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Le Distributionnalisme Bloomfield Leonard Bloomfield (1887-1949) publie en 1933 Language, qui constitue une théorie générale du langage qui sera développée et approfondie par ces ééves sous V’étiquette de| distributionnalisme , courant qui dominera la linguistique américaines jusqu’en 1950, Bloomfield considére que le langage est accessible de I’extérieur, en tant que comportement, et non de I’intérieur, comme expression de réalité psychologique ou mentales: « La théorie mentaliste qui est de beaucoup la plus vielle, et toujours en vigueur dans I conception populaire chez les hommes de science, prétend que la variabilité de la conduite humaine est le fait de l'intervention d'un facteur non physique, d'un esprit, d’une volonté oul d'une conscience ( en grec psyché, d’oit le terme de psychologie), présent dans chaque étre humain. Cet esprit, selon la conception mentaliste, se différencie totalement de ce qui est matériel et par conséquent suit un autre type de relation causale ou peut-étre aucun, La théorie matérialiste ( ou mieux mécaniste) prétend que la variabilité de la conduite humaine impliquant le discours, provient seulement du fait que le corps humain est un systéme trés complexe, Les actions humaines, selon la conception matérialiste, sont une partie des sequences de cause & effet, exactement comme celles que nous observons dans Vétude de la a ou de la chimie » (PP 35-36) Scanné avec CamScanner i | Bloomfield est influencé par la psychologie behavioriste (le PSYcholopu. | Wundt). Pour le béhaviorisme, le comportement humain est explicable & pari, 4 données externes, sans recours 4 des données internes qui ne seraient que des illusions, Pour Bloomfield, le langage est un comportement et peut done bre étudié de manitre externe, il ne s'agit pas pour lui d’une doctrine Psychologiaue mais d'une méthodologie. Il applique au langage le célébre schéma stimulus-réponse, en le formulant de |, maniére suivante ; S-r-s-R. S: le stimulus externe qui pousse quelqu’un & produire la parole r, cette réponse linguistique constituant pour I’auditeur un stimulus s qui provoque en retour une réponse R. ( § et R sont des événements pratiques appartenant au monde extralinguistique ; seules r et s constituent I’acte linguistique, ce qu'il nomme discours). Bloomfield refuse tout historicisme et tout fonctionnalisme : les formes du langage seront observés de lextérieur, sans prise en compte de leur évolution historique e" de la fonction qu’elles remplissent dans le systéme. (1 refuse églement la conception mentale du sight de De Sausre, Pour hi le sgnié ex ensemble des événements pratiques auxquels est lié un énonct; sa description est donc considérée comme impossible car la saisie de cet ensemble est impossible : « Pour donner une définition scientifiquement exacte de la signification de chaque forme d'une langue, il nous faudrait posséder un savoir scientfiquement exact de tout ce qui forme l'univers du locuteur ». «l'étude des sons du discours, sans considération de leurs signification est une abstraction : dans leur emploi effectif, les sons du discours sont émis comme des signaux. Nous avons défini la signification d'une forme linguistique comme la situation dans laquelle le locuteur I'énonce et la réponse qu'elle provoque de la part de I'auditeur. La situation du locuteur et la réponse de V'auditeur sont étroitement coordonntes, parce que chacun d’entre nous apprend agi indfléremment comme locuteur ou comme auditeur. Dans la sequence causale situation du locuteur —> discours + réponse del'auditeur, la situation du locuteur, en tant qu’expression premitre, présentera hibituellement un aspect plus simple que la réponse de Vauditeur ; cest pourquoi nous discutons et nous définissons habituellement les significations en termes de stimulus du locuteur » (P132) « Ceux qui adhérent a la psychologic mentaliste croient pouvoir éviter la diffculté de définir les significations parce qu’ils croient que se forme chez le locuteur, avant Ménoncé dune forme linguistique, un processus non physique, pensée, concept, image, sentiment, acte de volonté ou @"™" chose d’approchant [...]