge et or,
avec son prestigieux shako, lui tombait
bien. Il a visiblement adoré le porter,
mais moins pour la charge que pour se
figurer avec. Comme lorsqu’il se repré-
sente au côté du colonel-major des offi-
ciers dont il réalise alors le portrait en
pied, méticuleux, avec galons, mé-
dailles et air orgueilleux.
Quatre ans plus tard, ses exploits
(uniquement artistiques) ont valu à ce
Dubois, fils de marchand mercier, de
conquérir le cœur de la fille du peintre-
décorateur versaillais Pierre Drahonet.
Dès lors, sa clientèle, jusqu’à la du-
chesse de Berry et son fils, le duc de
VOYAGE
DIRECTION CORTINA D’AMPEZZO,
DERNIER ÉPISODE DE NOTRE SÉRIE
SUR LES STATIONS OLYMPIQUES PAGE 24
Datil (Paris 3e)
HANNAH O’NEILL,
DANSEUSE ÉTOILE
AUX MULTIPLES
PLANÈTES PAGE 25
Bordeaux, était assurée. Les concours, ment, le vers d’Apollinaire « Ah Dieu !
le Salon n’étaient plus vitaux pour lui. que la guerre est jolie » vient à l’esprit.
Dubois-Drahonet a œuvré de cour en En face et, comme à distance, les
cour, de celle de Louis-Philippe à celle femmes et les enfants de ces soldats ne
du prince d’Orange ou du futur semblent jamais tristes. Eux aussi, pour
Guillaume IV d’Angleterre.
Pour ce dernier il a dressé le catalogue
en images des uniformes de tous ses
corps militaires. Cela donne un beau car-
ton de feuilles colorées, largement re-
constitué ici, qui sera doublé par un autre
consacré aux tenues françaises. Officier
leurs portraits, semblent s’être amusés à
s’habiller comme en prévision d’une
danse éternelle. Plumes, chapeaux de
paille, fleurs, ombrelles constituent
leurs médailles, leurs armes courtoises,
pacifiques… ■
« Alexandre-Jean Dubois-Drahonet
de la garde, hussard, carabinier, lancier, (1790-1834), un talent retrouvé »,
dragon, cuirassier, artilleur à cheval ou au Musée Lambinet, Versailles (78),
pas, grenadier, chasseur algérien, gen- jusqu’au 25 février 2024.
darme : pas un bouton de guêtre ne man- Catalogue Snoeck, 159 p., 29 €.
A
que. Devant ce défilé, immanquable- Tél. : 01 30 97 28 75. www.versailles.fr
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
22 L'ÉVÉNEMENT
LES 15 MEILLEURS PLATS DE L’ANNÉE 2023
ALICE BOSIO,
STÉPHANE DURAND-SOUFFLAND
ET EMMANUEL RUBIN
Au fil des repas réalisés partout en
France tout au long de l’année, dans des
restaurants gastronomiques comme des
bistrots, certains plats nous ont mar-
qués plus que d’autres. Il a fallu en rete-
nir quinze : les voici.
uEau
de langoustine, rhubarbe
(Arborescence)
Le crustacé nage sous un nuage de bis-
que, cru, dans une eau à peine prise en
gelée qui lui fait une tendre carapace.
Une assiette d’un autre monde, avec
des effluves épicés, l’acidité de la rhu-
barbe, une poésie aux rimes mystérieu-
ses. Le chef, Félix Robert, est un créa-
teur d’univers. Sa cuisine constitue une
invitation à manger autrement des pro-
duits bien connus. Avec sa langoustine
et les autres plats de ses menus, le repas
est un enchantement permanent.
76, rue de la Gare, à Croix (Nord).
uNoix
de veau et morilles au vin
jaune, asperges (La Cour de Rémi)
Un plat somptueux, opulent. Il faut déjà
savoir la cuire, cette noix de veau, pour
qu’elle reste juteuse à souhait. Puis lui
adjoindre une escorte digne de son rang
– les morilles. La sauce au vin jaune,
souvent réservée aux volailles, trouve
ici sa place. Les asperges apportent là-
dessus leur acidité végétale et leur sapi-
dité unique. Sébastien de la Borde tient
l’une des maisons les plus accueillantes
qui soient, avec des nourritures toutes
formidables et un menu à 38 €.
1, rue Baillet,
à Bermicourt (Pas-de-Calais).
uFigue
rôtie et glace
feuille de figuier (Datil)
La très déterminée Manon Fleury plaide
le responsable, la nature et le végétal,
mais avec cette politesse d’y verser la
poésie plutôt que le discours. S’en
convaincre, au final d’un menu unique,
avec cette variation autour de la figue -
feuille et fruit – traitée en chair, en sau-
ce, en glace, composée dans les subtils,
dans les impressionnismes et dans cette
petite grâce qui fait tomber un paysage
au creux de l’assiette.
13, rue des Gravilliers (Paris 3e).
u
Betterave fumée en raviole,
sauce petit lait, tagète,
granité d’oignons rouges et mûre
(Hémicycle)
Au seul énoncé, on a failli décrocher,
craignant le plat d’épate d’un jeu-
ne chef pressé. Jusqu’à l’assiette
déposée, ce dressage bien cen-
tré sur la raviole, deux coups
de fourchette et, surprise, un
talent, la bouche en émoi et
cette betterave bousculée,
chamboulée, jamais dénatu-
rée, tout à la fois fumée, aigre-
lette (le petit lait), rafraîchie, frui-
tée (le granité). Il y a du Gagnaire du
côté de Flavio Lucarini, de la percus-
A
sion, du haut vol et du haut volt.
5, rue de Bourgogne (Paris 7e).
DE PLOUIDER À NICE, DE BORDEAUX À SÈTE :
CES ASSIETTES ONT IMPRÉGNÉ
LES PAPILLES DE NOTRE RÉDACTION.
uNonette
d’esturgeon en surprise
briochée (Alléno Paris)
La nonette est une pâtisserie dijonnaise
à base de pain d’épices. Yannick Alléno
en fait une éblouissante gourmandise
salée. Faut-il raconter la surprise ? Bien
sûr que oui. Dans une sorte de brioche
légèrement croustillante garnie d’une
farce à base d’esturgeon, se cache une
sauce onctueuse au caviar qui se met à
couler sous l’assaut de la cuiller. Le tout
est accompagné d’une crème fumée aux
sucs de bacon. Une technicité folle au
service de la plus pure des voluptés.
Pavillon Ledoyen.
8, avenue Dutuit (Paris 8e).
uBrioche
en cocotte, crème
de Jerez, glace et chantilly
(La Chambre bleue)
À quoi reconnait-on un grand dessert
au restaurant ? À ce culot de s’imposer
alors même que la faim n’y est plus
vraiment, cette façon de vous rattraper
par la manche, de remonter le petit res-
sort de la gourmandise. L’Espagnol
Dany Garcia y parvient dans sa premiè-
re adresse parisienne, avec, servie tiède
et en cocotte, les rondeurs d’une brio-
che épanouie, quasi soufflée, éponge ir-
résistible à se gonfler un peu plus dans
la crème, la chantilly, la glace. Désar-
mante et picaresque.
4, rue d’Anjou (Paris 8e).
uBientôt un an que Paul Pairet a dé-
Soufflé au fromage (Nonos)
barqué au Crillon, loin des étoiles mais
avec des plats de toujours ravis de vivre
une histoire glamour. Encore plus fort
lorsque le soufflé s’installe en salle,
taillé, doré, gonflé, aux courbes déjà
aguicheuses. La fourchette s’excite,
prête à dégainer, mais voici soudain le
soufflé piqué au siphon pour une intra-
veineuse d’émulsion fromage. L’air
s’ajoute au souffle, le cumulus se dé-
double en nimbus, le grand classique
n’en revient pas de ce qui lui arrive.
Nous avec.
10, place de la Concorde (Paris 8e).
uFaux-filet
de vache maturée,
trévise, sauce Noilly Prat
(Géosmine)
Un tempérament de faux-filet qui,
après avoir fait couiner la lame du cou-
teau, révélait une chair poussée vers les
aigus, les denses et les amers. Il y avait
là ce plaisir oublié de la salade quand
elle retrouve la viande et une de ces
sauces élixir, tendue, aiguisée, superbe
à venir, une seconde fois, trancher dans
le carnassier. Chez Maxime Bouttier, le
rustique assume une esthétique et le
terrien ose l’hypersensible.
71, rue de la Folie-Méricourt (Paris 11e).
uTatin
de céleri confit, crème
de comté au cumin (Le Servan)
Vous pensez encore qu’un plat végéta-
rien ne peut pas être gourmand ? Tatia-
na Levha vous prouvera le contraire. Sa
Tatin débarque, spectaculaire, empilant
cinq étages de gourmandise : pâte sablée
croustillante, confit d’oignons doux,
tranche de céleri rôti ultra-moelleux,
crème onctueuse au comté et cumin, la-
melles de champignons de Paris crus ou,
en saison, râpées de truffe noire. Le tout
twisté par un assaisonnement poivré et,
en option, un peu de jus de viande. Tex-
tures, parfums et réconfort.
32, rue Saint-Maur (Paris 11e).
uL’estran
(La Butte)
Le plat arrive sec. Un bouillon façon
dashi versé sous vos yeux humidifie
comme une vague chaude les fermen-
tations de chanvre et de coco de Paim-
pol et des brins de salicorne. Cela sent la
marée basse, les algues snackées par le
soleil, le sel oublié par l’océan. Saveur
inédite, un peu sucré, un peu sur, iodé,
tellurique. Une assiette follement évo-
catrice de la Bretagne qui voyage mais,
toujours, revient à son granit. La mai-
son de Nicolas Conraux ? On n’a jamais
envie d’en partir.
12, rue de la Mer, à Plouider (Finistère).
uCrevette
de l’estuaire,
safran et lavande (Inima)
Oxana Cretu, moldave, polyglotte
et autodidacte, tient cuisi-
ne à Bordeaux et
bouscule les ha-
bitudes. Sa
crevette est
mi-cuite
Crevette
de l’estuaire,
safran
et lavande
(Inima,
Bordeaux).
(haute voltige), posée sur un tartare
confectionné avec quelques-unes de ses
congénères. Couronnée de caviar, elle
est accompagnée d’une sorte de bisque-
mayonnaise ultralégère relevée de sa-
fran et, surprise, de lavande. Équilibris-
me des saveurs et des textures, arômes
inédits : un très grand plat qui parle
autrement d’un terroir bien connu.
48, rue du Palais Gallien (Bordeaux).
uArtichaut,
chrysanthème
et galère de Méditerranée
(L’Auberge de Saint-Rémy)
De telles galères, on en voudrait tous les
jours ! Fanny Rey associe le crustacé
cousin de la cigale de mer, à la chair ul-
tra-parfumée, à une spécialité de sa
Provence d’adoption, l’artichaut bari-
goule. Ce dernier, très fondant, est sur-
monté de ses chips croustillantes et es-
corté d’une émulsion du crustacé
saupoudrée d’ail noir maison. En se-
cond service trompe l’œil savoureux,
un « frappuccino » de bisque et arti-
chaut servi avec une fausse addition.
12, boulevard Mirabeau
(Saint-Rémy-de-Provence).
uCarpaccio
de thon rouge,
tomate, nectarine et sauce XO
(La Coquerie)
Avec Guilhem Blanc-Brude, le thon
rouge en provenance de la criée de Sète
toute proche est entre de bonnes mains.
Particulièrement avec ces beaux mor-
ceaux de chair crue mariés à des quar-
tiers de tomate et nectarine juteux,
fouettés par une huile verte de poireau,
des feuilles de basilic, un granité toma-
te-feuille de combava du jardin et une
sauce chinoise XO qui épice l’ensemble.
Le goût de l’été en une assiette, enrichi
par un verre d’eau de tomate et com-
bava servi pour rincer le palais.
1, chemin du Cimetière-Marin (Sète).
uTagliolini
beurre blanc et caviar
(Onice)
Nid de tagliolini fraîches - maison -
cuites al dente, baignant dans un beurre
blanc légèrement citronné et surmonté
d’une généreuse cuillère de caviar os-
ciètre français : la simplicité (apparen-
te) a souvent du bon. L’Argentine Flo-
rencia Montes et l’Italien Alessandro
Ragni, couple à la ville comme en cuisi-
ne, signent, avec ce plat figurant dans
leur grand menu, un délice parfaite-
ment équilibré entre iode, douceur et
acidité. On en redemande.
5, rue Antoine-Gautier (Nice).
uPêche
locale, calamars
& crustacés, bouillon de poissons
de roche safrané (Le Grill)
Au dernier étage de l’Hôtel de Paris,
Dominique Lory emprisonne en une as-
siette la Méditerranée qui ondule der-
rière les larges baies vitrées. Le meilleur
de la pêche du coin (loup, saint-pierre,
rouget, calamaretti et gamberoni), par-
faitement cuit vapeur, s’épanouit dans
une soupe de poisson de roche très lé-
gère, escortée de pommes de terre et
fenouil safrané. Sur le côté un toast
croustillant aux algues et pickles. La
soupe de poisson version palace.
Place du Casino (Monaco). ■
MONTE-CARLO SBM ; NATHALIA KHOROSHAYEVA ; LAURENT DUPONT ; CHRISTIAN_NERETTE
De gauche à droite :
Pêche locale, calamars
& crustacés, bouillon de poissons
de roche safrané (Le Grill,
Monaco).
Tagliolini beurre blanc et caviar
(Onice, Nice).
Faux-filet de vache maturée,
trévise, sauce Noilly Prat
(Géosmine, Paris, 11e).
... ET LES PIRES
Paradoxe de la critique
gastronomique qui désormais
et, dans sa grande majorité,
se contente de ne passer que
les plats glorieux et avertis,
les succulents, les superlatifs,
les tirés à quatre épingles.
Celle-là n’a plus le goût
du dégoût, plus l’audace d’alerter
des tables ratées, des assiettes
foireuses, des recettes bancales.
Réfugiée entre le très suspect
« je ne parle que de ce qui est
bon » et le très confortable
« le goût des uns commence
là où finit celui des autres »,
la chronique contemporaine
brille par sa tiédeur. Voilà qui
réduit le genre comme
l’expertise. Comment ainsi
plaider les compositions les plus
justes si l’on ne dénonce jamais
les plus médiocres ? Question
d’étalonnage, affaire
d’honnêteté. En 2023, il y avait
pourtant de quoi : produits hors
sol comme hors saisons, cuisson
fébrile, revisite déplacée,
dressage de carnaval et, surtout,
facturation gonflée à vous gâter
le palais plus sûrement
qu’un méchant vinaigre.
On se souviendra de ce triste
fagot de carottes râpées
vaguement parfumé d’orange
et raifort à 12 euros la bistrote
au Prince de Galles sauce
Norbert Tarayre (Paris 8e),
de ce poisseux saumon gravlax
suffoquant dans une huile
d’olive inepte chez Boubalé
(Paris 4e) et, pompon de chez
pompon, de cette mollasse
mousse hibiscus mangue
passion lâchée en forme de paire
de seins Chez Lulu (Paris 1er)
au mauvais prétexte qu’on
dînait (cher) au cabaret. Du coup,
en 2024, promis, nos critiques
cultiveront encore un dégoût
très sûr. E. R.

