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Choses de La Vie Final
Choses de La Vie Final
SOMMAIRE PAGES
Remerciements……………………………………………………………… I
Introduction………………………………………………………………….. 1
Chapitre I : Education……………………………………………………. 2 à 139
I.1 Adéquation Formation/Emploi……………………………..…….…… 2 à5
I.2 A Propos De La Baisse Du Niveau Des Enseignants………………... 6à8
I.3 Ethique Et Déontologie De L’enseignement……………….……. 9 à 12
I.4 N’accusez Pas Le Système Educatif !.............................................. 13 à 16
I.5 La « Crise » De L’école, Discours Creux Ou Réalité ?..................... 17 à 20
I.6 La Place Des Arts Dans Le Curriculum………………………….…… 21 à 27
I.7 5 Mille Enseignants Dès Mai 21…………………………………..…… 28 à 31
I.8 Pour Une Nouvelle Perception De L’inspecteur De l’Enseignement 32 à 34
I.9 Les Avantages Du Bilinguisme………………………………….…….. 35 à 39
I.10 Comment Passer Du Savoir Savant Au Savoir Scolaire ?................ 40 à 43
I.11 La Maltraitance Des Enfants………………………………………..….. 44 à 47
I.12 Le Niveau Des Élèves : Interminable Mur Des Lamentations…..….. 48 à 51
I.13 Jeunesse « Malsaine »Ou Désemparée ?........................................ 52 à 56
I.14 Responsabilités Des Parents……………………………………..…… 57 à 61
I.15 Enfants A Besoins Educatifs Spéciaux (EBES)………………..……. 62 à 65
I.16 Où Va Le Système ?......................................................................... 66 à 69
I.17 Impact Du Divorce Sur Les Enfants…………………………………… 70 à 74
I.18 Ces Maux Qui Gangrènent Le Système !......................................... 75 à 80
I.19 Et Si L’on Revigorait La Conscience Professionnelle ! …………….. 81 à 85
I.22 Un Secteur En Crise ! La Toile De Pénélope ?................................ 86 à 90
I.23 Parents et élèves observent les enseignants………………………… 91 à 94
I.24 La Saga d’un adjectif……………………………………………..……. 95 à 97
I.25 Redoutée ou contestée, l’inspection dérange………………...……… 98 à 101
I.26 L’école prépare –t-elle à la vie ?....................................................... 102 à 106
I.27 L’honneur d’un adolescent…………………………………………….. 107 à 114
I.28 Faut-il utiliser nos langues nationales ?............................................ 115 à 119
I.29 Ce que raisonner veut dire…………………………………..…………. 120 à 123
I.30 Evaluer, pour quoi faire ?.................................................................. 124 à 126
I.31 Philosophie de la vie familiale et violence…………………………….. 127 à 133
I.32 Fausses compréhensions des élèves…………………………...……. 134 à 139
Chapitre II : Pédagogie…………………………………………………. 140-147
II.1 Le Défi De La Lecture A L’école Elémentaire…………………..……. 140 à 143
II.2 L’enseignement Des Mathématiques A L’école Elémentaire……….. 144 à 147
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
Remerciements
Je remercie Monsieur Omar Duffo, Inspecteur de l’Enseignement
Elémentaire de son état, qui a eu la patience de lire attentivement bon nombre
des articles qui constituent la quintessence de ce livre. Ces remarques,
pertinentes et utiles m’ont, sans contexte, permis d’améliorer mon manuscrit.
Il a été pour moi, un lecteur critique et vigilant. Néanmoins, j’assume seul les
positions défendues dans cet ouvrage.
Mes remerciements vont aussi à l’endroit de Monsieur Alassane Amadou Ba,
responsable de la cellule informatique du collège Amadou Coly Diop, grâce à
qui toutes les saisies ont été effectuées avec beaucoup de soin. En tant
qu’informaticien, je salue son professionnalisme.
Mention aussi spéciale à Madame Diop née Déguène Bop, Principale du
CEM Amadou Coly Diop, pour qui j’ai eu un respect eu égard à sa grande
courtoisie ainsi qu’à son attitude particulièrement obséquieuse envers
l’autorité.
Je pense aussi à tous mes lecteurs, des différents articles. Leurs
encouragements ainsi que leurs félicitations pour la teneur des articles m’ont
mis du baume au cœur et m’incite à toujours mieux faire.
Je n’oublie pas les journaux : LAS ; le Quotidien ; 24 Heures et Walf Quotidien
qui ont consenti à publier bon nombre de mes articles.
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
Introduction :
Cet ouvrage est une compilation. Il traite des sujets les plus divers. Son
caractère hybride lui confère sa nature de document de culture générale. Son
contenu particulièrement bigarré vous offre des sujets relevant de disciplines
qui touchent presque, à toutes les branches du savoir : De la philosophie à
l’économie en passant par la science, la pédagogie, la psychologie, des
articles de presse, déjà publiés dans les journaux les plus prisés de la place.
Il s’adresse à toute personne assoiffée de culture, aux étudiants, aux élèves,
aux journalistes, aux enseignants mais aussi aux hommes politiques en
général mais particulièrement à ceux qui exercent le pouvoir : Président de la
République, Ministres et Députés.
Mon ambition n’était pas de donner des leçons à qui ce soit mais bien de
contribuer au progrès de mon peuple en donnant mes opinions sur l’ensemble
des sujets qui ont intéressé la République, surtout pendant les moments
chauds dont elle a eu à faire face à un moment ou à un autre.
J’espère que le lecteur, de quelque bord qu’il se situe, y trouvera les
informations dont il a besoin à des fins personnelles.
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
ADÉQUATION FORMATION/EMPLOI
J’ai eu l’honneur, le vendredi 6 Août 2021, d’avoir été l’invité de la chaine
TV Prestige Thiès sur le thème : « Impact de l’éducation et de la formation sur
le développement économique ». Cette émission, animée par Monsieur
Mansour Guèye, Professeur de techniques économiques de son état, a été
conduite avec perspicacité et compétence. Cette clairvoyance qui est le
propre des enseignants expérimentés, m’a inspiré cet article que j’intitule :
Adéquation Formation/emploi.
Mon ambition n’est point de sombrer dans les théories les plus radicales.
Loin s’en faut. D’autres cadres plus versés que moi, en la matière, le feront
certainement. En tant qu’acteur du système pendant près de quatre décennies,
je voudrais tout simplement apporter ma modeste contribution sur la
problématique, en mettant le doigt sur un problème clé de notre Education
Nationale.
Comme l’écrit Philippe Delmas, « c’est la qualité de l’articulation entre les
systèmes éducatif et économique qui distinguera nettement les pays les uns
des autres ». En un mot comme en cent, il faut rapprocher, absolument, l’école
et l’entreprise. Sans doute même, peu ou prou, les marier.
Cela ne se fera ni en un jour, ni sans heurt. Il me semble que nous ferions,
déjà, un pas important dans la bonne direction si nous arrivions, davantage à
substituer au concept unique d’Education, ceux, complémentaires,
d’instruction et de formation. Parce qu’il faut bien constater qu’à vouloir tout
unifier sous le même chapeau, l’Education nationale est en train de conduire à
l’échec, de plus en plus tôt, un nombre d’enfant de plus en plus important.
La simple création d’un Ministère chargé de la formation professionnelle, à
mon sens, ne suffit pas. L’identification des besoins des entreprises en matière
de main-d’œuvre qualifiée doit commander les filières de formation dans les
différentes structures. Autrement dit, il faut mettre en œuvre une véritable
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série d’institutions qui ont conduit à l’informatique, est d’abord due au cerveau
de Pascal. N’oublions pas que la puissance de l’esprit de Pascal avait été
aiguisée par la volonté paternelle, à l’âge de onze ans, en 1634.
Autre exemple, Leibniz qui élargit avec intrépidité le champ et la
perspective : il y introduit les données astronomiques et les fonctions
trigonométriques.
Il y mêle bientôt une autre intuition féconde, ce qu’il appelle dès ce moment-
là « le système nouveau de la nature et de la communication ». Il est porté à
un optimisme fondamental sur l’homme et sa destinée, le dynamisme de sa
nature, sa capacité cérébrale et le lien essentiel qui le rattache à l’univers
environnant. « Il n’y a rien de l’intelligence qui ne vienne des sens, si ce n’est
l’intelligence elle-même », écrit-il dans une formule célèbre.
Ce sont ces grands esprits qui doivent inspirer nos élèves durant tout leur
cursus. La tâche nous incombe à nous enseignants, qui avons la lourde tâche
de les former. Une fois cette formation réussie, je l’espère, comment dès lors
les insérer dans le tissu économique ? Ne nous faisons pas d’illusions ! Rares
sont les pays, y compris ceux développés, à réussir le couple « universel »
Formation/Emploi, exceptés le Japon, l’Allemagne et les Etats-Unis,
pratiquement tous les autres se trouvent dans une situation de recherche
permanente. Nous ne devons pas être en reste. En quoi faisant ?
D’abord, si ce n’est pas déjà fait, introduire dans les programmes de
formation professionnelle, durant tout le cursus, des modules de formation à
l’entrepreneuriat, afin de les préparer à la prise en charge de leur propre destin
au cas où l’état ou le secteur privé n’étaient pas à même d’absorber tous les
sortants. Ce qui du reste est fort probable.
Ensuite, aider davantage à la promotion du secteur privé non seulement par
l’attraction de l’investissement étranger mais aussi et surtout la valorisation de
nos produits locaux par les nationaux. Ces petites et moyennes unités
industrielles sont de nature, à n’en point douter, à résorber le chômage.
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mises à part les études des chercheurs et experts, qui restent encore
confidentielles, les enseignants et même responsables au plus haut niveau,
qui parlent si fréquemment du niveau qui baisse, ne se réfèrent à aucun
fondement critique ni à aucune référence sérieuse. C’est un tic culturel ou
professionnel qui peut expliquer dans la convergence de mobiles divers.
Tentons d’en identifier quelques-uns. Mais auparavant, je voudrais marquer
mon opposition la plus forte à ceux qui soutiennent que « le niveau de français
des enseignants est comparable à celui de tous les autres corps de métier ».
Nous ne devons pas accepter de tomber si bas, car si nous avons le même
niveau que ceux que nous sommes censés former au point de nous confondre
à eux, où va le système ? Nous devons à tout prix sauvegarder notre image
d’homme de culture et nous situer aux antipodes de toute forme de médiocrité.
Sous ce rapport, quelle thérapeutique pour améliorer constamment le niveau
de langue, le français ? On a tendance à incriminer le recrutement, cet
argument à mon avis ne tient pas la route, étant entendu que les bacheliers
sont désormais recrutés par voie de concours ; même avant, avec le « quota
sécuritaire », il n’y avait pas lieu de s’alarmer, car on a vu des moniteurs
auxiliaires gravir les échelons jusqu’aux fonctions d’inspecteurs,
d’administrateur civil ou de professeur agrégé. Ce qui manque cruellement
chez nos enseignants d’aujourd’hui, c’est la vocation. Ils embrassent le métier,
en font un gagne-pain. Cette attitude tue l’ambition et bloque l’enseignant dans
sa quête du savoir.
Dans mes lectures, je n’ai rencontré, jusqu’ici, nulle part où il est dit que, plus
le niveau du diplôme est élevé, plus l’enseignant est meilleur et
conséquemment, possède un niveau de langue plus élaboré.
Pour avoir un bon niveau en français, il faut absolument beaucoup lire. La
pratique d’une langue précède toujours la prise de conscience des lois
d’organisation de cette langue, c’est connu. Il ne faut pas avoir peur de parler
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mais pour ainsi dire une obligation professionnelle dont l’absence est
rédhibitoire, autrement dit qui constitue un obstacle radical.
En dernier ressort, il est impossible de distinguer, dans le cas de
l’enseignant, ce qui revenait à une déontologie professionnelle et ce
qui relève de la morale tout court. Car l’enseignement est peut-être le
seul « métier » où activité publique, vie privée, existence
professionnelle et personnelle ne saurait être dissociées.
Contrairement aux autres travailleurs, l’instituteur est enseignant
partout et toujours, même et surtout hors de la classe. « L’éducateur
doit être irréprochable dans sa tenue et sa conduite privée… celui qui
a accepté la mission d’éducateur doit mettre sa tenue en harmonie
avec son enseignement » nous dit Jean Andrews dans Devenir
enseignant.
Aussi bien, les termes employés à son propos n’appartiennent pas,
comme c’est le cas aujourd’hui, au vocabulaire des métiers
(compétences, savoir-faire, technique etc.), mais à celui du
sacerdoce ecclésiastique : « vocation », « mission », « service »,
« apostolat », « disciple » signifient clairement le caractère religieux
sacerdotal, de l’activité enseignante. Comme on le voit, donc, on entre
dans ce métier comme on entre dans une religion. Si on est
essentiellement grisé par des considérations tout à fait pécuniaires, il
vaut mieux aller voir ailleurs, car on risque de porter un grand tort à
l’éducation nationale.
En somme, si la notion de déontologie évoque l’idée de devoirs
spécifiques à une pratique déterminée, celle-ci est habituellement
toujours liée à celle de droits corrélatifs de ces devoirs. Or, dans le
cas de l’enseignant, on a l’exemple d’un état où ce couple classique
ne joue pas.
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Celui le plus évident était le rapport qui existait entre éducation et politique.
On ne croyait plus que l’éducation était l’instrument obligé de l’avènement
d’une société meilleure. Quand les conservateurs reprochaient à l’école
ses niveaux académiques de plus en plus bas, les radicaux, au contraire,
lui reprochaient d’être oppressive, autocratique et assommante.
Aussi, les libéraux, au XIXe siècle, voyaient l’école comme un instrument
d’égalisation. Elle serait comme Horace MANN le disait : « l’égalisateur de
la condition humaine, le palonnier de la machine sociale… elle fait mieux
que simplement désamorcer l’hostilité des pauvres envers les riches : elle
prévient la pauvreté… » Autrement dit, on considérait que l’éducation
était, pour celui qui était né humble l’instrument majeur de l’ascension
sociale ; tout le monde avait les mêmes possibilités de réussite : il suffisait
pour cela d’avoir du talent et de l’énergie. Dans nos sociétés actuelles,
l’égalité apparente ne garantit pas l’égalité de chance dans la vie, même
dans les sociétés qui, à l’époque, étaient dites socialistes qui ont fait de
l’égalité un de leurs buts premiers.
Par ailleurs, on note des attitudes plus ou moins négatives dans le local
même de la classe. Les exemples des pays hyperindustrialisés tel que les
Etats-Unis, les Pays-Bas, ou l’Allemagne, montrent à profusion que les
attitudes des étudiants vis-à-vis de l’école deviennent de plus en plus
négatives au fur et à mesure qu’ils gravissent les échelons de la scolarité.
Mais ce phénomène n’est-il pas lié en partie à la diminution de
l’importance donnée à l’éducation ?
Il apparaît clairement que, dans l’échelle des priorités politiques,
l’éducation est descendue de quelques échelons. Ne soyons pas étourdis
par le mirage des chiffres. La moitié du budget au Sénégal était consacrée
à l’Education avait-on l’habitude de nous rabattre les oreilles ; si oui,
pourquoi autant de remous récurrents dans le système ? Quatre-vingt-dix
pour cent (90%) du budget de l’éducation sont consacrés au personnel.
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qui régnait ; ceux qui réussissaient le mieux dans cette compétition étaient
ceux provenant des familles privilégiées au niveau culturel.
Enfin, il y a conflit entre, d’une part, l’administration traditionnellement
bureaucratique et hiérarchisée qui avait la charge de diriger l’école, et,
d’autre part, les demandes de participation exprimées par les étudiants
comme les parents.
Au demeurant, ces caractéristiques de l’école d’hier s’observent de nos
jours dans le fonctionnement quotidien de nos établissements ; il n’y a
absolument rien d’évolutif sinon le contexte socio-culturel.
Qui ne se souvient pas du passé est condamné à le répéter.
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l’Enseignement.
Dans son ouvrage intitulé : « Le vade Mecum de l’enseignant » Cherif Tall,
Inspecteur de l’Enseignement Elémentaire de son état et ancien Directeur
des Etudes de l’Ecole Normale supérieure, écrit : « De toutes les autorités
scolaires, l’Inspecteur de l’Enseignement Primaire est la plus impopulaire,
la plus vivement critiquée. Ses propos, sa conduite, son tempérament et
même sa compétence sont l’objet de commentaires les plus divers, les
plus tendancieux quelquefois. Se montre-t-il exigeant vis-à-vis de son
personnel, très vite, il apparaît comme un ogre, un homme au cœur de
pierre noire. Les examens professionnels qu’il préside tirent-ils en
longueur tout de suite, comme une traînée de poudre, la réputation de
bourreau impitoyable se répand dans la circonscription et précède le
pauvre inspecteur dans les autres circonscriptions ». Cette perception de
l’Inspecteur est-elle toujours de mise ? Oui, elle est restée intacte !