. Le mécaniciste n’accepte pas cette solution » (135). Scanné avec CamScanner ee Constituants + Bloomfield met en Place la notion de constituant, qqul est Ia base de la procédure d'analyse en constituants immédi procida . développee par Harris. Un constitu immeédiat est un élément qui est commun a des formes ease “ou « Nous voyons que certaines formes linguistiques ont des ressetblances phondtiques et sémantiques avec d'autres formes ; par exemple: John courait, John tombait, Bill ‘couralt, AM fembait : Johnoy, filly 5 cansant, jousnt Mackberry, cranbery, rawberry Strawflower, Une forme linguistique qui posséde une reccmbhoes phonétique et stmantigus partielle avec une autre forme linguistque est une forme complexe, Layare ommune de toutes formes complexes (deux ou pis) ex une forme linguistiques et un constituant (ou composant) de ces formes complexes. On dit que ce constituant est Contenu dans (ou inclus dans ou entré dans) les formes complexes » (153) Ainsi, John et Bill sont des constituants, de méme que courat et tombait, le diminutif ~y, les morphémes ~ant, -berry et straw- - La notion d'inclusion de constituants simples dans des formes complexes est 4 la base de la conception hiérarchique de la phrase en constituants immédiats. w Grammaire : Bloomfield définit la grammaire d'une langue comme un systéme d'arrangement des formes linguistiques. Il en définit quatre types : -Llordre : « la succession dans laquelle on prononce les consttuants d'une forme complexe» (154). Par exemple, l’ordre [déterminant +nom], ou [préfixe + radical]. Cette notion! correspond aux syntagme de Saussure. - La modulation : « l'utilisation de phonémes secondaires » (155), comme le ton qui val distinguer par exemple la question de l'ordre dans John? Ou John! - La modification phonétique : « changement des phonémes primaires d'une forme » (156) En anglais, do-+not donnera don’t, duke au féminin donnera duchesse(k devient ch)...etc. -La sélection des form au sein de la méme disposition grammaticale, les formes peuvent atre sélectionnées différemment, ce qui produit des changements de sens : John! ou boy! Constituent des appels, run! ou jump! Sont des ordres : la disposition est la méme mais la stlection des formes lexicales(nom propre ou verbe) est différente, De méme, drink milk et watch John sont des expressions infinitives, alors que fresh milk et poor John constituent des formes adjectivales : différence dans la sélection du premier constitwant, l'un verbal et autre adjectival. Bloomfield en conelut que deink et watch appartiennent § des classes formelles de Panglais et fiesh et poor & une autre classe.(156) Scanné avec CamScanner a « pour définir la grammaire d’une langue, nous devons définir Jog classes formelles de chaque forme lexicale, et déterminer quelles son les caractéristiques qui font que le locuteur les attribue & ces classey formelles », Le fonctionnement de ces classes formelles est l’objectif de la linguistique pour de Bloomfield, et qui sera réalisé par des successeurs en particulier Harris sous le nom du distributionnalisme. Etudier une langue, ce sera donc réunir_un_corpus c’est-a-dire un ~ ensemble d’énoncés effectivement émis, dans le but de faire apparaitre —}* des régularités formelles, sans prise en compte de I’aspect sémantique, Le seul concept qui sera considéré comme valide dans l’analyse sera celui de contexte linéaire ou d’environnement. © ( Le Distributionnalisme : Harris Le travail de Harris (1909- 1992) se développe en trois grandes étapes : > Ia mise en place de la méthodologie distributionnelle marquée par la publication de Methods in Structural Linguistics en 1947 ; > le passage la grammaire transformationnelle avec l’introduction de la notion de transformation formulée en 1968 dans Mathematical Structure of Language (traduit en frangais en 1971) ; > [’évolution vers une autre conception des transformations exposée dans ‘A Grammar of English On Mathematical Principles en 1982. Scanné avec CamScanner d Le Distributionnalisme : Harris Le but de la linguistique distributionnelle : Pour Harris, le but de la linguistique distributionnelle est de montrer, a Partir de V'observation d’un corpus fini d’énoncés naturels, que le systtme de la langue fonctionne selon des régularités démontrables : « La tiche de la linguistique, comme c'est le cas pour les données similaires toute autre science, a été _de déterminer_quels_sont les éléments pendants, dont les combinaisons réguligres caractérisent toutes plus au moins des entités apparaissant de fagon indépendante- ici les phrases ». Le Distributionnalisme : Harris Son but est donc la généralisation d’une méthode pouvant rendre compte du fonctionnement du langage. Son travail inclut le probléme des exceptions, phénoménes qui pourraient ne pas entrer dans les régles générales déduites du traitement des énoncés : « En raison de Ja grande complexité des données linguistiques, toute analyse laisse un résidu d’éléments a 'pparemment aberrants ou de types de structures qui ne semblent pas similaires aux types principaux, ainsi que d’éléments ou de séquences isolées qui se trouvent ne pas satisfaire 4 certaines propriétés de leur classe ». Scanné avec CamScanner Le Distributionnalisme : Harris ~— ent le principe des regles générales * combinaisons particulidres de rig). gles générales; Pour résoudre ce probléme, il maint propose de faire des exceptions « de : générales de la grammaire », ou des extensions des rej aa ' | expressions individuelles d'une lng | est tel que, une fois la généralisation effectuée, il reste toujours de nombreuses exceptions idiomatiques. Pour celles, om