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SOLUTION À SALIF ZEMBA, PAR DELI ZRA ROLAND, dans ALGÈBRE ET GÉOMÉTRIE

Soit X un ensemble dénombrable. Soit FX l’ensemble des parties finies et non vides de X et IX l’ensemble des parties infinies de X.

Montrer que FX ∪ {∅} est dénombrable et en-déduire que IX ne l’est pas

1 Montrer que FX ∪ {∅} est dénombrable.


Comme X est dénombrable,
( alors il existe une bijection ϕ de X dans N. Soit n un entier naturel, on désigne par Fn l’ensemble des éléments x de
−1
ϕ (n) ∈ x  
FX qui vérifient :   . Autrement dit, Fn := x ∈ FX | max ϕ(x) = n .
∀y ∈ x ϕ(y) ⩽ n
n o n o n o
De façon imagée, F0 := ϕ−1 {0} , F1 := ϕ−1 {0, 1} , ϕ−1 {1} , F2 := ϕ−1 {0, 1, 2} , ϕ−1 {0, 2} , ϕ−1 {1, 2} , ϕ−1 {2} ,· · ·
   
S
Montrons que FX = Fn
n∈N
Soit x ∈ FX . x est fini, par définition de FX . Et donc ϕ(x) est aussi fini. De ce fait, ϕ(x) admet un maximum dans N, et en conséquence
S
x ∈ Fmax(ϕ(x)) . ce qui prouve que FX ⊂ Fn .
n∈N S S
Du reste, pour tout entier naturel n, Fn ⊂ FX . D’où Fn ⊂ FX . Et conséquence, FX = Fn .
n∈N n∈N
Montrons que pour tout entier naturel n, card(Fn ) = 2n
Soit n un entier naturel.
 
Fn = x ∈ FX | max ϕ(x) = n
= x ∈ FX |ϕ−1 (n) ∈ x et ϕ(x)\{n} ⊂ {0, 1, · · · , n − 1}


Fn = ϕ−1 ({n}) ∪ ϕ−1 (a) | a ⊂ {0, 1, · · · , n − 1}





Par suite, card(Fn ) = card P({0, 1, · · · , n − 1}) = 2n .
Ordonnons Fn
On définit la relation ⩽n sur Fn par :
 h i h      i

∀a, b ∈ Fn a ⩽n b ⇐⇒ a = b ou card(a)<card(b) ou card(a) = card(b) et min ϕ(a\(a ∩ b)) < min ϕ(b\(a ∩ b))

☞Montrons que ⩽n est une relation d’ordre sur Fn .


Soient a, b, c ∈ Fn .

1
• réflexive : a ⩽n a car a = a.

• antisymétrique : Il s’agit de montrer que a ⩽n b et b ⩽n a et a ̸= b est une contradiction.
     


 card(a)<card(b) ou card(a) = card(b) et min ϕ(a\(a ∩ b)) < min ϕ(b\(a ∩ b))

a ⩽n b et b ⩽n a et a ̸= b ⇐⇒
    
 card(b)<card(a) ou card(a) = card(b) et min ϕ(b\(a ∩ b))< min ϕ(a\(a ∩ b))

Ce dernier système est effectivement une contradiction car chaque composante de la disjonction de la première ligne contredit la deuxième ligne.

• transitive : Il s’agit de montrer que a ⩽n b et b ⩽n c =⇒ a ⩽n c.
 