Aucun inspecteur ne doit s’en offusquer ! C’est normal. Il faut dire que la
critique des inspecteurs n’est pas nouvelle. Elle est dans la nature des
choses : celui qui accepte d’assumer une fonction de jugement – et c’est
bien de cela qu’il s’agissait naguère- doit accepter par la même d’être jugé
à son tour. Mais la mise en question de l’institution est à la fois récente et
fondamentale.
Rappelons seulement qu’autrefois, au XVIIIe siècle notamment, les
« petites écoles de lecture, écriture, arithmétique, grammaire » étaient
placées sous le contrôle d’ecclésiastiques. Ils exerçaient non un contrôle
pédagogique, mais un contrôle sur la moralité des maitres et sur leur
respect des règlements édictés par les autorités religieuses. La pédagogie
était, alors, à inventer, et il s’agissait seulement de faire apprendre les
rudiments aux jeunes élèves.
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plutôt à dessiner les contours d’une nouvelle culture, en rupture avec les
apprentissages scolaires classiques, permettant aux élèves une mise en
perspective des savoirs grâce à des apports multiples (scientifiques,
anthropologiques…)
C’est là le classique antagonisme entre l’école républicaine, gommant les
différences – si l’on se réfère à la métropole – pour faire émerger une
identité nationale, et ses détracteurs attentifs à d’autres identités
culturelles. Cependant, la donne a changé depuis un siècle : la nation
française d’où ces observations ont été originellement faites n’est pas
menacée d’éclatement, comme la nôtre du reste.
En revanche, l’institution scolaire, ici comme ailleurs, doit faire face à un
défi sans précèdent, puisqu’elle accueille des publics particulièrement
hétérogènes, notamment du point de vue des couches
sociales. « Différencier » les matières d’enseigner est un leitmotiv des
pédagogies nouvelles depuis des décennies. En ce sens, elles fournissent
peut-être de meilleures armes que l’enseignement classique pour réussir
à faire travailler les classes telles qu’elles sont aujourd’hui.
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Il y’a cent ans, les pères de famille châtiaient rudement, mais ils le faisaient
avec calme, dignité, à bon escient, pour le bien de l’enfant et non pour leur
tranquillité personnelle, voir Samba Diallo dans l’Aventure Ambiguë de
Cheikh Amidou Kane : « verges, bûches enflammées… » Ainsi, l’enfant
pouvait comprendre qu’on avait en vue son éducation, son succès dans
la vie et la douleur cuisante qu’il éprouvait sur le moment était atténuée
par le bénéfice qu’il en tirerait plus tard. Comme disent les wolofs : « bala
ni nux nux ni war war .»
De nos jours il en va tout autrement. Les parents fatigués, inquiets,
énervés, s’irritent devant une résistance ou un insuccès et déchargent par
les moyens les plus rapides le trop-plein de leur indignation.
Cette attitude fait beaucoup plus de mal que de bien et c’est une des
raisons principales pour lesquelles les châtiments corporels sont suivis de
si peu de bon effet.
Appliqués d’une manière excessive, inconsidérée à un moment ou dans
des circonstances qui ne conviennent pas, ils infligent une terrible
blessure d’amour propre ou un choc émotif qui risque de donner lieu à
d’amères conséquences : irritation, résistance ouverte ou alors ruse,
duplicité, fourberie.
En termes de leçons apprises et comme viatique de mon expérience
professionnelle je proscris sans réserve cette manière de faire qui offre
tous les éléments de la maltraitance que personnellement, je condamne
avec la dernière énergie.
Je veux bien qu’on corrige un enfant même sévèrement s’il y’a lieu, mais
je m’oppose à ce qu’on le maltraite.
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LAMENTATIONS
Dans un article précédent, relatif à la baisse de niveau dans nos différents
ordres d’enseignement, et répondant au Ministre de l’Education de
l’époque, j’avais intitulé ma contribution ainsi : la rengaine du niveau qui
baisse. Mon souci était de montrer que la baisse du niveau est un
phénomène ancien, séculier même, et il est toujours possible de penser
que les nouvelles générations traînent des niveaux de plus en plus faibles
par rapport aux anciennes, tant il est habituel chez les intellectuels de
s’indigner du niveau de nos élèves et étudiants d’aujourd’hui, de
stigmatiser leurs cuistreries et d’en accuser les temps ou le système.
Dans celui-ci, je tenterai de mettre l’accent, plutôt sur un ordre
d’enseignement qui me paraît fondamental : l’enseignement moyen. Il est
vrai que la baisse de niveau est une notion sociologiquement confuse,
mais compte tenu de l’intérêt que je lui porte depuis mon admission à la
retraite, je me suis évertué à privilégier la démarche « en quête », en
approchant directement les acteurs de terrain – professeurs et Principaux
– en l’occurrence – oui, pour qui hasarde la sempiternelle et indispensable
question à propos du niveau des élèves, c’est un véritable et interminable
mur des lamentations. Et la monotonie des réponses des acteurs cités
plus haut, ne laisse guère de doute sur, l’ampleur du désastre.
Quels que soient le type d’établissement, le département, la région, la
matière, les professeurs s’accordent sur un point : une proportion
importante d’enfants qui entrent aujourd’hui au collège NE SAIT PAS
LIRE.
Sous ce rapport, laissons parler les témoins qui, pour la plupart ont requis
l’anonymat. M. D : » Nous accueillons presque une tranche d’âge, sans
considération de niveau. J’ai l’habitude de dire en plaisantant – confesse
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finirai sans doute : au milieu des livres. » Cette conviction de l’auteur « les
mots » devrait habiter chacun de nos élèves et étudiants.
Revoir le passage massif en 6e sans faire preuve du niveau requis. On
comprend les mobiles d’un tel état de fait avec l’obligation scolaire jusqu’à
16 ans, l’application automatique de cette disposition de la loi d’orientation
fait qu’on alphabétise plus qu’on ne scolarise.
Prévoir des filières intermédiaires entre la 6e et la 3e pour les élèves qui
présentent des lacunes au niveau conceptuel et spéculatif afin de les
reconvertir dans l’enseignement moyen pratique.
Ne confier les cours d’initiation qu’à des maîtres expérimentés ayant fait
leurs preuves dans ces classes névralgiques. A ceux qui affichent une
réelle vocation, qui aiment le métier et les enfants et non point à ceux qui
le considèrent, simplement, comme un « gagne-pain ».
Aussi, l’encadrement pédagogique en a-t-il un rôle prépondérant. Pour ce
faire l’effectif des inspecteurs doit être étoffé pour en arriver à un ratio tout
à fait raisonnable. Ceux-ci doivent toujours s’évertuer à faire preuve de
compétence et d’efficacité afin de gagner la confiance des enseignants.
Finalement, la querelle du niveau, ne sert à personne, et surtout pas aux
élèves qui en sont au bout du compte, les victimes. Les mesures pour
sortir de l’imbroglio qui en résulte, même si celui-ci plaît à nos habitudes,
ne peuvent être établies que si on tente de démythifier le débat, en
dépassant une bonne fois, controverses émotionnelles et rêves d’un âge
d’or mythique.
Il importe de rompre avec la délectation morose sur un obscurantisme des
jeunes et sur l’annonce d’une dégradation de l’enseignement en tentant
d’établir l’état présent et la problématique de notre système éducatif :
tâches ardues, s’il en est possible, mais indispensable. Il faut, autant qu’il
est possible, en venir aux faits. Le salut de nos différents ordres
d’enseignement en dépend.
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actuel des jeunes n’étant plus ce qu’il était-il y’a cinquante ou cent ans.
« Les jeunes, disent certains experts de L’UNESCO qui ont sondé la
question, ne semblent pas seulement franchir une phase comme à toutes
les époques, ils paraissent installés dans un état. » On peut donc dire que,
s’ils ont beaucoup changé par rapport à ceux d’autrefois, ce doit-être
parce que le temps présent est très différent des époques antérieures.
Il est facile de le constater. La jeunesse d’aujourd’hui souffre de
diverses circonstances que l’on ignorait au siècle dernier. La promiscuité
urbaine, l’absence d’air pur, les nourritures dévitalisées, les intoxications
pharmaceutiques, les logements trop étroits – DAKAR notamment, le bruit
et autres nuisances, la tension nerveuse doivent nécessairement
fabriquer des êtres ne ressemblant guère à ceux des générations
précédentes.
Cette atmosphère entraîne naturellement une agitation inhabituelle, de
l’insomnie, une sorte d’amertume et une incapacité toujours croissante de
goûter le calme et la paix intérieurs.
A cela s’ajoutent d’autres causes qui ont noms : alcoolisme, trouble
psychique, inconduite et désaccord chez les parents, influences néfastes
de la rue, les lectures immorales, les dancings, le cinéma, les séries
télévisées, la perversité de certains milieux, constituent autant de facteurs
pour lesquels nos jeunes se trouvent DESEMPARES en face de cette
variété aussi abondante de difficultés et d’anomalies.
De tous temps, les jeunes gens et les jeunes filles ont dû s’adapter au
milieu social dans lequel, comme adultes, ils étaient appelés à se vendre
utiles et à travailler.
Cette adaptation devient de plus en plus difficile. L’affaiblissement des
notions de justice, de devoirs, d’honnêteté, de ridicule si souvent jeté sur
les vertus les plus respectables – FULLA AK FAIDA, JOMM – le
relâchement des mœurs affiché sans vergogne – homosexualité – les
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mental, caractériel et affectif, il faut qu’il soit issu d’un couple légitime, uni
par un solide amour et formant devant lui un bloc indissoluble qui
l’accompagne jusqu’à son âge adulte. » cela suffirait pour expliquer bien
des écarts de conduite de notre jeunesse actuelle, puisque des quantités
de familles de nos jours, sont bien loin de réaliser ces conditions de vie et
cet idéal.
En somme, nos enfants ont besoin de savoir que la société dans
laquelle ils vont jouer leur rôle est malheureuse plus encore que blâmable,
qu’elle est plus sotte et plus vaine que vraiment méchante et qu’il faut voler
à son secours.
Si nos jeunes comprennent cela, ils s’adapteront fort bien à la société
actuelle, non pour la suivre et l’imiter, pas d’avantage pour la fustiger de
leur mépris, mais pour l’aider et y jouer le rôle de flambeaux éclairant,
chaque jour un peu plus le chemin menant vers le progrès, au grand
bénéfice de notre cher Sénégal.
Jeunesse malsaine, non ! Jeunesse désemparée, Oui !
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Mais malgré tout, si l’on devait hasarder une entreprise de ce genre, quelle
est la structure qui devrait avoir le primat ? Bien sûr la famille, les parents
en l’occurrence.
De ce point de vue, il est admis que l’un des plus grands avantages
accordés à la majorité des enfants est celui d’avoir à la fois un père et une
mère. Tous deux sont indispensables pour une action éducative
équilibrée.
Pour s’occuper de ses enfants, il faut que le père soit présent à la maison
le plus possible. La vraie famille, complète, active, n’existe que lorsque les
parents sont tous deux-là.
Dans les milieux ouvriers, le travail arrache le père à son foyer le plus clair
de son temps et il devient un méconnu, dont l’autorité est singulièrement
ébranlée. Cela a nécessairement des répercussions sur le comportement
des enfants. En effet, les devoirs des parents sont si difficiles et si délicats
que personne n’oserait prétendre s’en acquitter sans se tromper.
Le père n’est pas un « dompteur ». Devant un tel idéal, on conçoit le non-
sens des méthodes d’éducation dont font usage certains pères de famille
et qui s’apparentent à celles d’un dompteur dans une cage de fauves :
ceux qui « forcent » l’enfant, par la menace, à se soumettre sans réplique,
aux ordres qu’ils donnent et ceux qui « achètent », si j’ose dire, la bonne
volonté et les bonnes grâces de l’enfant par des remerciements, des
félicitations, des récompenses.
Que demande-t-on à l’enfant qu’on éduque ? Tout simplement de revenir,
à travers de multiples expériences, à sa véritable nature. Il n’y a donc pas
lieu de lui faire violence, ni de faire intervenir de bas intérêts. Il faut l’aider
patiemment, avec fermeté et douceur, à ranimer la nature parfaite que le
créateur a consentie pour lui.
Voilà pourquoi il est non seulement inefficace et cruel, mais aussi anti
pédagogique de chercher à « dompter », à « dresser » un enfant.
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Où va le Système ?
Où va le système éducatif sénégalais ? La rue a-t-elle exercé une
influence néfaste sur le comportement de la jeunesse ? Toute porte à le
croire. Des élèves qui cognent sur leurs professeurs, qui déchirent
ostensiblement leurs cahiers dans l’enceinte de l’établissement, qui
piétinent leurs blouses sous le regard médusé de leurs professeurs et de
tout le personnel administratif, qui renversent des tables-bancs, des
étudiants qui arrachent le micro à leur professeur en plein cours ; qui
bloquent l’entrée de l’université au point que les très respectables
enseignants soient contraints à rebrousser chemin. Voilà le décor qui fait
triste figure que nous offre, ces derniers temps, l’école sénégalaise.
Qu’est- ce qui pourrait expliquer de tels comportements ? Les parents,
comme on dit, ont-ils démissionné ? La rue a-t-elle pris le pas sur le
« peu » que ceux-ci ont tant bien que mal installé au niveau du foyer, dès
le jeune âge ? Tentons de répondre à ces différentes interrogations qui,
assurément, nous installent devant une amphibologie fondamentale.
A mon sens, on ne peut pas dire que l’éducation de base dont les parents
ont en charge a été escamotée. Certes, ils ont fait ce qu’ils ont pu, mais
on ne peut pas nier l’existence d’autres facteurs plus ou moins négatifs
qui sont de nature à contrarier leurs actions de la vie de tous les jours ;
parmi ceux-ci : la rue.
Il fut en temps où les enfants bien élevés n’allaient jamais jouer dans la
rue. Les transformations profondes qui se sont produites dans les idées
et dans les conditions d’existence ont rendu presque risible de nos jours
ce genre de précautions. La rue n’est pourtant pas moins dangereuse
aujourd’hui qu’autrefois ; elle l’est même bien d’avantage à tous points de
vue.
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qui, à un moment donné, répudie tous ces sentiments parce qu’ils ont
cessé de correspondre à ses goûts où à ses aspirations intimes ?
Mais quelles sont les causes du divorce ?
Elles sont relativement nombreuses, mais tentons d’en cerner les plus
habituelles. Quand on songe à la futilité de certains détails qui dressent
deux époux l’un contre l’autre, on est obligé de se dire que leur séparation
provient beaucoup moins de leurs défauts que leur mauvaise volonté à s’y
adapter réciproquement.
Ce sont les petites agaceries quotidiennes plus que les grands états qui
minent les bases du foyer. Et des foyers ainsi compromis, il y en a plus
qu’on ne le pense. Il est inévitable que certains malentendus se
produisent, non pas des brouilles et des disputes, mais simplement des
divergences de vue ou que des circonstances surviennent dans lesquelles
la conduite de l’un ne pouvant pas explicable à l’autre.
Lorsque l’enchantement des premiers temps a fait place à la régularité
parfois monotone de la vie, les défauts prennent peu à peu plus d’ampleur
et de liberté dans leurs manifestations. Il en résulte très souvent, surtout
chez la jeune épouse, le sentiment de s’être trompé de choix, d’avoir
cultivé des illusions dont la disparition laisse un vide douloureux.
C’est pourquoi les auteurs s’accordent généralement pour dire que la
première année du mariage est loin d’être, comme on le croit
généralement, une année d’enchantement et de délices, mais une année
cruciale et décisive, parfois pénible, de la vie à deux.
Vous connaissez tous des ménages qui semblaient devoir être heureux
et l’ont été en effet … pendant toute la lune de miel. Mais peu à peu, le
mari s’est lassé du désordre qui règne au sein de la maison, de la
négligence dans la préparation des repas, du peu de soin apporté à
l’entretien du linge, des vêtements. On croit d’abord que ces choses-là ont
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peu d’importance quand on s’aime. Mais l’amour le plus sincère finit par
se fatiguer quand il se heurte chaque jour aux mêmes déceptions.
Bien des maris en prennent leur parti et concourt largement au travail
ménager ; mais beaucoup d’autres finissent par trouver que leur foyer est
un des lieux les moins agréables et ils y passent le moins de temps
possible. Ainsi, petit à petit, le fossé se creuse et devient parfois si profond
que les époux préfèrent vivre chacun de leur côté ?