peut seulemen espérer formuler les régles générales de tele maniére que les exception individuelles puissent étre posées comme extent 0 du domaine d'une regle, au-deld des limites permises « Le nombre des idiomes et autres o dans la régle générale >. La notion de généralité est centrale dans la linguistique harrissienne et constitue un véritable postulat. © J _ Le Distributionnalisme : Harris Les méthodes de la description linguistique : La description linguistique se fait en deux temps : 1) L'inventaire des unités structurales de la langue; 2) La détermination des régles concernant leur mise en relation (i.e leur distribution, concept que Harris formalise et qui donnera son nom au courant qu’il initie). Harris systématise la mise & I’écart, a V’intérieur de analyse linguistique, des notions de fonction et de signification ; la seule relation reconnue comme pertinente est la distribution, présentée comme la « recherche la plus importante de la linguistique descriptive ». e J Scanné avec CamScanner Le Distributionnalisme : Harris existe deux plans dans la langue pour Harris : Les éléments phonématiques: Pour isoler les éléments phonématiques, il faut segmenter la chaine sonore. Cette opération se fait a partir de la comparaison entre de nombreux énoncés, mettant en évidence leurs ressemblances. Le principe de la segmentation est uniquement formel et la signification n’entre pas en considération. Le résultat est la production de classes de | _ segments définis par la totalité de leurs positions dans la chaine parlée, Cette procédure est différente de celle de la phonologie européenne oit les phonémes sont isolés sur la base de la distinction sémantique (ex: /p/ et /b/ sont des phonémes car ils distinguent pain et bain). ‘e. Le Distributionnalisme : Harris Les éléments morphématiques ; Harris propose une définition des morphémes sans recourir au sens. La segmentation des morphémes est définie de la maniére suivante : « une séquence de phonémes, disons /ruwmer/ dans That's our roomer, contient plus d’un élément morphémique si et seulement si une partie de Ja séquence apparait indépendamment d’une autre partie, dans le méme environnement général ; /ruwm/ apparait aussi dans That's our room, et /ax/ apparatt dans That's our recorder. On peut donc en conclure que/ruwm/ et/ar/ sont deux éléments morphémiques. @ ) Scanné avec CamScanner ( Le Distributionnalisme : Harris tion pose certains problémes : dans la série -berries peut etre isolé comme é black- et boysen- apparaissent aus remiers mais pas de Harris signale que la segmental strawberries, blackberries, boysenberries, ut que straw-y morphéme, mais alors il fa ts, Crest le cas des deux p dans d’autres environnemen boysen- qui n’apparait que dans boysenberris- De méme, de la comparaison de there, the, that et this, on semble pouvoir dégager un morphéme th-, qui, selon Harris aurait une valeur interrogative, Peut-on raisonner de la méme fagon pour pl- dans: plant, plank, plow, pluck, plot, plump? La réponse est négative mais il faut souligner que ccs interrogations naissent de la rigueur de la méthode distributionnaliste. ( Le Distributionnalisme : Harris se sur celle d’environnement. é d’éléments a sa droite et & la sélection de A dans la notion de distribution repo: énoncé, il est environ’ constituent La distribution : Soit un élément A : dans un sa gauche, appelés des co-occurents. Ceux-cl Vénoncé en question. Harris donne l'exemple de I tried noté phonétiquement / ay#trayd/ et explique que :« L'environnement du phontme /2/ consiste en Trensemble des phonémes /xz_yd/, ou plus complétement /ay#tr__yd/>. Sur le plan morphémique, l'environnement du morphéme ry est ed. La somme de tous les co-occurrents de A observés dans les énoncés recueillis dans un corpus constituent la distribution de A. On peut également définir Ja distribution au moyen d’une autre opération, la substitution : si un élément A peut se substituer 4 B dans les mémes environnements, on dit que A et B ont la méme distribution, Substitution et Qian sont donc étroitement liés, Scanné avec CamScanner Le Distributionnalisme : Harris ie les differences Distribution et signification ; Harris explique q ‘environnement : sémantiques correspondent en général aux differences «ll y a en général une étroite correspondance entre la division en morphémes (gue rows pouvons établir sur la base des sigifications, et celle qui résulte de nos critéres distributionnels. Il en est ainsi parce que en général les morphémes qui different par le sens differeront aussi par leurs environnements, si nous prenons des environnements suffisamment longs et en assez grande quantité ». Toutefois, l’analyse distributionnelle est démunie pour traiter les cas d’ambiguité: une méme distribution peut avoir deux segmentations et deux sens, comme le montre l’exemple célébre : flying planes can be dangerous (Les avions qui volent peuvent étre