∧ a=b card(a)<card(b) card(a) = card(b) et min ϕ(a\(a ∩ b)) < min ϕ(b\(a ∩ b))
 
b=c a=c card(a)<card(c) card(a) = card(c) et min ϕ(a\(a ∩ c)) < min ϕ(c\(a ∩ c))
card(b)<card(c) card(a)<card(c) card(a)<card(c) card(a)<card(c)
   
card(b) = card(c) et min ϕ(b\(b ∩ c)) < min ϕ(c\(b ∩ c)) card(a) = card(c) et min ϕ(a\(a ∩ c)) < min ϕ(c\(a ∩ c)) card(a)<card(c) (ce cas n’est pas trivial, nous allons l’exhiber)

   
On a, pour ce dernier cas, card(a) = card(b) et min ϕ(a\(a ∩ b)) < min ϕ(b\(a ∩ b)) et card(b) = card(c) et min ϕ(b\(b ∩
 
c)) < min ϕ(c\(b ∩ c)) .
 
Il est clair de card(a) = card(c). Il reste à montrer que min ϕ(a\(a ∩ c)) < min ϕ(c\(a ∩ c)) .
On note card(a) = p. On écrit a = {a1 , a2 , · · · , ap }, b = {b1 , b2 , · · · , bp } et c = {c1 , c2 , · · · , cp } desorte que, si p ⩾ 2, 
alors pour tout
 
i ∈ {1, · · · , p − 1}, ϕ(ai ) ⩽ ϕ(ai+1 ), ϕ(bi ) ⩽ ϕ(bi+1 ) et ϕ(ci ) ⩽ ϕ(ci+1 ). On désigne par ℓ l’indice de ϕ−1 min ϕ a\(a ∩ b)

dans a et par
  
−1

m l’indice de ϕ min ϕ c\(b ∩ c) dans c.
Trois cas sont alors envisageables.
⋆ cas premier : ℓ<m.
(le schéma suivant n’est qu’à titre illustratif et explicatif, puisqu’il est clair que ces écriture présentent un problème lorsque ℓ = 1 ou ℓ + 2 ⩾ m ou m = p − 1 ou même p<8 . J’espère que vous me le pardonnerez !)

a = { a1 , · · · , aℓ−1 , aℓ , aℓ+1 , · · · , am−1 , am , am+1 , · · · , ap }

b = { b1 , · · · , bℓ−1 , bℓ , bℓ+1 , · · · , bm−1 , bm , bm+1 , · · · , bp }

c = { c1 , · · · , cℓ−1 , cℓ , cℓ+1 , · · · , cm−1 , cm , cm+1 , · · · , cp }

Sur ce diagramme, les éléments de a ∪ b ∪ c qui partagent la même couleur et qui sont de même indice, sont égaux deux à deux. Par contre,
ϕ(aℓ )<ϕ(bℓ ) et ϕ(bm )<ϕ(cm ) et ϕ(bℓ ) = ϕ(cℓ ) .
On en déduit le diagramme suivant :

2
a = { a1 , · · · , aℓ−1 , aℓ , aℓ+1 , · · · , am−1 , am , am+1 , · · · , ap }

b = { b1 , · · · , bℓ−1 , bℓ , bℓ+1 , · · · , bm−1 , bm , bm+1 , · · · , bp }

c = { c1 , · · · , cℓ−1 , cℓ , cℓ+1 , · · · , cm−1 , cm , cm+1 , · · · , cp }


   
Sur ce dernier diagramme, on voit clairement que min ϕ a\(a ∩ c) = ϕ(aℓ ) et min ϕ c\(a ∩ c) = ϕ(cℓ ) et des inégalités précédentes, il
vient ϕ(aℓ )<ϕ(cℓ ) .
⋆ cas second : ℓ = m
Ce cas diffère du cas précédent en ceci que, l’écriture ϕ(bm )<ϕ(cm ) et ϕ(bℓ ) = ϕ(cℓ ) est remplacée par ϕ(bℓ )<ϕ(cℓ ) . Et puisque ϕ(aℓ )<ϕ(bℓ ),
alors ϕ(aℓ )<ϕ(cℓ ).
⋆ cas troisième : ℓ>m
a = { a1 , · · · , am−1 , am , am+1 , · · · , aℓ−1 , aℓ , aℓ+1 , · · · , ap }