Il est aussi une cause de divorce assez fréquente quoique rarement tout
à fait justifiée : La jalousie. Elle s’empare de l’un des époux. Certes, il y a
une forme de jalousie parfaitement normale, j’oserais même dire
désirable, c’est elle qui montre que l’on tient par-dessus tout à celui ou à
celle qu’on aime, qu’on n’est pas disposé à céder les droits et les privilèges
acquis par l’amour, qu’on veut préserver l’être aimé de certaines
entreprises regrettables de la part d’hommes ou de femmes sans
scrupules.
Mais dès que la jalousie devient égoïste ou tyrannique, elle sort de ses
limites normales, elle est un défaut grave, capable de ruiner une vie noble
et un grand bonheur. Il n’y a pas de sentiment plus terrible que la haine,
mais avec elle, au moins, on sait à quoi s’en tenir.
La jalousie égoïste, au contraire, laisse ses victimes perplexes et
désemparées parce qu’elle prétend agir au nom de l’amour, dont elle n’est
en réalité qu’une dangereuse imitation.
L’époux soupçonné a beau donner aucun élément à cette méfiance, par
exemple, en restant toujours avec son conjoint, il a beau se montrer
indiffèrent et presque incivil à l’égard des autres, il aura toujours assez de
mots, de regards, de gestes qui seront mal interprétés. Un jour viendra
peut- être où, excédé, il décidera de n’en faire qu’à sa tête, sans écouter
les récriminations habituelles. Alors ce sera la catastrophe !
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Hélas ! Le divorce est entré dans les mœurs ! Il est très fréquent
maintenant ! Dommage. Quels sont les troubles psychologiques de
l’enfant de parents divorcés ?
Le problème du divorce examiné sous cet angle est beaucoup plus
tragique. L’enfant ne peut guère rencontrer de souffrance plus grave, au
cours de son existence, que celle de la séparation des parents.
Cette souffrance aux multiples aspects peut avoir, des répercussions
psychologiques et morales parfois très lourdes de conséquences.
Dès avant le divorce, l’enfant est une espèce de champs de bataille sur
lequel se heurte la haine que se vouent les époux. L’enfant, beaucoup
plus sensible qu’on ne le croit ordinairement à la qualité de l’atmosphère
dans laquelle il vit, peut s’habituer, en apparence, à ces conflits, à ces
disputes, à ces scènes de ménage dont il est témoin, aux remarques
désobligeants, aux commentaires amers et désabusés qu’il entend.
En réalité, dans de telles conditions, il est plus malheureux qu’un
orphelin. L’orphelin sait pourquoi sa famille est brisée ; sa solitude peut
être adoucie par le souvenir d’un foyer uni et toute sa vie peut être
illuminée. L’enfant de parents divorcés comprend mal ce qui s’est passé,
mais il en garde l’impression d’une catastrophe dont il peut souffrir
pendant longtemps.
Mais souvent cette situation intolérable fait naître d’autres réactions
bien regrettables :
Ne sachant plus très bien à qui il peut se fier, il devient insociable ; afin
de s’attirer le minimum de questions et de reproches, il tombe dans
l’hypocrisie.
Préoccupé plus qu’on ne pourrait le supposer, il se détache de son
milieu et, pensant à autre chose, devient distrait, rêveur.
Obligé de se surveiller, de calculer ses réponses et de choisir ses mots,
il est rendu irritable par ses séjours successifs chez ses divers parents.
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Peu à peu, les comparaisons qu’il fait entre les deux branches de sa
famille, ses constatations lorsque des enfants sont issus du second
mariage de ses parents le rendent jaloux et même vindicatif.
L’inutilité des efforts qu’il a d’abord déployés pour maintenir une
certaine harmonie, puis pour éviter les conflits, le pousse alors à
l’indolence, à l’indifférence, à la paresse.
Enfin, pour couronner le tout, ses déceptions affectives qui
s’accumulent ébranlent son système nerveux et l’expose aux névroses,
aux psychoses et même, le terrain aidant, aux maladies mentales les plus
graves.
Ces conséquences du divorce ne sont pas exhaustives, loin s’en faut.
Elles pourraient s’allonger à l’infini ; Ces quelques indications qui
entravent sérieusement la scolarité des enfants, suffisent pourtant pour
faire réfléchir non seulement ceux qui songent réellement au divorce mais
aussi ceux qui, sans s’en douter, s’engagent sur la pente qui y conduit.
Fût-ce pour la protection de l’enfance, je ne demanderais cependant
pas des lois qui rendent plus difficile la séparation des époux. Je dirais
donc volontiers : Sentez-vous libres de divorcer, mais, de grâce, ne le
faites pas !
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sont à ce prix car comme le dit Gaston BERGER dans l’homme moderne
et son éducation : « il faut, constamment penser à l’homme comme finalité
de notre action ». N’est-ce pas cela l’objet de l’économie de l’éducation ?
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PROFESSIONNELLE !
Pendant les quatre années auxquelles j’ai été appelé comme formateur
au CRFPE (centre régional de formation des personnels de l’Education)
de Thiès, j’ai toujours accordé une attention particulière au cours sur la
conscience professionnelle, dans le cadre du module de législation et de
déontologie qui m’a été confié.
Educateur, une fois qu’on affuble ce titre, on l’est à vie. Voilà un
personnage qui ne prend jamais sa retraite. Sous ce rapport, il peut
s’inscrire à travers plusieurs créneaux pour la poursuite de son action
éducative, au grand bonheur des bénéficiaires dont l’épanouissement en
dépend pour une grande part.
Personnellement, j’ai opté pour l’écriture, car s’agissant justement de
l’éducation, telle qu’elle se déploie, ici et ailleurs, écrire, c’est aussi agir,
non pas seulement pour les générations actuelles mais aussi futures.
L’enseignant occupe une place privilégiée et délicate dans la société à
laquelle il appartient. Il y assume de lourdes responsabilités au niveau
social. Le contrat moral qui le lie à la collectivité lui impose des
contraintes : rigueur morale, assiduité, droiture, probité mais surtout la
conscience professionnelle. Cette dernière se définit par une tension
permanente de la volonté de l’enseignant vers un meilleur
accomplissement de sa tâche. C’est aussi une application persévérante
dans l’exercice de sa profession, un amour du métier, le sentiment
esthétique et moral du travail bien fait.
La conscience professionnelle est le sens aigu et profond des
responsabilités. Elle cultive la détermination à bien faire et à toujours
mieux faire son travail. Pour bien mesurer l’importance, il faut se référer
au contrat qui lie le maître à l’élève et à la société. Considéré comme un
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aperçoit, hormis ses collègues ? Mais qu’un enseignant soit au lit avec de
la fièvre, et tout un réseau de personnes est alerté : les élèves concernés
sont au courant, de même que leurs parents et éventuellement d’autres
adultes.
Pour peu que l’enseignant ne soit pas remplacé rapidement, l’affaire
devient un sujet de conversation chez le boulanger ou le marchand de
journaux.
« Deux mois après mon retour d’un court arrêt maladie, je croisais encore
des inconnus dans la rue qui me demandent si j’allais mieux », se souvient
une institutrice de la ville de Thiès.
Regard sur l’efficacité du travail, ensuite. Si un enseignant consacre tous
ses cours à parler aux élèves de ses dernières vacances ou de choses
qui n’ont rien à voir avec l’objet de son activité du jour, le phénomène se
sait et se répand très vite.
Au fond, le travail de l’enseignant est constamment exposé aux regards :
les cahiers, les devoirs à la maison, les corrections, le cahier de textes
sont autant d’informations qui transitent de l’intérieur vers l’extérieur de
l’école. Les résultats obtenus par les élèves aux examens jouent, à tort ou
à raison, le même rôle.
Qu’ils s’en réjouissent ou qu’ils le déplorent les instituteurs et les
professeurs sont donc sous les feux de la rampe à longueur d’année. Une
telle « visibilité » n’est pas sans rappeler celle des médecins. Et les
polémiques sans fin sur le sérieux des enseignants évoquent
inévitablement celles sur le degré de confiance à accorder à un praticien.
Élèves, parents, collègues, chef d’établissement : tout l’environnement
pousse l’enseignant à exercer pleinement son métier.
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désigner cet entretien qui semble mettre tout un chacun sur des charbons
ardents, à l’exception de quelques enseignants en fin de carrière.
L’avancement d’un enseignant se fait en fonction de son ancienneté,
mais aussi sa note attribuée par son chef hiérarchique direct – directeur,
principal, proviseur – la note d’inspection étant très déterminante quand
on aspire à un poste à responsabilités - une bonne note entraine une
progression accélérée, dite « au grand choix ».
La note attribuée à un enseignant en début de carrière joue un rôle
décisif. De par l’inertie du système, les inspections suivantes ne la
modifieront guère : un point ou deux en plus si l’enseignant a semblé
génial à son examinateur ; aucun point supplémentaire s’il lui a semblé
mauvais.
En vertu d’une règle non écrite, mais sur laquelle on veille, quand
même, une note n’est jamais baissée sans motif valable, quelle qu’elle
soit, tout le monde termine sa carrière au dernier échelon si l’ancienneté
vous le permet.
Mais les heureux bénéficiaires du « grand choix » atteignent cette étape
ultime après une vingtaine d’années de métier environ, tandis que les mal
– notés ne progressent qu’à l’ancienneté, attendent une dizaine d’années
supplémentaires.
« Humiliante » : le mot revient souvent à propos de la visite d’inspection,
ressentie comme un jugement à la fois rapide et arbitraire. Lorsque
l’inspecté ne manque pas de confiance en lui-même, il vit cela comme un
mauvais moment à passer. Si au contraire, sa personnalité est fragile, il
en ressort… en larmes, surtout chez les femmes.
Entre ces deux attitudes extrêmes, chacun s’adapte tant bien que mal à
la situation. Et les réactions sont évidemment influencées par le style, la
façon de faire de l’inspecteur lui-même.
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les élèves les formes correctes qu’ils peuvent prendre au moment de leur
application.
La pédagogie de Dewey n’est cependant pas une pédagogie de
l’improvisation. Dewey ne donne pas de recettes pédagogiques, parce
que l’éducation est une expérience que le maitre et l’enfant vivent
ensemble à l’école où ils la vivent dans le pays. Une pédagogie à recette
est au mieux une pratique de circonstances, pas nécessairement
mauvaise, au pis et le plus fréquemment une contre éducation.
La pédagogie de Dewey est l’expression de sa philosophie de
l’expérience. Elle en constitue en fait l’application et la mise en œuvre.
Dans un de ses tous premiers articles, après avoir montré que ce qui
importe, ce n’est pas ce qui est une chose en tant qu’existence, mais ce
qu’elle fait.
Et Dewey procèdera toujours ainsi. Ses articles sur la psychologie de
la sensation comme fonction de l’intérêt comme impulsion, du
développement mental auront pour pendant son crédo pédagogique et
ses écrits sur l’école et la société, sur l’école et l’enfant.
En d’autres termes, pour Dewey, la philosophie est « la théorie générale
de l’éducation » et l’éducation « une reconstruction ou réorganisation
continue de l’expérience de manière à accroitre sa signification et son
contenu social, ainsi que les capacités des individus comme garants et
promoteurs de cette organisation.
La pédagogie de Dewey, philosophe de l’expérience, repose sur les
deux principes de son naturalisme ; le principe de continuité et le principe
de transaction. Continuité /Transaction. Ces deux principes sont
inséparables. « Le principe de la continuité de l’expérience signifie que
toute expérience garde quelque chose des expériences antérieures et
modifie d’une manière ou d’une autre la qualité des expériences
ultérieures. »
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Quant aux faits concrets ou quotidiens – être mal habillé, être mauvais
élève, avoir peur, avoir un père au chômage, être dans la rue avec
quelqu’un qui se fait remarquer, ils apparaissent comme hors du domaine
de la honte.
L’humiliation, seconde note associée au déshonneur, se lit pour sa part
dans l’indignation soulevée par l’atteinte à la pudeur, mais aussi à travers
les hiérarchies établies par les enfants entre les apparences et la réalité
du comportement : être pris en train de tricher ; se faire traiter de lâche est
plus grave que montrer qu’on a peur ou qu’avoir peur.
L’ensemble de ces réponses marque les limites données par les lycéens
au territoire du déshonneur. Toutes les trahisons sont motif de honte, mais
toutes n’occupent pas le même rang dans le déshonneur.
Chez les lycéens, tous âges et milieux confondus, le comble du
déshonneur c’est sans aucun doute possible trahir sa famille ou même un
membre de sa famille qui vous a aidé à réussir dans la vie, suivi, mais loin
derrière par trahir ses idées, ses convictions, ses amis comme il est de
coutume en politique.
Quant à la trahison de la patrie, elle fait figure de bonne dernière avec
la trahison de la parole donnée.
L’honneur a un coût et pour préciser et compléter l’inventaire des
représentations, il faut apprécier celui que les lycéens lui assignent... le
comble de l’honneur renvoie chez les jeunes à l’idée de renoncement :
abandon pour un sportif d’une compétition afin d’aider un concurrent en
difficulté ; refus, pour un soldat, de faire une guerre qu’on reçoit injustice ;
rejet pour un savant, d’une découverte qui risque d’être dangereuse…
L’examen des transgressions acceptées marque, d’une façon nouvelle,
le prix accordé par les jeunes à l’idée du renoncement, mais en précise
les conditions. Seuls les manquements à l’honneur d’ordre altruiste sont
tolérables. C’est-à-dire généreuse envers les autres.
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C’est dans ce jeu complexe d’effets de miroir que s’inscrit cette notion
de fierté toute personnelle qu’on pourrait nommer également estime de
soi. Quand celle-ci se trouve mise en cause, alors s’impose le
déshonneur, c’est-à-dire le sentiment de honte.
Que recouvre ce sentiment de honte ?
S’y entremêlent l’humiliation, la blessure morale, le sentiment d’une
infériorité, autant d’états qui attestent l’importance et la fragilité de l’image
de soi au regard d’autrui.
Les insultes jugées les plus graves sont celles qui portent atteinte à cette
image : « me faire passer pour quelqu’un que je ne suis pas »,
« m’ignorer », « me ridiculiser », « ne pas me faire confiance », ou encore
celle qui laissent entrevoir l’échec et le préjudice associé au fait d’être
accusé à tort : « me traiter d’incapable », « dire que j’ai trahi
quelqu’un », « dire que je suis un menteur », « l’insulte sur mon travail »
Mais la suprême insulte est celle qui touche à la famille et à l’ensemble
de ses membres : « Ay deume nguène ! » de l’anthropophagie ou
cannibalisme ! « Le plus grave qu’on puisse me faire n’est pas envers moi
mais envers mes proches » précise un élève.
La mise en cause de la famille est un sujet majeur de honte ; celle-ci
apparaît comme un ilot de sauvegarde, un rempart de protection auquel
nul ne saurait toucher…
La famille est davantage évoquée par les garçons. Ils sont soucieux de
ne pas décevoir leurs parents, c’est-à-dire de ne pas trahir leur propre
image au sein de leur famille, et se montrent particulièrement sensibles
aux insultes dont elle peut faire l’objet.
D’autres différences encore apparaissent selon le sexe. Le courage et
la bravoure sont moins souvent absents des réponses des garçons, tandis
que les filles, surtout les plus âgées d’entre elles, accordent plus
d’importance à l’image de soi et à l’apparence.
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D’où l’intérêt que montrent les ados pour les théories sociales,
politiques et philosophiques. Ils peuvent aussi se passionner pour des
problèmes métaphysiques et exprimer leurs valeurs par des termes
abstraits comme égalité, justice, loyauté. Ils manient des symboles,
accèdent aussi bien à l’algèbre qu’à la notion de loi.
Bref, tout se passe comme s’il y’avait à l’adolescence une accélération
du développement cognitif semblable à la croissance physique.
Or si nous connaissons tout, ou presque, des goûts, des habitudes, du
vocabulaire de nos ados, nous restons assez peu renseignés sur leur
fonctionnement intellectuel.
Qu’est-ce qui peut rendre compte de cet élargissement spectaculaire
des horizons de la pensée, si caractéristique de cette période ?
Pour Jean Piaget, le développement de l’intelligence se ramène à la
construction d’un système ou ensemble de structures logiques élaborées
par l’individu en interaction avec le milieu. Ce sont les fameuses
« stades », au nombre de quatre.
Le stade de la pensée « formelle », qui apparaît progressivement à
partir de onze – douze ans ou même treize – quatorze – comme un état
d’équilibre final du développement cognitif serait la marque de
l’adolescence. Cette pensée « formelle » permettrait le raisonnement
hypothético – déductif ; à partir de données pour parvenir à des
conclusions éventuelles.