dangereux / voler 4 bord ’avions peut étre dangereux ; selon que flying est interprété comme verbe ou adjectif). Du distributionnalisme au transformationalisme ) Des unités aux phrases : Dans les années 60 Harris s'intéresse aux plans de la phrase et du discours, naturellement amenés par sa conception des unités de la langue qui repose sur la hiérarchisation : « Dans tout matériel linguistique, les unités, ou du moins leurs segments initiaux, peuvent étre ordonnés linéairement. Chaque discours est une sequence de phonémes. De facon plus précise, cela revient & dire que chaque morphéme est une séquence de phonémes, chaque mot une séquence de morphémes, chaque phrase une séquence de mots et chaque discours une sequence de phrases ». Scanné avec CamScanner Du distributionnalisme au transformationalisme Harris part de l’observation des phrases pour proposer ensuite ung formalisation possible. it de pouvoir rendre compte de la totalité des phrases combinaisons de segments qui forment i n’en forment pas. Son but n’est pas tan! productibles, que de distinguer les des phrases acceptables de celles qui a = = # mots qui constituent des quin’en constituent pas ». C’est_pour lui_: « le caractérisation séquel phrases ou des discours, par opposition & celles mnces de sons ou de © Du distributi isme onnalisme au transformationali « toutes les combinaisons d’éléments ne Harris est attentif au fait que ‘un chapitre des Scructures constituent pas un discours » (titre a mathématiques du langage) : « Dans une langue donnée toutes les sequences possibles de phonémes appartenant a cette langue ne constituent pas des phrases ou des discours. Le fait que toutes les combinaisons possibles ne se trouvent pas réalisees permet de définir tout élément complexe (par ‘exemple les morphemes) comme des restrictions imposés sur les combinaisons des éléments simples (les phonémes) ». Scanné avec CamScanner (" Du distributionnalisme au transformationalisme La notion de transformation La notion de transformation répond a une interrogation sur les relations entretenues entre les phrases et non sur leur construction ; « Notre méthode comporte tout d’abord une théorie des relations entre les phrases. Cette approche de la grammaire consiste 4 se demander en premier lieu, non pas comment les phrases sont segmentées [...] mais. comment les phrases sont reliées entre elles. La relation de base qui se trouve établie ici joue entre les ichémas de phrases qui exigent les mémes choix de mots pour fournir des phrases acceptables ». © ) Du distributionnalisme au transformationalisme Les relations entre les phrases sont fondées sur la transformation : les phrases d’une langue peuvent @tre analystes et classées a partir de quelques opérations formelles appliquées aux structures de phrases dites de base « phrases noyaux », Par exemple, la phrase Cette robe a été faite par une couturiére peut étre analysée comme la transformation passive de la phrase originelle : une couturiéze a fait cette robe. Cette procédure permet de rendre compte de la production de phrases complexes en les décomposant en phrases simples. Par exemple, la phrase + Marie explique que Paul est malade peut se décomposer en : Marie explique ; Paul est malade, qui produisent la phrase complexe par subordination. Scanné avec CamScanner mationalism, Du distributionnalisme au transfor! Harris propose une typologie de douze ae POssible, (transformation passive, subordination, substitution pronominate, réduction par ellipse... .etc.). Pour Harris, la transformation est un outil @’ordonnancement de la langue, d’une part exporté en France par Gross et Le transformationalisme sera homsky et Je courant d’autre part retravaillé et réinterprété par a générativiste. Du distributionnalisme au transformationalisme Vanalyse du discours : C’est Harris qui invente l'expression analyse du discours dés 1952 dans un article de la revue Language intitulé «Discourse analysis » (traduit en francais en 1969). I met dans cette formulation Panalyse de « Pénoncé suivi (écrit ou oral) que nous appelons discours », une structure linguistique qui va au dela de la phrase. Il propose @’appliquer & cette dimension (par exemple le texte) la méthode distributionnelle de maniére a en montrer le fonctionnement : « Ilse peut que nous ne sachions pas exactement CE QUE le texte dit, mais nous pouvons déterminer COMMENT il le dit — ce que sont les schemes de récurrence des principaux morphémes qui le forment ». S Scanné avec CamScanner Du distributionnalisme ay transformationalisme La méthode qu'il propose est celle des classes d’ énoncés suivants : équivalence, Soit les + Ici, les feuilles tombent vers le milieu de Pautomne, Ici, les feuilles tombent vers la fin du mois d’octabre, Les premiers froids arrivent aprés le milieu de l’automne. Nous commengons & chauffer aprés la fin du mois d’octobre, On dit que le milieu de ’automne et la fin du