VIN
Émilien Boutillat, chef de cave de Piper-Heidsieck et de Rare Champagne.
UN NOUVEAU LABEL
POUR LES CHAMPAGNES
LES TROIS MAISONS DU GROUPE EPI (PIPER-HEIDSIECK,
CHARLES HEIDSIECK ET RARE CHAMPAGNE) REVENDIQUENT
LEUR CERTIFICATION B CORP. MAIS DE QUOI S’AGIT-IL VRAIMENT ?
ENTRETIEN AVEC LE CHEF DE CAVE ÉMILIEN BOUTILLAT.
BÉATRICE DELAMOTTE
a pause imposée par la pandé-
L mie de Covid, en 2020, eut
quelques effets positifs. Dans
l’impossibilité de voyager,
Émilien Boutillat, chef de cave
de Piper-Heidsieck et de Rare Cham-
pagne, deux des marques champenoi-
ses du groupe EPI, s’investit dans la dé-
marche de responsabilité sociétale des
entreprises (RSE). « Même si les bases
étaient posées depuis 2017, un peu avant
mon arrivée, cette période nous a permis
d’identifier les forces et les faiblesses de
notre engagement et de mettre en place
des actions qui ont du sens. » Après un
état des lieux, un comparatif des diffé-
rentes certifications possibles, aussi
bien en France qu’à l’international, en
matière de développement durable et
plus largement de RSE, le choix s’est
porté sur B Corp.
Ce mouvement international, créé en
2006, certifie aujourd’hui 6 200 entre-
prises dans le monde qui agissent dans
l’intérêt public général et se définissent
par leur conviction qu’une entreprise
doit non seulement générer des profits
mais aussi des bienfaits pour la société
et l’environnement. Les trois marques
champenoises ont ainsi été certifiées en
2022. « B Corp couvre tous les aspects du
business et offre une vision holistique du
développement durable en prenant en
compte l’environnement, bien sûr, mais
aussi des enjeux sociaux, comme la pari-
té, l’inclusion et la diversité, et sociétaux
avec le calcul de l’empreinte sur la com-
munauté locale et le partage de valeurs
par les fournisseurs, précise Émilien
Boutillat. Nous avons ainsi créé un code
de conduite signé par 80 % de nos princi-
paux fournisseurs qui reprend des enga-
gements éthiques, sociaux et environne-
mentaux. »
Concrètement, cette certification a
permis à Piper-Heidsieck et aux autres
marques du groupe EPI de se doter
d’un calendrier exigeant en matière
d’émissions de carbone, par exemple
en s’alignant sur les accords de Paris
de la COP21 avec une réduction de
40 % d’énergie consommée d’ici à
2025 et d’atteindre le « net zéro »
d’émissions carbone d’ici à 2050.
« Tout ce que nous ne pourrons pas ré-
duire, notamment ce qui est lié à la pro-
duction de nos bouteilles, sera compensé
par de la captation à hauteur de nos
émissions en participant à la plantation
de forêts ou la préservation de mangro-
ves, par exemple », cite Émilien Bou-
tillat. Car la bouteille reste un des
points noirs même si de nombreux ef-
forts ont déjà été faits. « Nous avons
LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023
23
n LOUIS ROEDERER
LES CUVÉES STARS COLLECTION 244
Assemblage du millésime
2019 et de vins issus de la
DE LA SAINT-SYLVESTRE réserve perpétuelle, ce
nouvel opus de la Collec-
tion, 244e assemblage de
la maison, fait preuve
n VEUVE CLICQUOT BRUT pétales d’une fleur, vient d’un équilibre parfait
CARTE JAUNE enrober le flacon de sa entre les différents
Grand classique de la mai- cuvée de rosé. Un rap- champagnes. Le meu-
son, ce champagne asso- pel festif des arômes nier apporte une dou-
cie une cinquantaine de puissants de petits ceur caressante et
crus et 45 % de vins de ré- fruits rouges et noirs, fruitée aux pinots noirs
serve. La prédominance frais et croquants de et aux chardonnays,
du pinot noir lui apporte ce grand champagne structurés et salins.
une intensité élégante, qui s’appréciera tout Une cuvée de plénitu-
tandis que le chardon- au long de la nuit. de.
nay et sa fraîcheur et le Prix : 99 € Prix : 59 €
n J.M. LABRUYÈRE PARADOXE
fruité du meunier
viennent enrichir n AYALA BRUT MAJEUR
l’aromatique. Un vin Multi-millésimée (2016, Ce 100 % pinot noir, dégor-
complet et complexe 2017, 2018 et 2019), multi- gé en 2021, est la quintes-
qui pourra se dégus- crus (70 dont 50 de char- sence du terroir de
ter tout au long du donnay), mais à majorité Verzenay, particulièrement
repas et accompagner de chardonnay (55 %), cet- propice à ce cépage. La
le reste de la nuit sans te cuvée emblématique gourmandise des fruits rou-
alourdir le palais. d’Ayala exprime bien la ges et noirs (cerise, quet-
Prix : 49 € philosophie de la maison. sche) s’exprime dès les
premières notes et se re-
n MOËT & CHANDON
Sa fraîcheur intense, son
faible dosage et son in- trouve dans une matière
GRAND VINTAGE 2015 tensité fruitée en font le à la finale tout en lon-
Quoi de mieux pour fêter partenaire idéal des gueur, relevée par une
une nouvelle année que de longues soirées convi- pointe de salinité. Il
célébrer ce passage avec un viales. Très expressive, fera le pendant avec les
millésime solaire, certaine- elle dévoile des notes vins du repas et pourra
MICHAËL BOUDOT ment pourvu de bonnes on- d’agrumes, de fruits s’apprécier au fil de la
des ? Ce 2015 sera parfait blancs et de fleurs fraî- nuit.
pour l’occasion. Si le nez se chement coupées. Prix : 57 €
montre tout en retenue,
avec des arômes floraux
et tendres de fruits
blancs, la matière en
Prix : 37,90 €
n BOLLINGER R.D. 2008
À nuit exceptionnelle, cham-
n PIERRE MIGNON
CUVÉE PURE
La maison familiale de la
bouche est pleine de pagne d’exception. Avec ce vallée de la Marne élabore
confiance. Sa générosité nouveau millésime, la maison entre autres ce champagne
et sa souplesse, asso- d’Aÿ révèle une véritable non dosé, assemblage des
ciées à une trame fraî- splendeur qui privilégie les trois grands cépages. Com-
plexe et raffinée, la cuvée
che élégante, vous fe-
ront entrer de bon pied
arômes de fruits secs. Le nez
s’ouvre sur des notes de pâte Pure révèle un caractère
en 2024. d’amande, d’abricot com- marqué avec ses arômes
de champignons, de
Prix : 67 € poté et de miel tandis que
la bergamote et le citron noisette et de fruits
n LAURENT-PERRIER vert apportent leur fraî- mûrs. Opulente et
CUVÉE ROSÉ PÉTALES cheur. La noisette occupe charmeuse, la bouche
Depuis 2017, la maison imagine une robe la bouche et dure longue- reste très fraîche et
déjà le flacon le plus léger du marché,
réutilisable qui épouse les formes de ses ment en finale, sans pour veloutée, d’une belle
mais nous travaillons avec les interpro-
bouteilles, et celle de cette année se autant masquer une ten- ampleur.
fessions pour essayer d’aller plus loin,
montre particulièrement festive. Un vé- sion intense. Prix : 39 €
avec les verriers pour avoir une produc-
tion moins émissive. Nous travaillons ritable nuancier de roses, qui évoque les Prix : 400 € B. D.
aussi sur le transport de nos champa-
gnes : le maritime a remplacé l’aérien.
Nous envisageons même de faire des
expéditions transatlantiques en cargos
voiliers. » Autant d’idées qui sont de-
venues communes dans le vignoble,
B Corp ou pas.
L’engagement de Piper-Heidsieck se
traduit dans toutes les étapes de la pro-
duction. À la vigne, bien sûr, avec une
certification Viticulture durable en
Champagne depuis 2015 et l’objectif de
convertir l’intégralité des apporteurs
dans cette démarche. « On voit notre vi-
gnoble comme un laboratoire d’expéri-
mentation pour la viticulture bio, les cou-
verts végétaux, l’agroforesterie, le
travail du sol, la biodiversité… Et nous
faisons beaucoup pour entraîner nos
partenaires en les payant plus cher,
ajoute Émilien Boutillat. Mais notre
stratégie climat, aujourd’hui fondamen-
tale, dépasse le vignoble. Il faut penser à
360° à chaque étape du process d’élabo-
ration de nos champagnes. »
Premiers succès
Reste que cet engagement total a un
coût. « C’est difficile à chiffrer, mais
cela a bien sûr un impact sur le prix des
bouteilles, reconnaît Émilien Boutillat.
Pour être durables, nous devons trou-
ver un équilibre fin entre investisse-
ments et rentabilité. » Certains efforts
financiers se traduisent cependant par
des économies plus rapides que prévu.
Par exemple, Piper-Heidsieck a
réalisé un gros investissement pour
restructurer sa production de froid et
ainsi diminuer drastiquement sa con-
sommation d’énergie. Un projet lancé
avant l’envol des prix qui va permet-
tre une rentabilité accélérée. Il n’est
pas question pour autant pour Émilien
Boutillat de s’endormir sur ces pre-
miers succès. Avec une remise en
question de la certification B Corp
tous les trois ans et une évolution des
standards, le jeune chef de cave mo-
bilise au quotidien les équipes pour
que toute l’entreprise s’améliore. Son
seul regret : que la certification ne soit
pas plus connue et reconnue en Fran-
ce. « Ce n’est pas le cas dans les pays
anglo-saxons, où certains magasins
organisent des “Mois B Corp” durant
lesquels ils mettent en avant les pro-
duits certifiés. Heureusement, il existe
une vraie émulation au sein de la com-
munauté. Nous allons réunir toutes les
A
entreprises B Corp du Grand Est en
mars pour en parler. ■
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
24 VOYAGE
CORTINA D’AMPEZZO LA REINE DES DOLOMITES
5 STATIONS OLYMPIQUES
DES ALPES 5/5
VILLE HÔTE DES JEUX D’HIVER
DE 1956, LA TRÈS CHIC STATION
ITALIENNE SE PRÉPARE À
ACCUEILLIR CEUX DE 2026,
CONJOINTEMENT AVEC MILAN.
SON IMMENSE DOMAINE
SKIABLE CONTINUE DE SÉDUIRE,
120 ANS APRÈS SA CRÉATION,
LES HAPPY FEW DU MONDE.
YAN BERNARD-GUILBAUD
ybernard@lefigaro.fr
ENVOYÉ SPÉCIAL À CORTINA D’AMPEZZO
À
1 224 mètres d’altitude, le
tremplin de saut à ski est
toujours là, niché dans l’un
des derniers lacets menant à
la station de Cortina d’Am-
pezzo. Pourtant, malgré ses
courbes parfaites et sa tour de départ
haute de 50 mètres, la fierté de ces
7es Jeux olympiques d’hiver de 1956, à
deux heures de route au nord de Venise,
est désormais un fragile témoin d’un
événement daté. Cette année-là et pour
la première fois dans l’histoire des Jeux
d’hiver, l’Italie devient pays hôte :
32 nations, 821 athlètes, de la musique
- l’hymne italien alterné avec le chant
des montagnards, la Valsugana, enton-
née avec ferveur par 8 000 spectateurs,
un défilé…
Ce 26 janvier 1956, l’envoyé spécial
du Figaro, Maurice Capelle, revient sur
une « grandiose séance inaugurale » au
Stadio olimpico del Ghiaccio, le Stade
olympique de glace. « Toute cette céré-