Chez l’enfant de six à douze ans, la pensée s’exerce par opérations de
logique concrète encore attachées au matériel sur lequel s’exerce le
raisonnement ; l’adolescent, lui, est théoriquement capable, devant un
problème comportant non plus des données de la réalité mais des
formulations contenant des données, d’isoler toutes les variables et
d’étudier toutes les combinaisons possibles.
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enseignant ne possède pas ces qualités, même agrégé, il ne sera pas fait
pour ce métier. »
Mais en quoi consiste, au fait, le travail du recruteur ? Si l’on en croit
Hervé Desprez, il s’agit moins d’évaluer les candidats que de conseiller
les chefs d’entreprise au moment de prendre la décision d’engager
quelqu’un, « en les empêchant de fantasmer ». En clair, le recrutement,
pour l’essentiel, aide les responsables… à évaluer leur propre demande.
C’est également, somme toute, la conclusion à laquelle aboutit, Anne
Carvalho. L’évaluation doit être abandonnée au profit de l’auto-évaluation
tant de l’élève que du maître. Elle seule peut faire de la relation
pédagogique « une relation vivante de sujet à sujet. »
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l’élaboration d’une convention sur la lutte contre les violences faites aux
femmes.
La plus haute autorité de l’Etat – le Président de la République – a appelé
récemment à une unité d’actions pour mettre fin à ces violences – tous
ensemble, pouvoirs publiques, leaders religieux et traditionnels, membres
de la société civile et citoyens – sont invités à élever la voix et dire « ça
suffit ».
Il existe aussi des instruments internationaux : l’Agenda 2063 de l’Union
africaine et la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies
qui visent l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes,
sont toujours brandis à des fins dissuasives.
Malgré toute cette panoplie de mesures tant au niveau national
qu’international, le phénomène prend de l’ampleur, chaque jour
davantage.
Dans certains états, c’est devenu même un tabou d’en parler – Cote
d’Ivoire par exemple – En France, pays des Droits de l’Homme, une
femme meurt toutes les trois minutes sous les coups de son conjoint.
Alors que faire ? Une seule réponse : l’éducation. Car, au-delà des Lois
et règlements, ce qui compte par-dessus-tout, c’est l’évolution des esprits
dans un sens positif. Evolution des esprits des femmes et des filles envers
elles-mêmes, et évolution des esprits des hommes envers les femmes et
les filles, pour conforter l’égalité en droit et la complémentarité sociale
homme-femme.
Je suis musulman. Je me nomme Yahya qui correspond chez nos
parents chrétiens à Jean Baptiste – celui qui a baptisé Jésus dans les
Eaux du Jourdain – Je lis le coran comme la Bible.
En lisant celle-ci, je me suis rendu compte que toutes les causes de
destruction de la famille tiennent en réalité à une seule, dont elles sont la
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le savoir en question : ils savent s’en servir pour discuter, pour poser
des questions, pour convaincre, pour rejeter…
J’ai pris ainsi conscience du lien étroit entre le savoir et la façon dont
on sait s’en servir. Le savoir n’existe pas en dehors de la façon dont il
est « su ». On oublie vite ce qu’on a « appris » mais on n’oublie guère
ce qu’on a « trouvé ».
Sous ce rapport, nous pouvons tenter de tirer quelques conclusions
provisoires.
Les trois types de confusions des enfants dont il a été question plus
haut – semblent ainsi être en relation directe avec le mode
pédagogique.
On peut constater, en particulier, un lien étroit entre la conception
pédagogique de l’enseignant et l’attente des élèves sur ce qu’il faut
faire pour comprendre.
La façon dont les élèves s’y prennent réellement et la qualité du savoir
appris sont à leur tour, guidées par ces attentes ; d’où l’importance de
la conception pédagogique de l’enseignant.
D’une manière générale, les conceptions pédagogiques sont
traversées par trois constantes :
D’abord le manque d’activités et de réflexion commune, durant
lesquelles les compréhensions des uns et des autres pourraient se
dégager et se comparer pour aboutir à une compréhension commune.
Ensuite, une conception trop statique du savoir – vu comme une suite
de bonnes réponses sans relation avec le processus par lequel on y
arrive et s éparé de son contexte d’utilisation.
Enfin, l’emploi de mots d’un haut niveau d’abstraction, fréquemment
vides e sens pour les élèves. L’apprentissage est souvent passif et
manque d’implication intellectuelle et affective d’autant plus que les
élèves n’ont pas la possibilité réelle de formuler des questions
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Mais en réalité, est-ce que tout cela a permis aux enfants de lire ? La
réponse est bien sûr non. Bon nombre d’enfants franchissent le seuil du
Cours Préparatoire (CP) sans savoir déchiffrer encore moins lire. Que
faut-il faire ?
Le curriculum de l’Education de Base (C.E.B) a proposé une démarche
qui, en substance, consiste à partir d’un texte ; ce qui, a bien des égards,
s’apparente à la méthode globale dont on a souligné les limites. Ce qui est
curieux, c’est que les concepteurs de cette « manière », la préconise
même au CI tout en oubliant que les enfants apprennent dans une langue
étrangère et seconde.
Le résultat est là. Les enfants ne lisent pas. Ce départ par le texte n’est
pas pertinent au C.I. Mais pourquoi, que diable ont-ils confiné les
enseignants au départ par le texte ? La pédagogie ne s’accommode pas
de milieu guindé. Au lieu de s’installer dans la métaphysique la plus plate
pour dire « partez exclusivement du texte », il vaut mieux s’inscrire dans
une logique ouverte et dynamique, et non point, statique et fermée.
Un curriculum, par définition, est ouvert et non hermétique. Il est défini
comme un « ensemble planifié de finalités, d’objectifs, de contenus, de
méthodes pédagogiques, de manuels, de stratégies de formation des
maîtres et des modalités d’évaluations ». Pourquoi ne pas l’appliquer à la
lecture ? « Méthodes pédagogiques » est bien au pluriel. Si on part du son
pour que les enfants lisent et comprennent, pourquoi pas ? Si on part du
« texte » pour que les enfants lisent et comprennent, pourquoi pas ? La
seule préoccupation qui vaille est que les enfants lisent ! Peu importe la
couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris. Veillons à ce que la méthode
utilisée soit pertinente là où on en fait usage. Dans le guide du formateur
à la page 15 au paragraphe intitulé « quelles sont les modalités
d’imprégnation ? », il est dit explicitement ceci « l’approche par des
compétences ne dispense pas des objectifs spécifiques. On continue à
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les développer en prenant soin toutefois de les rendre significatifs afin que
les apprenants sachent à quoi ils s’adonnent. » Ils poursuivent en
précisant d’avantage : « Dans la pédagogie de l’intégration, seule une
partie des apprentissages change par rapport aux pratiques actuelles. En
plus de la réalisation des apprentissages ponctuels, le maître doit
aménager des moments d’intégration de ces apprentissages. La
démarche de la pédagogie de l’intégration n’élimine donc pas les
pratiques actuelles ; elle a pour vocation de les compléter et nécessite un
apprentissage. Cet apprentissage peut revêtir différentes modalités ».
Alors, pourquoi tenir rigueur à ceux qui ont opté à partir du « son » et non
du « texte » - comme le préconise le PALME (Partenariat pour
l’Amélioration de la Lecture et des Mathématiques à l’école élémentaire).
Qu’en est-il pour ce programme financé par l’USAID ?
Aussi, d’autres programmes tel le PALME a-t-il tenté de voler au secours
du C.E.B. Le volet mathématique étant pris en charge par le PREMST
(programme de Renforcement de l’Enseignement des Mathématiques,
des sciences et de la Technologie) – le PALME met l’accent sur cinq (5)
éléments fondamentaux, pour l’apprentissage efficace de la lecture. Ces
éléments sont les suivants :
1. La conscience phonétique,
2. Le principe alphabétique,
3. Le vocabulaire,
4. La compréhension,
5. La fluidité,
Voyez, sans entrer dans les détails, le PALME tente notamment de
concilier « lecture » et « compréhension », mais avec un point de départ
nettement mis en évidence, à savoir le son par la conscience phonétique
et le principe alphabétique.
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Départ Arrivée
Quelle que soit la nature du problème, il est essentiel de réduire l’écart
entre les deux situations.
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Gueye, instituteur de son état, dans son article intitulé : « Si l’on se disait
la vérité », publié dans l’observateur n°3067 du Samedi 18 et Dimanche
19 Janvier 2014 : « les inspecteurs, ce corps, jadis de prestige est en
perte de valeur due surtout à leur pouvoir démystifié par des agents
véreux, inconscients et insouciants ». Il poursuit, plus loin en ces
termes : « ce n’est plus le croquemitaine d’hier, Monsieur l’Inspecteur,
mais plutôt, actuellement un agent traité d’incompétent, comparable à un
instituteur, férule à la main face à une nation de cancres ».
Alors, mes chers collègues, quelle hérésie a-t-on collée à notre peau ! Si
c’est cela l’inspecteur, moi, j’aurai préféré jamais être inspecteur, car on
peut tout reprocher à l’inspecteur sauf d’être incompétent !
Mais écoute, Monsieur l’Inspecteur, pouvait-on s’attendre à autre chose
que cela ? Depuis l’avènement du « Probatoire » avec la mise sur pied de
la « FASTEF », c’est la massification du corps par des gens qui portent
majestueusement le titre prestigieux d’inspecteur mais qui en réalité ne
sont, pas plus que des instituteurs améliorés.
En effet, il n’est pas rare de voir des inspecteurs faire des fautes de langue
des plus banales ou tenir des arguments aussi saugrenus les uns que les
autres, lors des débats pédagogiques avec les enseignants notamment
sur le Curriculum de l’Education de Base ainsi que d’autres innovations
dont bon nombre ne maîtrisent pas les tenants et les aboutissants. Dès
lors, quel respect, quelle considération pouvait-on attendre de ces
derniers ? Assurément, les cabris se promènent ensemble mais ils n’ont
pas le même prix. Tous les inspecteurs, heureusement, ne sont pas
dépeints de la sorte ! Ils ne sont pas tous de cet acabit.
Aussi, existe-il un autre paramètre et pas des moindres qui affaiblit ce
corps des inspecteurs : ils ne sont pas solidaires. Ils s’entre-bouffent
comme des poissons dans l’eau. Il suffit d’avoir un petit strapontin pour se
voir comme un manitou et s’employer à écraser ses propres collègues. Ce
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milieu pourri est caractérisé par les coups bas, les commérages, le croc-
en-jambe et la mesquinerie. Sous ce rapport, nous devons faire
sérieusement notre introspection et nous métamorphoser si nous voulons
retrouver notre prestige d’antan. « Inspecteur Louko naxari, moromoume
Inspecteur mokokotek. »
En ce qui concerne l’indemnité de logement qui, aujourd’hui, n’est que de
100 000 franc CFA et que l’on veuille relever à 200 000 franc CFA,
reconnaissons que c’est légitime. En effet, dans quel corps de métier
alloue-t-on une indemnité de logement au même taux, de la hiérarchie C2
(Instituteur adjoint) à la hiérarchie A1 (Inspecteur) ? Il n’y a que dans le
cadre de l’enseignement que l’on voit cela. C’est inacceptable !
Si l’on observe les avantages accordés à ce titre aux fonctionnaires de
même niveau d’études, et de diplômes que nous- Magistrats,
Administrateurs civils, Inspecteurs des Impôts, des Douanes et du Trésor
– on se rend vite compte qu’ils sont mieux lotis que les Inspecteurs de
l’Education. Pourquoi ? Quelles capacités ont-ils de plus que nous ?
Quelles études ont-ils faites que nous n’avons pas suivies ? Quel rôle
positif, plus utile, jouent-ils dans la société que nous ne sommes pas à
même de jouer ? Par conséquent, ces interrogations qui nous taraudent
et dont on a pas jusqu’ici de réponses, devraient nous conduire à mener
avec détermination la lutte jusqu’au bout même si nous comptons dans
nos rangs des renégats qui se connaissent parfaitement.
Bien sûr, on nous fera encore la chanson : « Oui, c’est encore les
enseignants… » Qu’importe ! Car le propre de l’éducateur, et nous en
sommes les premiers, est de n’être jamais « satisfait », de ne jamais
s’endormir dans les situations existantes. Il est très vrai que l’homme est
un « puit d’inquiétudes » et on le savait bien avant que Péguy ne
l’annonçât solennellement. Mais, disons-nous bien qu’il est très vrai que
les satisfaits n’ont jamais fait avancer l’humanité ; que le doute intime, la
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Références Bibliographiques
1. PIAGET, (jean), logique et connaissance scientifique
Sous la direction de jean Piaget
Paris, Gallimard, 1967
2. PIAGET ; (Jean), Epistémologie des sciences de l’homme
Paris, Gallimard, 1970
3. FOUCAULT, (Michel), les Mots et les choses, une archéologie des
sciences humanes
Edition ? Année ?
4. DICTIONNAIRE critique de sociologie, Paris, PUF, 1982, 2e ed revue
et augmentée
5. VERNIERE (P) , Montesquieu et l’Esprit des lois ou la raison impure
Paris , S.E.D.E.S, 1977
6. RAPHAEL, (F) , « Max Weber et le judaïsme antique » Archives
européennes de sociologie, Xl (1970) pp 297-336
7. COMTE Auguste, Sociologie textes choisis par J. Laubier, Paris, PUF,
1957, extraits du système de politique positive
8. COMTE, Auguste, Cours de philosophie positive, 5e édition evol, Paris,
Schleicher Frères éditeurs 1907-1908
9. MARX (K) et ENGELS (F) , Etudes philosophiques, nouvel ed, Paris,
ed Sociales, 1961
10. ŒUVRES complètes de KARL MARX, Paris Costes 1960
11. MARX (K), Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard,
1963 Vol 1 et 2
12. TOCQUEVILLE, (Alexis), de la Démocratie en Amérique
Paris, Gallimard, 2 vol, 1856
13. TOCQUEVILLE, (Alexis), L’Ancien Régime et la révolution
Paris, Gallimard, 2 vol, 1856
14. DURKHEIM, (Emile) les règles de la méthode sociologique,
Paris ; Alcau ; PUF ; 1909
15. DURKHEIM, (Emile) Sociologie et Sciences Sociales
Paris ; Alcau ; 1909
16. PARETO, (Vilfredo), Traité de Sociologie générale
Droz Genève ; 1 vol ; 1968
17. WEBER, (Max) , Le Savant et le Politique, (Traduit J Freud) Paris,
Plon ; 1959
18. DANIEL (A) Philosophie des Sciences Tome 1 et 2
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Introduction
Dès que l’on aborde en sciences humaines un problème quelconque à un
niveau suffisamment général, on se trouve à l’intérieur d’un cercle qui est
l’expression du fait que le chercheur fait lui-même partie de la société qu’il
se propose d’étudier et qui joue un rôle prépondérant dans l’élaboration
de ses catégories intellectuelles – Jean PIAGET a montré l’existence de
ce cercle sur de multiples plans et notamment dans la classification des
sciences et leur dépendance mutuelle.
C’est ce même cercle que nous rencontrons en abordant l’étude de
l’épistémologie de la sociologie, car la sociologie est une science qui se
fonde, comme toutes les autres disciplines scientifiques sur un ensemble
de catégories qui forment une structure – Ne l’oublions pas, il y’a une unité
méthodologique de la science quel que soit son domaine d’application.
Cette méthode, fondée sur l’observation méticuleuse et sans préjugés des
« faits » est non seulement valable en physique par exemple, mais aussi
dans ce que nous appelons les sciences sociales, comme la sociologie.
Mais comment épistémologiquement, cette pensée sociologique se
présente-t-elle ?
I. DEFINITION ET OBJET
Le concept de « conscience collective » est une notion opératoire qui
désigne un ensemble de consciences individuelles et leurs relations
mutuelles, il ne correspond à une réalité qui pourrait se situer en dehors
de ces consciences. Il faut avant tout éviter de fixer la société comme
abstraction par rapport aux individus. L’individu est d’essence sociale. La
vie de l’homme individuel et la vie de l’espèce ne sont pas différentes (cf
MARX, dans Manuscrit économico – philosophique, 1844)
Il est nécessaire à la sociologie d’envisager la société comme un tout,
encore que ce tout, bien distinct de la somme des individus, ne soit que
l’ensemble des rapports ou des interactions entre ces individus.
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Marx qui s’en rendait parfaitement compte l’a formulé dans la troisième
« thèse sur Feuerbach » : « la doctrine matérialiste qui veut que les
hommes soient des produits des circonstances et de l’éducation…. »
Dans son ouvrage intitulé : « le Totémisme aujourd’hui » et « la pensée
sauvage », Lévi-Strauss a beaucoup insisté sur le caractère structurel de
toute pensée humaine. Il a cependant donné à ces structures un caractère
purement intellectuel, en éliminant presque entièrement le problème de
leur relation fonctionnelle avec la praxis.