mois d’octobre sont équivalents | car ils apparaissent dans le méme environnement, De méme pour Les premiers froids arrivent et Nous commengons & chauffer . Ces éléments sont dits appartenir & la méme classe d’équivalence. Du distributionnalisme au transformationalisme « On dira que des éléments (parties de texte —morphémes ou sequences de morphémes) sont équivalents entre eux s’ils se présentent dans Venvironnement d'autres éléments identiques ou equivalents. Tout ensemble d’éléments équivalents entre eux s'appelle une classe d’équivalence. Chaque phrase successive du texte est alors représentée par une séquence de classes d’équivalence, celles auxquelles ses différentes parties appartiennent. Nous obtenons ainsi pour tout le texte un tableau 4 double entrée, I’axe horizontal représentant les classes d’équivalence contenues par une seule phrase, l’axe vertical représentant les. phrases successives. Ce n’est pas un tableau des structures de phrase (sujet verbe etc.,), mais des schémes d’ occurrences des classes d’équivalences dans tout le texte ». Scanné avec CamScanner > | (tre Du distributionnalisme au transformationalisn, | Lanalyse du discours harrissienne a pour but de montrer que Jo phrases ne s’enchatnent pas arbitrairement, qu'il existe une grammaire de cet enchatnement, différente de la grammaire de la langue, mais dont l’analyse distributionnelle peut rendre compte. Ce que ses successeurs, appartenant 4 d’autres courants ou autres continents, ont largement montré dans les cinquante derniéres années, — - ~ Le modéle génératif - Noam Chomsky Scanné avec CamScanner Le modéle ger :N. Chomsky Chomsky (né en 1928) e: st un éléve de Harris, marqué par son travail sur lal traduction automatique au MIT (Massachussetts Institue of Technology, al Cambridge, aux Etats-Unis), Mais il conteste le principe harrissien du corpus fini d’énoncés naturel s'il regoit et accepte I’héritage de la formalisation et du transformationalisme, il refuse celui de l'empirisme descriptiviste. Chomsky propose une théorie transformationnelle et générative, dont l'une del ses caractéristiques est son évolution : il expose ce que l’on appelle sa « théorie| 7 standard » dans les années 50 et 60 puis «la théorie standard étendue » dans les| années 70, et propose un dernier modéle dans les années 80, avec développements dans les années 90: « la théorie des principes et des paramétres », Le modeéle génératif : N. Chomsky La théorie standard: Il s’agit d’une théorie des structures linguistiques exposée dans Structures syntaxiques (1957). Elle est centrée sur la syntaxe qui est pour Chomsky le centre de l’analyse d’une langue : pour lui, Ja syntaxe est autonome, et elle doit permettre de « construire une théorie générale et formalisée de la structure linguistique et explorer les fondements d’une telle théorie ». Chomsky examine d’abord la puissance théorique de plusieurs modéles syntaxiques avant de proposer le sien. S Scanné avec CamScanner / Pour Chomsky, une Grammaire est une « theorle ‘du Tangage >, c& Dest pas un Fe, mécanique d'un corpus, Une grammaire est un sstime arlomatsé gut géndre ensemble ining, phrases d'une langue. | Les procédés empiriques dobservation et de découpage du corpus ne permettent pas 4. comprendre le fonctionnement, II estime dailleurs qu’aucune science n’exige qu'une théor soit totalement extractible des données observables. Il est vain de chercher des procédures 4. découverte des grammaires, La seule chose qu'on puisse viser, ce sont des procdure 4évaluation : on imagine des grammaires et on les évalue, Parmi les conditions externes d’adéquation qui permettent d’évaluer les propositions, Chomsky retient les points suivants : - Les phrases générées sont acceptables pour le locuteur nati. Tout cas d’homonymie de construction (deux structures pour une méme phrase) décrit une reelle ambiguité ; toute ambiguité est représentée par deux structures. -Si des phrases semblables en surface ont des interprétations différentes, elles ont des histoires dérivationnelles différentes. (Cf. Le livre a éré trouvé par Alfed/ Le lirre a éxé trouvé par hasard). + Les phrases qui sont comprises de la méme maniére sont représentées de la méme maniére & Se certain niveau de la description. ( Le modéle génératif : N. Chomsky les modéles syntaxiques: Chomsky donne une définition trés claire de la syntaxe et de sa fonction « La syntaxe est étude des principes et des processus selon lesquels les phrases sont construites dans des langues particuliéres. L’étude syntaxique d’une langue donnée a pour objet Ja construction d’une grammaire qui peut] &tre considérée comme une sorte de mécanisme qui produit les phrases de la] langue soumise & analyse ». Iinsiste sur ce qu’il appelle « l’indépendance de la grammaire » par rapport au sens. Le but de Chomsky sera d’élaborer un modéle susceptible de rendre compte| de toutes les phrases grammaticales d’une