monie parfaitement réglée atteignit son
plus haut degré émotionnel lorsque la
championne italienne de ski, Giuliana
Chonal-Minuzzo, prononça le serment
olympique. » Pour la première fois dans
les annales des Jeux, c’est une athlète
féminine qui le fait. En ce jour histori-
que, l’écho des montagnes renvoyait les
fracas des salves de canon saluant
Giovanni Gronchi, le président italien.
S’il ne reste de l’événement que la pa-
tinoire encore en activité, Cortina fait
aujourd’hui partie du Dolomiti Supers-
ki, l’un des réseaux les plus étendus du
monde. Quelque 450 remontées méca-
niques, en un seul forfait, pour accéder à
plus de 1 200 km de pistes interconnec-
tées, le tout réparti sur 12 vallées. Enco-
re faut-il comprendre comment accé-
der depuis la ville aux pistes de ski. Car
cette commune de la province de Bel-
luno n’est pas ce que l’on appelle une
station « skis aux pieds ». Les hôtels de
la très chic destination italienne mettent
des navettes à disposition. Quant aux
Italiens, qui ont ici leur chalet, ils utili-
sent leur voiture sans s’inquiéter outre
A
mesure de leur empreinte carbone. Jus-
qu’à cinq heures de route le dimanche
pour rentrer à Venise : la station le
week-end fait le plein. Car sur son do-
maine, le ski est époustouflant. « J’ai
rarement vu quelque chose d’aussi beau !
Ce ne sont que des forêts de mélèzes, de
pins ou d’épicéas. Le village est au creux
de la vallée et la nature est partout », té-
moigne Ivano Corvi, codirigeant d’une
école de ski, alors que nous descen-
dons la mythique Olympia delle Tofa-
ne. « La première fois que je suis venu
en arrivant par la route de Menuzzi, je
suis tombé amoureux de cette station,
grandiose et unique par son paysage »,
continue cet ex-champion de des-
cente, membre de l’équipe italienne
dans les années 1970. La piste débou-
che sur le restaurant d’altitude El
Camineto tout juste repris par l’an-
cien magnat de la F1, Flavio Briatore,
reconverti dans le luxe.
Première école de ski d’Italie
Mais n’est pas Cortinesi qui veut. Avant
de devenir le refuge des riches indus-
triels de la Vénétie, cette province du
Tyrol du Sud a d’abord fait partie de la
République de Venise, puis est passée
sous le contrôle de l’Empire austro-
hongrois pendant plus de 400 ans.
« Cortina a toujours été un lieu exclusif,
raconte Ivano Corti. Il y a ici une kyrielle
de traditions précieuses, une histoire ri-
che et même le ladin, une langue locale
encore parlée de nos jours! » Même si sa
rue principale, Corso Italia, est bordée
de boutiques de luxe, c’est la basilique
des saints Philippe et Jacques qui est le
véritable cœur de la cité, et son campa-
nile blanc, le symbole de Cortina. Érigé
par l’architecte Silvestro Franceschi en-
tre 1852 et 1858, il s’élève tel un phare à
73 mètres du sol. Autour, les bâtiments
traditionnels avec leurs façades en bois
sculpté, toits inclinés et balcons typi-
quement alpins, côtoient des construc-
tions contemporaines des années 1950.
Au début du XXe siècle, la bourgade a
continué sa transformation en attirant
aristocrates et membres des familles
royales grâce aux voies ferrées. En 1903,
elle devient officiellement l’une des
premières stations de sports d’hiver du
pays et, en peu de temps, conquiert son
titre de « reine des Dolomites ».
D’ailleurs la première école de ski d’Ita-
lie y est fondée dès 1925 - aujourd’hui,
2026, le retour des Jeux olympiques d’hiver en Italie
Soixante-dix ans après Cortina 1956
et deux décennies après Turin 2006,
l’Italie accueillera les Jeux d’hiver
de 2026. Pour la première fois, une
édition olympique sera organisée
par deux villes, Milan et Cortina,
dans deux régions, la Lombardie
et la Vénétie, mais aussi dans deux
provinces autonomes : Trente
et Bolzano. Autre première,
47 % des athlètes seront des
femmes. On atteint presque
la parité. Pour le moment,
116 épreuves réparties sur 14 sites
sont inscrites au programme de
Une athlète effectue un saut
en patinage artistique, à Cortina
d’Ampezzo, lors des Jeux olympiques
d’hiver de 1956. MARIO DE BIASI/
MONDADORI VIA GETTY IMAGES
Munich
ALLEMAGNE
Innsbruck AUTRICHE
AL
PE
S Corso Italia, infuse les nouveaux princi-
Cortina
d’Ampezzo
I TA L I E
Lac de
Garde Venise
Pô
Mer
Adriatique
Bologne
50 km
Milano Cortina 2026. La cérémonie
d’ouverture est prévue au stade
Giuseppe-Meazza de Milan
(le 6 février), celle de clôture
(le 22 février) aux arènes de Vérone.
Quid de Cortina d’Ampezzo ? La
station accueillera les compétitions
de ski alpin féminin sur l’Olimpia delle
Tofane, piste légendaire de la
descente masculine de 1956. Autre
site et écrin des cérémonies
d’ouverture et de clôture des Jeux
de Cortina, le Stadio Olimpico del
Ghiaccio organisera les épreuves
de curling.
elles sont dix. Mais il faut atten-
dre les Jeux de 1956, diffusés
pour la première fois à la télévi-
sion, pour que la station entre
dans son âge d’or et devienne le
fief du cinéma mondial. Dans les
années 1960, on y croise Liz Tay-
lor et Gina Lollobrigida, des habi-
tuées. On se souvient de la déso-
pilante Panthère rose (1963) de
Blake Edwards, avec Claudia Car-
dinale et Peter Sellers évoluant
dans la neige. Et comment oublier
James Bond, alias Roger Moore, et
Carole Bouquet dévalant les pistes
du domaine skiable dans Rien que
pour vos yeux (1981) ? Sylvester
Stallone a délaissé son personnage
de Rambo pour y tourner Cliffhan-
ger : Traque au sommet (1993). Et
Cortina d’Ampezzo n’a pas seule-
ment abrité des tournages. En novem-
bre 2021, la créatrice Miuccia Prada y a
organisé son défilé Miu Miu. Les hôte-
liers ont placé la barre très haut. C’est le
temps du renouveau. Même si le Mira-
monti Majestic Grand Hotel et le Cris-
tallo ont longtemps brillé. Le premier a
accueilli l’agent 007 - chambre 108 -,
quand le second a offert un panorama
spectaculaire sur les Dolomites durant
près de 120 ans. Sous la houlette du
groupe Mandarin Oriental, le Cristallo a
fermé pour d’importants travaux :
réouverture prévue à l’été 2025, pour
les Jeux olympiques d’hiver de Milan-
Cortina en février 2026 (lire ci-dessous).
Trois autres adresses devraient voir le
jour. D’ici-là, l’hôtel De Len, le dernier
né, attire déjà une très belle clientèle. Ce
4-étoiles parfaitement situé derrière
pes de l’écologie dans une hospitalité
haut de gamme. Dans les chambres au
décor alpestre, la literie est garantie
« sommeil biocompatible » grâce à un fil-
trage d’ondes électromagnétiques. La
jet-set l’a déjà adopté, et si c’était cela le
nouveau luxe ? Une excellente alterna-
tive aux refuges de montagne des Dolo-
mites, pourtant réputés. Nés comme
simples abris, certains sont aujourd’hui
dotés de saunas ou de bassins extérieurs
chauffés. On y passe une heure ou une
nuit avant de rejoindre la station à ski.
Le domaine n’est pas hôte olympique
pour rien. ■
En revanche, Cortina dit adieu
à sa piste historique de bobsleigh.
Un gros couac à deux ans des Jeux.
Le projet pharaonique de rénovation
annoncé pour les épreuves de
bobsleigh, luge et skeleton a été
annulé en octobre. Trop coûteux,
pas assez écolo. Un désaveu
pour le président du Comité
d’organisation et président du
Comité national olympique italien
(Coni), Giovanni Malago, qui en avait
fait un symbole. Il faut désormais
trouver une autre piste, cette fois
en dehors des frontières… Y. B.-G.
SIMONE DE CILLIA
Cortina d’Ampezzo fait aujourd’hui
partie du Dolomiti Superski, l’un des
réseaux les plus étendus du monde.
Quelque 450 remontées mécaniques,
en un seul forfait, pour accéder à plus
de 1 200 km de pistes interconnectées.
Y ALLER
Carnet de route
L’aéroport de Venise ou la gare
ferroviaire de Venise-Mestre
sont à 2 heures de route en
voiture. Pas de gare ferroviaire.
OÙ DORMIR
YAN BERNARD GUILBAUD/LE FIGARO
+
Hôtel De Len. Ce 4-étoiles confidentiel de
22 chambres et suites, est idéalement situé
dans Cortina. Écoresponsable, son design,
signé du studio Gris+Dainese, s’inspire
de la nature et vise le bien-être. On aime
le personnel de haut niveau, la table locale
et le spa du 6e étage dont la façade
entièrement vitrée offre une vue unique
sur les sommets. À partir de 299 €.
Tél. : +39 0436 4246 et hoteldelen.it
Grand Hotel Savoia Cortina d’Ampezzo.
Construit en 1912 et symbole de l’élégance
italienne, ce 5-étoiles du groupe Radisson
Hotel a le charme suranné des hôtels
de famille d’antan. L’établissement dispose
de 126 chambres et suites mais aussi d’une
très belle piscine couverte, idéale après une
journée sur les pistes. Les fêtards profitent
de la grande terrasse mise en musique pour
l’après-ski, les plus jeunes du kid’s club
(dès 3 ans). À partir de 527 €.
Tél. : +39 0436 3201 et radissonhotels.com
NOS BONNES TABLES
Baita Piè Tofana. La terrasse de cette
ancienne cabane de montagne surplombe
l’une des plus belles pistes de ski d’Italie,
celle des JO d’hiver de Milan-Cortina 2026.
En cuisine, un chef talentueux, Federico
Rovacchi, donne un savant coup de
modernité aux traditions. En salle, le service
est impeccable. Menu dégustation à partir de
90 €. Tél. : +39 0436 4258 ; baitapietofana.it
Leone & Anna. Voici un sanctuaire pour les
passionnés de la gastronomie sarde. Des
spaghetti alla bottarga, vibrants de saveurs
marines, à la zuppa gallurese, riche et
réconfortante, ce restaurant est une
odyssée gustative. La richesse viticole de
l’île est à la carte et les desserts, inspirants.
De 35 à 40 €. Tél. : +39 0436 2768 ;
ristoranteleoneanna.com
BIEN-ÊTRE
Le Rifugio Lagazuoi est célèbre dans le
monde entier pour sa situation et sa vue
imprenable sur les sommets des Dolomites.
On s’accorde 45 minutes de détente dans
un sauna finlandais, une expérience
inoubliable à 25 €. Réservation obligatoire.
Tél. : +39 340 7195306 ; rifugiolagazuoi.com
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Deux options : le « Skipass Cortina » (zone
de Cortina - S. Vito - Auronzo – Misurina),
67 € (adulte) et 47 € (8-16 ans) par jour. Et
le « Dolomiti Superski » (pour les 12 vallées),
80 € (adulte) et 56 € (8-16 ans) par jour.
FERMETURE DE LA STATION
1er mai 2024.
SE RENSEIGNER
Office national italien de tourisme
(tél. : 01 42 66 03 96 ; italia.it) et Office
de tourisme de Cortina d’Ampezzo.
Tél. : +39 0436 869 086 ; Cortina.dolomiti.org
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