Il s’est agi d’une sociologie qui, pour avoir voulu se déplacer à un point de
vue strictement objectif, a tout simplement perdu le contact avec une
grande partie de la réalité.
Dans cette perceptive, tentons de voir comment la pensée sociologique
s’est-elle manifestée chez les précurseurs que sont Auguste COMTE,
Alexis de TOCQUE ville et Karl Marx.
II. La Pensée Sociologique
a) Les fondateurs
Auguste Comte est d’abord et avant tout le sociologue de l’unité humaine
et sociale, de l’unité de l’histoire humaine .Il pousse cette conception de
l’unité jusqu’au point où finalement, la difficulté est inverse : il a peine à
retourner et à fonder la diversité.
Contrairement à Montesquieu sociologue qui est conscient de la diversité
humaine et sociale. Puisqu’il n’y a qu’un seul type de société absolument
valable, dit COMTE, toute l’humanité devra, selon sa philosophie, aboutir
à ce type de société.
Mais nous pouvons mieux saisir le mouvement de la pensée de COMTE
en revisitant même sommairement les trois étapes de sa pensée.
Il nous semble que l’on peut présenter les étapes de l’évolution
philosophique d’Auguste COMTE comme représentant les trois manières
dont est affirmée, expliquée, et justifiée la thèse de l’unité humaine. Il faut
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dire que ces trois étapes sont marquées par les trois œuvres principales
d’Auguste COMTE
Opuscules de philosophie sociale : Sommaire appréciation sur
l’ensemble du passé moderne (Avril 1820)
Prospectus des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser
la société (Avril 1822)
Considérations philosophiques sur les sciences et les savants (Nov
– Dec 1825) . Ces trois œuvres ont marqué la première étape.
La deuxième étape est marquée ou plutôt constitue par les leçons du
« cours de philosophie positive (parue de 1830 à 1842) »
La troisième étape par le « système de politique positive » ou Traité de
sociologie instituant la religion de l’humanité (Pau de 1851 à 1854).
A la première étape dans les opuscules (republiés à la fin du tome IV du
système politique positive par Auguste Comte qui va aussi marquer l’unité
de sa pensée. La plupart des sociologues ont pour point de départ une
interprétation de l’époque à laquelle ils appartiennent. Auguste Comte est
à cet égard exemplaire. Les opuscules sont la description et
l’interprétation du moment historique que traverse la société européenne
au début du XIXe siècle.
Flétrir : (1er Sens) faire perdre sa couleur, sa forme, sa fraîcheur (une
plante ; une fleur). Exple : la sècheresse flétrit les fleurs
(2e sens) Marquer (un criminel) d’une empreinte infamante au fer
rouge – stigmatisé, vouer au déshonneur
Cette idée du primat du tout sur l’élément qui doit être transposée en
sociologie. Sous ce rapport, il est impossible de comprendre l’état d’un
phénomène social particulier si on ne le replace pas dans tout le social.
On ne comprend pas la situation de la religion ou la forme précise que
revêt dans une société. Mais cette priorité du tout sur l’élément ne vaut
pas seulement pour un moment artificiellement découpé du devenir
historique.
A titre d’exemple, on ne comprend l’état de la société française du début
du XIXe siècle que si l’on replace ce moment historique dans la continuité
du devenir français. La Restauration ne se comprend que par la
Révolution, et la Révolution par les siècles de régime monarchique. Le
déclin de l’esprit théologique et militaire ne s’explique pas que si l’on en
retrouve l’origine dans les siècles écoulés.
De même, qu’on ne comprend un élément du tout social qu’en considérant
ce tout lui-même, de même on ne comprend un moment de l’évolution
historique que si l’on considère le tout de l’évolution historique.
Mais en constituant à penser dans cette ligne, ou se heurte à une difficulté
évidente ; c’est que pour comprendre un moment de l’évolution de la
nation française, il faudra se référer à la totalité de l’histoire de l’espèce
humaine.
Auguste comte était un logicien, formé aux disciplines de l’Ecole
polytechnique. Puisqu’il avait posé la priorité de la synthèse sur l’analyse,
il devait conclure que la science sociale qu’il voulait fonder avait pour objet
l’histoire de l’espèce humaine ; cette histoire étant considérée comme
une ; ce qui était indispensable pour comprendre soit des fonctions
particulières de tout social, soit un moment particulier du devenir.
A la troisième étape de sa pensée, il en vient à justifier par une théorie
tout à la fois de la nature humaine et de la nature sociale cette unité de
l’histoire humaine ;
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mais il ajoute qu’à partir de ces fondements, il y’a une pluralité de régimes
politiques possibles.
Les sociétés démocratiques peuvent être libérales ou politiques. Elles
peuvent et doivent prendre des caractères différents aux Etats Unis ou en
Europe, en Allemagne ou en France, Au Sénégal ou Nigéria. Tocqueville
est par excellence, le sociologue comparatiste, qui essaie de dégager ce
qui est important, par confrontation des espèces de sociétés appartenant
à un même genre ou à un même type.
Si Tocqueville qui, dans les pays anglo-saxons est considéré comme un
des plus grands penseurs politiques, l’égal de MONTESQUIEU au XVIIIe
siècle n’a, en France, jamais été retenu par les sociologues, c’est que
l’école moderne de DURKHEIM est sortie de l’œuvre d’Auguste Comte.
De ce fait, les sociologues français ont mis l’accent sur les phénomènes
de structure sociale aux dépens des phénomènes d’institutions politiques.
Probablement, pour ce motif, Tocqueville n’a pas figuré au nombre de
ceux qui étaient considérés comme des maîtres.
A propos de la DEMOCRATIE et de la LIBERTE, Tocqueville a écrit deux
livres principaux, « la démocratie en Amérique et l’Ancien Régime et la
Révolution, il veut répondre à la question ! Pourquoi la France a-t-elle tant
de peine dans le cours d’une évolution vers la démocratie à maintenir un
régime politique de liberté ?
Il faut donc au point de départ définir la notion de démocratie ou de société
démocratique, qui se trouve un peu partout dans les œuvres de
Tocqueville, de même que nous avons défini la notion de société
industrielle chez Auguste Comte ou celle de capitalisme chez MARX.
Or, en fait cette tâche ne va pas sans quelque difficulté, et l’on a pu dire
que Tocqueville employait constamment l’expression sans la définir
jamais avec vigueur.
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De cette analyse, Durkheim déduit une idée qu’il a maintenue toute sa vie
et qui est aussi au centre de toute sa sociologie, celle qui veut que
l’individu naisse de la société et non pas la société des individus.
Qu’en est-il de VILFREDO PARETO ?
Apres avoir étudié la nature de l’homme social, PARETO passe à l’analyse
du fonctionnement de la société prise dans son ensemble. Cet effort de
synthèse sociologique correspond aux trois derniers chapitres du « traité
de sociologie générale » : « Propriétés des résidus et des dérivations » ;
« Forme générale de la société » ; « l’équilibre social dans l’histoire ».
Pareto a été influencé, à une certaine époque de sa vie par le darwinisme
social, c’est-à-dire par les idées de lutte pour la vie et de la sélection
naturelle appliquées aux sociétés humaines. Il a été tenté d’expliquer les
luttes entre les classes et les sociétés par la lutte pour la vie, ceux qui
survivent ou l’emportent étant les mieux doués.
Pareto précise ailleurs qu’il est possible de concevoir dans l’abstrait deux
« types extrêmes » de sociétés :
1) Une société où agissent exclusivement les sentiments, sans
raisonnements d’aucun genre. Très probablement les sociétés
animales se rapprochent beaucoup de ce genre.
2) Une société où agissent exclusivement les raisonnements logico-
expérimentaux ».
Alvéolaire : des alvéoles – ex : gaz alvéolaire – contenu dans les
alvéoles pulmonaires intermédiaires entre l’air et le sang.se dit d’un
article au niveau des alvéoles des dents d’en haut. Dans le texte alvéole
signifie tout simplement sectaire.
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vie de tous les jours, de ce que les gens ordinaires considèrent comme la
loi ».
Il cite, pêle-mêle : « les dégradations, les odeurs, les bruits, les vitres
brisées, les impolitesses de tout genre, les insultes en public, les actes de
vandalisme, les sacs arrachés, l’occupation illégale de la voie publique,
les entraves à la circulation, les voitures brulées. » Bref, des actes
manifestant une véritable « crise du lien civil ».
Il s’agit, ni plus ni moins, d’une régression du processus de civilisation !
« waaw, nitt ku civilisé du wax yène yi, du ko def ». – qui se manifeste par
des manquements systématiques au « code des relations entre les
personnes ».
« La société incivile » constitue, à n’en point douter, une menace,
génératrice d’un sentiment d’insécurité « pour soi, pour le corps propre,
mais aussi pour le corps social, l’identité sociale des individus ».
Cette dimension identitaire de l’incivilité serait selon Roché, à relier à
l’envahissement d’un sentiment de peur exprimant « l’impossibilité de
vivre ensemble, de se faire confiance, de respecter les droits ». Bref, un
danger social et un risque personnel qui mettrait en cause les règles
mêmes de la vie sociétaire- « Lu nééx way def » selon mon interlocuteur
– en jetant le doute sur la possibilité de ce lien social.
Aujourd’hui, toutes les analyses des statistiques de délinquance,
criminalité, délit… s’accordent à reconnaitre que la montée des indicateurs
– infractions pénales, atteintes aux personnes et aux biens, plaintes
enregistrées – ne date pas de la crise économique des années 70 mais
bien des années 50 et qu’elle ne peut donc simplement être imputée à la
« montée des frustrations causées par la difficulté de gagner de l’argent.
Ce phénomène est ancien.
Il a cependant pris de l’ampleur avec l’explosion démographique. C’est un
véritable problème d’éducation qui se pose ici ! Le fait de ne pas occuper
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Révolution Scientifique
Quand, en 1988, l’année de mon admission au concours de recrutement
des élèves inspecteurs-Adjoint C.R.E.I.A, mon Groupe de travail et moi,
avions l’ambition d’aller au-delà des ouvrages à caractère scientifique,
inscrits au programme de l’époque.
Aussi, dans le cadre de la préparation active de l’épreuve d’épistémologie,
en sus de l’ouvrage de l’Américain KUHN T.S intitulé « La Structure des
révolutions scientifiques », avions-nous consenti, quoique lourd, la lecture
d’autres ouvrages scientifiques pour un approfondissement de nos
connaissances en la matière.
Ce qui fut fait. Le travail supplémentaire nous avait permis de mettre le
maximum de chance à nos côtés pour espérer réussir l’épreuve de culture
générale d’un concours qui, sans conteste, était particulièrement sélectif.
C’est dire donc, que c’est l’ensemble de la culture que nous avions
engrangée à l’issue de ce travail harassant, dont je compte, ici, dans le
cadre de cet article, faire l’économie, à l’intention des candidats au
probatoire actuel, en guise de modeste contribution de ma part. Le
développement sera essentiellement axé sur le concept de Révolution
Scientifique. Pour y parvenir les points suivants seront développés :
➢ Que sont les sciences ?
➢ L’obstacle de la perception première
➢ Les modèles et paradigmes
➢ Une révolution scientifique globale.
Nous terminons par une bibliographie indicative pour qu’une fois la « porte
d’entrée » ouverte, le lecteur puisse, dans le domaine qui l’intéresse plus
particulièrement, poursuivre l’édification de sa culture scientifique
amorcée par le présent article.
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instruits que nous ; ne sont pas plus intelligents que nous, car le groupe
restera toujours plus intelligent que le plus intelligent du groupe.
Quoi de plus simple de rester à l’écoute de son peuple et d’avoir toujours
le courage de lui tenir le langage de la vérité, car comme disent les
Wolofs : « Degay mouj ». Mais, que demande le peuple ? Comme disait
Charles PASQUA, ancien ministre français de l’Intérieur, dans son
ouvrage du même nom. Que demande le peuple Sénégalais ? On n’a pas
besoin d’être politicien pour le savoir. Il n’existe pas d’école qui forme des
« ministres ».C’est une question d’écoute, de méthode et d’organisation,
mais surtout d’imagination car, sur l’aile enjouée du temps, comme disait
Antonio Gramsci, il n’y a pas de plus affreux désastre que la mort de
l’imagination. En usant de la méthode cartésienne SORA- Situation ;
observation ; réflexion ; Action – tentons d’identifier les besoins clefs du
peuple auxquels nos gouvernants ont l’obligation individuelle et collective,
d’apporter des réponses positives. Cela ne se fera qu’en mettant
efficacement en œuvre, des politiques publiques rapides et
systématiques ; Allons à l’essentiel : le peuple demande à manger à sa
faim ; car selon la hiérarchie des besoins d’Abraham MASLOW, les
besoins physiologiques occupent le premier palier – denrées de première
nécessité disponibles et à des prix abordables pour tout le monde – ventre
creux n’a pas d’oreille – comme disent les anglo-saxon : « The hunger
man is the angry man » « l’homme qui a faim est un homme fâché ».
Le peuple demande un bon système sanitaire ; la couverture maladie
universelle dont on parle ne doit pas être un slogan mais une réalité
palpable où chaque sénégalais trouve son compte ;
Le peuple demande une éducation de qualité pour tous ses enfants. Pour
ce faire, un traitement correct pour ses enseignants est indispensable.
Ces derniers, à tous les niveaux, doivent être placés dans de bonnes
conditions de vie et de travail avec un salaire décent digne de leur rang et
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C’est cette attitude qui éveille chez nous concitoyens, l’intuition que les
partis politiques évacuent sciemment ou par ignorance, les vrais
problèmes – ceux qui pourraient créer de vrais clivages- excellents dans
le diagnostic, mais répugnent aux solutions, qui succèderaient accords et
désaccords. Bref, qu’ils semblent tous s’être ralliés à la célèbre maxime
du Docteur Queuille : « Il n’est pas de problème assez urgent qu’une
absence de décision ne puisse résoudre ».
Pour quoi dire finalement ? Que les hommes politiques ou « politiciens »
sont coupés des sénégalais même si leur patron estime « comprendre »
les jeunes. Vraiment, ils n’apportent pas de réponses crédibles aux
problèmes auxquels le peuple est confronté quotidiennement. Ou, pire,
que le peuple ne les croit plus, capable d’en apporter les réponses
adéquates. Ils sont directement mis en cause sur leur responsabilité
d’homme public. C’est de leur capacité à agir sur les choses qu’il est
question.
Mais agir sur quelles choses ?
L’emploi, pour combattre efficacement le chômage massif des jeunes.
Sous ce rapport, je suis tout à fait en phase avec le Président qui oppose
une fin de non-recevoir, aux syndicalistes qui réclament la retraite à 65
ans. Et les jeunes qui ne demandent qu’à être insérés dans le tissu
économique, et qui ont toutes les qualifications requises ? Seulement, là,
il faut savoir raison gardée ; l’Etat, à lui seul, ne peut pas absorber toute
la masse de jeunes qui frappent aux portes de l’emploi. C’est là que le
privé doit aussi jouer son rôle ; il ne pourra le faire que lorsque l’Etat créera
les conditions de son épanouissement. Celles-ci ont noms fiscalité
favorable, infrastructures, énergie suffisante et disponible, entre autres.
Aussi, la santé publique doit-elle constituer un enjeu majeur pour nos
gouvernants. Son budget doit être constamment revu à la hausse. « La
couverture maladie universelle » dont on parle, doit être une réalité
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doit être combattue, sur toutes ses formes ainsi que la corruption tant sur
nos routes que dans l’administration.
Voilà ce que demande le Peuple. Il va falloir que les gouvernants
répondent. Il va falloir choisir les priorités bien sûr. Il va falloir proposer. Il
va falloir « oser », comme l’a écrit Alain MINC dans la « Grande illusion. »
Ne plus se contenter d’attendre, cyniquement, que l’oiseau nous tombe
tout rôti dans le bec. Par ce qu’il n’y aura pas d’oiseau, sinon un oiseau
de malheur.
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graves. Le juge incarne la justice de DIEU et de son prophète (PSL) pour nous
musulmans – lequel a mis en garde celui qui aspire à ce poste, en disant : « les
juges sont de trois sortes : un seul d’entre eux ira au Paradis et les deux autres
sont passibles de l’Enfer. Celui qui va au Paradis est le juge qui possède le
SAVOIR et institue la JUSTICE. Le deuxième et celui qui possède le savoir,
mais il n’institue pas la justice. Le troisième rend ses jugements sans
discernement et faute de savoir ». (Tirmidhi).
Mes chers sages, j’ai beaucoup de respect et de considération pour vous. Je
ne me positionne nullement en donneur de leçons. Loin s’en faut ; car je
connais l’étendue de votre science et de votre érudition. J’ai simplement voulu
partager avec vous, la gravité d’un concept, celui de SAGE qui vous colle à la
peau et qui dès lors, doit déterminer votre démarche de la vie de tous les jours.