langue, sur le plan de leur structure| syntaxique. I donne l'exemple connu de la arate : Les idées vertes sans couleur dorment furieusement, qui est parfaitement grammaticale mais as¢mantique. Scanné avec CamScanner = ia. . La grammaire est « autonome et indépendante du sens ». Pour comprendre une phrase, il est nécessaire (mais non suffisant) de sentation syntaxique a chaque niveau ; il faut mettre au jour un cadre syntaxique sur lequel s’appuie Vanalyse sémantique, reconstruire sa repré: Le modéle génératif :N. Chomsky Grammaire a états finis ; Chomsky examine, dans le cadre d’un modele théorique de la communication, le cas d’une machine qui partirait d’un état initial pour arriver 4 un état final. Le résultat étant la production d’une phrase : c'est la grammaire états finis que Chomsky considére comme « extrémement puissante et générale », mais qui est inapte a rendre compte de certaines phrases. S Scanné avec CamScanner Le modéle génératif : N. Chomsky Exemple de grammate atinlele& élats fis. Les sues grammaticales sont générées en sulvant ordre des ‘ches. Les lems présentés durant la phase étude sont tous grammatleaux Par exempie, les séries de lettres suivantes respectent les régles de la grammalre représentée c-dessus: TXS, TSXS, TSSSXS, TXXW, uv, PTW PTVPS. Les sts agrammatals ne respetntps es arson dea granate ‘Adaplé de bet, 1989 Le modéle génératif : N. Chomsky Grammaire des constituants (GC) : Chomsky se tourne alors vers Panalyse en constituants, qui est une description en termes de structure syntagmatique. Le modéle propose un ensemble de régles de réécriture permettant d’engendrer des phrases via une proctdure de derivation, Par exemple la phrase The man hits the ball est engendrée par une suite de 9 régles de réécriture marquée par les + : SN+SV 0 sane Ant +N+SV @ ‘Art +N +Verbe + SN cm a The + N-+Verbe + SN (vy a The + man +Verbe + SN (vy) a t Loh The + man + hit + SN wv) od Lh Ls The + man + hit +Arne+N (V0) id The + man + hit -+the-+N (VIII) The + man + hit + the + ball (IX) Scanné avec CamScanner (le modéle génératif: N. Chomsky Chomsky constate que ce m premier, mais se fondant sur décisive de l’inadéquation d’ montrer qu’elle ne jodéle est plus puissant que le le principe que « la preuve la plus ‘une théorie linguistique consiste 4 Peut absolument pas s'appliquer a une langue naturelle », il prouve qu'il est inadéquat 4 rendre compte des phrases anglaises, La grammaire transformationnelle (GT) : Le modéle de la GT va prolonger et améliorer celui des constituants. Chomsky introduit de nouvelles régles appelées « transformations grammaticales » ; « Une transformation grammaticale T opére sur une séquence donnée[...] possédant une structure syntagmatique donnée, et la convertit en une nouvelle séquence ayant une nouvelle structure syntagmatique dérivée ». @ S Scanné avec CamScanner ( Le modéle génératif : N. Chomsky La transformation passive par exemple, opérant sur John admires sincerity (formalisable en SNI- __Aux__V__SN2), engendre Sincerity is. admired = by John, (SN2__Aux+tbe+ed_V__by_SN 1). Chomsky distingue les transformations facultatives et obligatoires. Si la mise au passif est facultative, Vauxiliation (pour obtenir des phrases au passé par exemple) est une transformation obligatoire, Lrensemble des phrases produites par transformations obligatoires est appelé « noyau de la langue ». — 4 Les phrases d’ime langue seront alors de deux types : les phrases-noyau et les phrases dérivées des séquences sous-jacentes aux phrases-noyaux. Chomsky conclut 4 la supériorité, en terme de puissance explicative, du modéle transformationnel, @ Le modéle génératif : N. Chomsky Le modéle standard : C’est en 1965 (Aspects de la théorie syntaxique) que Chomsky propose une théorie générale qui introduit deux concepts devenus centraux en linguistique : les distinctions Compétence/ Performance et structures profondes/ structures superficielles, qui donnent une dimension mentaliste & son modeéle, puisqu’elles impliquent la présence de schémas internes au sujet, antérieurs a la production des phrases. ® J Scanné avec CamScanner Le (—— Wemodle ganganren-chomay —— Compétence/ Performa: saussurlenne Tangue/parcle, cy * cette dichotomie ressemble A Ja distinction tuateks prodlts Gadas, ‘oe Saussure, Chomsky écarte le travail sur les syntaxique). * Parole) pour aller vers la grammaire (structure sky situe | eo Ge as caches ealegetitn du cBté de la compétence des locuteurs c’est- structures : tives qu'un sujet parlant a de sa langue et donc de ses jc Une dee n'est pas un modéle du locuteur ou de I’auditeur (...]) | lle ten actériser de la maniére la plus neutre la connaissance de la langue qui fournit sa base & la mise en acte effective du langage par le locuteur-auditeur >. La linguistique générative n'est done pas du tout une théorie des performances, est-a-dire des productions effectives des locuteurs Les générativistes