CULTURE 25
ARIANE BAVELIER£@arianebavelier

lle parle le français avec une

E toute petite pointe d’accent.

Elle vient de loin, du bout du
monde : sa mère est japonaise
et son père néo-zélandais.
Elle revient de loin aussi. La jeune fem-
me, qui aura 31 ans le 8 janvier, a failli
rester au placard. Aurélie Dupont ne la
calculait pas. Elle la distribuait, mais
dans de petits rôles qui n’avaient rien à
voir avec le destin auquel elle semblait
promise depuis longtemps. On pouvait
craindre que, à force de se cogner sans
cesse la tête au plafond, elle s’étrécisse.
On est rassurés : le premier acte de di-
recteur de la danse de l’Opéra de Paris,
José Martinez, a été de la nommer étoile
le 2 mars dernier, en même temps que
Marc Moreau, dans Ballet impérial de
Balanchine. Depuis elle ne cesse de
grandir. On l’a vue en 2023 délicate-
ment fatale dans En sol, glaciale en
Reine des Wilis, toute en lignes musica-
les dans le programme Kylian. On l’at-
tend cette année en Odette-Odile du
Lac des cygnes, en Kitri de Don Qui-
chotte et en Giselle dans le rôle-titre.
Hannah O’Neill est une ballerine de
cristal. Sa danse la laisse voir par trans-
parence, toute en détail ciselée et toute
en vulnérabilité. Elle a quelque chose de
Margot Fonteyn, la partenaire de pré-
dilection de Noureev, même beauté
souveraine, même élégance superlative
qui inclinaient les mauvaises langues à
dire que Dame Margot était la seule bal-
lerine capable de danser La Belle au bois
dormant une tasse de thé à la main. Mais
ce qui les lie va au-delà : leur but ultime
est la recherche de la sincérité.

« Faire passer l’émotion »

Dans le studio où elle travaille, avec sa

AGATHE POUPENEY/ONP
coach, Florence Clerc, les deux femmes
visionnent une vidéo du Lac des cygnes
avec Rudolf Noureev et Margot Fon-
teyn. Hannah O’Neill dansera ce ballet
cet hiver au Japon avec Germain Lou- Hannah O’Neill dans Giselle,
vet, puis cet été au Palais Garnier. « La en juillet 2022, à l’Opéra Garnier.
regarder me donne envie de pleurer. Il y a
tant de tendresse dans l’acte III avec Ru-

HANNAH O’NEILL BALLERINE DE CRISTAL

dolf Noureev », dit-elle. Margot Fonteyn
n’est ni Svetlana Zakharova ni Sylvie
Guillem, membres immenses et sou-
plesse de cygne, dont la seule apparition
laisse pantois. Elle a des défauts. « Moi
aussi, affirme Hannah. Je n’ai ni leurs
extensions exceptionnelles ni le dos sou-
ple. Je recherche d’autres moyens dans
les ports de tête ou les bras pour faire
passer l’émotion. J’essaie aussi qu’il n’y
ait rien de statique et que chaque pas soit
sensible et vienne du cœur. Cela demande
beaucoup de concentration et de pas-
sion », confie-t-elle. Elle y grave son in-
terprétation, au terme d’une recherche
qu’elle mène avec Florence Clerc.
« Mon Lac sera très inventif et original
sans changer un pas de la chorégraphie.
J’ai envie d’imprimer ma personnalité »,
déclare-t-elle. De fait, elle n’en man-
que pas. « Hannah, c’est un phénomène.
Nous sommes toutes les deux dans l’envie
d’aller plus loin dans l’interprétation. Son
enthousiasme est génial : elle n’est ja-
mais fatiguée ou découragée, refuse de
se plaindre ou de médire. Elle est dans la
disponibilité et se montre toujours excitée
de tenter de nouvelles choses. On passe
des heures à en discuter, et le lendemain,
elle refait et c’est encore mieux. Chercher
avec elle comment raconter l’histoire
avec sincérité est passionnant », raconte
Florence Clerc, que Noureev avait en
son temps beaucoup fait travailler. « On
peut refaire vingt fois de suite une ara-
besque. Si on n’a pas le placement de
l’arabesque avec la main arrière au-des-
sus de la jambe, ça ne sert à rien. En re-
vanche, si on domine les pas, la liberté
d’interprétation est énorme. »
Hannah O’Neill en a besoin. Avec sa
beauté de princesse nippone et son chi-
gnon de jais coiffé en banane, elle ne
ressemble qu’à elle-même. Elle n’est pas
passée par l’École de danse de l’Opéra de
Paris, et connaît aussi bien le rugby
- son cœur bat pour Dan Carter et Richie
McCaw - que le ballet. Comment est-el-
le arrivée de la lointaine Nouvelle-Zé-
lande jusqu’au Palais de Charles Gar-
nier ? Son odyssée est digne des
navigateurs qui ne se fient qu’à leur
étoile. « J’ai commencé la danse au Japon,
où j’ai grandi jusqu’à l’âge de 10 ans. Mon
père, néo-zélandais, était le premier
étranger à jouer dans l’équipe nationale
de rugby à 7. Ma mère avait vécu à Lon-
dres, où elle avait pris des cours de dan-
se », raconte Hannah. Petite fille,
Hannah O’Neill danse sans cesse. Sa
mère l’inscrit à un cours. « Au Japon, la
danse, c’était l’Opéra de Paris. Il y a une
espèce d’idolâtrie pour cette compagnie.
LES FIGURES
QUI ONT MARQUÉ 2023 5/5
NOMMÉE ÉTOILE EN MARS,
LA DANSEUSE S’EST DÉMARQUÉE
CETTE ANNÉE DANS « EN SOL »
DE JEROME ROBBINS ET DANS
LE PROGRAMME DE JIRI KYLIAN.
APRÈS UNE ENFANCE
PASSÉE ENTRE LE JAPON
ET LA NOUVELLE-ZÉLANDE,
INTÉGRER LE BALLET
DE L’OPÉRA DE PARIS
ÉTAIT POUR ELLE UNE ÉVIDENCE.
SON PARCOURS A POURTANT
ÉTÉ SEMÉ D’EMBÛCHES.
Ce qui me guide,
c’est la sincérité.
Je la sens
dans mon corps :
quand elle y est,
je danse sans force,
rien n’est maniéré,
cette justesse
habite chacun
de mes gestes,
mon corps
et mes yeux
HANNAH O’NEILL
» GENÈVE 3/02 SAINT-ÉTIENNE 4 /02 BOURG-EN-BRESSE 8/02
presse, Hannah O’Neill se souvient
d’avoir voté pour Sylvie Guillem : « Par-
ce que ma mère m’avait montré cette vi-
déo de Cendrillon où Sylvie danse avec
Charles Jude et où Rudolf Noureev tient
lui-même le rôle du producteur de ciné-
ma, se souvient-elle. Il y avait autour
toute une constellation d’étoiles, Laurent
Hilaire, Isabelle Guérin, Monique Loudiè-
res… Je voulais en être, pas simplement
pour les danseurs mais aussi pour le ré-
pertoire, les costumes, les décors : ce goût
français. » À Tokyo, sa mère trouve des
places pour un spectacle de l’École de
danse dont Hannah O’Neill se souvient.
Mais il faut déjà partir.
Traversée du désert
La petite fille a 10 ans lorsque la famille
quitte le Japon pour la Nouvelle-
Zélande. Ce bout du monde a certes des
cours de danse classique, mais, à l’épo-
que, pour tenter carrière, mieux vaut
s’envoler. Hannah O’Neill obtient au
Youth America Grand Prix une bourse
pour l’Australian Ballet School. Ses dons
sont évidents, son intelligence dans le
travail aussi. Personne ne doute qu’elle
sera danseuse, son rugbyman de père
lui-même se laisse persuader : « Au début de sa traversée du désert : « Une
début, il ne comprenait pas trop qu’on période pas évidente. Chaque danseur
puisse en faire un métier. Mais, quand j’ai
commencé à faire des concours inter-
dans son parcours connaît des moments
de doutes, mais, dans le mien, tout s’était
nationaux et qu’il a vu les résultats, il m’a si bien enchaîné que je n’en avais pas eu
soutenue. »
À l’Australian Ballet School, le direc-
encore, dit-elle. Je dansais normalement,
mais il était clair qu’Aurélie Dupont
teur de la compagnie vient la trouver. Il
lui parle déjà de rôles. Elle tente le prix
n’avait pas de plans pour moi. » Ses par-
tenaires, Hugo Marchand ou Jérémy-
de Lausanne et rafle un premier prix. Loup Quer, qui participaient avec elle
Elle a 16 ans. Sur le chemin du retour, sa
mère l’emmène à Londres voir le Royal
au concours de Varna - ils ont eu le
bronze et elle, l’argent -, ne compren-
Ballet qui danse La Bayadère et à Paris, nent pas. Diverses compagnies lui font
où elle voit un programme français : des propositions. Elle refuse, fidèle en-
Suite en blanc, Boléro et L’Arlésienne. À vers et contre tout à l’Opéra de Paris.
18 ans, elle décide de tenter l’entrée
dans la compagnie. « En Australie,
Mais elle travaille chaque petit rôle dans
le studio avec Florence Clerc, remet sa
j’étais très bien. N’est-ce pas mieux de danse à zéro, grandit.
La revoilà, solide sur ses pointes. « Ce
rester où on est bien aimé que de tenter
l’aventure ailleurs ? Mes parents ont sou- qui me guide, c’est la sincérité. Je la sens
tenu mon choix pour l’Opéra de Paris. »
Lors du concours de recrutement
dans mon corps : quand elle y est, je dan-
se sans force, rien n’est maniéré, cette
externe, elle échoue une première fois, justesse habite chacun de mes gestes,
recommence l’année suivante et, à
20 ans, intègre la compagnie.
mon corps et mes yeux. C’est tellement
conscient que je me suis sentie prête à
Dès lors, chaque année, elle franchit danser Giselle, le plus vulnérable des
les grades de la hiérarchie. On s’attend à rôles, alors qu’on me distribuait toujours
ce que Benjamin Millepied la nomme dans celui de l’inflexible Myrtha. José
étoile lorsqu’il quitte l’opéra. C’est le Martinez a accepté. » ■
GRANDIOSE L’EXCELLENCE TOUJOURS
LE FIGARO BFM TV PLUS HAUT
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À PARIS JUSQU’AU 14 JANVIER 2024
EN TOURNÉE DANS LES ZÉNITH DE FRANCE
COURBEVOIE 18/01 NANTES 19/01 RENNES 20/01 TOURS 21/01 CAEN 25/01
ROUEN 26/01 LILLE 27/01 AMIENS 28/01 BRUXELLES 1ER /02 AMNEVILLE 2/02
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la compagnie s’y produit régulièrement. »
A

CIRQUE SANS ANIMAUX

Dans le hit-parade annuel des danseurs
internationaux tenu au Japon par la
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

26 CULTURE
AU BEAU TEMPS DES EXPLORATEURS D’ART EN ASIE
IL Y A CENT CINQUANTE ANS,
HENRI CERNUSCHI PARCOURAIT
L’EXTRÊME-ORIENT ET
L’INSULINDE POUR CONSTITUER
UNE COLLECTION D’OBJETS
EXCEPTIONNELS. À PARIS, SON
MUSÉE LUI REND HOMMAGE EN
RAPPELANT CETTE AVENTURE.

ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE
ebietryrivierre@lefigaro.fr

À
Paris, en lisière du parc
Monceau, le charmant Mu-
sée Cernuschi est l’un des
tout premiers musées d’art
asiatique. Il propose ac-
tuellement une exposition qui conte sa
naissance. Celle-ci résulte d’un long et
fabuleux voyage, effectué il y a cent
cinquante ans, par un personnage,
Henri Cernuschi (1821-1896). Avec
Théodore Duret (1838-1927), critique
d’art et déjà compagnon de route de
ceux que l’on appellera bientôt les im-
pressionnistes, ce Milanais exilé en
France à cause de ses idées républicai-
nes, puis qui changea de nationalité et
fit fortune comme financier durant le
second Empire (il a contribué à fonder
ce qui deviendra Paribas), a 50 ans
quand il s’embarque.
Une carte, dans la salle inaugurale
d’un parcours riche en œuvres, figure
le parcours effectué durant ces
seize mois, de septembre 1871 à jan-
vier 1873. Liverpool, New York, puis
traversée du Pacifique une fois la côte
Ouest atteinte, jusqu’à Yokohama.
Après trois mois dans un Japon qui ne
s’est ouvert aux étrangers que dix-huit
ans plus tôt, le couple d’amis se rend
en Chine, dans un empire Qing alors
en reconstruction à la suite d’une
guerre civile des plus sanglantes. Ne se
contentant pas de la région côtière, des
comptoirs de Shanghaï et Guangzhou
(Canton), Cernuschi et Duret franchis-
sent la Grande Muraille, découvrent les
régions mongoles. En juin 1872, enfin,
de Hongkong, ils gagnent Java, puis le
Sri Lanka (Ceylan) et l’Inde avant de
rejoindre l’Europe.
Au niveau des experts locaux
Le récit laissé par Duret (publié dès
1874), dont des extraits sont diffusés sur
place, ne manque pas de couleurs. On
se croirait dans le roman de Jules Ver-
ne, ce Tour du monde en 80 jours écrit
justement durant ces années-là. Mais à
la différence de Philéas Fogg, nos glo-
be-trotteurs sont avant tout des collec-
tionneurs. Au total, Cernuschi a acquis,
fait mettre en caisse et expédié environ
5 000 objets. Quelques estampes, cer-
tes, mais surtout des vases funéraires,
pots, vasques, théières, brûle-parfum.
Et aussi des figurines de mangas ou
d’animaux (splendide vitrine de co-
quillages, batraciens et crustacés, de
telles pièces inspireront bientôt le
sculpteur animalier François Pompon),
des gardes de katanas (sabres de sa-
mouraïs), des lanternes, des statues et
statuettes de guerriers et de divinités, et
un peu de vaissellerie.
De ce fonds, les bronzes, jusqu’alors
négligés par les amateurs européens
encore surtout intéressés par le laque
ou la porcelaine, sont les plus intéres-
sants. Des contacts avec les antiquaires
locaux ont notamment permis l’acqui-
sition du bouddha Amida, statue mo-
numentale, joconde qui occupe tou-
jours le centre du musée, tandis
qu’autour se déploie une formidable
encyclopédie de formes bouddhistes et
taoïstes. Incontestablement, Cernuschi
a su saisir sa chance, en particulier dans
le Japon de l’ère Meiji, où, puisque le
clergé a perdu ses soutiens tradition-
nels, la statuaire était à vendre.
« L’art asiatique est déjà connu en
Europe, mais Cernuschi était attiré par
le bronze. Sans doute parce qu’en tant
qu’économiste il était très sensible au
rôle du métal », constate le directeur
du musée et commissaire Éric Lefeb-
vre. C’est en tout cas à l’usage, notam-
ment au contact des antiquaires du
quartier de Liulichang, à Pékin, qu’est
née son ambition de collecter suffi-
samment de pièces susceptibles d’em-
brasser toute l’évolution de cet art de
l’alliage - le bronze étant connu en
Chine depuis le deuxième millénaire
avant notre ère.
À preuve : parmi les 1 500 vases rap-
portés, les plus anciens - dont un tripo-
de sacré - remontent à la dynastie
D’après Du Jin (actif de 1465 à 1505),
Poètes et immortels (détail),
dynastie Ming (1368-1644).
PARIS MUSÉES/MUSÉE CERNUSCHI
Shang. Non loin, le plus majestueux est
peut-être celui de la dynastie Zhou de
l’Ouest (entre - 1000 et - 700). Et le plus
coloré, ce brûle-parfum, cuivre
d’émaux cloisonnés, date du XVIIIe siè-
cle. Dans une vitrine encore, des livres
de ces formes et décors antiques rap-
pellent que Cernuschi s’était rapide-
ment hissé au niveau des meilleurs ex-
perts locaux. De tels répertoires
traditionnels étant également tombés
dans son escarcelle.
Formidable frise
De septembre à novembre 1873, expo-
sée pour la première fois au Palais de
l’industrie, immense bâtisse sur les
Champs-Élysées qui a précédé le Grand
et le Petit Palais, ces vases sont une ré-
vélation aux yeux du grand public. Et,
tandis que le philanthrope se lance dans
l’érection de son hôtel particulier, parc
Monceau, non loin de celui des Camon-
do et de celui des Rothschild (il annon-
cera en 1882 qu’il deviendrait Musée
des arts de l’Asie de la ville de Paris),
une révolution du goût s’accomplit. Le
« japonisme » se met à irriguer les arts
comme les arts appliqués. Parmi les
nom des premiers copistes dans les al-
lées du Palais de l’industrie, on repère
ainsi celui du peintre Gustave Moreau,
l’ami de Degas, le professeur de
Rouault, de Matisse, de Marquet et de
bien d’autres modernes. Et, pareille-
ment, celui d’Émile Reiber, qui a, lui,
dessiné des pièces d’orfèvrerie pour
Christofle.
Afin de restituer cette ambiance de
défrichement des mondes les plus loin-
tains, entre esprit émerveillé et volonté
de rationalité, sont visibles aux cimai-
ses des vues de Felice Beato (1832-
1909). Ce photographe italien naturali-
sé anglais avait, dès 1863, ouvert un
studio à Yokohama. Quelques-uns de
ses tirages originaux ont été coloriés à la
main par des artisans locaux. Cernus-
chi, premier parmi les amateurs, a réu-
ni les siens en albums.
À l’étage, assis, les jambes repliées, le
bouddha provenant du quartier de Me-
guro, à Tokyo, nous bénit du haut de
ses quatre mètres. Durant la Belle Épo-
que, le Tout-Paris venait danser autour,
car Cernuschi aimait aussi donner des
bals costumés. Ils ne sont plus, ce temps
est révolu. En revanche, derrière ce gé-
nie tutélaire on découvre, restaurée et
réinstallée à son emplacement initial,
une formidable frise : de fabuleux dra-
gons, bois sculptés en haut-relief sur de
près de 12 m de long et sur 1,5 m de
haut. Ce chef-d’œuvre de l’époque Edo
(1603-1868) est exposé pour la premiè-
re fois dans son intégralité depuis les
années 1930. Curiosité supplémentaire :
il n’a pas été acheté par Cernuschi mais
offert par un éclaireur antérieur, un de
ces premiers diplomates français en-
voyés au pays du Soleil-Levant. Un de
ceux qu’évoque actuellement le Musée
des beaux-arts de Dijon à travers une
exposition comparable, tout aussi dé-
paysante et passionnante, jusqu’au
22 janvier. ■
« Retour d’Asie » au Musée Cernuschi
(Paris 8e), jusqu’au 4 février 2024.
Catalogue Paris Musées, 208 p., 35 €.
Tél. : 01 53 96 21 50. www.cernuschi.paris.fr.
Et au Musée des beaux-arts, à Dijon (21).
Tél. : 03 80 74 52 09. musees@ville-dijon.fr

« LES YEUX DU CIEL » OU L’UTOPIE D’UN ARCHITECTE ÉPRIS D’URBANISME

EN SEINE-ET-MARNE, ANTOINE GRUMBACH TRANSFORME UN IMMENSE TALUS DE REMBLAIS EN SCULPTURE OUVERTE ET NATURELLE À L’AIR LIBRE, VISIBLE DEPUIS LES AVIONS
QUI ATTERRISSENT OU DÉCOLLENT DE ROISSY. SON PROJET PHARAONIQUE EST EN COURS, UN PREMIER ŒIL EST PRESQUE ACHEVÉ.
VALÉRIE DUPONCHELLE £@VDuponchelle incongrus. « Ils sont parfaitement visi- concentriques de panneaux dédiés à
bles depuis les avions de Roissy », souli- l’exploration du ciel depuis l’Antiquité,

V
u du ciel, la Terre vous re-
garde. Deux grands yeux,
de 400 m de long et de
170 m de large chacun,
grands ouverts entre les
monocultures céréalières du pays de
France (ou plaine de France). Un regard
planté dans le sol, entre le Vexin à
l’ouest et la Brie à l’est. Leur forme est
ovale, bien nette, cernée de khôl som-
bre comme les personnages célestes qui
vous fixent du fond des caveaux égyp-
tiens. Ce sont en fait des arbres.
Posés sur des collines aplanies hautes
de 30 m, soit un vaste plateau de 1,6 km
de long et 800 m de large, Les Yeux du
ciel de l’architecte Antoine Grumbach
sont du land art, cet art de rêveur qui
puise dans la nature. Lisible du ciel com-
me les géoglyphes du désert de Nazca, au
sud du Pérou, aux animaux immenses et
stylisés. Et allégorie de la création, com-
me la Spiral Jetty ancrée par le sculpteur
A
Les Yeux du ciel sont situés à Villeneuve-sous-Dammartin, en Seine-et-Marne.
ECT MAI 2023, COURTESY JEANNE BUCHER JAEGE
ment perpétuel, au rythme de l’évapo-
ration de l’eau et de la résurgence de la
forme. Une forte utopie les constitue.
Les Yeux du ciel sont situés à Ville-
neuve-sous-Dammartin (Seine-et-
Marne), dans l’axe des pistes d’atterris-
gne Antoine Grumbach, architecte ur-
baniste fier de cette « première de
l’“aerial art” » qui est en train de voir le
jour (coût d’un œil, 4 millions d’euros,
et fin du chantier prévue fin 2024 ou
début 2025). C’est, dit-il modestement,
une commande de la société ECB, qui
gère les grands sites de réutilisation de
terres excavées du BTP. « Soit l’équiva-
lent de deux pyramides de Kheops par
an », résume Véronique Jaeger, la gale-
riste arrivée il y a dix-huit mois dans ce
projet pharaonique et qui expose dans
le Marais Antoine Grumbach, vision-
naire revendiqué et artiste caché.
Homme de concepts
Le premier œil, Icare, œil ouest, est pres-
que terminé. Les 1 200 érables venus de
Hollande (tous les arbres en France sont
achetés par les Chinois !) ont été plantés
en janvier dernier. L’iris central abritera
un musée en plein air, le premier musée
mondial des arts aériens. Son plan est di-
aux géoglyphes préhistoriques et à une
carte du ciel. Le second œil, Dédale, œil
est, devrait être inauguré en 2025-2026.
Il comportera en son centre un belvédè-
re, un observatoire du ciel. Et autour,
quatre jardins en labyrinthe, qui vont de
la brique à la pierre au végétal.
Né en 1942, Antoine Grumbach est un
théoricien, un homme de concepts et
de visions nourri par ses rencontres,
étudiant avec les grands intellectuels
structuralistes, Roland Barthes, Michel
Foucault et Umberto Eco. Il a fermé son
agence d’architecte en 2015 après avoir
beaucoup œuvré dans l’urbanisme et la
réhabilitation de quartiers entiers, de
Shanghaï à Moscou, de Marseille au
Grand Paris. Il aime Italo Calvino et
« rêve de donner un visage à sa cité invi-
sible ». Beaucoup d’humanisme et de
réflexion pour, au final, cette œuvre de
land art qui sera ouverte vers l’espace
et libre pour le public. ■
« Enchan-Temps : les yeux du ciel. Antoine

américain Robert Smithson au bord du sage et de décollage de Roissy-Charles- rectement inspiré du monument mégali- Grumbach », à la Galerie Jeanne Bucher
Grand Lac Salé en avril 1970, en mouve- de-Gaulle. À la fois monumentaux et thique de Stonehenge, avec deux cercles Jaeger (Paris 3e), jusqu’au 15 janvier 2024.
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