Celle-ci, à mon sens, doit être synonyme de PAIX. Notre pays en a fort besoin
avec ces perspectives sombres qui s’offrent à nous.
La paix. Oui la paix !
Le président Mao a dit un jour :« que le pouvoir politique était au bout du fusil ».
Je suis foncièrement contre une telle conception du pouvoir malgré le respect
immense que je voue à ce dirigeant hors pair. La violence peut atteindre des
objectifs à court terme, bien sûr, mais elle n’obtient rien de durable.
Quand nous considérons l’Histoire, nous voyons qu’avec le temps, l’amour de
la paix, de la justice et de la liberté triomphe toujours de la cruauté et de
l’oppression. C’est pourquoi je suis un si fervent adepte de la non-violence. La
violence engendre la violence. Et la violence ne signifie qu’une chose :
SOUFFRIR.
Théoriquement, on peut concevoir une situation où le seul moyen d’empêcher
l’accomplissement de telle ou telle ambition politique soit de recourir à la
violence. L’ennui, c’est qu’il est extrêmement difficile, sinon impossible, d’en
prévoir les conséquences, et qu’on ne peut jamais être sûr d’y recourir avec
raison. Les choses ne deviennent claires que rétrospectivement.
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Les questions d’insécurité sont bien réelles dans notre société. Il est
impossible de ne pas relier cette sorte de « cercle vicieux de la sensibilité
civile » à des évaluations lourdes par rapport à l’autorité, aux valeurs et à
la norme sociale. Encore faut-il être prudent et bien prendre la mesure des
divers facteurs du processus qui touche à la fois le rapport des individus
aux institutions – Présidence de la République, notamment et prise de
certaines décisions qui déclenchent une avalanche de réactions – « bou
peunde bi wouré, jamm am ».
Mais si l’on y prend garde, ces formes d’incivilités et de délinquances,
même « mineures » peuvent être de mature à constituer les véritables
prémices d’une violence politique rampante.
Aussi, la violence et les remous du mois de mars dernier ont-ils perturbé
de manière traumatisante notre société dont l’opinion dominante
prétendait qu’elle était parvenue à un état de tranquillité intérieure et à un
consensus permanent. Il est à mon avis irresponsable, de la part de
quelqu’un qui aspire à diriger ce pays, de tenir des propos du genre : « la
deuxième vague sera plus meurtrière ». En sera-t-il, lui-même épargné ?
Jeunesse de mon pays, refusez systématiquement d’obéir aux injonctions
de tel personnage. La violence doit cesser. Ses partisans ont tort. Aucun
progrès n’est possible dans une société où prévaut la violence.
Pour parvenir à l’éradication de la violence, chacun doit prendre ses
responsabilités : certains pensent que la loi telle qu’elle est « forgée »,
actuellement est de nature à engendrer des émeutes, donc la violence,
d’autres incombent la faute à la société et non aux émeutiers ; autrement
dit l’inadaptation des institutions et non la délinquance, et proposent la
mise en œuvre de politiques publiques à caractère social, qui aboutiraient
à donner aux émeutiers potentiels - masse de jeunes chômeurs – une plus
grosse part du gâteau sénégalais. Il faut donc procéder à une modification
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des biens avec toute la mesure qui sied. Autrement, si le camp d’en face
procède de la même manière en recrutant lui aussi ses « forces », cela
peut constituer un précédent dangereux dans la mesure où l’affrontement
pourrait être fatal.
Aimer le Sénégal, c’est, Monsieur le Président, restaurer l’indépendance
de la magistrature qui a été bafouée. Restaurer ? Que dis-je ! Etablir, oui,
car, en réalité, elle n’a jamais été indépendante. Jamais dans l’histoire
récente, on aura vu un pouvoir installer sans gêne, à tous les postes de
responsabilités, autant de magistrats dévoués à sa cause. Parmi eux, on
compte même des juges ayant atteint l’âge de la retraite.
Quant à l’action publique, c’est-à-dire la faculté d’engager des poursuites
judiciaires, elle a été régulièrement détournée de sa vocation pour servir
d’arme dans le combat politique- cas dit-on de Khalifa Sall et de Karim
Wade, notamment – Bref, la justice est aujourd’hui « colonisée », elle est
vraiment sous ordre. Elle ne retrouvera son indispensable prestige qu’en
recouvrant son indépendance. Les magistrats eux-mêmes le savent
mieux que quiconque. La démission fracassante du Juge Dème, en est
une illustration parfaite. La justice ne mérite ce nom que lorsqu’elle est
égale pour tous.
Et nos juges dans tout ça ! Surtout ceux du conseil constitutionnel. Pour
les échéances à venir, surtout la Présidentielle de 2024, il faudra qu’ils
prennent leur courage à deux mains et dire sans ambages le droit, sinon
nos textes n’auront pas servi à grand-chose. C’est cela qui justifie le choix
de mon titre. Est-ce que le Président est éligible ou ne l’est pas, c’est à
eux de se prononcer clairement pour 2024.
L’actuelle constitution, en son article 27 stipule ceci : « nul ne peut exercer
plus de deux mandats consécutifs. » Est-ce une formulation on ne peut
plus claire ? Son caractère dissuasif est-il sujet à des interprétations et
nuances ? Ça c’est affaire de juges constitutionnalistes ! On vous écoute !
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mesurés, de manière à ne pas violer ce qui paraît être l’un des sentiments
les plus fondamentaux du genre humain : le besoin de continuité, dans la
vie en général et dans les objectifs de la vie de chacun.
Dès lors, la voie est balisée pour effectivement « entrer » dans la
constitution de la république du Sénégal. Ne l’oublions jamais ; la culture
politique actuelle du peuple est marquée par son attachement à la
démocratie. Ceci est clairement exposé dans le préambule de la
constitution : « … La volonté du Sénégal d’être un Etat moderne qui
fonctionne selon le jeu loyal et équitable entre une majorité qui gouverne
et une opposition démocratique… »
Cette option nous mène droit à l’article 27 qui a fait couler tant d’encre et
de salive et qui n’en finit pas d’en faire couler. Cet article stipule ceci : « la
durée du mandat du Président de la République est de cinq (5) ans. Nul
ne peut exercer plus de deux (02) mandats consécutifs » Voilà, qui est, on
ne peut plus clair. A-t-on besoin d’être docteur en Droit ou agrégé pour
comprendre une formulation aussi simple ? En dehors de certaines
théories qui ne sont que pures élucubrations, je ne dis même pas un élève
du moyen mais celui du cours élémentaire peut parfaitement comprendre
le sens de ces formulations.
Donc, si l’on traduisait, on pourrait obtenir ceci : « Nul ne peut exercer plus
de deux (02) mandats consécutifs de cinq (05) ans. » Un point, c’est tout.
L’actuel Président a-t-il fait deux (02) mandats consécutifs de cinq (05)
ans ? Assurément Non ! Par conséquent, j’estime qu’il a droit, bel et bien,
à une troisième candidature ; je dis bien candidature et pas un troisième
(3e) mandat. Celui-ci est accordé par le peuple souverain et lui-seul. C’est
exactement le cas de Wade à la Présidentielle de 2012. Laissons le
peuple trancher. Le dernier mot lui revient.
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gouvernement mais ses actions utiles. Tout ne peut pas être mauvais,
quand même dans une action gouvernementale !
Aussi, non seulement ses actions positives sont-elles condamnées mais
aussi les transformations inévitables et indépendantes de sa volonté. Elle
s’insurgera contre les faiblesses, par exemple en matière d’électrification
rurale ou de la gestion lacunaire d’inondations.
Au départ, la cible était le gouvernement. A l’arrivée, elle risque d’être tout
simplement tout ce qui touche au changement – TER par exemple –
L’opposition peut devenir ainsi l’expression politique de ce que Mendras
appelle la « contre-société ».
Il est juste que l’opposition épouse la cause des « éclopés de la
croissance », de ceux qui souvent par la faute d’une société mal
organisée, n’arrivent pas à suivre le rythme. Ils ont besoin plus que jamais
d’avocats habiles et de représentants efficaces. Mais ce n’est pas toujours
le sort concret des victimes que l’opposition prend en charge, c’est
souvent leurs protestations à l’état brut.
La source de la crédibilité de l’opposition ne serait-elle pas dans un
monopole de la non-compromission ? Non compromission avec le pouvoir
notamment. Or il est coutumier d’entendre des propos du genre :
« critiquer le jour et négocier la nuit ».
Cela n’a-t-il pas abouti au « Mbourou ak Sow » ?
On attend toujours le Gloria qui ne pointe pas. Quand celui qui est arrivé
deuxième à la présidentielle précédente avec toute la virulence du propos
qu’on lui connait en arrive à une telle compromission, que devient alors le
respect de la parole donnée ?
Quant à l’opposition radicale qui tente vaille que vaille d’arriver à une
coalition, et qui ne râte aucune occasion pour tacler le gouvernement ; je
les invite à plus de mesure dans leur attitude car, demain, elle peut arriver
aux affaires et serait confrontée aux mêmes réalités.
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Par ailleurs, dans une démocratie digne de ce nom, le rôle majeur que
doivent jouer les cours et tribunaux doit être sans équivoque. Ici, celui du
conseil constitutionnel, épine dorsale de notre vie démocratique, ne doit
souffrir d’aucune suspicion.
Sur la question d’une « éventuelle candidature », les « sages » sont bien
sûr, attendus. Rappelons qu’une constitution n’est que l’ensemble des lois
fondamentales qui dans un pays tel que le nôtre règle l’organisation et les
rapports du gouvernement – pouvoirs publics – et qui éventuellement
détermine les principes qui régissent les relations entre les gouvernés et
les gouvernants – droit de manifester par exemple –
Une démocratie, c’est aussi une Assemblée Nationale. Nous l’avons.
L’Assemblée Nationale, pour rappel, est un corps législatif dont les
membres sont les députés qui représentent l’ensemble de la nation – et
pas un président. Elle est investie d’une double mission, qui sont le rôle
législatif et le rôle budgétaire.
En effet, elle élabore, amende et vote les Lois, contrôle le budget ainsi que
l’action du gouvernement, dans le cadre de la séparation des pouvoirs –
Théoriquement – Mais tout de même, elle existe et fonctionne tout bien
que mal, en tant qu’institution.
Au Sénégal, toutes les institutions fonctionnent sous l’œil vigilant de la
presse. Autrement dit, la liberté de la presse, d’expression qui est une
garantie constitutionnelle est une réalité chez nous.
Comme on le voit, tous les piliers qui soutiennent une démocratie digne
de ce nom, sont bien en place au Sénégal. Dès lors ne peut-on pas dire
que le Sénégal est une démocratie ? Si, elle l’est ! Elle est même une
démocratie moderne et pluraliste !
Aussi, dois-je marquer mon désaccord avec ceux qui soutiennent que le
Sénégal est en recul démocratique. Pas du tout ! Sa démocratie est
bouillonnante. Sinon, les Etats-Unis, avec l’invasion du capitole seraient-
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mains d’un de ces pédants, d’un homme enterré dans les livres. » De fait,
les plus grands savants firent rarement de grands ministres. « mbirmi
nekul foofu : » Le Président Lula n’était qu’un petit ouvrier, pourtant, il a
fait de bonnes choses ; Wade, bardé de diplômes n’a pas su réaliser son
« sopi », changement, slogan bien connu.
Le fond du problème est que l’on n’accède ni ne se maintient au pouvoir
sans une ambition personnelle forte ni sans une maitrise parfaite de l’art
de manipuler les passions humaines et contrôler les siennes propres.
Mais ce faisant, dans l’exercice d’une opposition politique, on affiche une
image attractive dans la quête ou conquête du pouvoir que l’on trahit, sans
scrupule, une fois au perchoir. Où est la morale ?
Des exemples qui illustrent un tel état de fait font légion dans l’Histoire
politique relativement ancienne et contemporaine. La vie de Richelieu
montre un homme dévoré d’ambition personnelle et capable de toutes les
fourberies pour arriver à ses fins.
En tout domaine, un homme exceptionnel se caractérise moins par tel ou
tel don que l’harmonie de la combinaison de ses talents. Sous ce rapport,
revoyez un peu, les quatre présidents que notre pays a connus, jusqu’ici,
ils se sont tous comportés de la sorte. Le prochain, n’échappera pas à la
règle.
Ceux qui le prendront pour un messie, seront tout simplement déçus !
Pourtant, il ne leur échappe pas que le grand homme d’Etat est celui qui
sait à la fois parvenir puis se maintenir au pouvoir et utiliser son pouvoir
pour le bien de son peuple dont il a la charge. Il n’y a pas lieu de choisir
entre Machiavel – qui, dans le Prince, s’intéresse essentiellement à la
première question – et Kant.
Aussi, les amateurs de maximes peuvent bel et bien approcher Chamfort
et Mencius : « on gouverne les hommes avec la tête car on ne joue pas
aux échecs avec le cœur. » dit le premier, tandis que le second
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affirme : « celui qui est un grand homme, c’est celui qui n’a pas perdu la
candeur de son enfance – parfaite innocence. »
Autrement dit, l’ambition ne doit pas faire perdre de vue que le pouvoir ne
se justifie que par les œuvres, où il s’agit du bien des hommes. Richelieu,
cité plus haut, l’ambitieux, pouvait légitiment dire : « Je ne dors pas la nuit
pour que les autres puissent dormir à l’ombre de mes veilles. » Nos
actuels dirigeants l’ont-ils entendu ?
Toute politique se réfère explicitement ou implicitement à un système de
valeurs, à des normes ; jeux de puissances et jeu de valeurs se trouvent
intimement liés.
L’âme d’une nation s’exprime dans sa culture. « La culture ; le domaine
où se déroule l’activité spirituelle et créatrice de l’homme. Ma culture :
l’esprit du peuple – sénégalais – auquel j’appartiens et qui imprègne à la
fois ma pensée la plus haute et les gestes les plus simples de mon
existence quotidienne. » « Coosane bobu, begoul wor. » Il bannit toute
forme de trahison.
Dans bon nombre de cultures, il en est ainsi, bien sûr en des formes
différentes. Par exemple, au cœur de la culture ou de la civilisation
européenne, se trouve l’idée des droits de l’homme, fondée sur le
RESPECT de la personne individuelle. La valeur d’un individu quelconque
ne serait se réduire à une milliardième fraction de l’humanité.
On ne trahit pas une personne ou une communauté qu’on
respecte ! « Naniou Goré ! » Interrogeons un peu l’histoire. Dans l’œuvre
intitulé les PERSES la tragédie d’ESCHYLE, l’ennemi vaincu est reconnu
par le vainqueur comme son semblable. Quel humanisme ! Dans la même
veine, on peut citer le « connais-toi toi-même de socrate. C’est déjà le
thème de l’universalité de l’homme. Nos hommes politiques ont-ils
vraiment compris tout cela ?
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accords sans suite. C’est là que l’on attend nos gouvernants en tant que
stratégies !
Aussi, dois-je avouer, que tout au long de ma carrière de membre du
contrôle de l’enseignement, je me suis toujours, pendant près de trois
décennies, intéressé à la méthodologie de l’analyse stratégique.
Chierry de Montbrial, dans son ouvrage intitulé Que faire ? est sous-titré
« les grandes manœuvres du Monde » nous propose la définition suivante
de la stratégie : « C’est l’art, pour la direction individuelle ou collective
d’une organisation simple ou complexe, de préparer et de mettre en
œuvre, réellement ou virtuellement, les moyens nécessaires pour
surmonter ou réduire les obstacles de toute nature – physiques, heurts de
volontés – qui s’opèrent à la réalisation d’un objectif atteignable – et ce
faisant, d’anticiper correctement, selon un processus d’ajustement
continu, l’évolution dans le temps du rapport des forces physiques et
morales en jeu. »
Comme on le voit, cette définition met l’accent sur les obstacles.
Naturellement, dans différentes stratégies mises en œuvre par nos
gouvernants, il y a des obstacles. Mais ont-ils toujours les bons réflexes ?
Au sujet de la crise scolaire que le système a récemment connue, peut-
on dire, qu’en amont que leur stratégie aura été la bonne ? Bien sûr que
non !
Les formes les plus simples, les plus élémentaires de l’action montrent
qu’aucun objectif ne peut être atteint sans efforts. A dire vrai, la
satisfaction des légitimes revendications des enseignants, au plan
budgétaire ne pose pas problème car le Président de la République, lors
de son adresse à la nation du 31 Décembre 2021 a bien dit ceci : « Nos
finances publiques se portent bien », sans compter les entrées de fonds à
hauteur de 70 Milliards par an à l’horizon 2023.Le problème fondamental
est que pour eux, l’Education n’est pas une priorité. Erreur ! Je les invite à
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Au Sénégal, on sait destituer mais on ne sait pas trop bien élire. Les
institutions de la République sont trop sacrées, trop solennelles pour qu’on
y envoie n’importe qui.