b = { b1 , · · · , bm−1 , bm , bm+1 , · · · , bℓ−1 , bℓ , bℓ+1 , · · · , bp }

c = { c1 , · · · , cm−1 , cm , cm+1 , · · · , cℓ−1 , cℓ , cℓ+1 , · · · , cp }

Le principe d’interprétation du diagramme reste le même, on a ϕ(bm )<ϕ(cm ) et on déduit le diagramme suivant :
a = { a1 , · · · , am−1 , am , am+1 , · · · , aℓ−1 , aℓ , aℓ+1 , · · · , ap }

b = { b1 , · · · , bm−1 , bm , bm+1 , · · · , bℓ−1 , bℓ , bℓ+1 , · · · , bp }

c = { c1 , · · · , cm−1 , cm , cm+1 , · · · , cℓ−1 , cℓ , cℓ+1 , · · · , cp }


   
On a alors min ϕ a\(a ∩ c) = ϕ(am ), min ϕ c\(a ∩ c) = ϕ(cm ). Et puisque ϕ(am ) = ϕ(bm ) et ϕ(bm )<ϕ(cm ), alors ϕ(am )<ϕ(cm ) .
Dans tous les cas, on a :    
min ϕ a\(a ∩ c) < min ϕ c\(a ∩ c)

☞Montrons que ⩽n est totale sur Fn .


Soit a et b deux éléments de Fn . Il est clair que a et b sont comparables si a = b ou si a et b sont de cardinaux différents.
On suppose que a ̸= b et card(a) = card(b). Alors les ensembles a\(a ∩ b) et b\(a ∩ b) sont non vides et disjoints. En effet,
⋆ ces ensembles sont non vides car, si l’un de ces ensembles, disons a\(a ∩ b) sans nuire à la généralité, est vide, alors a ⊂ b puisque a = a ∩ b,

3
et l’écriture a ̸= b ferait de a une partie propre de b, ce qui contredirait l’égalité des cardinaux.
⋆ Ces ensembles sont disjoints car, le contraire entrainerait l’existence d’une élément e de a ∪ b qui vérifie e ∈ a\(a ∩ b) et e ∈ \(a ∩ b). Et en
conséquence, e ∈  a et e ∈ b et e ∈
/ a ∩ b, ou
 encore e ∈ a ∩ b et e ∈/ a ∩ b. (−→←− contradiction).

Les éléments min ϕ a\(a ∩ b) et min ϕ b\(a ∩ c) de N sont donc différents puisqu’ils sont éléments de deux ensembles disjoints, et donc
l’un est forcément strictement inférieur à l’autre. Ce qui prouve que a et b sont comparables.
Construction d’une application auxiliaire

Comme Fn , ⩽n est une structure d’ensemble totalement ordonné, et comme l’ensemble sous-jacent Fn est fini, alors il existe un plus petit

élément de Fn , dont la petitesse est induite par la structure Fn , ⩽n . On le note e(n, 1). De plus, pour toute partie propre u de Fn , la structure
  
Fn , ⩽n induit une structure de même nature sur Fn \u, c’est-à-dire que la restriction de ⩽n à Fn \u × Fn \u fait également de Fn \u
un ensemble totalement ordonné. Ainsi, partant de e(n, 1), on construit récursivement une suite finie en prenant e(n, k + 1) comme le plus de
élément de Fn \{e(n, 1), e(n, 2), · · · , e(n, k)} (k étant un entier inférieur à 2n − 1 et positif). Par cette suite, on peut donc construire l’application

ϕn définie de Fn vers {1, 2, 2, 4, 5, · · · , 2n } qui associe à chaque élément de Fn , son rang ou son indice dans la suite e(n, k) k . Cet application
est en particulier, un isomorphisme de structure d’ensembles ordonnés.