MOTS FLÉCHÉS 27
MOTS FLÉCHÉS GÉANTS DU SAMEDI N°3716
CRAMOISI MURÉ STUPÉFIER DIRIGÉE PASSE DEUX PIEDS EN PRO- MINEURE, ROCHERS À TRAVAIL VOLCAN DE
VENANCE DE PAYSAN SICILE
JEUNE FILLE POUR COMTE ET EN POÉSIE DE EN TURQUIE PEINE PRÉNOM DE
SUR UN SE SOU- FRIVOLITÉ OBJETS DE ALLER VAMPIRE VISIBLES MONT DE DIVUL- LA BOÉTIE
METTRE D’ADO VALEUR ROSE VIF CAVITÉ DE INAUGURÉS
BANC PARTOUT LA FACE EN MER GRÈCE GUANT
DONS
GÉNÉREUX TELLE UNE
JUPE BIEN
POINTE DE MINI
CRAYON
PLÉTHORE ESTHÉ-
TIQUEMENT
EXPLOITER MARC
ÉCLAT AC- SÉCHAI
CIDENTEL AU FOUR
BÊTE ET
LE COBALT MÉCHANTE
DISTANCE COQUINE CANAPÉ COIFFURE
DE POUR DEUX PAPALE COMME LES
MANDARIN ACCENTS
FEUILLE À DÉMONS- ONZE
SOL EN CHIQUER D’ÉTÉ
BOIS TRATIF LYONNAIS
A TOUCHÉ ÉCHÉANCE GRAND
FATALE CERF DU
LE FOND ENGRAIS POUR UNE
MINÉRAL DINDE NORD
BRUIT SEC PLUS CRIBLÉES
AMERTUME BÊTE À BOIS MIS EN DÉPARTE-
BOUE
ENCHÂSSÉ MENT DE
PREND LE À LA CANTON DE BOURG-
BÂTON VÔTRE ! LA
MAYENNE EN-BRESSE
S’OCCUPE RELATIF CHIPOTE
DU AU LAIT LE COIN DU PARFOIS
CHALAND FEU DE
DEVANT DES CHEMINÉE DIEU
LIBITUM ENZYMES ÉGYPTIEN
UNE DES COURS DE ABSORBER BELLE PAS DIT
SIX NA- STATION FRANÇAIS TYPE DE YÉMÉNITE GARNIES DE
TIONS D’UN ÉMETTRICE BILLET DE GREFFE PETITE BAIE DU BON POIGNÉES
TOURNOI VOYAGE POMME (D’) JAPON GRIMPEUR
DONNERAI UN TYPE DE
DU GOÛT SOCIÉTÉ
SOLITAIRE
AVEC DES POUSSÉE
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ART
CHORÉ-
GRAPHIÉ
PLAISANT
RECUEIL
PEINTURE EN PORTÉE PORTAILS
DES RUES
PLANTE
Alignez les lettres, SERPENT
CONSTRIC-
SUR
ÉCRANS
COUP AU TEUR PIERRE
TRICTRAC DES LACS
repérez les chiffres, D’AIGLE
EN FIN DE
ATOMES BELOTE IL SE TESTE
FACTEUR
déplacez les cartes… SE
MONTRER
AVEC
SENSIBILITÉ
SANGUIN DIGNE
EFFET
SONORE RAZ-
DE-MARÉE
11 JEUX À DÉCOUVRIR VALLÉE
DE JEUX
ON Y
TROUVE
TOUTES
NIPPONS ATTAQUER SORTES DE
KILOEURO EN JUSTICE REMÈDES
ÎLE ÉLU DES
BRETONNE PYRÉNÉES
LIQUIDE
PRATIQUE BRISE-
DE TOUBIB GLACE
QUI EST ZONES AUX FIN DE ILS SE DIS-
À MOI SABLEUSES DIMEN- MODE IL EST TENDENT
REDOUBLÉ
FAIT ET SIONS DU MOT POUR RIRE AVEC LE
ILLICITE MALAISÉES PAYS CONTRAIRE TEMPS
POSSÉDÉ
CORDON DE
PIÈCES
PHASE DE ARTICLE ON LE FAIT
LA LUNE ESPAGNOL IL SE LANCE ON NE PEUT POUR
SUR BIEN PLUS CLAIR RANGER
BRISEUR BOUT DE DES PISTES ET PRÉCIS ! BONS
DE COQUES CHOCOLAT COPAINS
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CRÉTOISE TANGIBLES RELIGIEUX SINGE TENSION PAR LE
QUI NE PÈSE HAUT
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C’EST UN MÉMOIRE
STYLE !
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NEMENT PRIX COUPER RILISATION ROUX
CANARD UN TERME ENCOURA- DISPOSÉ
DANS LA CONNU GEMENT SELON UN
FOSSE DU PHOTO- POUR LE RAYON
LIMÉE GRAPHE TORERO ABASOURDI
DINOSAURE RÉSEAU DE ENGAGÉ BROU DE PRESQUE
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AU LONG ELLE FAIT TAIRE BOULE- D’OCTETS
COU LE DUO UNE FLEUR DE-NEIGE SOL
FAIT GIGAOCTET AIR
UNE SOUS- EN ABRÉGÉ SYNCOPÉ
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ARMÉ ET LE RESTE LAMBIN
FLANC LARGEUR INSECTE À PARTIE C’EST LE AGENT
CHEVELURE UN SPÉ- D’ÉTOFFE AIGUILLON D’ÉCHECS PIED SECRET DE
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MARATHON ALIMENTÉS TOIT SIGMA ÉMILION XV (D’)
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ADRESSE DE RAIES CHABLE
MESURE DE TAPIS DE UNE SUP-
SUPERFICIE CUISINE POSITION
A DONC LA PROVIENT USNÉES
PRIORITÉ DE EMPEREUR,
DOULEURS NEVEU DE
GOMME AFFAIRE DE OU CALIGULA
DE ROUE TOILETTE... PASSIONS
FABRIQUE ELLE A
D’ESPA- QUELQUE IL JOUE
CHOSE AVEC UN
DRILLES D’IRRITANT JEU DE CLÉS
DROGUE DAIS
AUDI- IL MEURT IL FAIT LA
RATTRAPÉ TIONNÉE DANS LA CELA EN SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
DE JOIE RENOMMÉE FAIT, DES
NOUVEAU UN PROCHE NORMALE DU LUSTRES !
M L O J I B G E L B A C R
DE FERRY SUP CHÂTEAU
V I S A R E U T I L I S E P A I L L A R D I S E

S’ACCORDE C O N C A S S E A A R A I R E E Z E T P
SUR LES
PRIX T R U C A G E R E C E P E S P R E U O R A L

O V I D E A R C A D E T R I P Y R A M I D E
SIGLE
D’UNION SYMBOLE IL ROULE
DU MAN- TRAITE DANS UNE
E B E N E C I A O G A R E O L E S P I N O T
PARÉE LA PEAU
À MANŒU- GANÈSE COURONNE I R A N I E N S R A N D O N N E R S I S S E
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FORME PARLER B E N R A R E S C E N T F E R S E M
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO

28 TÉLÉVISION
ART CULINAIRE
CHEMINS DE TABLES
LE DOCUMENTAIRE « NOS RESTAURANTS : UNE GRANDE HISTOIRE
FRANÇAISE », NARRÉ PAR FRANÇOIS-RÉGIS GAUDRY ET DIFFUSÉ
SUR M6, MET À L’HONNEUR LES PALACES COMME LES ROUTIERS.
Figra) ou Notre-Dame de Paris pour
SARAH LECOEUVRE France Télévisions.
£@SarahLecoeuvre La Révolution française a donné un
coup d’accélérateur au développement
l s’en ouvre 20 000 chaque année et à l’essor du restaurant. « Beaucoup

I dans l’Hexagone. Premier loisir

des Français, le restaurant est à
l’honneur ce samedi soir sur M6
dans un documentaire narré par
le critique culinaire François-Régis
Gaudry. « C’est le film le plus ambitieux
jamais réalisé sur ce pan de notre histoire
gastronomique », résume le présen-
tateur de l’émission hebdomadaire
« Très Très Bon » sur Paris Première.
« Un film de 150 ans d’histoire nourris-
sant et populaire au sens noble du
terme », ajoute l’expert.
De la naissance de la toque et du
critique - pour « manger à l’œil » !- à
celle de la cuisine de palace, en passant
par les bouillons, le réalisateur
Emmanuel Blanchard passe en revue
les grands bouleversements de l’art
culinaire. « L’idée était de raconter
comment la France est devenue la patrie
du restaurant », souligne l’intéressé.
« Restaurant est l’un des mots français
les plus répandus dans le monde
et son histoire ne s’arrête pas à
son invention. Elle continue jusqu’à une
date récente », défend Emmanuel
Blanchard également à l’origine de
documentaires comme
Le Monde sous les
bombes, de Guernica à
Hiroshima (récompensé
en 2017 par le prix ○○○¡
d’officiers de bouche qui travaillaient
pour des familles aristocratiques ont dû
s’exiler à l’étranger, menacés par la
guillotine. Les cuisiniers sont descen-
dus dans la rue pour rejoindre des
établissements », raconte François-Ré-
gis Gaudry. Puis les années 1960 ont
marqué un tournant avec l’ère de “la
nouvelle cuisine” », une révolution culi-
naire et sociologique. « Le lobbying de
Paul Bocuse a vraiment sorti le cuisinier
des sous-sols. Il en a fait un personnage
charismatique avec la grande toque sur
la tête », complète l’animateur qui in-
tervient aussi dans la deuxième partie l’instar de Thierry Marx, Hélène Pas de révolution sans contestation. De la naissance de la toque
de soirée de « Top Chef, les grands Darroze, Cyril Lignac… « J’ai très sou- La première polémique de ce monde à celle de la cuisine de palace,
duels », aux côtés de Stéphane vent interviewé ce dernier, je ne l’avais remonte au début du XXe siècle entre le en passant par les bouillons
Rotenberg sur M6. jamais entendu s’exprimer sur Antonin critique Curnonsky et Auguste Escoffier (ici, le Bouillon Chartier, à Paris)
Carême (premier cuisinier qui s’est fait qui a professionnalisé la cuisine des et l’arrivée du burger, le film retrace
Nombreuses anecdotes l’histoire de la restauration française.
appeler chef, ndlr) », remarque palaces hôteliers. Le premier était
CAPTURE D’ECRAN / M6
Sans oublier l’arrivée du burger qui a François-Régis Gaudry. Yannick Alléno fermement opposé à la spécialité du
révolutionné le bistrot français. Jacques est tout aussi passionnant sur la partie deuxième, n’attachant guère d’impor-
Borel, le pionnier de la restauration consacrée aux frères Michelin, tance au mobilier et décor d’apparat
rapide dans l’Hexagone, raconte son pionniers de l’automobile, qui ont d’un établissement. «Je ne vais quand
parcours. Un joli coup, l’homme de inventé le fameux Guide rouge à leur même pas au restaurant pour manger les
96 ans n’accorde quasiment pas d’en- nom. Le multi-étoilé rappelle les rideaux ! », s’était-il exclamé selon la
tretien télévisé. fondamentaux : « Une étoile pour une légende. Curnonsky validerait ce film
Il est par ailleurs assez bluffant de voir bonne table, 2 étoiles vaut le détour, puisqu’on y suit également Laurent
reconstitué dans ce film 3 étoiles vaut le voyage ». Un passage où Lala, chef d’une pizzeria à Marseille, ou
le tout premier restau- l’on apprend également que le guide a encore les fameux Routiers qui font
SAMEDI rant et d’apprendre une servi en 1944 aux soldats américains à se partie, à leur manière, du patrimoine
21.10 foule d’anecdotes de la
part de pointures, à
repérer pour libérer les campagnes
normandes.
culinaire. Bon appétit bien sûr, s’il vous
en reste en cette période de fêtes ! ■

UNE « CHAUVE-SOURIS » À PLUMES ET À POILS

ARTE RETRANSMET DEPUIS MUNICH L’OPÉRETTE PHARE DE JOHANN STRAUSS, MISE EN SCÈNE PAR BARRIE KOSKY DANS L’ESPRIT CABARET.
Le Réveillon sert de base à l’intrigue de les plus grands festivals d’opéra vement drag-queen que de l’ère post-
THIERRY HILLÉRITEAU £@thilleriteau La Chauve-Souris. Menée tambour d’Europe, le mage Barrie Kosky est un MeToo. Boas, plumes et paillettes
battant - et à un tempo d’enfer - par un habitué des lieux. Ces dernières années, devraient donc être de sortie. Et les
ffenbach ou Johann autre tandem tout aussi prolifique, on l’a notamment vu présenter à voix au rendez-vous.

O Strauss ? Tel est le choix

cornélien qui se pose
généralement aux mélo-
manes, au moment des
fêtes de fin d’année. Pour le réveillon,
Arte a tranché. Et décidé de poser ses
caméras à l’Opéra d’État de Bavière, où
cette nouvelle production promet donc
une fête sonore et visuelle de tous les
instants.