Ce qui s’est passé à l’Assemblée Nationale lors de l’installation de la
XIVe législature est indigne d’un député – Représentant du peuple – que
certains ne méritent pas d’être affublés.
De ce Point de vue, l’article de Me Diallo, Avocat au Barreau de Paris,
docteur en droit, intitulé « Quand la dignité oublie de nous gouverner. »
est on ne peut plus significatif – le spectacle désolant que nos
représentants nous ont servi est plus que regrettable. J’invite nos
compatriotes à lire cet article publié dans 24 H du Mardi 20 Septembre
2022 page 10. Bravo Maitre ! Et bonne continuation.
Mais si certains députés sont-là, qui les a mis là ? Nous électeurs !
L’électeur, justement, que pense-t-il d’une institution comme le
Président de la République ? Comme l’Assemblée Nationale ?
Jusqu’ici nous n’avons guère songé à lui.
Nous sommes allés au plus facile, qui est d’écouter les gens qui
parlent. Il va falloir tenter d’entendre ceux qui ne parlent pas. Mais, avant
il convient de s’interroger un instant sur cette répartition des rôles.
Les partis politiques, les groupes organisés – les coalitions – ont une
pratique simple. Elle consiste à poser en postulat que les citoyens au nom
desquels ils parlent pensent ce qu’eux-mêmes disent à leur nom.
Il en résulte que les électeurs dans l’isoloir, vont suivre les « consignes »
des politiciens. Consigne est d’ailleurs un mot malheureux – ce qui
explique les guillemets – que les partis n’exploitent pas ; il évoque trop
une relation hiérarchique.
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Il vaudrait mieux dire – ce serait cependant plus long – que les électeurs,
appliquent des observations identiques à des postulats identiques vont en
tirer une conclusion semblable à celle de leur parti.
Le parti adverse ne saurait évidement entendre cela : virtuose de la
manipulation, expert en pratiques antidémocratiques, il ne peut imaginer
la relation de confiance réciproque qui unit l’électeur et ses interprètes
légitimes.
Donc il va s’efforcer de débaucher – mot technique – les électeurs qui
restaient auparavant pour un parti de voter dorénavant pour un autre.
C’est un acte d’une extrême perversité, car l’électeur est influençable :
sensible aux promesses démagogiques, il ne perçoit pas avec la lucidité
souhaitable ses véritables intérêts – tout ceci est technique – s’il vous plait,
qu’à prendre la formule au pied de la lettre, l’électeur est susceptible
d’avoir des intérêts qui ne sont pas véritables. C’est ainsi que les citoyens
votent sans savoir véritablement les véritables enjeux de leur acte, une
fois dans l’urne.
Que dit l’adversaire, dans le même temps ? Il accuse l’autre de se
considérer comme propriétaire de ses électeurs. Son indignation n’est pas
moins grande. Montherlant a écrit que : « l’indignation n’est pas un
système de gouvernement ». Mais c’est, parmi les systèmes de
rhétorique, celui qui produit le plus d’effet au moindre coût : maximum de
bruit pour un minimum d’investissement intellectuel. Ainsi, on mythifie et
mystifie les électeurs.
Si les politiques y retrouvent leurs marques, l’électeur en est-il
impressionné ?
La réponse est difficile. Car l’électeur ne parle que par le bulletin de vote
et celui-ci pose autant de questions qu’il apporte de réponses. Il ne dit rien
des motivations de l’électeur. Il ne dit rien de son degré d’adhésion, qui
peut aller de l’enthousiasme à la morne résignation.
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La violence doit cesser parce que ses partisans de quelque bord qu’ils
se situent ont tort. Aucun progrès n’est possible dans une société où
prévaut la violence.
A mon sens, il faut absolument privilégier le dialogue et la concertation.
Rappelons-nous le mot du Premier Président de la République du Sénégal
lors de son départ volontaire du pouvoir en Décembre 1980 : « le Sénégal
est un pays de dialogue. Avec notre démocratie, notre pays est promis à
un avenir radieux » Pensez-y, mes chers hommes politiques. Le jeu ne
vaut pas la chandelle.
En même temps, il faut reconnaitre que le principe de la contestation et
de la protestation pacifique est inhérent à toute démocratie digne de ce
nom. Sinon, les positions se radicalisent et personne n’y gagne !
Notre nation, à travers les prismes des affrontements actuels se dirige
gravement vers une scission entre deux sociétés – pouvoir et opposition
qui sont nettement séparées et inégales en termes de force. Il est temps
de se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard.
La faute, de mon point de vue, incombe à la société tout entière et non
aux émeutiers, qu’il est besoin, pour assurer l’avenir, non de répressions
policières contre les fauteurs de troubles, mais de changements sociaux
considérables.
Il est vrai, pour le pouvoir, les émeutes sont une violation de la loi et de
l’ordre public. Elles sont considérées comme des délits. Ce qui explique
les arrestations massives. Certains pensent que les délinquants doivent
être arrêtés par la police et jugés par les tribunaux surtout ceux-là qui
s’attaquent aux commerces et emportent les provisions. Émeutes de la
faim que le pays a connues en mars 2021.
Certains radicaux, cependant rejettent ce point de vue. Ils voient dans
les émeutes la conséquence d’un défaut du système et la preuve de
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
l’échec pur et simple des institutions avec à leur tête, bien évidemment le
Président de la République.
Si la société était vraiment prête à y remédier, ce ne serait pas en
appliquant des « programmes – remèdes » ni des mesures sociales
bricolées mais en procédant à une modification véritable des pratiques
sociales et politiques. Inutile de mettre un sparadrap sur une tumeur
cancéreuse.
Il faut aller plus loin que le permettent les connaissances humaines pour
expliquer et prévenir les violences. Pour l’essentiel, on estime que la
violence a ses racines dans la frustration et par conséquent l’agressivité.
Le remède à la violence consiste à prendre les mesures nécessaires
pour améliorer les conditions de vie de la communauté et de la famille
pour tous ceux qui vivent dans nos villes et campagnes. Construire des
ponts et chaussées, oui c’est bien, mais aussi manger à sa faim, se
soigner et dormir dans un habitat décent – cf. hiérarchie des besoins
d’Abraham Maslow – est aussi plus que nécessaire.
Tout cela peut paraître simple rabâchage, mais le rôle des intellectuels
dans leurs différentes contributions doit permettre de faire passer dans le
discours public la théorie du conflit et l’idée qu’il convient de modifier
l’angle d’observation.
Notre actualité est marquée, ces derniers temps par des violences
récurrentes notamment sur le plan politique qui malheureusement ont
entrainé des morts ! jusqu’à quand ? J’espère qu’on en arrivera pas
comme le craint Alioune Tine à la guerre civile.
Pour juguler un tel désastre, nous devons, nous penseurs, inclure dans
nos réflexions, une théorie sur la récurrence de la violence, et que cela
puisse contribuer grandement à la solution du problème. Nous avons
toujours été au cours de notre histoire, un peuple pacifique, peu porté à la
violence…malgré quelques épisodes regrettables.
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
PUBLIQUE.
J’ai eu l’honneur, le 28 Août 2018, de faire partie des invités, au panel sur
l’amélioration du système de rémunération de la fonction publique au
conseil départemental de Thiès.
Aussi, les communications des trois panélistes ont-elles toutes été
intéressantes mais plus particulièrement celle portant sur les taux alloués
à certains corps et corporations, notamment ceux des magistrats et
députés entre autres ainsi que les références prises sur le Burkina Faso
et le Tchad, ont singulièrement attiré mon attention.
Je dois avouer que si je me suis résolu à prendre la plume, c’est parce
que ce jour-là, le temps qui était imparti au débat était si réduit que chaque
intervenant n’avait droit qu’à trois minutes pour donner son avis sur
l’ensemble des questions qui ont été agitées. J’espère pouvoir trouver,
dans le cadre de cet article, l’espace souhaité afin de livrer à l’opinion,
aussi bien ma perception et mes convictions sur la question du traitement
dans la fonction publique.
Pour y parvenir, je me propose d’axer le développement sur trois grandes
articulations : d’abord, mon point de vue, sur ce que j’ai entendu ce jour-
là des panélistes, mais aussi de l’intervention des syndicats ; ensuite sur
l’organisation et le fonctionnement de la fonction publique Sénégalaise ;
et enfin mes réflexions personnelles sur l’amélioration du système de
rémunération.
Mais auparavant, je voudrais faire remarquer la communication sur les
augmentations que l’Ancien régime a octroyées aux Magistrats, aux
députés, à l’Administration territoriale et autres, n’était pas nouvelle à mes
yeux, dans la mesure où le panéliste avait auparavant livré un article
intéressant là-dessus et que j’avais parcouru avec beaucoup d’intérêt.
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Pourquoi une telle proposition ? Parce que je n’imagine pas que le Prince
– en l’occurrence le Président de la République – se réveille un beau jour
pour signifier aux Magistrats, Députés et autres bénéficiaires des
prodigalités de Wade que les avantages que vous avez obtenus de
l’Ancien régime sont supprimés au nom de revendications syndicales qui
me taraudent. Ce serait un scandale ! Une telle mesure équivaudrait, à
coup sûr, à une abolition de privilèges. Et l’abolition de privilèges, on sait
ce qu’elle a engendré comme remous, comme soubresauts, comme
spasme social dirais-je même. En Europe et principalement en France.
Ce ne sont pas les professeurs d’histoire qui me démentiront- Que dieu
nous en protège !
En somme, chers collègues enseignants, ne nous berçons pas d’illusions.
Notre métier est un sacerdoce et non point une sinécure. Nous ne serons
jamais riches. Nous n’aurons jamais les privilèges des magistrats et des
députés. Nous ne constituons pas un pouvoir ; nous gérons à peine un
bureau de vote. Je conclus en rappelant en tant que croyant un Hadith du
Prophète Mohamed (PSL) : « Contente toi de ce qu’Allah t’a attribué, tu
seras le plus riche du monde.»
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
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gens. Tels sont les charlatans ; et, ceux-là qui trafiquent ces médicaments
frauduleux sont pires que les charlatans.
Mais comment définir le terme « charlatan » ? Le dictionnaire Larousse
nous enseigne que ce mot est d’origine italienne et que ciarlatano vient du
verbe ciarlare, qui signifie bavarder ou, mieux « tenir des
boniments »…Hélas, beaucoup d’hommes se montrent trop bavards, le
médecin n’y fait pas toujours exception. Le Larousse continue sa
description fallacieuse en nous disant que le charlatan est un imposteur
qui exploite la crédulité publique, et qui vend des drogues – faux
médicaments de la patte d’oie Builders – se servant de remèdes
empiriques – faux médecins – avec des prétentions « frauduleuses et
hâbleries. En quoi cette description ne s’applique- t – elle pas aux agents
de santé interpellés dans cette affaire de faux médicaments ?
Chose étrange, le charlatan et le médicastre parviennent à nous éviter
toutes les complications. Le charlatan ne recrute pas sa clientèle
uniquement parmi les simples et les ignorants. L’intellectuel se sent attiré
vers lui, car il a presque toujours la conviction intime que la seule jalousie
professionnelle – Pharmacie nationale d’approvisionnement et pharmacie
parallèle – empêche le corps médical de reconnaître le charlatan. C’est ce
phénomène qui, au XVIe siècle, avait conduit le philosophe anglais
Francis Bacon (1561 – 1626), l’un des créateurs de la méthode
expérimentale à écrire : « Nous voyons que la faiblesse et la crédulité des
hommes sont telles, qu’ils préfèrent souvent un rebouteux ou une sorcière
à un médecin expérimenté. »- Voir les citoyens qui s’approvisionnent sur
les médicaments de la RUE, par exemple.
Finalement ce long tour d’horizon sur le charlatanisme et l’irresponsabilité
qui frise même l’inconscience de certains agents véreux de la santé
publique justifie amplement la demande de Me Massokhna Kane,
demande relative à une réactivation diligente du comité sénégalais de lutte
contre les faux médicaments et l’exercice illégal de la pharmacie. Le salut
des populations en dépend.
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
DEBAT A LA TELEVISION :
Echanger avec l’autre, c’est d’abord écouter
De la même manière que je suis particulièrement féru de romans, je le
suis autant pour les débats d’idées. J’en raffole. C’est ce qui explique le
grand intérêt que je porte aux débats télévisés qui passent, notamment à
TFM et SENTV.
Dans la vie de tous les jours, les hommes passent beaucoup de temps à
discuter, et y dépensent beaucoup d’arguments, de forces et de réserves
nerveuses. Ils discutent partout : à la maison, au bureau, à l’atelier, dans
l’autobus, dans les multiples réunions, aux carrefours mais aussi et surtout
à la télévision.
Oui, à la télévision, et c’est là que des efforts notoires doivent être faits
tant du point de vue de la forme que du fond. Il n’est pas donné à n’importe
qui de parler à la télé, par conséquent quand on a l’opportunité d’y
paraître, on doit se soucier de soigner son image à tout point de vue. Force
est de constater qu’il y’a, en la matière beaucoup de faiblesses.
N’avez-vous pas remarqué que dans beaucoup de discussions – voir
« l’essentiel » SEN TV ; « grand plateau », « Ndoumbélane », « les
grandes gueules » et autres……chacun se retire presque du débat, plus
fermement convaincu que jamais, d’être dans le vrai ?
C’est peut-être parce qu’il n’y a pas que des arguments en présence mais
des hommes, des femmes et des convictions derrière ces arguments.
Ainsi, une discussion de cette nature, n’est pas seulement un échange
d’idée, de raisonnement, mais la plupart du temps une lutte entre deux
hommes ou femmes, et spécialement entre deux sensibilités.
Dans la discussion, mes chers débatteurs, pensez toujours à l’autre – non
pas seulement à celui à qui vous cherchez à démonter le propos mais à
tous les nombreux téléspectateurs. Si vous « démolissez », dites-vous
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
bien que neuf fois sur dix, vous blessez en même temps l’homme qui les
avait bâtis. Avez-vous gagné ? Non !
Vous devez aider l’autre à se convaincre lui-même de ce dont il n’était
peut-être pas sûr. Vous le contraignez à tourner de nouveaux arguments
plus forts que les précédents. Mais discutez encore, votre logique est
implacable, vous le poussez dans ses derniers retranchements. Il est enfin
réduit au silence. Cette fois, vous êtes vainqueur ? Pas d’avantage. Vous
n’avez pas vaincu sa sensibilité, au contraire.
Mais ce qui est surtout à éviter, c’est de blesser ! Vous blessez l’autre
lorsque vous le condamnez en bloc surtout en le tutoyant en dehors de
toute familiarité. Exemples : « ton argumentation ne tient absolument pas
debout ! » ; « tu es complétement à côté de la question ! » ; « ça n’a rien
à voir avec le problème » ; « tu n’as pas les pieds sur terre ! » ; « Mon
pauvre vieux, tu n’y es plus ! » ; « tu rêves bien sûr ! » ; « tu raisonnes
comme un gosse ! » ; « tu devrais te faire soigner !» ; « tu es
complètement fou ! » et que sais-je encore. De tels propos sont
regrettables mais hélas fréquents dans les plateaux de télévision. Et dire
que cela émane de personnages dits « cadres », c’est simplement
scandaleux. Mon inquiétude est grande et se justifie quand je pense que
ce sont ceux-là qui, aspirent à diriger le pays ! N’est pas cadre qui veut,
même si l’on est bardé de diplômes. Un instruit n’est pas forcément un
intellectuel. Celui-ci est surtout un état d’esprit doublé d’une attitude
responsable, une expression limpide et intelligible.
En définitive, mes chers débatteurs, mon ambition n’était pas de donner
des leçons à qui que ce soit, mais bien de partager une expérience de
vingt-huit années dans le corps de contrôle de l’éducation nationale où les
débats, dans les séminaires et autres rencontres sont monnaie courante
.Si vous voulez réussir dans vos discussions oubliez-vous, respectez
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
l’autre, ne soyez pas le riche qui fait l’aumône au pauvre, mais celui qui
vient au-devant de l’ami pour s’unir à lui, et avec lui découvrir la vérité.
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
augure.
Attention ! Ces esprits retors qui tentent d’opposer, voire dresser Sérères
contre Diola ou Toucouleurs veulent mettre la république en danger. Ils
doivent être combattus avec la dernière énergie ! Personne ne doit leur
prêter la moindre oreille attentive, encore moins les suivre.