On considère également l’application σ : FX −→ N, x 7−→ max ϕ(x) .
Construction d’une bijection entre FX et N∗
Chaque élément de FX est repéré par deux entiers : son plus grand élément n, qui permet d’identifier l’ensemble Fn qui le contient, et son image
par ϕn qui repère la position de l’élément
  x dans l’ensemble Fn grâce à la suite définie précédemment. (Plus clairement, il peut ordonner FX ).
Remarquons d’abord que la famille Fn constitue une partition de FX , et l’application f qui associe à chaque éléments x de FX , sa position
n∈N
dans Fσ(x) est un prolongement de toutes les fonctions ϕn à FX (on peut vérifier qu’un tel prolongement est unique et que f est la limite simple
 Pn
de la suite fn n∈N définie par fn = ϕi χFi ).
i=0
L’application
ψ : FX −→ N∗
σ(x)−1
P 
x 7−→ card Fi + f (x)
i=0

est bijective.
Preuve
Remarquons d’abord que ψ est bien définie, puisque ψ est bien à valeur dans N.
⋆ injection

4
Soient x et y deux éléments distincts de FX .
On va distinguer que cas :
• cas premier : σ(x) = σ(y)
  σ(x)−1
P  σ(y)−1
P 
Ici, x et y sont donc dans le même ensemble dans la famille Fn , c’est-à-dire card Fi = card Fi . Le fait que les deux soient
n∈N i=0 i=0
σ(x)−1
P  σ(y)−1
P 
distincts implique qu’ils n’occupent pas la même position, c’est-à-dire f (x) ̸= f (y). D’où card Fi + f (x) ̸= card Fi + f (y).
i=0 i=0
Donc ψ(x) ̸= ψ(y).
• cas second : σ(x) ̸= σ(y)
Sans nuire à la généralité, disons σ(x)<σ(y).
σ(x)
P 
D’une part, f (x) ⩽ card(Fσ(x) ) et donc ψ(x) ⩽ card Fi .
i=0
σ(y)−1
P  σ(x)
P  σ(y)−1
P  σ(x)
P 
D’autre part, f (y)>0 et card Fi ⩾ card Fi . Ce qui entraine card Fi + f (y)> card Fi .
i=0 i=0 i=0 i=0
Par suite,
σ(x)
X 
ψ(x) ⩽ card Fi <ψ(y)
i=0

Donc ψ(x)<ψ(y).
⋆ surjection
Soit p un entier naturel non nul.
L’ensemble {r ∈ N | 2r ⩽ p} est non vide et fini (on peut aussi montrer que tout entier supérieur à p ou plus précisément à log2 p si
on fait appel à l’analyse n’est pas dans cet ensemble et conclure que cet ensemble est inclut dans {0, 1, · · · , p − 1}). Par conséquent cet
ensemble admet un maximum ( voir les axiomes de construction de N). Soit R le maximum de cet ensemble. Alors 2R ⩽ p<2R+1 , c’est-à-dire
1 ⩽ p − 2R + 1<2R+1 − 2R + 1, c’est-à-dire 1 ⩽ p − 2R + 1 ⩽ 2R , c’est-à-dire p − 2R + 1 ∈ f (FR ), c’est-à-dire p − 2R + 1 ∈ ϕR (FR ).
Soit xp = ϕ−1 R R
R (p − 2 + 1). Il est clair que σ(xp ) = R et f (xp ) = p − 2 + 1.

σ(xp )−1 R−1


X X
2i + p − 2R + 1 = 2R − 1 + p − 2R + 1 = p
   
ψ(xp ) = card Fi + f (xp ) =
i=0 i=0

Construction d’une bijection entre FX ∪ {∅} et N

5
L’application
ψs : FX ∪ {∅} −→ N
(
0 si x = ∅
x 7−→
ψ(x) sinon
est bijective.

Donc FX ∪ {∅} est dénombrable.

2 Déduisons-en que IX n’est pas dénombrable.

Donc IX n’est pas dénombrable.

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