Le charismatique Georg Nigl
dans le sublime contre-emploi comique
d’Eisenstein. ARTE
se donne actuellement un incon-
tournable du « roi de la valse » : sa
Chauve-Souris. Le choix du roi, pour
ainsi dire, puisque l’ouvrage, troisième
opérette de Johann Strauss II, doit une
large part de son succès en 1874
aux librettistes phares d’Offenbach :
Meilhac et Halévy - dont la pièce
Arroseur arrosé
Car c’est au metteur en scène australien
Barrie Kosky, éminent spécialiste de
l’opéra-comique de tradition viennoise
ou germanique, que Serge Dorny, le
nouveau patron de l’Opéra de Munich,
a choisi de confier les manettes de ce
spectacle. Malgré ses innombrables
engagements, que ce soit pour l’Opéra-
Comique de Berlin dont il assume la
direction depuis une décennie où dans
Munich La Petite Renarde rusée de
Janacek, ou encore Le Chevalier à la
rose de Richard Strauss, pour lequel il
avait déjà collaboré avec le chef
Vladimir Jurowski. Les deux hommes
se connaissent bien. Cette Chauve-
Souris constitue rien moins que leur
Pour revivifier ce standard de
l’opérette viennoise, l’Opéra de Bavière
a misé sur un plateau de choix. Rien
moins que Diana Damrau pour incarner
Rosalinde, et le charismatique Georg Nigl
dans le sublime contre-emploi comique
d’Eisenstein : bourgeois moins précieux
septième collaboration ! que ridicule et plus outrancier que
Ici, pas de références appuyées à gentilhomme en arroseur arrosé. Quant
l’actualité. Kosky promet du pur diver- au Prince Orlofsky métamorphosé
tissement. Ses tableaux en drag-queen, il échoit
semblent tenir davan-
tage du New York
DIMANCHE àdu unrépertoire autre spécialiste
contem-
underground des an-
nées 1970 et du mou- ○○○¡ 23.30 porain : le contre-ténor
Andrew Watts. ■

LE GRAND RÉVEIL DES FICTIONS HELVÉTIQUES

Magnum, est pris de court quand son créations pour la communauté
COMÉDIE, POLAR, FRESQUE patelin commence à attirer les italophone, moins représentée à
HISTORIQUE… LE CRÉATIVITÉ criminels. « J’adore le genre policier. l’écran.
On y trouve de l’humour et du drame. La Suisse n’a pas échappé à
SUISSE EST D’AUTANT
PLEIN ÉCRAN

La Suisse n’a pas de gros problèmes, l’engouement mondial pour les

séries. Productrice des Indociles,
PLUS BOUILLONNANTE comme ses voisins français et alle-
mand. Il y avait un vrai décalage à Elena Tatti a constaté « une restruc-
QUE TOUTES LES COMMUNAUTÉS confronter nos héros turation et une professionnalisation de

LINGUISTIQUES Y CONTRIBUENT.
Au Festival international du film de
Genève (GIFF) en novembre dernier,
les séries helvétiques ont volé la
vedette aux longs-métrages en
compétition, remplissant les salles.
Trois productions étaient en haut de
l’affiche reflétant, avec un éclat et
une ambition inédits, la diversité
culturelle et linguistique de la
Confédération. Elles mériteraient
d’atterrir sur le radar des diffuseurs
français. Raz de marée avec 33,9 %
de part de marché en Suisse aléma-
nique, Tschugger dévoilait sa troi-
sième saison. La comédie rétro et
loufoque, dont le titre signifie « flic »
en dialecte haut-valaisan, suit les
péripéties de Bax. Ce policier, à la
moustache aussi fournie que
A
amateurs au ban-
ditisme », explique Séries
l’auteur, interprète
principal et coréali- Décryptage
sateur de Tschugger
David Constantin. PAR CONSTANCE JAMET
cjamet@lefigaro.fr
« Dans sa tête, Bax
s’imagine réaliser
des exploits hollywoodiens, mais il
tient plutôt du Flic de Beverly Hills »,
souligne ce fan de Sacha Baron
Cohen passé par la pub.
Changement d’échelle
La Suisse romande proposait au GIFF
la fresque historique Les Indociles.
Cette adaptation de la BD de Camille
Rebetez et de Pitch Comment suit le
destin de trois amis des années 1970 à
2000. Désireux de changer le monde,
ils mettront leur utopie en action
dans une ferme jurassienne. Une
saga qui laisse entrevoir des facettes
David Constantin (Bax) et Arsène Junior Page (Juni), dans la comédie policière
Tschugger. DOMINIC STEINMANN/SRF
insoupçonnées de la Suisse : les
remous de Mai 68, l’émergence des
scènes ouvertes de la drogue, les vel-
léités indépendantistes. Comme dans
The Crown, les acteurs passent le
relais à d’autres quand ils n’ont plus
l’âge de camper leurs personnages.
Dernière manifestation de ce
dynamisme, la présentation d’Alter
Ego, première production tournée
dans le canton du Tessin. Le polar
met en scène une série d’enlè-
vements rituels en plein carnaval
dans la ville fortifiée médiévale de
Bellinzona. L’énigme baigne dans
une atmosphère crépusculaire.
L’influence de David Fincher est
palpable. Ce projet est né sous
l’impulsion du groupe audiovisuel
public SSR qui désire développer des
la production accompagnées d’un
déclin des unitaires ». « Les projets
visent moins un public local. Ils abor-
dent des problématiques, des genres
qui parlent à l’international. Les
Indociles ont un ancrage marqué dans
notre territoire mais l’ampleur du
propos laisse espérer l’exportation du
programme », estime-t-elle.
Ce changement d’échelle devrait
s’accélérer en 2024 avec l’entrée en
application de la « loi Netflix » qui
impose aux plateformes de strea-
ming et aux grandes chaînes de
télévision étrangères (TF1, M6), qui
diffusent des publicités spécifiques à
la Suisse, d’investir 4 % de leurs
recettes dans le secteur audiovisuel
et cinématographique. Elles seront
donc sur un pied d’égalité avec les
diffuseurs suisses qui versent déjà
leur contribution en faveur des
fictions helvètes. ■
 LE FIGARO samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023

TÉLÉVISION Tous les programmes

dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag MÉTÉO PAR 29
ÉPHÉMÉRIDE St-Roger
L’essentiel Soleil : Lever 08h43 - Coucher 17h02 - Lune décroissante

21.10 21.10 21.10

du dimanche SAMEDI
Star Academy he Floor – Meurtres à... 21.10 Le grand bêtisier 10
Téléréalité À la conquête du sol Série. Policière Clips. Prés. : Karine Ferri et Chris- 90
tophe Beaugrand. 3h25. 10
11 8 10
Le grand bêtisier du 31. Inédit. 12
Pour cette soirée de réveillon gla- 11
9 11
mour et paillettes, Karine Ferri et 12
12 10 10
Christophe Beaugrand convient 9
les téléspectateurs à un «grand 10
12 10
bêtisier du 31». 12
10
Prés. : Nikos Aliagas. 2h35. Inédit. Plus Jeu Fra/Blg. 2021. Saison 9. Avec Joyce 21.10 La Grande Soirée
la inale se rapproche, plus la tension Prés. : Cyril Féraud. 2h13. Inédit. Bibring. Meurtres à Amiens. Au cœur du 31 de Paris 50 10
monte au château, et encore plus des hortillonnages d’Amiens, sur une
12
Un plateau constitué de 100 cases, Divertissement. Prés. : Marie 13
lors du prime. Après une semaine nacelle de manège en forme de Nau- 12
100 candidats, 100 catégories avec Portolano et Stéphane Bern. 1h30.
intense auprès de leurs professeurs, tilus, lotte le cadavre d’une femme 13 12
100 000 euros à la clé : au cours de ce C’est le moment de mettre les
les élèves souhaitent présenter leur quiz géant, les participants se déient qui menait un ambitieux projet de petits plats dans les grands et 14 14
meilleure performance au public. dans des face-à-face tout en images. parc d’attraction. d’eniler smoking ou robe du soir : 14
17 15
23.45 Star Academy. Téléréalité. 22.43 Meurtres à... Série. Policière. l’année 2023 se termine et 2024 15
23.23 Quelle époque ! Talk-show. 15
Retour au château. Inédit. Meurtres dans le Cantal. pointe son nez à l’horizon, pleine
Best of 2023. 14
d’espoir et de promesses. 20

21.10 Les enquêtes 15

de Vera
DIMANCHE
21.00 20.50 21.10 Série. Policière. GB. 2016. Saison
6. Avec Brenda Blethyn. Chas- 90
9
Rugby : Top 14 Le loup, un vagabond Nos restaurants : une seurs de papillons. Le cadavre 9
Sport sans frontière grande histoire française d’Alex Gartside est retrouvé au 9 8 9
bord d’une route. L’œuvre d’un 9 10
chaufard ? Lorsque Vera et Aiden 8 8
11
inspectent le manoir dont Alex 10 9
10 8
était le gardien, ils découvrent
10
avec stupeur un second cadavre. 10
11 9
10
21.09 Transformers :
Rise of the Beasts
e
11 journée : La Rochelle - Toulouse. Documentaire Documentaire Film. Science-iction. EU. 2023. 9 11
En direct. La 11e journée de Top 14 Ned. 2022. Réal. : Cees van Kempen. Fra. 2023. Réal. : Emmanuel Blan- Réal. : Steven Caple Jr. 2h08. Avec 80 9 11
voit ce choc entre le Stade Rochelais 1h35. Inédit. Né dans l’est de l’Alle- chard. 1h45. 2 épisodes. Emblème Anthony Ramos, Dominique Fish- 12 10
et le Stade Toulousain prendre forme. magne, un jeune loup entreprend sa d’un art de vivre à la française, les back, Lauren Vélez. Au milieu des
13 12
Les deux ont besoin de points pour migration jusqu’aux Pays-Bas. Un restaurants sont un peu l’âme du années 1990, deux groupes de 13
se remettre en place dans le haut documentaire sur un prédateur qui pays. François-Régis Gaudry raconte robots humanoïdes s’associent 14 11
du tableau. fait son retour en Europe de l’Ouest. l’histoire de ces établissements. pour enin venir à bout d’ennemis 14 14
qui menacent la planète entière. 60
22.52 Canal Rugby Club le débrief. 22.25 La montagne aux renards. Doc. 22.55 Cauchemar en cuisine. Doc. 13
21.00 La grande course 14
autour du monde
Film. Comédie. EU. 1965. Réal. : T (en °c)
Blake Edwards. 2h26. Avec Tony <-10 à 0 0 à 10 10 à 20 20 à 30 30 à >40
Curtis. Une folle course automo-
19.36 Le grand bêtisier. Div. 17.10 La petite histoire de France. 20.15 Burger Quiz. Jeu. bile de New York à Paris, au début
21.10 Les plus grands 21.05 La petite histoire 21.15 Columbo du XXe siècle, est l’occasion pour
magiciens du monde – de France Série. Policière. EU. 1991. Saison 11. un professeur sans scrupules de 12/17 7/9 7/15
ALGER AMSTERDAM ATHÈNES
Mandrakes d’or Série. Humoristique. Fra. Avec Avec Peter Falk, Rip Torn, Jamie nuire à un grand pilote.
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Spectacle. Prés. : Maxime Guény et Maxime Gasteuil, Alexandra Roth, Rose. Meurtre au champagne. Le
Charlotte Bermond. 1h32. Mandrakes Ophélia Kolb. Inédit. Tout le monde propriétaire ruiné d’une joaillerie met 21.10 M6 sur son 31, BERNE 2/9 BRUXELLES 7/10 BUDAPEST 1/8
d’or 2023. Inédit. La 34e édition réunit connaît Jeanne d’Arc, Louis XIV et au point une terrible machination ain que la fête commence ! COPENHAGUE 4/5 DUBLIN 5/11 LISBONNE 11/16
les plus grands magiciens du monde. Napoléon. Leurs cousins en revanche de s’approprier la somme colossale Divertissement. Prés. : Élodie LONDRES 7/11 MADRID 3/11 PRAGUE 7/9
ne sont pas entrés dans l’histoire. gagnée par son neveu à la loterie. Gossuin. 1h45. Inédit. En atten- RABAT 10/20 ROME 10/15 TUNIS 9/16
22.47 Les plus grands magiciens du dant les douze coups de minuit et
monde – Mandrakes d’or 2022. 23.00 La petite histoire de France. 23.05 90’ Enquêtes. Magazine. mais peut
le passage rester
à 2024, confiné
M6 propose
un show musical et festif pour LUNDI MARDI MERCREDI
danser jusqu’au bout de la nuit sur
les tubes d’hier et d’aujourd’hui. 6/8 10/12 9/10
20.04 C l’hebdo la suite. Talk-show. 19.25 Occasions à saisir. Doc. 20.00 Historiquement Show. Mag. 8/11 5/7 12/13 7/9 10/11 9/10
21.00 Échappées belles 21.10 Le génie français 20.50 Toutânkhamon Téléchargez l'application
7/9 11/11
Magazine. Prés. : Ismaël Khelifa. 1h30. Documentaire. Fra. 2019. Réal. : Alex Série. Dramatique. GB. 2016. Saison 1. 10/11
La Suisse, de village en village. De de Gary. 1h20. Les trains de tous les Avec Max Irons. 2 épisodes. Au 7/11
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canton en canton, Ismaël Khelifa tente records. Des premières locomotives début du XXe siècle, l’archéologue et les jeux exclusifs du Figaro.
de comprendre comment les villages électrique au TGV en passant par aventurier britannique Howard Carter
L’intégralité de Figaro jeux
suisses ont su garder leur authenti- l’Aérotrain, les ingénieurs français organise un vaste chantier de fouilles
cité, leurs traditions et leur patrimoine. sont depuis les années 50 des spé- dans la Vallée des Rois, en Égypte.
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MOTS CROISÉS Par Vincent Labbé SU DO KU