distinguent d’une part la capacité de construire et reconnaitre l'ensemble des énoncés grammaticalement corrects (compétence) et d'autre part l'ensemble des énoncés produits (performance), Selon Chomsky, la compétence lingui: ique est commune & tous les locuteurs dune méme langue, et permet d'interpréter les phrases dottes de sens, les phrases ambiguis, etc. La compétence permet en théorie 4 un locuteur de produire des phrases d'une longueur infinie, ce que ne permet pas la performance linguistique en raison de notre limite mémorielle. Liidée de base de Chomsky est bien le concept d’inntisme selon lequel tout locuteur nati, posstde une connaissance innée des mécanismes du langage. Il peut distinguer une phrase grammaticale d’une phrase agrammaticale. Scanné avec CamScanner ticulidres 4 Ie les rammaires par’ Gque Chomsky appellees « universaux La théorie de Chomsky suppose quill y a dans Pespéce humaine une faculté de Tangage innée, une connaissance implicite, constituée d’un ensemble de régles et de représentations, qu’il appelle Ja «grammaire universelle». oine génétique d’une faculté innée de langage ie V’histoire de l’espéce humaine) engendrant position innée & reconnaitre Tangues du monde, en dépit Tout enfant dispose dans son patrim (aaborée progressivement au cours d une grammaire universelle. I] s’agirait d’une prédi quelques principes organisation communs entre les maticaux et lexicaux trés divers » Jacques de matériaux phonologiques, gram) Francois, Existe-t-il des universaux du langage’, Dans Les clés du langage (2015) @ J Scanné avec CamScanner fe but de Chomsky était debe \ Taborer un moddte susceptible de rendre compte de putes les phrases grammaticales ar, rout Y Sramunaticales dune langue, sur le plan de leur structure tanigue, La grammaire : gyntania a eStUn meécanisme fini qui permet de générer (engendrer)} intini des phrases gy ; les phrases grammaticales (bien formées et cor et elles seules, Vensemble rrectes) d'une langue, formulation des rgles de la g . la ‘Ses de la grammaite s'Mlabore & partir de intuition des sujets clants qui ont des jugements dacces ‘ 4 pe s Wagements d'aceeptabilité permettant d'opposer les structures qui les phrases de la langue & celles qui w" sont des p Ta Langue & celles qui nen sont pas Formée de rigles définissant les suites de mots ou de sons qui sont permises, cette} geammaire constitue le savoir linguistique des sujets parlant une langue, crest--dire leur compétence linguistique ; Vutilisation particulitre que) chaque locuteur fait de la langue dans une situation particuligre de communication) reldve de bs performanc ey, | Pour Chomsky, en élaborant cette théoti, il ne s'agira plus dédicter des régles et Pas transgresser, mais de mettre au point les lois | que le sujet parlant applique intuitivement, La grammaire générative ne se présente done pas comme une grammaire normative, On ne prescrit plus des normes, mais on fait prendre conscience de ce qui est mis en aeuvre dans activité linguistique . | des normes & respecter et & ne Le but de la grammaire est de construire un ensemble de régles hiérarchisées et ennombre limite dont application selon un ordre strict soit capable de produire | un nombre illintité de phrases correctes. « Une grammaire doit étre capable d’énumérer explicitement toutes les phrases qui sont incontestablement grammaticales ou bien formées, dans la langue étudi et d'exclare explicitement toutes les séquences qui sont incontestablement agrammaticales dans cette langue, Nous pou reprisenter cette grammaire sous la forme d'un mécanisme dune certaine sorte analogue & ume machine & sleuler ct qui énumdre les phrases grammaticales au moyen d'un ensemble instructions (programme ) qui sont I équivalent de rdgles grammaticales », Scanné avec CamScanner ie | a ee Structures profondes/ superficielles : La GT Postulant MCXistencg | de transformations & partir de phrases-noyat, on peut dire que qo, phrases différentes en apparence (structure superficelle) reposent gy g | sur une méme structure profonde, commune aux deux phrases transformation. Vane deux phrases apparemment analogy, Liinverse est vrai également : ee s différentes, ar exemple peuvent procéder de deux structures profondes ; les deux phrases Piere promet & Marie de venir et Pier permet & Marie 4 logues (méme structure de surface), mais ggere la venue de Pierre, autre cel, venir sont apparemment anal différentes en profondeur (\'une su de Marie). _|Exemples: — Une méme structure profonde, deux structures de surface différentes - Jai vu Michel hier - Hier, j'ai vu Michel Méme structure de surface mais structures profondes différents - Le policier a pourchassé (le criminel avec un pistolet) - Le policier a pourchassé ( le criminel) (avec un pistolet) a Scanné avec CamScanner La phrase n'est pas une simple juxtaposition de mots : - Jean a vu un homme avec un, télescope di Les mots dela phrase