Aussi, ces pyromanes doivent-ils être démasqués et définitivement
disqualifiés. Leur attitude mesquine n’a d’égal que leur étroitesse d’esprit
et leur manque de culture ; car, la grandeur d’un homme ne se mesure
pas, par rapport à son sectarisme, mais bien par rapport à sa capacité à
rassembler ainsi que ses dispositions au dépassement et au pardon.
Que ces oiseaux de mauvais augure comprennent que l’unité de la nation
sénégalaise que les générations précédentes ont patiemment constituée,
est sacrée et ne se négocie pas. Le sérère se sent chez lui sous le toit du
Diola et vice-versa. Ce cousinage à plaisanterie qui remonte la nuit des
temps constitue, à n’en point douter, le ciment de notre société.
Ces démons de la division ont-ils conscience des désastres que leurs
propos et attitudes peuvent provoquer au sein de la concorde et de la
cohésion nationale ? Il n’est que de promener le regard dans la sous-
région pour s’en convaincre. Des états déchiquetés, un tissu social en
lambeaux, une insécurité quasi permanente. Que Dieu nous en préserve !
Cet incident qui s’est produit à l’université et qui en a été le déclencheur,
n’était qu’un épiphénomène. Sous ce rapport, n’est-il pas sage de se
référer à la pensée profonde d’un « présocratique », aux aphorismes
célèbres comme Héraclite qui écrivait : « Tout coule » ; « on ne se baigne
deux fois dans le même fleuve » De ce point de vue, je suis tenté de crier :
plus jamais ça !
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
Oui, mes chers concitoyens, il n’y a pas d’essence éternelle. Tout est
soumis au changement. L’identité n’est pas ce qui est nécessairement
« identique » mais le résultat d’une identification contingente. C’est normal
qu’il y est des différences dans une société. C’est même souhaitable.
Cette unité dans la diversité est une source de richesse. Ce sont les
apports fécondants des uns et des autres qui génèrent la prospérité.
J’attends le mil du Sérère et le riz du Diola pour me mettre à l’abri de la
disette. Ainsi l’identité devient une appartenance commune.
Par ailleurs, une analyse sociologique de cette affaire, pourrait nous
renvoyer d’abord à la conception de DURKHEIM, par rapport à ce qu’il
appelait les « manières de faire » ; « de sentir, de penser » qui définit
même l’individu et sa place dans le processus social. Ce point de vue ne
peut plus, de nos jours, suffire, dès lors, par exemple, qu’on passe, selon
la formulation de Weber, de formes massivement « communautaires » à
des formes de plus en plus « sociétaires ».Reste à savoir, mieux à
comprendre quelle est la nature de cette nouvelle forme de bien social qui
émerge du processus historique des différentes communautés –
ethniques, religieuses etc…C’est ce que ne semblent pas comprendre,
ceux qui tentent de semer le germe de la discorde. C’est finalement et très
simplement une question de culture. Un homme instruit n’est pas
nécessairement un homme cultivé.
L’heure n’est plus à la division mais à l’union des cœurs et des esprits
pour la construction de notre cher Sénégal. Et pour ce faire, un
changement d’attitude, mieux un nouvel état d’esprit, consistant à ne dire
ou faire, que ce qui unit ou rassemble, est plus que jamais nécessaire.
N’oublions jamais la formule de NORBERT Elias : « Il n’y a pas d’identité
du « je » sans identité du « nous » .Elias propose même l’expression
« Identité » « Nous – je ».Ce choix délibéré à la « communauté » par
rapport à la « singularité » de Elias est tout à fait noble ; j’allais même dire,
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
tout simplement humain. Le sérère que je suis ne peut pas aller sans son
Diola ou son mbidou .
N’oublions jamais aussi que pendant tout le XIXe siècle, les Etats-Nations
vont progressivement s’imposer comme forme prédominante du Nous
sociétaire.
L’invention du nationalisme va notamment permettre de légitimer l’identité
nationale comme forme identitaire dominante.
Ce mouvement va conduire au XXe siècle, à deux guerres mondiales qui
seront les plus meurtrières de l’Histoire. Cet « âge des extrêmes » verra
au nom du nationalisme le plus exacerbé et le plus totalitaire, s’accomplir
des crimes identitaires contre l’humanité et notamment le plus impensable
et le plus horrible : l’Holocauste, synonyme de forme rationalisée et
bureaucratisée d’extermination de l’Autre. La monstruosité nazie
s’enracine dans la plus radicale des revendications identitaires : celle qui
définit l’Autre – le Juif – comme le Mal absolu à éliminer absolument .Vous
voyez donc pourquoi je parle de « péril identitaire ».
En somme, tout revient à améliorer sans cesse son attitude
comportementale vis-à-vis de l’autre. Mais qui est l’autre ? L’autre, c’est
celui que tu rencontres sur la route – qu’il soit Sérère, Diola, Toucouleur,
Soninké : mouride, Tidiane, Layenne, Chrétien, Musulman….ou tout
autre.
L’autre, c’est celui auquel tu dois t’unir pour devenir l’homme « total », le
frère « universel ».Celui auquel tu dois t’unir pour réussir et te sauver
avec tout ton peuple.
L’autre, c’est celui avec qui tu collabores chaque jour pour perfectionner
la création sans distinction de race ni de religion.
L’autre, c’est ton prochain, celui que tu dois aimer de tout ton cœur, de
toutes tes forces, de toute ton âme ; qu’il soit du Nord ou du Sud ; de l’Est
ou de l’Ouest. C’est cela l’amour de la Nation. Luttons farouchement
contre toute velléité tendant à fissurer notre beau peuple pour que vive
notre Sénégal éternel.
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
écrits religieux. La paix est une des réalisations les plus hautes de la
culture et pour cette raison mérite toute notre énergie intellectuelle et
spirituelle.
Aussi, cette paix si sacrée mérite-t-elle d’être malmenée à cause d’une
banale affaire de sexe ? Je ne le pense pas ! Rappelons-nous l’histoire de
Youssoupha, le prophète, dans le noble coran. Le prophète Yussif est le
fils du prophète Jacob, petit-fils du prophète Ishâq (Issac) et l’arrière-petit-
fils du prophète Ibrahim (Abraham).Cette histoire nous montre à
suffisance combien les perfidies des femmes sont vraiment redoutables.
Elles cachent toujours un désir de nuire. C’est pourquoi, personnellement,
jusqu’à ce que des preuves formelles soient établies contre le Député
Sonko, je n’en croirais pas un mot. Je m’en tiens là. Quant à la thèse du
complot, .Je ne m’y étendrai pas car je n’ai aucune preuve en la matière.
Pour la jeunesse, je l’invite à plus de calme et de sérénité. A quoi bon
de brûler des pneus et de déverser des ordures sur la voie publique ?
Pourquoi saccager des magasins AUCHAN et détruire des stations de
service TOTAL ?Pourquoi caillasser, pour ensuite brûler des véhicules
particuliers dont le seul tort des propriétaires est d’être là, au mauvais
endroit et au mauvais moment ?Pourquoi mettre à sac la Radio RFM ?Et
que sais-je encore –A-t-on mesurer le grand préjudice qu’ils ont porté à
ces nombreux pères et mères de famille qui travaillent dans ces
différentes structures, leur désarroi n’a d’égal que la furie de ces jeunes
dominés par l’instinct de destruction. Sous ce rapport, peut-on les
percevoir, comme en 1988, sous l’angle d’une jeunesse malsaine ? Je ne
le pense pas. Je les appréhende surtout comme une jeunesse éprise de
justice juste, impartiale, équitable et sans parti-pris.
Mais malgré ces soubresauts, ces spasmes sociaux, inquiétants à plus
d’un titre, la République est toujours là ! Debout tel le roseau de la
Fontaine : « je plie et ne romps pas. »
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
Mes chers concitoyens, a-t-on besoin d’aller creusé dans d’autres cultures
pour saisir dans ses différents contours la pensée de nos sages en
matière d’exercice du pouvoir ? Non ! Ndamal Gossas et Kocc Barma sont
toujours là pour nous éclairer sur l’état d’esprit de nos dirigeants .Ce
dernier ne disait-t-il pas : « Bour dou Mbokk ».Cette pensée profonde se
vérifie en tout lieu et en tout temps. KANT dans son fameux ouvrage
intitulé : « projet de paix perpétuelle.» Nous gratifie comme à son habitude
de cette pensée profonde : « on ne doit pas s’attendre à ce que les rois
deviennent philosophes ou à ce que les philosophes deviennent rois, mais
on ne doit pas non plus le souhaiter, parce que le pouvoir corrompt
inévitablement le libre jugement de la raison. »Oui, observons les
quatre chefs d’état que nous avons connus depuis l’indépendance :
Senghor a-t-il été le même personnage avant 1960 ? Abdou Diouf ?
Wade ? Président Macky Sall ne peut pas échapper à la règle. Pour
neutraliser ses adversaires, on lui reproche son mode opératoire .Mais
c’est de bonne guerre. Au moins lui, il ne tue pas !
N’allons pas trop loin pour s’en convaincre. Au Tchad, où est l’opposant
le plus irréductible. J’ai nommé Ibn Oumar Saleh ? Où est celui qui a eu
le malheur de se substituer à lui : Yaya Doli ? Où sont les candidats qui
s’étaient inscrits à la présidentielle d’Avril prochain ? Il n’en reste que sept
et à leur risque et péril. Pour cause d’insécurité totale, les deux tiers des
candidats se sont retirés, uniquement pour sauver leur vie.
Un peu plus au Sud, en franchissant la frontière centrafricaine, nous
sommes au Congo BRAZZA. Où est Bernard Kolélas ? Où est Pascal
Lissouba ? Ce dernier, élu démocratiquement a été contraint, de quitter le
pouvoir, suite à une guerre civile sanglante menée par l’actuel chef de
l’état qui, sans état d’âme aspire à un quatrième mandat ! Voilà l’Afrique !
Mais tout cela dédouane-t-il le Pr Macky Sall ? Assurément non !
Toutefois, je voudrai rappeler à l’opposition, que le tombeur du colosse
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YAKHYA DIOUF INSPECTEUR A LA RETRAITE : CHOSES DE LA VIE
wade n’est pas un nain politique. Il est très futé et ne vous offrira
absolument rien sur un plateau d’argent. Il vous combattra jusqu’au bout
et ne cèdera en rien.
La politique Sénégalaise, dans ses pratiques, c’est le « ôtes-toi que je m’y
mette ! »Mais il faut que tout se passe dans les règles de l’art. C’est à dire
démocratiquement. A-t-il droit ou n’a-t-il pas droit à une nouvelle
candidature ?ça, c’est affaire de constitutionnalistes et surtout du conseil
constitutionnel. En son temps, respectons et conformons-nous, tous à son
arrêt. Le dernier mot reviendra au peuple sénégalais.
Je termine cette modeste réflexion par le mot avec lequel je l’ai introduite :
la paix. Dans la conjoncture actuelle, construire la paix apparait comme la
réalisation la plus haute de notre nation. Cette paix est essentiellement
l’œuvre de notre conscience éclairée à nous tous, femmes et hommes de
ce pays. Et sans la paix, le Sénégal ne saurait survivre. Personne n’y
gagne !
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Carl Von Clausewitz, publié entre 1832 et 1834, après la mort de l’auteur.
Ce livre difficile et inachevé a été, à mon sens, mal lu par des générations
de militaires qui n’en retenaient que des vues sur des stratégies
particulières, et d’intellectuels ne voyant que la théorie de la « guerre
absolue » et de la « guerre du peuple ».
Une lecture plus attentive du Général prussien permet de découvrir une
contribution exceptionnelle à la connaissance du phénomène de la guerre,
qui transcende ce qu’on appelait les idéologies et peut-être même par
certains aspects les particularismes culturels.
A ce titre, elle mérite d’être qualifiée de « scientifique ».Il n’est pas
surprenant que malgré « l’âge nucléaire » que nous vivons
dangereusement – Guerre Russie-Ukraine – les meilleurs analystes
contemporains de la guerre aient consacré d’importants travaux à cette
œuvre considérable.
Je voudrais préciser le jugement qui précède par une tentative assez
brève d’analyse du traité selon mon niveau de compréhension, afin
d’illustrer l’idée que l’action possède sa sphère propre.
Dans le livre I consacré à « la nature de la guerre »Clausewitz se garde
bien de théoriser sur la dimension métaphysique du sujet. L’expérience
des conflits entre unités politiques est une expérience aussi vieille que
l’humanité.
Aussi, la guerre est-elle définie d’une manière opératoire comme un « acte
de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté »-
Russie-Ukraine, Iran-Irak – par exemple. Il s’agit donc d’une modalité
particulière de résolution des conflits.
Clausewitz parle encore de la guerre comme d’un « conflit de grands
intérêts réglés dans le sang, et c’est seulement en cela qu’elle diffère des
autres conflits. Exemples : toutes les guerres connues jusqu’ici.
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Les autres conflits portant sur de petits intérêts sont directement traités
par voie de négociations et le droit international n’est autre que la
construction empirico-rationnelle du cadre correspondant. « La violence,
précise Clausewitz, c’est –à-dire la violence physique est donc le moyen ;
la fin est d’imposer notre volonté à l’ennemi.
Et ce désarmement est par définition l’objectif proprement dit des
opérations de la guerre. La politique « est l’intelligence de l’Etat
personnifié ».Toute critique politique est en effet dirigée et c’est cette tête
qu’il faut comprendre, en un sens général, comme « l’Etat personnifié »
selon Clausewitz.
L’auteur revient longuement sur le sujet dans le livre VIII – le « plan » de
guerre-où il souligne en particulier la primauté du politique pour la
conception d’ensemble de la guerre, et observe que les objectifs de la
guerre sont par essence limités.
Dans cette approche, la place de l’idéologie se situe à la fois dans la
définition des objectifs de la guerre – qu’il s’agisse des croisades pour les
temps anciens, du djihâd islamique pour les temps actuels, des guerres
coloniales entre la France et l’Algérie par exemple, des conflits territoriaux
etc.
Clausewitz insiste en effet, tout au long du traité, sur le facteur moral
comme force de cohésion, tant au sein de l’armée elle-même que dans
les arrières que constitue la nation – soutien indéfectible du peuple – la
démarche aboutit de la sorte à un modèle assez général pour englober
et classer tous les types de guerres possibles.
Le génie de Clausewitz consiste dans une combinaison exceptionnelle de
capacité théorique et donc d’abstraction, de connaissances historiques et
d’expériences vécues. Il montre que la « tendance philosophique » de la
guerre est d’aller vers la « forme abstraite » d’une « poussée aux
extrémités ». Ce point de vue a généralement été mal compris par les
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Du reste, aucun tort ne saurait être causé aux religieux des autres
cultes, dans leurs monastères ou leurs temples, ni aucun arbre ne devait
être coupé ni brûlé en territoire ennemi, en tant qu’acte de guerre, ni aucun
animal ne devait être délibérément abattu, excepté pour se nourrir.
Quand on considère ces préceptes, on se rend compte que l’application
de la noble éthique de guerre propre à l’Islam est très éloignée des réalités
de la guerre moderne – voyez le spectacle désolant que nous offre la
guerre en Ukraine.
La première guerre mondiale fut peut-être la dernière dans laquelle les
combats ont été restreints aux seuls militaires. A partir de la guerre civile
espagnole, dans les années trente, les règles ont commencé à changer,
comme on a pu le voir également au cours de la seconde Guerre
mondiale, de la guerre de Corée et celle du Viêt-Nam.
Aussi, les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki parlent-
elles d’elles-mêmes, tout comme les « tapis de bombes » -
bombardements intensifs et systématiques par zone – lors de la guerre du
Viêt-Nam et les « zones de combat libre – zones vidées de civils – où
étaient anéantis humains, animaux et végétation, et jusqu’à la terre.
Nombreux sont ceux qui pensent que l’éthique musulmane de guerre
n’est que théorique et qu’elle ne saurait s’appliquer dans le monde actuel.
Les musulmans, et ils ne sont pas les seuls en cela, ont néanmoins un
point de vue différent sur la question.
Puisque les méthodes de guerres modernes sont si dévastatrices, la
guerre devrait cesser d’être une option pour résoudre des conflits. La
guerre devrait être obsolète tout comme l’esclavage !
Il est de mauvais augure que le Nouvel ordre Mondial ait été promulgué
à l’occasion d’une écrasante frappe militaire. Les décisions qui s’en
suivirent laissent à penser le Nouvel Ordre Mondial n’est en fait que
l’ancien ordre dirigé par une seule puissance au lieu de plusieurs.
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un blasphème aux yeux des maitres de l’ordre actuel, à moins qu’il n’y ait
un changement et le changement ne se produira pas par le haut. Il viendra
du bas, des mouvements citoyens.
Allons sœurs et frères, unissons nos efforts ; que jamais la troisième ne
nous tombe !
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