PROBLÈME N° 6488 1 2 3 4 5 6 7 8 En partant des chifres déjà placés, remplissez les grilles de manière à ce que chaque ligne, Chaque jour un peu plus difficile
chaque colonne et chaque carré de 3 x 3 contienne une seule et unique fois tous les chifres de 1 à 9.
HORIZONTALEMENT 1
1. Maladie affectant le porc mais aussi le rat. - 2. Ils ne GRILLE 4591 FACILE GRILLE 4592 DIFFICILE GRILLE 4593 DIABOLIQUE
manquent pas de souffle en poésie. - 3. Enlevât la peau. 2
Poudre à raser. - 4. On le montait pour la parade. - 5. 4 2 1 6 6 8 9 1 8 5 3
Ont dû faire un peu d’ombre à Giono. Devant un public.
- 6. Direction. Vieille friandise à déguster par les deux
3 1 5 3 8 2 9 5 6 3 9
bouts. - 7. Passage à vide. Fait des ronds en Amérique.
- 8. La liste serait longue sans lui. Appréciée par les
4 8 9 3 2 5 6 7 6
amateurs de crudités. - 9. Priseras le contenu de la 5 1 9 6 7 2 9 1 5 6 9
blague. - 10. Fine bouche athénienne. Baromètre de
l’activité économique. - 11. Examine en profondeur. - 12. 6 6 2 3 4 5 9 8 8 4 5 4
Comprend une demi-douzaine de piges.
7
5 7 6 2 5 6 4 7 8 8 1
VERTICALEMENT
1. Bâtiments à lanternes. - 2. Artiste qui a besoin d’acide 8
7 8 5 4 9 3 2 7
pour être créatif. - 3. Forment une paire liée. A un teint 8 1 9 6 1 2 4 1
d’ombre. - 4. Pratique régulière. Est désormais hors 9
d’affaires. Était apprécié pour son jeu d’iambes. - 5. 3 5 7 2 4 7 1 9 3 8 5
Centre de pipeline. Fait coup double sur un tambour. 10
SOLUTION DES MOTS MÉLANGÉS

Dépôt de bière. Au bord de l’Indre ou du Rhin. - 6. Stylos LETTRES EN PLUS LETTRES EN MOINS
techniques. Descendance étrangère. - 7. Misaient tout 11
sur le neuf. - 8. Famille d’imprimeurs qui a fait école. Composez un mot de six lettres avec la lettre en plus. Dans chacun des mots horizontaux, rayez une lettre ain de
Entrait par derrière. 12 Qui fait dans le collectif créer un mot nouveau et reportez cette lettre dans la colonne
LE MOT À TROUVER EST : NOTICE.

vide. Vous découvrez alors verticalement le mot mystère.

C O L I S + A =
SOLUTION DU PROBLÈME N° 6487 Marche ière F A C T U E L M A I G R E
HORIZONTALEMENT 1. Franches. - 2. Levaient. - 3. Évitable. - 4. D R A P E + A = D E R I V E R G E N E U R
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XIV. Œil. - 5. Iter. Tel. - 6. Tanise. - 7. Altaï. Bi. - 8. Ri. Loser. - 9. ISF. L’APPLICATION Tout à fait puant
Noce. - 10. Sean. La. - 11. Méritant. - 12. Esseulée.
T I E D E + F = G R A T I N E B E R C E R
VERTICALEMENT 1. Flexitarisme. - 2. Revitalisées. - 3. Avivent.
M A L A D I E A R A I R E
A

Fars. - 4. Nat. Rial. Nie. - 5. Ciao. Sion. Tu. - 6. Hébété. Solal. - 7. Enlie. Mettre en chifon
Bécane. - 8. Stellaire. Té. F R I R E + P = E N T R A V E A L L E L E
 samedi 30 - dimanche 31 décembre 2023 LE FIGARO
30
PORTRAIT CES DEUX FRÈRES, SIXIÈME GÉNÉRATION
À LA TÊTE DES BOUCHERIES NIVERNAISES, FOURNISSENT
LES PLUS BELLES TABLES FRANÇAISES, Y COMPRIS L’ÉLYSÉE.
QUI EST À DEUX PAS DE LEUR MAGASIN HISTORIQUE.
MICHEL ET BERNARD
BISSONNET ORFÈVRES
EN VIANDE DE PÈRE EN FILS
Éric de La Chesnais
£@plumedeschamps
Q
uand on évoque le
nom des Bissonnet
vient aussitôt l’ima-
ge de la boucherie
française, celle qui
fait la fierté de la
gastronomie trico-
lore. Du gibier de
Sologne au bœuf de
l’Aveyron. De la fine volaille de Bresse
ou des Landes à l’agneau du Quercy. Du
carnetdujour@media.figaro.fr
LEFIGARO.FR/CARNETDUJOUR
A
porc noir de Bigorre ou fermier breton,
aux meilleurs abats. « Tout y est valorisé
avec talent, reconnaît Guillaume Go-
mez, ambassadeur de la gastronomie
française. Pendant les vingt-cinq années
où j’ai servi aux cuisines du Palais de
l’Élysée, les Bissonnet ont toujours ré-
pondu présents et m’ont accompagné
dans ma mission », ajoute l’ancien chef
de l’Élysée. On ne peut pas dresser
meilleur éloge des Boucheries niver-
naises, résultat d’une saga familiale ba-
sée sur la passion du travail bien fait,
depuis six générations.
Aujourd’hui, Bernard et Michel
Bissonnet en sont les dignes représen-
tants depuis la disparition de leur père
Jean, à l’âge de 93 ans, en juillet 2022. Il
FIANÇAILLES
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est à l’origine de l’arrivée de la famille
dans la capitale. En 1954, Jean et sa
femme Monique quittent la boucherie
chevaline de Briare dans le Loiret pour
arriver à Suresnes, aux portes de Paris.
Ils s’implantent cinq ans plus tard au
99, rue du Faubourg-Saint-Honoré. À
quelques encablures du Palais prési-
dentiel qu’ils fournissent en viandes
savoureuses sans discontinuer depuis
le général de Gaulle. Une référence qui
a servi de tremplin à la boucherie de
détail, devenue aujourd’hui un groupe
de 220 personnes. Les Boucheries ni-
vernaises fournissent désormais les ta-
bles ministérielles et celles des grands
hôtels et restaurants partout en France.
Malgré ce succès, Bernard et Michel
Bissonnet restent modestes, fiers de
leurs origines. « J’ai été conçu dans
l’arrière-boutique de la boucherie de
mes parents à Suresnes, là où ils avaient
un petit logement, indique Bernard, né
en 1955, l’aîné d’une fratrie de trois.
Pour me distraire, mon père avait fabri-
qué un hochet avec une queue de cochon
et de la ficelle à rosbifs. » Et de repren-
dre : « Maman tenait à ce que l’on ob-
tienne notre bac. Papa n’avait eu que son
certificat d’études. J’ai eu mon bac litté-
raire A4 en 1973 avec mention, et suis
rentré dans une école de commerce pari-
sienne, l’ESLSCA (École supérieure libre
des sciences commerciales appliquées).
J’y ai rencontré mon épouse Françoise,
fille d’éleveurs de brebis dans le Centre-
Val de Loire. » Les deux frères ont tou-
jours été très proches, comme des ju-
meaux, à tel point que les gens les
confondent souvent. Leur mariage ne
les a pas séparés. Leurs femmes s’en-
tendent très bien et sont impliquées
dans la vie du groupe. Les couples
partent ensemble en vacances ou en
week-end.
La relève assurée
Quand Bernard parle, son frère Michel,
quatre ans plus jeune, n’est jamais très
loin. « Depuis notre enfance, nous avons
passé nos temps libres avec mon frère à
apprendre le métier, insiste Michel. En-
fants, nous tenions la caisse et avons ap-
pris très vite le calcul mental. Nous al-
lions aussi pour les achats à Rungis à
2 heures du matin avec notre père, qui
nous a appris à choisir la bonne viande.
Le sourcing est très important. En juin
1978, j’ai eu mon bac A4 comme mon
frère. J’ai démarré en juillet à la bouche-
rie de Parly 2, derrière le billot comme
vendeur. Bernard nous a rejoints quel-
ques mois plus tard, une fois son diplôme
de commerce en poche. Nous avons gravi
les échelons un par un sans concessions,
car nous étions les fils du patron. »
Les deux frères sont très complémen-
taires. L’un est posé. L’autre toujours à
l’affût d’opérations de croissance exter-
ne, telles leur participation de 45 %
dans le grossiste Novoviande, en 2008,
et, depuis peu, dans Beaugrain à Rungis.
« Les Nivernaises se végétalisent en
ayant pris la majorité dans Beaugrain,
annoncent Michel et Bernard. Outre la
viande, ce grossiste distribue des fruits et
légumes ainsi que de la crémerie labelli-
sée, des produits issus de l’agriculture
raisonnée. Cela répond à une demande de
nos clients restaurateurs. » De quoi ren-
forcer leur présence sur le premier
marché de gros européen de produits
frais. « Ils jouent un rôle important à
Rungis, car ils y ont plusieurs entreprises
complémentaires, souligne Stéphane
Layani, président de Rungis. Malgré
leurs succès professionnels, Bernard et
Michel restent humbles et conviviaux.
Nous avons une passion en commun : les
Rolling Stones. Ils sont aussi très attachés
à la famille. Je me souviens de la remise
de la Légion d’honneur par Henri de Cas-
tries à leur père au Club de la chasse en
VALÉRIE SOLVIT
Michel et Bernard Bissonnet.
2017. Cinq générations étaient rassem-
blées autour du patriarche. J’ai fait
connaissance de leur sœur médecin. »
Boucher de père en fils, la relève est
assurée par leurs trois garçons. Ils sont
au comité de direction après avoir fait
leur preuve en commençant par le bas
de l’échelle comme leurs parents. Jean-
Baptiste a, par exemple, fait un stage de
trois mois dans un abattoir au Brésil
avant de rejoindre le 99 rue du
Faubourg-Saint-Honoré. Ses cousins,
Julien et Charles, les fils de Michel,
dirigent le Coq Saint-Honoré à Rungis.
Mais depuis cette année, la transmis-
sion du métier se fait aussi de père en
fille. À 43 ans, Émilie Bissonnet - fille
aînée de Bernard et sœur de Jean-
Baptiste -, vient de rejoindre le groupe
familial après une carrière dans des
groupes internationaux emblématiques
dont la maison Hennessy. « Il y a de très
belles choses à faire au sein des Niver-
naises, affirme Émilie Bissonnet. J’ai
grandi dans ce milieu. Maintenant, j’ap-
prends à découper la viande au labo le
matin et pars en tournée commerciale
l’après-midi rencontrer les chefs.
Comme pour la chirurgie, l’à-peu-près
n’a pas sa place dans nos laboratoires.
Mon père et mon oncle sont très exi-
geants, mais savent écouter et encou-
rager leurs salariés. Certains ont fait
toute leur carrière dans le groupe. Ce
sont des valeurs familiales transmises
par nos grands-parents. »
Quand ils ne sont pas dans les frigos
ou à Rungis, les deux frères Bissonnet et
leurs proches partent au vert. « La
chasse c’est notre parenthèse enchantée
du week-end, avoue Bernard. Notre père
a acquis un domaine en Sologne, celui de
l’Étoile. C’est devenu le lieu des rencon-
tres familiales où l’on aime se retrouver et
chanter notre hymne : L’Africaine. »
Outre la passion du métier et de la
famille, Jean a transmis à ses deux fils
celle de la chasse. « J’ai toujours aimé la
nature. Papa nous a emmenés tout jeunes
à la chasse, se souvient Michel. On a tiré
nos premiers lapins à 7 ans et nos san-
gliers à 15 ans. » Ce loisir leur permet
également de voyager. Ils possèdent des
actions de chasse à Riquewihr près de
Colmar non loin des chefs étoilés Olivier
Nasti et Marc Haeberlin. « Les Bissonnet
font partie d’une famille qui s’inscrit dans
la tradition de la viande avec qui nous
travaillons depuis soixante ans, car la
qualité de leurs produits est indiscutable,
constate Marc Haeberlin, chef aux
2 étoiles au restaurant gastronomique
l’Auberge de l’Ill, à Illhaeusern en
Alsace. Ils nous fournissent des lièvres
pendant la saison de la chasse et, en ce
moment, du carré d’agneau ou de veau.
Ils sont devenus des amis, on se voit vo-
lontiers quand ils viennent dans le coin. »
Pour le réveillon de fin d’année, le
plat préféré de Bernard : « Une poularde
de notre ami Arnaud Tauzin. » Celui de
Michel : « Un chapon du même fournis-
seur. » « Michel et Bernard sont des gens
d’une grande rigueur dans ce qu’ils
entreprennent. Ils ne trichent pas, et
tiennent parole. Cela a contribué à leur
réussite, remarque Arnaud Tauzin,
éleveur de volailles traditionnelles à
Audignon et maire de Sever, dans les
Landes. En 2008, quand j’ai repris l’éle-
vage de mes parents, j’ai frappé à la porte
des Boucheries nivernaises. Je leur ai
donné deux poulets cou nu jaune. Cela
leur a plu. On travaille ensemble depuis
quinze ans. » ■