ne sont pas ambigus, maison peut lui associer dew sens qui corresponde & deux facons de “décomposer” la phrase : - Jean a vu (un homme avec un télescope) "Jean a vu (un homme) (avec telescope) La structure syntaxique doit rendre compte de ces différents découpages. (Le modéle génératif : N. Chomsky Le modéle et ses composantes ; Le modéle exposé dans Aspects de la théorie syntaxique comporte trois composantes : > La composante syntaxique : constituée par les régles de réécriture qui produisent des schémas s; le yntaxiques, et par les transformations qui permettent l’engendrement des structures suy tructures profondes perficielles a partir des st ; > La composante sémantique : relevant de l’interprétation, sans relation avec la précédente, est constituée par l’ensemble des données nécessaires 4 la compréhension ; elle est articulée sur la composante syntaxique au niveau des structures profondes. >La ceapesante phonologique : relevant également de |’interprétation, permet Phabil lage des structures de surface ; c’est celle qui est la plus lige aux langues particulires, et dont les variations sont par conséquent les plus importantes, Scanné avec CamScanner REPRESENTAT; ene ‘SEMANTIOUE REPRESENTATION PHONETIQUE La structure profonde est le niveau ob figure tout ce qui est nécessaire 4 Pincerprétation sémantique ; elle résulte de l’application de trois types de régles ; = les régles syntagmatiques de type P + SN + Aux + SV, SN — Dét +N = les régles de sous-catégorisation qui font intervenir les sous-catégories de noms (propre/commun, animé/inanimé, ...), de verbes (transitif/intransitif, 4 sujet humain ou non ...) - les régles d’insertion lexicale qui instrent les mots aux places définies par la catégorie et la sous-catégorie et permettent ainsi de générer Sincerity may frighten the boy mais pas *Sincerity may admire the boy. Les fonctions sont définies par les régles de constitution (syntagmatiques) : le SN qui est immédiatement sous P est sujet de P, le SN qui est immédiatement sous SV est objet de V. A la différence de définitions comme « le sujet renvoie @ Vactant, le verbe renvoie 4 V’action » qui relevent de l’interprétation stmantique, les fonctions sont définies ici de manitre purement syntaxique et relationnelle. Scanné avec CamScanner | f Sur cette structure profonde s'appliquent les régles de la composante sémantique, qui calculent la signification de la phrase & partir des informations du dictionnaire et partir des informations données par la description grammaticale de la phrase. Par exemple, si la phrase contient le mot bachelor, le dictionnaire donnera les définitions 1) « qui n'est pas marié », 2) « jeune chevalier servant sous ’étendard d’un autre chevalier », 3) « titulaire d'un dipléme universitaire », 4) « jeune phoque n’ayant pas trouvé de partenaire pendant la saison des amours >. Les régles de projection calculeront comment chaque sens peut s'intégrer dans la- p= phrase en combinaison avec les autres éléments qu’elle contient, ou encore quel sens a la combinaison de l'article et du nom pour établir la référence du syntagme nominal, etc, © ) ~ Une fois interprétée sémantiquement, la structure profonde passe par les régles de transformation, qui déplacent, effacent, remplacent des éléments. Ainsi, la phrase Jean promet 4 Marie de partir a une structure profonde voisine de « Jean promet 4 Marie que lui=Jean partira », tandis que la phrase Jean permet & Marie de partir correspond & une structure profonde de type « Jean permet 4 Marie qu’elle=Marie parte ». La composante sémantique interpréte donc les deux phrases comme signifiant que I’action de partir est faite par Jean dans l'une et par Marie dans l'autre. Ensuite, les régles de transformation supprimeront les sujets devant l’infinitif, mais cette disparition n’affecte pas la compréhension puisque les phrases ont regu leur interprétation. Les régles de transformation réarrangent les éléments contenus dans la structure profonde, placent les désinences ott il faut, operent des suppressions d’éléments répétés (Paul est plus grand que Marie n'est grande), plcent en téte les mots interrogatifs ou relatifs (Tu as vu qui? — Qui as-tu vu 2), c’est-a-dire en somme mettent les morphémes et constituants dans !’ordre oi ils se présentent dans la phrase effective, dans sa structure de surface. e J — . Scanné avec CamScanner Sur la structure de surface s'appliquent les régles morphophonologiques qui indiquent par exemple le + pluriel — les, é + le + pluriel — aux, tomber + 3e Personne du singulier + passé simple —> tomba (vs mourut). Les régles de transformation sont des instructions formelles trés précises qui s’appliquent a une structure d’entrée et la transforment en une structure de sortie (input/ ‘output de la « machine ») : elles font passer du contenu (le sens) a la forme, wae Scanné avec CamScanner

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